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Une fenêtre ouverte sur le monde

Avril 1973 (XXVIe année) - France: 1,70 F - Belgique: 25 F - Suisse: 1.60 F

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TRÉSORSDE L'ART

MONDIAL

GRÈCE

Le Dieu des

Cyclades

Vers la fin du 3e millénai¬

re avant notre ère, l'ar¬

chipel des Cyclades, enGrèce, vit l'apparitiond'une forme d'art qui secaractérise par un totaldépouillement. Cettetête de divinité, décou¬verte dans l'île d'Amor-

gos, date d'environ 2 400à 2 200 ans avant notreère. Cette reproductionest extraite d'un somp¬tueux volume paru en1972 aux Éditions Ma-zenod. Paris, et préfacépar K. Papaioannou ;paru également en alle¬mand (Herder Verlag,Freiburg, 1972); les édi¬tions américaine et es¬pagnole sont en cours depréparation.

Photo c Jean Mazenod. tiréede " L'Art Grec ". EditionsMazenod. Paris 1972.

Le CourrierAVRIL 1973

26e ANNÉE

PUBLIÉ EN 14 LANGUES

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Tamoul

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Portugais

Pages

10

14

là XVI

20

Mensuel publié par l'UNESCOOrganisation des Nations Uniespour l'Éducation,la Science et la Culture

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Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris

Belgique : Jean de Lannoy,112, rue du Trône, Bruxelles 5

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Les articles et photos non copyright peuvent être reproduitsà condition d'etre accompagnés du nom de l'auteur etde la mention « Reproduits du Courrier de l'Unesco », enprécisant la date du numéro. Trois justificatifs devront êtreenvoyés a la direction du Courrier. Les photos non copyrightseront fournies aux publications qui en feront la demande.Les manuscrits non sollicités par la Rédaction ne sontrenvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponseinternational. Les articles paraissant dans le Courrier del'Unesco expriment l'opinion de leurs auteurs et non pasnécessairement celles de l'Unesco ou de la Rédaction.

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Illustration : Anne-Marie Maillard

Maquettes : Robert Jacquemin

Toute la correspondance concernant la Rédaction doit êtreadressée au Rédacteur en Chef.

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SUR LES TRACES DE COPERNIC

par Jerzy Bukowski

NAISSANCE DE LA SCIENCE MODERNE

par Owen Gingerich

LES ÉTAPES DES RÉVOLUTIONS CÉLESTESpar Olaf Pedersen

COPERNIC RACONTÉ AUX ENFANTS

Supplément spécial

par Jean-Claude Pecker

LA GRANDE RÉVOLUTION CULTURELLEDE LA RENAISSANCE

par Paolo Rossi

POUR LES ARPENTEURS DU CIEL

Photos

COPERNIC, GIORDANO BRUNO, GALILÉE

par Vincenzo Cappelletti

QUELQUES OUVRAGES SURCOPERNIC ET L'ASTRONOMIE

UNE NOUVELLE VISION DE L'UNIVERS

par René Maheu

NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT

LATITUDES ET LONGITUDES

TRÉSORS DE L'ART MONDIAL

Dieu des Cyclades (Grèce)

Potos © Hallwag, Berne, Suisse

Photo Paul Almasy Courrier de l'Unesco

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COPERNIC NAISSANCE DE LA PENSÉE MODERNE

« Cet homme a sa place parmi les étoiles », a-t-on dit de Copernic, c'estdonc sur une carte du ciel que se détache ici son visage. Il s'agit d'une copied'un autoportrait, aujourd'hui disparu, copie réalisée au 16 siècle et conservéeà l'hôtel de ville de Torun, ville natale du savant Cette carte céleste en

couleurs (1,30 X 1,00 m en v.), publiée par la Maison d'édition Hallwag(Berne, Suisse) est remarquable, car elle établit la position des étoilespour l'an 2000 de notre ère. Elle a été réalisée sous la direction de WernerMerkli. En couverture de dos, une carte du système solaire, du même éditeur.Notre photo ne montre pas la totalité de la carte, laquelle reproduit égale¬ment, en gros plan, les planètes Mars, Jupiter, et Saturne, de même que lesdimensions de toutes les planètes comparées au Soleil. Tout le verso de lacarte est consacré à des explications sur le système solaire.

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Copernic, vu par sept jeunes artistes polonais.Leurs suvres, destinées à une exposition desculpture à Torun, ville natale du grand astronome,attendent dans une remise le verdict des juges.(Voir aussi page 27.)

Photo Paul Almasy - « Courrier de l'Unesco »

« L'Histoire offre peu d'exemples de découvertes scientifiques ayanteu un retentissement aussi profond sur le développement spirituelde l'humanité que celle de ¡'eminent astronome polonais NicolasCopernic. » C'est par ces mots (voir aussi page 32J que le Directeurgénéral de l'Unesco, René Maheu, a inauguré la cérémonie donnée àParis le 19 février à l'occasion du 500e anniversaire de naissance de

l'homme qui établit la rotation de la Terre autour du Soleil et fut àl'origine d'une révolution sans précédent dans la pensée et les mé¬thodes scientifiques. Le Courrier de l'Unesco présente dans ce numéroles contributions de Copernic au progrès de la science et, exception¬nellement, publie sur le grand astronome un supplément de 16 pagespour enfants. Paul Almasy, photographe du Courrier de l'Unesco, aaccompli un voyage spécial en Pologne, entre autres pays, sur lestraces de Copernic. Il en a rapporté un reportage photographique surla vie et le temps de ce savant, dont la vie entière obéit à la devise:u Chercher la vérité de toutes choses. »

SUR LES TRACES

DE COPERNICpar Jerzy Bukowski

NI ICOLAS COPERNIC, le

premier des grands savants des tempsmodernes, est né à Torun, dans le nord

de la Pologne, le 19 février 1473.Conservé jusqu'à nos jours, l'horo¬scope astrologique du créateur de lathéorie du système héliocentrique indi¬que même l'heure très précise de sanaissance : 4 h 48, ce qui toutefois peutêtre détail purement imaginaire.

' Célèbre par sa théorie héliocentri¬que, Copernic est moins connu commehumaniste ; témoignant d'une vasteérudition et d'un profond intérêt pour

les problèmes les plus divers, savantperspicace dans la recherche, esprithardiment critique et par là même,créateur il était, ainsi que l'a définiun de ses premiers biographes,« enflammé par une ardente passionde la vérité ». D'une intelligence excep-

JERZY BUKOWSKI, professeur et ancienrecteur de l'Ecole polytechnique de Varsovie,est président du Comité Nicolas Copernicde l'Union internationale d'histoire et de phi¬losophie des sciences. Ancien président duComité d'histoire des sciences et des tech¬

niques de l'Académie polonaise des sciences,il est, en outre, vice-président du Comitépolonais de la Paix.

tionnelle qui le met au rang des plusgrands génies de l'humanité, il fut enmême temps un citoyen profondémentengagé dans les problèmes de sonpays.

Nous ne disposons pas de don¬

nées historiques documentées sur les

années d'enfance et de prime adoles¬

cence du grand astronome. Son père,qui portait également le prénom deNicolas, négociant de Cracovie, étaitissu d'une famille d'origine silésienne,que de multiples intérêts liaient auxvilles de la Poméranie et fut admis, en

1458, parmi les bourgeois de Torun,devenant bientôt membre du patriciatlocal. Après sa mort, en 1483, ses

enfants dont le cadet, Nicolas, était

âgé de dix ans furent placés sousla tutelle de leur oncle maternel, Lucas

Watzenrode, futur évêque de Warmie,alors haut dignitaire de l'Eglise et emi¬nent homme d'Etat lié à la cour royalede Cracovie.

Cracovie était, à cette époque, lacapitale de la Pologne, alors à l'apogéede sa puissance, ce pays dont un descélèbres humanistes italiens du début

du 16e siècle dira : « De tous les paystransalpins, aucun n'égale la Polognedans l'amour de la science. »

Torun, ville florissante, où le com¬

merce et l'artisanat étaient prospères,détenait une place importante dans le

système économique de la Pologne oùelle jouait le rôle d'intermédiaire pourles échanges de marchandises entreles ports de Gdansk et Elblag et lespays d'outre-mer.

Ces deux villes, qui ont gardé jus¬qu'à nos jours un caractère médiéval,sont situées sur la Vistule, respective¬ment dans la partie supérieure et infé¬

rieure du fleuve. Non loin d'EIblag,dans la région orientale de la basseplaine de la Vistule, se dresse la ville

de Frombork, où Copernic devait pas¬ser la dernière période de sa vie etoù il mourut en 1543.

Au milieu du 15" siècle, dans la pro¬vince côtière de la Baltique, la situation

politique des villes était très complexe.

Gdansk, Elblag et Torun, luttaient opi¬niâtrement pour se libérer définitive¬ment de l'hégémonie de l'Ordre Teuto-

nique qui, dans cette région, remontaitau 13e siècle. La paix de Torun, signéeen 1466, rétablit la souveraineté des

rois de Pologne sur les territoirescôtiers de la Baltique et le delta de laVistule, y compris leurs villes princi¬pales et le duché episcopal du diocèse

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SUR LES TRACES DE COPERNIC (Suite)

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de Warmie. Nicolas Copernic, le père,comme la famille Watzenrode, avaienttravaillé à cet accord.

Jusqu'à sa mort, Lucas Watzenrodedevait exercer une forte influence sur

la vie du jeune Nicolas Copernic, orien¬tant ses études et sa future carrière

ecclésiastique et politique.

Une seconde date, confirmée pardes documents des années de jeu¬nesse de Copernic, est celle de son

immatriculation à l'Université Jagellonnede Cracovie, en automne 1491.

A cette époque, l'Université Jagel¬lonne était dans son plein épanouisse¬ment. Seule en Europe à posséderdeux chaires d'astronomie, elle devaitsa renommée au niveau exceptionnel¬lement élevé de l'enseignement dessciences mathématiques. On y connais¬sait non seulement les traités des

anciens Grecs, mais même ceux dessavants de l'Islam.

C'est à Cracovie précisément quele jeune Nicolas Copernic étudia lespremières notions d'astronomie ; au

nombre de ses maîtres, la traditionrapporte le nom de Wojciech deBruezewo, astronome et mathémati¬

cien célèbre. A l'Université Jagellonne,il acquit une profonde connaissance de

l'astronomie aristotélicienne et ptolé-méenne comme de la géométrie eucli¬dienne.

A en juger par les livres qu'ilachetait à cette époque lesquels ontpar bonheur été conservés jusqu'à nosjours il s'intéressait particulièrementà la géométrie et à la trigonométriesphériques, ainsi qu'à l'astronomiethéorique.

Divergeant dans les détails, les deuxthéories admises depuis plus d'un mil¬lénaire celles d'Aristote et de

Ptolémée reposaient sur deux princi¬pes fondamentaux communs. D'une

part la place assignée à la Terre entant que centre immobile de l'univers ;d'autre part l'attribution à tous lescorps célestes tant aux étoiles fixes

qu'aux planètes, y compris le Soleil etla Lune d'un mouvement uniformesur des orbites circulaires. Ce second

principe, axiome qu'avait établi Platon,devait peser également sur la formeprimitive donnée par Copernic à sonsystème héliocentrique de l'univers.

Aristote et les continuateurs de sa

philosophie, ainsi que, par ailleurs, lesastronomes, et surtout Claude Ptolé¬

mée dans le traité connu sous le nom

á'Almageste. ou « Composition mathé¬matique », décrivent admirablement les

mouvements des corps célestes ens'appuyant sur les deux principes quenous venons de citer, sans pouvoiréviter toutefois certaines contradic¬tions et anomalies inexplicables.

Copernic s'était rendu compte del'inconséquence de ces systèmes,généralement admis, et enseignés. Parles voies de l'analyse mathématique etde la synthèse géométrique, puis deprécises observations du ciel, il déve¬

loppa graduellement l'idée du systèmehéliocentrique de l'univers.

Il semble que Nicolas Copernicséjourna pendant quatre ans à Cra¬covie. En automne 1495, on le retrouve

dans l'entourage de son oncle, LucasWatzenrode, qui tente vainement de lefaire nommer chanoine du chapitre deWarmie à Frombork.

Cet échec décida peut-être du destindu jeune Nicolas. Son oncle l'envoiepoursuivre ses études à l'Université de

Bologne, que lui-même avait fréquen¬tée dans sa jeunesse, en lui recomman¬

dant fermement d'y acquérir le gradede docteur en droit canon, en vue de la

carrière ecclésiastique.

En automne 1496, Nicolas Copernicpart pour l'Italie. Il demeure à Bolognejusqu'au printemps de l'année jubilaire1500, bien que l'évêque Watzenrodeeût réussi, en 1497, à faire élire son

neveu au poste de chanoine du cha¬

pitre de Warmie. Tout en poursui¬vant ses études canoniques, Copernicprofite de la présence, à l'Universitéde Bologne, de célèbres savants, pourparfaire ses connaissances astrono¬miques.

A l'université

r'EST de cette époque quedate la première observation astrono¬mique de Copernic, le 9 mars 1497,dont nous ayons connaissance : l'oc¬cultation d'Aldébaran (étoile de laconstellation du Taureau) par la Lune.Elle contredisait la théorie ptolé-méenne du mouvement de la Lune et,bien que ne touchant pas aux fonde¬ments de l'astronomie géocentrique,elle témoignait de l'esprit critique deCopernic à l'égard de ce qui étaittraditionnellement admis.

Suivant la théorie de Ptolémée, laLune, pendant les quadratures, devraitse trouver beaucoup plus près de laTerre qu'elle ne l'est pendant la pleineet la nouvelle Lune.

D'après les observations de Coper¬nic, effectuées avec grand soin àBologne, la parallaxe de la Lune en

quadrature est pratiquement égale à laparallaxe de la pleine Lune, c'est-à-direque dans ces deux positions la dis¬tance entre la Lune et la Terre demeure

inchangée.

Bientôt, critique et rejet des ancienssystèmes font place aux recherchespositives qui allaient aboutir à édifier

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Jagellonne de Cracovie

Ci-dessus, la cour du Collegium Malus, à l'Université Jagellonne de Cracovie.L'Université fut détruite par un incendie alors que Copernic y faisaitses études (1491-1495); le magnifique bâtiment du Collegium Maius,que l'on peut encore admirer aujourd'hui, fut reconstruit en 1494. A gauche,la fontaine Jaque, à côté de l'église Sainte-Marie à Cracovie, surmontéede la statue d'un étudiant aux vêtements de l'époque de Copernic.Pendant des siècles, « Jaque » était le sobriquet des étudiants de l'Université,mais on ignore l'origine de ce surnom. Ci-dessous, une jeune étudiantetravaille sur- un livre d'astronomie contemporain de Copernic.

8Photo Paul Almasy - Courrier de l'Unesco

Statue de Copernic face à la maison où, dès l'âge de sept ans, il passason enfance à Torun. Cette maison fut démolie en 1906 pour en faireun commerce, mais les deux derniers étages furent reconstruits dansle style de l'époque.

SUR LES TRACES DE COPERNIC

(Suite)

sur les décombres des théories

dépassées un système nouveau,plus proche de la vérité. C'est ce dont

témoignent les études assidues pour¬suivies par Copernic. En 1500, année

jubilaire, il arrive à Rome. Il travailleun certain temps à la chancellerie du

Vatican et donne des cours publicsd'astronomie.

Au printemps 1501, le jeune savantrentre en Pologne pour entrer officiel¬lement en fonction au chapitre deWarmie, qui l'autorise à partir de nou¬veau pour l'Italie, en lui recommandantd'étudier cette fois la médecine à

l'Université de Padoue.

Copernic séjourne à Padoue pendantdeux ans, jusqu'en 1503, à l'exception

de quelques semaines passées à Fer-rare où le 31 mai 1503 il est

promu docteur en droit canon.

De l'ampleur des études de méde¬cine effectuées par Copernic à Padouetémoignent les ouvrages de médecineet de sciences naturelles provenant

de sa bibliothèque personnelle et cou¬

verts de nombreuses notes marginales,dont une quinzaine sont conservés à

la Bibliothèque universitaire d'Uppsala,en Suède.

A la fin de l'année 1503, Copernicrevient en Warmie, au palais episcopalde Lidzbark, résidence de l'influent

Lucas Watzenrode, son oncle. En qua¬lité de médecin et secrétaire de l'évê-

que, il accompagne celui-ci dans sesnombreux voyages. Ses fonctions luipermettent de pratiquer largement lamédecine.

Copernic était consulté'par nombrede personnages importants, et cecipour des cas de maladies très divers.Mais il faut relever surtout ses activi¬

tés ultérieures d'hygiéniste et d'épidé-miologiste, alors qu'il assumait desfonctions administratives au chapitrede Warmie.

Les dix années, ou presque, qu'ilpassa aux côtés de l'évêque Watzen¬rode engagèrent Copernic à participerà la vie politique.

C'est sans doute à cette époque

qu'apparaît l'intérêt grandissant qu'iltémoigna aux problèmes économiquesqu'il avait déjà découverts lors desannées précédentes en observantl'extension du commerce et de l'indus¬

trie dans les villes italiennes.

Mais il faut souligner que lors deson séjour à Lidzbark, les travaux

majeurs de Copernic concernèrentencore l'astronomie. C'est alors qu'ilformule catégoriquement sa pensée :le globe terrestre n'occupe pas letrône de l'univers, et qu'il rédige lesthèses fondamentales de l'astronomie

nouvelle.

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C'est dans ce château, à Olsztyn (Pologne) que Copernic, alors chanoine de la cathédrale de Frombork, passa plusieurs années.De 1516 à 1519, il y administra les biens du chapitre. Puis il y fit un second séjour de 1520 à 1521, quand reprirent les hosti¬lités entre la Pologne et les Chevaliers Teutoniques. Il fortifia le château pour le préserver des pillards. En dépit de cesactivités, Copernic n'Interrompit jamais ses travaux astronomiques dans la grande salle du premier étage dont on voit lesdeux fenêtres en façade. A gauche sur la photo, vieille sculpture de la Warmie qui se trouvait là du vivant de Copernic.

Photo Paul Almasy - Courrier de l'Unesco. Paris

C'est à l'Université de Bologne (Italie) où il étudia

de 1496 à 1500 que Copernic nota ses premières

observations astronomiques. On voit, à droite,

se détachant à contre-jour sur un ciel du soir, le

quadrant astronomique dont il se servit sur le

toit de l'observatoire, à l'université, pour observer

l'éclipsé lunaire du 9 mars 1497. A côté du

quadrant, un exemplaire des Tables Alphonsines.

réalisées pour Alphonse X de Castille par des savants

arabes, juifs et chrétiens entre 1248 et 1252. A

côté de ces tables, une des premières éditions

imprimées de YAlmageste, encyclopédie astronomique

et mathématique écrite au 2e siècle de notre ère

par Claude Ptolémée d'Alexandrie.

Naissance de lascience moderneDe son "coin retiré du monde"

Copernic n'a pas seulement

mis la Terre en mouvement

mais l'esprit même de la recherche

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OUR un savant de notre

temps, la science du 15e siècle a quel¬que chose d'étrange et de déroutant.Les hommes croyaient, à la naissancede Copernic, qu'un soleil sans poids,cristallin, tournait chaque jour autourde la terre. Ils expliquaient les mou¬vements célestes en les rapportant àdes tendances inhérentes à la matière.

Selon les maîtres de la physique, unepierre jetée suivait une trajectoire rec-tillgne, jusqu'à l'épuisement de sonimpetus, puis tombait sur le sol.

