De l'apprenti journaliste au journaliste professionnel

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De l'apprenti journaliste au journaliste professionnel : une fenêtre ouverte sur le métier de journaliste En décembre 2012, le magazine mensuel Brest Mag nous a contacté suite au prix "Coup de pouce " attribué fin mai 2011 aux 12 élèves du Club journal par le Clémi. Ce magazine, avec juste 6 mois d'existence dans les kiosques brestois au moment de notre contact et une équipe rédactionnelle de 4 personnes de moins de 30 ans dont 3 journalistes, a souhaité distingué notre journal scolaire " Le Penn Ar & Co" en publiant un article du 1er trimestre 2011 – N° 1, "le foot au féminin" écrit par une élève de 4e, Manon, au profit d'une autre Manon, "footballeuse" et élève en 4e elle aussi. L'un des journaliste, membre de l'association " Jet d'encre", composée de journalistes professionnels qui soutiennent la production journalistique scolaire par le biais d'un site (http://www.jetsdencre.asso.fr/) où les apprentis journalistes peuvent télécharger des conseils pour réaliser leur journal, de l'écriture d'articles à la réalisation de la maquette. Cette association professionnelle participe d'ailleurs à la sélection des journaux primés avec le Clémi. L'article a donc été choisi par les élèves journalistes ex-aequo avec un article en mémoire de la destruction des tours jumelles le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Les photos de cet article, prises sur des sites internet, quoique dûment référencées, ont fait basculé le choix en faveur de l'article sur le foot au féminin, pour lequel l'unique photo était prêtée par l'intéressée elle-même, ce qui réglait les difficultés inhérentes aux droits à l'image, puisque les parents de l'intéressée avait donné leur accord par écrit. Nous avons eu la fierté de le voir paraître en décembre 2011 dans le magazine, à la rubrique "Tribune scolaire", qui valorise un article d'un journal scolaire, lycéen ou collégien. Fin décembre 2011, un vendredi, 2 journalistes ont rendu visite à l'équipe du journal au CDI pendant la pause méridienne. L'une, Davina Hérault est la rédactrice en chef, l'autre, Elodie Lefebvre est la maquettiste du magazine. Cette dernière insiste sur sa non-appartenance à la "caste" des journalistes, sa formation étant celle d'une communicante, infographiste de formation; "rien à voir, insiste t-elle, avec le métier de journaliste". Concernée par l'esthétique du magazine, elle dispose, grâce au logiciel In Design, d'un échéancier de couleurs et d'un écran calibré , ce qui facilite sa mise en page. Chez l'imprimeur, l'imprimante offset, avec 4 couleurs, fait parfois perdre de la qualité d'image au niveau du rendu des couleurs, se désole t-elle. "J'essaie de l'anticiper mais ce n'est pas toujours possible", regrette -t-elle.

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Visite du Club journal le Penn Ar & Co à la rédaction du magazine mensuel le Brest Mag

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De l'apprenti journaliste au journaliste professionnel : une fenêtre ouverte sur le métier de journaliste

En décembre 2012, le magazine mensuel Brest Mag nous a contacté suite au prix "Coup de pouce " attribué fin mai 2011 aux 12 élèves du Club journal par le Clémi. Ce magazine, avec juste 6 mois d'existence dans les kiosques brestois au moment de notre contact et une équipe rédactionnelle de 4 personnes de moins de 30 ans dont 3 journalistes, a souhaité distingué notre journal scolaire "Le Penn Ar & Co" en publiant un article du 1er trimestre 2011 – N° 1, "le foot au féminin" écrit par une élève de 4e, Manon, au profit d'une autre Manon, "footballeuse" et élève en 4e elle aussi.

L'un des journaliste, membre de l'association "Jet d'encre", composée de journalistes professionnels qui soutiennent la production journalistique scolaire par le biais d'un site (http://www.jetsdencre.asso.fr/) où les apprentis journalistes peuvent télécharger des conseils pour réaliser leur journal, de l'écriture d'articles à la réalisation de la maquette. Cette association professionnelle participe d'ailleurs à la sélection des journaux primés avec le Clémi.

