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30 jours 4

Dans la classe 6• Une exposition au CDI

Actualité 8• Manifestation à Paris le 10 octobre• Évaluation au collège• Les projets de programme au collège• Formation forcée pour la réforme• Nouveaux EAP• Fonction publique : les missions• Idées fausses sur les fonctionnaires• Protocole PPCR• Le lycée cible de la Cour des comptes• Retraités : l’aide à domicile

Éco/social 18• Santé au travail• Marches européennes contre l’austérité• Économie : troisième crise

Dossier 21• Crise du recrutement : quelles réalités ?

Métier 28• Service civique• Journée d’étude sur le métier enseignant

21 DossierCrise du recrutement : quelles réalités ?

Catégories 30• État VS• CPE• AED• Non-titulaires

Sur le terrain 32• Classes bilangues et latin

Fenêtre sur 34• La justice des mineurs

Culture 36• Livres/Revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Entretien 40• Erri de Luca

International 42• Québec : grève dans l’éducation• Tunisie : bras de fer pour les salaires

Droits et libertés 43• Migrants• Le FN en campagne électorale

Portrait 44• Frédéric Lordon

ÉditoLe mur du sonTandis que s’amoncellentles indicateurs présageantde nouvelles défaites, la fuiteen avant semble perdurer.Oscillant tantôt entre les discourslénifiants sur l’amélioration à venirde la situation de l’emploiet la croissance, et les discoursmartiaux du Premier ministre,le gouvernement ne semble pasavoir conscience de la défiancecroissante des citoyens à l’égarddu monde politique. Il est vraique le brouillage idéologiqueentretenu – l’adéquation désormaisconsolidée entre réformeset libéralisation – a de quoidécrédibiliser le débatdémocratique.Dernièrement, notre sémillantministre de l’Économie, aprèsavoir relégué dans les oubliettesde l’histoire les 35 heures commele statut des fonctionnaires,caractérisait ainsi l’élection commeappartenant au « cursus honorumd’un ancien temps ».Les démentis en provenancedu chef de l’exécutif se sont faitattendre et si, du bout des lèvres,ce dernier assura qu’on neremettait en cause ni les35 heures, ni le statut desfonctionnaires, le cœur du proposprésidentiel fut quand même defaire l’éloge d’Emmanuel Macron.Le projet de société porté par cepouvoir se résumerait-il au primatd’une économie placée sous laférule de la finance, à la destructiondes acquis sociaux et au dénide démocratie érigé en mode degouvernement ? À ce titre, la visiondu lycée portée par la Cour descomptes comme le projet d’écoleinhérent à la réforme du collèges’inscrivent pleinement dans cette

orientation,orientationque nouscombattronsen manifestantle 10 octobre.

SOMMAIRE

Frédérique Roletcosecrétaire générale

L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00).Directeur de la publication : Roland Hubert ([email protected]). Rédacteur en chef : Thierry Petrault. Secrétaire de direction : Bénédicte Derieux. Collaborateurspermanents : Grégory Bekhtari, Nicolas Béniès, Jean-François Claudon, Véronique Ponvert, Stéphane Rio, Nicolas Sueur. Régie publicitaire : Com d’habitude publicité,Clotilde Poitevin, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive, tél. : 05 55 24 14 03, fax : 05 55 18 03 73, www.comdhabitude.fr. Compogravure : C.A.G., Paris. Imprimerie : SEGO, Taverny (95).C.P. N° 0118 S 06386. I.S.S.N. N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture : © Na ! Prix du numéro :1,30 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France 30 € ; étranger et DOM-TOM : 44 €. 2) Autres, France : 42 € ;

étranger : 56 €. Publicités : GMF (p. 2), CFC (p. 5), MGEN (p. 7), UNCME (p. 11), Union des Autonomes (p. 13),Initiatives (p. 17), MAE (p. 17), Educatec/Tarsus (p. 29), Alimentarium (p. 47), MAIF (p. 48). Joint à ce numéro : 16 p. CPE ;Mémo Retraités ; 8 p. Point sur métiers ; 36 p. Néotitulaire.

34 Fenêtre surLa justice des mineurs

44Portrait

Frédéric Lordon

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

BILLET D’HUMEUR

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Pas si mal à droite

30 JOURS

même avis s’i l n’avait paséchoué aux concours d’entréeà l’ENS et ensuite rejoint cecorps anachronique ? Le fond du problème, c’est qu’ilrêve bel et bien d’un monde oùles protections ne seraient assu-rées qu’aux concepteurs etautres innovateurs. Pour la pié-taille, pas de durée de travail,pas de salaire minimum, pas degaranties collectives... Bref, laprécarité généralisée dans unmonde (re)devenu sans statut !Cette vision de l’avenir a toutd’un grand bond en arrière. n

Jean-François Claudon

Recadrage et déclarationsenfiévrées d’«  attache-

ment » à la Fonction publique...L’exécutif se démène pour fairepasser la pilule. Et le moinsqu’on puisse dire, c’est qu’il vadevoir s’y employer ! Unministre de «  gauche  » a osédire que le statut des fonction-naires n’est «  plus adapté aumonde tel qu’il va  ».Passons sur le fait que Macron alui-même fait partie de lacohorte des «  inadaptés  » autemps où le premier commis dela finance était encore inspec-teur des impôts. Aurait-il le

Barre à gauche. Grande-Bretagne : le radical Jeremy Corbyn élu à la tête du Labour.

12sept.

Oban...it ! Hongrie : la frontière fermée, 60 migrants jugés pour avoir cisaillé la clôture.

15sept.

Quelle farce. Les nouveaux allégements de charges pour les entreprises reportés au 1er avril.

16sept.

Mauvais calcul. Najat Vallaud-Belkacem annonce une dictée et du calcul mental tous les jours.

18sept.

Ça fonctionne pas. Le ministre de l’Économie remet en question le statut des fonctionnaires.

19sept.

Des sous dissous. Redressement fiscal colossalpour Coca-Cola : 3 milliards de dollars.

20sept.

Des pots de bilanScandale chez Wolkswagen avec des moteurs truqués.

21sept.

Plein pot ! CAC 40 : la rémunération des patrons est repartie à la hausse en 2014.

22sept.

Pas trompé l’éléphantLes ex-Fralib mettent en vente leurs boîtes de thé en supermarché.

24sept.

Coup de force social. Opération coup de poing pour forcer le maire d’Ormesson-sur-Marne à construire des HLM.

25sept.

On compte (toujours) sur vous ! Il y a 30 ans,« une petite idée » de Coluche donnait vie aux Restos du Cœur.

26sept.

Ça décolle pas. L’ouverture de l’aéroport de Berlin prévue en2010 reportée sine die. Encore un aéroport financé à perte par l’UE.

27sept.

Laisser des plumesUne bataille d’oreillers dégénère à West Point, 30 élèves blessés.

3sept.

Plaisir de riche Le coavionnage s’installe en France.

4sept.

Willkommen. En Autriche, des milliers de réfugiésretrouvent l’espoir d’une Europe solidaire.

5sept.

Ils perdent le Nord. Scandale à Séoul : des karaokésproposent des chansons... nord-coréennes !

6sept.

Plus belle la vieLa mortalité infantile divisée par deux en 25 ans dans le monde.

7sept.

Arrête ! Nicolas Sarkozy veut suspendre la librecirculation des Non-Européens.

Oh « g’» aimeMonsanto condamné pour l’intoxication d’un agriculteur français.

9sept.

Pique sousShanghai va fermer plus de 150 usines pour Disneyland.

10sept.

Honteux. Devedjian : les Allemands « nous ont pris nos Juifs,ils nous rendent des Arabes ».

11sept.

8sept.

Réfugiés  : sortir de la criseLa crise humanitaire que connaissent les migrants provenant prin-

cipalement de Syrie ou d’Erythrée a connu un tournant cet été. Lenombre d’exilés s’est accru du fait de l’aggravation de la situation dansleurs pays d’origine. La photo du corps d’un enfant syrien échoué surune plage turque a suscité une vague d’indignation et un courant d’em-pathie sans précédent début septembre. En Allemagne, une partiesignificative de la population a décidé d’accueillir des réfugiés chezeux ou de les aider en leur apportant des vêtements ou de la nourri-ture. Des réseaux d’aide se sont constitués à l’initiative des citoyensfrançais. En Autriche, des cheminots se sont mobilisés pour permettreaux migrants de circuler gratuitement. En Angleterre, une manifes-tation a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes en faveurd’un accueil décent. Il faut maintenant souhaiter qu’une solidarité euro-péenne émerge sur ce sujet pour prôner la liberté de circulation surle continent, refuser la politique des quotas ou l’accueil sélectifselon les causes d’immigration, voire – pire encore – selon leur reli-gion. Condamner le traitement indigne et inhumain des réfugiés parle gouvernement hongrois et l’instrumentalisation politique de cettequestion en France, et exprimer un soutien sont des tâches prio -ritaires de l’heure.

Et moi et moi... 12 millions d’élèves en France sur le chemin de l’école et moi.

2sept.

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DANS LA CLASSEÀ consulteri◗ Vidéo promotionnelle

par VIDEOBBP surhttps://vimeo.com/124758760.

◗ Album en ligne sur la pageFacebook du collègehttps://www.facebook.com/Saffimbec.

◗ Association France 44 :http://france.44.free.fr.

◗ Portail officiel du centenaire de la Première Guerre mondiale :www.centenaire.org.

UNE EXPOSITION AU CDI

La Grande Guerre au collège

Lorsque l’on pénètre dans la pénombre de lasalle, on est surpris de faire un bond de 100 ansdans le passé. On pénètre dans une tranchée qui

sent la terre et le bois mort. On est assailli par lesbruits de bombardements qui tournent en boucledans les haut-parleurs. On entend au loin l’écho deschansons des Poilus... On plonge dès l’entrée aucœur des tranchées de laPremière Guerre mondiale.L’exposition réalisée au col-lège Les Hauts-du-Saffimbecde Pavilly (76), en avril 2015,est l’aboutissement d’un tra-vail pluridisciplinaire menépar dix enseignants dans lecadre du Centenaire de laPremière Guerre mondiale,l’occasion de travailler dif-féremment avec les élèves,mais surtout de marquer leurmémoire. Après une annéede préparation, le projet« Grande Guerre au col-lège » a été mis en œuvre àla rentrée 2014 avec l’en-semble des classes de Troi-sième. En plus des coursdonnés sur ce thème enanglais, en arts plastiques, en français et en histoire,des sorties ont été organisées pour les élèves :visite d’expositions et de l’historial de la « GrandeGuerre » de Péronne, des champs de bataille de laSomme... Plusieurs maquettes ont été fabriquées parles élèves pour représenter les tranchées et toutesles classes ont effectué des recherches documen-

taires au CDI du collège afin de réaliser des pan-neaux thématiques.

D’arrière-grand-père en petit-filsUne collecte a été menée auprès des familles afinde rassembler des documents et objets de l’époque :plus de 50 pièces collectées, de la carte postale aux

casques de soldats. Surpre-nants et émouvants, ces sou-venirs rappellent que toutesles familles ont été touchéespar la guerre. Ainsi, cette cor-respondance retrouvée entreErnest, arrière-arrière grand-père de Timothée, et safemme Augustine, à qui ilraconte l’horreur des tran-chées : les poux qui dévorentle corps, la nourriture froide, lanuit couché trempé dans laboue, la tristesse, la peur del’obus qui arrache les jambes ettue les camarades... La partici-pation de M. Lemonnier, parentd’élève et président de l’Asso-ciation « France 44 », a permisd’enrichir les vitrines de nom-breux objets d’époques issus de

sa collection personnelle : obus, casques, uni-formes de soldats, drapeaux... Tout cela a été installé dans la salle polyvalente ducollège, ouverte au public pendant onze jours.Entre les objets, les travaux d’élèves, les sons et lesextraits vidéos, c’est un véritable musée temporairequi a été mis en place au sein de l’établissement. n

Jacques Beaucamp, professeurd’histoire-géographie, est àl’initiative du projet. « La

Grande Guerre a souvent étéoccultée, dans la mémoire collec-tive, par la Deuxième Guerre mon-diale. Aussi, cette exposition estune forme d’hommage à nos aïeuxqui ont combattu, qui ont été bles-sés, qui sont morts sur les champsde bataille de la Marne, de Ver-dun, de la Somme et ailleurs...véritable carnage où la vie deshommes ne comptait pas, ou sipeu... » Élèves, parents, éluslocaux... tous ont salué le travailréalisé par les enseignants et leurs

élèves, et ont félicité l’effortmuséographique mis en place dansle collège : « Une très belle miseen scène, pour faire vivre le devoirde mémoire », selon GuillaumeCoutey, conseiller départemental.Les parents sont surpris de décou-vrir « un vrai petit musée, pourune vraie prise de conscience denos enfants » (Serge, parentd’élève). Même constat du côtédes élèves : « On se croirait dansun musée ! » commente Axelle,élève de Troisième. Scotchés dèsl’entrée, les élèves n’en revien-nent pas et restent muets face àtant de travail. De la Sixième à la

Troisième, rares sont ceux qui sontrestés de marbre, et tous garde-ront en mémoire l’exposition réa-lisée par leur établissement. Désor-mais, le mot d’ordre parmi lesélèves et leurs enseignants : « Onrecommence l’année prochaine ! »

Rubrique réalisée par Marie Dubsky, professeur documentaliste du collège Les Hauts-du-Saffimbec

Des mois de travaux interdisciplinaires ont donné lieu à une puissante réalisation d’élèves :un « devoir » de mémoire dont tout le collège s’est emparé.

SensibilisationiUn programme de visitesdans toute la France a permis,au cours de ces deux journées, demettre le focus sur le centenairede la Première Guerre mondialeet d’en rappeler le souvenirau grand public.◗ http://centenaire.org/fr/en-france/les-journees-europeennes-du-patrimoine-2015-et-le-centenaire

La mission du centenairede la Première Guerre mondialeorganise, en 2015, avec le soutiendu ministère de l’Éducationnationale, un concours de photospour représenter et symboliserle conflit. Une photo par académiea été retenue. Elles serontexposées au festival du filmde Compiègne, en novembre 2015.◗ http://centenaire.org/fr/espace-pedagogique/mobilisation-de-la-communaute-educative/la-photographie-du-centenaire-une

Réactionsi

Une expo de « pro »Quelques réactions des élèves qui ont participé au projet :

« Très belle exposition, j’adore ! Onse croirait dans un musée. Grâce à ça, on rend hommage aux mortspour la France. » Florian, Troisième

« C’est une très belle expo, on devrait en faire plus souvent ! »

Anaïs, Troisième

« L’exposition est super agréable à regarder et très touchante. Elle est digne d’un musée ! »

Yanis, Troisième

TÉMOIGNAGES

“On se croirait dans un musée”

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

ACTUALITÉ

ENSEMBLE DANS LA RUE POUR GAGNER !Après trois journées de grève nationale et les multiples actions engagées par les personnels dans lesétablissements, le temps de la manifestation unitaire, à Paris, est venu. Réussir une démonstration de forceet d’unité est essentiel pour contraindre le gouvernement à revoir sa copie éducative.

Qui, aujourd’hui, peut encore croire auxvertus de la réforme « collège 2016 » ?Plus le temps passe et plus la réalité

montre la vacuité du discours ministérielcachée derrière des « mots-clés  » qui ontpu faire illusion : accompagnement, égalité,autonomie et interdisciplinarité. À tel pointque le ministère, engagé dans une coursefolle pour imposer sa réforme, oscille entreprovocations en détournant la formationcontinue et « coups de menton ».Ainsi de plus en plus de voix, parmi lespersonnels mais aussi les parents d’élèves,s’élèvent pour faire entendre raison à ungouvernement qui s’enferre.

Affirmer notre fierté d’enseignantd’une discipline scolaireLe combat des personnels contre cetteréforme est une impérieuse exigence quis’enracine dans leur professionnalisme etleurs convictions. Ils le mènent parce qu’ilsont de l’ambition pour leurs élèves et aunom d’une conception de leur mission àl’opposé de ce que la réforme produira :inégalités croissantes entre les élèves, lesétablissements et les personnels, destruction

progressive de la structuration disciplinairedu collège, augmentation de la charge de

travail, développement des hiérarchies,imposition grandissante de prescriptionsremettant en cause notre liberté pédago-gique... Tout cela pour quoi ? Pour une écoleconstruite sur les recommandations del’OCDE, peu soucieuse des dimensions cul-turelles des apprentissages ? Pour une écolequi obéit aux injonctions de la Cour des

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LA MOBILISATION CONTINUE...

TOUTES ET TOUS À PARIS !• Départ 13 h 30 de Port-Royal• Arrivée métro rue du Bac

MANIFESTATION NATIONALE LE 10 OCTOBRE • MANIF

Gravelines (Nord)Les enseignants du collège Pierre-et-Marie-Curie de Gravelines ne désarmentpas : « La réforme qui nivelle par le basnotre conception de l’enseignement nepasse décidément pas !  » estiment lesenseignants. Une vingtaine, avecquelques parents conscients des méfaitsde la réforme, étaient en grève et pour-suivent la mobilisation. Tous les quinzejours, le vendredi matin de 7 h 45 à8 heures, ils manifestent devant le collègepour dire leur refus de cautionner cette réforme. « Refusons de devenir les zélés du système,refusons d’être professeurs-relais, formateurs ! De l’ambition pour nos élèves, pour nos enfants ! »

Bobigny (Seine-Saint-Denis)Réunis en assemblée générale le 18 sep-tembre 2015 à 8 heures avec leurs sectionssyndicales SNES-FSU, FO, SUD et CNT, lesenseignants et personnels d’éducation ducollège Jean-Pierre-Timbaud de Bobignyont pris acte de l’entêtement de la ministreà imposer sa réforme malgré la grève natio-nale du 17 septembre.

À l’unanimité de l’AG, ils ont décidé de recon-duire la grève pour obtenir l’abrogation de laréforme ; ils en ont informé leurs organisationssyndicales, les parents et les enseignants desétablissements alentour. En cohérence, ils refuseront toute anticipation(réunion de préparation et formation) de laréforme.

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Pierre-Bénite (Rhône)Au pied de la Montagne Noire, les collèges de Saint-Chinian et de Cessenon-sur-Orb (Hérault) ont réponduprésent à l’appel intersyndical du 17 septembre, et cemalgré la difficulté générale de mobiliser 15 joursaprès la rentrée. En effet, sur les deux collèges, 19 ensei-gnants sur 22 étaient en grève ! « Malgré le mépris etle passage en force de la ministre, la détermination desenseignants et leur profond mécontentement restentintacts, face à une réforme imposée et dangereuse pourles élèves et le service public d’éducation. »©

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Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 9

comptes dont l’obsession purement comp-table ignore les notions de solidarité, de jus-tice et d’émancipation ? Son dernier rapportsur le lycée en est un parfait exemple tandisque le ministère refuse toujours de publierun bilan des réformes du lycée. Marcherdans Paris samedi, c’est aussi affirmer quenous sommes fiers de nos métiers, que nousavons compris la réforme et que le change-ment ne peut passer que par l’adhésion deceux qui le mettent en œuvre.

Manifester et résisterGagner pour nos élèves, pour nos métierset pour l’avenir du second degré passe aussipar l’action collective, au quotidien dansles établissements en refusant, ensemble, lamise en place anticipée des dispositifs de

la réforme, en dénonçant le plan de « for-matage » prévu par le ministère pour mettreau pas les enseignants sous la houlette dequelques « missionnaires » chargés de fairedécouvrir à leurs collègues, soi-disant récal-citrants aux changements, le bien-fondé desnouveaux dispositifs et des bonnes pratiquesimposées par la réforme.Combattre cette réforme est sans doute undevoir quand on a choisi un métier de l’édu-cation avec la conviction que le servicepublic d’éducation doit rester un pilier dela République.Réussir la manifestation nationale de cesamedi 10 octobre est donc une nécessitépour gagner. Alors le SNES-FSU vousdonne rendez-vous samedi à Paris. n

Roland Hubert

Dans les YvelinesGrève réussie le 17 : et après, on continue.53 % de grévistes au collège du Bois d’Aulnede Conflans-Sainte-Honorine, 76 % au col-lège Paul-Bert de Chatou ! Afin de continuerà informer et mobiliser, les militants duSNES-FSU Versailles (78) organisent desdistributions de tracts dans les gares dudépartement, à destination des parentsd’élèves, entre le 22 et le 28 septembre, etles collègues se réunissent dès 7 heures dumatin pour se joindre aux tractages, informeret mobiliser pour la manifestation du10 octobre.

Collège de Thenon (Dordogne)Les enseignants du collège Suzanne-Lacore se mobilisent avec des parents d’élèvespour obtenir une classe supplémentaire en Troisième, les effectifs dans les deux classesactuelles étant respectivement de 31 et 32 élèves. La Direction des services départementauxde l’Éducation nationale (DSDEN) explique que 72 places étaient toujours vacantesau collège, que le sureffectif dans les classes de Troisième était un problème d’organisationinterne et qu’il s’agissait donc pour l’établissement scolaire de répartir ces moyens surles différents niveaux. Les enseignants pensent donc répartir les 13 élèves de Troisièmeen « trop » sur les autres niveaux. « Idéal pour préparer le lycée ! Mais la consigne, c’estla consigne ! » déclarent les professeurs. « Nous ne savons pas encore quels élèves nousallons sacrifier. Peut-être selon leur niveau scolaire ou à l’issue d’un tirage au sort ? »

Narbonne : grève au lycée Docteur-LacroixIls ont voté la grève à 85 %. Les enseignants du lycée général Lacroix de Narbonne ontcessé le travail ce mardi pour dénoncer les sureffectifs de leur établissement. 1 300 élèvesdans une structure prévue pour 1 100et des classes surchargées avec 36 ou37 élèves. Le lycée Lacroix bourré àcraquer « craque ». 200 élèves en troppour l’infrastructure, cela se ressent àtous les niveaux. Manque de chaiseset de tables, cantine insuffisante, etsurtout des classes à 36 ou 37 élèves.Un sureffectif qui met en péril, selonles enseignants, la qualité de l’ensei-gnement. ©

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Mobilisationsur les réseaux sociaux

Suivez la mobilisation sur la carte interactiveà cette adresse : http://cartecollege.fr/Elle permet à tous les enseignants et parentsd’élèves de s’inscrire en mentionnant leurétablissement. Ils peuvent alors signaler leursactions : AG, réunion, distribution de tract,communiqué parent-enseignant... Ils rece-vront également une alerte pour les mobili-sations près de chez eux. L’intérêt de cet outilest de visualiser la mobilisation et de contri-buer à son développement.Un événement Facebook a été créé spéciale-ment pour le 10 octobre https://www.facebook.com/events/976955322391468/Alors cliquez sur « j’y vais », partagez cettepage dans vos contacts, invitez vos amis à yparticiper. Sur cette page figurent les infor-mations pratiques pour le déplacement àParis : horaire de train, rendez-vous, etc.Les balises Twitter pour la manifestation sont#sam10manif associée à #collège2016

ESTATION NATIONALE LE 10 OCTOBRE • MANIFESTATION NATIONALE LE 10

Des parents d’élèves aussiPlusieurs fédérations départementales de la FCPE ont décidé de s’associer à la manifestationnationale du 10 octobre. Parents et enseignants entendent dire NON à une réforme quidonne une part trop importante d’autonomie aux collèges, ce qui creuse encore les inégalités. La FCPE 13, première fédération de parents d’élèves, partage les objectifs d’un collègedémocratique et juste. Dans son bulletin, elle appelle « parents et professeurs à débattreensemble des moyens d’améliorer l’existant. Notre système éducatif, bien qu’ouvert à tous, esten effet, dès l’école, trop inégalitaire et ségrégatif. La réforme collège 2016 se présente commeune tentative louable de résoudre les problèmes que révèle le collège actuel mais elle peine àconvaincre ». Et de poursuivre « Si le collège ne peut plus être un petit lycée, il ne peut pas non plus devenirune école primaire continuée. Par ailleurs, l’autonomie des établissements que prône le ministèrerisque d’accroître les inégalités entre les familles, en fonction de l’établissement dans lequelelles scolarisent leurs enfants et d’accroître les ruptures dans la continuité des apprentissagespour les élèves amenés à changer de collège ».La fédération de Paris sera aussi dans le cortège.

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10 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

ACTUALITÉLIVRET SCOLAIRE, DNB :MAIS OÙ ONT-ILS ÉTÉ CHERCHER ÇA ?La grande réforme de l’évaluation des élèves amorcée l’année dernière avec la conférencenationale a fait pschitt. Exit la réflexion sur le sens de l’évaluation et sa place dans lesapprentissages. Mais bienvenue au DNB « plus complet » et à son nouvel outil technocratique :le « livret scolaire du CP à la Troisième ».

Présenté le 30 septembre, le nouveau livretscolaire intègre pour chaque disciplineles « éléments du programme travaillés

durant la période », ainsi que le détail de l’accompagnement personnalisé, des EPI etdes Parcours (avenir, citoyen et PEAC). Ildevra être visé par les responsables légaux.En fin de Sixième et de Troisième, il intègrela « maîtrise » (insuffisante, fragile, satisfai-sante ou très bonne) de chacune des huitcomposantes du socle.

Tout un programme !Le contrôle continu du DNB est remplacépar un savant calcul à partir des niveaux demaîtrise du socle. Les épreuves terminalesécrites intègrent désormais, en plus du fran-çais, de l’HG-EMC et des mathématiques,une nouvelle épreuve pluridisciplinaire desciences expérimentales et de technologie,intégrant un « exercice de programmation ».

Elles s’accompagnent d’une épreuveorale passée la même semaine queles écrits, et portant sur un projetréalisé en EPI ou dans un parcours.L’actuelle épreuve d’histoire desarts est donc supprimée.

Pris la main dans le socleArts plastiques, éducation musicale,langues vivantes et EPS ne sontdonc présents au DNB que par lebiais des domaines du socle, dontl’évaluation sera illisible pour lesélèves et leur famille. Le latin, le grec et leslangues régionales donnent lieu à bonus.Pour couronner le tout, une «  cérémonierépublicaine de remise des brevets  » estorganisée le premier mercredi de l’annéescolaire, en présence d’élus.Au final, le système est tout aussi complexeque le précédent, pas plus lisible pour les

élèves et leurs familles, mais sera source detravail supplémentaire dans les collèges, tantpour les bulletins trimestriels que pour lesbilans du socle. À l’image de la réforme ducollège. Quand comprendront-ils que chargerla mule des personnels n’est pas la solutionaux difficultés du collège ? n

Valérie Sipahimalani

PROGRAMMES : TROP ANCRÉSDANS LA RÉFORMELes projets de programmes du collège devraient être présentés au Conseil supérieur de l’éducation des 7 et 8 octobre. Des délais inacceptables !

