#14: L'édition sportive

40
IMAGINONS LA NOUVELLE AFRIQUE ! WWW.INSPIREAFRIKA.COM MARS-AVRIL 2015 #14 COUP DE COEUR HARRISON KABLAN ET SA BOISSON DORÉE SOUHAITENT CONQUÉRIR L’AFRIQUE INSPIR’INTERVIEW MOHAMED DIA, RETOUR DANS LES STARTING BLOCKS POURQUOI LE FOOTBALL EST LE SPORT ROI SUR LE CONTINENT ? DE LA MISÈRE AU LUXE, CES CARRIÈRES SPORTIVES QUI NOUS INSPIRENT Luc Mbah A Moute L’AMBASSADEUR DU BASKET-BALL AFRICAIN

description

Après l'euphorie de la Coupe d'Afrique des Nations, nous avons décidé d'aller à la rencontre de ces entrepreneurs qui misent sur le sport. "Cramponnez - vous !"

Transcript of #14: L'édition sportive

Page 1: #14: L'édition sportive

I M A G I N O N S L A N O U V E L L E A F R I Q U E !

WWW.INSPIREAFRIKA.COM

MARS-AVRIL 2015 #14

COUP DE COEURHARRISON KABLAN ET SA BOISSON DORÉE SOUHAITENT CONQUÉRIR L’AFRIQUE

INSPIR’INTERVIEWMOHAMED DIA, RETOUR DANS LES STARTING BLOCKS

POURQUOI LE FOOTBALL EST

LE SPORT ROI SUR

LE CONTINENT ?

DE LA MISÈRE AU LUXE, CES CARRIÈRES SPORTIVES QUI NOUS INSPIRENT

Luc Mbah A Moute L’AMBASSADEURDU BASKET-BALL AFRICAIN

Page 2: #14: L'édition sportive

2 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Page 3: #14: L'édition sportive

3INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

L’ÉQUIPE INSPIRE AFRIKA MAGAZINE est édité par ANINKA MEDIA GROUP

A CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO

RÉDACTRICE EN CHEFJOAN YOMBO

REDACTEUR EN CHEF ADJOINTLOUIS GILBERT BISSEK

REDACTRICE EN CHEF ANGLAIS CHRYS NYETAM

REDACTRICE CULTUREAMMA ABURAM

CHARGÉE DES PARTENARIATS AFRIQUEHYACINTHE ISSOMBO

CHARGÉE DES PARTENARIATS EUROPEFRANCESCA NGAHANE

CHARGÉE DES PARTENARIATS AMÉRIQUESANITA BAKAL

TRADUCTRICERAKY TOURÉ

CONCEPTION RÉALISATION GRAPHIQUEALISSA JAMES

DIRECTRICE GÉNÉRALECHRYS NYETAM

DIRECTRICE DE PUBLICATIONJOAN YOMBO

BUSINESS DEVELOPMENT LUC YEBGA

RESPONSABLE COMMERCIALANITA BAKAL

RESPONSABLE MARKETINGAMMA ABURAM

RELATIONS PUBLIQUESIVAN NYETAM

LEYLA ISMAILY CHRONIQUEUSE SUR INSPIREAFRIKA.COM

/ KENYA /

PUBLICITÉ : FRANCESCA NGAHANE / +33 (6) 65 38 81 60. PARTENARIATS : [email protected]

PRESSE / RECRUTEMENT : [email protected] droits de reproduction réservés pour tous pays. Reproduction interdite pour tous les articles sauf accord écrit de la Rédaction.

Edition 14 - Mars - Avril 2015

WWW.INSPIREAKRIKA.COM

3

Page 4: #14: L'édition sportive

4 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

L’ÉDITION SPORTIVE !

INSPIR’START UP // 26SAWASHOES : Les Baskets Made in Africa

4

SOMMAIRE

CARRIÈRE // 20LUC MBAH A MOUTE : Héraut de l’espérance

INSPIR’INTERVIEW // 16 Mohamed Dia, retour dans les starting blocks

EDITO // 5INSPIR’NEWS // 6

TENDANCE // 8A la sauce Équatoriale

COUP DE COEUR // 12 Exosse, de l’or dans les coupes

INSPIR’INTERVIEW // 16Mohamed Dia, la force tranquille

CARRIÈRE // 20Luc Mbah A Moute : Héraut de l’espérance

OSER INSPIRER // 25Les plateaux Kenyans en chaussures de sport !

INSPIR’START UP // 26Sawashoes, Les baskets Made In Africa

INSPIR’ECO // 30La coupe d’Afrique des Nations en chiffres

PENSÉES // 32Le sport roi, vu par Sandra Tshiyombo

4 QUESTIONS À... // 34Green Sports Africa

FOCULTURE // 36De la misère au luxe, des histoires qui nous inspirent

JOBS // 38

COUP DE COEUR // 12Harrison Kablan et sa boisson dorée

Page 5: #14: L'édition sportive

5INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

«Sport-Roi», le football déchaîne les passions. C’est LA RELIGION ré-vélée du 21ème Siècle, l’opium des peuples. Le continent Africain n’échappe pas à la règle. Du 17 Janvier au 8 Février dernier, il a vibré aux rythmes des matches et rencontres de la  30ème  édition de la CAN, organisée avec brio (et en 64 jours !) par la Guinée Equatoriale.Après l’euphorie, nous avons souhaité  en remettre une couche. Tout est parti d’une question : Quelle est le rôle du Sport sur le continent Africain ? Est ce simplement un hobby? Un passe temps?Pour nos invités du mois, il s’agit surtout d’une opportunité business : Mohamed Dia (p.16) et Medhi Slimani (p.26) ont décidé d’explorer la piste du streetwear/sportswear, tandis qu’Harri-son Kablan (p.12),  s’est positionné sur

le champagne. Certains, à l’instar de Luc Mbah A Moute (p.20) ont plutôt choisi d’utiliser le sport pour inspirer et rendre un peu à la communauté ce qu’ils ont reçu. Et ce n’est pas plus mal.Finalement quand on y pense, entrepreneurs et  sportifs n’ont que des points communs : passion,

performance, endurance, capacité à sur-monter les échecs ... Les codes sportifs ont toujours été une source d’inspiration pour les entrepreneurs. Alors qui sait, ce numéro créera peut-être des vocations !

Bonne lecture !

Joan YomboRédactirce en chef

EN QUÊTE DEVOCATION

EDITO

5

INSPIR’INTERVIEW // 16 Mohamed Dia, retour dans les starting blocks

Page 6: #14: L'édition sportive

6 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Objis, le centre de formation informatique près de chez vous – Côte d’Ivoire

Comme Delphin Bondongo, bachelier littéraire congolais, devenu salarié informaticien, Objis est ce qu’il vous faut ! Depuis 2005, ce centre de formation en informatique augmente en un temps record vos compétences techniques nécessaires à la réalisation de projets ambitieux incluant les technologies Java Web Mobile. Une formation sur mesure de grande qualité ! Apres la République démocratique du Congo et le Sénégal, cette entreprise résolument africaine vise la conquête de nouveaux territoires. Chers Ivoiriens, tenez vous prêts, Objis débarque chez vous le 1er juin 2015. Le marché ivoirien du développement d’applications en plein essor, à besoin de vous … et d’OBJIS !

L’Africa Economic Forum au coeur des problématiques africaines - Etats-Unis

Les 11 et 12 Avril 2015, Columbia University accueillera l’African Economic Forum. Le thème de cette année est « Build Africa : Beyond Potential «. Après le passage de figures marquantes, à l’image de Raila Odinga, Premier Ministre de la République du Kenya, Wale Tinubu, CEO d’Oando Oil Plc ou encore Lamido Sanusi, gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria, et des débats interactifs forts, l’AEF vous invite cette année à réfléchir sur des actions qui permettront d’accélérer la croissance du Continent. Comment les Africains peuvent-ils profiter plus amplement de leurs richesses ? Cette question qu’on retrouve fréquemment au sein des problématiques affectant le continent est toujours en suspens et trouvera peut-être enfin une réponse lors de cette conférence.

TEDxAbidjan 2015, à la recherche de l’étoile polaire - Cote d’Ivoire

Depuis 25 ans, TED est sans doute l’une des conférences les plus cotées du monde. Sous son aile, TEDxAbidjan qui, pour la 2ème année consécutive, a réuni ce 14 Mars 12 orateurs parmi les plus inspirants de la capitale ivoirienne. L’espace d’une journée, ces speakers ont partagé leurs ambitions et leurs visions pour une Côte d’Ivoire émergente. Autour d’un thème pour le moins iconoclaste : « Trouver l’étoile polaire». Des idées surprenantes, des points de vue uniques et des acteurs passionnés.

TEDxAccra 2015 : Le nouveau chapitre est ouvert - Ghana

« Next Chapter», tel est le thème de la confé-rence TEDxAccra 2015 qui se tiendra le 11 avril dans les locaux du Théâtre National ghanéen. Les différents intervenants tous aussi talentueux les uns que les autres ont pour mission d’inspirer la nou-velle génération de leaders africains au travers d’un débat constructif. A cinq ans de la «Vision 2020» annoncée par John Dramani Mahama, tous les regards se tournent vers les réalisations futures du pays et plus largement de l’Afrique. Les jeunes sont donc vivement appelés à devenir les nou-veaux acteurs du Continent.

1

3

4

2

NEWS

Page 7: #14: L'édition sportive

7INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

« Halte ! La semaine africaine est là » - France

L’événement annuel tant attendu de l’ASPA (Association de Sciences Po pour l’Afrique) est enfin arrivé. Sous le thème «In Africa we trust», la Semaine Afri-caine vous réserve son lot de surprises. Pendant trois jours, la promotion de l’Afrique sous ses angles politiques, économiques et culturels, est à l’honneur. Conférences, expositions, foires et bien d’autres activités se dérouleront du 17 au 19 mars. Une soirée de Gala clôturera l’ensemble le 21 mars.

