CONNAISSANCE DES HAUTES-PYRÉNÉES - cndp.fr · En 1968, nous avons prospecté le site et y avons...

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CONNAISSANCE DES HAUTES-PYRÉNÉES R. COQUEREL CORRESPONDANT DÉPARTEMENTAL DES ANTIQUITÉS HISTORIQUES TRACES DE L’OCCUPATION GALLO-ROMAINE DANS LES HAUTES - PYRÉNÉES Esquisse d’une synthèse des faits archéologiques du département EDITION DU CENTRE DEPARTEMENTAL DE DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE - TARBES Année 1977 Tête de Saint-Lézer, tête funéraire du premier ou du deuxième siècle. La peinture rouge est la couleur du deuil.

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CONNAISSANCE DES HAUTES-PYRÉNÉES

R. COQUERELCORRESPONDANT DÉPARTEMENTAL DES ANTIQUITÉS HISTORIQUES

TRACES DE L’OCCUPATION GALLO-ROMAINEDANS LES HAUTES - PYRÉNÉES

Esquisse d’une synthèsedes faits archéologiques du département

EDITION DU CENTRE DEPARTEMENTAL DE DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE - TARBESAnnée 1977

Tête de Saint-Lézer, tête funéraire du premier ou du deuxième siècle.La peinture rouge est la couleur du deuil.

Introduction

Nous voulons démontrer ici que l’absence apparente d’anciens habitats d’époque gallo-romaine dans la plusgrande partie de notre département, absence encore admise naguère, n’avait d’autre raison que le manque derecherches sérieuses sur le territoire.

Sans doute, quelques découvertes fortuites, anciennes ou récentes, venaient montrer la présence humaine audébut de notre ère çà et là, sur ce qui devait devenir un jour les Hautes-Pyrénées ; mais rien ne les liait entreelles. Aujourd’hui, bien que notre connaissance des faits archéologiques de la région soit loin d’être exhaustive- c’est sur l’archéologie que nous appuyons notre étude - nous pouvons établir une liaison formelle entre leshabitats de la vallée de l’Adour, pressentir les liens existant entre les vallées de la Neste et de la Garonne etentre nos hautes vallées et la plaine.

Entre Campan et la sortie de l’Adour du territoire départemental, nous connaissons 22 communes sur lesquellesdes traces d’occupation du sol à l’époque gallo-romaine sont indiscutablement établies et dont beaucoupmontrent la marque d’une unité culturelle.

La répartition géographique des autres sites à documents archéologiques reconnus, en même temps quel’étude du matériel qu’on y a trouvé, permettent de concevoir une image déjà valable de l’étendue dupeuplement. La variété des types d’occupation - lieux de culte, places fortes, centres urbains et villas -permet de reconnaître des activités culturelles, cultuelles, commerciales, militaires, partiellement analysées,parfois, mais jamais dans leur ensemble puisque seules les nombreuses et récentes découvertes rendent celapossible.

Partant de ces analyses plus spatialement étendues, nous pouvons tenter une synthèse, synthèse évidemmentprovisoire, mais qui donne une image valable de ce qu’était notre département au temps de l’Aquitaineromanisée. Il y faudra admettre un certain schématisme ; vouloir l’étude de tout ce qui a été écrit sur legallo-romain des Hautes-Pyrénées - non que cela nous déplairait - nous sortirait du modeste ouvrage quenous nous sommes assigné. Et, pour cette raison aussi, nous ne donnons en référence que les auteurs dont lepragmatisme répond à notre ambition, dans la mesure du possible nous ne retenons que les faits commearguments, sans pour cela mépriser les interprétations déjà données ; l’« exégèse » n’est pas prévue dansnotre propos.Nous donnons aussi quelques références d’ouvrages dont l’intérêt vient de ce qu’ils apportent un inventairede publications relatives à un site particulièrement étudié.Notons enfin que nous employons l’expression «gallo-romain» pour simplifier le texte, étant entendu pournous que les populations du Piémont des Pyrénées n’étaient pas gauloises.

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Nous réservons cette étude au Centre Départemental de Documentation Pédagogique ; nous espérons queles enseignants y trouveront des matériaux utiles :- Une première partie est consacrée à « L’INVENTAIRE DES VESTIGES » ; par commune, nous avonsindiqué, l’altitude et la situation du lieu de trouvaille, les documents écrits archéologiques relatifs à cevestige. La mention «Inédit» indique que nous n’avons encore rien publié sur cette découverte plus oumoins récente ; aussi y avons nous, parfois, ajouté quelques brèves notes...- Une deuxième partie traite de «LA SIGNIFICATION DE CES VESTIGES» et de l’image qu’ils donnentde notre territoire départemental et de son occupation à l'époque gallo-romaine.

R. COQUEREL, Correspondant départemental des Antiquités historiques.

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L’occupation du Sol :

sites et vestiges

documents bibliographiques

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUEDES VESTIGES GALLO-ROMAINS

( Voir troisième partie : DOCUMENT 1)

Il était difficile de présenter une étude des sites archéologiques prospectéssystématiquement et d’en tirer une conclusion valable, en éludant la révision dessites à découvertes fortuites. D’autre part, il est indispensable de présenter aussi larépartition géographique des points de recherche ou de trouvailles actuellementconnus en Hautes-Pyrénées.

Notre département est divisé en trois régions naturelles :- Au Sud, la zone montagneuse à l’allure de barrière grandiose, aux hauts

sommets dépassant 3 000 m. justifiant l’appellation de «Hautes»-Pyrénéeset dans laquelle pénètrent transversalement, trois grandes vallées, celles duGave, de l’Adour, de la Neste.

- Au Nord et au Nord-Est, des plateaux et des collines, transition entre laplaine et la montagne ; elle comprend les plate aux de Lannemezan, d’Orignacet Cieutat et la bordure Est du plateau de Ger. L’érosion les a découpés auNord, en longues lanières.

- Au Nord-Ouest, la plaine de l’Adour, entre deux lignes parallèles de collines.

Ce sont ces trois régions que nous avons schématisées sur la carte ci-après oùfigurent aussi, plus en détail, les cours d’eaux. C’est que tout d’abord, ils donnentune idée plus claire du relief et surtout parce que toute organisation humaine dansl’antiquité, qu’elle fut implantation ou route, relevait d’abord de l’existence descours d’eaux. Enfin y figurent les communes sur lesquelles un ou plusieurs documentsou vestiges gallo-romains ont été signalés. Il est évident que la présence de rarestémoins dans une commune ne signifie pas qu’elle soit forcément site d’occupation.Afin de retrouver plus facilement l’emplacement des communes, la carte comporteun quadrillage avec index alphanumériques.

RÉPERTOIRE DES COMMUNES A VESTIGES GALLO-ROMAINS

( Chaque commune est suivie : des index alphanumériques du quadrillage de la carte «document N°1», del’altitude du lieu de trouvaille, de la nature du vestige, des références bibliographiques concernant ce vestige).

AGOS-VIDALOS : (A-4) Alt. 500 m Tesson d’amphore et poterie d’époque augustéenne. Fréquentation de quelquesgrottes au Moyen-âge. André CLOT : Bulletin Société Ramond, 1972, p. 79. Alt. 580m. Tesson de poterie sigillée ditegallo-romaine précoce ; fragments de tuiles ; Vestiges d’une construction. Inédit.

ANERAN-CAMORS : (C-5) Alt. 957 m. Une stèle. J. SACAZE : « Inscriptions antiques des Pyrénées ».

ANLA : (D-4) Alt. 510 m. Une stèle. J. SACAZE : « Inscriptions antiques des Pyrénées ».Un chapiteau, un sarcophage.J. J. HATT «Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et du Couserans».

ANTIN : (C-3) Alt. 330 m. Urne et petit trésor monétaire.Sur une terrasse argileuse qui domine le village, en 1965, un bulldozer a fait apparaître une grosse poterie, en mêmetemps qu’il la réduisait en fragments. C’était une urne en terre ocre rouge à engobe (1) grisâtre et dont nous n’avonspu reconstituer la forme. Elle contenait une vingtaine de monnaies dont 17 ANTONIANI, allant de GORDIEN III àCLAUDE II, et qui ont pu être sauvées de la dispersion. Aucune trace d’habitat n’a été retrouvée.Une prospection attentive autour du lieu de trouvaille nous a fait découvrir un tesson de bol à paroi mince - 3mmd’épaisseur, également en céramique ocre rouge.

ARIÈS : (D-3) Alt. 284 m. Tegulae (2). M. LABROUSSE : Gallia XVII 1959.

ARMENTEULE : (C-5) Alt. 960 m. Une stèle. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

ASQUE : (C-4) Alt. 600 m. Deux autels votifs (3). J. LARCHER : «Glanages» ; (Bibliothèque municipale). J.J.MARTIN : «Les autels gallo-romains de Bagnères-de-Bigorre». Bull. Société Ramond 1970, pages 19 à 34.

ASTÉ : (B-4) Alt. 700 m. Deux tessons d’amphore. Inédit.

AUREILHAN : (B-3) Alt. 309 m. Un autel votif (considéré comme douteux par J. Sacaze). Quatre pièces de monnaieà l’effigie de FAUSTINE et des objets divers en bronze.Bull. Société Académique des H.P. 1857, p. 324. Substructions (4) de thermes ou fonderie ?«Essais historiques sur la Bigorre». DAVEZAC-MACAYA, 1823, p. 55.

AURIÉBAT : (B- 2) Alt. 240m. Villa avec mosaïques, chapiteau en marbre, tessons de poteries et de tuiles, au lieu dit« Gleisa» (5). A 5 Km à l’ouest de la villa, des tessons de poteries et de tuiles. Bull. Société Ramond, 1973.Entre Maubourguet et Marciac (Gers), dans la plaine que bordent les coteaux limitant les Hautes Pyrénées, au lieu-dit«la Gleisa «, des mosaïques furent découvertes à la fin du siècle dernier, fortuitement dans un champ de vignes, etelles tombèrent dans l’oubli. Elles ont été redécouvertes en 1974.En 1968, nous avons prospecté le site et y avons trouvé de nombreux tessons de poteries, d’amphores et de nombreuxfragments de marbre. Parmi les poteries se rencontre de la sigillée.Le propriétaire de la vigne conserve chez lui un très beau chapiteau de marbre blanc qu’il a découvert au cours d’unlabour et dont il n’a été rien publié.Tout indique l’emplacement d’une riche villa dont l’activité devait s’étendre du II ème S. au IV ème S. Plus à l’ouest,à environ 5 km de la villa, un pied d’amphore et du laitier de forge ont été trouvés après le labour d’un champ.

AVEZAC : (C-4) Alt. 600 m. Une auge cinéraire (6). J.J.HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains duComminges et du Couserans».

(1) Engobe : Mélange d’eau et d’argile finement diluée dont on recouvre la paroi extérieure d’une poterie avant cuisson, pour la rendre pluslisse.

(2) Tegulae : Tuiles.(3) Autel votif : Monument de pierre souvent de marbre, dont le poids peut varier de plusieurs hectogrammes à un kilogramme, devant lequel

on venait se recueillir et prier en évoquant le Dieu ou la Divinité auquel l’autel était dédié. Généralement des inscriptions gravées(l’épigraphe ) sur le monument expliquaient la dédicace.

(4) Substruction : partie enterrée d’une construction ; ce qui subsiste au ras du sol, après sa destruction.(5) Gleisa : littéralement église. Lieu dit où l’on rencontre des ruines, le plus souvent sur un site gallo-romain.(6) Auge cinéraire : petit cercueil en pierre destiné à recevoir les cendres d’un défunt.

AZET : (C-5) Alt. 1 172 m. Un bronze à l’effigie de Néron. A. SARAMON : «Les Quatre Vallées», p. 69.

AZEREIX (B-3) Alt. 330 m. Une borne à inscription énigmatique, à la limite de la commune avec celle d’Ibos.Inédit.

BAGNERES-de-BIGORRE (B-4) Alt. 550 m. Trois autels votifs. J SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».Piscines ou baignoires JJ DUMORET : Bull. Société Ramond, 1886, pp. 43/44. Des poteries, tuiles, fragments demarbre. J.J. MARTIN : Bull. Société Ramond, 1966/1968, P. 50 et suite. Ruine d’une pile ou porte triomphale (6) J.J.MARTIN : «Les autels gallo-romains de Bagnères-de-Bigorre». Bull. Société Ramond, 1970, pp. 19 à 34.

BARBAZAN-DESSUS : (B-3) Alt. 400 m. Une stèle. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

BAUDEAN (B-4) Alt. 600 m. Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». J.J. MARTIN : «Lesautels gallo-romains de Bagnères-de-Bigorre». Bull. Société Ramond, 1970, pp. 19 à 34.

BAZET : (B-3) Alt. 275 m. Tuiles, poteries. Inédit.

BAZILLAC : (B-2) Alt. 235 m. Tuiles, poteries. Inédit.

BENQUÉ-DESSUS : (C-4) Alt. 450m. Plaque funéraire (2), Autel votif. J.J HATT : «Les monuments funérairesgallo-romains du Comminges et du Couserans».

BERTREN : (D-4) Alt. 450 m, Vestiges d’hypocauste. (3). M. LABROUSSE : Gallia XXIV, 1966.

BORDÈRES-sur-ECHEZ : (B-3) Alt. 295 m. Trésor monétaire. Journal : «L’Ere Impériale des Hautes-Pyrénées» du24/6/1865.Au nord de la commune, sur un territoire qui s’étend jusqu’à la limite voisine de Bazet et qui porte le nom deCantillac, fut trouvé en 1865 un trésor monétaire important. C’est lors de l’établissement de la voie ferrée, Tarbes -Agen, que fut faite la découverte. 1 200 pièces de monnaie étaient contenues dans un vase. Ce dernier fut brisé, jetéet le trésor dispersé. Le plus grand nombre des pièces représentaient les empereurs, PHILIPPE L’ARABE, GORDIEN,GALLE, CARUS et MAXIMIEN HERCULE, ce qui date ce trésor de la fin du III ème S. ou du tout début du IV èmeS.Villa dans le parc du château d’Urac. Inédit. En 1964, un sondage dans une motte féodale voisine du château d’Urac(«Les Mottes Féodales Pyrénéennes», R. COQUEREL, Nouvelle République des Pyrénées du 10/6/1966.) devaitfaire découvrir la présence de fragments de mosaïques dans la masse de terre. Mis en éveil par cette découverte, nousdécouvrîmes en 1968 les substructions d’une villa dans le parc du château.(4).

BORDÈRES-de-LOURON : (C-5) Alt. 850 m. Une stèle. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

BRAMEVAQUE : (D-5) Alt. 560 m. Un autel votif. J SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». A 1541 m. 53autels votifs. FOUET et SOUTOU : «Gallia» XXI, 1963.La commune de Bramevaque est dominée à l’ouest par un massif montagneux, le mont Sacon, dont le point culminant,le Pic de Tourroc, marque à 1541 mètres d’altitude, la jonction des limites des communes voisines de Sacoué au nord-ouest et d’Ourde au sud-ouest. En 1957, après quelques découvertes fortuites révélatrices, G. FOUET entreprit avecune équipe de chercheurs, une expédition sur le Pic de Tourroc. Elle se révéla très fructueuse puisque furent descendus,dans des conditions de portage plutôt pénibles, 28 socles d’autel et 53 petits autels votifs de différentes tailles et dedifférentes figurations. Certains sont anépigraphes (5) et d’autres ne présentent que des figurations symboliques.G. FOUET et A. SOUTOU ont largement développé toutes les considérations possibles sur leur découverte après uneanalyse complète des 53 autels rencontrés.

(2) Plaque funéraire : Plaque de pierre ou de métal sur laquelle sont gravés en épitaphe, les noms et qualités du défunt.(3) Hypocauste : Mode de chauffage d’un local dans l’antiquité et qui consistait à faire passer sous le plancher les gaz brûlés

d’un foyer alimenté par l’extérieur.(4) Le château d’Urac se situe dans la commune de Bordères-sur-Echez à la limite de celle-ci et de Tarbes.(5) Anépigraphe : Sans écriture gravée.(6) R. COQUEREL : La Nouvelle République des Pyrénées, 21-1-74 : Conduites d’eau en «Opus signinum» (Chaux, sable et

briques broyées).

CADÉAC : (C-5) Alt. 750 m. Six autels votifs. Une stèle. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées

CAMPAN : (B-4) Alt. 650 m. Une colonne milliaire (1). J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». Tessonsd’amphores, inédit.

CAPVERN : (C-4) Alt. 600 m. Une Stèle. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges etdu Couserans» ; J.J. MARTIN : « Les autels gallo-romains de Bagnères de Bigorre», Bul. Société Ramond, 1970, pp.19 à 34.

CASTELNAU-MAGNOAC : (D-3) Alt. 340 m. Une colonne milliaire. Pallas. M. LABROUSSE : Pallas IV, 1956.

CASTELNAU RIVIÈRE-BASSE : (B-1) Alt. 133 m. près de l’Eglise de Mazères : Vestiges de construction gallo-romaine et de tuiles à rebord (2) Inédit. Alt. 230 m. Tuiles et amphore, inédit.

CASTILLON : (C-4) Alt. 555 m. Deux autels votifs. J SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

CAUBOUS : (D-3) Alt. 375 m. Deux auges cinéraires. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains duComminges et du Couserans».

