[Cyriaque Simon-Pierre Akomo-Zoghe] L'Art de Conju(BookSee.org)

321

description

l'arte de conjuger. Conjugaison. Grammaire du Français.

Transcript of [Cyriaque Simon-Pierre Akomo-Zoghe] L'Art de Conju(BookSee.org)

  • Remerciements

    Je remercie dabord Marc MV BEKALE, grce ses conseils etremarques, jai amlior tant le fond et la forme de ce manuel.

    Je noublie pas Nicolas NGOU MV, pour ses encouragements et sonsoutien indfectible.

    Je pense aussi Gisle AVOME MBA, pour ses sages conseils, son soutienmoral et son estime.

    Je pense Steeve ELLA, pour ses encouragements, conseils et son soutienmatriel irrfutable dans llaboration de cet ouvrage.

    Jadresse galement mes remerciements Isaac MEBIAME MINKANEMohamadou Sani HAMADOU, Aboubacar MOUSSA, HanatouHAMADOU, Asta HAMADOU, ric LINGOMBE LIVIKOU,MOUHAMADOU Yaya, Mariella OYANE et Synthia YANG MBA pourleurs conseils et leur soutien moral.

    Je noublie pas mes nices et neveux Emma BETENI, Mimi, Arlette,Diane, Astrid, Marie-Rita YOTSE, Zikri et Abigal ESSINGONE, pour leurimprissable amour, soutien et affection.

    Je pense Louis Fulbert NGUEMA ONGBWA et Henri NGUEMAALLO, pour leur amiti, leurs conseils pratiques ainsi que leur disponibilit.

    Je remercie indubitablement Tatiana KOUNGA, pour son aide matrielle,ses conseils et soutien tous les niveaux.

    Mes remerciements vont aussi lendroit de Clotaire MESSI ME NNANG,Lon Modeste NNANG NDONG, Grgoire NGUEMA AMBASSA, WilfriedBIVEGHE BI NDONG pour leur soutien moral et matriel. Par le biais decertains dentre eux, jai eu loccasion de visiter les Editions LHarmattan Paris, et me rendre compte de la non-existence des publications relatives lalangue fang (conjugaison, vocabulaire, grammaire, etc.). Ce jour futdterminant pour la publication de cet ouvrage.

    Je pense bien entendu Nadia ASSENGONE NKOGHE, pour sesencouragements, ses conseils, son aide matrielle et son soutien tous lesniveaux.

    Je noublierai pas Mme et M. Nathalie et Rodolphe NDONG NGOUA,pour leur soutien moral et leur estime.

  • Mes penses vont aussi lendroit de Corine Anna BITOUDI et Ninameline MBOUMBA, pour leur soutien moral.

    Je pense galement Madame Thrse IBINGA, pour sa contributionmatrielle.

    Sans laisser de ct lAssociation des tudiantes et tudiants du Dpartementde lOkano Mitzic (LAM) de lUniversit Omar Bongo (U.O.B), qui a suforger mon caractre lors de ma prsidence sa tte et ma appris les valeursde la solidarit, de lentraide et de lamour pour ma localit, mes concitoyenset mon pays.

    Et tous ceux qui font la promotion du multiculturalisme travers le mondeentier, quils reoivent, ici, lexpression de ma profonde gratitude.

  • In memoriam :

    Mon dfunt pre : Simon-Pierre AKOMO-ZOGHE ESSINGONE

    Ma mre : Martine ANDEME OVONO OBAME

    Mes dfunts grands-pres : Pierre-Mdard ESSINGONE AKOMEZOKMEZA et Charles OVONO OBAME OYE

    Mes dfuntes grands-mres : Simone-Marie BANG NDONG MILO etChristine MEDZA ME NGOUA

    Mes dfuntes grandes surs : Merryl NZE AKOMO ZOGHE et Marie-Pierrette BELLA AKOMO

    Mes dfunts petits frres : Vivien ESSONO AKOMO et Alfred EKOREAKOMO dit Pompidou

    Mes dfuntes tantes : Pauline TOUNE NVOK ESSINGONE et RadegondeNZE ESSINGONE

    Mes enfants et neveux : Ayvra Trcy OBONE AKOMO, AlexandraOTTGNE AKOMEZOGHE, Simon-Pierre AKOMO ZOGHE, GwullRosdal ESSONO AKOMO, Lvitique AKOMO ZOGHE

    Mes frres et surs: Paul DZIME AKOMO dit fanfan , Isae AKOUL-MBANG AKOMO, Bob OYONO AKOMO, Pierre-Mdard ESSINGONEAKOMO, Simone YOTSE ne NENY, Radegonde NZE AKOMO, RuthYANG AKOMO, Simone-Marie BANG AKOMO

    Et tous ceux que jaime.

  • () Le soir, je laisse le champ des autresPour revivre mon histoire

    Avec les mots de chez moi ()

    Pierre Claver Zeng, Massa.

  • 11

    Motivations

    Depuis la prise de possession du Gabon, prs de trente ans ont tncessaires pour produire les premiers lments de la tradition oralesusceptibles dorienter les recherches historiques sur les Fang. Il faut attendrela fin du XIXe sicle, pour que les observations retiennent tout lintrt de ladmarche et recueillent directement auprs des intresss lgendes, mythes etcoutumes1. Il est vrai, selon X. Cadet, quentre-temps les ambitionsconomiques et politiques de la colonie saccordaient mal avec une tudeminutieuse des populations soumises ; ce nest pas un hasard si, au dbut duXXe sicle, laffirmation de lautorit coloniale par ladministration compltedu Gabon concide avec de nouvelles tudes2. Le pas est franchi, poursuit-il,grce une nouvelle gnration dhommes directement impliqus dansloccupation du pays, dont la curiosit pour les populations quils ctoientamne reprendre les recherches de leurs ans. Grce leurs travaux, lesconnaissances sur les Fang dpassent largement le simple cadre delobservation3.

    Qualifi de belliqueux, intelligent, guerrier, larchtype fang ,comme on le dsignait cette poque, attira aussitt lattention de lpistmoccidentale qui souhaitait tout prix dceler le mystre qui lentourait. Cestdans cette optique que plusieurs missionnaires franais, tels quHenri Trilles,Samuel Galley, et dautres chercheurs aussi bien franais quallemands telsque Georges Balandier, Avelot, Gnter Tessmann, Largeau,affectionnrent trs tt la culture et la langue fang au point de laisser cettecommunaut des ouvrages de rfrence. Cest ainsi quen 1863, Paul Bellonidu Chaillu publie Voyages et aventures en Afrique quatoriale rappelons-le,il fut le premier Occidental visiter le pays fang . Il nest pas officierfranais mais travaille pour Libreville : en mars 1850, il est compt parmi lepersonnel du comptoir4. Ses rcits trahissent, comme le souligne X. Cadet, unesprit daventure doubl dune recherche de sensationnel, quitte amplifier lanuance quand lmotion est trop faible5. Il compte intgrer les cerclesscientifiques en pntrant le premier au cur de lAfrique et en rapportantdes informations indites sur les hommes et lhistoire naturelle6.

    Ce faisant, en mme temps que Largeau, le pre Henri Trilles se penchesur les lgendes et mythes, et vient conforter lhypothse dune origineorientale des Fang. Affect au Gabon le 15 aot 1893, ce missionnairespiritain est dabord nomm Lambarn. Lanne suivante, il est charg duministre extrieur chez les Fang dans lEstuaire7. Ses longs sjours auprs1 X. Cadet, Histoire des Fang, peuple gabonais, Paris, LHarmattan, 2009, p. 253.2 Idem.3 Idem.4Ibidem, p. 49.5 Ibidem, p. 51.6 Du Chaillu, cit par X. Cadet, op. cit., p. 51.7 X. Cadet, op. cit., p. 262.

  • 12

    des Fang, certifie X. Cadet, lui permettent dapprendre la langue, de recueillirles traditions, coutumes, contes, lgendes, devinettes, pour constituer la plusriche des compilations de littrature orale fang quil publie rgulirement lorsde ses sjours en France. Cependant, malgr une connaissance approfondiedes Fang et un attachement vident aux populations gabonaises, il ne peutsextraire ni du contexte colonial ni de sa mission vanglisatrice8.

    En 1901, Largeau, cit par X. Cadet, publie une Encyclopdie Pahouine,ouvrage monumental, dont lambition est de compiler lensemble desconnaissances sur le groupe, sous la forme dun dictionnaire dont les entressont traduites phontiquement en fang par la transcription en signes et lettresde lalphabet franais. Il traite notamment des questions religieuses, delorganisation sociale, de la cosmogonie et rapporte quelques lgendes caractre historique, signant l un ouvrage qui demeure ce jour trsprcieux pour la recherche9.

    H. Trilles publie en 1905, Proverbes, contes et lgendes fang dans le butde comprendre non seulement la vision cosmogonique des Fang maisgalement leur faon de transmettre les pans de leur culture par le biais deloralit.

    En 1907, lAllemand Gnter Tessmann sinstalle en Guine espagnole. Ilentame auprs des Pangwe , appellation germanisante des Pahouins, lapremire mission ethnographique quil russit faire financer, notamment,par le muse ethnographique de Lbeck contre lenvoi rgulier de pices. Unpremier sjour de trois ans au Cameroun lui a permis de se familiariser avecles langues et les cultures locales. Il passe deux nouvelles annes au milieudes Ntumu et des Fang, dabord Alen puis Woleubourg, sur le Woleu10. Ilrassemble ses descriptions et ses interprtations dans une monumentalemonographie quil crit son retour en Europe en 1909.

    Dans leurs crits, Grbert publie un article intitul Art en voie dedisparition au Gabon en 1934, et Schweitzer quant lui publie en 1952, Alore de la fort vierge, les deux dpeignent la triste ralit des Fang dont ladcomposition des structures sociales est en marche. Le premier signe en estlabandon de leur culture matrielle, notamment de leur industrie. Lesartisans disparaissent. La poterie est teinte, les armes traditionnelles sontremplaces par les fusils, les masques, les tambours, les colliers, les coiffuresse rarfient, les rares productions sont destines pour la vente aux Blancs.Lautre signe est la perte des valeurs traditionnelles11.

    Le premier Fang crire sur les siens connat un destin plus controvers.N en 1902 dans lEstuaire, Lon Mba Minko crit deux articles en 1938dans le Bulletin de la Socit de Recherches Congolaises, Brazzaville : Essai de droit coutumier pahouin , suivi dune Origine des coutumespahouins , qui sont souvent repris en bonne place dans la bibliographie. Il y

    8X. Cadet, op. cit., p. 262.9 Ibidem, p. 254.10Ibidem, p. 270.11 Ibidem, p. 275.

  • 13

    peint des pratiques religieuses, qui lui viennent du rang quil occupe dans lessocits secrtes12. Tandis que Dugast travaille sur les populations du sud-Cameroun, Georges Balandier, galement sociologue, et le gographe GillesSautter travaillent sur les Fang du Gabon. Ils ouvrent une priode fconde derecherches qui se traduit par une volumineuse publication. A lui seul, tel quele signale X. Cadet, Balandier constitue un corpus aussi considrable quecelui de Trilles ou Tessmann. La force des travaux de Balandier est davoirappliqu une mthode scientifique moderne, qui lui a permis de se distinguerdes nombreuses tudes ralises prcdemment. Observation de la socitfang, il se place non plus au milieu ou ct de cette socit, mais au-dessusdelle13 . Pour autant, Balandier ne parvient pas se dpartir dune certainevision occidentale des Fang. En 1949, il publie un premier article dans lequelapparat pour la premire fois sa clbre expression : Les "Fan" du Gabon,des conqurants en disponibilit14 . En 1955, Balandier publie son ouvragemaximal, Sociologie actuelle de lAfrique noire, il reste louvrage derfrence sur la socit fang.

    En 1964, Andr-Charles Henry nous livre, ici, le tmoignage dumissionnaire franais Samuel Galley propos de sa rencontre avec la languefang, dans lavant-propos de son ouvrage, Dictionnaire Fang-Franais-Franais-Fang:

    Ds ses premiers sjours en Afrique, Samuel Galley prouva, aprsbeaucoup dautres, le charme indniable de la langue fang etreconnut, son tour, le rle de premier plan que cet idiomepourrait jouer un jour comme agent de liaison et de culture entreles diffrents peuples du Gabon15.

