De l’importance d’une base - GIFAS · PANHARD GENERAL DEFENSE - VBL STX FRANCE EADS - HARFANG...

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De l’importance d’une base industrielle et technologique

de défense performante

La décision prise par l’État, dans les années 50, de donner à la France les moyens d’assurer de

façon souveraine sa défense a permis la constitution d’une industrie de défense performante

et compétitive, apte à fournir aux armées, la totalité des moyens nécessaires aux missions

que leur assigne le Politique. La cohérence des efforts conduits tout au long des décennies

60 à 80, associés à des financements adaptés et réguliers, a abouti à la mise sur pied d’une base

industrielle de défense qui n’a que peu d’équivalents dans le monde, et qui est également devenue

un véritable atout au service de l’économie française.

En effet, alors que l’on assiste à l’affaiblissement industriel progressif de la France, l’industrie de

défense demeure aujourd’hui l’un des rares secteurs qui, tout en assurant sa mission première

de participation à la souveraineté du pays, assure un volume élevé de production sur le territoire

national, y maintient des effectifs non délocalisables à forte valeur ajoutée, et participe au

développement des technologies les plus avancées.

L’industrie de défense constitue donc l’un des atouts que le gouvernement doit utiliser dans le cadre

de sa politique de revitalisation du tissu industriel. Pour ce faire, il doit revenir aux grands principes

qui ont permis la constitution de cette industrie : le financement à haut niveau de la R&T, garant

du socle de la souveraineté et du maintien de l’avance technologique, le lancement de programmes

qui assurent le maintien des emplois en France, la mobilisation de tous les moyens nécessaires pour

soutenir l’exportation, la refonte d’une relation avec l’industrie intégrant les mutations intervenues

depuis les années 80, la redéfinition d’une véritable politique industrielle identifiant les principes

fondamentaux en matière d’industrie de défense et adaptant les moyens aux objectifs.

Dans un contexte économique difficile, l’industrie de défense peut constituer un facteur déterminant

ou dirimant que la France doit utiliser pour aller chercher la croissance nécessaire à la pérennité

de notre modèle de société.

Christian MONSPrésident du CIDEF

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 3

Le CIDEFLe Conseil des Industries de Défense Françaises

Le Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF) a été fondé en 1990 par les organisations

professionnelles représentatives de différentes composantes des industries d’armement françaises.

Il est actuellement composé :

■ du Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN),

■ du Groupement des Industries Françaises de Défense Terrestre (GICAT),

■ du Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS)

•17,5 Md€ de CA en 2011

•35 % à l’exportation

•80 000 emplois directs et 85 000 indirects

•Uneindustriede taille mondiale

•Un atout pour la France et pour une Europe autonome

Le CIDEF a pour objet l’expression collective des organisations professionnelles adhérentes dans

le domaine de la défense. Il détermine et conduit les actions communes relatives à la représentation

ou à la promotion des industries de défense françaises dans leur ensemble.