CAUTERETS : (A-5) Alt. 1 100 m. Piscine, fragment d’autel votif, un bronze (3) de Caracalla, un nummus (4) du IVème S, quelques tessons de poteries, R. COQUEREL : «Les bains romains de Cauterets» Nouvelle République desPyrénées du 12/1/65 et «La piscine antique de Cauterets», Bulletin Société Ramond, 1973. M. LABROUSSE : « Lesorigines de Cauterets», Actes du Congrès des Sociétés savantes, Tarbes, 1957, p. 76. E. PEYROUSET : « Une étapesur le chemin antique de Cauterets», Bulletin Société Ramond, 1973.Exemple de recherche d’un chemin antique par la toponymie).M. Ernest Fourcade, employé aux thermes de Poze-Vieux, découvrit au-dessus de la station, sur une petite terrassedominant les ruines de thermes anciens, une sorte de bassin dans lequel il crut reconnaître une piscine gallo-romaine.En 1965, avec l’accord très favorable de M. Labrousse (5), nous avons entrepris une fouille de dégagement du bassin.L’équipe de fouilleurs comprenait entre autres, M. Fourcade, l’inventeur.Il s’agissait bien des restes d’une piscine d’époque gallo-romaine. Bâtie contre une paroi rocheuse, elle est creusée enforme d’abside, celle-ci étant à l’opposé de la paroi rocheuse. Orienté Est-Ouest, le bassin a 1,30 m de profondeur,5,30 m. de longueur et 4 m de largeur. Le fond ainsi que les lambris, étaient faits d’un dallage en marbre blanc. Dansla roche dont la paroi limite la piscine à l’Est, était aménagée une petite crypte voûtée d’où sortait l’eau chaude. Avecdes aménagements datant du Moyen-âge, l’installation thermale fonctionnait encore au début du XIX ème siècle.Autour de la piscine subsistent des vestiges de constructions antiques qui indiquent que l’installation gallo-romainen’était ni rustique ni provisoire.Au cours de la fouille nous avons trouvé un fragment d’autel votif, en marbre blanc, indiscutablement gallo-romain,ainsi que quelques fragments de fioles en verre et un tesson de poterie grise de même époque. Antérieurement àl’entreprise de la fouille, deux pièces de monnaie avaient été trouvées non loin de Poze-Vieux : un nummus du IV èmesiècle et un bronze de Caracalla (198-217). Enfin nous rappelons que M. Labrousse, signalant dans une communicationau Congrès de Tarbes, en 1957, l’existence de tessons de poteries, de verroteries et d’une clé gallo-romaines, concluaiten ces termes : «... il semble aujourd’hui légitime d’affirmer qu’il y a eu, à Cauterets, un établissement gallo-romain...Il faudrait des fouilles qui nous diraient la véritable nature des installations thermales et, partant, l’importance de lastation...».Notre fouille a répondu, en partie, au vœu de M. Labrousse. R. COQUEREL : «La piscine antique de Cauterets».Bulletin Soc. Ramond 1973.

CAZARILH-LASPÈNE : (D-5) Alt. 600 m. Une auge cinéraire ; Une plaque funéraire J.J. HATT : «Les monumentsfunéraires gallo-romains du Comminges et du Couserans».

(1) Colonne milliaire : Borne sur laquelle était indiquée, an milliers de pas, la distance (comme sur nos bornes kilométriques actuelles).(2) Tuiles à rebord : la tuile romaine (tegula) avait les bords relevés sur les deux côtés alignés dans le sens de la pente du toit et entre lesquels

coulait l’eau de pluie. L’espace de jonction des tuiles était abrité par une tuile incurvée dite « imbrice « et qui couvrait les bords.(3) Bronze : pièce de monnaie en bronze, généralement de peu de valeur,(4) Nummus : Autre pièce de monnaie romaine.(5) M. Labrousse est alors Directeur de la Circonscription des Antiquités historiques de la région Midi-Pyrénées.

CRÉCHET : (D-4) Alt. 540 m. Un autel votif, J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

ESBAREICH : (D-5) Alt. 700 m. Une auge cinéraire et une tête de marbre. «Guide répertoire d’archéologie duT.C.F.».

ESTENSAN : (C-5) Alt. 1 040 m. Un autel votif. J SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

ESTIRAC : (B-2) Alt. 160 m. Vestiges d’une villa et autre site. Inédit.

FÉRRÈRE : (D-5) Alt. 770 m, Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». A 1729 m. d’altitude: Deux autels votifs et 6 socles d’autels votifs. G. FOUET : Gallia XXII, 1964.

GÉNÉREST : (D-4) Alt. 520 m. Une auge cinéraire. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains duComminges et du Couserans».

GÉNOS : (C-6) Alt. 940 m. Une auge cinéraire J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains du Commingeset du Couserans».

GOUAUX : (C-5) Alt. 930 m. Une stèle. Guide répertoire d’Archéologie antique du T.C.F. Un autel votif. M.LABROUSSE : Gallia XXII, 1964.

GUCHAN : (C-5) Alt. 880 m. Une plaque funéraire. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains duComminges et du Couserans». (Donné à tort comme cippe (1) par le Guide répertoire d’Archéologie antique duT.C.F.).

GUCHEN : (C-5) Alt. 772 m. Une stèle. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

HAGEDET : (B-1) Alt. 262 m. Oppidum avec gisement de tuiles, de tessons d’amphores et de poteries. Inédit

HAUTAGET : (D-4) Alt. 550 m, Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

HÈCHES : (C-4) Alt. 610 m. Un autel votif, J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

HOURC : (B3) Alt.330 m, Un pied d’amphore.

HÈRES : (B-1) Alt. 145 m, Tuiles.

IBOS : (B-3) Alt. 410m. Tessons de poteries sur et autour d’un tumulus. R. COQUEREL «Prospection et fouille destumuli du plateau de Ger», Ogam, Janvier - Juin 1965.Sur le plateau de Ger, dans la partie qui domina la village d’Ibos et qui voisine avec celui de Ger en PyrénéesAtlantiques, existaient encore en 1964, un groupe de tumuli. C’est au cours de la fouille de l’un d’eux, que nousdécouvrîmes des tessons de poteries gallo-romaines répartis sur le tumulus et sur le terrain d’alentour, dans un périmètrede 100 mètres de rayon environ. Les tassons provenaient surtout de poteries grises, probablement augustéennes.

ILHEU : (D-4) Alt. 650 m. Un autel votif, J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». Une auge cinéraire, J.J. HATT : « Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et du Couserans.

IZAOURT : (D-4) Alt. 440 m. Une stèle, J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et duCouserans».

IZAUX : (C-4) Alt. 540 m, Importante villa comprenant une installation d’eau très complexe, maintenue aux III èmeet IV ème siècles, Nombreux mobilier. R. COQUEREL : « Recherches sur la site gallo-romain d’Izaux», Ogam,

(1) Cippe : Petite pierre dressée, sans autre sculpture que l’inscription qui y est gravée.(2) Villa : Grosse maison de maître comprenant les locaux d’habitation et d’agrément, ainsi que les dépendances pour loger les serviteurs etconserver les réserves alimentaires. On entend aussi par villa, le domaine rural avec la maison dont il dépend.

Janvier- mai 1968 ; «Les vestiges gallo-romains d’Izaux», Revue du Comminges, 1970 ; «Fouilles sur le site gallo-romain d’Izaux», Bulletin Société Ramond, 1972.Les premiers vestiges d’une villa gallo-romaine à Izaux, furent découverts en 1965. Ils se situent dans la plainetraversée par la rivière La Neste, à la base d’une colline adossée au plateau de Lannemezan. C’est au cours d’un petitsondage fait pour vérifier la tradition d’un cimetière dans une parcelle du territoire que l’Oeuvre Lamon possède dansle village, que cas vestiges apparurent.Dans l’état actuel des dégagements, 9 salles bien distinctes ont été fouillées entièrement jusqu’au niveau de leur sold’occupation, ainsi qu’une piscine et 3 bassins d’agrément. Cela ne représente qu’une faible partie de l’étendue totaledes constructions à dégager.La fouille est orientée vers la dégagement exclusif des substructions du IV ème siècle, période pour laquelle onconstate et vérifia deux stades d’occupation avant l’abandon de la villa. Des murs d’occupation antérieure ont cependantété repérés.Sur la seule partie dégagée, 53 sépultures ont été dénombrées, ce qui confirme la tradition d’un cimetière. Des textesdu XVI ème siècle font mention d’une chapelle en ruine, dans la région du lieu de fouilles ; d’énormes fondationsmédiévales, bâties sur les ruines de la villa, semblent être celles de cette chapelle. Un grand nombre de tombes datentdu Haut Moyen-âge et la présence d’un foyer rituel au milieu d’elles ne fait que confirmer cette datation, (1)Les éléments d’architecturaux de la villa d’Izaux montrent, pour la plupart, qu’elle fut un établissement plutôt luxueux,La marbre y abonde, la vaisselle y est riche. La maçonnerie des constructions est très robuste et la matériau en est legalet de quartzite, mais contrairement a ce qu’on observe généralement ailleurs, à Izaux, les constructeurs ont épanné,parfois taillé, le galet pour obtenir des plans de parement sans creux ni saillie. A plus d’un point de vue, et plusparticulièrement des éléments d’architecture et du mobilier, la villa d’Izaux s’apparente à celles de Montmaurin et deValentine, en Haute-Garonne.Parmi les pièces de mobilier remarquables pour l’ethnographie, deux méritent plus particulièrement d’être signalées: - Une petite bague-clé en bronze, à tige forée et finement travaillée, plus élégante que celles exposées aux musées deSt Bertrand-de-Comminges et de Luchon.- Une petite flûte à 6 trous faite d’un tibia de gros oiseau (2).11 pièces de monnaie en bronze trouvées au cours des fouilles, sont datées de 270 à 354 après J.C. A environ 100mètres de la villa, coule une source à fort débit autour de laquelle on reconnaît des aménagements antiques ; ellepourrait être la raison de l’implantation gallo-romaine. De nombreux petits canaux rencontrés dans la villa montrantque l’eau entrait pour une grande part dans l’aménagement du milieu, au cours des III ème et IV ème siècles.

JUILLAN : (B-3) Alt. 328 m. Tessons d’amphore et de tuiles ; moellons de petit appareil (3) M.LABROUSSE :Gallia XXVI 1968.En 1967, M. J. Duffau, alors élève de M. Labrousse, recueillit, à l’occasion de travaux d’assainissement dans levillage, quelques fragments typiques de tegulae et d’amphores. Cas rares témoins d’occupation gallo-romaineconfirment ce que la toponymie laissait prévoir.

LABATUT-RIVIÈRE-BASSE : (B-1) Alt. 162m. Tessons de poteries. Inédit.

LAGARDE : (B-3) Alt. 362 m. Tessons de poteries et d’amphores sur un oppidum. R. COQUEREL : Revue de Pauet du Béarn, 1974.Le territoire communal est formé d’une partie basse dépendant de la plaine de l’Échez et de l’Adour et d’une partiehaute constituée par un éperon de colline se détachant du plateau de Ger. La village et les terres cultivées sont situéesdans la plaine ; la crête et les pentes de la colline sont surtout boisées.Sur la pointe qui termine la crête de la colline, un petit oppidum (4) a été bâti. Il est du type « éperon barré» (5) et sasuperficie est de 7,4 hectares. Il comprend deux enceintes : l’une extérieure, enferme deux basses-cours et l’autre,intérieure, délimite la haute-cour de 1,8 hectare de superficie. Les textes la désignent par : « Castet-Crabé».

(1) Foyer rituel : Fente excavation pratiquée dans le sol, généralement d’un cimetière, pour y faire un feu contre les sortilèges. Les premiersrois carolingiens punissaient de mort les auteurs de foyer rituel.(2) Un fragment d’une autre flûte, plus grosse et faite dans un os de mammifère, a également été trouvé.(3) Appareil : dispositif de construction utilisant des pierres taillées de plus ou moins grandes dimensions, ajustées, pour obtenir des surfacesde mur, des parements, agréables à regarder.(4) Oppidum : Ville ou camp fortifié établi dans un site naturellement protégé.(5) Éperon barré : nom donné à un système de fortifications fait d’un talus et d’un fossé construits au travers d’une arête de colline pour enprotéger l’extrémité.

C’est certainement 1’un des oppida les mieux conservés de France ; son système de défense est encore parfaitementvisible et ses talus, hauts de 11 mètres, particulièrement impressionnants, sont en parfait état.Quelques petits sondages, peu profonds, pratiqués dans l’oppidum et sur les pentes qui l’entourent, ont fait découvrirune grande quantité de tessons d’amphores ainsi que quelques tessons de poteries de la fin de La Tène (5).Les amphores rencontrées se distinguent par la qualité de la céramique et surtout par la morphologie des anses. Ellessont de 3 types :a)- A céramique de teinte jaunâtre chargée de sable à grains blancs et noirs, à paroi épaisse, à pied massif. Ce types’apparente aux grosses amphores globulaires hispaniques.b)- A céramique ocre rose à charge très diluée de sable blanc et gris auquel se mêlent des grains de laitier et de broyagede céramique rouge. Ces amphores sont du type Dressel I. Certaines ont des anses à section elliptique ; les autres, engrand nombre à parois plus minces, fortement cannelées. On ne les rencontre ni à Montmaurin, ni à St Bertrand-de-Comminges.c)- A céramique ocre rouge, à anses elliptiques et à col également. Dressel I. (6)

LAFITOLE : (B-3) Alt. 190 m. Tessons de poteries, pied d’amphore. Inédit.

LALOUBÈRE : (B-3) Alt. 330 m. Tessons d’amphore. inédit.

LARREULE : (B-2) Alt. 183 m. Vestiges d’une villa. R. COQUEREL et S. DOUSSAU : «Autres traces d’occupationsur le territoire de Maubourguet», Bulletin Société Ramond, 1970.Dans la plaine de l’Adour, au Sud-Ouest de Maubourguet et à sa limite avec la commune de Larreule, sur la rive droitedu petit ruisseau Layza, se situe le lieu-dit «Lapoudgette» (7). Une prospection attentive de M. S. Doussau devait, en1970, y faire découvrir quelques fragments de tegulae, de la poterie gallo-romaine, un pied d’amphore et une partied’un pavage en galets. Quelques tessons de poterie médiévale ont été trouvés au même endroit.Au lieu dit «Pravas», S. Doussau, après avoir reconnu un site d’occupation gallo-romaine importante, a fait un sondagequi a montré que cette occupation s’est étendue depuis la fin de l’indépendance de l’Aquitaine jusqu’à la fin del’Empire. Parmi les tessons de poteries des diverses époques trouvés en couches successives, un a particulièrementretenu notre attention : c’est un fond de jatte sigillée portant la marque d’un potier, «LATINI», du nom de LATINUS,travaillant au II ème siècle à Lavoye, dans la Meuse.

LASCAZÈRES : (B-2) Alt. 178 m, Chapiteau et base de colonne (dans l’Eglise ). Guide répertoire d’Archéologieantique du T.C.F.

LÉZIGNAN : (B-4) Alt. 460 m. Fragment de statue, bas relief, statue sans tête. Bulletin Société Académique desHautes-Pyrénées, 1857, p. 324.

LIAC : (B-2) Alt. 204 m, Tessons de poteries, Inédit.

LOMBRES : (D-4) Alt. 460 m. Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

LOUDENVIELLE : (C-6) Alt. 860 m. Deux autels votifs, J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

LOURDES : (A-4) Alt. 420m. Une stèle, une tête funéraire (1) R. COQUEREL : Bulletin Société SLA de Pau, 1970,p. 49. Un chapiteau corinthien, L.A. LEJOSNE : Bulletin Société Académique des H.P. 1858, p. 498. Alt. 400 m. Unas d’Hadrien, inédit, une tête de Mithra (2), un autel votif (3). En 1844, lors de travaux faits par le Génie militaire auchâteau de Lourdes, différents objets d’époque gallo-romaine furent mis à jour. Parmi eux, deux sculptures retinrentnotre attention au cours de l’année 1968, et, avec l’autorisation de M. Robert, Conservateur du musée pyrénéen, nousen avons publié une étude.(3)

(5) La Tène : Période aussi appelée deuxième âge du fer ; elle s’étend entre l’Hallstatt, environ 500 ans av. J.C. et la fin de l’indépendance dela Gaule, environ 50 av. J.C.(6) Classification des types morphologiques des amphores établie par l’archéologue DRESSEL.(7) Lapoudgette, lapoudge ou Poudge : noms donnés à de très vieux chemins, situés généralement près d’un cours d’eau.(1) Tête funéraire : portrait sculpté d’un défunt que l’on pouvait placer sur une statue déjà existante et préparée à cet effet,(2) Mithra : génie de la religion des anciens Mèdes ; son culte s’étendit chez les grecs d’Asie puis dans tout l’Empire romain où il opposa unerésistance tenace au christianisme.(3) « Cinquante ans d’acquisitions au Musée pyrénéen», catalogue de l’exposition, dressé par J. ROBERT, 1970.

Une des sculptures est une tête funéraire féminine. Par le bandeau qui en orne la coiffure, réplique du bandeau de lafemme de Paquius Proculus (d’après le portrait de Pompéi datant de Néron) nous datons la «Dame de Lourdes». Lafacture de cette statue-portrait indique par elle-même une œuvre du Ier ou II ème siècle.La tête de Mithra mesure, cou et coiffure compris, 15 cm. Les détails ont été estompés par une érosion assez marquée,mais ils sont encore suffisamment visibles pour y voir un travail également du Ier ou du II ème siècle. On y remarqueune abondante chevelure encadrant le visage et un bonnet qui ne peut être que phrygien.

LOURES-BAROUSSE : (D-4) Alt.450 m. Une auge cinéraire. J.J. HATT : « Les monuments funéraires gallo -romainsdu Comminges et du Couserans ».

MAUBOURGUET : (B-2) Alt.177 /180 m. Vestiges d’installation importante, villa, R. COQUEREL et S. DOUSSAU: Bulletin Société Ramond, 1970 - 1973.Dans la sanctuaire de l’église de Maubourguet, deux belles colonnes antiques de marbre blanc soutiennent l’arctriomphal ; leur présence avait déjà intrigué quelques chercheurs, frappés par leur facture incontestablement gallo-romaine. M. Maspié les signala dans une étude de l’église, publiée dans les actes du Congrès de la Fédération Languedoc-Pyrénées-Gascogne, de 1966. Leur origine restait cependant énigmatique.En 1967, à la suite de la découverte fortuite d’un fragment de tegulae dans le parement d’une absidiole, nous entreprîmesun examen sérieux des murs de l’église et puis nous effectuâmes quelques sondages dans ses proches alentours. Cespremiers travaux nous permirent de constater que l’édifice religieux est construit sur des substructions du IV èmesiècle. Deux autres sondages pratiqués, l’un dans l’absidiole Nord, l’autre à l’extérieur au droit du mur de la sacristie,confirmèrent la présence de cas substructions qui se prolongent sous le bas-côté Nord, et à l’extérieur de l’église,jusqu’au bord de l’Adour. Le matériel rencontré au cours de la fouille, fragments de colonne en marbre blanc identiqueà celui des colonnes antiques supportant l’arc triomphal, fragments de marbre mouluré, restes de mosaïquespolychromes, montrant que l’établissement primitif gallo-romain était plutôt luxueux. Il était pourvu d’un système dechauffage hypocauste, ce qui nous permet de dire qu’était implanté là, non pas un temple comme beaucoup le pensent,mais un établissement thermal ou une villa. Et nous penchons plutôt vers l’hypothèse villa…L’extension de la prospection du territoire nous a permis de constater que d’autres traces d’habitat se retrouvent à côtéde l’église, non seulement sur la rive gauche de l’Adour, mais aussi, sur la rive droite, à plus de 700 mètres du fleuve,Dans un cas, les vestiges de murs découverts ainsi que des éléments de mosaïques à cubes noirs, jaunes, blancs etrouges, témoignant de l’existence d’une villa urbaine du IV ème siècle. Dans deux autres cas, les témoins recueillis serésument à quelques fragments de tegulae, de poteries et d’amphores ; néanmoins, ils attestent de la présence devillae, probablement rustiques.La mobilier gallo-romain trouvé à Maubourguet comprend de la vaisselle du IV ème siècle, et aussi de la sigillée quilui est antérieure. Il comprend également des tessons d’amphores des types a, b, c, signalés au paragraphe relatif àl’oppidum «Castet crabé» de Lagarde.