    Il ajoute :Lavenir de la langue fang au Gabon est li limportancenumrique et sociale du groupe ethnique. [] A ct du franais,qui reste au Gabon la langue politique et la langue culturelle enseigne dans toutes les coles, le fang peut courirsa chance, comme le souhaitait Samuel Galley, de devenir demainnon seulement une grande langue de relation pour toute laire Sud-Cameroun et le Nord-Gabon, mais le lien entre tous les autrespeuples de la Rpublique16.

    En 1965, les descriptions, la linguistique, lanthropologie, la sociologiesemblent tre parvenues au terme de leur contribution. Pourtant, cettepriode, la recherche est loin davoir puis toutes les mthodes et envisag

    12 Ibidem, p. 294.13 X. Cadet, op. cit., p. 279.14 G. Balandier, Les Fan, conqurants en disponibilit , Tropiques, cit par X. Cadet, op.cit., p. 272.15 S. Galley, Dictionnaire Fang-Franais - Franais-Fang, Neuchtel, Ed. Messeiller, 1964, p.9.16Ibidem, p. 10.

  • 14

    tous les domaines. Des pans entiers de la culture fang mritent uneinvestigation approfondie.

    Laburthe-Tolra, quant lui, se rend au Cameroun en 1966, pourcomprendre lvolution religieuse et la conversion rapide et massive deshabitants de Minlaaba, mission catholique du diocse de Mbalmayo, au sudde Yaound. Lenqute ethnographique dure six ans. Elle constitue sa thsede Doctorat soutenue en 197517. Il rappelle dans cette tude que les mots Beti ou Fan dsignent davantage la condition de vrais hommes , etque la pratique de naturalisation est largement rpandue en Afriquecentrale, il souligne la lgret des appellations ethniques telles que Buluou Ntumu [qui] fonctionnent comme des noms qualificatifs, des titresdhonorabilit, plutt que comme des noms propres18 .

    Une nouvelle re souvre en 1960 avec lindpendance. Les lvesgabonais obtiennent des bourses pour poursuivre en France des tudessuprieures. Une premire gnration dAfricains diplms apparat autournant dans les annes 1960, engags dans lanthropologie, la linguistiqueet la sociologie. Elles leurs autorisent de sexprimer enfin sur leur propreculture, en rtablissant parfois les erreurs passes. Cest le cas du sociologueGabonais Paulin Nguema Obam19.

    Concernant les Fang proprement dits, les premires tudes apparaissentau dbut des annes 1970. Dabord, Tsira Ndong Ndoutoume rvle lpopedu Mvett au grand public et plus tard, en 1975, il crira le deuxime tome20.Ensuite, Jean-Emile Mbot sattache aux contextes de production destmoignages, rcits et lgendes. Aprs deux travaux prliminaires sur lescontextes sociaux et le genre oral21, il tablit en 1972 une mthode danalysedes corpus o il met en vidence les diffrents enjeux qui font la relationentre linformateur et lethnologue-collecteur22. Toujours en 1970, SoterAzombo, un des tout premiers tudiants prsenter une thse de DoctoratdEtat sur les Fang, sous la direction de Georges Balandier23, stigmatise lescrits de Trilles. Enfin, au cours de la mme anne, les relations entre les

    17 P. Laburthe-Tolra, Minlaba. Histoire et socit traditionnelle chez les Bti du sud-Cameroun, Thse de Doctorat, cit par X. Cadet, op. cit., p. 290.18 X. Cadet, op. cit., p. 291.19 P. Nguema Obam, De la justice et de la guerre chez les Fan, Rpublique du Gabon ,Notes Africaines, cit par X. Cadet, op. cit., p. 294.20 T. Ndong Ndoutoume, Le Mvett, pope fang, 1970, tome I ; Le Mvett, Livre II, 1975, citpar X. Cadet, op. cit., p. 298.21 J.-E. Mbot., Wa kobe Za nkobe?, Universit Dominicaine su Sauchoir; Ebughi bifia, "dmontrer les expressions", Mmoire de lEcole pratique des Hautes Etudes, cit par X. Cadet,op. cit., p. 295.22J.-E. Mbot., Nos pres mangeaient la lance, un rcit dinitiation la guerre chez les Fang,cit par X. Cadet, op. cit., p. 295.23 S. Azombo, Squence et signification des crmonies dinitiation So, Thse de DoctoratdEtat, cit par X. Cadet, op. cit., p. 295.

  • 15

    populations fang et lautorit franaise sont tudies par A. Ratanga Atoz quisoutient un mmoire, dirig par Henri Brunschwig24.

    En 1973, dans son mmoire de matrise, Ndoume Assebe analyse lapersonne dEmane Tole travers les vnements de Ndjol. Le chef fang yest dcrit comme le dfenseur des intrts fang dans la rgion de Ndjol25.

    Les questions historiques sont traites dune manire circonspecte. En1974, Bonaventure Ndong, qui tudie, La marche des enfants dAfiri-Kara travers ses diffrents aspects dans la culture traditionnelle fang, critiqueTrilles pour lorientation de ses descriptions de la Trinit chez les Fang touten adhrant ses thses sur le rapprochement avec la civilisationpharaonique26.

    Les tudes les plus ambitieuses sur lhistoire ancienne des Fang sont lefruit de Marc-Louis Ropivia. En 1981 et 1984, il publie trois articles danslesquels il collecte des lments pour recomposer la migration des Fangdepuis leur origine jusquau Gabon. Gographe, son travail reposeessentiellement sur lanalyse des Mvett dans lesquels il scrute les moindresindications toponymiques, gomorphologiques, qui sont pour lui autantdlments irrfutables27. De plus, en 1981, lhistorien gabonais NicolasMeteghe Nnah analyse la plupart des conflits qui opposent lautoritcoloniale aux populations locales, en particulier fang, comme lexpressiondune rsistance organise, farouche et dtermine28.

    Travaillant sur les Bulu, le Camerounais Samuel Eno Belinga mentionne,en 1982, combien les popes vhiculent la culture du fer dans le groupepahouin29. Dautres ouvrages ont encore vu le jour ces vingt dernires annes.

    Malgr toute la littrature existante sur le peuple fang, entre autres, desouvrages affrents la culture, lhistoire, lanthropologie, la sociologie sansoublier lart et la peinture, le volet linguistique demeure, quasiment, moinsnanti. Toutefois, luvre du linguiste gabonais P. Ondo-Mebiame, Essai surles constituants syntaxiques du fp-ptm, publie rcemment en 2008, auxditions Raponda Walker (Libreville-Gabon), est lvidence, la toutepremire qui porte sur la langue fang. En effet, cette dernire ne possdait

    24 A. Ratanga Atoz, Limmigration des Pahouins au Gabon au XIX e sicle- Histoire de leursrelations avec ladministration et les tribus voisines, Mmoire, cit par X. Cadet, op. cit., p.295.25Ndoume Assebe, Emane Tole et la rsistance la conqute franaise dans le MoyenOgoou,Mmoire de matrise, cit par X. Cadet, op. cit., p. 296.26 B. Ndong, La marche des enfants dAfiri-Kara travers ses diffrents aspects dans laculture traditionnelle fang, thse de Doctorat de 3e cycle, cit par X. Cadet, op. cit., p. 295.27M. Ropivia, Les fang dans les Grands Lacs et la Valle du Nil , Prsence Africaine ; Migrations Bantu et tradition orale chez les Fang (Le Mvett) : interprtation crirtique , Lemois en Afrique, cit par X. Cadet, op. cit., p. 297.28 N. Meteghe Nnah, Limplantation coloniale au Gabon, rsistance dun peuple, tome 1, citpar X. Cadet, op. cit., p. 297.29S. Eno Belinga, K. Watanabe, folklore en Afrique daujourdhui, Actes du Colloque, cit parX. Cadet, op. cit., p. 299.

  • 16

    pas, jusqu cette date, un manuel de linguistique pouvant favoriser sonapprentissage de faon convenable.

    Cest la raison pour laquelle jai voulu combler ce vide en laborant cetouvrage de conjugaison, le premier du genre. Loin de moi la prtentiondavoir explor tous les aspects de la conjugaison fang, ce manuel se doitdtre considr, juste titre, comme tant une petite contribution sur lart deconjuguer de la manire la plus sommaire qui soit. tant moi-mme non-spcialiste de la linguistique, jai seulement voulu faire uvre utile.Cependant, des spcialistes de cette question trouveront indubitablement desaspects approfondir tant donn sa complexit aussi bien sur le plansyntaxique que sur le plan syntagmatique. Amateur en linguistique, jedemanderais, davance, la clmence des spcialistes de la langue fang pourdventuels manquements et maladresses quils observeront ci et l. Car telque le souligne A. Jacquot : Les travaux damateurs, mme rcents,souffrent tous de mmes maux : faiblesse ou absence totale de donnesphontiques, tonalit non perue ou confondue avec laccentuation, tudegrammaticale sappuyant sur la grammaire traditionnelle des langueseuropennes ou mme des langues dites classiques (latin et grec) et ignorantdes pans entiers de la structure des langues dcrites30 . Nanmoins, cetouvrage se voit investi dune mission qui consiste jeter les bases delapprentissage du fang mais galement permettre aux locuteurs naturels etapprentis locuteurs de mieux apprhender ses richesses dans toutes sesformes.

    Pour mener bien cet immense projet, je me suis appuy sur le systmeorthographique labor par Samuel Galley dans son mini Dictionnaire Fang-Franais - Franais-Fang. En effet, il fut lun des premiers missionnaires avoir labor un manuel didactique de la langue fang. Il est vrai que soncaractre succinct a fait en sorte que nous restions, un tantinet, sur notre soif cause de linexistence des rgles pouvant favoriser une bonnecomprhension et une matrise parfaite de nombreux idiotismes et autrestournures idiomatiques fang. Car, il existe dans ltude de cette langue uneinfinit de tournures qui ne sapprennent quau fur et mesure que lonapprofondit son tude. Sur le plan lexicographique, le manuel didactique duGuino quatorien Lorenzo Bacale Andeme, Vocabulario Castellano-Fang-Catal ma galement donn matire traduire des vocables spcifiques lafin de cet ouvrage. Eu gard ce qui prcde, les lecteurs verrontindubitablement une lgre dissimilitude entre lancienne transcription de lalangue fang faite par les premiers missionnaires chrtiens et celle que jaiutilise dans ce livre.

    30 A. Jacquot, Le Gabon, dans Inventaire des tudes linguistiques sur les pays dAfrique Noiredexpression franaise et sur Madagascar, Paris, CILF, 1978, p. 496

  • 17

    Origines et migration du peuple Fang

    Les Pahouins arrivent !. Ce cri veillait autrefois chez les Ngres de lacte comme chez les Europens presque autant deffroi que dans la Romeantique : Hannibal ante portas ( Hannibal est nos portes31 ! ). Le dbatsur lorigine du peuple fang reste encore de nos jours un enjeu pour larecherche scientifique. Les diffrents chercheurs qui ont trait de cettequestion et qui continuent de satteler prouver ses origines ne saccordentpas tous l-dessus. Les uns affirment que les Fang viennent de la valle duHaut Nil en Egypte et dautres restent sceptiques quant la vracit de cesdires et prfrent, toutes fins utiles, retenir lhypothse selon laquelle lesFang viendraient dune rgion proche du fleuve Sanaga ou du Soudan.Cependant, des travaux savants et de grande rudition ont t publis sur lalocalisation gographique du foyer prhistorique des Fang et sur sa datation.

    Selon Grgoire Biyogo, tous les spcialistes de cette question situent le berceau primitif des populations fang dans le Bahr-el-Gazal, prs du Nil ;dans le pourtour du Soudan ancien, dans lAbyssinie, ancienne Nubie32. Ilprcise que ce nest que dans cette rgion du Haut Nil quauraient dbutesles migrations Fang33. Nous comprenons par l quil ny a pas eu quunemigration sinon des migrations fang partant dEgypte jusquen Afriquecentrale. Lon voque galement des arguments ethnographiques et ethno-historiques. ce propos, P. Mba Abessolo crit : Aprs ses investigations,LARGEAU est arriv la conclusion que le peuple Fang revient du sud duNil, passant par le soudan, traversant presque le milieu de lAfrique,pourchass et pourchassant dautres peuples qui voulaient lui barrer la route.Il tait prvu quil devait rencontrer, venant du ct de la mer sans doute leurfrre blanc, Joseph AMBOUROUET AVARO confirme que ce peuple venaitdu font des forts tropicales et que la couleur de sa peau tait presqueblanche34.