4 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

Sommaire

Le Mot du Président page 3

Le CIDEF page 4

Sommaire page 5

Impact économique et technologique page 7

Investir en R&T page 9

Décider des programmes page 11

Soutenir l’exportation page 13

Revoir l’organisation de la relation État / Industrie page 15

Adopter une politique industrielle française page 17

Définir une politique de coopération pages 19-20

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 5

EUROCOPTER - EC 725 CARACAL ET TIGRE

PANHARD GENERAL DEFENSE - VBL

STX FRANCE

EADS - HARFANG

PANPANPANPAPANPANAPANPANPANPANPANPANPANANPANPAPANPANPANPANANPANPANANPANANAAAAAPANAAAAANP NNAPANNPAPAAP HARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHHARHAHARHAAHARARHARHAAARHAHHHHHHHARRRRDD GD GD GD GD GD GD GD GD GD GD GD GDD GD G GGDDD GD GENEENEENEENEENENENENNENEENEENEENEENENNE ENEENNENNN RALRALRALRARALALRALALLRALRARALRALRARALALRRARRALRALLLLRARAALRRALRARA DEDEDEDEDEDEDEDEDEDDEDEDEDEDEDDEDEDDDEFENFENFENFENFENFENFENFEFFENFENENFENFENFENFENNNNNNNFENNNFENENFENFENNNNFENFENFENFENNNFENEFENNFFENFENFENENFFFFFFEFENNNNF NSSSSSE SESESE SESESSESEEEESESESESEESE ESEEESESESESEESE ESEESEE - VV- V-V- V- V- V- V- V- VVVVVV-VV- VVVVV- VVV-VVVVVVVVVVV-VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVBLBLBLBLBLBLBLLBLBLBLBLBLBBLBLBLBLLLBLLBLLLBL

STX FRANCE

6 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

1 Impact économique et technologique

L’industrie de défense participe directement à

la posture de défense de la France et à sa

souveraineté. Elle apporte toute sa crédibilité

à l’outil militaire et à la dissuasion, du fait de sa

maîtrise des technologies les plus performantes

et de la qualité de ses productions.

Cette participation à la souveraineté de

la France et à sa Défense se double d’une

contribution directe au développement

économique du pays. Les investissements

réalisés dans l’industrie de défense pour la

réalisation des équipements ont permis de

créer de nombreuses filières technologiques

de très haut niveau, qui n’auraient pas

vu le jour sous le seul effet du marché.

Les technologies développées et maîtrisées se

retrouvent très largement dans de nombreuses

applications civiles, et bénéficient donc au

plus grand nombre : conception assistée par

ordinateur, composants, matériaux composites,

communication, …

Les investissements de défense ont également

contribué à la constitution de pôles

industriels d’excellence, dont les principaux

représentants sont les grands donneurs

d’ordre de la profession (Dassault Aviation,

DCNS, EADS, MBDA, Nexter, Safran, Thales)

autour desquels un très vaste tissu de sous-

traitants et de fournisseurs s’est constitué.

La politique de sous-traitance appliquée par

ces industriels génère en effet des flux d’achats

très importants vers les ETI et PME, et a créé

dans de nombreux bassins d’emplois des

écosystèmes locaux autour desquels la vie

économique s’est structurée.

L’effet d’entraînement de ces écosystèmes

économiques et industriels est d’autant plus

important que, dans de nombreux cas, l’activité

industrielle de ces bassins d’emplois est

consacrée quasi exclusivement à la Défense,

ce qui les expose très fortement à toute

variation du budget d’acquisition militaire(1).

L’effort public continu en faveur de la

Défense a permis de créer une base

industrielle compétente et compétitive qui

assure à la France son autonomie stratégique

et participe directement à la création de

richesse sur le territoire national.

L’Industrie de Défense Française

UnE organISatIon En CaSCaDE :

■ 4 000 EtI/PME systémiers, équipementiers et sous-traitants

■ 165 000 emplois hautement qualifiés, non délocalisables

UnE InDUStrIE CoMPétItIvE Et ExPortatrICE :

■ Solde commercial positif + 2,7 Md€ (en 2011) (solde commercial France 2011 : - 70,1 Md€)

(1) Bourges, Brest, Cherbourg, Cholet, Fougères, Lorient, Roanne, Vendôme…

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 7

SAGEMGROUPESAFRAN-FÉLIN ECA - K-STER

THALES - CROTALE

8 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

2 Investir en r&t

L’industrie française de défense occupe des

positions de tout premier plan dans le domaine

de la Défense grâce à sa maîtrise des technologies

qu’un effort continu de R&T depuis plus de

50 ans a permis d’acquérir.

Malgré sa compétitivité reconnue, l’industrie

de défense n’est pas en mesure d’amortir

l’investissement en R&T :

■ du fait des règles qui font de la Défense un marché

atypique. L’État impose les spécifications des

programmes, contrôle les prix, fixe les marges

et contrôle rigoureusement les ventes aux

clients étrangers.

■ du fait de la durée des programmes : une

enquête conduite par la DGA en 2010 a

démontré qu’il fallait de quinze à vingt ans

entre le démarrage de l’effort R&T et le début

du déploiement opérationnel des équipements.