MAULEON-BAROUSSE : (D-5) Alt. 570 m. Un autel votif. M. LABROUSSE : Gallia XX, 1962.

MAZÈRE-de-NESTE : (D-4) Alt. 420 m. Un chapiteau, un masque sculpté (1), en marbre. R. COQUEREL : NouvelleRépublique des Pyrénées, 15 juin 1968.En 1968, M. Bernat, curé de la paroisse de Mazères-de-Neste, découvrit à la base d’un pilier en bois soutenantl’escalier de la tribune de l’église, un chapiteau renversé qui servait de support. Il le fit dégager et porter dans lesanctuaire où il est actuellement visible. C’est un beau chapiteau travaillé au trépan (2), et qui date vraisemblablementdu IV ème siècle. Sa particularité est de présenter une face plate à l’arrière de la corbeille (3), comme s’il était faitpour être accolé à un pan vertical. Cette face plate est cependant travaillée dans le style genre corinthien qu’onretrouve sur le reste du vestige. Il est en marbre blanc de St Béat.M. Bernat, à la même époque, fit mettre en évidence près de la cuve baptismale, une dalle, également en marbre de StBéat et sur laquelle est sculpté, en bas relief, un masque à visage lunaire, orné d’un collier de grosses perles. A lagauche du visage, s’étale une sorte d’aile qui pourrait tout simplement représenter les cheveux.L’aspect chagrin du visage et le collier de grosses perles apparentent cette figure à celle qui est sculptée sur le frontontriangulaire d’une auge cinéraire se trouvant sur le mur extérieur de la chapelle St Pé de la Moraine à Garin, en Haute-

(1) Masque : Image d’un visage humain, sculptée dans une matière dure ou façonnée dans du métal et représentant un génie ou un dieu.(2) Travaillé au trépan : procédé de sculpture qui consistait à utiliser un trépan pour faire des creux par une succession de trous ronds trèsrapprochés et dont il ne restait plus qu’à enlever les minces cloisons les séparant. On obtenait ainsi des saignées dans la pierre plus aisémentqu’avec un burin.(3) Corbeille : la partie décorée du chapiteau, plus étroite à la base et rappelant la forme d’un panier, d’une corbeille.

Garonne. Si cependant la figure de Garin exprime plutôt le dépit, la parenté entre les deux sculptures n’en est pasmoins flagrante. J.J. HATT («Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et du Couserans») voit dans cevisage de Garin un dérivé indigène de la Méduse romaine.

MONTGAILLARD : (B-4) Alt. 600 m. Amphores et poteries sur oppidum. Inédit.

MONTÉGUT : (D-4) Alt. 430 m. Un autel votif. J. SACAZE : «inscriptions antiques des Pyrénées».

MONTSÉRIÉ : (C-4) Alt. 500 m. Base de colonne. M. LABROUSSE : Gallia XX, 1962 ; à 650 m. Vestiges d’untemple, masque de bronze dit de Tarbes, plus de 100 autels votifs des tessons d’amphores, de nombreuses pièces demonnaies ; R. COQUEREL «De l’âge et de l’origine du masque de bronze de Tarbes», Celticum IX, 1963. J.F.SOULET : «le sanctuaire gallo-romain de Montsérié», revue du Comminges 1964, pp. 105 à 143.C’est en 1956, que par un travail de compilation nous avons pu comprendre que le fameux masque en bronze dit deTarbes, provenait d’un lieu de culte situé en montagne sur le territoire de la commune de Montsérié. Ce n’est qu’en1963, après une assez longue prospection, que nous découvrîmes l’emplacement exact du sanctuaire où le masqueavait été découvert en 1839.C’est sur le Mont Marteau, à environ 650 mètres d’altitude, qu’était édifié le temple où furent trouvés avec le masque,plus de 100 autels votifs, des armes et des bijoux, une grande quantité de pièces de monnaies qui, toutes, dataient desIer et II ème siècles.Il y avait en plus du sanctuaire, un aménagement fait de constructions assez vastes puisque l’un des murs retrouvésmesure plus de 50 mètres de longueur. Ces constructions bâties en gros blocs de pierres sèches grossièrement équarries,sont à l’état de ruines dont certaines mesurent encore plusieurs mètres de hauteur. Les murs ont une épaisseur quivarie entre 0,30 et 1 mètre. Ils se répartissent sur trois terrasses dont l’une d’entre elles nous a semblé faire partie dutemple. Une voie d’accès mène jusqu’à la terrasse supérieure et est protégée des éboulements, côté aval et côté amont,par des murs de soutènement construits comme les murs des bâtiments. Il n’est pas difficile de reconnaître dans cesvestiges de constructions, une architecture protohistorique (4) qu’il faut faire remonter sans doute au III ème ou au IIème siècle avant notre ère.Nous avons trouvé des tessons d’amphores et de poteries sur ces terrasses en soulevant simplement la couche d’humus; un pied d’amphore était fortement encastré entre les éléments d’un mur, à une hauteur de 1,50 m. environ.Trente-six des autels votifs trouvés sur le Mont Marteau ont été publiés par J. Sacaze et presque tous sont dédiés audieu «ERGE».

NISTOS : (D-4) Alt. 500 m. Deux autels votifs. SARRAMON : «Les Quatre-Vallées».

NOUILHAN : (B-3) Alt. 198 m. Un autel votif. Revue de Gascogne 1875, p. 268 ; Vestiges d’une villa. R. COQUERELet S. DOUSSAU : «Vestiges gallo-romains autour de Maubourguet», Bull. Société Ramond, 1974.Au cours du mois de janvier 1970, M. Doussau prospectant sur une parcelle de terrain longeant l’Adour, a trouvé,étendus sur une grande surface, des tessons de poteries gallo-romaines et de tegulae ; il est à peu près certain que cestémoins archéologiques sont ceux d’un habitat antique, existant autrefois à l’endroit même des trouvailles.

OLÉAC – DEBAT : (B-3) Alt. 375 m. Des tessons d’amphore et des fragments de tegulae.

ORLEIX : (B-3) Alt.336 m. Vestiges d’oppidum fragments de tuiles et d’amphores.

OSSUN : (B-3) Alt. 400 m. Un bronze de Constance ; à 430 m. un fragment d’amphore. Inédit.Il y a une vingtaine d’années, on donna à M. l’abbé Francez un bronze de Constance II (323-361 après J.C.) trouvéprès d’un petit oppidum connu sous le nom de « Camp de César». Une lampe à huile de la fin de l’Empire nous a étéprésentée, il y a une dizaine d’années, comme ayant été trouvée à Ossun mais malheureusement sans pouvoir préciserle lieu exact de la trouvaille ni le nom de l’inventeur.En 1968, nous avons recueilli dans une coupe de terrain faite à l’occasion d’une construction, sur le lieu dit « lagleysia», en bordure du plateau de Ger, dans la partie qui domine le village d’Ossun, un gros tesson de col d’amphore.Enfin, mentionnons aussi, à titre indicatif, les tessons de poterie de tradition hallstattienne (1) que nous avons trouvés,en 1968, sur l’oppidum, au cours d’une opération de relevé topographique.

(4) Protohistoire : Epoque pour une région donnée précédant le moment où apparaît l’histoire écrite.(1) Hallstatt : période dite aussi premier âge du fer ; elle succède à celle du bronze, vers 800 av. J. C. et dure environ 3 siècles.

OZON : (C-3) Alt. 429 m. Sur un oppidum : une dizaine d’autels votifs, des tessons d’amphores, de poteries et detuiles, un sesterce de Lucille. M. LABROUSSE : Gallia XXIV, 1966.Dès 1964, nous avons signalé l’existence d’un oppidum à Ozon, dit « le Castériou». Il se présente sous l’aspect d’unéperon barré, renforcé de fossés et talus formant une enceinte intérieure. Les talus sont faits de très gros galets enquartzite et leur montage à sec témoigne d’une conception protohistorique.En 1965, des moines de l’abbaye bénédictine de Tournay, en labourant une parcelle de terre qu’ils louaient et situéesur le Castériou, mirent au jour une dizaine d’autels votifs anépigraphiques, un sesterce de Lucille - environ 160 aprèsJ. C. - des fragments d’amphores, de tegulae, de poteries gallo-romaines. Vers la même époque, nous y reconnûmesdes tessons de poteries hallstattiennes.

POUEYFERRÉ : (A-4) Alt. 476 m. Poteries et tuiles. Inédit.

POUZAC : (B-4) Alt. 721 m. Un autel votif ; J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». A 500 m. tessons depoteries, d’amphores et de tuiles. Dans le mur du cimetière, des tuiles. Inédit.

PUJO : (B-2) Alt. 237m. Villa. M. LABROUSSE : Gallia XVII, 1959, XX, 1962, XXII, 1967. J. DURET : « La villagallo-romaine de Pujo» . Bulletin Société Ramond, 1971.Le chantier de fouilles de la villa gallo-romaine de Pujo fut mis en exploitation en 1959, à la suite de la découverte desubstructions d’une petite piscine, substructions visibles au-dessus du sol mais peu reconnaissables. L’inventeur, M. J.Duret, avec sa petite équipe, a maintenant dégagé un ensemble de substructions permettant de constater que la villacomprenait un logis principal, une longue cour pavée de galets et un logis secondaire, le tout s’étalant sur une longueurde 62 m. environ. La superficie totale devait couvrir quelques 2 000 mètres carrés.On reconnaît actuellement trois époques d’occupation de la villa, la dernière étant du IV ème siècle. Les deux premières,plus difficiles à déterminer, pourraient être des Ier et III ème siècles. Les matériaux de construction et de décorationarchitecturaux sont assez modestes... La profusion des marbres d’Izaux, par exemple, ne se retrouve pas à Pujo.

SACOUÉ : (D-5) Alt. 580 m. Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées». Une stèle . J.J HATT: «Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et du Couserans». Une auge cinéraire. «Guide répertoired’Archéologie antique du T.C.F.»

SAINT–LÉZER : (B-2) Alt. 280 m. Oppidum protohistorique renforcé d’un mur d’enceinte au III ème siècle ; Tracesde constructions dans et en dehors de l’enceinte. ROSAPELLY et de CARDAILLAC : « La cité de Bigorre», 1890. R.COQUEREL : Recherches archéologiques sur les vestiges antiques de St Lézer», Ogam, Janvier/Juin 1964. J. C.FONTAN : Histoire de St Lézer dans l’Antiquité T.E.R. 1970 (2).Dans la plaine, à 215 m d’altitude, traces d’habitat, four à tuiles et briques. Inédit.C’est en 1956 que débutèrent nos premières recherches à St Lézer, dont les ruines gallo-romaines ne semblent pasavoir retenu l’attention de quiconque jusqu’à 1881, date à laquelle fut publié, écrit par un instituteur en retraite et àl’usage des enfants du village, un opuscule intitulé : «Saint-Lézer, son couvent et la ville d’Orre» L’auteur, reprenantune thèse déjà ancienne que de Marca réfutait et que Jean Larcher faisait sienne, cherchait à démontrer que les ruinessubsistant sur les hauteurs qui dominent le village, sont celles de la ville d’Orre ou Bigorre, ancienne capitale de lacivitas (3). Dans les années qui suivirent, Norbert Rosapelly et Xavier de Cardaillac, sur les renseignements del’instituteur précité et reprenant à leur compte sa théorie, entreprirent une étude du milieu d’une part, et des recherchessur documents d’autre part. En 1890, avec des conclusions affirmatives, ils publièrent le résultat de leurs travaux sousle titre : « La Cité de Bigorre». Ils démontraient qu’effectivement une ville avait existé à St Lézer, à l’époque gallo-romaine, ville dont les ruines encore visibles, révélaient l’importance. Dans leur conclusion, renforçant les argumentsde J. Larcher, ils affirmaient que ce fut là qu’était l’antique et première capitale de Bigorre, bien avant qu’elle nes’édifie à Tarbes.Les dix années que nous avons consacrées à l’étude de l’oppidum de St Lézer, - car c’est bien un oppidum pré-romainqu’on y reconnaît - n’ont fait que confirmer le point de vue des auteurs de «La Cité de Bigorre». L’archéologiecomparée de St Lézer et de Tarbes ne permet pas d’en douter. (1).

(2) En dépôt au C.D.D.P.(3) Civitas : d’abord une population, puis à la fin de l’Empire le chef-lieu de la population. Civitas Bigorra a été la population des Bigorrais,puis la ville principale de leur territoire. Le chef-lieu de la Civitas prenait alors le nom de la population et l’oppidum des Bigorrais devintBigorra.(1)-Voir deuxième partie, page : 32.

L’importance de l’enceinte fortifiée du IIIème siècle qui couronne l’ancien oppidum, les vestiges architecturauxqu’on y rencontre, sont les témoins d’une activité urbaine incontestable. Le mobilier atteste des relations commercialeslointaines.L’outillage néolithique et la poterie du bronze final qu’on y a découverts montrent que cet habitat remonte bien audelà de l’occupation romaine.

SALÉCHAN : (D-5) Alt. 470 m. Une auge cinéraire. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains duComminges et du Couserans».

SAMURAN : (D-5) Alt. 620 m. Une auge cinéraire. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains duComminges et du Couserans».

SARIAC-MAGNOAC : (D-3) Alt. 270 m. Deux autels votifs. SARAMON : «Les Quatre Vallées».

SÉNAC : (B-2) Alt. 240 m. Un aureus de Majorien, empereur d’Occident 458-461, trouvé par un petit berger. «Souvenirde Bigorre», Tome VII.

SIRADAN : (D-5) Alt. 480 m. Une stèle. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et duCouserans».

SOST : (D-5) Alt. 750 m. Deux autels votifs. J. SACAZE : «inscriptions antiques des Pyrénées».

SOUES : (B-3)Alt. 343 m. Tessons de poteries. Inédit.

SOULAN : (C-5) Alt. 980 m. Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

TALAZAC : (B-2) Alt. 242 m. Tessons de tuiles, d’amphores, de poteries. Inédit. A l’Est des deux communes de StLézer et Talazac et à leur limite, existe une parcelle de terre connue sous le nom «Les tuiles». En 1957, sur la demandedu propriétaire, nous avons profité de la fin d’un labour pour prospecter attentivement ce terrain. Une grande quantitéde tegulae en justifiait le toponyme. Et parmi eux, nous avons rencontré des tessons d’amphores et de poteries.L’étendue sur laquelle se rencontrent ces vestiges est suffisamment importante pour y reconnaître les témoins d’unassez vaste habitat antique.Le même propriétaire nous signala qu’en creusant un fossé de drainage dans un autre champ qu’il possède tout à côtédu village, il avait mis au jour, un gros morceau d’amphore ; il nous proposa d’y effectuer quelques sondages. Nouspûmes alors constater, qu’à moins de 30 cm du niveau du sol, étaient des tessons d’amphores et de tuiles. Uneprospection du champ nous y fit découvrir en surface, des fragments de tuiles, d’amphores et de poteries, et cela, surune étendue de 10 000 mètres carrés.Il faut noter que sur ces deux sites, la charrue, au cours des labours, ne rencontre aucun mur dans le sol.

TARBES : (B-3) Alt. 300/310m. Un autel votif. J. SACAZE : «inscriptions antiques des Pyrénées». Vestiges d’urbanismeet nombreux mobilier. R. COQUEREL : «Les découvertes archéologiques de Tarbes», Celticum XX, 1968 ; autresdécouvertes non publiées.Avant 1959, année pendant laquelle furent entrepris les travaux de pose d’égouts à Tarbes, on ne connaissait quequelques rares témoignages d’une présence gallo-romaine dans la ville. Il y avait le bel autel votif trouvé dans l’arsenalen 1873 mais qui ne représentait qu’un témoin unique rencontré à plusieurs kilomètres du centre de la ville. Despièces de monnaie qui pourraient être gallo-romaines avaient été déposées et enregistrées au musée de Tarbes avec lamention suivante : « 40 pièces de monnaie petit module et 30 pièces de plus grand module, d’une monnaie en argent,trouvées en creusant un aqueduc sur le terrain de la gare » ; malheureusement aucune trace n’en subsiste. Une piècede monnaie de Jules César, trouvée en 1873 dans l’hôpital de la ville, ne figure elle aussi qu’au catalogue. Enfincomme dernier objet trouvé à Tarbes avant 1959, citons un petit vase à verser, inscrit à tort comme amphore sur lesregistres du musée. C’est un objet du Bas-Empire et nous en avons fait la publication dans notre étude de l’archéologiegallo-romaine de Tarbes.Profitant des saignées profondes faites dans les rues de la ville pour la pose des égouts et aussi des fondationscreusées pour la construction d’immeubles neufs, nous avons pu, depuis 1959, faire un relevé des vestiges antiques,

(2) L’étude des observations postérieures à 1968 est publiée dans les actes du congrès de la Fédération Historique du Sud-Ouest de 1975.

relevé riche en enseignements et suffisant pour avoir une idée valable de ce qu’était l’urbanisme tarbais des premierssiècles de notre ère. Au cours de ce relevé, de nombreuses photographies de détails ainsi que de nombreuses observationstechniques ont été faites. Nous en avons publié l’essentiel dans «Celticum», en 1968.( 2)Au cours des années 1969 à 1972, d’importants travaux entrepris autour de la cathédrale ont été l’occasion de nouvellesdécouvertes particulièrement instructives ; elles n’ont pas été encore publiées.De toutes ces observations, il ressort que dès le début du Ier siècle, il y avait déjà un habitat à Tarbes. Actuellement, ilest impossible d’en définir la topographie exacte ; nous n’avons pu que constater une répartition dispersée des pointsde rencontre du mobilier caractéristique, répartition cependant logique car ces points se situent sur des terrains sains.Le sous-sol de Tarbes était, dans l’antiquité, une sorte de vaste marais maintenu humide par les innombrables brassecondaires de l’Adour qui le sillonnaient. Il est aussi à noter que le niveau du sol d’occupation d’époque gallo-romaine se trouve, par rapport au niveau du sol actuel, sous un apport artificiel de remblais dont l’épaisseur varie,selon les endroits, entre 1 mètre et 2,50 mètres.Le mobilier et les monnaies trouvés à Tarbes datent en grande majorité des II ème et III ème siècles, une bonne partiedu Ier, mais rien du IV ème siècle(l). Aux diverses périodes contemporaines du mobilier trouvé, furent construits desédifices publics dont les ruines, par leurs dimensions attestent de l’importance. Citons notamment une constructionaux murs massifs de 90 cm d’épaisseur s’étalant sur 30 mètres de longueur et 20 de largeur et qu’on a découverte lorsdes travaux d’agrandissement des bâtiments préfectoraux.Du II ème siècle, nous avons recueilli un petit trésor monétaire dans une poterie malfaçon provenant d’un atelier depotier dont les bâtiments ont été en partie retrouvés. D’autres vestiges de constructions témoignent d’un urbanismeincontestable ; les points où ne furent découverts que des tessons de poteries et des fragments de tegulae, mais endensité suffisante, semblent indiquer que l’habitat comprenait aussi des constructions modestes faites en pisé qui, parla suite, a disparu par dilution ne laissant sur place que la couverture en tuiles impérissables. Dans presque tous les casd’habitations retrouvées, qu’elles soient en dur ou en pisé, on constate que les occupants se sont appliqués à construiresur un terrain relativement sec et solide. Cependant dans quelques cas, ce lui du potier par exemple, le voisinage d’uncloaque boueux ne fut pas évité.La topographie des constructions en dur s’inscrit dans un losange dont la grande diagonale, orientée Est-Ouest,mesure 600 mètres et la petite diagonale Nord-Sud 300 mètres (2). L’eau qui entourait de toutes parts le premierhabitat de la Tarbes future, fut à n’en pas douter un excellent système naturel de protection. Rien ne permet cependantde reconnaître à cet emplacement un ancien oppidum. Rien non plus n’a été rencontré dans le sous-sol tarbais quipuisse suggérer l’existence d’une fortification de l’époque gallo-romaine : le « Castrum Bigorra « ne se retrouve pasà Tarbes. Tout suggère, au contraire, l’idée d’un petit centre urbain en activité pendant la paix romaine mais qui laperdit vers la fin du III ème siècle.

