Surréaliste, mon cher Dali

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Surréaliste, mon cher Dali ! Dossier pédagogique La première salle, plus que surréaliste, dont le décor baroque est inspiré par l’exposition des surréalistes à New York en 1942, est constituée d’une toile d’araignée d’élastiques qui sous tendent une dizaine d’oeuvres. A travers un parcours ponctué de jeux et de manipulations, les petits visiteurs découvrent certains acteurs du Surréalisme : Salvador Dali, Joan Miro, Max Ernst, Marcel Duchamp, Meret Oppenheim, Giorgio de Chirico, Yves Tanguy. Ils pourront transformer la Joconde, voir une montre se ramollir sous leurs yeux, reconstituer la chambre de Mae West, construire une ville fantastique…et, bien sur se prêter au jeu du cadavre exquis… Les surréalistes en quelques mots… L’état d’esprit des Surréalistes : Le surréalisme est un mouvement artistique qui s’est formé à partir de l’esprit de révolte qui régnait dans les années d’après-guerre vers 1920. Les artistes qui se regroupent à Paris ont en commun un profond mépris de la société bourgeoise et matérialiste. A cette époque, trois poètes, André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault pensent que l’art peut transformer la société et les esprits. En 1918, ils découvrent le Premier manifeste Dada dirigé par Tristan Tzara, chef de file des Dadaïstes et cette revue leur semble très avant-gardiste. Souvent le mouvement Dada est considéré comme le précurseur du Surréalisme. Mais dès 1922, André Breton et de nombreux artistes se détachent assez rapidement des Dadaïstes. André Breton est très critique et affirme que « Dada n’a jamais été considéré par nous que comme l’ image grossière d’un état d’esprit qui n’a nullement contribué à créer ». Ils admirent Guillaume Appolinaire, qui fut d’ailleurs celui qui inventa le mot – surréalisme- en 1917. Il utilisa ce mot dans le programme du ballet d’Erik Satie « Parade » avant de qualifier de « drame surréaliste » sa propre pièce de théâtre « Les Mamelles de Tirésias ». Le surréalisme est officialisé en 1924 par « Le Manifeste du surréalisme », texte qu’André Breton rédige pour la préface d’un recueil de poésies « Poisson soluble ». Il définit le Surréalisme de cette manière : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement de la pensée ». Ce mouvement artistique qui doit s’exprimer à travers l’art et la poésie, est « la résolution des questions fondamentales de la vie ». Il doit s’adresser à tous et transformer la société et les consciences.

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Surréaliste, mon cher Dali !

Dossier pédagogique La première salle, plus que surréaliste, dont le décor baroque est inspiré par l’exposition des surréalistes à New York en 1942, est constituée d’une toile d’araignée d’élastiques qui sous tendent une dizaine d’oeuvres. A travers un parcours ponctué de jeux et de manipulations, les petits visiteurs découvrent certains acteurs du Surréalisme : Salvador Dali, Joan Miro, Max Ernst, Marcel Duchamp, Meret Oppenheim, Giorgio de Chirico, Yves Tanguy. Ils pourront transformer la Joconde, voir une montre se ramollir sous leurs yeux, reconstituer la chambre de Mae West, construire une ville fantastique…et, bien sur se prêter au jeu du cadavre exquis… Les surréalistes en quelques mots… L’état d’esprit des Surréalistes : Le surréalisme est un mouvement artistique qui s’est formé à partir de l’esprit de révolte qui régnait dans les années d’après-guerre vers 1920. Les artistes qui se regroupent à Paris ont en commun un profond mépris de la société bourgeoise et matérialiste. A cette époque, trois poètes, André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault pensent que l’art peut transformer la société et les esprits. En 1918, ils découvrent le Premier manifeste Dada dirigé par Tristan Tzara, chef de file des Dadaïstes et cette revue leur semble très avant-gardiste. Souvent le mouvement Dada est considéré comme le précurseur du Surréalisme. Mais dès 1922, André Breton et de nombreux artistes se détachent assez rapidement des Dadaïstes. André Breton est très critique et affirme que « Dada n’a jamais été considéré par nous que comme l’ image grossière d’un état d’esprit qui n’a nullement contribué à créer ». Ils admirent Guillaume Appolinaire, qui fut d’ailleurs celui qui inventa le mot – surréalisme- en 1917. Il utilisa ce mot dans le programme du ballet d’Erik Satie « Parade » avant de qualifier de « drame surréaliste » sa propre pièce de théâtre « Les Mamelles de Tirésias ». Le surréalisme est officialisé en 1924 par « Le Manifeste du surréalisme », texte qu’André Breton rédige pour la préface d’un recueil de poésies « Poisson soluble ». Il définit le Surréalisme de cette manière : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement de la pensée ». Ce mouvement artistique qui doit s’exprimer à travers l’art et la poésie, est « la résolution des questions fondamentales de la vie ». Il doit s’adresser à tous et transformer la société et les consciences.

