Dali - L'aurore rouge

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Dali L’Aurore rouge

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Elle n’arrive pas à oublier.Dans un coin de sa tête, elle ne peut pas l’oublier.Elle est revenue dans ses rêves. Dans ses échecs. Dans ses affronts.Comme si demain tout était pareil, sauf le soleil, qui aurait disparu.Où part le soleil de l’ombre ?La vie s’est arrêtée quelque part.Elle n’arrive pas à l’oublier.Dans un coin de sa vie, elle est restée prostrée sous son lit.Elle est revenue dans ses rêves. Dans ses échecs. Dans ses affronts.Comme si le moindre malheur désormais, lui rappelait le Mal.Ce mal que personne ne supporte, qu’on ne vit qu’une fois car on en meurt.

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2 ----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : [Grand format (170x240)] NB Pages : 88 pages- Tranche : (nb pages x 0,07 mm)+2 = 8.16 ----------------------------------------------------------------------------LAurore rouge Dali 8.16 582390Dali LAurore rougeDali2 22 3 Laurore rouge Elle narrive pas oublier. Dans un coin de sa tte, elle ne peut pas loublier. Elle est revenue dans ses rves. Dans ses checs. Dans ses affronts. Comme si demain tout tait pareil, sauf le soleil, qui aurait disparu. O part le soleil de lombre ? La vie sest arrte quelque part. Elle narrive pas loublier. Dans un coin de sa vie, elle est reste prostre sous son lit. Elle est revenue dans ses rves. Dans ses checs. Dans ses affronts. Comme si le moindre malheur dsormais, lui rappelait le Mal. Ce mal que personne ne supporte, quon ne vit quune fois car on en meurt. Elle narrive pas loublier. Le coin de sa feuille blanche, sa main la salie de maux. Comment toublier. Comment loublier. La mort. Qui tire son pre dans le brouillard. Lamortquichangelavie,dunefaonirrvocable,commelanuittapisse laurore. Laurore rouge. Papa. Je suis reste dans laurore rouge. 2 4 Lcorchure Il faisait frais ce matin, la fentre ouverte sur sa triste figure. La fentre ouverte sur un monde quelle comprenait autrement, Immobile dans le bruit des larmes, elle chantait lcorchure. Lcorchure de saison, lcorchure de raison, quand le vent se fait confident. Enfant, au milieu des champs, elle tait comme les autres, le rire et la dsinvolture. Oui mais les autres grandissent, et ladolescente reste perdue dans ce champs effrayant. Ce champs mental qui lemprisonne, jour et nuit, dont elle est lpouvantail vivant. Ton sourire prira dans labme de lintolrance. Dans le murmure, elle sera lcorchure . Quant aux amours du dimanche, sur le pont du grand fleuve, elle dit avoir oubli. Oubli le garon qui ne laimait gure, et qui se raillait de ses yeux doux et malins. Quant lnorme pierre, jete sur son crne sanglant, elle ny voyait quun ricochet. Parfois, quand le chagrin reste incompris au creux delle, je lentends chanter jusquau matin. Il fait frais ce matin, la fentre ouverte sur sa triste figure. La fentre ouverte sur un monde quelle comprend autrement, Immobile dans le bruit des larmes, elle chante lcorchure. Lcorchure de saison, lcorchure de raison, quand le vent se fait confident. 2 5 La femme abme Comme chaque matin de dcembre, il fait toujours nuit chez la femme abme. Il aura suffi dun instant, pour basculer ternellement de lautre ct du miroir. Toi qui tais belle et fire, tu vas maintenant tre de ceux qui agonisent de dsespoir. O que tu ailles, quoi que tu fasses, tu porteras sur ton visage la guerre comme une arme de paix. Cette grossire cicatrice sur la poupe dfectueuse quon jette sur les toits, Est-ce la vie ou la mort ? Le pass ou lavenir ? Pourquoi te brle-t-elle toi ? Toi la poupe fragile qui la guerre sest confie pour te rvler femme, Hlas, tu tais faible. Lexaltation est devenue piti et lillusion nest plus quune larme. Et, par ce matin mlancolique de pleine nuit, il y a quelque chose de