De l'édition à la contre-édition

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Le pionnier québécois de l’édition en ligne sur Internet avec impression papier et numérique à la demande http://manuscritdepot.com/ [email protected] 20 rue Duplessis, Lévis, Québec, Canada. G6V 2L1 Tél.: 4189031911 De l'édition à la contreédition La Fondation littéraire Fleur de Lys introduit ici un nouveau concept servant à identifier et à caractériser la nouvelle édition rendue possible par les nouvelles technologies hors des limites du marché traditionnel du livre : la contreédition , en référence à la contreculture des années 60 et 70. SergeAndré Guay, président éditeur, Fondation littéraire Fleur de Lys. L'idée de la contreédition a surgi en mon esprit à la lecture du dossier «Que restetil de la contreculture dans le Québec inc.?» publié dans la revue LIBERTÉ Art & Politique du printemps 2013 (no 299). J'ai donné écho à ce dossier dans un article récent en vous proposant un lien vers un extrait publié dans le quotidien LE DEVOIR de l’article intitulé Coelhopocalypse! – Pirater Prochain épisode, et autres observations sur la libre circulation des œuvres de Mathieu Arsenault. Ce matin, j'ai retrouvé deux mentions du concept de contreédition dans mes notes de lecture de LIBERTÉ. La première en marge du dernier paragraphe de l'article La charge épormyable de la contreculture : «La contreculture a une dent contre les obstacles à la liberté. En quoi seraitce dépassé. En quoi seraitce anachronique de tenter à nouveau de se débarrasser de ces obstacles, de se désinhiber, d'injecter un peu d'enthousiasme et d'insurrection dans notre rapport au monde? On veut encore et toujours faire de l'argent, encore et toujours faire l'amour, pourquoi ne pourraiton pas continuer à vouloir refaire le monde? La contreculture ne constitue pas un répertoire d'élucubrations qu'il ne faudrait pas répéter. On peut au contraire s'approprier sa façon d'être effrontément naïve, d'être folle de façon épormyable. La contreculture exprime une audace qui charge, avec sérieux et délire, avec amour et humour, devant tout ce qui empêche la tranquille avancée des petits pouces de liberté.» La charge épormyable de la contreculture, Jonathan Lamy, chercheur postdoctoral, Université du Québec à Chicoutimi (Il a publié deux recueils aux Éditions du Noroît, Le vertige dans la bouche et Je t'en prie). LIBERTÉ, No 299, 2013, p. 12 1 / 6

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La Fondation littéraire Fleur de Lys introduit ici un nouveau concept servant à identifier et à caractériser la nouvelle édition rendue possible par les nouvelles technologies hors des limites du marché traditionnel du livre : la contre-édition, en référence à la contre-culture des années 60 et 70. Serge-André Guay, président éditeur, Fondation littéraire Fleur de Lys.

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Le pionnier québécois de l’édition en ligne sur Internet avec impression papier et numérique à la demande 

 http://manuscritdepot.com/       [email protected]  

 20 rue Duplessis, Lévis, Québec, Canada. G6V 2L1          Tél.: 418‐903‐1911 

 

De l'édition à la contre‐édition  La Fondation littéraire Fleur de Lys introduit ici un nouveau concept servant à identifier et à caractériser la nouvelle édition rendue possible par les nouvelles technologies hors des limites du marché traditionnel du livre : la contre‐édition, en référence à la contre‐culture des années 60 et 70.  

Serge‐André Guay, président éditeur, Fondation littéraire Fleur de Lys. 

  L'idée de  la  contre‐édition a  surgi en mon esprit à  la  lecture du dossier «Que  reste‐t‐il de  la  contre‐culture dans  le Québec  inc.?» publié dans  la  revue LIBERTÉ  ‐ Art & Politique du printemps 2013  (no 299).  J'ai donné écho à ce dossier dans un article récent en vous proposant un lien vers un extrait publié dans le  quotidien  LE  DEVOIR  de  l’article  intitulé  Coelhopocalypse!  –  Pirater  Prochain  épisode,  et  autres observations sur la libre circulation des œuvres de Mathieu Arsenault.  Ce matin,  j'ai  retrouvé  deux mentions  du  concept  de contre‐édition  dans mes  notes  de  lecture  de LIBERTÉ.   La première en marge du dernier paragraphe de l'article La charge épormyable de la contre‐culture :  