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Les acteurs du Surréalisme : Le surréalisme est tout d’abord un mouvement littéraire qui s’étend ensuite à toutes les formes d’expressions artistiques : arts plastiques, photographie, cinéma. A partir de 1920, les trois poètes – Breton, Aragon et Soupault- sont rapidement rejoints par d’autres artistes. Fascinés et influencés par l’univers troublant et mystérieux des œuvres de Giorgio De Chirico, les peintres Surréalistes veulent que la poésie, l’étrange, le merveilleux prennent place dans la vie quotidienne. Ainsi, en plus d’écrire, de peindre ou de photographier, ils tentent des expériences pour voir si le merveilleux peut surgir du quotidien. Ils sont persuadés que les hommes et le monde cachent des mystères et qu’il suffit de savoir les capter, les attraper. Ils organisent des séances de rêves où les protagonistes à demi éveillés parlent à voix haute et laissent libre cours à leur imagination. La notion de rêve est capitale dans le Surréalisme. André Breton, alors interne en service de neuropsychiatrie à Nantes en 1919, s’intéresse particulièrement à Freud et note les rêves et les associations d’idées des malades. Ils veulent inventer des techniques capables de reproduire le mécanisme du rêve. Pour eux, dans nos rêves, nos pensées ne sont plus maîtrisées et cette idée leur plait beaucoup. Certains peintres ont réalisé des toiles qui sont associées aux rêves avec des images, des visions hors du réel. Leur première exposition collective a lieu le 13 novembre 1925 à minuit à Paris. Elle regroupe les œuvres de Giorgio De Chirico, Hans Arp, Max Ernst, Paul Klee, Man Ray, André Masson, Joan Miro, Pablo Picasso et Pierre Roy. Puis le mouvement se diffuse à l’étranger pour atteindre une renommée internationale. Tout comme le Dadaïsme, le Surréalisme est marqué par ses écrivains. André Breton était surtout désireux de garder la pureté originale du mouvement, malgré le fait que les artistes n'auront que d'étroits liens tout au long de l'existence de celui-ci. Au niveau politique, l’adhésion au parti communiste de Breton, Aragon, Eluard est ressentie de façons différentes par les membres du groupe. Certains contestent contre une confusion entre la révolution par l’esprit et la révolution sociale et politique. Les rapports en Breton qui exerce un grand pouvoir et certains de ses amis s’effritent. Il publie dans le dernier numéro de la Révolution Surréaliste, le Second Manifeste de 1929. La fin du Surréalisme… La cohésion du groupe a surtout été marquée par les nombreuses expositions à Paris qui offrent une importante visibilité mondiale au mouvement. Cependant, l’apparition du fascisme et le début de la seconde guerre mondiale affaiblissent le mouvement. De nombreux artistes partent en exil aux Etats-Unis mais ne retrouvent pas l’intense ferveur qui prédominait à Paris. Vers 1942, New York et

