DE JEUNES TALENTS AUX FORMATIONS … · LA LETTRE DES ACHATS Pays : France Date : MARS 18...

5
LA LETTRE DES ACHATS Date : MARS 18 Pays : France Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.28-32 Journaliste : Cécile Bontron Page 1/5 LEONARD3 6450083500524 Tous droits réservés à l'éditeur MANAGEMENT RECRUTEMENT DE JEUNES TALENTS AUX FORMATIONS DIVERSIFIÉES La génération des Millenials a vite compris que si le diplôme demeure nécessaire en France, il ne suffit pas forcément pour faire la différence. Langues, art de la négociation ou analyse de données, ils diversifient leur formation par de multiples voies pour aller plus vite. Par Cécile Boitron > Soldsvilla, I. achtteuse dif z Malaki Même si nous avons des cours de négo- ciation, ils ne suffisent pas. La négociation demande de la pratique I ls viennent de débarquer dans les Achats ct ont déjà des envies de projets ct d equipes a animer Les jeunes talents des Achats se destinent au management maîs avant il leur faut satisfaire aux exigences d un nouveau monde du travail et trouver leur place dans les directions achats Et pour s assurer une carriere prometteuse tous commencent par acquerir le Saint Graal, le diplome d une ecole reconnue dans les A(_hdti Jamais sans un master achats « J aurais pu arriver a ce poste sans un master en achats » estime pourtant Zoe Berthoud, actuellement dans le Graduate Program du groupe GSK a Bruxelles un programme permettant a déjeunes talents de tester différents postes aux achats perdant deux ans Pour la leune femme, diplômée du Desma en 2017 un MBA plus general aurait probablement pu lui ouvrir les mcmcs portes Maîs Zoe Berhoud avait fermement envie de se former aux achats Lors de sa deuxieme annee d etudes elle avait rencontre un acheteur qui avait grandement suscite sa curiosité et I avait décidée a pousser es recherches sur ce metier jusque-la incornu Les Achats sont alors devenus sa voie Et elle a choisi I une dcs ecoles les plus reconnues en achat Peut-être pas indispensable en Belgique maîs un atout presque incontournable en France « Je fais partie d une generation qui a ete pionnière qui a cree les services achats dans les multinationales » témoigne Eric David responsable scientifique pour les enseignements d achats dans le programme grande ecole, et Id formation continue (Executive Certifkate) de CentraleSupelec Lancien directeur achats de Rhodia (devenu Solvay) poursuit « ll nexistait pas decole Aujourd hui les jeunes talents ne réussissent que s ils assoient leur carriere sur une for mation légitime reconnue Ils sera ent plus gênes que nous de faire ce metier sans formation initiale » Un va et vient entre les Achats et d'autres postes Rodolphe Devevey cst tombe dans les Achats un peu par hasard Ingénieur de formation spécialise dans I automatique Rodolphe Devevey a rapidement complète son cursus industriel par un MBA a l'IAE (Institut d administration des entreprises) de Paris pour obtenir une ouverture sur les

Transcript of DE JEUNES TALENTS AUX FORMATIONS … · LA LETTRE DES ACHATS Pays : France Date : MARS 18...

LA LETTRE DES ACHATSDate : MARS 18Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.28-32Journaliste : Cécile Bontron

Page 1/5

LEONARD3 6450083500524Tous droits réservés à l'éditeur

MANAGEMENT

RECRUTEMENT

DE JEUNES TALENTSAUX FORMATIONSDIVERSIFIÉESLa génération des Millenials a vite compris que si le diplôme demeurenécessaire en France, il ne suffit pas forcément pour faire la différence.Langues, art de la négociation ou analyse de données, ils diversifientleur formation par de multiples voies pour aller plus vite.