En 1543, fut publié le chef-d'

OWEN J. GINGER1CH, eminent astrophysi-cien américain, est professeur d'Astronomieet d'Histoire des Sciences à la Harvard Uni¬

versity ; il a participé aux expéditions derecherche astronomique de cette Universitédans de nombreux pays, dont Sri Lanka et leLiban. Il est aussi astrophysicien auprès duSmithsonian Astrophysical Observatory àCambridge, Massachusetts. Ses nombreusespublications portent tint sur l'histoire del'astronomie que sur les applications de l'or¬dinateur à ce sujet.

de Copernic, De Revolutionibus (Desrévolutions des orbes célestes) et, dèslors, en l'espace d'un siècle, les cu¬rieuses explications scientifiques quiavaient eu la faveur du monde antiqueet médiéval cédèrent le pas devant lesIdées qui font les fondements de lascience actuelle.

Ce fut un grand changement unevéritable révolution , qui eut alorslieu, et Copernic y figure au premierplan. Bien plus que les luttes politi¬ques et leur cortège d'aventures éphé¬mères, l' de Copernic et desthéoriciens qui furent ses héritiers adonné forme au monde contemporain.

Or, si tel fut l'apport de Copernic,s'il a déclenché cet enchaînement

d'idées dont la science moderne mar¬

que l'aboutissement, on peut à bondroit se demander d'où vient que l'évé¬nement se produisit il y a seulementcinq cents ans. Quelque chose inter¬disait-il l'apparition de Copernic unsiècle ou deux plus tôt ? Le dogme

et l'Ignorance entravaient-ils l'essor dela science ?

Ou bien, dans une perspective in¬verse, faut-il tenir la science pour uneplante délicate et fragile qui ne consentà s'épanouir que sur un sol d'une par¬ticulière fertilité ? Peut-être faut-il voir

plus qu'une coïncidence dans le faitque le grand astronome vécut à l'épo¬que de Colomb, Dürer, Léonard, Eras¬me et Luther. Dans cette hypothèse,nous pourrions entreprendre une cap¬tivante recherche : quels furent lesfacteurs qui contribuèrent à l'éton¬nante floraison de la science, dontCopernic offre le symbole ?

Au temps de Copernic, l'astronomiegéocentrique régnait depuis plus d'unmillénaire ; elle s'accordait parfaite¬ment avec la représentation quel'homme se faisait de lui-même et avec

la physique primitive d'Aristote. Sansdoute des prélats instruits s'étaient-ilsaperçu que Pâques survenait trop tôtdans le calendrier, et un petit nom-

m

">

Photo Erich Lessmg © Magnum, Paris.

bre d'astrologues savaient bien que, la position des planètes divergeait

parfois de quelques degrés de celleque laissaient prévoir les tables éla¬borées d'après la vénérable théoriede Ptolémée.

Mais si sévissait une crise dans la

connaissance des faits astronomiques,l'Astronomie ne fut pas moins empêtréedans ses difficultés après Copernic,car le ca'endrier demeura inchangé etles prévisions concernant les planètesne connurent guère d'amélioration.

Personne ne sait précisément com¬ment, ni quand l'astronome polonaisconçut pour la première fois l'idéed'un système centré autour du soleil ;en tout cas, en 1515, il avait à peineentrepris son De Revolutionibusl'ouvrage qui devait contenir à la foissa nouvel'e ccsmologie et un réexa¬men méticuleux des observations pla¬nétaires anciennes et récentes.

Les érudits ne savent pas pourquoiil adopta une représentation héliocen

trique du Cosmos, car les informationsdu temps ne pouvaient ni confirmer niinfirmer sa thèse. Néanmoins, sesécrits fournissent une indication. Un

sentiment euphorique de la beauté im¬prègne toute la composition de l'ou¬vrage. « Car, dans ce temple, le plusbeau qui soit, écrit-il, qui trouveraitpour cette lampe une autre place, unemeilleure place que celle d'où ellepeut illuminer simultanément la totali¬té des choses ?... »

Ainsi découvrons-nous une merveil¬

leuse symétrie de l'Univers et un as¬semblage harmonieusement déterminé,tel qu'il ne peut s'en produire d'au¬cune autre manière... Telle est l'am¬

pleur de ce divin ouvrage du trèsexcellent Tout-puissant. » A coup sûr,une vision esthétique s'était emparéde Copernic, et elle commandait sonanalyse du ciel.

Mentionnons encore ce fait curieux

et presque oublié : il s'en fallut depeu que la révolution copernicienne

ne fût ensevelie à sa naissance. Vingtans après le début de ses travaux,Copernic se sentait épuisé. Ayantalors passé le cap de la soixantaine,il se trouvait avoir écrit le traité d'as¬

tronomie le plus profond depuis unmillénaire, mais à certains fragmentsd'ordre technique faisaient encoredéfaut un ultime polissage, un arran¬gement logique. Son manuscrit étaitune ruvre de beauté, illustrée de des¬sins et de tables en deux couleurs,

mais ces folios avaient été apparem¬ment conçus comme s'ils devaientseuls compter.

La fonction qu'il exerçait commechanoine de la cathédrale de Frombork

lui avait procuré la sécurité matérielleet laissé du temps pour la méditation,mais elle le privait d'un entourageintellectuel capable de le stimuler. Enbref, il ne rencontrait personne avecqui parler du remarquable livre, dontl'élaboration lui avait coûté tant de

temps.

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12

NAISSANCE DE LA SCIENCE MODERNE

Bien que Copernic ait trouvé desouvrages imprimés indispensables àses propres études, l'imprimerie de¬meurait une invention relativement

récente, dont il avait vu le premieressor durant sa vie.

Frombork ne connaissait pas en¬core d'imprimeur ; et, veillissant, l'as¬tronome n'avait pas l'intention depublier son livre ailleurs. De Revolu-tionibus semblait destiné à recueillir

la poussière de la bibliothèque de lacathédrale, voué à l'oubli et l'igno¬rance. Un tel destin nous paraît au¬jourd'hui incroyable, cependant il doitavoir frappé nombre de travaux astro¬nomiques au Moyen Age.

Mais en 1539, dans les dernièresannées de sa vie, Copernic vit appa¬raître à Frombork un jeune mathé¬maticien venu d'Allemagne, avide deconnaître le détail de ses théories.

Georges Joachim Rheticus, déjà pro¬fesseur à Wittenberg, quoiqu'il eûttout juste vingt-cinq ans, avait eul'écho des nouveautés que contenaitl'astronomie copernicienne.

Encore qu'il sortît du foyer du luthé-rianisme, le catholique Copernic ac¬cueillit le jeune Rheticus cordialementet sans crainte. Gagné par l'enthou¬siasme de son jeune disciple, il apportaà son euvre de toutes dernières cor¬

rections, puis lui confia une copie dumanuscrit pour le faire publier.

Rheticus la donna à un imprimeurde Nuremberg qui acheva, en 1543,la fabrication de plusieurs centainesd'exemplaires. Ceux-ci furent vendusdans l'Europe entière à des érudits et

(Suite)

des bibliothèques. Ainsi arriva-t-il quela nouvelle technique de l'imprimeriepût jouer un rôle absolument essentieldans la préservation et la diffusionde la nouvelle astronomie.

Les lecteurs du Traité de Copernicacceptèrent allègrement ses nouvellesobservations planétaires, ils furentsensibles à l'attention scrupuleuseque celui-ci portait au détail des orbi¬tes ; toutefois, la représentation hélio¬centrique du monde n'emporta guèreleur adhésion.

A l'époque de l'exploration del'espace où nous vivons, en ce tempsoù des hommes ont pu voir au-dessousd'eux la terre tournoyer, en suspensdans le ciel, le système coperniciensemble naturel, presque évident. Mais,dans les dernières décennies du 16e

siècle, pour la plupart des astronomes,qui étaient imprégnés de la physiqued'Aristote, une terre en mouvementavait peu d'attrait. Ils préféraient serallier à une formule primitive de rela¬tivité.

Gardant la terre comme leur pointfixe de référence, ils voyaient dansle système copernicien un modèle ma¬thématique subtil, quelque peu pluscompliqué que le vieux système dePtolémée, non pas une vraie descrip¬tion du monde physique. Assurément iln'y avait rien d'évident dans l'idéed'une terre en mouvement et d'un so-

seil central fixe. Galilée dira plus tardqu'il n'admirerait jamais assez ceux quiavaient accepté le système coperni¬cien en dépit de l'évidence sensible.

Néanmoins, le De Revolutionibus deCopernic agit à la manière d'une

LE LIVRE

QUI A MIS

LA TERRE

A SA PLACE

Le manuscrit original deCopernic De RevolutionibusOrbis Coelestium est tout à

la fois un traité scientifique depremière grandeur et une

d'art. Écrit en cursive

de l'époque, le texte estillustré de nombreux dia¬

grammes astronomiques insé¬rés dans le texte même ou mis

dans la marge. Pour le cinqcentième anniversaire de Co¬

pernic, un fac-similé en cou¬leur du manuscrit (conservéà la Bibliothèque de l'univer¬sité Jagellonne, Cracovie)est publié dans plusieurspays. A droite, le célèbrediagramme dans lequel Co¬pernic synthétise sa concep¬tion de l'Univers et place laTerre sur une orbite autour

du Soleil, A gauche, uneillustration tardive du systèmecopernicien, publiée à Ams¬terdam en 1661 dans Harmo¬

nía Macrocosmica (ou Nou¬vel Atlas Universel) par An¬dreas Cellarius. Bien qu'éditéplus d'un siècle après lamort de Copernic, cet ou¬vrage ne comporte qu'uneseule illustration de la théorie

héliocentrique de l'univers.

bombe à retardement. Au tournant du

siècle, par une voie qui leur était àchacun singulière, deux grands savantssaisirent dans le système héliocentri¬que une vérité qui impliquait le dépas¬sement du modèle géométrique.

Johannes Kepler trouva dans l'es¬pace planétaire centré autour du soleilune relation esthétique, harmonieuse,qui pouvait être exprimée dans desrapports mathématiques. Il eut la vi¬sion d'une force qui émanait du soleilet construisit une « nouvelle astrono¬

mie ou physique céleste fondée surdes causes ».

En Italie, Galileo Galilée braqua surles cieux le télescope, récemmentinventé, et ses découvertes le menè¬rent de surprise en surprise. La lune,couverte de montagnes et de plaines,traversait le ciel comme une autre

planète semblable à la terre. Et Jupi¬ter, avec son escorte de lunes, deve¬nait un système copernicien en minia¬ture. Pour Galilée, l'unité de l'Universn'était intelligible que si la terre étaitune planète accomplissant sa révolu¬tion à distance d'un soleil fixe.

A la fois Kepler et Galilée s'éloi¬gnaient considérablement d'une intro¬duction anonyme du De Revolutionibus,ajoutée lors de son impression. Danscette introduction, le théologien luthé¬rien Andreas Osiander soutenait une

opinion philosophique largement répan¬due : les théories astronomiquesétaient des modèles mathématiques,forgés pour la prévision des phéno¬mènes astronomiques et il n'importaitpas qu'elles fussent en dernière ana¬lyse vraies ou fausses.

Hypothèse logique, douée d'unecohérence intrinsèque ; mais Kepleret Galilée avaient la conviction que

leur astronomie offrait la représenta¬tion vraie de l'Univers. Cette préten¬tion et, de plus, l'opinion qu'en matièrede science la Bible ne faisait que

parler le langage simple du senscommun, pour être comprise, suscitè¬rent un conflit avec l'Eglise catholi¬que ; et, par suite, plusieurs de leursouvrages furent mis à l'Index.

Pour un savant du 20 e siècle, auquelle concept de relativité est devenufamilier, la question de savoir si laterre ou le soleil doit être choisi

comme point fixe de référence peut' sembler privée de pertinence. Mais,

au 17« siècle, le heurt du dogme reli¬gieux et de la nouvelle représentationdu monde eut un effet considérable

sur la conception que l'homme se fai¬sait de l'origine et de la nature de lavérité en regard du monde physique.

Et, aen ce siècle, il était bien loind'être indifférent que l'Univers futconçu en termes de géocentrisme oud'héliocentrisme, car, de ce fait, seulun système solaire héliocentrique ou¬vre la voie à la physique newtonienne.Les lois du mouvement de Newton, et

celle de la gravitation universelle per¬mettent de décrire les orbites des

satellites et les secrets de l'espace.Ainsi se trace une ligne directe, deCopernic jusqu'aux merveilles de l'èrecontemporaine de l'espace, qui passepar Kepler, Galilée et Newton.

Nul doute que Copernic n'eût étéétonné d'apprendre que le monde

associerait son anniversaire à la célé¬

bration de la science moderne. Révo¬

lutionnaire à son insu, il eut pour butde ramener la science à un état de

plus grande pureté, qu'il liait à l'idéedes cercles parfaits forgée dans laGrèce antique. Il était à la recherched'une image « agréable à l'esprit » etil ouvrit à l'esprit des voies nouvelleset fécondes.

Cependant notre première questionrevient, insistante. Pourquoi fallut-ilattendre le début du 15e siècle pourque surgît la nouvelle représentation ?La réponse, il ne faut pas tant la cher¬cher dans la science que dans lasociété où s'instituaient de nouveaux

modes de communication. L'invention

de l'imprimerie et l'essor des univer¬sités ont stimu'é l'échange des infor¬mations et les idées nouvelles.

La découverte de l'Amérique, à uneépoque où Copernic était encore étu¬diant à Cracovie, contribua à fairereconnaître l'insuffisance des connais¬

sances traditionnelles. Ce qui carac¬térise le temps, c'est la présence d'unmilieu intellectuel en effervescence

qui faisait défaut un siècle ou deuxplus tôt. En outre, Copernic bénéficiad'un patronage le chapitre de lacathédrale de Frombork qui luidonna la possibilité de voyager enItalie pour y acquérir des diplômesuniversitaires et le délivra des soucis

matériels. Mais plus important encoreest le fait qu'il eut le temps et laliberté de méditer et de s'engagersur la voie de la création.

En cette époque de changement,

Copernic puisa dans la nouvelle cir¬culation des idées les connaissances

vivantes dont il avait besoin pour bâtirson système ; et, à la fin de sa vie,c'est encore sous le triple signe duvoyage, de la liberté et de la techni¬que nouvelle de l'imprimerie que son

parut, sauvée de l'oubli.

La liberté de recherche, récemmentacquise, et, tout à la fois, la nécessitéde l'investissement intellectuel et le

travail méthodique de déduction desconséquences et de vérification desfaits voilà, sans nul doute, qui futplus important pour la fondation de lascience moderne que l'idée singulièred'une cosmologie centrée sur le soleil.

L'enseignement que nous tirons, àl'usage de notre temps, de l'obstina¬tion de Copernic, de son ardeur àapprendre, au-delà des frontières desa province, de sa disposition à parta¬ger ce qu'il sait avec des hommes denations et de religions différentes, ilnous est plus précieux que tout cequ'apporte son monumental traité d'as¬tronomie ou son hymne à la cosmo¬logie héliocentrique.

De son « coin retiré du monde »

Nicolas Copernic n'a pas seulementmis la terre en mouvement, mais l'es¬prit même de recherche, dont l'effetfut d'accroître si puissamment notreintelligence de l'Univers. Mais le motifdernier de la commémoration de son

anniversaire ce qui en fait unappel , c'est le vuu réitéré quesoient préservées la fragile liberté dela recherche et les conditions qui ren¬dent celle-ci possible.

13

Les étapesdes révolutionscélestesPourquoi Copernic était-il mécontent des

conceptions astronomiques de son temps?

par Olaf Pedersen

14

QiUAND le poète AlexandrePope écrivait son célèbre distique :

La nature et ses lois se cachaient dans

[la nuit.Dieu dit : « Que Newton soit I » et

[tout devint lumière,

il exprimait un sentiment général àl'égard des grands hommes de l'his¬toire de la science. La postérité atoujours tendance à considérer lesNewton, ou les Einstein, ou les Darwincomme de complets innovateurs qui,brusquement et sans avertissementpréalable, avaient changé le cours dela science et, du même coup, boule¬versé la position de l'homme vis-à-visde l'univers. Tel est, en tout cas, ledestin de Copernic qui, plus que toutautre savant, a été proclamé précur¬seur de l'astronomie moderne, aprèsla. longue torpeur scientifique duMoyen Age.

Que ce sentiment ait pu naître estlié au fait que les principes fondamen¬taux sur lesquels repose la cosmologiecopernicienne étaient suffisammentsimples pour être compris d'un vastepublic. D'abord, la Terre fut décritecomme pivotant autour de son axe.près du centre même de toute création.

OLAF PEDERSEN, eminent spécialiste del'histoire de l'astronomie, est professeurd'histoire des sciences et directeur de l'Ins¬titut d'histoire des sciences exactes à l'Uni¬

versité d'Aarhus (Danemark). Membre del'Union astronomique Internationale, Il est, enoutre, membre du Comité de l'Union Interna¬

tionale d'histoire et de philosophie des scien¬ces. Auteur de nombreux articles sur l'astro¬nomie du Moyen Age, il travaille actuelle¬ment à un Commentaire de /'Almageste dePtolémée et prépare un ouvrage d'introduc¬tion historique è la Physique classique.

Selon les termes mêmes employés parCopernic : « Avec les éléments quil'entourent, la Terre, au cours d'unmouvement diurne, opère une révolu¬tion complète autour de ses pôlesfixes, cependant que le firmament etles deux les plus hauts demeurentimmobiles. »

Il est vrai que cette conceptionn'était pas nouvelle, ni inconnue dèsla fin du Moyen Age, mais elle était sicontraire aux idées enracinées que peude gens alors, avaient été en mesured'y croire ou de l'accepter commevraie.

Ensuite, la Terre fut détrônée de saposition traditionnelle : « Le centre dela Terre n'est pas le centre de l'uni¬vers. (...) Toutes les sphères tournentautour du Soleil qui est leur point cen¬tral et, par conséquent, le Soleil est lecentre de l'univers », c'est-à-dire dusystème planétaire et de la sphèrelointaine des étoiles fixes qui consti¬tuaient encore la limite extérieure d'un

monde qui, même pour Copernic, res¬tait sphérique et de dimensions finies.

Enfin, la Terre fut privée de soncaractère d'unicité et réduite à la

condition de simple planète parmid'autres : « Ce qui nous parait être lemouvement du Soleil n'est dû à aucun

déplacement de ce dernier, mais à undéplacement de la Terre, (...) au coursduquel nous tournons autour du Soleilcomme n'importe quelle autre planète. »

De telles affirmations étaient non

seulement nettement incompatiblesavec les conceptions traditionnelles del'univers, mais aussi avec la croyanceen une place favorisée ae l'hommeprès du centre même de toMte création.

SUITE PAGE 16

Le fameux astronome arabe Abd

Al-Rahman Al-Soufi. qui vécutau 10e siècle à Ispahan (Perse),établit une « Table des étoiles

fixes ». ouvrage qu'il rédigeaen arabe vers 965 en adaptant

le catalogue d'étoiles de Pto¬lémée qu'utilisa plus tard Co¬pernic. Au début du 15" siècle,à la demande d'Oulough Beg.

petit-fils de Tamerlan et souve¬rain de l'empire Timouride, unecopie calligraphiée et richementenluminée en fut établie à Samar-

cande. Elle fut terminée vers

1435 pour une réunion d'astro¬nomes convoquée par OuloughBeg. Les illustrations, uniquesdans l'art musulman, sont certai¬

nement dues à un artiste persan

qui travaillait à Samarcande, etavait sans doute vécu en Chine,

car il imitait les peintures chi¬noises : elles sont en lavis à tein¬

te plate, à peine colorées surles bords, caractéristiques de latechnique chinoise de l'époque.Les vêtements sont mongols,comme le voulait la mode dans

l'empire Timouride. Les légen¬des, en arabe littéral, identifientchacune des constellations, les

points cardinaux et l'angle souslequel elles sont vues.

L'Homme fort (c'est-à-dire Orion)

Pégase. En légende : « Il se se peut que la lunesoit descendue dans le village du renard. »

_j¿v I&ä

Deux positions de la Coupe, hémisphère sud.