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ses environs deviennent tout de même le nouveau centre artistique des Surréalistes. Mais le mouvement s’étiole peu à peu ; certains artistes en sont exclus, d’autres partent. L’esprit de réunions collectives où les artistes aimaient se retrouver dans des cafés parisiens n’existe plus vraiment. De retour après la guerre en 1945, le groupe fait quelques expositions mais se dissout quelques années plus tard en 1959. Il faut comprendre que les liens entre les surréalistes ont toujours été fragiles depuis 1929 et ne tenaient qu'à un fil. Dès la dissolution du groupe, chacun tente de s'affirmer indépendamment, venant à l'encontre du but premier d'André Breton. Malgré tout ce mouvement de peinture est considéré comme l’un des plus importants du XXème siècle et a largement contribué au renouveau de la pensée et de l’art en général. Quelques techniques surréalistes : L’écriture automatique : André Breton imagine la technique de l’écriture automatique qui consiste à écrire le plus rapidement possible, sans aucun contrôle de la raison, de la pensée et des formules grammaticales. L’état nécessaire à la bonne réalisation est un état de lâcher-prise, entre sommeil et réveil. Le premier ouvrage écrit avec cette méthode est Les Champs magnétiques d’André Breton et Philippe Soupault, publié en 1919. Il est le point de départ du mouvement surréaliste. L’écriture automatique occupe une place fondamentale dans le surréalisme, mais il ne s’y réduit pas. On procède de la même façon en dessin et en peinture. Jeu du cadavre exquis : Le dénominateur commun de tous ces artistes est l’intérêt qu’ils portent aux visions, à la poésie et aux métaphores. En 1926, ils inventent le jeu du « Cadavre exquis » qui consiste à mettre un mot ou une image sur une feuille pliée sans savoir ce qu’a inscrit le joueur précédent. Le nom de ce jeu vient d’une des premières phrases obtenues de cette manière : « Le cadavre/ exquis/ boira/ le vin/ nouveau ». Le collage : Technique nécessitant l’association d’images variées ou des matériaux divers pour en faire une œuvre inusitée. Le surréaliste Max Ernst utilisa notamment cette méthode. Le frottage : Inventée par Max Ernst, la technique du frottage consiste à laisser courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface quelconque (parquet ou autre texture), ce qui fait apparaître des figures plus ou moins imaginaires.

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D’autres peintres surréalistes décident d’utiliser le même procédé mais avec un pinceau en laissant libre cours à leur imagination sans essayer de reproduire quelque chose de réel. Le fumage : Dessins réalisés à partir de la flamme d’une bougie passée sur une feuille de papier. La décalcomanie : Pour obtenir une œuvre par décalcomanie, il suffit de presser une feuille enduite de peinture sur une autre surface, à plusieurs reprises, afin de créer des formes pouvant être interprétées de diverses façons. Le Rayographie: Technique inventée par Man Ray permettant de réaliser des images abstraites en plaçant des objets qui laissent leur trace sur des plaques photosensibles. L’EXPOSITION : Giorgio de Chirico (1888 – 1978): Né en Grèce en 1888, Giorgio de Chirico s’inscrit à l’école des Beaux Arts de Munich en 1906. Son installation à Paris en 1911 lui fait découvrir les paysages de la modernité, dont les symboles, comme les gares, les cheminées, les enseignes, se mêlent à ses souvenirs de Grèce. Il n’a aucune relation avec les artistes et les mouvements futuristes et cubistes le laissent indifférent. Il commence à peindre des toiles inspirées par le rêve, hors de toute réalité et est considéré comme le précurseur du surréalisme. Influencé par Nietzsche, il débute la période des arcades et des places d’Italie. Certains thèmes sont récurrents dans l’œuvre de ce peintre comme : la fuite à l’infini des arcades, les perspectives divergentes, les statues solitaires projetant des ombres immenses sur une pièce déserte, les tours crénelées hérissées de drapeaux, les silhouettes d’usines abandonnées…IL se tourne vers le classicisme vers 1926, où il peint de nombreux chevaux et gladiateurs, puis revient vers les surréalistes vers 1945. Tableau : Bains mystérieux, 1934

En 1934, Cocteau demande à De Chirico 10 lithographies pour illustrer son livre « Mythologie ». L’artiste va réaliser la série des bains mystérieux qu’il reprendra plus tard avec d’autres tableaux. Ce sont d’étranges paysages où des cabines de bains sur pilotis siègent au milieu de bassins reliés par des canaux. Des hommes s’y baignent dans une eau striée de chevrons (inspirés des parquets).

