Des gens de chez nous: Bernard Bonvin · 2019-03-08 · frères Lucien, Paul, Simon et Eugène,...

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l’encoche l’encoche revue d’information de la commune de Montana Décembre 2011 - N° 15 Des gens de chez nous: Bernard Bonvin © 2011 Commune de Montana, sauf mention spéciale en fin d’article. Reproduction autorisée avec mention de la source et envoi d’une copie à l’administration communale de Montana, CH-3963 Crans-Montana 1.

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l’encochel’encocherevue d’informationde la commune de Montana Décembre 2011 - N° 15

Des gens de chez nous:

Bernard Bonvin

© 2011 Commune de Montana, sauf mention spéciale en fin d’article.Reproduction autorisée avec mention de la source et envoi d’une copie à l’administrationcommunale de Montana, CH-3963 Crans-Montana 1.

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GGGGardien de la cabane des Violettes de1981 à 2011

Comme ses quatrefrères Lucien, Paul,Simon et Eugène,Bernard Bonvin a lapassion de la mon-tagne et de cessommets surplom-bant le Haut-Plateaude Crans-Montanaqu’il aura tutoyésdurant trente ans enétant le gardien de lacabane des Violettes.Si leur père Fabien pratiquait déjà le ski et les initieraà ce sport d’hiver dans les prés surplombant lamaison familiale de Montana, ses cinq garçons enferont tous une profession qu’ils exerceront la saisond’hiver arrivée. Alors que Paul et Eugène passent leurpatente de professeur de ski nordique, Lucien, Simonet Bernard obtiennent tous trois leur patente deprofesseur de ski alpin.

Loisir coûteux pour les indigènes, c’est parl’armée suisse que la plupart des jeunes montanaisaccèdent aux joies de la glisse. C’est en effet auprèsde Marius Cordonier et dans le cadre de l’IP, soit del’Instruction Préparatoire, que l’armée met géné-reusement à disposition des intéressés du matérielde ski en vue d’en faire par la suite des soldatsalpins. Ce matériel militaire souffre souvent desprouesses sportives auxquelles il est soumis et iln’est pas rare que les skieurs téméraires terminentleur descente sur un ski, voire à pied, après unechute mémorable.

Pascal Rey

Des gensde chez nous :

BernardBonvin

Bernard Bonvin.

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Des gens de chez nous : Bernard Bonvin

Eté comme hiver, l’armée permet également à cespassionnés de montagne de découvrir avec un enca-drement compétent les sommets alpins lors des coursde répétition des brigades de fusillers de montagne.Elle leur permet également de concourir non sanssuccès lors des divers championnats de patrouillesqui se déroulent régulièrement et qui voient lespatrouilleurs montanais souvent s’illustrer.

Après un apprentissage d’électricien auprès deGaspard Crettol, et sa patente de professeur de skiobtenue en 1970, Bernard rejoint avec son ami ElieCordonier l’encadrement de l’équipe suisse de ski oùil fonctionne quelques années comme aide-entraî-neur, parcourant l’Europe au gré des courses de ski.

Il accompagne dans leur préparation et leurtournée les stars de l’époque, les Walther Tresch,Bernard Russi et Roland Colombin, mais également

Les patrouilleurs montanais engagés dans les courses de Lens en 1966.Derrière de g à d : René et Marco Siggen, Paul Bonvin, Pierre-Antoine Tapparel.

Devant de g à d : Bernard Bonvin, Gaudin, Vouillamoz et Sylvain Rey.

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le directeur technique de la Fédération Suisse de Ski(FSS) de 1969 à 1974, puis directeur de 1975 à 1981,soit le futur conseiller fédéral Adolphe Oggi qui luirendra quelques visites aux Violettes.

Après ces années passées dans le cirque blanc,Bernard va ensuite s’exiler durant trois ans à Bâle etZürich comme électricien dans l’entreprise de venti-lation de Kurt et d’Alice Walser qui comptent denombreux amis à Montana. Toutefois, il rejoint régu-lièrement les montagnes valaisannes et notammentses collègues de chasse de Montana, son frère Paul,ses cousins Alexandre, Hilaire et Jérémie Rey, Fran-çois Robyr, Roland Cordonier et Guy Rey,…

C’est ainsi en septembre 1981, alors qu’il chasse enValais, qu’il reçoit un courrier de la section du clubalpin de Crans-Montana. Bernard apprend la cessa-tion d’activité de l’incontournable cabaniste JulotTichelli dont la jovialité et l’accent chuintant ont

habité la cabane depuis son ouvertureen 1944. De ses conseils avisés, il aaccompagné et parfois sermonné lesmontagnards en herbe de la région.