RÉVOLUTIONS CÉLESTES (Suite)

Aristarque de Samos, le dédaigné de l'Antiquité

C'est ce qui explique pourquoi leconflit inévitable entre cosmologiesrivales devait s'étendre bien au-delà

des cénacles scientifiques et susciterune lutte idéologique de telle ampleuret de telle brutalité que le monde n'endevait pas connaître de semblablejusqu'à ce que l'évolutionnisme fûtentré en compétition avec un systèmed'idées, différent certes, mais toutaussi passionné, sur le caractère uni¬que de l'homme.

La révolution copemicienne devintdonc un facteur prépondérant du déve¬loppement intellectuel de l'humanité etnous voyons là des raisons suffisantespour honorer la mémoire de celui quien fut le premier instigateur.

Mais en même temps que se livraientces joutes, les astronomes profession¬nels délibéraient plus prudemment surles implications plus techniques de lanouvelle théorie. Copernic l'avait lui-même habillée du langage mathémati¬que bien connu de l'astronomie tradi¬tionnelle. Son De Revolutionibus était,

par conséquent, intelligible à tous ceuxqui connaissaient et comprenaient

YAlmageste de Ptolémée sur lequel ilavait pris modèle. Tous les savantscompétents étaient désormais forcésd'admettre que l'astronomie copemi¬cienne était acceptable en tant qu'hy¬pothèse mathématique cohérente.

Mais ce n'était pas là le fond de laquestion. Tout lecteur attentif duDe Revolutionibus pouvait se rendrecompte du fait que Copernic était allébeaucoup plus loin en revendiquant lajustesse de sa théorie, en ce sensqu'elle donnait une ¡mage exacte

de la structure physique de l'univers.

Ce fut là le point de départ dudéveloppement scientifique extraordi¬naire qui suivit l'avènement de l'astro¬nomie copemicienne. D'un côté, elledonnait naissance aux tentatives de

vérification de la nouvelle théorie, parvoie d'observations et, avant tout, parla recherche du mouvement paraliacti-que des astres fixes impliqué par ledéplacement de la Terre autour duSoleil.

Cette étude occupa des générationssuccessives d'astronomes expérimen¬taux, à partir de Tycho Brahé jusqu'àBessel qui, en 1838, parvint à déter¬miner la parallaxe de l'étoile 61 de laconstellation du Cygne.

D'autre part, la présomption de lajustesse, au sens physique, du sys¬tème copernicien, guida Galilée etmaints autres physiciens dans leursefforts pour énoncer une théorie de lamécanique compatible avec l'astrono¬mie nouvelle et capable de supprimerles obstacles élevés par la physiquearistotélicienne traditionnelle. En parti¬culier la doctrine du mouvement natu¬

rel et de la position naturelle, et laconception de la gravité en tant queforce dirigée vers le centre de l'uni¬vers. La structure majestueuse de lamécanique newtonienne classique futl'aboutissement de cette lutte.

Ces quelques remarques suffisent àjustifier l'opinion selon laquelle Coper¬nic est l'un des fondateurs du monde

moderne, dans le sens idéologiquecomme dans le sens scientifique. Riend'étonnant à ce que l'histoire des idéeset l'histoire de la science aient trouvé

Ces ouvrages (ci-dessous), qui appartenaient à Copernic, sont conservésà Uppsala, en Suède ; le volume illustré de sphères est le grand calendrierromain de 1518, établi par l'astronome souabe lohann Stoff1er, mort en 1531.Au premier plan à droite, « l'Almageste » de Ptolémée, l'astronome grec dontle géocentrisme fit loi jusqu'aux travaux de Copernic, dans la premièreédition imprimée de 1515.

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Le premier traité européen d'astrono¬mie « Sphaerae Mundi » fut écrit vers1230 par un ecclésiastique anglais, Jeande Hollywood, qui signait en latin Johan¬nes de Sacro Bosco. Il s'inspirait, àtravers un traité élémentaire arabe, deI' « Almageste » de Ptolémée. La terrey était immobile au centre de l'Univers.Largement répandu en Europe, cetouvrage propageait encore le géocen¬trisme longtemps après les travaux deCopernic, comme l'attestent les gravu¬res ci-dessus qui ornent le volume»mprimé en 1567, avec les notes d'unthéologien florentin. De haut en bas :1. Position de la Lune sur une droite

qui va de la Terre au Soleil. 2. Eclipsesde Lune. 3. Représentation d'éclipsésde Soleil.

Photos Bibliothèque de l'Observatoire -© Claude Michaelides, Pans

une mine de matériaux dans l'héritagecopernicien ; mine qui est encore loind'être épuisée.

Il faut admettre, cependant, que

Copernic pose aussi d'autres questionsde nature plus complexe. Il suffit, cer¬tes, pour prouver son importance, dese référer aux conséquences de sestravaux, mais, pour mesurer sa stature,il est également nécessaire d'en exa¬miner l'origine. Aucun événement del'histoire intellectuelle de l'humanité ne

se présente isolé. Il a ses antécédentset, bien que tel ou tel savant parvienneparfois à donner au monde une idéeneuve, il existera toujours des influen¬ces que l'historien devra rechercher,non pour déposséder le véritable inno¬vateur de son génie créateur, maispour le situer dans une perspectiveplus vaste et souligner la continuitéfondamentale du processus historique.

Copernic a été initié à la science àl'Université de Cracovie qui était alorsprofondément imprégnée de l'espritdes astronomes viennois Peurbach et

Regiomontanus. En bons humanistes,ils avaient tenté de réformer l'astrono¬

mie en remontant délibérément à ses

sources classiques. Ils avaient, parexemple, entrepris une nouvelle tra¬duction améliorée de VAImageste dePtolémée.

ANS la préface à songrand ouvrage, De Revolutionibus or-bium coelestium (1543), Copernic re¬connaît s'être livré à une démarche

humaniste similaire. En fait, sa quêteà travers les auteurs classiques l'avaitconduit jusqu'à deux astronomes py¬thagoriciens, Hicetas et Ecphantos,qui avaient présumé que la Terre étaitmobile.

C'est d'ailleurs à peu près tout ceque nous savons d'eux et l'on hésiteà considérer une aussi mince tradition

comme ayant été la source d'une desrévolutions cosmologiques les plusconsidérables de tous les temps.

Dans le De Revolutionibus, juste,au-dessous du premier diagrammeimprimé du nouveau système dumonde, nous lisons un charmant pas¬sage qui commence par ces parolesdécisives : In medio vero omnium

résidât Sol (mais au centre de toutréside le Soleil) et qui continue parcette envolée lyrique : Car qui place¬rait cette lampe, en ce temple splen¬dide, à une autre ou une meilleure

place que là où elle peut tout illumineren même temps ? Certains l'appellentd'ailleurs, et très justement, la lampedu monde, d'autres son esprit etd'autres encore son gourvernant. (Her¬mès) Trismegiste le qualifie de dieuvisible et l'Electre de Sophocle : celuiqui voit toutes choses. Car c'est le

Soleil qui, en vérité, gouverne la tour¬noyante famille des étoiles, assis, enquelque sorte, sur un trône royal.

Mais ces réflexions éminemment

esthétiques de Copernic sur la positionqui convient le mieux à un personnage

aussi auguste que le Soleil, on est endroit de penser qu'elles lui sont venuesaprès coup et n'ont eu aucuneinfluence sur l'établissement de sa

cosmologie.

Il a, c'est beaucoup plus plausible,puisé son inspiration chez le célèbreAristarque de Samos qui, au 3e siècleavant J.-C, avait inventé une cosmolo¬

gie héliocentrique très semblable ausystème copernicien. En fait, le manus¬crit original du De Revolutionibusconsacre un long passage à Aristarquequi, par conséquent, était bien connude Copernic.

Il a, cependant, supprimé ce pas¬sage-là de la version imprimée de sonouvrage. Cette omission, digne d'êtresignalée, est certes difficile à expli¬quer : peut-être Copernic a-t-il eu peur,en rappelant que le système héliocen¬trique avait été rejeté dans l'Antiquité,de faire naître des préventions contresa propre théorie.

La supposition selon laquelle Coper¬nic aurait trouvé chez Aristarque lepoint de départ de sa propre penséene donne pas de réponse à cette ques¬tion fondamentale : pourquoi Copernicétait-il mécontent des conceptionsastronomiques de son temps au pointde chercher aux phénomènes célestesune autre explication ?

C'est là un problème compliqué quine saurait être illustré par de simplesconsidérations cosmologiques sansréférence à l'astronomie théorique età la théorie planétaire.

Il est évident que Copernic ne sesouciait guère de remplacer les outilsmathématiques de l'astronomie tradi¬tionnelle. Comme Hipparque et Pto'é-mée, il décrit les mouvements desplanètes en construisant des modè¬les géométrico-cinématiques imitantd'aussi près que possible les phéno¬mènes observables.

En fin de compte, tout devait êtreréduit à un effet réciproque de révolu¬tions circulaires uniformes autour de

leurs centres respectifs ; suppositionfondamentale à laquelle Copernicadhérait encore plus étroitement quePtolémée.

A cet égard, Copernic nous apparaîttout à fait attaché à la tradition et c'est

à Kepler qu'il revient d'avoir introduitdes concepts fondamentalement nou¬veaux, en imaginant des orbites ellip¬tiques.

Ces modèles géométriques devaientêtre assortis de paramètres numéri¬ques dérivés d'observations. Là aussi,Copernic s'y prend exactement de lamême façon que de nombreux astrono¬mes arabes ou latins, se fondant surdes données recueillies par Ptoléméeou d'autres observateurs anciens, aux¬quelles il ajoutait quelques observa¬tions personnelles.

Beaucoup de temps s'étant écoulédepuis l'Antiquité, cela devait conduireà des évaluations plus précises desdiverses révolutions moyennes. Maisil importe de se rappeler que ce genrede progrès est indépendant de touteconsidération cosmologique. Le simple

passage des coordonnées d'un cadrede référence géocentrique à un cadrede référence héliocentrique ne suffitpas à doter de plus d'exactitude lesthéories astronomiques.

Nous devons, par conséquent, enconclure que le désir d'édifier desthéories plus exactes n'est pas à l'ori¬gine du système copernicien. D'autrepart, le nouveau système ne pouvaitêtre ni prouvé ni réfuté jusqu'à ce quel'astronomie d'observation fût assez

précise pour montrer si les astres fixesont ou non une parallaxe, c'est-à-dires'ils présentent un déplacement dû àla révolution annuelle de la Terre.

C'est ce qui amena Tycho-Brahé etles astronomes qui le suivirent à amé¬liorer les techniques d'observation jus¬qu'à ce que Bessel, en 1838, découvrîtcet effet.

En 1957, V. Roberts put montrer quela belle théorie du mouvement lunaire

qui est exposée dans le De Revolutio¬nibus était à tous égards identique àla théorie lunaire d'Ibn ash-Shatir,astronome damascene du 14e siècle.

Des recherches plus approfondies deV. Roberts, E.S. Kennedy et F. Abbudont prouvé que la structure géométri¬que de la théorie de Mercure est éga¬lement la même chez les deux auteurs.

En particulier, tous deux se sont servidu même dispositif cinématique pourproduire un déplacement rectilinéairepar la combinaison de deux déplace¬ments circulaires.

Ce dispositif avait été inventé au13e sièc'e par un savant de Maragha,Nasir al Din al Tusi : W. Hartner a

exprimé de façon très convaincantel'opinion que cette concordance prouvel'influence exercée sur Copernic parl'astronomie musulmane. On ne sait

encore par quelles voies il en avait euconnaissance.

ES révélations ne dimi¬

nuent en rien l'originalité de Copernic.On ne trouve, en effet, nulle trace desconceptions héliocentriques chez au¬cun des astronomes orientaux sus¬

nommés et le mérite de la découverte

la plus sensationnelle de l'histoire del'astronomie revient intégralement àl'auteur du De Revolutionibus orbium

coelestium.

Tout bien considéré, il semble quela motivation la plus plausible deCopernic, lorsqu'il élaborait ce nou¬veau système, tient dans son ardentdésir de fonder une cosmologie quiapporterait plus de simplicité et plusd'uniformité à l'astronomie théoriqueque la vieille conception géocentriquede l'univers.

Il semble, en particulier, que Coper¬nic ait été troublé par deux défautsévidents de l'astronomie de Ptolémée.

Le premier, c'est que Ptolémée, bienqu'il ait dû utiliser quantité de modèles -tgéométriques pour les révolutions des I 1diverses planètes, ait également dûinclure dans chaque modèle un mou¬vement circulaire composant, dont la

SUITE PAGE 18

RÉVOLUTIONS CÉLESTES (Suite)

18

période de révolution était très exacte¬ment d'un an.

Le second, c'est que Ptolémée avaitété incapable de déterminer les dis¬tances absolues et relatives des planè¬tes par rapport à la Terre, de telle sorteque leur ordre, communément admis,n'était guère qu'une convention arbi¬traire.

Ces deux faits étaient connus depuisl'Antiquité, mais aucun astronome neparaît en avoir été troublé jusqu'à ceque Copernic ait démontré qu'on pou¬vait combler ces deux lacunes en

appliquant une seule et même méthode.Là, nous devons convenir que lathéorie héliocentrique fut un vrai traitde génie.

La période annuelle constatée danstoutes les révolutions planétaires ces¬sait alors d'être une mystérieuse coïn¬cidence et devenait une simple consé¬quence de la révolution annuelle dela Terre autour du Soleil.

L'une des caractéristiques les plusénigmatiques du mouvement des pla¬nètes avait trouvé son explicationrationnelle.

Autre conséquence : Copernic pou¬vait se passer des cinq cerclesgénéralement appelés epicycles qui,dans l'astronomie ptolémaïque, étaienttenus pour responsables du caractèreannuel des révolutions des cinq pla¬nètes ordinaires. La géométrie du sys¬tème planétaire tout entier s'en trouvaitsimplifiée d'autant, le rôle des cinqepicycles étant remplacé par celui dela seule orbite terrestre.

Le triomphe final du système coper¬nicien suivit directement cette dernière

trouvaille. Déjà Ptolémée avait sudéterminer (par des observations) lerapport du rayon de chaque epicycleà la distance moyenne de la planètecorrespondante. La théorie copemi¬cienne réduisit, en quelque sorte, tousles epicycles à la même taille (celle del'orbite terrestre).

En conséquence, les distancesmoyennes de toutes les planètes pou¬vaient être exprimées en unités durayon de l'orbite terrestre. Pour la plusgrande simplicité et la plus grandeclarté de son système, Copernic pou¬vait donc ajouter les distances exacteset l'ordre correct des planètes par rap¬port au Soleil.

Pour la première fois dans l'histoirede l'astronomie, le système solairedevenait un tout ordonné, au lieu de lastructure arbitraire qu'elle était aupa¬ravant.

En résumé, le système coperniciena eu sa préhistoire, comportant plu¬sieurs éléments séparés : les spécula¬tions cosmologiques d'astronomesanciens, les outils empruntés à Ptolé¬mée et aux Arabes et une série

d'observations s'étendant de l'Anti¬

quité à Copernic lui-même.

Son génie propre réside dans le faitqu'il a été le premier à se poser desquestions devant des coïncidencesmystérieuses et des conventions arbi¬traires dont des esprits moins grandsque le sien s'étaient depuis longtempsaccommodés.

Le lycée de Torun, ville natale de Copernic, porte le nom du grandastronome. On voit ici des lycéennes en train de soulever le bustede leur « patron » pour le jucher sur un piédestal.

Supplément spécial pour enfants

Le récit que nous publions dans les pages qui suivent, Copernic raconté auxenfants, a été écrit spécialement pour le Courrier de /'Unesco par le grand

savant français Jean-Claude Pecker, professeur au Collège de France, direc¬teur de l'Institut d'astrophysique du CNRS, à Paris. Secrétaire général (de

1964 à 1967) de l'Union astronomique internationale, le professeur Pecker estmembre de la Commission nationale française pour l'Unesco. Outre de nom¬

breux travaux scientifiques, il a publié plusieurs ouvrages destinés au grand

public. Citons : Le Ciel, et deux écrits. Collection « Savoir », éd. Hermann,Paris, 1972. Pour les enfants : Papa dis-moi. l'astronomie qu'est-ce que c'est P,

collection dirigée par le Palais de la Découverte, éd. Ophrys, Paris, 1971.

Le CourrierAVRIL 1973

Comment laTerrese mit àTournerautour du Soleilou

COPEENIC

raconté

aux enfants

par Jean-Claude PeckerProfesseur au Collège de France

Dessins et texte manuscrit

de l'auteur

© 1973 Courrier de l'Unesco

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CTUÙ CoPER.u\C, Qüi ECT-Cß? »

¿r¿ Tu deA/rouis cUkt .- " <^u' droit-ce. ?Cola. 14 ¿$~t foort ,'d y a déjà. Lien.XcrnjtemU ! £/v /yy$ t sy^ cÁJJLh«.

&. cz¿hAouL¿e.me cevUeiroUre de Sa.

houisscxnce. .... «-/" c est frour ueJlcx. ou.'lP

est clo&ii ê*jouA.cjou/ys de reATVde* 5"*^

/

" C'ikxir il y a. \<r*jjitmis

du (emja oie. Un, ^urU^tc?

* crL Hffw ( ¿/e*v L du* -&>.* fc/w/i

OjtAt eel*. ( Tu. /¿vue coJcuI&r .-Cin^ Stèd-es C(çsl- So o ans...e} ma*, QramdL- ^e^e. ejf ajz' iS

y o< Seu.feme*ct C&y<& av*^ ! »

?>

Pyl,... C é^-àth cvne e^ocftAt étrange f Elk c^uo^e^Sbrl-oSr à Leine du. AAoH£N-ñ6£ Je y out/oUt ¿"- &*Oto\ s cuales, -ta. OiA&vuL. de c&h£ a*s ... ¿fu* Scus-je enerre !o¿jm> yens vivcue*Á doms des ^etet** xriôPeà au*.*

¿iinîtfs ... Us a*o*(*i ^eur de i' ajvent*re.r douu*> &oJ¡rreh f-'J y ¿x voir -#¿oac©«/u de. -cou/^s _ wk<r&£+Á /.... ¿fdsui ou-ri, _ eJt óüla &ÙQa*ds ) <**> da*j (a* /notCtoxaneJ .Moas.do** CJ* LzkLeo vi((-e¿ , coJmes et activer y <to U*¿t-¿4 site's

(frais Oui! örmne. Pôfu*- 1 , Poju's, H, PojUS m .... eh h Suite.!)

III

Ae. &i4>aAe*¿fc .... deA rnonàU terreo accueÀf(cKe*Xr ty*. Qraxd.

hOYt^lsre^ d&> r*o¿r\e¿ ()i*À Orr^rnentandr à faJ^e, tôu't ¿ Jojf- crt*me

¿W ^u*. ajujoiAtd'-Lud of<L. 4L f?£CU£RCJ-/EL !

ÖW / Quje.icj^j^is t c(éfo«'r de. <* rcckerche cvn,Liu- hiíasre : ¿rw ma\^L^¿aif oUs ia* de LWvmJueu er-

da* aZanJnci Csnyficy^es^ «¿_<r*y recUrckaif-

hLi/oSo^ka.^- **f*ckoutje.

-en, :@: i1 t

' r»

CéJ-aÁr de. 4 alclu'n^ie. ... On Jba'soUf clussi de.

