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Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 Rapport de synthèse Décembre 2017 Une évaluation de stratégie pays IDEV

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et du programme de la Banque 2006–2016

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Les différents produits qui servent à atteindre les trois objectifs de l’évaluation indépendante

Évaluation thématique Évaluation groupée de projets

Évaluation de stratégie d’intégration

régionale

Validation et évaluation de projets

individuels (

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ublic)Évaluation d’impact

Validation et évaluation de projets

individuels (secteur privé)

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Évaluation institutionnelle

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et du programme de la Banque 2006–2016

Rapport de synthèse

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© 2017 Groupe de la Banque africaine de développement Tous droits réservés – Publié en décembre 2017

Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Une évaluation de stratégie pays IDEV, décembre 2017

Exclusion de responsabilitéSauf indication contraire expresse, les constatations, interprétations et conclusions exprimées dans cette publication sont celles de ses divers auteurs et ne correspondent pas nécessairement aux vues de la direction de la Banque africaine de développement (la « Banque ») et du Fonds africain de développement (le « Fonds »), de leurs Conseils d’administration, Conseils des gouverneurs ou des pays qu’ils représentent.

Le lecteur consulte cette publication à ses seuls risques. Le contenu de cette publication est présenté sans aucune sorte de garantie, ni expresse ni implicite, notamment en ce qui concerne la qualité marchande de l’information, son utilité à telle ou telle fin et la non-violation de droits de tierce-parties. En particulier, la Banque n’offre aucune garantie et ne fait aucune déclaration quant à l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « actualisé » des éléments du contenu. La Banque ne peut, en aucun cas, notamment en cas de négligence, être tenue pour responsable d’un préjudice ou dommage, d’une obligation ou d’une dépense dont on ferait valoir qu’ils sont consécutifs à l’utilisation de cette publication ou au recours à son contenu.

Cette publication peut contenir des avis, opinions et déclarations provenant de diverses sources d’information et fournisseurs de contenu. La Banque n’affirme, ni ne se porte garante de l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou du caractère « à jour » d’aucun d’entre eux, ni d’aucun autre élément d’information provenant d’une source d’information quelconque ou d’un fournisseur de contenu, ni d’une autre personne ou entité quelle qu’elle soit. Le lecteur s’en sert à ses propres risques.

À propos de la BADLe Groupe de la Banque africaine de développement a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres régionaux en contribuant à leur développement économique durable et à leur progrès social. À cet effet, il mobilise des ressources pour promouvoir l’investissement dans ces pays et leur fournit une assistance technique ainsi que des conseils sur les politiques à mettre en œuvre.

À propos de l'Évaluation Indépendante du Développement (IDEV)L’évaluation indépendante du développement a pour mission de renforcer l’efficacité des initiatives de développement de la Banque dans ses pays membres régionaux par l’exécution d’évaluations indépendantes et influentes et par des partenariats pour l’échange de connaissances.

Évaluation indépendante du développement (IDEV)Avenue Joseph Anoma 01 BP 1387 Abidjan 01, Côte d’IvoireTél: +225 20 26 20 41Courriel: [email protected]

Conception graphique : CRÉON – www.creondesign.net

REMERCIEMENTS

Chef de projet Tonssour Clément Bansé, Chargé d’évaluation

Membres de l’équipe Bilal Bagayoko, Assistant de recherche, Razafindramanana Herimandimby, Chargé d’évaluation en chef

Consultants Société ADE : Jean-Marie Wathelet (chef d’équipe), Konstantin Gruev, Sylvianne Menard, Auguste Kouassi, G. Ané, N. Bodo, Olivier Crouzier

Pair réviseur externe Claudine Voyadzis, experte réviseur externe

Groupe de référence interne de la Banque Pascal Yembiline, Sidi Hassan Drissi, Robert Masumbuko, Maimouna Diop-Ly, Ali Eyeghe, Borel Anicet Foko Tagne, Jean Noël Ilboudo, M’Peng Bayoi Daniel

Chargés de la gestion des connaissances Télesphore Some, Consultant en gestion des connaissancesAminata Kouma, Consultante junior en gestion des connaissances et communication

Remerciements spéciaux à L’administration ivoirienne aux niveaux central et déconcentré, ainsi qu’aux sociétés d’exploitation du 3e pont HKB et des centrales électriques AZITO et CIPREL pour leur contribution et leur précieuse coopération pendant les phases d’évaluation

Chef de division Samer Hachem

Évaluateur Général Rakesh Nangia

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Remerciements iiSigles et acronymes vRésumé analytique 1Réponse de la Direction 8

Introduction 19

Contexte 21Contexte géographique et politique 21Performance économique et sociale 22Situation de fragilité, défis et enjeux de développement 22

Stratégies et programmes de la Banque 2006–2016 24Stratégies de la Banque 24Caractéristiques du portefeuille de la BAD en Côte d’Ivoire entre 2006 et 2016 25

Aperçu de la méthodologie 27Au niveau de la stratégie pays 27Au niveau des résultats de projet 27Outils mobilisés et sources de données 27Limites de l’évaluation et solutions apportées 28

Obtention des résultats 31Pertinence 31Efficacité 33Efficience 38Durabilité 41Aspects transversaux 43Synthèse : contribution de la Banque aux résultats 46

Performance de la Banque 51Prise en compte des facteurs de fragilité 51Choix des instruments de financement et modalités d’intervention 53Travaux analytiques 55Supervision 55Visibilité de la Banque et attentes 56

Performance du pays 57Les initiatives de coordination de l’aide en Côte d’Ivoire 57Engagement en faveur des résultats en partenariat avec la Banque 57

Conclusions et recommandations 59

Annexes 65

Table des matières

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Table des matières

Liste des graphiquesGraphique 1 Chronologie des évènements politiques marquants en Côte d’Ivoire 21Graphique 2 Portefeuille de la BAD en Côte d’Ivoire 2006–2016 25Graphique 3 Progression des scores EPIP sur la période 2004–2015 47Graphique 4 Interventions de la Banque sur les facteurs

de fragilité durant la période 2006–2016 52

Liste des tableauxTableau 1 Piliers stratégiques 2006–2016 24Tableau 2 Adaptation des stratégies de la Banque au contexte du pays 32Tableau 3 Taux de décaissement 39

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Sigles et acronymes

AGR Activité génératrice de revenus

AZITO Projet d'extension de la centrale électrique d’Azito

BAD Banque africaine de développement

CIE Compagnie ivoirienne d’électricité

CIPREL Projet d'extension de la centrale électrique CIPREL

CNO Centre, Nord et Ouest

COMOREX Comité de mobilisation des ressources extérieures

DSP Document de stratégie par pays

DSRP Document de stratégie de réduction de la pauvreté

EPIP Évaluation des Politiques et des Institutions Pays

FAD Fonds africain de développement

FEF Facilité en faveur des Etats fragiles

FSS Fonds de secours spécial

GOUROU Projet de gestion intégrée du bassin versant du Gourou

HKB Projet de pont à péage Henri Konan Bédié

IDEV Évaluation indépendante du développement

NDP Note de dialogue politique

NSGP Note de stratégie globale pays

PAAEIJ Programme d'appui à l'amélioration de l'employabilité et de l'insertion des jeunes

PAIA-ID Projet d'appui aux infrastructures agricoles Indénié-Djubalin

PAIMSC Projet d'appui institutionnel multisectoriel à la sortie de crise

PARCSI Projet d'appui au renforcement de la compétitivité du secteur industriel

PAREF Programme d'appui aux réformes économiques et financières

PARFFM Programme d'aménagement de routes et de facilitation fleuve Mano (Côte d'Ivoire)

PARICS Programme d'appui au renforcement de l'inclusion et de la cohésion sociale

PPP Partenariat public-privé

PPTE Pays pauvre très endetté

PRODIJE Projet d'incubateur pour jeunes entrepreneurs

PTF Partenaires techniques et financiers

PURSSAB Programme d'urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base

RCI République de Côte d'Ivoire

UC Unité de compte

VBG Violences basées sur le genre

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Photo: © Ulrich M

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1Résumé analytique

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Résumé analytique

Historique et contexte

Le présent document est une synthèse des principaux constats de l’évaluation de la stratégie de la Banque Africaine de Développement en Côte d’Ivoire durant la période 2006–2016. Cette évaluation a été initiée et conduite par le département de l’évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque.

Au niveau méthodologique, l’évaluation est articulée autour de 10 questions évaluatives et deux analyses transversales. La première est liée à l’identification des facteurs de fragilité et à la réponse de la Banque à ces facteurs. La seconde analyse porte sur le choix des modalités de financements.

Stratégies et programme de la Banque durant la période 2006–2016

En début de période, l’objectif principal de la Banque a été de favoriser le retour à la normalisation, la sortie de crise et le réengagement international. Très rapidement, les stratégies successives de la Banque ont été orientées vers la relance économique et le renforcement de la Gouvernance et de la cohésion sociale. La Banque a mis en œuvre un DSP complet à partir de 2013.

Au cours de la période 2006–2016, la Banque a  financé 35  projets en Côte d’Ivoire pour un montant total supérieur à un milliard d’UC. La Banque a appuyé des interventions dans 7 secteurs d’activité, concentrant plus des ¾ de son appui dans trois secteurs – Transport (39 %), Energie (20 %) et Social (17 %).

Obtention des résultats de développement

La pertinence de la stratégie de la Banque est jugée satisfaisante dans la réponse aux besoins de la Côte d’Ivoire. La Banque a su adapter sa stratégie à l’évolution de la situation depuis la reprise de la coopération après les accords de Ouagadougou en 2007, avec la gestion de la crise post-électorale de 2011 et le soutien à la stratégie de relance du Gouvernement ivoirien à partir de 2012.

Au niveau de la conception des interventions, l’appréciation est globalement satisfaisante même si pour quelques interventions dans les secteurs sociaux, les logiques d’action ne sont pas suffisamment explicites. En ce qui concerne le ciblage, les stratégies successives de la Banque ont été marquées par une préoccupation constante des enjeux d’inclusion sociale.

L’efficacité est jugée globalement satisfaisante. La plupart des interventions ont permis d’obtenir les produits prévus, avec cependant quelques différences en fonction des secteurs d’intervention. Les projets d’infrastructures ont réalisé les produits prévus de manière très satisfaisante, attestant d’une efficacité particulière, notamment les infrastructures de transport (HKB) et d’énergie (AZITO, CIPREL). Dans le secteur agricole, les projets (ou volet de projet) ont réalisé les produits attendus de manière globalement satisfaisante, certains projets ayant eu des difficultés à rendre disponible la totalité des réalisations prévues. En matière sociale (services sociaux de base, cohésion sociale, gouvernance sectorielle), la réalisation des produits prévus est appréciée également comme globalement satisfaisante, excepté pour le volet

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particulier VBG du projet multisectoriel de sortie de crise et certaines dimensions du PAAEIJ. Au niveau du secteur de l’eau et l’assainissement, le niveau de réalisation a été également satisfaisant à travers le projet Gourou.

L’obtention des effets est jugée globalement satisfaisante. Néanmoins, certaines opérations, dans le domaine social notamment, s’en écartent et leur efficacité est appréciée comme insatisfaisante.

Dans le domaine des transports, l’obtention des effets par le projet de pont HKB est appréciée comme satisfaisante. Le niveau de trafic en 2016 est estimé à 76 % de l’objectif, la liaison Cocody – Marcory se fait désormais en 15  mn, tandis que les effets attendus en termes de création d’emplois ont dépassé les prévisions, tant pendant la phase de construction que dans celle d’exploitation. En revanche, l’effet attendu sur le plan de l’accroissement des recettes publiques n’a pas été réalisé au titre de l’année 2016.

Dans le domaine de l’électricité, l’obtention des effets est jugée très satisfaisante. La contribution de la BAD a permis comme prévu d’augmenter la capacité de production nationale d’électricité de plus de 20 %.

Dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, la contribution de la Banque qui se résume aux effets du projet GOUROU (en phase d’achèvement) sont en voie de répondre aux attentes de façon satisfaisante, notamment en ce qui concerne la sécurisation du carrefour de l’Indenié qui reste désormais accessible en période de pluie, ainsi que la contribution à l’amélioration de la qualité de vie des populations concernées.

La contribution de la Banque dans le secteur de l’agriculture est jugée globalement satisfaisante. La reprise des services de l’Etat dans ce secteur est effective dans les zones Centre, Nord et Ouest (CNO) ainsi que la relance des activités agricoles avec notamment une amélioration des rendements et du circuit de commercialisation.

En matière sociale (services de base, gouvernance, cohésion sociale), l’appréciation globalement

satisfaisante dans l’obtention des effets cache une situation contrastée entre projets. Sur les cinq interventions qui ont été prises en compte pour l’analyse des résultats, trois ont été jugées satisfaisantes (PAIMSC-éducation ; PURSSAB renf-cap et PARICS) et une insatisfaisante (PAIMSC-Santé), tandis pour une dernière (PAAEIJ), l’évaluation n’a pas pu proposer de notation parce que le lien de causalité entre les produits et les effets du projet n’est pas clairement démontré au regard de la logique d’intervention reconstituée du projet.

Le dialogue sur les politiques est jugé globalement satisfaisant sur l’ensemble de la période. Il a été particulièrement important en début de période afin de permettre la reprise d’une coopération complète. Les stratégies ultérieures de la Banque, et particulièrement le DSP 2013–2017, ont systématiquement inclus des ambitions en matière de dialogue politique. Toutefois, les ambitions du DSP complet 2013–2017 au niveau stratégique n’ont pas été atteintes et le dialogue a plutôt privilégié des aspects sectoriels liés à des projets.

La réponse de la Banque aux situations d’urgence a été globalement insatisfaisante. La Banque a été présente en matière d’aide d’urgence en complétant les moyens nécessaires d’autres intervenants à la réponse de crises humanitaires ou sanitaires. Toutefois les importants retards enregistrés dans l’octroi des aides ont compromis l’atteinte des objectifs visés.

L’efficience de la Banque dans la gestion du portefeuille a été jugée globalement satisfaisante. On constate néanmoins une variabilité en fonction du type de projets ou des critères utilisés : (i) un bon respect du calendrier pour les appuis budgétaires et les projets du secteur privé ; (ii) des taux de rentabilité interne très satisfaisants pour les deux projets d’infrastructures dans le secteur de l’électricité mais plus problématique dans le cas du pont HKB étant donné les écarts avec les hypothèses de départs ; (iii) des retards importants dans le calendrier dans les projets d’investissements.

Les retards dans la mise en œuvre restent un problème pour les projets d’investissement. La faiblesse des capacités nationales et la lenteur dans les approbations

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des dossiers d’acquisition, les difficultés de libération des contreparties nationales, les retards dans les non objections de la Banque apparaissent comme les facteurs importants de retard dans la mise en œuvre des projets.

Les mesures d’amélioration du portefeuille et le retour de la Banque à son siège a été un facteur positif. Les principaux indicateurs de performance du portefeuille de la Banque en Côte d’Ivoire sont meilleurs à partir de 2015.

La durabilité des résultats des opérations de la Banque a été jugée satisfaisante pour les opérations du secteur privé, où elle est assurée par les opérateurs privés avec la garantie de l’Etat. La durabilité a été jugée insatisfaisante pour les opérations du secteur public, en particulier en début de période du fait d’une focalisation sur la réponse aux facteurs de fragilité qui ne considérait pas la durabilité comme un enjeu majeur dans ce contexte. Néanmoins, la prise en compte de l’enjeu de durabilité des interventions se renforce au cours de la période évaluée. Cette préoccupation devient de plus en plus importante dans la formulation des interventions de développement dans le cadre de la stratégie de 2013–2017.

La revue des aspects transversaux a inclus le genre, la gestion environnementale et l’emploi.

L’intégration du genre dans les stratégies et programmes de la Banque en Côte d’Ivoire est globalement satisfaisante. Au niveau stratégique, la Banque a progressivement intégré la dimension de l’égalité homme-femme dans ses documents de cadrage. Mais c’est surtout le DSP 2013–2017 qui est le plus sensible au genre dans ses objectifs. L’intégration du genre se retrouve au niveau des différentes interventions de la Banque de façon plus ou moins directe, principalement dans les projets du domaine social/gouvernance. L’évaluation a permis de constater des progrès effectués en matière de genre en lien avec les interventions de la Banque. Par exemple, à travers le PAIMSC qui a accordé une attention particulière aux femmes dans ces différents volets, que

ce soit au niveau de la santé, de l’éducation ou des activités génératrices de revenus. Au total, des résultats positifs ont certes été obtenus en matière de genre en lien avec les interventions de la Banque, mais ils sont modestes par rapport à l’ampleur des enjeux.

L’appréciation de la prise en compte des aspects environnementaux tant au niveau stratégique qu’opérationnel est globalement insatisfaisante. L’analyse des stratégies a permis de constater qu’elles n’incluent pas d’objectifs explicitement orientés vers l’environnement de manière générale ou vers un de ses compartiments de manière particulière. Néanmoins, en fin de période 2006–2016, la préoccupation environnementale apparait comme transversale dans certains résultats recherchés par le DSP.

La conception des projets n’est pas clairement orientée vers la croissance verte malgré le potentiel. Sur la base de l’analyse de certains projets on observe que même s’ils n’ont pas une logique d’intervention orientée clairement vers la « croissance verte », ils peuvent y contribuer par les effets qu’ils génèrent. En ce sens, la Banque a appuyé et est en train de soutenir des programmes et des projets avec un potentiel important en vue d’obtenir des effets environnementaux positifs et de répondre ainsi à certains enjeux de la fragilité environnementale en Côte d’Ivoire. Les projets d’infrastructure que la Banque finance incluent des réponses favorables aux problématiques de la croissance urbaine non-durable et les pollutions qui y sont liées. Le projet GOUROU, par exemple, permet d’aller vers une solution favorable et à long terme des enjeux de pollution de la lagune d’Ebrié, en intervenant dans une zone très densément peuplée (bassin versant avec près de 3  millions d’habitants). Enfin, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle des centrales électriques AZITO et CIPREL permet d’optimiser leur bilan CO2.

L’emploi devient un objectif stratégique explicite de la Banque dans la stratégie 2013-2017. Le DSP 2013–2017 met l’accent plus fortement sur l’emploi, notamment celui des jeunes, dans la mesure où il s’agit d’un défi majeur en lien avec les objectifs de stabilité. Pour ce faire, la Banque a mis l’accent sur le

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dialogue avec le gouvernement à travers des opérations spécifiques en vue de l’amélioration de l’emploi, notamment celui des jeunes.

L’appréciation des effets obtenus permet de conclure à une contribution satisfaisante de la Banque aux progrès remarquables de la Côte d’Ivoire en termes de réduction des facteurs de fragilité, de sortie de crise et en termes de relance économique. La réduction des facteurs de fragilité est bien démontrée par l’évolution de l’indice EPIP/CPIA qui était particulièrement bas en sortie de crise mais qui a dépassé en 2015 la moyenne africaine globale et régionale (Afrique de l’Ouest). La Banque a contribué à l’évolution positive pour la sortie de crise et la transition de la Côte d’Ivoire tant sur le volet fragilité et sortie de crise que sur le volet économique et social. Sur les deux volets, l’impact des interventions de la Banque a été important. Les visites de terrain ont confirmé l’effet des programmes PAIMSC et PURSSAB pour la reprise des missions des services publics (éducation, santé et accès à l’eau) particulièrement dans les zones CNO.

Sur le plan économique, la Côte d’Ivoire a connu une croissance forte à partir de 2012 avec une moyenne supérieure à 8 % entre 2012 et 2015. Les différents appuis budgétaires de la Banque ont contribué à la stabilité macro-financière et accompagné les réformes. La participation de la Banque à de grands projets d’infrastructures dans les domaines des transports, de l’électricité ainsi que de l’eau et l’assainissement a contribué à la dynamique de croissance. Les interventions dans le domaine agricole ont favorisé l’augmentation de la production et des rendements ainsi que les modalités de commercialisation. Les appuis dans le secteur de l’éducation devraient favoriser une meilleure adéquation de la formation et de l’emploi.

Performance de la Banque

La performance de la Banque en Côte d’Ivoire est globalement satisfaisante, même si sur certains points particuliers des insuffisances sont constatées. Le jugement s’articule sur les points

suivants : (i) la Banque a été un partenaire fiable pour accompagner le processus de sortie de crise et dans les situations d’urgence spécifiques ; (ii)  la Banque a bien utilisé ses différentes sources de financement et globalement bien utilisé les différentes modalités d’intervention ; (iii)  les interventions ont obtenu des résultats tangibles qui ont contribué au progrès réalisé par la Côte d’Ivoire depuis la sortie de crise. Cette appréciation globalement positive est confirmée dans la consultation des parties prenantes selon laquelle la plupart les répondants expriment une opinion favorable sur les interventions de la Banque en Côte d’Ivoire ces 10 dernières années.

Les stratégies successives de la Banque en Côte d’Ivoire ont été marquées par une préoccupation constante de l’inclusion sociale. Cette ambition sociale de la Banque est bien perçue par les parties prenantes.

La Banque a mobilisé principalement trois modalités d’aide : le projet (avec une différence entre les projets avec Maitrise d’ouvrage délégué dont l’exécution est confiée au système des Nations Unies et les projets exécutés par les pouvoirs publics ivoiriens), le soutien à des partenariats publics-privés (PPP) et les appuis aux réformes au niveau global et sectoriel. L’évaluation du choix des modalités est globalement satisfaisante moyennant quelques réserves en fonction des modalités.

Les opérations d’appui budgétaire ont bien contribué à la stabilité macro-budgétaire, et ont permis de nourrir un dialogue politique sur des réformes sectorielles notamment dans le cas du PAAEIJ. Mais, la contribution effective des appuis aux Ministères concernés a été limitée par le ciblage d’une partie des montants octroyés à des activités spécifiques, le tout dans un contexte de crédibilité des budgets encore peu assurée comme le relèvent les évaluations PEFA (cadre d’évaluation de la gestion des finances publiques), peut limiter la pertinence du recours à l’instrument.

Les trois PPP analysés (pont HKB, AZITO et CIPREL) ont permis de réaliser les investissements prévus dans les délais et sans surprise sur les coûts. Le niveau

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de services des trois projets est très satisfaisant. Le recours au mécanisme PPP explique ces résultats. Cependant, si les PPP permettent de faciliter le financement d’infrastructures publiques, ils présentent des risques dans la mesure où ce financement repose généralement sur des engagements de l’Etat qui peuvent avoir des conséquences budgétaires potentiellement considérables, comme dans le cas du pont HKB.

L’approche projet permet de cibler des interventions sur des enjeux précis. Le projet donne une forte visibilité à la BAD en tant que partenaire auprès des différentes parties prenantes. Mais les projets qui ont été étudiés lors de cette évaluation souffrent de faiblesses à plusieurs niveaux. Dans plusieurs cas, la qualité de la conception n’était pas satisfaisante, les conditions de durabilité n’étaient pas remplies et les projets accusaient des retards significatifs dans la mise en œuvre.

Plusieurs faiblesses ont été relevées dans le circuit de la supervision de la Banque en Côte d’Ivoire, notamment la disponibilité de rapports sur la mise en œuvre et les acquis de projets (plus particulièrement les rapports à mi-parcours, les rapports de suivi des mesures environnementales et sociales, de mise en œuvre des aides d’urgence) ; le suivi des performances des appuis budgétaires, focalisé sur des produits très détaillés, comporte le risque de perdre de vue l’atteinte des objectifs des politiques sectorielles dans leur ensemble. Ces difficultés de mise en œuvre sont largement partagées par les parties prenantes qui mentionnent « le suivi d’exécution » et « les modalités de mise en œuvre » comme étant les deux principaux points d’amélioration dans les futurs programmes de la Banque.

Tous les interlocuteurs rencontrés ont exprimé des attentes fortes vis-à-vis de la Banque à différents niveaux, que ce soit au niveau des domaines d’intervention ou au niveau du dialogue sur les politiques. Alors que la Banque est un partenaire financier important, ces attentes traduisent un manque de visibilité des interventions et la difficulté

pour l’institution d’avoir un statut et une image spécifiques par rapport à son implication dans l’appui à la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire, alors que son siège est à Abidjan. La faible visibilité est également à mettre en relation avec les modalités de financement comme l’appui budgétaire et les PPP dans lesquels la communication publique sur les bailleurs de fonds reste discrète. L’absence d’équipe dédiée à la Côte d’Ivoire et le peu de production de connaissances initiée par la Banque contribuent également à limiter sa visibilité par rapport aux enjeux spécifiques du pays.

Performance du pays

La Côte d’Ivoire a assuré un rôle de leadership pour coordonner les interventions des bailleurs de fonds à travers des stratégies explicites et la mise en place d’un cadre institutionnel adapté. Les interventions de la Banque se sont inscrites dans ce cadre. En revanche, la coordination de l’aide reste peu structurée et chaque partenaire au développement rencontre les services de manière individuelle.

Pour la mise en œuvre de ces opérations, le Gouvernement a souvent pris des mesures spécifiques par rapport à ses propres règles en matière de passation des marchés publics ou de fonctionnement du processus budgétaire.

Par ailleurs, en vue d’améliorer la capacité d’absorption et l’utilisation rationnelle des ressources, le gouvernement a créé le COMOREX qui permet le suivi des engagements et la réalisation de missions d’audit et de supervision.

Si ces initiatives ont permis d’atteindre les objectifs poursuivis et d’en rendre compte, elles illustrent aussi les difficultés à suivre les procédures prévues pour utiliser les systèmes nationaux prévus. En outre, des difficultés dans la satisfaction des conditions préalables ont freiné considérablement la mise en œuvre de certains projets.

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Conclusions et recommandations

La Banque a globalement eu une action positive en Côte d’Ivoire sur la période 2006–2016. Elle a été un partenaire fiable pour accompagner le processus de sortie de crise et dans les situations d’urgence spécifiques. Par ailleurs, la Banque a bien utilisé ses différentes sources de financement et globalement bien utilisé les différentes modalités d’intervention en s’adaptant au fil de la période de manière appropriée aux circonstances du pays. Enfin, ses interventions ont obtenu des résultats tangibles qui ont contribué au progrès réalisé par la Côte d’Ivoire depuis 2006.

Cependant, des défis que la Banque n’a pas complètement réussi à intégrer subsistent :

❙ Malgré les progrès remarquables réalisés par la Côte d’Ivoire sur la décennie, des facteurs de fragilité subsistent et pourraient menacer les perspectives positives de développement du pays. Un des défis majeurs est de répondre à une demande sociale forte en lien avec l’absence d’amélioration significative face à la pauvreté et aux inégalités.

❙ La présence du siège de la Banque en Côte d’Ivoire comporte de nombreux avantages pour elle-même et le pays hôte, mais cela n’est pas sans inconvénients. Deux éléments sont ressortis à l’issue de la présente évaluation à ce sujet. Le premier concerne les attentes de toutes les parties prenantes d’une implication plus forte de la Banque dans la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire, que ce soit au niveau du volume de l’aide et des domaines d’intervention qu’au niveau de l’amélioration du dialogue sur les politiques. Le second élément concerne la contradiction apparente entre une proximité évidente de la Banque et la difficulté des ivoiriens à trouver le bon interlocuteur.

❙ L’évaluation a mis en évidence des faiblesses dans la qualité de la conception de plusieurs interventions. La limite principale rencontrée dans plusieurs interventions, notamment du secteur social, est la logique d’actions qui ne fait pas suffisamment de

liens entre les produits et les effets attendus pour contribuer à l’objectif global. D’autres faiblesses comme l’absence de situations de référence ou d’objectifs chiffrés ont été également relevées.

❙ L’échange avec les parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre des opérations financées par la Banque a permis de relever des enjeux liés à leur dynamique et leur supervision : la lourdeur administrative, la forte mobilité des chefs de projets, un suivi-évaluation qui reste perfectible.

❙ L’analyse des opérations d’aide d’urgence de la Banque a relevé plusieurs défis qui sont liés à la fois à ses directives et modalités d’intervention et à l’exécution rigoureuse et au suivi des projets. Les Directives en matière d’aide d’urgence (2008) n’incluent pas explicitement les risques sanitaires dans les types de situation auxquelles la Banque entend répondre de manière rapide. Or la Banque a fourni des appuis en matière de biosécurité, notamment dans le cadre de la riposte à la grippe aviaire (et sa résurgence) et à l’épidémie d’Ebola. Les interventions d’urgence en Côte d’Ivoire n’ont également pas respecté le timing prévu et parfois cela a été au détriment de la réponse adéquate à des besoins pressants.

L’évaluation propose les recommandations suivantes en lien avec ces conclusions générales.

Recommandation 1 : Appuyer au niveau stratégique la Côte d’Ivoire pour une croissance plus inclusive visant à réduire la pauvreté et les inégalités sur l’ensemble du territoire.

Pour appuyer le Gouvernement de la Côte d’Ivoire dans ce domaine, la Banque devrait agir sur les deux axes pour lesquels elle dispose d’un savoir-faire et d’une expérience reconnue. À savoir : l’amélioration de la gouvernance économique et la mise à disposition d’infrastructures socio-économiques en cherchant, dans ses interventions directes ou dans les politiques qu’elle soutiendra, un ciblage vers les populations les plus vulnérables.

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Cette stratégie devrait également intégrer de manière plus explicite les principaux enjeux environnementaux de la Côte d’Ivoire : le réchauffement climatique et les engagements du pays lors de la COP21, la gestion durable de la ressource foncière (agriculture, déforestation, gestion des aires protégées) et les enjeux liés à la pression démographique (mobilité, eau et assainissement…). La prise en compte de ces enjeux devait créer des opportunités pour un développement durable.

Enfin, la préoccupation du genre, de mieux en mieux intégrée dans les stratégies de la Banque en Côte d’Ivoire, ne s’est pas encore traduite en résultats significatifs ou positifs. L’enjeu sera de mettre la dimension genre au cœur des interventions au niveau du ciblage, de la mise en œuvre et du suivi.

Recommandation 2 : Renforcer le dialogue sur les politiques pour ce qui est des questions stratégiques et l’appuyer par des travaux analytiques pertinents.

Le dialogue sur les politiques de la Banque en Côte d’Ivoire au cours de la période 2013–2017 a été plus sectoriel que stratégique du fait de l’utilisation inadéquate de l’instrument d’appui budgétaire et de l’insuffisance de travaux analytiques pertinents pouvant aider à mieux structurer ce dialogue autour d’objectifs clairs assortis d’un calendrier précis. Ainsi, la Banque pourrait par exemple prendre des initiatives de production de connaissances pour nourrir ce dialogue tout en essayant de prendre le leadership dans des secteurs où elle est fortement impliquée. Pour ce faire, les opérations d’appuis budgétaires devraient être utilisées pour appuyer des politiques de réformes soit au niveau de la gestion des finances publiques, soit au niveau sectoriel comme mentionné plus haut. Dans la conception et la mise en œuvre de ces interventions d’appui budgétaire, la Banque devrait être particulièrement attentive à la qualité du dialogue sur les politiques et à la coordination des interventions.