    P. Ondo-Mebiame, quant lui, souligne que : dans les pratiquesreligieuses des F+, lon constate des influences antiques. Il est dit enloccurrence que linfluence antique de la religion gyptienne, ou celle dunpeuple ayant habit lancienne Egypte, parat avoir jou un rle assezconsidrable dans la formation des ides religieuses de ceux-ci. Ainsi, pense-t-on, le peuple F+ a eu des relations avec lEgypte35 . Ropivia (1981), citpar P. Ondo-Mebiame, pense qu partir de ce rapprochement fait la suitede son parcours du texte de Tsira Ndong Ndoutoume, dlimit ce quilappelle lkoumne primitif fang , il rsulte de son analyse que ltudegographique quil a faite, confirme la connaissance du Nil et de ses sources

    31 P. Laburthe Tolra, Christiane Falgayrettes Leveau et Gnter Tessmann, op.3 cit., p. 181.32 G. Biyogo, Encyclopdie du Mvett Tome 1-Du Haut Nil en Afrique centrale, Bonneuil,EditionsMenaibuc, 2002, p. 165.33Idem.34 P. Mba Abessole, Aux sources de la culture fap, Paris, LHarmattan, 2006, p. 22.35 P. Ondo-Mebiame, Essai sur les constituants syntaxiques du fp-qtm, Libreville, d.Raponda Walker, 2008, p. 10.

  • 18

    par les F+ anciens. Il parat plus ais, suite cela, de circonscrire avec plusde nettet, le domaine primitif du peuple f+ ; et moins hasardeux, et enralit plus sr, de soutenir qu lorigine, les F+ taient tablis dans lesrgions du Haut-Nil et de la Nubie antique ; un vaste territoire englobantaujourdhui quatre Etats : lEgypte, le Soudan, lEthiopie et lOuganda36 .

    Pour renchrir ce point de vue, on compare ses dialectes et le zand serapprochant des civilisations du Haut Nil. Le pre H. Trilles a rassemblquelques mots de la langue gyptienne et la langue fang pour mettre leursimilitude lexicale en relief. Il affirme quil ne sagit pas l de ressemblancesfortuites. Aussi, semble-t-il judicieux de le souligner, en 1941, la linguisteLysias Homburger soulve les deux questions essentielles de lhistoire desFang. Elle reconnat galement une parent entre les dialectes zand et fanget classe le Fang dans un groupe intermdiaire entre les langues bantu etsoudanaises37. Pourtant, devant les limites de sa discipline, Homburgerprconise prudemment de parler de semi bantou propos des Fang38. Biendes comparaisons ont t faites ce niveau, mais il nen demeure pas moinsque deux visions manichennes saffrontent, ce propos, sur lorigine de lalangue fang.

    Pour les uns, cest une langue semi bantu, cest la raison pour laquelle P.Ondo-Mebiame prcise que: cette thse est dfendue par certains auteurs,en particulier Baumann et Westermann (1948) dune part, et Hombert (1952)dautre part, refusent de classer la langue que parlent les populationscomposant lunit linguistique de composition, parmi les langues bantu ; enraison essentiellement de la frquence leve de ses syllabes fermes, etcertaines de ses caractristiques phontiques comme lexistence de labio-vlaires39 . De son ct, P. Mba Abessole est encore plus ferme et dclare : le rcit de leur migration indique clairement leur pays dorigine. A partir del, il est bien vident quils [les origines du fang] nappartiennent pas augroupe bantou. Mais il faut retenir quil est en relation depuis longtemps avecles Bantous. De sorte que la langue quil parle aujourdhui a une typologie delangue bantoue dont elle se distingue cependant par certains phonmes quelon ne retrouve quen Afrique de lOuest ; il sagit, concernant lesconsonnes : des vlaires /nk/, /p/ ; des labio-vlaires : /kp/, /nkp/, /ngb/ et pource qui est des voyelles : du /W/ (le e muet franais) et de // (le u franais),dont le point darticulation est central40 . Il convient l de rappeler que P.Mba Abessole, reprenant les arguments dvelopps par H. Trilles, et Houisrattache la langue fang lgyptien ancien.

    Et pour dautres, la langue fang est indubitablement dorigine bantu, audemeurant, si lon se fie la classification de Guthrie (1953 et 1971), elle se

    36 P. Ondo-Mebiame, op. cit., p. 11.37 X. Cadet, op. cit., p. 276.38 Ibidem, p. 277.39 P. Ondo-Mebiame, op. cit.,p. 10.40 P. Mba Abessole, op. cit., p. 84.

  • 19

    classe dans la zone A du domaine bantu, dans le groupe 70 (Yaunde-FangGroup), et sous le sigle A. 7541.

    Quant moi, je pense que la langue fang, par le truchement des rcitsoraux, tels que le Mvett, les contes et lgendes ainsi que lhistoire de samigration montrent que ce peuple a vraiment vcu en gypte. Lusage dunom Pharaon dans le terme comparatif fang : ane Pharaon , enfranais, comme Pharaon, pour exprimer le comparatif dans le cadre dunlitige, dun pugilat, dune dispute, etc., est rvlateur. On dit : one me tane Pharaon, mabis ki, tu peux minjurier comme Pharaon, je mencontrebalance . Lemploi, donc, du nom Pharaon dans la langue fang nestpas fortuit, cela montre indubitablement et je laffirme que les Fangreviennent dgypte.

    Par ailleurs, certains documents chronologiques indiquent quelques datesde lhistoire migratoire fang. Certains historiens signalent que, ds le milieudu XIXe sicle, le peuple fang arrive en Afrique centrale et prcisment dansles rgions correspondant au Cameroun, Gabon, Guine quatoriale etCongo. Lhistorien franais, X. Cadet, dlimite, ce sujet, larrive des Fangau Gabon vers les annes 1848-186342. Ces dates varient selon les ouvrages.Au dire dA. Fourneau, les Fang sont arrivs au Gabon vers la seconde moitidu XVIIIe sicle, cest--dire en 1760; Trezenem quant lui place leur arrivedans le Moyen Ogoou (Gabon) au dbut XIXe sicle cest--dire en 1850prcisment ; lextrme pointe de leur pousse, ils atteignent la rgion deSett-Cama (abords de la lagune Sounga) vers 1890, attirs par les factoriesqui sy trouvaient alors43; sans occulter du Chaillu qui parle deux en 185644.

    Or, les conclusions des recherches archologiques menes par B. Clist,dans la province du Woleu-Ntem, au nord du Gabon, montrent que les Fang yont habit depuis le XVe et XVIIe sicles45. Lhistorien gabonais N. MetegheNnah soutient la mme thse dans son ouvrage intitul, Histoire du Gabondes origines nos jours46. Les travaux de P. Laburthe-Tolra dans, Les Saintsde la fort et ceux de Jan Vansina : Paths in the Rainforests, dans Brvehistoire de la Guine Equatoriale coordonn par M. Liniger-Goumaz,arrivrent la mme conclusion.

    D'autres explorateurs et anthropologues ont envisag l'hypothse,conforme la vulgate scientifique de l'poque, selon laquelle les Fangseraient des Blancs venus de la rgion des Grands lacs, voire du Haut Nil. Lamme anne, du Chaillu soutient avec intensit et vigueur que les Fangappartiennent une famille qui diffre de la race ngre du littoral, aussi

    41P. Ondo-Mebiame, op. cit., p. 9.42 X. Cadet, op. cit., p. 45.43 G. Balandier, Sociologie actuelle de lAfrique noire, Paris, Presse Universitaire de France,1963, p. 76.44 P. Mba Abessole, op. cit., p.18.45 B. Clist, Gabon : 100 00 ans dHistoire, Libreville, Spia, 1995, pp. 211-212.46 N. Meteghe Nnah, Histoire du Gabon des origines nos jours, Paris, LHarmattan, 2006, p.33.

  • 20

    bien que les autres tribus que j'avais dj vues47 . Il accentue : Les Fangsont les plus beaux ngres dAfrique quatoriale48 . Daprs Poutrin, lesstatistiques anthropomtriques montrent des taux trs levs debrachycphalie chez les Fang alors que les populations gabonaises seraientplutt dolichocphales. Sappuyant sur ces rsultats, Cottes revient surlidentit bantu des Fang et dfend leur supriorit sur les populationsgabonaises49. X. Cadet, son tour, dclare dans lintroduction de son ouvrageque : de toutes les populations dAfrique noire et particulirement duCongo franais, les Fang ou Pahouins sont les plus clbres. Alexemple des Ocaniens, Maori ou Marquisiens, ils exercent une trangefascination qui tient beaucoup au paradoxe entre, dun ct, la hauteesthtique de leur art que traduisent les audacieux partis pris stylistiques et,de lautre, la brutalit de leurs murs : on les dit cruels, froces, conqurantsanthropophages, descendus des rives du Nil jusquau Gabon en un fluxcontinu, exterminant ou assimilant les populations quils envahissent.Certains auteurs vont jusqu affirmer leur supriorit sur lensemble de la race ngre 50 . Larrive du peuple fang constitua, donc, un tournantdcisif sur le plan non seulement dmographique, politique, mais aussiconomique et culturel dans ces diffrents pays. Cette migration ne laissa pasindiffrents les Colons et les ethnies autochtones qui, jadis, vivaient dans cesterritoires nouvellement envahis.

    Aprs s'tre complaisamment attard sur le cannibalisme fang par lebiais des prjugs relatifs leurs mutilations corporelles (la taille des dents,scarifications, tatouages, etc.), leur force physique, etc., P. du Chaillu affirmeen 1863:

    Les Fang paraissaient tre le peuple le plus remarquable que j'eusseencore vu dans cette partie recule de l'Afrique. D'une couleur plusclaire qu'aucune des tribus de la cte, forts, grands, bien btis, ilstmoignent d'une grande activit; leur regard me semblait aussi plusintelligent que celui des Africains qui n'ont pas encore eu des rapportsavec les blancs51.

    P. Laburthe-Tolra et J.-P. Warnier pour leur part soulignent, propos dela symbolique des mutilations corporelles des Fang, quelles ont pour effetdinscrire (douloureusement) dans le corps la mmoire de linitiation, demarquer dans lordre naturel un vnement culturel. Leur but, poursuivent-ils, est de signifier la pubert sociale , lobtention du statut comportant lesdroits et devoirs des adultes, et non la pubert physique, par rapport laquelle le rite est souvent dcal dans un sens ou dans lautre. Pour

    47 F. Bernault, op. cit., p. 7.48 Du Chaillu, cit par X. Cadet, op. cit., p. 52.49 A. Cottes, La mission Cottes au Sud-Cameroun, (1905-1908), p. 99, cit par X. Cadet, op.cit., p. 268.50X. Cadet, op. cit., pp. 11-12.51F. Bernault: Dvoreurs de la nation: Les fang au Gabon . In: Coquery-Vidrovitch &Issiaka Mand, Etre tranger et migrant en Afrique au XXe sicle, Paris, lHarmattan, p. 6.

  • 21

    linitiation So des Bti, une mme promotion pouvait associer des petitsgarons impubres (de lge de sept ou huit ans) et des hommes de plus devingt ans dj maris52. Ctait, donc, par ignorance et tort que lon traitaitles Fang de cannibales , sous prtexte quils taillaient leur dentition pourla circonstance. Or, la taille des dents ntait quun fait culturel, li linitiation aux divers rites de passage et dintgration que lon retrouveencore de nos jours en pays fang.

    Tout lintrt port sur la comprhension et la connaissance des Fang,ds le XIXe sicle jusqu nos jours, se justifie galement par le nombre depublications faites sur eux aussi bien par les Africains que par lesOccidentaux. On y recense ainsi, prs mille publications environs, partant desarticles, ouvrages, thses de Doctorat, Mmoires, etc. Aussi, faut-il rapporterque les textes de plusieurs administrateurs europens, convertis enanthropologues amateurs, sont venus la rescousse des fantasmesmissionnaires en lacisant la lgende "hamitique" fang. C'est une premiretentative d'interprtation de la culture et la tradition fang juges trscomplexes.