La lutte se poursuit contre Boko Haram : retour sur le Sommet du COPAX - Cameroun

«A menace globale, riposte globale « ! L’appel lancé par le président Paul Biya a été entendu. Lundi 16 février 2015, le Palais des Congrès du Cameroun accueillait en son sein les chefs d’Etats de la CEEAC (Communauté Eco-nomique des Etats de l’Afrique Centrale) pour la session extraordinaire du COPAX consacrée à la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. Résultat : une aide d’ur-gence en ressources financières d’un montant de 50 mil-liards de FCFA a été adoptée, ainsi qu’un soutien en hommes, en équipement militaires divers, et en appui aérien. Les chefs d’Etats et de Gouvernement ont également décidé, de créer un fond de soutien multidimensionnel dans le domaine de la logistique, de l’assistance humanitaire, de la communication et des actions politico-diplomatiques. A leur départ, entre dispositif protocolaire et tapis rouge, il semble encore véridique que « l’UNION fait la FORCE !«

Présidence de la Banque Africaine, place aux candidats ! Côte d’Ivoire

C’est officiel, la course à la succession de la présidence de la BAD (Banque Afri-caine de Développement) est lancée. Qui succédera à Donald Kaberuka qui achève actuellement son deuxième mandat de cinq ans ? Le 11 février 2015, le Conseil d’administration a désigné la sélection de huit candidats, remplissant le mieux les conditions de succession au poste tant convoité. Parmi eux, les ministres des Finances éthiopien et cap-verdien , respectivement Mr Sufian Ahmed et Mme Christina Kamara, le ministre nigérian de l’Agriculture, Akinwumi Adesina , l’actuel vice-président de la Banque islamique de développement, le Malien Birima Bou-bacar Sidibé  et le ministre tchadien des Finances, Kordjé Bedoumra. Les autres candidats sont le Tunisien Jaloul Ayed, le Sierra-Léonais Samura M. W. Kamara et le Zimbabwéen Thomas Z. Sakala. Au final, pas de grosse surprise ! Dans les couloirs, les rumeurs courraient que ces personnalités faisaient déjà figures de favorites. Le 28 mai prochain, le conseil des gouverneurs de la Banque élira un nouveau patron pour l’institution de financement du développement panafricain. En attendant, suspens maintenu et enchères ouvertes !

Venez partager vos idées au MIT Innovate Forum - Etats-Unis

La MIT Sloan Africa Business Club est heureuse de vous présenter la 5eme édition de la « MIT Africa Innovate Conference» qui se tiendra les 3 et 4 avril 2015 au coeur de la MIT Media Lab. « What’s your big idea » ? Grâce à la « 2015 Business Plan Competition», ce forum est l’occasion rêvée de présenter un projet entrepreneurial relatif à l’Afrique, mais également de découvrir et de comprendre les idées émergentes qui construiront l’Afrique de demain. Les billets sont dès à présent en vente sur le site http://sloanafrica.scripts.mit.edu/africainnovate/

5

6

7

8

1/ Télévision Numérique Terrestre 2/ https://ng.tracemusicstar.com:8443/index/country-list

Page 8: #14: L'édition sportive

8 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

TENDANCE // GUINÉE EQUATORIALE

À LA SAUCE EQUATORIALE

Par Louis Gilbert BISSEK

Le mois de janvier aura consacré la Guinée-Equatoriale comme pays incontournable en Afrique. Petit «émirat pétrolier» de 28.051 km² au cœur de l’Afrique Centrale, constitué de trois îles et d’une partie continen-tale, la seule ville de Kinshasa en République Démocratique du Congo représente près de 1/3 de sa superficie totale avec ses 9965 km². Pourtant, la Guinée-Equatoriale a surpris le Monde du football en organisant au pied levé la 30ème Coupe d’Afrique des Nations (C.A.N), après le désistement du Maroc en novembre 2014 suite à la crise Ebola sur le continent. Bata, Ebebiyin, Malabo et Mongomo devenaient ainsi pour trois semaines les quartiers généraux de l’Afrique du foot-ball, trois ans seulement après la C.A.N 2012 Co-organisée avec le Gabon. Nation de 757 014 âmes, troisième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne après le Nigeria et l’Angola avec 342.000 barils/jours et un produit intérieur brut (PIB) par habitants de 14.320 dollars US en 2013 d’après la Banque Mondiale, les multinationales se bousculent à ses portes. Et pour cause, les taux de croissance y sont régulièrement à deux chiffres avec, selon l’O.C.D.E, un record mondial de 38,3% sur la période 1996-2000 qui persistait encore à 21.5% avant la crise financière de 2008 !

Visite guidée d’un poids lourd du continent.

Langues officielles: L’espagnol, langue officielle depuis l’indépendance du pays le 12 octobre 1968, est parlée par 88% de la population. La Guinée-Equatoriale est le seul pays hispanophone d’Afrique. Le français en 1997 et le portugais depuis 2011, sont adoptées dans une logique d’ouverture sous-régionale et internationale. Devise: Le FCFA (Francs des Communautés Financières d’Afrique) depuis 1983, qui remplace l’ekwele adoptée en 1975, postérieure à la Peseta Guinéana en vigueur dès 1969 au détriment de la Peseta Espagnole. 1FCFA valait 4bipkwélé.

Compagnie aérienne nationale: Ceiba Intercontinental, lancée en 2007, rallie les villes majeures du pays: Malabo, Bata et Annobon; dix capitales du continent: Abidjan, Accra, Brazzaville, Cotonou, Dakar, Douala, Libreville, Lomé, Pointe-Noire, Sao Tomé; et une liaison internationale avec Madrid. La jeune compagnie prévoit d’ouvrir des lignes sur Casablanca, Johannesburg, Luanda et Lisbonne.

Prix international UNESCO-Guinée équatoriale pour la recherche en sciences de la vie: Premier prix international financé par un pays africain, il est lancé en 2012. Doté de 3 millions d’euros, le prix récompense les projets et les activités de personnes, d’institutions, d’entités ou d’organisations non gouvernementales dans le domaine de la recherche en sciences de la vie ayant contribué à améliorer la qualité de vie des êtres humains.

Entrée sur le territoire: seuls les citoyens américains sont exemptés de visas, ils sont uniquement astreints à des procédures administratives. Toutes les autres nationalités doivent en faire une demande et s’acquitter d’un montant de 65.600FCFA.

PARTICULARITÉS DU PAYS

Page 9: #14: L'édition sportive

9INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

New-York a «la statue de la liberté», Paris «la vieille dame» de Gustave Eiffel et Bata, «la tour de la liberté». Perçant le ciel de Bata, elle y imprime grâce et majesté. Belle le jour, pétillante la nuit, «la tour de la liberté» ponctue les 20km de la promenade du bord de mer, tandis que son restaurant-bar panora-mique niché à 68m de hauteur et qui a la particularité d’effectuer une rotation sur lui -même, ouvre à 360° sur l’océan, la ville et la forêt équa-toriale. Bata, capitale provinciale, poumon économique, centre névralgique, cité historique, port d’attache pour 244.264 habitants, a donc ajouté le 12 octobre 2011 un lustre à son chandelier. Ville portuaire située sur la partie continentale du pays, elle est fondée au XVIIème siècle par les portugais. Au début du XXème siècle, elle n’est

qu’un petit poste militaire et commercial espagnol de 150 habitants, dont 37 européens, dévolue à l’exploitation forestière dont le pays tire encore d’énormes bénéfices. Depuis, la ville s’est fortement urbanisée avec ses ministères, ses hôtels de luxe, son magnifique stade de près de 40.000 places et son centre ancien qui est un vestige de la présence espagnole. Cosmopolite, Bata est, comme le reste de la Région continentale, le territoire d’origine des Fangs. Constituant 80% de la population, ce groupe ethnique que l’on retrouve également au Cameroun, au Gabon et en République du Congo, est autrement connu sous le nom de Pahouin. La base culturelle, philosophique et spirituelle de la communauté repose sur l’instrument de musique appelé «Mvet».

TOURISME

La Guinée-Equatoriale jouit d’un énorme potentiel touris-tique qu’il dope avec un arsenal hôtelier en pleine expan-sion. La spectaculaire croissance économique du pays a fait émerger un tourisme d’affaires et de congrès, un tou-risme balnéaire organisé autour de l’immense patrimoine côtier fait de plages de sable blanc et un écotourisme adossé à une luxuriante forêt de 22000km². Les grands groupes hôteliers paient donc cher l’inscrip-tion de leurs enseignes à Bata, Malabo, Mongomo ou ailleurs. Ainsi, des projets hôteliers de 180, 200 voire 450 chambres sont devenus la norme pour des géants comme Hilton, Accor ou Kempinski. Une nouvelle niche d’emplois qui n’a pas échappé aux autorités locales qui y ont vu l’opportunité de développer une économie de

services autour de ce tourisme galopant. Ainsi, une école hôtelière a vu le jour à Mongomo en mai 2011. Elle vise à former des jeunes à l’art de recevoir, de cuisiner, de servir à table, d’entretenir une chambre et d’accueillir des clients et hôtes de marque. Conséquence de la faible démographie du pays ou de la croissance exponentielle des besoins dans le domaine hôtelier, la demande est telle que les autorités envisagent même de recruter et de former des travailleurs venant des quatre coins du continent. Trois sites en particuliers pourraient donc vous subjuguer lors de votre escapade, sans doute prochaine, en terres gui-néennes.

LA TOUR DE LA LIBERTÉ DE BATA

Page 10: #14: L'édition sportive

10 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

En pleine région continentale trône Le parc National Monte Alen. Son paysage occupe les reliefs escarpés de la chaîne montagneuse de Nie-fang qui culmine à 1250m avec Monte Mitra, se prolonge à 650m en moyenne sur les plaines de Piedra Nzas et termine sa course au Gabon avec le Mont Mbilan à 800m. Délimité à l’ouest par le Rio Wele, au Sud par le Rio Lana et à l’Est par la route traversant les villes de Niefang et Evinayong, le parc de 2000km² est un trésor botanique et zoologique. Symbole de la préservation de la forêt équatoriale atlantique contre l’exploitation forestière intensive, le parc National de Monte Alen est l’aire protégée la plus grande du pays, devant le Parc National de Altos de Nsork (400km²), la réserve de l’estuaire du Rio Muni (700km²) et le Monument naturel de Piedra Nzas (190km²). Thébaïde secret pour une centaine d’espèces de mammifères (élé-phant, chimpanzé, hippopotame ...etc), 267 espèces d’oiseaux (ca-

nard de Hartlaub, ibis vermiculé, onoré à huppe blanche), 65 espèces de reptiles et des amphibiens (grenouille Goliath), visiter le parc National Monte Alen c’est réaliser un véritable éco safari.Et la flore n’est pas en reste! D’après un rapport de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), la végétation du Parc est pourvue de 3000 espèces dont une centaine sont endémiques à la région côtière atlantique de Basse-Guinée. Une aubaine pour les buco-liques qui jouiront en plus des spectaculaires chûtes et rapides des rivières Uoro et Lana. Pour cela, et en comptant au moins 35$ par jour, ils pourront toujours loger à l’hôtel Monte Alen dont la vue plonge direc-tement sur le site. Pour découvrir les recoins de cet éden particulier, il faudra au minimum s’acquitter de 10$ par jour pour s’attacher les services d’un guide local.