Recommandation 3 : Compléter les études de faisabilité des PPP par des analyses systématiques des conséquences des garanties données par l’Etat.

La Politique Nationale de Développement (PND) 2016–2020, prévoit une contribution du secteur privé de 62 % des besoins totaux, soit environ 18  719  milliards. Il existe de ce fait une réelle opportunité pour la Banque de mieux répondre aux fortes attentes des ivoiriens, en tirant partie du guichet BAD, la Côte d’Ivoire et ses partenaires privés d’établir des partenariats équilibrés et mutuellement avantageux. Il est cependant recommandé également de compléter les études de faisabilité des PPP par des analyses systématiques des conséquences des garanties données par l’Etat. Le financement du pont HKB a montré l’importance d’être très attentif aux garanties données par l’Etat dans ce type de contrat. En effet, ces garanties, si elles ne sont pas suffisamment maîtrisées, peuvent avoir un impact important sur les budgets futurs. Au niveau du budget de l’Etat, il est recommandé de tenir un tableau de bord de l’ensemble des engagements de l’Etat et de leurs conséquences sur les budgets futurs.

Recommandation 4 : Renforcer la visibilité de la Banque par rapport à son implication dans l’appui à la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire.

Une stratégie explicite est souhaitable concernant une participation plus active et plus visible au dialogue sur les politiques, et une meilleure communication orientée sur l’implication de la Banque dans l’appui à la stratégie de développement du pays.

Recommandation 5 : Renforcer le suivi et l’évaluation de l’atteinte des résultats au niveau des opérations et des stratégies de la Banque.

La réponse à ces enjeux est primordiale pour la performance des interventions de la Banque et l’atteinte de résultats démontrables et durables, et doit porter sur la qualité à l’entrée, des mécanismes de suivi efficaces, et des moyens adaptés pour l’intégration des problématiques transversales.

Recommandation 6 : Clarifier les directives et les modalités d’intervention en matière d’aide d’urgence pour les rendre mieux adaptées aux risques et sources de fragilité et garantir une intervention rapide touchant les cibles dans les plus brefs délais.

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8 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Réponse de la Direction

La Direction accueille avec satisfaction les résultats de l’évaluation conduite par le Département de l’évaluation indépendante du développement (IDEV), portant sur l’assistance du Groupe de la Banque à la Côte d’Ivoire au cours de la décennie 2006–2016 et sa contribution au développement de ce pays. Le but de l’évaluation est de tirer des enseignements pertinents pour améliorer la stratégie et les opérations futures de la Banque en Côte d’Ivoire. De manière générale, la Direction souscrit aux résultats de l’évaluation. La conclusion générale de l’évaluation est que la performance des stratégies et programmes d’intervention de la Banque en Côte d’Ivoire, pendant la période de référence, est satisfaisante. Les opérations ont eu un effet positif et des résultats tangibles sur la sortie de crise. Cependant, la Direction note les défis mis en exergue par l’évaluation notamment la faible réactivité et célérité dans le cadre des situations d’urgence qui ont réduit l’efficacité des actions de la Banque. En outre, elle note également les faiblesses relevées en matière de durabilité des opérations liées au manque d’engagement de l’État à garantir la continuité et le bon fonctionnement des structures créées.

1. Administrations centrales et décentralisées, secteur privé, société civile.2. Il s’agit des Notes de dialogue 2006-2007, 2007-2008, la Note de stratégie globale (NSGP) 2009–2010, la Fiche pays 2011-2012 et le DSP 2013-2017.

Introduction

Les principaux critères d’évaluation utilisés sont la pertinence, l’efficacité, l’efficience et la durabilité. L’évaluation a également tenu compte des aspects transversaux liés au genre, à l’emploi et à la gestion environnementale. L’évaluation s’appuie sur une revue documentaire, des évaluations sectorielles et des entretiens menés avec toutes les parties prenantes1 lors des deux missions et visites sur le terrain. L’évaluation des résultats est focalisée sur les piliers et secteurs prioritaires des Documents de stratégie pays (DSP2), principalement le transport, l’énergie, l’eau et l’assainissement, l’agriculture, la gouvernance (appui budgétaire et institutionnel), le secteur social ainsi que les programmes d’urgence qui ont fait l’objet d’évaluations sectorielles.

La Direction salue les résultats de l’évaluation conduite par IDEV qui permettront d’informer les nouvelles opérations de la Banque en Côte d’Ivoire ; et plus généralement celles à mettre en œuvre dans les États en transition. Plus spécifiquement, cette évaluation va permettre de

mieux préparer le futur Document de stratégie pays (DSP 2018–2022) de la Banque en Côte d’Ivoire qui sera soumis à l’examen et l’approbation du Conseil d’Administration en juin 2018. En outre, l’évaluation permettra de renforcer l’opérationnalisation de la stratégie décennale (2013–2022) de la Banque, ainsi que l’atteinte des objectifs des cinq grandes priorités de la Banque (Top 5).

Les recommandations de l’évaluation d’IDEV sont déjà prises en compte dans le rapport combiné d’achèvement du DSP 2013–2017 et de revue de la performance du portefeuille pays (RPPP) 2017, qui sera présenté à CODE en mars 2018, en même temps que l’esquisse des piliers de la nouvelle stratégie pays.

Pour rappel, les recommandations spécifiques de l’évaluation concernent :

❙ Le renforcement de l’appui au pays au plan stratégique pour une croissance plus inclusive, visant à réduire la pauvreté et les inégalités sur l’ensemble du territoire ;

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❙ Le renforcement du dialogue sur les politiques et sur les questions stratégiques à travers des travaux analytiques pertinents ;

❙ La conduite systématique d’analyses sur les impacts des garanties souveraines octroyées dans le cadre de Partenariat Public-Privé (PPP) ;

❙ Le renforcement de la visibilité de la Banque dans le cadre de la mise en œuvre du Plan national de développement (PND3) de la Côte d’Ivoire ;

❙ Le renforcement du suivi-évaluation de l’atteinte des résultats définis dans les cadres logiques des opérations et des stratégies de la Banque ;

❙ La clarification des directives et modalités d’intervention en matière d’urgence, selon les risques inhérents et les sources de fragilité, en vue d’accroître la célérité des actions, avec un meilleur ciblage des besoins des populations.

Pertinence

La Direction se félicite que l’évaluation de la pertinence des interventions de la Banque en Côte d’Ivoire soit jugée globalement satisfaisante. L’évaluation confirme que la Banque a su adapter sa coopération, aussi bien aux plans stratégique et opérationnel, à l’évolution du contexte national, consécutif à la signature des Accords de Ouagadougou en 2007. Il en a été de même pendant la gestion de la crise post-électorale en 2011, et au cours de la mise en œuvre de la stratégie de relance économique du Gouvernement à partir de 2012.

Les principaux constats de l’évaluation, ont trait à :

❙ L’effectivité de l’alignement des stratégies de la Banque sur les priorités de développement

3. Le précédent PND couvrait la période 2012-2015. Un nouveau PND en cours de mise en œuvre couvre la période 2016-2020. Il a été présenté aux PTF y compris la Banque lors du Groupe consultatif tenu à Paris en décembre 2016.4. La période de sortie de conflit 2006-2010, l’année 2011 de la crise post-électorale et la période de reprise de la coopération 2012-2016.

national pendant les différentes périodes de référence susmentionnées qu’a connu le pays4 ;

❙ La pertinence du positionnement stratégique sur les piliers Gouvernance et Infrastructures, qui a contribué au renforcement de la cohésion sociale, la restauration des services administratifs et sociaux de base, la relance économique et la création d’emplois ;

❙ La bonne prise en compte des problématiques d’inclusion sociale et de réduction de la pauvreté dans les projets de développement de la Banque ;

❙ La faiblesse de la qualité à l’entrée des projets publics du secteur social et, l’insuffisance des études spécifiques réalisées sur les questions sociales.

La Direction prend bonne note de ces constats. Elle précise notamment, s’agissant du dernier constat, qu’il doit être mis dans le contexte post-conflit et de la fragilité du pays, marqué entre autres, par une faiblesse généralisée des services publics, y compris ceux en charge des productions statistiques et des études sectorielles. Il en résulte que les interventions d’urgence dans le secteur social qui représentent 31 % des ressources mobilisées sur la période, ont principalement souffert de ce fait. Toutefois, en dépit des difficultés liées à la qualité à l’entrée, l’impact de ces projets n’a pas été substantiellement réduit. Il s’agit notamment du Projet d’appui institutionnel multisectoriel à la sortie de crise (PAIMSC) et du Programme d’urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base (PURSSAB), qui ont permis la reprise des missions de services publics (éducation, santé et accès à l’eau) particulièrement dans les zones Centre, Nord et Ouest qui constituaient l’épicentre des crises.

La Direction note que l’emploi des jeunes et l’autonomisation des femmes ont toujours figuré parmi

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10 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

les objectifs stratégiques transversaux du DSP 2013–2017. Cette focalisation s’est traduite par la mise en œuvre de trois opérations. Il s’agit du Programme d’appui à l’amélioration de l’employabilité et de l’insertion des jeunes (PAAEIJ), du Programme d’appui au renforcement de l’inclusion et de la cohésion sociale (PARICS) et, du Projet d’incubateur pour les jeunes entrepreneurs (PRODIGE). En outre, dans les projets d’infrastructures d’énergie et de transport, il y a eu une prise en compte systématique des questions sociales sous la forme d’activités connexes.

La Direction indique que cette approche sera maintenue et consolidée dans le prochain DSP 2018–2022 qui mettra l’accent sur la stratégie d’emploi des jeunes (2016–2025). Par ailleurs, en ligne avec la stratégie de la Banque en matière de genre, le DSP 2018–2022 appuiera les aspects transversaux incluant le genre, l’emploi des jeunes et la fragilité.

La Direction signale qu’en lien avec le secteur privé et au regard du déficit d’énergie, les interventions dans la production d’énergie jugées performantes sous la forme de PPP vont se poursuivre selon une approche programmatique. Elles contribueront ainsi à la baisse des coûts des facteurs, et au développement des chaînes de valeurs des filières agro-sylvo-pastorales et halieutiques. Dans le cadre de la stratégie d’intégration régionale et de la stratégie décennale 2013–2022, les interventions publiques régionales de la Banque porteront sur le secteur des transports (terrestre, ferroviaire et aérien), pour faciliter et accroître les échanges communautaires. En outre, elles viseront à poursuivre les interconnexions des réseaux électriques au sein de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour susciter la création d’un véritable marché régional d’énergie.

5. Il s’agit du volet agricole du Projet d’appui institutionnel multisectoriel à la sortie de crise (PAIMSC), du Programme d’urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base (PURSSAB), du Programme d’appui à l’amélioration de l’employabilité et de l’insertion des jeunes (PAAEIJ), et du Programme d’appui au renforcement de l’inclusion et de la cohésion sociale (PARICS).

Efficacité

Les résultats des interventions de la Banque en Côte d’Ivoire au cours de la période sous revue ont été jugés globalement satisfaisants. La Direction note avec satisfaction que la Banque a contribué aux progrès remarquables de la Côte d’Ivoire au plan de la réduction des facteurs de fragilité et de la reprise de la croissance économique. En effet, la plupart des interventions a permis d’obtenir les extrants prévus et de générer les effets attendus.

Pour les projets d’infrastructures, les réalisations ont été menées conformément aux prévisions. Les effets sont jugés satisfaisants même si pour le pont Henri Konan Bédié (HKB), l’évaluation indique que le trafic reste à ce jour inférieur aux prévisions. Dans le domaine de l’agriculture, l’efficacité a également été jugée satisfaisante même si pour certains projets, l’appréciation est plus délicate parce qu’il n’y avait pas d’objectifs initiaux quantifiés5.

L’évaluation juge insatisfaisante l’efficacité dans le domaine social, en raison de l’absence de liens directs entre produits et effets du projet du PAAEIJ. Sur cet aspect, la Direction précise que l’objectif premier du programme était bien de soutenir des reformes clés devant à terme conduire à une forte création d’emplois. Elle note à contrario de l’évaluation, que le PAAEIJ a soutenu les actions sur : (i) les flux à travers le développement des outils de pilotage de la relation entre formation et emploi ; (ii) la réflexion stratégique à travers une étude de faisabilité pour le développement de PME/PMI. Dans cette optique, il convient d’indiquer qu’en accord avec le Gouvernement, une part relativement importante, soit environ 16 % de l’enveloppe allouée aux appuis budgétaires sectoriels (ABS), a été consacrée aux activités à fort effet de levier sur la création d’emplois. Ainsi a-t-il été créé 1500 emplois jeunes sur les 2000 prévus.

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Par ailleurs, il est à noter que la conception programmatique du PAAEJ, avec un décaissement en deux tranches, a permis de maintenir un dialogue politique soutenu sur les politiques avec les ministères et structures sectoriels concernées par les reformes. En effet, le rôle catalytique de la Banque dans le dialogue sectoriel a été réel. Cela a permis la mise en place le 15 janvier 2015, par arrêté du Premier Ministre, de deux plateformes pérennes de coordination, l’une dédiée au secteur éducation/formation et l’autre organisant les relations entre les structures en charge de la formation professionnelle et le secteur privé. Ces plateformes ont joué un rôle prépondérant dans la préparation de la stratégie de développement 2016-2025 du secteur éducation/formation adopté en conseil des ministres en mai 2017.

L’évaluation souligne que dans le cadre du DSP 2013–2017, les objectifs de dialogue annoncés n’ont pas été réalisés, car les échanges se sont plutôt focalisés sur des questions sectorielles. Spécifiquement, en ce qui concerne les appuis budgétaires, l’évaluation indique que le dialogue politique a été satisfaisant à l’entrée, en phase de conception des programmes de réformes qui ont fait l’objet d’une synergie avec l’intervention des autres partenaires techniques et financiers (PTF). L’évaluation du dialogue politique a plutôt été contrastée pendant la mise en œuvre des appuis budgétaires. Sur ces deux volets du dialogue, la Direction rappelle que le dialogue stratégique devrait s’organiser autour des cinq (5) points suivants : (i) le rôle du pays au niveau régional dans le marché commun et la réduction des facteurs de fragilité ; (ii) l’amélioration du climat des affaires ; (iii) la préservation de l’environnement ; (iv) la prise en compte de la problématique du genre et (v) le renforcement de la mobilisation des ressources intérieures.

S’agissant de l’intégration régionale, deux grands projets régionaux de transport terrestre et un projet national de transport aérien (approuvé en novembre 20176) ont permis au cours de la phase de préparation desdits projets, d’amorcer le

6. Le programme d’extension et de modernisation d’Air Côte d’Ivoire.

dialogue sur les questions relative à l’intégration régionale. Ces échanges ont porté notamment sur la facilitation douanière à travers la construction des postes juxtaposés de douanes à la frontière avec le Mali, la Guinée et le Libéria ; l’application des règlementations de l’UEMOA relatives à la charge à l’essieu et de l’application des textes portant sur le secteur de l’aviation civile. Les discussions seront poursuivies au cours du prochain DSP 2018–2022.

Sur le climat des affaires, le Programme d’appui à la gestion économique et à la croissance (PAGEC), a permis un dialogue constant avec le Gouvernement via une matrice dédiée à l’amélioration du climat des affaires et la mobilisation des ressources intérieures qui constituent les deux composantes du programme. Sa mise en œuvre ainsi que celle du projet d’appui à la gestion financière offre une opportunité de dialogue approfondi conformément aux orientations du DSP 2013-2017.

En ce qui concerne la préservation de l’environnement, il est à noter que cette problématique fait l’objet d’un dialogue permanent avec le Gouvernement sur la préservation de la biodiversité, la lutte et l’adaptation au changement climatique dans le cadre des projets agricoles. Ce dialogue a notamment permis de lancer la préparation du Projet de restauration du capital forestier et d’amélioration de la résilience (PRCFAR) dans la région Centre de la Côte d’Ivoire. Pour consolider cette démarche, la Banque va collaborer davantage et plus étroitement avec les agences spécialisées du Systèmes des Nations Unies, certains partenaires bilatéraux et multilatéraux et les autres parties prenantes du processus REDD+.

En ce qui concerne les appuis budgétaires, la Direction note que le dialogue a porté sur la mise en œuvre du schéma directeur de réformes des finances publiques, afin de moderniser la gestion des finances publiques du pays. À cet effet, un accent particulier a été mis sur l’amélioration de l’efficacité et l’efficience des dépenses publiques et une mobilisation accrue des recettes fiscales, par un

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élargissement de l’assiette fiscale. À ce titre, il est à noter que la Banque participe activement au dialogue sur les réformes structurelles et des finances publiques dans le cadre du groupe thématique « Gestion des finances publiques » qui se réunit au moins une fois par trimestre.

Toutefois, la Direction partage entièrement la nécessité soulignée par l’évaluation, concernant le renforcement du dialogue sur les politiques en cours de mise en œuvre, pour donner davantage de visibilité aux actions d’efficacité et aux interventions de la Banque. Dans cette perspective, la Direction mettra davantage l’accent sur la consolidation et le renforcement du dialogue sur les politiques de réformes en concertation avec les autres PTF.

Efficience

L’efficience de la Banque dans la gestion du portefeuille a été jugée globalement satisfaisante. L’évaluation indique que les opérations du secteur privé et les appuis budgétaires respectent un calendrier d’exécution satisfaisant, tandis que des retards importants sont surtout constatés dans les projets d’investissement public. Par ailleurs, l’utilisation des ressources a été jugée dans l’ensemble satisfaisante, même si cela cache de grandes disparités entre projets, du fait essentiellement de leur faible qualité à l’entrée. La Direction partage cette analyse et précise les éléments ci-après :

❙ Les retards au démarrage des projets sont liés au contexte post-conflit et de fragilité. En effet, le pays disposait d’une administration renouvelée qui se mettait progressivement en place, et dont les capacités devaient être renforcées, avant le démarrage des projets ;

❙ Le contexte d’instabilité a également fortement perturbé le cycle de mise en œuvre des projets sous revue ;

❙ Les délais dans l’obtention des avis de non-objection de la Banque ont été considérablement réduits depuis le retour de la Banque à Abidjan ;

❙ La proximité de la Banque va désormais permettre à la Côte d’Ivoire de bénéficier d’une expertise technique disponible plus rapidement.

L’évaluation souligne que la rentabilité financière du pont HKB est non-satisfaisante. A cela, la Direction précise que la contre-performance financière des trois premières années de fonctionnement du pont ne résulte pas d’une erreur de prévision des trafics qui a été estimée à 56.000 véhicules/jour à l’année 4 (2017/2018), car il est aujourd’hui proche des 70.000 véhicules/jour, soit au-delà des niveaux attendus par l’étude sur le trafic. La contre-performance des trois premières années résulte plutôt, d’une série de décisions souveraines des pouvoirs publics ayant modifié deux paramètres clés et redimensionné le projet. Il s’agit en effet de : (i) la non fermeture du pont Houphouët-Boigny (HB) pour rénovation pendant les trois premières années d’exploitation du pont HKB, contrairement à l’option de base et, (ii) la fixation du péage de la classe 1 à 500 FCFA, contre un péage contractuel proche de 1.000 FCFA. C’est donc un choix de l’autorité publique, sans doute pour maintenir la cohésion sociale et rendre l’ouvrage plus inclusif.

Durabilite

L’évaluation note que la durabilité des résultats des opérations financées par la Banque au profit du secteur privé et bénéficiant de garanties souveraines est jugée satisfaisante. À contrario, la durabilité a été jugée insatisfaisante pour les opérations du secteur public, en particulier en début de période, du fait d’une focalisation sur la réponse aux facteurs de fragilité qui ne considérait pas la durabilité comme un enjeu majeur dans le contexte du pays.

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La Direction prend bonne note de l’inquiétude sur la performance des opérations publiques. En outre, la Direction partage la préoccupation résultant de l’évaluation, en ce qui concerne la nécessité de réaliser de manière systématique les analyses pertinentes requises dans les cas d’octroi des garanties souveraines, pour éviter d’obérer indûment la viabilité de la dette du pays. Ces deux problématiques sont déjà prises en compte dans le Plan d’amélioration du portefeuille pays 2017. La Direction en tiendra davantage compte dans le cadre de la préparation de la nouvelle stratégie pays de la Banque (DSP 2018–2022) et la mise en œuvre des opérations qui en découleront. Plus spécifiquement, en ce qui concerne les garanties souveraines, il convient de noter que d’ores et déjà, la Banque a attiré l’attention du Ministre en charge de l’Économie et des Finances sur de nouveaux projets proposés par des promoteurs privés au financement de la Banque, qui comporteraient des garanties de l’État7.

Par ailleurs, la Direction prend bonne note du problème de suivi des mesures environnementales qui n’est pas systématiquement documenté et/ou effectué. Le suivi de cette question sera renforcé dans le cadre des missions de supervisons et de revues des programmes et projets. La Direction indique que le jugement selon lequel la durabilité des opérations du secteur public est jugée globalement insatisfaisante mérite d’être nuancé au regard du contexte post-crise. Il n’en demeure pas moins que les structures administratives mises en place et les formations dispensées ont bien contribué au développement du pays. De même, le second pilier du DSP en cours portant sur la réhabilitation des infrastructures dans le domaine des transports, de l’énergie et de l’agriculture a permis de réaliser depuis 2013 des ouvrages par nature durable.

En conclusion, la Direction a pris bonne note de la nécessité de renforcer la prise en compte des aspects économiques, financiers et institutionnels des projets, ainsi que les risques internes et

7. Il s’agit notamment du Projet de construction de la centrale hydroélectrique de Singrobo approuvé par le Conseil en novembre 2017, qui bénéficie d’une garantie souveraine de l’État.

externes susceptibles d’avoir un impact sur les opérations. Le nouveau DSP contribuera à mettre en place de véritables stratégies de gestion des risques qui seront discutées avec l’ensemble des parties prenantes nationales y compris les autres PTF et les acteurs privés intervenant dans le cadre des Partenariats publics-privés (PPP), aussi bien aux étapes de conception et de mise en œuvre des futures interventions.

Aspects transversaux

L’évaluation indique que l’intégration du genre dans les stratégies et programmes de la Banque en Côte d’Ivoire est globalement satisfaisante. La Banque a progressivement intégré la dimension de l’égalité homme-femme dans ses documents de cadrage.

La Direction partage entièrement le constat de l’évaluation selon lequel bien que les résultats soient positifs, ils sont encore modestes par rapport à l’ampleur des enjeux. La Direction mettra à profit les différentes initiatives en cours, notamment « l’Affirmative Finance Action for Women in Africa » (AFAWA), ainsi que les projets à venir, afin d’avoir un impact plus important sur le genre.

L’évaluation mentionne que l’appréciation de la prise en compte des aspects environnementaux, tant au niveau stratégique qu’opérationnel, est globalement mitigée et donc insatisfaisante. La Direction prend note de cette observation qui servira au renforcement de l’analyse des aspects environnementaux dans le cadre des stratégies et projet de la Banque en Côte d’Ivoire. D’ores et déjà, la Banque prépare des opérations exclusivement consacrées à la lutte contre la déforestation qui représente un enjeu important pour la Côte d’Ivoire. C’est le cas du Projet de restauration du capital forestier et d’amélioration de la résilience dans la région Centre de la Côte d’Ivoire (PRCFAR), en cours de préparation. Enfin, la Direction souligne

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Recommandation Réponse de la Direction

Recommandation 1 : Appuyer au niveau stratégique la Côte d’Ivoire pour une croissance plus inclusive visant à réduire la pauvreté et les inégalités sur l’ensemble du territoire.

Pour les détails de chaque recommandation, merci de se référer à l’évaluation (pages 59 à 62).

Accord. La stratégie future, en cours de préparation dans le cadre du DSP 2018−2022, permettra de retenir des projets contribuant à accélérer l’approche de la Banque visant à réduire significativement la pauvreté en s’appuyant sur les résultats du DSP 2013−2017.

En vue de renforcer le caractère inclusif de la croissance et au regard du potentiel et de la marge de progression de la Côte d’Ivoire en matière agricole, la Banque envisage de poursuivre son approche en terme de pôles agro-industriels en cours de construction pour accélérer la transformation structurelle du secteur agricole qui compte le plus grand nombre de pauvres et reste le premier employeur du pays. Plus spécifiquement, la Banque poursuivra son approche en termes d’inclusion des activités connexes au projet d’infrastructures et qui contribuent au renforcement de l’inclusion économique et sociale. A cet effet, la Banque appuiera :

❙ Le renforcement des compétences des jeunes dans les filières scientifiques, technologiques et professionnelles pour améliorer la compétitivité de la main d’œuvre et accompagner la transformation de l’économie, avec une attention particulière aux questions de genre eu égard à la sous-représentation des filles dans les sciences en général ;

❙ Le renforcement du caractère inclusif de l’économie en favorisant la promotion et le développement des activités économiques des groupes vulnérables dont les populations rurales, les femmes et les jeunes, en valorisant les compétences pour transformer le « dividende démographique » en « dividendes économiques ».

❙ L’appui au développement des agropoles selon cette nouvelle approche intégrée (agriculture, élevage, transport, électrification, eau et assainissement, infrastructures socio-économiques, TIC, reboisement, etc.). Cet appui inclura la nutrition, la mécanisation, l’emploi des jeunes, la transformation des produits agricoles et la prise en compte des changements climatiques, en synergie avec les fonds climatiques mondiaux.

La Direction est en accord avec les principaux enseignements et recommandations de l’évaluation. Ils ont été intégralement pris en compte dans la préparation du rapport combiné d’achèvement du DSP 2013–2017 et de la Revue de la performance du portefeuille pays 2017. En outre, les enseignements et recommandations de l’évaluation serviront également à éclairer la conception des futures stratégies et opérations de la Banque en Côte d’Ivoire, en particulier le nouveau Document de Stratégie Pays 2018–2022 qui sera soumis à l’approbation des Conseils en juin 2018.

Récapitulatif des actions de la Direction

que certains projets et programmes du DSP 2013–2017, en matière agricole (infrastructures, pôles agro-industriels régionaux, chaines de valeur et agro-business) ont un potentiel important de structuration des secteurs concernés. La Direction va engager le dialogue avec le Gouvernement pour l’inciter à une meilleure sensibilisation des acteurs

impliqués, en vue de favoriser une production plus durable soucieuse de l’environnement. La Direction note avec intérêt que les projets des deux ponts (HKB et Yopougon-Plateau) incluent des réponses favorables aux problématiques de la croissance urbaine non-durable et les pollutions qui y sont liées.

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15Réponse de la Direction

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Recommandation Réponse de la Direction

Recommandation 2 : Renforcer le dialogue sur les politiques et sur les questions stratégiques, appuyé par des travaux analytiques pertinents.

Pour les détails de chaque recommandation, merci de se référer à l’évaluation (pages 59 à 62).

Accord. Dans le cadre de la mise en œuvre du DSP 2018–2022, la Banque renforcera son dialogue sur les politiques et sur les questions stratégiques en s’appuyant sur des travaux analytiques pertinents. A travers le programme d’appui à la gestion économique (PAGEC) les dialogues seront centrés autour des points suivants :

❙ L’efficacité et à la transparence de la gestion des finances publiques notamment les défis liés à : (i) l’accroissement de l’espace budgétaire de l’Etat, pour faire face à la mise en œuvre de son ambitieux plan national de développement ; (ii) le renforcement de l’efficacité de la dépense publique, notamment par la protection des dépenses pro-pauvres, afin de réduire les inégalités qui sont encore très importantes dans le pays ; et (iii) l’amélioration de la transparence de la gestion des finances publiques (gestion financière, passation de marchés) ainsi que la reddition des comptes.

❙ La diversification des sources de croissance notamment (i) l’accès à l’énergie ; (ii) l’accès au financement à travers l’assainissement du secteur bancaire public ; (iii) le foncier rural ; et (iv) la gouvernance du secteur café-cacao ;

❙ Le dialogue sur les politiques dans le cadre des groupes thématiques de coordination des bailleurs ;

❙ Le maintien du principe de dialogue de haut niveau initié depuis le début de l’année 2017 et qui s’est avéré très fructueux.

Recommandation 3 : Compléter les études de faisabilité des PPP par des analyses systématiques des conséquences des garanties données par l’État.

Pour les détails de chaque recommandation, merci de se référer à l’évaluation (pages 59 à 62).

Accord. Dans le cadre de la formulation de son prochain DSP, la Banque a pré-identifié les besoins en études économiques et sectorielles afin de faciliter la recherche de financement et accroitre l’alignement stratégique avec les priorités nationales. A cet effet, les projets en cours d’exécution prévoient de nombreuses études dans des secteurs clés afin d’améliorer la qualité en amont des projets et constituer un pipeline solide pour la nouvelle stratégie.

En matière de PPP, outre les études de faisabilité prenant en compte les conséquences des garanties données par l’Etat, la Banque s’est engagée, à travers le compact G20, à fournir :

❙ Des services de conseil pour la structuration (services de conseil aux transactions) et/ou la négociation de projets PPP (énergie, port, aéroport, chemins de fer, routes, etc.) mais aussi le renforcement des capacités à travers la formation pratique sur les aspects institutionnels, juridiques et financiers des PPP ;

❙ L’assistance juridique fournie aux autorités publiques impliquées dans les projets de PPP à travers la Facilité de soutien juridique, lorsque des capacités supplémentaires sont nécessaires ;

❙ Le développement d’outils de transaction de facilitation (FTT) : élaboration de contrats de modèles et de documents de normes, y compris les kits outils PPP, les manuels de procédures et les contrats modèles PPP pour faciliter la préparation, l’approvisionnement et la mise en œuvre des projets PPP.

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16 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Recommandation Réponse de la Direction

Recommandation 4 : Renforcer la visibilité de la Banque par rapport à son implication dans l’appui à la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire.

Pour les détails de chaque recommandation, merci de se référer à l’évaluation (pages 59 à 62).

Accord. Au cours de la mise en œuvre de la stratégie pays 2013–2017, la Banque a pris une part active dans les groupes de travail sectoriels et thématiques mis en place dans le cadre de la coopération entre le Gouvernement et les chefs de missions de coopération. Cet engagement sera maintenu.

En outre, au cours du cycle du nouveau DSP 2018–2022, la Banque va s’efforcer de mieux communiquer les résultats de ses opérations en Côte d’Ivoire, en utilisant les outils de diffusion de la Banque. En particulier, la Direction générale Afrique de l’Ouest (RDGW) travaillera avec le Département de la performance et des résultats (SNDR) pour faire la promotion des opérations dans MapAfrica et via les rapports spécifiques sur les résultats (Country Result Brief).