Jeu : Jeu de construction

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Max Ernst (1891 – 1976): Ce peintre est né en avril 1891 en Allemagne. Il abandonne assez rapidement ses études de philosophie pour se consacrer entièrement à l’art. Il expose d’abord avec les expressionnistes allemands pour se tourner ensuite vers le mouvement Dada et participer enfin à l’élaboration du mouvement surréaliste vers 1922. Il travaille beaucoup sur le collage et invente la technique du frottage qui consiste à laisser courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface à texture (par exemple du parquet). Il part en exil aux USA durant la seconde mondiale et revient en France en 1953. L’année suivante il reçoit le Grand prix de la Biennale de Venise ce qui lui vaut l’exclusion du groupe Surréaliste. Max Ernst est un des peintres surréalistes les plus inventifs et les plus productifs. Son oeuvre est peuplée de personnages de cauchemar, de scènes cruelles, de figures énigmatiques, de visions de paysages désertiques et majestueux ainsi que d'oiseaux maléfiques. Tableau : L’Ange du Foyer ou le Triomphe du Surréalisme, 1937

Mi-homme, mi-animal, la créature est fantastique, démesurée, dévastatrice sur un ciel ténébreux. Max Ernst a peint ici le symbole du fléau totalitaire, dans une période qui annonçait les atrocités de 39-45.

Jeu : S’observer dans une glace déformante Tableau : La forêt, 1927

Dans ce tableau, Max Ernst montre la forêt comme une grande palissade impénétrable. Il utilise la technique du frottage. Cette oeuvre appartient à une longue série de plus de quatre-vingts exemplaires réalisés en 1927-28. On aperçoit sous le pigment noir raclé au couteau le motif en relief des veines du bois ainsi que les entrelacs obtenus

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par des ficelles posées entre les planches et la toile. Les couleurs (vert, rouge et jaune-orangé) ont été appliquées au préalable, créant par transparence de riches effets de texture. Jeu : Comme Max Ernst frotte un dessin sur ces matériaux pour faire apparaître Max Ernst, Chirico, Delvaux, Man Ray, Dali, Oppenheime. Yves Tanguy (1900 – 1955) Après avoir été marin, Yves Tanguy s’intéresse à la peinture et notamment celle de Giorgio de Chirico. En 1920, lors de son service militaire, il rencontre Jacques Prévert qu’il retrouve ensuite à Paris. Ils découvrent le poète Lautréamont – qui a beaucoup influencé les Surréalistes- et aménagent rue du château qui deviendra par la suite un point de ralliement des surréalistes. En 1925, il rencontre André Breton et rejoint les Surréalistes. Autodidacte, ce peintre crée un art très personnel où les paysages purement imaginaires donnent une atmosphère fantastique. Des petits éléments solitaires surgissent sur des grèves ou des fonds sous-marins, ils ressemblent à des cailloux aux formes étranges, à des larves bizarres. Yves Tanguy est certainement le seul surréaliste qui a su garder tout au long de sa carrière ce même style très personnel qui caractérise son œuvre. Comme beaucoup d’autres artistes, il se réfugie aux USA et épouse Kae West. Tableau : La toilette de l’air, 1937

Dans ce tableau, qui semble tout droit sorti d’un rêve, on a l’impression que le ciel et la terre se confondent. Le paysage minéral et les formes étranges qui le composent se retrouvent très fréquemment dans l’œuvre de Tanguy.