C’est pourquoi la France, comme ses

principaux concurrents et partenaires,

devrait seule assumer l’investissement

R&T dans l’industrie de défense.

En 2012, l’industrie bénéficiera de 600 M€ pour

financer la R&T de défense (sur un budget

d’études contractualisées de 730 M€, en recul

de 60 % par rapport à celui de 1990 – évolution

exprimée en euros constants). Cet effondrement

fait courir le risque majeur d’un décrochage

technologique, qui pourrait conduire à la remise

en cause de l’existence de notre industrie.

Le recours à la coopération européenne ne

permet pas de compenser ce recul, compte tenu

notamment de la baisse des budgets de R&T

constatée en Europe.

Les matériels qui équipent les forces

armées aujourd’hui sont le résultat des

investissements en R&T de la fin des années

1980 et du début des années 1990, époque

ou les crédits d’études amont étaient à un niveau

de 1,7 milliard d’euros (valeur 2011).

Les équipements dont les forces auront

besoin en 2020 et au-delà nécessitent des

capacités technologiques et industrielles que

l’investissement R&T à son niveau actuel ne

saurait couvrir.

Le CIDEF recommande donc de consacrer

un budget d’au moins 1 Md€ à la R&T

effectuée par l’industrie de défense.

Seul le rétablissement de cet effort

permettra le renouvellement qualitatif des

matériels et la pérennité des industriels,

et donc garantira l’autonomie stratégique.

évolution des budgets r&t

FranCE : - 60 % depuis 1990

étatS EUroPéEnS : - 23 % de 2006 à 2010

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 9

NEXTER - CAESAR

DCNS - GOWIND

DASSAULTAVIATION-NEURON

EUROCOPTER-NH90TTH

10 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

3 Décider des programmes

Les programmes (en coopération ou non)

confiés aux entreprises françaises sont

pour l’État la traduction pratique de sa

volonté d’autonomie stratégique. Ils sont,

pour l’industrie de défense, sa raison d’être.

Une industrie qui ne produit pas et qui ne

renouvelle pas sa gamme se sclérose. En effet,

le lancement de nouveaux programmes donne

de la visibilité sur le long terme et permet de

mobiliser toutes les ressources d’une société,

au premier rang desquelles la ressource

humaine qui constitue la première richesse

d’une entreprise.

Ils justifient également la mise en place de

stratégies d’investissements, pour maîtriser

les nouvelles technologies et adopter de

nouveaux processus de production, qui

permettront d’améliorer la qualité des

produits.

Les calendriers et les cibles des programmes

doivent être respectés. L’instabilité trop

souvent constatée par le passé est nuisible

tant pour les armées qui ne disposent pas

des capacités nécessaires en temps voulu,

que pour l’industrie dont la base de

fournisseurs, majoritairement composée de

PME, n’a pour seul moyen d’adaptation que

la réduction de ses effectifs.

L’UnionEuropéennen’ayantpaspourmission

de lancer des programmes et ne possédant

pas les outils nécessaires, la France, seule ou

en coopération, doit, malgré le contexte

économique contraint, prendre les

mesures nécessaires au maintien de

son industrie de défense en décidant dès

maintenant de nouveaux programmes

comblant les lacunes capacitaires des

armées. Cette politique doit être conduite

en cohérence avec la nécessaire refonte de

la relation entre l’État et l’industrie.

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 11

DASSAULTAVIATION-RAFALEAVECMBDASCALP

CNIM - L-CAT

THALES - GM 400

12 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

4 Soutenir l’exportation

L’exportation de systèmes de défense est un

élément d’expression de la politique étrangère

de la France, car elle contribue à nouer des

partenariats stratégiques avec des pays alliés qui

expriment un besoin de protection. L’autorisation

d’exporter étant le fait exclusif de l’État, une

exportation d’équipement militaire est de facto

un geste politique qui traduit l’état des relations

entre la France et le pays client. Les équipements

de défense ayant une durée de vie de plus de

20 ans, le lien ainsi créé durera sur une longue

période.