Dans cette démarche d’amélioration de la visibilité de la Banque, il convient de noter qu’avec la contribution de RDGW et l’appui technique du Département de la communication et des relations extérieures (PCER), la Banque va mettre en exergue au cours du mois de janvier 2018 sur différentes plateformes de communication (site web, media sociaux, etc.) l’impact des opérations de la Banque en Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, la Banque organisera des ateliers et des cliniques fiduciaires aux bénéfices des agences d’exécution et assurera leur suivi afin de : (i) accélérer la mise en œuvre des projets en particulier pour les assistances techniques et ; (ii) renforcer l’utilisation des systèmes nationaux conformément aux accords convenus avec le Gouvernement de la Côte d’Ivoire en terme de passation des marchés. Lors des futurs ateliers, la mise en place de systèmes de suivi-évaluation sera développée. Les activités suivantes qui vont démarrer, contribueront également à cette visibilité notamment :

❙ L’appui renforcé au Plan national de développement (PND) grâce à la mise en œuvre du projet d’appui à la gestion économique qui prévoit d’aider à la mobilisation des ressources, au renforcement des capacités des structures en charge de la planification du développement dans les ministères pro-pauvres et à la vulgarisation de la budgétisation sensible au genre.

❙ Les études en cours de préparation permettront une participation plus active et plus visible au dialogue sur les politiques telle que décrit en réponse à la recommandation 2 ; (ii) un plan de communication orienté sur l’implication de la Banque dans l’appui à la stratégie de développement du pays sera également élaboré en appui du DSP 2018–2022.

❙ La Banque mettra à profit les missions de supervisons et de revues à mi-parcours des projets et du portefeuille pour organiser des activités de communication avec les différentes parties prenantes notamment l’administration publique, les partenaires au développement, les organisations de la Société civile et le secteur privé.

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17Réponse de la Direction

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Recommandation Réponse de la Direction

Recommandation 5 : Renforcer le suivi et l’évaluation de l’atteinte des résultats au niveau des opérations et des stratégies de la Banque.

Pour les détails de chaque recommandation, merci de se référer à l’évaluation (pages 59 à 62)..

Accord. De manière systématique, l’ensemble des instruments de stratégie (Fiche pays, Note pays, DSP) produits pendant la période sous revue (2006−2016) comportait des cadres logiques pour assurer le suivi/évaluation de l’atteinte des objectifs, des effets et impacts, aussi bien à mi-parcours qu’en fin de période. Il en est de même pour les opérations public et privé, à caractère régional ou d’urgence ayant bénéficiées des divers instruments financiers de la Banque.

Toutefois, au regard de ces cinq nouvelles priorités (Top 5), la Banque va renforcer les cadres logiques de suivi/évaluation pour un meilleur suivi des impacts stratégiques et opérationnelles, en lien avec la réalisation des Top 5. Dans cette démarche, l’évaluation de la mise en œuvre du DSP 2013−2017 et de la revue de performance du portefeuille pays a permis de tirer des enseignements utiles pour renforcer l’efficacité de la coopération entre la Côte d’ivoire et la Banque. Ces enseignements seront pris en compte dans l’élaboration du DSP 2018−2022. A cet effet, l’analyse documentaire et le dialogue continu avec le pays ont déjà permis d’identifier des axes clés de renforcement de la fonction suivi/évaluation. Il est ainsi prévu que :

❙ La conception des projets tiendra davantage compte, de manière plus précise et systématique, des capacités de mise en œuvre des organes d’exécution, des objectifs de développement clairement articulés avec les activités envisagées ;

❙ Les revues de portefeuilles seront organisées de façon fréquente (trimestrielle au lieu de semestrielle) afin de faciliter le suivi des différents projets ;

❙ La tenue d’un registre faisant état du niveau d’instruction des différentes requêtes, afin de favoriser un meilleur suivi et une célérité de traitement ;

❙ Les équipes fiduciaires de la Banque conduiront des actions de sensibilisation des différents maîtres d’ouvrages au sein du Gouvernement (ministères) sur les méthodes et règles de passation de marché applicables, afin d’en réduire les délais et la complexité ;

❙ La Direction générale et les départements sectoriels de la Banque concernés par le portefeuille pays développeront, sur la base des rapports « Portfolio flashlight », des outils internes permettant d’améliorer les conditions de gestion des projets.

Recommandation 6 : Clarifier les directives et les modalités d’intervention en matière d’aide d’urgence pour les rendre mieux adaptées aux risques et sources de fragilité et garantir une intervention rapide touchant les cibles dans les plus brefs délais.

Pour les détails de chaque recommandation, merci de se référer à l’évaluation (pages 59 à 62).

Accord. La Banque souscrit à la nécessité d’adapter ses instruments d’intervention dans le cadre des situations d’urgence. D’ores et déjà, elle avait initiée une revue des opérations d’urgence financées sur la période 2008−2010, afin d’identifier les goulots d’étranglement procédural et opérationnel qui entravent la bonne mise en œuvre avec célérité de telles opérations.

Parmi les recommandations de l’étude figurent entre autres, la nécessité de :

❙ Raccourcir les délais de traitement des opérations d’urgence grâce à une collaboration plus accrue entre les bureaux pays et les agences d’exécution ;

❙ Renforcer le dialogue avec les gouvernements et les agences d’exécution, pour permettre une préparation rapide du rapport d’évaluation de la proposition ;

❙ Parvenir à une entente entre le Gouvernement et l’agence d’exécution, en phase de préparation de la proposition, sur les aspects relatifs aux acquisitions et aux décaissements, afin de minimiser les retards dans la signature de la lettre d’accord (LA) et les versements de fonds. Cela permettrait l’exécution et l’atteinte diligente des résultats du programme d’urgence.

La Banque tiendra compte des recommandations de cette revue, dès qu’elles seront validées par les Conseils. Elles seront appliquées dans le cadre du DSP 2018−2022, en particulier dans la formulation et la mise en œuvre des futures opérations d’urgence qui en découleront.

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Photo: © ADE

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19Introduction

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Introduction

Le présent rapport d’évaluation couvre les stratégies, interventions et activités de dialogue sur les politiques de la Banque mises en œuvre à travers l’ensemble des instruments de financement pertinents en République de Côte d’Ivoire durant la période 2006–2016.

Cette évaluation, initiée et conduite par IDEV, poursuit d’une part un objectif de redevabilité en évaluant l’atteinte des résultats de l’assistance de la Banque en Côte d’Ivoire, et d’autre part, un objectif de capitalisation en tirant des leçons pour améliorer les stratégies ultérieures de la Banque dans le pays et plus généralement dans les Etats en transition.

L’évaluation a débuté en octobre 2016 par une mission de préparation sur le terrain. Après une phase d’étude documentaire et de préparation, une mission de terrain s’est déroulée du 31 janvier au 17 février 2017. Constituée d’une équipe pluridisciplinaire de 2  représentants d’IDEV et de 7  membres d’ADE, elle a mené ses travaux en étroite collaboration avec la Direction Générale de la Stratégie et de la Coordination de l’Aide (DGSCA) du Ministère du Plan et du Développement qui a apporté tout son soutien à la mission.

Près de 200  acteurs ont été rencontrés, issus du gouvernement ivoirien (tant au niveau central que local), du secteur privé, des services de la Banque, des ONG, ou faisant partie des autres partenaires au développement. Une occasion supplémentaire de s’exprimer individuellement a été donnée à chaque personne rencontrée, notamment via une consultation par enquête électronique (voir  détail : Outils mobilisés et sources de données, page 27). Une fraction importante des acteurs rencontrés sont des bénéficiaires directs des opérations de la

BAD. Des visites de terrain ont été organisées pour apprécier in situ les réalisations : pont Henri Konan Bédié (Abidjan), centrale électrique Azito (Abidjan), réalisations du PAAEIJ (Yamoussoukro), réalisations du PAIMSC (district de la Vallée du Bandama, district des Montagnes), réalisations du PURSSAB (district des Montagnes). Les visites de sites ont été l’occasion de rencontrer des bénéficiaires finaux des projets. Un atelier de travail en fin de mission de terrain a été organisé avec les parties prenantes pour échanger autour des premiers constats. Cet atelier a permis de valider ou nuancer certaines analyses.

Le présent rapport synthétise un rapport technique comportant les réponses détaillées aux questions d’évaluation.

La structure du document s’articule autour de 5 chapitres principaux :

❙ Chapitre 1 : contexte du pays durant la période 2006-2016, politiques et stratégies générales de développement, etc.

❙ Chapitre 2 : activités de la Banque en Côte d’Ivoire, théorie du changement et inventaire des actions de coopération.

❙ Chapitre 3 : objectif de l’étude, éléments méthodologiques-clés et cadre d’évaluation.

❙ Chapitre 4 : principales constatations et appréciation globale des performances de la Banque et de la Côte d’Ivoire.

❙ Chapitre 5 : recommandations.

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Photo: © Ulrich M

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21Contexte

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Contexte

Contexte géographique et politique

La Côte d’Ivoire est un Etat d’Afrique de l’Ouest d’une superficie de 322 462 km². Sa population est estimée à plus de 22 millions d’habitants. C’est une population jeune dont 42 % ont moins de 14  ans. Le pays connaît une urbanisation rapide (54 % de la population en 2015), avec une forte concentration

des habitants du pays dans les deux villes principales que sont Abidjan et Bouaké.

Les moments marquants de l’histoire politique ivoirienne récente se résument comme suit : (i) décès du Président Houphouët-Boigny (1993) et instabilité politique menant à une guerre civile (2002–2007) ; (ii)  accord politique de Ouagadougou (2007) et

Graphique 1 : Chronologie des évènements politiques marquants en Côte d’Ivoire

Période d’évaluation 2006–2016

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es d

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BAD

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

2006–07Document

de Dialogue pays

Dialogue sur l'apurement des arriérés,

reconstruction et renforcement des

capacités

2003- Suspension

des décaissements- Relocalisation du siège à Tunis

2007–08Document

de Dialogue pays

Dialogue sur l'apurement des arriérés,

reconstruction et renforcement des

capacités

2009–10Note de Stratégie Globale

Apurement des arriérés et réengagement (gouvernance et infrastructures économiques)

2011–12Fiche Pays

Restauration des infrastructures et amélioration de la

gouvernance

2013–17Document de Stratégie Pays

Renforcement de la gouvernance et développement des infrastructures en

soutien à la relance économique

2014 Retour du siège à

Abidjan

2008Stratégie

d'engagement renforcé dans

les États Fragiles

2012Évaluation

de l'assistance aux États Fragiles

2014–19Stratégie pour « Remédier à la fragilité et renforcer la résilience »

2004Facilité en

faveur des Pays Post-Conflit

(FPPC)

FEFFacilité en

faveur des États Fragiles

FATFacilité

d'Appui à la Transition

2010–11Crise post-électorale

Tentative de coup d’État

2002

Éligibilité à l'IPPTE

1998

Accord politique de Ouagadougou

2007

Élection présidentielle

2010

Commission Dialogue Vérité et RéconciliationNormalisation politique

2011

Projet de référendum nouvelle Constitution

2016

Réélection du Président Ouattara

2015

2014–15Ebola

Reprise des activités des principaux bailleurs de fonds

2009

Atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE

2012

2002–07Guerre civile

Source : IDEV

2003

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22 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

effort de normalisation politique et sécuritaire ; (iii) élections présidentielles et crise post-électorale (2010–2011) ; (iv) réélection du président Alassane Ouattara (2015). Ces aspects ainsi que l’évolution de l’engagement de la Banque sont synthétisés dans le graphique 1 ci-dessus.

Performance économique et sociale

Deuxième économie d’Afrique de l’Ouest après le Nigéria, et un des principaux exportateurs mondiaux de cacao, de café et de noix de cajou, la Côte d’Ivoire dispose depuis son indépendance d’un fort potentiel économique, notamment agricole. Après avoir souffert de la crise politique de 2006 à  2011, l’économie ivoirienne a connu un redressement avec l’amélioration de la situation politique. La croissance annuelle du PIB est autour de 9 % en moyenne depuis 2012. Toutefois, elle reste vulnérable aux chocs exogènes, notamment aux aléas climatiques et à la fluctuation des prix des matières premières, principalement agricoles. L’incidence de la pauvreté a reculé légèrement passant de 48,9 % en 2008 à 46,3 % de la population en 2015. Il en est de même pour les inégalités qui se résorbent, avec un indice de Gini qui est passé de 0,420 en 2008 à 0,405 en 2015.

Les perspectives économiques, bien que prometteuses à court et moyen terme avec un taux de croissance moyen de plus de 7 % entre 2017 et 2019 (FMI), restent conditionnées par une correction des vulnérabilités dans les secteurs énergétique et financier ainsi que par la poursuite des réformes structurelles en termes d’amélioration du climat des affaires et d’une meilleure gestion des finances publiques (distorsions du cycle budgétaire, manque de transparence et de contrôles, problèmes d’exécution des dépenses, etc.).

Situation de fragilité, défis et enjeux de développement

Les questions de la fragilité et de la transition sont une grille de lecture essentielle pour évaluer l’engagement

de la Banque en Côte d’Ivoire. La reprise d’une croissance économique forte n’est pas le seul facteur garantissant la stabilité en Côte d’Ivoire qui reste marquée par les fractures sociales et politiques.

Depuis 2006, mais surtout à partir de 2012 à l’issue du conflit post-électoral, la plupart des indicateurs de conflit et fragilité montrent une évolution positive de la situation en Côte d’Ivoire, notamment en termes de renforcement de l’Etat et de livraison de services publics. Ces progrès significatifs ont conduit la Banque à retirer la Cote d’Ivoire de la liste des pays en transition en 2016.

Toutefois la forte croissance enregistrée ces dernières années n’a pas été suffisamment inclusive et le tissu social reste fragile. Certains facteurs de fragilité se combinent mutuellement : en milieu urbain, la combinaison du dynamisme démographique et du chômage des jeunes ; en milieu rural la combinaison des problèmes fonciers, de la dégradation de l’environnement, du retour des déplacés et réfugiés, et de tensions identitaires. Les statistiques nationales indiquent que les inégalités de genre sont persistantes dans le pays, malgré une volonté politique affirmée et des moyens déployés. On peut notamment relever la prévalence des mutilations génitales féminines, interdites par la loi depuis 1998, mais qui concernent environ 36 % des femmes de 15 à 49 ans. Il s’agit d’un des taux les plus élevés d’Afrique de l’Ouest. Au niveau économique, les femmes sont plus touchées par le chômage (taux de chômage de 11,9 % contre 7,4 % pour les hommes en 2012). Elles ont également un plus faible accès à la terre et aux ressources : même si la loi ivoirienne le permet, dans les zones rurales les coutumes locales empêchent les femmes d’acquérir des terres. La crise de 2011 a eu des répercussions en termes de violences basées sur le genre. Le nombre de victimes a largement augmenté (12 493 cas en 2011 contre 478 cas entre 2007 et 2010).

La vulnérabilité économique du pays s’est aggravée au cours des 6 derniers mois avec la chute de 35 % des cours mondiaux des prix du cacao qui représentent près de 50 % des recettes d’exportations, deux tiers des emplois, et constituent la principale source de

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23Contexte

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revenu de plus de 800 000 ménages agricoles du pays. L’effondrement des cours mondiaux du cacao, qui survient dans un contexte national marqué par des grèves et manifestations depuis la fin de l’année 2016 et au cours du 1er semestre 2017 (prix de l’électricité, conditions d’études des étudiants, salaires et retraites des fonctionnaires, mutineries), constitue une préoccupation majeure aussi bien pour le Gouvernement que pour les partenaires au développement du pays dont la Banque.

De plus, la Côte d’Ivoire fait face à différents facteurs de fragilité à caractère régional. Ainsi au cours de la période évaluée, le pays a été confronté à des problèmes transfrontaliers avec le Liberia (PEA) suite à l’incursion de groupes rebelles, à la montée de l’extrémisme violent provenant du voisin du Nord – le Mali, ainsi que l’épidémie Ebola ayant touché le plus fortement la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone.

Pour relever ces défis, la Côte d’Ivoire, tout en réaffirmant le rôle moteur du secteur privé, a fait de l’amélioration du taux de transformation des matières premières ainsi que le développement de chaînes de valeurs complètes des filières agricoles, des enjeux de développement en vue de son « émergence ». A cet effet, elle s’est fixée les 5 objectifs stratégiques inscrits dans son Programme national de développement (PND) 2016–2020 et alignés sur les 17  Objectifs de Développement Durable (ODD) à savoir : (i)  renforcer la qualité des institutions et de la bonne gouvernance ; (ii) accélérer le développement du capital humain et la promotion du bien-être social ; (iii) accélérer les transformations structurelles et de l’industrialisation ; (iv) développer des infrastructures harmonieusement réparties sur le territoire national et préserver de l’environnement ; et (v)  renforcer l’intégration régionale et de la coopération internationale.

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24 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Stratégies et programmes de la Banque 2006–2016

Stratégies de la Banque

Durant la période 2006–2016, cinq documents ont encadré la coopération de la BAD avec la Côte d’Ivoire. Les orientations principales (piliers) de ces documents peuvent être synthétisées comme suit :

L’évaluation couvre une décennie marquée par trois périodes distinctes : une fin de conflit (2006–2010), une crise post-électorale (2011–2012), et une reprise de la coopération de la Banque (2013–2017). Ces éléments de rupture dans la stratégie d’intervention de la Banque sont reflétés dans la théorie du changement globale présentée dans l’annexe A1.

Tableau 1 : Piliers stratégiques 2006–2016

Document stratégique Pilier 1 Pilier 2Note de dialogue 2006–2007 Dialogue pour l’accès à la Facilité pour les pays

sortant de conflit (FPPC)Reconstruction et renforcement des capacités institutionnelles

Note de dialogue 2007–2008 Apurement des arriérés et réengagement de la Banque

Note de stratégie globale pays 2009–2010

Renforcement de la gouvernance Développement des infrastructures économiques à caractère régional

Fiche pays 2011–2012 Renforcement et restauration des infrastructures, rétablissement des services sociaux de base

Amélioration de la gouvernance et renforcement des capacités

Document de stratégie pays 2013–2017

Renforcement de la gouvernance et de la responsabilité

Développement des infrastructures en soutien à la relance économique

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25Stratégies et programmes de la Banque 2006–2016

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Caractéristiques du portefeuille de la BAD en Côte d’Ivoire entre 2006 et 2016

Au cours de la période 2006–2016, la Banque est intervenue en Côte d’Ivoire à travers 35 projets pour un montant total supérieur à un milliard d’UC. La

Banque a appuyé des interventions dans 7 secteurs d’activité, concentrant plus des ¾ de son appui dans trois secteurs – Transport (39 %), Energie (20 %) et Social (17 %). La taille des projets au sein de ces trois secteurs est également la plus significative (le budget moyen étant le plus important dans le secteur Transport).

Graphique 2 : Portefeuille de la BAD en Côte d’Ivoire 2006–2016

Finance12,0 • 1%

Energie205,8 • 20%

Gouvernance103,3 • 10%

Agriculture108,9 • 11%

Social170,0 • 17%

Transport406,0 • 39%

Eau & assainissement24,0 • 2%

Budget par secteur d'intervention (mUC et %) Budget moyen (mUC) par secteur

Fina

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Éner

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Gouv

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Agric

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40

50

60

58,0

34,0

13,617,2

51,4

12,0 4,0

Source : RCI - Liste des projets approuvés 2006–2016 Source : RCI - Liste des projets approuvés 2006–2016

Source : Portefeuille de projets de la BAD en Côte d’Ivoire, budgets en mUC

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Photo: © Ulrich M

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27Aperçu de la méthodologie

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Aperçu de la méthodologie

Dans son ensemble, l’approche évaluative se décline selon les deux principaux niveaux d’analyse : le niveau stratégique et le niveau opérationnel. Cette analyse a été basée sur les éléments de preuve collectés en mobilisant une série d’outils décrits ci-dessous.

Au niveau de la stratégie pays

Cette évaluation est basée sur la (re) construction de la théorie de changement de l’assistance de la Banque en Côte d’Ivoire qui est représentée à travers l’annexe A1. L’analyse a pour but principalement de vérifier la mesure dans laquelle l’assistance de la Banque contribue aux résultats escomptés par les cadres d’action plus généraux (priorités propres de la Banque et priorités nationales de développement). Le cadre d’évaluation a été structuré autour de 10  questions d’évaluation. Le cadre d’évaluation est présenté en annexe A2. Dans le cadre de cette évaluation axée sur les résultats, l’effort a été principalement orienté sur l’analyse des résultats au niveau « produits » et au niveau des effets.

Deux analyses transversales ont nourri de manière importante la réponse aux questions évaluatives. La première est liée à l’identification des facteurs de fragilité, de la réponse de la Banque à ces facteurs et de leur évolution durant la période d’évaluation. La seconde analyse porte sur la modalité d’intervention « appui budgétaire » dans le cadre de la coopération avec le pays.

Au niveau des résultats de projet

Les interventions du portefeuille de la Banque en Côte d’Ivoire durant la période 2006–2016 ont été réparties en trois groupes, ceux-ci étant constitués sur base d’une approche multicritères (état

d’avancement, nature de l’intervention, budget…). Chaque groupe correspond à un degré différent d’approfondissement de l’analyse des interventions :

❙ Groupe n° 3 – Projets sujets à une évaluation des résultats (ERP), qui représentent 6 projets et 21 % de l’engagement total du portefeuille 2006–2016 de la BAD en Côte d’Ivoire. Ces projets terminés ont fait l’objet de revue documentaire, d’échanges avec des parties prenantes impliquées et les bénéficiaires finaux. Un rapport d’évaluation des résultats a été élaboré pour chaque projet. Un tableau de synthèse des notations de chaque projet est présenté en Annexe C.

❙ Groupe n° 2 – Projets sujets à une revue évaluative ciblée sur la pertinence et la mise en œuvre (10  projets et 27 % du portefeuille). L’analyse s’est basée sur une revue documentaire et un guide d’entretien à destination des représentants d’agences d’exécution ; elle a été consignée dans une grille d’analyse spécifique.

❙ Groupe n°  1 – Projets sujets à une revue documentaire (19 projets et 51 % du portefeuille concernant des projets très récents et/ou peu avancés dans leur mise en œuvre).

Une échelle de notation à 4 niveaux a été utilisée. Cette échelle est décrite en détail en Annexe A.

Outils mobilisés et sources de données

La collecte d’information a été réalisée en utilisant différents outils afin de rassembler des données qualitatives et quantitatives. Pour ce faire des outils de collecte de données ont été préparés, notamment des grilles de collecte d’information selon les groupes de projets retenus et des guides d’entretien.

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28 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

193  entretiens ont été réalisés avec les parties prenantes. Une mission de terrain a été effectué dans plusieurs localités du pays, qui a permis de visiter des réalisations et d’échanger de façon structurée et ciblée avec les parties prenantes du gouvernement central et déconcentré, des acteurs du secteur privé et de la société civile, ainsi que des structures ou des personnes directement bénéficiaires des interventions. Un questionnaire électronique a été envoyé à 141  personnes rencontrées et disposant d’une adresse électronique. Ceci a permis de recueillir 41 réponses soit un taux de réponse de 29 %.

Les informations collectées et les analyses élaborées sur la base de l’ensemble des outils décrits ont donné lieu à un rapport technique, dont le document présent en est la synthèse.

Limites de l’évaluation et solutions apportées

Le premier défi de cette évaluation a été celui de la complexité, liée à la diversité des interventions étudiées et aux différents niveaux d’analyse nécessaires. Face à ce défi, les solutions suivantes ont été adoptées :

❙ L’approche par groupe a permis de prendre en compte au mieux pratiquement toutes les interventions du portefeuille en fonction de leur état d’avancement. Cette approche ne permet cependant pas de résoudre le problème de l’appréciation des effets des programmes non terminés. Ce critère reste limité aux projets du groupe 3. Les autres interventions toujours en cours ou qui ont récemment démarré n’ont pas encore la maturité suffisante pour être appréciées du point de vue de leurs effets.

❙ La triangulation des informations provenant de sources différentes a permis de valider les constats.

Un autre défi est le contexte de fragilité et de transition qui implique une analyse adaptée à ce contexte et à sa dynamique. Etant donné l’évolution profonde du contexte entre le début de la période d’évaluation (2006) et la fin (2016), il était nécessaire de veiller à ce que la focalisation légitime des parties prenantes sur la période récente ne se traduise pas par un déséquilibre au détriment des premières années de la période. L’enjeu était également de prendre en compte la sensibilité des différentes parties prenantes dans un climat de sortie d’une crise profonde qui a créé des divisions dans le pays. Ces défis ont été pris en compte de la manière suivante :

❙ La méthodologie suivie prend en compte les limites inhérentes à une évaluation dans des pays en transition : articulation sur une analyse de la ligne du temps, reconstruction des théories du changement en fonction des évolutions du contexte, analyse transversale des facteurs de fragilité et des réponses apportées par la Banque.

❙ Dans la mesure du possible, les parties prenantes directement concernées par les opérations ont été mobilisées, en privilégiant les porteurs directs de la mémoire institutionnelle, même si ces derniers ont changé d’occupation. De même, les travaux ont systématiquement été contextualisés.

❙ Une consultation en ligne suite à la rencontre des parties prenantes a été proposée systématiquement aux participants afin de leur permettre de compléter les informations reçues et de s’exprimer anonymement, sans être influencés par des liens hiérarchiques ou d’autres pressions sociales.

Enfin, un dernier défi de cette évaluation a été la faible qualité à l’entrée de certains projets, notamment la faiblesse des logiques d’interventions et l’absence de situations de

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29Aperçu de la méthodologie

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référence ou d’objectifs chiffrés auxquels s’ajoute le manque de données sur la mise en œuvre de plusieurs projets (non disponibilité de rapports de supervision, départ des chargés de projets de la Banque etc.). Les focus groups, les interviews

individuelles, la consultation en ligne ainsi que les visites de sites ont certes permis d’atténuer cette contrainte, mais l’évaluation n’a pas pu donner un jugement de valeur sur certains aspects par manque d’éléments de preuve suffisants.

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Photo: © ADE

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Pertinence

La Banque a bien répondu aux stratégies et aux besoins de la Côte d’Ivoire, et a su adapter ses actions à l’évolution du contexte de fragilité. Les stratégies de la Banque sont jugées très satisfaisantes par rapport aux stratégies de la Côte d’Ivoire et aux besoins du pays. Comme cela a été montré dans la présentation de la théorie du changement (Annexe A), les stratégies successives de la Banque durant la

période ont visé à soutenir explicitement les stratégies de développement du pays. Le tableau 2 ci-dessous résume les adaptations successives.

La conception des projets de la Banque pour atteindre les objectifs de développement est globalement satisfaisante. Les projets d’infrastructures démontrent globalement des objectifs clairs et une bonne logique d’intervention. Par exemple, le projet d’extension de la centrale électrique AZITO vise à produire plus de puissance électrique avec la même quantité de gaz, par le passage d’un cycle simple à un cycle combiné. Le projet de construction d’un nouveau pont à Abidjan (HKB), qui vise à améliorer les conditions de circulation et réduire le temps de déplacement, répond à un besoin critique même si le montage finalement retenu repose sur des hypothèses de trafic trop optimistes.

La qualité à l’entrée reste cependant plus faible pour les projets du secteur social. Des faiblesses dans la conception des interventions ont été rencontrées au niveau des projets PAIMSC, PURSSAB renf.-cap., PARICS, PAAEIJ. Par exemple, le PAIMSC-volet agricole n’a pas de logique d’action explicite et orientée en ce qui concerne les produits attendus. Les indicateurs spécifiques retenus n’ont pas été chiffrés, ne disposant pas de valeurs de références, ni de valeurs cibles intermédiaires. Un autre exemple est le volet appui budgétaire du PAAEIJ dont la logique d’action n’est que très peu explicitée, notamment en

Critères d’évaluation NoteAlignement / adaptation Très satisfaisant

Conception des projets Satisfaisant

Inclusivité Satisfaisant

Appréciation globale Satisfaisant

La pertinence de la stratégie de la Banque est jugée globalement satisfaisante. La Banque a su adapter sa stratégie à l’évolution de la situation depuis la reprise de la coopération après les accords de Ouagadougou en 2007, la gestion de la crise post-électorale de 2011 et le soutien à la stratégie de relance du Gouvernement ivoirien à partir de 2012. La conception des projets est globalement satisfaisante même si pour quelques interventions dans les secteurs sociaux, les logiques d’actions ne sont pas suffisamment explicites. En termes de ciblage, les stratégies successives de la Banque ont été marquées par une prise en compte satisfaisante de la préoccupation constante des enjeux d’inclusion sociale.

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32 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Tableau 2 : Adaptation des stratégies de la Banque au contexte du pays

Cadre stratégique national Réponse stratégique de la Banque

2006–2010 - Période de sortie de conflit

Programme opérationnel de sortie de crise (PSC) : A la suite des accords de Ouagadougou, le PSC est présenté par le Gouvernement de Côte d’Ivoire aux partenaires de développement en juillet 2007. L’objectif global est de « créer un cadre institutionnel qui rétablit l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire afin de parvenir à l’organisation d’élections crédibles ». Ce programme comportait 7 axes opérationnels et disposait d’un ancrage institutionnel, dont une direction au sein du Cabinet du premier ministre en charge du suivi et de la coordination.

Note de Dialogue 2006–2007 : vise (i) la poursuite du dialogue sur la réalisation des critères d’accès à la Facilité de la Banque pour les pays sortant de conflit (FPPC) et (ii) la participation à la reconstruction ainsi qu’au renforcement des capacités institutionnelles.Note de Dialogue 2007–2008 : poursuit le même objectif de trouver une solution pour apurer l’intégralité des arriérés de la Côte d’Ivoire, afin de permettre à la Banque de reprendre pleinement sa coopération avec le pays. Le Projet d'appui institutionnel multisectoriel à la sortie de crise (PAIMSC) a été initié dans ce cadre en contribuant principalement aux deux axes suivants : (i) la restauration de l’autorité de l’Etat ; et (ii) la consolidation de la réconciliation nationale.

Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP-II) pour la période 2009–2012. L’objectif global du DSRP poursuivi était de consolider la paix et d’améliorer les conditions de vie des populations.

Note de Stratégie Globale Pays (NSGP) 2009–2010 : élaborée pour appuyer la stratégie gouvernementale et préparer un réengagement de la Banque en Côte d’Ivoire. Double objectif : le développement d’un plan d’apurement des arriérés et le réengagement de la Banque autour de deux piliers : (i) le renforcement de la gouvernance ; et (ii) le développement des infrastructures économiques à caractère régional.

Après la crise post-électorale de 2011

Programme d’urgence présidentiel. La stratégie de la Côte d’Ivoire proposée dans le DSRP est interrompue suite à la crise post-électorale de 2011. Un programme d’urgence présidentiel (PUP) est défini rapidement afin de répondre aux urgences sociales. D’un montant de 45 milliards de FCFA, le programme ciblait principalement les services de base à la population – les secteurs de l’eau et de l’assainissement, de la santé, de l’éducation, ainsi que les structures déconcentrées de l’Etat.

Fiche pays 2011–2012. La Banque apporte son appui à la mise en œuvre du PUP à travers le Programme d'urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base (PURSSAB).