Pour le SNES-FSU, un tel calendrier estinacceptable : comment imaginer qu’untravail sérieux en lien avec les ensei-

gnants puisse être mené en seulement dixjours sur un document de 375 pages ?

Concertation tous azimutsLa façon dont se sont déroulées les commis-sions spécialisées école et collège cette semaineen est l'illustration : mépris pour les représen-tants des personnels entassés dans une salletrop petite, les documents sur les genoux puis-qu’il n'y avait pas de tables disponibles ; renvoi

par l’administration à des arbitrages ultérieursau plus haut niveau sur les amendementsqu’elle juge par ailleurs trop nombreux.Si ces programmes sortent de la logique dusocle de 2006 (double prescription socle/pro-grammes), que le SNES-FSU avait dénoncée,ils posent problème car la plupart des disci-plines manquent de repères annuels. Il faudradonc de nombreuses réunions locales pourrépartir les contenus dans chaque cycle. Ils sont censés ouvrir la voie à «  plus deresponsabilité professionnelle, individuelleet collective ».

Supprimer toute référence à la réformeOr, pour le SNES-FSU, être enseignant -concepteur, ce n’est pas passer son temps àse mettre d’accord avec les autres enseignantssur les contenus à enseigner à tel ou tel niveaude classe. C’est échanger sur les différentesmanières de faire réussir les élèves (diversi-fication des pratiques, possibilités de travauxen groupe dans toutes les disciplines, forma-

tion continue digne de ce nom...), dans lecadre de programmes comprenant des repèresannuels et nationaux forts.Le SNES-FSU déposera des amendements àces projets de programmes, visant notammentà supprimer toute référence à la réforme ducollège rejetée par les personnels : horaire glo-balisé en sciences et technologie en classe deSixième, choix de contenus dans le cadre desconseils de cycle et du conseil école-collège,interdisciplinarité présente au cycle 4 unique-ment sous la forme d’EPI. Les réponses de laministre à cette exigence de rupture serontdéterminantes dans l’appréciation que le SNES-FSU exprimera au CSE.Pour le SNES-FSU, il est inacceptable quele ministère envisage de mettre en place lesprogrammes des quatre niveaux du collègeen même temps dans toutes les disciplines àla rentrée 2016. Il appelle les personnels à ledire haut et fort, en particulier lors de la mani-festation nationale du 10 octobre à Paris. n

Sandrine Charrier© C

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12 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

ACTUALITÉRÉFORME DU COLLÈGE : RÉSISTER AU FORMATAGEAlors que la réforme du collège est contestée de toutes parts, le ministère reste sourd aux critiqueset entend, pour toute réponse, imposer ses vues par le biais d’un plan de formation/formatage quipeine à se mettre en place dans les académies.

C’est dans la rue que les personnels ontdémontré le 17 septembre, s’il en étaitbesoin, que cette réforme du collège ne

passait décidément pas. Sur le terrain, certainschefs, soucieux de préserver la paix dans leurétablissement, évitent le sujet. D’autres, pluszélés, n’hésitent pas à convoquer les premiersconseils pédagogiques pour tenter deconvaincre les équipes. Les analyses du SNES-FSU se confirment : les premiers conflits nais-sent et la réforme, à l’épreuve du réel, révèletoutes ses contradictions, son inutile complexitéet son potentiel dévastateur pour la cohésiondes équipes. Le plan de formation proposén’est de toute façon pas une réponse acceptablepour la majorité des collègues. Ces dernierssont légitimement opposés aux mises enconcurrence inhérentes aux dispositifs inopé-rants (AP, EPI) conçus par l’administration.

Plan de formation à la peineChaque académie organise le plan de formationde huit jours imposé par la ministre à tous lescollègues affectés en collège à cette rentrée.

Si des nuances apparaissent dans le calendrierselon les académies, certaines proposant mêmedes formations pendant les vacances, le schémahiérarchique vertical et descendant apparaîtnettement : les cadres ont été formés ou leseront sous peu et ils tentent désormais derecruter des volontaires parmi les membresdes conseils pédagogiques pour devenir « for-mateurs-relais ». Les premières remontées

semblent indiquer que, face au manque d’en-train, les désignations autoritaires sont de mise.Le SNES-FSU appelle les collègues à refuserde se porter volontaires pour ces formationset à manifester leur mécontentement en parti-cipant, avec collègues, parents d’élèves et asso-ciations de spécialistes, à la manifestation natio-nale organisée le 10 octobre à Paris. n

Vincent Bellegueulle

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REFUSONS TOUTE ANTICIPATIONSoucieux de convaincre et de jouer le dialogue social, le recteur de Rennes a présenté le29 septembre aux représentants des personnels la mise en œuvre de la réforme. Les collègues sontprévenus mais sûrement pas rassurés : ils n’en n’ont pas fini avec les réunions in-ter-mi-na-bles !

Dans chaque collège, deux à cinq ensei-gnants, volontaires et formés d’ici à jan-vier, assureront sous le contrôle des IPR

et des formateurs académiques trois jours deformation à l’interdisciplinarité pour leurspropres collègues. Deux journées sur les nou-veaux programmes sont aussi prévues. Aucuntemps banalisé n’est en revanche accordé car« aucune heure de cours ne sera supprimée,

le temps scolaire pour les élèves doit être pré-servé ». Deux dispositions prévues au BO(rattrapage du lundi de Pentecôte et de deuxdemi-journées afin de permettre des temps deréflexion et de formation sur des sujets pro-posés par l’autorité académique) seront mobi-lisées. Pour les trois autres journées, le recteurs’est refusé à préciser ses intentions mais s’estengagé à respecter le cadre réglementaire, cequi exclut tout autre recours aux mercredisaprès-midi, aux vacances, aux soirées. Dégagerle temps de formation pendant les DNBblancs ou les stages des Troisièmes en entre-prise serait une piste hallucinante sur laquelleles syndicats des chefs d’établissement auraientété amenés à se positionner, sans enthousiasmeni conviction selon nos informations.

Formation « formatage »Le contenu de la formation interdisciplinairese concentrerait sur «  le cœur de métier »(différenciation pédagogique, évaluation desélèves, pédagogie par projet). Le recteur ne

veut pas croire que « la négociation » de laDGH pour organiser les EPI ou l’AP l’em-porterait dans ces formations « au plus prochedu terrain ». Pourtant on sent les Principauxassez pressés de définir les projets d’EPI oud’AP afin d’y voir plus clair dans la DGH.La nouvelle organisation des enseignements(LV2 sans classe bilangue, latin et breton nonfinancés, fin des dédoublements réglemen-taires, de la DP3...) pourrait en effet entraînerdes mesures de carte scolaire ou des complé-ments de service. « La clé est la bonne com-préhension de la réforme par les chefs d’éta-blissement qui devront agir avec anticipationet subtilité » et le recteur de poursuivre « nouscomptons sur l’intelligence collective deséquipes et le jeu de l’interdisciplinarité pouréviter toute catastrophe en RH (ressourceshumaines) ». Chacun appréciera...Une seule solution : dire STOP et monterdans les TGV que le SNES-FSU Bretagne aréservés pour Paris le 10 octobre ! n

Gwenaël Le Paih© D

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Le ministère a présenté aux organisationssyndicales le 16 septembre le dispositif« Étudiant-Apprenti-Professeur ». L’af-

fichage est « d’entamer très tôt une formationprofessionnalisante et de se préparer effica-cement aux concours de recrutement de per-sonnels enseignants  » et «  de réduire lesinégalités sociales et les discriminations ».Ce dispositif prévoit que les apprentis obtien-nent la licence tout en passant deux demi-journées en établissement contre un salairecompris entre 889 € (61 % du SMIC) en L2jusqu’à 21 ans et 1 180,59 € (81 % du SMIC)en L3 pour les plus de 21 ans, non cumulableavec une bourse.

Sous le seuil de pauvreté…Pour les plus jeunes en L2, le salaire de 889 €

est donc à – 10 % sous le seuil de pauvreté

de 987 €. Pour les boursiers échelon 7 demoins de 21 ans, le revenu proposé est de24 % inférieur aux 1 171,50 € perçus commeEAP première génération. Point de démo-cratisation donc.

…avec risque d’échecLe temps d’activité des EAP2 est certesdiminué par rapport aux EAP1. Mais aucuneuniversité ne peut construire des emplois dutemps libérant deux demi-journées : ne pou-vant pas suivre tous les cours, les EAP2 ris-quent d’échouer. Aucun cadrage ne préciseles contenus de la préprofessionalisation  :sans retour théorique et réflexif, l’observationsur le terrain ou la pratique accompagnéene constituent pas une formation. Par ailleurs,800 EAP2 sont prévus en maths, lettres,anglais et allemand : la crise dans les autres

disciplines, dont l’éducation musicale ou lessciences de l’ingénieur, est niée. Le dispositifEAP2, comme l’EAP1, ne permettra doncpas de lutter efficacement contre la crise derecrutement. En revanche, contournant lestatut de la Fonction publique – puisque lecontrat d’apprenti est de droit privé –, ils’oppose à la conception portée par le SNES-FSU des prérecrutements et des aides finan-cières aux étudiants. n

Caroline Lechevallier

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ÉTUDIANT APPRENTI PROFESSEUR :NI AVENIR, NI APPRENTISSAGELe ministère remplace à cette rentrée 2015 les Emplois d’AvenirProfesseur (EAP) par les Étudiants Apprentis Professeurs(EAP deuxième génération). Cela ne permettra ni de démocratiserl’accès à nos métiers ni de lutter contre la crise de recrutement.

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ACTUALITÉET LES MISSIONS D’INTÉRÊTGÉNÉRAL, MONSIEUR MACRON ?Janvier 2015. Traumatisée par les attentats, la France loue ses fonctionnaires, policiers municipaux, forces de l'ordre, pompiers ou urgentistes.

Elle se tourne vers ses enseignants pourqu’ils redoublent d’efforts dans la trans-mission des valeurs de la République.

Missions régaliennes ou sociales, fonction-naires d’État, de l’hospitalière, de la terri-toriale ou assimilés, grandes catastrophesou modestes moments de la vie quotidienne,les exemples de l’utilité sociale des fonc-tionnaires et des agents sous statut ne man-quent pas ! Et pourtant, en septembre 2015,un membre d’un gouvernement socialisteprétend que « le statut des fonctionnairesn’est plus adapté au monde tel qu’il va (...)et surtout, n’est plus justifiable compte tenudes missions ».Qu’est-ce que le statut ? Héritier d’uneconception militaire de la Fonction publique,le statut est d’abord un carcan rigide parlequel l’employeur impose sa volonté àl’agent. Le fonctionnaire n’est pas dans unerelation contractuelle avec son employeur.Il est dans une relation de subordination àcelui-ci, qui peut modifier les conditionsd’emploi de façon unilatérale. La puissancepublique s’arroge ainsi des droits hors ducommun.

Garant de l’intérêt généralC’est surtout dans la deuxième moitié duXXe siècle, après la guerre et l’Occupation,que la Nation fait le choix d’un statut

Garantie de l’emploiFaudrait-il considérer qu’auXXIe siècle l’insécurité soit lanorme sociale ? Nombred’études montrent que les paysles plus performants sontceux qui assurent le plus dedroits aux travailleurs. Et lesemployeurs publics ont lesmoyens de reclasser les agentsdont les emplois sont supprimés.Mais plus fondamentalement, ledroit à la carrière et la garantiede l’emploi des fonctionnairesont été construits pour assurerau citoyen que les agents publics

agissent bien en touteimpartialité, à l’abri despressions, des lobbiesidéologiques, écono-miques et de la corruption.Ces conditions garantis-sent que leurs repères sontbien ceux de l’intérêtgénéral.

Trop defonctionnaires  ?Seuls 17 % des sondésjugent qu’il n’y a pasassez de fonctionnaires,55 % qu’il y en a trop.

Mais majoritairement (56 %), ils voudraientqu’ils travaillent 39 heures par semainepayées 39. Là aussi le modèle social doitêtre interrogé  : quand il y a 5,5 millionsde chômeurs, est-il pertinent d’augmenterle temps de travail de ceux qui en ont un ?Ce partage inégal du travail et des richessesserait-il indépassable ? Pour le SNES-FSU, il est impératif derépondre aux idées fausses. Pourquoi lesorientations alternatives n’intéressent-ellespas les faiseurs d’opinion ? n Anne Féray

(1) Sondage Opinionway pour Le Figaro.

moderne qui reconnaît aux fonctionnairesdes droits et des responsabilités nouvellesdans la conduite de leur mission, dans l’or-ganisation de leur service, dans la relationavec les citoyens. Le statut est alors pensécomme le garant de l’intérêt général parcequ’il assure la Nation d’un service publicd’égal accès, continu, neutre, adaptable, touten offrant des contreparties aux agents (sécu-rité de l’emploi, droit au poste, droit à lacarrière).Dans la conception politique de Macron etconsort, ce n’est pas l’État qui se porte garantde l’intérêt général, car celui-ci découle dujeu des intérêts particuliers. Ne va-t-il pas

jusqu’à prophétiser : « Les jeunes générationsveulent devenir entrepreneurs, pas fonction-naires ou politiciens! »Pas besoin de statut, ni de code du travaild’ailleurs. En remettant en cause la « hiérar-chie des normes » dans le code du travail,en permettant que le contrat de travail dérogeà l’accord de branche ou à la loi, on fait pri-mer de même l’intérêt particulier sur l’intérêtgénéral.Écouter Emmanuel Macron, c’est se donnerles moyens de comprendre le projet politiqueà l’œuvre actuellement. C’est comprendresa nocivité. C’est se préparer à le mettre enéchec. n Laurent Tramoni

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TOUJOURS DES IDÉES FAUSSESLe sondage(1) publié le 24 septembre montre une population jugeant utile le travail des fonctionnairesà 79 %, mais soutenant à 62 % l’idée qu’il conviendrait de mettre fin à « l’emploi à vie ».

14 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

Paru en 2014 et encore

plus d’actualité en 2015 !

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Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 15

Àl’issue de la consultation des personnels,le bureau national du SNES avait concluen faveur d’une signature de la FSU et

mandaté en ce sens sa délégation au sein ducomité délibératif (CDFN) de la fédération.

Une longue négociationAu terme d’un long processus d’échanges aucours duquel la FSU est intervenue faisantvaloir les attentes des personnels et les besoinsde leurs professions, le texte final du protocoled’accord était assez éloigné des premières pro-positions du gouvernement. En effet, les orien-tations managériales avancées pour la gestiondes personnels ne faisant pas accord avaientété renvoyées à des discussions ultérieures.Les premières propositions de rénovationdes grilles de rémunération avaient été revuessuite au courrier unitaire des fédérations syn-dicales adressé au Premier ministre, à l’ini-tiative de la FSU. Les nouvelles propositions

ont ainsi retenu des améliorations en débutet en fin de carrière, une première étape detransformation des indemnités en points d’in-dice et acté le principe d’un déroulement decarrière sur au moins deux grades pour tous.

Pour que les personnelsen bénéficientIl reste incontestable que ces mesures nefont pas le compte, notamment du fait dugel du point d’indice qui se poursuit depuiscinq années ; elles ont aussi été envisagéesdans un calendrier ne prévoyant aucunemesure immédiate et repoussant leur finan-cement au-delà de 2016. Pour la FSU, lesens de sa signature est d’enregistrer aubénéfice des personnels les mesures obtenuespar l’intervention syndicale tout en ampli-fiant l’action contre les politiques de réduc-tion de la dépense publique qui continuentd’avoir cours. n Anne Féray

FAUTE D’ACCORDSix organisations (FSU, CFDT,UNSA, CFTC, CFE-CGC, FA-FP)totalisant 46,7 % des suffragesaux élections professionnellesont décidé de signer le proto-cole d’accord. Mais trois (CGT,FO et Solidaires) représentant48,5  % y sont défavorables.

Le 30 septembre, le gouver-nement annonçait qu’il passaitoutre la règle de l’accord majo-ritaire et appliquerait le pro-tocole. Tout en confirmant sonmandat en faveur de la signa-ture, la FSU a redit son atta-chement au principe majori-

taire pour la conclusion d’unenégociation. Pour la FSU, laconcertation que le gouverne-ment conduira sur les mesuresqu’il entend mettre en œuvredoit impérativement se faireavec toutes les organisationssyndicales représentatives.

UNE CONSULTATION POUR IMPLIQUER LA PROFESSION2 653 collègues du second degré ontrépondu à la consultation organiséepar plusieurs syndicats de la FSU dontle SNES sur le protocole PPCR. Occu-pations professionnelles de la rentrée,actualité marquée par la réforme ducollège peuvent expliquer en partieune participation trop faible même si,au-delà des seuls répondants, de nom-breux collègues ont pu à cette occasionmener le débat. La technicité du dossier des rémuné-rations et des carrières peut aussi rebu-ter, mais c’est précisément le refus dese laisser enfermer dans un débat d’ex-perts et la volonté de faire intervenirles personnels qui ont fondé ce choixd’une consultation largement ouverte.

LES GRANDES TENDANCESSur la signature du syndicat, les répon-dants ont émis 49 % d’avis favorableset 27 % de défavorables.Des lignes claires se dégagent aussidu reste des réponses : l’accord est trèslarge (80 %) pour dénoncer un calen-drier de mise en œuvre trop étalé dansle temps. Sont également rejetées, àun peu plus de 50 %, des mesures sala-riales qui seraient réservées à une par-tie seulement de la profession, telleque pourrait l’être un GRAF (grade àaccès fonctionnel). Reconstruction des grilles et revalori-sation du point d’indice arrivent entête des revendications prioritaires,citées à plus de 90 %. Enfin, pour faireavancer les revendications salariales,la grève recueille 50 % d’avis positifset 50 % d’avis négatifs, alors que cam-pagne d’opinion, tractage et rassem-blements ont plus largement (autourde 80 %) les faveurs des personnels.

PROTOCOLE D’ACCORD PPCRLE MANDAT DE SIGNERConformément à l’avis de la grande majorité de ses syndicats, la FSU s’est mandatée à 70,4 %des voix pour signer le protocole d’accord. Elle a considéré en même temps que la situation trèsdégradée de la Fonction publique exigeait de poursuivre les actions revendicatives.

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LYCÉES : UN EXEMPLE SIGNIFICATIFÀ partir d’une enquête portant sur 21 établissements de l’académie

de Lyon, le bilan de rentrée dresse le tableau d’une dégradation générale

des conditions d’enseignement.

16 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

ACTUALITÉ« COÛT DU LYCÉE » : LA COUR DES COMPTES... FAUX !Trop d’heures de cours pour les élèves ; pas assez d’heures d’enseignement pour les profs, tropd’options, trop de langues, trop d’épreuves au bac, trop de « petits » lycées (et trop de lycées toutcourt), pas assez d’élèves par classe... tel est le diagnostic que la Cour des comptes vient de publier.

Diagnostic qui expliquerait que le lycéefrançais « coûte » trop cher (plus cherque dans le reste de l’OCDE et plus

cher que l’enseignement primaire), et qu’ilne soit pas « efficient ». De ce diagnosticdécoulent des préconisations que l’on devinerapidement : réduire le nombre de spécialités,en voie techno et en voie professionnelle,diminuer les heures de cours, les options,les LV, le nombre d’épreuves au bac, lenombre de lycées... et augmenter le tempsde travail des profs.

Tellement d’oublisIl y aurait beaucoup à dire sur une institutioncomptable qui ne perçoit la dépense quecomme un « coût », sans voir qu’une dépenseest aussi un investissement... Erreur « comp-table » de base, mais l’obsession idéologiquede la Cour des comptes, qui la pousse à vou-loir tailler partout dans les dépensespubliques, ne l’aide pas à mener une analysetrès rigoureuse.La Cour des comptes annonce le chiffre« choc » de 26 milliards d’euros pour le coûttotal du lycée, en « oubliant » que cela repré-sente à peine 1,2 % du PIB : une société quifinance des études en lycée pour 90 % de sesjeunes, en leur offrant des formations porteusesde culture et débouchant sur des qualifications,fait-elle vraiment un mauvais choix ?Et surtout, la Cour « oublie » d’insister surl’évolution de la dépense publique d’éduca-

tion rapportée au PIB : entre 2010 et 2013,la dépense moyenne pour un élève de LEGTa diminué de 6,4 % (alors qu’elle ne diminuait« que » de 1,07 % tous niveaux confondus).La France n’a pas consacré une part croissantede sa richesse à l’éducation, ni au lycée niailleurs : au contraire !

Diminution de faitEt si la France rétablissait une dépense d’édu-cation à son niveau de 1995, cela ferait...20 milliards d’euros supplémentaires qui

pourraient être consacrés au premier degré,au second degré, et au supérieur...En réalité, ce qui « coûte » cher à la France,ce n’est pas de vouloir faire accéder plusde jeunes aux études. Ce qui coûte cher àla société française, c’est l’abandon de toutepolitique volontariste d’élévation des qua-lifications, de démocratisation des savoirset des diplômes, ce sont les 140 000 jeunesqui sortent chaque année du système éducatifsans qualification. n

Romain Gény

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Beaucoup de lycées voient leurs effectifs parclasse grimper en flèche. On constate unegrande hétérogénéité des fonctionnements

pour l’accompagnement personnalisé. Dans cer-tains établissements, cela nécessite un « référentAP » rémunéré en IMP ! L’AP se fait la plupartdu temps en groupes, mais pas sur toutes lesheures. Ce sont souvent les professeurs de laclasse qui s’en chargent, sauf quand il sert devariable d’ajustement dans les services.Dans les lycées, peu nombreux, où l’EMC

existe dans les séries technologiques, il a étéfinancé de diverses façons : en utilisant descollègues qui n’atteignent pas leur maximumde service ou en sous-dotant l’AP en Seconde,ou encore en supprimant les groupes dansles autres disciplines. Sans compter d’autresprocédés opaques...

Échec de l’autonomieGlobalement, la gestion du parc informatiqueest jugée désastreuse. Dans certains lycées seu-

lement, des personnels de la Région interviennentou sont présents à demeure pour la maintenance.Les lycées ont expérimenté l’échec du ren-forcement de l’autonomie. Beaucoup de S1profitent des questionnaires de rentrée pourinsister sur le dysfonctionnement des ensei-gnements d’exploration, terrain propice auxdéréglementations. n Claire Guéville

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Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 17

L’AIDE À DOMICILEFACE À L’AUSTÉRITÉLe centre d’étude de l’emploi vient de publier une enquêtesur les métiers de l’aide à domicile. Ces conclusions montrentles effets négatifs du manque de moyens alloués.

Le secteur s’est développé autour de deuxobjectifs : poursuivre une politique socialede maintien à domicile de personnes fra-

gilisées, et créer des emplois dans un secteuren expansion (531 000 personnels actuelle-ment) et dont le profil-type est le suivant :femme, peu diplômée, âgée, employée enCDI à temps partiel, peu rémunérée. Mais ilsubit de plein fouet les effets des restrictionsdues à l’austérité : le financement de l’APAne suit pas la croissance du nombre de béné-ficiaires (20 000 en deux ans) et les conseilsdépartementaux sont asphyxiés financièrementpar les coupes budgétaires. Nombre de struc-tures d’aide à domicile, à majorité à but nonlucratif, sont fermées ou en redressement judi-ciaire.

Gestion à la tâcheL’objectif des financeurs publics est de main-tenir le ratio personnels qualifiés/personnelsnon qualifiés. Ainsi, les associations sont-elles confrontées à des injonctions contra-dictoires : gérer des situations de travailnécessitant des personnels qualifiés et limiterle niveau de qualification de leurs salariéespour des motifs budgétaires. Les profession-

nels exercent des activités qui ne relèvent nide leur qualification ni de leur champ d’in-tervention, avec des conséquences lourdespour ces personnels et les personnes âgéesconcernées. Les conditions de travail et leservice rendu au patient se dégradent, letemps d’intervention est limité aux « besoinsvitaux ». Le nombre de « visites » à domicileaugmente, multipliant ainsi les déplacementset la fatigue, et ce alors que les rémunérationsdans le secteur sont particulièrement faibles.« C’est une gestion à la tâche », confie unesalariée, et « le relationnel et tout ce qui estimportant dans le travail [...] n’est pas capi-talisé ». C’est le sens du métier qui disparaîtet les fondements de l’aide à domicile.La loi sur le vieillissement ne va guère amé-liorer la situation, même s’il est prévu d’aug-menter un peu l’APA (mais quand ?), sanspour autant unifier les rémunérations des per-sonnels qui restent inégalitaires (de 17 à25 € de l’heure !). Surtout, la loi ne dit riensur les nécessités de formation, de qualifi-cation et de statut protecteur de ces personnels,qui doivent être plus nombreux pour assurerleurs missions dans de bonnes conditions. n

Marylène Cahouet

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LOI SUR LE VIEILLISSEMENT : LE COMPTE N’Y EST PAS !Votée à l’Assemblée en seconde lecture avant son passage au Sénat, la loi suscite un constatunanime chez les syndicats, les professionnels, les personnes concernées et leur famille : elle nerépond pas au « défi de la révolution de l’âge » ni aux attentes.L’insuffisance des financements prévus, assurés par 645 millions d’euros de la CASA – versée parles seuls retraités imposables –, est criante. Pourtant, le communiqué de presse gouvernementalse félicite du choix «  d’un financement solidaire  », en ajoutant «  fondé sur une ressource dédiée,la CASA » ! Il assure aussi que «  les services d’aide à domicile seront modernisés et professionnalisés »,en contradiction avec la réalité (cf. article ci-dessus). Une loi donc qui prend peu en compte lesdifficultés de tous ordres, des familles, des aidants, des personnels et des premiers concernés.