TRAMEZAYGUES : (C-6) Alt. 980 m. Un autel votif. J. SACAZE : «Inscriptions antiques des Pyrénées».

TRÉBONS : (B-4) Alt. 470 m. Une plaque funéraire. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romainsdu Comminges et du Couserans».

TROUBAT : (D-5) Alt. 560 m. Un masque sculpté. Guide répertoire d’Archéologie antique du T. C.F.

VIC-EN-BIGORRE : (B-2) Alt. 217 m. Une monnaie de Claude 1er et une monnaie de Commode. Revue desHautes-Pyrénées, 1908. Vestiges de deux villas avec mosaïques, hypocaustes, poteries, autel anépigraphique. R.COQUEREL et S. DOUSSAU : Bulletin Société Ramond, 1974.Située dans la plaine de l’Adour, traversée par la rivière Echez, la ville a une limite commune avec Saint-Lézer et2,500 km séparent les deux centres d’agglomérations. Avant 1914, une fouille avait été entreprise, dans le territoire deVic-en-Bigorre, sur l’emplacement même d’une villa gallo-romaine ; un plancher de mosaïque y avait été dégagé.Mais l’inventeur devant rejoindre l’armée, recouvrit les vestiges découverts, et l’endroit en fut perdu.La Revue des Hautes-Pyrénées de Janvier 1908 publie la découverte d’un tesson de petite poterie, de deux pièces demonnaie, l’une de Claude 1er (environ 50 ans après J.C.) l’autre de Commode (176 - 192 après J.C.). Ces découvertesauraient été faites en 1863, fortuitement au cours de travaux de «défoncement» qui mirent à jour les substructionsd’une habitation (3).

(1) Nous revenons sur cette particularité dans la deuxième partie, page 32;(2)- voir document page XV.(3)-N. Rosapelly : «Vestiges gallo-romains à Vic-en-Bigorre», Revue des Hautes-Pyrénées, Janvier 1908.

D’autres substructions, probablement antiques, ont été dégagées en 1900, lors du tracé d’un jardin. L’année suivante,dans un endroit voisin, furent découvertes, en grande quantité, des poteries gallo-romaines. Enfin, en 1906, une petitetête de marbre blanc apparut à l’occasion de la démolition d’un mur ; elle pourrait être gallo-romaine.Nous-même, profitant du creusement de profondes tranchées lors de la pose d’égouts, avons recueilli quelques tessonsde poteries et d’amphores dont quelques-uns sont d’époque augustéenne.On est en droit d’admettre que l’actuelle ville de Vic-en-Bigorre fut un vicus, un faubourg, de la ville fortifiée deSaint-Lézer ; tout montre que ce vicus devait être important. Tout autour de Vic, comme autour de Maubourguet et deTarbes, se trouvaient des villae et des casae, domaines ruraux et installations de paysans modestes. En plus de la villadont l’emplacement se perdit en 1914, notons celle de Belloc, au Nord de la Vic actuelle, celle de Saubeniac, à l’Est,une casa, au Sud-Est près de la rive droite de l’Adour, des casae et des villae, au Sud-Ouest et enfin celles situées surle territoire de St Lézer, à moins de 2 Km de Vic. Rappelons que sur le sol de Saint-Lézer les vestiges d’occupationdes premiers siècles apparaissent jusqu’à sa rencontre avec le territoire vicquois.

VIGNEC : (C-5) Alt. 820 m. Une stèle. J.J. HATT : «Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et duCouserans.». Un autel votif. J. SACAZE : « Inscriptions antiques des Pyrénées ».

VILLENAVE : (A-2) Alt. 340 m. Un pied d’amphore. Inédit.

CHAPITEAU D’AURIEBAT en marbre de Saint-Béat (IV ème siècle)

Travaillé au trépan - Style composite inspiré du corinthien (inspiration locale)

2

la signification de ces vestiges

LA CULTURE D’EPOQUE GALLO-ROMAINEDANS LES HAUTES-PYRÉNÉES

Il est évident qu’une analyse des vestiges de l’occupation gallo-romaine du territoire haut-pyrénéen doit tenir comptedes circonstances de leurs découvertes, découvertes fortuites ou bien résultat de recherches systématiques. Ces dernièresont été pratiquées tout au long de la vallée de l’Adour et en deux autres points seulement du département, à Izaux etMontsérié, dans la zone de la basse Neste.

DOCUMENT N° 1

En observant la carte des communes à vestiges gallo-romains (document N°1) on constate qu’il y a :- deux zones où la densité des lieux de trouvailles est particulièrement élevée : la Vallée de l’Adour - et cela est

tout à fait logique puisque région de recherches systématiques - au Nord-Ouest, et le bassin des Nestes, auSud-Est, avec les vallées d’Aure et du Louron, la basse Neste et la Barousse ; ici, c’est la conséquence dedécouvertes fortuites.

- deux zones contrastant avec les précédentes et particulièrement pauvres en communes à vestiges gallo-romains: le bassin des Gaves, au Sud-Ouest et le bassin des rivières descendant du plateau de Lannemezan, au Nord-Est, parce que non explorés.

D’autre part, un répertoire par vestiges et par zones de situation montrerait que les vestiges, dans la zone des Nestessont surtout des autels votifs, des stèles et des auges cinéraires, généralement en marbre de St Béat. Le plus souvent,ils sont conservés dans la maçonnerie des églises.La région des Gaves, au Sud-Ouest, est pourtant comme la précédente une région de montagne et l’absence d’autelsvotifs, de stèles ou d’auges ne signifie pas inexistence d’occupation. Elle ne peut résulter que de la différence deculture ou d’influence culturelle. D’un côté, à l’Est, c’est celle de St Bertrand-de-Comminges, de Toulouse, duLanguedoc. De l’autre, à l’Ouest, c’est une influence plus mal définie et probablement plus complexe, celle del’Aquitaine et de l’Espagne sur un fond autochtone très traditionaliste et assez peu sensible aux apports étrangers (1).Quant à la région du Nord-Est, notre jugement sur son caractère culturel est sans appui, faute de documents mais nousy verrions volontiers un milieu où les courants de passage auraient laissé une culture mitigée.En ce qui concerne le petit mobilier, la poterie en particulier, nous n’avons que les découvertes d’Izaux à compareravec les rencontres mobilières de la Vallée de l’Adour où les points de trouvailles sont suffisamment nombreux pouron dégager des caractères généraux. Mais en tenant compte de la similitude des mobiliers d’Izaux, de Montmaurin, deValentine en Haute-Garonne, on constate une différence très nuancée mais réelle entre les régions de la v allée del’Adour et celles des pays de la Neste.

On pourrait donc distinguer, dans notre département, quatre zones de culture gallo-romaine.1 - La région des Gaves, fortement traditionaliste et assez peu ouverte à la civilisation gallo-romaine ;2 - La plaine de l’Adour ouverte à l’influence gallo-romaine mais l’adaptant à ses traditions ;3- Les vallées d’Aure et du Louron, de la Neste et la Barousse imprégnées de la culture gallo-romaine

languedocienne ;4 - Les coteaux du Magnoac, région de passage à culture mitigée.

(1) - Le professeur Franck Bourbier dans « Préhistoire de France», Nouvelle Bibliothèque Scientifique, 1967, désigne l’Aquitaine du Sud-ouest par l’expression : «Zone traditionaliste», non sans raisons, à notre sens.

REMARQUES SUR LES EAUX

ET LE MILIEU

Il serait intéressant de connaître exactement les conditions climatiques qui régnèrent dans notre région, au momentqui va du Ier siècle avant notre ère jusqu’à la fin de la période gallo-romaine. Nous manquons actuellement derenseignements certains qui permettraient de satisfaire notre curiosité à ce propos. On admet généralement que leclimat d’alors était à peu près celui des temps présents.

Pourtant, si nos ancêtres de I’antiquité avaient une endurance au climat semblable à la nôtre, il faudrait croire que leclimat de l’époque était assez doux. Les vestiges de villas dégagées par les chercheurs ne montrent pas, malgré laprésence des hypocaustes, des aménagements protégeant efficacement du froid ; on y reconnaît plutôt des constructionsfaites pour des gens vivant au grand air, du type méditerranéen. Mais peut-être sommes-nous plus frileux que leshabitants des Pyrénées centrales des premiers siècles.

Une constatation, indéniable celle-là, vient apporter une image de nos vallées, sensiblement différente de celled’aujourd’hui. Le niveau de la mer, des rivières et des fleuves était inférieur en altitude de plusieurs mètres au tempsde l’Empire Romain. Les fouilles ont fait apparaître que le sol d’occupation de l’antique Burdigala (Bordeaux) est denos jours situé à plus de trois mètres sous le niveau moyen du plan d’eau de l’Atlantique. Tout récemment, uneobservation identique a été faite à la suite de la découverte d’un fanum dans l’étang de Sanguinet - Cazaux dans lesLandes (1 ). Enfin, en ce qui nous concerne, la prospection des sites d’habitat de la vallée de l’Adour, d’époque gallo-romaine, indique que beaucoup d’entre eux sont régulièrement inondés chaque hiver. C’est le cas, en particulier, pourla villa de Pujo. Le niveau du sol d’occupation, autour des ruines antiques de Tarbes, est inférieur à celui de l’Adouren faible crue. Il est évident qu’on aurait pas bâti l’agglomération urbaine, ou construit une habitation, sur des terrainsinévitablement inondés. C’est parce que l’Adour était plus basse qu’il fut possible d’occuper ce sol autrefois. Dès leMoyen Age, le souci permanent des Tarbais fut de surélever la ville par des remblais qui atteignent plus d’un mètred’épaisseur (2).

Il faut conclure que le lit de l’Adour était plus étroit que son lit actuel du fait du plus bas niveau des eaux et d’un débitsans doute moins abondant. Les conditions climatiques étaient alors probablement assez diffèrentes des nôtres danstoute l’Europe Occidentale, pour expliquer cet abaissement du niveau des eaux.

(1) - Cl. RICHIR : «Le lac de Sanguinet-Cazaux» Bull. Sté de Borda 1973.Fanum : petit sanctuaire d’origine indigène et dont le plan est généralement formé de deux polygones concentriques.

(2)- R. COQUEREL : «Le centre urbain antique de Tarbes» op. Cit.

LES CONQUÊTES ROMAINESLES OPPIDA HAUT-PYRÉNÉENS

En 56 av. J.C. CRASSUS, lieutenant de CÉSAR, soumit l’Aquitaine à la colonisation romaine. Les tribusdont les territoires se situaient dans les limites du cadre départemental actuel, devinrent, elles aussi, colonies.Les vainqueurs y trouvèrent une civilisation qui avait un artisanat développé, des chemins pour les échangescommerciaux (l) et qui avait déjà subi l’empreinte de la culture latine. Nul doute que la connaissance de latechnique des tuiles, de certains mortiers de construction dont les Aquitains connaissaient l’usage, leur étaitvenu par des voyageurs, étrangers ou indigènes, qui avaient eu des contacts avec des régions romaniséesd’Espagne ou du littoral méditerranéen celtique.

DOCUMENT N° 2

Presque tous les pays des côtes maritimes de la péninsule lbérique avaient été colonisés depuis 134 av. J.C.et depuis l’an 120 av. J. C. les Romains s’étaient solidement implantès sur la cote méditerranéenne duLanguedoc d’où ils pouvaient contrôler efficacement leur liaison par terre, entre l’Italie et leurs conque tesd’Espagne. De la Narbonnaise (du nom de Narbonne, colonie fondée en 118 av. J.C.), des commerçantsvenaient vers Tolosa (Toulouse) certains n’hésitaient pas à suivre le piémont pyrénéen pour aller jusqu’àl’Adour. Cette influence par l’Est se fit encore plus vive dans les Pyrénées centrales, quand, en 72 av. J.C.POMPÉE fit du Comminges une nouvelle colonie, celle des CONVÈNES avec Saint-Bertrand comme siègede la Civitas Convenarum. (2)

Une influence plus ancienne venant de l’Ouest avait aussi marqué la région des Pyrénées centrales. Sonorigine était le grand courant d’échange qui se faisait par la côte atlantique entre l’Espagne et l’importantecité de Burdigala (Bordeaux). Comme à l’Est, une partie des commerçants de ce courant s’aventuraient versle centre du piémont pyrénéen aquitain en y apportant des marques de leur culture. La péninsule ibérique,par les nombreux comptoirs qu’y avaient installés les Carthaginois, possédait une civilisation plus avancéeque celle des habitants de nos plaines et vallées. Cette influence carthaginoise remontait à plusieurs siècles.C’est par l’Ouest qu’est parvenue en Aquitaine pyrénéenne la connaissance des amphores et du verre.Mais il ne faut pas perdre de vue que notre région se situait à l’écart des passages naturels aux déplacementshumains, se trouvant ainsi protégée plus que d’autres, des bouleversements et des brassages ethniques.Malgré un apport celtique incontestable, le fond, le substratum de la population des Bigerriones et des tribusvoisines, était resté profondément indigène depuis, sans doute, plus d’un millénaire.

Comme toute colonisation, celle de notre région ne s’est pas manifestée d’abord par une massive occupationdes territoires conquis par les vainqueurs. Ils occupèrent les oppida, peut-être quelques places fortes crééespar eux au cours des combats, les postes administratifs et des domaines ruraux. Contrairement à ce qui sepassa sans doute dans la Narbonnaise, à aucun moment de l’époque gallo-romaine, semble-t-il, le fondethnique autochtone des Pyrénées centrales ne fut minoritaire dans la population.

Qu’étaient les peuples habitant ce qui est aujourd’hui les Hautes -Pyrénées ?CÉSAR, dans son récit de la «Guerre des Gaules» dit que lorsque la plus grande partie de l’Aquitaine sesoumit à CRASSUS, parmi les peuples qui envoyèrent spontanément des otages et dont il ne donne pasl’énumération complète, figuraient les «BIGERRIONS», ce qui leur donne une certaine importance étant

(l) -R. COQUEREL : « Vestiges protohistoriques haut-pyrénéens «. Editions du Centre Départemental de Documentation desHautes -Pyrénées. Tarbes 1969.(2)- R. COQUEREL : Les vestiges gallo-romains d’Izaux». Revue du Comminges 1971, p.9 et tirés à part de cette étude.

donné la grande quantité de tribus qui peuplaient l’Aquitaine. Nombre et petitesse des tribus caractérisaientces pays dont les habitants, note STRABON, « différent des Gaulois par leur constitution physique et parleur langue » et il ajoute «ils ressemblent plutôt aux Ibères et sont bornés par la Garonne et les Pyrénées»(1). Les Bigerriones occupaient une partie de la vallée de l’Adour dont un morceau de la Rivière-Basseactuelle, avec pour oppidum, St LÉZER. D’autres tribus voisines avaient tout ou partie de leur territoiredans ce qui est notre département : les CAMPANI, avec pour oppidum, CAMPAN ; les ONOBRISATES,dont le territoire serait maintenant partagé entre la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées ; les RUSTANI,occupants de l’actuel Rustan ; les LAVETANI, dans le bassin des Gaves ; et sans doute, d’autres tribusmoins importantes parmi lesquelles, l’une aurait pu avoir Ossun pour oppidum et une autre, dont Tarbesfaisait partie, avec Lagarde pour oppidum. Nous ignorons les limites des territoires de ces tribus. Par contre,les bornes des frontières de plusieurs de ces tribus confédérées en une seule civitas, à la fin de l’Empire, parHonnorius premier, empereur d’Occident, 384-423, semblent avoir été assez bien définies par les auteurs dela «Cité de Bigorre», ROSAPELLY et de CARDAILLAC. (2)

Quelle était l’ethnie de ces petits peuples ? Il est généralement admis que les Aquitains, peuples celtibériens,s’installèrent en Aquitaine au VI ème siècle av. J. C. après avoir été chassés d’Espagne par une invasioncelte. Les celtibériens seraient un mélange des Ibères, occupants de la péninsule ibérique, et de Celtes,venus se mêler à eux, aux IX ème ou VIII ème siècles av. J.C. Mais les peuplades des vallées du Sud et duNord de la chaîne des Pyrénées auraient été peu touchées par la première implantation celte en Espagne etpeu aussi, par celle des Celtibériens, parce que, protégés par leur éloignement des grands passages. Parcontre, en contact avec les Ibères depuis l’âge du bronze, ils se seraient fortement imprégnés de la cultureibérique (3). Ces peuplades sont dites « Pyrénaïques». (4) - (5)

DOCUMENTS N° 3 et 4

Nous avons vu que chaque tribu avait son oppidum. C’était un lieu fortifié par des travaux de terrassement(murs, talus et fossés de terre) dans un site naturellement protégé par son isolement et sa hauteur : crête decolline, colline dressée au milieu d’une plaine, piton sur un plateau. L’oppidum était l’endroit où Celtes etIbères se réunissaient en diverses circonstances, en particulier pour se protéger d’un adversaire, pour mettreen sécurité leurs denrées, pour tenir les marchés. C’était, aussi souvent, un lieu de culte. Autour des principauxoppida, se créèrent les villes dont les romains firent les chefs-lieux des civitas. Plus tard, sous les Mérovingiens,les évêques s’installeront, eux aussi, auprès des oppida.Un grand nombre de sites fortifiés du département des Hautes-Pyrénées sont connus sous le nom de « Campde César» . Il en est peu qui soient construits suivant un plan romain. Nous ne connaissons que peu de cas defortification d’époque gallo-romaine. Quelques camps offrent cependant, une géométrie de plan rectangulaireavec enceinte de doubles fossés et talus qui pourraient avoir été l’ouvrage de légionnaires mais qui peuventêtre aussi de ces oppida d’Aquitaine que César dit avoir été organisés à la romaine (6). Les plus typiquessemblent ceux de Villefranque dans le Nord du département, et de Loubajac, sur la colline de Mourle quidomine, à l’Ouest, le lac de Lourdes. Malheureusement, aucun sondage n’y a été fait et la prospection desurface n’a donné aucun témoin de datation.