Situé à Malabo dans la province de Bioko Nord, Le Sofitel Mala-bo Sipopo Le Golf est l’un des fleurons de l’hôtellerie de la ville. Estimée à la veille de la C.A.N 2012 à 3000 lits par le Ministre des sports Francisco Pascual Eyegue Obama Nsue, dont un bon millier de chambres haut de gamme, la capacité hôtelière de Malabo taquine sérieusement celle de ses homologues voi-sins. Ainsi, la capacité hôtelière de la capitale camerounaise, Yaoundé, est évaluée à plus de 15000 lits, tandis que celle de Libreville compte pour environ la moitié du parc national gabo-nais de 5300 chambres. D’abord, Le Sofitel Malabo Sipopo Le Golf est un concentré de luxe et de volupté construit en 2011 à l’occasion du 17ème Sommet de l’Union Africaine. Avec 5 étoiles à l’écusson et 200 chambres et suites, son panorama plonge à 360° sur le pre-mier parcours de golf 18 trous du pays, une flore exceptionnelle avec vue sur le lointain Mont Cameroun et une plage de sable

fin privée ouverte sur l’océan atlantique. Ensuite, il a la particularité de se situer sur une île et dans une ville emblématiques de l’histoire du pays. En effet, l’Ile de Bioko a connu maintes révolutions. Découverte en 1472 par l’explorateur portugais Fernando Pô qui la nomme «For-mosa» (la belle), elle est rebaptisée en 1494 «Fernando Pô». En 1973, elle prend le nom du 1er président de la Guinée-Equatoriale,»Macias Nguema Biyogo», pour enfin devenir «Bioko» en 1979. De la même manière, Malabo, 211.276 habi-tants, a successivement été Port Clarence (Clarence City) en 1827 puis Santa Isabel entre 1846 et 1973, avant d’épouser, comme Bioko, le nom d’un monarque autochtone Bubis ayant régné sur l’île. Très hétérogène, l’île qui accueille Le Sofitel Malabo Sipopo Le Golf a longtemps été la terre des Bubis, deuxième groupe ethnique de la Guinée-Equatoriale avec 40.000 personnes. Au gré des poussées impérialistes diverses, une population de Créoles aussi appelée Fernandinos y a également aménagé. Elle est constituée des descendants métisses des travailleurs établis dans les plantations de l’île de Bioko depuis des siècles, qui sont devenus de riches propriétaires et commerçants dans la capitale. De l’époque Santa Isabel, il subsiste une réminiscence parlante du christianisme dans le pays: La Cathédrale éponyme. Construite entre 1897 et 1916 sous la colonisation espagnole et située à quelques encablures du Sofitel Malabo Sipopo Le Golf, elle est la trace de l’ouverture séculaire de la Guinée-Equatoriale au monde et la manifestation de ce peuple chrétien à plus de 90%.

LE PARC NATIONAL MONTE ALEN

LE SOFITEL MALABO SIPOPO LE GOLF

Page 11: #14: L'édition sportive

11INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

N°1 de la Cosmétique 100% Bio pour Peaux Noires et Métissées

MadlynCazalis

@MadlynCazalis

Nos points de vente : Pharmacie des Acacias,(Biyem Assi), Pharmacie Bastos (Bastos), Lipstick & Co (Bonapriso), Pharmacie du Palais, (Etoudi) Pharmacie Crystallis (Etoa Meki), Pharma Nature, (Warda), Pharmacie Concorde (Nlongkak), Pharmacie de l’Arche (Mvog Ada), Pharmacie du Verset (Briqueterie), Pharmacie Moliva (Mokolo), Pharmacie du Cygne (Mvog Ada), Pharmacie Sainte Madeleine (Nkoabang) et plein d’autres…

Livraison Yaoundé : 97 66 68 67 Livraison Douala : 77 55 89 96

Infoline : 22 31 70 19 Mail : [email protected]

www.madlyncazalis.com

Page 12: #14: L'édition sportive

12 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

COUP DE COEUR // GHANA

De son Ghana natal qu’il quitte à l’âge de 2 ans, à la France en passant par la Côte d’Ivoire, Har-rison Kablan aura tout testé : informatique, marketing, et création de sites internet. Passionné par le football, il entame une carrière sportive qui s’arrête brusquement. Il était alors loin d’imaginer le tournant que prendra sa carrière. De sportif semi-professionnel, il devient entrepreneur et lance la marque de champagne Exosse, qui a pour ambition de « faire boire de l’or »…

« Les africains savent fabriquer des produits nobles. Nous avons aussi des gouts de luxe. »

EXOSSE : DE L’OR DANS LES COUPES

Harrison Kablan en compagnie de ses associés.

Page 13: #14: L'édition sportive

13INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Harrison Kablan fait ses débuts dans le football, activité qu’on lui interdit très rapidement car dit –il, « pour mes parents, si tu n’étais pas bon à l’école, tu ne devais pas jouer au foot ». Le jeune homme continue donc ses études et commence à côtoyer le monde des soirées. Les champagnes, il commence d’abord par en vendre, surtout les plus connus :« Armand de Brignac, Cristal, Dom Pérignon, nous avions de gros clients. » Il faut savoir que ces 3 modèles sont des bois-sons haut de gamme, pouvant coûter jusqu’à 120 euros la bouteille, au minimum. Le jeune homme rentre donc très rapide-ment, dans la cour des grands.Un jour, un ami lui ramène du Portugal une bouteille de vodka avec des paillettes d’argent à l’intérieur. « Sur le coup ça n’a pas fait tilt. Je me suis juste dit : C’est joli, c’est sympa. Puis, je me suis rendu compte que je livrais du champagne à des per-sonnes fortunées pour qui cette boisson n’était plus un luxe. Elle était devenue un art de vivre. J’ai donc décidé de leur vendre du rêve, de leur vendre de l’or».

Pendant 3 ans, Harrison va re-chercher le procédé idéal pour créer Exosse, un champagne aux paillettes d’or, vendu en édition très limitée. « J’ai laissé tombé mon travail pour me consacrer à ce projet, qui a véritablement vu le jour il y’a un an et demi. » nous raconte t-il. Désormais sollicité par Adama Paris, Djibril Cissé, Makélélé et Youssoupha (pour ne citer qu’eux) le self made man entend exporter sa marque au-delà des frontières françaises. Mais l’am-bition ne s’arrête pas là : « les

africains savent fabriquer des produits nobles. Nous avons aussi des gouts de luxe. ». Pour lui, Exosse n’a pas sa place dans un centre commercial, et à juste titre : certaines bouteilles coûtent entre 250 et 500 euros et ne sont produites qu’en 4000 exemplaires à l’année. Un posi-tionnement totalement assumé : « c’est la rareté du champagne qui en fait son exclusivité. »

Au delà du prix, Exosse séduit et intrigue. Quand on demande à Kablan si les paillettes à l’inté-rieur du champagne sont vrai-ment en or, il répond avec un sourire en coin : « ce sont les mêmes paillettes qu’on retrouve dans les pépites de chocolat. »Mais en réalité, on apprend que l’or possède diverses compo-santes dont le fer, qui contraire-ment à ce qu’on pourrait pen-ser, est totalement comestible. Les feuilles d’or qui compose Exosse sont non corrosives, et impalpables. C’est bien de l’or pur, 24 carats !

Harrison n’a qu’une philoso-phie : le rapport humain et le travail en équipe. « J’ai toujours été quelqu’un de méfiant, et ça n’était pas la bonne stratégie. Il faut s’ouvrir aux autres. Il y’a des jeunes qui en veulent et qui ont envie de bosser. J’évolue dans un collectif d’une vingtaine de personnes et je peux vous assurer que sans leur soutien,

j’aurais eu plus de mal avec Exosse ».Justement ce sont les rapports humains qui lui ont ouvert les portes. De son passage fur-tif dans l’univers sportif, il n’a gardé que les « relations » : « je ne connaissais pas person-nellement Djibril Cissé, mais nous nous sommes rencontrés par joueurs interposés. Il fêtait le lancement de sa marque1 et m’a contacté car il avait entendu parler d’Exosse ». Mais le jeune homme tient tout de même à préciser les choses : « ce n’est pas grâce à mes relations dans le football qu’Exosse s’est fait connaître. Les gens ont aimé ce qu’ils ont bu, et en ont parlé au-tour d’eux. Tout simplement. »Harrison insiste : « l’avantage comparatif de ce champagne, c’est qu’il est fait avec passion et amour de la terre. Un ‘petit’ vigneron produit environ 80 000 bouteilles par an. On est donc bien loin des énormes quanti-tés produites par des concur-rents centenaires comme Moët & Chandon ou plus «  jeunes  » comme Nicolas Feuillatte, qui pour moi, sont de très mauvais champagnes (sourire). »

Aujourd’hui, Harrison a pour ambition de pénétrer le marché chinois, mais surtout le marché africain. « Les africains aiment le show et sont fans des pro-duits qui viennent D’occident. De fait les grandes maisons y sont représentées, par les célé-brités, les artistes, les gérants de boites de nuit, etc. Ce sont eux qui boostent l’industrie du Champagne en Afrique. Pour-quoi les gens adorent Moët & Chandon ? Simplement parce que tous les bars, les restau-rants et autres lieux « hype » en

1/ Il s’agit de Mr Lenoir, marque de vêtements lancée par Djibril Cissé en 2014.

‘Je me suis rendu compte que je livrais du cham-pagne à des personnes fortunées pour qui cette boisson n’était plus un

luxe. Elle était devenue un art de vivre.’

EXOSSE : DE L’OR DANS LES COUPES

Page 14: #14: L'édition sportive

14 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

ont dans leurs caves. Vous me répondrez que Moët est plus accessible qu’Exosse. Certes. Mais c’est une histoire de marketing et de branding. Les grandes mai-sons se paient (et ont les moyens de se payer) des

ambassadeurs influents. Une fois que j’arriverais à ce stade, je serais prêt à prendre le marché africain d’as-saut. »

En attendant, Harrison prévoit pour les mois à venir, deux nouvelles version de l’Exosse brut : une version rosée, et une version Gold to Gold, entièrement com-posée de pinot noir. Nous à la Rédaction, on n’attend plus que ça !

Retrouvez le champagne Exosse sur www.exosse.fr

Par Joan Yombo

‘J’ai toujours été quelqu’un de méfiant, et ça n’était pas

la bonne stratégie. Il faut s’ouvrir aux autres.’

Retrouvez le champagne Exosse sur www.exosse.fr

Page 15: #14: L'édition sportive

MAGAZINE

ENTREPRISE, ÉVÈNEMENTS OU PROJETS À PROMOUVOIR ?NOUS OUVRONS DÉSORMAIS DES ESPACES PUBLICITAIRES,NOS SOLUTIONS SONT ADAPTÉES À TOUS LES BUDGETS.

Contactez nous sur [email protected] pour en savoir plus.

Page 16: #14: L'édition sportive

INSPIR’INTERVIEW // MALI

MOHAMED DIA : LA FORCE TRANQUILLE

Inspire Afrika : En 1998, vous lancez M. Dia (devenue Dia Wear aujourd’hui), première marque de streetwear et de sportswear créée par un Africain en France. Comment vous est venue l’idée de créer cette marque ?

Bien, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Il y avait un foisonnement d’artistes et de sportifs passés sur le devant la scène et issus des banlieues. 

Beaucoup d’artistes, notamment ceux de la scène Hip-Hop, ont gagné de l’influence auprès des communautés dites urbaines, tant au niveau de leurs musiques, de leurs discours, que de leur « lifestyle ».Certains artistes s’appropriaient les codes vestimentaires revendicatifs des marques phares, pour se créer une identité propre. La notoriété de ces artistes aidant, les marques concernées ont généré énormément de profits.

