De l’huile usagée à l’énergie

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 Zone industrielle d’Etoy dans le canton de Vaud. L’entreprise Leman Bio Energie

spécialisée dans la fabrica-tion de biodiesel de deu-xième génération est instal-lée dans une ancienne usine. Equipé d’une casquette ren-forcée et de lunettes de pro-tection, Loïc Burton, l’un des 3 collaborateurs de la firme, détaille avec passion les dif-férentes étapes de produc-tion du carburant vert, fabri-qué à base d’huiles végétales usagées. «En hiver, les fûts réceptionnés auprès des res-

taurants de la région et de France voisine sont de véri-tables glaçons. Nous devons les chauffer avant de pouvoir les pomper», explique le res-ponsable exploitation et qua-lité. L’huile est d’abord dé-barrassée des éventuels déchets alimentaires avant d’être acheminée dans un gigantesque réservoir de 27 000 litres. Une fois décan-tée et filtrée, elle est stockée dans une cuve tampon, le reste du processus prenant place dans une salle estam-pillée «réservée aux per-sonnes autorisées».

Un déchet valoriséPassé la porte, on s’attend à sentir de nauséabonds ef-fluves de friture, mais rien de tel. Seule une discrète odeur s’échappe de la salle. On y découvre un espace de taille moyenne rempli de cuves métalliques de divers for-mats, lesquelles sont numé-rotées suivant le processus de fabrication. «Depuis 2016, la production est entièrement automatisée et fonctionne 24h/24», explique Loïc Bur-ton. Une fois homogénéisée, l’huile est injectée dans un réacteur de transestérifica-

tion, une modification des corps gras sous l’action d’un mélange de méthanol et de potasse. En résulte un pro-duit brut qui sera encore fil-tré, raffiné et purifié. «Le bio-diesel est alors transparent, il ne reste plus qu’à ajouter des additifs afin d’améliorer la résistance du carburant au froid», détaille le spécialiste.

En tout, le processus de fabri-cation dure 3 jours. Période durant laquelle Loïc Burton vérifie à 5 reprises la qualité du produit dans son labora-toire petit format. «J’aime transformer un déchet en énergie. C’est une tâche noble et motivante», indique -t-il avant d’énumérer les autres analyses à effectuer. En plus des échantillons pré-levés durant la fabrication, il évalue aussi l’acidité des huiles végétales usagées et

Tout droit sorties des friteuses des restaurants, les huiles végétales usagées sont transformées en carburant écologique pour alimenter ca-mions, bus et véhicules de chantier. Découverte de Leman Bio Energie, l’une des cinq entreprises suisses spécialisées dans la fabrication de bio diesel de seconde génération.

TEXTE ALINE BEAUD | PHOTOS EMANUEL FREUDIGER

De l’huile usagée à l’énergie

Spécialistes du biodiesel Loïc Burton et Jean-Pierre Passerat (de g. à dr.).

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Mets de l’huile!

MARCHÉ SUISSECinq producteurs se par-tagent le marché helvé-tique, dont 2 romands. Une sixième usine ouvrira bien-tôt ses portes au Tessin. La production nationale de biodiesel de seconde géné-ration s’élève à 10 millions de litres par an. Le marché subit la pression internatio-nale, une partie des huiles usagées étant exportée, transformée avant d’être importée sous forme de biodiesel, dégradant ainsi le bilan écologique du produit. Klik, la Fondation pour la protection du climat et la compensation du CO

2 sub-ventionne divers projets à hauteur de 125 millions de francs par an, dont les pro-ducteurs régionaux et les importateurs de biodiesel.

Les cuves automatisées produisent du biodiesel en continu.

Camion Transvoirie roulant au biocar-burant.

Laboratoire Différentes analyses y sont effectuées pour évaluer la qualité du

produit.

Le biodiesel en phase de production.

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MOBILITÉ

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