(1)- STRABON. « Géographie » -Traduit par François LASSERE (1966) - (Livre IV, chapitre 1-2) - Existe en un seul exemplaire à la bibliothèquemunicipale de Tarbes.(2)- N. ROSAPELLY et X. de CARDAILLAC : «La cité de Bigorre». 1890, p. 9.(3)- B. BOSCH-GIMPERA : «Les Indo-Européens». Payot, 1961. et Rodrigo PITA MERCE : « Problème de la filiation ethnologique despeuples d’Aquitaine ». Nouvelle revue des Hautes-Pyrénées. N° 5, 1962.(4)- C’est par l’archéologie et la philologie que ce qui vient d’être expliqué a été démontré. Un élément d’étude nous échappe malheureusement: c’est l’analyse des restes humains des nombreuses sépultures datant du IX ème au Vème siècle av. J. C., fouillées, sur les plateaux du piémontpyrénéen français ; l’incinération des morts ayant été pratiquée durant toute cette période, n’a pas permis de comparaison ethnologique.La toponymie fait apparaître une forte celtisation de la langue des Pyrénaïques, ce qui n’exclut pas une aussi forte conservation des traditionsculturelles, surtout en Pyrénées centrales où les romains devaient donc rencontrer des tribus ou peuplades d’origine très ancienne et dont lestraditions cultuelles avaient peu évolué, bien que cependant influencées par différentes cultures extérieures.(5) G. BOUCHE «Notre Département. Les Faits marquants de son Histoire» Cartes pages 12 et 13.(6)- La Guerre des Gaules. J. CESAR traduit par L.A. CONSTANS, livre III chap. XXIII et XXV.

La plupart des oppida sont du type «éperons barrés». Nous n’en connaissons pas le nombre exact, unevingtaine probablement et il est souvent difficile de classer chronologiquement ceux qui ont été dénombrés.De nombreuses présomptions les feraient dater de La Tène II ou III. La présence gallo-romaine se retrouvesur quelques-uns de façon formelle tel est le cas des oppida de St Lézer, de Lagarde, d’Ossun, d’Ozon, deLourdes et de Montgaillard. Tous, indiscutables ou douteux, sont de petite superficie, le plus important,pour l’instant, semblant être celui de St Lézer qui offrait près de 6 hectares de surface d’occupation protégéeIl est le seul qui fut, en période gallo-romaine, renforcé d’une muraille. Après St Lézer, viennent en importanced’étendue, à notre connaissance, celui de Lagarde avec 4,8 hectares à l’intérieur de la grande enceinte, celuid’Ozon qui devait protéger à peu près la même surface d’occupation. Tous les autres oppida, y compris celuid’Orignac dont le système défensif assez complexe est pourtant imposant sont de superficie nettementinférieure à 4 hectares.

DOCUMENTS N° 5, 6 et 7.

L’oppidum d’Ossun, dit lui aussi «de César » constitue un cas particulier. La superficie occupée au total parles divers terrassements y est de 12 hectares ; le «Castet Crabé» de Lagarde en occupe 7,2. De plus, et celaest aussi une exception, le camp d’Ossun est construit sur une éminence naturelle de forme conoïdale,aménagée en 3 terrasses étagées dont la plus basse mesure à elle seule environ 6 hectares. La terrasse la plusélevée est une plate forme circulaire protégée par talus et fossés, de 109 mètres de diamètre, soit moins de 1hectare. La terrasse intermédiaire présente, elle aussi, un système de talus et fossés protégeant une plateforme d’occupation d’environ 4 hectares. La terrasse inférieure est donc la plus vaste, mais il ne semble pasqu’elle fut autre chose qu’un terrain préparé pour un retrait rapide dans une des zones fortifiées.Le Camp de Pouzac, également dit de «César», bien que conservant des traces très nettes de l’anciennecastramétation, n’offre pas un aspect topographique reconnaissable permettant, sans une recherche minutieusesur le terrain, d’en juger la grandeur et la forme exacte.Le château de Lourdes a, sans aucun doute, succédé à un petit oppidum qui couvrait les terrasses du fameuxrocher. L’occupation a l’époque gallo-romaine y est démontrée par les vestiges qu’on y a découverts. La têtede Mithra, citée dans l’inventaire, prouve que ce fut aussi un lieu de culte. (Il est à noter, à propos del’Antiquité de Lourdes, qu’en faire l’«Oppidum Novum» de l’itinéraire d’Antonin n’est qu’une vue del’esprit, absolument gratuite et généralement admise sans argumentation sérieuse ; une étude critiquedémontrerait plutôt le contraire).

LES CENTRES URBAINSURBES

L’Urbs, c’est la ville des romains ils désignèrent de ce nom celles qu’ils créèrent en Gaule, et aussi, lesagglomérations qu’ils trouvèrent dans les pays colonisés. Durant la «Paix romaine», les habitats, jusqu’alorssur les hauteurs près des oppida, s’installèrent dans les plaines.Parfois un noyau d’agglomération se forma à quelques kilomètres de l’oppidum ou de la ville : c’est le«vicus». A la fin du IIIème siècle, au moment des premières invasions «barbares», on abandonna les habitatsde la plaine pour se réfugier, à nouveau, autour et dans l’oppidum. A St Lézer, par exemple, l’oppidum necessera plus d’être habité jusqu’à la fin de l’époque carolingienne. Dans la ville se trouvaient le temple, lesthermes, les magasins, le marché et aussi, bien sûr, les maisons des occupants ainsi que des maisons d’accueilpour les voyageurs. Certaines villes de création romaine ou d’existence plus ancienne, furent protégées parune enceinte de murs et de fossés ; devenues importantes, elles justifiaient ces mesures. On ne connaîtaucun cas de ce genre dans les Hautes-Pyrénées.

Dans les Hautes-Pyrénées, trois lieux d’urbanisation nous sont connus : TARBES, SAINT-LÉZER,MAUBOURGUET. Vic-en-Bigorre, par l’étendue importante sur laquelle des vestiges ont étés trouvésainsi que le toponyme lui-même, pourrait à la rigueur entrer dans la classification des centres urbains. Maisla faible distance qui sépare les sites archéologiques de Vic de ceux de St-Lézer, environ 1 600 mètres, faitpenser au vicus dépendant de l’ancien oppidum devenu l’urbs principal. Bagnères-de-Bigorre l’antiquevicus «Aquae», a été, sans aucun doute une petite agglomération urbaine, mais nous sommes si peu renseignéssur ce que cache encore son sous-sol, qu’il nous est difficile d’en faire état.

DOCUMENTS N° 8, 9, 10 et 11.

TARBES, nous l’avons dit apparaît comme une agglomération de constructions importantes à rôle public,entourée de constructions rustiques très dispersées selon le caprice des points d’eau qui les isolent les unesdes autres, et cela semble-t-il, sur une étendue sans limites bien définies. Aucune construction découvertene vient confirmer l’idée d’une ville fortifiée gallo-romaine. Les murs les plus massifs rencontrés ne dépassentpas 90 cm d’épaisseur. S’ils justifient la conception d’édifices publics, ils sont loin d’avoir les dimensionshabituellement données aux murs d’enceinte des villes protégées. La muraille d’enceinte à St Lézer, fait,dans ses parties les moins épaisses, plus de 3 mètres.D’autre part, aucun des murs gallo-romains de Tarbes ne se présente dans la position qu’aurait eu unefortification gallo-romaine. Il reste évident que, par les eaux vives qui coulaient abondamment autour de laville, la nature avait fourni une possibilité de défense dont les premiers occupants surent sans doute tirerprofit. On connaît des oppida qui n’eurent pas d’autre abri de retranchement (1). Ce mode de défense deTarbes, s’il était suffisant pour protéger une tribu ou un clan ne l'était pas pour une ville aux points d’occupationsi dispersés. De plus, tout ancien oppidum entouré d’eau et devenu ville gallo-romaine, était toujours, auIII ème siècle, protégé de surcroît, par une enceinte maçonnée, laquelle ne se retrouve pas à Tarbes.

SAINT-LÉZER montre encore de puissantes murailles à l’état d’énormes pans couchés horizontalement.Certains bien que tronqués, mesurent au sol, 7 mètres de longueur ce qui signifie que l’enceinte avait aumoins cette hauteur. Cette enceinte ou plutôt ce qu’il en reste, comprend des vestiges de différentes époquesoù l’on peut reconnaître du préromain, de la construction du Ier ou II ème siècle, de la construction du IIIème, la plus importante, et enfin de la construction du IV ème siècle. Nous avons conclu après différentssondages, que, d’abord bâtie en terrasses étagées au temps de l’oppidum, puis durant les premiers siècles, laville au IV ème siècle, avait vu disparaître ces terrasses et avait largement débordé à l’extérieur de la muraillede protection. Il est difficile dans l’état actuel de nos recherches de limiter exactement cette extension horsl’enceinte ; nous avons vérifié qu’à plus de 100 mètres, au Sud de la muraille, on retrouve des substructionsdu bas empire et qu’on en retrouve 400 mètres à l’Est, les restes d’une briqueterie, en particulier. Il estsignalé, en 1835, qu’à l’Ouest de l’enceinte, un champ est dit «les ruines» parce que c’est là qu’ont étédécouverts les principaux vestiges monumentaux antiques (2).

(1)- «Les Gallo - Pins» . E. THEVENOT. Que sais-je ? 1948, p. 62.(2)- « Souvenir d’un voyage dans les Pyrénées» . Auteur inconnu. 1835. Chapitre XIV.

MAUBOURGUET : A Maubourguet, l’église paroissiale, ancienne église bénédictine, est bâtie sur dessubstructions gallo-romaines qui la débordent largement. A 800 mètres de l'édifice religieux, les vestigesimportants d’une villa du IV ème siècle permettent de penser qu’à Maubourguet comme à Tarbes il y eut unpetit centre urbain comprenant quelques édifices publics entourés d’habitations très modestes, avec plusloin dans le voisinage, des villas rustiques. Ce qui se confirme par les sites archéologiques signalés en 3autres lieux, à moins d’un kilomètre et demi du centre urbain.

Il est évident qu’il y eut ce même étalement de villas rustiques ou artisanales autour de la ville haute de StLézer mais ici, la présence très dense des constructions sur l’ancien oppidum, l’étendue de l’habitat etl’importance de l’enceinte du III ème siècle, plus grande par exemple que celle de deux chefs-lieux decivitas du Couserans et du Comminges, tout y désigne un chef-lieu de cité.

CABANES ET MAISONS ISOLÉESou CASAE

Sous ce nom, on désignait les petites maisons isolées, les maisonnettes de construction fruste, les cabanesprovisoires des soldats, les cabanes qui servaient de demeures aux habitants des pays colonisés. Si dansnotre région, les maisons ou pisé couvertes de chaume et qui étaient l’habitation de presque tous les gens desvilles et des villages furent pour les romains des casae, Plus tard, la casa, sous l’influence des techniquesromaines, fut couverte de tuiles on argile cuite. Par contre, la tradition des murs faits de torchis ou de piséd’argile crue fut conservée. C’est ce qui explique que les tuiles se retrouvent sur les lieux d’habitation alorsqu’il ne reste plus trace des murs dont la terre argileuse a été diluée par les pluies. Ces murs étaient parfoisrenforcés de clayonnages de bois, les colombages. Lorsque la casa a été détruite par un incendie, ce qui futsouvent le cas, on retrouve des fragments de pisé légèrement cuit montrant l’empreinte moulée du bois decolombage. Ces faits expliquent pourquoi nous ne savons pas exactement comment étaient conçues cescasae ; l’importance variable de l’étalement des tuiles retrouvées montre qu’il y en avait de différentesdimensions.C’est à cette catégorie d’habitat qu’il faut vraisemblablement rattacher les petits gisements de poteries,d’amphores et de tuiles que nous trouvons, sans restes de constructions en dur (chaux et pierres). Cesgisements sont nombreux autour de St Lézer, de Maubourguet et de Tarbes. C’est ce que nous avons vu aussià Antin, il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’on les rencontrerait dans toutes les autres basses vallées denotre département, si elles étaient suffisamment prospectées.

MAISONS DE MAÎTRE ET DOMAINES RURAUXou VILLAE

DOCUMENTS N° l4, 15 et l6.

Avant 1959, 3 emplacements de villae étaient connus en Hautes-Pyrénées. En février 1975, 16 sont repérés,dont 1 à Ariès, au Nord -Est du département et 2 au Sud- Est, à Izaux et à Bertren. Les 13 autres se situentexclusivement dans la vallée de l’Adour. De ces 16 points d’existence de villae, 3 seulement, ont été l’objetd’une fouille systématique : Bordères-sur-Echez, Pujo, Izaux ; 2 autres ont fait l’objet d’un sondage : Pouzacet Larreule. Nous pourrions sans doute citer comme emplacements probables de villae, le site excentriquede Cognac sur le territoire de la commune de Tarbes, et celui de Poueyferré où des murs et de la poterie ontété rencontrés

La villa romaine fut d’abord la maison de campagne, ferme ou métairie, et le domaine qui en dépendait :c’était la villa rustica, la maison rustique. Au IV ème siècle, les riches propriétaires aimèrent quitter la villepour s’installer dans leur domaine campagnard. Les villas (villae) devinrent alors souvent de véritablespalais, comme celles de Montmaurin et de Valentine, et en Hautes-Pyrénées, celle d’Izaux. Autour desvillas, on continua de construire des casae pour les serviteurs, les esclaves et sans doute aussi, pour lesmétayers.La villa vivait presqu’entièrement de ses propres produits de culture et d’élevage et fabriquait son outillageOn y faisait, sur place, du fer, des briques et des tuiles, de la poterie assez grossière, du tissu et tous les objetsen bois. L’outillage était varié, marteaux, burins, limes, scies, poids de tisserand, etc... Quand la villa sesituait près d’une ville, on la disait «urbana» ; il y en eut autour de Tarbes, de St Lézer, de Bagnères, deMaubourguet.

DOCUMENTS N° 17, 18 et 19.

Sur l’emplacement des villas, on trouve, avec la vaisselle assez grossière fabriquée sur place, des élémentsde vaisselle plus luxueuse d’importation : assiettes, jattes, cruches, plats et marmites. Les amphores contenaientle vin, l’huile, les conserves ; brisées, elles servaient encore à divers usages, même parfois comme sépultured’enfant. Le verre ne manquait pas soit sous forme de différents objets de soins et de toilette, soit sous formede vitres des principaux appartements. On retrouve aussi les restes de nombreux bijoux et objets de luxedont aimaient s’entourer hommes et femmes riches, parfois aussi, un modeste jouet...Avec toute la réserve qu’implique une investigation insuffisante sur l’emplacement des 14 villae repéréesmais non fouillées, nous pouvons cependant avancer quelques remarques relevant d’observations valables- le mobilier céramique recueilli fait apparaître une certaine unité propre aux sites archéologiques des rivesde l’Adour. On constate à Campan, Lagarde, Talazac, Nouilhan et Maubourguet, un type de poterie ocrerouge, insuffisamment cuite pour résister à l’agressivité de l’argile du terrain, et, en même temps, à Tarbes,Lagarde, Pujo, St-Lézer, Nouilhan et Maubourguet, un type particulier d’amphores faites d’une terre ocrerose mieux cuite. Ces amphores sont à paroi plutôt minces, fortement épaulées et à anses étroites marquéesd’une cannelure longitudinale extérieure ; nous les avons déjà signalées comme étant du type Dressel I. Unautre genre se rencontre à Tarbes, Pujo et Maubourguet : elles sont globulaires, à paroi épaisse façonnée à lamain, à anses rondes très massives, de couleur jaunâtre. Elles sont reconnues d’origine ibérique. Tout cemobilier dont on vient de faire état, ne se rencontre pas à l’Est du département ; il est inconnu à Montmaurin,à Valentine, à St-Bertrand-de-Comminges. Par contre, on le retrouve dans l’Aquitaine-Sud-Atlantique (Landes,Labourd, Béarn).

-Une autre observation de caractère général propre à la vallée de l’Adour, c’est l’absence, exception faitepour St Lézer, de moellons calcaires dans les constructions. Ils n’ont été trouvés, ni dans les sites prospectés,ni dans les sites fouillés. Rappelons cependant, qu’à Izaux, les moellons prismatiques sont remplacés pardes galets taillés, et qu’un moellon calcaire, le seul, a été trouvé à Tarbes, et quelques autres, semble-t-il, àJuillan.

LES CHEMINS VIAE

DOCUMENT N° 20.

Si nous n’avions rien écrit sur les voies antiques de notre département, on aurait pu croire que nous aurionsvoulu éluder un problème resté pour nous sans réponse. Il n’en est rien, mais ce que nous pouvons en dire,ne satisfera sans doute pas, ceux qui aimeraient avoir sous les yeux, une image du tracé des routes d’époquegallo-romaine dans les Hautes-Pyrénées. Il y existait des chemins bien avant l’arrivée des Romains. Il ne faitpas l’ombre d’un doute que les places fortes protohistoriques dominaient des passages fréquentés par lesbergers transhumants, les commerçants et autres voyageurs. Il est généralement admis que la Ténarèze, cetteroute qui longeait d’abord la Neste pour aller du Sud au Nord rejoindre les coteaux de la Baïse, estprotohistorique. Il est certain qu’une liaison existait entre «la Tarbes préromaine» et l’oppidum de St Lézer,que, de ces agglomérations, ou pouvait en rejoindre d’autres plus lointaines. Et tout naturellement, ces voiesfurent utilisées encore longtemps après la romanisation.