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600 € pour se logerUn sondage CSA indique que lebudget logement des 18/29 anss’élève en moyenne à 600 € parmois, 770 € pour les propriétaireset 530 € pour les locataires. Cesderniers bénéficient, pour 48 %d’entre eux, d’aides publiques (APL,ALF ou ALS) et, pour 22 %, d’uneaide parentale. Le budget logementreprésente en moyenne 34 % deleurs revenus mensuels nets.90 % de cette tranche d’âgesouhaitent devenir propriétaireset cela, pour 65 % d’entre eux,avant 30 ans. Ce souhait se heurteà divers obstacles : revenusinsuffisants pour emprunter (46 %d’entre eux), manque de stabilité deleur situation professionnelle etpersonnelle (40 % ne disposent pasd’un CDI), épargne insuffisante (pour36 %), alors que 28 % attendentd’avoir une situation personnellestable.

Pétrolei

Onde de chocPour la première fois depuis 40 ans,les États-Unis sont devenus en 2014le premier producteur de pétrolemondial devant l’Arabie saoudite etla Russie, grâce, surtout, àl’exploitation du pétrole de schiste.La très rapide montée en puissancedes États-Unis sur les marchés del’or noir a déjà provoqué une ondede choc mondiale. À commencer parla chute des prix du baril de 60 % enun an, liée à une surproductionestimée à 1,5 million de barilspar jour. Cependant, l’OPEP avecl’Arabie saoudite entend défendreses parts de marché et se refuse àréduire ses quotas de productionpour soutenir les prix, misant surune baisse à terme d’une productionaméricaine peu rentable au prixactuel du pétrole.

Grècei

100 Md€

d’économies pourl’AllemagneL’instabilité en zone euro, liéenotamment à la crise grecque, aconduit les investisseurs àprivilégier les obligations d’Étatallemandes et dans une moindremesure françaises, américaines ounéerlandaises, faisant baisser leursrendements. L’institut Leibniz pourla recherche économique a calculéque le gouvernement allemand avait,en payant moins d’intérêts,économisé depuis 2010 l’équivalentde 3 % de PIB, soit 100 Md€ !

ECO/SOCIAL

18 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

SANTÉ AU TRAVAIL

Le travail peut-il devenirsupportable ?Les salariés, notamment les agents de la fonction publique, sont de plus en plus affectés par les risquespsychosociaux (RPS). En 2013, un accord sur leur prévention a été adopté. Il y a effectivement unevéritable urgence à progresser sur cette question, mais il s’agit d’un chantier complexe.

Le livre(1) publié en 2014 par Yves Clot et MichelGollac permet d’y voir plus clair. Les auteurs,spécialistes du travail et respectivement psycho-

logue et sociologue, proposent un essai à deuxvoix, délibérément engagé, pour identifier etcomprendre les pièges et les impasses de certainesformes de prise en charge des RPS, et pour cernerles enjeux et les conditions d’une reprise en maindu travail par les salariés eux-mêmes.

Pièges et impasses des prises en charge individuellesLa première partie de l’ouvrage est consacrée à unecritique approfondie et sévère de toutes les stratégiesqui reposent sur l’adap-tation des travailleurs àleur travail. Les accordssur le stress ou les RPSsont pourtant clairs : lesrelations sociales au tra-vail et l’organisation peu-vent être facteurs derisques en interaction avecle subjectif. Mais lesapproches individuellesont tendance à l’emporter,sous l’impulsion notabledes employeurs. Il s’agitalors d’aider les salariés àgérer leur stress, de repérerles plus «  fragiles » pourles soigner (avec psycho-logues ou psychiatres) etéventuellement les exfiltrer,et de rechercher dans denouvelles pathologies etdans l’individu des insuffi-sances – voire des faiblesses– qui permettraient jusqu’àl’explication des suicides.Pourtant, ces actions sontparticulièrement inefficaces,impossibles à généraliser (il va être difficile demettre un psy derrière chaque travailleur...) et éthi-quement discutables.Ces critiques n’ont pas vocation à nier l’apport dela psychologie, mais permettent d’affirmer quenous avons besoin de « plus de psychologie pourprendre au sérieux la fonction psychologique dusocial dans la vie subjective ». C’est donc le socialet le travail qu’il faut soigner.

Quelles organisations pourrendre le travail supportable ?S’appuyant sur de nombreuses études, Y. Clot etM. Gollac constatent, parmi d’autres résultats, que

les organisations du travail «  apprenantes  » despays nordiques sont moins nocives que d’autres.L’analyse précise l’importance déterminante ducontexte institutionnel et social, mais on note aussique la mise en débat régulière de l’organisationdu travail qui les caractérise est également au centredu paradigme de la Clinique de l’activité déve-loppé par Y. Clot.Les auteurs proposent de suivre cette piste pourrendre le travail plus supportable. Ils rappellent  lesprincipaux concepts, la méthodologie et les apportsde la Clinique de l’activité, mais l’analyse est sansconcessions : ils en soulignent aussi toutes les diffi-cultés, obstacles ou effets pervers. La capacité d’ex-

pression sur le travailest notamment inégale-ment répartie dans l’en-treprise, des effets dedomination peuventsurgir. L’expressionn’est par ailleurs pasune fin et doit débou-cher sur un droit pourles salariés à participeraux décisions quiconcernent leur travail.Mais cela doit se faireen évitant la récupé-ration par un manage-ment qui n’y verraitqu’un moyen d’inten-sifier le travail. Lavigilance est de miseet la Clinique de l’ac-tivité porte bien unprojet – jamais gagnéune fois pour toutes –de démocratie dansle travail.C’est en définitiveun ouvrage quiinvite à un débat

précisément instruit et profondément politique surles actions à mener autour du travail. La transfor-mation du travail nécessite une interaction entre lemicro et la macro, elle implique des transforma-tions institutionnelles, mais par ailleurs « la démo-cratie au travail peut être une solution, un moyende limiter les dégâts provoqués dans la santé et lanature par des décisions unilatérales, un moyen depréserver notre qualité de vie à tous ». n

Hervé Moreau

(1) Le travail peut-il devenir supportable ?De Michel Gollac et Yves Clot, Armand Colin(23 avril 2014).

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Industriei

Part de la productionindustrielle dans le PIB

L’industrie française a détruit 446 000emplois depuis 2008 (756 000 détruitspour l’Espagne, 600 000 pour l’Italie,mais 129 000 créés en Allemagne).

Populationi

Un quart issu de l’immigrationSelon l’OCDE, plus de 25 % de lapopulation vivant en France est issude l’immigration (soit né à l’étranger,soit descendant d’au moins un parentimmigré), contre 18 % en moyennedans l’OCDE et 16 % dans l’Unioneuropéenne. L’OCDE souligne lesdifficultés particulièrementimportantes rencontrées par lesimmigrés récents (arrivés depuismoins de cinq ans) avec, notamment,un taux d’emploi inférieur de près de25 points à celui de la population néeen France, contre 12 points seulementen moyenne dans l’UE

Cadresi

1 sur 4 a changé de travailSelon une étude de l’Association pourl’emploi des cadres (APEC), la mobilitédes cadres s’est accrue en 2014 : 7 %ont changé d’entreprise (+  1  pt en un an)et 21 % ont évolué en interne (+ 3 pts),à la suite d’un changement de poste(10 %) ou d’un changement importantde son contenu (11 %). Les changementsd’entreprise sont à 20 % à l’initiativede l’employeur, à 52 % à l’initiativedu cadre concerné, les autres départsétant présentés comme « concertés ».

Pollution de l’airi

100 milliardsLa pollution atmosphérique « n’est pasqu’une aberration sanitaire, c’estune aberration économique », indiqueune commission d’enquête sénatoriale.Elle coûterait plus de 100 Md€ par anà la France : entre 68 et 97 Md€ par ande coût sanitaire (prise en chargedes pathologies, particules fines,oxydes d’azote, etc.) et 4,4 Md€ de coûtnon-sanitaire (impact de l’absentéismeprofessionnel sur la productivité, baissedes rendements agricoles, perte dela biodiversité, entretien des bâtimentsdégradés, etc.).

Suite page 20 ‰‰‰

MARCHES EUROPÉENNES DU 1ER AU 17 OCTOBRE

« Oxi ! Enough ! Construisonsune autre Europe ! Oui à la solidarité sans frontières ! »L’Union européenne a montré un bien sinistre visage avec sa volonté de détruire avec brutalitéet cynisme l’espoir apporté par la Grèce d’une alternative aux politiques d’austérité, avecl’encouragement donné aux courants xénophobes par des États qui n’ont cessé de désignerdes boucs émissaires (les Grecs, les migrants) pour construire une Europe forteresse insensibleaux drames humanitaires.

Au cours de l’été, sous l’im-pulsion des migrants, avec lesoutien de larges secteurs

de l’opinion dans certains payseuropéens, la forteresse a volé enéclats, et le retour des barbelésaux frontières signe un échecflagrant du projet européen. Lerésultat des nouvelles électionsen Grèce montre que la bataillecontre l’austérité est loin d’êtreterminée. Ces problèmes sont lesnôtres, ce ne sont pas des ques-tions extérieures à nos frontières.La destruction austéritaire (bientôtle code du travail, le statut desfonctionnaires), le repli xéno-phobe menacent la perspective deluttes émancipatrices.Pourtant en France, la tentation du repli derrièred’illusoires barrières nationales est particulière-ment présente comme en témoigne la faiblesse desmanifestations de solidarité avec les Grecs en juin,et aujourd’hui avec les migrants.

Mobilisations et convergencesPourtant dans la société civile, il y a de multiplesinitiatives qui demandent à converger, et beaucoupde révolte. Le projet des Marches européennescherche à établir des liens entre des mobilisationslocales et nationales et la construction de conver-gences européennes. Conçues par les mouvementsespagnols, partie prenante d’une société très dyna-mique, elles sont fondées sur l’idée d’une auto-organisation locale (choix des thèmes et des formesde mobilisation) avec des trajets en bus (deux carsd’Espagnols pour la France) entre les villes étapes.Elles sont organisées au niveau européen par l’Altersommet, avec le soutien d’autres réseaux(Attac Europe, Transform, Blockupy...). En France,un comité de coordination s’est mis en place auniveau national. La FSU en fait partie. Les marchespartent de Gibraltar le 1er octobre et traversent l’Es-pagne (Cadix, Séville, Madrid, Barcelone, Sara-gosse) et entrent en France le 7 octobre à partird’Andorre.Les villes étape en France : Toulouse (7 octobre),Montpellier et Marseille (8 octobre), Grenoble etClermont (9 octobre), Paris (10 et 11 octobre),Calais sur les migrants (12 octobre), Metz(13 octobre), Luxembourg-paradis fiscal

(14 octobre) avec action conjointe Français-Belges-Allemands.Se renseigner auprès du S3 du SNES-FSU pour lesactivités prévues et y participer.

Construire une autre EuropeEnsuite trois jours d’action à Bruxelles. Le 15 :encerclement symbolique du sommet européen.Le 16 : conférences thématiques dont la plus impor-tante devrait être la conférence européenne etcitoyenne sur la dette organisée par Attac Europeet le CADTM (Comité pour l’annulation de la dettedu tiers-monde). Une mobilisation aussi à Namurorganisée par les associations de lutte contre lapauvreté. Le soir à Bruxelles, meeting sur quellesperspectives pour l’Union européenne. Le 17 :manifestation à Bruxelles. Des cars partiront deParis et d’autres villes du Nord et de l’Est.Pour Paris, les réservations se font en ligne :https://france.attac.org/se-mobiliser/avec-les-grecs-contre-l-austerite-pour-la-democratie/article/contre-l-austerite-toutes-et-tous-a-bruxelles-le-samedi-17-octobre-2015. n Daniel Rallet

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LES MARCHES EN FRANCE• Toulouse : mercredi 7 • Marseille : jeudi 8, avec desescales à Montpellier et Nîmes • Grenoble : vendredi 9,avec la jonction avec la marche venant de Grèce et d’Ita-lie • Île-de-France : samedi 10 et dimanche 11 • Calais :lundi 12, avec la jonction avec la marche venant d’Irlandeet de Grande-Bretagne • Metz  : mardi 13.

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ECO/SOCIALCOP 21i

Pas gagné !La réunion des 196 pays membres dela Convention de l’ONU sur le climats’est terminée début septembre,sur un résultat mitigé, à moins de100 jours du sommet de Paris qui doitdéboucher sur un accord permettantd’atteindre l’objectif, reconnu commepertinent par la communautéinternationale, d’un réchauffementde la planète en deçà de 2 °C en 2100.Les engagements que se fixent, pourl’instant, les pays à l’horizon 2030conduisent à une trajectoire deréchauffement supérieur à 3 °C.Répondre au défi climatique vanécessiter de gros effortssupplémentaires.

FMIi

Inégalitésvs croissanceÀ en croire une étude du FMI, les économistes néolibéraux,thuriféraires des politiques deM. Thatcher et R. Reagan, partisansdes baisses d’impôts pour les hautset très hauts revenus avaient toutfaux : les avantages des plus richesne «  ruissellent  » pas vers le bas.Cette étude montre en effet qu’uneaugmentation de + 1 % de la part desrevenus détenue par les 20 % les plusriches est associée à une moindreprogression du PIB (– 0,08 pt sur cinqans). En revanche, une augmentationde même importance (+ 1 %) dela part des revenus détenue par les20 % les plus pauvres est associéeà une croissance plus forte de 0,38 ptsur cinq ans. Et C. Lagarde deconclure : « contrairement aux idéesreçues, les bienfaits d’une haussedu revenu viennent d’en bas et nond’en haut »…

Exil fiscali

Multiplié par3 en 5 ansParmi les contribuables dont lerevenu fiscal de référence estsupérieur à 100 000 € (265 382 €en moyenne), il y a eu 3 744 départs àl’étranger en 2013, soit 40 % de plusqu’en 2012. Concernant les revenussupérieurs à 300 000 €, la tendanceest encore plus marquée : 659expatriations en 2013, soit 46 %de plus qu’en 2012. Enfin, pour lesredevables de l’ISF, on a décompté714 départs, soit 15 % de plus qu’en2012. Des rythmes de hausse bien plusrapides que pour le nombre globalde Français qui s’expatrient (+ 6 %par an en moyenne).

20 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

‰‰‰ Suite de la page 19

Depuis août 2007,première crise fi -nancière dont la

traduction a été la fail -lite de Lehman Brothersle 15 sep tembre 2008,les pays capitalistesdéveloppés ont connuune profonde récession– surtout aux États-Unis– qui mar quait l’ouver-ture d’une crise systé-mique. Les gouverne-ments, malgré des G20,une nouveauté, n’ontpas pris la mesure decette crise, aux dimen-sions d’une véritablecrise de civilisation.Faute de réponse, l’acteII est intervenu en mars2010 et a touché cettefois prioritairement lespays de la zone euromettant en cause direc-tement la monnaie unique, une monnaie incom-plète. De là date le surendettement de la Grèce,cible de la spéculation.L’acte III de cette crise a commencé à Shanghai àla fin du mois d’août 2015. La chute de la Boursea eu immédiatement des échos dans les Bourses dumonde entier. Les répercussions internes à la Chineseront sans doute limitées dans un premier temps.Le gouvernement chinois a réglementé les opéra-tions possibles en Bourse – même s’il a été dépassépar le « shadow banking », une finance non régle-mentée – et a interdit aux banques d’intervenirsur ces marchés financiers. L’onde de choc estpourtant perceptible. Cette chute renforce l’incer-titude qui se traduit par des oscillations inquiétantesdes cours des Bourses.

Conséquences en chaîneL’attention particulière accordée aux décisions dela FED (Réserve fédérale des États-Unis) s’ex-plique par ce contexte de crise encore sous-jacente.Si la FED décide d’augmenter ses taux d’intérêt,une crise obligataire en résultera. Les propriétairesd’obligations – des parts d’emprunt – à taux zéro ounégatif s’empresseront de vendre et la chute estprobable. Le dollar serait réévalué au détrimentdes monnaies de tous les pays émergents qui subis-sent la baisse drastique des cours des matières pre-mières – à l’exception du cacao dont les coursmontent – et la récession. Il pourrait en résulter unenouvelle crise de l’endettement. Le tout dans un cli-

mat de corruption qui remet fortement en cause lalégitimité des équipes au pouvoir. La Chine connaît, elle aussi, une diminution impor-tante de sa croissance. Son modèle économiqueest en train de changer. La « Great Recession » auxÉtats-Unis de 2008-2009 l’a obligée à orienter lemoteur de la croissance non plus sur les exportationsmais sur la création d’un marché intérieur. Cettetransition est longue et se manifeste par des crisesprofondes de surproduction.

Vers un krach boursierDu coup, le FMI comme l’OCDE revoient leursprévisions de croissance mondiale à la baisse. Ceserait moins de 3 % avec un recul important ducommerce mondial. De quoi alimenter les doutes etl’incertitude. Les marchés financiers connaîtrontdonc un krach entraînant la faillite des banques quiont continué dans la voie de la création d’innovationsfinancières. D’ores et déjà les nuages s’accumulentsur les « petites » banques. La chute même limitéede la Bourse de Shanghai est un détonateur suffisantpour prendre conscience que la hausse des coursn’est pas validée par la création des richesses.Mis à part les dirigeants chinois qui ont pris desmesures pour lutter contre la spéculation, aucun gou-vernement des pays capitalistes développés ne sembleavoir pris conscience de l’arrivée de la crise financière.Autant d’aveuglement laisse pantois, atterré. Il fau-drait réglementer, et vite, les marchés financiers aulieu de casser le code du travail... n Nicolas Béniès

ÉCONOMIE MONDIALE

La troisième crise financièrea commencé…

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Alors que tous les indicateurs sont au rouge sur la santé de l’économie mondiale (tendancesdéflationnistes, faiblesse de l’investissement, croissance en berne...), les gouvernements ne semblent pas prendre la mesure de la gravité de la situation : déni de réalité ou fuite en avant ?

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DOSSIERCrise du recrutement

Dossier réalisé par Fabienne Bellin, Caroline Lechevallier, Frédérique Rolet, Xavier Marand, Hervé Moreau et Thierry Pétrault

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Quelles réalités ?

La Direction des études et de la prospective du ministère (DEPP) ne s’en alarmepas, arguant un retard statistique de trois ans dans la corrélation entreévolution du nombre de postes aux concours et évolution du nombre d’inscrits.Pourtant, la crise de recrutement est bien réelle dans le second degré. Pourpreuve la désaffection des étudiants pour certains concours de l’agrégation.

Les causes sont profondes : dévalorisation du métier par les responsables politiques voirepar des ministres de l’Éducation nationale eux-mêmes, conditions de travail qui sedégradent chaque année un peu plus, évolution de la rémunération cantonnée àl’avancement d’échelon ou à l’avancement de grade, ce qui conduit à une perterégulière de pouvoir d’achat.Pour le SNES-FSU, il y a urgence à ce que le ministère revalorise nos métiers, noscarrières et nos conditions de travail, mette en place des vrais prérecrutements, moyende financer les études de ceux qui souhaitent intégrer les métiers de l’enseignement.Outre l’état des lieux du recrutement, ce dossier vous donne les éléments d’appréciationet d’analyse de la crise du recrutement et des revendications que porte le SNES-FSUpour en sortir.

L’augmentation du

nombre de postes ouverts

aux concours dans les corps

des professeurs du second

degré a mis en lumière une

crise de recrutement

majeure. Par exemple, les

CAPES de maths, de lettres,

mais aussi le CAPET

de sciences de l’ingénieur

ne font pas le plein.

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Crise du recrutement

La note de la DEPP n° 20 de juin 2015analyse les résultats des concours 2014.Le nombre d’admis aux concours

externes a augmenté de 76 % par rapport à2013 du fait des deux sessions (exceptionnelleet rénovée) et en tenant compte des doublesadmissions. Cependant, au regard de l’aug-mentation du nombre de postes, le taux d’at-tractivité réel corrigé des doubles inscrip-tions a diminué depuis 2011 de 2,8 à 2,6présents par poste. Or, ce sont quatre pré-sents/poste qui sont nécessaires pour espérerrecruter tous les postes. De fait, 26 % despostes sont restés vacants en 2014, contre18 % en 2013 en tenant compte des admis-sions multiples. D’après la comparaison des résultats bruts(donc sans prise en compte des doublesadmissions) publiés sur le site du ministère,les résultats des concours externes pour 2015sont aussi caractérisés par une augmentation,par rapport à 2013, des présents (+ 30 %) et

En 2016, le ministère va ouvrir25 000 postes aux concours de recrutement d’enseignants et de CPE.

25 000Seuls 5 % des enseignantsfrançais pensent queleur métier est valorisé par la société.

5 %Le professeur certifié a un salaire d’embauche de 1 341 euros nets quandle diplômé d’une école de commerce de provincecommence avec 2 300 eurosnets en moyenne. Soit 1,1 SMIC,à niveau bac + 5 !

SalaireEn 2011, le nombrede candidats était 80 % plus basqu’en 1997 !

– 80 %Chiffres

des admis (+ 18 %),mais elle aussi insuffi-sante au regard dunombre de postes(+ 19 %). De fait, lenombre de postes nonpourvus augmente de1 529 (14 %) en 2013 à1 876 (15 %) en 2015.Admis ne signifie pasaffectés dans le seconddegré puisque certainslauréats sont placés enreport de stage, d’autresdans l’enseignementsupérieur ou dans leprivé. Le ministère leprend en compte dansle calibrage des postesouverts aux concours.Ainsi, traditionnellement, le rendement desconcours considéré comme normal est de90 %, soit neuf lauréats affectés dans lesecond degré pour dix postes ouverts auxconcours. Les rendements sont donc insuffi-sants depuis 2010. En 2014, le faible rende-ment est imputable à la session exceptionnellefortement déficitaire (30 % des postes nonpourvus) et au fait que 2 444 lauréats de 2014tous concours confondus avaient été placés enreport de stage.

Embellie à relativiserAinsi 7 950 stagiaires lauréats des concoursexternes enseignants (hors PLP et EPS) ontété affectés à la rentrée 2015, soit un rende-

Recrutements

Encore insuffisantsSi les recrutements sont en augmentation, ils restent notoirement insuffisants

pour combler les besoins. Le taux d’attractivité a lui aussi diminué.

Tableau des rendements auxconcours internes et externes enseignants

du second degré hors PLP et EPS

Années Rendement global2008 90,90 %2009 90,20 %2010 89,20 %2011 82,08 %2012 82,08 %2013 89,30 %2014 72,69 %2015 82,10 %

Taux d’attractivité aux concours externes du second degrépublic, avec et sans les candidatures multiples

ment de 79,5 %. Si on prend l’ensemble desconcours externes et internes le rendement estde 82,1 % en 2015. L’embellie de 2015 (82,1 % par rapport à72,69 % en 2014) est à relativiser. En 2015,seuls 1 715 lauréats ont été placés en report destage, ainsi l’excédent de 729 lauréats permetà la session 2015 d’avoir un rendement enaugmentation mais encore insuffisant. n

Source : MENESR-DEPP (note n° 20 de juin 2015) / Système de gestion OCEAN

Le nombre de postes nonpourvus est passé de 1 529en 2013 à 1 876 en 2015

Nombre de présents/poste Nombre de présents, corrigé des candidatures multiples/poste

Les résultats globaux masquent le fait que la crise de recru-tement ne touche pas toutes les disciplines et, par consé-quent, celles qui sont touchées le sont plus durement.

Dans ces disciplines, les admis et affectés augmententaussi mais le taux de postes perdus y est très important etles rendements faibles. En 2015, 32 % (758) des postesouverts aux concours n’ont pas été pourvus en mathéma-tiques, 47 % (170) en lettres classiques, 16 % (284) en lettresmodernes, 24 % (431) en anglais, 23 % (115) en allemand,31 % (81) en éducation musicale, 16 % (83) en sciencesindustrielles de l’ingénieur. Depuis 2011, ce sont ainsi

3 324 postes perdus en mathématiques, 877 en LC, 1 002 en LM,1 625 en anglais, 502 en allemand, 305 en éducation musicale et 367en SI. Sur le terrain, 1 052 stagiaires ont été affectés en 2015 soit unrendement de 52 %, 1 493/85 % en lettres modernes, 159/44 % en

lettres classiques, 208/79 % en éducation musicale, 1 366/76 %en anglais et 368/72 % en allemand. Ces déficits de recru-

tements par concours s’ajoutent aux sous-recrute-ment entre 2002 et 2012. Les besoins d’ensei-

gnants sur le terrain sont donc énormes dansces disciplines, pour preuve la longue listed’annonces sur Pôle emploi. n

Des disciplines sinistrées

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Les enseignants français sont moins payés de 15 à 20 % par rapportà la moyenne des paysde l’OCDE.

15 à 20 %

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Cette promesse déclenche alors un concertd’indignations dans les rangs de la droite.« Propos irresponsables » pour Luc Cha-

tel, « promesses folles » pour le ministre du Tra-vail Xavier Bertrand, « ... mais où va-t-on trou-ver l’argent ? C’est l’argent des Français... »pour Nicolas Sarkozy... Peu importe pour euxles dégâts causés par les 80 000 suppressions duquinquennat à réparer, la perspective d’ac-cueillir plusieurs dizaines de milliers d’élèvessupplémentaires tous les ans pendant au moinsquinze ans, la nécessité de lutter contre les sor-ties du système éducatif sans formation...Tout cela a évidemment un coût important.Mais, pour le SNES-FSU, éduquer et former lajeunesse est un investissement indispensablepour la société de demain et cela nécessiteaussi de prendre des mesures radicales pourpermettre le recrutement de nombreux nou-veaux enseignants. Non seulement il faudrarecruter pour couvrir désormais tous les emplois

Il faut dire que la communication gouverne-mentale ne fait pas preuve de la plus granderigueur. Qu’on en juge : « Je propose – et j’en

prends toute la responsabilité – un plan derecrutement de 60 000 personnels de l’École surles cinq prochaines années [...] » (févr. 2012). « Depuis 2012, plus de 35 200 postes supplé-mentaires ont été créés. [...] Nous irons jus-qu’au bout de ces recrutements, il y en aurabien 60 000 de plus à la fin 2017 » (sept. 2015).