Jeu : Essayer de reconstituer avec une lampe électrique les ombres longues et menaçantes de Tanguy. Joan Miro (1893 – 1983) Né en 1893 à Barcelone, Joan Miro Ferra s’inscrit à l’école des Beaux Arts à l’âge de 14 ans. D’abord inspiré par la peinture de Van Gogh et l’expressionnisme en général, son langage pictural évolue en un système de signes et de couleurs pour entrer progressivement dans un univers fantastique d’êtres et de symboles. En

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1921, lors d’un second séjour à Paris, il fait la connaissance d’André Breton et des Surréalistes. Au contact des écrivains et des peintres surréalistes, il a tout simplement suivi son penchant naturel pour le rêve et l’imagination. Il a souvent raconté qu’il travaillait sous l’effet d’hallucinations dues à la faim. Ses toiles deviennent toujours plus abstraites et ses formes plus organiques. Plus tard vers 1937, au moment de la guerre d’Espagne, il réalise en Normandie la série des Constellations où il crée un cosmos ponctué d’étoiles, de lunes, de soleils… André Breton met l’accent sur la quête de pureté qui se dégage de ses toiles, peintes tout au long des années de guerre civile. Il travaille également la céramique, la lithographie et la sculpture. Durant sa vie, il exécuta 2000 peintures, 5000 dessins, 500 sculptures et 400 céramiques. Tableau : le carnaval d’Arlequin, 1924 – 1925

Ce tableau est considéré comme l’œuvre majeure de cette époque. Certaines figures sont récurrentes : un diable jaillit d’un tronc, un poisson est posé sur une table, une flamme, des étoiles, des cônes, des cercles…les rêves constituent la source d’inspiration de ce tableau. Il ordonne sur tout un espace clos des poids

et des contrepoids qui prennent l’allure de créatures fantastiques en train de célébrer un carnaval. Le moisi et les lézardes du mur symbolisent le délabrement. Jeu : Faire le puzzle du tableau Meret Oppenheim (1913 – 1985) Méret Oppenheim est née en 1913 à Berlin en Allemagne. A l’âge de 18 ans, elle quitte Berlin pour s’installer à Paris et suivre des études artistiques. A 23 ans, elle rencontre Giacometti qui la présente aux Surréalistes. Elle fait la connaissance d'André Breton et se lie d'amitié avec Max Ernst et Man Ray. Ce dernier la photographie à plusieurs reprises. En 1945, elle rencontre Wolfgang La Roche avec qui elle se marie quatre ans plus tard. En 1954, elle se remet à travailler après dix-huit ans d’inactivité artistique. Deux ans plus tard, elle dessine les costumes et les masques pour la pièce de Picasso « Le Désir attrapé par la queue » mise en scène par Daniel Spoerri et représentée à Berne. En 1959, à l'occasion de la "Fête de printemps" à Berne, Meret Oppenheim présente « Le Festin » : un buffet dressé sur le corps d'une femme nue au visage doré. En 1967, une première rétrospective est organisée à Stockholm. Au cours de années 1974 et 1975, c'est une rétrospective itinérante qui parcours la Suisse. Elle meurt d'une crise cardiaque à Bâle.

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Œuvre : Le déjeuner en fourrure, 1935

En 1936, elle réalise, pour l'exposition surréaliste, l'objet « Le Déjeuner en fourrure » (le titre fut trouvé par André Breton en référence au célèbre tableau « Le déjeuner sur l’herbe » de Manet). Une tasse, sa soucoupe et une petite cuillère recouvertes de fourrure : détourné de sa fonction utilitaire, cet ensemble provoque à la fois attirance

et répulsion et s’inscrit dans la pensée du Surréalisme. Alfred Barr, directeur du Museum of Modern Art (MOMA) de New York achète l'objet qui devient un des emblèmes du surréalisme. Désormais Meret Oppenheim est victime du succès de cet objet surréaliste et le reste de son œuvre s’en trouve quelque occultée. Jeu : Inventer un objet surréaliste Marcel Duchamp (1887 – 1968) Issu d’une famille de six enfants, Marcel Duchamp est né en 1887 à Blainville-Crevon en Seine-Maritime. IL commence à peindre à l’âge de 15 ans avec le soutien de son père, de ses frères (peintre et sculpteur). Sous l’influence de Braque et d’Apollinaire, Marcel Duchamp s’inspire du futurisme mais montre qu’il a dépassé le cubisme pour illustrer son tableau « Nu descendant un escalier » en 1911. Les machines sont insérées dans une dimension qui lui est propre : 3 dimensions et une quatrième imaginaire que l’on retrouve notamment dans « La Mariée » en 1912, thème essentiel dans son œuvre. Puis il s’écarte de la peinture et crée une mini-révolution avec ses premiers ready – made, objets tout faits. Il en réalise une trentaine, parmi les plus célèbres on peut citer Roue de bicyclette (1913), Porte bouteille (1914), Fontaine (1917), le fameux urinoir renversé signé R Mutt. Il devient alors le plus célèbre et le plus provocateur artiste de l’art moderne. IL créa un personnage fictif, Rrose Sélavy, et fut également un grand champion d’échec. Duchamp, sans être vraiment un surréaliste à part entière, restera proche du groupe et participera aux expositions et aux publications en France ou à New York. Tableau : La Joconde à la moustache, LHOOQ, 1919