£ a s tro lo lie. colt cr*, crioycuh C^e. <íu aj¡treo fe '-e/ou'kvûv> -ex-coua oJ~t\ : <Ov h ' outbjJ- Om.Cusy-4. id&e. ou*, Ajuisl.

cÜstoncey on. cUo ¿oideo znju^x. VoLjh+je* /) iiyu*eh.fo*e*¿' - ...<o\lrie d*o #ö>tt hA&? ! / ¿fy CX &*.C*^a- otxu Ouo-Wttiop^Jtcj, Äa.SbJÍ ... ek fu. I^UyC JlCrt £00 -rXl^Là^Otri^o à "á* ^t*. (U*.jG**r\aJL d& Tyuodej ö(*e <¿k ia twevuz rnou's ca. e^uSß/cu'/- Ou XV ¿me sîècfe u/»e ^oi&y^ee h<m*t*.té*. , h'ezr

jJuo wv\e /ootehoe du. ixnA.r J Caá. tho arf$7+toQ~aj d 'ouy'm^eJ "-tum.tr*. r><r*Á. {iru-¿<r*As9 à\ < a/>'trirn<n*¿<t du. wryj oie Co^w***;ejt r*jiir*e da. <rùu** AïasyX . )

Cehüf- dU/fccX&L J' a, (kart / da foJre ch 4* rtcUreU .¿:t CourapiM</ .- J¿Jice ju'em. trouvoUé / doms oo íex^eAâue yfídit~a¿e»Jt &° ^rofeSteuuH et ho jj^lire* /c^> rej-r**-**o- "houJeo *Los3 Oue^ó'éirKó !.. C eroûr cäo o&uvreo oiu s:ava*Ot

9r*c A^ùshoie^ crut. c'e/oJf- & Siô^e. . feu. imfierfcf toon'sOK h'as/auU- Quere, -ex Jjrisir de CgyJesfer- ... RaJj4.lU-bn f lr*a.klU , r^uW 'B'RUUñiT &> oJcLinùsteSy-Crmme Sorciers!BtLcr*nÄQA<t , S\-tjujjr ceclecoke ?\ív~o JdUt OM-joutd'-LuLl Sourire yCe'hùr de. VRñ'lS Sava^ií^Ourieu^j ek- konnMeo , ...

... Crimme íes Sava^ch d'axy'ourd'-KuX . *9rv

¿<Mo*s hfot*i>lieà-ru.. La* de. tne.

karfer de, CjoPBRNIC »

<PERNIO. cxMoJib

dtu cÁ4u¿mj. Qf^t,eÀrdm. vita**. dovJt+JLt.

QjJoSh rûrttneU

eh reaardoCh Aw*ten>J7

<a. cieQ, C'e'bufowL,

4uñ»m4 rnoeleshe;

cUscuet' r eJt ùrKcCre .ItéfoUh reêi'Qieu*;CauàfuyCi'c^ue ,n£ a.

V*Ujvy* . ôk Pologne,k a Acodoujt

vécu, k

Frambotk , um,&*¿troi't trè* fnrid

dos** kU. OitmsL / [¿made ca. hie/L, ßcdA'cLvdi,

Q.ra*da_ 4sa*udM. Tou/^

,

(OOui

leuhikce y^ «COAL ¿a hxfyy cCtSSt'M

haut Co h'tst

f^as yraireji'+sf ce

e£ Sur Sa-iouT; il utaojvdcxZb Aouvx*,tdrLe CZ'lEL

Ce-jpe.nAa.nt j dL ~t&n4xJL.lr ihèsSoiry^eAA^re.hr\e*dt -de* Cor^M*ola. ^a*y oJAojjJC. t eM o4¿fsSoS¿¿Oft-toe^t ou*.* 4oiS de. £'£*&+*.du. fCome .... »

ir

<fc

K he Co*±e*iöuJr uay c*t*»,etaJ eu^dicth-fs tJ: &> ckerckexcri

de hncUhhna*.cVy

<* A/flyt j La* VraLmeAt . l£ h'oSaXt

^eut eit-t La* LanQvi. de. ce.Clu' id he CohnoJsscdt Ljuo -¿ríen, ...

c*- ernte sicUt ftoustéaict cU/àSeauco^ en, ce éem**$* ¡ oQutç&LZ-noùt Cenote ir-JKoraírx de Gof>&ts>ùc ....

-et ¿i y\e Croy.cu.i- La.¿ cf(*e ¿G*C<dhfii¿<fu.eJ curaÁerot vre*. ih£tíü*£tfO. Que dîSQÀen.{ Ancien, et -¿a Hounrôo**-

lêstairnerd; .... Je Se f*>So¿¿- de*îîî GESTIONS ???...

asCroHótneS ñ 'araicAt queéurUU yeu< faur Voir/)

VI

7

.... cU> ¿a, ¿It. 9«f'é'°"*

2 " O Q\A.élàiferns

Et 4nui -& #»ff>uafe Ji^ Loscm'l- :dh^ £et.tnx*;ÍF ÄeA. tfuje. in huofx.4(L hfOArutit LaA ¿itÙl&L ÛTy 7 jourí.... L~¡- O«« Geja_ 't-ioSt iföuvt Ou mainsS^fm tfCfÎÎQyyéi , .. A(on UouCC} u-C* A 'OAñJlíeA,. '.' ß/ L o oAjo uX> t^oMjxit'ii Oloi\a. -tout Cû. Qua. ¿m- ¿uroúí" CojJjÍ eJ- \&,ùg^mju^emdomÀ: d&A .4¿dcé&4 f c¿ Axaa"^ <j>w Cíf»»/>i«?np2*'á- «fi ÎradujLte.

anáen^ -ei"' ¿TK ^j&o kCiScUt curat t" <M> «5w*ti-o ¿4oAOufOndi CUi&JUa #W Ju*M du* X i*nA

cru. du* Xi ß#*»c Siede. ... an, ú»nm

khZme à ¡mkrimeA- otoo -&inM^^ si m£m^

éouÂ~ Cß- qul é/ou'£ eW¿" ..ît d U&*. ùvAit JjJa Seoucco*/*, ¡Et c'estLtui-ètrt CmJa, 'thut -¿L. ¡«¿UM

C est ^w2, -t\ famoir ¡ne resfrié- ^ù^j EtfpeRMti} d&*l ¿è f¡>¿5 far« ma, nu, s où fa /v»o»'S e.¿o»> oCa-1 #^*>usù«

¿To- Lnte'e de. TOUS Oit** oui vcu&xient ^txM-e f!^ff^¿de ¿ire (u 4/urt Âitn£J ...

Cof\ , cùcms Sa. toutj o*jl- dessus ¿h mo. Luhitk, mA ß~mda ^IhJLo àU ia, .'iwwv ßcxitn'q«^ -imalt 4~&o>jj.ódu^ . . . £f s'df ne"onuttllosir- u fes &<» ckoies- de á» M¿t4t'#K ^ îl 4 Críate ^uAml.htúime dm ¡éroé4ime.s .... 3^s jrmêiiyfn-iA

<T< fi % a^aÀt Las de (rtxth d fas frottante. /

aö4tS Xa èiifii'ofki^mij Cfrmme éei 7

/>**A Â Cieí... >z»

»

<fi nie*. Sur ûa Siji£ fK« a ^ou **rhcu's . ...

Vll

.... ruAÀS rie*,; cùa^s foui cela, me ¿uj. ¡jLu'Scùh vroÀmenst . ParceQue tou.r Ceûa- temblóla i¡er^ CoMTRAt>¡CTot/^E /

°2h¿. tôrKlA dsu* ÇàecS , Ariiharcf^e de famoS cusoSt-difoue- êa. TéhAJL d- êaa f¿&*J¿ées tournsLÍetoXT ardour otu- S»&i£jr*oJi Ajustóte er PÍoU^ao. cUtcUent exaude** eJh¿~ ... -&_

CONTRAiJlE : "&- SoLEtL -fouirne, ouJ-vur- de. U». TtsfíGS;

¿ba jÀaKèheo OuuSSi' ... TERRÇ ESr J. £ CE/VTRlT &U MONDE . >?

¿crnodS Carmine *£ ïfcur-e <ol cUJjférence. C

s

\ \ \

\

et»kc

]

Pédbiv&e

1 el- Sa. ViStf**

¿Lu. hntrnde

¿t Tu <** toJs<rK.' Ce n 'est ko* Jacife Mais te^rd*. iien:Ci L¿ TOunhe Av¿**t~ oía fà <J* -4Í ru.'hsuAneS au*dour dxiriri jfy* ia.ls**À t c'est u*, Leu. e\ 7*ëme cLose ! Nr*JO vaJjfKo -**_

Strxnmêjtt' *r*o 4-G*-f*e>n-Stous -(es deux ... .

yUou's.

VIII

... Si U ¡Ji&*>ds c^e ¿oMi / a*.h>v*j*e, ojjjhvj^dJL. rrjs\ j ¿f~ ^» m**- o^fr*^ d * eJíde. f c\SSjl.¿ik Uk*le eh fan t ut. ¿d*° QterS f _ mjr j*> hoe. dlftxce /Ajl. ^_tlAjjfOhds ©^ Ji¿3l>u2Á&l- de -&- cka^Àre.

äo m*C CLu,nry^ d'etÜL ( - UHU.

m

rAco\Te; UA- ceja. , da*s tA^r^

Or <4o -KoMhies Lnn^U/s kou\nsu,'&,drGroire y***- A. Si<râitJ i* resr o<J' u ne|ieKte. botJuL . MoJuo cUl, ít*r-yb d*.Coye*r*JLc- eJh »xiVnu- d-u~ bestraf* do*Çjl£X4> /_ <rw es** ¿oo-vaih Si*y** j[a*>-Xtiem. sïuAj ôVv Cmn£^SStxJ: ÎTSta* <&*duL^-cuJÍa ola* ?r\otA. vernents aufj^Aj^J^d¿s3 ASÎt-esi y kio\*jLh&0^ -dunJL, SorttiJ (TU.

eh¿ho /7ny\ ta, CidL . Yhc*iS s*~

Coy\*cxiSSoj.h- QLufs', Ol'ôvy,

d'avères cJLoges .- uo

Onde h s avoue hit ï*a*<*kju

<**> cUnnemiont de &*.TetvuL

et dUJUo diu. ÇerteJJÎ , et Ùua.obstan ce. /"ehJe t 'cûdijo\

*&* -¿ivre).

Hi sa*cue*.t que A s~*SlJ e*t

¿if* ^Cu/ûnossCfu4_

CaMa. ekùf- da/à u*e ckose 'nm^othanf^.IX

Ume-OjuJtre, cdurie yue -Cav^ Aatrvùt , c'e¿t cyue. cardol^es.l£ù.*Àte* hJL. îrecojute*t ja*ais -&eaM.couf^ ou*. S+kierf; cjua+d.a*^ cjto hjOApJida. de <!a. Ten**- Mercure^ Lar ¿xfi*y.¿a. ,ou\feKuA.î£ho * foUAJutAd: La/i oU fejff*- Sih^KO. Oujdoun. da kU. TihAJt jet<a* assode/t, ¿u», SdéJt est ikb* hodusveJ. .

Cesit&> &- S<-p>(è*e de ¡Go term.ee ¿fait ¡no-ins sltr-tû. Q«a_je ne.-(jL-dessihtí^. SyL **aitt*', cr*, rmmginoSt Que <es jj.atd.fes ¿e.d AUJu oLu CMA.CCO* CÙyct -Q Centre CÜLCnZvoSh audour

dt &. Tenh* u^v hnow^ejnent' CiroJldit**. uni/orme. . C efodtÂ)lt GarmfJcAtfu.* Atodi Cêtau h C<n-*/,¿£ da* rn<rnjresn**>ju%cxrr.oA.eryit> cU. -kouJteo -¿*> ¿ianXteA . Jz~h Cekaih (rie*. n*eiêPe*u-QtKt -¿'¡dite, d' A\ÀSi'aJi0u£. Gui ^'é.faih au. 'u-ne. idee Sin*-}*®-;

finite L&ut-êire , rncu's ihSu&>'s*.bn*tenit deixtnyyee *f ?"*de voit TonJyen, dans k? ouJrii .

entre 9t<rlím¿e er Co/«/trvtc , bie*. des SaVon^H djuvai&nt-sdflácJwC à. Coa quesiio*s ... ¿e "frio^n- Ä^i" h'enouh ¿a*uvne ekooue. de- AojuLvaae/vLa. ! 3ïen> oux. Crnd.raJ.re . kzh m.

améliorait- Leu. à ¿eu. Je "système, du- tn«nâM . ^w'f ftoLrofjrès restcùe-nt ei^/ouiS dams k!a*> rruxncu) odJ-S de* rnonaît&r-eiColeMuC , cjAtoù**m**yyOt ]*fi£uenc*\ Loa. vea <ec.AwCS , ^aa. unSe+kmen-t que 4 éhorme Strfe¿£ d*vo¿t , Á^«e*v*4sniti, eXr*Oua. t&yJhe du*. iy\o>n.de ...-eh ¿as -h. LeJfiie. Terre/ revint ¿uc*idees alors ouMiéeo, d'Anstar^vie . Mais J Jdb n-dem.* -i£ll*a.«<-hA. -kouJe Uvne *nee&nAC}«e d** rnctnnt^nry^eryjt» ds*\la*JLhes , ¡tu* CnmfUte q~e cJ(Cl ef% ÀFUsietofAj m«.* /£«*Si*+rQa. o«e celle de PktrfjLVnée , et fu¿ rendait c<rr».fifeytout oluSs: lien, de* mouvements ai.roAe*ds oies aséres .

Cttaïr A

SyST£A4£ 1>£ eoPEKHtQ.

\ U.Lm.»\

M:r

1\oSeAA*. \

1 î, i ¿>Q Vcwui Mors

Merci*r£i

1

4' Jupiter \

SaWrn*

t.CoPE^^C- er- Sem 5yST£ME

... Of 9ua' donna, ou*. Syolcime aie.CoyeKYJùc -foute Sa, vatêu*- /"î^/ai^.

de A " ßevoluti <r?v Copernicien ne. n __ ¿mimé, de £o-Révolution française f) c'est oue ,de Son, temis f commeJ ce < où dit , On. Cradcusa.it fon, i m/% rimout /0n. Low.*outConnattre vite, a des lieues et dej -£ie«es de distanteCa Ou'un -komme, auo.it Lej»se et éodt ... Ek & revoluti

CoLen.K¿c¿e^nne. t c'est omSS> an* Leu. t otluVre des tradjude****et celh des imprimeurs ...

^olûjiKCcowoùt de grands yeu* candides^ et dl ne ¿ensoutLaA à faoJL . it tXVait s* heur de cAoQuer fu* , Srtn-Grand -êtWe/ ¿fi y\e ¿L LuUCa- au*, très vieu*, e*. tSl*3 ,fáñn«>de Aa. nr\<r\it èfjrt Sa. hcxiSSanca et Sa rnorkj...

<m_

XI

. Jh. hrxonde avait tn'en, cLanaí f

ola. Ré/orme, ¿cotettanke de Jcuéle^ et de CoÂn*.S était, raff'en mie em, 8u.ro¿e . CA.nstoj.ke Grlomb avoir"oUcoui/erd 4' AnU/itoue, Ctttkès Co* Oui* 4a. Wex.îQu*t eit^hnaAiWan, laut- -ta. kour ¿Lu. tnonJre. . JzraSme oxvoùt emit

ê'e-êoyede ¿LÏoue, et ToJeJoiS Pantafu+el MfcldAhjg.O-Vaif yeint 4m. Ckajeih Stjckine, eh Uonard de VW 4iJocmde. <¿a. fxehaiJjante ouvrait 4' Europe ex toute Urne

Joie d*. vivre, o\ -hut t*n. ontJ ai *me CuAdosif* Som/oZîmttes ^M« 4* nuhxanXie' avoùt un, ^e*u. ouities dtxjjui*< a*A\'ouite. .

Et Lourtant , CoLê/irùc avait- tots<rh~ d AeScrW/Cor ¿I est eodt dans 4a, &/¿/« .'

I /. D¿£u. CriÁa. Ou*. Commencement lû/a cà&ux)eje loiTvrre .

iç .ùitu dffwc £fc- oUaajî. aromas^uvk^kvoZmj^, Ha. Jvcttvù**, ,4a.p»* f*»*-¿-|n0wv a.*ovr ¿qi<w*jufù* /t>n,ta. jVva_

Vin Zi. Moùi iomXoaa. »«.Terre Sera, , UU

c*<x**J, * 'il« el rUiYtt, 4. Jim ek U nuithe Oweront ¿*¡t»f .

X <Z Èfr XôU.7 Se Akt e0l , «Ha Lu*«. ),1,a;**tui-" L« Xoki'L ¿arrêta ou*. jhjUaeu. otiu c**** -er m «fekiU» Lo.'**- f«í A* Couck«ry fnviroiv u«.jour *«.K<r )

)

Gr>->i>vie»*f" Lourrou't-on- CmCevoir JoSu* artekanf fe Çolair,

ti c'nf 4a, Teñe oui -tourne ? Et A So fei f <fuf adé a¿*eSla. Terre / et Pa. mort de ¿k Terre d Serait fa mort d*. -fout .4e Soled ds\t 4ui ikre SuiordomnS ....

XII

/7 o e j

^QiSy k&ndant un, temyu , o*, ne dUcuta. Ka* t/uofr da. cqJLsl :Oi*, L&uÀa, em Joat / que -la, yápateme da. Co^eAAUc *t ' ¿trout

has kou* 1/toi H¿ lIu* Aqjucc. _ qut* -OL- A<jjAÍe\>m4 do.^iotimée. IE s'auussaiï AeiJUsmMnctr de 3>écR/RJ= Su

7noun>-e*y\e^its de* jAou*Àte4 »Ceux cfuX SuivUte*dr Co^tvinic é Aré^ûer d'oJttd^

joui* QoJLilske LêmAaie^nt oui erntrouAe que <* nousvecux-Shsteme 'était hius VR&i q«e -P* ancien. JJt° ekcut ¿>/en.vofii que &. Soleil était GROS, ma.Ä*sif t et

2 briflânt' ; que 4eS A&h¿teS / petites, et" sans écltxfc },rohre,£n«! So-nÀ eMßo |vöua quo cenvoyen. ¡lo, ^m*'é^ d*u aro-s StrùlQ ? )¿ouj-naient OmÀouj- du. So4ei4 ; et Jîna'ementr que @a. Terre¿toit une PuArvèTEj-Ctyytnne (*U dutre*!-; et h^I/^me^XrLÍüutí Grosse / ou, l^vit&4iee dc^n* Aeo m o uiromemith .

ollLo êkoictS; revanche f fi>r(r é l o i j «SenAr&ydr de, J¿ek*vuL Jixe. ; *-t ta. djL^¿Aüarn.Qyyd7 oA^A^ht du.SoßuJ La*, -te-LL*ydr «*«/ ¿é<riùuQ résulte sim.j.QemeKÍr de (L*lotatio~n^ djL kOa. TthJxJL OjjdsuA. OU*. Strtoil , C£f&y^QmtrQue -c*. Succession, d&o j(T*A* et~ dji* ru*ifs 4&sulte de 4x.hxÂation, oie k*. TèM,e ojudouh. d*. ^Aok, avxe? .

Ça h'öl f ou*, de, <*it¿ruj; {rouît cmJL. !

l%aiS Ou ttV>*p¿ de Go¡JsVhi.C/ ^rrv aVtXik êi du hnalà Í& e<rm¡rtem-dAJL , - à admettre. Que. dans As textesSaints de toute* 4su> wtaUñSj il y avtxit Souvent der\ào 4eajuX Symbofej jôu'J ne joutait la* CemArendre d'unejo,ço*, tro/c. Ùttéiutfo. à. admettre Que ow distances de*¿tinta* éfaient ¿normes qu* le. So4e¿l n 'était -&ui- m&me.fju{wn*l ètoiêe. Ctrmme 6zq Qjutres^ .... et- tries*. ¡J<h* oroSSe &*.V¿i¿te' ejue la Tewit-f

ftisrt, ftjl'Se de Ito-me mtt d 4' "index"I Ouvrajie de CoLesituc :

y

XIII

Con, * a Va* r ffuS Al ¡,enmASi>'<m, de 4¿r* et d* Chaire CofenxiCjOn* * ava»r ku) ^-«- j,en.m* ss» v*s ae -cc/rc crwi uu^rx.

lAn*, savait QjrmmJL. GotkûjLe cUvotr L^íUquemetot aUre(csntraihtrn+nt' à ce C^iH f^naaitj que &. 7ë.rr« «ftmmoolh f et que. 4e Soleil -hume, auuJvur d'etre.