Avec la «Paix romaine», sont apparus des domaines ruraux, dans les plaines ; aussi les chemins de crête,plus volontiers utilisés autrefois, furent délaissés, au profit des routes de vallée permettant de rejoindre cesdomaines qui généralement, l’expérience de la recherche a permis de le constater, étaient situés à l’écart deschemins de liaison directe auxquels ils étaient reliés par un chemin secondaire. Si les vieux chemins, souventabandonnés, qu’on retrouve dans la vallée de l’Adour, étaient d’anciennes voies antiques, ils confirmeraientcette règle effectivement, les vestiges des villae retrouvées en sont toujours éloignés. C’est vrai aussi pour lavilla d’Izaux.

On sait, par l’itinéraire d’Antonin, qu’une voie importante traversait d’Est en Ouest, le territoire devenucelui des Hautes - Pyrénées ; elle reliait Toulouse (Tolosa) à Dax (Aquae Tarbellicae). Pour les départementsvoisins, il est certain que cette voie, à l’Est, passait par St-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Convenarum)et à l’Ouest, par Lescar (Beneharnum). Malheureusement, nous ne savons pas, malgré les savants autantqu’inefficaces plaidoyers qui veulent les situer, à quels lieux correspondent les Stations «Aquae Convenarum»et «Oppidum Novum» situés dans le territoire actuel de notre département. Pour certains auteurs, «AquaeConvenarum», c’est Capvern, et pour d’autres, Bagnères-de-Bigorre, chacun usant d’arguments séduisantsmais jamais définitifs. Par contre, ces mêmes auteurs admettent généralement et à priori, qu’ «OppidumNovum» désignait Lourdes, sans ce pendant donner de preuve valable permettant cette identification. Nouspréférons avouer notre ignorance du tracé, dans notre département, de l’itinéraire d’Antonin. (1).

Il reste néanmoins que des routes plus ou moins importantes ont sillonné ce qui devait devenir le territoiredépartemental ; il serait insensé de refuser de croire que les nombreuses installations rurales, les villes et lesthermes d’époque gallo-romaine et dont on retrouve les vestiges, n’étaient pas reliés entre eux par des voiesde communication. Il est probable que ces voies sont devenues, soit les vieux chemins encore utilisés auXVIIIème Siècle et dont on retrouve souvent les traces soit certaines routes départementales de notre réseauroutier actuel. Ce que l’on doit savoir, c’est qu’il est inutile de rechercher chez nous, les belles voies dalléesromaines. Les chaussées des chemins principaux étaient faites d’un assemblage de galets dressés de chant,servant de radier à une couverture imperméable faite de gravier et d’argile damés. Deux fossés bordaient ceschaussées (2). A St-Lézer, il subsiste un chemin dont la chaussée est faite d’un radier de galets non ajustés,grossièrement répartis, sur lequel une couche imperméable de cailloutis mêlé d’argile, supporte une couverturede gravier et d’argile damés, extrêmement solide. Ce chemin mesure 5 mètres entre les deux fossés. On leretrouve intact sur 2,5 Km, s’enfonçant droit dans le bois qui couvre la crête reliant Montaner et l’oppidumde Bigorre Malgré la rusticité de sa construction, aucun arbre n’a pris racine sur cette route abandonnéedepuis longtemps ce fait est pour le moins remarquable. (3)

(1)- Si notre propos n’avait pas été uniquement basé sur des témoignages archéologiques, nous aurions, facilement, présentéune argumentation théorique montrant que Lourdes ne devait pas se trouver sur l’itinéraire d’Antonin.

(2)- «Quelques coupes de voies romaines régionales». G. FOUET. Actes du XXV ème congrès d’Etudes Régionales. Luchon etPyrénées centrales. 1970 pages 16 à 24.

(3)- Un récent article de M. Ed. PEYROUZET : «Une étape sur le chemin antique de Cauterets», (Bull. Soc. Ramond 1973)donne un exemple précis de la recherche d’une voie gallo-romaine par la toponymie.

THERMAE

DOCUMENTS N° 21 et 22.

Les thermes occupaient une grande place dans la vie des Romains ils surent en donner le goût aux indigènesde leurs colonies. Dans les stations thermales, venaient de plus ou moins loin et pour raison de santé, desétrangers, mais aussi de simples voyageurs. Tout était prévu pour les recevoir on grand nombre : chambres,piscines, baignoires individuelles, magasins des marchands... Les ruines dégagées à Montmaurin près de lasource de la Hillère, en Haute-Garonne, montrent bien l’importance et la complexité d’une installation de cegenre. Dans notre département, la station thermale d’époque gallo-romaine fut «Aquae», devenue Bagnères-de-Bigorre. C’était une Station d’eaux chaudes, alors que La Hillère était installation d’eaux froides avecchauffage.Les grandes villas et les villes avaient leurs thermes nul doute que Tarbes, sous les Romains, eut des bainspublics. Les conduites d’eau pouvaient être en bois ou en mortier, comme celles trouvées à Bagnères-de-Bigorre, en terre cuite comme celles trouvées à St-Lézer ou en plomb comme à Izaux.Les thermes des Pyrénées centrales, en région de montagne n’eurent certainement pas l’importance de LaHillère à Montmaurin, mais le fait est incontestable aujourd’hui, certaines installations thermales en activitéactuellement, furent exploitées à l’époque gallo-romaine. Il est même probable qu’elles le furent d’abordpar les indigènes de la fin de la Tène ; c’est sans doute vrai pour Capvern, Bagnères-de-bigorre et Cauterets.Or, cette dernière station est située à 1 100 mètres d’altitude. Il est difficile d’admettre que l’invention de lasource chaude soit le fait de chercheurs venus jusqu’à elle dans le seul but de la découvrir et que cela se fitavant ou après le début de notre ère. Deux explications sont possibles : ou l’emplacement du bain fut un lieude culte ou bien Cauterets fut un lieu de passage, la première proposition pouvant d’ailleurs découler de laseconde. Nous devrions donc admettre qu’une voie vers l’Espagne passait par Cauterets, le col de Marcadauet Panticosa, autre station thermale. Personnellement, nous le croyons fermement : nos lointains ancêtrespratiquèrent le col de Marcadau comme le pratiquèrent ceux des XVIII et XIX ème siècles. De même,Cadéac, au toponyme évocateur et où l’on a trouvé 6 autels votifs, dut connaître la pratique des dévots et desmalades, il y a plus de 2000 ans, et se trouvait, aussi, sur une voie de passage. Il en fut sans doute de mêmepour bon nombre de sources telles que celle de Couret près d’Arreau, de Vielle-Aure, de Goret près deTramezaïgues.

COMMERCE ET ARTISANATCOMMERCIUM ET ARTIFICIUM

DOCUMENTS N° 23, 24, 25, 26 et 27.

Les poteries d’époque gallo-romaine trouvées dans notre département, comme partout ailleurs, sont, soitindigènes, soit étrangères. Ces dernières proviennent ou d’Espagne ainsi qu’on le constate dans presquetous les gisements étudiés dans la vallée de l’Adour de même qu’à Izaux, ou bien elles peuvent venir de trèsloin ; la jatte du potier Latinus, trouvée à Maubourguet, est originaire de la Meuse. De la poterie à aspectmétallique trouvée à Tarbes provient vraisemblablement de Lectoure. De nombreuses poteries trouvées à StLézer, Maubourguet et Tarbes, sont à coup sûr des produits d’importation mais d’origine indéterminée.

La poterie de fabrication indigène se rencontre dans tous les sites gallo-romains explorés dans le département ;on peut donc penser qu’elle fut fabriquée dans les principales villas et les centres urbains, à Tarbes, Saint-Lézer, Maubourguet, Bagnères, Pujo, Izaux. A Tarbes, un atelier de potier produisait des poteries d’unequalité déjà suffisamment élevée pour qu’elles se distinguent de celles qu’on désigne généralement par leterme d’indigènes parce que de facture très fruste. On y fabriquait aussi des pesons de tisserands.

DOCUMENTS N° 28, 29, 30 et 31.

Au pied de l’oppidum de St Lézer, fonctionnait un four où l’on cuisait tuiles et briques et sur l’oppidum,nous avons retrouvé les vestiges d’un four de fondeur de cuivre. Dans tous les sites, nous rencontrons lelaitier de fer, déchet laissé par les forgerons qui élaboraient et travaillaient ce métal dont ils tiraient desoutils, des armes et des clous. Du laitier de faible densité, trouvé à St-Lézer permet de penser qu’on y coulale verre. Les nombreux pesons de tisserand rencontrés dans tous les sites indiquent qu’on tissait sur place lesproduits textiles de l’élevage et de la culture. Les fragments de meules trouvés à Maubourguet, St Lézer,Pujo, Izaux attestent de la connaissance des farines. Les coquilles d’huîtres et d’escargots recueillies, lesdivers os de porc, de bovidés, de cheval, de chèvre, de chien, de cerf, de chevreuil et d’oiseaux répertoriés àMaubourguet, St Lézer, Pujo et Izaux ainsi que la grande quantité de noyaux de cerise ramassés à Izauxtémoignent de l’élevage, de la nourriture des habitants de notre région à l’époque gallo-romaine mais enmême temps du commerce et de l’artisanat. Ce que nous disons de ce commerce et de cet artisanat desHautes-Pyrénées ne doit pas surprendre ; on le retrouve au cours des fouilles, partout où cette époque estétudiée. C’est le contraire qui aurait étonné.

SANCTUAIRES OU LIEUX DE CULTETEMPLA

DOCUMENTS N° 32, 33, 34 et 35.

Les temples, édifices d’importance très variable, étaient édifiés sur les lieux de culte, hauteurs, sources,endroit consacré dans les agglomérations urbaines et dans les villas. Les romains amenèrent leurs croyancescultuelles qui, au début, n’éclipsèrent pas les croyances indigènes. Dès les premiers siècles, elles seconfondirent. Une nouvelle religion, le mithracisme, se répandit au début de l’empire romain et fit desadeptes surtout parmi les légionnaires qui l’avaient rencontrée en Asie où elle était pratiquée depuis plusleurs siècles. L’adoration de Mithra concurrença sérieusement le christianisme, aux premier et deuxièmesiècles. Elle vint chez nous comme le prouve la tête en marbre représentant Mithra et trouvée sur le rocherde Lourdes. Parmi les dieux les plus connus de nos vallées, nous pouvons citer : AGÉON et ERGÉ, dieuxindigènes qu’on rencontre avec MARS et JUPITER, dieux romains. Dans les temples, familiaux ou publics,on déposait de petits monuments de pierre, les autels votifs, sur lesquels étaient gravés les noms du dieuinvoqué et de l’invocateur.

DOCUMENTS N° 36, 37, 38 et 39.

Les oppida furent parfois lieux de culte, on vient de le voir pour Lourdes. Ce fut aussi le cas pour l’oppidumd’Ozon où le soc d’une charrue souleva une dizaine d’autels, anépigraphes, en marbre blanc de St-Béat, etsans doute aussi, à Pouzac. Des hauteurs, non fortifiées, ont été lieux de culte. Sur le mont Sacon qui domineles villages de Bramevaque, Sacoué et Ourde, MM. Fouet et Soutou, aidés par une petite équipe de chercheurs,ont découvert 53 autels, intacts ou incomplets, les uns dédicacés, les autres décorés de dessins géométriquesou de personnages, ainsi qu’une pièce de monnaie datant du premier quart du IVème siècle. Dans lescommunes de Sost et de Ferrère, sur le Montlas 2 autels et 4 socles d’autels ont été découverts ; à Montsérié,sur le Mont Marteau où sont encore visibles les ruines d’un temple, avec différents objets et une quantitéimportante de pièces de monnaie des I er et IIème siècles, plus de 100 autels furent recueillis. Ils étaientdédiés à Jupiter, Mars et Ergé, la majeure partie, invoquant ce dernier.Les sources thermales ont été vénérées par les populations de nos montagnes bien avant que les Romains yaménagent des piscines. Chacune avait été consacrée à un dieu indigène dont le nom nous est connu parceque gravé sur les autels déposés près des sources à l’époque gallo-romaine ; citons «Aghion» pour les eauxde Bagnères-de-Bigorre. Sous l’influence romaine, le nom du dieu local ne tarda pas à être remplacé sur lesautels par celui d’un dieu du panthéon romain.

LE CHEF - LIEU CIVITASDE LA BIGORRA.

DOCUMENT N° 40.

Nous nous étions promis de ne faire allusion à aucun texte ancien mais de nous baser uniquement sur lesfaits archéologiques pour montrer qu’il était impossible que Tarbes fut l’oppidum, donc le centre de direction,de l’antique cité de Bigorre. Notre position est dictée par la faiblesse de ces documents écrits jusqu’iciprésentés et la facilité avec laquelle on peut orienter leur interprétation. Tout ce qu’on avait dit sur le chef-lieu de la civitas, était, que il es qu’en fussent les conclusions, sujet à caution. Mais il est une étude touterécente que nous ne pouvons passer sous silence ; c’est celle de M. Ed. Peyrouzet : «Un Bigourdan destemps mérovingiens : le Monétaire TAURECUS» (1). Reprenant le problème point par point, ajoutant desarguments nouveaux, cet auteur démontre d’une façon magistrale, en se référant à des textes déjà connusmais aussi à des textes inédits, que l’oppidum de Saint Lézer prit le nom de la Civitas et s’appela «BIGORRA»,devint le siège de l’évêché et qu’on y battit monnaie. Il explique pourquoi Tarbes se dépeupla au IV èmesiècle fait que nous avons constaté archéologiquement.

Pour nous, Bagnères-de-Bigorre, vicus et station thermale, dépendait de l’oppidum de Campan. Lourdes,oppidum et lieu de culte ancien fut peut-être aussi un vicus à la croisée de chemins. Maubourguet ne fut pasnon plus un oppidum ; vicus de plaine, il put dépendre d’un puissant oppidum situé sur la colline du villagevoisin, Sombrun, où des traces semblent bien exister mais ce n’est là qu’une hypothèse. Vic-en-Bigorre nepouvait dépendre que de Saint-Lézer. Quant à Tarbes, le problème n’est pas si simple. A quelques kilomètresà peine de Tarbes, à la fin de la Tène, existait le puissant oppidum de Lagarde, presque aussi vaste que celuide Saint-Lézer. En cas de danger ou à l’occasion de réunions, il était tout à fait normal, qu’il fut le lieu derefuge ou de rassemblement, non seulement pour les gens de Tarbes mais aussi pour tous ceux de la plaineenvironnante. Tant que Tarbes ne fut pas autre chose qu’un petit habitat, sa sécurité dut être largementgarantie par les eaux d’alentour ; mais lors qu’elle prit de l’extension et devint lieu de passage, cette protectionne fut plus suffisante.

Le mobilier rencontré sur l’oppidum de Lagarde ne dépasse pas en datation, l’époque augustéenne, ce quiindiquerait un abandon définitif de la place pendant la paix romaine. A Tarbes, le mobilier découvert montrequ’une occupation du milieu existait au temps de l’Aquitaine indépendante et qu’une activité plus grandes’y manifesta au cours des 3 premiers siècles, qu’elle semble s’éteindre au cours du IV ème siècle puisreprendre pendant les époques wisigothique et mérovingienne. Tout apparaît comme si durant les invasionsde la fin du III ème siècle, les Goths, semble-t-il, avaient chassé les habitants de la plaine vers le Nord puisse seraient heurtés aux solides murailles de l’oppidum de Bigorre. Pourquoi la place forte, pourtant intacte,de Lagarde ne fut-elle pas réoccupée par les fuyards ? Vraisemblablement parce que Bigorra était nonseulement le chef-lieu de civitas, mais en même temps le chef-lieu du diocèse. Les populations christianiséesne pouvaient croire à meilleure protection qu’à celle de leur évêque ou de son homologue.

Une autre énigme s’impose à l’esprit curieux qui s’attache au problème des origines de Tarbes ; pourquoiTarbes s’est-elle implantée sur un étroit banc de sable entouré de marais malsains et mal commodes, alorsque dans son voisinage immédiat existaient des pentes douces et salubres, heureusement abritées et touchantpresque l’oppidum de Lagarde ? Parce que c’était un lieu de passage ? Cette explication ne tient pas car lesrelations et le passage auraient été aussi faciles sur les pentes que, sans aucun doute, des constructeurs deville auraient choisi. Pendant des siècles la croissance de Tarbes fut gênée par l’étreinte des eaux ; l’habitatne put que s’allonger sur le banc de sable étroit qui lui servait d’assise. Bien des hypothèses sont possibles,mais là n’est pas notre propos...

(1) Bulletin Société S.L.A. de Pau. pp. 79 à 93. 1972.

Ce qui reste évident pour nous, à la lumière de nos constatations archéologiques, c’est qu’au cours despremiers siècles, Tarbes, vicus déjà important, ne succéda pas à un oppidum et ne fut pas chef-lieu de cité.Par contre, l’oppidum de Saint-Lézer, place occupée dès la fin de l’époque du bronze, présente toutes lescaractéristiques d’une ville prospère ayant mérité au III ème siècle, une protection puissante et coûteuse. Laville ne cesse pas d’être active, ni au IV ème siècle, ni aux siècles suivants, jusqu’à l’époque carolingienne.Tarbes fut-elle, dès l’origine, siège épiscopal? Nous ne le pensons pas, et il suffit de rappeler que l’évêchéne porta le nom d’«évêché de Tarbes», qu’après la donation, du couvent et de Saint-Lézer aux moines deCluny, en 1064. Jusqu’alors, il était «évêché de Bigorre» et comme Tarbes ne peut pas avoir été l’oppidumde Bigorre... Nous pourrions développer d’autres arguments pour appuyer nos dires mais ils sortiraient ducadre archéologique.

RECHERCHESTOPONYMIQUES

La toponymie, science de la recherche des origines étymologiques des noms de lieux, permet, sous réservede références valables, de retrouver la langue dont ces noms sont issus et par conséquent la ou les populationsla parlant et ayant laissé le «toponyme» dans une région.Le toponymiste, tout en ayant une profonde connaissance des langues anciennes et de la linguistique, doit enmême temps s’appuyer sur les faits archéologiques pour confirmer ses hypothèses de travail. C’est direcombien il faut se méfier des toponymies de fantaisie qu’on a un peu trop généreusement distribuées jusqu’ici.Une étude nouvelle de la toponymie de notre département, réalisée par le Dr Jacques Lemoine est en cours.Elle nous apprend que 36 % des noms de communes des Hautes-Pyrénées, soit environ 132 communes, sontd’origine gallo-romaine.