Par Cécile Boitron

> Soldsvilla,I. achtteuse dif z Malaki

Même si nousavons descours de négo-ciation, ils nesuffisent pas.La négociationdemande dela pratique

Ils viennent de débarquer dans les Achatsct ont déjà des envies de projets ctd equipes a animer Les jeunes talents des

Achats se destinent au management maîsavant il leur faut satisfaire aux exigencesd un nouveau monde du travail et trouverleur place dans les directions achats Etpour s assurer une carriere prometteusetous commencent par acquerir le SaintGraal, le diplome d une ecole reconnuedans les A(_hdti

Jamais sans un master achats« J aurais pu arriver a ce poste sans unmaster en achats » estime pourtant ZoeBerthoud, actuellement dans le GraduateProgram du groupe GSK a Bruxelles unprogramme permettant a déjeunes talentsde tester différents postes aux achatsperdant deux ans Pour la leune femme,diplômée du Desma en 2017 un MBA plusgeneral aurait probablement pu lui ouvrirles mcmcs portes Maîs Zoe Berhoudavait fermement envie de se former auxachats Lors de sa deuxieme annee d etudeselle avait rencontre un acheteur qui avaitgrandement suscite sa curiosité et I avaitdécidée a pousser es recherches sur cemetier jusque-la incornu Les Achats sont

alors devenus sa voie Et elle a choisi I unedcs ecoles les plus reconnues en achatPeut-être pas indispensable en Belgiquemaîs un atout presque incontournableen France« Je fais partie d une generation qui a etepionnière qui a cree les services achatsdans les multinationales » témoigne EricDavid responsable scientifique pour lesenseignements d achats dans le programmegrande ecole, et Id formation continue(Executive Certifkate) de CentraleSupelecLancien directeur achats de Rhodia (devenuSolvay) poursuit « ll nexistait pas decoleAujourd hui les jeunes talents ne réussissentque s ils assoient leur carriere sur une formation légitime reconnue Ils sera ent plusgênes que nous de faire ce metier sansformation initiale »

Un va et vient entre lesAchats et d'autres postesRodolphe Devevey cst tombe dans lesAchats un peu par hasard Ingénieur deformation spécialise dans I automatiqueRodolphe Devevey a rapidement complèteson cursus industriel par un MBA a l'IAE(Institut d administration des entreprises)de Paris pour obtenir une ouverture sur les

LA LETTRE DES ACHATSDate : MARS 18Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.28-32Journaliste : Cécile Bontron

Page 2/5

LEONARD3 6450083500524Tous droits réservés à l'éditeur

fonctions de management et commercialesll debute comme assistant achats lors de sonalternance pour le MBA chez Faurecia Maîsle poste ne lui convient pas et ne correspondpas à sa vision des Achats. Il repart alors versdes postes plus proches de ses études :ingénieur commercial, puis responsablede la productivité produit travaillant le re-design to cost, toujours chez Faurecia « Jesuis ensuite passé responsable atelier ouj'ai vraiment appris le lean et l'organisationindustrielle qui sont des compétences trèsutiles pour un acheteur, une véritable valeurajoutée », témoigne Rodolphe DeveveyL'ingénieur se lance ensuite dans les cartesélectroniques puis suit un manager partichez Schlumberger, aux achats « C'étaittres intéressant pour moi un acheteurest le miroir du key account manager »,affirme-t-ilChez Schlumberger, Rodolphe Deveveydécouvre des achats matures, travaillantprojets et sourcing, formalisant différentescatégories L'ancien commercial prend lacatégorie câbles et connecteurs en chargeau niveau mondial, avec un suivi très prochede quatre fournisseurs de cartes électro-niques et deux fournisseurs de câbles « J'aibeaucoup appris » assure-t-il Maîs pourévoluer dans les Achats, il s'aperçoit qu'undiplôme reconnu est incontournable «J'aivite identifie que l'essentiel des annoncesde recrutement demandait le MAI ou leDesma ou une formation achat spécifiqueLa lecture en diagonale des CV fait émergerles mots-clés » Pour Rodolphe Devevey,ce sera le mot Essec qui fonctionnera Enfévrier 2017 il obtient le Master gestion desachats internationaux et supply chain, etdevient le mois suivant directeur des achatsd'un fabricant d'instruments ophtalmiques,Mona (10 millions d'euros d'achats pour uneffectif achats de cinq personnes dont troisapprovisionneurs)

Légitimer une mobilitépar un diplômeEn géneral, dans les entreprises, de nom-breux acheteurs sont souvent issus de lamobilité interne avec des profils diversMaîs pour se vendre à l'extérieur, il faut undiplôme Nous sommes en France », relevéLaune Soldevilla, en alternance au MasterAchats internationaux et Innovation a la