GotiUc

fluioucdkuLi j li t et bourra*>t,eSe dé/.la.cei" de ôJLUe ('d ¡^JUitdjL.A TerreJ , et hut 4a teste, -tout cela.*çh ¿ien foin. .

~our<.

Tourlo.K.t; tu devrxxis réjlacitr Um, /¿-u., *r*K.^ith, a.C&A Lnoo<¿met .Sowvernt 4a science r\ro, }+a er*c*Ae- trou*Centaine** *uLkrn*4*i à CuUoùne* questions ^ et rn.Se. Crntentede labendes _ *)ur 4'crUj'me de 4a, vie , ¡>ojr exemple.

Mais um, jour f 4a Aden ce trouvera j Crmme <rnttrouve Cor tCé^Qer, ôaJL&e tt A/e^ofon, . Et Ce jcruf- 4à^it ifouudra. (on\Sid¿uvi. 4s*o irieil&o 4dqend-e* 9 4ao textes

Saches . Crrnm*. de 6e ties ydstoCres Crmme um, Crnte ala flA-èl ' >*>

¿£ Alexis , La.Lay au*. J¡o*d¿ t' taliSe avait Lejut-ett*. roùsrm 7<A*esf-û? que cela. L&uf Joùre Que Ca Srit la Strleit qui

lie* 4a Terre? - G qui Cryu^fe , c'est lernouvement TZELftTiF , n'esf-Ca ¿as ? Tu m'as TTi-tofmeLarto Leu. jour , de*"re tätigte'" ...XJe n'avais ^o (ñe* crmrt<i afrrSj

hnaii je Crmmence d Crrnjviendrt ... Pfoldmee deoUvait 4*Srnmremeydi a/L/Arenis rnrins sim^Lment j^e^tetre que Cortn.nicy

XIV

AAeruue. Terre

Mercure

... hnoùs Ojussi' bienj et q<*jar\d Aa. oU'Sais qu'un, système est

¡4us vrai, que l'autre, tu. ne cms fes q«e c'est toc quite, -trompais Z »

¿c Ma, Si fie , tu. h as fes trien, écouté ! Si la Terre et la.SoieJl étoiLht seuls; eJ*e$ j*4e 4' accorde. , les deuxdtîoù^rions de Quur lrr\ouVemem*t 4e Soie ii -tourne.Cuukour de fa. TerreJ -la. Terre -tourne. ouutour d**, So-l&JlSont eOui valentes ....

Mais Jy a, 4ao j4anetes . Sites -tournent tu*Jvurdiu. SoleJ', La* de 4a. Terre S/'m/Cem-ent fen.ce, cyuAi.

A SoPeiê

est -Sz'eu.

jxédj ty\aSSifque i*.Terre. Bt

Cela e<^C'q*.e.

Lmnquri tía,

he v<ríSjamais" Meroujre *~

,&/anète 4k //eu, JweÀe oU So4ei4,frès éleijnee du so feil -ttdm-eme.

j£t J y a. 4&o étoiles . /a. Terre se meu*X ¿aa,-talkcrut Ojux étoiles ;ckaúue année Ce m<rn*cm+4uX e*t

ooéeAVaJble . ckaq^e éroila ^rocke a l air de déenire *"*trajectoire j cette trajectoire a/^a rente resulte de cellede ta. Terre autour du. Sofed < ¿4 n'y a aucun rno<±&»-de P Cf-kuQuec dans le Systeme da Ptolémée . Cû monr*mtJut~est kits f>eKf : (J n' a éle of>¿en.ve Ou' au. X7X èm* Sie'do ,feroesSeÇy et CorehKic y\e<a Connaissait fes : mais it a. très bien,CiTnjirmé te* idees de CoLehnte : 4e Soleil est a Le* 1res fixeLor ra-Uorf ¿a** ¿toiles ; ca. Terre (444o / fait en Une anne'e

Un*, tour Crm^Het Lar nx/rrrt au. Soteic ....

¡onf SeJi-.^ PèoùLfKjae)

XV

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XVI

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SUR LES TRACES DE COPERNIC

(Suite de la page 8)

Son traité ne sera pas imprimé,seules quelques copies manuscritescirculeront. Il a pour titre : NicolaiCopernici de hypothesibus mutuumcaelestium a se constituas commenta-

riolus.

Nous ne connaissons pas la dateexacte de la rédaction du Commenta-

riolus. Elle se situe probablement peuavant 1509, année pendant laquelleCopernic révèle une autre face de sa

personnalité. Car c'est en 1509 queparurent à Cracovie les lettres

de Théophylacio Simoccata, écrivainbyzantin du 6e siècle, qu'il avait tra¬duites du grec en latin.

EUX dates marquent unenouvelle période de la vie de Coper¬nic : 1510, année où il s'installe à

Frombork, et 1512, quand meurt l'évê-que Lucas Watzenrode. Approchantalors de la quarantaine, Copernic estconfronté à son immense tâche scien¬

tifique : préciser et exposer l'ordrehéliocentrique du monde dans un

ouvrage aussi général et complet queVAImageste ptoléméenne. Il allait luiconsacrer le reste de sa vie.

Sans nous étendre sur le rôle de

Nicolas Copernic membre du chapitrede Warmie, notons cependant qu'àl'époque où il écrivait les premierschapitres de son mémorable traitéd'astronomie, il devait assurer, fort

efficacement d'ailleurs, de lourdesfonctions administratives, économiqueset politiques.

Dans les années 1516-1519, Coper¬nic réside à Olsztyn, en tant qu'admi¬nistrateur des biens du chapitre ; en

dépit de ces activités, il ne néglige paspour autant l'astronomie. Au château

d'OIsztyn, aujourd'hui transformé en'musée, on peut voir un ingénieux dis¬positif d'observation qu'il construisitde ses mains.

A la mort de Lucas Watzenrode, la

Warmie connaît une période très diffi¬cile. Menant une « guerre sansguerre », les Teutoniques harcèlent leterritoire du diocèse d'incursions de

bandes armées. Olsztyn est tout pro¬che de la frontière de l'Etat monasti¬

que.

En 1520, quand la guerre éclate denouveau entre la Pologne et l'Ordre,Copernic revient à Olsztyn, cette foispour y organiser la défense du châ¬teau fort contre un siège imminent. Lapaix, conclue de nouveau en 1521, luipermet de rentrer à Frombork.

Mais il porte la lutte contre lesTeutoniques dans un autre domaine,

celui de l'économie. C'est que l'Ordrebat fausse monnaie et désorganiseainsi le marché monétaire des villes

poméraniennes. Après plusieurs inter¬

ventions, Copernic publie, en 1526, sonTraité sur la monnaie, dans lequel ilexplique comment « la mauvaise mon¬naie chasse la bonne ».

La découverte de cette règle (connueaujourd'hui sous le nom de Loi deGresham-Copernic) n'est pourtant passon unique titre de gloire dans ledomaine de l'économie politique. PourCopernic, la « bonne monnaie » conser¬

vant toujours sa pleine valeur, est

autant l'effet que la condition de« l'enrichissement », c'est-à-dire d'uneéconomie saine, fondée sur le travail

« d'excellents artisans » et d'échangesbien organisés.

Nous trouvons chez Copernic unedéfinition pertinente des véritables sti¬mulants de l'activité économique, défi¬nition qui diffère fondamentalement desimpératifs moraux de l'assiduité au tra¬

vail, propagés par les philosophesscolastiques. Les questions poséespar la politique des prix ne lui sont pasnon plus étrangères.

Au cours des années qui suivent sonretour d'OIsztyn à Frombork, Copernicarrive à l'élaboration concrète de la

conception de son ouvrage capital,connu plus tard sous le nom deDe revolutionibus orbium caelestium,libri VI.

La teneur révolutionnaire de l'

de Copernic relève des nouveaux prin¬cipes de cosmologie qu'il a établis :il a privé la Terre de son rôle de centredu monde, découvert ses mouvements

diurne et annuel, et élaboré une des¬

cription nouvelle du système planétaireassignant la position prédominante auSoleil.

Au début des années 1530, le traité

reçut sa forme définitive, mais il fallut

encore dix ans pour qu'il fût imprimé :Nicolas Copernic était en proie à unecontinuelle « insatisfaction créatrice ».

La publication de l'édition impriméedu traité De Revolutionibus a son his¬

toire. Un jeune professeur d'astrono¬

mie à Wittenberg, Georg Joachim Rhe¬ticus, arriva en Warmie en 1539, attiré

par les rumeurs qui couraient en

Europe sur le labeur grandiose del'astronome de Frombork. C'est Rhe¬

ticus et Tiedeman Giese, évoque deChelmno, humaniste et fidèle ami de

Copernic, qui emportèrent les ultimesrésistances de Copernic et obtinrentune copie du traité pour impression.Rheticus prépara lui-même une publi¬cation intitulée De Libris Revolutionum

D. Doctoris Nicolai Copernici Narratio

Prima (Gdansk, 1540), annonçant laparution du grand ouvrage. En 1542,Rheticus édita à Wittenberg un ampleextrait du traité de Copernic, consacréà la trigonométrie sphérique.

L'histoire de l'édition, à Nuremberg,du De Revolutionibus, le rôle joué parles vérificateurs du texte (l'astronome

J. Schoner, et surtout le théologienA. Ossiander) occuperont encore long¬temps les esprits des historiens de lascience.

Ajoutée par les éditeurs en coursd'impression, la prudente introductionanonyme qui ramenait la théorie deCopernic à une hypothèse purementformelle contraste d'une manière

éclatante avec la magnifique lettre dedédicace, adressée par l'auteur aupape Paul III et constituant un admira¬

ble éloge de l'astronomie et de sesvaleurs cognitives.

Le premier exemplaire de l'ouvrage,imprimé à Nuremberg, ne parvint àCopernic que le 24 mai 1543, le jourmême où, après une longue maladie,il rendait son dernier souffle.

LUS de dix-huit siècles

séparent Copernic d'Aristote, le

« prince des philosophes » de l'Anti¬quité. Treize siècles durant, VAIma¬

geste de Ptolémée était demeurée laparfaite représentation du système del'univers.

Près de deux millénaires durant, rien

n'avait donc bougé, alors qu'il y aquatre cents ans à peine qu'a éclatécette révolution intellectuelle des

temps modernes que fut l' deCopernic. Galilée et Kepler se sontinspirés à l' de Copernic. New¬ton a couronné de ses Principes cette

première période de la grande révolu¬tion scientifique.

Dans la dédicace au De Revolutioni¬

bus, Copernic écrivait : Si cependant

il se trouvait des gens de mauvaisefoi qui, bien qu'ignorant tout des mathé¬matiques, se permettaient de juger deces choses et, à cause de quelque

passage de l'Ecriture, malignementdétourné de son sens, osaient blâmer

et attaquer mon ouvrage, de ceux-làje ne me soucie aucunement, et ceci

jusqu'à mépriser leur jugement témé¬raire.

Il eut le courage d'exposer ses idéesnovatrices dans un ouvrage scientifi¬que longuement mûri et de s'opposer

à l'autorité traditionnelle des Anciens. 1 QIl fut le premier à ouvrir le long ' *»cortège- des créateurs de la sciencemoderne.

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La granderévolution culturelle

de la Renaissance

De la Pologne à l'Italie, toute une

Europe en fermentation intellectuelle

par Paolo Rossi

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'OPERNIC a dix-neuf ans

quand Christophe Colomb, en 1492,atteint les côtes du continent améri¬

cain. Sa vie se déroule pendant lesdécennies où se jouent et la Réformeet la Renaissance, époque du grandart retrouvé et de la division religieusede l'Europe, alors qu'ont lieu d'âpresguerres entre royaume de France etempire d'Allemagne et quand, à la suitedes découvertes géographiques et des'ongs voyages d'exploration, se pro¬duisent nombre de bouleversements

économiques et sociaux. Ici éclate lacrise de l'Europe féodale, et s'affir¬ment les grands Etats européens.

PAOLO ROSSI, professeur d'histoire de iaphilosophie à la Faculté des lettres de l'uni¬versité de Florence, est un spécialiste réputéde l'histoire de la science au J6= siècle.Parmi les nombreux ouvrages qu'il a consa¬crés à cette période, on peut citer sonFrancis Bacon (Bari, 1957), biographie tra¬duite en anglais (1968) et en japonais (1970)et, surtout, Aspettl della Rlvoluzlone scienti-fica (Naples, Morano, 1971). Auteur de I filo-sofi e le macchine (Milan, 1962. 1971); il aparticipé à l'édition italienne des oeuvres deBacon. Vico et Diderot.

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L'astronome devant Michel-Ange.

Léonard de Vinci, le pape...

De Bologne (Italie) où il poursuivait ses études, Copernic vint àRome, en 1500. Il y fit des conférences sur les mathématiques etl'astronomie. Peut-être y esquissa-t-il déjà certaines objectionscontre le géocentrisme de Ptolémée. On sait que Michel-Angeassista à ses conférences et vraisemblablement bien d'autres

artistes et savants de l'époque. Dans ce tableau, un artistepolonais du 19e siècle, Wojceich Gerson, a réuni, autour deCopernic faisant un exposé en présence du pape Alexandre VI(1), divers personnages de l'époque, dont Léonard de Vinci (2),Michel-Ange (3), César Borgia (4), Le Pérugin (5), Bramante(6) et un diplomate, Baldassare Castiglione (7). Assembléedistinguée s'il en fut jamais.

Copernic a été le contemporain del'humaniste Erasme de Rotterdam et

du réformateur Martin Luther, du roiHenri VIII, qui va affranchir l'église

'anglaise de l'église romaine ; de l'em¬pereur Charles Quint, de Léonard deVinci et de Michel-Ange, de l'astrolo¬gue et médecin suisse Paracelse et deNicolas Machiavel, le grand théoricienitalien de la science politique.

Le monde culturel où vit Copernic,en pleine fermentation, est en quête denouveautés. Affirmant le droit au libre

examen des textes sacrés, la Réformerompt résolument avec la disciplineintellectuelle rigide qui caractérise lacivilisation médiévale. Le besoin d'un

renouvellement profond, d'un examende la nature dénué de préjugés, animeles artistes et les savants du temps.

Léonard de Vinci (1452-1519) pro¬clame la nécessité d'une étude fidèle

de la réalité naturelle, susceptible dedécrire et de mesurer avec exactitude

les phénomènes : l'investigation de lanature doit user des moyens qu'offrentles mathématiques, utiliser les capa

cités analytiques de la vision et surtoutrenoncer à se borner au simple rappeldes idées reçues en matière de culture.

Ceux qui n'affirment qu'en s'ap-puyant sur les citations des grandsauteurs du passé et sur les ouvragesde l'Antiquité, écrit Léonard, « ne seservent point de leur talent, mais deleur mémoire ».

Il importe de ne pas croire ces phi¬losophes « dont les raisons ne sontpas confirmées par l'expérience ».Léonard de Vinci fait appel à la foisà « l'expérience » et à « la raison »,c'est-à-dire à la nécessité de lier étroi¬

tement la découverte expérimentale dumonde et les théories abstraites ou

mathématiques capables de divulguerl'univers en son essence même.

Se dressant contre les maîtres des

universités et les « lettrés », Léonardse dit « homme sans lettres ». Ce quicaractérise sa pensée et la penséede son temps, c'est une curiositéinsatiable à l'égard de la nature. Pour¬quoi trouve-t-on des coquillages ausommet des montagnes ? Comment

font les oiseaux pour voler ? Quelleest la cause des vents ? Quel est lemécanisme de la marche chez les hom¬

mes et chez les animaux ?

C'est sur ces interrogations fonda¬mentales que naissent, en même tempsque son artistique, ses nom¬breux projets de machines, ses recher¬ches anatomiques, sa réflexion sur lascience et sur ce qui, en propre, lacaractérise.

Une âpre lutte contre l'enseignementdes disciples d'Aristote, une ardentepassion de la connaissance des « arca¬nes du ciel et des secrets de la na¬

ture », un esprit de connaissance uni¬verselle orienté vers la conquête detoutes les branches du savoir, toutcela, caractérise aussi quelques-uns deceux (et non des moindres) qui s'adon¬naient à ce que l'on appelait, pendantla Renaissance, la « magie naturelle » :l'Italien Jérôme Cardan (1501-1576),le Suisse Paracelse (1493-1541), l'Al¬lemand Heinrich Cornelius Agrippa(1486-1534), l'Italien Gian-Battista dellaPorta (1535-1615).

SUITE PAGE 22

21

LA RENAISSANCE (Suite)

Les mille facettes d'un génie

Les compétences médicalesde Copernic lui valurent dans sa vieplus de considération que sesdécouvertes astronomiques. Ilétudia la médecine de 1501 à 1503

à l'Université de Padoue, l'undes principaux centresd'enseignement médical del'époque. On y étudiait l'anatomie,mais, la dissection des cadavreshumains étant alors interdite,Copernic ne reçut qu'unenseignement livresque.L'amphithéâtre d'anatomlede l'Université de Padoue,représenté sur la gravure ci-dessus,ne fut bâti qu'en 1594, plus decinquante ans après la mortde Copernic.

Photo © tirée de Inventeurs et DécouvertesEd. Hachette, Paris

22

La « magie renouvelée » à laquelles'intéressent ces médecins et astrolo¬

gues est essentiellement l'étude deseffets naturels. Elle vise à assurer àl'homme la domination du monde, et

l'homme ne pourra atteindre ce butqu'en se faisant « ministre » ou servi¬teur de la nature.

Les miracles qu'accomplit la magie,écrit par exemple Cornelius Agrippadans son De vanitate scientiarum (Dela vanité des sciences), ne sont nulle¬ment semblables à ceux que décriventles religions : pour celles-ci, il s'agitd'une violation des lois de la nature,

alors que les miracles de la magierésultent d'opérations effectuées parl'homme sur la nature.

Selon l'étymologie du terme latin« miracula », ces miracles ne sont que« choses dignes de provoquer l'admi¬ration » et témoignent surtout du pou¬voir d'accélérer les processus natu¬rels : abréger par exemple le tempsnécessaire à la maturation des fruits

sur l'arbre, ou vaincre, grâce à destechniques agricoles, le rythme impla¬cable des saisons.

Peut-être faut-il souligner quelquesaspects caractéristiques de la cultureau temps de Copernic. La distinctionentre magie et science, évidente pournous autres modernes, ne l'est guèredans la première moitié du 16e siècle.A cette époque, on revendique, onexalte l'expérimentation, l'étude de lanature, l'observation des phénomènes,au sein d'une vision du monde très

différente de celle qui, au cours dusiècle suivant, sera celle d'un FrancisBacon, d'un Descartes, d'un Galilée.Car ces fondateurs de la science (et

de la philosophie) moderne vont ba¬tailler durement contre la mentalité ma¬

gique du siècle précédent ; ils tiennentcette forme de pensée pour dépassée,nég'igeable pour le philosophe ou lesavant.

Or Copernic, quant à lui, vit en untemps où la distinction entre magieet science est bien loin d'être aussi

nette.

Pendant la Renaissance, la révoltecontre la pensée traditionnelle, et sur¬tout contre la pensée aristotélicienne,fait motif essentiel. Le philosophe etgrammairien français Pierre de LaRamée, prétendait pouvoir démontrerque toutes les doctrines d'Aristoteétaient fausses. Ce refus de la tra¬

dition, ce besoin général de nouveauté,entraînaient une rupture avec le mondeuniversitaire encore tout empreint dela philosophie d'Aristote. La plupartdes hommes de science du 16e siècleétudient dans les universités, y ensei¬

gnent souvent, mais le débat majeurn'a plus lieu, comme au Moyen Age,dans les universités.