    Alors, pousss par les invasions et les djihads islamiques, et aprs avoirtravers la Sanaga sur le pont providentiel au sujet duquel les rcits nesaccordent pas quant la nature de ce gu, ainsi que le souligne M.-R.Abomo-Maurin, les Fang dbarquent dans la rgion Nanga Eboko, appeleaussi de son nom originel Yom53. Pour sa part, J. Ki-Zerbo, dans son ouvrageHistoire de lAfrique Noire, cit par Paul Mba Abessole, dclare:

    Les Pahouins ou Fang, apparents aux Bti et Boulou et auxEwondo, sont venus du Nord-Est, peut-tre par suite delbranlement caus travers le Cameroun actuel par les vaguesPeul dOusman Dan Fodio. Ils traversent la Sanaga en sebousculant avec les Beti et senfoncent dans la fort. Il continue endisant que les Fang, qui fonaient vers le sud, Boulou marchantvers lOuest, et Ntoumou ou Fang intermdiaires54.

    Cest lissue des multiples soubresauts quil a connu durant cesdiffrents flux migratoires, notamment lors de lOdzamboga, que le peuplefang sest dissmin dans ce vaste territoire dAfrique centrale en assimilantdabord, dans ce processus, tous ceux quil rencontrait sur son chemin et ense fondant ensuite culturellement avec les peuples autochtones quipartagrent avec lui les mmes territoires. Trezenem, cit par GeorgesBalandier, estime que la plupart des lgendes situent trs loin, au nord-est, lepremier pays habit par les Fang ; pays qui possde une faune trs diffrentede celle du Gabon, qui est peupl par des hommes blancs disposant de

    52 P. Laburthe-Tolra, et J.-P. Warnier, Ethnologie Anthropologie, Paris, PUF, 1993.53 M.-R. Abomo-Maurin, Parlons Boulou langue bantou du Cameroun, Paris, LHarmattan,2006, pp.8-9.54 P. Mba Abessole, op. cit., p. 23.54 Idem.

  • 22

    chevaux et matres dans le travail du fer55. Il prcise que larrive dans largion forestire serait symbolise par la lgende, dite du trou de ladzap,indiquant lobligation o se trouvrent tous les groupes de migration depasser au travers dun trou creus dans larbre adzap56. Car, il y avait de partet dautre de cet arbre un prcipice, en langue fang Yee, qui barra le cheminaux fils dAfiri Kara. Il fallait donc que ces derniers frayassent un chemin aumilieu de larbre afin de continuer leur odysse vers la terre promise. Cettelgende, tel que lvoque le Guino quatorien J. Bibang Oyee, a forg lecaractre belliqueux des Fang et a favoris une meilleure prservation de leurreligiosit, notamment, le culte byer ou (biri). Au-del des rcits livresquesprsentant la culture et la tradition fang de faon panoramique, nonobstant,laxe principal de sa religiosit est bas sur le culte des Anctres. En effet, Leculte Byer est rendu aux mnes des anctres par le truchement de leurscrnes. Il imposait un autel par nde bot prminent, tabli dans la case delan , Ntol fam ou aux abords immdiats de celle-ci. Il requerrait dessacrifices (rguliers et circonstanciels) et demandait tre consult avanttoute action dintrt commun57.

    Pour ce qui concerne les mouvements migratoires des Fang, dulu, ilconvient de noter que plusieurs consquences funestes sobservrent, savoir : la perte des vies humaines affrente la guerre et la dislocation de lafamille dAfiri kara, leur anctre. Assurment, cest Odzamboga que les sixfamilles comprenant les six fils dAfiri Kara, en particulier, Fang Afiri,Ntumu Afiri, Bulu Afiri, Nkign Afiri, Okak Afiri ainsi que les jumeaux Mevu-me-Afiri et Nden Afiri, qui formrent les deux une seule famille, sefragmentrent une fois pour toute. Ils se sparrent aprs avoir fray unchemin lintrieur de ladzap. Nkign Afiri, quant lui, dcida de sedsolidariser de ses cinq frres aprs leur avoir montr le chemin de la terrepromise58. Grce aux guerres sanglantes et la razzia, le peuple fangconstruisit une personnalit ainsi quune rputation de guerrier. Cest doncun peuple qui vivait de guerres. La plus populaire dentre elles, cest--direcelle qui est reste dans les mmoires collectives, cest la guerre fratricideque les historiens et les Fang appellent communment lOban. Elle eut lieuvers les annes 1885-189559 et opposa les Bulu et Ewondo aux Ntumu,Mvgn et Okak60.

    Caractriss par leur nomadisme pendant leur migration, ladministrationcoloniale se heurta longtemps ce quelle nomme la manie migratoire desFang61. Il faut penser que les migrations travers le Gabon sont les plus

    55 G. Balandier, op. cit., p. 76.56 Ibidem, p.77.57 Ibidem, p. 143.58 Ondua Enguru Dulu Bong Be Afrikara (1954-1973). Traduit en espagnol par le Guino-quatorien Julin Bibang Oyee, sous le titre: La Migracin fang, vila, Editorial Malamba,(1995), pp. 55-61.59 Ibidem, p. 119.60 P. Laburthe Tolra, Christiane Falgayrettes Leveau et Gnter Tessmann, op. cit., p. 182.61 G. Balandier, op.cit., p. 130.

  • 23

    rcentes (sans doute le point de dpart dune phase nouvelle destine uneplus grande amplitude) et que lOgoou ne reprsente la limite du pays fang(en ralit le front avanc de ce peuple) quen raison de loccupationfranaise. Les Fang nont renonc que tardivement une politique deconqute laquelle ils excellaient du fait de leur valeur combattante et deleur capacit assimilatrice62. Jusqu la veille de 1914, ladministration sestheurte des associations guerrires, les Bizima, oprant aux abords de larivire Okano Mitzic. Selon Balandier, il est certain que les Fang ontlongtemps fait pression pour accaparer et contrler les routes et les centres dela traite anciennement tablis; les lgendes qui lient une marche verslOuest, la dcouverte des vritables richesses, le montrent. Ds le milieu duXIXe sicle, lexplorateur du Chaillu observe comment cette pressionguerrire est complte par une conqute pacifique, la faveur dalliances formes par les mariages avec les trangers. Et le Dr Cureau,cit par Balandier, constate cinquante ans plus tard, que le contrle ducommerce de lOgoou est pass sous la coupe des populations fang63 .

    Pour mieux conforter leur domination et leur unit, les Fang de la sous-rgion de lAfrique centrale se runirent Mitzic, dans le quartier dnommFeck Sole, en franais, la stratgie est cache , en 1947, lors dun Congrsqui porta son nom et quon appela aussi, Elat Meyong ou lUnifang, afin detrouver des solutions aux diffrentes revendications des populations. Celles-ci tournrent autour dune politique sanitaire et dun enseignement delhygine, dsir de contrler puis de consolider la famille ainsi quuneforte raction face ltat moderne de la socit fang, la tentation du retour un pass o tout tait mieux, o il y avait beaucoup dhommes et beaucoupdenfants ; ces revendications exprimrent la tendance la contre-acculturation64 , le retour aux sources, aux murs de leurs Anctres ; laprservation de leur unit, lagnosse, lobangam et de leur code moral, etc.,cf. article intgral sur les sites : Monefang.com, lUnifang et celui delhistoire des Fang de Mitzic.

    Quant leur culture, particulirement la danse ainsi que le chant, elleconstitue un rpertoire traditionnel riche et vari. La danse, en fang abokh,est pour le fang la mmoire du temps, la chronique des vnements, lejournal quotidien65 ; elle est quelque chose qui se transmet de personne personne, de personne groupe, de groupe groupe66. Citons par exemple lefanki, lesana, lakom, lakoma mba, le nlup, lomias, lozila, le mengan, lengon ntang, llugh mengang, engem, etc., qui sont des danses trspopulaires chez les Fang. Pour ce qui se rapporte au chant, il est uneinvitation au voyage, une exploration du temps, il est larchologie dune

    62G. Balandier, op.cit., p. 130.63Idem.64 Ibidem, p 101.65 P. Nguema Obam, Fang du Gabon. Les tambours de la tradition, Paris, Karthala, 2005, p.43.66 Ibidem, p. 40.

  • 24

    mmoire, le pass et le prsent y sont dpeints en un langage dont lopacitest de toute beaut67. Les chants affrents lamour, lenfant et ceux ayanttrait la vie quotidienne; lpope notamment celle du Mvett ainsi que tousles autres rfrents culturels constituent, de faon gnrale, le moyen parlequel la culture fang a pu survivre et se transmettre jusqu lheure actuelle.Toutefois, nous pouvons attester sans quivoque que la prgnance deleschatologie chrtienne, ds le dbut de la colonisation, a fait en sorte queles Fang acceptent la religion chrtienne plus de 80% et lanimismeperdant, ainsi, de plus en plus de fidles. Cest dire en bref que nonobstant lavulgarisation des religions dites chrtiennes, les Fang ont quasiment gard lesfondements de leur culture et tradition. Pour comprendre lorigine de lasauvegarde de la culture fang, il faut aller se ressourcer dans sa socittraditionnelle. Pour ce faire, P.-C. Zeng Ebome rappelle que : cette socita une histoire. Elle vit une autre histoire aujourdhui. Elle est en butte descontradictions, des incohrences sur le plan culturel. Je veux dire sur leplan social. Nous sommes en butte des agressions, le terme agression nedoit pas tre pris au sens littral. Tout peuple subit des agressions conscientesou inconscientes en raison de son ouverture au monde. Et il se trouvemalheureusement que certaines socits ont dvelopp des moyens deprotection plus importants et plus sophistiqus que dautres. Or nous sommesencore dans cette phase dexpectative ou dinterrogation : qui sommes-nousaujourdhui ? Est-ce que nous sommes des Occidentaux dont nous avonsappris la langue, les coutumes, lhistoire ? Sommes-nous encore desAfricains avec quelque chose de spcifique apporter au monde ? Nous ensommes encore ce questionnement. Le parti que moi je prends est de dire :nous avons une civilisation mais qui ne sera pas, loin de l, sans tache, parcequelle reoit, comme je lai dit tout lheure, des influences, des agressionsconscientes ou inconscientes. Mais puisque nous laimons, nous devonsmontrer sa spcificit, pour quelle puisse participer la construction dununiversalisme culturel. Pour quelle survive68.

    Loccidentalisation du peuple fang, par le biais de la destruction deses traditions et croyances, par limposition de la religion chrtienne, de lalangue, des us et coutumes du colonisateur, ainsi que toutes les tentativesvisant le dpersonnaliser aussi bien physiquement que moralement ontmontr trs tt leurs limites. Cet ouvrage est donc un parfait exemple en vuedillustrer lnorme travail qui reste encore faire en rapport avec lareconnaissance de la langue fang comme le moyen par lequel lhritagetraditionnel sest transmis et doit continuer se transmettre au fil des annes.Cest grce lintrt capital que revt cette langue en Afrique centrale quejai tent de cerner la porte sociologique, anthropologique et symbolique dece manuel au regard du nombre de locuteurs qui na cess daugmenter cesquatre dernires dcennies.

    67 M. Mv Bekale, Pierre-Claver Zeng et lart potique fang, esquisse dunehermneutique, Paris, LHarmattan, 2001, p. 21.68 M. Mv Bekale, op. cit., pp. 102-103.

  • 25

    Importance de la langue fang en Afrique centrale

    Lespace habit par les Fang stend sur une superficie de 18 000 km: dela moyenne Sanaga (430 N) lembouchure de lOgoou (120.5) en latitude,et de lAtlantique (9.30 E) la moyenne Sanaga (14 E) en longitude69. Quantaux travaux de Gnter Tessmann, le pays des Pahouins est situ sur la cteoccidentale de lAfrique, entre le premier degr de latitude sud et lecinquime degr de latitude nord, entre le neuvime et le quatorzime degrde longitude est70. Il couvre environ 176 600 km, soit un espacecorrespondant au tiers de lancien empire allemand. Eu gard la visioncoloniale, il est rattach dans sa partie nord lancien protectorat allemand duCameroun, dans sa partie sud la colonie du Gabon (Afrique quatorialeFranaise (A.E.F.), ancien Congo franais). Un secteur de la partie sud delancien territoire allemand, depuis la cte jusquau onzime degr delongitude se trouve sous la souverainet espagnole et porte le nom de Guineespagnole, actuelle Guine quatoriale. La partie de la rgion pahouinerattache au Cameroun couvre 94 000 km71. Face la grandeur de ceterritoire, le nombre de locuteurs fang est aussi considrable, surtout, si lonse rfre aux diffrents pays dans lesquels se trouvent les Fang.