Loi d’orientation : 60 000 emplois En utilisant les termes de « recrutements » et de« postes », F. Hollande, dans ses déclarations,laisse alors entendre (les dernières annoncesde sa ministre font de même) que d’ici 2017 ily aurait l’équivalent de 60 000 personnes sup-plémentaires travaillant à temps plein dans lesétablissements.Or, comme on l’a vu plus haut, les emplois d’en-seignants votés aux budgets 2013, 2014 et 2015

ne se traduisent pas par autant de moyens àtemps plein sur le terrain. La plupart d’entre euxsont des emplois de stagiaires qui budgétairementcorrespondent à un temps plein mais n’apportentdans les établissements que l’équivalent d’unmi-temps d’enseignement, ces stagiaires étant enformation sur le deuxième mi-temps.Et donc, même si les 60 000 emplois sont créésd’ici 2017, il n’y aura pas 60 000 postes àtemps plein de plus qu’en 2012.Par ailleurs, lorsque les stagiaires recrutés uneannée n deviennent titulaires l’année suivante,ils occupent alors les emplois de titulaires deve-nus vacants du fait des départs à la retraite oules emplois de titulaires nouvellement créés.

Prendre en compte les départsMais les emplois de stagiaires qu’ils occupaientl’année n ne disparaissent pas avec leur titula-risation ; ils sont occupés par une nouvellegénération de stagiaires.

Le calibrage des recrutements de l’année n doitdonc prendre en compte les départs prévisibles(retraites, démissions, départs vers d’autresfonctions...) et les créations d’emplois de titu-laires prévus à l’année n+1. Les difficultés à pourvoir les postes auxconcours notamment dans le second degré,conduisent au recrutement de contractuels. Deplus, tous les emplois prévus au budget ne sontpas consommés comme la Cour des comptes l’arelevé. Élément absent de la communicationministérielle, mais qui explique aussi que mêmeavec des créations d’emplois, la situation sedégrade encore dans les collèges et les lycées. n

Créations d’emplois dans l’Éducation

Histoire d’une promesse

60 000 emplois, 60 000 postes ou 60 000 recrutements ?

Comment s’y retrouver ?

L’engagement de créer «  en cinq ans 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation » est sans doutecelui qui a été le plus emblématique de la campagne de François Hollande lors de la présidentielle.

laissés vacants par les départs à la retraite (etnon plus un sur deux comme au temps de laRGPP), mais il faudra aussi recruter pour cou-vrir les nouveaux emplois promis.

Où en est-on des emplois ? Depuis 2012, 35 000 emplois ont été créés dansl’éducation. Sur les 60 000 emplois annoncés,54 000 concernent l’enseignement scolaire etont fait l’objet d’une programmation d’ici2017. À ce jour, 31 600 emplois ont été créésdans l’enseignement scolaire : environ 24 300emplois d’enseignants stagiaires, 4 150 emploisd’enseignants titulaires et 3 150 autres person-nels. Les stagiaires étant à mi-temps devant lesélèves, il faut donc deux emplois de stagiairespour l’équivalent d’un poste à temps plein devantles élèves. Ainsi les nouveaux emplois créésconduisent-ils à une augmentation de l’équi-valent de 16 000 postes d’enseignants à tempsplein pour l’ensemble des premier et second

C’est le taux de couverture des postes aux concours en 2014contre 86 % en 2013. Parmiles 4 600 postes restés vacants,3 200 relèvent du CAPES.

78 %Augmentation du coût de la vie étudiante etdiminution de la bourse.

Coût de la vie

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degrés public et privé. Soit environ 7 000 pourle second degré public qui compte près de8 000 établissements...

La promesse est-elle encore réalisable ? Il reste environ 22 500 emplois à créer sur lesdeux budgets 2016 et 2017 pour parvenir aux54 000. Les orientations budgétaires de juilletdernier prévoient 8 561 créations. Cela signi-fie qu’il faudra créer 14 000 emplois nouveauxsur la seule année 2017 : la réalisation de l’en-gagement du candidat Hollande suscite donc deplus en plus le doute. Mais, au-delà du coup d’accélérateur budgétaireque cela suppose, l’effort à faire en matière derecrutement est considérable. Or, la crise derecrutement est toujours là. Les moyens poury faire face, non. n

Cette promesse de campagne suscite depuis plus d’un an des analysesdes plus contradictoires. 35 200 postes créés à ce jour d’après le ministère,

à peine 4 000 disent certains commentaires politiques.

En 2014, 18 600 fonctionnairesde l’Éducation nationale ont prisleur retraite, en moyenneà 60,7 ans. 82,5 % d’entre euxétaient enseignants ; lesenseignants du second degrésont en moyenne âgés de61,9 ans lors de leur départ.

18 600

La réalisation de l’engagementdu candidat Hollande suscitedonc de plus en plus le doute

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En France, le salaire moyen d’un pro-fesseur est inférieur de 31 % à celuid’un cadre de la fonction publique, qui

touche davantage de primes, et de 38 % àcelui d’un cadre du secteur privé(1). De 2000à 2014, le traitement net d’un enseignant aperdu deux mois de sa valeur en eurosconstants. En cause, la faible revalorisationdu point d’indice puis son gel depuis 2010et l’augmentation de la retenue pour pensionliée à la réforme des retraites. Ce constat,l’OCDE le fait à sa manière en indiquant que

Une crise de vocation ?

Un profond déclassement salarialAvec une perte de 10 % de leur pouvoir d’achat depuis 2000, et des stagiaires rémunérés à 1,1 SMIC,

la rémunération des métiers de l’enseignement et de l’éducation n'est pas attractive.

la France partage avec la Grèce et le Japonle triste privilège d’avoir vu le salaire réeldes enseignants diminuer d’environ 10 %depuis 2000, alors que l’ensemble des autrespays a revalorisé leur situation, afin derendre le métier attractif pour les jeunesdiplômés.En 2010, avec l’élévation du niveau de recru-tement, les débuts de carrières avaientété revalorisés : les stagiaires étaient classésà l’échelon 3 de la grille de rémunéra-tion. Ainsi un certifié stagiaire percevait2 000 euros bruts par mois, un agrégé 2 264.Avec la réforme du recrutement entrée envigueur en 2013, le gouvernement a sup-primé cette avancée, au prétexte d’un recru-tement en fin de M1 et de la décharge de ser-vice, ce qui a entraîné une diminution de14 % du salaire des stagiaires sur l’année.Ainsi du 1er septembre au 30 novembre, lesstagiaires sont classés à l’échelon 1 de lagrille de rémunération puis du 1er décembreau 31 août à l’échelon 2. Les lauréats duCAPES commencent ainsi à 1,11 SMIC soit1 616 euros bruts. n

(1) D’après le rapport annuel sur l’état de la Fonc-tion publique, DGAFP 2013.

Tous les métiers ont leurs aspérités, leurscontraintes, et c’est souvent lorsqu’ilsurmonte avec succès les difficultés et

les imprévus que l’individu peut trouver duplaisir à l’exercice de sa profession. Ren-contrer une difficulté dans son travail estune situation normale. Ce qui ne l’est pas enrevanche, c’est la récurrence du travailempêché, c’est le manque de ressources,c’est la perte de sens du travail – réformeaprès réforme –, c’est lorsque le travaildevient de plus en plus difficile à vivre aupoint de faire perdre la santé, et parfois demanière durable.

Remontées CHSCT et enquêtes ministérielles…Cette pénibilité s’exprime et remonte de plusen plus fréquemment aux CHSCT, à l’occa-sion des visites d’établissements, des retoursde fiches de registres (SST ou DGI), ou parune saisie directe des représentants SNES et

Pénibilité du métier

La liste des obstacles est longueL’enseignement n’attire pas assez de jeunes. Pour remédier à cette véritable crise des vocations qui touche très durement

certaines disciplines, il faut partir des réalités du métier, des conditions de son exercice et de sa place dans la société.

FSU de cette instance. Elle est aussi visibledans les enquêtes de la DARES et du MEN :parallèlement à l’intensification du travailqui touche toute la fonction publique, plus de40 % des enseignants affirment « ne pas res-sentir la fierté du travail bien fait » et man-quer de moyens.

... confirmées par le vécuL’impression de toujours courir après destâches que l’on ne parvient plus à faire commeon le souhaiterait se généralise, car de multiplescontraintes se cumulent : classes surchargéesqui empêchent de bien connaître et faire par-ticiper chaque élève, emplois du temps mor-celés qui ne permettent pas une préparationsereine des cours, profusion de réunions quifont disparaître les temps d’échanges informelsparfois plus pertinents, services partagés surplusieurs établissements qui isolent les col-lègues qui en sont victimes, tension avec la hié-rarchie, les parents et les élèves... la liste des

obstacles est longue et leur superposition placecertains enseignants dans une situation quipeut devenir vite insupportable. n

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Cette pénibilité s’exprime etremonte de plus en plus

Enseignants : les mal aimés ?En 2012, un sondage du CSA commandé par leministère de l’Éducation nationale montraitque 19 % des Français avaient une imagetrès positive du métier enseignant et 62 %plutôt positive, soit un total de 81 %. 46 % seraient tout à fait fiers que leurenfant devienne enseignant, 30 % plutôtfiers, soit 76 %. Selon 77 % des sondés, lesenseignants méritent une plus grande recon-naissance sociale. Pourtant, d’après uneétude de l’OCDE de juin 2014, seuls 5 % desenseignants français pensent que leur métierest valorisé par la société, ce qui est bienmoins que la moyenne des pays de l’OCDE(31 %). Il faut dire que les politiques sontsouvent méprisants. Claude Allègre avaitdécidé de « dégraisser » le mammouth, s’enétait pris aux professeurs quasiment traitésde fainéants. « Les professeurs ne travaillentque sept mois, sept mois et demi. Ils fontleurs dix-huit heures de cours en deux jourset puis s’en vont » disait N. Sarkozy en 2012.Et la ministre actuelle considère qu’au col-lège «  les élèves s’ennuient. »

Deux mois de salaire perdusdepuis 2000

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De 2012 à 2014, le budget de l’ensei-gnement supérieur a perdu 400 M€.Les 1 000 emplois budgétaires créés

chaque année sont en réalité utilisés par lesuniversités pour payer les enseignants enposte ou le chauffage. Année après année, leshoraires de licence et master sont rognés,les TD dénaturés par la hausse des effectifs,ou remplacés par des cours en amphi, notam-ment en ESPE. Même dans des disciplines encrise de recrutement, des formations sont« mutualisées », fermées ou décrétées « àcapacité d’accueil limitée ». Alors qu’on attend 9 % d’étudiants de plusà l’Université d’ici 2022 (1), l’État prévoyaiten juin 2014, 1,6 milliard d’€ de coupes sup-plémentaires dans le budget du supérieursur la période 2015-2017. En avril 2015,

100 millions ont été prélevés sur les fonds deroulement et en juin 2015, 93,3 millions.

PaupérisationDepuis 2012, le coût de la vie étudiante (2) abondi de + 8,4 %, dont + 1,1 % à la rentrée2015 : c’est cinq fois plus que l’inflation pourle reste de la population. Or, le gouverne-ment ne prévoit qu’une revalorisation de 0,2 %des bourses étudiantes. Le plan social étu-diant promis, avec allocation d’autonomiesous condition de ressources, est en panne. Lesfinances des collectives territoriales sont enbaisse (exemple : baisse de 60 millions d’eu-ros de l’enveloppe destinée au logement étu-diant dans les financements État/Région en2015). Or le coût moyen d’une année d’étudesreprésente plus de 800 €/mois pour un étudiant

locataire, soit 50 % du revenu médian(3), coûtinsupportable pour nombre de familles. C’estpourquoi aujourd’hui 50 % des étudiants,boursiers ou non, sont salariés pendant l’an-née universitaire, au risque d’échouer. À cela s’ajoute, pour ceux qui visent nosmétiers, la suppression des aides spécifiquespour les candidats aux concours, et du droità bourse supplémentaire pour les boursiers.De ce fait, l’accession au master est rendueplus difficile. Or, il y a nécessité d’élévationdes niveaux de qualification pour répondreaux besoins d’emplois plus qualifiés dansla société. Des aides sont donc nécessaires. n

(1) D’après la DEPP.(2) Enquête rentrée 2015 de l’UNEF.(3) 50 % de 1 730 € bruts/mois en 2014.

Aide aux étudiants

Vache maigre dans le supérieuraugure mauvaise récolte aux concours

Placés à temps plein, les stagiaires sedéclaraient à 70,8 % fatigués et à60,5 % débordés, d’après l’enquête

menée par le SNES-FSU en 2012/2013.Avec les 3 heures d’allégements de servicesconsentis par V. Peillon en 2013/2014 :66,2 % se déclaraient encore fatigués et53,5 % débordés.Ces conditions difficiles ont été un élémentde plus dans l’aggravation de la crise derecrutement.

Allégement de servicemais pas du temps de travail !En 2014/2015, la moitié des stagiaires ont étéplacés à mi-temps et ont pu bénéficier d’uneformation professionnelle. Pourtant, dansl’enquête SNES-FSU 2014/2015, alors queseuls 34 % des sondés étaient à temps plein,72,6 % des sondés se déclaraient toujoursfatigués et 48,2 % débordés. L’allégement deservice ne s’est pas traduit sur le terrain parune amélioration du vécu des stagiaires. Eneffet, les stagiaires sont confrontés aux mêmesproblématiques que les titulaires car ils sontmoyens d’enseignement alors qu’ils n’ontjamais enseigné et ont besoin de se former. Le

service peut se traduire différemment sur leterrain selon ceux qui ont deux niveaux declasse (50 %), trois (16,7 %), quatre (6,9 %)ou cinq (2 %) à prendre en charge.

Des conditions de stage à améliorerLe nombre de classes a aussi une influence :25 % en ont deux, 25,2 % trois, 14 % quatreet 35,8 % cinq et plus. Enfin, l’autre partie dumi-temps est consacrée à la formation, voireà la validation du master pour 16 % d’entre

eux. Ainsi 59 % de l’en-semble des sondés tra-vaillent plus de 40 heurespar semaine, 20,8 % plus

de 50 heures. Le temps de transport est uneautre source de fatigue. 52,3 % ont plus de30 minutes de trajet domicile/établissementet 16,3 % plus d’une heure. À cela peuts’ajouter les transports entre l’établissementd’exercice et le lieu de formation qui repré-sentent de une à deux heures pour 40,4 %d’entre eux.Les conditions de stage sont donc à amélio-rer pour que l’entrée dans le métier soit plussereine et la formation bénéfique. n

Stagiarisation

L’année de stageou le parcours du combattant

Alors que la crise de recrutement perdure, le ministère rogne sur les budgets de l’enseignement supérieur et les aides aux étudiants.

À la rentrée 2010, l’élévation du niveau de recrutement, appelée communément « mastérisation », s’est accompagnéede la suppression de la formation professionnelle des lauréats des concours pendant l’année de fonctionnaire stagiaire.

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Les conditions de stage sont à améliorer pourrendre le métierattractif

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modèles et obtenir les données les plus fiables. La prévision desdéparts à la retraite est un exercice difficile. S’il est simple de recen-ser la population concernée, la façon dont se font les choix individuelsest difficilement prévisible.

L’US Mag : Par quels processus le nombre de postes mis aux concours est-il déterminé ?Pour ce qui nous concerne, nous ne participons pas à ce processus maiscontribuons seulement à la prise de décision. Le rôle de la DEPP, dans

la mesure où elle aide à prévoir le nombre dedéparts en retraite, se limite à donner un éclai-rage à la DGRH et à la DAF.

L’US Mag : Quelle analyse porte la DEPP sur cette crise de recrutement ?Pour notre part nous ne parlons pas de crisede recrutement. Si je m’en tiens effective-ment aux statistiques, le nombre de candidatsà l’ensemble des concours enseignant estpassé de 116 000 en 2011 à 170 000 en2015. Il y a plus de candidats, plus de pré-sents et plus d’admis. Une telle augmenta-tion montre qu’il n’y a pas de crise d’at-tractivité. Rappelons tout de même que labaisse du nombre de postes offerts a étéspectaculaire ! Entre 2003 et 2011, pour lesecond degré, ils ont été divisés par deux(16 000 à 8 000) faisant chuter fortement lenombre de candidats ! Comme je l’ai précisé précédemment noussommes actuellement dans la phase deréamorçage de la pompe. Mais le nombrede postes offerts a augmenté plus vite quele nombre de candidats, le nombre de pré-sents par poste est resté stable entre 2011

et 2014 (hors candidatures multiples) et le taux de couverture (nombred’admis rapporté au nombre de postes) reste limité : tous les postesne sont pas pourvus. Même si d’autres facteurs sont à prendre encompte, l’amélioration devrait se poursuivre dans les prochainesannées. En effet, la situation s’améliore en 2015 : en 2011, nous recen-sions seulement 26 500 candidats présents contre 62 100 cette année.Concernant le CAPES, il existe des différences importantes entre lesdisciplines. Certaines, comme les mathématiques, les lettres moderneset l’anglais, restent déficitaires. Malgré cela nous estimons que lenombre de candidats va continuer à augmenter. Il faudrait atteindreun nombre de candidats présents double de celui du nombre depostes offerts. Pour l’instant, c’est le cas globalement mais pas danstoutes les disciplines.En ce qui concerne le taux de « fuite », il est actuellement difficilede dissocier les départs momentanés, les démissions et les retraites.C’est un sujet qui mériterait effectivement une étude. Pour autant, nosstatistiques démontrent qu’aujourd’hui les recrutements sont plusimportants que les départs. n

Entretien

« Le nombre de postes offerts a augmentéplus vite que le nombre de candidats »Catherine Moisan est directrice de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), service du ministère chargé des Études statistiques. Elle a accepté de répondre à nos questions autour des éléments scientifiques qui permettent d’analyser la situationdu recrutement des enseignants du second degré. ©

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L’US Mag : En quoi le travail de la DEPP contribue-t-il à l’analyse de la situation du recrutement des enseignants du second degré ? La DEPP a pour mission d’apporter des informations objectives et unéclairage, notamment par le biais de notes d’information publiques,nécessaires à la prise de décision dans les différents champs de com-pétences du ministère de l’Éducation nationale. Elle élabore, en lienavec le cabinet ministériel, son propre programme de travail mais tientégalement compte des demandes des différentes directions ou des rec-teurs et bien sûr de l’actualité.Son analyse des résultats aux concours derecrutement intervient dans un délai desix mois à un an après la publication desrésultats bruts par le ministère. En matière deconcours et donc de recrutement, la dernièreanalyse a été publiée en juin 2015. Outre une « fiche d’identité » des candidats,elle contient un certain nombre d’indicateursqui permettent de tracer l’évolution et demesurer l’attractivité des concours ou de cal-culer les taux de couverture, les pourcen-tages de postes pourvus.Une note de juin 2014 retrace pour la premièrefois un travail d’analyse rétrospective desconcours externes dans le second degré depuis1987. Ce travail met en regard l’évolution dunombre de postes offerts aux concours et celuidu nombre de candidats présents. Il met clai-rement en évidence que la courbe des « pré-sents » suit la même évolution, avec un déca-lage de trois ans, que celle des postes.Ce regard est intéressant. La pompe se réamorcepeu à peu mais avec un décalage. Ce constatpermet donc d’envisager une nouvelle hausse dunombre de candidats pour 2016.

L’US Mag : Quels outils la DEPP construit-elle pour évaluer les flux de population enseignante, de population élèves ?Comment sont prises en compte les évolutions des politiqueséducatives : suppression du redoublement, réforme des structures…La DEPP publie des prévisions à deux ans sur l’évolution du nombred’élèves. À la fois sur un plan démographique, mais également entenant compte de l’évolution des taux de passage, des réformes destructure... À la différence des remontées académiques, plus immé-diates, notre modèle prend plus de temps pour prendre en comptedavantage de paramètres. Cet indicateur intervient bien entendudans le calibrage du nombre de postes.Pour les données enseignants, nous nous appuyons sur les donnéesd’EPP, les données OCEAN (inscription des candidats aux concours)et divers fichiers que nous croisons. La DGRH et la DAF réalisentégalement leurs propres prévisions notamment pour les départs à laretraite. Nous comparons alors nos statistiques pour confronter nos

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Pour élargir le vivier, certains propo-sent un CAPES/T concours CPE sedéroulant à la fin de la licence, suivi de

deux années de stage concomitantes au mas-ter. Quand on voit la pression subie par lesstagiaires en responsabilité devant valider leM2, deux ans à ce rythme ne semble pas rai-sonnable. Par ailleurs, cela induit une sélec-tion pour accéder à un master très enfer-mant. Quid des étudiants qui s’engagentvers la recherche puis se réorientent :devront-ils recommencer un master ? Parailleurs, un CAPES/T en fin de licenceentraînerait un décrochage sans précédentavec l’agrégation et risquerait de recréer lescatégorisations qui existaient dans les années80 avec les professeurs de collège (lesPEGC) et les autres. Enfin, le risque estgrand d’un déclassement salarial, le niveaude recrutement ayant une influence sur larémunération.

Des apprentis ou des précaires au lieu de prérecrutementsD’autres proposent une admissibilité en M1et admission en M2. Outre le même écueilque précédemment d’une juxtaposition mas-ter/stage, ce schéma a le défaut majeurd’obliger les candidats à s’engager sur un

concours en deux ans, en oubliant que ceuxqui ne seront pas admis devront recom-mencer un cycle de deux ans ! Le ministère propose, lui, de rémunérer de 889à 1 181 euros (soit 61 à 81 % du SMIC), noncumulables avec la bourse, des étudiants enlicence dans le cadre du dispositif de l’ap-prentissage, en échange de demi-journée d’ob-servation ou de pratique accom pagnée en éta-blissement (étudiant apprenti professeur).Pour les étudiants en M1-MEEF, le ministèrepropose de les rémunérer au SMIC contre

12 semaines (soit un tiers temps) de service enresponsabilité. Amputant gravement leshoraires universitaires, ces dispositifs dépor-tent la formation vers un mimétisme desgestes professionnels. Inefficaces en termes deréussite universitaire des étudiants, ils remet-tent en cause le fait que les enseignants et CPEsont concepteurs de leur métier. L’État sys-tématise ainsi le salariat étudiant, l’entréedans le métier par la précarité et contourne lestatut de la Fonction publique puisque ce sontdes contrats de droit privé. n

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Quelles mesures ?

Les fausses bonnes solutionscontre la crise de recrutement

Les vraies bonnes propositionsdu SNES-FSU pour recruter

La crise de recrutement est un problèmeaux origines complexes allant del’image du métier aux conditions de vie

étudiantes et de début de carrière, aux condi-

tions de travail (salaire, pénibilité), en pas-sant par les conditions de recrutement etde prérecrutement. Pour lutter contre cette crise, le SNES-FSUpropose de :◗ revaloriser les salaires : augmentation dupoint d’indice, rattrapage salarial, recons-truction de la grille ;◗ revaloriser les conditions de travail : réduc-tion du nombre d’élèves par classe, diminutiondu temps de service, prise en compte destemps de concertation dans le service ;◗ mettre en place des prérecrutements : lesétudiants se destinant tôt à nos métiers passeraient un concours pour être rémuné-rés avec prise en compte pour le reclasse-ment et la retraite. Ils s’orienteraient vers lesfilières amenant aux métiers de l’enseigne-ment et de l’éducation, passeraient lesconcours et signeraient un engagement quin-

quennal avec l’État. Dans le cadre de laformation universitaire, les stages seraientdes objets d’études, de confrontation et deréflexion par rapport à la théorie ;◗ revaloriser et élargir les bourses pour allervers l’allocation d’autonomie, rétablirles aides spécifiques aux candidats auxconcours et faciliter l’accès au logementpermettraient à tous les étudiants d’accéderau master ;◗ affecter les fonctionnaires stagiaires à tierstemps sur le service de leur tuteur, ce quiréglerait les problèmes d’affectation, et don-nerait du temps au tuteur pour faire desvisites-conseils. Le temps libéré permettraitde se former, d’avoir un retour réflexif sur sapratique ;◗ affecter les néotitulaires, après l’annéede stage, à mi-temps avec une formationadaptée à leurs besoins, puis à deux tiers ladeuxième année ;◗ donner des moyens pour reconstruire uneformation continue de qualité en concertationavec les personnels. n

Rendre attractif nos métierset prérecruter

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MÉTIER

s’étonner du contenu des tâches qui vontleur être confiées !

Dérives à craindreLa fiche «  information et orientation »,indique que le volontaire devra « préparerou organiser des rencontres avec des pro-fessionnels ou des établissements, “tutorer”des élèves pour l’élaboration de leur projet,aider les parents dans le renseignement desfiches dialogues et des dossiers, aider lesjeunes pris en charge par les PSAD à définirleurs projets ». Même avec l’accompagne-ment d’un CO-Psy, cette fiche de poste risquefort de créer de la confusion sur les rôlesdes interlocuteurs auprès des élèves et desfamilles, et d’engendrer des difficultés deposition nement.Le SNES-FSU a déjà alerté le MEN sur lesrisques de dérives. Le métier de CO-Psy estun vrai métier qui exige une qualificationde psychologue et une formation. Il est trèsétonnant que le MEN qui planche justementsur les référentiels ne l’ait pas perçu ! Sur le champ éducatif, l’accompagnement deprojets artistiques, culturels et sportifs, maisaussi citoyens, est préconisé comme la « contri-

bution à l’organisation du temps libre desinternes ». Pendant huit mois, ces jeunes,recrutés en binôme, ne doivent rien de moinsqu’animer des projets face aux élèves, en appuiaux équipes, et construire des partenariats.L’accord des personnels impliqués dans letutorat comme celui des équipes concernéespar les projets sont indispensables. Les VSCne doivent en aucun cas cacher la forêt desbesoins en moyens pérennes dans les équipesde vie scolaire, ou être une réponse à unmanque de CPE comme le rectorat de Mont-pellier l’a déjà proposé.

