Des réseaux sociaux au printemps arabe

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  • 8/12/2019 Des rseaux sociaux au printemps arabe

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    Des rseaux sociaux au printemps arabe

    On dit que Facebook, Twitter et YouTube ont servi decatalyseurs aux rvolutions en Tunisie et en Egypte.Qu'en pensent les observateurs? Ractions.

    Par Bertrand Beaut

    Rvolution numrique, rvolution 2.0, rvolutionFacebook. Depuis quelques mois, ces expressionsreviennent en boucle lorsque sont voques lesmanifestations qui ont fait basculer le destin de la Tunisie etde lEgypte. Comme si le rseau ava it russi faire chuterdeux dictateurs, faisant souffler un vent de l ibert sur la toile,ainsi que lespoir de voir se propager cette nergie libratrice

    dans toutes les autres dictatures. Aprs les exemples tunisienet gyptien, les appels manifester sur le web se sontpropags dautres pays: Libye, Ymen, Bahren, Syrie, Irak,Maroc, Chine, VitNam

    Les rseaux sociaux ont jou un rle important dans cesrvolutions, affirme le sociologue Olivier Glassey, spcialistedes nouvelles technologies l Universit de Lausanne.Facebook et Twitter ont fait office de caisse de rsonance,amplifiant et rpercutant les frustrations et revendications.Puis, ces outils ont permis de coordonner les manifestations,grce aux appels descendre dans la rue.

    We are all Khaled Said. Cette page Facebook, lance parWael Ghonim la mmoire dun jeune homme tortur mortpar des policiers gyptiens, est ainsi devenue lune des clsde la mobilisation du 25 janvier dernier. Alors que lesmdias traditionnels contrls par le gouvernement neparlaient pas de ce type dvnement, des pages comme We

    are all Khaled Said, appelant la mobilisation et la rvoltesont apparues. Internet sest transform, grce aux rseauxsociaux, en un espace de libert o chacun pouvait la foissinformer et communiquer, explique Olivier Glassey. Dans unpays sous surveillance permanente, il est important desapercevoir que dautres personnes partagent votre opinion.

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    Se sentir nombreux a certainement donn du courage auxrvolutionnaires.

    Pour autant, parler de rvolution 2.0 est-il adquat? En2009, les mdias occidentaux ont fait lloge du rle librateurdinternet en Iran le New York Times titrant mme Lesmanifestants tirent des tweets face aux balles. Maisfinalement, le rgime contest de Mahmoud Ahmadinejad semaintient. Cela me parat dlicat de parler de rvolutioninternet, estime Olivier Glassey. Cest une vis ion occidentalede la situation qui voudrait quil sagisse dune rvoltetechnologique. En fait, les rvolutionnaires se sont servis detous les moyens leur disposition. Parmi eux, le bouche oreille a jou un rle sous-estim. En Egypte ds le

    lendemain de la manifestation du 25 janvier, laccs Twitteret Facebook a t bloqu, puis le gouvernement a purementet simplement coup laccs internet et aux tlphonesportables dans tout le pays.

    Malgr cette censure, les manifestations se sont poursuiviesce qui, selon le politologue spcial iste du Maghreb AhmedBenani, dmontre que Facebook et Twitter nont pas fait larvolution. Ce sont des outils de communication qui ontsimplement jou leur rle. Derrire, il faut des hommes et des

    penses pour aboutir la chute dun dictateur.

    Ce ne sont pas des ordinateurs qui sont descendus dans larue, mais des humains, confirme Fabrice Epelboin, ancienrdacteur du site ReadWriteWeb. En Egypte, Facebook ainiti le mouvement qui a abouti la manifestation du 25

    janvier. En Tunisie, au contraire, les rseaux sociaux nont euquun rle tardif et secondaire. Celui de support oprationnelde la rvolution.

    En effet, depuis les grves de 2008 dans les mines dephosphate de Gafsa, les mobilisations se multipliaient enTunisie. Sur les rseaux, une cyber-rsistance tait en placedepuis plusieurs annes, poursuit Fabrice Epelboin. Mais lesblogs dopposants ont t systmatiquement bloqus et leursauteurs arrts.

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