Celles-ci, dans la seconde moitié du

16« siècle, et au cours du siècle sui¬

vant, n'ont plus le pouvoir de jouvencenécessaire en un temps de rapide évo¬lution intellectuelle. L'astronomie nou¬velle de Copernic ne s'imposera dansles milieux académiques qu'avec unelenteur extrême. Pendant plus d'un siè¬cle après la publication du De Revo-lutionibus, on continuera à enseignerl'astronomie ptolémaique dans lesuniversités et Galilée lui-même ferades cours à ce sujet.

Au cours des années où l'on redé¬couvre les textes d'Archimède et où

on en dégage une méthode nouvelle,on continue à pratiquer Euclide dansles universités. Les textes d'anatomie

du Moyen Age continueront pendantlongtemps à servir de manuel aux étu¬diants en médecine, et même après laparution du premier texte moderned'anatomie publié par André Vesaliusen 1543.

Telle est la toile de fond sur laquelles'impose un renouvellement des ins¬titutions, lui-même étroitement rattachéà la nécessité de méthodes nouvelles,en vue de l'acquisition et de la trans¬mission de la culture.

Les groupes d'étudiants qui se ras¬semblent autour d'un maître, les aca¬démies, les sociétés scientifiques quisurgissent en Europe au cours des 16eet 17e siècles témoignent de ces exi¬gences nouvelles.

C'est au grand livre de Copernic(1543) que l'on fait débuter cette révo¬lution scientifique, qui trouvera sonaccomplissement dans les travaux deNewton, et dont découlent quelques-uns des aspects fondamentaux dumonde moderne. De cette révolution,datent la naissance d'une physique,d'une astronomie, d'une médecine dif¬

férentes de celles qu'avaient connuesGrecs et Romains.

Copernic est un homme imprégnéde la culture de son temps, et saformation est celle d'un humaniste

dans toute l'acceptation du terme àson époque.

C'est en Italie que Copernic a apprisle grec et lu Platon. L'un de ses maî¬tres, Domenico Maria di Novara, étaitun disciple des philosophies platoni¬cienne et pythagoricienne, qui domi¬naient la culture italienne de la Renais¬

sance.

Ainsi qu'il en va pour bien d'autreshumanistes, Copernic ne présentaitpas ses nouvelles découvertes astro¬nomiques et son nouveau système dumonde en rejetant catégoriquement lesthéories traditionnelles, mais commeen avançant une renaissance des théo¬ries de Pythagore.

Au lecteur, il donne sa propre doc¬trine comme étroitement liée à une

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Remontant au 10e siècle avant notre ère, cette peintured'un papyrus égyptien (ci-dessus) montre le corps étiréde Nout, déesse du ciel, que soulève Chou,dieu des airs, pour former la voûte des cieux ;sur le corps de la déesse, les taches représententles étoiles. Nout avait épousé son frère Geb,dieu de la Terre, mais Râ, maître des dieux

et de l'univers, opposé à ce mariage, ordonna à Chou,leur père, d'éloigner Nout de Geb, séparantainsi les cieux de la Terre.

Photo Musée du Caire © Hassia, Paris

Pour Homère, l'Olympe, séjour des dieux,était une montagne qui avait pour basele ciel, et dont le sommet regardait la Terre ;du moins était-ce là ce qu'avait tiré destextes homériques, au 18e siècle, l'éruditfrançais lean Boivin. Dans un passagede « l'Iliade », qu'illustre cette gravure(à gauche), Zeus, pour prouver sonpouvoir, menace de lier la Terre à l'Olympepar des chaînes d'or, affirmant ainsisa dépendance à l'égard des cieux.

Photo © Bibliothèque Nationale, Pans

contemplation du monde vu en tantque révélation ou manifestation deDieu. Il inscrit sa découverte dans un

contexte religieux : le Soleil, Seigneuret Roi du monde visible, est un sym¬bole de Dieu.

Cette glorification du Soleil, les réfé¬rences continuelles à Pythagore, quel'on trouve dans De revolutionibus,

nous autorisent à rattacher la penséede Copernic à l'un des grands cou¬rants de la philosophie de la Renais¬sance. En 1462, non loin de Florence,Marsile Ficin avait entrepris la traduc¬tion des Dialogues de Platon. Avantmême de traduire Platon, il avait donnéune version latine du célèbre Corpushermeticum, recueil de textes d'auteurs

grecs ayant vécu entre le 3e et le 1"siècle avant notre ère.

Ces écrits, mélange de thèmes pla¬toniciens et stoïciens, étaient attribuéspar Ficin (et, jusqu'au milieu du 17esiècle, on respectera cette attribution)à un personnage mythique de l'Egypte :le dieu Thot, que les Grecs identifiaientavec le dieu Hermès et que l'on qua¬lifiait, dans certains cas, de Trismé-giste ou « trois fois grand ».

Marsile Ficin voyait dans la philo¬sophie platonicienne une doctrine dela révélation religieuse éternelle, quise manifeste en tous les temps. Il affir¬mait que cette philosophie religieuse« naît avec Zoroastre chez les Perses,

et Hermès chez les Egyptiens, s'enri¬chit grâce à Orphée chez les Thraces,grandit avec Pythagore chez les Grecset les Italiotes, pour atteindre sonaccomplissement à Athènes avec Pla¬ton. » Dans la pensée de Ficin et danscelle des platoniciens italiens de laRenaissance, philosophie et religion nesont pas séparées : les grands ouvra¬ges de la pensée et les textes desdiverses religions concourent au mêmerésultat.

Or, dans le passage cité plus hautet qui se rapporte à la place centraledu Soleil, Copernic se réfère explicite¬ment, nommément à Hermès Trismé-giste. Sa doctrine astronomique nou¬velle voyait le jour dans un contextephilosophique et religieux d'une ins¬piration néo-platonicienne évidente etutilisait la citation d'une célèbre

où Hermès décrivait le culte solaire

des Egyptiens de l'antiquité. Or, rien

n'est dû au hasard et l' de

Copernic est une expression signifi¬cative de la culture moderne nais¬sante.

Cependant, Copernic, profondémentimprégné de la culture néo-platoni¬cienne, a préféré présenter son nou¬veau tableau de l'univers comme une

renaissance des doctrines de l'anti¬

quité. C'était un homme timide et pru¬dent. Peut-être l'intérêt qu'il portait auSoleil, l'un des thèmes principauxdes philosophies néo-platoniciennes au16« siècle le poussa-t-il à effectuerdes recherches astronomiques visantà démontrer la centralité du Soleil

dans l'univers. Ou peut-être, et l'hypo¬thèse est également légitime, cher¬chait-il à rendre acceptable la nou¬veauté de son astronomie en l'insérant

dans un contexte philosophique fami¬lier aux intellectuels de son temps.

Quoi qu'il en soit, il est certain qu'ila pleinement exploité deux grandesleçons de la culture du 16" siècle : ladécouverte de régularités géométri¬ques et astronomiques dans la nature,et la révision critique des acquis del'Antiquité. '

23

Pour les

arpenteursdu ciel

Photos Paul Almasy - « Courrier de l'Unesco

^

Pour ses observations et calculs astro¬

nomiques, Copernic disposait d'ins¬truments qui, depuis des siècles,n'avaient guère subi de modifications.Ci-dessus à gauche, astrolabe arabede 1054, conservé au Musée de l'Uni¬versité Jagellonne à Cracovie. Au re¬vers, un calendrier zodiacal y estgravé, en arabe et en latin. On attri¬bue l'invention de l'astrolabe, qui sertà mesurer la position des astres au-dessus de l'horizon, à Hipparque,astronome grec du 2e siècle avantnotre ère. A droite, une miniature dupsautier de Blanche de Castille(début du 13e siècle), mère de SaintLouis, roi de France. Entre le clercet le computiste, l'astronome élève

'l'astrolabe et vise un astre au-dessus

de l'horizon. Le computiste, spé¬cialiste du calendrier, enregistreles observations de l'astronome. Ci-

contre à droite : sphère armillaire du15° siècle, qui servit probablement àCopernic alors qu'il était étudiant àla Jagellonne. Cet instrument était uti¬lisé pour déterminer les plans céles¬tes, mais ne pouvait donner que desévaluations approximatives. En haut àgauche, le célèbre « Globe jagellon-nien », datant de 1510, sur lequel sontgravés l'Europe, l'Afrique et l'Amériquedu Sud ; à côté de cette dernière setrouve l'inscription « Terra de Brazil,Mondus Novus, Terra Sanctae Crucis ».L'Amérique du Nord est représentéesous forme de multiples îles. A gau¬che, un théodolite du 16* siècle, en

cuivre doré, instrument de géomètreutilisé parfois par des astronomes pourcalculer les latitudes. On peut voir uneboussole à la base de l'instrument, aucentre. Gravés dans le demi-cercle

supérieur, deux hommes effectuentdes mesures à l'astrolabe.

Photo © I. Jarosinska La Pologne >, Varsovie

25

Photo © Nina Smolarz, « La Pologne », Varsovie

CopernicGiordano Bruno et GaliléeD'une Terre qui vraiment tourne

à la pluralité des mondes

par Vincenzo Cappelletti

Pour doter la ville natale de

Copernic d'un monument à lagloire de son oeuvre, les autoritésmunicipales de Torun ont lancédans toute la Pologne unconcours de sculpture(voir aussi page 4). Ici, deuxdes projets interprétant laconception copemicienne dusystème solaire : à l'extrêmegauche, celui de BronislawChromy, intitulé « l'Aurore », etci-contre, celui de Gustaw Zemla,

Intitulé « Nicolas Copernic ».

'ANS sa Métaphysique,Aristote affirme que, de toutes lessciences mathématiques, c'est l'astro¬nomie qui est la plus proche de laphilosophie. Car elle a pour objet lanature des astres, laquelle s'avèreéternelle, immuable, tout en étant per¬ceptible à nos sens. Dans la hiérarchiedu créé, telle que la concevait Aristote,Dieu est pensée de pensée, et enmême temps moteur du ciel unique etéternel.

Pousser ce raisonnement à ces ulti¬

mes conclusions, c'eût été séparerDieu de la nature : l'Antiquité ne l'osapas. Elle laissa la nature assumer la

divinité : métaphysique et religionpurent ainsi tomber d'accord sur ce quiest connaissance sensible.

VINCENZO CAPPELLETTI est professeurd'histoire des sciences à l'Université deRome. Directeur général de l'Encyclopédieitalienne, directeur de la revue « // Veltro »,il a écrit de nombreux ouvrages sur l'histoirede la biologie, de la physique et de la psy¬chologie. Citons, en italien, « Entelechia »(1965), « Hemholtz » (1967). « S. Weil, SullaScienza » (1971), ainsi que « Metapsicolo-gia di Freud » (1972).

Au 13e siècle, la renaissance del'aristotélisme apparut avec la créationdes universités de Bologne, Paris etOxford.

Avant Copernic, métaphysique etexpérience s'accordaient : la Terre estimmobile dans le cosmos où se meu¬

vent les astres. Ils se meuvent circulai-

rement, d'un mouvement où se confon¬dent commencement et fin, réalisant,

dans le temps, l'éternité, et la seuleexpérience sensible ne pouvait en effetrendre exactement compte des phéno¬mènes astronomiques.

A cet égard, Simplicio fait dans ledialogue de Galilée, Les plus grandssystèmes, une remarque éclairante :« Dans la doctrine copemicienne, ilfaut nier les sens et surtout les sensa¬

tions, comme il en irait pour nous si,percevant la ventilation d'une briselégère, nous n'éprouvions point ensuitel'impétuosité d'un vent qui nous atteintà une vitesse dépassant 2 529 milesà l'heure, car telle est la distance quela Terre, dans son mouvement annuel,

parcourt en une heure dans la circon¬férence du grand orbe, ainsi que lecalcule précisément Copernic. »

Bien des choses, en effet, parais¬saient, ou pouvaient paraître plus sim¬ples si l'on admettait l'immobilité ducorps céleste sur lequel vit l'homme :il fallait atteindre Galilée et l'intuition

de la notion de masse pour vaincrecette idée.

L'aristotélisme parvenait à séparerla Terre, avec tous les phénomènescorruptibles qui s'y produisent, del'incorruptible pureté des ciels, où sesituait un Dieu moteur du monde.

Lors des premiers siècles de notreère, la pensée chrétienne (en dépit dePaul et d'Augustin) s'enferma, elleaussi, dans l'impasse de la théologienaturaliste. Tantôt elle s'en tenait,

avec les pères de l'Eglise syriaque, àune interprétation littérale de laGenèse (la création du monde en septjours à partir du chaos originel),laquelle était à maints égards diffé¬rente de la tradition scientifique grec¬que. Tantôt elle cherchait, avec un pen¬seur grec peu connu, Cosmas Indiko-pleustès, qui avait vécu en Inde, àremplacer la topographie et la cosmo¬logie païennes par une « topographiechrétienne de l'univers ». Pour Cos-

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COPERNIC, BRUNO, GALILÉE (Suite)

Non pas vagabonder, mais raisonner

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mas, la Terre ne se situait pas aucentre du monde, mais au dernieréchelon du système solaire. C'était unrectangle entouré de murs soutenantla voûte des cieux.

Mais le vrai problème n'est pasl'erreur de ces raisonnements. Le vrai

problème, c'est la dépendance de lascience à l'égard de la métaphysiqueet de la religion. Il donnera de gravessoucis à Copernic, et fera qu'un jourGalilée sera traduit devant des juges.

Or Copernic lui-même croyait à unordre, à une harmonie du monde qu'ilimportait de maintenir. Si bien qu'endépit de son .uvre grandiose, laquellerelève de la rationalité intransigeantede son système, il nous apparaîtencore un Antique. Dans sa dédicaceau pape Paul III du De Revolutionibus,Copernic accuse les partisans du géo¬centrisme d'avoir compromis par lathéorie des excentriques et des épi-cycles « la forme même du monde,et l'immuable symétrie de ses parties. »

Dès le premier chapitre du De Revo¬lutionibus, il fait profession de foi enla structure parfaite de la nature : « Ilnous importe d'abord de remarquerque le monde est sphérique, soit parceque cette forme est la plus parfaite detoutes, en tant que totalité qui nenécessite pas de lien, soit parcequ'elle est la forme douée de la capa¬cité la plus grande, donc la plusadéquate à ce qui est tenu d'embras¬ser et conserver toutes choses. »

Le Moyen Age chrétien, commel'Antiquité païenne, avait fini paradmettre la centralité de la Terre.

Aristote et la Bible, l'univers ptolé-maïque et l'univers révélé par la Bibles'accordaient avec la prémisse de saintThomas d'Aquin, selon laquelle raisonet révélation ne se contredisaient nul¬lement.

Piédestal de Dieu, comme le voulaitCosmas Indikopleustès, lieu du mondeopposé au firmament-paradis, selonHonorius d'Autun, ou encore siège del'enfer, selon Dante, la Terre s'étaitvu attribuer dans le cosmos une posi¬tion précise par un christianismeencore peu conscient de la révolutionspirituelle apportée par les Evangiles.

En fait, la métaphysique naturalistetravestissait l'expérience, ou plutôt dis¬simulait les aspects contradictoiresdes observations. Soucieuse d'accor¬

der le monde et Dieu, elle esquivaitl'accord du monde et de la penséehumaine. Dans un merveilleux passagede son De Revolutionibus, Copernicparle d'une « pensée vaguant de-ci,de-là ».

Depuis la première moitié du 4' siè¬cle avant notre ère, le système conçupar Eudoxe de Cnide, mathématiciengrec « des sphères concentriques »

s'était sans cesse compliqué, pour

aboutir à la synthèse tardive deClaude Ptolémée dans son Almageste,au 2e siècle de notre ère. Or la per¬ception naïve des phénomènes auto¬risait bien des hypothèses.

Dans son Dialogue, Galilée fait direà Simplicio : « D'où arguez-vous quece n'est point la Terre, mais le Soleil,qui se trouve au centre des mouve¬

ments des planètes ?» Et Salviati delui répondre : « Cela résulte d'obser¬vations tout à fait évidentes, doncnécessairement concluantes ; et de

ces observations, les plus probantes,qui nous permettent d'ôter la Terre dece centre et d'y placer le Soleil, relè¬vent du fait que toutes les planètes seretrouvent tantôt le plus près de laTerre, tantôt le plus loin. Et avec des

distances si différentes que Vénus, parexemple, au moment de son écart leplus extrême, se trouve dix fois pluséloignée de nous que lorsqu'elle estau plus près... Vous voyez bienqu'Aristote s'est trompé en croyantque ces planètes se tenaient toujoursà la même distance de la Terre. »

Il est de fait que le monde antiqueavait connu, en même temps que legéocentrisme, l'héliocentrisme, élaborédans la première moitié du 3' siècleavant notre ère par Aristarque deSamos. Archimède, qui nous a trans¬mis l'héliocentrisme d'Aristarque, n'yavait fait que quelques réserves.

Copernic ne manqua pas de se réfé¬rer à l'héliocentrisme de l'Antiquité,comme pour s'appuyer sur une auto-

Photo © Erich Muller, Cassel. Extrait de City of Stargazerspar Kenneth Heuer, Charles Scribner's Sons, New York

rite indiscutée en exposant sa thèserévolutionnaire. Dans son De Revo¬

lutionibus, il revendique la « libertéd'imaginer » qu'Aristarque et biend'autres s'étaient octroyée au coursde leurs explications des phénomènesastronomiques. Et Copernic lui-mêmese laissa entraîner par la puissance dusymbole solaire, affirmant que le Soleil,lampe du monde, est bien plus que laTerre digne d'occuper le centre del'univers. Ainsi finissait-il donc, lui

aussi, par se référer au concept de lanature divinisée, qui avait conduitl'astronomie à une impasse !

Mais il ne faut pas s'y tromper. Cesont les droits de la raison et non

ceux de la nature divinisée qu'invo¬quait Copernic, alors qu'il élevait unmagnifique édifice théorique sur labase d'observations originales, et dedonnées préalablement disponibles.Chez lui, la foi en la raison prend desaccents mystiques. Il va jusqu'à ima

giner une lettre d'un pythagoricien (quin'exista jamais), dans laquelle la véritéest tenue pour secret religieux qui nepeut être divulgué qu'à de rares initiés.

C'est Giordano Bruno qui, quaranteans après le De Revolutionibus, aural'intuition de ce qu'est véritablementla révolution copemicienne. Copernicavait rétabli la domination de la raison

sur les sens, et ouvert la voie à lanotion d'infini, comme à la liberté deconscience de l'homme moderne. Dans

l'astronomie aristotélico-ptolémaïque,Bruno voyait une codification de l'uni¬vers, à partir des données, insuffisan¬tes, fournies par l'outil imparfait qu'estle témoignage des sens.

Or, la réalité saisie par la penséeest une réalité infinie, alors que laréalité saisie par la connaissance esttoujours limitée. Bruno se réclamaitsurtout du Copernic rationaliste et pla¬tonicien, celui qui ne supportait pas la« pensée vaguant de-ci, de-là », qui

basait tout sur la raison, qui était pourlui l'absolu, le divin, l'infini : penséesi audacieuse qu'elle a bouleversé unetradition scientifique millénaire.

Ainsi Copernic se confond avec lescommencements d'une phase histori¬que de la culture humaine, après qu'ilse fut signifié comme l'ultime fleuronde l'ère ancienne. Vers la fin du

16' siècle, la dialectique du fini et del'infini voit resurgir, et l'emporter,l'intuition de l'infini, grâce à une astro¬nomie qui n'avait pas encore oséconcevoir cependant l'infinité de l'uni¬vers. Car où placer cette infinité ? Lemonde copernicien, répétons-le, étaitun monde fini : monde, et non réalité,puisque la réalité est aussi pensée, etque la pensée franchit toutes les fron¬tières, dépasse toute idée particulièreou tout schéma particulier.