L’exportation est également un élément du

modèle économique de l’industrie de défense.

Représentant 30 à 40 % du chiffre d’affaires selon

les années, elle est l’indispensable complément

du budget national, qui est aujourd’hui insuffisant

pour soutenir la base industrielle et lui permettre

de poursuivre son activité. Ces exportations

permettent à l’industrie de générer un solde

commercial positif chaque année à un moment

ou le déficit global se creuse.

Or le paysage a évolué depuis 10 ans.

De nouveaux concurrents sont arrivés (Afrique

du Sud, Chine, Corée du Sud, Israël, Turquie) avec

des stratégies commerciales très agressives, et se

sont positionnés auprès de clients désireux de

diversifier leurs approvisionnements. Certains

industriels jouent de l’absence de règles effectives

concernant l’éthique des affaires et d’un contrôle

des exportations d’armement par leurs autorités

nationales peu contraignant. Cela introduit des

distorsions de concurrence au détriment des

sociétés françaises.

Les clients ont également évolué, et sont de plus

en plus exigeants, tant au niveau des produits

pour lesquels ils demandent des adaptations

spécifiques à leur environnement, que de l’offre

commerciale. De plus en plus de pays utilisent

en effet les acquisitions de systèmes pour mettre

à niveau leurs capacités industrielles nationales.

Afin de maintenir la position de la France sur

le marché, il faut poursuivre l’adaptation du

dispositif étatique de soutien pour l’adapter

au nouveau contexte. Si le traitement des très

gros contrats est satisfaisant, il manque un

dispositif de coordination du soutien au niveau

ad hoc pour les affaires petites et moyennes.

L’organisation étatique au sein des

ambassades doit être renforcée avec des

personnels connaissant les spécificités du marché

de l’armement, afin d’apporter un réel soutien

aux industriels, notamment aux PME.

La création d’une cellule apte à assurer la

présentation des équipements utilisés en

opération comme le font les Britanniques, est

nécessaire.

Enfin, le processus de réforme du contrôle

des exportations doit être poursuivi pour

porter le dispositif français au même standard

que celui de nos concurrents. L’obtention d’une

licence export nécessite par exemple 19 jours

en moyenne aux USA (source DoS) contre

45 jours en moyenne en France (source DGA).

Ces délais sont très pénalisants pour les PME et

les 2 000 à 5 000 contrats d’une valeur inférieure

à 50 M€ qui chaque année constituent un socle

de 1,5 à 2 Md€ générés pour moitié par le MCO

lié aux très grands contrats.

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 13

AIRBUSMILITARY-A400M

DCNS - BPC THALES-DUBM44

NEXTER - VBCI

14 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

5 revoir l’organisation de la relation état / Industrie

Le mode de relation entre l’État et l’industrie a peu évolué depuis plusieurs décennies. La diminution des capacités budgétaires de l’État, le renchérissement du coût unitaire des programmes qui sont de plus en plus des systèmes de systèmes, leur dimension multinationale qui rend les prises de décision plus compliquées et l’émergence de champions nationaux ou multinationaux nécessitent de repenser le mode relationnel.

Cette redéfinition passe par l’élaboration d’une relation entre l’État et les industriels sur un mode partenarial, qui tienne compte des contraintes de chacune des parties et soit compatible avec les impératifs économiques du monde industriel. Ce partenariat doit faire l’objet d’une contractualisation rigoureuse qui fixe les droits et les devoirs de l’État et de l’industriel concerné ; si nécessaire le Code des Marchés Publics doit être adapté.

Pour maîtriser la complexité croissante des produits et des systèmes, l’industrie recommande le passage à un mode de travail en plateau réunissant les utilisateurs, les prescripteurs et les concepteurs. Ce mode de travail, habituel dans de nombreux secteurs de l’industrie, favorise le dialogue permettant d’adapter les spécifications aux capacités budgétaires qui peuvent varier fortement entre les phases de préparation et de réalisation d’un programme, ainsi que les échanges sur le retour d’expérience, point fondamental d’amélioration des équipements.