C’est donc dans 132 communes qu’on devrait trouver, par l’archéologie, des vestiges plus ou moinscaractéristiques, d’une occupation du sol durant l’Empire romain. En fait, ce nombre devrait être multipliépar 2 ou par 3, puisque dans cette indication, il n’est pas tenu compte des noms de lieux-dits, de quartiers,existant dans les communes et dont le patronyme relève d’une présence gallo-romaine. On voit immédiatementl’importance de l’occupation du sol de ce qui était notre département aux premiers siècles de notre ère.Les cas les plus typiques sont ceux des noms à suffixe en «ac» et en «an» qui sont le résultat de la contractiondu nom d’un propriétaire de domaine, suivi du suffixe gaulois «aco» devenu «acum» gallo-romain ou dusuffixe latin «anum», suffixes qui indiquent que le porteur du nom est propriétaire. Le toponyme est donccelui d’un domaine ou d’une propriété. A Tarbes et à Bordères, les quartiers de Bastillac et de Cognac, parexemple, sont les sites des antiques domaines d’un Bastilus et d’un Congius. De même, Pouzac et Talazac,Juillan, Aureilhan, sont lieux d’anciens domaines d’un Posius, d’un Talasius, d’un Julianus et d’un Aurélianus.Aux toponymes de possession en ac et en an, il faut ajouter, et ils sont nombreux, tous ceux qui en dériventpar déformation. Notons aussi que beaucoup d’autres toponymes d’origine gallo-romaine désignent dessites naturels, bois, rivières... ou plus simplement la nature du sol, un arbre ou un état de chose particulier telque l’indication d’une limite de territoire désignée par le mot latin «finis» qui a dérivé dans le gascon, en«hîs» ou «hiss» et en «fite» et en «hite». C’est en recherchant les toponymes ainsi composés que Rosapellyet de Cardaillac ont pu retrouver les points limites des frontières de la civitas Bigorra de la fin du IV èmesiècle.

CONCLUSION

Nous n’avons pu qu’esquisser un schéma de l’occupation du sol haut-pyrénéen durant l’empire romain.Trop de données nous manquent pour pouvoir prétendre établir une image exacte de la répartition des groupeshumains, et nous nous garderons bien d’exprimer ce qu’intuitivement, nos prospections permanentes desmoindres lieux du département nous font sentir. Cependant, à la lueur des enseignements acquis aujourd’hui,une vision compréhensible du département ou plutôt ce qui allait le devenir, est maintenant possible :

- Au temps de l’Aquitaine indépendante :Notre sol haut-pyrénéen présentait deux zones à influences cultuelles différentes, l’une à l’Est de la ligne departage des eaux des bassins de la Garonne et de l’Adour, l’autre à l’Ouest de cette même ligne, la premièreplus nette, la seconde plus nuancée.Toute la vallée de l’Adour, ainsi qu’une patiente recherche a permis de le démontrer, était habitée et, en denombreux cas, les habitats remontaient à la Tène. Nous sommes convaincus que le même travail de recherchepour les autres vallées donnerait des résultats identiques ; la villa d’Izaux en est un exemple.Les vallées de montagne étaient elles aussi fréquentées et habitées.

- Durant l’Empire romain :La zone Sud-Est où, malgré une densité importante de points de trouvaille situés à une altitude variant de420 m à 1172 m, aucune trace révélant un habitat important n’a été décelée à ce jour, est une région demontagne peu propice à l’aménagement urbain mais favorable à l’élevage. Elle fut un lieu de passage et decultes, cultes des hauteurs et cultes des eaux. Le mobilier rencontré prouve nettement l’influence de laculture dont Lugdunum (St Bertrand-de-Comminges) est le grand centre et si cette culture laisse entrevoir levieux fond indigène encore vivace, la forme romaine y est fortement marquée. On est en droit de croire quedans la partie basse de cette zone quelques villas ont été établies et que Izaux n’en est pas l’exemplaireunique...

Au Nord-Est, séparée de la zone précédente par le plateau de Lannemezan, la zone des Baïses et du Gerssemble avoir été désertique. Nous sommes convaincus que cette apparence n’est due qu’au manque derecherches. Nous y avons reconnu suffisamment de places fortes protohistoriques, réoccupées durant lehaut moyen âge pour avoir la certitude qu’un abandon total du milieu en période gallo-romaine, y estabsolument improbable. Notons aussi l’importance des lieux de passage qui fatalement devaient existerentre Toulouse, Montmaurin, le Gers, la Bigorre et le Béarn. Malheureusement, c’est tout ce que nouspouvons en dire.

La zone du Sud-Ouest, comme celle du Sud-Est n’a pas été dédaignée, mais restée attachée à un traditionalismefavorisé par l’éloignement des influences évoluées, elle n’a pas laissé les nombreux petits monuments,votifs ou funéraires, que l’on retrouve ailleurs. Lieu de passage, lieu de culte, lieu d’élevage, il y faudraitmener d’actives recherches pour retrouver la présence humaine, signalée à Cauterets et que la logique faitpressentir ailleurs.

La zone du Nord-Ouest comprend les vallées de l’Adour et de l’Arros. De Campan à Castelnau-Rivière-Basse, la vallée de l’Adour est jalonnée de nombreux points de découvertes gallo-romaines qui, à notre avis,doivent encore s’accroître. Campan fut, vraisemblablement, le siège d’un oppidum, Asté, un lieu de culteentouré de pâturages ; Bagnères-de-Bigorre qui devrait se nommer Bagnères-de-Campan, fut une stationthermale à la renommée fort étendue, mais dont, faute d’études sérieuses, nous ne savons pas grand chose...Vu sa position géographique, il est probable qu’elle fut un carrefour et un petit centre urbain actif...

Enfin, rappelons que les faits archéologiques donnent raison à ceux qui voient dans le plateau qui domine levillage actuel de Saint-Lézer, l’antique oppidum Bigorra et la ville maîtresse qui donna son nom à la civitas.

R. COQUEREL (1977)

3

documents et commentaires

Les clichés sont de M. COQUEREL, sauf le document 38 (cliché Fabre) etles documents 7, 11, 12, 15, 20, 23, 26, 27, 31, 32 et 33 (clichés C.D.D. P.)

Pièce au format

Document 6

Document 5

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Document 9

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l’amphore du quaidu moulin (recons-titution).

Document 30

Document 29

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Document 35

Document 32

Document 33

Document 34

Document 36Document 38

Document 37

Document 39

Zone à vestiges sans construction en dur

Zone à construction en dur

REPRÉSENTATION RELATIVE GRAPHIQUE DES SURFACES D’OCCUPATIONGALLO-ROMAINE DE SAINT LÉZER ET DE TARBES

L’examen du graphique met en parfaite évidence l’importance relative de la surface occupée à Saint-Lézer comparée à celle del’occupation à Tarbes.Importance plus marquée encore si l’on retient particulièrement la superficie couverte par des constructions en dur.

Contrairement à l’argument qu’on pourrait utiliser en faveur de Tarbes, la superficie y est maintenant bien délimitée grâce auxprofondes tranchées de pose d’égouts qui en ont circonscrit l’extension possible. Tout différemment dans le cas de Saint-Lézer,l’environnement de l’oppidum reste ouvert à des découvertes sur de grandes étendues non prospectées.

COMMENTAIRES DES DOCUMENTS

DOCUMENT N° 1 :

Voir pages 7 et 21

DOCUMENT N° 2

Camp de Villefranque ; un des rares camps bâtis suivant la technique romaine contrairement aux oppidaconstruits sur les crêtes en fonction de la topographie du sol. A Villefranque les constructeurs ont vouludonner à la place forte la géométrie classique des campus militaires avec les 4 portes des 2 grands axes depassage le cardo et le decumanus tout en utilisant les pentes de la crête comme moyen de protection. CESARdans la guerre des Gaules (livre III chapitre XXV) nous fournit la preuve de l’existence de camp fortifié à laromaine : «Cependant des cavaliers ayant fait le tour du camp ennemi vinrent dire à Crassus que du côté dela porte décumane le camp était moins soigneusement fortifié et offrait un accès facile»... Les 4 portescorrespondaient en principe aux 4 points cardinaux.

DOCUMENT N° 3

Oppidum de CASTET CRABÉ commune de Lagarde ; on peut voir sur le plan grâce aux courbes de niveauet à la configuration géométrique du camp que les constructeurs ont tenu compte des pentes comme moyennaturel de défense. Au sud-ouest de l’oppidum il bien visible qu’on a profité d’une partie étroite de la crête(isthme) pour fortifier avec le moindre travail cette partie de la crête par un haut talus et un profond fossé.

DOCUMENT N° 4

Oppidum d’Ossun dit camp de CÉSAR ; dans le cas de la castramétation protohistorique d’Ossun, c’est lerelief d’un léger piton à l’extrémité d’une crête qui a été utilisé. La fortification parfaitement circulaireintérieure est un cas exceptionnel pour nos régions. Longtemps les auteurs ont cru que c’était la seule partiefortifiée de l’oppidum.

NOTA remarquer à l’est du camp une castramétation féodale beaucoup plus petite dont on s’explique mal lajustification : c’est la motte féodale et sa basse cour. (sur ce sujet voir R. COQUEREL, les Mottes Féodalesdes Hautes-Pyrénées Bulletin de la Société Ramond 1974 Page 39).

DOCUMENT N° 5

Pièce de monnaie trouvée à Izaux 312 - 313 - Petit bronze (follis réduit) de LICINIUSIMP (imperator) LICINIUS Pius Félix. AVG (Augustus).Buste lauré et cuirassé de Licinius à droite.D’après le professeur LABROUSSE

DOCUMENT N° 6

Pièce de monnaie trouvée à Saint- Lézer.Petit bronze de Constance Il (337 – 361).Buste drapé et diadémé de Constance Il à droite.D DN (Dominus noster) CONSTANTIUS P (Pius) F (Félix) AVG (Augustus)croquis du revers (très usé) scène de combat - FEL (ix) TEMP (orum) REPARATIO

DOCUMENT N° 7

Pièce de monnaie trouvée à Saint-Lézer. Petit bronze de GRATIEN (375 - 383).DON (Dominus noster) GRATIANUS P (Pius) F (Félix) avers Buste drapé et diadémé de Gratien à droite.revers : Gratien en habit militaire allant à droite, trainant un captif de la main droite et de la gauche tenantle Labarum (Bannière). Frappé à Arles (Constantina) en 375 - 378 car on trouve à l’exergue. S (Secunda)CON (Constantina).2e atelier monétaire de Constantina (en 328 le nom d’Arelate (Arles) fut changé en Constantina en l’honneurde Constantin Il).R. GLORIA ROMANORUM dans le champ à droite C, à la gauche E.AUG (Augustus).D’après le professeur LABROUSSE

DOCUMENT N° 8

Tarbes, murs épais (0,90 m) dégagé lors des travaux d’agrandissement de la préfecture. Ils sont caractéristiquesdes murs (probablement support de péristyle) d’un édifice important à caractère public basilique (lieu deréunion, de marché, de débat public...).

DOCUMENT N° 9

Base de tour pleine de l’enceinte fortifiée de I’oppidum de Saint-Lézer du IIème siècle. Parement en petitappareil.

DOCUMENT N° 10

Pan de mur de fortification de Saint-Lézer. Ce mur est vu couché, si bien que sa dimension vue en verticaleest en réalité son épaisseur (soit plus de 3 m). La hauteur du mur qui se mesure horizontalement est de 7 mdans son état actuel. III ème siècle.

DOCUMENT N° 11

7 m.

3 m. 20

Maubourguet, colonne en marbre blanc de Saint-Béat témoin d’un luxe certain dans un édifice public ouprivé.

DOCUMENT N° 12

Tuiles (tegulae). Ces tuiles, presque carrées mesuraient près de 60 cm de côté. Elles proviennent de la villagallo-romaine de Pujo. Elles comportaient latéralement 2 rebords qui devaient retenir les eaux pluviales.Deux encoches à la partie basse de la tuile venaient s’insérer dans 2 encoches prévues à l’autre extrémité durebord sous la tuile, Si bien que la tuile retenait celle du dessus. Elles étaient juxtaposées bord à bord (VoirDOCUMENT 13) de telle sorte qu’une tuile demi sub-cylindrique (embrice) venait recouvrir la jointure destuiles pour rendre la couverture imperméable. Une légère conicité permettait à l’embrice inférieure de retenircelle qui lui succédait au-dessus. A l’extrémité basse des tuiles creuses étaient disposées des pièces d’arrêtles antéfix.

embrice

Sur le document 10, on peut voir que le tuilier finissait son travail en marquant la tuile en argile molle detraces de doigts soit longitudinales, soit circulaires. Remarquer les empreintes d’une patte de chien impriméedans la pâte encore molle de la tuile. (Les tegulae et les embrices ont été utilisées pendant toute la périoderomaine et gallo-romaine).

DOCUMENT N° 14

Partie inférieure d’un chapiteau en marbre blanc de Saint-Béat trouvé à Izaux et datant du III ème sièclec’est un chapiteau de style corinthien d’époque tardive travaillé au trépan. Le sculpteur pour travailler plusvite faisait les creux en perçant une succession de trous à l’aide d’un trépan (foret de perçage) qu’il faisaitcommuniquer par rupture des petites cloisons qui subsistaient après le perçage. Avant la pratique de cetteméthode le sculpteur, obtenait ces creux à l’aide d’un burin et d’une masse.

DOCUMENT N° 15

Chapiteau de grandes dimensions en marbre de Saint-Béat de style corinthien très tardif provenant sansaucun doute d’un important monument de Lugdunum Convenarum. Remarquer que les cornes du tailloir(partie supérieure) sont brisées. Hauteur approximative 60 cm.

DOCUMENT N° 16 Voir répertoire des communes IZAUX

DOCUMENT N° 17

Villa d’lzaux. Dalles en marbre blanc de Saint-Béat retrouvées en place dans l’emplacement d’un vestibulede la villa (III ème siècle).

DOCUMENT N° 18

Villa d’lzaux vue du bassin I et de la salle P. La salle P, telle qu’on la voit sur la photo, la montre dans l’étatoù l’ont laissée des occupants d’époque dite «barbare» (wisigothique ou mérovingienne) ; ils ont refait le solde cette salle de dalles de marbre prises dans la villa entre autre une dalle creusée d’une vasque dans laquellede l’eau venait couler dans un jardin.

DOCUMENT N° 19

Villa d’Izaux. Dalles moulurées en marbre blanc de Saint-Béat, ancien encadrement portes et fenêtres (grandluxe). Longueur approximative : 40 cm pour dalle entière (à droite).

DOCUMENT N° 20

Borne milliaire de Castelnau-Magnoac ces bornes indicatrices correspondent à nos actuels panneauxindicateurs de kilométrage mais l’unité était le Mille (1 000 pas) au lieu d’être le kilomètre du systèmedécimal actuel. (un mille égale 1481 m). Inscription D(omino) N(ostro) IMP(eratore) C(a)ESAR(e) FLAVIOVALERIO CONSTANTINO PIO NOBIL(issimo) C(a) ESARE, DIVI CONSTANTI(I) PII AUG(usti)FIL(io)...

DOCUMENT N° 21

Bagnères-de-bigorre.Canalisation d’eau en béton de tuileau dit aussi ciment rose (opus signinum). Ces conduites à base plateétaient faites en moulant le béton autour d’un bois rond. Chaque morceau (buse) était ajusté aux autres et lesjoints emplis de ciment de chaux. Elle servait au transport de l’eau chaude des thermes.

DOCUMENT N° 22

Vue partielle de la piscine thermale de Cauterets. Sur la photographie, la partie arrondie(abside) et les deuxpremières marches visibles à gauche sont d’époque gallo-romaine. Tout le reste a été ajouté au Moyen age.Primitivement, l’abside, les bords des marches et le fond de la piscine étaient dallés de marbre blanc. Cettepiscine, datant du premier ou deuxième siècle de notre ère après sa transformation médiévale (XI èmesiècle) a été utilisée telle quelle jusqu’au début du XIXe siècle. Au milieu de la piscine, on voit un gros blocde granit (environ 600 kg) venu là en se détachant de la montagne.

DOCUMENT N° 23

Grande jatte de 34 cm de diamètre, trouvée à Tarbes rue Ramond. Elle est en terre cuite gris très clair,importée et d’origine inconnue.

DOCUMENT N° 24

Amphore du quai du Moulin à Tarbes. Amphore vinaire d’origine italique de la fin de l’époque républicaine.

DOCUMENT N° 25

Col et anse d’amphore, villa d’lzaux, à huile ou à conserve, d’origine hispanique.

DOCUMENT N° 26

Belles petites cruchettes de l’atelier de potier de la rue Ramond, dont il manque seulement des anses dumodèle de celles qui figurent au 1er plan.

DOCUMENT N° 27

Poteries malfaçon de l’atelier de potier de la rue Ramond.

DOCUMENT N° 28

Villa d’lzaux, petite flûte faite dans os long d’oiseau, (15 cm environ) probablement un tibia. Elle étaitcertainement destinée à un enfant.

DOCUMENT N° 29

Villa d’lzaux, bijou en bronze qui fait à la fois office de bague et de clé de coffret. La tige de la clé est creuse.

DOCUMENT N° 30

Instruments de fer de la villa d’Izaux.clous de charpente forgés à la main (technique utilisée jusqu’au XIXe siècle).Il soie d’un instrument indéterminé (soie : partie engagée dans le manche).III outil qui ressemble à un couteau à greffer.IV coin.V lame de couteau à la pointe cassée.VI lame de couteau entière.VII instrument de cuisine à usage mal défini.VIII fragment d’un crochet à pointe courbée «instrument pour crocheter la viande ou autre produit de

marmite». Les pointes recourbées l’auraient été pour ne pas risquer d’abîmer le chaudron ou la marmitede terre cuite (d’après Déchelette).

IX anneau ; peut-être pièce de sellerie.X pointe de lance. Elle comporte une lame et une partie creuse (virole) pour l’emmanchement sur unbâton.(Voir plaque funéraire de Sacoué p.17 Bouche «Les Hautes-Pyrénées. Les faits marquants de son histoire».)