    En effet, la langue fang est parle dans cinq pays dAfrique centrale,cest--dire : le Gabon, Cameroun, Guine Equatoriale, Congo et So Tomet Principe. Daprs P. Ondo-Mebiame :

    En effet, les communauts humaines occupant le Sud du Cameroun,un pan de la frontire nord-ouest du Congo/Gabon, la moiti nord duGabon, et toute la moiti est de la Guine Equatoriale, peuvent tredites constituer une unit linguistique de composition car, il y a uneparfaite intercomprhension entre elles72.

    Cela constitue un gros avantage dans le cadre de linternationalisation decelle-ci dans la sous-rgion. Le chiffre indiquant le nombre exact de seslocuteurs varie selon les sources. Daprs, P. Alexandre et J. Binet : Onarrive ainsi des totaux variant entre 650 000 et 1 500 000 Pahouins, avec unindice diffrentiel nettement positif ou nettement ngatif suivant lesauteurs73 . J. Binet continue en disant : ma propre estimation, environ 820000 ne tient compte que des Pahouins au sens troit, en laissant de ct lestribus dont lappartenance est conteste74 . Il termine en ces termes : lebulu est devenu la langue commerciale de la rgion de Kribi. En GuineEspagnole, fang et bulu servent de langue commune aux immigrants venant

    69 P. Mba Abessole, op. cit., p. 15.70 P. Laburthe Tolra, Christiane Falgayrettes Leveau et Gnter Tessmann, Fang, Paris, Ed.Dapper, 2001, p. 177.71 Idem.72 P. Ondo-Mebiame, op. cit., p. 9.73P. Alexandre et J. Binet, le groupe dit Pahouin (Fang-Boulou-Bti), Paris, LHarmattan,2005 p. 12.74 Idem.

  • 26

    des territoires franais. Au Gabon, des dialectes Myn reculent devant lefang, de plus en plus utilis jusquau chemin de fer Congo Ocan. Dans lesgrandes villes Douala, Yaound, Libreville, Port-Gentil et mme Dolisie desdialectes pahouins sont utiliss par des immigrants appartenant dautresgroupes linguistiques 75 . Or, si nous prenons en compte ces diffrentestribus fang dont on laisse volontairement de ct pour des raisons souventesfois politiques, alors, selon lextrait de louvrage intitul: GuineEquatoriale : Cadre Naturel, conomique et socioculturel, de lEconomiste& Informaticien J. Manene Nsogo, la population fang stendrait un totalde 5 260 900 locuteurs. H. Trilles, la suite de sa mission au Nord-Gabon etde la pntration allemande au Cameroun, nhsite pas runir sous le termeFang tous les groupes qui leur sont apparents du point de vue linguistique et avancer le chiffre de plus de dix millions pour lensemble, dpassant ainsitoutes les estimations prcdentes76. Par consquent, la langue fang serait lalangue la plus parle de lAfrique centrale en fonction du critrium territorialet dmographique.

    Pour ce qui a trait la bibliographie, il ny a quasiment pas de manueldidactique de la langue fang. Seulement, le Dictionnaire de Samuel Galley;lopuscule Elments de grammaire fang de lAbb A. Raponda Walker; lemanuel de linguistique de P. Ondo-Mebiame, Essai sur les constituantssyntaxiques du fp-qtm ; quelques thses soutenues ci et l, mais rangesmalheureusement dans les tiroirs par leurs diffrents auteurs sans pour autantles publier demeurent, plus ou moins, les seuls documents, sur le march,susceptibles dapporter quelques rponses sur les questions linguistiques dufang. Nanmoins, jai toujours t confront ce sempiternel problme demanque de sources bibliographiques sur la langue fang de faon gnrale. Parconsquent, ntant pas spcialiste de ces questions, je le serine, ce manuelcontribuera, manifestement, lapprentissage du fang partir de saconjugaison. Il est simple, lmentaire et vise toutes les couches sociales.

    Sur le plan structurel, ceux qui ont t en contact avec la langue fang sontaussi bien convaincus que moi quelle possde une multitude de parlers tantdonn la diversit des prononciations qui existe entre ses divers groupes etsous-groupes (Zamane, Bene, Okak, Mek, Ntumu, Mvgn, etc.). PourRaponda Walker, le groupe linguistique fang se subdivise principalement enhuit sous-groupes, savoir : Betsi, Ntum (Ntumu), Bule (Bulu), Ewondo,Fong, Nzamane, Mk et Bakwl77. Louvrage de Guthrie intitul, Theclassification of Bantu languages publi en 1948 montre que le groupePahouin compte sept dialectes, dont trois principaux, Alexandre et Binet nendcrivent que les points communs, gommant, dit X. Cadet, les diffrences enles rduisant des particularismes secondaires78. Cette forte

    75 Ibidem, p. 19.76X. Cadet, op. cit., p. 262.77 A. Raponda Walker, Elments de Grammaire Fang, Libreville, ditions Raponda Walker,1995, p. 3.78 X. Cadet, op. cit., p. 283.

  • 27

    dialectalisation que la langue fang connait en son sein, a conduit lelinguiste gabonais J. Kwenzi-Mikaka infrer, son niveau, que lalittrature produite sur le peuple f+ et lidiome qui lui sert de mdium decommunication signalent la prsence de six dialectes en son sein79 .

    En effet, la cause fondamentale de cette diversit de parlers fang seraitnon seulement sa cohabitation avec dautres peuples bantu mais aussi desinfluences exognes lies aux innombrables pripties rencontres pendantleur migration. Cela ma paru une proccupation norme, celle qui a consist la recherche dune prononciation standardise qui ferait lunanimit desdiffrents locuteurs. Cest le fruit dune rflexion abyssale et dune analyseardue que jai mene au cours de llaboration de ce travail. Car, tel que le ditP.-C. Zeng, le fang est une langue majeure qui doit tre parle, crite, chantede faon srieuse80. Cela dit, pour illustrer cette difficult trouver uneprononciation uniforme, choisissons le mot : homme dont laprononciation varie selon que lon se trouve en Guine Equatoriale, auCameroun, au Congo ou au Gabon.

    Ainsi, les Ntumus et les Meks appellent Mot, les Zamanes prononcentMur ou Mour, les Mvgn quant eux disent Mor, les Okak et atsi leur tourle dsignent par Mort et les Bene lappellent Mr, etc. Pour ce faire, dans lesouci de rendre la langue fang plus accessible et intelligible, il ma semblutile de choisir la dnomination Mot, qui rpond lorigine de lappellationdes langues dites bantu ou semi bantu, qui dsignent ltre humain ausingulier, daprs J. Kwenzi-Mikala et S. Souindoula, cit par le professeurN. Ngou Mv, par Mu-ntu et Ba-ntu au pluriel81. Autre exemple, lesragots se disent en fang okak, mek, mvgn, bikobekobe82, bidzdz oubitt , cependant, les Ntumu de Bitam disent, bikbokbo, bititi, etbidzdz , les Zamanes disent bikobekobe, bitietie, bidzuedzue , etc. Laprononciation varie selon la rgion, le dialecte et le pays. Jai donc opt pourla dnomination bikobekobe parce quelle est la plus rpandue en paysfang. De plus, il ma paru essentiel de souligner que la langue fang est dunegrande complexit notamment pour la subtilit de sa prononciation quiconnat plusieurs accents toniques, loppos du franais monotone83.

    Ainsi, un accent mal plac ou une voyelle mal prononce (ouverte ouferme) peuvent donner lieu une dformation du sens de la phrase ou dumot. Mme Trilles, mentionne X. Cadet, qui pourtant produit dimportantsefforts pour apprendre la langue se fait railler par ses htes alors quil tentede sexprimer dans leur langue84. Cest dire combien la prononciation desmots joue un rle crucial dans lapprentissage du fang. Je le ritre, un motmal prononc en fang, change compltement de sens et de signification.

    79 P. Ondo-Mebiame, op. cit., p. 7.80 M. Mv Bekale, Pierre-Claver Zeng, op. cit., p. 105.81 N. Ngou Mv, LAfrique bantu dans la colonisation du Mexique (1596-1640), Libreville,CICIBA, 1995, p. 15.82 L. Bacale Andeme, Vocabulario castellano- fang-catal, Huesca, HU-160/99,1999, p. 13.83 X. Cadet, op. cit., p. 254.84 Ibidem, p. 277.

  • 28

    Voyons en guise dillustration, la prononciation du vocable zam : zm (lalpre ou le palmier raphia), zm (le got, le plaisir), za-me (viens me) etZame (Dieu).

    En somme, les lecteurs verront dans cet ouvrage linfluence de mesorigines ntumu dOyem, au village Mefoup, Canton Bissok du ct maternelet mon hritage okak et atsi, du village Miang, Canton Lalara 100km deMitzic, mes origines paternelles, dans la transcription des mots. Car, lapopulation de Mitzic utilise un parler hybride, issu de latsi, du ntumu, et delokak, daprs les infrences des travaux de Flagel, Ondo, Ondo-Mebiame etMedjo Mv ; cependant, le Mmoire de Matrise soutenu par P. NsimeNnang en 2007 vient trancher, pour ne retenir que latsi majoritairement etlokak85. Cette double identification ma certainement influenc lorsquilsest agi dillustrer les verbes simples et composs et autres expressionsidiomatiques tout au long de ce travail. Cependant, la mthodologie choisieainsi que lintrt accord la thmatique qui fait lobjet de notre tudedoivent participer la valorisation de ce travail.

    85 P. Ondo-Mebiame, op. cit.,p. 17.

  • 29

    Mthodologie et intrt culturel dumanuel

    Pour une meilleure laboration de ce projet, jai prfr unemthodologie qui consiste en une transposition des systmes linguistiques dela langue franaise vers la langue fang. Le choix de cette translittration, dansce manuel, concourrait ce que tous les francophiles apprissent aisment laconjugaison fang sans y prouver trop de difficults.

    Par ailleurs, lintrt culturel et scientifique de ce travail est celui delutter contre la recrudescence de lalination culturelle qui caractrise, de nosjours, la jeunesse africaine de faon gnrale. Une jeunesse qui cherche desrepres et qui se cherche entre la tradition et la modernit. En somme, monbut ici nest pas dopposer la tradition la modernit, mais plutt, comme lecorrobore Aim Csaire de souligner linteraction entre ces deux champs, lacoexistence de traditions dans la modernit, comme la possibilit davoir unemodernit travaille par la tradition86. Malheureusement, lalinationculturelle fait en sorte que, pour ces jeunes africains, lincorporation desmodles de vie dicts par lOccident deviennent pour eux un moyendintgration sociale, de rappropriation dun monde qui chappe, de prendrepossession de soi et de se restituer leur souverainet personnelle. Toujoursdans la mme optique, le sociologue gabonais P. Nguema Obam, propos delalination des jeunes Africains qui ngligent de plus en plus leurs langues,nous livre cette rflexion:

    Les jeunes Africains des villes connaissent de moins en moins bienla langue de leurs grands-parents. Ils pourront toujours se direAfricains quant la couleur de leur peau. Mais il leur manqueratoujours cette chance de pouvoir penser, se comprendre dans lalangue qui, pour eux, vient du fond des ges, charge de mystreset de sagesse. [] Celui qui ne connat pas la langue de sesanctres est coup de son pass et nest jamais tout fait lui-mme87.

    Ces jeunes, qui, par mimtisme des valeurs occidentales, mlangent tout,sans pour autant faire le tri entre ce qui est conciliable avec leur volutionsociale et culturelle et ce qui ne lest pas. Ce processus mimtique estperformatif dans la mesure o il influe directement sur leur comportement defaon rejeter leurs particularismes somatiques, phnotypiques et culturels.Ce qui les conduit irrfutablement sinterroger sans cesse sur leur identit,leur rapport au monde et leur histoire. Nombre dentre eux dnigrent lescroyances et traditions ancestrales, ils les rejettent systmatiquement, parceque disent-ils, elles ne concordent plus avec les ralits actuelles. Ils lesqualifient danachroniques, darrires et de dsutes. Ils oublient que ltrehumain enrichit son patrimoine culturel en changeant avec le mondeextrieur, et non en salinant, ou en sassimilant culturellement. Cest

    86 A. Csaire, Ngre je suis, ngre je resterai, Paris, Albin Michel, 2005, p. 85.87 P. Nguema Obam, op. cit., p. 120.

  • 30

    pourquoi C. Wulf nous signifie que : la formation de soi et la confrontationavec lextrieur ont leur origine dans le mme systme : le monde extrieur etle monde intrieur sont ajusts lun lautre, en continuit lun avec lautre,et ne peuvent tre expriments que dans des relations dchanges mutuels.Des ressemblances ou des correspondances naissent entre lintrieur etlextrieur, des rapports mimtiques se forment entre eux. Les hommesentrent dans des comportements de ressemblance avec le monde extrieur etse transforment eux-mmes au cours de ce processus, transformant du mmecoup leur perception du monde extrieur et la perception quils ont deux-mmes88 . En effet, pour aborder dans le mme sens, B. Mv Ondo nousrappelle que tout homme cherche toujours se comparer dans son tre et danssa collectivit, se dmarquer pour mieux se faire reconnatre, secomprendre et comprendre do il vient pour mieux apprhender o il enest aujourdhui. Mais cette dmarche, raffirme-t-il, est toujours complexe,multiforme, jamais acheve et naturellement idologique. Elle procde parallers et retours, fige certains repres et en passe dautres sous silence. Bref,elle idalise, mythifie et transforme89.