Des Millenials créatifs et libresLa génération arrivant dans le monde du travail a déjà fait coulerbeaucoup d'encre. Biberonnes aux réseaux sociaux, ayant fait leurspremiers pas sur la toile avant de savoir marcher, les Millenialsentrent dans le monde du travail avec un regard bien différent decelui de leurs aînés. « Ce sont des gens qui n'envisagent pas le travailen étant dans une case, affirme Eric David, responsable scientifiquede CentraleSupelec. Ils sont plus intuitifs, très innovants. Ils sont por-teurs d'une sorte d'anarchisme constructif. » Zoé Berthoud, diplô-mée du Desma de Grenoble en 2017, a réalisé son stage de six moisdans lindustrie automobile aux Etats-Unis, puis intégré le mondedu travail en Belgique, chez GSK. Elle témoigne : «je remarque unedifférence de comportement entre nous. Je pense différemment desmanagers d'aujourd'hui, assure-t-elle. Pour moi, l'important n'estpas à quelle place je me situe dans l'entreprise mais ce que je fais etavec qui. Etant dans le Graduate Program, j'ai la chance d'avoir descontacts avec le management pour pouvoir faire passer mes idées. »

S'ils pensent « hors du cadre »et deviennent très créatifs,les Millenials ne peuvent plus être managés comme lesgénérations passées. « ll sera difficile de les gérer commedes populations antérieures. Aucun n'aura la même car-rière, ils mèneront tous des carrières très personnalisées »,assure Eric David. Un nouveau challenge du millénaire.

Kedge Business School Devenue acheteusele 1er septembre 2017, Laune Soldevillaconnaissait déjà bien les Achats avant dese lancer dans une formation titulaire d'unMaster en droit économique, elle travaillait comme juriste au sein de la directiondes Achats de Malakoff Médéric, depuisjanvier 2009 « J'étais la seule juriste et ledirecteur achats me poussait à deveniracheteuse » Elle finit par accepter, maîspose une condition faire une école recon-nue « J'avais besoin de la légitimité de l'écolepour montrer mon sérieux explique LauneSoldevilla Pour montrer que ma prise deposte n'était pas due au hasard maîs à unevéritable motivation »Ce besoin de légitimité est, selon EricDavid, le « syndrome de l'autodidacte »ll explique « Les acheteurs ayant bénéfi-cie de la mobilité interne ont peur que lemanque de diplôme apparaisse comme unelacune dans leur CV s'ils veulent changerd'entreprise Ne pas posséder de techniquede base peut être mal vu C'est aussi unemanière de montrer que la personne n'apas ete mutée par hasard »

LA LETTRE DES ACHATSDate : MARS 18Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.28-32Journaliste : Cécile Bontron

Page 3/5

LEONARD3 6450083500524Tous droits réservés à l'éditeur

Rodolphe Devevey,Diplômé du MS GAISC de l'Essec,directeur des achats. Mona

Sur les an-nonces, onvoit beaucoupplus de postesd'acheteurscatégorie qu'ily a quatreou cinq ans

Des outilsméthodologiqueset un réseauOutre la légitimité et la visibilité sur le CV,la formation du Master permet a RodolpheDevevey d'asseoir les competences apprisessur le tas et de théoriser des outils pouraller au-delà de I utilisation formatée parlentreprise « Chez Schlumberger, nousutilisions la matrice de Kraljic témoignet-il Maîs il était intéressant de reprendrea la base la théorie pour comprendre lesdifférentes approches possibles Le groupeavait d'ailleurs personnalise son approchenous avions six cadres au lieu de quatre parexemple » Laurie Soldevilla abonde « laformation aborde les choses de maniereplus globale Elle rn apporte un regard plushaut, plus macro Cela me permettra d'êtreforce de proposition d aller plus lom et d'êtredans la strategie »La formation ouvre également un nou-veau reseau aux acheteurs, offrant descontacts d horizons différents Pour LaurieSoldevilla, venant du monde des assu-rances cest (occasion de se pencher surla production Pour Rodophe Devevey- qui préside I association des anciens deI IAE travaillant dans les Achats - suivre laformation achats de l'Essec lui a donne lapossibilité de se creer un reseau de bonnespratiques qui lui a permis, par exemple,d echanger sur des fournisseurs du secteurmarketing « Aujourd'hui, Kedge a un reseautres important, assure Laurie SoldevillaJ y suis déjà fortement sollicitée sur mescompetences juridiques »