L’industrie recommande également la mise en place de programmes à architectures ouvertes, plus adaptées à l’instauration d’une politique d’adaptation incrémentale des équipements, et à l’exploitation des avancées observées dans le civil.

Le Maintien en Condition Opérationnelle (MCO) constitue un autre domaine pour lequel la redéfinition de la relation entre l’État et l’industrie est nécessaire. Il doit être perçu comme partie intégrante de la politique d’armement du ministère de la Défense, dans le prolongement du développement et de l’acquisition des équipements. Il doit être appréhendé dans une relation gagnant / gagnant, entrelesarméesetlesindustriels.Unepolitiquede MCO adaptée aux enjeux et menée sans à coups permettra aux armées de disposer des équipements à un coût raisonnable, et aux industriels de mettre en place des solutions économiques et industrielles pertinentes.

L’industrie considère qu’une bonne politique de MCO repose sur :

■ un accord dès le début d’un programme sur les évolutions envisagées et son soutien ;

■ l’utilisation de contrats globaux long terme, avec un engagement de l’industriel cohérent en terme calendaire avec celui de l’État et une analyse du risque exhaustive ;

■ un partage des responsabilités clair, avec une rationalisation des moyens industriels dédiés ;

■ des conditions optimales de retrait des matériels à coordonner avec un calendrier programmatique réaliste.

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 15

DCNS - SNLE LE TERRIBLE

AIRBUSMILITARY-A330MRTT SAGEM-GROUPESAFRAN-PATROLLER

RENAULTTRUCkSDEFENSE-SHERPAFORCESSPÉCIALES

16 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

6 adopter une politique industrielle française

La place que tient la France dans le monde

découle des décisions politiques et des

investissements voulus par l’État pendant

la deuxième moitié du 20e siècle. Dans le

domaine de la Défense, la politique menée

avec une grande continuité jusqu’aux

années 90 a permis de faire renaître une

industrie performante, tant d’un point de vue

technologique qu’économique, donnant au

pays les moyens de sa politique internationale

et de défense de ses intérêts.

Le contexte a aujourd’hui fortement évolué.

Plusieurs pays dits émergents développent

une politique volontariste pour se doter

d’une BITD compétitive et se positionner

sur le marché européen. Le Livre Blanc sur la

Défense et la Sécurité de 2008 définit plus une

politique d’achats qu’une politique industrielle.

La France doit donc procéder à une redéfinition

partagée par toutes les parties de ses intérêts

fondamentaux en matière de défense, et

redéfinir une politique industrielle adaptée

au contexte économique, institutionnel et

stratégique actuel.

Cette nouvelle politique industrielle devra

définir les secteurs technologiques et militaires

stratégiques sur lesquels il faudra focaliser les

efforts, d’où découleront les politiques de R&T,

d’investissement et de coopération.

La redéfinition d’une politique

industrielle permettra de redonner toute

sa place à l’industrie dans la posture

de défense du pays. Elle doit poser les

principes fondamentaux auxquels la

France ne saurait déroger sans remettre

en cause sa souveraineté, en particulier

le financement de la R&T qui constitue

le socle de la souveraineté nationale,

la capacité à décider seule l’acquisition

de systèmes liés à la défense de ses

intérêts stratégiques et le contrôle des

exportations qui ne peut être délégué.

Dans ce contexte, l’industrie doit être

associée aux réflexions qui seront

conduites dans le cadre de la refonte du

Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité

Nationale.

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 17

DCNS - FREMM

MBDA - METEOR THALES - WATCHKEEPER

DASSAULTAVIATION-RAFALEAVECSAGEMAASMETMBDAMICA

18 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

7 Définir une politique de coopération (bi-tri ou multilatérale)

La réussite de programmes en coopération

bi ou multilatérale passe obligatoirement par

l’application de quelques critères : éviter une

accumulation de spécifications nationales qui

génère des délais et des surcoûts ; exprimer

des besoins communs précis et les traduire

en spécifications techniques raisonnables

et ajustées aux capacités budgétaires ;

imposer aux participants qu’ils prévoient de

commander un nombre d’exemplaires réaliste

et qu’ils s’engagent fermement sur cette

quantité, de façon à éviter les réductions de

cibles successives qui majorent d’autant le

coût unitaire et introduisent des tensions en

matière de gestion des programmes ; mettre en

place une organisation industrielle simple avec

un maître d’ouvrage, un maître d’œuvre et des

partenaires compétents ; abandonner le juste

retour, car la coopération sur un programme

doit fusionner les compétences existantes et

exploiter leurs synergies, non les dupliquer.