Période de reprise de la coopération 2012–2015

Programme National de Développement 2012–2015. En 2012, le Gouvernement lance un ambitieux programme de relance économique et sociale, le Programme National de Développement (PND) 2012–2015, qui a pour objectif de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant en 2020 à travers : (i) une croissance forte et soutenue sur une longue période ; (ii) la constitution d’une classe moyenne significative ; et (iii) la participation au système de production mondial. La finalité du PND devient la croissance forte et inclusive du pays. Les secteurs prioritaires identifiés sont les infrastructures, l’agriculture, la justice et la bonne gouvernance, la sécurité, le capital humain, l’industrie et les PME, l’urbanisme et l’habitat.

Bien qu’elle ne dispose pas encore formellement de document de stratégie complet, la Banque accompagne le PND à travers la relance de grands investissements privés avec l’approbation de deux projets d’infrastructures mis en veilleuse durant les crises. Elle relance également les projets que la crise avait interrompus.DSP 2013–2017. En 2013, la Banque propose un DSP complet qui couvre la période 2013–2017 et qui s’articule explicitement sur le soutien au PND. Il repose sur deux piliers, la gouvernance (pilier 1) et les infrastructures (pilier 2). Le premier pilier revêt deux dimensions, une première est centrée sur un objectif de poursuite des efforts en termes de réconciliation nationale et de cohésion sociale et une seconde qui vise l’inclusion économique et l’accès à l’emploi. Au niveau de l’axe infrastructures, trois domaines sont retenus, le développement du secteur agricole, le développement du transport y compris au niveau régional et l’amélioration de l’accès à l’électricité.

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ce qui concerne le lien entre les activités soutenues, les réformes attendues et les objectifs poursuivis. Pour le PURSSAB-renforcement des capacités, la faiblesse est plutôt liée à une insuffisance dans la conception du programme. En effet, comme cela a été mentionné par les responsables ivoiriens du programme, les procédures et les règles n’étaient pas adaptées aux contraintes d’un environnement post-conflit ce qui a été à l’origine des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre.

Les stratégies successives de la Banque en Côte d’Ivoire ont été marquées par une préoccupation constante de l’inclusion sociale. La préoccupation de la réduction de la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie de la population est commune à tous les documents stratégiques de la Banque en Côte d’Ivoire, dans la mesure où il s’agit de la finalité principale de son intervention. Les cinq documents de stratégies qui ont cadré la coopération entre la Banque et la Côte d’Ivoire ont été analysés avec une optique spécifique sur leurs éléments liés à l’inclusion sociale. Tous les documents de stratégie de la Banque abordent l’enjeu de la pauvreté et font une analyse des enjeux-clé au sein des secteurs sociaux – santé, éducation, eau & assainissement, en incluant souvent les aspects du genre (hommes-femmes) ou des groupes vulnérables (les enfants). Trois des cinq documents qui cadrent la stratégie de la Banque en RCI comportent des objectifs orientés vers l’inclusion sociale. Ces objectifs sont approfondis le plus dans le cadre du DSP 2013–2017. L’ambition de la Banque en faveur de l’inclusion sociale est bien perçue par les parties prenantes. Dans la consultation en temps réel des parties prenantes, 70 % des répondants indiquent que l’inclusion sociale est une spécificité forte (et la plus forte) des interventions de la Banque en Côte d’Ivoire. La sensibilité aux besoins des femmes et des jeunes est appréciée également comme plutôt forte, respectivement avec 64 % et 56 %.

Cependant, on ne peut pas identifier d’études spécifiques prévues ou réalisées sur les questions sociales et leurs implications pour la coopération entre la Banque et la Côte d’Ivoire. Ceci est présenté plus en détail dans la section consacrée aux travaux analytiques.

Cinq interventions dans le secteur social représentent près de 17 % du budget total pour la période 2006–2016 mais si l’on exclut les projets financés par le guichet secteur privé, elles représentent plus de 31 % des ressources mobilisées. Ce secteur a constitué une proportion plus importante au moment des crises successives que le pays a traversées. La Banque a notamment approuvé ses projets sociaux les plus significatifs en termes budgétaires en 2007 après la signature de l’accord de Ouagadougou (PAIMSC) et en 2011 à la sortie du conflit-post électoral (PURSSAB et HUMAN). Ces opérations étaient les seules approuvées par la Banque en leur année respective, ce qui confirme leur caractère décisif et structurant pour le portefeuille de la Banque en la matière. D’autre part, les premières années de mise en œuvre de la stratégie pays complète (DSP 2013–2017) ont été marquées par l’approbation de deux interventions dans le secteur représentant respectivement 20% et 29% des approbations annuelles.

Efficacité

L’efficacité est jugée globalement satisfaisante. La Banque a contribué aux progrès remarquables de la Côte d’Ivoire en termes de réduction des facteurs de fragilité et de croissance économique. La plupart des interventions a permis d’obtenir les produits prévus et de générer les effets attendus. Pour les projets d’infrastructures, les réalisations ont été menées conformément aux prévisions. Les effets sont jugés satisfaisants même si pour le pont HKB, le trafic reste à ce jour inférieur aux prévisions. Dans le secteur agricole et dans les secteurs sociaux, l’efficacité a également été jugée satisfaisante même si pour certains projets l’appréciation est plus délicate parce qu’il n’y avait pas d’objectifs initiaux quantifiés.

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34 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Globalement, la réalisation des produits prévus a été satisfaisante pour l’ensemble des projets achevés, avec cependant quelques différences en fonction des secteurs d’intervention. Les projets d’infrastructures ont réalisé les produits prévus de manière très satisfaisante, attestant d’une efficacité particulière, notamment les infrastructures de transport (pont HKB) et d’énergie (AZITO, CIPREL). Dans le secteur agricole, les projets (ou volet de projet) ont réalisé les produits attendus de manière globalement satisfaisante, certains projets ayant eu des difficultés à rendre disponible la totalité des réalisations prévues. Au niveau du social (services sociaux de base, cohésion sociale, gouvernance sectorielle), la réalisation des produits prévus est appréciée également comme globalement satisfaisante, excepté pour le volet particulier VBG du projet multisectoriel de sortie de crise et certaines dimensions du PAAEIJ. Quant au secteur de l’eau et l’assainissement le niveau de réalisation a été également satisfaisant à travers le projet Gourou. Des détails concernant la réalisation des produits sont disponibles en Annexe D.

L’obtention des effets est jugée globalement satisfaisante. Néanmoins, certaines opérations, dans le domaine social notamment, s’en écartent et leur efficacité est appréciée comme insatisfaisante. Les détails concernant la réalisation des effets de l’ensemble des projets analysés sont disponibles en Annexe D.

Dans le domaine des transports, l’obtention des effets par le projet de pont HKB est appréciée comme satisfaisante. Le niveau de trafic en 2016 de cette infrastructure d’envergure est estimé à 76 % de l’objectif tandis que les effets attendus en termes de création d’emplois ont dépassé les prévisions tant pendant la phase de construction que dans celle

d’exploitation. Le pont HKB a également contribué à réduire la durée de la liaison Cocody-Marcory d’au moins 1 heure de temps l’établissant à 15 minutes actuellement. En revanche, l’effet attendu en termes d’accroissement des recettes publiques n’a  pas été réalisé au titre de l’année 2016. En outre, concernant l’impact du projet sur la baisse des coûts d’exploitation des véhicules, aucune étude n’a permis à ce stade de confirmer la réduction effective d’au moins 30 % de ces coûts qui était attendue.

Dans le domaine de l’électricité, l’obtention des effets est jugée très satisfaisante. La contribution de la BAD a permis comme prévu d’augmenter la capacité de production nationale d’électricité avec plus de 20 %.

Dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, la contribution de la Banque qui se résume aux effets du projet GOUROU (en phase d’achèvement) sont en voie de répondre aux attentes de façon satisfaisante. Le premier effet positif du projet est la sécurisation du carrefour de l’Indenié qui reste désormais accessible en période de pluie. Le projet a également contribué à l’amélioration de la qualité de vie des populations concernées par la gestion des eaux usées, la gestion des déchets et les campagnes de sensibilisation, comme la mission d’évaluation a pu s’en rendre compte lors de la visite de terrain et à travers les discussions avec les gestionnaires du projet. Toutefois, l’absence de données chiffrées sur la zone spécifique du projet n’a pas permis d’apprécier la performance globale du projet dans l’obtention des effets.

La contribution de la Banque dans le secteur de l’agriculture est jugée globalement satisfaisante. Les rencontres avec les représentants locaux de l’administration publique et des groupements bénéficiaires ont permis de confirmer la reprise effective des services de l’Etat du secteur agricole

Critères d’évaluation NotationRéalisation des produits Satisfaisant

Réalisation des effets Satisfaisant

Dialogue politique Satisfaisant

Réponse aux situations d’urgence Insatisfaisante

Appréciation globale Satisfaisant

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dans les zones CNO, ainsi que la relance des activités agricoles avec notamment une amélioration des rendements et du circuit de commercialisation (18 000 tonnes en 2016). Par ailleurs, la Banque a contribué au financement de la campagne cacaoyère 2016 qui a concerné une trentaine de coopératives et 7 500  agriculteurs. Notons toutefois que les objectifs non quantifiés de certains projets n’ont pas permis à l’évaluateur de se prononcer sur l’efficacité dans la réalisation de certains effets.

En matière sociale (services de base, gouvernance, cohésion sociale), l’appréciation globalement satisfaisante dans l’obtention des effets cache une situation contrastée entre projets. Sur les cinq interventions qui ont été prises en compte pour l’analyse des résultats, trois ont été jugées satisfaisantes (PAIMSC-éducation ; PURSSAB Renf-cap et PARICS), une insatisfaisante (PAIMSC-Santé), et l’évaluation n’a pu se prononcer sur la performance du PAAEIJ, du fait de l’absence de liens directs entre produits et effets du projet.

Pour le volet éducation du PAIMSC, il n’était pas prévu d’effets directs des interventions, mais un effet global d’augmentation du taux net de scolarisation qui devait passer de 44 % en 2006 à 61 % en 2010. L’évaluation n’est pas en mesure d’apprécier la contribution effective du PAIMSC, mais l’analyse documentaire et les missions sur le terrain ont confirmé l’augmentation significative de la fréquentation des structures bénéficiaires.

Pour le PURSSAB, les effets recherchés non chiffrés étaient la reprise du fonctionnement des administrations économiques et financières, l’accès aux services sociaux de base, ainsi que la mise en place des mécanismes de dialogue et de paix. L’analyse documentaire et la rencontre de l’équipe d’évaluation avec les principaux acteurs concernés ont permis d’apprécier qualitativement les effets de l’intervention jugés globalement positifs.

Pour le PARICS (en phase d’achèvement pendant l’évaluation), l’objectif de formation-resocialisation des ex-combattants a été réalisé à environ 80% de

la cible du programme. Ceci devait leur permettre de les accompagner dans leur réinsertion dans la vie civile. Il n’y a pas de données sur les effets obtenus grâce à cet accompagnement. Les troubles récents liés (janvier 2017) montrent cependant que la réinsertion des ex-combattants reste un problème sensible qui n’est pas encore totalement résolu.

La plupart des indicateurs d’effets annoncés par le projet PAAEIJ ont été atteints. Le taux de chômage des jeunes actifs est passé de 9,4 % à 8,6 % en 2014. Le PIB/habitant a augmenté à 908 000 FCFA (2015). La part des étudiants inscrits dans le supérieur en sciences et techniques est passée de 26 % à 33,4 % en 2015 (de 18 % à 24,8 % parmi les filles). En ce qui concerne l’objectif de réduction du taux de chômage des étudiants issus de la formation technique et professionnelle et des diplômés du supérieur, les données sont contradictoires. Malgré ces évolutions plutôt positives de l’obtention des effets du PAAEIJ, l’évaluation ne propose pas de notation de la performance du projet. En effet, le lien de causalité entre les produits du projet et ces effets n’est pas clairement démontré au regard de la logique d’intervention reconstituée du projet.

Le dialogue sur les politiques est jugé globalement satisfaisant sur l’ensemble de la période. Il a été particulièrement important en début de période afin de permettre la reprise d’une coopération complète. Le début de période sous revue a été marqué par deux documents spécifiquement orientés sur le dialogue politique – les Notes de dialogue de 2006–2007 et 2007–2008 intervenant dans un contexte de sortie de crise pour le pays et d’enjeu de reprise de la coopération. La Banque a fait preuve d’engagement particulier en initiant le dialogue avec le pays afin d’apurer les arriérés (PAREF, apurement de 68 % des arriérés envers la Banque par un don FAD de 183,9 milliards de FCFA) et de rétablir les conditions d’une coopération pérenne, aboutissant à un plan d’apurement. Cela a constitué un élément essentiel du réengagement de la communauté internationale, étant un élément déclencheur des interventions des PTF, notamment la FRPC du FMI et l’allègement de la dette intérimaire dans le cadre de l’IPPTE (BM et FMI).

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36 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Dans le cadre du DSP 2013–2017, les objectifs annoncés n’ont pas été réalisés et le dialogue s’est plutôt focalisé sur des questions sectorielles. Les stratégies ultérieures de la Banque, et particulièrement le DSP 2013–2017 ont systématiquement inclus des ambitions en matière de dialogue politique. Les ambitions du DSP complet 2013–2017 n’ont pas été réalisées et le dialogue a plutôt privilégié des aspects sectoriels liés à des projets concrets. La stratégie pays avait défini 5  sujets principaux de dialogue (rôle du pays au niveau régional dans le marché commun et réduction des facteurs de fragilité ; amélioration du climat des affaires ; préservation de l’environnement ; prise en compte de la problématique du genre ; renforcement de la mobilisation des ressources intérieures), mais in fine les activités de dialogue ont été conduites avec les ministères sectoriels sur des questions liées à des projets concrets, notamment :(i)  les urgences d’assistance technique (4  opérations de renforcement des capacités, initialement non-prévues) ; (ii)  un projet d’accès à l’énergie et à l’énergie renouvelable ; (iii)  les interventions en matière de transport (corridor Lagos-Abidjan, transport lagunaire, extension du port de San Pedro).

Plus spécifiquement en ce qui concerne les appuis budgétaires, le dialogue politique à l’entrée est jugé satisfaisant tandis que le dialogue sur les politiques en cours de mise en œuvre est plus contrasté. Dans le cadre des programmes d’appui budgétaire, un dialogue sur les politiques soutenues a été mené, à deux niveaux :

❙ Le Dialogue à l’entrée qui se focalise essentiellement sur les déclencheurs préalables à l’approbation : les déclencheurs ont été bien définis, sont peu nombreux et inscrits dans une perspective pluriannuelle, même si certains, trop ambitieux, entrainent de ce fait des difficultés de décaissement (PAAEIJ ; PARICS). Dans le cadre de l’AB d’urgence multi-pays Ebola, le peu de temps de préparation a fortement limité le dialogue sur les réformes.

❙ Le Dialogue en cours de mise en œuvre portant davantage sur les résultats. Sur base des informations disponibles, la qualité de ce dialogue est appréciée comme plutôt insatisfaisante. Pour le PAREF, le dialogue a été confié aux PTF impliqués dans le suivi conjoint (BM, UE, FMI). En ce qui concerne le PURSSAB, le dialogue a été limité à cause de la courte durée de l’opération dans un contexte d’urgence mettant l’accent sur les moyens humains et techniques mis en œuvre. Le dialogue a été également focalisé sur des mesures très spécifiques dans le cadre du PARICS, comme par exemple le nombre d’ex-combattants à réinsérer sans véritablement contribuer à développer une politique d’inclusion et de cohésion sociale. En ce qui concerne le programme plus spécifique d’appui budgétaire multi-pays et en situation d’urgence sanitaire (Ebola), la définition de la matrice commune des mesures est restée très générique en raison des niveaux de développement très contrastés des systèmes de santé des pays concernés. L’expérience la plus positive a été observée dans le cadre du PAAEIJ marqué par une conception programmatique maintenant un dialogue soutenu sur les politiques avec un suivi d’indicateurs et mesures très concrètes, mobilisant une approche participative, etc.

La réponse aux situations d’urgence a été globalement insatisfaisante. La Banque a été présente en matière d’aide d’urgence en complétant les moyens d’autres intervenants en réponse aux crises humanitaires ou sanitaires. Toutefois les importants retards enregistrés dans l’octroi des aides ont compromis l’atteinte des objectifs visés.

La pertinence des aides d’urgence est globalement satisfaisante en termes d’identification des besoins, d’alignement et de ciblage. L’identification et l’alignement sur les besoins du pays sont clairement démontrés par l’inscription des appuis dans les mécanismes mis en place et/ou prévus par la Côte  d’Ivoire (riposte à la grippe aviaire à partir d’un mécanisme de

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réponse poussé ; véritable rôle de leadership joué par le gouvernement dans la riposte à Ebola). Quant au ciblage, il est souvent explicite et quantifié au niveau des groupes bénéficiaires, sur le plan de la couverture géographique et sur l’importance de la contribution au gap à financer.

Cependant, les retards dans les calendriers de mise en œuvre compromettent généralement les réponses adéquates données à une situation d’urgence. Malgré l’insistance sur le caractère urgent et toutes les dispositions prévues dans le cadre des documents de planification, les projets d’urgence apportant une aide ponctuelle pour répondre à la menace de la grippe aviaire et le programme de riposte à Ebola ne respectent pas leurs calendriers d’exécution respectifs de façon satisfaisante. Dans le cadre du premier projet pour la lutte contre la grippe aviaire,17 mois se sont écoulés entre l’approbation du projet et le début de la mise en œuvre de la composante santé animale. La réactivité ne s’est pas considérablement améliorée dans la résurgence de la grippe aviaire – 10 mois ont été nécessaires entre l’envoi de la requête officielle du gouvernent auprès de la Banque et la signature de la lettre d’accord, les travaux ayant démarré un mois après cette dernière. En ce qui concerne le programme de riposte à Ebola en situation d’urgence, dans laquelle la préparation du RE a été raccourcie au maximum, un délai complémentaire de 1–1,5 mois entre l’entrée en vigueur et la mise en place des conditions du premier décaissement a été enregistré, ainsi qu’un non-respect du calendrier d’audit. Dans certains cas le non-respect de la période d’exécution a impacté défavorablement la réponse fournie qui a été en décalage avec les besoins les plus pressants.

Même si les effets des contributions propres de la Banque ne peuvent pas être isolés, l’efficacité globale reste insatisfaisante. Les projets examinés sont des projets à exécution déléguée pour lesquels l’exigence de suivi-évaluation spécifique n’a pas été systématiquement respectée (Grippe aviaire, croix rouge) ou des contributions

à une politique nationale soutenue par différents bailleurs de fonds, rendant difficile l’évaluation de la contribution spécifique de la Banque.

La Banque est intervenue à deux reprises en réponse à l’épidémie de grippe aviaire en 2006 et en 2015. Sur la base des informations disponibles, au moment de l’établissement du rapport par l’exécutant, l’intervention de 2006 a été marquée par un faible état d’avancement et une utilisation limitée des ressources par le pays (14 %), surtout en ce qui concerne le volet portant sur la santé animale. La seconde intervention dans le domaine, en réponse à la résurgence de l’épidémie en 2015, était toujours en cours au moment de l’évaluation. Les informations disponibles témoignent d’un bilan de la réalisation des produits peu encourageant : sur les 28 activités prévues seules 11 sont entièrement réalisées, ce qui correspond à 23,5 % du budget. Fin janvier  2017 la situation restait préoccupante malgré une baisse du nombre de foyers, de sorte que l’objectif d’éradication totale (0  cas) du virus n’est pas atteint à ce stade.

En 2011, la BAD a apporté une aide humanitaire ponctuelle aux victimes de la crise post-électorale en confiant l’exécution à la Croix-Rouge. Les moyens apportés par la Banque ont été concentrés sur les aspects alimentaires et ont permis de distribuer des vivres prévus pour répondre aux besoins des populations cibles pendant 14  jours, mais le projet n’a pas explicitement précisé une clé de répartition de l’aide, notamment entre les territoires d’Abidjan et l’Ouest.

En 2014, une autre situation d’urgence sanitaire – l’épidémie d’Ebola – a mobilisé les partenaires techniques et financiers, surtout dans la sous-région, notamment certains pays voisins de la Côte d’Ivoire. La Banque a mobilisé son instrument d’aide d’urgence, le Fonds de secours spécial (FSS), dans une intervention multi-pays (projet SWAPS), mais est également intervenue avec un appui budgétaire dans le cadre du FAD. Les activités majeures prévues par le programme de riposte à Ebola ont été généralement exécutées : les dispositifs de

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gouvernance ont été mis en place, les documents de planification ont été adoptés, la sensibilisation menée et les contrôles effectués. Néanmoins, les résultats énumérés dans le cadre logique ne peuvent pas être attribués à la seule intervention de la Banque. Une importante mobilisation de PTF a eu lieu pour répondre à la menace (spécifiquement en Côte  d’Ivoire – Banque mondiale, CICR). Selon les sources officielles, aucun cas d’Ebola n’a été constaté dans le pays et les mesures de précaution ont été levées en septembre 2016.

Efficience

Les opérations du secteur privé, mises en œuvre sous forme de partenariats public-privé, ont globalement respecté les calendriers d’exécution. Il était prévu de construire le pont HKB en 25 mois, mais le projet a connu un certain retard de 9 à 10 mois par rapport à sa date d’approbation. Notons qu’une partie de ce retard est lié aux aspects contractuels et administratifs (plus de 3 mois entre l’approbation et le premier engagement) et non aux travaux de construction. Au vu de l’ampleur

des travaux, le respect du calendrier est jugé satisfaisant. Les projets en énergie AZITO et CIPREL ont respecté un calendrier d’exécution satisfaisant. Enfin, concernant le projet SUCDEN, le prêt a été décaissé selon le calendrier prévisionnel.

Les appuis budgétaires de la Banque en matière de gouvernance / social dans un contexte post-crises ont connu des décaissements rapides et globalement conformes aux prévisions. Le calendrier d’exécution du PAREF a été globalement respecté, dans un contexte de sortie de crise marqué par une reprise de la coopération. Le volet appui budgétaire du programme PURSSAB a été mis en œuvre dans un temps relativement court pour répondre à l’urgence (c’est le volet renforcement des capacités qui a eu d’importants retards de près de 32 mois ). Les conditions de décaissement ont été satisfaites dans les délais et en deux mois les ressources étaient entièrement décaissées.

Des retards sont cependant observés pour ces instruments d’appui budgétaire. Même si les décaissements du PAAEIJ ont été effectués en respectant le planning prévisionnel, des retards importants de 7 à 8 mois ont été enregistrés dans la mise à disposition des fonds aux ministères sectoriels de tutelle pour plusieurs raisons : (i)  un mode de décaissement retenu par le Gouvernement appliquant les proportions des deux tranches pour le transfert des ressources vers les ministères ; (ii)  des tensions de trésoreries ; (iii) des difficultés liées à la régularisation retardant le mise en œuvre des activités prévues. Quant au PARICS, il connait un retard important, le principal blocage étant les difficultés de satisfaction de la condition de décaissement liée au foncier rural. Les conditionnalités du décaissement de la deuxième tranche n’étaient pas remplies par les autres structures d’exécution du programme et celui-ci a été prorogé d’un an (date de fin attendue en

Critères d’évaluation NotesRespect d’un calendrier adéquat Satisfaisant

Utilisation efficiente des ressources Satisfaisant

Appréciation globale Satisfaisant

L’efficience de la Banque dans la gestion du portefeuille a été jugée globalement satisfaisante. Les opérations du secteur privé et les appuis budgétaires respectent un calendrier d’exécution satisfaisant, tandis que des retards importants sont constatés surtout dans les projets d’investissement. Par ailleurs, l’utilisation des ressources a été jugée dans l’ensemble satisfaisante même si cela cache de grandes disparités entre projets du fait essentiellement de leur faible qualité à l’entrée.

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décembre 2016, lors de la mission de terrain en février 2017 le programme était toujours en cours).

Certains projets d’investissement ont connu des retards importants de l’ordre d’une année (PAIMSC) à trois ans ou plus (PURSSAB - Volet renforcement des capacités ; GOUROU), liés à des difficultés spécifiques ayant des conséquences sur les taux de décaissement. Les raisons de ces retards sont liées à la nature des projets, au contexte de mise en œuvre, avec une crise traversée par le pays, et aux délais dans l’obtention des avis de non-objection.

Le PAIMSC et le PURSSAB - volet renforcement des capacités intervenant en réponse aux crises ont rencontré d’importants obstacles tant au démarrage que lors de la mise en œuvre qui ont engendré des retards. Le projet multisectoriel PAIMSC a connu des retards importants – il a été prévu que le projet se déroule sur 2 ans (entre 2007 et 2009), mais il a été effectivement clôturé en 2013. Les causes sont liées : (i)  aux problèmes rencontrés lors du démarrage des activités (10  mois de retard pour la composante « développement rural ») ; (ii)  à la rotation des chefs de projet ; (iii) à l’absence d’audit des différents volets délégués pour exécution aux organismes des Nations-Unies ; (iv) aux contraintes issues de la résurgence de l’instabilité durant la crise post-électorale 2010–2011. Quant au PURSSAB - volet renforcement des capacités, ce programme a également connu des difficultés au démarrage, notamment liées à la contractualisation pour la fourniture des matériels informatiques et bureautiques, engendrant plus de 12  mois de retard. Puis, lors de la mise en œuvre, de nouvelles difficultés liées aux modes d’acquisition, une rotation

des chefs de projet, et le manque de fournisseurs et prestataires locaux pour certaines activités ont à nouveau entrainé des retards. En cumulant ces difficultés, le programme a connu au total un retard de 31, 5 mois avec trois prorogations de date de fin des activités.

Le contexte d’instabilité résurgente a également fortement perturbé le cycle de mise en œuvre du projet GOUROU. Celui-ci a enregistré un important retard car les travaux n’ont démarré qu’en 2013, soit trois ans après son approbation.

En ce qui concerne le portefeuille actif de la Banque en matière d’infrastructures routières sous la modalité de projet d’investissement public, les interventions de liaison routière sur les corridors Fleuve Mano (budget de 96,6 MUC, près de 9% du portefeuille global) et Bamako-San Pedro (70 MUC, près de 7 % du portefeuille) peinent à démarrer. Les retards sont liés à (i)  la mobilisation des fonds de contrepartie, (ii)  l’épidémie Ebola dans la zone, et (iii) les difficultés de montage de dossiers à vocation régionale, notamment l’établissement des accords entre plusieurs pays.

En 2014, le taux de décaissement des opérations de la Banque en Côte d’Ivoire était de 18 %, contre une moyenne globale de 24 % (APPR) pour le groupe de la Banque. Les taux de décaissement ont augmenté significativement depuis 2014, tirés à la hausse particulièrement par les opérations du secteur privé. En effet, le niveau relativement satisfaisant du taux de décaissement en janvier 2015 s’explique par les décaissements successifs de HKB (26,1 MUC) ; AZITO (17,89 MUC)

Tableau 3 : Taux de décaissement

Taux de décaissement

(%)Janvier 2014 Janvier 2015 Janvier 2016 Février 2017

Secteur public 12,87% 38,94% 22,33% 13,13%

Secteur privé 22,85% 71,53% 91,94% 98,8%

TOTAL RCI 18,27% 54,21% 50,13% 15,36%Source : Données BAD

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et CIPREL (16,3 MUC) et de l’appui budgétaire PAAEIJ (13,15 MUC). S’agissant du niveau de décaissement de janvier 2016, il est expliqué principalement par le décaissement de SUCDEN (79  MUC) et dans une moindre mesure de CIPREL (15,2  MUC). On observe néanmoins une légère baisse du taux de décaissement des opérations du secteur public en 2016 qui n’est pas totalement compensée par la hausse du secteur privé.

L’évaluation n’a pas été en mesure de recalculer le taux actuel de rentabilité et de le comparer au taux de rentabilité prévu à l’origine par manque de données. L’utilisation efficiente des ressources a été appréciée via l’examen des hypothèses de base de rentabilité lorsque possible.

L’appréciation de la rentabilité financière du pont HKB est non-satisfaisante. Le projet HKB avait un taux de rentabilité global prévu de 23 % (en prenant en compte la totalité des bénéfices économiques et financiers). Les niveaux actuels du trafic et du tarif du passage sont sensiblement inférieurs aux prévisions (60  000  véhicules/jour pour la 1ere année de mise en service contre une prévision de 75  000  véhicules/jour et 500  FCFA le passage contre une hypothèse de 1000 FCFA). D’un point de vue global, le projet est déficitaire et la garantie de l’Etat est mobilisée. L’Etat a payé en 2016, 26 M€ correspondant pratiquement à 40 % des recettes de l’exploitant. Dans ces conditions, plutôt que d’être une source de recettes pour l’Etat, le pont HKB est actuellement une source de dépense importante.

Les projets CIPREL et AZITO devraient, sur la base des informations actuelles, atteindre une efficience plutôt conforme aux prévisions. Par exemple, pour le projet AZITO, sur la base des contacts de terrain et des rapports de supervision, le projet se réalise de manière très satisfaisante, en ligne avec les prévisions. Les risques sont limités sur les volumes produits et leur prix de cession. Sur les 12  premières années d’exploitation (à compter de 2015), qui correspondent à la période de remboursement du prêt de la Banque, le projet

AZITO devrait générer des recettes totales de 1.694 millions de dollars EU et rapporter un bénéfice total net après impôt de 524 millions de dollars EU.

Le jugement sur l’utilisation efficiente des ressources des interventions d’appui budgétaire n’est pas mesurable du fait de la fongibilité des ressources liées à la nature de cet instrument. Il n’y a pas d’information claire quant au PAAEIJ et au PARICS. Dans le cas du PURSSAB, la modalité appui budgétaire a permis d’allouer des ressources à des dépenses stratégiques nécessaires au redémarrage des services publics d’éducation, en évitant le sur-financement de certaines activités dû à la convergence des programmes des PTF, ceci pour une meilleure efficience du programme gouvernemental.

Au niveau des projets d’investissement marqués par la sortie de crise, les interventions ont connu une efficience contrastée. Dans le cadre du PAIMSC, la mobilisation d’agences des Nations Unies a permis d’accéder et d’intervenir dans les zones CNO très rapidement, ces agences non-étatiques ayant la légitimité, la neutralité et la compétence technique et logistique nécessaires pour intervenir dans des situations marquées par le conflit armé. Mais dans certains cas, les travaux prévus n’étaient pas de qualité satisfaisante et ont donc dû être repris ou complétés (écoles, formations sanitaires). Des difficultés administratives liées à l’audit des interventions ont également affecté le bon déroulement des programmes. Quant au volet agricole, la qualité insatisfaisante de la conception du projet a entrainé des difficultés spécifiques concernant l’adéquation : (i)  des fournitures aux besoins et (ii)  de la date de fourniture des intrants par rapport au calendrier agricole. Le projet GOUROU présente une efficience jugée satisfaisante en dépit des retards causés par la résurgence de l’instabilité politique. Des coûts inférieurs aux prévisions ont permis d’économiser environ 6 milliards de FCFA, utilisés pour améliorer les réalisations et préparer les interventions futures en réalisant l’étude du schéma directeur du bassin du Gourou.