Des doubles-compétencesen tensionCar I anciennejunste a vite observe la raretéde cette competence parmi ses collèguesacheteurs et sa valeur ajoutee aujourd'huiprisée « Les directions juridiques sont sur-chargées et ont des difficultés a repondreavec la rapidité qu'imposé le business,relate-t-elle Je prends en charge l'achat, del'expression du besoin jusqu'à la contractualisation Etj anticipe les questionsjundiquescomme la cession de droits de proprieteintellectuelle, maîs également la gestiondu risque » Laurie Soldevilla est beaucoupintervenue en tant quejunste dans destables rondes ou des petits-déjeuners achats

Aujourd hui, ses collègues et son reseau lasollicitent sur des questionsjundiquesAutre grande competence en tensionl'expérience industrielle Rodolphe Devevey,l'ancien ingénieur devenu directeur achatsde Mona, rattache au comite de direction, arapidement compris la valeur ajoutee assezrare des competences techniques indus-trielles « J'ai vu des tensions sur ces com-petences Jetais particulièrement demandeen interne lorsque j étais acheteur catégorieJetais réfèrent sur tous les aspects industrielsJ'étais reconnu comme un expert sur cepoint Sur les annonces, on voit beaucoupplus de postes d acheteurs catégorie qu'ily a quatre ou cinq ans »Dans le master PMU (Purchasmg mana-ger in technology and industry) deCentraleSupelec, 60 a 70 % des élevés sontdes jeunes sortis des ecoles, avec une forma-tion technique (ingenierie, pharmacie, mede-cine, architecture ) pour les deux tiers et uneecole de commerce pour le tiers restant, etcherchant une spécialisation en achat « Cequi fait le critere d embauche, explique EricDavid cest la double competence techniqueet achats La formation achats leur permetde comprendre le business et augmenteleur potentiel de progression rapide decarrière » Les autres étudiants sont desprofessionnels en reconversion, ou despersonnalités issues de I achat et voulantacquerir ou renforcer leur méthodologieet les concepts achats Tous s'accordentpour travailler les langues bien avant leurformation

Une aisance linguistiqueacquise en voyageant« Les langues sont une évidence, confirmeFabien Dumont, responsable scientifiquedu Master PMU de CentraleSupelecAujourd'hui le terrain de jeu n'est plusnational » Dans la plupart des grandesformations achats, une partie ou la totalitédes cours se fait en anglais Les étudiantsdoivent donc avoir déjà un niveau suffisantpour être capable de les suivre Maîs ce nestpas encore assez pour évoluer confortable-ment dans la vie active Avant la formation,les apprentis acheteurs partent étudier aI etranger dans le cadre d échanges, ouvoyagent deux-mêmes pour acquerirl'aisance linguistique minimum

LA LETTRE DES ACHATSDate : MARS 18Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.28-32Journaliste : Cécile Bontron