L'article a donc été choisi par les élèves journalistes ex-aequo avec un article en mémoire de la destruction des tours jumelles le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Les photos de cet article, prises sur des sites internet, quoique dûment référencées, ont fait basculé le choix en faveur de l'article sur le foot au féminin, pour lequel l'unique photo était prêtée par l'intéressée elle-même, ce qui réglait les difficultés inhérentes aux droits à l'image, puisque les parents de l'intéressée avait donné leur accord par écrit. Nous avons eu la fierté de le voir paraître en décembre 2011 dans le magazine, à la rubrique "Tribune scolaire", qui valorise un article d'un journal scolaire, lycéen ou collégien.

Fin décembre 2011, un vendredi, 2 journalistes ont rendu visite à l'équipe du journal au CDI pendant la pause méridienne. L'une, Davina Hérault est la rédactrice en chef, l'autre, Elodie Lefebvre est la maquettiste du magazine. Cette dernière insiste sur sa non-appartenance à la "caste" des journalistes, sa formation étant celle d'une communicante, infographiste de formation; "rien à voir, insiste t-elle, avec le métier de journaliste". Concernée par l'esthétique du magazine, elle dispose, grâce au logiciel In Design, d'un échéancier de couleurs et d'un écran calibré , ce qui facilite sa mise en page. Chez l'imprimeur, l'imprimante offset, avec 4 couleurs, fait parfois perdre de la qualité d'image au niveau du rendu des couleurs, se désole t-elle. "J'essaie de l'anticiper mais ce n'est pas toujours possible", regrette -t-elle.

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Elodie explique aux élèves du Club journal la composition de la maquette et les fonctionnalités du logiciel professionnel In Design.

Dawina a évoqué devant un demi-groupe d'élèves journalistes, son métier de rédactrice en chef, son rôle comme manager d'une équipe où les choix éditoriaux sont décidés et débattus en commun, de façon démocratique. Le choix des sujets d'articles – "un méli-mélo mixant éducation, nature, portrait..." selon Davina, par sa diversité - est souvent piloté par l'actualité. Le journal fait 52 pages plus 4 supplémentaires sur un sujet sociétal ou économique avant ou après le portfolio d'images. Et Davina de préciser : " Il y a l'actualité "froide", celle du dossier dont le sujet - de société, politique ou sur l'identité brestoise... –, est intemporel. Les mini-dossiers sont des articles d'analyse, dont les sujets, de l'actualité froide avec du recul dans l'analyse, sont programmés en amont. Dans le dossier une phrase, un titre, une photo résumant le sujet est mis en exergue, ce qui permet d'aérer le bloc teste. Parfois un scoop – une information que nous pensions être les seuls à détenir, peut tomber à plat. C'est l'inconvénient de publier un mensuel", conclut-elle avec fatalisme. Et parfois l'information n'est tout simplement pas publiée faute de preuve.

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Elle est responsable du contenu éditorial. Son rôle consiste surtout à valoriser l'information en veillant à la programmation et à l'harmonisation des rendus des articles, à leur conformité avec la légalité et la déontologie du métier de journaliste, à la promotion du magazine à travers des annonceurs prestigieux comme la ville de Brest pour le tramway, par exemple. Il s'agit de valoriser l'information en contrôlant la qualité de la publicité, un équilibre parfois difficile à tenir. Elle s'occupe de faire respecter l'échéancier et le rétro-planning, dont la première date est celle de l'envoi du journal à l'imprimeur. Elle gère le chemin de fer du magazine dont les articles et leurs titres provisoires occupent les pages numérotées du futur journal, ce qui permet de visualiser d'un coup d'oeil le journal dans sa globalité et le détail de ses pages ou de procéder à des changements.

Davina, rédactrice en chef, explique ses responsabilités.