Il s’agit d’une carte postale de La Joconde, de format 19,7 cm/12,4 cm que Duchamp a affublé d’une moustache, d’un bouc et de lettres qui donnent un titre à l’œuvre. L’œuvre s’inscrit dans le courant des ready-made et

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participe à la volonté » de l’artiste de questionner l’art. Duchamp l’a réalisé pour la revue 291 de Francis Picabia. Elle appartient au parti Communiste français qui l’a mis en dépôt pour 99 ans au centre Pompidou. Jeu : Déguiser la silhouette de la Joconde Man Ray (1890 – 1976) Emmanuel Rudnitsky, est né à Philadelphie en 1890. Il fait des études d’architecture mais s’intéresse plus à la peinture qu’il pratique tout en occupant divers emplois dans le graphisme et la publicité. IL change de nom et devient Man Ray ou « l’homme rayon ». Il fréquente le milieu artistique de New-York et découvre en particulier les travaux de Marcel Duchamp. Il réalise des collages, des objets détournés et s’intéresse de plus en plus à la photographie, au début pour reproduire ses peintures ainsi que les travaux de Duchamp, puis pour réaliser des portraits. Il s’installe à Paris en 1921, fréquente les surréalistes. Il réalise de nombreuses photos de mode qui sont publiées dans les magazines. Il utilise la technique d'abord inventée par le poète dadaïste allemand Christian Schad : la rayographie (ou Rayogramme, titre d’une épreuve de 1925). Le principe consiste, sans appareil photo ni pellicule, à déposer des objets sur un papier photographique qui, une fois développé, les révèle en blanc sur fond noir. Par ce nouveau procédé, l'artiste interroge le statut d'objet et la photographie elle-même. Les rayogrammes provoquent des images fantomatiques qui laissent imaginer une autre dimension dont la photographie est la porte ouverte. Man Ray pénètre ainsi dans la dimension invisible de l'objet solide. Ce nouveau procédé enthousiasme ses amis : Tristan Tzara l'encourage à publier ses rayogrammes, en 1922, sous l'appellation poétique de « Champs délicieux ». En 1940, Man Ray parvient à rejoindre Lisbonne et s'embarque pour les États-Unis en compagnie de Salvador Dalí et Gala et le cinéaste René Clair. Après quelques jours passés à New York, il gagne la côte Ouest avec le projet de quitter le pays pour Tahiti où il y resterait quelques années. Arrivé à Hollywood, il reçoit des propositions d'exposition, rencontre une femme, Juliet, et décide de se remettre à peindre. Photographie : le violon d’Ingres, Épreuve aux sels d’argent rehaussés de crayon et encre de Chine, 1924.

Cette photographie représente le corps, vu de dos, de Kiki de Montparnasse. Le corps ainsi que la position de la tête, coiffé d’un turban oriental, rappellent Les Baigneuses d’Ingres. Ce buste de femme est tout à fait classique mais deux petits détails dessinés à la mine de plomb et à l’encre de chine, sur le dos de la femme suffit à métamorphoser le corps en violoncelle.