Page 4/5

LEONARD3 6450083500524Tous droits réservés à l'éditeur

« Je n'ai jamais réellement développé leslangues a l'école J'avais une bonne base maîsj'ai vraiment appris sur le terrain, en privilé-giant les échanges avec les locaux », assureZoé Berthoud Après trois mois en Alaskadès le lycée, lejeune acheteuse a choisid'effectuer sa troisième année détudes enAustralie, avant de revenir faire une premiereannee de master achats et logistique a l'IAE(Institut d'administration des entreprises) deSavoie Montblanc, à Chambéry Et entre sesdeux années de Master, l'étudiante profitede ses dernières grandes vacances pourpartir trois mois en Asie Elle passera mêmeson entretien pour le Desma de Grenoblepar Skype Pour son stage de fin d'année,elle espère repartir en Asie, maîs opte fina-lement pour six mois aux Etats-Unis dansl'industrie automobile L'aisance linguistiqueest alors bien acquise. « Pour les acheteursde ma génération, la question de l'anglaisne se pose même plus, considère KarmaLarfa, acheteuse avec cinq ans d'expériencechez Geodis C'est plus complique pourles générations plus anciennes Les ecolesmettent un point d'honneur de recruteravec des tests en anglais »Toutefois, après la formation, certains par-viennent à muscler leur anglais à l'intérieurde leur groupe. « Dans les entreprises inter-nationales, on pratique tellement qu'on nesait plus si on écrit les mails en français ouen anglais Chez Schlumberger, j'avais unevoisine de bureau qui venait de Chine et jene parlais pas chinois i »Maîs l'anglais même, ne suffit plus « Leniveau d'anglais augmente au fil des géné-rations maîs baragouiner l'anglais ne suffitplus ll faut maîtriser plusieurs languesaujourd'hui », affirme Eric DavidKarma Larfa a chois: la voie de l'alternancedans sa formation initiale Après un DUTtransport et logistique, elle a suivi unbachelor (Bac+3) à l'école Sup de V puisun Master Manager des achats à linstitutLéonard de Vinci à la Défense qu'elle obtienten 2012 « Lécole nous permet d'apprendrele vocabulaire des achats, c'est une bonnebase, affirme l'acheteuse du pôle prestationsintellectuelles, services, et voyages de GeodisNous devons en plus apprendre à négocieren anglais, il faut aussi pouvoir convaincreune équipe et c'est différent J'ai beaucoupobserve a Geodis et ma responsable, Karen

Heys, travaille entierement en anglais ll fautun leader pour aider les étudiants »

L'expérience indispensablepour prendre de la hauteurPour satisfaire aux exigences du monde del'achat, l'acheteuse de Geodis a égalementdû développer des compétences analy-tiques qu'elle n'a pas développées en écoleElle explique « En sortant de l'école, noussavons manier un fichier Excel, maîs il estdifficile de les traduire en stratégie J'ai euun stagiaire de l'ESG (Ecole supérieure degestion) en bac+4 pendant six mois et j'airetrouvé ce frein chez lui ll savait manier lestableurs maîs pas sortir d'hypothèse en vued'une strategie » Pour la jeune acheteuse,la première année d'alternance s'est révéléedécisive« Les Achats ont connu une très forte evo-lution du metier passant du tout approvi-sionnement négociation à un métier decréation de valeur pour lentreprise Noussommes de moins en moins dans une strictedémarche de baisse des coûts », souligneFabien Dumont L'école cherche donc desfuturs élèves ayant une bonne commu-nication interpersonnelle, un leadershipévident et une envie de comprendre lebusiness Maîs même si la formation tented'outiller ses étudiants, de leur permettreune « gymnastique d'esprit » selon FabienDumont, les nouveaux acheteurs doiventdévelopper ces talents eux-mêmes « Lacompréhension du business se travaille aufil de léxpérience, assure Fabien Dumontll faut acquérir une certaine maturité »Pour Karma Larfa, si lècole n'a pas vocation,par essence, à apporter cette maturité aujeune étudiant, un mentor en entreprise peutlargement accélérer le processus « Quandnous sortons de l'école, nous sommes jeunesface à des gens qui font de l'achat depuisvingt ans sans process, raconte-t-elle J'aiéte guidée en interne pour parvenir à fairemonter une branche en maturité C'étaitcomplique maîs les résultats sont très posi-tifs aujourd'hui. Nous avons créé une bellerelation » Motivée, guidée maîs toujours enautonomie, Karma Larfa a pu developperune ecoute et une capacite a convaincre,indispensables dans le monde des achats« Même si nous avons des cours de négo-ciation, ils ne suffisent pas La négociation

«anna Larfa,diplômée du MBA/léonard de Vinci

ll faut unleader pouraider lesétudiants

LA LETTRE DES ACHATSDate : MARS 18Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.28-32Journaliste : Cécile Bontron