Dans les années 90, la culture hip-hop a envahi la France, avec son lot de déclinaisons : rap, break dance, graffiti, beat box, streetwear, etc. Mohamed Dia, passionné de mode d’une vingtaine d’an-nées, décide d’explorer la piste du streetwear, et de créer l’une des premières marques du genre en France. S’ensuivent plusieurs années de succès au cours desquelles Mr.Dia est encensé par les cri-tiques (L’émission Capital sur M6 lui consacre un sujet en 2002), et considéré comme un modèle de réussite, notamment pour les jeunes de banlieues. Après un long séjour aux États-Unis et quelques années de silence, Mohamed Dia est de retour avec une nouvelle vision pour sa marque. Rencontre avec un homme d’expérience.

Page 17: #14: L'édition sportive

17INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Pourtant ces marques ont pour la plupart nié l’existence de ce phénomène ou tout simplement refusé d’être associées à ces artistes.C’est à ce moment là que mon idée a commencé à mûrir. En effet, passionné de mode depuis toujours, je me suis dit que nous (jeunes de banlieues, Ndlr) avions la légitimité de créer et de porter nos propres marques. D’un point de vue marketing, nous assumerions et serions fiers de travailler en partenariat avec nos « stars », issues des milieux populaires. Ce concept commençait d’ailleurs à faire ses preuves aux USA.

I.A.: Etes-vous à l’aise avec le fait qu’on ramène presque toujours le succès de M.DIA à vos origines? Pensez-vous que vous auriez eu le même succès si vous n’aviez pas grandi en banlieue?

Au début, on m’en parlait souvent et c’est normal. J’ai toujours été très à l’aise avec mes origines : Je suis français, d’origine malienne. Mon histoire n’est que la continuité de celle de mes parents et j’en suis très fier.Je ne peux pas savoir si j’aurais eu le même succès, mais je pense que ça a conféré une grande légitimité à mon projet, notamment auprès des  jeunes qui ont reconnu des similitudes entre leur histoire et la mienne.

I.A.: Comment réussissez-vous à convaincre des stars du rap et du football de devenir des ambassadeurs de votre marque dès son lancement?

Je n’ai pas eu de réelles difficultés à les convaincre, au contraire. Dès le début, il y a eu un réel engouement. Du fait de la médiatisation rapide, j’ai eu des retours de tous les horizons, des témoignages de respect et d’admiration pour le côté innovant de mon entreprise. Beaucoup m’ont confié qu’ils partageaient les mêmes valeurs que moi. 

I.A.: Etre entrepreneur en banlieue. Qu’est ce que ça implique? Avez- vous été (assez) soutenu ? 

Etre entrepreneur en banlieue, à mon sens, n’implique ni plus ni moins de qualités. C’est juste différent.Etre entrepreneur, c’est avoir cet instinct et cette volonté de fer, de matérialiser un projet et de ne jamais croire à l’impossible. Quand vous comprenez cela, ni le contexte, ni vos origines, ni les obstacles qui se présenteront à vous ne sont à prendre en compte dans la poursuite de votre objectif.J’ai bien sûr été soutenu par mes proches essentiellement, des amis, comme le Secteur Ä1 et certainement guidé par une bonne étoile qui m’a permis de faire des rencontres opportunes.

«Etre entrepreneur, c’est avoir cet instinct et cette volonté de fer, de matérialiser un projet et de ne jamais croire à l’impossible.»

I.A.  : En parlant de rencontres opportunes. En 2001, vous décrochez un partenariat avec la NBA. Racontez-nous comment ça c’est passé.

Un jour j’ai donné une interview à « Mondial Basket », un magazine dédié au Basket-Ball.De fil en aiguille, on en vient à parler de business, de la NBA, et d’une marque de streetwear que j’affectionne particulièrement, FUBU2. A l’époque elle était justement en partenariat avec la NBA. Avant cela, j’avais déjà manifesté mon rêve de travailler avec la NBA. Un mois plus tard, des dignitaires de la NBA appelaient dans nos bureaux. Ayant eu vent de mon ambition, et de mes références sur le marché, ils ont souhaité me rencontrer, et me consulter sur comment nous pouvions nous associer pour développer l’image de la NBA, notamment dans les banlieues françaises.Voilà, comment j’ai décroché mon partenariat avec la NBA.

I.A  : Quelle est la différence fondamentale entre les États-Unis et la France en termes de business ?

Pour résumer je dirais qu’aux États-Unis, les meilleurs gagnent toujours, ou du moins mènent à bien leurs projets, même au-delà de leurs espérances, et ce, peu importe d’où ils viennent.En France, il est plus compliqué d’arriver à ses fins sans « soutien » à mon avis. Il faut être très obstiné pour prétendre à une certaine forme de réussite et de satisfaction, dans le business.

I.A  : Vous avez connu des hauts et des bas au cours de votre carrière. Quelle est la chose à laquelle il faut absolument être préparé à affronter quand on se lance dans l’entrepreneuriat ?

C’est très simple, l’entrepreneuriat n’est pas un métier, c’est une vocation. Dès que l’on commence, à vivre des fruits de son entreprise (ce que je souhaite à tous les jeunes entrepreneurs et futurs entrepreneurs qui liront cet article), il faut admettre une variable dont on a pas forcément idée : le temps que son cerveau dédie à la création, la réflexion, les remises en question, les choix, les décisions, les doutes, la recherche d’innovation, le renouvellement…C’est une activité quasi permanente, il n’y a ni jours, ni nuits, ni week-ends, ni vacances. Non pas que l’on ne puisse pas prendre ces moments de repos souhaitables, mais qu’on ne s’arrête jamais de penser à son business, jamais. Je dirais qu’on garde son entreprise en tête, au même titre qu’un de ses enfants.

IA : Votre pire expérience en tant qu’entrepreneur ?

Il n’y a pas qu’une seule mauvaise expérience à retenir, je dirais même que l’entrepreneuriat est pavé de mauvaises expériences qui vous attendent.Pour mon cas, ces mauvaises expériences se regroupent toutes sous deux étiquettes  : la trahison et l’excès de confiance que j’ai pu avoir en certaines personnes.

I.A : Vous avez été «  soutenu  » par la société D

1/Collectif de hip hop français célèbre dans les années 2000. En ont fait partie des artistes tels que Stomy Bugsy, Passi, Doc Gynéco, ou encore Neg’Marrons. 2/ Créée en 1992, FUBU qui signifie « For Us, By Us » était une marque streetwear destinée aux Afro-américains. Son ambassadeur le plus connu est le rappeur LL Cool J

Page 18: #14: L'édition sportive

18 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Distribution3, puis par le groupe JAJ dans la commercialisation de la marque M.DIA. Aujourd’hui, vous avez décidé d’être indépendant. Pourquoi ? Regrettez-vous ces partenariats aujourd’hui? »

A chaque ère, son lot d’évolutions. Aujourd’hui j’ai 41 ans, je suis plus expérimenté, j’ai pris en maturité, mes activités se sont diversifiées et je suis autonome dans tous ces domaines. Être indépendant me paraît être la suite logique d’une histoire qui a commencé en 1998. Je pense même avoir pris mon temps.Ce qui est très intéressant pour moi, c’est notamment le cas dans le textile, c’est d’avoir une vue globalisante, sur toute la chaîne de production, de la création à la distribution, ce que je n’avais pas à mes débuts. C’est un vrai défi.Quant à mes premiers partenariats, je ne les regrette en aucun cas, au contraire. Comme je viens de vous le dire, c’est surement une bonne étoile qui m’a mené à certaines rencontres opportunes, et je les en remercie encore. Mon aventure aurait peut être  pris un autre tournant sans eux.

I.A  : Vous dites vouloir passer désormais au prêt-à-porter. Pourquoi ce changement? Le Street Wear/ Sport Wear semble pourtant être l’ADN de DIA

Comme je l’ai dit, je parle, moi, d’évolution plutôt que de changement. Alors oui le streetwear / sportswear à été, est et restera à mon sens l’«ADN» de mes marques. Mais il n’y a pas d’antagonisme à avancer sur cet échiquier, le pion du prêt-à-porter, au contraire, c’est la suite logique.Il y 20 ans, le Hip-Hop était, essentiellement par le prisme de la musique, une culture que l’on a longtemps considéré comme une tendance éphémère, un phénomène de mode qui ne durerait pas.Aujourd’hui ce mouvement universel et en perpétuelle mutation, continue de briser les codes établis.

Vous aurez noté ces derniers temps, les immersions stylistiques de nombreux codes urbains dans les collections de certaines marques dites classiques.C’est dans cette démarche, que s’inscrit ma vision pour mes prochaines collections, sans renier mon « ADN ».

Propos Recueillis par Joan Yombo

3/D Distribution est la société qui assure la fabrication et la promotion de M Dia dès ses débuts.

Page 19: #14: L'édition sportive

19INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Page 20: #14: L'édition sportive

20 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

LUC MBAH A MOUTE : HÉRAUT DE L’ESPERANCE

Par Amma OKOBEA et Louis Gilbert BISSEK

Autrement, comment naît une vocation dans le cœur d’un homme? Quand se profile l’ambition d’évoluer parmi les meilleurs de sa spécialité? Comment comprendre l’ascension fulgurante de Luc MBAH A MOUTE, des playgrounds de la ville de Yaoundé aux parquets lustrés de la Mecque du basketball mondial: la NBA2?Au pays du prodigieux Samuel ETO’O FILS3, dont il est proche et qu’il appelle affectueusement «Grand Frère», Luc MBAH A MOUTE rayonne discrètement, avec humilité et un sens aigu du res-pect pour ses ainés: “Samuel est un grand frère que j’admire depuis toujours pour ce qu’il fait et représente pour le Cameroun et l’Afrique. Tout camerounais, tout africain, ne peut-être que fier de sa carrière.» susurre-t-il, admiratif.

«L’enfance est un destin»1.

CARRIÈRE // CAMEROUN

1/ Citation de Rainer Maria Rilke, écrivain autrichien né le 4 décembre 1875 à Prague et mort le 30 décembre 1926 à Montreux, en Suisse

Page 21: #14: L'édition sportive

21INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Page 22: #14: L'édition sportive

22 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

‘Pour avoir commencé tard le basketball, j’étais un peu comme une éponge. J’essayais d’apprendre tout ce que je pouvais tous les jours.’