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Durabilité

La durabilité des interventions a été appréciée en distinguant les opérations du secteur privé et les projets du secteur public. Pour les premiers, deux critères ont été mobilisés : la performance économique et financière, d’une part et la performance environnementale et sociale, d’autre part. Les seconds ont été analysés au regard des critères de : (i) solidité technique, (ii)  viabilité économique et financière et (iii) gestion des risques externes.

La durabilité des opérations du secteur privé est globalement satisfaisante, avec néanmoins un enjeu fort en termes économiques et financiers pour le pont à péage HKB à Abidjan. Les infrastructures de transport et électriques ont été réalisées à travers un partenariat public-privé PPP (pont HKB, AZITO, CIPREL) de sorte que le partenaire privé est le garant de la maintenance et de l’exploitation. De ce fait, la question de durabilité porte surtout sur la viabilité

financière des opérations mais qui ne devrait pas poser de problèmes puisqu’elle est garantie par l’Etat dans le cadre des contrats de concession et de partenariat. L’enjeu pour ces interventions est l’impact des garanties sur les budgets de l’Etat. Comme l’a montré l’analyse de la durabilité du pont HKB, la mobilisation de la garantie en 2015 et 2016 a pesé pour plus de 26 m€ par an dans le budget de l’Etat. Quant au préfinancement de campagne agricole (SUCDEN), l’opérateur atteste d’une situation financière solide avec un profit net en augmentation : le profit a été respectivement pour 2014 / 2015 de 66 / 195 millions de FCFA (malgré la baisse des revenus d’exploitation due à une plus faible production stockée et un CA plus faible en 2015 par rapport à 2014). Toutefois, SUCDEN avait un problème de renouvellement de la licence d’exportation qui a été résolu fin 2015

Sur le plan de la performance environnementale, celle-ci est globalement satisfaisante, dans la mesure où les projets d’infrastructures n’ont pas introduit des modifications profondes et irréversibles dans leur milieu naturel immédiat. D’autre part, ces projets contribuent à optimiser ou diminuer les pressions sur certaines ressources-clé. Ainsi, le pont à péage contribue à une meilleure performance du système de transport urbain en contribuant à réduire les embouteillages, donc à moins de pollution, tandis que les centrales électriques ont diminué leur bilan CO2 avec l’installation d’un cycle combiné, plus performantes par unité de combustible utilisé. Néanmoins, le suivi des mesures environnementales n’est pas systématiquement documenté et/ou effectué. L’évaluateur n’a pas eu d’accès direct aux documents de suivi de la mise en œuvre des PGES.

Critères d'évaluation NotationAppréciation globale de durabilité des opérations du secteur privé SatisfaisantPerformance économique et financière Satisfaisant

Performance environnementale et sociale Satisfaisant

Appréciation globale de la durabilité des opérations du secteur public InsatisfaisantAspects techniques Satisfaisant

Plan économique, financier et institutionnel Insatisfaisant

Prise en compte des risques internes et externes Insatisfaisant

La durabilité des résultats des opérations de la Banque a été jugée satisfaisante pour les opérations du secteur privé, où elle est assurée par les opérateurs privés avec la garantie de l’Etat. La durabilité a été jugée insatisfaisante pour les opérations du secteur public, en particulier en début de période, du fait d’une focalisation sur la réponse aux facteurs de fragilité qui ne considérait pas la durabilité comme un enjeu majeur dans le contexte. Néanmoins, la prise en compte de l’enjeu de durabilité des interventions s’est renforcée au cours de la période évaluée.

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La durabilité des opérations du secteur public est jugée globalement insatisfaisante. La durabilité dans le secteur public est davantage assurée pour certaines interventions que pour d’autres mais reste globalement insatisfaisante.

La revue juge l’analyse et les choix techniques globalement satisfaisants. Les aspects techniques représentent un enjeu important surtout dans le contexte post-crises. Celui-ci influe sur la qualité des études préalables et sur l’identification des besoins qui se heurtent à des contraintes multiples : l’accès physique, le besoin d’agir en urgence, le manque de compétences techniques (par exemple le cas du PAIMSC). La qualité de la conception est primordiale pour que les réalisations s’inscrivent dans la durée et les populations cibles puissent en bénéficier le plus longtemps possible. Un exemple positif en ce sens est le projet GOUROU dans le cadre duquel la cohérence et l’harmonisation des installations ont été favorisées en utilisant la même technologie que les infrastructures existantes (gage de durabilité). Au total, si plusieurs projets ont souffert de leur mauvaise conception technique pendant la période post conflit pour avoir été conçus dans l’urgence, ces faiblesses ont été corrigées progressivement pour être à un niveau globalement satisfaisant voire très satisfaisant pour les projets approuvés ces dernières années.

Bien qu’ayant relevé une dynamique positive, la revue juge la prise en compte des aspects économique, financier et institutionnel globalement insatisfaisante. Les acquis des interventions post-conflits sont censés s’inscrire dans les politiques et le fonctionnement des secteurs respectifs d’intervention. Même si les équipements livrés sont utilisés et fonctionnels pour certains (PAIMSC et PURSSAB pour les secteurs agriculture, santé, éducation, eau & assainissement), un enjeu principal de la durabilité est l’engagement de l’Etat pour assurer la continuité et le maintien des budgets de fonctionnement des structures. Par exemple, dans le cadre du PAIMSC : (i)  la mission de

terrain a permis de vérifier que certains acquis ont été maintenus grâce à l’intervention de projets ultérieurs (Bureau de Vente des Productions, écoles, structures sanitaires) mais que d’autres ne fonctionnent plus (comme le centre d’excellence de Bouaké) ; (ii)  dans la mesure où une deuxième phase du projet avait été envisagée, il n’y avait pas eu de stratégie de sortie prévue. Le PAAEIJ, de son côté, avait accordé une importance aux aspects de durabilité, mais l’attention portée à l’appropriation nationale (formulation participative) s’est limitée au niveau central, les directions régionales n’ayant pas été impliquées dans ce processus. Le renforcement des capacités au sein des ministères concernés est resté inachevé dans la mesure où une série d’engagements restent à concrétiser, comme par exemple la généralisation des contrats de performance, le suivi de l’insertion des diplômés, le fonctionnement de la Task force interministérielle. Notons également que le PAAEIJ a retenu des modalités de décaissement de l’appui qui n’ont pas été favorables à l’acquisition de l’ensemble des services prévus. Enfin, le PURSSAB Volet Renforcement des capacités, ayant financé des équipements bureautiques et informatiques, n’a pas proposé de mécanismes particuliers pour s’assurer de l’entretien du matériel fourni.

La prise en compte des risques internes et externes est jugée insatisfaisante. Les réalisations des interventions peuvent être impactées par des décisions du gouvernement concernant directement l’étendue et le fonctionnement de l’administration publique (par exemple l’initiative de réduction du corps des fonctionnaires). De plus, un changement brusque dans le contexte politique peut compromettre des acquis en termes de cohésion sociale. À ces facteurs d’instabilité peuvent se combiner des facteurs exogènes qui sont surtout liés à l’absence de frontière naturelle ou ethnique avec les pays voisins de la sous-région. Les projets analysés ne prévoient pas de véritables stratégies de gestion des risques ni de mesures concrètes de leur atténuation.

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Aspects transversaux

La revue des aspects transversaux a inclus le genre, la gestion environnementale et l’emploi.

L’intégration du genre dans les stratégies et programmes de la Banque en Côte d’Ivoire est globalement satisfaisante.

Au niveau stratégique, la Banque a progressivement intégré la dimension de l’égalité homme-femme dans ses documents de cadrage. Les 4 premiers documents – PND 2006–2007 et 2007–2008, ainsi que les stratégies transitoires de 2009–2010 et 2011–2012 – se limitent surtout à l’identification des enjeux liés au genre (contexte et rappel des objectifs de la stratégie gouvernementale). C’est surtout le DSP 2013–2017 qui est le plus sensible au genre dans ses objectifs. En effet, l’aspect genre est inclus dans le développement de la stratégie d’intervention en étant explicitement visé dans le pilier  1, résultats 1  &  2 et les activités non-financières (dialogue politique et études et conseil). De plus, une spécialiste du domaine a été mobilisée lors de la conception de la stratégie.

L’intégration du genre se retrouve au niveau des différentes interventions de la Banque de façon plus ou moins directe, principalement dans les projets du domaine social/gouvernance. Ainsi, le genre a été pris en compte par plusieurs composantes de l’intervention multisectorielle PAIMSC, notamment : (i)  le volet agricole à travers l’intégration de groupements féminins comme bénéficiaires des interventions (ventes groupées, activités génératrices de revenus, etc. ) ; (ii) le volet santé-VBG en mettant l’accent sur la santé de la reproduction et la prise en charge des violences basées sur genre. Le PURSSAB et le PARICS se sont inscrits dans la continuité de l’action de prise en charge médico-sociale des victimes de conflit. D’autre part, le PARICS a mis l’accent sur la resocialisation et l’insertion professionnelle d’ex-combattantes. Le PURSSAB, de par son volet en eau potable, a été favorable à la limitation de la

corvée de l’eau principalement effectuée par les femmes. Quant au PAAEIJ, il a visé en priorité les jeunes sans emploi dont les femmes qui sont les plus concernées par le chômage (15 % de chômage chez les femmes de 15–34  ans vs. 9,7 % chez les hommes, 2012). Le programme a également cherché à améliorer le taux d’inscription des filles dans les filières scientifiques et technologiques, que ce soit dans la formation professionnelle ou au sein de l’enseignement supérieur. Le programme de riposte Ebola (multinational) a également inclus une préoccupation transversale du genre, dans la mesure où les soins aux malades sont essentiellement dispensés par les femmes.

Des résultats positifs ont été obtenus en matière de genre en lien avec les interventions de la Banque, mais ils sont modestes par rapport à l’ampleur des enjeux.

❙ En matière d’insertion économique et de chômage, le pont Henri-Konan-Bédié a fait appel à près de 1500  employés pendant sa phase de construction, dont 11 % de femmes. Dans le cadre du PAIMSC, les activités génératrices de revenus pour les femmes en cherchant à instaurer un système de revolving ont été ponctuelles, avec des effets très limités dans le temps, notamment sur plan du fonctionnement de ce système.

❙ En matière d’accès à l’éducation / alphabétisation, on note un apport important pour le rétablissement du système éducatif primaire et secondaire après les deux périodes de crise (PAIMSC, PURSSAB). Par contre, l’effet du PAAEIJ sur la formation professionnelle/universitaire et l’employabilité des jeunes filles est peu clair, compte tenu des enjeux du secteur.

❙ Sur le plan de la santé, le PAIMSC a permis de réhabiliter des blocs opératoires en gynécologie. Néanmoins, les besoins restent très importants et d’autres PTF sont récemment intervenus dans le renouvellement des équipements installés par le PAIMSC (ex. CHU Bouaké). En ce qui concerne

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les violences basées sur le genre, l’apport du projet PAIMSC reste contrasté en fonction de l’efficacité opérationnelle des plateformes et centres d’excellence selon les régions du pays. Les progrès sont timides, le suivi centralisé n’est toujours pas effectif, un défi de taille concerne les mariages forcés (peu de solutions pratiques à la clé) et les mutilations génitales très répandues.

Au niveau des activités non-financières, signalons la réalisation d’une étude Profil Genre publiée en 2015. La mission n’a pas été en mesure d’apprécier sa contribution effective à une meilleure intégration des questions liées au genre dans les interventions de la Banque en cours.

L’appréciation de la prise en compte des aspects environnementaux tant au niveau stratégique qu’opérationnel est globalement mitigée et donc insatisfaisante. Bien que 83 % des répondants de la consultation directe en ligne expriment une opinion favorable sur les interventions de la Banque en Côte d’Ivoire ces 10 dernières années, ces aspects n’ont pas été intégrés dans une réflexion stratégique et une action cohérente, malgré l’enjeu.

Les stratégies de la BAD n’offrent qu’une analyse partielle et rudimentaire des aspects et enjeux environnementaux en Côte d’Ivoire. Ces aspects ne sont pas abordés dans une perspective de leur lien avec d’autres facteurs ni de leur influence sur la trajectoire de fragilité. Les documents stratégiques (Notes de dialogue, cadres transitoires et DSP) de la Banque montrent une certaine sensibilité aux questions environnementales, surtout avec le DSP 2013–2017, en ligne avec le paradigme international du « développement durable ». Les principaux enjeux évoqués sont liés à la pression démographique, la déforestation rapide, les contraintes sur les ressources naturelles, la perte de la biodiversité et les effets perceptibles du changement climatique.

L’analyse des stratégies a permis de constater qu’elles n’incluent pas d’objectifs explicitement

orientés vers l’environnement de manière générale ou vers un de ses compartiments de manière particulière. En fin de période 2006–2016, la préoccupation environnementale apparait comme transversale dans certains résultats recherchés par le DSP, que ce soit au niveau des piliers d’intervention, du dialogue sur les politiques en vue de réformes ou des appuis-conseils à fournir. Les aspects principaux portent sur le lien entre les investissements dans les secteurs économiques clés du pays (infrastructure de transport, agriculture, énergie) et la résilience climatique ainsi que sur les réformes favorables à l’économie verte, à l’adaptation au changement climatique, à la préservation des ressources naturelles et la gestion des déchets.

Peu de ressources ont été mobilisées pour la gestion environnementale. Durant la période 2006–2016, la Banque n’a financé aucun projet explicitement attribué au secteur « Environnement » en Côte  d’Ivoire. D’autre part, les interventions des autres secteurs n’ont pas mobilisé de moyens spécifiques d’intégration de préoccupations environnementales autres que le respect des procédures en matière d’évaluation environnementale et sociale. Même si des évaluations d’impact préalables et des plans de gestion environnementale et sociale ont été élaborés, la mission a permis de constater que la mise en œuvre et le suivi des mesures des PGES restent imparfaits, notamment en ce qui concerne le manque de suivi et le difficile accès à la documentation, tendance qui ne s’écarte pas sensiblement des problèmes constatés dans d’autres Etats fragiles.

La conception des projets n’est pas clairement orientée vers la croissance verte malgré le potentiel. Sur la base de l’analyse de certains projets on observe que même s’ils n’ont pas une logique d’intervention orientée clairement vers la « croissance verte », ils peuvent y contribuer par les effets qu’ils génèrent. En ce sens, la Banque a appuyé et est en train de soutenir des programmes et des projets avec un potentiel important, d’obtenir des effets environnementaux positifs et de répondre ainsi à certains enjeux de la fragilité environnementale en

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Côte  d’Ivoire. Ainsi, les projets du secteur agricole (infrastructures, pôles, chaines de valeur et agro-business) ont un potentiel important de structuration du secteur et de sensibilisation des acteurs impliqués en vue de favoriser une production plus durable. Celle-ci étant favorable à la limitation de la déforestation et de la perte de la biodiversité. Notons également que l’efficacité même de ces projets peut être influencée négativement par la fragilité environnementale, notamment face aux effets du changement climatique (ex. projet PAIA-ID).

Malgré tout, certains projets ont des effets positifs. Les projets d’infrastructure que la Banque finance incluent des réponses favorables aux problématiques de la croissance urbaine non-durable et les pollutions qui y sont liées. La Banque a participé et est engagée actuellement dans des projets structurants en matière de mobilité urbaine qui contribueront à équilibrer le système de transport, diminuer les pollutions et nuisances liées aux déplacements (pont HKB, projet de train urbain). Ces projets, en dépit de leur éventuelle influence négative et circonscrite sur le milieu urbain causé par les travaux de construction d’infrastructure, incluent un objectif significatif favorable à l’environnement en ville. Le projet GOUROU, quant à lui, permet d’aller vers une solution favorable et à long terme des enjeux de pollution de la lagune d’Ebrié, en intervenant dans une zone très densément peuplée (bassin versant avec 3  mln d’habitants). Enfin, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle des centrales électriques AZITO et CIPREL permet d’optimiser leur bilan CO2 et de s’inscrire dans une optique de réponse aux enjeux du changement climatique. En effet, les cycles combinés installés dans les deux centrales augmentent l’efficacité de production d’électricité mais diminuent également les émissions de CO2 par unité de gaz brûlé.

L’emploi devient un objectif stratégique explicite de la Banque dans la stratégie de 2013–2017. L’emploi constitue un enjeu majeur en Côte d’Ivoire. Selon l’Agence d’étude et de promotion de l’emploi (AGEPE), citée dans le PND 2015–2020, le chômage combiné (main d’œuvre disponible au chômage

ou en sous-emploi) est estimé à plus de 26,5 %. Par ailleurs, plus de 93 % de la main d’œuvre est employée dans le secteur informel. Dans les notes de dialogue politique et les deux stratégies transitoires couvrant la période 2009–2013 de la Banque, l’emploi est abordé du point de vue de l’analyse du contexte en Côte d’Ivoire mais n’est pas identifié explicitement dans les piliers / domaines prioritaires d’intervention. Le DSP 2013–2017 met l’accent plus fortement sur l’emploi, notamment celui des jeunes, dans la mesure où il s’agit d’un défi majeur en lien avec les objectifs de stabilité. L’emploi devient un objectif transversal inclus dans les résultats recherchés par les deux piliers de la stratégie – le pilier I cible spécifiquement l’emploi des jeunes à travers les deux programmes que le DSP prévoit de financer, à la fois dans une optique d’éviter les risques de (résurgence de) conflit (PARICS) et dans une perspective d’amélioration de la formation des jeunes pour favoriser leur employabilité / insertion sur le marché du travail (PAAEIJ). Le second pilier du DSP met l’accent sur la contribution à l’emploi des interventions dans les principaux secteurs – l’agriculture, les chaines de valeur agricoles et les infrastructures, notamment les emplois directs dans le BTP.

La Banque a également mis l’accent sur le dialogue avec le gouvernement en vue de l’amélioration de l’emploi (notamment les mesures de réformes convenues dans le cadre de l’AB PAAEIJ).

Cependant les projets retenus ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées. Le programme n’est pas à la hauteur des besoins concrets. Le PAAEIJ a ciblé 2000  jeunes, ce qui représente 1,3 % de l’effectif cible cumulé des principaux programmes Emploi jeunes. Il n’a que peu participé à la création directe d’emplois (1000  stagiaires concernés) avec des résultats décevants. Par ailleurs, si l’appui aux différents ministères concernés par l’employabilité et l’insertion des jeunes est en lien avec les enjeux de l’insertion professionnelle, il ne contribue pas directement à la création d’emploi.

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46 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Synthèse : contribution de la Banque aux résultats

Contribution à la sortie de crise

La période de crises socio-politiques successives que la Côte d’Ivoire a traversée (2006–2011) a fortement perturbé la trajectoire de développement du pays, impactant la cohésion de la société et remettant en cause le fonctionnement des principaux secteurs d’activité.

Durant cette période, la Banque est restée un partenaire de confiance impliqué à travers des activités d’investissement (projets et programmes) et des opérations non-financières (dialogue), tout en s’inscrivant dans la continuité.

Avant la signature officielle de l’Accord de Ouagadougou marquant la fin de la guerre civile de 2002–2007, la Banque s’est investie dans un dialogue politique traçant les conditions de la reprise et de la normalisation de la coopération avec le pays, notamment en vue de l’éligibilité à son instrument spécifique – la facilité pour les pays sortant de conflit (ultérieurement FEF, actuellement FAT). Une fois ces conditions garanties, la Banque a contribué à l’atténuation des effets de la crise et à l’amélioration des conditions de vie de la population. Elle a notamment inscrit son intervention dans le Programme national de sortie de crise du gouvernement ivoirien (PNSC), avec son projet multisectoriel (PAIMSC) de restauration des services publics essentiels, des infrastructures de base, de renforcement des capacités et de prise en charge des victimes, ciblant les zones fortement impactées par les conflits (zones CNO).

Dans la continuité de son engagement, la Banque s’est également investie en vue de l’amélioration et du renforcement de la gouvernance économique du pays. Elle y a contribué à travers deux opérations d’appui budgétaire – le PAREF en 2009 visant à instaurer un cadre macro-économique favorable à la croissance et le PURSSAB en 2012 cherchant à combler un déficit budgétaire en vue

de la réhabilitation urgente des services de base, la restauration de la paix et de la cohésion sociale. Le rôle du PURSSAB, en s’inscrivant dans le cadre du Programme Présidentiel d’Urgence (PPU) a été significatif pour stabiliser le pays au moment de la résurgence de l’instabilité suite à la crise post-électorale de 2011.

Afin de répondre aux défis de la fragilité persistante, dans le cadre de sa stratégie pays 2013–2017, la Banque est intervenue avec un autre programme dans le domaine social – le PARICS. Celui-ci vise la réintégration des ex-combattants dans la vie sociale et économique et le renforcement de la cohésion sociale en ciblant les questions du foncier rural, du dialogue et de la prise en charge des victimes.

La Banque a contribué à l’évolution positive pour la sortie de crise et la transition de la Côte d’Ivoire tant sur le volet social que sur le volet de la gouvernance économique. Sur les deux volets, l’impact des interventions de la Banque a été très important. Les visites de terrain ont confirmé l’effet des programmes PAIMSC et PURSSAB pour la reprise des missions de services publics (éducation, santé et accès à l’eau) particulièrement dans les zones CNO. Cette évolution est démontrée entre autres par le rattrapage remarquable de l’indice EPIP/CPIA (indice utilisé pour analyser les situations de fragilité) de la Côte d’Ivoire à partir de 2012–2013, de sorte qu’il a dépassé la moyenne africaine globale et régionale (Afrique de l’Ouest) en 2014–2015, et ce malgré les deux crises traversées par le pays.

Contribution à la relance économique et aux secteurs-clés

La Côte d’Ivoire a durant la dernière décennie fait des progrès significatifs en matière de croissance économique avec une croissance annuelle supérieure à 8 % entre 2012 et 2015. La politique budgétaire et les réformes structurelles ont contribué à ce dynamisme en augmentant les investissements et en améliorant le climat des affaires. Au niveau social, les progrès sont plus limités de sorte que

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le pays a peu évolué sur le plan de la pauvreté (le taux est passé de 49,8 % à 46,3 %) ; les inégalités se sont également résorbées légèrement avec un indice de Gini sur les revenus qui est de 0,420 en 2008 à 0,405 en 2015.

Les infrastructures de transport. Après des années de conflits et de sous-investissements, le secteur est confronté à deux problèmes majeurs qui sont des conditions essentielles à la poursuite de la croissance : la qualité du réseau routier et l’engorgement de la ville d’Abidjan. La superficie en routes revêtues représente environ 8 % du réseau, ce qui est très en dessous des pays comparables. De plus, le réseau est très dégradé (75 % d’un âge entre 15 et 35 ans). Au niveau de la ville d’Abidjan, la croissance de la population de plus de 2 millions d’habitants a entraîné une augmentation du trafic incompatible avec le réseau actuel.

La Banque supporte activement le Gouvernement de Côte d’Ivoire tant au niveau routier qu’au niveau de la ville d’Abidjan même si à ce jour la plupart des projets ne sont pas encore opérationnels. Au niveau des infrastructures routières, la Banque s’est engagée dans deux projets routiers à vocation régionale qui visent à faciliter le transport avec le Mali sur l’axe San-Pedro – Bamako (PARFM), pour le premier, et dans la région du fleuve de Mano avec le Liberia et Sierra Leone (PAFT) pour le second. Lorsqu’ils seront terminés, ils augmenteront le réseau des routes bitumées en bon état de 280 km. Ils devraient également avoir un effet positif sur les échanges régionaux.

Au niveau d’Abidjan, les effets du Pont HKB ont déjà été discutés. La contribution de la Banque devrait devenir encore plus significative avec le projet multi-bailleurs de train urbain à Abidjan auquel la Banque participe pour 190 millions d’UC.

Graphique 3 : Progression des scores EPIP sur la période 2004–2015

2,5

3,0

3,5

4,0

201520142013201220112010200920082007200620052004

2,62

2,74

2,98

3,15

3,73,63,6

3,3

3,2

3,5 3,5

3,7

Côte d’Ivoire Afrique Afrique de l’Ouest

Crise post-electoraleGuerre civile

Source : ADE, sur base de données de la Banque africaine de développement (2016)

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48 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Les infrastructures énergétiques. Des investissements importants ont été également effectués dans le secteur de l’énergie électrique en Côte  d’Ivoire après l’engagement du pays sur la voie de la stabilisation (2011–2012). Ces efforts se sont traduits par l’augmentation de la capacité de production en électricité, l’interconnexion des réseaux à l’échelle régionale (Ghana-Togo-Bénin ; Liberia-Sierra Leone-Guinée) et le renforcement des infrastructures de transport et de distribution augmentant le taux de couverture des localités ivoiriennes (passant de 34 % en 2012 à 43 % du nombre des localités en 2014). Cependant, le taux d’électrification des ménages reste faible, surtout en milieu rural et péri-urbain, et il n’a pas significativement progressé durant la période, passant de 55,8 % en 2008 à 61,9 % en 2014. Pour améliorer cette situation et espérer doubler le nombre actuel d’abonnés domestiques (environ 1,1 million) d’ici 2020, le Gouvernement a lancé deux programmes pour électrifier toutes les localités de moins de 500 habitants tout en allégeant les coûts d’abonnements des ménages (1000 FCFA au branchement et le solde de 150 000 FCFA sur 10 ans).

La Banque a soutenu activement la dynamique d’augmentation de l’offre avec ces deux interventions achevées dans le domaine de l’électricité. Ces projets ont amélioré l’efficacité opérationnelle de deux des trois centrales thermiques du pays, AZITO et CIPREL dont la production est passée de 278 à 417 MWH pour la première et de 212 à 321 MWH pour la seconde. Ce potentiel a renforcé la position d’exportatrice d’’électricité de la Côte d’Ivoire vers le Burkina, le Ghana et le Mali. De plus, l’interconnexion avec le Ghana permet d’exporter vers le Togo et le Bénin. Notons que l’amélioration du taux d’accès sera appuyée par un projet récemment approuvé par la Banque (fin 2016), qui vise le renforcement du réseau de transport électrique dans la région Ouest du pays. Toutefois, le secteur reste encore marqué par la fraude, la vétusté des équipements et la saturation des ouvrages du réseau électrique qui ont engendré des pertes de l’ordre de 22 % en 2015. Cette situation conjuguée aux problèmes de recouvrement engendre un déséquilibre financier

structurel du secteur de l’ordre de 58  milliards de FCFA en moyenne par an. Jusqu’en 2016, le secteur avait recours aux subventions de l’Etat pour assurer son équilibre financier. Il est ressorti des entretiens avec la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) pendant la mission de terrain qu’aucune subvention n’est attendue de l’Etat pour les années à venir.

Le secteur agricole. Le secteur agricole est un important pourvoyeur d’emplois ; il occupe près de deux tiers de la population active et apporte de ce fait une contribution importante à la formation du PIB national (24 %). Malgré les avancées ponctuelles enregistrées dans certaines filières durant la période, la compétitivité du secteur reste globalement très limitée, principalement à cause de la stagnation des rendements, la faible technicité des producteurs, la difficulté d’accès aux intrants et aux marchés, le vieillissement des moyens de production, les enjeux fonciers, etc. Le secteur reste marqué par les cultures de rente tournées vers l’exportation avec de faibles taux de transformation sur place, notamment le cacao (30 %) ; le café (moins de 5 %), l’anacarde (moins de 5 %), l’hévéa moins de 5 %), etc.

La Banque est intervenue dans le secteur agricole en Côte d’Ivoire selon les priorités et besoins du pays. Après avoir contribué à la réhabilitation technique et administrative du secteur en zone CNO pour la sortie de crise (PAIMSC-volet agricole), elle s’est résolument inscrite dans le programme gouvernemental (PNIA – Programme national d’investissement agricole) avec une série d’interventions : (i) les projets d’agropoles qui adoptent une approche intégrée visant à contribuer à l’accroissement de la productivité dans les filières vivrières en intervenant tant sur le plan des infrastructures que sur la structuration des acteurs et la résilience climatique ;(ii) le projet PAIA-ID ayant pour objectif d’augmenter la production, la productivité et la commercialisation des principales cultures ; (iii)  l’appui au préfinancement de campagne pour le cacao/café (SUCDEN). Par ailleurs, une initiative récente et en cours de mise en œuvre porte sur l’agriculture et l’emploi des

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jeunes (Enable youth), dont l’objectif est de renforcer l’entreprenariat agricole. L’analyse a montré que les deux interventions achevées ou en phase terminales (PAIA-ID et SUCDEN) ont contribué, mais à des échelles relativement modestes, à la relance du secteur agricole qui a été un des moteurs de la croissance de la Côte d’Ivoire ces dernières années. La PAIA_ID a ciblé environ 12  000  exploitants agricoles tandis que l’intervention de SUCDEN a permis de financer pour une campagne quelques coopératives cacaoyères.

L’accès à l’emploi. La situation de l’emploi dans le pays a montré des évolutions plutôt positives après la sortie de crise, avec la reprise économique. Le pays s’est doté d’une Politique Nationale de l’Emploi (PNE) en 2012 qui a permis au Gouvernement de placer la lutte contre le chômage, notamment des jeunes, au cœur de ses préoccupations. Plusieurs initiatives ont été lancées avec la collaboration des partenaires au développement du pays pour promouvoir l’emploi des jeunes. Des progrès sensibles ont été enregistrés, mais la situation de l’emploi reste préoccupante dans la mesure où l’essentiel des emplois créés sont précaires et restent concentrés dans le secteur informel. De 2012 à 2014, le nombre d’emplois créés dans le secteur formel est estimé à 251 818  (source PND) dont

85 % dans le secteur privé et 15 % au titre du secteur public.

La Banque s’est engagée, dans le cadre de sa stratégie d’intervention 2013–2017 avec le pays en matière d’emploi, notamment en ciblant les jeunes, comme expliqué plus haut. Avec le PAAEIJ, la Banque a participé à un programme d’amélioration de l’employabilité tant au niveau des sortants de la formation professionnelle que des diplômés de l’enseignement supérieur, ce qui devrait à terme améliorer l’emploi, même si les résultats sont pour l’instant décevants. La Banque a également appuyé un projet d’entreprenariat jeune fonctionnant sur le modèle d’incubateurs d’entreprises (PRODIJE en cours) mais dont les effets en termes d’emploi ne sont pas encore concrets. En plus de ces initiatives directement orientées vers la création d’emplois, la Banque à travers ses différents projets à l’instar de HKB a permis des créations de milliers d’emplois directs et indirects que l’absence de statistiques fiables et systématiques n’a pas permis de capitaliser dans ce rapport. La prise en compte systématique de l’emploi dans les stratégies et opérations de la Banque conformément à sa stratégie d’emploi des jeunes 2016–2025 devrait contribuer à mieux mettre en évidence la contribution de la Banque en matière de création d’emplois dans les Pays membres régionaux.

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Photo : © Ulrich M

ünstermann

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51Performance de la Banque

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Performance de la Banque

La performance de la Banque en Côte d’Ivoire est globalement satisfaisante, même si sur certains points particuliers des insuffisances sont constatées. Elle a été analysée sur la base des critères suivants : (i) la prise en compte des facteurs de fragilité ; (ii) la pertinence du choix des instruments et des modalités d’intervention ; (iii)  la capacité de production de travaux analytiques pertinents ; (iv)  la qualité de la supervision et (iv) la visibilité.