Que croit le ministère ?Pense-t-on réellement que les VSC vont pou-voir exercer des activités qui font partie desmissions des CO-Psy, des infirmiers, desCPE ou des AED ?La vigilance est nécessaire face à ces pres-criptions avancées par des responsables quine connaissent rien à la réalité de nos métierset au quotidien des établissements. S’y oppo-ser fermement dans les CIO et sur les champsde l’orientation et du décrochage scolaireest une nécessité. n Valérie Héraut,

Marie-Agnès Monnier

JOURNÉE D’ÉTUDE ORGANISÉE PAR LE SNES-FSU ET LE CNAM

Faire son métier contre vents et marées

Le MEN a décidé de recruter 150 000Volontaires du service civique (VSC)d’ici 2017 pour assurer certaines mis-

sions : la prévention du décrochage, l’infor-mation et l’orientation, la prévention desconduites addictives, la promotion de lacitoyenneté, le développement durable... Desfiches de postes ont été réalisées. Sachant queces jeunes de 18 à 25 ans peuvent être recru-tés sans condition de diplômes et qu’ils sontpayés 573 euros par mois, on ne peut que

28 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

Les métiers de l’enseignement deviennent de plus en plus difficiles. Lesorientations et les nombreuses réformes imposées par l’institution ten-dent à les transformer en profondeur, de l’extérieur, sans tenir comptedu travail réel ni de son sens pour celui qui l’exerce.La journée d’étude qui aura lieu le 12 novembre, salle du SNUipp,12, rue Cabanis (Paris 14e, métro Glacière), mobilisera professionnelset chercheurs pour réfléchir ensemble aux voies et moyens de dévelop-per le pouvoir d’agir des acteurs, leur permettre de reprendre en main leurmétier et d’en retrouver le sens. Elle sera l’occasion de faire un pointd’étape sur les démarches en cours depuis plusieurs années dans lecadre du partenariat SNES-FSU/CNAM, les résultats obtenus, les déve-loppements possibles... et nécessaires.Depuis plusieurs années, le SNES-FSU mène réflexion et projets en lien avecdes chercheurs sur les effets des réformes successives sur la réalité du travail au quotidien et sur les personnels. Au-delà de la dénonciation de

la « crise du travail » liée aux nouvelles formes de management, quin’épargne pas le monde de l’éducation, il propose aussi, dans le cadre d’unpartenariat avec le CNAM, la mise en place de collectifs afin de per-mettre aux professionnels de reprendre la main sur le métier.Pour participer, inscrivez-vous en envoyant un courriel à l’adresse suivante :[email protected], ou [email protected]. La participation à cettejournée donne droit à autorisation d’absence pour stage de formationsyndicale, qui doit être déposée au moins 30 jours à l’avance. Le modèlede lettre vous sera communiqué à votre inscription. Les frais de transportseront pris en charge pour les syndiqués. Alice Cardoso

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IntervenantsJean-Yves Bonnefond (chargé d’enseignement, psychologie CRTD-CNAM),Yves Clot (professeur des Universités, psychologie CRTD-CNAM), Chris-tine Félix (maître de conférence, sciences de l’éducation ERGAPE, Uni-versité Aix-Marseille), Françoise Lantheaume (professeure des Univer-sités, Université Lyon 2, laboratoire éducation, cultures, politiques),Patrick Mayen (professeur des Universités, didactique professionnelle,Agrosup Dijon) et les membres des divers collectifs métier mis enplace dans les académies.

Programme en ligne : www.snes.edu/Faire-son-metier-contre-vents-et-marees.html

SERVICE CIVIQUE. Les missions des jeunes volontaires du service civique viennent d’être définies. Le moinsque l’on puisse dire, c’est qu’elles sont floues et pléthoriques ! La vigilance des personnels est de mise.

Le ministère se porte volontaire !

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CATÉGORIES

CPE. Entre les nouveautés sur le terrain et la récente circulaire de mission, l’actualité du métier est dense.Raison de plus pour participer à la 3e Rencontre des CPE qui aura lieu en novembre.

Débattre pour construire

30 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

Pour la troisième fois, le SNES-FSUorganise à Paris ses « Rencontres natio-nales pour le métier de CPE », le

mercredi 18 novembre 2015. Cette initia-tive s’adresse aux CPE de toutes les acadé-mies métropolitaines. Le matin, nous débat-trons autour d’une problématiqueprofessionnelle « La jeunesse et ses enga-gements  », éclairée par deuxuniversitaires, Anne Barrère etValérie Becquet. L’après-midi seraconsacrée à l’actualité toute récentede la circulaire de missions et desrevendications syndicales pour lemétier.

Engagez-vous, qu’ils disaient...Enseignement moral et civique,semaines de l’engagement, conseilde la vie collégienne, parcourscitoyen, mobilisation autour desvaleurs de la République... Dans uncontexte d’insertion sociale incer-taine, la jeunesse est de plus en plusenjointe à s’engager, à l’école ouailleurs... C’est même devenu unélément de l’évaluation scolaire.L’école est-elle encore le lieu d’ex-pression de l’engagement ? Quelles

en sont les formes ? Autant de questions quiémailleront ce rendez-vous.L’actualité catégorielle nourrira l’après-midi,avec Xavier Marand, secrétaire généraladjoint, et le secteur national CPE. La nou-velle circulaire de missions sera-t-elle lepoint d’appui attendu pour asseoir l’iden-tité professionnelle des CPE ? Des tensions

professionnelles demeurent, relayées par desrevendications syndicales, en particulier celleurgente de l’amélioration des conditions detravail par la création d’emplois. Pour plus de détails : www.snes.edu, rubriqueCPE, actualités. Venez nombreux et inscri-vez-vous rapidement auprès de votre sec-tion académique ! n Valérie Héraut

La Commission paritaire nationale exami-nant les refus de titularisation dans lecorps des professeurs s’est tenue fin

septembre. Les élu-e-s du SNES-FSU ontdéfendu la situation des collègues concernés.Ils ont dénoncé le fait que des collèguescertifiés se voient refuser leur titularisationdans le corps des agrégés. Ils ont informé lesstagiaires s’étant adressés à eux des suitesdonnées à leur situation.

Des conséquences gravesCes CAPN ont permis de soulever le pro-blème de la tenue trop tardive des CAPA detitularisation dans certaines académies : l’ad-ministration a invoqué l’impossibilité defaire « remonter » plus tôt les avis tardifsdélivrés par les ESPE. Les conséquencesde cette incurie administrative sont graves,notamment pour certains stagiaires dans lesacadémies d’Île-de-France, dont le ministèrea refusé la titularisation fin septembre alorsque ces collègues ont déjà pris leur postedans leur établissement, et parfois mêmedéménagé pour le rejoindre. Le ministère

entend les renvoyer dans leur acadé-mie d’origine pour effectuer l’année derenouvellement de leur stage ! Les élusdu SNES-FSU ont exigé que la situa-tion de ces collègues soit régulariséeau mieux de leurs intérêts.À notre demande, le ministère s’estengagé à réaliser un bilan de la formation etde l’évaluation des stagiaires : cette étudedevra servir de base pour les prochainesdirectives ministérielles à destination desacadémies. n

Claire Pous, Serge Deneuveglise

CAPN. La dernière CAPN a été l’occasion de représenter et soutenir au mieux les stagiaires agrégés face aux insuffisancesde l’administration.

CAP de titularisation

ÉTAT VS  : ATTENTION AUX RETARDS  !Suite à la publication il y a plus d’un an du nouveau décret sur les ORS des professeurs dusecond degré, les modifications nécessaires de l’application informatique permettant la saisie,le calcul du service et l’édition de l’état VS dans les établissements n’ont pas été anticipées parle ministère, qui indique qu’elle devrait être fonctionnelle début octobre. C’est donc dans la pre-mière quinzaine d’octobre que seraient édités les état VS pour cette année scolaire 2015-2016.Il convient d’être très vigilant sur l’exactitude des informations portées sur l’état VS. Plus d’in-formations sur le site Internet du SNES  : www.snes.edu.

© Freshidea/Fotolia.fr

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Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 31

Sous la pression syndi-cale, le gouverne-ment a finalement

déclaré l’urgence concer-nant le projet de loiSauvadet en décidant unexamen à l’Assembléenationale en octobre pourprolonger de deux ans ledispositif des recrute-ments réservés. À notreconnaissance, ce textepermettra d’organiserdeux sessions supplé-mentaires et donnera àplus de candidats la possi-bilité de se pré senter.Cependant, il ne concer-nera que les contractuelsoccupant des emploispermanents au 31 mars 2013 et ayant quatreans d’ancienneté, dont deux avant le 31 mars2013. Il est donc clair que ce texte nepermettra pas de « titulariser le plus grandnombre de non-titulaires », objectif pour-tant affiché par le gouver nement !

De plus, il ne résoudra en rien les causesd’exclusion des agents non titulaires quedénonce la FSU, à savoir les contrats impo-sés à temps incomplet, la multiplication desemplois occasionnels, les emplois saison-niers pas vraiment saisonniers, etc.

Défendre ses droits... et en gagnerL’action du 15 octobre permettra aux non-titulaires de tous les secteurs de lafonction publique de dénoncer médiatique-ment la précarité de leur situation et d’exigerdes pouvoirs publics qu’ils corrigent les injus-tices dont ils sont victimes. Ils pourront, enapportant leurs témoignages personnels, agirenfin pour bénéficier d’un vrai plan de titularisation, mais aussi revendiquer leursdroits : droit au réemploi, droit à la rémuné-ration sur la base d’un contrat de travailà temps plein, droit à une véritable formation.Ce sera aussi l’occasion de débattre des condi-tions d’emploi sécurisées pour les AED, leurpermettant de réussir leurs études ou construireun débouché à la fin des six ans, des conditionspermettant que les contrats en emplois aidésfacilitent des parcours d’insertion et la recon-naissance des AESH comme fonctionnaires. n

Nadine Krantz

NON-TITULAIRES. La liste des récriminations de cette catégorie n’en finit pas de s’allonger.La FSU appelle les agents à se mobiliser le 15 octobre pour dire non à la précarité qui les frappe !

Journée nationale d’action

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Avec la rentrée revient le traditionnelmoment de flottement où les équipes devie scolaire prennent leurs marques.

Attention toutefois à faire respecter ses droits.Voici un rapide tour d’horizon des sujetssensibles de la rentrée :

• La période d’essaiChaque année, des assistants d’éducation dontle contrat a été renouvelé sont soumis à unenouvelle période d’essai. Celle-ci est stricte-ment illégale. En effet, on ne peut imposer auxAED une deuxième période d’essai, puis-qu’ils l’ont effectuée dès leur premier contrat.Cela vaut aussi pour les AED qui changentd’établissement, car l’employeur – l’Éducationnationale – reste le même.

• Quid de la journée de prérentrée ?Pour la journée de prérentrée, la directionde l’établissement peut solliciter les AEDsur une durée plus longue que celle prévueinitialement dans leur emploi du temps. Iln’est pas rare de rencontrer des chefs quivous expliquent que cette journée n’est pas àdécompter des heures de travail, qu’elle serait«  cadeau » ! Cependant, ce jour n’est riend’autre qu’un jour de travail comme un autre.Par conséquent, les heures supplémentaires

effectuées doivent être récu-pérées. Cette année, la ren-trée a été avancée au 31 août.Pour les AED dont le contratest renouvelé au 1er sep-tembre, les heures effectuéesce jour l’ont été dans le cadredu contrat 2014-2015. Si lesAED ont effectué l’intégra-lité des heures prévues dansleur contrat 2014-2015, illeur faut négocier avec leurchef d’établissement le rat-trapage de ces heures sur lecontrat 2015-2016. Le rôledu représentant du SNES-FSU de l’établissement estessentiel afin de les accom-pagner. Ne restez jamais seulface au chef d’établissement !

• Une pause déjeuner, deux cas de figure !Il existe deux configurations possibles concer-nant la pause déjeuner. Soit elle est comprisedans les heures de travail effectives ; auquelcas, elle est limitée à 30 minutes maximum etdoit se dérouler dans l’établissement. Soitelle est décomptée des heures de travail. Dansce cas, sa durée est de 45 minutes minimum

et peut se dérouler à l’extérieur de l’établis-sement. Attention ! Dans cette dernière éven-tualité, la nécessité de service ne peut êtreinvoquée afin de faire revenir un AED dansl’établissement pendant sa pause.C’est à toute la communauté éducative derester vigilante au respect des droits des AED.En cas de question ou de problème, n’hésitezpas à contacter le secteur AED. n

Augustin Cluzel

AED. Comme l’ensemble des personnels, les assistants d’éducation ont des droits à faire valoir. Les premiers mois de l’année constituent souvent l’occasion de les rappeler aux chefs d’établissement.

S’opposer à l’arbitraire

Rendez-vous à 9 h 30 au Centre interdépartementalde gestion de la petite couronne

157, avenue Jean-Lolive, Pantin,métro : Église de Pantin (ligne 5), RER E, station Pantin

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Ces personnalités reconnues dans le milieude l’éducation ont déjà échangé par lepassé avec des syndicats enseignants

comme le SNES-FSU qui sont soucieux dedéfendre un projet éducatif égalitaire, inclu-sif, et porteur d’une culture commune pourtous les élèves, quelles que soient leurs ori-gines sociales. Selon eux, les options bilangue allemand etlatin ont avant toute chose une fonction socialeutilitariste : celle d’instaurer une hiérarchiescolaire et de sélectionner une élite d’élèves ausein même d’un collège prétendument unique,par la constitution de fait de classes de niveau.Ils voient ainsi dans les mesures avancées parla ministre Najat Vallaud-Belkacem l’oppor-tunité de faire avancer la démocratisation sco-laire, grâce à la mise en place d’une deuxièmelangue dès la Cinquième et des EPI « culturede l’antiquité » qui s’adresseraient à toutes ettous. Cependant, derrière leur slogan, il faut sedemander ce qu’est la réalité de l’enseignementen classe bilangue allemand et en latin aujour-d’hui, mais aussi la réalité que recouvre la

réforme au-delà des bonnes intentions affi-chées pour la rendre légitime aux yeux del’opinion publique.

Dans l’éducation prioritaireRegarder de près ce qui se passe dans le péri-mètre de l’éducation prioritaire en termes d’en-seignement du latin et de l’allemand bilangue

apparaît comme une porte d’entrée pertinentepour mieux déconstruire le mythe de l’éli-tisme de ces options. Selon la DEP, le dispo-sitif de l’éducation prioritaire concerne 514 100élèves de collège en 2014-2015, soit environ20 % des élèves de collèges publics en France.Il n’existe pas d’indicateur fiable pour dénom-brer la proportion d’élèves inscrits en bilangueallemand dans ces établissements, d’autantplus que les moyens horaires dédiés sont sou-vent pris sur la marge d’autonomie. S’il en vade même pour le latin, on sait en revancheque sur les plus de 300 000 latinistes en col-lège, 24,7 % d’entre eux proviennent de CSPmoyennes et 23,9 % de CSP défavorisées,dont une majorité en REP et REP+.

Mixité socialeLatin et bilangue allemand (mais aussi espa-gnol) sont bien présents en éducation prioritaire.Il faut en effet admettre qu’ils peuvent jouer lerôle de vitrine pour des chefs d’établissementsoucieux de conserver une mixité sociale et deprévenir l’évitement scolaire via l’inscription

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Élitisme au collège, vraiment ?

« HALTE À L’ÉLITISME CONSERVATEUR ! » C’est le titre d’une tribune de soutien à la réforme du collège paruedans Le Monde en mai dernier et signée entre autres par les sociologues Christian Baudelot, Roger Establetet François Dubet, et par l’historien Benjamin Stora. Pourquoi des intellectuels réputés qui ont pu être nosinterlocuteurs se retrouvent-ils aujourd’hui du côté du gouvernement ?

Classes bilangues et latin

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dans le privé ou les demandes de dérogation desfamilles appartenant aux CSP les moins défa-vorisées de leur secteur. Cependant, dans lesfaits, les élèves optionnaires ne sont quasimentjamais regroupés dans la même classe maisplutôt répartis sur plusieurs. Faute de réformeambitieuse pour lutter contre les inégalités et laségrégation scolaires, ces options ont souventpermis d’assurer une hétérogénéité et uneabsence de classes de niveau où la totalité desélèves serait en échec. Un mélange qui a pu,dans une certaine mesure, profiter aux élèves lesplus en difficulté. Même le SGEN-CFDT, en lapersonne de Frédéric Sève, favorable à laréforme, reconnaît que les « classes latin ontpermis à des établissements en zone défavori-sée de rester attractifs » (cf. Ouest France,17 avril 2015). Dans ce cas de figure, on est loinde l’image d’Épinal d’élèves issus d’établisse-ments parisiens de bonne réputation réclamantle maintien de leurs privilèges.

Une réforme en trompe-l’œilL’exemple du rôle ambivalent du latin et de labilangue allemand en éducation prioritaireinvite à chercher ailleurs les causes profondeset structurelles de l’élitisme scolaire et du sys-tème méritocratique à la française. Et surtout às’interroger honnêtement sur les capacités de laréforme du collège à lutter contre. Si l’objectifest réellement de démocratiser l’enseignementdes langues anciennes et d’au moins deuxlangues vivantes pour favoriser l’appropria-tion d’une culture commune et la réussite detous les élèves, le moins que l’on puisse dire estque la réforme du collège n’améliorera pas lasituation existante, bien au contraire. Passer de 3 heures de LV2 sur deux ans à2 h 30 sur trois ans pour l’ensemble des élèvesest tout à fait insuffisant, et vraisemblable-ment contre-productif car cela entraîne unediminution de la pratique sur la semaine.D’autre part rien n’est proposé pour institu-tionnaliser et prendre en charge financière-ment les voyages scolaires à l’étranger, ce quipénalise lourdement les élèves issus desmilieux défavorisés. Or, on sait bien le rôle fondamental que jouel’immersion pour permettre des progrès encompétences langagières. Les parents d’élèvesissus de milieux favorisés continueront, eux, àpayer des stages linguistiques périscolaires à

leurs enfants. Quant aux EPI de « culture del’antiquité », ils ne sont absolument pas assu-rés de toucher tous les élèves de collège, etdépendraient des choix faits et des prioritésdécidées à l’interne de chaque établissement,dans un contexte de gestion de la pénurie demoyens. Ce qui est certain, en revanche, c’estque l’enseignement des lettres classiques (latin

et grec), qui concerne environ 20 % des élèvesde collège, disparaîtra en tant que discipline. Lejeu en vaut-il la chandelle ? Contre l’instru-mentalisation de la bilangue et du latin pourjustifier la position du gouvernement, l’enjeude langues vivantes et anciennes ouvertes àtoutes et tous passe d’abord par l’abrogation dela réforme du collège. n Grégory Bekhtari

Trois questions à...

L’US Mag : Que peux-tu nous dire sur les bilangues dans ton établissement ?Les bilangues sont une vingtaine d’élèves par niveau. Chaque classe avait jusqu’à cetteannée 3 heures d’allemand, mais cette année les Sixièmes et Cinquièmes n’ont que2 heures. Le chef d’établissement a décidé d’anticiper la réforme. On a retoqué deux foisla DHG au CA mais il a fini par l’imposer. Le problème, c’est que petit à petit, la LV1allemand a été supprimée au bénéfice de la bilangue. Et il n’y aura pas de retour en arrière.Le passage de la LV1 à la bilangue pouvait être considéré comme élitiste car les élèvesdevaient être suffisamment « scolaires » pour suivre 3 heures de cours de plus que lesautres. Les bilangues sont un choix formulé par certaines familles pour que leursenfants soient dans les bonnes classes, mais en même temps, il permet de juguler l’évi-tement vers le privé. Et la réalité est plus ambiguë qu’il n’y paraît à première vue : l’andernier, dans mon REP+ de La Courneuve, ville socialement très défavorisée, 53 élèvesde CM2 souhaitaient s’inscrire en allemand bilangue pour la Sixième. Le recrutementa été large et pluraliste, et la composition des classes est hétérogène et ne comprend qu’unepartie d’élèves de « classe moyenne ».L’US Mag : Que penses-tu de la réforme ?La réforme accroîtra les inégalités entre élèves en cassant les cadres nationaux et en ren-forçant le pouvoir des chefs d’établissement. Concrètement, être prof d’allemand avecla réforme, ça veut dire, dans la plupart des cas, se retrouver obligé de travailler sur plu-sieurs collèges, de compléter son service sur au moins un établissement (voire deux) carcela ne fera pas plus de 7,5 heures de cours par collège. Ils présentent la LV2 en Cinquième comme une mesure de démocratisation : pour tous, plus tôt ! Mais c’est trèsdiscutable... Avec 2 h 30, l’exposition à la langue ne sera pas suffisante chaque semainepour un apprentissage pertinent. Ce qui peut passer pour une bonne idée en permettantà toutes et tous de commencer une deuxième langue plus tôt est en fait une fausse bonneidée parce qu’il n’y a pas assez d’heures.L’US Mag : De quoi l’enseignement des langues vivanteset de l’allemand a-t-il besoin selon toi ?Concrètement, je pense que la suppression du dispositif bilangue affaiblira le maillagede l’enseignement de l’allemand qu’il avait permis de maintenir. Mais je ne suis pas par-tisan du statu quo : il faut avoir une vraie réflexion sur les moyens à attribuer pour unapprentissage des langues efficace, avec une pluralité de choix possibles et une offre diver-sifiée. Et en particulier, l’apprentissage de l’allemand doit être ouvert à toutes et tous !

Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 33

TÉMOIGNAGE DE NELLY HERVOUET, PROFESSEURE DE LETTRES CLASSIQUESAU COLLÈGE REP+ STENDHAL À NANTES

Romain GentnerProfesseur d’allemand au collège REP+ Georges-Politzer de La Courneuve

Cette réforme ne va pas du tout dans le sens du latin pour tous. Dans les REP+  ,les priorités vont aux dispositifs d’aide aux élèves en difficulté, ce qui estlogique. À Nantes, il n’y a déjà plus que deux REP+ sur quatre qui proposentdu latin. Si elle passe, la réforme va renvoyer le maintien de notre disciplineaux choix locaux et faire porter cette responsabilité sur les épaules depersonnels déjà isolés. Le professeur de latin se retrouve seul à lutter et celarisque de générer des conflits avec les autres enseignants, même si dans moncas plusieurs collègues sont prêts à mettre en place un projet de co-inter-vention avec moi dans le cas malheureux où la réforme ne serait pas abro-gée. Mais le financement serait pris sur la marge d’autonomie, donc rien n’est

assuré. Et, dans tous les cas, le dispositif serait précaire et son renouvellementchaque année non garanti. Que devient-on en tant que prof de lettres clas-siques aujourd’hui ? Ce projet affecte fortement notre identité profession-nelle et provoque de la souffrance au travail. On nous parle d’élitisme, maisje ne comprends pas ce discours-là : au moins 50 % de mes élèves viennentdes milieux les plus populaires. Si on ne prend pas tout le monde, sans dis-tinction de résultats scolaires ou d’origines sociales, on ferme l’option.Mes élèves sont exclus des élites ! Et pourtant hier ils étaient peinés d’en-tendre la sonnerie de fin de cours retentir. C’est pourquoi je veux que le latinreste accessible à ce public.

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proché (ce qui raccourcit d’autant le tempspropice au travail éducatif avec le jeuneentre sa mise en examen et son jugement) ;banalisation des mesures de contrôle comme

le contrôle judiciaire ; création des tribu-naux correctionnels pour mineurs, «  l’ex-cuse atténuante de minorité » écartée pour les16/18 ans (pas de réduction de peine liée à laminorité).... Depuis 2002, la volonté poli-tique des gouvernements successifs est d’ac-croître la sévérité de la justice des mineursafin de punir davantage la jeunesse en diffi-culté, en généralisant notamment les dispo-sitifs de contrôle.Pour le SNPES-PJJ, il s’agit d’une impasseéducative. Natacha Grelot, cosecrétaire natio-nale du SNPES-PJJ (voir encadré en page35), explique : « depuis 2002 et la premièreloi Perben, deux axes sont mis en place :d’une part, la spécialisation de la justicedes mineurs est attaquée très fortement(notamment avec la volonté de juger vite) etd’autre part, l’enfermement et la mise àl’écart sont banalisés. Non seulement lesadolescents peuvent être incarcérés dans lesquartiers pour mineurs des prisons ou enétablissement pénitentiaire pour mineurs(EPM), mais en plus ils peuvent être placésen CEF (centres éducatifs fermés) : leuromniprésence banalise la privation de liberté,et la logique inhérente de surveillance per-manente crée des situations d’extrême tensionentre les jeunes et les éducateurs. Le place-

«

On n’est pas un mineur aujourd’hui,en 2006, comme on l’était en 1945. »Par ces mots, Nicolas Sarkozy remet

en question ce texte fondateur de la justicedes mineurs qui, au prétexte qu’il date de1945, ne serait plus adapté à la jeunesseactuelle. Il adopte, dans un discours populiste,les idées sécuritaires d’une droite qui voitdans la jeunesse une nouvelle « classe dange-reuse » (la «  racaille »...) et qui refuse deconsidérer les politiques menées (discrimi-nations, stigmatisations, inégalités écono-miques et sociales) comme les causes de ladéshérence d’une partie de la jeunesse.

Vers une réponse répressiveL’ordonnance de 1945 pose comme prin-cipe la priorité de l’éducation et la spéciali-sation de la justice pénale des mineurs ; ellecrée la fonction de juge des enfants, desprocédures et des instances spécialisées etadaptées ; elle prévoit un panel de réponsesjudiciaires graduées (voir encadré ci-contre).Au début des années 2000, avec les lois Per-ben, cette philosophie se modifie en pro-fondeur : les modifications législatives(2002, 2004, 2007, 2011) ont peu à peu rap-proché la justice des mineurs de celle desmajeurs. Création des jugements à délai rap-

LA FRANCE A CÉLÉBRÉ, LE 2 FÉVRIER DERNIER, le 70e anniversaire de l’ordonnance de 1945 ; ce texte, guidé alorspar des motifs humanistes, pose les fondements de la justice des mineurs en affirmant la primauté de l’éducatifsur le répressif. Mais au cours des années 2000, l’ordonnance de 1945 a été dénaturée par des lois qui renforcentle contrôle et conduisent à l’enfermement de la jeunesse.

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Répression ou éducation ?

La justice des mineurs

Les réponses judiciaires◗ Mesures de milieu ouvert : la plupart des ado-lescents vivent avec leur famille, certains peuventêtre placés ou incarcérés. Le suivi repose surdes entretiens individuels, familiaux, des accom-pagnements (insertion sociale et scolaire, santé,audiences judiciaires...). Il existe trois catégories :• mesures d’investigation (évaluation des situa-tions avec psychologue et assistant social) ;• mesures éducatives : elles peuvent être ordon-nées avant ou après jugement. Exemple : mesurede réparation, liberté surveillée, mise sous pro-tection judiciaire ;• mesures de probation : contrôle judiciaire, sur-sis avec mise à l’épreuve, travail d’intérêt géné-ral, aménagement de peine (bracelet électro-nique, par exemple). En cas de non-respect desobligations et des interdictions liées à ces mesures,le jeune risque l’incarcération.◗ Placement en centre éducatif fermé (doubléobligatoirement d’une mesure de probation), enfoyer éducatif, en famille d’accueil, en foyer dejeunes travailleurs...