Page 5/5

LEONARD3 6450083500524Tous droits réservés à l'éditeur

ll nous f outacquérir dela résilience,pour avoir lacapacité à re-bondir lorsquenous sommesconfrontés àdes challenges

demande de la pratique », assure LaurieSoldevilla Habituée des rencontres ache-teurs fournisseurs qu'elle suit depuis prèsde dix ans, Laurie Soldevilla estime avoiracquis ces compétences «soft skills» si pri-sées aujourd'hui « Nous savons à qui nousnous adressons, nous essayons de cernerla personnalité de nos interlocuteurs puisnous développons une stratégie pour menerla négociation », assure-t-elle Toutefois, lajeune acheteuse a éte étonnée de trouverdes élements de savoir être dans la formationdispensée a Kedge, un travail sur sa proprepersonnalité, sur les manières de parler auxautres « C'est une vraie surprise », dit-elle

Intelligence émotionnelleet savoir êtreSelon Zoé Berthoud, les jeunes talentsdoivent pourtant encore acquérir touteune palette de savoir être par eux-mêmes « llnous faut acquerir de la résilience, pour avoirla capacite a rebondir lorsque nous sommesconfrontés à des challenges, temoigne-t-elleDans les études, tout va très vite, nous neprenons pas beaucoup de recul Or il estimportant de savoir en prendre » Pour ZoéBerthoud, une autre compétence rejoignantcelle de la négociation est l'intelligenceémotionnelle, qui permet de reconnaître,comprendre ses propres emotions et decomposer avec celles des autres « C'est par-ticulièrement important dans les Achats, carnous devons convaincre les clients interneset le monde extérieur Nous devons être forcede proposition et avoir une capacité à secréer des réseaux », souligne Zoé BerthoudPour Eric David, les formations françaisespourraient renforcer leur offre afin d'apporterà leurs étudiants davantage d'apprentissagesaxés sur les savoir être « En France, nous avonsun déficit de sciences humaines, de sociologie,d'ethnologie et de philosophie, affirme t-ilNous commençons à nous pencher sur ceproblème, avec notamment un travail surla conduite de projet, la négociation etcLes sciences humaines sont indispensableset ne sont pas assez étudiées » Le respon-sable scientifique observe en parallèle unetendance à la quête de sens sur des ques-tions sociétales ou environnementales Lesnouveaux talents des Achats ont besoinque l'entreprise incarne des valeurs danslesquelles ils se reconnaissent D'ailleurs si

Zoe Berthoud apprécie son expérience à GSK,c'est aussi parce que la fabrication de vaccinsest porteuse de sens pour elle Maîs ils ontaussi besoin que les choses aillent vite

Une forte enviede managementPour Laurie Soldevilla, la voie est claire « Laformation nous amené a prendre conscienceque nous sommes les managers dedemain », affirme-t-elle Si elle a change demétier, c'est bien pour évoluer Elle ne voyaitpas dévolution aussi rapide dans le juridiqueSon début aux Achats reprend les basesmaîs elle espère prendre rapidement desresponsabilités «J'essaied'être pro-activesur des axes d'amélioration, d'apporter unregard neuf, affirme-t-elle », que cela soitdans l'assurance ou dans l'industrie, histori-quement plus mature dans les achats, voiredans un accompagnement des startups avecune double casquette acheteuse etjunsteL'envie de management et d'assumer desresponsabilités rapidement se retrouvechez tous les jeunes talents « J'ai deuxvoies, souligne Karma Larfa, devenir res-ponsable achat à terme ou prendre unposte de coordinateur achat sur la partieinternationale Chez Geodis, nous pouvonsdévelopper la coopération internationaleet coordonner les filiales à l'étranger » Acourt terme, l'acheteuse espère voir son rôleévoluer rapidement avec le developpementdes synergies potentielles entre Geodis etla SNCF et la place accrue de l'innovationCelui de Zoe Berthoud devrait évoluerégalement très rapidement. Le GraduateProgram de GSK doit lui permettre deprendre des responsabilités plus rapide-ment après une première prise de posteclassique « Je voudrais avoir une equipe etréaliser des projets, être créatrice de valeuren actionnant des leviers stratégiques Et jeveux sortir des moules, proposer des chosesinnovantes», affirme Zoé Berthoud La jeunefemme veut élargir ses connaissances auxdifférents types de segments achats, maîségalement aux autres fonctions de l'entre-prise pour mieux comprendre les besoinsdes clients internes Maîs elle souhaite aussimultiplier les expériences à l'internationalet notamment en Asie-Pacifique La jeunegénération veut faire bouger les lignes etce n'est qu'un début. •