«La contre‐culture a une dent contre les obstacles à la liberté. En quoi serait‐ce dépassé. En quoi serait‐ce anachronique de tenter à nouveau de se débarrasser de ces obstacles, de se désinhiber, d'injecter un peu d'enthousiasme et d'insurrection dans notre rapport au monde? On veut encore et toujours faire de l'argent, encore et toujours faire l'amour, pourquoi ne pourrait‐on pas continuer à vouloir refaire  le monde? La contre‐culture ne constitue pas un répertoire d'élucubrations qu'il ne faudrait pas répéter. On peut au contraire s'approprier sa façon d'être effrontément naïve, d'être folle de façon épormyable. La contre‐culture exprime une audace qui charge, avec sérieux et délire, avec amour  et humour, devant  tout  ce qui  empêche  la  tranquille avancée des petits pouces de liberté.»  

La charge épormyable de  la contre‐culture, Jonathan Lamy, chercheur postdoctoral, Université du Québec  à Chicoutimi  (Il  a  publié  deux  recueils  aux  Éditions  du Noroît,  Le  vertige  dans  la bouche et Je t'en prie). LIBERTÉ, No 299, 2013, p. 12 

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Cette quête de liberté de la contre‐culture s'apparente à celle de l'édition dans l'univers numérique et de l'impression à la demande. L'accès à l'édition se démocratise au détriment du contrôle jadis exclusif exercé par  le marché  traditionnel du  livre. Un nouveau marché du  livre a vu  le  jour et  repousse  les contraintes à la liberté d'édition.  L'histoire de l'Homme nous apprend que ne peut pas renier ou rejeter un groupe sans en payer un jour ou l'autre le prix fort. Avec un taux de refus de 90% des manuscrits soumis aux éditeurs par les auteurs, le marché traditionnel du livre ne pouvait pas s'attendre plus longtemps à une résignation silencieuse d'une telle masse critique face aux débouchés du numérique.  À  l'instar des dirigeants de toute civilisation en porte‐à‐faux avec  le contrat social convenu avec son peuple, celle du marché  traditionnel du  livre courrait à sa perte  face au peuple en écriture. Ainsi,  la digue a cédé violemment et  les auteurs s'engouffrent aujourd'hui avec  leurs œuvres dans  le nouveau canal d'irrigation creusé au champ de la liberté par le numérique et l'impression à la demande.  À l'origine, le barrage exploité par le marché traditionnel du livre se dressait sur des rivières d'eau pure, dans  le  respect  de  l'environnement  des  auteurs  et  de  leurs  lecteurs.  Sous  la  pression  de  remous commerciaux,  les  meilleures  intentions  du  monde  succombèrent  à  l'avidité  des  lois  du  marché engendrant pollution, surexploitation et sursaturation du marché. La  liberté de faire de  l'argent sans retenue  sous  des  prétentions  culturelles  nationales  et  industrielles  soutenues  par  l'État  a  entraîné l'esclavage aveugle du vélin de masse.  L'avenir du  numérique, grand  libérateur,  fut  et demeure  perçu  comme  une menace  par  le marché traditionnel  du  livre  même  si  ce  dernier  y  recherche  désespérément  une  opportunité  d'affaires, toujours avec l'aide financière de l'État.  Une deuxième note de lecture me rappelle à l'esprit cette idée de contre‐édition (le lien hypertexte est de nous) :  

«À  l'ère du numérique et de  l'intangible, s'imposer  le passage de  l'imprimé, c'est se contraindre à une  certaine  lenteur en opposition avec  instantanéité ambiante. Paradoxalement,  le Distroboto permet aux créateurs de passer rapidement de l'idée à la chose imprimée, ce qui les affranchit des délais  et  contraintes  habituelles  du  milieu  de  l'édition  commerciale.  Ce  rempart  de  l'édition indépendante offre un rafraîchissant contraste avec la production actuelle du livre au Québec.»  

La  mémoire  des  zines  ‐  Nouvelles  déclinaisons  de  l'édition  contre‐culturelle,  Élise  Lassonde, bibliothécaire  responsable  depuis  2007  des  collections  patrimoniales  de  livres  d'artistes, d'estampes et de reliures d'art à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, LIBERTÉ, No 299, 2013, p. 21. 