Le 17 février 1600, Giordano Bruno

montera sur le bûcher pour avoir osédélibérer de la pluralité des mondes.

SUITE PAGE 30

PTOLEMEE ET LA TRAJECTOIRE DES PLANETES

« Je sais que je suis mortel et créature éphémère, mais quand je mesure l'orbe des astres, mes pieds ne touchentpas terre : c'est auprès de Zeus lui-même que je suis... » Ainsi s'exprimait Claude Ptolémée, le fameux astronome grec,au second siècle de notre ère. A gauche, Ptolémée, sculpture sur bois de Jörg Syrlin (15e siècle), dans la cathédraled'Ulm (Rep. Féd. d'Allemagne). Il tient dans ses mains une sphère armillaire (voir pages 24 - 25). Ci-dessus, lepapyrus de Letronne, le plus ancien papyrus grec à figures que nous connaissions, sur lequel furent relevés destextes astronomiques. Il date du 2« siècle avant notre ère, et contient des commentaires sur les sphères célestes,basés sur les propositions établies par Eudoxe, savant grec du A" siècle avant notre ère. Les représentationsdes constellations et du zodiaque sont incorporées au texte même.

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COPERNIC, BRUNO, GALILÉE (Suite)

Avec lui, l'univers devenait infini. Sup¬poser la multitude des mondes exis¬tants, c'est souscrire à une multituded'idées de mondes possibles. Insoute¬nable hérésie à l'aube du 17e siècle.

Peut-être Copernic ne s'est-il guèredouté des développements dramati¬ques qu'allait finalement entraîner sonrejet du long compromis entre sens etraison qu'avait assis la représentationptolémaïque de l'univers. Sur le coup,rien ne s'était passé. Mais plus tard,dans une Italie de la Renaissance

inquiète et affranchie de préjugés, lapolémique sur l'infini explosait et toutétait remis en cause, du macrocosmeau microcosme humain.

La lecture que Giordano Bruno avaitfaite de l'luvre de Copernic était à lafois littérale et métaphorique, toutcomme d'autres, en d'autres temps,avaient fait lecture d'Aristote et de laGenèse. Certains éléments étaient mal

compris. N'allait-on pas jusqu'à attri¬buer à Copernic une dissolution dessphères célestes solides, pour lemoins douteuse si l'on analyse attenti¬vement De Revolutionibus. Mais

l'accent authentique, et Bruno ne s'yétait pas trompé, c'était la reconquêtede l'être infini, dans et par la raisonhumaine, l'intuition d'une voie ouvertevers l'absolu et la nécessité.

En mourant pour ne point abjurer,Bruno attestait le drame que l'êtresuscite dans la conscience de

l'homme, la valeur permanente de larecherche socratique et du « Connais-toi toi-même », l'urgence, dans la cité,de la tolérance niée par la Genève deCalvin comme par la Rome de l'Inqui¬sition.

Drame de la raison face à la réalité,nous l'avons dit. Il fallait redécouvrir

l'infini, et il s'imposait d'en distinguerle fini du défini. Bruno parvint à saisir

que le fini et l'infini peuvent se fondredans l'individu. L'individu est fini,

limité, parce qu'il n'est pas d'autresindividus ; mais il est infini, illimité,parce qu'il est inconditionnellementlui-même. C'est que la saisissante pré¬cision, la clarté du schéma coperni¬cien, se métamorphosaient en cettedimension nouvelle de la conscience

moderne : l'individualité.

Individualité dont Galilée allait don¬

ner le pur exemple. Ce qui est toujoursvivant, dans chacune des pages qu'ilécrivit, c'est précisément l'action d'unepensée qui devient sens général deschoses. La limite de l'expérience dessens est chaque fois transcendée parl'infini de la raison, et se mue enaffirmation individuelle. Et c'est pour¬quoi Galilée reste fascinant : à la foishomme parfaitement moderne, ethomme de tous les temps, de toutesles latitudes.

Copernic, tel qu'il l'a fait revivredans le dialogue et la mise en scènedes Plus grands systèmes, est essen¬tiellement le défenseur de la logiqueface à l'autoritarisme, le verbalisme,

l'irresponsabilité démissionnaire. Si lavertu dont il témoigne est intellec¬tuelle, elle est aussi morale : clartéqui est courage, ce courage grâceauquel la science nouvelle peut enfins'avérer féconde, contre les timides« jaloux de l'immutabilité des ciels ».

La pensée scientifique, qui veuts'individualiser, et accorder la finitudedes sens et l'infinité de la raison

humaine, conquiert avec Galilée sonoriginalité particulière et permanente :c'est elle qui lie le passé, le présent etle futur, d'Eudoxe, Archimède etEuclide à Copernic, et de Copernic àNewton, Hubert et Einstein.

En bref, vu parrationaliste invente

Galilée, Copernicle Copernic astro-

EUREKAI C'est par le célèbre Archimède de Syracuse, qui vécut au3e siècle avant notre ère, que nous connaissons la théorie de l'héliocen¬trisme élaborée à l'époque par Aristarque de Samos. Cette gravure du16» siècle montre Archimède à l'instant proverbial où, dans son bain, ils'écria : - Eurêka I », c'est-à-dire « j'ai trouvé ». Il s'agissait du principed'hydrostatique qui porte toujours son nom : tout corps plongé dans unliquide subit une poussée verticale de bas en haut égale au poids duliquide déplacé. Devant le savant, une couronne et des boules de métalqui lui auraient servi à vérifier sa découverte.

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nome, dont il se porte garant. Stupé¬fiante, sensationnelle, la révélationastronomique avait été précédée d'unerévélation intérieure et subjective dansla conscience du chanoine de From¬

bork, Copernic. Elle atteignit le domi¬nicain de Nola, Giordano Bruno, pourdevenir aussi aiguë qu'obsédante dansla pensée du mathématicien de la courdes Médicis, Galilée. Si le monde anti¬que avait transcendé, grâce à desesprits de génie, le naturalisme méta¬physique par la création d'une sciencerationnelle, l'ère moderne assurait

avec Copernic, Bruno et Galilée, unconcept de l'être ouvert à l'exigencede l'infini.

Individualité, individu, tel était leterme de l'aventure. Les craintes

qu'inspiraient à Copernic sa proprethéorie, le bûcher de Bruno, le procèsde Galilée prouvent assez l'efficacitélibératrice de cette révolution issue de

la créature humaine, projetée dans lesciels pour s'insérer ensuite dans lathéorie même de l'être.

Si des traditions scientifiques sté¬riles, de faux raisonnements philoso¬phiques, des idolâtries religieusesavaient pu s'imposer par la force, lapartie était désormais perdue dans lejugement de l'histoire. Les novateursavaient donné l'exemple aux généra¬tions à venir. '

LE PRIX DE LA VERITE. « Noble Copernic, toi dont les tuvres ont frappé mo" esprit dès ses plus tendres années... » Ainsis'exprimait Giordano Bruno (à gauche, dessin du 19e siècle). Né en 1548, à Nola (Italie), il vécut tour à tour en Italie, enFrance, en Angleterre, en Allemagne. Au monde fini d'Ans tote et de Copernic, il oppose un univers infini, peuplé demilliers de systèmes semblables au nôtre, avec leur soleil et leurs planètes, peut-être, comme la Terre, habitées. Pour¬suivi par l'Inquisition, Bruno périt sur le bûcher en 1600, à Rome. Non moins scandaleuse la nouvelle conception de lanature que défendit le savant italien Galilée (1564-1642). Il adopta le système de Copernic, fit des observations astrono¬miques décisives grâce à sa fameuse lunette. Mais dénoncé au Saint-Siège pour ses idées subversives (Aristote etPtolémée incarnaient toujours la science officielle) il fut traduit devant ses juges, et au terme d'un procès qui duravingt jours, il dut prononcer à genoux l'abjuration de ses doctrines. On le voit, ci-dessous, devant le tribunal ; la scènea été reconstituée par un peintre français d'histoire du 19e siècle, Robsrt-Fleury.

Quelques ouvrages sur Copernic et l'astronomieNicolas Copernic : suvres complètes. T. I : Fac-similé dumanuscrit du De Revolutionibus. Paris, Varsovie, Cracovie 1 973.

Édition publiée par l'Académie polonaise des Sciences et leCentre National de la Recherche Scientifique, Paris. Des Révo¬lutions des Orbes célestes. Introduction, traduction et notes de

A. Koyré. Paris, éd. A. Blanchard. 1970.Jan Adamczewicz : Nicolas Copernic et son époque. Varsovie.éd. Interpress. 1 972.Henryk Bietkowski et Wlodzimierz Zonn : Le monde deCopernic. Varsovie, éd. Arkady, 1972.Alexandre Birkenmajer : Études d'Histoire des Sciences enPologne. Varsovie. Ossolineum. 1972 (Studia Copernica IV).Paul Couderc : Les Étapes de l'Astronomie. Paris, éd. P.U.F.,1948 (Que sais-je? n° 165).Pierre Duhem : Essai sur la notion de théorie physique dePlaton à Galilée. Paris 1 908.

Galileo Galilée : Dialogues et Lettres choisies. Trad, deP. H. Michel (coll. Unesco d'iuvres représentatives). Paris,éd. Hermann, 1966.

Hermann Kesten : Copernic et son temps. Paris, éd. Calmann-Lévy. 1951.Alexandre Koyré : La Révolution astronomique. Copernic.Kepler. Borelli. Paris, éd. Hermann. 1961. Du Monde clos àl'Univers infini. Paris, éd. P.U.F.. 1962. La Révolution coperni-cienne. in Histoire générale des Sciences, éd. René Taton.Tome II : La Science moderne de 1480 à 1800, 2e éd. Paris.

P.U.F., 1969.

Thomas Kuhn : La Révolution copernicienne. Paris, éd. Fayard.1973.

Jacques Merleau-Ponty et Bruno Morando : Les troisétapes de la Cosmologie. Paris, éd. Robert Laffont. 1971.Paul-Henri Michel : La cosmologie de Giordano Bruno.Paris, éd. Hermann. 1 965.

Jean-Claude Pecker : Le ciel. Paris, éd. Hermann. 1972. Lanouvelle astronomie. Hachette. 1972.

Edward Rosen : Trois Traités coperniciens. Avec une intro¬duction, des notes, une biographie de Copernic et une biblio¬graphie des études en français. Paris, éd. A. Blanchard, àparaître.Giorgio de SantMIana : Le procès de Galilée. Paris. Club duMeilleur Livre, 1 955.

Valdemar Voisé : Histoire du Copernicanisme en douzeessais. Paris, éd. Albin Michel. 1973.

La Science au 16e siècle. Colloque de Royaumont. Paris, éd.Hermann, 1960.

Le Soleil à la Renaissance. Colloque international, Bruxelles,avril 1963. Paris, P.U.F.. 1965.

Études Coperniciennes. Stanislas Wedkiewicz éd. (Académiepolonaise des Sciences et des Lettres. Centre polonais deRecherches de Paris).

/. La philosophie médiévale; II. La philosophie du monde nouveau.Sous la direction de François Châtelet. Paris, éd. Hachette. 1972.

31

Le texte publié ci-dessous, du Directeurgénéral de l'Unesco, vient de paraître dansun ouvrage, en édition limitée hors commerce,publié par la Commission Nationalepolonaise pour ¡'Unesco, en coopération avecl'Unesco. à l'occasion de la cérémonie

organisée à Paris le 19 février 1973 parl'Unesco pour célébrer le 500e anniversairede la naissance de Copernic. L'ouvragecontient en outre trois textes de

MM. Janusz Groszkowski, membre de

/'Académie polonaise des sciences,Olaf Pedersen. membre de l'Union

Internationale d'histoire et de philosophiede la science, et de Umberto Forth historiendes sciences. L'édition, tirée à 2 000

exemplaires, a été imprimée à Paris surpapier à la main fabriqué en Pologne. Nousreproduisons une des illustrations de cevolume : le frontispice du « Dialogus deSystemate Mundi » de Galilée, montrantde gauche à droite. Aristote, Ptoléméeet Copernic.

NOUVELLE

VISION

DE L'UNIVERS

par René MaheuDirecteur général de l'Unesco

32

»»offre peu d'exemples de décou¬vertes scientifiques ayant eu un retentissement aussiprofond sur le développement spirituel de l'humanitéque celle de l'éminent astronome polonais NicolasCopernic. Si la substitution de la conception coper-nicienne au modèle ptoléméen du système solairen'a pas donné lieu à des innovations techniquescomme l'ont fait plus tard d'autres découvertes, tellescelles d'Ampère ou de Faraday, elle a produit, enrevanche, une véritable révolution intellectuelle affec¬tant de manière radicale et générale la manière dontl'homme conçoit sa situation dans l'univers, et parlà sa condition même.

L'homme a compris qu'il vivait sur une planète quiroule dans l'immensité d'un univers dont les dimen¬

sions dépassent l'imagination, mais il a acquis lacertitude que sa pensée est capable de saisir leslois qui gouvernent cet univers et de prévoir lesmouvements des corps célestes. Pour parvenir àcette conviction, encore lui a-t-il fallu rejeter lesidées reçues, qui n'avaient guère changé depuisAristote, et cesser de se considérer comme le centredu cosmos. Cette libération a ouvert la voie à bien

d'autres découvertes qui ont progressivement façonné

la vision que nous avons aujourd'hui de la place etdu sens de la présence de l'homme dans la nature.C'est, en effet, en constatant son insignifiance phy¬sique au regard des mondes qui l'entourent quel'homme a pris la mesure de sa vraie grandeur, quiest celle de l'esprit.

De nos jours, le chercheur possède des Instru¬ments astronomiques infiniment plus puissants etplus précis que l'astrolabe dont se servaient Copernicet ses contemporains. Le radio-télescope géant et lesvaisseaux spatiaux lui fournissent des informationssur des réalités jadis inaccessibles, mais, en dernièreanalyse, c'est toujours l'imagination créatrice stimu¬lée par une Insatiable curiosité intellectuelle qui restele facteur décisif du progrès des connaissances.

Quoiqu'un demi-millénaire nous sépare de NicolasCopernic, il demeure ainsi proche de nous par legénie qui l'animait. Lui rendre hommage, c'est affir¬mer notre fol en l'homme et en sa capacité toujoursrenouvelée de dominer, par la seule puissance de sapensée rationnelle, un univers dont les contours luiéchappent sans cesse et qui, par ses proportionscomme par sa complexité, est un perpétuei défi àl'intelligence humaine.

Nos lecteurs nous écrivent

L'AUTRE COTÉ

D'UN VIEUX DÉBAT...

Je n'ai pas cru bon de solliciter denombreuses cosignatures pour répon¬dre en mon nom propre à cette lettre,publiée dans le numéro de janvier 1973du « Courrier de l'Unesco », sous le

titre : « Homo sapiens, 312 protesta¬taires. » Je dois d'abord rendre hom¬

mage à la rédaction et aux collabora¬teurs du « Courrier de l'Unesco » pourleur numéro d'août/septembre 1972, quiprésente excellemment l'origine paléon-tologique de l'homme, question trèsépineuse sur le plan scientifique parcequ'elle se renouvelle sans cesse.

Certes, cette question nous concernetous. Mais je m'inscris en faux contreles critiques émises par les 312 pro¬testataires. Comment peut-il exister unehypothèse scientifique qui prenne encompte l'origine, non seulement del'homme physique, mais aussi, s'ilsexistent, du « sentiment », du « travailspirituel » et de l'âme de l'homme ?Comment peut-il exister une théoriescientifique qui tente d'élucider leursorigines, alors que la science étudie lamatière : les possibilités de l'investiga¬tion scientifique s'arrêtent aux limitesdu matériel. Je vois un danger dansla façon qu'ont les 312 signatairesd'aborder les problèmes qui estcelle de tous ceux qui essaient deconcilier un idéalisme avec la science.

Ou bien, dans les cas extrêmes etoutranciers, la valeur de l'attitude scien¬

tifique, et de ses résultats, est contes¬tée, ou bien, dans les attitudes plusnuancées comme celle des « protesta¬taires », on présente l'idéalismehumaniste en général comme lecomplément scientifique nécessaired'une science trop matérialiste. « L'idéed'une création ... dirigée par une forcespirituelle supérieure », fût-elle « combi¬née avec l'évolution » peut apparaîtreinacceptable à des hommes pensants :les scientifiques en tant que scientifi¬ques. Qu'il existe des scientifiques etmystiques qui, en tant que mystiques,s'attachent à cette conception idéaliste,je le déplore mais ne le nie pas. Monpoint de vue ne supprime pas pourautant la liberté et la responsabilité del'homme « physique ». Et je trouvemême l'homme créé moins libre et moins

responsable que l'homme « physique »sans âme, mais avec esprit, ne l'estdevant la nature (incluant ses propresorigines évolutives) et la société, qu'ilpeut explorer scientifiquement.

Gérard Breton

Muséum d'Histoire naturelle

Le Havre, France

...ET SES LIMITES

Dans une lettre publiée dans le nu¬méro de janvier 1973 du « Courrier del'Unesco », 312 « protestataires » s'élè¬vent contre le fait que, dans un numérosur l'Origine de l'homme, la questiona été traitée d'un point de vue unique¬ment biologique et évolutionniste, sansque soit mentionnée la conceptiond'une création dirigée par une forcesupérieure. La lettre relève qu'on trouvedans les religions de tous les peuples,de même que dans les philosophiesmodernes de différentes tendances, de

multiples indications se rapportant à

une origine tant spirituelle que physiquede l'homme. Or, l'Unesco est une desrares organisations de caractère vrai¬ment universel. Mais cette universalité

n'est possible que si l'Unesco s'abstientdélibérément de tout engagement dansles domaines religieux et idéologique.Car le but de l'Unesco est de chercher

à rapprocher les peuples par une étudecommune des phénomènes, des lois dela nature et des relations humaines, et

de rechercher une philosophie généraleet mondiale sans vouloir porter juge¬ment sur les nombreuses religions etidéologies, ni s'identifier à leurs ensei¬gnements et croyances. C'est là unedes conditions essentielles de l'univer¬

salité de l'Unesco et des services

qu'elle rend et peut rendre. Si doncl'article visé s'abstient d'aborder la

question d'une inspiration divine del'homme, c'est en accord avec la limi¬tation de principe du champ des acti¬vités de l'Unesco. Cette réserve doit

être considérée comme une déférence

à l'égard des religions.Robert L. Hatt

Berne, Suisse

OUI, BIEN SURI

Je suis avec beaucoup d'intérêt l'ac¬tion de l'Unesco en faveur du dévelop¬

pement culturel de l'humanité. Or, jesonge parfois avec angoisse aux cul¬tures primitives qui disparaissent sousnos yeux indifférents et ne sont rem¬placées que par le vide le plus total.

Cette question de la protection descivilisations primitives a-t-elle attiré l'at¬tention de l'Unesco? On fait actuelle¬

ment des efforts sur le plan internatio¬nal pour sauvegarder les espèces ani¬males en voie de disparition. Ne pour¬rait-on, à plus forte raison, rassem¬bler toutes les bonnes volontés, poursauver les civilisations en voie d'anéan¬

tissement?

Yves Guillon

Rennes, France

UNE INITIATIVE HARDIE

Pourquoi ne pas congeler ousemences d'animaux de telle sorte quesi une espèce vient à disparaître, ellepuisse être « rappelée à la vie »dès que nous aurons atteint l'équilibreécologique ?