DÉBUTS

Loin du poncif récurrent chez certains sportifs de haut niveau: «Né avec un ballon entre les mains», l’épilogue heureux de l’histoire d’amour entre ce gaillard de 2.03m, 104 kg, natif de Yaoundé, et le basketball, remonte à un fait presqu’anecdotique. A l’âge de 13 ans, Luc MBAH A MOUTE, féru de sport, ignore encore tout du basketball. Jusqu’à ce que son frère jumeau, Emmanuel BIDIAS A MOUTE, aujourd’hui basketteur professionnel installé aux Etats-Unis, l’entraîne dans cette grande aventure. A l’époque, ce dernier fréquente un autre établissement scolaire que lui, disposant d’infrastructures adéquates et de cours de basketball. A quoi tient le destin d’un homme? Nostalgique, Luc MBAH A MOUTE évoque ce moment clé de son exis-tence: «le soir Emmanuel rentrait à la maison et me disait: « j’ai appris un nouveau sport, le basketball». C’est comme cela que lui et moi on a com-mencé à apprendre le basketball et petit à petit, on s’y est intéressé (...)» Ce sont les prémices d’une grande passion.

Dès lors, il s’abreuve de matches de la NBA à la télévision avec notamment les Chicago bulls (l’équipe vedette des années 90 menée par la supers-tar Michael JORDAN), se gave de magazines spécialisés et reproduit entre deux cours et avec des moyens rudimentaires, les mouvements de ses idoles. Hors de tout cadre profession-nel, le jeune MBAH A MOUTE va se familiariser avec ce nouvel univers en écumant les playgrounds de sa ville natale durant deux ans.

Comme une suite logique de son désir de progresser, il décide à 15 ans de monter d’un cran en intégrant un club de la cité capitale. Ce sera l’ONYX International Basketball Academy de Yaoundé2. Studieux et bosseur, il s’investit à corps perdu et multiplie avec zèle les séances d’entrainements, conscient qu’il a beaucoup à apprendre: «Pour avoir commencé tard le basketball, j’étais un peu comme une éponge. J’essayais d’apprendre tout ce que je pouvais tous les jours.»Les résultats ne tardent pas à suivre et avec eux, la fortune qui sourit aux audacieux. En 2003, la NBA organise la première édition de «Basketball Without Bor-ders»3 sur le sol africain, à Johannes-burg en Afrique du Sud. Luc MBAH A MOUTE est retenu parmi une poignée de jeunes joueurs, les meilleurs du Cameroun, pour représenter les cou-

leurs nationales. Il a alors 17 ans. Parmi une centaine de compétiteurs issus des quatre coins du continent, il est immergé cinq jours durant dans cette antichambre de la NBA, avec pour entraineurs le légendaire Dikembe MU-TOMBO du Congo, Ruben BOUMTJE BOUMTJE, premier camerounais a intégrer la NBA, ou encore DeSagana DIOP du Sénégal.

L’excursion est concluante. Ses presta-tions remarquées lui valent une bourse d’étude pour Montverde Academy en Floride et son passeport pour le pays de l’Oncle Sam. Il se rapproche davan-tage d’une ambition déjà bien nourrie. Pourtant, son départ imminent ne fait pas l’unanimité chez ses proches, ce d’autant plus qu’il ne connaît pas bien la langue. Mais il en a la conviction, progresser c’est partir: «J’étais déjà un bon joueur de basketball pour mon âge et pour le temps que je pouvais y consacrer. Mais je sentais qu’il y avait un autre niveau d’adresse et d’apti-tudes physiques que mon jeu pouvait atteindre.» Son baluchon au dos, il vogue ainsi vers une nouvelle dimension de son épopée qui le mènera à UCLA4.

DU RÊVE NBA À AMBASSADEUR DU

BASKETBALL AFRICAIN

Après deux années à peaufiner son jeu au sein de MontVerde Eagles, c’est la NCAA5 par l’intermédiaire de UCLA qui lui tend les bras. Il découvre l’éche-lon national et devient en trois années un maillon essentiel des UCLA Bruins, où l’ont précédé des Hall of Fame de la NBA comme Kareem ABDUL-JAB-BAR ou Reggie MILLER. Ses matches sont retransmis en direct sur la chaîne sportive américaine ESPN. A chaque rencontre, la frénésie des fans est to-tale. Luc MBAH A MOUTE réalise au passage ce que très peu de joueurs en NCAA ont pu faire: atteindre trois années consécutives le dernier carré de cette compétition très disputée, le «Final Four». La NCAA est un vivier où puise abon-damment la NBA pour maintenir l’ex-cellente compétitivité de son cham-

2/ Fondé en 2001 par Louis Tsoungui, entraineur de l’équipe masculine du Congo-Brazzaville, il a formé plus de 300 joueurs. 3/ Dénommé «Africa 100 Camp» à l’origine, il réunissait les 100 meilleurs jeunes joueurs du continent. Il rassemble désormais chaque année une soixantaine de jeunes à Johannesburg, pendant 4 à 5 jours autour de vedettes continentales ou internationales de la NBA. 4/ Campus universitaire de Los Angeles avec une grande tradition de basketball, son équipe créée en 1920 est une pointure du championnat de basketball universitaire américain . 5/ Championnat de basketball universitaire américain créé en 1936, il regroupe 300 universités américaines dont UCLA qui fait régulièrement partie du «Final Four» ou «Finale à 4».

Page 23: #14: L'édition sportive

23INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

pionnat. Le jeune camerounais le sait. Désormais, une seule marche le sépare du saint graal : «C’est le rêve d’arriver en NBA qui m’a poussé à toujours faire une séance de tirs de plus, une pompe de plus, une répéti-tion de plus, un entrainement de plus (...)»Cette consécration, c’est la franchise des Milwaukee Bucks qui va l’exau-cer en le recrutant lors de la draft8 2008 à la 37e position. A 22 ans, il devient le deuxième ca-merounais à entrer dans la ligue. De-puis, il fait partie des 33 joueurs afri-cains ou d’origines africaines qui ont eu le privilège d’évoluer dans l’orga-nisation sportive depuis sa création. De fait, son recrutement n’est pas juste le triomphe d’un homme, mais c’est le triomphe de toute une nation et de tout un continent. En 2014, 10 joueurs actifs étaient africains ou d’origines africaines sur les 450 pen-sionnaires de la NBA. Du haut de ses 6 ans de carrière, Luc MBAH A MOUTE est déjà un visage connu dans le paysage du basket-ball aux Etats-Unis. Réputé pour ses grandes qualités défensives, les clubs de la ligue se l’arrachent, n’hésitant pas à payer le prix fort pour bénéfi-cier de son intensité de jeu. Ainsi, de près de 750.000 dollars/an lors de son embauche aux Milwaukee Bucks où il a passé 4 saisons, sa masse salariale a quasiment sextuplé entre ses passages éphémères aux Sacramento Kings et aux Minnessota Timberwolves (2013-2014) et son nouveau club de Philadel-phie Sixers. Pourtant, pas de quoi faire perdre la

tête à l’homme qui veut encore tant prouver. Ses nouvelles ambitions sportives, il les envisage aussi et surtout en sélection nationale. Avec les lions indomptables du basketball, il a déjà participé aux Championnats d’Afrique de BasketBall ou AfroBasket en 2013 et plus tôt dans sa carrière lors de l’édition 2007 en Angola, où il avait remporté la médaille d’argent.Observateur averti, il porte un regard enthousiaste sur la scène du basket-ball continental qu’il juge en progrès, grâce à l’apport des joueurs de la dias-pora africaine: «Nous avons beaucoup de joueurs qui veulent maintenant faire partie de leurs sélections nationales (...) Par exemple, lors du dernier Afrobasket, il y avait cinq joueurs de la NBA. C’était extraordinaire! Je pense qu’on n’a ja-mais vu ça. Et je ne parle même pas de ceux qui jouent en Europe. Donc chaque année ça s’améliore, et c’est à mettre à l’actif de la FIBA Afrique, de la NBA et de tous les grands clubs euro-péens qui encouragent leurs joueurs à venir dans leurs équipes nationales.»

TRANSMETTRE LE RÊVE

Professionnellement, Luc MBAH A MOUTE est un homme accompli. Mais à discuter avec lui, on est surpris par l’omniprésence du verbe «rendre» dans son discours. Rendre un peu de

la joie qu’il a, Rendre un peu des bé-nédictions qu’il a reçu, Rendre un peu de tout ce que le sport lui a apporté comme leçons de vie et valeurs. Ainsi, depuis ses débuts en NBA, il se rend lors de chaque trêve estivale à Jo-hannesburg pour «Basketball Without Borders Africa”, afin de transmettre son savoir aux graines de champions qui y participent. Panafricain de cœur, il conçoit le sport comme une plus-value vectrice de valeurs comme l’esprit d’équipe, la fraternité ou la solidarité auprès des plus jeunes. Conscient de son devoir d’exemplarité, il ne se dérobe pas à la tâche: «Nous sommes bénis d’être des sportifs de haut niveau et d’avoir cette influence, spécialement en tant qu’Africains connaissant tous les défis auxquels doivent faire face nos pays, notre continent. Je suis dans tous les cas reconnaissant, et je vais continuer à faire de mon mieux pour utiliser à bon escient cet impact.» Et il va plus loin! Depuis 2010, Luc MBAH A MOUTE a mis en place le «MBAH A MOUTE Bas-ketBall Camp» dans son pays, le Ca-meroun. Le but: préparer chaque an-née 50 filles et garçons de 12 à 16 ans au «Basketball Without Borders» dont il est un issu, mais aussi promouvoir auprès d’eux le sport, l’importance de l’éducation, du leadership, du dévelop-pement du caractère et du bien-être. Pour cela, il n’hésite pas à sillonner personnellement le pays avec son staff, afin de détecter les talents et leur ame-ner un peu de la NBA qu’il incarne. Il a d’ores et déjà axé son camp sur 4 villes majeures du pays: Yaoundé, Douala, Buea et Maroua. Dans la mission qu’il s’est assigné, il reçoit un soutien croissant de grandes institutions et compagnies locales, à qui il incombe d’accompagner les jeunes dans leur développement per-sonnel et parmi lesquels: La fédération camerounaise de basketball, le Minis-tère des Sports et de l’Education Phy-sique, l’UNICEF ou encore la compa-gnie aérienne nationale et d’autres. Même s’il loue la volonté manifeste des autorités publiques de renforcer les infrastructures sportives avec notam-ment l’édification du Palais des Sports de Yaoundé dont son «Camp» bénéfi-cie souvent, il les juge toutefois insuffi-

‘C’est le rêve d’arriver en NBA qui m’a

poussé à toujours faire une séance

de tirs de plus, une pompe de plus, une répétition de plus, un entrainement de

plus (...)’