    En parlant singulirement des jeunes Fang, P. Mba Abessole fait le mmeconstat en notifiant que : beaucoup de jeunes Fang, ne savent plus parlerleur langue, surtout ceux de la diaspora90 . Tous ces jeunes connaissent unecrise identitaire trs profonde, ils sont, pour ainsi dire, en conflit permanentavec eux-mmes et ne savent plus comment concilier leur culture de dpart,cest--dire lafricaine et leur culture darrive, loccidentale. Au regard decette lutte intrieure qui se produit entre ces deux entits, nombreux sontceux qui optent pour la culture la plus en vue, cherchant dans le mme temps oblitrer la moins prise. Sans vouloir brocarder au terme identit sonamphibologie smantique, je me limiterai uniquement son sens profond telque le mentionne M. Edmond: lidentit oscille entre la similitude et ladiffrence, entre ce qui fait de nous une individualit singulire et qui dans lemme temps nous rend semblables aux autres. La psychologie montre bienque lidentit se construit dans un double mouvement dassimilation et dediffrentiation, didentification aux autres et de distinction par rapport eux91.

    Et dans lidentit, comme le souligne lhistorien burkinab J. Ki-Zerbo, la langue compte beaucoup. Daprs lui, la lente asphyxie des languesafricaines serait dramatique, ce serait la descente aux enfers, pour lidentitafricaine92. Il affirme quun peuple sans identit, est un objet de lhistoire, un

    88C. Wulf, Une anthropologie historique et culturelle, rituels, mimsis sociale etperformativit, Paris, Tradre, 2007, p. 79.89 J.-M. Aubame, Les Bti du Gabon et dailleurs, Tome I, Sites, parcours et structures, Paris,LHarmattan, 2002, p. 15.90 P. Mba Abessole, op. cit., p. 33.91 M. Edmond : La construction identitaire de lindividu , in, Catherine Halpern et Jean-Claude Ruano-Borbalan, Identit (s), Auxerre, Ed. Sciences Humaines, 2004, p. 34.92 J. Ki-Zerbo, quand lAfrique ? Gmenos, ditions de lAube, 2003, p. 10.

  • 31

    instrument utilis par les autres : un ustensile93. A ce propos, ce sage africainprconise quil faut infrastructurer nos cultures . Car, conclut-il, uneculture sans base matrielle et logistique nest que vent qui passe94. Audemeurant, certains auteurs, plus hardis, ont essay de se pntrer de laculture ngro-africaine, mais se sont heurts une srie dobstacles plus oumoins infranchissables : cadres, religions, langues, manque de documentshistoriques, traditions essentiellement orales aux formes dexpression trscomplexes95 Pour tayer les allgations de J. Ki-Zerbo, P. MbaAbessole note que : de mme quun homme ne peut pas vivre sans maison,de mme il ne peut pas bien vivre sans savoir parler sa langue96 . Toujoursdans la mme perspective, M. Mv Bekale recommande que nous devionsprserver nos identits dans un esprit douverture dautres civilisations afinde clbrer le mtissage des cultures, en ces termes :

    En parlant de la prservation des identits premires, [] Ilconvient de prciser que la prservation ne signifie pas la qutehitlrienne dune puret absolue et meurtrire ; elle doit se raliserdans linterpntration, la fusion, le mtissage, afin de prvenir lescrises existentielles quengendrerait un effacement de lidentitpremire97.

    Pour . Glissant : une des beauts du mtissage est que lintrt de sesmlanges est toujours venir. Il ne sert rien de rcapituler ou danalyser,sauf des fins pratiques, les rsultats dun mtissage. Le bonheur est dans leprocessus lui-mme et dans les promesses quil fait natre et quil entretient.Autrement dit, les crolisations , ces inattendus de tous les mlanges et detous les contacts, sont laccomplissement des emprises du mtissage98. Cestpourquoi les crolisations sont si difficiles connatre, et leurs processusdabord si pnible accepter. Quand le tout est mal peru, il nous faut passerpar lexaltation lgitime et dvorante des composantes99 .

    Tout ceci revient dire que tout Africain devrait de prs ou de loinapporter sa pierre ldification de son patrimoine culturel ainsi que pour laprservation de son identit par le truchement des langues ancestrales. A ceteffet, le Pre P. Mba Abessole nous remmore que nos cultures ressemblent des vases casss dont il faut retrouver et recoller les diffrents morceaux.Chacun en dtient un et que leur assemblage est urgent. Nous ne pouvons pasattendre, termine-t-il, que dautres le fassent notre place parce que noussommes, plus que quiconque, habilits parler de nous-mmes100.

    93J. Ki-Zerbo, op., cit., p. 10.94 Ibidem, p. 11.95 T. Ndong Ndoutoume, Le Mvett poppe fang tome I, Paris, Prsence africaine, 1970premire dition et 1983 seconde dition, p. 9.96 P. Mba Abessole, op. cit., p. 33.97 M. Mv Bekale, Gabon : La postcolonie en dbat, Paris, LHarmattan, 2003, p. 30.98 . Glissant, Mmoires des Esclavages, Paris, Gallimard, 2007, p. 89.99Ibidem, p. 92.100 P. Mba Abessole, op. cit., p. 92.

  • 32

    En outre, la monte indniable de la langue franaise en Afriquefrancophone ma permis de traduire chaque fois les exemples en franaisafin de faciliter la comprhension de nos lecteurs. Dans le but duniformiserlcriture de la langue fang, jai tent de proposer aux lecteurs un modlerelativement acadmique, standard, car jai personnellement remarqu quechaque Fang crit cette langue selon sa sensibilit phontique etphonologique. Vous trouverez, ainsi, dans cette tude, mon souci de rendre lalangue fang moins hermtique et moins rigide.

    Aussi, convient-il de souligner que lapprentissage de la langue fangaujourdhui dans certains lyces et collges africains a constitu, pour mapart, une source de motivation supplmentaire. Son alphabet, jusqu prsent,se compose des lettres quelque peu difficiles crire et prononcer, surtoutpour ce qui est des non Fang. Cest pour cette raison que les phonmes ny, p, s ont t moins usits au profit de ng, gn, g, ss . En revanche, jaiconserv dautres phonmes et voyelles tels que pw, bw, kw, , u afin derespecter les particularismes et loriginalit de cette langue. Etant donn quetoute culture volue, la langue fang a galement volu, la preuve en estquelle possde, lheure actuelle, une kyrielle demprunts dautreslangues, tant occidentales que bantu. Cependant, comme le soulignent P.Alexandre et J. Binet, si la langue fang sest enrichie dapports europens etafricains non pahouins, il semble quelle se soit en mme temps appauvrie decertaines nuances de sens, de termes techniques ou religieux, de tournureslittraires ou potiques anciennes, ceci en grande partie sous linfluenceeuropenne, cause de la scolarisation en particulier101. La christianisation etlenseignement scolaire colonial ont, en faisant reculer ou en dtruisantlducation traditionnelle, entran une dtrioration certaine de la langue102.Cest en partie ma principale proccupation, celle qui consiste sauver lesquelques vocables qui restent encore en vigueur dans le parler fang actuelafin de parvenir la survie de celui-ci et de pouvoir le transmettre lapostrit.

    En consquence, B. Mv-Ondo attire notre attention lorsquil prcisequtre un homme accompli, cest reconqurir lunit dans la hirarchie desvaleurs constitutives de ltre. Lhomme, mentionne-t-il, condamn vivredivis au plus profond de lui-mme cause dune activit quil ne matriseplus ou pas parfaitement, doit, sans se lasser, consacrer son existence seredonner cette unit qui lui chappe. Le sens de sa vie, termine-t-il, il ne peutle trouver que dans cette qute et non pas dans limmobilisme qui est le signede la mort spirituelle103.

    101 P. Alexandre et J. Binet, Le groupe dit Pahouin (Fang-Boulou-Bti), Paris, LHarmattan,2005, p. 21.102 Idem.103 B. Mv Ondo, Sagesse et initiation travers les contes, mythes et lgendes fang, Paris,LHarmattan, 2007, p. 28.

  • 33

    I-ORTHOGRAPHE ET PHONETIQUE

    1- criture :Le fang emploie lalphabet latin. Il est compos des lettres simples et des

    lettres composes.

    Les voyelles sont :

    A, E, , , , I, , , O, U

    Les consonnes sont:

    B, D, F, G, H, K, L, M, N, P, R, S, T, V, W, Y, Z.

    NB : Toutes les consonnes en fin de mots se prononcent, lexception desmots se terminant par un g , qui se prononcent : + . Exemples :fang, alang, abeng, along, kng, etc.

    Les lettres composes sont :

    NY (GN), GH, KH, PW, BW, KW,

    2-Prononciation des lettres

    Les voyelles orales :

    A, se prononce comme en franais atome., correspond aux sons (, ai, er, et, ez), exemple : apport., se lit comme (, , ais, ait, aient, aie), exemple : tait.I se lit comme dans Italie., correspond au u franais, de jai lu.E, runit dans une seule lettre au moins deux sons diffrents : dans megnu (laboisson), le e se prononce comme en anglais order ; et dans avle, le e estmuet [f].O, se prononce comme en franais or, ordre. Cest un o qui est ouvert., se prononce comme en franais dos, beau. Cest un fermU, se prononce comme le ou franais, de (mou) ; il est plus ou moins sourd etferm suivant la consonne qui le prcde. Plac aprs les consonnesexplosives, il est accompagn dun sifflement, par exemple aprs le f, v, w, etl, il est davantage ferm : fu [fou] (morceau de viande), avume [avoume](souffler), awume [awoume] (louer), alugh [aloukh] (marier), nfunga[nfounga] (le vent). Plac aprs ny il est si ferm quon croit entendre un ufranais : anyu ou agnu (bouche). Enfin lorsque le u est prcd de m, on

  • 34

    peut dire quil est tout fait ferm et indistinct ; la bouche ferme prononcemm : mu (aujourdhui).

    Les voyelles nasales :

    Ing, se lit comme dans camping.Eng, se dit comme dans le nom chinois Zeng, le e tant muet.Ang, se dit comme dans Zang, mais attention le g final se prononce trslgrement, il ne faut surtout pas lappuyer, il correspond : + .Ung, se dit comme dans samsung.

    La voyelle i prend gnralement un accent circonflexe quand elle devientsifflante avec les cinq consonnes : b, f, g, k et v : b, f, k et v.

    Les consonnes

    Les consonnes b, d, f, h, k, l, m, n, p, t, v, se prononcent comme en franais.Le g et le s sont toujours durs.N et M en dbut de mot se prononcent comme le e franais.Z se prononce comme en franais, zro.S, se lit comme ss dans sage.

    Les semi-consonnes :

    Y et W constituent deux sons qui se rapprochent des deux voyelles i et u. Wse prononce comme en anglais dans what. Et le Y se prononce comme paille,ailleurs, hier.

    Les consonnes combines:

    PW, BW et KW sont des sons bilabiaux.Exemples :Bw se lit comme dans loi (abwar mengop : mettre les chaussures).Kw se lit aussi comme dans bois (Befam be bawulu y akwa be nvokhkang: ce sont des hommes qui se promnent avec le chasse-mouches chezles Fang).Pw cette consonne na aucune quivalence en langue latine : (apwegle mot :se moquer de quelquun).Gh est un son guttural doux, son quivalent franais est gue, dans mangue.Kh, est un son guttural fort, il correspond au que de attaque.Ny est le gn franais. Pour des raisons phontiques, le son gn existe aussi enfang agnng (prendre).SS, se lit en fang comme :Messe, (je ne suis pas), se prononce en deux temps(me-se), [mf-sf] et non messe en un seul temps comme dans la messe en

  • 35

    franais. De mme que Mene, (je suis), se prononce en deux temps commececi : (me-ne), [mf-nf].TS, est linguo-dental (tsit : animal).