Malcolm Samuel (14 ans)Wetherby, Royaume-Uni

MUSIQUE ET EXPRESSION

PLASTIQUE

J'ai lu avec grand intérêt la doublepage que vous avez consacrée, sousle titre « Pouvoirs de l'imagination »(nov. 1972), à des dessins réalisés pardes écoliers en écoutant de la musi¬

que. Cette méthode n'est pas nouvelleet je# l'ai moi-même utilisée pendantla dernière guerre avec des enfantseffectivement perturbés. Une seule dif¬férence avec l'expérience que vousdécrivez : la musique était jouée etrépétée autant qu'il le fallait pendantque les enfants peignaient. Les résul¬tats furent remarquables tant sur leplan de la couleur que de l'équilibre,permettant ainsi aux enfants de mieuxcomprendre et contrôler leurs senti¬ments. Je continue dans cette voie et

tâche d'y intéresser de nombreux étu¬diants, avec des résultats toujours aussivivants et pleins d'imagination.

L.G. Jerromes

Ecole des Filles de Stroud

Royaume-Uni

RECHERCHE :

TOUS PILLEURS D'ÉPAVES

Je prépare un livre sur l'archéo¬logie sous-marine ; il traitera surtoutdes ravages que les « chasseurs detrésors » peuvent causer aux épavesqu'ils pillent. C'est pourquoi, je seraisheureux de recevoir toutes les infor¬

mations que les lecteurs du « Cour¬rier de l'Unesco » pourraient me four¬nir à ce sujet, particulièrement sur lePacifique et l'Amérique latine pour les¬quels les données sont encore assezrares. Néanmoins, des informations sur

n'importe quel point du globe seraientles bienvenues.

Herb Greer

Film Rights Ltd.113-117 Wardour St.

Londres W1V 4EH

Royaume-Uni

LE MAUVAIS

GOUT DU SOURIRE

Croyez-vous que les dessins se rap¬portant à l'Europe (« L'Année Interna¬tionale du Livre vue par un humoristehongrois ») dans votre numéro d'octo¬bre 1972, soient de bon goût et pleinsd'à-propos ?

Linda Spacek-JungNew York, Etats-Unis

ART THRACE ET

MERVEILLES DE LA NATURE

Dans le numéro de février 1973, j'aiété vivement intéressé par, entre autres,l'article Millénaires Traces des Thra¬

ces ». J'ai été particulièrement frappépar la photo de la page 19 (ci-dessousà gauche) représentant une coupe à vinciselée, et trouvée sur la côte de lamer de Marmara. Il me semble, en

effet, presque hors de doute que l'arti¬san de cette coupe a été inspiré pardes fossiles, plus exactement des Echi-nidés (oursins) fossilisés, tels qu'onpeut les rencontrer en Bulgarie. Jepense à des formes comme Porosoma(photo de droite), mais bien d'autresgenres encore ont une allure semblableet peuvent être rencontrés dans desaffleurements de roches tertiaires et cré¬tacés.

H.-J. Oertli

Pau, France

E<

LECTURES

L'Afrique des AfricainsInventaire de la Négritudepar Cl. Wauthier

Ed. du Seuil, Paris 1973 (rééd.)Prix : 39 F

Pédagogie et éducationpar M. Salines

Ed. Ecole pratique desHautes Etudes/MoutonLa Haye, Paris 1972Prix : 36 F

Rationalisation des choix

et urbanisme

Textes rassemblés

par Ph. Billot et J. Matha

Ed. Dunod, Paris 1972

Prix : 47,80 F

Histoire Universelle

civile et ecclésiastique

du pays de Forezpar ¡.-M. de la Mure .

Ed. de 1674 reproduiteen fac-similé parEd. Horvath, Roanne 1972

Prix en souscript. : 53 F

Ces normaux inadaptésDes enfants que l'écolen'intéresse pluspar A. Painchaud

Ed. Fleurus, Paris 1972Prix : 40 F

Anthologie de la poésieChypriotetrad, de G. -H. Aufrère

Texte bilingue

Ed. Nagel, Paris 1972Prix : 68,25 F

Byzancepar R. Guerdan

Ed. Librairie Académique PerrinParis 1973. Prix : 38,50 F

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PUBLICATIONS UNESCO 1973

Etude sur l'aptitudeà la scolarité

par Wincenty Okon etBarbara Wilgocka-Okon

Institut pédagogique, Varsoviecoll. « Expériences etinnovations en éducation »

34 pages : 4 F

Problèmes actuels de

la démocratisation

des enseignementssecondaire et supérieurpar A. Le Gall et autres

coll. ' Le développementde l'enseignement supérieur »250 pages : 24 F

Musées, imaginationet éducation

Ouvrage collectif

162 pages : 24 F

mL 1

U LD Jüla

S.O.S. Borobudur

Dans un appel récent, le directeur géné¬ral de l'Unesco, M. René Maheu, a déclaré

qu'il fallait réunir près d'un million et demide dollars avant la fin juin 1973, pour pou¬voir sauver le temple de Borobudur (Indoné¬sie), merveille de l'architecture du 8"> siècle.On évalue le coût de la restauration du

temple à 7 750 000 dollars. Le gouverne¬ment indonésien fournira 2 750 000 dollars,

mais il ne pourra commencer les travauxde restauration que si les Etats membres del'Unesco s'engagent à verser 3 millions dedollars d'ici à la fin juin 1973. Le total descontributions s'élève, à ce jour, à environ1 500 000 dollars.

« Il ne faut pasdétruire Carthage »

De nombreux pays envoient des équipesarchéologiques à Carthage, répondant ainsià l'appel lancé l'année dernière par M. RenéMaheu, directeur général de l'Unesco,demandant aux universités, aux institutions

scientifiques, aux fondations, etc., de pren¬dre part à la campagne destinée à la fouilleet à la protection de Carthage (voir aussi« Courrier de l'Unesco », décembre 1970 :- Il ne faut pas détruire Carthage »). Depuisl'année dernière, des archéologues polonaistravaillent sur le site et des équipes deBulgarie, de France, d'Italie, de Grande-Bretagne, entre autres pays, vont se join¬dre à eux. On peut envoyer directement sesdons au « Fonds spécial pour Carthage »,Unesco, place de Fontenoy, 75007 Paris.

Le Prix Montaigneà René Maheu

Le Prix Montaigne 1973 a été remis lorsd'une cérémonie qui a eu lieu à Paris, àM. René Maheu, directeur général del'Unesco. Le prix est décerné chaqueannée par la Fondation F.V.S. de Hambourg(République fédérale d'Allemagne), son butest « de mettre en valeur le rôle joué pardes représentants éminents des pays euro¬péens de langue romane, dans le maintiendes valeurs spirituelles de l'Europe et deson ouverture au monde ». Le jury inter¬national a voulu ainsi rendre hommage àl'homme qui préside « aux destinées d'uneinstitution vouée à la coopération entre lespeuples », mais surtout, il a voulu « honorerle philosophe, l'humaniste et l'Européen ».

L'Union Soviétiqueet le droit d'auteur

L'Union Soviétique a adhéré à la Conven¬tion universelle sur le droit d'auteur. Cette

décision vient d'être annoncée par M. Gro-myko, ministre des Affaires étrangères del'U.R.S.S., dans une lettre, en date du14 février, adressée à M. René Maheu,

directeur général de l'Unesco. L'U.R.S.S.devient ainsi le 64e Etat partie à la Conven¬tion, qui entrera en vigueur pour elle le27 mai 1973. Grâce à la Convention (adop¬tée à Genève en 1952), patronnée parl'Unesco, les littéraires, scienti¬

fiques et artistiques sont protégées pour

vingt-cinq ans, et les Etats signatairess'engagent à étendre aux écrivains étran¬gers la protection qu'ils accordent à leursnationaux. La Convention fut révisée à

Paris en 1971 pour permettre aux paysen voie de développement d'avoir plusfacilement accès aux livres écrits et pu¬bliés dans les pays industrialisés et déve¬loppés. La Convention révisée n'entreraen vigueur qu'après sa ratification pardouze Etats. A ce jour, six Etats l'ont fait.(Voir l'article : « Le droit d'auteur et le

monde en développement », par GeorgesRavelonanosy, - Courrier de l'Unesco »,juillet 1972.)

La nature

au microscope

Du 4 avril au 30 juillet 1973, une exposi¬tion intitulée « Nature x 10 000 » se tientau Muséum d'histoire naturelle. Comme sontitre le suggère, elle est consacrée aumicroscope électronique à balayage. Pre¬mière exposition du genre réalisée à cejour, elle a pour but de montrer au grandpublic les applications pratiques que per¬met un tel appareillage, ainsi que la beautéet la diversité des formes de la nature

telles qu'elles se présentent lorsqu'on lesobserve à de très forts grossissements.

Mass-media

et science

Un colloque international organisé parl'Unesco se tiendra au Caire en juin pro¬chain, sur le thème : les moyens decommunication de masse et l'initiation

scientifique. Des spécialistes de la pressedes pays arabes y examineront les résul¬tats d'un programme d'utilisation des mass-media en vue de l'information technique etscientifique, mis sur pied l'année dernièreen Egypte avec l'aide de l'Unesco. Lespossibilités d'extension du projet à d'autrespays de la région seront également exami¬nées au cours du colloque.

Une étude des Nations Unies aboutit àla conclusion qu'en 1970, les Etats qui four¬nissaient une aide aux pays en voie dedéveloppement ont dépensé vingt-cinq foisplus d'argent en armements qu'au titre decette aide.

L'administration postale de la Principautéde Monaco a fait don à l'Unesco de 50 000francs, somme recueillie grâce à la ventede timbres consacrés à Venise. Cettesomme a été versée au Fonds international

pour la sauvegarde de Venise.

Kiev, capitale de l'Ukraine, possèdemaintenant un musée entièrement consacré

aux livres et à l'art de l'imprimerie.

Une nouvelle méthode de lutte contre

la pollution des lacs a été découverte enSuède, où des spécialistes envoient del'air comprimé dans les eaux gravementpolluées d'un lac près de Stockholm. Cetteméthode nettoie et clarifie les eaux.

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à l'Unesco

il est tempsde passer à Faction

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203 pagesPrix : 14 F : $3.50 : £1.05

par

Malcolm S.Adiseshiah

ancien Directeur généraladjoint de l'Unesco

VÉRITABLE CRI

D'ALARME SUR

LA CRISE DU

DÉVELOPPEMENT

DANS LE MONDE

La décennie de la décision

L'exode des compétences dumonde arabe

L'éducation, pour quoi faire ?

Le rôle des universités d'Asie

Education pour la démocratie enInde

La loi de la non-violence, son af¬firmation et sa violation

Les moyens du changement

Avec un avant-propos de RenéMaheu, Directeur général de¡'Unesco

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ALBANIE. N. Sh. Botimeve Nairn Frasheri, Tirana.ALGÉRIE. Institut pédagogique nacional, 11, rue

Ali-Haddad, Alger. Société nationale d'édition et dediffusion (SNED), 3, bd Zirout Youcef, Alger. RÉP.DÉM. ALLEMANDE. Deutscher Buch-Export undImport Gmbh, Leninstr. 16, 701 Leipzig. RÉP. FÉD.D'ALLEMAGNE. Toutes les publications : Verlag Doku¬mentation, Postfach 1 48, Jaiserstrasse 1 3, 8023 München-Pullach. Unesco Kurier (Édition allemande seulement) :Bahrenfelder Chaussee 160, Hamburg-Bahrenfeld, CCP276650 (DM 16). AUTRICHE. Verlag Georf Frommeet C\ Arbeitergasse 1-7. 10S1 Vienne. (A.S. 110) BEL¬GIQUE. Agent pour les publications de l'Unesco et pourl'édition française du c Courrier » : Jean De Lannoy,112. rue du Trône, Bruxelles 5. CCP 3 380.00.Edition néerlandaise seulement : N.V. Handelmaats-

chappij Keesing, Keesînglaan 2-1 8, 2 100 Deurne-Antwerpen. (250 F belges). BRÉSIL. Fundaçao GetúlioVargas, Serviço de Publicaçoes, Caixa postal 21120,Praia de Botafogo, 188, Rio de Janeiro, GB (Crs. 25).BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura, Bd. Rousky6. Sofía. CAMEROUN. Le Secrétaire général de laCommission nationale de la République fédérale duCameroun pour l'Unesco B.P. No. 1 061, Yaounde.CANADA. Information Canada, Ottawa (Ont.) (8 5.00).

CHILI. Editorial Universitaria S.A., casilla 10220,

Santiago. (E* 1 45) RÉP. POP. DU CONGO. Librairiepopulaire, B.P. 577, Brazzaville. COTE-D'IVOIRE.Centre d'édition et de Diffusion africaines. Boîte

Postale 4541, Abid|an-Plateau. DAHOMEY. Librairienationale. B.P. 294, Porto Novo. DANEMARK.Ejnar Munksgaard Ltd, 6, Nôrregade, 1165 Copen¬hague K (D. Kr. 27 00). EGYPTE (RÉP. ARABE D').National Centre for Unesco Publications, N* 1Talaat Harb Street, Tahrir Square, Le Caire; LibrairieKasr El Nil, 38, rue Kasr El Nil. Le Caire. 1.350 LE.

ESPAGNE. Toutes les publications y compris leCourrier : Ediciones Iberoamericanas, S.A., calle deOftate, 1 5, Madrid 20; Distribución de Publicaciones delConsejo Superior de Investigaciones Científicas, Vitrubio1 6, Madrid 6; Librería del Consejo Superior de Investiga¬ciones Científicas, Egipciacas. 1 5, Barcelona. Pour c le

Courrier » seulement (260 Pts) : Ediciones Líber, Apartado1 7, Ondírroa (Vizcaya). ETATS-UN IS. Unesco Publica¬tions Center, P.O. Box 433, New York N.Y.10016($ 5)

FINLANDE. Akateeminen Kirjakauppa, 2, KeskuskatuHelsinki. (Fmk 13,90). FRANCE. Librairie Unesco,7-9, place de Fontenoy, 75700 Pans. CCP. 12.598-48.(F. 17). GRÈCE. Anglo-Hellenic Agency 5 Koum-pari Street Athènes 138. HAITI. Librairie « A laCaravelle», 36, rue Roux, B. P. 1 1 1,. Port-au-Prince.HAUTE-VOLTA. Librairie Attie, B.P. 64. Librairie Ca¬

tholique ejeunesse d'Afrique», Ouagadougou. HON¬GRIE. Akadémiai KÔnyvesbolt, Vaci U. 23. Budapest' V.A.K.V. Kônyvtarosok Bolita, Nepköztirsagig 16.Budapest VI. INDE. Orient Longman Ltd. : NicolRoad, Ballard Estate. Bombay 1 ; 17 ChittaranjanAvenue, Calcutta 13. 36a Mount Road, Madras 2.

Kanson House, B-3/7 Asaf AU Road, P.O. Box 386, Nouvel¬le Delhi. Publications Section, Ministry of Education andYouth Services, 72 Theatre Communication Building,Connaught Place, Nouvelle-Delhi 1. Oxford Book andStationery Co., 1 7 Park Street, Calcutta 1 6. ScindiaHouse, Nouvelle-Delhi. (Rs 1 8,75) IRAN. Commissionnationale iranienne pour l'Unesco, av. Iranchahr ChômaitN-300, B.P. 1 533, Téhéran. IRLANDE. The NationalPress, 2 Wellington Road, Ballsbridge, Dublin 4. -ISRAEL.Emanuel Brown, formerly Blumstein's Bookstore : 35,Allenby Road and 48, Nachlat Benjamín Street, Tel-Aviv.Emanuel Brown 9, Shlomzion Hamalka Street, Jérusalem.(24 I.L.) ITALIE. Licosa, (Librería CommissionaríaSansoni, S.p.A.) via Lamarmora, 45, Casel la Postale 552,50121 Florence. Maruzen Co Ltd., P.O. Box5050, Tokyo International, 100.31 (Y1.440).RÉPUBLIQUE KHMÈRE. Librairie Albert Portail,14, avenue Boulloche, Phnom-Penh. LibrairieAntoine, A. Naufal et Frères, B.P. 656, Beyrouth.

LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grand-Rue, Luxembourg. MADAGASCAR. Toutes lespublications : Commission nationale de la Républiquemalgache. Ministère de l'éducation nationale, Tananarive.« Le Courrier » seulement : Service des quvres post etpériscolaires, Ministère de l'éducation nationale, Tana¬narive. MALI. Librairie populaire du Mali, B.P. 28,Bamako. MAROC. Librairie « Aux belles images »,281, avenue Mohammed V, Rabat. CCP 68-74. c Cour¬rier de ('Unesco » : pour les membres du corps ensei¬gnant : Commission nationale marocaine pour l'Unesco20. Zenkat Mourabitine. Rabat (CCP. 324-45).MARTINIQUE. Librairie «Au Boul Mich», 1, ruePerrinon, 66, av. du Parquet, 972 - Fort-de-France.

MAURICE. Nalanda Co. Ltd., 30, BourbonStreet Port-Louis (Rs 17,45) MEXIQUE. CILA)Centro Ínter-americano de Libros Académicos), Sullivan31-Bis. Mexico 4 D. F.. Mexique. (45 pesos) - MONACOBritish Library, 30, boulevard des Moulins, Monte-Cano.

- MOZAMBIQUE. Salema & Carvalho Ltdacaixa Postal, 192, Beira. NIGER. Librairie Mauclert.B.P. 868. Niamey. NORVÈGE. Toutes les publi¬cations : Johan G rund t Tanum (Booksellers), KarlJohans gate 41/43, Oslo 1. Pour c le Courrier » seule¬ment : A.S. Narvesens, Litteraturtjeneste Box 6125Oslo 6. (Kr 23,00). NOUVELLE-CALÉDONIE.Reprex S.A.R.L., B.P. 1572, Nouméa. PAYS-BAS. Edition néerlandaise du « Courrier » : N.V. Inter¬

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ROYAUME-UNI. H.M. Stationery Office, P.O.Box 569, Londres S.E.I. (£1.30). - SÉNÉGAL.La Maison du livre, 13, av. Roume, B.P. 20-60, Dakar.Librairie Clairafrique, B.P. 2005, Dakar; Librairie c LeSénégal », B.P. 1 594, Dakar. SUÈDE. Toutes les publi¬cations : A/B CE. Fritzes Kungl. Hovbkhandel, Freds-gatan, 2. Box 16356, 103 27 Stockholm. 16. Pour e leCourrier » seulement : Svenska FN-Förbundet, Box1 50-50, S-1 0465 Stockholm - Postgiro 1 84692(Kr. 18). SUISSE. Toutes les publications : EuropaVerlag. 5. Ramistrasse, Zürich. CCP. Zürich VIII 2383.Payot. 6, rue Grenus 1211, Genève 11, CCP.-12.236(FS. 16). SYRIE. Librairie Sayegh Immeuble Diab, ruedu Parlement. B.P. 704. Damas. TCHÉCOSLOVA¬QUIE. S.N.T.L., Spalena 51, Prague 1-(Exposition perma¬nente); Zahranicni Literatura, 11 Soukenicka, Prague 1.Pour la Slovaquie seulement : Alfa Verlag Publishers,Hurbanovo nam. 6, 893 31 Bratislava. Librairie

Evangélique, BP 378, Lomé; Librairie du Bon Pasteur,BP 1164, Lomé; Librairie Moderne, BP 777, Lomé.TUNISIE. Société tunisienne de diffusion, 5, avenue deCarthage, Tunis. Librairie Hachette, 469Istiklal Caddesi; Beyoglu, Istanbul. U.R.S.S. Me?hdu-narodnaja Kmga, Moscou, G-200. URUGUAY.Editorial Losada Uruguaya, S.A. Librería Losada, Maldo-nado, 1092, Colonia 1 340, Montevideo. VIÊT-NAM.Librairie Papeterie XuSn-Thu, 185. 193, rue Tu-Do,B.P. 283, Saigon. YOUGOSLAVIE, jugoslovenskaKnjiga, Terazije 27, Belgrade. Drzavna Zaluzba SloveniijeMestniTrg.26.Ljubljana.-REP. DU ZAIRE. U LibrarieInstitut national d'études politiques B.P. 2307, KinshasaCommission nationale de la République du Zaïre pourl'Unesco, Ministère de l'éducation nationale, Kinshasa.

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