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Jeu : Transformer le modèle de man ray en instrument de musique. Paul Delvaux (1897 – 1994) Formé à l’école des beaux-arts de Bruxelles, Paul Delvaux commence à peindre des toiles réalistes d’inspiration impressionnistes qu’il détruit pour la plupart en 1924. il se tourne vers l’expressionnisme et découvre en 1934, les toiles de Chirico et de Magritte lors d’une exposition sur les Surréalistes présentée à Bruxelles). Sans jamais adhérer au mouvement des surréalistes, il commence, avec « Femmes en dentelle », une série d'œuvres d'une unité si profonde que n'importe lequel de ses tableaux se reconnaît au premier coup d'œil. Passionné de mythologie et de scènes macabres, il est hanté par l’image d’une femme belle, fascinante et inquiétante, d'hommes habillés en costume et de jeunes éphèbes dans une attitude figée au sein d'un paysage ou d'un milieu urbain tout aussi figé. Ses toiles, où règne une ambiance de solitude, semblent toutes obéir à un même rêve. Il expose ses œuvres à l'exposition des surréalistes de Paris en 1938. Il a peint également de grandes compositions murales comme celle du Casino-Kursal d'Ostende, du Palais des Congrès de Bruxelles, de l'Institut de Zoologie à Liège. Tableau : La Mariée en blanc, 1945

Ce tableau est très caractéristique de la manière de peindre de l’artiste. On retrouve un paysage figé où évolue une jeune femme, la mariée. Elle semble projetée de nuit dans un univers industriel inquiétant où un train arrive de nulle part.

Jeu : jeu de lumières

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Salvador Dali (1904 – 1989)

Salvador Dali est né le 11 mai 1904 à Figueras, une ville catalane au Nord de l’Espagne. A six ans il veut être « cuisinière », à sept ans Napoléon !!! Dés 1921, il entreprend des études aux beaux-arts de Madrid où il fait la connaissance de Garcia Lorca et du cinéaste Bunuel avec qui il réalisera le premier film surréaliste : Chien Andalou en 1929. L’année 1929 correspond à la rencontre décisive avec les surréalistes, Breton, Aragon, Eluard… Il tombe éperdument amoureux de gala (femme de Paul Eluard) qui sera sa muse, sa béquille, sa gradiva (celle qui avance) tout au long de sa vie. Il peint beaucoup de tableaux et certaines de ces phobies apparaissent sur ses toiles : la sauterelle, le lion, les galets, l’escargot…Utilisant avec une grande maîtrise, toutes les techniques apprises, il peint « des photographies en trompe-l’œil »qu’il utilise pour transcrire des images de rêve. Il invente la méthode : paranoïa – critique où Dali, par la mulitiplication d’images sur un même tableau, veut instaurer un doute sur ce que représente l’ image. C’est le processus des images doubles, triples que l’on peut voir dans certains de ses tableaux. En 1940, devant la menace de Guerre, le couple Dali-Gala s'installe aux USA. Il décore des ballets, publie, illustre, participe à des films, il joue avec la mode, crée des robes, des chapeaux…Il devient très riches et c'est à ce moment que Breton le surnomme du célèbre anagramme « Avida Dollar ». Durant le début des années 70, Dali se consacre à la création d’un musée à Figueras où on trouve dans un décor surréaliste, des reproductions de tableaux, des objets, une pièce trompe l'oeil. Dali meurt le 23 janvier 1989. Par testament, il a légué l'ensemble de ses biens et de son oeuvre à l'État espagnol. Tableau : Le visage de Mae West, 1934-1935

Salvador Dali peint un portrait en « trompe l’œil » d’une célèbre actrice sex-symbol américaine des années 1920 – 1940 : Mae West. Près de quarante ans plus tard, il recrée une œuvre en trois dimensions au musée de Figueras. La salle Mae West abrite un canapé en formes de lèvres de l’actrice, une cheminée et deux tableaux qui représentent le visage de l’actrice.