  Pour  ne  pas  détourner  indument  les  propos  de  l'auteur  de  cet  article,  précisons  qu'elle  traite  de l'édition indépendante et rangeons‐nous à sa définition des zines :  

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DE L’ÉDITION À LE CONTRE‐ÉDITION – FONDATION LITTÉRAIRE FLEUR DE LYS 

«Depuis les années soixante, les zines s'inscrivent dans la sphère culturelle québécoise comme un des  modes  de  diffusion  et  d'expression  privilégiés  de  la  contre‐culture.  Il  s'agit  d'un  type  de publications autoéditées, imprimée grâce à des procédés qui lui confèrent une facture artisanale : photocopie, offset ou sérigraphie. Les créateurs et amateurs de graphzines sont encore aujourd'hui représentatifs  d'une  certaine marge  que  l'on  imagine  jeune,  branchée,  progressiste  et  urbaine, mais  cette  production  s'inscrit  également  dans  le  large mouvement  Do  It  Yourself  (DIY).  Ses acteurs  sont  illustrateurs,  bédéistes,  photographes,  imprimeurs,  éditeurs,  designers  graphiques, musiciens, artistes visuels ou étudiants en arts.» 

 La  mémoire  des  zines  ‐  Nouvelles  déclinaisons  de  l'édition  contre‐culturelle,  Élise  Lassonde, bibliothécaire  responsable  depuis  2007  des  collections  patrimoniales  de  livres  d'artistes, d'estampes et de reliures d'art à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, LIBERTÉ, No 299, 2013, p. 21. 

 Cette  précision  apportée,  je  retiens  des  propos  de  l'auteur  le  sous‐titre  de  son  article,  «Nouvelles déclinaisons  de  l'édition  contre‐culturelle»,  et  le  facteur  libérateur  de  l'impression  numérique  par l'affranchissement «des délais et contraintes habituelles du milieu de l'édition commerciale».   Le  sujet  se concentre  sur  l'édition  contre‐culturelle,  sur  le  contenu  contre‐culturel de  l'édition en de nouvelles  déclinaisons,  notamment,  grâce  au  numérique  et  à  l'impression  à  la  demande  rapide  de micro‐tirage.  Je  perçois  dans  ces  nouvelles  déclinaisons  non  seulement  des  produits  différents mais  aussi  une contre‐édition, une édition affranchie, libérée de l'esclavage des marchés de masse.  Il suffit d'appliquer le principe «Le médium, c’est le message» introduit par le sociologue canadien des communications Marshall McLuhan dans son livre Pour comprendre les médias.  

« [...] en réalité et en pratique, le vrai message, c'est le médium lui‐même, c'est‐à‐dire, tout simplement,  que  les  effets  d'un médium  sur  l'individu  ou  sur  la  société  dépendent  du changement d'échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous‐mêmes, dans notre vie. »  

Pour comprendre les médias, Marshall McLuhan, 1964, p. 22   Par exemple,  la décision d'une entreprise retenant  la radio plutôt que  la télévision pour diffuser son message publicitaire est en soi un message. Le choix de la radio communique un message différent du choix  de  la  télévision,  des  journaux  imprimés,...  Il  en  va  de même  de  l'édition  supportée  par  le numérique  et  l'impression  à  la  demande.  Les  nouveaux  canaux  d'édition  livrent  un message  très différent  de  celui  du  canal  de  l'édition  traditionnelle. Nous  sommes  en  présence  de  deux médias différents avec deux messages différents, selon le principe de McLuhan.  Mais ces deux  messages ne se côtoient pas dans l'harmonie, l'ancien message dénigre le nouveau.  