L’importance de ces critères explique l’intérêt

que représentent les coopérations bilatérales,

comme l’illustrent le Traité franco-britannique

de novembre 2010 qui n’est pas exclusif, et les

relances avec l’Allemagne et l’Italie. Le partenariat

franco-britannique montre comment deux pays

européens aux ambitions similaires, prévoient

d’acquérir les capacités opérationnelles

nécessaires à un coût limité et de soutenir

leurs champions industriels dans le cadre d’une

interdépendance acceptée et maîtrisée.

Le partage ou la mutualisation de besoins et de

capacités (à l’instar de l’initiative Pooling and

Sharing de l’Agence Européenne de Défense)

peuvent favoriser le maintien de savoir-faire.

Cette politique nécessite l’identification

des technologies pouvant donner lieu

à une interdépendance en Europe et à

la définition de règles pour assurer la sécurité

d’approvisionnement, et prenant en compte

les capacités industrielles et technologiques de

ses filières (stratégie d’optimisation).

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 19

L’OTAN doit pouvoir être source

d’opportunités pour l’industrie française.

L’industrie appelle de ses vœux l’instauration

d’un dialogue avec les services officiels afin

d’identifier clairement les enjeux capacitaires et

industriels induits par les initiatives de l’OTAN.

Il est indispensable que les autorités françaises

soutiennent avec la plus grande détermination

les offres industrielles et technologiques

françaises au sein des programmes lancés

dans le cadre de la Smart Defense, à l’instar

de ce que font nos alliés, tout en soutenant

l’émergence de solutions européennes

lorsqu’elles sont possibles. Une implication

industrielle française forte aux côtés de ses

alliés européens répond par ailleurs au souhait

des États-Unis d’une plus grande implication

de l’Europe dans l’OTAN.

L’industrie européenne ne souffre pas

d’un manque de compétitivité, ainsi qu’en

attestent ses succès à l’exportation face

à ses concurrents extracommunautaires.

Elle souffre en revanche d’un manque de

nouveaux programmes qui permettraient la

mise en place de coopérations industrielles,

favorables aux partages de compétences.

Une approche uniquement réglementaire est

insuffisante voire contre-productive sans une

ambition politique préalable.

L’industrie appelle donc à une

convergence des besoins capacitaires

et des efforts budgétaires des États

membres, au lancement de programmes

en coopération et à l’application effective

du principe de préférence européenne.

Toute autre politique laissera la place aux

concurrents étrangers qui proposeront

leurs produits État par État, ne laissant

aux acteurs locaux qu’un rôle de sous-

traitance à faible contenu technologique.

20 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

ASTRIUM-HELIOSII

DCNS-PORTE-AVIONSNUCLÉAIRECHARLES-DE-GAULLE

PANHARD GENERAL DEFENSE - PVP

DASSAULTAVIATION-RAFALEAVECMBDAASMPA

L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 21

22 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012

groupement des Industriesde Construction et activités navales (gICan)

60, rue de Monceau - 75008 ParisTél. : 01 47 36 80 80 - Fax : 01 40 93 57 72

www.gican.asso.fr

groupement des IndustriesFrançaises de Défense et de Sécurité terrestres (gICat)

3, avenue Hoche - 75008 ParisTél. : 01 44 14 58 20 - Fax : 01 42 30 80 74

www.gicat.com

groupement des IndustriesFrançaises aéronautiques et Spatiales (gIFaS)

8, rue Galilée - 75116 ParisTél. : 01 44 43 17 00 - Fax : 01 40 70 91 41

www.gifas.fr