Jeu : Transformer la photo de Mae West

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LES ATELIERS : Ces ateliers sont donnés à titre indicatif Créatures fantastiques : Par groupe de deux ou quatre, les enfants peignent un fond aux différents tons de gris pour évoquer un ciel ténébreux. Sur une autre feuille, ils imaginent et dessinent aux pastels une gigantesque créature mi homme, mi – animal qu’ils découpent et accrochent avec une attache parisienne sur le fond du dessin. Monde imaginaire : En s’inspirant du carnaval de Miro, les enfants peignent le fond de 2 couleurs, dessinent les formes qu ’utilisent souvent le peintre : des petits diables, des poissons , des tables, une flamme, des étoiles, des cônes, des cercles…Ils découpent ces formes et les collent sur le fond du dessin. La Joconde revue et corrigée !! A partir de photocopies de la célèbre Joconde de Léonard de Vinci, les enfants s’amusent à la déguiser, à la maquiller avec toutes de matériaux : coloriage, plumes, paillettes…

IDEES A EXPLOITER EN CLASSE : Dînette surréaliste !! Les enfants imaginant un service complet complètement surréaliste en s’inspirant du Déjeuner en fourrure de Meret Oppenheim. Avec de l’argile, ils modèlent des assiettes, des verres, des bols, des couteaux, des fourchettes…qu’ils recouvrent en collant de la fourrure. Histoires surréalistes ! Par groupes de 5 ou 6, les enfants réalisent le fameux jeu cher aux surréalistes : le jeu du cadavre exquis. Sur une feuille, un enfant commence à noter un mot, plie cette feuille puis la passe à son voisin qui à son tour écrit un autre mot etc…Attention, il faut préciser quel type de mots : sujet , verbe, nom, adjectif… Une fois que tous les enfants ont inscrit leur mot, ils déplient la feuille et découvrent alors une phrase « surréaliste » ! Variante possible avec des dessins. A la découverte du frottage… Afin de mieux comprendre, la technique utilisée par Max Ernst, les enfants récupèrent des matériaux dont la surface ,n’est pas lisse comme une planche, une brique, du papier de verre, des pièces de monnaie…posent une feuille et frottent avec un crayon à papier pour avoir apparaître les aspérités du matériau. Ils peuvent ensuite intégrer la forme obtenue à un dessin.

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BIBLIOGRAPHIE Enfant : Le surréalisme, les enfants terribles de l’art, Christian Demilly, Coll l’art et la Manière, Ed palette,2006. Aux couleurs de Miro, S. Girardet et Nestor Salas, Coll. Salut l’artiste !, éd. Seuil Jeunesse et RMN, ?. La Magie de Magritte, S. Girardet et Nestor Salas, Coll. Salut l’artiste !, éd. Seuil Jeunesse et RMN, 2006. Adultes : Le surréalisme, Gérad Durozoi, Coll l’Atelier du monde, Ed Hazan, 2002. L’ABCdaire du Surréalisme, Pierre Chavot, Ed Flammarion, 2001. La révolution Surréaliste, catalogue d’exposition Centre Pompidou, 2002. Surréalisme, Cathrin Klingsöhr – Leroy, ed Taschen, 2009. DEROULEMENT DE LA VISITE Le Musée en herbe propose : Soit une visite contée (durée 1 h00) : un animateur accueille les enfants et leur présente l’exposition. Déguisés, les enfants parcourent ensuite l’exposition avec les accompagnateurs (un par groupe de six). Chaque groupe est guidé par un livret-jeu distribué au début de l’exposition qu’ils remportent avec eux à la fin du parcours. N’oubliez pas d’apporter des crayons à papier ! Soit une visite contée et un atelier : après la visite de l’exposition, les enfants réalisent un atelier d’arts plastiques (durée de la visite et de l’atelier : 2 h00). INFORMATIONS PRATIQUES Heures d’ouverture : Tous les jours de 10h à 18h Tarifs : Visite contée : Groupes jusqu’à 15 enfants : 45€ Groupes de plus de 15 enfants : 90€ (gratuit pour les accompagnateurs)

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Visite et atelier : Groupes jusqu’à 15 enfants : 75€ Groupes de plus de 15 enfants : 150 € (gratuit pour les accompagnateurs) Accès : En métro : - Etienne Marcel (Ligne 4) / Rambuteau (Ligne 11) - Les Halles (RER A, B, D) - Palais Royal (Ligne 7 et 1) En bus : 29, 48, 67, 74, 85.

Afin de vous accueillir dans les meilleures conditions et de respecter l’organisation des visites, nous vous prions d’être ponctuel.