Page 24: #14: L'édition sportive

santes et note un problème global de capital humain dans le sport camerounais: «(...) il faut revoir la politique de déve-loppement du basketball et d’intéressement des jeunes au sport, parce qu’ aujourd’hui plus qu’avant on a le problème des infrastructures où les jeunes pourront pratiquer davan-tage le basketball, des camps d’entrainement, des centres de formation de coachs qui pourront intéresser ou recruter des jeunes et les mettre dans un cadre assez professionnel, pour qu’ils continuent à développer leur jeu.» Luc MBAH A MOUTE lance également un cri d’alarme aux générations futures et à qui peut bien l’entendre, face à un constat de dépit général: «Les jeunes ne rêvent plus. C’est un gros problème et une triste réalité (...) Si les jeunes ar-rêtent de rêver, alors on peut dire au revoir non seulement au basketball, mais aussi à plein de choses dans la société.» En attendant que le message soit entendu, il ne ménage pas ses efforts pour maintenir la flamme de l’espoir vive chez

tous ses jeunes compatriotes des milieux défavorisés ou non. De fait, son implication sociale ne se cantonne plus à son camp de basketball depuis l’édition 2013. Elle s’étend désormais aux orphelinats, vers lesquels il tente d’apporter soutien et réconfort. Par ce nouveau pan de son investis-sement citoyen et bénévole, il saisit l’opportunité de trans-mettre les valeurs fondamentales de solidarité et de vigilance sociale vis-à-vis des plus démunis aux participants de son camp d’entrainement de basketball: «Nous essayons d’en-gager les participants et de leur faire comprendre qu’indé-pendamment de leurs situations individuelles, ils doivent penser qu’il y a, quelques part, des enfants qui n’ont rien ni personne sur qui compter. Je pense que c’est bien de les amener voir ces enfants, pour qu’ils soient conscients de la chance qu’ils ont.»Une initiative louable quand on connaît le succès de son camp d’entrainement de basketball depuis sa création. En effet, 5 anciens pensionnaires du «MBAH A MOUTE Bas-ketBall Camp» ont obtenu une bourse sport-étude pour les Etats-Unis et y évoluent désormais en College ou en High School. Un dernier à quand à lui atteint le rêve de jeunesse de son mentor Luc MBAH A MOUTE. Lui aussi originaire de Yaoundé, N°3 de la draft NBA 2014, il s’appelle Joël EMBIID et joue désormais dans la ligue avec son illustre aîné aux ... Philadelphie Sixers.

En 2014, 10 joueurs actifs étaient africains ou d’origines africaines sur les 450 pensionnaires de la NBA.

‘Les jeunes ne rêvent plus. C’est un gros problème et une triste réalité (...) Si les jeunes arrêtent de rêver, alors on peut dire

au revoir non seulement au basketball, mais aussi à plein de choses dans la société.’

Page 25: #14: L'édition sportive

OSER INSPIRER // KENYA

Youri Kielo, pour Oser l’Afrique

Selon une étude publiée par l’Organisation mondiale du tourisme, le Kenya a attiré un peu plus d’un million de touristes en 2013. Aux avant-postes des attractions touristiques les plus convoitées au pays de Jomo Kenyatta, figurent les excursions en safari et la découverte de la faune sauvage.Loin des circuits traditionnels, sur les hauts plateaux à plus de 2 000 mètres d’altitude et munis de leur baskets de sports, des touristes occidentaux amateurs de course de fond viennent se mesurer aux coureurs Kenyans dans leur spécialité : la course de fond, justement.

De New York à Paris en passant par Tokyo, les Kenyans arrivent en tête des épreuves du marathon. Aux Jeux Olympiques, les Kenyans collectionnent les médailles d’or dans les épreuves de courses de fond. En proposant les méthodes et les conditions d’entraînement des champions kenyans à des amateurs de marathon ou semi-marathon, des entreprises de tourisme sportif se sont développées au Kenya. Au programme des camps d’entraînement proposés par l’entreprise Sports Tours Kenya au sein du HATCH (High Altitude Training Center), des exercices de course guidées par un coach expérimenté à un groupe de coureurs venus de divers horizons. En complément des séances d’entrainement, des circuits safari plus traditionnels sont proposées. Ces formules destinées aux touristes amateurs de sport sont en plein essor et épousent l’aspiration des touristes à vivre une expérience de découverte en dehors des sentiers classiques. A l’image de son économie, le continent africain comptait en 2013, 6% de touristes de plus que l’année précédente. En 2030, 134 millions de touristes atterriront sur le continent. Au Kenya, les entreprises de tourisme sportif ont su exploiter les atouts naturels et humains à leur disposition en formulant une offre de service en adéquation avec les attentes de touristes sportifs. A l’avant-garde de l’innovation technologique africaine avec ses nombreux incubateurs de startups et hubs technologiques, le Kenya se distingue de nouveau par ces initiatives entrepreneuriales dans le secteur du tourisme sportif. Pourquoi ne pas s’en inspirer, dans d’autres régions du contient, et offrir des formules touristiques visant les amateurs de sport curieux de découvrir l’Afrique ?

Page 26: #14: L'édition sportive

26 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

INSPIR’START UP // ALGÉRIE

SAWASHOES : LES BASKETS MADE IN AFRICA

Nées au Cameroun, elles ont grandi en Ethiopie. Aujourd’hui, elles se vendent à travers le monde. Les baskets de Medhi Slimani ne représentent pas seulement le made in Africa : elles sont la preuve que le continent est une terre d’opportunités. Il suffit de trouver sa voie. Rencontre.

Page 27: #14: L'édition sportive

27INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Inspire Afrika : Bonjour Medhi Slimani, pou-vez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Medhi Slimani : Medhi Slimani, 38 ans, français d’origine algérienne, fondateur de SAWA, une marque qui a la particularité de fabriquer de très belles chaussures en Afrique.

IA : Il semblerait que vous ayez travaillé dans le domaine du sport avant de créer la marque Sawa, pouvez-vous nous en dire plus ?

MS  : Oui effectivement, j’ai une formation en finance d’entreprise, je suis sorti d’une école de commerce et j’ai commencé à travailler en France puis à l’étranger, et après 10 ans de fi-nance d’entreprise, j’ai eu la chance de pouvoir faire autre chose. J’ai intégré le Coq Sportif, en tant que responsable du contrôle de gestion et le deal était que je puisse rejoindre la division Marketing tôt ou tard. J’ai commencé en bas de l’échelle comme chef de pro-duit junior, ça m’a donné quelques bases en matière de marketing produit, et au bout d’un an, j’ai décidé de créer SAWA.

IA : Comment naît véritablement le projet SAWA ?

MS : SAWA sera à jamais lié au Cameroun. En 2009, on a commencé à y produire parce qu’à l’époque, on savait qu’il y’avait un certain savoir-faire de la chaussure dans le pays. La marque Bata par exemple a longtemps produit ses chaus-sures au Cameroun. L’autre force du pays, c’était la CICAM (Cotonnière Industrielle du Cameroun), qui est un fleuron de l’industrie camerounaise. Vu que nous produisions uniquement des chaussures en toile, elle était notre principal fournisseur.

Le Cameroun était également un choix affectif, car c’est un pays où il fait bon vivre, avec une population sympathique et agréable.

IA  : Vous commencez donc à produire au Cameroun au début de l’aventure en 2010, puis vous délocalisez en Ethiopie, racontez-nous !

MS : Notre transition du Cameroun à l’Ethiopie, s’explique pour deux raisons.Tout d’abord au Cameroun, nous avions un modèle logistique qui était un peu compliqué : on achetait la toile à la CICAM au Cameroun, mais c’était la seule matière première fournie sur place. Tout le reste venait d’ailleurs : de la Tunisie pour les lacets, du Maroc pour le cuir et de l’Egypte pour le caoutchouc. Lorsque tout arrivait au port de Douala, le principal pro-blème était la corruption ; nous n’avions aucun problème à payer des frais de douane, mais ce qui nous coûtait cher c’était la négociation pour pouvoir faire sortir les marchandises du port. Nous nous sommes dit qu’il était hors de question que SAWA devienne « la cash machine » de personnes corrompues. Nous avons donc fini par quitter le Cameroun un peu la mort dans l’âme, car j’y ai vécu deux ans et nous employions près de 200 personnes, ce qui fait 200 familles qui étaient nourries à travers la société. Nous avons fini par plier bagages et nous sommes allés goûter la cuisine éthiopienne ! (Rires).

IA : SAWA est-elle une marque 100% sportwear ou visez-vous également une clientèle plus classique ?

MS : SAWA est une marque de mode, avec un design très simple et sobre. Vous n’allez pas jouer au foot avec cette chaussure, mais elle a pour but de compléter une silhouette très élégante. C’est ça l’esprit du produit, un design simple, élégant et intemporel.

IA : Vos chaussures sont faites de diverses matières, toile, cuir, suède, etc. Vous fournissez – vous toujours aux mêmes endroits ?

MS : Pas vraiment. Maintenant, nos chaussures sont presque essentiellement en cuir. Peu de gens le savent mais l’Ethio-

«Nous nous sommes dit qu’il était hors de question que SAWA devienne « la cash machine » de personnes corrompues.»

Page 28: #14: L'édition sportive

28 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

pie possède l’un des plus gros cheptels de la planète. Vous avez donc tout sur place, et vous avez des tanneries bien équipées qui fonctionnent normalement et qui sont en amé-lioration constantes. Donc on a le cuir à portée de main, qui représente 90% de la valeur de la chaussure.

IA  : Quelle est votre valeur ajoutée par rapport à des marques comme Nike et à des plus concurrents directs tels que Veja ?

MS  : La valeur ajoutée est le fait de fabriquer en Afrique. Nike fait de la valeur ajoutée partout dans le monde, mais notre objectif est de prouver au monde qu’il est possible d’acheter des matières premières en Afrique et de les trans-former sur place, ce qui crée énormément de valeur ajoutée sur le continent et qui est l’essence même de la révolution industrielle.

IA : Vous proposez un rapport qualité-prix plus que cor-rect, comment rentabilisez–vous votre production, en pratiquant une politique de prix unique, en comparai-son à des concurrents qui fabriquent en Chine et qui vendent aux même prix que vous ?

MS : Nous faisons moins de marge en comparaison à des marques comme Nike, vu la quantité que nous produisons. Par ailleurs il y’a un autre paramètre à considérer, qui est le lieu de production : on entend dire partout que l’Ethiopie est le nouvel Eldorado du low-cost en Afrique, mais ce n’est pas la réalité. On a des problèmes de productivité. A titre d’exemple, un ouvrier asiatique fabrique 6 chaussures par jour, contre une paire et demie par jour pour un éthiopien, et si vous le payez trois fois moins cher alors qu’il travaille trois fois moins vite, à la fin de la journée, vous en êtes au même point.L’activité nécessite également beaucoup d’implication per-sonnelle, car il faut suivre la production au pied levé. Dans l’usine en Ethiopie, nous employons quinze personnes, ce

qui représente de l’investissement en terme de frais géné-raux. Mais jamais nous ne nous sommes posé la question d’aller en Asie, car nous croyons au potentiel du continent. Finalement, c’est un pari sur l’avenir, prouver que l’on peut gagner de l’argent en produisant sur le continent un produit africain.IA  : Quel est le conseil que vous pouvez donner aux jeunes africains qui souhaitent se lancer dans cette in-dustrie?