Prise en compte des facteurs de fragilité

Le graphique  4 ci-dessous permet de visualiser ce constat. Les facteurs de fragilité auxquels la Côte d’Ivoire a été confrontée durant la période, ont été regroupés en distinguant les facteurs politiques, les facteurs sociaux, les facteurs économiques et les facteurs environnementaux. Les interventions de la Banque sur les différents facteurs de fragilité sont identifiées par la couleur verte.

La Banque est intervenue sur la relance des institutions fragilisées par les crises dès 2007, avec le PAIMSC et en 2011 avec le PURSSAB. Sans intervenir directement dans la sphère politique ou sécuritaire, la Banque a néanmoins participé

activement aux efforts de réconciliation et au processus de démobilisation des combattants à travers le PARICS. Deux programmes de la Banque visent à réduire les inégalités d’accès aux services, ressources et emplois, le PAAEIJ, et le PARICS. L’égalité des genres est inscrite dans plusieurs interventions comme par exemple dans le PAIMSC avec sa composante, violence basée sur le genre (VBG) ou le PAAEIJ qui cherche à améliorer l’accès des filles à l’enseignement. La problématique foncière qui constitue un enjeu central a été prise en compte dans le PARICS. La contribution de la Banque à la stabilisation macroéconomique a été effective dès 2009 avec le PAREF et a continué ensuite avec les appuis budgétaires comme le PURSSAB en 2011 et le PAAEIJ (2013). Les interventions de la Banque au niveau des services sont multiples avec plusieurs projets routiers et la construction du pont HKB, les projets d’assainissement au niveau du Gourou, les projets d’infrastructures électriques visent à améliorer l’offre d’électricité sans impact environnemental additionnel. La Banque a également pu répondre à la fragilité qui a été générée par l’épidémie Ebola.

L’évaluation a également relevé la cohérence de l’assistance du Groupe de la Banque en Côte d’Ivoire avec la stratégie de la Banque dans les pays fragiles. La stratégie d’« Engagement accru dans les Etats fragiles » de la Banque reprend les 10  Principes d’Engagement dans les Etats et Situations fragiles (2005) qui représentent le consensus international sur ce qui constituent les bonnes pratiques en la matière. Parmi ces 10  Principes, la BAD a, dans le cas de la Côte  d’Ivoire, particulièrement bien respecté le principe « Prendre le contexte comme point de départ » par l’élaboration de 5 documents stratégiques qui s’appuient sur l’analyse du

La Banque a fait preuve d’une approche stratégique adaptée au contexte de fragilité et à son évolution. En confrontant l’analyse des différents facteurs de fragilité avec les stratégies et les interventions de la Banque, on constate que celle-ci a engagé des actions sur plusieurs des facteurs de fragilité décisifs.

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52 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

contexte et de son évolution pour orienter l’assistance de la Banque. Concernant le principe « Agir vite mais rester engagé assez longtemps pour avoir des chances de réussite », la BAD a été avec l’Union européenne, la Banque mondiale et les Nations Unies, un des premiers partenaires à se concentrer sur la cohésion sociale, avec des

projets risqués mais cruciaux pour une sortie de crise réussie. La BAD a également été en mesure de réagir rapidement au moment de la crise post-électorale de 2011. L’engagement à long terme de la Banque en Côte  d’Ivoire a encore été renforcé par le retour du siège de la Banque à Abidjan en 2014.

Graphique 4 : Interventions de la Banque sur les facteurs de fragilité durant la période 2006–2016

Facteurs politiques

Fonctionnement problématique des partis

politiques(Rôle des « cadres » ;

parachutage de candidats à faible légitimité locale)

Disparités régionales pour l’accès aux

services et à l’emploi, tensions inter- et

intra-communautaires, réconciliation non

achevée

Dépendance macro-économique

(dépendance exportations, besoins financements)

Croissance forte et soutenue mais perçue

comme peu inclusive

Dégradation de l’environnement naturel

Dynamisme démographique

Pression sur les ressources

(déforestation, qualité de l’eau)

Économie post-crise dominée par l’agriculture/cultures de rente, faible

VA(Pas de transformation locale)

Croissance démographique urbaine

- demande accrue de mobilité et services

de base

Inégalités d’accès aux services,

ressources, emplois

Immigration ancienne et récente, personnes déplacées, croissance

démographique forte et non-enregistrement des

naissances

Faible autonomisation des femmes ; violences

faites aux femmes et aux enfants

Echéances électorales à risques

Tendance au boycott et à la manipulation des jeunes

Dissensions au sein de l’appareil sécuritaire

Capacités et fonctionnement des

institutions affaiblis

Capital humain et social entamé par les crises

Justice transitionnelle non-aboutie

Conflits fonciers (inégalités d’accès, gestion de la propriété, conflits éleveurs-agriculteurs, enjeux climatiques, ressources minérales...)

Chômage et difficile insertion, notamment des jeunes

Proximité d’autres États en transitionFragilité régionale : Radicalisme Ebola

Mobilisations violentes

Facteurs sociaux

Facteurs économiques

Facteurs environnementaux

Risque de compromettre les perspectives de croissance et de réduction de la pauvreté

Interventions de la BAD

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Choix des instruments de financement et modalités d’intervention

La Banque a mobilisé 8  différentes sources de financement dont les 3 principales, le FAD (35,4 %), la FEF (15,9 %) et le guichet BAD (47,5 %), représentent ensemble près de 99 %. La mobilisation de ces sources de financement a évolué en fonction du contexte d’intervention, des enjeux auxquels il fallait répondre : le FAD et la FEF en début de période, à la sortie des crises (2006–2011) et BAD, dès que le pays a pu accéder au guichet du secteur privé (à partir de 2012). La Banque a mobilisé principalement trois modalités d’aide, le projet (avec une différence entre les projets à délégation de l’exécution au système des Nations unies et les projets exécutés par les pouvoirs publics ivoiriens), le soutien à des partenariats publics-privés (PPP) et les appuis aux réformes au niveau global et sectoriel.

L’approche projet a souffert de faiblesses dans sa mise en œuvre. Elle permet de cibler des interventions sur des enjeux précis. Le projet donne une forte visibilité à la BAD en tant que partenaire auprès des différentes parties prenantes. Mais les projets qui ont été étudiés lors de cette évaluation souffrent de faiblesses à plusieurs niveaux. Dans plusieurs cas, la qualité de la conception n’était pas satisfaisante, les conditions de durabilité n’étaient pas remplies et les projets accusaient des retards significatifs dans la mise en œuvre. Ce constat de performances plutôt décevantes doit prendre en compte le contexte difficile de sortie de crise dans lequel ces interventions ont été initiées.

Les appuis budgétaires ont eu des résultats mitigés. Les 4  opérations d’appui budgétaire (PAREF, PURSSAB, PAAEIJ, PARICS) ont été

mobilisées en Côte d’Ivoire pour répondre à des besoins circonstanciels sans recherche de continuité dans l’action entamée. L’examen de l’utilisation de l’instrument en Côte d’Ivoire a révélé que certaines pratiques ont limité la portée et l’efficience de l’instrument, notamment :

❙ L’introduction du ciblage des montants vers des activités spécifiques. Les deux AB sectoriels (PAAEIJ et PARICS ont introduit un ciblage des montants vers des opérations spécifiques. La modalité d’appui budgétaire a été choisie pour le PAAEIJ à cause d’un reliquat du FAD 12 à mobiliser rapidement. Dans ce contexte, l’intervention a cherché à articuler deux dimensions distinctes d’appui : un pilier conjoncturel avec des activités tangibles (opportunités directes d’insertion pour jeunes chômeurs) et un pilier structurel avec des activités intangibles (réformes sectorielles visant la main d’œuvre). Environ 17 % des montants décaissés par le PAAEIJ affectés à trois opérations dites prioritaires. Pour ce qui concerne le PARICS, la quasi-totalité des fonds était clairement fléchée vers trois programmes : ADDR, PNSC et CDVR. Ce ciblage, tout en maintenant un alignement sur les procédures nationales, a néanmoins « tordu » l’instrument en introduisant des coûts de transaction élevés, notamment en termes de gestion et de contrôle. Les retards pris dans la mise en œuvre des mesures ciblées ont freiné le programme dans son ensemble, remettant en cause l’efficience de l’instrument. Par ailleurs, en occultant le principe de fongibilité des fonds, la capacité de mener un dialogue de politiques sur des questions stratégiques de GFP et d’allocation de ressources au sein du budget, voire même sur d’autres dimensions de la politique sectorielle dans laquelle s’inscrivent les actions ciblées, a été clairement limitée. Dans le cadre du PARICS, un des avantages des activités ciblées qui a été souligné par les parties prenantes était cependant la capacité de rendre compte et d’avoir un suivi rapproché des activités.

La Banque a mobilisé des sources variées de financement, et a adapté ses instruments au besoin. L’efficacité de ces choix a  cependant été limitée par des facteurs liés à la mise en œuvre.

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54 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

❙ L’appui à un programme dont la portée en termes d’objectifs, même s’ils sont pertinents et cohérents avec le DSP et la stratégie nationale, ne sont pas réellement assimilables à une réforme macroéconomique, institutionnelle ou sectorielle, comme cela a été le cas dans le cadre du PARICS.

❙ La non-adaptation de certains mécanismes de suivi et d’évaluation proposés à l’instrument (audit externe, production de rapport de performance à mi-parcours, ...), comme cela a été le cas dans le cadre du PURSSAB.

En matière de respect des principes, la coordination avec les autres bailleurs a été effective dans le cadre du PURSSAB (concertation avec la BM, FMI et des ONG) et du PAAEIJ (rôle catalytique auprès d'autres PTF dans ce secteur). Pour le PAREF, il n’y avait pas de cadre de coordination mais néanmoins une matrice commune des mesures de réformes prioritaires, une Revue conjointe menée en septembre 2009 (sans la banque) et des Rapports communs. Au Niveau du PARICS, l’action est dite concertée et non pas conjointe. L’harmonisation des procédures de gestion, même si elles sont alignées sur celles du Gouvernement, est discutable au vu des dispositions prises par la Banque pour acheminer les financements vers des structures ciblées au départ. Le ciblage des ressources et le contrôle dans la mise en œuvre des mesures ont constitué des entraves à l’harmonisation et ont entraîné des coûts de transaction spécifiques.

L’appropriation par les bénéficiaires a été jugée globalement positive dans le cadre des rapports d’achèvement (mise en place d’un cadre de suivi/évaluation, production de rapports d’exécution, détermination et volonté politique du Gouvernement à mettre en œuvre les réformes). En particulier pour le PAAEIJ, l’appropriation et la durabilité des partenariats ont été jugées satisfaisantes, avec une implication forte du Ministère du plan. On peut néanmoins relativiser quelque peu ce constat au vu des délais rencontrés dans la mise à disposition par le Gouvernement des ressources nécessaires pour

effectuer les réformes convenues ainsi que dans la transmission des dossiers de décaissement. Il faut souligner dans ce cadre que certaines structures sectorielles n’avaient manifestement pas au départ une bonne compréhension de l’instrument. Aucune mention spécifique n’est faite quant aux complémentarités éventuelles avec d’autres modalités mises en œuvre.

Si les opérations d’appui budgétaire ont bien contribué à la stabilité macro-budgétaire, la contribution effective des appuis aux Ministères concernés, dans un contexte où la crédibilité des budgets est encore peu assurée comme le relèvent les évaluations PEFA (cadre d’évaluation de la gestion des finances publiques), cette situation est de nature à limiter la pertinence du recours à l’instrument. Le recours à un ciblage dans l’affectation des ressources, au financement direct de certains organismes et à une approche mesure par mesure, n’a pas démontré son efficacité dans ce type de contexte.

Les PPP ont permis la fourniture d’infrastructures complexes mais les garanties données par l’Etat font peser un risque sur les finances publiques. Les trois PPP analysés (pont HKB, AZITO et CIPREL) ont permis de réaliser les investissements prévus dans les délais et sans surprise sur les coûts. Le niveau de services des trois projets est très satisfaisant. Le recours au mécanisme PPP explique ces résultats. En effet, dans les trois cas, le recours au PPP a permis de : (i) travailler avec un partenaire qui connaît bien les aspects techniques, (ii) réduire les délais de mobilisation des entreprises participantes, (iii) diminuer les risques d’exploitation, et (iv)  partager le risque par une participation au capital du partenaire privé.

Cependant, si les PPP permettent de faciliter le financement d’infrastructures publiques, ils présentent des risques dans la mesure où ce financement repose généralement sur des engagements de l’Etat qui peuvent avoir des conséquences budgétaires considérables, comme dans le cas du pont HKB. Le cadre juridique et

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institutionnel des PPP en préparation devrait aider à régler ce déséquilibre dans le partage des risques découlant du partenariat.

Travaux analytiques

L’évaluation a montré qu’il n’est pas possible d’établir une liste claire et précise des travaux analytiques prévus par la Banque pour la période 2006–2016 en Côte d’Ivoire. En effet, les documents stratégiques ne prévoient pas tous explicitement la conduite d’études économiques et sectorielles. Le contexte particulier d’intervention a été marqué par les crises socio-politiques successives de sorte que les stratégies de la Banque ont essentiellement porté sur le court terme.

Ce n’est que le DSP complet 2013–2017 qui inclut une section explicite sur les travaux analytiques en prévoyant deux études qui n’ont pas été réalisées à ce stade : (i)  transformation structurelle du secteur agricole et valorisation des produits primaires ; et (ii)  mobilisation des ressources et optimisation du potentiel fiscal.

Les travaux analytiques existants ou prévus sont plus centrés sur des domaines d’intervention précis (y compris en lien avec les projets financés par la Banque) que sur des politiques à l’échelle d’un secteur d’activité. Ainsi, au sein des opérations soutenues par la Banque, l’on retrouve des travaux qui dépassent le cadre des études spécifiques de faisabilité, projection ou facilitation de la mise en œuvre. Il s’agit par exemple de l’étude de la circulation à Abidjan (projet de pont HKB), le schéma directeur du bassin du Gourou, les diagnostics pour le développement de la formation privée et de la mise en place des bureaux de valorisation de la recherche et de l’innovation dans l’enseignement supérieur (PAAEIJ). Notons également l’inclusion en

tant qu’interventions spécifiques dans le portefeuille de la Banque, de deux études (actuellement en cours) portant sur (i)  l’extension du port autonome de San Pedro, et (ii)  le projet de développement du corridor Lagos-Abidjan, qui ne sont pas explicitement prévues dans les stratégies pays.

Supervision

L’analyse de la supervision n’a pas pu être pleinement effectuée car limitée par (i) la disponibilité des documents ; (ii)  l’identification des personnes responsables de la supervision. De ce fait, et à titre illustratif, l’évaluateur a réalisé une photographie des documents de supervision disponibles et de leur timing pour les projets du groupe  3 (projets terminés). Cette analyse partielle permet néanmoins de mettre en évidence trois tendances principales :

❙ Les deux projets du secteur privé doivent faire l’objet d’un rapport de supervision élargie après la fin effective des travaux et la mise en fonction de l’infrastructure. Concernant HKB, deux rapports de supervision de la mise en œuvre sont disponibles, mais pas de document équivalent à un rapport de supervision élargie. Pour AZITO, on observe qu’il a tenu un rythme de supervision annuelle, attesté par les rapports de retour de mission, mais l’évaluateur n’a pas non plus eu accès à un éventuel rapport de supervision (y compris élargie).

❙ Le projet post-crise du secteur public (PAIMSC) a été supervisé à trois reprises, d’où l’hypothèse selon laquelle le contexte de la période 2010–2011 ne permettait pas

L’apport de la Banque en termes de travaux analytiques a été limité.

Plusieurs faiblesses ont été relevées dans le circuit de la supervision de la Banque en Côte  d’Ivoire, notamment la disponibilité de rapports sur la mise en œuvre et les acquis de projets et un suivi focalisé sur les produits.

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56 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

d’effectuer de telles missions. D’autre part, la délégation de la maitrise d’ouvrage a ses enjeux propres sur le retour d’information. Ainsi, chacun des trois volets du PAIMSC a fait l’objet de rapports spécifiques établis par les exécutants, le volet agricole étant divisé par la FAO en deux sous-composantes, etc. Cela a entrainé un manque de vision d’ensemble et une difficulté de superviser l’atteinte des objectifs globaux.

❙ Les appuis budgétaires témoignent d’une supervision la plus régulière et globalement conforme au rythme d’une mission par semestre (rythme égal ou inférieur à 6  mois/supervision dans le cas du PURSSAB, PAAEIJ et EBOLA). On remarque que le suivi des performances des appuis budgétaires a été généralement fait à un niveau très détaillé de produits, qui ont été combinés avec des indicateurs de résultats au niveau sectoriel. Le lien entre les deux n’est pas évident à démontrer comme dans le cas du PURSSAB et du PAAEIJ ce qui peut, in fine, limiter la capacité de se focaliser sur les améliorations apportées à la situation des bénéficiaires finaux et sur les contraintes ou facteurs bloquants qui conditionnent l’atteinte des objectifs de la politique sectorielle.

En complément, le suivi de l’exécution est un point important à améliorer selon les perceptions des parties prenantes consultées (61 % des répondants, c’est l’élément le plus cité qui devrait être amélioré), et les modalités de mise en œuvre sont également à optimiser, notamment sur le plan (i) des procédures, plus particulièrement les avis de non-objection ; (ii)  de la stabilité des chefs de projet ; et (iii)  de la clarification des rôles des intervenants.

Les aides ponctuelles d’urgence de la Banque ne font pas l’objet d’un suivi systématique. La mémoire

intentionnelle est vite perdue et les exigences d’un rapport spécifique sur les activités financées par la Banque dans le cadre d’une exécution déléguée ne sont pas systématiquement suivies par l’organe d’exécution. Dans le cadre des projets d’infrastructures impactant le plus le milieu naturel et social, le suivi des mesures d’atténuation et de compensation des effets n’est pas rigoureux – les PGES n’étant pas systématiquement disponibles – de plus leur suivi n’est pas effectif.

Visibilité de la Banque et attentes

Tous les interlocuteurs rencontrés ont exprimé des attentes fortes vis-à-vis de la Banque à différents niveaux, que ce soit sur les domaines d’intervention ou le dialogue sur les politiques. Alors que la Banque est un partenaire financier important, ces attentes traduisent un manque de visibilité des interventions et la difficulté pour la Banque d’avoir un statut et une image spécifiques par rapport à son implication dans l’appui à la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire, alors que son siège est à Abidjan. La faible visibilité est également à mettre en relation avec des modalités de financement comme l’appui budgétaire et les PPP dans lesquels la communication publique sur les bailleurs de fonds reste discrète. L’absence d’équipe dédiée à la Côte d’Ivoire et le peu de production de connaissances initiée par la Banque contribue également à limiter sa visibilité par rapport aux enjeux spécifiques du pays.

La Banque reste peu visible en Côte d’Ivoire face à beaucoup d’attentes.

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Performance du pays

La performance de la Côte d’Ivoire dans la mise en œuvre du programme de la Banque a été analysée selon les critères suivants : (i)  leadership dans la coordination de l’aide au développement ; et (ii) engagement en faveur des résultats en partenariat avec la Banque.

Les initiatives de coordination de l’aide en Côte d’Ivoire

Comme déjà décrit précédemment, la Côte d’Ivoire a de façon constante fourni un ancrage stratégique clair aux stratégies de la Banque sur la période examinée.

Dans le cadre de la récente menace d’Ebola, le gouvernement a joué un véritable rôle de leadership en appliquant une coordination à tous les niveaux du gouvernement – allant du central aux structures déconcentrées de l’Etat – en impliquant le pouvoir traditionnel au plus près des communautés et de la population. Le cadre intégré de riposte concrétisé dans des plans, décrets et dispositifs adoptés, ainsi que l’approche participative retenue, ont été perçus comme un « modèle de la coordination des PTF ». Il existe « un Comité de coordination élargi » créé en 2014 et qui vise surtout la coordination et le dialogue à but humanitaire.

Dans le cadre du nouveau Plan National de Développement couvrant la période 2016–2020, un Comité d’organisation du Groupe Consultatif a été mis en place pour coordonner son financement et sa mise en œuvre. Il est également prévu la mise en place de 14 groupes de travail sectoriels qui devaient être opérationnels en  2016 mais qui, sur la base des informations reçues, n’existent pas encore. Le principal interlocuteur du Gouvernement est le Groupe des Chefs de coopération des partenaires techniques

et financiers présidé au moment de l’évaluation par l’AFD avec l’appui de l’économiste de la Banque.

En résumé, la Côte  d’Ivoire a assuré un rôle de leadership à travers des stratégies explicites et la mise en place d’un cadre institutionnel adapté. Les interventions de la Banque se sont inscrites dans ce cadre. En revanche, la coordination de l’aide reste peu structurée et chaque partenaire au développement rencontre les services de manière individuelle.

Engagement en faveur des résultats en partenariat avec la Banque

Pour la bonne mise en œuvre de certaines opérations, le Gouvernement a souvent pris des mesures spécifiques par rapport à ses propres règles en matière de marchés publics ou de fonctionnement du processus budgétaire.

Dans le cadre du PAIMSC, le gouvernement ivoirien a accepté que l’aide de la Banque soit mise en œuvre par des agences des Nations Unies qui disposaient d’un accès aux zones CNO. Dans le cadre du PURSSAB, dans son volet renforcement des capacités le gouvernement a accepté, après un premier refus et une annulation de la procédure de mise en concurrence, d’utiliser les procédures UNOPS pour l’acquisition d’ambulances.

Dans le cadre des appuis budgétaires PAAEIJ et PARICS, le gouvernement ivoirien a mis en place un groupe de travail au niveau du Ministère du plan visant à favoriser la mise en œuvre des opérations ciblées, planifiées au sein de ces deux appuis budgétaires. Ce groupe a permis d’appuyer l’engagement des fonds par les structures concernées et de rendre compte des résultats obtenus.

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58 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Enfin, en vue d’améliorer la capacité d’absorption et l’utilisation rationnelle des ressources, le Comité de mobilisation des ressources extérieures (COMOREX) a été créé avec pour objectif, le suivi des engagements et la réalisation de missions d’audit et de supervision. Dans le cadre du COMOREX, une base de données (fichiers Excel) des interventions des partenaires au développement a été administrée par une cellule technique (CT-Comorex). A partir de 2014, le gouvernement ivoirien a travaillé à l’amélioration du système. Une première convention a été signée avec la société « Development gateway » pour la mise en place d’un outil plus performant qui est accessible depuis 2017. Cette plateforme permet d’avoir un accès aux informations sur les projets.

Si ces initiatives ont permis d’atteindre les objectifs poursuivis et d’en rendre compte, elles illustrent aussi les difficultés à suivre les procédures prévues pour utiliser les systèmes nationaux prévus.

Par ailleurs, des difficultés dans la satisfaction des conditions préalables ont freiné considérablement la mise en œuvre d’autres projets. Dans le cas du projet de route Bamako-San Pedro, les premiers décaissements ont été obtenus avec retard en fin 2016, étant donné la non-satisfaction des conditions de décaissement de la contrepartie nationale. Dans le cas du PAAEIJ, un retard significatif de plus de 18 mois a été observé pour le décaissement de la deuxième tranche du prêt. Les raisons invoquées sont : (i) des conditions de décaissement réunies plus tard que prévu, à savoir en mai 2015, en raison de difficultés au niveau de deux mesures préalables, à savoir la signature des contrats programmes entre le Ministère en charge de l’enseignement supérieur et au moins deux Universités publiques, et la mise en place d’un processus de coordination du secteur éducation et formation ; (ii) une transmission tardive de la demande de décaissement de la tranche auprès de la Banque ; (iii) des changements institutionnels dans l’organisation ministérielle qui ont pu affecter la mise en œuvre du projet.

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59Conclusions et recommandations

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Conclusions et recommandations

La Banque a globalement eu une action positive en Côte  d’Ivoire sur la période 2006–2016. Elle a été un partenaire fiable pour accompagner le processus de sortie de crise et dans les situations d’urgence spécifiques. Par ailleurs, la Banque a utilisé de façon satisfaisante ses différentes sources de financement et globalement bien utilisé les différentes modalités d’intervention en s’adaptant au fil de la période de manière appropriée aux circonstances du pays. Enfin, ses interventions ont obtenu des résultats tangibles qui ont contribué au progrès réalisé par la Côte d’Ivoire depuis 2006.

Cependant, des défis subsistent dont la Banque n’a pas complètement réussi à intégrer :

❙ Malgré les progrès remarquables réalisés par la Côte  d’Ivoire sur la décennie, des facteurs de fragilité subsistent et pourraient menacer les perspectives positives de développement du pays. Un des défis majeurs est de répondre à une demande sociale forte en lien avec l’absence d’amélioration significative face à la pauvreté et aux inégalités.

❙ La présence du siège de la Banque en Côte d’Ivoire comporte de nombreux avantages pour elle-même et le pays hôte, mais cela n’est pas sans inconvénients. Deux éléments sont ressortis de la présente évaluation à ce sujet. Le premier concerne les attentes de toutes les parties prenantes d’une implication plus forte de la Banque dans la stratégie de développement de la Côte  d’Ivoire, que ce soit au niveau du volume de l’aide et des domaines d’intervention qu’au niveau de l’amélioration du dialogue sur les politiques. Le second élément concerne la contradiction

apparente entre une proximité évidente et la difficulté pour les ivoiriens de trouver le bon interlocuteur au sein de la BAD.

❙ L’évaluation a mis en évidence des faiblesses dans la qualité de la conception de plusieurs interventions. La limite principale rencontrée dans plusieurs interventions, notamment du secteur social, est la logique d’actions qui ne fait pas suffisamment de liens entre les produits et les effets attendus pour contribuer à l’objectif global. D’autres faiblesses comme l’absence de situations de référence ou d’objectifs chiffrés ont été également relevées.

❙ L’échange avec les parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre des opérations financées par la Banque a permis de relever des enjeux liés à leur dynamique et leur supervision : la lourdeur administrative, la forte mobilité des chefs de projets et un suivi-évaluation qui reste perfectible.

❙ L’analyse des opérations d’aide d’urgence de la Banque a relevé plusieurs défis qui sont liés à la fois à ses directives et modalités d’intervention et à l’exécution rigoureuse et au suivi des projets. Les Directives en matière d’aide d’urgence (2008) n’incluent pas explicitement les risques sanitaires dans les types de situations auxquelles la Banque entend répondre de manière rapide. Or la Banque a fourni des appuis en matière de biosécurité, notamment dans le cadre de la riposte à la grippe aviaire (et sa résurgence) et à l’épidémie d’Ebola. Les interventions d’urgence en Côte  d’Ivoire n’ont également pas respecté le timing prévu et parfois cela a été au détriment de la réponse adéquate à des besoins pressants.

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60 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

L’évaluation propose les recommandations suivantes en lien avec ces conclusions générales.

Recommandation 1 : Appuyer au niveau stratégique la Côte d’Ivoire pour une croissance plus inclusive visant à réduire la pauvreté et les inégalités sur l’ensemble du territoire.

Pour appuyer le Gouvernement de la Côte d’Ivoire dans ce domaine, la Banque devrait agir sur les deux axes pour lesquels elle dispose d’un savoir-faire et d’une expérience reconnue. A savoir : l’amélioration de la gouvernance économique et la mise à disposition d’infrastructures socio-économiques en cherchant, dans ses interventions directes ou dans les politiques qu’elle soutiendra, un ciblage vers les populations les plus vulnérables.

En matière de gouvernance économique, l’objectif devrait être, d’une part d’améliorer la gestion des finances publiques et, d’autre part, de poursuivre l’amélioration du climat des affaires. L’amélioration de la gestion des finances publiques et de leur efficience devrait prendre en compte les faiblesses relevées dans le dernier PEFA et viser à améliorer l’efficacité économique des dépenses pro-pauvres. Dans le domaine de l’amélioration du climat des affaires, les réformes qui ont permis de mettre le système de passation des marchés publics à un niveau jugé globalement satisfaisant (revue 2007) devraient être poursuivies et appuyées par la Banque pour moderniser davantage le fonctionnement des marchés publics.

En matière d’infrastructures socio-économiques, la Banque devrait privilégier l’appui à des infrastructures qui ont un impact direct sur les populations les plus pauvres pour leur permettre de répondre à leurs besoins en termes de santé, d’éducation, d’accès à l’eau et à l’électricité ou en termes d’activités génératrices de revenus. Dans la perspective d’une stratégie orientée vers la réduction de la pauvreté, l’appui au secteur de l’électricité pourrait privilégier l’objectif d’augmentation de la couverture et de l’accès à un réseau des populations vulnérables. Dans le secteur agricole, les expériences de la Banque à

différents niveaux (infrastructures, renforcement des capacités, financement du secteur privé) pourraient être valorisées à travers une approche intégrée de renforcement des chaines de valeur. L’objectif serait d’utiliser au mieux les potentialités agricoles de la Côte  d’Ivoire comme source de croissance et d’emploi. Des interventions dans le secteur des transports pourraient s’inscrire dans ces approches en favorisant l’accès au marché des zones rurales.

Cette stratégie devrait également intégrer de manière plus explicite les principaux enjeux environnementaux de la Côte d’Ivoire qui sont : le réchauffement climatique et les engagements de la Côte  d’Ivoire lors de la COP21, la gestion durable de la ressource foncière (agriculture, déforestation, gestion des aires protégées) et les enjeux liés à la pression démographique (mobilité, eau et assainissement, ...). La prise en compte de ces enjeux devait créer des opportunités pour un développement durable.

Enfin, la préoccupation du genre, de mieux en mieux intégrée dans les stratégies de la Banque en Côte  d’Ivoire, ne s’est pas encore traduite en résultats significatifs positifs. L’enjeu sera de mettre la dimension genre au cœur des interventions au niveau du ciblage, de la mise en œuvre et du suivi.

Recommandation 2 : Renforcer le dialogue sur les politiques sur les questions stratégiques appuyé par des travaux analytiques pertinents.

Comme souligné plus haut, le dialogue sur les politiques de la Banque en Côte d’Ivoire au cours de la période 2013–2017 a été plus sectoriel que stratégique. Cette situation s’explique tant par l’utilisation inadéquate de l’instrument d’appui budgétaire qui a limité la portée et l’efficacité de cet instrument et par l’insuffisance de travaux analytiques pertinents pouvant aider à mieux structurer ce dialogue autour d’objectifs clairs assortis d’un calendrier précis. Ainsi, la Banque pourrait par exemple prendre des initiatives de production de connaissances pour nourrir ce dialogue tout en essayant de prendre le leadership

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dans des secteurs où elle est fortement impliquée. Pour ce faire, les opérations d’appuis budgétaires devraient être utilisées pour appuyer des politiques de réformes soit au niveau de la gestion des finances publiques, soit au niveau sectoriel comme mentionné plus haut. Dans la conception et la mise en œuvre de ces interventions d’appui budgétaire, la Banque devrait être particulièrement attentive à la qualité du dialogue sur les politiques et à la coordination des interventions

Recommandation 3 : Compléter les études de faisabilité des PPP par des analyses systématiques des conséquences des garanties données par l’Etat.