Davina est la responsable de la correction des écrits. Leur relecture, - "est très fastidieuse, assure t-elle, mais indispensable ! Le journal est relu 2 fois, pas seulement pour l'orthographe ou la syntaxe mais également pour l'exactitude de l'information". Dans une plus grande structure, le travail de relecture incombe à un(e) secrétaire de rédaction responsable également de la mise en page.

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Et Davina d'ajouter que le journal national "Libération" a un(e) secrétaire d'édition dont le travail est de titrer les articles.Elle a expliqué que le magazine s'inscrivait résolument dans un territoire, Brest et le pays de Brest, et traitait de problématiques liées à ce territoire et non traitées par la presse régionale quotidienne. Cette ligne éditoriale leur a permis de se faire une place qui n'était pas déjà occupée par un concurrent. Le magazine, un mensuel, coûte 5 €, "le prix de l'indépendance", affirme Danina. Outre son contenu, axé sur l'information locale, sa présentation, très esthétique, et sa lecture, sur papier glacé, ont déjà fidélisé son lectorat. Les Unes de Brest – Mag sont incitatives et jouent souvent avec humour sur les mots pour aiguiser la curiosité du lecteur. Vers la mi-janvier 2012, un lundi matin, l'équipe du journal, 13 élèves au total, s'est déplacé dans leur "salle de rédaction", au 34 rue Richelieu, en centre-ville. En fait il s'aggit d'un simple local avec quelques ordinateurs et des bureaux non séparés, ce qui facilite la communication... mais aussi "les prises de tête au moment des bouclages", commente Davina. "Heureusement nous nous entendons très bien sans doute parce que nous nous connaissons depuis nos études, ce qui facilite le parler- franc", ajoute t-elle avec un sourire.

Edouard, Davina et Manu en peine discussion.

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Après que les élèves se soient casés ici et là sur les chaises mises à disposition, nous avons fait la connaissance d'Emmanuel Schmitt dit Manu, photographe et journaliste. "Une image, un dessin ou une photo, dit-il, se doit d'être à la fois esthétique et informative. Elle a un titre et communique une information. Elle est même plus "parlante" que le texte qui l'accompagne. Et la compréhesion de ce qu'elle représente doit être immédiate". Il souligne l'obligation de sourcer les photos et la notion d'autorité : une photo appartient à son auteur. Manu assume également les fonctions de comptable et de gestionnaire, ce qui , admet-il, "n'a pas grand chose à voir avec la photographie".

Manu, le journaliste photographe.

Edouard Daniel, journaliste investi dans l'association "Jet d'encre", répond aux questions d'un élève-journaliste sur les qualités requises pour exercer ce métier. "Il faut être curieux, adaptable, mobile, avec de bons contacts car les gens sont à la base de l'information locale", dit-il. Le journalisme national est éloigné des réalités locales contrairement au journalisme local, ce que nous pratiquons ici", explique t-il. «La passion peut amener au journalisme mais il faut de réelles qualités pour y demeurer», ajoute-t-il.

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Une fois imprimé, le journal est diffusé par une messagerie de presse qui assure sa livraison dans les kiosques. Le Brest Mag est très jeune par sa date de création et l'âge de ses journalistes, à peine trentenaires : c'est donc encore le pôle emploi qui finance les salaires. A l'heure actuelle, le magazine ne pourrait supporter l'embauche d'un(e) secrétaire même si le besoin s'en fait sentir. La vente du magazine, environ 5000 exemplaires par mois, ne permet pas encore aux journalistes de vivre de leurs métiers. Une visite passionnante dont les objectifs étaient de mieux connaître le circuit d'un journal local, du choix des articles à la diffusion du journal dans les kiosques, et de confronter sa vision du journalisme aux réalités du journalisme de terrain au niveau local.

Le chemin de fer du Brest Mag, une façon de faire que les apprentis journalistes ont reproduit pourcomposer de la maquette du Penn Ar & Co.