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L'édition traditionnelle méprise les auteurs qui la contournent à l'aide du numérique, de l'impression à la demande et de l'Internet. Elle cherche ainsi à donner mauvaise réputation à l'auteur qui ne passe pas son canal, tout en remettant en cause la qualité de son œuvre, qualité dont elle réclame le monopôle dans l'univers du livre. Pourtant, la nouvelle édition n'a pour prétention que d'être une alternative, et non pas une menace à l'ancienne édition.   Je ne sais pas qui a lancé la première pierre. Mais je sais que la télévision n'est pas apparue en criant : «Nous avons la ferme intention de détruire la radio! »  Le contexte d'opposition (et la politique d'exclusion que j'ai dénoncée) entretenu par l'ancienne édition face à la nouvelle édition porte à penser à la contre‐édition, comme on pensait à la contre‐culture dans les années soixante.  Si l'ancienne édition s'oblige à une évolution face au numérique, répudiant toute révolution, la nouvelle édition  est  révolution  en  soi,  tel  que  l'imprimé,  la  radio  et  la  télévision  le  furent  à  leur  époque respective. L'ordre médiatique établi a assimilé ces  révolutions successives en évoluant plutôt qu'en s'opposant par dénigrements.  Le  concept de  contre‐édition oblige un  caractère  contestataire,  tout  comme  celui de  contre‐culture. L'auteur à  la recherche d'une alternative à  la suite des nombreux refus de son œuvre par  les éditeurs traditionnels conteste‐t‐il  l'ordre  établi  ?  L'écrivain  professionnel  que  ne  soumet  même  plus  ses œuvres à des éditeurs traditionnels pour se tourner d'emblée vers de nouveaux canaux s'inscrit‐il  lui aussi dans une telle contestation ? Oui. Ils s'opposent tous les deux au sort réservé à leurs œuvres par l'édition traditionnelle.  La contre‐culture implique aussi un mouvement, «un comportement, une opinion adoptée par plusieurs personnes.» Force est de  constater un  tel mouvement dans  la nouvelle  édition. Peut‐on pousser  la réflexion  pour  conclure  également  qu'il  s'agit  d'un  mouvement  culturel,  c'est‐à‐dire  à  un  groupe d'identification,  un  groupe  auquel  auteurs  et  lecteurs  peuvent  s'identifier  de  par  des  opinions communes ? Je réponds par l'affirmative.  Mais toutes les parties prenantes à ce mouvement ne sont pas encore pleinement conscientes de leur implication.  Si  cela  va  de  soi  pour  les  auteurs,  les  nouveaux  éditeurs  et  libraires  au  cœur  de  la révolution,  les  lecteurs  ne  recherchent  pas  délibérément  des  livres  de  la  contre‐édition.  Ils  ne demandent pas aux  libraires où se trouvent  les  livres  la nouvelle édition autoédités, édités à compte d'auteur,  comme on demandait  les  revues  (subversives)  contre‐culturelles dans  les années 60 et  70 (exemple québécois : Mainmise).  Est‐ce qu'une masse critique de  lecteurs suivront  les auteurs sur  le nouveau marché de  l'édition avec une conscience pleine et entière de contester le marché traditionnel de l'édition ? Les commandes de livres  imprimés  à  la  demande  expresse  de  chaque  lecteur  contribuent  peu  à  peu  à  une  prise  de conscience collective de la nouvelle édition.  