La Politique Nationale de Développement (PND) 2016–2020, prévoit une contribution du secteur privé de 62 % des besoins totaux, soit environ 18  719  milliards de FCFA. Il existe de ce fait une réelle opportunité pour la Banque de mieux répondre aux fortes attentes des ivoiriens, et en tirant partie du guichet BAD, d’établir des partenariats équilibrés et mutuellement avantageux avec la Côte  d’Ivoire et ses partenaires privés. Il est cependant recommandé également de compléter les études de faisabilité des PPP par des analyses systématiques des conséquences des garanties données par l’Etat. Le financement du pont HKB a montré l’importance d’être très attentif aux garanties données par l’Etat dans ce type de contrat. En effet, ces garanties, si elles ne sont pas suffisamment maitrisées, peuvent avoir un impact important sur les budgets futurs. Au niveau du budget de l’Etat, il est recommandé de tenir un tableau de bord de l’ensemble des engagements de l’Etat et de leurs conséquences sur les budgets futurs.

Recommandation 4 : Renforcer la visibilité de la Banque par rapport à son implication dans l’appui à la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire.

Une stratégie explicite devrait être mise en place sur les points suivants : (i)  une participation plus

active et plus visible au dialogue sur les politiques tel que décrit dans la recommandation 2 ; (ii)  un plan de communication orienté sur l’implication de la Banque dans l’appui à la stratégie de développement du pays.

La localisation du Siège de la Banque dans le pays étant un facteur de complexité dans la mise en œuvre, la (re)mise en place d’une structure s’occupant spécifiquement de la Côte  d’Ivoire pourrait constituer une avancée pour clarifier le statut et l’image de la Banque.

Recommandation 5 : Renforcer le suivi et l’évaluation de l’atteinte des résultats au niveau des opérations et des stratégies de la Banque.

Dans le cadre de la qualité à l’entrée, une attention particulière devrait être portée à la définition de logiques d’interventions claires, permettant de définir clairement la chaine de résultats comme base au suivi ultérieur.

Dans le cadre de la mise en œuvre, un suivi systématique, rigoureux et en « temps réel » permettant de garantir la trajectoire la plus intégrée vers l’atteinte des résultats devrait faire l’objet d’efforts soutenus. Pour ce faire, la Banque peut saisir l’opportunité d’adopter une approche davantage participative et d’impliquer les acteurs de terrain dans le suivi. Une autre piste est d’utiliser mieux et de dynamiser des plateformes du type « Open data for Africa ». L’avantage de cette approche pour la Banque est d’articuler la préoccupation de l’impact sur les bénéficiaires finaux et la redevabilité au potentiel de communication et de visibilité sur ses interventions.

Enfin, l’utilisation d’une approche de type « marqueurs » pourrait favoriser l’intégration des préoccupations transversales comme l’environnement, le genre, l’emploi ou la sécurité alimentaire. Une telle approche est en cours de mise en place au sein de la Banque pour le genre et pourrait être étendue.

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62 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Recommandation 6 : Clarifier les directives et les modalités d’intervention en matière d’aide d’urgence pour les rendre mieux adaptées aux risques et sources de fragilité et garantir une intervention rapide touchant les cibles dans les plus brefs délais.

Une stratégie globale de réponse aux urgences propre à la Banque pourrait être envisagée dans le contexte d’une nécessaire gestion des risques et menaces auxquels les pays africains font face. En particulier, les menaces sanitaires devraient être intégrées explicitement dans les Directives d’aide d’urgence.

Afin d’éviter les longs délais de réponse, il est recommandé à la Banque de mettre en place un mécanisme d’accord-cadre avec les organisations partenaires les plus mobilisées (organisations du système des Nations unies notamment), qui

permettrait une mobilisation quasi-automatique des ressources (cf. l’expérience de l’EU en la matière). Par ailleurs, l’instrument financier de la Banque, le FSS, dispose de ressources très limitées et qui restent peu adaptées à une situation où l’urgence se cumule avec la fragilité, celle-ci pouvant avoir une dimension régionale. L’expérience de l’appui budgétaire pour la riposte à Ebola, dans une optique surtout préventive en Côte d’Ivoire, suggère la nécessité d’instruments ayant une capacité de mobilisation des moyens plus importante permettant de répondre dans le futur à des risques externes à un pays, mais affectant son territoire et ses ressources (par exemple des crises migratoires amenant des réfugiés politiques ou climatiques). Il est recommandé de mettre en place un instrument spécifique pour répondre aux urgences et risques, cet instrument pouvant combiner des dons et des fonds fiduciaires.

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Photo : © Ulrich M

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Annexes

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66 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Annexe A — MéthodologieA1 - Théorie du changement

Retour à la normalisation, ré-engagement international et sortie de crise

Relance économique

1

2IMPACTS

Stra-tégie

RCI

Différents cadres de plan d’urgence, dont AUPC

(Aide d’urgence post-conflit)DSRP 2009–2013

EFFETS

Préparation du réenga-gement de

la Banque et reprise des décaisse-

ments

Normali-sation des relations

internatio-nales

Atténuation des effets

socio- écono-miques de la crise et amé-lioration des conditions

de vie

Gouvernance économique renforcée et amélioréeAmélioration de la sécurité alimentaire et des condi-

tions de vie des populations

Compétitivité

Electricité fiable &

abordable

Capacité d’approvi-

sionnement accrue

Réduction GES

Amélioration du trafic et

des conditions routières à Abidjan

EXTRANTS

Conditions pour la reprise Réhabilitation des services

publics et des infrastruc-tures de

base, prise en charge

des victimes (zone CNO)

GFP efficace

Services sociaux de base rétablis

Passation des

marchés renforcée

Infrastructures renforcées et restaurées

Installation de cycle combiné

- capacité opérationnelle

améliorée

Pont reliant Riviera

et Marcory (75-100K v/j

prévus)

Agents GFP

formés

Capacités renforcées,

besoins matériels

& RH couverts

Eligibilité à la Facilité de la Banque pour les pays

sortant de conflit

Source : IDEV

Stratégie BAD

NSGP 2009–2010

(cadre transitoire*) FP 2011–2012

(cadre transitoire*)

NDP 2006–2007

Note de dialogue politique

NDP 2007–2008

Note de dialogue politique

Projets/Programmes

BAD

Dialogue sur les politiques

PAIMSC

Appui institutionnel multisectoriel

à la sortie de crise

Dialogue sur les

politiquesGOUROU AZITOPAIAID HKBPAREF PURSSAB

2002–2006Guerre civile

2009 20132010–2011Crise politique

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67Annexes

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Dialogue, réconci-liation, cohésion et inclusion sociales

renforcées

Accès à l’emploi décent amélioré et inclusion

économique favorisée

Performance du secteur agricole pour réduire l’extrême pauvreté et

la faim

Energie de qualité et de moindre coût pour populations et

entreprises

Circulation des biens-personnes améliorée et dynamisme régional

du pays

Gouvernance financière améliorée pour la

fourniture de services sociaux de base

Réinsertion :

- éco-soc. des ex-combattants.

- des personnes déplacées

- des femmes victimes VBG

Meilleures stratégies nationales pour le

développement des compétences

Mise en œuvre efficace politique d’emploi

Pilotage système édu-catif par la demande

économique

Mise en place d’infra. prod.-transf.-commerc.

Développement institu-tions & communautés

Résilience au CC

Marché régional

Compétitivité du secteur industriel

Jeunes en agrobusiness

Electrification rurale-périurbaine

zone CNO

Renforc. réseaux et qualité du service

Énergies propres et renouv.

Intégr. régionale

Désenclav. zones agricoles

Fluidification du trafic urbain

(Abidjan)

Interconnex. (corridors routiers)

Échanges, transits de

biens et accès aux ports

facilité

Gestion budget axée résultats

Modernisation cadre marchés publics

Plan national « Bonne gouvernance & lutte

anti-corruption »

Renforcer la gouvernance, la cohésion sociale et soutenir une relance économique créatrice d’emplois pour un développement inclusif3

DSP 2013–2017

Pilier 1 Renforcement de la gouvernance et de la responsabilité

Pilier 2 Développement des infrastructures en soutien à la relance économique

Marché com-mun régional et réduction

fragilité

Amélioration climat des af-

faires

Protection de l’environne-

ment

Genre & PND

Mobilisation res. intérieures

PARICS

Renforcement de l’inclusion

et de la cohésion sociales

PAAEIJ PRODIJE

Amélioration de l’employabilité et de l’insertion

des jeunes

2 Projets agropoles PARCSI

Enable youth

CIPREL

Interconnex

CSLG

Renf. réseau de transport

Dialogue

PARFFM

PAFT (Bamako-San Pedro)

Transport urbain Abidjan

Études Abidjan-Lagos & port San Pedro

Appui institutionnel de renforcement

des capacitésPAIM

SC II

2016

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68 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

A2 – Cadre de l’évaluation

Questions(numéro de référence dans l’actuel rapport)

TdR

Cadr

e d’

éval

. (d

émar

rage

)

Répo

nse Critères de jugement

QE1 – Pertinence de l'assistance pour répondre aux besoins du pays et des groupes bénéficiaires

❙ Pertinence et qualité des stratégies de la Banque par rapport aux besoins et priorités de la Côte d’Ivoire

❙ Sélectivité dans la constitution du portefeuille et concentration dans les domaines à avantages comparatifs de la Banque en Côte d’Ivoire

❙ Pertinence et qualité de la conception des projets de la Banque pour l’atteinte des objectifs

❙ Ciblage, visibilité et expériences des groupes cibles des interventions

QE2 – Cohérence de l'assistance avec la stratégie de la Banque dans les pays fragiles

❙ Prise en compte des facteurs de fragilité dans les stratégies de la Banque en Côte d’Ivoire

❙ Adaptation des stratégies pays à l’évolution des stratégies de la Banque dans les Etats fragiles

❙ Respect des standards internationaux d'engagement dans les situations de fragilité

QE3 – Inclusivité des interventions de la Banque (social, égalité de genre et d'âges)

❙ Caractère socialement inclusif des interventions de la Banque

❙ Intégration du principe d'égalité de genre dans les interventions de la Banque

❙ Intégration d’une préoccupation en matière d’emploi des jeunes dans les interventions de la Banque

QE4 – Réponse des interventions aux facteurs environnementaux de fragilité

❙ Prise en compte des facteurs environnementaux de fragilité dans les stratégies de la Banque et son dialogue avec le gouvernement de la Côte d’Ivoire durant la dernière décennie

❙ Inclusion des facteurs environnementaux dans les projets de la Banque et influence sur ces facteurs

QE5 – Efficacité de l'assistance pour l'atteinte des objectifs de développement du pays

❙ Réalisation des produits prévus par les interventions de la Banque

❙ Génération d’effets directs observables, prévus ou non, par les produits des interventions de la Banque

❙ Contribution des effets des interventions aux objectifs de développement du pays

QE6 – Efficacité de l’assistance en situations d'urgence et humanitaire

❙ Pertinence et qualité de la conception des projets d’urgence

❙ Réalisation des produits prévus par les interventions d’urgence

❙ Respect d’un calendrier adéquat par les interventions d’urgence

❙ Génération d’effets directs observables, prévus ou non, par les produits des interventions d’urgence

QE7 – Durabilité des résultats

❙ Préoccupation de la durabilité (facteurs et objectif) dans les stratégies et le dialogue politique

❙ Poursuite des résultats une fois l’intervention terminée

QE8 – Efficience des interventions

❙ Respect d’un calendrier adéquat par les interventions de la Banque

❙ Utilisation efficiente des ressources des interventions de la Banque

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69Annexes

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n de

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IDEV

Questions(numéro de référence dans l’actuel rapport)

TdR

Cadr

e d’

éval

. (d

émar

rage

)

Répo

nse Critères de jugement

QE9 – Source de financement et modalités d’intervention

❙ Mobilisation efficace des sources de financement disponibles et des différentes modalités d’intervention

❙ Activation et mise en œuvre des modalités AB en phase avec le contexte budgétaire et les objectifs poursuivis par la Banque

❙ Mobilisation des PPP en phase avec les besoins de financement à court et long terme

QE10 – Activités non-financières de la Banque

❙ Mobilisation de la Banque dans le dialogue sur les politiques

❙ Conduite de travaux analytiques et leur adéquation pour appuyer les décisions

❙ Qualité de la supervision et les moyens humains dédiés

QE11 - Performance de la Côte d'Ivoire comme partenaire de la Banque

❙ Mesures prises par la Côte d’Ivoire pour faciliter la mise en œuvre des interventions de la Banque

❙ Coordination des partenaires au développement par la Côte d’Ivoire pour atteindre ses propres objectifs dans les secteurs d’intervention de la Banque

QE12 - Performance de la Banque en tant que partenaire au développement

Traitée dans une section conclusive et synthétique

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70 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

A3 – Processus d’évaluation

Phase de reporting

Dém

arch

e m

étho

dolo

giqu

eLi

vrab

les

Impl

icat

ion

Questions d’évaluation

1. Inventaire de l’information disponible et revue de la documentation

2. Analyse du contexte et reconstruction de la théorie du changement

3. Structuration des questions d’évaluation et élaboration du cadre d’évaluation

4. Inventaire détaillé des interventions et échantillonnage

5. Mission préparatoire Côte d’Ivoire

6. Préparation des outils de collecte

❙ Cadre « théorie du changement » de référence

❙ Cadre d’évaluation

❙ Rapport de démarrage

Séances d’information et de discussion avec les parties prenantes de la BAD (y compris mission préparatoire)

❙ Grille d’évaluation remplie de façon systématique et ciblée – réponses préliminaires et hypothèses à vérifier

❙ Confrontation des informations à la réalité du terrain – comptes rendus

Présentation de la démarche à la BAD en début de mission, entretiens avec les parties prenantes, visites in situ, atelier de fin de mission

❙ Rapport technique

❙ Evaluations des Résultats de Projet (ERP)

❙ Rapport de synthèse

Séance de discussion du rapport technique provisoire

1. Analyse des documents pertinents et de la littérature

2. Mission de terraina. Entretiens avec les

principales parties prenantesb. Études de cas, atelier de

présentation des résultats en Côte d’Ivoire

3. Consultation en ligne des parties prenantes rencontrées

1. Intégration des résultats – synthèse des informations par indicateur, analyse par sous-question, réponse préliminaire

2. Triangulation des informations et vérification de la validité

3. Conclusions et recommandations

Réponse aux questions d’évaluation – constats et conclusions

Synthèse et recommandations

Recueil de données

et hypothèses

Eléments de réponse

Compléments d’information

Croisement et vérification

Structuration en sous-questions

Indicateurs

Phase de démarrage Phase de collecte et d’analyse des données

Tâch

es

Source : IDEV

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71Annexes

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IDEV

A4 – Grille de notation des projets

Note 1 2 3 4Échelle Très insatisfaisant Insatisfaisant Satisfaisant Très satisfaisant

Pertinence Conception très faible, pas du tout appropriée et alignement très limité/inexistant

Conception faible, peu appropriée et alignement limité / comportant des lacunes

Conception plutôt solide, plutôt appropriée et alignement important

Conception très solide, très appropriée et alignement complet

Efficacité Produits attendus non-réalisés dans la plupart des casPas ou très peu des résultats visés sont atteints

Produits attendus réalisés avec des lacunes importantesPeu des résultats visés sont atteints

Produits attendus réalisés dans la plupart des casLa plupart des résultats visés sont atteints

Produits attendus entièrement réalisésTous les résultats visés sont atteints

Efficience Ecart très significatif entre le TRE et le coût d’opportunité du capitalEcart très significatif entre le temps prévu et temps effectif de mise en œuvre

Ecart significatif entre le TRE et le coût d’opportunité du capitalEcart significatif entre le temps prévu et temps effectif de mise en œuvre

Ecart raisonnable entre le TRE et le coût d’opportunité du capitalEcart raisonnable entre le temps prévu et temps effectif de mise en œuvre

Peu ou pas d’écart entre le TRE et le coût d’opportunité du capitalPeu ou pas d’écart entre le temps prévu et temps effectif de mise en œuvre

Durabilité Les mécanismes garantissant la viabilité (technique, économique, financière, institutionnelle, partenariale, environnementale et sociale) ne sont pas assurés

Les mécanismes garantissant la viabilité (technique, économique, financière, institutionnelle, partenariale, environnementale et sociale) sont entravés par des risques importants

Les mécanismes garantissant la viabilité (technique, économique, financière, institutionnelle, partenariale, environnementale et sociale) sont globalement assurés, avec certains risques

Les mécanismes garantissant la viabilité (technique, économique, financière, institutionnelle, partenariale, environnementale et sociale) sont pleinement assurés

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72 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Annexe B — Principaux indicateurs socioéconomiques comparatifs du pays

Indicateurs Unité 2000 2011 2012 2013 2014 2015 2016 (e)Comptes nationauxRNB aux prix courants du marché

Million $ E.U. 10 571 23 695 26 589 29 407 32 128 32 009 ...

RNB par habitant $ E.U. 640 1 150 1 260 1 360 1 450 1 410 ...

PIB au prix courants Million $ E.U. 10 420 25 382 27 099 30 103 34 084 31 532 35 583

PIB aux prix constants de 2000 Million $ E.U. 10 420 11 065 12 246 13 311 14 482 15 775 17 096

Croissance du PIB en termes réels

% -4,6 -4,7 10,7 8,7 8,8 8,9 8,4

Croissance du PIB par habitant en termes réels

% -6,8 -6,9 8,1 6,1 6,2 6,3 5,8

Investissement intérieur brut % du PIB 10,8 10,5 16,5 17,7 18,8 20,3 23,9

Investissement public % du PIB 2,8 3,6 4,5 6,5 6,2 6,9 7,5

Investissement privé % du PIB 8,0 6,9 12,0 11,1 12,6 13,4 16,4

Epargne nationale % du PIB 7,8 20,1 16,0 16,0 19,3 16,8 18,4

Prix et MonnaieInflation (IPC) % 2,5 4,9 1,3 2,6 0,4 1,2 1,1

Taux de change (moyenne annuelle)

monnaie locale / $ E.U.

712,0 471,9 510,5 494,0 494,4 591,4 588,3

Masse monétaire, variations annuelles (M2)

% -29,4 11,1 0,7 9,4 16,1 8,7 6,5

Vitesse de circulation de la monnaie (PIB / M2)

% 16,0 31,1 27,1 27,6 28,2 27,7 26,3

Finances publiquesRecettes totales et dons % du PIB 17,1 18,1 14,4 18,9 20,4 19,5 21,0

Dépenses totales et prêts nets % du PIB 18,3 18,4 22,1 22,8 21,8 23,8 24,7

Déficit (-) / Excédent global (+) % du PIB -1,2 -4,0 -3,1 -2,3 -2,2 -2,8 -3,8

Secteur extérieurVariation en volume des exportations (marchandises)

% -2,8 -3,4 8,1 1,4 -0,1 14,9 8,8

Variation en volume des importations (marchandises)

% -15,8 -21,9 49,2 3,6 -12,4 13,5 7,3

Variation des termes de l'échange

% -17,0 4,6 -2,5 1,6 -6,0 -0,3 2,7

Solde des comptes courants Million $ E.U. -293 3 111 -475 -462 -766 -791 -1 043

Solde des comptes courants % du PIB -2,8 12,3 -1,8 -1,5 -2,2 -2,5 -2,9

Réserves internationales mois d'importations 2,3 5,5 3,9 4,1 4,4 0,3 0,3

Dette et flux financiersService de la dette % des exportations 1,5 22,8 9,4 12,6 8,2 10,1 10,9

Dette extérieure totale % du PIB 178,8 66,8 44,2 41,3 37,0 41,8 39,6

Flux financiers nets totaux Million $ E.U. 715 1 971 1 358 3 1 108 1 814 ...

Aide publique au développement nette

Million $ E.U. 351 1 436 2 885 1 273 925 653 ...

Investissements nets directs en prov. de l'étranger

Million $ E.U. 235 302 330 407 439 430 ...

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IDEV

Taux de croissance du PIB réel, 2004–2016 (%)

2015 201620142013201220112010200920082007200620052004-6

-4

-2

0

2

4

6

8

10

12

Source : Département de la statistique de la BAD ; FMI : Perspectives de l’économie mondiale, avril 2017 et Statistiques financières internationales,avril 2017 ; Département de la statistique : Plateforme des données (base de donnée), mars 2017; OCDE, Division des systèmes statistiques. Dernière mise à jour : juin 2017

Notes : … Données non disponibles ( e ) Estimations ( p ) Projection

Inflation (IPC), 2004–2016 (%)

15 20161413121110090807060520040

1

2

3

4

5

6

7

Solde du compte courant en pourcentage du PIB, 2004–2016

15 2016141312111009080706052004

-4

-2

0

2

4

6

8

10

12

14

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74 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Projet Pertinence Efficacité Efficience Durabilité

HKB 4 4 2 2

AZITO 4 3 4 3

PAIMSC 3 3 3 3

PURSSAB 3 3 3 3

PAAEIJ 3 2 - 2

Annexe C — Notation des évaluations

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IDEV

Annexe D — Obtention des résultats

D1 – Obtention des produits

Sect

eur.

Inte

rven

tion

Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

Tran

spor

t

Pont

HKB 4 ❙ Réalisation technique et physique

❙ Gouvernance et exploitation de l’ouvrage

❙ Faisabilité et acceptabilité sociale

❙ >100% : pont 2x3 voies construit de 1,5 km, sections (i) Nord (2x2 voies à grande circulation et ponts autoroutiers), (ii) Lagune (digue, gare à péage élargie en 2016) ; (iii) Sud (2x3 voies de 2,1 km, voies d’accès et piétonniers, ajout des travaux de l’échangeur VGE favorable au fonctionnement HKB)

❙ 100% : accord de concession, contrat d’assurance et matrice des droits tarifaires établis

❙ La seconde vague de réinstallation de riverains concernés est en cours (accord obtenu)

Elec

tric

ité

AZIT

O ; C

IPRE

L 4 ❙ Réalisation technique et physique

❙ Gouvernance et exploitation de l’ouvrage

❙ 100% : Installation d’une turbine à vapeur et d’un transformateur conformes aux dernières technologies ; réalisation d’une centrale d’eau déminéralisée et d’un forage de fourniture d’eau (faible rejet d’affluents dans la lagune)

❙ 100% : accord de concession, contrat d’assurance et matrice des droits tarifaires établis

Agric

ultu

re

PAIM

SC -

vol

et a

gric

ole 3 ❙ Réhabilitation de structures

administratives et expérimentales

❙ Equipements CNRA, MINAGRI, MIPARH, FIRCA, OPA.

❙ Reconstitution de ressources génétiques CNRA

❙ Renforcement des capacités techniques OPA/services d’encadrement

❙ Renforcement des capacités techniques, de production et de commercialisation des groupements et associations de producteurs

❙ 33 infrastructures à usage multiple réhabilitées, nombre inférieur aux prévisions à cause de coûts sous-estimés

❙ Equipements distribués mais non à tous les bénéficiaires (certaines OPA) ou en double quantité (MIRAH), qualité pas toujours à la hauteur des attentes. Absence de cible initiale quantifiée

❙ Accès à la semence et capacités de production d’alevins reconstitués et fonctionnels (CNRA), avec certaines difficultés persistantes

❙ Nombreuses formations de qualité réalisées

❙ 347 groupements structurés et fonctionnels avec leurs organes de gestion ; nombreuses réalisations en matière de formations sur les techniques de production (absence de cible) ; mise en place de 4 centres de collecte et de commercialisation et d’un Bureau de vente des producteurs (Bouaké)

SUCD

EN 3 ❙ 400.000 t de cacao achetés en 2017

❙ (en cours) 12,5% ou 50.000t achetés 2015/2016, dont 7.500 t certifiés par le programme de cacao durable. 152.000 t et 241.000 t vendues respectivement en 2014 et 2015. L’objectif parait élevé compte tenu des résultats 2014/2015. Le taux de réalisation est plutôt modeste, expliqué en partie par les difficultés de SUCDEN d’obtenir les licences

PAIA

-ID 3 ❙ Développement de structures agricoles

❙ Renforcement des capacités

❙ (en cours) 70% des structures mises en place : bas-fonds réaménagés et mis en valeur, pistes rurales re-profilées / réhabilitées et ponts critiques traités, forages et installations de 40 pompes

❙ (en cours) 67% : formations données à 447 riziculteurs, 813 membres de coopératives café/cacao ; 2152 producteurs vivriers. Fourniture de rejets de bananiers et des boutures de manioc, 17 ha de cultures maraichères de contre-saison. Mise en place d’un comité pour le PGES

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76 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Sect

eur.

Inte

rven

tion

Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

Soci

al

PAIM

SC é

duca

tion 3 ❙ Réhabilitation-équipement

de 110 écoles / 660 classes primaires, sanitaires et points d’eau, kits pédagogiques et matériel scolaire

❙ Formation pédagogique de base à 4345 enseignants bénévoles

❙ Renforcement des capacités de 10 inspections et création de 300 clubs scolaires (hygiène, santé, paix)

❙ (objectifs révisés en 2010) activités globalement réalisées : 99 % des classes (607 primaires, 44 préscolaires) ; 102 % des sanitaires ; matériel ludique pour 10 écoles maternelles, mobilier pour 66 classes maternelles, 30.350 tables-chaises en primaire, matériel pédagogique et kits scolaires livrés. Besoins résiduels importants, pris en compte dans le cadre du PPU

❙ 92 % ou 4005 enseignants bénévoles ont été formés et ont intégré la fonction publique entre 2009–2012 dans les régions cibles

❙ 10 inspecteurs du primaire formés et équipés en matériel informatique ; distribution de matériel d’assainissement pour chaque école, importance de ces clubs (ex. Bouaké) pour l’entretien des écoles (salles, cours, environnement)

PAIM

SC -

San

té-V

BG 2 ❙ Recyclage du personnel de santé (7545 médecins et autres)

❙ Réhabilitation et équipement de 32 formations sanitaires, 3 blocs gynécologiques et maternités périphériques

❙ Prise en charge psychosociale & économique des VBG et système de suivi (4 centres d’accueil, 300 agents formés, prise en charge de 100 % des victimes, formations et AGR pour min. 50 % des victimes VBG, prise en charge de min. 30 % des victimes par la police/justice, min 50 % des victimes VBG guéries) ; sensibilisation

❙ 44 % (3319 personnes) formés (santé maternelle et reproductive, nutrition, médecine scolaire, épidémiologie). Annulation de formations et redéfinition des cibles suite au changement à la hausse du taux de per diem

❙ (cible revue), 27 ESPC réhabilités et équipés, ainsi que le CHR Séguéla (blocs opératoires, imagerie, équipement réanimation), livraison de matériels informatiques (12 kits) et roulant (4 ambulances, 1 pick-up et 30 motos pour les ESPC). 100 % des blocs gynécologiques réalisés (dont ceux du CHU Bouaké et CHR Guiglo visités sont fonctionnels)

❙ 2 des 4 centres d’excellence construits, le centre à Bouaké (visité) a été mis en place mais une approche holistique n’a pas été appliquée (difficulté d’affectation de personnel médical, relais assuré par OIS Afrique pour les certificats médicaux jusqu’en 2016). 85 % du personnel visé ont été formés) ; la prise en charge des VBG, la visite à Bouaké a révélé que le personnel affecté à cette prise en charge n’est pas spécifique et spécialisé. Potentiel limité d’atteindre la cible de 100 % des victimes prises en charge suite à la sous-réalisation des centres d’excellence et aux pratiques différentes (ex. Man/Guiglo – algorithme de prise en charge holistique existant et une plateforme de référence opérationnelle ; ex. Bouaké – seule la prise en charge psychosociale a été effectuée, le bâtiment du centre n’est pas fonctionnel et l’équipement n’a pas été utilisé, prise en charge de 1 à 2 cas/mois en 2016). 61 % des survivantes ont été réinsérées à travers d’AGR, mais aucun lien n’est fait entre ces activités et les femmes victimes de VBG à Bouaké par exemple. La prise en charge juridique a atteint sa cible (33 %), mais pour les cas de violence physique la tendance est peu encourageante (4 %). Une sensibilisation a été menée grâce à un long métrage « Le Défi de Fifi » et des émissions radio.

PURS

SAB

- re

nf.c

ap 3 ❙ Renforcement des administrations économiques, financières et du plan

❙ Amélioration à l’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, eau)

❙ Mise en œuvre de mécanismes de dialogue

(absence de cibles quantifiées précises ou sous-estimation)

❙ 8 lots de matériel informatique acquis et distribués selon les priorités (vol-déficit-meilleure performance), mais avec des retards importants (ANO). 8 lots de matériel de bureaux acquis et livrés, dont 2 lots ont été réorientés vers DCPE (rééquipement après incendie). 9 études ont été réalisées (11 rapports disponibles) sur différents thèmes (secteur privé, entreprises du public, performance des régies financières, institut de finance, appui en gouvernance économique, production de statistique, manuel de procédure contrôle & inspection et gestion comptable, gestion du courrier). 13 formations impliquant 807 personnes ont été identifiées sur demande des bénéficiaires et conduites dans des domaines variés (partenariats publics, audit & gestion des risques, directives UEMOA, cadre de dépense MT, gestion de conflits, suivi & évaluation, gestion axée sur les résultats, prog. fin, procédures d’exécution des dépenses, douanes, RH, etc.)

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IDEV

Sect

eur.

Inte

rven

tion

Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

❙ 100 % (5 médicalisées + 15 de transfert) des ambulances acquises, retard dans le choix de l’exécutant du marché (ANO de la Banque). Acquisition de matériel et kits de pré-collecte des déchets destinés pour la ville d’Abidjan et 16 mairies en CNO. Campagnes de sensibilisation menées.

❙ Mise en place d’un système d’information et de gestion, équipements informatiques permettant de recueillir les témoignages dans le cadre de la CDVR. Différents supports et activités de sensibilisation pour promouvoir la paix et la réconciliation réalisés

PARI

CS 3 ❙ Resocialisation, formation coaching, d’ex-combattants (15.500, dont 2000 femmes, ce qui représente 22 % du nombre total des ex-combattants des deux groupes antagonistes)

❙ Cohésion sociale – sécurisation du foncier, dialogue et mécanismes de médiation, prise en charge des victimes

❙ Coordination des politiques de cohésion et renforcement de la participation

Le projet est en cours :

❙ Globalement 80 % (57 % de la cible femmes) des ex-combattants ont été formés : 28 % dans les métiers connexes au transport, 27 % dans l’agropastoral et 40% dans les métiers connexes à l’agropastoral, 2,2 % dans l’énergie solaire, 1,3 % dans la petite transformation, les 3% restants respectivement dans la petite transformation, le transport et la valorisation des déchets plastiques

❙ 261 villages délimités ; 1100 comités de veille et maintien de la cohésion créés. Pas d’information sur les autres activités

❙ Réalisation d’une sensibilisation de masse « Opération bonheur » permettant la fermeture des sites/camps militaires et l’adhésion des ex-combattants au processus.