    La tonalit

    Le fang est une langue tons. Laccent tonique y est trs important. Dansla comprhension des vocables, les tons nous permettent de faire la diffrenceentre les homophones et les paronymes. Car certains mots sont toujours ditssur un ton plus lev que le reste du discours, et dautres sur un ton plus bas.Cest ce qui nous a pouss corroborer lanalyse de A. Raponda Walker quidit quon peut distinguer, en fang, trois types de tons : un ton moyen (recto-tono), un ton haut (plus ou moins lev), un ton bas, qui admet aussi,plusieurs degrs104. Cela aide, pour ce faire, distinguer des homonymes. Ilserait videmment trs utile dindiquer ces diffrences dans lcriture. Leshomonymes sont trs nombreux cause de la chute de beaucoup de prfixeset de suffixes. Il parat, donc, trs dlicat de donner une rgle pour un accent.La pratique de cette langue est, cet effet, conseille. Dans ce manuel deconjugaison fang, jai essay de donner chaque mot sa tonalit, du moins latonalit de la syllabe la plus importante du mot. Pour cela, nous avons utilisles trois signes : ^ est la marque dun ton moyen, ` est la marque dunton bas ou descendant et est la marque dun ton haut ou montant.Exemples : av (tarir), al (appeler) et bidzaghne (mangeons).

    Laccentuation

    En fang, lorsquun mot a deux syllabes, le ton est marqu sur la premiresyllabe :Exemple : Agnu [A-gnu] (boire), laccent retombe sur le a .

    Cependant, les mots qui se terminent par une consonne ont toujourslaccent sur la dernire syllabe qui est le radical :Exemple : Abkh [A-bkh], obeng [o-beng], nkatt [n-katt], oyn [o-yn],lam [-lam], oyap [o-yap], etc.

    Sur un mot trois syllabes, le ton est marqu lavant dernire syllabe :Exemple : Azme [A-z-me] (supporter), laccent retombe sur le z .Pour un mot qui a plus de quatre syllabes, le ton est marqu sur la syllabeantrieur lavant dernire syllabe :Exemple : Azamlaneyang [a-zam-la-ne-yang] (il sest dj drout), le tonretombe sur le la .

    104 A. Raponda Walker, op. cit., p. 9.

  • 37

    II-LES PRONOMS

    a- Pronoms personnels sujets

    NB : le pronom personnel da est neutre et impersonnel, il semploie pourdsigner les choses et les animaux.Exemples : nveng danng, il pleut.Nvu dabm, le chien aboie.Ku dalng, le coq chante.Be ku benga lnghang, les coqs sont en train de chanter.

    Cas particuliers : le pronom personnel wa semploie uniquementlorsquon fait rfrence certains phnomnes naturels pour les dcrire :oiseau, soleil, vent, etc.Exemple :Viane wafgn, le soleil brille.Onne walong, loiseau chante.Nfonga wafeble, le vent souffle.Mbuleghe waber, la poussire monte.

    b- Pronoms substantifs personnels

    Singulier Pluriel1repers.

    Moi=Ma (me) 1re pers. Nous=Bia

    2e Toi=Wa 2e Vous=Mina3e Lui= Gne 3e Eux=Be

    Singulier Pluriel1repers.

    Je=Ma 1re pers. Nous=Bia

    2e Tu=Wa 2e Vous=Mina

    3e Il/Elle= A/Da/Wa 3e Ils/Elles=Ba

  • 38

    c- Pronoms enclitiques

    Les pronoms enclitiques sont des pronoms qui se joignent pour former uneseule unit.

    d- Pronoms appliqus tous les genres et nombres : Lui, la, le, les, eux.Exemple :Nye ou (gne), lui mayn gne, je le vois, (moan fam, un petit garon).Bo ou (be), eux, mayn be, je les vois, (bens, les bananes mres).Wo ou (we), luimayn we, je la vois, (mbgn, la porte).Myo (mye), eux,mayn nye, je les vois (mimbgn, les portes).Zo ou (de), luimayn de, je la vois (ku, la poule).Bo ou (be), eux, mayn be, je les vois (be ku, les poules).

    e-Les pronoms redoubls et locatifs isols

    Redoubls Locatifs isols

    Ma fe, moi aussi Va, iciWa fe, toi aussi Ok, lGne fe, lui aussi Va lgn, l-basBia fe, nous aussi t, dedans ; t va, l-dedansMina fe, vous aussi vom w, par iciBa fe, eux aussi vom wlgn, par l-bas

    Ye ma, avec moi

    Ye wa, avec toiYe gne, avec luiYe bia, avec nousYe mina, avec vousYe be, avec eux

  • 39

    f-Les pronoms possessifs redoubls et rflexifs

    Redoubls RflexifsSingulier Pluriel Singulier/ Plurielwom, le mien bam, les miens Ma min, moi-mmeya, le sien bia, les tiens Wa min, toi-mmewgn, le sien bgn, les siens min, lui-mmew, le ntre b, les ntres Bia be bin, nous-mmeswonan, le vtre benan, les vtres Mina be bin, vous-

    mmeswoba, le leur beb, les leurs Be bin, eux-mmes

    g- Adjectif pronoms rflchi (bin ou byen)

    Singulier PlurielMot min, lhomme lui-mme

    Bot be bin, les hommes eux-mmes

    Nkol o bin, la montagne elle-mme

    Minkl mi bin, les montagnes elles-mmes

    Ku bin, la poule elle-mme Beku be bin, les poules elles-mmes

    Alo bin, loreille elle-mme Melo me bin, les oreilles elles-mmesl bien, larbre lui-mme Bil bi bin, les bois eux-mmesOnon o bin, loiseau lui-mme

    Anon e bin, les oiseaux eux-mmes

  • 40

    h- Pronoms neutres connectifs

    Singulier/ Pluriel Singulier/Pluriel

    Ane, mot ane mvgn, lhomme estbon

    Mot akobe, lhomme parle

    One, nten one mvgn, le livre estbon

    Nten wakobe, le livre parle

    ne, nda ne tun, la maison estcourte

    Ku dakobe, la poule parle

    Ene, alo ene nduan, loreillebouche

    Mekng makobe, les voixparlent

    Mene, mendzim mene azekh, leauest sucre

    Melo mawokh, les oreillesentendent

    Bene, beku bene mvgn, lespoulets sont bons

    Bil bia bughe, les arbres secassent

    i- Pronoms personnels combins

    Bia-gne, moi et luiBia-be-mina, moi et vous, nous et vousBia-be-be, moi et eux, nous et euxMina gne, toi et luiBia-wa/Bia ba, toi et moiBia-gne, lui et moiBia-be-mina, moi et vous, nous et vousBia bessesse [bf-sf-sf], moi et vous, nous tousBia Nguema, Nguema et moiBia mot te, cet homme et moiBia be bong, les enfants et moiMina Edou, toi et EdouBabe bobegnang, lui et ses frresWa-ye-gne, toi et luiWa-ye-be, toi et euxMina-be-be, vous et eux

  • 41

    j- Quelques pronoms interrogatifs

    Na ndz ? ou Ya ? Comment ?Exemple : anto ya ? Comment est-il ?Vom mb ? Do?Exemple : ane mot ye vom mb ? Cet homme est do ?V ? O ?Exemple : watabe v ? O habites-tu ?Akal ndz ? Pourquoi ?Exemple : akal ndz wakobe ma anval te ? Pourquoi me parles-tu ainsi ?Tang na ? Ou tang ya? Combien ?Exemple :metua gni ake tang na ? Combien cute cette voiture ?Biyong biang f ? Combien de fois ?za ? Qui ?za l ? Qui est-ce ?Dz ? Ou Dziang ? Quoi ? Ou encore Ndzidzi? Qu'est-ce que c'est ?Dziang ? Pardon ? (Lorsquon ne comprend pas ce que notre interlocuteurnous dit.)Mb ? Quel ? Ou lequel ? (Pour choisir quelque chose)yong v ? Ou odfn ? Quand ?Bintele v m ? O en sommes-nous aujourdhui ? (Se dit lorsquun faitque lon avait aisment nglig arrive se produire)Ane ya ? Que se passe t-il ?Ndz bo? ndzi va bo? Abo n? Que sest-il pass ?-Ye ot ? Ou Ye oynang ? Vois-tu ? (Pour attirer lattention de quelquunpar rapport un vnement qui a lieu)

    Le vocabulaire de la conjugaison

    Ane babo dzam : le modeyong : le tempsAtamane : conjuguerfia : le verbeyong dzi : le prsent simpleMelumazu : le futurOkua : Plus-que-parfaitOt : limparfaitMelu nvus : le pass simpleEdzam degh bobane : pass composMelumenga lor : pass antrieurAne dzam va bo : lindicatifKng dz : LimpratifAne bene bo dzam: conditionnel

  • 43

    III-TABLEAU RCAPITULATIF DES TEMPS ET MODESDU VERBE ABO, FAIRE

    Remarques : Les temps et modes sont forms laide daffixes et verbesauxiliaires ou quasi-auxiliaires, certains par le changement de la tonalit. Ilconvient galement de souligner que dans la conjugaison fang, il ny a pas decorrespondance absolue avec les temps et modes franais. Ils ont souvent unevaleur significative plus extensible et plus prcise quen franais. Certainstemps sont indfinis : ils peuvent suivant le cas traduire le prsent, passssimple et compos, imparfait, etc. Il y a des formes spciales suivant quelaction est plus ou moins loigne ou rapproche dune autre personne quiparle. Cependant, par souci de comprhension et de simplification de lalangue fang, jai opt pour le choix des quivalences de temps et modesfranais. Cette dmarche est personnelle et je lassume pleinement.

    MODES TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSES

    INDICATIF

    PrsentMabo, je fais

    ImparfaitMenga bobo, jefaisais

    Pass simpleMenga bo, je fis

    FuturMaye bo, je ferai

    Pass composMeboang ou meva bo, jai fait

    Plus-que-parfaitMabo, javais fait

    Pass antrieurMebo-ne, jeus fait

    Futur antrieurMengaye bo, jaurai fait

    SUBJONCTIFPrsentNa mabo ou Namebo,Que je fasse

    PassNa menga bo, que jaie fait

    CONDITIONNEL PrsentMene bo, je ferais

    PassVe menga bo, jaurais fait

    IMPRATIFPrsentBoghe, fais

    PassAnga bo, aie fait

    INFINITIF PrsentAbo, faire

    PassAbobane, avoir fait

    PARTICIPEPrsentbo, (en) faisantPassBo, fait

    /

  • 44

    -Rgle des dsinences de la forme affirmative :

    Par souci de cohrence sur le plan phontique et phonologique, la contractiondu a du pronom personnel sujet et celui du verbe linfinitif permetllision du a du verbe linfinitif. Ainsi, au lieu de ma adzi, a adzi ,nous aurons madzi, adzi . Cf. Tableau ci-dessous.

    -Rgles des dsinences de la forme ngative :

    En effet, pour exprimer la ngation en fang, on utilise les auxiliaires suivants:, , ki, ke, dia et leurs ngatifs dia , ki et dia . Demme que pour lauxiliaire ke en dbut de phrase, comme limpratifngatif : ke dzi . Cf. Tableau ci-dessous.

  • 45

    IV-LES TABLEAUX DES DESINENCES POUR BIENCONJUGUER EN FANG:

    1-Forme affirmativePrsent Pass simple Futur simple Imparfait

    Ma Menga Men/Maye MengaWa Onga On/Waye OngaA} + p.pass Anga} + p.pass An/Aye} + p.p Anga} + 2 fois

    p.p.Bia Binga Ben/Biaye BingaMina Minenga Min/Minaye MinengaBa Benga Ben/Baye BengaImpratif ghe Bine ghnePass compos Futur antrieur Pass antrieur Plus-que-parfait

    Me/Meva Mengaye Mene MaO/Ova Ongaye One WaA/Ava}+ p.p.+angou yang

    Angaye }+ p.p Ane}+ p.p+ne A} + p. pass

    Bi/Biva Bingaye Bene BaMine/Mineva Minengaye Minene MinaBe/Beva Bengaye Bene BaSubjonctif prsent1re forme.