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pression des Tribunaux correctionnels pourmineurs (TCM), promesse du candidat Hol-lande qui tarde à se réaliser. Si l’intention estbonne, si la volonté politique de la garde desSceaux est réelle pour renouer avec les prin-cipes qui ont présidé à l’ordonnance de 1945,la réalisation de la réforme n’est pas choseaisée et le projet de loi n’est toujours pasabouti. Il serait inscrit au calendrier parle-mentaire au premier semestre 2016. Dansun contexte de renforcement des mesuressécuritaires, dans un climat de suspicion et depeur de l’autre, alors que le Front Nationalengrange des adhésions, les pressions sontnombreuses et sa majorité politique ne l’aidepas. Pourtant il y a urgence à réformer lajustice pénale des mineurs.« C. Taubira porte un regard bienveillant surcette jeunesse, ce qui nous change desannées de stigmatisation, mais elle ne semblepas avoir de marge de manœuvre. Le projetde réforme qui nous a été présenté endécembre 2014 est un texte de compromis,dit N. Grelot. Il ne revient pas, par exemple,sur l’existence des CEF. La réforme doitdéfendre sans ambiguïté la primauté del’éducatif. Et ce nouveau texte ne doit pasabroger l’ordonnance de 1945 : son cadre,sa portée symbolique, sa valeur historiqueconstituent encore une protection pouvantlimiter les ardeurs à faire disparaître undroit spécifique. C’est pourquoi nous reven-diquons, au SNPES-PJJ, que cette ordon-nance ne soit pas abrogée, mais expurgée detoutes les dispositions sécuritaires adoptéesdepuis 2002. » n Véronique Ponvert

Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 35

ment dans ces structures aggrave souventla situation pénale des jeunes : présentéscomme une alternative à l’incarcération, cescentres n’ont pas fait diminuer le nombrede jeunes incarcérés. Bien au contraire,désormais il faut ajouter aux jeunes en pri-son ceux placés en CEF et pour beaucoup, leCEF est seulement une étape avant leurincarcération. Quant à la rapidité, elle est liée à l’illusionque“taper” vite et fort (sanction plus sévèrelorsque la procédure est rapide à l’instar descomparutions immédiates pour les majeurs)est un gage dans la lutte contre la récidive :c’est la sanction et elle seule qui ferait réagirl’adolescent. Au SNPES, nous défendons leprincipe adverse : c’est le travail éducatif, laprise en compte de sa problématique et de sonparcours de vie qui permet au jeune d’évo-luer, et cela nécessite du temps et une relationde confiance ».

Missions de la PJJParallèlement, les missions des éducateurs-PJJ ont changé : alors qu’ils prenaient encharge les jeunes en danger et les jeunesayant commis des délits, leurs missionsactuelles ont été recentrées uniquement sur lesmineurs délinquants. Cette double compé-tence était pourtant en cohérence avec la réa-lité, car très souvent les jeunes qui trans-gressent sont des adolescents en grandedifficulté familiale et sociale pour lesquelsune mesure de protection de l’enfance a déjàété mise en place. C’est un changement depérimètre qui répond à des objectifs budgé-taires (contraintes liées à la RGPP) et unemodification de la nature même du travail del’éducateur qui s’éloigne radicalement duvolet « prévention ». C’est un autre regardposé sur l’enfance délinquante : il y auraitdeux catégories de jeunes en difficulté, ceuxà protéger et ceux à punir ! « Les CEF (cin-quante et un centres en France) sont actuel-lement un outil central de la justice desmineurs, insiste N. Grelot. Ils fonctionnent audétriment des foyers éducatifs (où les placesmanquent), ce sont des gouffres financiers enbudget et en personnels et le choix est fait deprivilégier ces structures. Les foyers éduca-

tifs accueillent les jeunes dans un lieu“ouvert”, les éducateurs travaillent sur leurinsertion sociale et professionnelle en lienavec les dispositifs de droit commun (Édu-cation nationale, mission locale, Pôleemploi...). Au SNPES/PJJ, nous demandonsla transformation des CEF en foyers éduca-tifs. C. Taubira, à son arrivée au ministère dela Justice, a émis de sérieuses réserves endisant que les CEF ne constituaient pas laréponse à la délinquance des jeunes... avantd’être rapidement “recadrée” par le ministrede l’Intérieur de l’époque, M. Valls... »

Quelle réforme de la justice ? Depuis 2012, la ministre Christiane Taubiratente d’imposer une réforme à sa majorité etde donner un élan nouveau à la justice desmineurs ; elle milite notamment pour la sup-

Trois questions à Françoise Dumont, présidente de la LDH

Interview

SNPES-PJJ-FSU : DES PERSONNELS POUR LA JEUNESSELa PJJ est une sous-direction duministère de la Justice. Les édu-cateurs ont pour mission d’ac-compagner les adolescentsmineurs et jeunes majeurs dans lecadre de mesures prononcées parles juges (surtout les juges desenfants, mais aussi juge d’ins-truction, parquet). Ils travaillenten pluridisciplinarité avec despsychologues, des assistantssociaux, des professeurs tech-niques. Les personnels de la PJJexercent en milieu ouvert, en

foyers éducatifs, dans les centresd’insertion, auprès des tribunaux.Mais ils exercent aussi, depuis2002, en centres éducatifs fer-més, en prisons (quartiersmineurs et établissements péni-tentiaires pour mineurs).Ils interviennent dans le cadre del’EN auprès des jeunes scolari-sés ; ils participent au travaild’équipes pluriprofessionnellesavec le chef d’établissement, leCPE, le professeur principal, lespersonnels sociaux et de santé…

La délinquance juvénileaugmente-t-elle ? Est-ce laconséquence d'une pénali-

sation plus importante de certains compor-tements ? Cette question de l’augmentation de la délin-quance des mineurs est récurrente dans ledébat public. Tout comme son rajeunissement,l’un et l’autre visant à démontrer que les jeunesd’aujourd’hui sont pires que ceux d’avant. Leschoses ne sont pas si simples. La proportion devols par exemple a nettement diminué. Ensens inverse, ont augmenté les violences phy-siques non mortelles, l’usage de stupéfiants, lapolice des étrangers, les infractions à per-sonnes dépositaires de l’autorité publique...Se sont notamment multipliés les délits pour« outrage et rébellion », constatés lors descontrôles d’identité. C’est pour cette raisonque la LDH s’est résolument investie dans lacampagne visant à ce que les policiers délivrentun récépissé lors des contrôles. Par ailleurs, augré des diverses lois sécuritaires votées aucours des dix dernières années, de nouveauxdélits sont apparus. Certains visent particuliè-rement les jeunes, le stationnement dans leshalls d’immeuble en est un exemple.Existe-t-il un lien entre échec scolaire etpro cessus délinquant des adolescents ? « Ouvrez des écoles, vous fermerez des pri-sons  » lançait Victor Hugo au début du

XIXe siècle. Le contexte n’est plus le même etla majorité des jeunes sont scolarisés jus-qu’à environ vingt ans. Cette statistiquerecouvre néanmoins des réalités très diversesavec, dans notre pays, un lien particulière-ment fort entre inégalités sociales et inégalitésscolaires. L’échec scolaire joue un rôle dans l’entrée endélinquance des jeunes : d’abord par le biaisdu décrochage, qui entraîne chez beaucoupune forme de désocialisation, mais ensuite pardes orientations non choisies qui aboutis-sent à ce que le jeune se retrouve dans unefilière qui n’a pas grand sens pour lui. On nerépétera jamais assez la nécessité de préve-nir cet échec. Qu’est ce qui permet à un jeune de sortir deson parcours délinquant ? Le rôle joué par les familles, les pairs, lesacteurs institutionnels, la nature du regardporté sur le jeune, tout cela est évidemmentimportant. Mais la question de l’insertionprofessionnelle est décisive. À l’époque des« Blousons noirs », les jeunes garçons par-taient faire leur service militaire, entraient àl’usine ou à l’atelier, puis se mariaient.Depuis les années 1980, le marché du travailest tel que ce schéma ne fonctionne plus etqu’on assiste probablement à un recul del’âge de la sortie de la délinquance, avec unvieillissement de celle-ci.

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36 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

CULTURE L iv res/Revues

À LIRENotre sélection� BARBARIE BIEN PENSÉE...

Les guerres d’aujourd’hui ne sontplus des confrontations d’Étatsmais des affrontements privéspour asseoir un pouvoir sur unterritoire et sur les consciences.Larry Tremblay, à travers troispersonnages, des jumeaux Aziz

et Ahmed – interchangeables donc, àleur convenance – et un enfant créé pourle théâtre, Sony incarné par Aziz, parlede l’embrigadement des fils permis parle père au nom d’un dogme religieux quepersonne ne veut remettre en cause.L’un des deux jumeaux doit mourir ainsien a décidé le chef de guerre Soulayedpour venger la mort des grands-parentsdes deux jumeaux. Personne ne s’inter-roge pour savoir qui a fait exploser lamaison. Ahmed se fera exploser tuantdes enfants de son âge, 9 ans. Aziz nepourra choisir que la porte de l’exil pourdécouvrir la réalité. Le théâtre sera saroue de secours pour clamer au mondela réalité de cette guerre étrange où lesmotivations s’évanouissent pour laissertoute la place à la barbarie. L’écriture poétique mais aussi le sensdu théâtre, de la mise en scène donne àce « roman » une force inespérée. L’oran-geraie, c’est son titre et l’environnementcalme du début des deux enfants, devraitêtre lue dans toutes les écoles. N. B.• L’orangeraie, Larry Tremblay, La Table Ronde,181 p.

� SORTIR DU SUCCÈSSans doute a-t-il dû digérer lesuccès de Jan Karski (Prix Inter-allié 2009) et l’expositionmédiatique qui s’en est suivie. Ila choisi de passer cette périodede « dépression post-partum »à Florence, dans les dernières

années de l’ère Berlusconi. Dans Jecherche l’Italie, Yannick Haenel nousfait partager ses extases devant lesœuvres d’art de la cité toscane, maissurtout son spleen baudelairien amplifiépar le contexte politique. Il décrit avecforce et poésie ses moments de soli-tude à Florence l’été dans la chaleur,évoque de façon convaincante ses lec-tures (Bataille) et son travail d’écrivain.Est-ce pour autant un livre politique ?Peut-être, si on considère que l’érémi-tisme et la recherche de sens révolu-tionnaire dans des graffitis sont desformes de résistance à la crise et auchaos berlusconien. Il semble plutôt quece que cherche Haenel dans ce récitmagnifiquement écrit est moins l’Italieque lui-même. C’est pendant cettepériode qu’il écrit Les Renards pâles,assez mal reçu par la critique, qu’il fautrelire à la lumière des circonstancesdans lesquelles il a été conçu.

Sylvie Chardon• Je cherche l’Italie, Gallimard/L’infini, 208 p. ;Les renards pâles, Gallimard, 192 p.

Si l’on en croit Les Échos du 24 août2015, une « lutte au couteau sur lemarché des polars » aurait lieu à

cause, disent-ils, de la « bonne santé » decette partie de la littérature. On en publietoujours plus... La tâche d’en rendrecompte ne sera pas facilitée...Paris sous Louis XVI. J.-F. Parot, parl’intermédiaire de son alter ego Nicolas LeFloch, continue son histoire de Paris. Il enarrive à 1784. Hiver rude, dégel plus rudeencore. Les colères s’attisent. Le peuplea faim. Les puissants – comme en touttemps – vivent comme des colons,« tomorrow is another day », vivons etexploitons sans souci. La pyramide deglace est un point de départ pour racon-ter une fois encore des affaires autour dela Reine, présentée comme naïve, et d’unRoi qui voudrait secourir les pauvresmais est incapable d’imposer ses déci-sions. Les sosies de Marie-Antoinette sedécouvrent comme autant de clones pourdes violences faites aux femmes en formed’exutoire qui ne comprend plus le mondequi l’entoure. En décrivant Paris, l’au-teur indique le basculement d’un monde.Il s’inspire visiblement de notre actualité.Le présent permet d’ouvrir les portes dupassé... Parot a su donner de la profondeurà son personnage qui vieillit avec nous, enmême temps que son style s’est construit.

Le coin du polar

Lire un ouvrage de Scholastique Mukasonga, c’estplonger dans un univers imprégné d’histoires etd’Histoire. Un univers fait de chair et de sang, de

vraies personnes, emportées par le destin. Née en1956 au Rwanda, de parents tutsis, S. Mukasonga avécu la montée de la violence et de l’ostracisme endirection des Tutsis, puis avec sa famille le déplace-ment forcé et la misère dans la région inhospitalièrede Nyamata. Elle a dû s’enfuir au Burundi pour finirses études. Une grande partie de sa famille a étémassacrée lors du génocide de 1994. Elle vit actuel-lement en France.Chacun de ses livres raconte son pays d’origine, safamille, la vie quotidienne durant son enfance...Ce que murmurent les collines, recueil de six nou-velles, n’échappe pas à cette règle. Elle nous offre untableau du Rwanda sans nostalgie mais plein de ten-dresse pour les êtres humains, allant de la décou-verte des sources du Nil au mépris pour les Pyg-mées, en passant par les superstitions, l’assimilationmalicieuse de la culture dispensée par les prêtresblancs, la difficulté d’accéder aux livres, la valeurd’une vache ou le pouvoir des rois tutsis.C’est un regard triple qu’elle porte sur son pays.Le regard d’une Rwandaise sur la colonisation par lesAllemands puis les Belges, ses effets nocifs sur lesconflits ethniques, la contradiction entre tradition etassimilation des comportements des blancs, le racismeet le rôle de l’église omniprésente. Lorsqu’elle racontela peur, les humiliations, la violence des soldats hutusmais aussi la solidarité, c’est le regard d’une minorité

opprimée. Notre-Dame du Nil (prixRenaudot 2012) et La femme auxpieds nus décrivent avec retenue,émotion et précision cette période.Enfin, elle pose un regard defemme sur une société dont celle-ci est le pivot tout en n’ayant que peu de droits etbeaucoup de devoirs. Ce regard ne juge pas, il est làpour décrire un fonctionnement dans sa complexitéet excelle à décrire le quotidien, souvent avec humour.Ces trois regards s’expriment à travers un ton per-sonnel, simple, parfois inspiré du conte africain, tou-jours empreint d’amour pour son pays natal et d’unegrande force, celle des victimes pour lesquelles elleécrit. Ses récits sont dépourvus de haine. Ils regardentle passé mais veulent rendre l’avenir meilleur et,insensiblement, ils communiquent au lecteur l’envied’en savoir plus sur le Rwanda.Comme d’autres écrivains, tels Amadou HampatéBâ ou Joseph Boyden, elle accomplit son devoir demémoire avec un talent qui fait d’elle « l’ambassadricede la mémoire tutsi ». Le dernier chapitre du recueilraconte un cauchemar qui « obsède ses nuits », traduitla culpabilité du survivant et explique son sentimentde responsabilité vis-à-vis des morts, de ses morts. Sen-timent qui lui fait dire : « Je n’écris jamais en tantqu’individu, mais pour celles et ceux qui ne peuventle faire. Et cela dans une langue universelle, le fran-çais, simple et accessible à tous ». n C. Pillé• Ce que murmurent les collines, Scholastique Mukasonga,Gallimard, coll. Continents noirs.

L’ÂME DU RWANDA

Travail de mémoire

L’Écosse. Cette nation – qui n’estpas encore un État – est à la mode.Sa victoire électorale repose unefois encore la question de son indépen-dance. Elle a aussi ses chroniqueurs. Lepremier d’entre eux, William McIlvanneyet sa trilogie Laidlaw, du nom de soninspecteur de police. Étranges loyautésest un jeu dans les souvenirs et lamémoire pour se réapproprier le passépour comprendre la mort d’un frère. Uneplongée aussi vers les rêves fracassés dejeunes gens en quête d’un avenir différentdu passé de leurs aînés ; Laidlaw est unevisite dans les bas-fonds de Glasgow, sapègre et sa corruption ; Les papiers deTony Veitch conclut en présentant toutesles facettes de Glasgow et du libéralismethatchérien triomphant. L’inspecteur secontente de décrire toutes ces réalités.Elles lui donnent des haut-le-cœur. Enplus, il est perclus de doutes et d’étatsd’âme. Le paysage forcément a uneinfluence sur sa conduite, sur sa mélan-colie. Cet inspecteur est aussi un lettré, finconnaisseur de la littérature écossaise. Ilsait débuter une histoire. Ainsi « Glasgowun vendredi soir. La ville où l’on se dévi-sage »... Et tout est dit ou presque. Il est Écossais jusqu’au dernier bouton demanchette. Il n’a pas, de ce fait, vraimentd’équivalent dans la littérature « polar »

même si, visiblement, il a puisé dans lepuits des grands romanciers américains.Il fait penser à Dashiell Hammett mâtinéde David Goodis – le pessimisme, lamélancolie – et à... Shakespeare. Cetteréédition permet de se rendre comptede son influence sur les romanciers d’au-jourd’hui à commencer par Peter May.Ce dernier vient de publier Les fugueursde Glasgow qui reprend une des théma-tiques de McIlvanney, le passage dutemps, les illusions perdues, les idéaux dela jeunesse bafoués, oubliés. La mêmeville sert de paysage pour une balladedans le temps, des années 60 – cesfameuses sixties – à nos jours autour dela mémoire et du mensonge. Une sorte deplaidoyer pour un travail de mémoire.Peter May sait faire ces propositions,autour d’un cadavre évidemment, et nousles faire partager. n Nicolas Béniès• La pyramide de glace, J.-F. Parot, Grandsdétectives, 10/18 ; Étranges loyautés, Laid-law, Les papiers de Tony Veitch, WilliamMcIlvanney, traduit par Freddy Michalskipour le premier et par Jean Dusay pour lesdeux derniers, Rivages/Noir ; Les fugueurs deGlasgow, Peter May, traduit par Jean-RenéDastugue, Rouergue Noir.

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Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 37

Gérard Noiriel est de la trempe des grands histo-riens qu’étaient Marc Bloch, Jean-Pierre Vernantou Pierre Vidal-Naquet. Quand une question

secoue la société, il est du devoir de l’historien de sor-tir de sa tour d’ivoire scientifique et d’entrer dans ledébat. Qu’est-ce qu’une Nation ? apporte un nécessaireéclairage sur l’émotion suscitée en France par lesattentats de Charlie Hebdo, resituant dans une pers-pective historique les termes qui ont nourri le débataprès la mobilisation massive du 11 janvier. Reprenantla question formulée en 1882 par Ernest Renan, l’au-teur revient sur l’histoire du concept de Nation, puismontre le glissement progressif qui s’est produit dansle discours – notamment politique – français. La réfé-rence à l’idée de République s’est peu à peu substituéeà l’évocation de l’idée deNation, jugée menaçante auregard des nationalismes duXXe siècle. Un phénomèneillustré selon l’auteur par lesmobilisations de janvier et lesexpressions qui ont fleuri àcette occasion : « “Je suisCharlie” a été avancé commeun slogan visant à exalter nonpas l’unité nationale, mais lesvaleurs républicaines. Le“nous, Français” a été rem-placé par le “nous, Républi-cains” ».Gérard Noiriel met en garde. Par un usage excessif deces termes, il y a un risque d’opposer de façon binairela République, être fictif collectif, à l’ennemi – en l’oc-currence l’islamisme radical. Les commentaires una-nimement centrés sur la défense de la Républiquecréent l’illusion d’un consensus national et d’une

société homogène, en mas-quant la réalité des clivageset la multiplicité des réfé-rences identitaires. Cettetendance à la généralisationréduit l’identité des per-sonnes à une seule de leurscomposantes. Elle a été à lasource du racisme et de l’an-tisémitisme depuis le XIXe siècle. Noiriel analyseainsi de nombreux faits historiques qui nous éclairent,des lois sur la nationalité de 1889 aux glissementsrécurrents de la droite française à réactiver le discoursnational sécuritaire à chaque fois que la gauche arriveau pouvoir...

Les éclairages et les mises en garde de Gérard Noirielne visent pas à clouer au pilori les manifestants du11 janvier. Il défend une autre tradition républicaineen plaidant pour que la connaissance historique serveà l’émancipation des citoyens. n Stéphane Rio• Qu’est-ce qu’une nation, Gérard Noiriel, Bayard, 2015.

Le temps de vivreBrunehaut exerce un pouvoirabsolu sur son royaume : unappartement au 4e étage, troisfilles et son petit dernier, Jonas.Entre ses quatre enfants et sonmétier d’infirmière, elle mèneune vie trépidante qui la fatigue etstresse sa famille. Jonas a un atout, satortue Amalia. Amalia communique salenteur à son entourage proche ; à soncontact, on perd la notion du temps, onrêve, on oublie les corvées domestiqueset on peut même tomber amoureux. Pourque sa mère puisse enfin souffler, Jonasprend le risque d’enfermer Amalia danssa chambre.Un adorable petit roman qui nous auto-rise à nous octroyer du temps, à lâcherprise et à ne rien faire si on en a envie.Et qui nous rappelle que nos enfants ontaussi besoin de ce temps ! C. P.• Rien ne presse Majesté ! Pascal Prévot, Éditions du Rouergue, 76 p.

FOR THE KIDS

NOS COLLÈGUES PUBLIENT� LE DOUTE NÉCESSAIRELe jeune séminariste a posé unequestion. Il est donc condamnépar le Conseil des Anciens à unpériple à travers les hauts pla-teaux, à la rencontre de troisermites installés dans les lieuxsaints de l’Église chrétienne d’É-thiopie. L’occasion d’une réflexion pro-fonde sur le doute et la foi. L’auteur,grand voyageur, fait partager les beautésdes paysages et permet de découvrirdes civilisations mal connues où lesmythes, les songes, les croyances etautres totems ont un rôle capital. Sonécriture flamboyante rend sensible lasolitude et le destin hors norme des deuxprotagonistes. On regrettera que l’au-teur n’ait pas plus approfondi la relationentre les deux jeunes gens. S. Chardon• Éthiopiques, Christophe Bagonneau, L’Amou -rier, 138 p.

Passionné de musique, Abdallah Kamanja vit dansle Beyrouth d’avant-guerre. « Abdallah poursuivaitun rêve... arriver à jouer sur son piano les mélodies

qui se bousculaient dans sa tête. » Sur le clavier d’unpiano droit l’intervalle minimal entre deux touches estd’un demi-ton, alors que dans la musique orientale l’in-tervalle est d’un quart de ton. Après dix ans passés àdémonter et à remonter son piano en quête d’une solu-tion mécanique, l’ingénieux mélomane trouve l’astuce :utiliser la pédale de sourdine afin de décaler toutes lescordes d’un quart de ton. Après le pianocktail de BorisVian, le piano bilingue voit le jour au Liban. Un facteurde pianos autrichien est très intéressé par cet instru-ment hybride entre Orient et Occident. Et voilà Abdal-lah parti pour Vienne en compagnie de son ami Victor !Hélas, l’instrument n’a pas le succès escompté : en1975 la guerre arrive au Liban, les relations commer-ciales sont gelées et Abdallah meurt. Une histoire librement inspirée de la vie d’AbdallahChahine, arrière-grand-père de Zeina Abirached. Àpeu près inconnue jusqu’alors, la jeune femme a étérévélée par son premier long récit, Le jeu des hirondelles(éditions Cambourakis). Je me souviens Beyrouth etBeyrouth, Catharsis retracent des épisodes de sa jeu-nesse pendant la guerre civile. Installée en Francedepuis dix ans, Zeina a réalisé le rêve de son grand-père,ex-fonctionnaire de la République pendant le mandatfrançais. Au fil des ans, l’inspiration a évolué et

Le Piano Oriental apparaîtcomme un livre apaisé, uneréflexion sur le lien entrelangues et cultures. À l’aventure romancéed’Abdallah se mêle l’histoirede la dessinatrice, partagéeentre Paris et Beyrouth. Enexergue, une citation dupoète palestinien Mahmoud Darwich éclaire l’œuvre :« Qui suis-je ? C’est une question que les autres posent.Moi, je suis ma langue ». Nouvelle résidente en France,Zeina réalise que certains sentiments, certaines émotionsou certaines formules de politesse n’existent qu’enarabe et d’autres uniquement en français. Ces réflexionssont traduites dans un style plein d’inventivité qui mêlegraphisme et dessin. Le jeu des motifs répétés commeles tapis orientaux de l’enfance et la luminosité du noiret blanc créent une atmosphère onirique inspirée de l’Ascension du Haut-Mal de David B. Cette sourceartistique, la dessinatrice la partage avec MarjaneSatrapi, l’auteur de Persépolis. Toutes deux évoquenten effet le Moyen-Orient, la guerre, la double culture.Mais si le point de vue de Marjane Satrapi est plus poli-tique, plus historique, Zeina Abirached aborde lesmêmes thèmes à travers la vie familiale et intime. n

Stéphanie Marco• Le Piano Oriental, Zeina Abirached, Casterman, 2015.

Penser le 11 janvier

Le coin de la BD Le piano bilingue

« Qui sommes-nous vraiment, nous qui avons affiché une telle déter-mination dans le refus de la violence aveugle et notre foi dans la Répu-blique le 11 janvier dernier ? »Emmanuel Todd entre aussi dans le débat Charlie avec passion. Le démo-graphe mobilise la cartographie et la sociologie pour démontrer que lesvaleurs immergées qui ont poussé des millions de Français dans les ruesétaient loin des valeurs libérales et républicaines revendiquées, mais bien

plutôt du côté du conservatisme et de la domination. Alors que ses démonstrations sont le plussouvent très stimulantes, il est dommage qu’ E. Todd tombe trop souvent dans des jugements péremp-toires qui affaiblissent sa thèse. Le but de Todd est, pourtant, salvateur : rendre possible l’avène-ment d’une véritable République qui ne maltraiterait pas sa jeunesse et ne rejetterait pas à la péri-phérie géographique et sociale les enfants d’immigrés et les classes populaires. S. R.• Qui est Charlie ? Emmanuel Todd, Le Seuil, 2015

Guerre des Boutons ? Une fausse vraie biographieHistoire d’un amour est sous-titréLe roman de Pergaud pour bienpréciser le double objet de celivre. Un hommage à l’auteur de laGuerre des Boutons mort le 8 avril1915 à Verdun, à 33 ans, et à sacompagne, Delphine, qui prend laparole pour dire ses angoisses commeson amour pour Louis. Elle parle aussides manuscrits qui restent à publierpour ce prix Goncourt 1910 – c’estGoupil et Margot qui fut couronné –, deses discussions avec les amis de Louis,de ses admirateurs. Dominique Gros asu, avec intelligence, donner vie àcette relation. La voix d’une femme estplus distancée que celle d’un homme.Parce qu’elle n’accepte pas. Sa révolteest sensible. Elle ouvre une autre com-préhension de l’œuvre de Pergaud.Une incitation à (re)lire cet auteur unpeu oublié aujourd’hui. N. B.• Histoire d’un amour, D. Gros, Le VentQui Passe éditions.