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Les livres autoédités et édités à compte d'auteur existaient bien avant l'arrivée du numérique et on en retrouve  encore  sur  les  rayons  des  librairies.  La majorité  des  lecteurs  ne  distingue  pas  les  types d'édition des livres qu'ils achètent; un livre est un livre, surtout s'il a franchi les portes de votre libraire préféré.  L'arrivée des  librairies virtuelles  (en  ligne sur  Internet)  incite‐t‐elle  les  lecteurs à distinguer  les  types d'édition,  la traditionnelle de  la nouvelle ? À mon avis,  les  lecteurs ne portent pas plus attention aux types d'édition, à moins d'un engouement viral mettant en vedette  l'autonomie de  l'auteur, c'est‐à‐dire suite à la mise en marché sous le thème même de l'autoédition ou de l'édition à compte d'auteur. Le mouvement  culturel  de  la  contre‐édition  rassemble  pour  l'instant  davantage  d'auteurs  que  de lecteurs. L'édition traditionnelle a davantage de lecteurs que d'auteurs, mais de plus en plus de livres ne trouvent pas leurs lecteurs.  Justifiant  les  efforts  d'affirmation  de  l'industrie  québécoise  du  livre,  le  président  de  l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL ‐ Québec), écrit : «Parce qu’il s’agit d’une tradition récente qui n’a pas pour elle le poids de l’histoire. Parce que, en quarante ans, une multitude de talents se sont révélés, très  peu  ayant  eu  l’occasion  de  trouver  leurs  lecteurs.»  (Affirmation  n’est  pas  discrimination,  Jean‐François Bouchard, président de l'ANEL, ANEL Blogue, 9 avril 2013 (voir le texte en ligne).  Je m'évertue depuis dix ans à démontrer la venue de nouveaux lecteurs par la contre‐édition. La venue de nouveaux auteurs entraîne  la venue de nouveaux  lecteurs. Si tout  le monde peut devenir auteur, tout  le monde peut devenir  lecteur. La majorité des gens ne  fréquente pas  les  librairies, même  sur Internet, un nombre de plus en plus élevé de gens compte un nouvel auteur dans leur entourage. On ne saurait refuser l'invitation personnelle à la lecture lancée par son fils, son grand‐père, son voisin de palier ou son collègue de travail devenu auteur. Le roman,  l'essai,  l'autobiographie..., signés par une personne que  l'on connaît personnellement pique  la curiosité et (r)éveille  le goût de  lire. Le nouveau lecteur  est un  lecteur  à  proximité. Et  si  l'auteur de  la  contre‐édition  trouve un nombre  restreint de lecteurs, le nombre très élevé d'auteurs assure une masse critique non négligeable.  L'édition traditionnelle a multiplié le nombre d'auteurs, que dis‐je, d'écrivains qu'elle a publié au cours des  dernières  années. Mais  l'invitation  de  l'auteur  à  la  lecture  se  caractérise  par  ses  limites  et  se résume en ces mots : «Allez voir mon livre en librairies (au coin de la rue ou sur le Net)», le respect de la chaîne économique oblige.  L'édition traditionnelle constate le plafonnement du nombre de lecteurs de sa production, assidus et occasionnels. Elle rage à l'idée que les nouveaux lecteurs lui échappent aux mains de la contre‐édition. Elle  ne  comprend  pas  la différence  entre  les  produits  offerts  :  la  personnalisation de  l’œuvre dans toutes ses qualités et ses défauts,  l'attrait  légendaire de  l'artisanal ainsi remis au goût du  jour face à l'industriel passéiste, la force intrinsèque de l'inédit, de l'exclusivité et de l'unicité procurant à l’œuvre les  valeurs  propres  à  la  rareté.  Ce  sont  là  pourtant  des  spécificités  sur  lesquelles  elle misait  à  sa naissance en se targuant de permettre  la démocratisation de  la culture et de  l'accès aux  livres. Elle a péché par orgueil, puis abusé de sa  liberté (toute artificielle compte tenu de  l'aide de  l'État), et ainsi emprisonnée de son propre marché. ‐‐‐ 

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«L'excès de liberté ne peut tourner qu'en excès de servitude  pour un particulier aussi bien que pour un état.»  

Platon, La république.   Et j'ajouterai, aussi bien que pour une industrie.  Le  numérique  ne  libèrera  pas  le  marché  traditionnel  de  l'édition  de  ses  chaînes,  peu  importe l'investissement  de  l'État,  parce  que  son  produit  épuré  de  son  état  artisanal  et  soustrait  de  son authenticité, bref privé de sa beauté sauvage, ne peut pas rejoindre les nouveaux lecteurs.  À chacun son produit. À chacun son marché.  Pour les uns une évolution. Pour les autres une révolution.   A VENIR  Le défi de la contre‐édition : enseigner l'écriture et la lecture On dit que l'histoire se répète d'une époque à l'autre. Ce sera le cas avec la contre‐édition qui reprendra la mission  abandonnée  par  les  autorités  littéraires  victimes  du  repli  sur  soi,  subséquent  inévitable  à  un hermétisme aveugle.  À LIRE EN ATTENDANT  Pourquoi le milieu littéraire se referme sur lui‐même ?  Et j'ai signé,  À Lévis, ce 19 mai 2013  Serge‐André Guay, président éditeur Fondation littéraire Fleur de Lys  Courriel : serge‐andre‐[email protected] Site Internet : http://fondationlitterairefleurdelysaccueil.wordpress.com/ Téléphone : 418‐903‐1911 

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