PAAE

IJ 3 ❙ Réformes de la formation professionnelle et de l’emploi (9 branches prof., 300 élèves en alternance, diagnostic formation professionnelle privée, enquête insertion pour 2 établissements, 2000 THIMO)

❙ Meilleures pertinence et gouvernance du Supérieur (30 % des bourses en science/grandes écoles pour les filles ; 1 auto-évaluation universitaire, mécanisme d’évaluation externe du Supérieur, 2–3 contrats de performance, Etude de faisabilité Bureau de valorisation RDI)

❙ Meilleure coordination sectorielle (réunion annuelle de coord., Accord AGEPE-MESRS, état des lieux de l’insertion, 12 % filles inscrites en filières industries / techniques)

❙ 13 branches professionnelles actuellement structurées et gérées par le patronat, des portraits ont été élaborés pour 9 branches visant un appariement entre compétences nécessaires et besoins de formation, mais les comités ne fonctionnent pas pleinement (absence de cadre officiel - décret non-adopté, statut non clarifié et animateurs non-désignés). 427 élèves ont suivi des formations en alternance dans trois centres de formation (bois, auto, électricité), mais des progrès restent à faire en termes d’interface entre besoins et profils recherchés. Une étude diagnostique a été élaborée, mais il y a peu de visibilité sur son opérationnalisation, dans un contexte à fort enjeu de la qualité de la formation professionnelle privée (problème de contrôle, inspection, évaluation des élèves et suivi de l’insertion). Une enquête robuste sur l’insertion des jeunes de la FP n’a pas pu être réalisée (absence de données de base dans les établissements, échantillon réduit et fragile donnant lieu à un document provisoire pas encore validé), un pro-logiciel a été installé de façon pilote dans 2 établissements, mais qui s’est heurté à des problèmes de mobilisation des fonds. 75 % des formations/THIMO ont été réalisés dans 10 secteurs différents, les fonds de garanties prévus n’ont pas été abondés par les mairies comme prévu dans l’engagement initial.

❙ 28,5 % des bourses en STEM sont attribuées aux filles (évolution conjoncturelle, augmentation générale du nombre de boursiers, légèrement plus forte pour les filles ; le projet de décret actuellement pas mis en œuvre). 2 auto-évaluations ont été réalisées (UFHB sur les unités Bio-science et Sciences de la terre et UAO sur la réforme LMD). Le mécanisme est toujours en pourparlers et reste à finaliser : suite au remaniement du gouvernement en mars 2014, le MESRS a renoncé à la réactivation du Comité national d’évaluation du Supérieur et de nouvelles orientations sont prises (contrats-programmes). 2 contrats de performance des universités ont été signés avec MESRS, mais le principe d’un tel mécanisme reste à valider par tous les centres et grandes écoles (accord à obtenir sur les modalités pratiques). L’étude de faisabilité des bureaux de valorisation de la recherche a été réalisée et validée, les animateurs sont en place mais ne sont pas encore dotés de structure spécifique.

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78 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Sect

eur.

Inte

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tion

Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

❙ La Task force a été dynamisée grâce à la mise en place d’un comité intersectoriel servant de référence pour le secteur éducation-emploi, mais le défi de sa pérennisation est important (membres de l’équipe permanente à nommer, dotation budgétaire à rendre effective). Un accord-cadre a été établi entre les ministères chargés de l’emploi et du supérieur, avec un début de renforcement de la collaboration opérationnelle, il reste à actualiser avec les récents changements institutionnels. La cellule Insertion des jeunes chargée de l’observation du marché de travail n’a pas de véritable ancrage institutionnel. L’état des lieux sur le suivi des sortants de la FP a montré l’absence systématique de mécanismes et de données collectées. On note que le nombre de filles dans les filières industrielles augmente plus vite que celui des filles en tertiaire, 13 % des filles étant en filière industrielle (2015).

Eau

et a

ssai

niss

emen

t

GOUR

OU 3 ❙ Infrastructures d’assainissement (4 retenues d’eau réalisées et 3 réhabilitées dont 3 branchées au canal principal de drainage ; 4654 ml de canaux de drainage réalisés et 3346 réhabilités)

❙ Suivi, contrôle et sensibilisation

❙ Etudes – diagnostic environnement & social ; gestion intégrée du bassin, document de planification

❙ Appui institutionnel et formation de cadre

❙ >100% : les 7 barrages et les canaux de drainage ont été réalisés / réhabilités, d’importants travaux de curage ont été conduits au niveau des barrages tampons existants (carrefour Indénié). Des travaux complémentaires ont été réalisés (sanitaires, gestion des déchets, éclairage, etc.) Les réalisations sont de qualité.

❙ Suivi annuel réalisé. Pas d’information sur les activités de sensibilisation

❙ 100 % : les études ont été réalisées et ont servi de base pour organiser une table ronde avec les bailleurs et lever environ 80 % des fonds nécessaires pour le financement du Gourou II (2018–2038)

❙ Pas d’information sur l’appui institutionnel

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79Annexes

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D2 – Obtention des effets des interventions de la Banque

Sect

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Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

Tran

spor

t

Pont

HKB 4 ❙ 75.000 véhicules/jour (2013) et 100.000

(2020)

❙ 4 % de hausse annuelle de la circulation (2013–2016)

❙ + 1,5 mlrd / + 7 mlrd CFA (2015/2022) recettes pour l’Etat

❙ 840 emplois

❙ Réduction de la liaison Marcory- Cocody d’au moins une heure

❙ Service rapide autobus et réhabilitation pont Houphouët

❙ Réduction du coût d’exploitation des véhicules de 30 %

❙ 60.000 véhicules/jours (moyenne glissante 2016 ; 76 % de la Cible 2013 et 57 % de la cible 2020)

❙ +10 % sur le Grand district (estimation)

❙ Compensation – pas d’accroissement du budget de l’Etat

❙ >100 % : 1500 emplois phase construction et 165 phase exploitation

❙ Liaison Marcory-Cocody d’au moins une heure pour s’établir à 15 mn actuellement

❙ 0 %, activités financées hors projet non-avancées

❙ Réduction des coûts d’exploitation des véhicules (Information non disponible)

Elec

tric

ité

AZIT

O 3 ❙ 139 MW supplémentaires

❙ Taux de rendement thermique

❙ Disponibilité annuelle 86,7 %

❙ Emploi

❙ 1600 GWH de capacité d’approvisionnement. ; 60 % des ménages accèdent à l’électricité et recettes de 76 m EUR pour l’Etat (2020)

❙ 100 % ; contribution à l’augmentation de la production d’électricité : + 10 % par rapport à la capacité de 2012

❙ Inférieur au max requis dans la convention

❙ Disponibilité annuelle de 91,8 %

❙ 52 ETP au total actuellement, dont 12 pour les femmes, données indisponibles sur la phase construction

❙ A mesurer en 2020

CIPR

EL 3 ❙ 222MW supplémentaires

❙ Idem objectifs AZITO 2020

❙ Contribution à l’augmentation de la production d’électricité : + 12 % par rapport à la capacité de 2012

❙ A mesurer en 2020

Agric

ultu

re

PAIM

SC 3 ❙ Structures administratives et expérimentales réhabilitées, équipées et ressources reconstituées

❙ Capacités des services de recherche -encadrement, et groupements & associations renforcées

❙ Capacités de production-commercialisation accrues

❙ Appréciation qualitative : contribution à la reprise de la production agricole et de sa valorisation (vente groupée) dans les zones concernées.

SUCD

EN 3 ❙ 27 mlrd CFA de fonds de roulement et 4,5 mlrd CFA d’exposition maximale au risque de crédit

❙ (mars 2016) :100 % d’utilisation du prêt, les préfinancements accordés par SUCDEN ayant plus que doublés. 30 coopératives et fournisseurs locaux ont bénéficié des préfinancements ; 7500 petits exploitants couverts

PAIA

-ID 3 ❙ Production et productivité augmentées

❙ Commercialisation des produits agricoles améliorée

❙ 325.000 t de production obtenues et augmentation du rendement des principales cultures

❙ 18.000 t additionnelles de produits agricoles commercialisés (2016)

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80 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Sect

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Inte

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Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

Soci

al

PAIM

SC é

duca

tion 3 ❙ Evolution du taux net de scolarisation de

44 % (2006) à 61 % (2010) ❙ Tendance d’amélioration régulière du taux de scolarisation primaire, marquée entre 2009-2012 (UNESCO) dans le cadre de laquelle s’est inscrite l’intervention PAIMSC

PAIM

SC -

San

té-V

BG 2 ❙ Taux de fréquentation des centres de santé primaire augmente de 30 % en 2010 dans les zones cibles

❙ VBG : 95 % des cas pris en charge et intégration socio-économique

❙ Taux d’utilisation des services de santé en augmentation ; 30 % atteints en 2014 ; différence des zones visitées : 38,7 % Tonpki ; 37,4 % Cavally Guemon ; 47,9 % Gbêkê

❙ VBG : 546 survivantes de violences liées aux conflits et 183 groupements ont été pris en charge ; peu de liens entre AGR et victimes de violence ; pas de suivi au niveau national

PURS

SAB

- re

nf.c

ap. 3 ❙ Fonctionnement optimal des

administrations économiques, financières, du plan. Accès amélioré aux services d’eau potable & assainissement, de santé et d’éducation. Mécanismes de dialogue et de paix

❙ Appréciation qualitative : contribution jugée globalement positive sur les services de santé, l’accès à l’eau, le fonctionnement des administrations publiques, les mécanismes de dialogue et de promotion de la paix.

PARI

CS 3 ❙ 15.500 ex-combattants resocialisés et formés aux métiers

❙ 100 % ex-combattants insérés dans la vie active

❙ Au moins 70 % des terroirs villageois délimités et sécurisés (Ouest, Nord-Est)

❙ Prise en charge psychologique, médicale, juridique de victimes et victimes de VBG

❙ 77 % ; contribution à la formation-resocialisation de 12.000 d’ex-combattants (=17 % des 70.000 inscrits sur les listes ; IFRI)

❙ Pas de données sur les effets obtenus en matière de réinsertion professionnelle, de gestion du sol et de la prise en charge des victimes, y compris celles de VBG.

PAAE

IJ 3 ❙ Taux de chômage des jeunes actifs 9 % (2020)

❙ Augmentation du PIB / habitant (750.000 CFA)

❙ 26 % d’étudiants du supérieur en sciences & techn. (18 % filles)

❙ 6 % en formation prof & techn. du secondaire

❙ Réduction du taux de chômage diplômés FPT à 21 %

❙ Réduction du taux de chômage diplômés supérieur à 37 % (46 % filles)

❙ Chômage passant de 9,4 % en 2012 à 8,6 % en 2014 ; baisse de 23 % du nbr de jeunes au chômage, mais moins forte chez les filles (13 %)

❙ >100 % attendu (projection 908.000 CFA)

❙ >100 % ; 33,4 % en 2015 et 24,8 parmi les filles

❙ >100 % ; 6,8 % en 2015

❙ Non-atteint, 25,3 % des diplômés FTP au chômage ; 31 % pour les filles

❙ Données contradictoires (cf. ERP)

Contribution au financement du secteur de l’éducation via l’appui budgétaire (80 % du budget total du programme, 15 m UC). En dehors de l’amélioration des indicateurs retenus, le bilan des avancées dans les trois domaines d’intervention principaux du programme reste mitigé (cf. ERP)

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81Annexes

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Note Principaux produits prévus Principaux produits obtenus

Eau

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GOUR

OU 3 Evolution entre 2009 et 2015 :

❙ Diminution de : l’incidence de paludisme (14,6 % - 11 %) ; le taux de mortalité infantile (8,4 %–3,2 %) ; le taux de mortalité maternelle (0,54 %–0,15 %) ; la létalité du choléra (15,39 %–11,54 %)

❙ Diminution des dépenses de santé

❙ Diminution de la surface inondée de 4 ha à 0,5 ha

❙ Sensibilisation ; programme d’investissement au niveau du bassin

❙ Création de 2300 emplois dont 1000 pour les femmes

❙ Absence de données chiffrées sur la zone de projet, les données au niveau national n’indiquent pas des évolutions dans l’ordre visé par le projet

❙ Contribution importante à la disponibilité du carrefour d’Indinié même en période de pluie

❙ Contribution à l’amélioration de la qualité de vie des populations concernées par la retenue de déchets et les comportements changés à travers les campagnes de sensibilisation.

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82 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Annexe E — Liste des opérations de la Banque en Côte d’Ivoire 2006–2016

Acronyme Nom du projet Secteur Instrument Approbation Engagement Fin prévue Dernier décaissement

Budget (UC) % projet / secteur

% secteur / TOTAL

HKB Projet Pont Henri Konan Bédié Transport BAD 01/03/2012 28/06/2012 31/12/2020 17/11/2014 46 374 031 11% 5%

PARFFM Programme d'aménagement de routes et de faclitation fleuve Mano (Côte d'Ivoire)

Transport FAD / FEF 18/12/2014 04/06/2015 30/06/2020 65 460 000 16% 6%

PARFFM-add Programme d'aménagement de routes et de faclitation fleuve Mano (Côte d'Ivoire, prêt additionnel)

Transport FAD 03/06/2015 02/03/2016 31/12/2018 31 177 000 8% 3%

PAFT Programme d'aménagement-facilitation du transport (Bamako-Zantiebougou-Boundiali-San Pedro)

Transport FAD 26/11/2015 03/05/2016 30/06/2021 70 000 000 17% 7%

SAN PEDRO Etude d’extension du port autonome de San Pedro

Transport NEPAD/FAPA 27/12/2012 30/06/2013 31/07/2016 31/10/2016 1 952 807 0% 0,2%

ABJ-LAG Etude portant sur le projet de développement de l’autoroute du corridor Abidjan-Lagos

Transport FAD 21/09/2016 1 000 000 0% 0,1%

URB-ABJ Projet de transport urbain d’Abidjan Transport BAD 16/12/2016 29/12/2016 30/09/2018 190 000 000 47% 18%

Transport 7 projets 405 963 838 100% 39%

PAIMSC Projet d'appui institutionnel multisectoriel à la sortie de crise

Social FAD 05/12/2007 28/02/2008 31/12/2013 23/12/2013 20 000 000 12% 2%

HUMAN Aide d'urgence pour une assistance humanitaire aux victimes de la crise post conflit

Social FSS 27/07/2011 09/08/2011 31/12/2012 705 572 0,4% 0,1%

PURSAB Programme d'urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base

Social FAD / FEF 01/06/2011 10/06/2011 15/06/2012 11/07/2011 95 000 000 56% 9%

Social FEF 03/06/2011 10/06/2011 30/09/2015 25/11/2015 5 500 000 3% 0,5%

PAAEIJ Projet d'Appui à l'Amelioration de l'Employabilité et à l'insertion des Jeunes

Social FAD 04/12/2013 06/12/2013 31/12/2015 09/10/2015 18 832 999 11% 2%

PARICS Programme d'appui au renforcement de l'inclusion et de la cohésion sociales

Social FAD / FEF 13/06/2014 25/06/2014 31/12/2016 06/10/2014 29 970 000 18% 3%

Social 5 projets 170 008 571 100% 17%

AVIAIRE 1 Aide d'urgence contre la propagation de la grippe aviaire

Agriculture FSS 06/10/2006 16/05/2007 30/06/2007 352 786 0,3% 0,03%

ALIM Aide alimentaire d'urgence aux victimes de la guerre civile

Agriculture FSS 18/06/2008 18/06/2009 308 511 0,3% 0,03%

PAIA-ID Projet d'appui aux infrastructures agricoles Indenie-Djubalin

Agriculture FAD 01/03/2012 20/03/2012 28/02/2018 22/06/2016 21 600 000 20% 2%

2PAI-Bélier Projet de pôle agro-industriel de la région de Bélier

Agriculture FAD 17/10/2014 09/02/2015 31/12/2021 17/06/2016 998 000 1% 0,1%

SUCDEN Matières premières agricoles Agriculture BAD 10/07/2015 07/12/2015 30/06/2016 29/01/2016 79 955 225 73% 8%

AVIAIRE 2 Aide humanitaire d'urgence pour soutenir le gouvernement dans la lutte contre la grippe aviaire

Agriculture FSS 23/12/2015 06/04/2016 31/03/2017 705 572 1% 0,1%

PPF Emploi des jeunes dans l’agrobusiness (PPF) (Enable youth)

Agriculture FAD 27/07/2016 14/02/2017 31/07/2018 1 000 000 1% 0,1%

Page 91: Côte d’Ivoire : Une Évaluation de la stratégie et du programme de … Côte d... · Membres de l’équipe Bilal Bagayoko, Assistant de recherche, Razafindramanana Herimandimby,

83Annexes

Une

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IDEV

Acronyme Nom du projet Secteur Instrument Approbation Engagement Fin prévue Dernier décaissement

Budget (UC) % projet / secteur

% secteur / TOTAL

HKB Projet Pont Henri Konan Bédié Transport BAD 01/03/2012 28/06/2012 31/12/2020 17/11/2014 46 374 031 11% 5%

PARFFM Programme d'aménagement de routes et de faclitation fleuve Mano (Côte d'Ivoire)

Transport FAD / FEF 18/12/2014 04/06/2015 30/06/2020 65 460 000 16% 6%

PARFFM-add Programme d'aménagement de routes et de faclitation fleuve Mano (Côte d'Ivoire, prêt additionnel)

Transport FAD 03/06/2015 02/03/2016 31/12/2018 31 177 000 8% 3%

PAFT Programme d'aménagement-facilitation du transport (Bamako-Zantiebougou-Boundiali-San Pedro)

Transport FAD 26/11/2015 03/05/2016 30/06/2021 70 000 000 17% 7%

SAN PEDRO Etude d’extension du port autonome de San Pedro

Transport NEPAD/FAPA 27/12/2012 30/06/2013 31/07/2016 31/10/2016 1 952 807 0% 0,2%

ABJ-LAG Etude portant sur le projet de développement de l’autoroute du corridor Abidjan-Lagos

Transport FAD 21/09/2016 1 000 000 0% 0,1%

URB-ABJ Projet de transport urbain d’Abidjan Transport BAD 16/12/2016 29/12/2016 30/09/2018 190 000 000 47% 18%

Transport 7 projets 405 963 838 100% 39%

PAIMSC Projet d'appui institutionnel multisectoriel à la sortie de crise

Social FAD 05/12/2007 28/02/2008 31/12/2013 23/12/2013 20 000 000 12% 2%

HUMAN Aide d'urgence pour une assistance humanitaire aux victimes de la crise post conflit

Social FSS 27/07/2011 09/08/2011 31/12/2012 705 572 0,4% 0,1%

PURSAB Programme d'urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base

Social FAD / FEF 01/06/2011 10/06/2011 15/06/2012 11/07/2011 95 000 000 56% 9%

Social FEF 03/06/2011 10/06/2011 30/09/2015 25/11/2015 5 500 000 3% 0,5%

PAAEIJ Projet d'Appui à l'Amelioration de l'Employabilité et à l'insertion des Jeunes

Social FAD 04/12/2013 06/12/2013 31/12/2015 09/10/2015 18 832 999 11% 2%

PARICS Programme d'appui au renforcement de l'inclusion et de la cohésion sociales

Social FAD / FEF 13/06/2014 25/06/2014 31/12/2016 06/10/2014 29 970 000 18% 3%

Social 5 projets 170 008 571 100% 17%

AVIAIRE 1 Aide d'urgence contre la propagation de la grippe aviaire

Agriculture FSS 06/10/2006 16/05/2007 30/06/2007 352 786 0,3% 0,03%

ALIM Aide alimentaire d'urgence aux victimes de la guerre civile

Agriculture FSS 18/06/2008 18/06/2009 308 511 0,3% 0,03%

PAIA-ID Projet d'appui aux infrastructures agricoles Indenie-Djubalin

Agriculture FAD 01/03/2012 20/03/2012 28/02/2018 22/06/2016 21 600 000 20% 2%

2PAI-Bélier Projet de pôle agro-industriel de la région de Bélier

Agriculture FAD 17/10/2014 09/02/2015 31/12/2021 17/06/2016 998 000 1% 0,1%

SUCDEN Matières premières agricoles Agriculture BAD 10/07/2015 07/12/2015 30/06/2016 29/01/2016 79 955 225 73% 8%

AVIAIRE 2 Aide humanitaire d'urgence pour soutenir le gouvernement dans la lutte contre la grippe aviaire

Agriculture FSS 23/12/2015 06/04/2016 31/03/2017 705 572 1% 0,1%

PPF Emploi des jeunes dans l’agrobusiness (PPF) (Enable youth)

Agriculture FAD 27/07/2016 14/02/2017 31/07/2018 1 000 000 1% 0,1%

Page 92: Côte d’Ivoire : Une Évaluation de la stratégie et du programme de … Côte d... · Membres de l’équipe Bilal Bagayoko, Assistant de recherche, Razafindramanana Herimandimby,

84 Côte d’Ivoire : Évaluation de la stratégie et du programme de la Banque 2006–2016 – Rapport de synthèse

Acronyme Nom du projet Secteur Instrument Approbation Engagement Fin prévue Dernier décaissement

Budget (UC) % projet / secteur

% secteur / TOTAL

CHAIN VAL Projet de développement des chaines de valeur dans la région de l’Indénier

Agriculture NTF 21/10/2016 14/02/2017 31/12/2020 4 000 000 4% 0,4%

Agriculture 8 projets 108 920 093 100% 11%

PAREF Programme d'appui aux réformes économiques et financières

Gouvernance FAD / FEF 06/03/2009 06/03/2009 31/12/2009 06/03/2009 83 870 000 81% 8%

EBOLA Programme de riposte contre Ebola Gouvernance FAD 01/10/2014 01/10/2014 31/12/2016 6 000 000 6% 1%

PARCSI Projet d'appui au renforcement de la compétitivité du secteur industriel

Gouvernance FAD 30/09/2015 11/12/2015 30/11/2019 21/06/2016 10 000 000 10% 1%

CERAP Création et animation du réseau africain pour l'éthique de la gouvernance (Cote d’Ivoire)

Gouvernance FMD * 17/10/2012 31/12/2016 127 316 0,1% 0,01%

APPUI CIBLE Projet d'appui ciblé et de renforcement des capacités

Gouvernance FEF 01/03/2010 01/03/2010 30/09/2013 2 000 000 2% 0,2%

PRODIJE Projet d'incubateur pour jeunes entrepreneurs Gouvernance FAPA 04/09/2015 04/09/2015 30/06/2018 1 348 186 1% 0,1%

Gouvernance 6 projets 103 345 502 100% 10%

AZITO Extension de la centrale électrique d'Azito Energie BAD 19/12/2012 18/10/2013 27/02/2020 15/05/2015 25 581 751 12% 2%

CIPREL Extension de la centrale électrique CIPREL Energie BAD 24/07/2013 14/08/2013 23/06/2026 27/11/2015 39 977 613 19% 4%

INTERCO Projet d'interconnection des reseaux électriques CI, Liberia, SL et Gui (CSLG)

Energie FAD 06/11/2013 22/11/2013 31/12/2018 33 000 000 16% 3%

ELEC-OUEST Projet de renforcement du réseau de transport électrique dans la région Ouest de la Côte d’Ivoire

Energie BAD 16/11/2016 20/12/2016 31/12/2019 107 200 000 52% 10%

Energie 4 projets 205 759 364 100% 20%

GOUROU Projet de gestion intégrée du bassin versant du Gourou

Eau & assain. FAD 24/11/2010 10/06/2011 30/12/2016 06/06/2016 23 000 000 96% 2%

FAE Promotion de l'accès aux toilettes et aux emplois à Bouaké et Katiola - réutilisation des boues et urines

Eau & assain. FAE 04/09/2013 13/06/2014 31/12/2017 13/10/2014 999 440 4% 0,1%

Eau & assainissement 2 projets 23 999 440 100% 2%

MCI Prise de participation au capital du Microcred Côte d'Ivoire et AT

Finance FAPA 16/04/2010 11/06/2013 31/12/2016 15/11/2013 1 353 572 11% 0,1%

ENTR Projet d'appui au développement de l'entreprenariat

Finance FAPA 16/12/2014 04/09/2015 15/12/2016 668 618 6% 0,1%

RACMP Programme d'Adhesion à l'Assurance du Commerce

Finance FAD 23/09/2015 03/05/2016 31/12/2019 9 930 000 83% 1%

Finance 3 projets 11 952 189 100% 1%

TOTAL 35 projets 1 029 948 997 100%

Page 93: Côte d’Ivoire : Une Évaluation de la stratégie et du programme de … Côte d... · Membres de l’équipe Bilal Bagayoko, Assistant de recherche, Razafindramanana Herimandimby,

85Annexes

Une

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IDEV

Acronyme Nom du projet Secteur Instrument Approbation Engagement Fin prévue Dernier décaissement

Budget (UC) % projet / secteur

% secteur / TOTAL

CHAIN VAL Projet de développement des chaines de valeur dans la région de l’Indénier

Agriculture NTF 21/10/2016 14/02/2017 31/12/2020 4 000 000 4% 0,4%

Agriculture 8 projets 108 920 093 100% 11%

PAREF Programme d'appui aux réformes économiques et financières

Gouvernance FAD / FEF 06/03/2009 06/03/2009 31/12/2009 06/03/2009 83 870 000 81% 8%

EBOLA Programme de riposte contre Ebola Gouvernance FAD 01/10/2014 01/10/2014 31/12/2016 6 000 000 6% 1%

PARCSI Projet d'appui au renforcement de la compétitivité du secteur industriel

Gouvernance FAD 30/09/2015 11/12/2015 30/11/2019 21/06/2016 10 000 000 10% 1%

CERAP Création et animation du réseau africain pour l'éthique de la gouvernance (Cote d’Ivoire)

Gouvernance FMD * 17/10/2012 31/12/2016 127 316 0,1% 0,01%

APPUI CIBLE Projet d'appui ciblé et de renforcement des capacités

Gouvernance FEF 01/03/2010 01/03/2010 30/09/2013 2 000 000 2% 0,2%

PRODIJE Projet d'incubateur pour jeunes entrepreneurs Gouvernance FAPA 04/09/2015 04/09/2015 30/06/2018 1 348 186 1% 0,1%

Gouvernance 6 projets 103 345 502 100% 10%

AZITO Extension de la centrale électrique d'Azito Energie BAD 19/12/2012 18/10/2013 27/02/2020 15/05/2015 25 581 751 12% 2%

CIPREL Extension de la centrale électrique CIPREL Energie BAD 24/07/2013 14/08/2013 23/06/2026 27/11/2015 39 977 613 19% 4%

INTERCO Projet d'interconnection des reseaux électriques CI, Liberia, SL et Gui (CSLG)

Energie FAD 06/11/2013 22/11/2013 31/12/2018 33 000 000 16% 3%

ELEC-OUEST Projet de renforcement du réseau de transport électrique dans la région Ouest de la Côte d’Ivoire

Energie BAD 16/11/2016 20/12/2016 31/12/2019 107 200 000 52% 10%

Energie 4 projets 205 759 364 100% 20%

GOUROU Projet de gestion intégrée du bassin versant du Gourou

Eau & assain. FAD 24/11/2010 10/06/2011 30/12/2016 06/06/2016 23 000 000 96% 2%

FAE Promotion de l'accès aux toilettes et aux emplois à Bouaké et Katiola - réutilisation des boues et urines

Eau & assain. FAE 04/09/2013 13/06/2014 31/12/2017 13/10/2014 999 440 4% 0,1%

Eau & assainissement 2 projets 23 999 440 100% 2%

MCI Prise de participation au capital du Microcred Côte d'Ivoire et AT

Finance FAPA 16/04/2010 11/06/2013 31/12/2016 15/11/2013 1 353 572 11% 0,1%

ENTR Projet d'appui au développement de l'entreprenariat

Finance FAPA 16/12/2014 04/09/2015 15/12/2016 668 618 6% 0,1%

RACMP Programme d'Adhesion à l'Assurance du Commerce

Finance FAD 23/09/2015 03/05/2016 31/12/2019 9 930 000 83% 1%

Finance 3 projets 11 952 189 100% 1%

TOTAL 35 projets 1 029 948 997 100%

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Une évaluation stratégie pays IDEV

idev.afdb.org

Groupe de la Banque Africaine de DéveloppementAvenue Joseph Anoma 01 BP 1387, Abidjan 01 Côte d’IvoireTél. : +225 20 26 20 41 Fax : +225 20 21 31 00Courriel : [email protected] C

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À propos de cette évaluation

Ce rapport présente les principales constatations de l’évaluation des stratégies, interventions et activités de dialogue sur les politiques de la Banque en République de Côte d’Ivoire durant la période 2006–2016. Cette évaluation a un double objectif de redevabilité et de capitalisation des leçons pour améliorer les futures stratégies de la Banque dans le pays et plus généralement dans les États en transition. Durant la période de l’évaluation, cinq documents ont encadré la coopération de la BAD avec la Côte d’Ivoire avec 35 opérations pour un montant total supérieur à un milliard d’UC.

L’approche méthodologique a été celle d’une analyse de contribution basée sur la (re) construction de la théorie de changement de l’assistance de la Banque en Côte d’Ivoire. L’évaluation a révélé que la Banque a globalement eu une action positive en Côte d’Ivoire sur la période 2006–2016. Elle a été un partenaire fiable pour accompagner le processus de sortie de crise et dans les situations d’urgence spécifiques. Par ailleurs, la Banque a bien utilisé ses différentes sources de financement et les différentes modalités d’intervention en s’adaptant de manière appropriée aux circonstances du pays au fil de la période.

Cependant, des défis que la Banque n’a pas complètement réussi à intégrer subsistent; ce sont entre autres : (i) l’absence d’amélioration significative face à la pauvreté et aux inégalités ; (ii)  les  faiblesses dans la qualité de la conception de plusieurs interventions ; (iii)  l’absence de situations de référence ou d’objectifs chiffrés ; (iv) la lourdeur administrative, la forte mobilité des chefs de projets, et le suivi-évaluation qui reste perfectible. Enfin, l’évaluation propose les recommandations suivantes en lien avec ses conclusions générales :

❙ Renforcer le dialogue sur les politiques pour ce qui est des questions stratégiques et l’appuyer par des travaux analytiques pertinents ;

❙ Compléter les études de faisabilité des PPP par des analyses systématiques des conséquences des garanties données par l’Etat ;

❙ Renforcer la visibilité de la Banque par rapport à son implication dans l’appui à la stratégie de développement de la Côte d’Ivoire ;

❙ Renforcer le suivi et l’évaluation de l’atteinte des résultats au niveau des opérations et des stratégies de la Banque ;

❙ Clarifier les directives et les modalités d’intervention en matière d’aide d’urgence pour les rendre mieux adaptées aux risques et sources de fragilité et garantir une intervention rapide touchant les cibles dans les plus brefs délais.