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CINÉMARire d’un constat social

Ses 20 ans sont un atout autantqu’un handicap pour Antoinequi hésite sur la suite à donnerà sa vie. En attendant deprendre les décisions qui s’im-posent mais qui tardent à sepréciser, il décide, un soir d’hi-

ver, d’aller voir la mer. Lorsqu’il seprésente au guichet de la gare, le der-nier train vient de partir et... il n’avaitpas les euros nécessaires à l’achat dubillet. Il a devant lui toute une nuitpour réunir la somme.Cette pochade prend au fur et à mesuredu récit une consistance inattendue.Quand je ne dors pas fait écho à uneactualité qui met les jeunes gens face àdes difficultés économiques et lescontraint à entrer dans le domaine de la« débrouille » jusqu’à l’illégalité.Le film garde toute l’apparence de lacomédie et laisse à son personnage sacandeur. Il se teinte de gravité et, sansen avoir l’air, devient un vrai constatsocial, sans être démonstratif. Il pro-cède par touches légères et devient,avec l’efficacité d’une œuvre person-nelle, un témoignage sur le monde desjeunes d’aujourd’hui. Tommy Weber filme avec son charme, sapoésie et sa cruauté, le Paris nocturne del’errance. À ne pas manquer ! n F. D.• Quand je ne dors pas, un film de TommyWeber (France).

RADIOLa Fabrique de l’HistoireSur les ondes depuis dix ans, cette véri-table institution met en débat des enjeuxd’histoire et de mémoire. L’émissiondu lundi donne la parole à deux cher-cheurs, le premier traitant d’un fait d’ac-tualité dans sa dimension historique, lesecond annonçant le thème de lasemaine et les problèmes théoriquesqu’il pose. Viennent ensuite : le docu-mentaire (mardi), les archives com-mentées (mercredi), et enfin le débat(jeudi). Aborder des sujets variés à par-

tir de formes d’étude et de perspectivesplurielles, tel est l’objectif de ce pro-gramme qui réussit à restituer l’épaisseurscientifique d’une question historique etde ses ressorts actuels. n

Grégory Bekhtari • France Culture, du lundi au vendredi de9 h 06 à 10 heures, animé par EmmanuelLaurentin.

SÉRIELiberté et informatiqueLes années 80 ont vunaître et se développerl’informatique familiale.S’inspirant de la réalité,la série montre commentquelques informaticiensgéniaux ont offert à unlarge public de nouveaux moyens decommuniquer pour un prix abordable. Àla barbe des grandes compagnies avidesde récupérer leurs inventions. Deux por-traits de femmes différentes et com -plémentaires donnent de l’épaisseur àune série qui ne sombre jamais dans lejargon informatique. n C. Pillé• Halt and catch fire, production indépen-dante, C. Cantwell et C. Rogers, 2014, DVD.

MUSIQUE• CLASSIQUEPanorama historico-baroque

Avec Guerre et paixdans l’Europe duBaroque, Jordi Savallnous offre un nou-veau livre CD danslequel il évoque

musicalement le Grand Siècle, depuisl’attaque des Ottomans contre les Hon-grois en 1613, jusqu’à la Paix d’Utrechten 1714. En contrepoint d’un ensembled’événements historiques sont inter-prétées diverses œuvres baroques : desromances et des prières anonymes, maisaussi des œuvres de Lully, Biber, Char-pentier, Schein... Toutes les nations bel-ligérantes étant présentées, de la Franceet l’Angleterre jusqu’à l’Empire Otto-man, en passant par l’Espagne et l’Ita-

lie. Savall nous offre un riche pano-rama de la musique baroque, en mêmetemps qu’un panorama historique duXVIIe siècle. On appréciera le livreaccompagnant ce double CD : les texteset les illustrations l’accompagnant éclai-rent le travail de Savall. Comme tou-jours chez lui, les interprétations sontflamboyantes et la prise de son d’unegrande qualité. n Nicolas Morvan• Guerre et paix, chez AliaVox. La CapellaReial de Catalunya, Le Concert des Nations,Hespèrion XXI, direction Jordi Savall.• JAZZEn automne, les festivalsde jazz fleurissentLe soleil, on le sait, secouche à l’Ouest et laBretagne est aux pre-mières loges. Penn ArJazz, membre du Syn-dicat des musiquesactuelles (SMA) orga-nise pour la 12e annéeson Atlantique Jazz Festival qui sedéploie de Brest à Quimperlé. Chicagoest la ville de référence du jazz et elle setransporte en Bretagne pour fêter les 50ans de l’AACM, une association quiveut promouvoir la créativité des musi-cien(ne)s. La scène est en train de chan-ger. Le label « RogueArt », sous l’im-pulsion de Alexandre Pierrepont, permetde suivre les créations de ces jeunesmusicien(ne)s. Une nouvelle version dela conquête de l’Ouest...29 ans désormais queva exister le festivalTourcoing Jazz pourune programmationqui fait la part belle àla fois aux groupes dejazz français et auxnouveaux venus de lascène du jazz comme Snarky Puppy ouHugh Colman, ainsi qu’aux têtes d’af-fiche comme Manu Katché ou Lee

Konitz, sans oublier leblues de John Mayallou d’Otis Taylor. 29e édition aussi pourle D’Jazz Nevers Fes-

tival. Les musicien(ne)s dejazz français sont ici bienmis en valeur même si les« vedettes » s’appellentJack DeJohnette (avec RaviColtrane), Enrico Rava,John Scofield en compa-gnie de Joe Lovano. Uneprogrammation promet-teuse pleine de surprises etde découvertes.Jazz au fil de l’Oise fête, lui, son 20e

anniversaire, un bel âge. StéphaneKérecki viendra, tout comme HenriTexier, de Nevers pour se produire dansles villes du Val-d’Oise qui s’ouvrirontaussi aux Big bands de Laurent Mignardet de Michel Pastre pour un hommageconjoint à Duke Ellington et CountBasie. Comme souvent désormais, lesmusiques dites du monde seront pré-sentes. Il ne faudra par rater le Sacre duTympan ou Renaud Garcia-Fons ou Avishai Cohen... n Nicolas Béniès• Atlantique Jazz Festival, du 2 au 18/10,rens. 02 29 00 40 01, www.penn-ar-jazz.com ;Tourcoing Jazz Festival, du 10 au 18/10,www.tourcoing-jazz-festival.com ; D’JazzNevers Festival, du 6 au 14/11 rens. 03 86 5700 00, www.djazznevers.com ; Jazz au fil del’Oise, du 6/11 au 13/12, rens. 01 34 48 45 03,www.jafo95.com.• MUSIQUES

DU MONDEPour la 16e édition du Fes-tival villes des musiques dumonde, la Seine-Saint-Denis se transforme en« Andalouses » pour unerencontre de cultures. Les musiquesandalouses proviennent de plusieurssources. Elles sont à la fois judéo-espa-gnole, arabo-andalouse, gitane pour fairela démonstration que le créer ensembleest la seule façon de nourrir les cultures.Sinon, elles disparaîtraient. C’est uneleçon d’espoir dans un monde en train debasculer. n N. B.• Les Andalouses, bals, concerts, ateliers,repas, croisière musicale... Seine-Saint-Denis,Paris, Andalousie, du 10/10 au 8/11, rens.01 48 36 34 02, www.villesdesmusiquesdumonde.com.

CULTURE Cinéma/Théât re/Spectac leBROOKLYN, UN FILM DE PASCAL TESSAUD (FRANCE)

Énergique, singulier et rafraîchissantC

oralie, une jeune rappeuse de 20 ans qui se produitdans un circuit confidentiel sous le nom de Brook-lyn, quitte son pays pour venir s’installer en ban-

lieue parisienne. Elle trouve un logis chez Odette, uneretraitée généreuse et bougonne, et un job dans une asso-ciation musicale de Saint-Denis. Au cours d’une soiréeSlam, elle est poussée à se produire sur scène, encou-ragée par un animateur qui croit en son talent.D’abord hésitante, sa prestation improvisée retient l’at-tention d’un public de connaisseurs avant de rempor-ter un franc succès. Issa, un jeune rappeur, étoile mon-tante de la ville est séduit par la jeune fille... Brooklyn,que Pascal Tessaud a réalisé « à l’arrache » avec très peu

de moyens n’est surtout pas, comme on pourrait lepenser à la lecture du résumé, un film de plus sur labanlieue. Brooklyn est un film sincère, rafraîchissant,bourré d’énergie, optimiste et sans complaisance.L’interprétation, assurée par des non-profession-nels pour la plupart – on note cependant la pré-sence réjouissante de Liliane Rovère –, est magni-fique. Monté avec les moyens du bord, Brooklyn estpleinement « cinématographique », une œuvre abou-tie qui échappe aux stéréotypes.Cette pépite qui débarque sur les écrans doit trouverson public et faire reconnaître sa singularité. n

Francis Dubois

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Dans les résolutions de rentrée, il pourrait yavoir : aller plus souvent au théâtre et yemmener les élèves. Un des moyens de leur

faire découvrir des textes classiques dans desmises en scène qui les marqueront. En outre, ilsdécouvriront que le théâtre est un reflet de lasociété qui permet de mieux la comprendre etd’en dénoncer les failles.Quelques pièces correspondent à ces objectifs.Jouées à Paris, elles tournent aussi, pour cer-taines, en Région. Au Théâtre de la Colline, Sté-phane Braunschweig propose une très belle miseen scène des Géants de la montagne de Piran-dello. Une pièce sur la difficulté de donner saplace à l’art dans une société qui priorise lesvaleurs matérielles, le sport et le spectacle. Piran-dello intéresse aussi Marie-José Malis, qui met-tra en scène au Théâtre de la Commune d’Au-bervilliers La volupté de l’honneur et On ne saitcomment. Questionner nos sociétés ? De nombreux théâtresont choisi des spectacles qui vont dans ce sens. Lethéâtre du Rond-Point reprend Chapitres de lachute, la saga des Lehman Brothers, qui contel’ascension et la chute d’une famille de banquiersbien connue, sur fond de spéculation et de crisefinancière. À la Colline, Christian Schiaretti va

mettre en scène un nouveau texte de MichelVinaver, Bettencourt boulevard. Vinaver troquela plongée dans le monde de l’entreprise qu’ilavait faite dans Par-dessus bord pour une affaireoù se mêlent de façon sordide l’argent, la passionet la politique. Au Théâtre 71 de Malakoff, Anne-Laure Liégeois s’empare, dans Les époux, del’histoire du couple Ceausescu, l’un des plustyranniques du bloc soviétique. La pièce serajouée aussi au Théâtre de Bourgogne, dont lasaison commencera par un texte de FrançoisBegaudeau sur le sens de notre devise nationaleet sur ce qu’il en reste aujourd’hui. Au Monfort,à Paris, Cyril Teste met en scène Nobody, unepièce de Falk Richter sur les dérives managérialeset la déshumanisation du travail. Sans oublier denombreuses pièces passionnantes dans les petitsthéâtres, comme Noire à la Manufacture desAbbesses où, avec humour et passion, une comé-dienne, seule en scène, s’interroge sur son iden-tité de « Noire » dans une société de Blancs.Terminons cette liste par Jean Bellorini quireprend au théâtre Gérard Philipe de Saint-DenisTempête sous un crâne, une adaptation des Misé-rables, avec de jeunes acteurs remarquables, dela musique, de l’émotion, de quoi vous enchan-ter ainsi que vos élèves. nMicheline Rousselet

Quoi de neuf au théâtre ?

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Revenir à Boby !Caroline Fédi vient de Péze-nas. Pour une jeune musi-cienne et chanteuse profes-sionnelle, la référence à BobyLapointe s’impose. Elle en revi-site les mélodies et joue avecles mots dans un spectacleplein d’humour et de surprises – Caroline Trio –qu’elle promène de ville en ville en s’accompa-gnant de son accordéon et de deux musiciensaussi talentueux. Elle fait résonner une grandediversité vocale et instrumentale. Aux œuvresde Boby, elle ajoute, dans une tonalité festiveet joyeuse, ses propres chansons ainsi que desinterprétations d’autres grands artistes commeBrassens, Trenet, Renaud, Les Ogres de Barback.Et même un clin d’œil musical à Jean Ferratpour les connaisseurs... Toujours chaleureuse etsouriante, même en faisant vivre des textesgraves dont celui d’Allain Leprest consacré auxSDF, Caroline sait admirablement établir très viteune grande communication avec le public. Elledébuta en première partie de Paco Ibanez, deGilbert Lafaille, a parcouru de nombreux festi-vals et a réalisé deux albums. P. L. • Elle sera à Paris 15e, au parc Brassens, dimanche 11/10à 17 h 15, pour un concert gratuit dans le cadre des« Journées Brassens » ; à Vianne (47) dimanche 18/10à 12 heures au Festival Georjacléo ; à Montblanc (34) auxAnartistes, samedi 24/10 à 20 h 30. D’autres rensei-gnements sur www.carolinetrio.com.

Tradition et modernité à La RéunionLe trio René Lacaille èk Mar-maille réunit la fa mille del’accordéoniste-chanteur etici guitariste pour une visitedansante de la traditioncréole. Gatir est le titre dece nouvel album. Il signifie lacorde qui sert à lier les poissons, les feuillesqu’on ramasse dans les champs pour faire lebouillon ainsi que les gousses de vanille, soitun mot-valise qui ressemble au terme gumboen usage à la Nouvelle-Orléans. Oriane Lacaillese partage entre ukulélé et percussions, MarcoLacaille entre guitare basse et percussions pourconstruire une musique originale, à partir de latradition pour nous faire rentrer dans une formede la modernité. Nicolas Béniès• Gatir, René Lacaille èk Marmaille, L’Autre Distribution,en concert le 29/10 au studio de l’Hermitage, Paris 20e.

L’US : Comment les centres d’art permet-tent-ils l’accès des publics scolaires à l’artcontemporain ?Les centres d’art contemporain sont des lieuxd’exposition et de production d’œuvres signi-ficatives de la création contemporaine, quientretiennent des liens privilégiés avec l’ex-périmentation et la recherche artistique. Ilsont pour mission d’accueillir tous les publicspermettant ainsi la meilleure rencontre possibleavec les œuvres exposées. À cette fin, lescentres d’art contemporain sont porteurs d’unemission éducative, qui se traduit par la pro-grammation régulière d’actions de sensibili-sation et de formation, notamment dans lecadre de la coopération avec le ministèrechargé de l’Éducation nationale. Cherchant àfavoriser l’expérience sensible et la connais-sance des œuvres, ils conçoivent différentstypes d’actions et outils qui facilitent l’accèsaux repères historiques et esthétiques à partirdesquels se développe l’art contemporain. Tra-vaillant en étroite collaboration avec les artistes,ils élaborent avec eux des projets artistiques quipeuvent intégrer une dimension éducative.Plus spécifiquement, les centres d’art contem-porain développent des liens avec le monde sco-laire par la formation des enseignants (rendez-vous, dossiers documentaires, intervention lorsde formation, collaboration avec les conseillerspédagogiques en arts visuels). Des séancesspécifiques sont proposées aux enseignants dupremier et second degré pour chaque exposi-tion. Ces séances d’informations sont organi-sées afin de cerner les problématiques soulevéespar l’artiste et ainsi recontextualiser sa pra-tique dans le champ de l’art contemporain, etprésenter des pistes pédagogiques.En outre, les équipes des centres d’art contem-porain se déplacent dans les écoles, les uni-

versités et les écoles d’art afin de présenter lesmissions d’un centre d’art contemporain, deproposer des conférences ou des échanges.L’US : Qu’est-ce que d.c.a, l’association fran-çaise de développement des centres d’art ?d.c.a est un réseau national qui rassemble49 centres d’art contemporain répartis surl’ensemble du territoire français. Actuelle-ment, les centres d’art contemporain membresde d.c.a sont présents dans 18 Régions et 38départements. Depuis sa création en 1992,d.c.a est l’interlocuteur professionnel fédéra-teur des centres d’art auprès du ministère dela Culture et de la Communication et contri-bue à accroître la visibilité des centres d’art,par une série d’actions concrètes et de projetscommuns : échanges artistiques et profes-sionnels qui prennent la forme de diversescollaborations, coproductions, coéditions, par-tenariats nationaux et internationaux. À travers son action, le réseau d.c.a révèle lemaillage des centres d’art contemporain surl’ensemble du territoire et s’applique aujour-d’hui à renforcer cet ancrage territorial, qu’ilsoit urbain, périurbain ou rural. n

Propos recueillis par Sylvie Chardon• d.c.a est une association loi 1901 subventionnéepar le ministère de la Culture et de la Communi-cation et la Région Île-de-France, www.dca-art.com. Pour vous inscrire à la newsletter ded.c.a : [email protected].

LIZA SZLEZYNGER, secrétaire générale de d.c.ad.c.a, vous avez dit d.c.a ?

L’actualité culturelle

www.snes.eduChaque semaine, de nombreux nouveaux articlescomplètent ces pages sur www.snes.edu/-Culture-.html. Une dizaine de rubriques à suivre pour faireconnaître des œuvres rarement évoquées par lesgrands médias. Particulièrement dans l’actualitéthéâtrale, plastique, musicale – sans oublier lejazz – et cinématographique (cinq à six films présentés chaque semaine). Des avant-premières,rencontres-débats comme pour la sortie en octobrede Fatima, film de Philippe Faucon, librement adaptédes deux ouvrages de Fatima Elayoubi Prière à lalune et Enfin je peux marcher seule, utile en cestemps de rejets xénophobes où tant de gouvernantsont oublié, en Europe, le «  devoir de fraternité  » inscrit dans la DUDH que leurs États ont signéen 1946. Également accessible la liste de la cen-taine de lieux culturels et festivals partenaires« Réduc’ SNES » (tarif réduit sur réservation et présentation de la carte SNES) dans toute la France...Continuez à nous informer des créations, lieux oufestivals que vous appréciez et que vous souhai-teriez partenaires... [email protected]

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une ville du sud, non seulement d’Italiemais du monde. Sa dureté, sa maigretendresse s’est tatouée intérieurementen moi et moi seul en reconnais le pointillétracé par les aiguilles. Elle m’a donnésa langue maternelle, son dialecte vifet querelleur, bon pour communiquerau milieu d’une foule. Aujourd’hui je ne sais pas, mais lorsquej’y suis né, elle avait la plus forte densitéde population d’Europe. L’italien est madeuxième langue, enseignée par mon pèrequi l’exigeait pour parler avec lui. Je viensdonc de Naples, extrait de son couloirde lancement comme la bille du flipper.

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ENTRETIEN ERRI DE LUCA

L’US : Histoire d’Irène est une fabledans laquelle la Méditerranée aune place centrale. Quel est votrerapport à cette mer et aux territoiresqui l’entourent ?Erri de Luca : Je suis un citoyende la Méditerranée. Je suis néà un croisement de lignes, dansune ville fondée par les Grecssous le nom de Neapolis,gouvernée pendant des siècles parles Espagnols, mais aussi par lesFrançais, les Normands et lesByzantins, et en dernier par lesAméricains qui avaient déclaréNaples capitale de l’OTAN dansla Méditerranée. J’ai grandi aubord de la mer où je passais troismois par an sur l’île d’Ischia.Là seulement, sous la pressiondu soleil, mes centimètresaugmentaient, alors qu’en ville,à l’ombre des ruelles, ma taille neprenait pas un millimètre. J’avaisbesoin d’irradiation, commeun petit arbre. Nous de laMéditerranée, nous venons d’uncroisement dense de peuples,de lignées, d’un mélange de sangs.J’aimerais connaître, grâce à unprélèvement, non pas mon tauxde glycémie et de cholestérol,mais les noms des peuples dontje descends. Quelle part dePhénicien, de Souabe, de Grec,de Slave, de Juif, de Catalan, dePortugais et d’autre humanité de passagecircule dans mes artères.

L’US : Naples, votre ville natale, est aussitrès importante dans votre œuvre. Pourquoi ?E. de L. : Je dois à ce lieu l’origine demes sentiments de compassion, de colère,de honte, de justice. Mon système nerveuxs’est accordé sur la tension réclamée parcet endroit et par ce temps-là. Toutes lesfamilles avaient des émigrés sur d’autrescontinents, toutes les familles avaient desdeuils d’enfants. Autour de moi, le travailcommençait à cinq ans, moi j’avais lachance criante de pouvoir étudier. C’était

Naples n’a pas été une ville mèrepour moi, mais une ville causeet je suis un de ses effets quia roulé loin.

L’US : Irène est une jeune femmerejetée par les habitants de son îlegrecque et qui est recueillie parle monde marin. Nous pensonsà la tragédie des migrants qui parmilliers meurent en Méditerranée.E. de L. : Je suis allé souvent àLampedusa ces dernières années,là où l’Europe avait à son insu laprincipale porte d’entrée du Sud.J’ai connu les pêcheurs quisabotaient une loi infâme lescondamnant pour immigrationclandestine s’ils sauvaient desnaufragés, s’exposant aussi à lasaisie de leur bateau. Ils sauvaientquand même, parce qu’il n’existepas de loi ni de fausse légalitécapable de supprimer le sentimentde justice. Nous citoyens de laMéditerranée, nous avons apprisà reconnaître nos frères, nonseulement ceux qui sont nés surdes rivages communs, mais aussitous ceux qui sont venus mourirdans nos vagues en tentant defrapper à nos portes. Les Latinsappellent cette mer MareNostrum. Aucune autre mer n’aété appelée d’un plus beau nom :la nôtre, à tous.

L’US : Quel lien faites-vous entreengagement et écriture  ?E. de L. : Je ne me définis pas commequelqu’un d’engagé, mais quelqu’un quiprend de temps en temps des engagementsimpossibles à ignorer. Certaines erreursme secouent par le col de ma veste et meforcent à répondre. C’est le cas du procèsque je suis en train de subir à Turinpour avoir déclaré que la soi-disant ligneà grande vitesse Lyon/Turin doit êtresabotée. Il est faux de dire qu’elle est àgrande vitesse : elle économiserait moinsd’une heure sur la ligne existante, qui

« Je suis un citoyen écrivain »Auteur italien parmi les plus lus dans le monde, Erri de Luca a notamment reçu le prix Femina

avec Montedidio en 2002. Il est aujourd’hui poursuivi en justice pour avoir soutenule mouvement No Tav, qui s’oppose à la construction de la ligne à « grande vitesse » Lyon-Turin.

Il vient de sortir cette année deux ouvrages. Histoire d’Irène raconte la vied’une jeune femme vivant sur une île grecque qui passe ses nuits à nager avec les dauphins.

Dans La parole contraire, il revient sur les accusations qui sont portéescontre lui et il affirme son droit à la «  parole contraire ».

« Nous, citoyens de la Méditerranée, nousavons appris à reconnaître comme nos frères

tous ceux qui sont venus mourir dans nosvagues en tentant de frapper à nos portes »

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circule aux deux tiers vide de toute façon.J’ai pris la défense d’une communauté enlutte depuis plus de vingt ans et qui, par saténacité et son unité, est parvenuejusqu’ici à gêner, retarder, entraver, doncà saboter cette entreprise inutile ettoxique. Je donne cet exemple parce quej’ai agi avant tout en tant que citoyen àleurs côtés et puis en tant qu’écrivain,quelqu’un qui bénéficie d’une petiteécoute publique et qui peut donc aiderdans la communication. Je ne suis pas unporte-parole, mais une antenne capable derenvoyer leur signal plus loin. En tantqu’écrivain, j’ai besoin de partagerphysiquement une bonne raison pourla soutenir. Je suis un citoyen écrivain.

L’US : La parole contraire est une réponseà la justice italienne qui vous poursuit carvous soutenez le mouvement No Tav quis’oppose à la construction de la ligne à grandevitesse du val de Suse. Pour vous ce qui esten jeu c’est le droit à la «  parole contraire ».Pouvez-vous nous l’expliquer  ?E. de L. : Je suis mis en examen pourinstigation à commettre des délits, parun article du code fasciste de 1930 jamaisutilisé auparavant pour un écrivain, quiconcerne le délit d’opinion contraire. J’aiemployé le verbe saboter que je considèrenoble puisqu’il a été prononcé par denobles personnalités comme Gandhi etMandela, avec d’énormes résultats

politiques. Je le considère démocratiqueparce qu’il appartient aux luttesdu mouvement ouvrier dont j’ai fait partiependant vingt ans. Une grève est unsabotage de la production. J’ai prisl’exemple des cisailles, qui ont servià couper un grillage de clôtured’un chantier, en donnant mon soutienoral à un acte évidemment symbolique.Avec le 21 septembre, débuteront lesaudiences finales qui se terminerontpar le jugement. Le délit prévoit unecondamnation d’un à cinq ans de prison.J’ai écrit La parole contraire pourm’opposer à la volonté de censure,en expliquant mes raisons. Je seraisdans la salle même si je n’étais pasl’écrivain inculpé, car c’est là quese décide le degré de libertéd’expression de mon pays.