MS : Ce qui est important, c’est de soigner le produit, car l’histoire made in Africa, vous l’aurez à toutes les sauces. Pourtant, vous aurez beau raconter n’importe quelle histoire à l’acheteur ou à l’investisseur, si le produit n’est pas bien travaillé ça ne vaut pas la peine. Il faut qu’il soit beau et de qualité. Beaucoup d’acheteurs ne veulent pas du made in Africa, parce qu’ils pensent immédiatement aux produits ethniques, tels que le wax. Mais il n’y a pas seulement le wax en Afrique, la mode a des standards auxquels on peut s’aligner en restant africain.

IA : A votre avis, Sawa dans 10ans, ça donnera quoi ?

MS : SAWA dans 10ans j’espère que ça sera une grande réussite africaine et que nous aurons réussi à ouvrir le che-min à d’autres jeunes africains qui auront décidé de produire sur le continent, que ce soit dans la mode ou dans n’importe quel autre domaine, on aura été des précurseurs.

IA : Merci Medhi

MS : Je vous en prie !

Propos recueillis par Ivan Nyetam

Retrouvez la marque SAWA sur

Des ouvriers de SAWA dans une usine éthiopienne

Page 29: #14: L'édition sportive

29INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Propos recueillis par Joan Murielle Yombo

http://www.sawashoes.com

«C’est un pari sur l’avenir, prouver que l’on peut gagner de l’argent en produisant sur le continent un

produit africain.»

Page 30: #14: L'édition sportive

30 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

INSPIR’ECO

LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONSEN CHIFFRES

LA 30ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui s’est achevée le 8 février dernier a redonné tout son pres-tige au football Africain. Après une célé-bration réussie en Guinée Equatoriale, il convenait aussi de se poser quelques questions  : Quel était le budget des équipes ? Quelle somme a été versée aux finalistes ? Découvrez les montants clés de la compétition.

Source photo : telegraph.co.uk

Page 31: #14: L'édition sportive

31INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

15 000 FCFA

3,5 milliards FCFA

1,8 milliards FCFA10 milliards FCFA

30 000€

90 000€

8 millions de Dollars

10 millions de Dollars

8,05 millions d’euros

100 000$

LE PRIX DU TICKET VIP POUR LA FINALE DE

LA CAN 2015

LE MONTANT DES 40 000 BILLETS ACHETÉS PAR LE

PRÉSIDENT OBIANG NGUÉMA POUR LA

CAN 2015

LE MONTANT DE LA PRIME VERSÉE À CHAQUE JOUEUR DE L’ÉQUIPE DE FOOTBALL

IVOIRIENNE CCHAMPIONNE DE L’ÉDITION, PAR LE PRÉSIDENT

ALASSANE OUATTARA.

LE BUDGET ALLOUÉ À L’ÉQUIPE NATIONALE DU

GHANA POUR LA CAN 2015

LE TOTAL DES PRIMES DIS-TRIBUÉES AUX 16 ÉQUIPES

AYANT PARTICIPÉ À LA CAN 2015

L’AMENDE INFLIGÉE PAR LA CAF AU MAROC POUR SON

DÉSISTEMENT DANS L’ORGANISATION DE

LA CAN 2015

LE BUDGET ALLOUÉ À L’ÉQUIPE NATIONALE DE CÔTE D’IVOIRE POUR LA

CAN 2015

LES DROITS DE RETRANSMISSION VERSÉS À LA

CONFÉDÉRATION AFRICAINE DE FOOTBALL PAR LE GROUPE

CANAL POUR LA DIFFUSION DES CAN 2013 ET 2015

LA VALEUR DU CONTRAT SIGNÉ PAR PUMA POUR ÊTRE L’ÉQUIPE-

MENTIER DES LIONS INDOMPTABLES DU CAMEROUN

L’AMENDE INFLIGÉE À LA GUINÉE EQUATORIALE

SUITE À LA VIOLENCE DE SES FANS LORS DU MATCH QUI OPPOSA LE PAYS OR-GANISATEUR AU GHANA.

Page 32: #14: L'édition sportive

32 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

PENSÉES // RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Après un passage à l’EFAP (Ecole Française des Attachés de Presse) et à l’EFJ (Ecole Française de Journalisme), cette amoureuse du sport a eu l’occasion d’animer de nombreux programmes sur la chaîne Africa 24, dont l’Africa 24 Football Club Spécial Mondial.Depuis le 1er Septembre 2014, elle présente l’émission Talents d’Afrique sur Canal+ Afrique, une émission consacrée aux sportifs Africains.Sandra le reconnaît, «  l’émission est omnisports, mais le football y occupe une place prédomi-nante ». D’ailleurs pourquoi toujours le football ? Quelques semaines après la Coupe d’Afrique des Nations, nous avons voulu recueillir les impressions de la jeune présentatrice sur la suprématie de ce sport en Afrique, et sur la place du sport en général.

«Le temps d’un match, il n’y a plus de différence sociale ni ethnique car on porte tous le même maillot.»

LE SPORT ROI, VU PAR SANDRA TSHIYOMBO

Sandra Tshiyombo - ©Sébastien Gabriel / CANAL+

Page 33: #14: L'édition sportive

33INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Sandra Tshiyombo

Sur la place du sport en Afrique

Le sport est un élément fédérateur. Ce qui est formidable en Afrique, c’est de voir les supporters applaudir l’équipe adverse, alors que d’autres seraient en train de huer. Lors d’une compétition, le temps s’arrête ! L’un des derniers évé-nements en date qui montre cette cohésion, c’est le match Burkina Faso/Angola lors des éliminatoires pour la CAN 2015. Quelques jours plus tôt, le pays était plongé dans le chaos avec la destitution du Président Compaoré. Et pourtant, le match était maintenu à Ouagadougou. Les joueurs ont rendu visite aux blessés hospitalisés, l’entrée au stade était gratuite, ceux qui avaient déjà acheté leurs billets se sont fait rembourser… Le temps d’un match, il n’y a plus de différence sociale ni ethnique car on porte tous le même maillot.

Sur la suprématie du football sur le continent

En fonction des pays, certaines disciplines sont plus prisées que d’autres. Au Sénégal par exemple, la lutte a plus de succès que le ballon rond. Néanmoins, le football reste le sport roi en Afrique, et il n’a pas encore de soucis à se faire niveau concurrence ! Ceci est en partie dû à son exposition, à sa place accordée dans les médias, et à l’image que les footballeurs retransmettent. Ils font rêver des milliers de jeunes, qui n’ont qu’un seul but : suivre leurs traces. Leur statut de « star » fait que les gens se déplacent en masse pour venir voir un match, contrairement à des meetings d’athlétisme ou à des Open de tennis sans tête d’affiche.Il y a bien sûr une part historique car la pratique du football remonte à l’époque coloniale. Mais il y a surtout des intérêts économiques colossaux au fil des an-nées. La coupe du monde 2014 au Brésil a généré 70 millions de dollars de bé-néfices à la FIFA, et 40 millions pour le mondial 2010 en Afrique du sud. La CAN 2013 a  permis  à  la  fédération  sud-africaine  de football d’empocher 360.000 dollars. Le football fait vendre, c’est indéniable. On le voit avec les sponsors et le rôle d’ambassadeurs des sportifs. Pour certains, la majorité de leurs revenus proviennent d’ailleurs des contrats publicitaires.

Sur les perspectives d’évolution des autres sports

Le chemin s’annonce long mais je veux y croire car tout est possible ! Il faut une volonté commune, des moyens, et une véritable politique mise en place par les autorités. Malheureusement, le sport et la culture sont souvent les parents pauvres dans les budgets alloués par les gouvernements. Dans ce cas, il faut trouver d’autres solutions. Le secteur privé et les différentes diasporas peuvent contribuer à cet essor. Il ne faut pas présenter des projets grandioses unique-ment pour essayer de copier ce que le voisin fait. Chaque pays a ses particula-rités donc il faut bâtir avec les moyens à disposition. Il n’y a que de cette façon que les projets seront viables.

Page 34: #14: L'édition sportive

34 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

4 QUESTIONS À... // KENYA

Fondée par Kasim Ismaily et George Ouma en septembre 2011, Green Sports Africa est une asso-ciation qui se sert du sport pour réunir les jeunes Kenyans. Avec quatre tournois et près de cent équipes de football, Green Sports Africa encourage les jeunes de la communauté de Westlands1 âgés de 15 à 23 ans, à croire en leurs rêves. En effet, les meilleurs joueurs de chaque tournoi voient leurs profils publiés sur le site de l’association. Ils peuvent ainsi espérer être détectés par des recruteurs. En plus, l’équipe de GSA utilise les profits des tournois pour aider les orphelins de leur communauté…

GREEN SPORTS AFRICA

4

OU COMMENT DÉVELOPPER UNE COMMUNAUTÉ GRÂCE AU FOOTBALL

1/Commune de Nairobi, Kenya

Page 35: #14: L'édition sportive

35INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Sélectionnez-vous les personnes qui participent à votre programme ? Si oui selon quels critères ?

Le football est un jeu ouvert à tous. Tous ceux qui peuvent s’inscrire à nos tournois sont les bienvenus et sont encou-ragés à le faire. Cependant, nous veillons à créer un envi-ronnement où la compétition et la qualité du jeu règnent. Nos tournois attirent les meilleurs joueurs du pays. Il est donc essentiel d’avoir recours à une sélection.Nous avons d’ailleurs réalisé qu’il y avait un nombre crois-sant de joueurs de pays voisins qui souhaitaient partici-per à nos tournois, mais qui ne pouvaient pas à cause de diverses contraintes. Dans l’optique d’élargir notre portée et de valoriser ce beau jeu qu’est le football, un de nos objectifs cette année est d’organiser un tournoi internatio-nal (Coupe Platinium 2015), durant lequel au moins 30% des équipes viendront de l’extérieur du Kenya. La seule restriction à l’inscription sera l’âge. Nous avons pour l’ins-tant une catégorie pour les moins de 23 ans, une pour les moins de 17 ans et une ouverte aux filles.

I.A : Dites-nous en plus sur la Green Room

Historiquement, au théâtre, la chambre verte (Green Room) est l’endroit où les acteurs se reposaient quand ils n’étaient pas sur scène. Notre Green Room est sur notre site inter-net et elle est le meilleur endroit pour que les joueurs se détendent avant et après les tournois. Nous y postons de nombreux montages vidéo tels que les dix meilleurs buts de la saison, mais aussi des vidéos promotionnelles. Nous y montrons aussi nos activités quotidiennes et les services rendus à la communauté. Les vidéos jouent un rôle crucial pour mesurer l’activité de l’association. Tout le monde apprécie une vidéo bien faite, que ce soit un joueur qui souhaite revoir sa performance de jeu, où un agent qui voudrait observer les qualités d’une potentielle recrue. Cette année, chaque joueur (plus de 1000 par événements) aura la possibilité d’accéder aux points forts de sa performance lors d’un tournoi. Nous al-lons aussi intégrer un enregistrement vidéo de l’Académie que nous lancerons cette année.

I.A  : Parlons du centre d’aide de Wamo. Vous avez récemment commencé à y construire de nouvelles salles de classe et à y aménager un stade de foot-ball. Pourquoi avez-vous choisi ce centre plutôt qu’un autre?