    Subjonctif prsent 2eforme.

    Subjonctif pass1re forme.

    Subjonctif pass2e forme.

    Na ma Na me Na menga Na maNa wa Na o Na onga Na waNa a} + 2 fois p.p Na a}+ p.p Na anga} + p.p. Na a} +p. p.Na bia Na bi Na binga Na biaNa mina Na mine Na minenga Na minaNa ba Na be Na menga Na ba

    Conditionnel pass1re f.

    Conditionnel pass 2e f. Conditionnelprsent 1re f.

    Conditionnelprsent 2e f.

    Ve ma Ve menga Mene Ve meVe wa Ve onga One Ve oVe a }+ p. p Ve anga }+p.p Ane }+ p.p Ve a}+p.p+angVe bia Ve binga Bine Ve biVe mina Ve minenga Mine Ve mineVe ba Ve benga Bene Ve beParticipe prsentMW + participe passBi

    Min

    B

  • 46

    2- Forme ngative

    Prsent Pass simple Futur simple Imparfait

    Maki oudia

    Mnga ki Maye ki Mnga ki

    Wa} ki Wnga ki Waye ki Wnga kiAki +p.pass

    nga ki} + p.p. Aye ki...} + p.p nga ki} + 2 fois p.p.

    Biaki Binga ki Biaye ki Binga kiMinaki Minnga ki Minaye ki Minnga kiBaki Bnga ki Baye ki Bnga kiImpratif Ke+verbe conj. Bi+tagha+verbe Ke+ verbe+ne

    Passcompos

    Futur antrieur Pass antrieur Plus-que-parfait

    Mva ki Mngaye ki Mne ki Mghe kiWva ki Wngaye ki Wne ki Wghe kiva ki} +p.p. +ang ouyang

    ngaye ki}+p.p

    ne ki} + p.p ghe ki} + p. p.

    Biva ki Bingaye ki Bine ki Bighe kiMinva ki Minngaye ki Minki Minghe kiBva ki Bngaye ki Bki Bghe kiSubjonctifprsent 1re f.

    Subjonctifprsent 2e f.

    Subjonctif pass1re f.

    Subjonctif pass 2e f.

    Na ma ki Na m ghe ki Na mnga ki Na mghe kiNa waki Na w ghe ki Na wnga ki Na wghe kiNa ki} + 2fois p.p

    Na ghe ki}+p.p

    Na nga ki} +p.p.

    Na ghe ki} +p. p.

    Na biaki Na bighe ki Na binga ki Na bighe kiNa minaki Na minghe ki Na minnga ki Na minghe kiNa baki Na bghe ki Na bnga ki Na bghe kiConditionnelpass 1re f.

    Conditionnelpass 2e f.

    Conditionnelprsent 1re f.

    Conditionnel prsent 2ef.

    Ve ma ki Ve mnga ki Messe ki Ve mghe kiVe waki Ve wnga ki Osse ki Ve wghe ki

    Ve aki} +p. p

    Ve ngaki}+p.p

    Asse ki} + p.p Ve ghe ki} +p.p+ang

    Ve biaki Ve binga ki Bisse ki Ve bighe kiVe minaki Ve minnga ki Minesse ki Ve minghe kiVe baki Ve bnga ki Besse ki Ve bghe ki

  • 47

    3- Formation de linfinitif en fang

    Le verbe est constitu du radical et de diffrents affixes appels prfixesquand ils sont placs devant le radical, suffixes quand ils sont placs aprs.Le radical : cest la partie essentielle du verbe qui en exprime le sens. Cestle verbe linfinitif priv de sa voyelle initiale (a = prfixe) et de sa voyellefinale (a, e, , o = suffixe) quand il y en a une.Les affixes : ce sont des particules ou des syllabes ajoutes au radical pour enmodifier le sens ou pour ajouter une ide secondaire (akobe, adzi, abo, abele,gnughne, foghne).

    Les verbes simples, comme en anglais forment leur infinitif en mettant to au dbut de chaque verbe, la langue fang marque son tour soninfinitif en mettant un a au dbut de chaque verbe. Cependant, ce a considr comme un suffixe monosyllabique, est coll au verbe et fait partiedu radical. Nous aurons donc : a + le participe pass du verbe, (a+dzi) =adzi.

    Exemples : manger, se dira adzi ; boire, on dira agnu ; venir, se dira azu.

    4- Formation des verbes composs, dtats et dactions

    Comme le franais, le fang distingue deux sortes de verbes :-les verbes tatifs, ce sont les verbes qui semploient avec la forme

    simple suivant directement le pronom connectif, ils expriment un tat, jamaisune action :

    Metele : je suis debout ; meb si : je suis couch ; mene mbeng : je suisbeau ;

    Andokh kele : la mangue est suspendue ; mbgn oyo : la porte estouverte

    Atebe : tre debout ; Abme si : dormir ; Ene ya : tre ; Ayongbe : treouvert, sont des verbes dtat.

    La plupart des verbes dtat ont une racine commune avec les verbesdaction :

    Meto si : je suis assisMatobe si : je massieds

    4-1-Conjugaison des verbes compossEn fang, les verbes composs se forment avec un auxiliaire suivi dun

    verbe ou dun nom. Cela dit, pour conjuguer les verbes composs, il suffit deconjuguer uniquement lauxiliaire tous les temps et modes. Le deuximeverbe ou nom est invariable.

  • 48

    Exemple : dans le verbe Ake mebom : aller en mariage par rapt, seulnous allons conjuguer le verbe Ake et mebom reste effectivementinvariable.

    Temps etModes du verbe Ake mebom

    Prsent de lind. Make mebom, wake mebom, ake mebom, biake mebom,minake mebom, bake mebomPrsent incertain, Makeke mebom, wakeke mebom, akeke mebom,biakeke mebom, minakeke mebom, bakeke mebomFutur simple, Maye ke mebom, waye ke mebom, aye ke mebom, biaye kemebom, minaye ke mebom, baye ke mebomFutur proche, Mazu ke mebom, wazu ke mebom, azu ke mebom, biazu kemebom, minazu ke mebom, bazu mebomFutur de prfrence, Maye keke mebom, waye keke mebom, aye kekemebom, biaye keke mebom, minaye keke mebom, baye keke mebomFutur antrieur, Mengaye ke mebom, ongaye ke mebom, angaye kemebom, bingaye ke mebom, minengaye ke mebom, bengaye ke mebomImparfait, Menga keke mebom, onga keke mebom, anga keke mebom,binga keke mebom, minenga keke mebom, benga keke mebomPass simple, Menga ke mebom, onga ke mebom, anga ke mebom, bingake mebom, minenga ke mebom, benga ke mebomPass compos, Meva ke mebom, ova ke mebom, ava ke mebom, biva kemebom, mineva ke mebom, beva ke mebomPass antrieur, Meke-ne mebom, oke-ne mebom, ake-ne mebom, bike-nemebom, mineke-ne mebom, beke-ne mebomPlus-que-parfait, Make mebom, wake mebom, ake mebom, biakemebom, minake mebom, bake mebomSubjonctif prs. Na meke mebom, na oke mebom, na ake mebom, na bikemebom, na mineke mebom, na beke mebomSubjonctif impar. Na menga ke mebom, na onga ke mebom, na anga kemebom, na binga ke mebom, na minenga ke mebom, na benga ke mebomConditionnel, Mene ke mebom, one ke mebom, ane ke mebom, bine kemebom, mine ke mebom, bene ke mebomParticipe prs. Mke mebom, wke mebom, ke mebom, bike mebom,minke mebom, bke mebomParticipe pass, Ke mebomImpratif, Keng mebom, bikenghne mebom, Keghne mebomInfinitif, Ake mebom

  • 49

    4-2- Quelques verbes compossAbme si : se coucher

    Atobe si : sasseoir

    Aku si : tomber

    Assi v : se taire

    Ako wng : avoir peur

    Assi ngi : abuser

    Abo abegle : faire du bruit

    Abo ozrbe : abuser

    Ake mb : courir

    Abo essgn : travailler

    Ako oyo : dormir

    Awokh v : avoir soif

    Awokh zgn : avoir faim

    Akobe si : parler bas

    Akobe yp : parler haut

    Akgh ess : se coiffer

    Av metgn : bnir

    Abwar bit : se vtir

    Abwar mengp : se chausser

    Akobe nko : tlphoner

    Ake oss : devancer

    Aligh nvus : rester

  • 50

    Ayn bil : rver

    Adukh bial : pagayer

    Akr mebong : sagenouiller

    Akur nkukh : sortir en vampire

    Akur dzefokh : sortir en vampire

    Ake ambwo : sortir en vampire

    Akur nku : appeler, convoquer ou jouer au tam-tam

    Akur nfine : faire lamour

    Akur andzang : taper sur une lamelle de balafon ou xylophone.

    Akip ongam : tourner en vain

    Akingane kuandok : faire des acrobaties

    Afenegane nkum : faire des acrobaties

    Abo okofet : tenir fermement, immobiliser, neutraliser

    Ake bimmo : aller chez autrui

    Ake mebom : aller en mariage par rapt

    Akulu dzangane : se fiancer de faon traditionnelle

    Along oyenga : pousser des cris de joie

    Adzine otare ass : froncer le visage

    Akogh bil : crier, pleurer trs fort

    Ave melebga: prodiguer des conseils

    Al minlang : raconter, papoter

    Apwle nvang : scarifier

  • 51

    5-Formation du participe prsent

    En fang, le participe prsent se forme en conjuguant le verbe toutes lespersonnes. Car il ny a pas de forme spcifique pour dsigner le participeprsent, chacun des interlocuteurs peut former son participe prsent. Il seforme en ajoutant les terminaisons ou aghe , toutes lespersonnes sauf aux deux premires personnes du pluriel bi etmin

    Exemples:Be Fang badzi bgnu melamba : les Fang mangent en buvant du vin de

    palme.Ottgn Alexandra akobe dzi : Ottgn Alexandra parle en mangeant.Makng mko oyo : je ronfle en dormant.Minamare miny bia : vous courez en chantant.Andeme assomane bidzi adzaghe fe : Andeme vend de la nourriture en

    mangeant aussi.

    5-1-Auxiliaires exprimant le participe prsent en fang: Aligh et Ake + verbe au prsent de lindicatif Exemples:Waligh malng ane mong andegh biale : tu me laisses en pleurant

    comme un nouveau-n.Make mayi moan bone ava ke melugh : je vais en pleurant la fille de

    mes rves qui vient de se marier (cfMal Ndong, mebom).

    Tableau rcapitulatif

    Exemple: Sima Mboula abom lone ayghe fe, Sima Mboula joue lloneen chantant en mme temps.Tare Akomo Zoghe Simon anga wu ve makiba, Mon pre AkomoZoghe Simon est mort en me remerciant.

    Infinitif Participes

    Adzi,manger

    Prsent PassMedzaghe, (en) mangeant (je)Odzaghe, / (tu)Adzaghe, / (il/elle)Bidzaghe, / (nous)Minedzaghe, / (vous)Bedzaghe, / (ils/elles)

    Mdzi, (en) mangeant (je)Wdzi, / (tu)dzi, / (il/elle)Bidzi, / (nous)Mindzi, / (vous)Bdzi, / (ils/elles)

    Dzi,mang

  • 52

    6- Le participe pass

    Il se forme en supprimant la marque de linfinitif a au dbut du verbe: Dzi , au lieu de adzi qui est la forme infinitive:Essone Akomo ava dzi gno, Essono Akomo a mang le serpent.

    7-Formation de limpratif

    Il existe en fang plusieurs faons de conjuguer les verbes limpratif.Nous avons dabord limpratif des verbes rguliers et limpratif des verbesirrguliers. Il y a aussi limpratif ngatif des verbes rguliers et irrguliers.Enfin nous avons limpratif immdiat et de priorit.

    7-1- Impratif des verbes rguliers

    Rgle des verbes ayant la forme ghe :La premire personne du singulier de limpratif se forme en supprimant le a de linfinitif du verbe suivi du radical et de la terminaison ghe .Exemple: Akobe = Kobeghe (Wa), parle (toi)

    La premire personne du pluriel se forme en supprimant le a delinfinitif du verbe suivi de la premire personne du pluriel Bi (nou