terrifiant qui me force penser toi. Comme par ce matin mlancolique de pleine nuit, toi tu es forc de penser la mort. Car si la guerre tmoigne encore sur ton visage, lui broie ton image du monde, et de laurore. Et dans cet ultime soupir tapi dans lombre, je me souviendrais du temps qui se fige dans lmoi. 2 6 Jaime un homme mari Ce soir jattends un appel qui viendra peut-tre demain car dans tes draps une autre te tend dj les bras. Jaime un homme mari, un homme fantme qui me hante, et dont le nom se murmure tout bas. Jaime un homme mari, que tout le monde croit connatre et dont chaque souffle est un mensonge. Jaime un homme mari. Je suis son illusion, sa faille, sa faiblesse, sa tromperie, le mensonge qui le ronge. Mon Amour, te souviens-tu de notre rencontre, de cette secousse en toi et mes yeux qui tremblaient ? A cet instant jai su que je deviendrais une voleuse damour, ton innocente amante. Chaque baiser tait comme une fleur qui nat sous la pluie, et me faisait taimer en crever. Jen ai pourtant vers des larmes de secret, irritantes et violentes, aux lendemains de nuits brlantes. Le temps ma rendue soumise cet autre homme, qui me livrait au matin dans les bras du silence. Je mvadais avec dautres, pour oublier que ctait toi, pour te fuir et que tu reviennes. Tu revenais et nous revivions ensemble, dans cet amour qui fait mal, balayant les soupons par lindiffrence. Je ne suis pas nave, seulement ivre dun amour qui drange ceux pour qui la vie nest que simagres quotidiennes. 2 7 Je ne renoncerais pas nous pour une morale qui nous dtruit sans pouvoir nous changer. La passion a ravag mon pass derrance, lunique ruine, fragment de toi, ma fait redevenir vivante. Nos maux virulents ont dclench bien des temptes o des portes claquent sur des sursauts figs, Ainsi jai dcid ce soir de coucher ma douleur comme des mots sur le papier, lexorciser vivante. 2 8 Comme un cadavre qui dit je taime Chaque soir ctait le mme rituel, bien quil pleuve, ctait sa balanoire son soleil. Ctait sur sa balanoire quelle oubliait tout ce quon grave en vous pour lternel. Dans cette douce plnitude, personne ne savait quici tait sa seule certitude immacule. Quand son souffle devenait celui du vent, sa vie devenait un songe invincible et parfait. Ce soir, la balanoire grinait seule dans le noir, comme un cadavre qui dit je taime. On aurait dit quelle tait pendue dans le ciel, allonge dans les toiles tel un doux blasphme. La quitude transparaissait parfois dans les arbres tourdis par les ombres quon caresse. Au milieu de ce jardin dsert, les rires abms dautrefois taient devenus des cendres divresse. 2 9 Ta douleur Cette nuit, jai rv que le soleil brlait le ciel qui fondait sur le monde. Jenaipasdormi,ousipeu.Mespaupiresclignotent,entrelavieetla mort, quelque chose a chang. Jai ouvert les volets de la chambre blanche, cematin,exhumlespoir.Danslacour, jemesuiscorchelesmains,en tombant. On shabitue la douleur, comme la couleur. De mes doigts qui saignentensemblantbriller,audeuilquiouvrevotrecuretleferme, pour recommencer. On me dit que je ne suis pas tombe. Tout a un dbut etunefin,saufladouleur.Ladouleursansvaccin,belleoumortelle,qui sattrapesurlestrottoirs.Jemesouviensdutrain.Ladouleurmepoussait danscewagon.Surcesrailsdternit.Jemvadedelachambreblanche. Lesgensdenullepartviennenticipourpartir.Pourfixerlavitre,et dcrypterlestraitsdeleurmemalade.Ilsnepartentjamais.Leurreflet pendu au paysage vivant, ils coutent linaudible. Sans arrt. Dehors. La vie. Le temps. Les saisons. Dfilantcommedeschevauxlancspourgagner.Alintrieur, jobservelacourse.Commeunepoupequonaassiseici,quinedort jamais,paisibleetparadoxale.Enterredanscetraincentenaireojesuis reste, la nuit tmoigne. Familire comme une rminiscence. Seulejecroisquellemappartient.Jecroisquelleestpourmoi.Mais commeellejesuistropvieillemaintenant.Sabiographiequipasseet repasse, livre intacte son fantme.