L’US : Vos écrits et votre viesont marqués par le travail ouvrier,l’engagement politique et la lecturedes textes sacrés. Quels liens faites-vous entre tout cela  ?E. de L. : Ces activités se sont entremêléestoutes seules au cours de ma vie. Elles neviennent pas d’un projet, mais de ce que letemps m’a mis entre les mains. J’aiescaladé bien des prises, j’ai feuilleté biendes pages, en apprenant d’autres langues,

« J’ai écrit La parole contraire pour m’opposer à la volonté de censure, en expliquant mes raisons »

ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUESErri de Luca (de son vrai nom Henry de Luca)est né à Naples en 1950 dans une familled’extraction bourgeoise ruinée par la guerre.Il grandit dans le quartier populaire de Mon-tedidio, jusqu’à ce que, les affaires reprenant,sa famille s’installe dans un quartier rési-dentiel plus huppé. En 1969, venu à Romeavec son bac en poche, son activisme contrela guerre du Vietnam le pousse à changer deprénom. Il entre alors dans le mouvement degauche radicale Lotta Continua et en devientun des dirigeants jusqu’à la dissolution dugroupe, prononcée en 1977. En 1978, ildevient ouvrier chez Fiat où il participe àde nombreux mouvements sociaux. Contraintà fuir son pays en raison de la promulgationde lois d’urgence, il trouve refuge en Franceau début des années 1980 et travaille surdes chantiers en banlieue parisienne. Rentréen Italie, il continue à partager le quotidiendes travailleurs, tout en profitant de sesrares plages de loisirs pour devenir un alpi-niste chevronné, pour s’engager dans l’actionhumanitaire (en Tanzanie, puis en Bosnie),mais surtout pour écrire. D’abord pour lui,puis pour les autres. Devenu dès les années1990 un auteur à succès, Erri de Luca sesent proche aujourd’hui du mouvement alter-mondialiste.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVEDepuis 1989, l’œuvre d’Erri de Luca

est immense. Nous indiquons certains de ses livres traduits en français.

• Une fois, un jour, Verdier, 1992• En haut à gauche, Rivages

Nouvelles Gallimard, 2012,Collection Folio (n° 5491), 1996

• Trois chevaux, Gallimard, 2001,Prix Bataillon

• Montedidio, Gallimard, 2002,Prix Femina étranger

• Œuvre sur l’eau, Gallimard et Seghers(édition bilingue), 2002 (poésie)

• Noyau d’olive, Gallimard, 2004, vingt-six réflexions sur l’Ancien et le Nouveau Testament

• Sur la trace de Nives, Gallimard, 2006• Au nom de la mère, Gallimard, 2006• Le Poids du papillon, Gallimard, 2011• Aller simple, Gallimard, 2012 (poésie)• Les poissons ne ferment pas les yeux,

Gallimard, 2013• Le tort du soldat, Gallimard, 2014, Prix

Jean-Monnet de littérature européenne• Histoire d’Irène, Gallimard, 2015• La parole contraire, Gallimard, 2015

j’ai empoigné bien des outils de travail. Etj’y ai trouvé de quoi vivre et de quoi meréjouir. n

Entretien réalisé par Stéphane Rio,traduit de l’italien par Danièle Valin

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INTERNATIONALFAIT PEU COMMUN AU QUÉBEC, les assemblées générales viennent d’adopter des mandats de grève. C’est le signe de l’exaspération des enseignants.

Québec : vers la grève à l’automne

LES ENSEIGNANTS DU PREMIER ET DU SECOND DEGRÉ mènent la lutte pour leurs conditions de rémunération. Avec des fortunes diverses pour le moment.

Tunisie : bras de ferpour les salaires

COP 21i

Sommet syndicalpour le climatLe sommet syndical organisépar la CSI sur le climat arassemblé à Paris le 5 septembreplus de 250 dirigeants de toutela planète. Il a lancé un appelaux gouvernements à réintégrer lanotion de « transition juste » qui aété supprimée du projet d’accordet à investir dans le potentield’emplois et dans l’action liéeau climat. La secrétaire généralede la FSU a participé aux travauxde ce sommet.

Finlandei

Grèvecontre l’austéritéLe 18 septembre, les syndicatsont appelé à une grève pourprotester contre le projetgouvernemental de remettreen cause des acquis sociaux dansle secteur public comme danscelui du privé : droits denégociation, durée des congés,etc. À cela s’ajoutent des coupesbudgétaires dans la santé,l’éducation et la recherche. Succèsen termes de mobilisation avec30 000 manifestants à Helsinki.Du jamais vu depuis 20 ans !

Chiffrei

13,4 millionsC’est le nombre d’enfants duMoyen Orient et d’Afrique du Nordnon scolarisés en raison desconflits qui secouent ces régions.

Rapport de l’UNICEF de septembre

Au Québec, ce sont des conventions collectivesqui encadrent les conditions de travail des per-sonnels de l’Éducation, de la santé, des ser-

vices sociaux... La convention adop-tée il y a cinq ans a expiré le 31 mars.Un processus de négociations a com-mencé avant même cette échéance,et s’est poursuivi tout le printemps.À la fois pour l’ensemble de la fonc-tion publique, et également secteurpar secteur. Un front commun(1) inter-syndical s’est créé, représentant plusde 400 000 agents publics.

Comment naît une grèveLe gouvernement libéral, un an aprèsson accession au pouvoir, veut impo-ser aux agents publics le gel dessalaires pendant trois ans ! À celas’ajouterait, pour les enseignants, une kyrielle derégressions : augmentation du nombre d’heures decours par semaine, augmentation des ratios d’élèvespar classe, dégradation de la prise en charge desélèves à besoins particuliers...Les négociations n’ayant abouti dans aucun sec-teur, les syndicats ont demandé, conformément auxprocédures, une médiation pendant l’été. Celle-ciayant échoué à son tour, les syndicats viennent de

convoquer des assemblées générales. Dans l’édu-cation, ces assemblées, réunies le soir, ont regroupéla majorité des enseignants, et viennent de voter,

à plus de 90 % des présents, six joursde grève. Un fait exceptionnel. Lagrève peut maintenant être légale-ment appelée ; ce sera sans doute lecas en octobre, par le Front Com-mun. Dès à présent, il organise unegrande manifestation nationale àMontréal le samedi 3 octobre, ettable sur plusieurs dizaines de mil-liers de personnes. Les syndicats québécois, qui font facedepuis un an seulement à des mesuresd’austérité similaires à celles qui ontproduit des ravages ces dernièresannées en Europe, entendent réagirvite et fort. La hauteur de la mobili-

sation, à l’automne, sera décisive pour repousserles attaques. n Florian Lascroux

(1) Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Syndicatde la Fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ),Alliance du personnel professionnel et technique de lasanté et des services sociaux (APTS), Confédération dessyndicats nationaux (CSN), Fédération des travailleurs ettravailleuses du Québec (FTQ).

Les enseignants tunisiens dupremier et du second degréont engagé la lutte depuis plu-

sieurs mois, en demandant unepromotion de grade pour tous,ainsi qu’une prime spécifique.Dans le premier degré, plusieursjournées de grève ont été massi-vement suivies (90 %) en avril-mai. Sans résultat. Le SGEB-UGTT(1) a alors appelé à boycottertous les examens de fin d’année, ycompris celui permettant l’acces-sion au collège. Les parentsd’élèves, tout d’abord partagés parrapport à cette action, ont finale-ment été rassurés lorsque leministre a prononcé le passageautomatique de tous les élèvesdans la classe supérieure.Dès le 8 septembre, les ensei-gnants du primaire, n’ayant tou-jours pas obtenu satisfaction, sesont réunis en assemblées danstout le pays dans une «  journée

de colère ». Les 17 et 18 sep-tembre, ces collègues étaient denouveau en grève.

Lutte victorieusePour les enseignants du seconddegré, il a fallu une longue lutte,depuis novembre 2014, avec plu-sieurs journées de grève, le boycottdes examens du second trimestreet la menace du boycott du bac-calauréat pour que le ministèreaccepte de signer, le 6 avril der-nier, un accord prévoyant des pro-motions de grades et une prime.Mais début septembre, le texten’était toujours pas publié au Jour-nal Officiel. Le préavis de grèvedéposé par le SGES-UGTT pourla rentrée, le 6 septembre, a suffi àfaire enfin plier le ministère. PourNejib Sellami, secrétaire généraldu SGES(2), cette avancée doitmaintenant permettre de s’attelerà un autre chantier urgent, la

réforme en profondeur du systèmeéducatif. Programmes, horaires,orientation, tout doit être mis sur latable. Les syndicats et les citoyensle demandent, le ministère s’y estdéclaré prêt. n F. L.

(1) Syndicat général de l’enseigne-ment de base – Union générale tuni-sienne du travail.(2) Syndicat général de l’enseigne-ment secondaire.

Renforcer les capacités des enseignants en tant qu’étape indispensable à la réalisation d’une éducation de qualité et à la création de sociétés durables.

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Répression syndicalei

Procès des 1 000vaches en appelLes neuf de la Confédérationpaysanne restent condamnés maisavec des peines moindres qu’enpremière instance : les peines deprison avec sursis ont étécommuées en amendes avec sursis.La cour d’appel maintient laculpabilité de chacun mais elleajoute que «  les prévenus ont agicomme lanceurs d’alerte enprésence d’un phénomène qui nepeut qu’interroger au regard de sesconséquences sur le planenvironnemental, social ou encoresociétal. À défaut d’être légitime[...], cette action revêt un caractèresymbolique à laquelle la justice nepeut répondre que par une peinesymbolique ».

Palestinei

10 octobre, journée nationaleAprès le vote de deux chambres,«  invitant le gouvernement françaisà reconnaître l’État de Palestine »,le Collectif national pour une paixjuste et durable entre Palestinienset Israéliens (CNPJDPI) a lancé unecarte-pétition.

Le collectif organise, le 10 octobre,une journée nationale d’action pourla reconnaissance de l’État dePalestine : «  Le moment venu »,c’est maintenant ! À Paris, cettejournée se finira par un meetinginternational suivi d’un concertplace de la République.

50 ansi

Mehdi Ben BarkaIl y a cinquante ans, deux policiersenlevaient Mehdi Ben Barka devantla brasserie Lipp à Paris. On nedevait plus jamais le revoir. 50 ansplus tard, certaines questionsrestent sans réponse. Qui sont lesassassins de l’opposant marocain ?Où est sa sépulture ? Le trop facile«  secret-défense » couvre encorecette disparition et trop peud’avancées ont été enregistrées,tant du côté français que du côtémarocain. À l’occasion de ce50e anniversaire, l’Institut MehdiBen Barka-Mémoire vivante et leSNES–FSU appellent à unrassemblement le 29 octobredevant la brasserie Lipp. Il y aurgence : il reste encore destémoins vivants, ils doivent parler !

DROITS ET LIBERTÉS

La structure d’hébergement du Centre interna-tional de Valbonne (CIV) – collège et lycéeinternational sous l’égide de l’Éducation natio-

nale – accueille depuis la rentrée une quarantaine demineurs isolés étrangers (MIE) qui sont Afghans,Érythréens, Sud-soudanais, Yéménites pour l’es-sentiel. On était alors sous le coup de l’émotion dela photo du petit Aylan mort sur une plage en Tur-quie. Cet accueil est pour l’instant prévu jusqu’enfévrier. Immédiatement, le S1 de l’établissement, enlien avec la section académique de Nice, ont fait partde leurs doléances. Il était en effet urgent d’informerles jeunes scolarisés dans l’établissement de cequ’il se passait, de vérifier que les associationspuissent intervenir et que les pouvoirs publics met-tent en place l’accom pagnement nécessaire pources MIE. Les réponses furent plutôt satisfaisantes et

le proviseur de préciser que toutcela se déroulait dans le cadre d’uneconvention avec la préfecture. Le S3 et la FSU-PACA sont aussiintervenus auprès du recteur pour enfaire en sorte de prévenir toute prisede position nauséabonde et en insis-tant pour qu’il y ait un accompa-gnement scolaire. Le S1 a alors priscontact avec RESF qui a préciséque les jeunes passent dans les faitsentre trois et cinq jours au CIV, letemps qu’un juge pour enfants pro-cède au placement des mineurs,sachant que 90 % d’entre eux veu-

lent rejoindre le Royaume-Uni. Ils sont hébergés àl’internat et il n’y a pas de scolarisation prévue.

Solidarité enseignanteAussitôt, l’association culturelle hébergée au CIV,spécialisée dans le cinéma et la radio, s’est propo-sée pour assurer l’accompagnement culturel de cesjeunes. Mais ce qui est encore plus réconfortant,c’est que plus de cent collègues se sont portés volon-taires pour un éventuel accompagnement scolaire etque plus 180 familles se sont déclarées prêtes àhéberger ces jeunes pendant le week-end. Parailleurs, même si officiellement les personnelsn’avaient pas pour missions d’informer les élèves del’établissement, ils l’ont fait et les réactions ont étéplutôt positives. La solidarité n’est décidément pasun vain mot ! n Aurélia Sarrasin

Alors que se profilent les élections régionalesdes 6 et 13 décembre prochains, le parti d’ex-trême droite est déjà en campagne et espère

rafler deux Régions, Nord-Pas-de-Calais- Picardieet PACA où se présentent res-pectivement Marine Le Pen etsa nièce Marion Maréchal-LePen. La petite entreprise fami-liale pense avoir ses chanceset met tout en œuvre pour yarriver jusqu’à débaucher unancien adjoint d’Estrosi (can-didat LR en PACA) et à s’allieravec le bloc identitaire dans leSud-Est, groupuscule d’inspi-ration clairement néonaziereconverti dans le régionalisme.

Non, le FN n’a pas changé !Le discours de Marine Le Penlors de l’université du FN débutseptembre à Marseille étaitdans la droite ligne de ceux de

son père dans le passé. Ce dernier a d’ailleurs finipar lui donner un satisfecit après avoir menacéde perturber la réunion frontiste. Sans surprise,l’héritière Le Pen s’en est prise aux « communau-

tarismes », aux migrant-e-s(elle déclare ne pas avoirpleuré devant la photo du petitAylan mort), à « l’islam radi-cal  » qu’elle veut mettre àgenoux et a banalisé l’idéolo-gie complotiste et raciste du« grand remplacement » chèreà l’écrivain d’extrême droiteRenaud Camus. Mais le pireest que dans les deux Régionsconvoitées par le FN, les can-didats LR, Xavier Bertrand auNord et Christian Estrosi auSud, font campagne sur lesmêmes thématiques, avec lesmêmes arguments, en espérantl’emporter. n

Olivier Sillam

ÉLECTIONS RÉGIONALES

Le FN en campagne

ACCUEIL DES MIGRANTS DANS LES ALPES-MARITIMES

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44 - US MAGAZINE - Supplément au no 754 du 12 septembre 2015

Ceux qui l’ont déjà entendu lesavent. Qu’il parle d’« idiosyn-crasie allemande », de Credit

Default Swap ou de conatus,Frédéric Lordon parvient toujours àrendre à son auditoire son proposclair... et même plaisant. C’est làune belle leçon donnée aux« experts » médiatiques qui ne mesu-rent leur magistère sur les « masses »qu’à l’aune de l’incompréhensionet de l’ennui qu’ils suscitent en elles.Drôle de bonhomme, en vérité, quecet intellectuel qui se joue des cloi-sonnements disciplinaires de miseà l’Université tout autant que desclôtures de genre. Car l’économiste,devenu institutionnellement philo-sophe depuis peu, non content des’appuyer sur Spinoza pour repenserles catégories sociologiques héritéesdu marxisme, a publié en 2011 unepièce traitant – en alexandrins – dela crise financière.

En finir avec les crises Frédéric Lordon s’est fait connaîtreau-delà du seul monde universitaireau moment de l’explosion de la crisedes subprimes. Soit au moment où laconvulsion la plus violente que lafinance de marché n’ait jamaisconnue rendait impérieuse la traduc-tion de sa langue à l’usage du plusgrand nombre. Cette « novlanguesans lieu » constituait en effet unobstacle de taille pour ces milliers d’individusqui s’étaient mis en tête de comprendre d’oùvenait le mal. Pour Lordon, sortir du capitalismeconstitue une visée qui ne peut se contenter dela simple dénonciation de ses méfaits, aussichoquants qu’ils fussent. Elle exige, bien plus,de le penser en profondeur.Pour éclairer les mécanismes du capitalismenéolibéral, il s’est donc ingénié à en expliciterles mots. Des milliers de militants et decitoyens ont appris en le lisant la significationdes mots barbares tels que «  titrisation »,« CDO » et autre « ABS » (voir sur ce pointle glossaire). Ce nécessaire détour permet desaisir à quel point la crise des subprimes étaittout sauf un accident. À croire Lordon, « lamontée vers les sommets comme la plongéeaux abîmes illustrent que, parmi tous cesressorts qui meuvent la finance, il n’y aaucune force de rappel [...], aucun méca-nisme d’autorégulation ». Dans de très bellespages, l’économiste donne à voir l’euphorie

que suscite immanquablement la croyanceen la hausse indéfinie des cours... jusqu’àl’explosion de la bulle qui met littéralement enmiettes ce que l’on croyait encore hierconstruit en béton armé. En l’espèce, en 2008,ces fameux crédits titrisés, structurés entranches, qui devaient définitivement conjurerle risque. Ces prétendus produits-miraclesn’étaient en réalité rien d’autre que « d’in-vraisemblables capharnaüms de dettes aussihétéroclites que possible ». Selon Lordon, en2007-2008, «  l’illusion des protections deséniorité s’est volatilisée en un instant : lestranches equity et mezzanine ont été réduitesen bouillie et [...] le triple-A [… fut] sévère-ment attaqué, à la stupéfaction générale desinvestisseurs ».Tirant les leçons du désastre, Lordon proposede rompre avec l’inanité de «  l’autorégula-tion » de la finance de marché. Il convientselon lui de brider les effets leviers, de définirun niveau de rentabilité actionnariale maxi-

male, de détitriser les portefeuillesd’actions et de contrôler drastique-ment les activités d’investissementdes banques. Il avait conscience en2009 de la hardiesse de ses propo-sitions, mais, comme il le note judi-cieusement, la crise des subprimes aété «  d’une ampleur qui doitproduire un changement dans lafaçon de penser l’organisation inter-nationale de la finance ».

Pour une anthropologie de l’actionLordon l’a rappelé en 2010. S’il a« le privilège d’apparaître dans l’es-pace public [...] sur des questionsqui sont essentiellement liées à lacrise financière […], le centre de[s]es activités intellectuelles, ce sont[s]es travaux de recherche ». Sescentres d’intérêt actuels sont àpremière vue éloignés de la sphèrefinancière. C’est pourtant l’étudedes OPA hostiles lancées en 1999par les banques françaises les unescontre les autres qui a convaincuLordon que cette guerre n’avait pastant à voir avec la stricte quête duprofit qu’avec des catégories anthro-pologiques telles que la survie oule maintien dans l’existence. Ceconstat a amené l’économiste à lired’un œil nouveau l’œuvre deSpinoza, qui a le premier pensé leconatus, cet effort propre par lequelchaque chose s’efforce de « persé-

vérer dans son être ».Lordon, élevé au petit-lait du structuralisme,réinterprète le conatus pour réintroduire ladimension de l’action des individus au cœurdes rapports sociaux. Il part du principe que lesindividus, en tant qu’élans de puissance, sontdéterminés par des affects extérieurs qui orien-tent leur comportement. Il oppose ce régimede la « servitude passionnelle » généraliséeà l’idéologie du sujet libre qui forme le sou -bassement anthropologique de l’imaginairenéolibéral.Cette théorie de «  l’intérêt souverain  » apermis à Lordon d’enrichir son approche del’économie politique. Dans son ouvrage de2010, il développe systématiquement lesdéterminations conceptuelles contenues dansce simple constat : dans le système capitaliste,l’employeur parvient à enrôler «  d’autrespuissances dans la poursuite de son désir àsoi ». Cette approche lui permet notammentde comprendre les affects joyeux suscités au

PORTRAIT FRÉDÉRIC LORDONPEU CONNU DU GRAND PUBLIC mais adulé dans certains milieux militants, cet économiste hétérodoxe devenu philosophe prend un malin plaisir à déconstruire le discours néolibéral... et à malmener parfois nos propres impensés.

« Parmi tous les ressorts qui meuvent

la finance, il n’y a aucune force de rappel,

aucun mécanisme d’autorégulation »

Un intellectuelincontestablement hors-norme

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Bibliographie sélective

Supplément au no 754 du 12 septembre 2015 - US MAGAZINE - 45

travail (réalisation de soi, reconnaissance...)comme étant les moyens les plus sûrs pour« les dominants de gouverner » leurs subor-donnés «  en circonscrivant strictement lesjoies offertes » à ces derniers. Plus fonda-mentalement, Lordon donne à voir le désirmonétaire comme le maître-affect dans unmonde capitaliste qui a « organisé la dépen-dance à l’argent » et privé tous les individusdu moyen « de pourvoir par eux-mêmes àleur reproduction matérielle ». Cette assertionrisque de froisser les happy few qui croyaientpouvoir déroger à la condition de tous...

Exigence intellectuelleSon engagement intellectuel prévenait depuislongtemps Lordon contre la droite décom-plexée, mais également contre ce qu’il appelle« la droite complexée » – comprenez la gaucheactuellement au pouvoir. Sa redécouverted’un Spinoza exhortant le sage à juger leshommes «  tels qu’ils sont et non tels qu’ilvoudrait qu’ils fussent » l’éloigne mainte-nant de ses amis de la gauche critique. CarLordon appelle de ses vœux une propédeu-tique du dégri sement permettant à ceux quiveulent penser l’émancipation « de ne pas seraconter d’histoires », pour reprendre l’ex-pression d’Althusser.Et, en l’occurrence, pour Lordon, il y a actuel-lement deux façons de s’en raconter. Dans sondernier livre, il tance ceux qui rêvent dedétruire l’État pour faire advenir le règne del’absolue horizontalité et il se gausse de« toutes [c]es solutions régressives, ce bazarhétéroclite [...] où l’on trouve aussi bien laTerre-mère, les Guaranis et les communautésvillageoises d’antan ». À le croire, tout dépas-sement d’un État accouche d’une autre forme

étatique, et la seule chose que l’on puisseespérer, c’est qu’elle soit moins oppressive.Ce dégrisement n’est pas une invite à secomplaire dans le conservatisme le plus satis-fait, mais bien le seul moyen de maintenir laperspective du progrès humain comme idéalrégulateur.La seconde histoire que se racontent les intel-lectuels de gauche touche à la stratégie politique de sortie de crise. Lordon dénoncevertement ces « internationalistes » perdus quifinissent par défendre l’Europe libérale pourla seule raison qu’elle constitue un dépasse-ment du cadre étriqué de la Nation. DansLa malfaçon, il demande malicieusement à

« On a inscrit dans les traités

européens, non pas

les modalités de la délibération,

mais ses résultats : c’est

une monstruosité radicalement

antidémocratique »

PETIT GLOSSAIRE DE LA FINANCE DE MARCHÉ◗ AAA, AA, A, BBB... : système de notation de la qualité des titres dedette. Plus le titre est risqué, plus la note est basse... et plus le rende-ment est élevé.

◗ ABS (Asset Backed Securities) : titre adossé à des actifs obtenu partitrisation de crédits bancaires ou de créances commerciales (il s’agit doncd’un produit structuré).

◗ CDS (Credit Default Swap) : contrat d’assurance de la valeur d’unecréance obligataire, dans lequel «  l’assureur » s’engage à dédommager«  l’assuré » en cas de défaut du débiteur.

◗ Levier : tout procédé permettant à un opérateur de prendre des posi-tions excédant ses capitaux propres. Le plus commun consiste en lacontraction d’emprunts élevés, mais à très court terme, qui permettent

de s’assurer des rendements démultipliés... tant que le marché est à lahausse.

◗ Produit structuré : titre obligataire organisé en tranches portant dif-férentes caractéristiques de risque et de rendement, et dont certainessont subordonnées aux autres.

◗ Subordination : lien de dépendance entre une tranche d’actif et uneautre. En général, la subordination établit un ordre de priorité entre lesactifs pour être « servis » en cas de défaut du débiteur (remboursementde la tranche senior, puis mezzanine et enfin equity).

◗ Titrisation : opération consistant à transformer des crédits bancairesen titres négociables sur des marchés.

Source : Jusqu’à quand ?, p. 213-215

◗ Fonds de pension, piège à cons ? Mirage de la démocratieactionnariale, Raisons d’agir, 2000

◗ La politique du capital, Odile Jacob, 2002◗ Et la vertu sauvera le monde..., Raisons d’agir, 2003◗ Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raisons d’agir, 2008◗ La crise de trop : reconstruction d’un monde failli, Fayard, 2009◗ Capitalisme, désir et servitude : Marx et Spinoza, La Fabrique, 2010◗ D’un retournement l’autre : comédie sérieuse sur la crise financière, Points Seuil, Essais, 2011◗ L’intérêt souverain : essai d’anthropologie économique, La Découverte, 2011◗ La malfaçon : monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les liens qui libèrent, 2014◗ Imperium. Structures et affects des corps politiques, La Fabrique, 2015

ses petits camarades de la gauche critiquepourquoi «  les 170 pays qui ont l’immenseinfortune de vivre hors de l’UE » s’ensortentfinalement mieux que nous... Défini tivementdégrisé de l’ivresse « européiste », Lordonrappelle à toutes fins utiles que, « sans analyseréaliste et lucide de ses conditions de possi-bilité, l’appel générique à une “Europe poli-tique” est voué, tout comme la présentemonnaie unique […], à tourner au cau che -mar ». Force est de constater que l’été grec nelui a pas complètement donné tort... n

Pages réalisées par Jean-François Claudon

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FAUT-IL DISCIPLINER LES SAVOIRS ?25 novembre 2015 à Paris

INTERVENANT-ESI

– CHRISTIAN ORANGE, Université libre de Bruxelles– MARYSE REBIÈRE, Université de Bordeaux– MARILYN COQUIDÉ, École normale supérieure de Cachan– ISABELLE HARLÉ, Université de Caen

La construction cohérente des savoirs dans la perspective d’une culture commune doit permettre à l’ensembled’une génération de quitter le système éducatif avec les clés de compréhension du monde. La finalité estl’émancipation de toutes et tous, l’élévation générale du niveau de connaissances et la capacité à comprendreles enjeux pour exercer une citoyenneté responsable.C’est la nature de ces perspectives qui nous contraint à penser la question des relations entre les savoirsenseignés à l’école dans toute sa complexité et à interroger les conditions nécessaires pour que les liens entreles disciplines contribuent effectivement à une meilleure appropriation de ces savoirs.Face à l’enjeu fondamental d’un accès plus égalitaire aux savoirs, face aux discours sur la place desdisciplines et leur articulation, et aux projets qui prônent l’interdisciplinarité comme solution magique,le chantier de recherches « disciplines » vous propose de participer à un colloque pour débattre de cesquestions de fond avec l’intervention de chercheur-es.

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