Depuis la conception de l’organisation, la communauté a toujours été au centre de nos pensées et actions. Notre environnement est une des valeurs centrales de notre idéologie.Nous avons remarqué qu’ici, beaucoup sont dans le besoin, mais personne ne les aide parce qu’il est difficile d’avoir accès à eux : la majorité des écoles qui reçoivent de l’aide des ONG sont souvent des écoles à moins de dix minutes des routes principales. Avec la mise en place d’un centre d’aide, nous voulions frapper fort. Un de nos amis nous a conseillé le centre Wamo. Fondé par Mr. Wamo, qui a pris conscience que bien trop d’enfants dormaient dans les rues, il a ouvert le lieu avec très peu d’aides financières et structurelles, dans le simple but d’offrir à ces enfants un meilleur endroit où passer leurs nuits.

Quand nous avons visité le centre pour la première fois, nous avons été inspirés et émus par l’enthousiasme dont faisaient preuve ces enfants, malgré leur condition. Depuis lors, nous soutenons Wamo avec de la nourriture, des vêtements, du coaching et des ateliers de compétences pratiques. Certaines solutions sur le long terme que nous leur avons proposées comprennent la reconstruction de la toiture ainsi que l’achat de nouveaux tableaux et chaises pour les étudiants. À travers nos ambassadeurs dans de nombreuses écoles de Nairobi, nous avons lancé un projet ayant pour but de fournir une sécurité alimentaire aux orphelins de Wamo. Des activités lucratives sont aussi misent en place, pour couvrir d’autres dépenses. Ceci nous permettra d’évoluer vers d’autres projets sur le long terme.

I.A  : Justement quels sont vos objectifs sur le long terme?

Il est difficile de répondre à cette question car l’environ-nement évolue et change. Nos actions sont guidées par nos idéologies. Tous les membres de l’équipe de Green Sports Africa sont des entrepreneurs nés et par consé-quent, prennent des risques. Nos ambitions évoluent en permanence.En ce moment par exemple, nous rêvons d’établir un centre d’excellence sportive pour les sportifs Africains, avec un réseau de recrutement bien ancré sur le continent pour que personne ne passe inaperçu. Nous allons aussi continuer à unir et rassembler les communautés à travers le sport. Aussi, nous nous sommes fixés pour objectif d’or-ganiser un tournoi avec un million d’équipes d’ici dix ans. En bref, notre but ultime est d’être au cœur du talent sportif Africain.

Propos recueillis par Chrys Nyetam

Page 36: #14: L'édition sportive

36 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Christian Atsu /Ghana/

FOCULTURE

Je n’ai jamais été une amoureuse du football. En réalité, le football m’a brisé le cœur. Pourquoi? Parce que je me souviens de cette défaite cuisante de mon pays, le Ghana, lors de la dernière coupe du monde au Brésil … Mais alors, qu’est-ce qui rend le football aussi attractif et séduisant ? Comment arrive-t-il à créer une telle unité et faire naitre tant de passion chez quelqu’un comme moi, qui à la base n’y porte aucun intérêt? Qu’est ce à propos du football qui fait qu’il soit tant aimé dans les rues et bidonvilles de Bombay, Johannesburg ou Sao Paulo ?

Si vous avez déjà voyagé dans un pays du tiers monde, je ne doute pas que vous aillez vu, à un moment ou un autre, un groupe de jeunes garçons tapant dans la balle, avec ou sans cage de buts solide, avec ou sans équipe au complet. Que ce soit dans la cour de récréation d’une école primaire aux États-Unis ou sur le sol en terre battue d’une Favela, la passion et l’amour des joueurs reste tout aussi palpables. Sans aucun doute, le football est de culture mondiale. Plus qu’un sport, beaucoup diront que c’est un mode de vie. Cela est d’autant plus vrai pour ces joueurs de foot multimillionnaires qui se sont fait connaitre grâce à leur talent. Certains d’entre eux ont un parcours incroyable : des bidonvilles aux grands stades internatio-naux, on les a vu évoluer, à force de travail.

Jetons un coup d’œil à quelques uns de ces parcours hors du commun :

Steven Piennar a grandi en regardant la télévision couché au sol, pour éviter les balles perdues des armes à feu qui grondaient dehors. Il vi-vait à Westbury, un quartier en dehors de Johannesburg, infesté par la drogue et les gangs. Il a assisté à la mort tragique de son meilleur ami mais a réussi à rester loin du crime en se concentrant sur le football. Repéré par des recruteurs, il signa avec Ajax Cape Town. À l’âge de 18 ans, il quitta l’Afrique du Sud pour jouer avec Ajax Amsterdam. Grâce à son succès, il a pu aider sa famille à quitter Westbury.

Steven Piennar / Afrique du Sud /

CULTURE DU FOOTBALL: DE LA MISÈRE AU LUXE, DES HISTOIRES QUI INSPIRENT.

Page 37: #14: L'édition sportive

37INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

Bien qu’il ait été nommé le joueur de l’année de Vitesse Arnhem1, il a connu des débuts bien plus modestes. Aujourd’hui, il est en échange à Chelsea, mais il y a encore quelques temps, Atsu gagnait sa vie en vendant de l’eau aux passant des rues d’Accra. En parallèle, il se battait pour réaliser son rêve de devenir footballeur. Il arriva à F.C Porto2 à l’âge de dix-sept ans où il fut découvert par l’entraineur Patrick Greveraars. Il alla ensuite finir sa formation au sein du club de ce dernier.

Christian Atsu /Ghana/

Emmanuel Adebayor /Togo/

Il vient d’une famille très modeste, dans laquelle il devait parta-ger sa chambre avec ses six frères et sœurs. Une situation qui est cependant meilleure que celle de beaucoup de Camerounais. Pour s’amuser, Eto’o et ses frères jouaient au football pieds nus avec une balle confectionnée de sacs plastiques. Le talent singu-lier de Samuel fut repéré à l’âge de 16 ans. Il quitta le Cameroun en direction de l’Espagne où il signa avec le Real Madrid. La suite, tout le monde la connait.

Il a été élu meilleur joueur africain de l’année en 2007 et joue pour l’équipe de Tottenham. Admiré pour avoir la tête sur les épaules, Emmanuel est la preuve que l’humilité n’empêche pas la réussite.Il a grandi dans un foyer extrêmement pauvre dans une banlieue de Lomé. Sa mère était vendeuse de poisson séché, et gagnait à peine de quoi nourrir la famille, encore moins pour acheter une paire de chaussures à Emmanuel. Il fut une fois forcé de rester à l’hôpital pendant sept jours, car ses parents n’avaient pas les moyens de payer son traitement. En 1999, il quitta Lomé pour la France après avoir été découvert au centre de développement sportif de Lomé par des recruteurs de Metz. C’était le début d’une carrière sensationnelle.Ces joueurs, qui sont comme vous et moi en sont arrivés là grâce à leur talent et à leur persévérance. Ils inspirent les gens aux quatre coins du monde parce que nom-breux d’entre nous s’identifient à leurs parcours. Lorsque nous encourageons nos équipes préférées et défendons la fierté de nos joueurs sur le terrain, nous nous approprions leurs histoires, leurs vécus. C’est ça la passion du football.

Samuel Eto’o /Cameroun/

1/ Le Vitesse Arnhem est un club de football Hollandais fondé en 1892 et basé à Arnhem. 2/ Le F.C Porto est un club de football Portuguais, basé à Porto.

Page 38: #14: L'édition sportive

38 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

JOBS

DIGITAL

PUBLICITÉ

FINANCE

VOODOO GROUP recherche un Community Manager au Cameroun

Doté(e) d’une bonne culture marketing et social média, A l’aise en rédaction d’article,Maitrisant la rédaction de contenus web et de leurs interfaces, Maîtrisant les paramétrages techniques sur les différentes plateformes Sociales (viadeo, linkedin, facebook, twitter, youtube...)Jamais à court d’idées

Faites parvenir vos CV via messagerie de la page facebook l’entreprise : VOODOO GROUP.

Pour plus d’informations sur l’entreprise, consulter : http://voodoo-communication.com

L’agence de publicité MC CANN DOUALA (Cameroun) recherche son prochain Directeur Artistique.Vous vivez au Cameroun,Vous êtes passionné(e) de pub,La suite d’Adobe n’a plus de secret pour vous,Vous n’avez pas peur de la page blanche pour mettre en avant la créativitéMc Cann Douala vous veut !Book et CV à envoyer à [email protected]

BOLLORE AFRICA LOGISTICS recherche un contrôleur financier

Description :Supervision de l’équipe financière de la brancheRéaliser les différents reporting financiers à destination du Directeur Financier Pays et de la Direction Financière Siège en s’assurant de la qualité des données fournies et en respectant les deadlines annoncées

ProfilMaster en Finance / ComptabilitéMinimum 5 ans d’expérience dans le contrôle financier au sein d’un service financier d’une grande entreprise.

Ville: Nacala, MozambiquePlus d’informations: http://carrieres.bollore.com

Page 39: #14: L'édition sportive

39INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015

BUSINESS DEVELOPMENT

FISCALITÉ

BOLLORÉ AFRICA LOGISTIC est à la recherche d’un Manager en Business Development:En relation direct avec le département des Ventes, vous serez en charge de la recherche de nouveaux clients, tout en réalisant les objectifs de ventes et en étant force de proposition.

Profil:Une expérience précédente en «clearing and forwarding sales» est requise5 ans d’expérience réussie en ventesCapacité de lecture et d’interprétation d’informations financières (budget inclus)Capacité de création et d’implimentation de stratégie de ventes.

Lieu: Johannesburg, Afrique du Sud Contact : http://carrieres.bollore.com

AFRIMARKET recherche un stagiaire Business developer

Vous avez un profil entrepreneurVous disposez d’un bon sens des réalités et un goût prononcé pour défricher de nouvelles opportunitésVous êtes ouvert, convaincant, dynamique et autonomeAFRIMARKET vous veut pour un stage d’une durée de 6 mois sur sont site basé à Paris.

Envoyez Cv et Lettre de motivation à [email protected]

DELOITTE recherche un Fiscaliste sénior à Cotonou (Bénin).

Vous intégrerez notre département Juridique & Fiscal, exerçant notamment dans les domaines suivants :Vous serez notamment en chargedes recherches fiscales demandées par les clients,de la gestion et du développement de la relation avec les clients, en collaboration avec l’associé.

Votre profil

Vous êtes titulaire d’un troisième cycle en droit fiscal (Master 2, DJCE).A travers une expérience réussie d’au moins 3 ans en cabinet d’avocats doté d’un important département de fiscalité,Vous avez une bonne maîtrise de l’évolution des textes fiscaux et légaux.Vous connaissez les différents référentiels OHADA.La maîtrise de l’anglais sera un élément déterminant.

Plus d’infos sur : http://www.deloitterecrute.fr

Page 40: #14: L'édition sportive

40 INSPIRE AFRIKA / MARS - AVRIL 2015