Bernard postule ainsi sans préten-tion, comme bon nombre de candidatset en informe son employeur, KurtWalser, lui aussi membre de la sectiondu CAS de Montana. En novembre 1981,un courrier du président de la section,Olivier Cordonier, l’informe que sacandidature a été retenue.

S’ensuit alors un rude apprentissage de la vie decabaniste puisqu’il prend possession d’une cabanedans laquelle ne se trouve ni denrées, ni boissons, niréserve de bois pour l’hiver. Au troisième camion debois, la neige se met à tomber et interrompt lestransports.

1960. Julot Tichelli, Yvon Cordonier, Sylvain Reyet Marie-Josée Rey Ecoffey.

Roland Colombin lors de laKandahar 2011.

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Heureusement qu’il peut dès lorscompter sur son prédécesseur qui l’ac-compagnera fidèlement jusqu’à son décèsen 1986 en devenant son plus fidèle clientet en lui servant à la fois de mentor et demaître d’apprentissage.

Durant trente ans, c’est face à lachaîne imposante des vingt-cinqsommets culminant à plus de quatremille mètres au sud du Rhône, dans unpanorama époustouflant que Bernardrejoint la cabane. Il y demeure sans inter-ruption jusqu’à la semaine après Pâquespour un travail continu. Après une pausebien méritée, la saison reprend fin juin etse poursuit à un rythme plus tranquillejusque fin octobre.

Par jeep et camion, les denrées sontacheminées en automne jusqu’à la cabane et l’éco-nomat s’emplit alors des vivres nécessaires à laprochaine saison d’hiver. Les légumes et fruits sontramassés au village de Montana et conditionnés à lacabane. Si durant les premières années, Bernard n’estassisté que d’une seule employée, il s’entoure au fildu temps d’une équipe fidèle dont son amie Fatimaemployée auparavant par le président du CAS qui luiavait confié le poste, M. Olivier Cordonier.

Deux frères, une sœur et un beau-frère de sonamie Fatima viennent progressivement renforcerune entreprise qui prend dès lors un essor familial.Bernard emploie tout de même treize personnes pourrépondre aux périodes de forte affluence, alors qu’ilfaut servir près de quatre cents couverts.

Lors des travaux de remplacement du téléphé-rique des Violettes, la cabane est même desservie parun bus SMC doté d’une motorisation de circonstance.

Julot Tichelli et Bernard Bonvin.

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Les marcheurs peuventalors démarrer leurs balades endirection des cabanes du Wild-strubel ou de la Gemmi aprèsune montée mémorable dessentiers d’alpage en bus.

Cette vie à 2209 m. d’altitudeaurait pu lui être fatale : en1992, après quatre mois passésà la cabane agrandie et rénovéel’année précédente, Bernard serend à Palma de Majorque«sans pallier de décompressionou période d’acclimatation» qui

lui auraient été nécessaires, selon son cardiologue.Au deuxième jour de son séjour au soleil, un incidentcardiaque lui vaudra seize jours d’hospitalisationdans une clinique américaine heureusement des pluscompétentes pour soigner un cœur de montagnardnon habitué à fonctionner au bord de la mer.

Si Adolphe Oggi venaitparfois à la cabane, Bernard aeu la chance et le bonheur decôtoyer régulièrement l’abbéPierre, qui séjournait chaqueété à la villa Notre Dame etvenait se ressourcer dans nosmontagnes en toute discrétion.Bernard se souvient avecémotion des discussions qu’ilpouvait avoir avec ce sainthomme, humaniste merveil-leux qui pouvait aborder tousles sujets.

L’abbé Pierre arrivant à la cabane.

Le bus SMC et son chauffeur Rinaldo Werlen.

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Avec émotion, Bernard sesouvient que, les dernièresannées, il fallait toutefois aller lechercher avec la jeep pourl’amener au départ de la téléca-bine, puis l’accompagner de lagare d’arrivée à la cabane.

Après ces quelque trente anspassés au service de la cabane desViolettes, Bernard s’est résigné àpasser la main regrettant tout demême que sa compagne n’ait pureprendre le flambeau quelquesannées encore et se souciant desemplois perdus par les membresde sa famille.

Une page importante de sa vies’est tournée et la cabane vaconnaître de nouvelles transfor-mations qui devront lui donner unnouveau souffle, mais égalementl’adapter aux nouvelles normes envigueur pour des constructions dece type.

Aujourd’hui, alors que je l’in-terroge sur ses projets de jeuneretraité, il me répond tout simple-ment : «Bien vivre…, assez long-temps... et puis voilà !

Pascal Rey

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Bernard et l’abbé Pierre.

La cabane des Violettes en mars 2011.