DOCUMENT N° 31

Objets en terre cuite, en forme de pyramide tronquée percés d’un trou pour leur suspension. On pensegénéralement que ces pesons servaient à tendre la trame des métiers à tisser mais cette leçon est maintenantcontroversée. Le premier peson à droite montre des traces très nettes d’usure (toutes les arêtes sont effacées)alors que les autres n’ont jamais été utilisées. Au premier plan, un peson exceptionnellement de formecirculaire. Tous ces pesons proviennent de l’atelier du potier de la rue Ramond.

DOCUMENT N° 32

Tête de Mithra trouvée à Lourdes, cf répertoire des communes, LOURDES.

DOCUMENT N° 33

Visage lunaire de Mazères de Neste. C’est un fragment d’auge cinéraire énigmatique. On remarquera lecollier de grosses perles qui souligne le visage et au niveau de l’oreille gauche une sorte d’aile qui sedétache et dont il est difficile de dire si c’est un morceau de vêtement ou de chevelure.Cf répertoire des communes, Mazères

DOCUMENT N° 34

Partie supérieure d’un cippe en calcaire, trouvée à Montsérié. A Tarbes, au Musée. Hauteur 0,24 m largeur0,18 m.

D’après SACAZE - Inscriptions antiques des PyrénéesErge sacrum, Coelia...«Consacré à Ergé, Coelia...»Un Coelius, probablement de la même famille, a élevéun monument au dieu Mars, à Montsérié.

DOCUMENT N° 35

Grand autel de Tarbes en marbre blanc, avec base etcouronnement, patère et oenochoe (*) sculptées sur leslatéraux, trouvé à Tarbes, dans les terrains de l’arsenal, ausud, le 1er septembre 1873, lors des fouilles occasionnéespar la construction d’une nouvelle voie ferrée.- Hauteur totale 1,30 m largeur 0,44 m, épaisseur, 0,30 m.- A Tarbes, au Musée. (Don du ministre de la Guerre). D (is)M (anibus) C. V (alerii) V (aleriani) Sancti, C (larissimi)v(iri) q(uaestoris) provinc(iae) Betic(ae), tutor c(larissimi)p (ueri) Iul(ii) Sancti fil(i) ejus p(onendum) c(uravit).«Aux dieux Mânes de Caius Valerius Valerianus Sanctus,personnage clarissime, questeur de la province de Bétique,le tuteur de Julius Sanctus, clarissime jeune homme, son filsa fait élever ce monument».(*) oenochoe : vase à verser le mélange d’eau et de vin puisé dans le cratère.

L’interprétation des trois lettres de la seconde ligne, C.V.V. ne peut être donnée que comme une hypothèserationnelle, offrant même de grandes chances de vérité. On trouve en effet un C. VAL. VALERIANUS dansune inscription de Tardets, commune du département des Basses-Pyrénées. Un tel assemblage de noms neprésente, d’ailleurs, rien de singulier, puisqu’il se rencontre aussi dans une inscription recueillie en Bétique,à Cisimbrium, au N.O. d’Illiberris C. VALERIVS. CF. GAL. VALERIANVS. CISIMBRIENSIS - II VIR... «Caius Valerius Valerianus, fils de Caius, de la tribu Galeria, du municipe de Cisimbrium, duumvir, etc…»(C.I.L. 2, 2098).

On remarquera la différence du gentilice entre le père et le fils ; Julius était, sans doute, le fils adoptif deValerius.Il est seulement étrange que le tuteur de ce jeune homme, le donataire du monument, n’ait pas fait inscrireson nom.D’après SACAZE inscriptions antiques des Pyrénées.- Gentilice nom de famille d’un romain

DOCUMENT N° 36

Tête funéraire de Lourdes cf répertoire des communes Lourdes.

DOCUMENT N° 37

Torse d’homme en marbre de Saint-Béat trouvé à Saint-Lézer. Hauteur : 50 cm.

DOCUMENT N° 38

Stèle funéraire trouvée à Saint-Lézer - épaisseur 7 cm, hauteur 21 cm, elle est tronquée à la base.O(bito) BIRRIONV (ivae) RISILAE Publii (filiae)

UXORI O (...?...)

Mort BirrionVivante, Risilia, fille de Publius, sa femme.Epigraphe d’une veuve nommée Risita, fille de Publius, en souvenir de son mari Birrion.Birrion serait le nom d’un indigène pérégrin d’après Monsieur Michel LABROUSSE.

Pérégrin : Personne libre, mais sans citoyenneté ni droit latins (exclu des droits politiques, du conubium et du commercium).

DOCUMENT N° 39

Marbre funéraire gallo-romain de Bordères Louron. Face antérieure d’une auge cinéraire du II e ou IIIesiècle de notre ère. Dimensions 0,57 m sur 0,42 m. Elle porte une bordure de festons denticulés, faite dedemi-cercles tracés au compas. A l’intérieur, l’épitaphe est encadré par 2 colonnes minces à chapiteauxcorinthiens (avec une seule rangée de feuilles d’acanthe) et une haute arcature bilobée sous laquelle setrouvent les portraits en buste des défunts, mari et femme. Celle-ci se reconnaît à un cou très mince desépaules moins massives, à ses boucles d’oreilles en forme d’anneaux, à sa chevelure disposée en largesondulations stylisées réparties en 3 masses qui couvrent partiellement le front.

Le marbre a été utilisé comme dessus d’autel dans une églisele trou servait alors à mettre les reliques

Des erreurs de gravure sautent aux yeux à la ligne 4, EILI est mis pour FILI, IMORE pour AMORE et, à laligne 6, DOMMVNE pour COMMVNE. Des fautes d’orthographe aussi grossières ne peuvent être que lefait d’un lapicide ignorant le latin, qui a copié tant bien que mal un modèle qui lui était proposé.

Pour la lecture et l’interprétation du texte, des difficultés existent, aux lignes 1 et 2, touchant le nom desdéfunts, et aux lignes 3 et 4, celui de leurs fils et, au lignes finales, le rôle et la qualité des vicini Sparian (i).

Faute de mieux, l’inscription pourrait alors se rendre ainsi

D (is) M (anibus, O ( ?) o (bitis duobus) patri ma (tr (ique).?. ) ei moni (mentum) M (o) ntanus et Six sio(f)ili(i) lex (a) more et pietate (duo) viv (i) in (c) ommune posuerunt et co(m) p(araverunt) vicini sparian

«Aux Dieux Mânes. A leurs parents défunts, leur père O... et leur mère...ei, leurs fils, Montanus et Sixsio,ont, en témoignage d’amour et de piété filiale, fait élever, de leur vivant et à frais communs, ce tombeau,dont une part a été payée par les habitants du vicus Spartis».

D’après Michel LABROUSSE Marbre funéraire gallo-romain de Bordères-Louron - Revue du Comminges3e trimestre 1960

Lapicide ouvrier qui grave des inscriptions sur la pierre.

DOCUMENT N° 40 Voir p. 32

Fac-similé de l’épitaphe

LA CONQUÊTE DE L’AQUITAINEPAR LES ARMÉES DE CÉSAR

Tandis que César a conquis en 57 la Belgique et les régions bordières de la Manche et qu’en 56 il s’attaqueaux Gaulois de l’Atlantique (Normandie et Bretagne actuelles), son légat (*) Publius Crassus fils du triumvir, mèneune guerre à part en Aquitaine.

(*) Légat : Lieutenant du commandant des armées, le proconsul César. Triumvir : Membre du triumvirat association de 3 personnages politiques pour la conquête et le partage dupouvoir. Il s’agit ici du 1er triumvirat avec César, Crassus, Pompée.

Nous suivons d’abord le texte plus accessible de Pierre CAMUS «dans le pas des Légions» diffusionFRANKELVE.

LES PRÉPARATIFS

«Crassus fait rassembler les stocks de blé, il réunit le maximum d’auxiliaires et de cavalerie. Il procède à desrappels individuels de soldats des cités de Toulouse et de Narbonne appartenant à la Province et il part avec sonarmée sur les territoires des Sotiates.

A cette nouvelle, les Sotiates rassemblent des troupes numériquement importantes et de la cavalerie qui étaitleur arme favorite, et ils attaquent notre armée dans sa marche...»

LES SOTIATES VAINCUS

«Repoussés dans le combat de cavalerie..., poursuivis par les nôtres, ils découvrent brusquement leurs forcesd’infanterie placées en embuscade dans un vallon.

Couverts de blessures, les Sotiates, dominés, prennent la fuite. Crassus fait tuer dans la poursuite un grandnombre d’entre eux, puis sur son élan, court mettre le siège sans s’arrêter, devant leur place forte (1). Ils résistenthéroïquement et Crassus doit faire avancer les mantelets (2) et les tours.

Tandis que l’attention de tous était accaparée par cette scène, leur chef suprême Adiatuanos avec six centssolduriens à sa dévotion apparut d’un autre côté de la place, tentant de fuir...

Après un violent combat, Adiatuanos vivant fut refoulé dans la place sotiate. Crassus, généreux, ne lui enaccorda pas moins la même grâce qu’aux autres.

Ayant reçu toutes les armes ainsi que les otages, le jeune Crassus partit pour le pays des Vocates et desTarusates (3).»

(1) Vraisemblablement SOS (Lot et Garonne)(2) Abri léger pour l’attaque des places-fortes.(3) Vers le sud-ouest, autour de Bazas et de Tartas.

FACE AUX VOCATES ET AUX TARUSATES

«Ils tentent de se renforcer en obtenant secours et chefs de guerre des états voisins de l’Espagne citérieure. Ilsentrent en campagne avec une multitude considérable d’hommes et choisissent pour chefs ceux qui, ayant servi enEspagne avec les armées de Sertorius (1) éduquées et entraînées à la Romaine, sont devenus les plus habiles dans l’artmilitaire...

Il (l’ennemi) conserva ses forces au camp, ce que voyant, Crassus, mettant à profit le sentiment de supérioritéqu’avaient nos troupes en croyant deviner couardise chez l’ennemi, harangua les siens, et cédant aux vœux de tous decombattre sans attendre, marcha sur le camp ennemi».

(1) Sertorius le meilleur lieutenant de Manus s’était installé en Espagne et avait fait de cette province un véritableétat romain opposé à celui d’Italie. C’est Pompée qui après une guerre très dure mit fin à la rébellion de Sertorius (76- 72).

Tous les passages qui suivent sont extraits de la Guerre des Gaules traduction CONSTANS (livre III).

L’ ATTAQUE D’UN CAMP FORTIFIÉ A LA ROMAINE(Unique témoignage dans la Guerre des Gaules)

«XXV - Là, tandis que les uns comblaient les fossés, les autres, lançant sur les défenseurs une grêle de traits, lesforçaient à abandonner le parapet et les retranchements et les auxiliaires, en qui Crassus n’avait guère confiancecomme combattants, passaient des pierres et des munitions, apportaient des mottes de gazon pour élever une terrasse,et ainsi donnaient à croire qu’effectivement ils combattaient l’ennemi, de son côté, opposait une résistance tenace etvaleureuse, et ses projectiles, lancés de haut, ne manquaient pas d’efficacité. Cependant, des cavaliers ayant fait letour du camp ennemi, vinrent dire à Crassus que du côté de la porte décumane (1) le camp était moins soigneusementfortifié, et offrait un accès facile».

«XXVI - Crassus invita les préfets (2) de la cavalerie à exciter le zèle de leurs hommes en leur promettant desrécompenses, et leur expliqua ses intentions. Ceux-ci, selon l’ordre reçu, firent sortir les cohortes (3) qui avaient étélaissées à la garde du camp et qui étaient toutes fraîches, et, par un chemin détourné, afin qu’on ne pût les apercevoirdu camp ennemi, elles atteignirent rapidement, tandis que le combat accaparait l’attention de tous, la partie duretranchement que nous avons dite elles le forcèrent, et se reformèrent dans le camp de l’ennemi avant que celui-ci aitpu les bien voir ni se rendre compte de ce qui se passait. Alors les nôtres, entendant la clameur qui s’élevait de ce côté,se sentirent des forces nouvelles, comme il arrive généralement quand on a l’espoir de vaincre, et ils redoublèrentd’ardeur. Les ennemis, se voyant enveloppés de toutes parts et perdant toute espérance, ne pensèrent plus qu’à sauterà bas du retranchement pour chercher leur salut dans la fuite. Nos cavaliers les poursuivirent en rase campagne, et surles cinquante mille Aquitains et Cantabres qui formaient cette armée, un quart à peine échappa à leurs coups la nuitétait fort avancée quand ils rentrèrent au camp.»

(1) Voir document 2.(2) Chefs.(3) Unité tactique de la légion romaine. Chaque cohorte comptait 600 hommes et était divisée en 6 centuries.

LA SOUMISSION DE L’ AQUITAINE

«XXVII - A la nouvelle de ce combat, la plus grande partie de l’Aquitaine se soumit à Crassus et envoyaspontanément des otages parmi ces peuples étaient les Tarbelles, les Bigerrions, les Ptianii, les Vocates, les Tarusates,les Elusates, les Gates, les Ausques, les Garunni, les Sibuzates, les Cocosates seuls quelques-uns, qui étaient placésaux confins, se fiant à la saison avancée, car on était aux approches de l’hiver, ne suivirent pas cet exemple.»

CÉSAR (La Guerre des Gaules)

L’ AQUITAINE D’APRÈS STRABON

Strabon géographe grec, né à Amasya en Cappadoce vers 58 et mort vers 21 - 25 av J.C. Auteur d’une précieusegéographie. Il suit surtout le récit de voyage du grec Poseïdonios d’Apamée qui a visité notre région dans les années100 à 90 avant notre ère.

L’ ORIGINALITÉ DES PEUPLES AQUITAINS

Certains auteurs ont divisé la Celtique en trois parties et nommé, outre les Celtes, les Aquitains et les Belges. Ilsconsidèrent les Aquitains comme formant un peuple absolument à l’écart, en raison non seulement de sa langue, maisaussi de son apparence physique, et ressemblant plutôt aux Ibères qu’aux Gaulois. Les autres, au contraire, sontgaulois d’aspect, et s’ils ne parlent pas tous la même langue, du moins n’y en a-t-il que quelques-uns qui en pratiquentd’autres, d’ailleurs peu différentes. Leurs régimes politiques et leurs genres de vie présentent également peu dedifférences...

Le nom d’Aquitains a été donné au peuple qui occupe la portion de territoire située au nord du Mont Pyréné etdu Mont Cemmène jusqu’à l’Océan, en deçà du cours de la Garonne, celui de Celtes au peuple installé de l’autre côtédu Mont Cemmène, le long de la mer qui baigne Massalia et Narbonne, et confinant à quelques-unes des montagnesde la chaîne des Alpes, (1) enfin celui de Belges au reste des populations des bords de l’Océan jusqu’à l’embouchuredu Rhin, y compris certains peuples du Rhin et des Alpes...

Soit dit en passant, les Aquitains diffèrent de la race gauloise tant par leur constitution physique que par leurlangue, et ils ressemblent plutôt aux Ibères.

(1) Y compris Doubs, Saône et Seine qu’il croyait issus des Alpes.

LES PEUPLES AQUITAINS A L’ÉPOQUE D’AUGUSTE

César Auguste, en revanche, a divisé la Celtique en quatre parties (1). Il a fait une province des Celtes deNarbonnaise, et une autre des Aquitaines, tels que César les avait délimités, mais en leur ajoutant quatorze peuples quioccupent le territoire sis entre le cours de la Garonne et celui de la Loire. Quant au reste du pays, après l’avoir diviséen deux, il a assigné à Lugdunum la partie à laquelle il donnait pour frontière le cours supérieur du Rhin, et auxBelges l’autre partie...

Nous avons ensuite à parler des Aquitains et des quatorze peuples gaulois fixés entre la Garonne et la Loire quiont été rattachés administrativement à la même circonscription... La Garonne, grossie de trois affluents, a sonembouchure entre le pays des Bituriges dits Bituriges Vibisques et celui des Santones, peuples gaulois tous les deux.

De fait, ces Bituriges là sont la seule population allogène (2) installée sur le territoire des Aquitaines ils ne leurpaient pas d’impôts. Ils ont pour place de commerce Burdigalla, au bord d’une lagune formée par les bouches de laGaronne (3)

La Loire a son embouchure entre le pays des Pictones et celui des Namnètes.

La cité des Santones est Médiolanium. Les deux fleuves sont l’un et l’autre navigables sur une distance d’environ2 000 stades (4).

(1) En 27 à l’assemblée de Narbonne Narbonnaise, Aquitaine, Lugdunaise, Belgique.(2) D’une autre race.(3) Elle a plusieurs bras pour rejoindre la mer.(4) Environ 370 km.

Les terres océaniques de l’Aquitaine sont en majeure partie sablonneuses et maigres. Elles suffisent à l’alimentionpour le millet, mais sont plutôt improductives dans les autres cultures. Là se trouve le golfe qui, avec le Golfe Galatique,son homonyme du littoral de la Narbonnaise, détermine l’isthme. Les bords de ce golfe sont occupés par les Tarbelli,qui possèdent les mines d’or les plus productives de toutes, car les fosses peu profondes qu’on y creuse livrent deslames d’or allant jusqu’à remplir la main. Certaines de ces lames ont parfois seulement besoin d’un léger affinage,tandis que le reste du minerai se présente sous la forme de paillettes et de pépites qui ne demandent, elles aussi, qu’untraitement réduit ; L’intérieur du pays et la région des montagnes ont des terres meilleures, soit du côté du MontPyréné, où se trouve le territoire des Convènes, nom qui signifie «ramassis», avec la ville de Lugdunum (1) et les trèsbelles sources d’eau chaude, parfaitement potable, d’Onésiae, (2) soit aussi chez les Auscii, où le sol est excellent.

Quant aux peuples situés entre la Garonne et la Loire et rattachés à l’Aquitaine, ce sont d’abord les Eluens, dontle territoire commence au Rhône, puis après eux les Vellavu, autrefois rattachés aux Arvernes, les Lémovices et lesPétrocoriens, suivis des Nitiobriges, des Cadurques et des Bituriges dits Bituriges Cubes.

Du côté de l’Océan, ce sont les Santones et les Pictones, les premiers, riverains de la Garonne, comme nousl’avons dit, les seconds, riverains de la Loire. Enfin les Rutènes et les Gabales confinent à la Narbonnaise. Il y a deremarquables ferronneries chez les Pétrocoriens ainsi que chez les Bituriges Cubes, une industrie du lin chez lesCadurques, des mines d’argent chez les Rutènes. Les Gabales possèdent également des mines d’argent.

Ajoutons que le Romains ont accordé le jus Latii (3) à certains peuples d’Aquitaine, notamment aux Auscii etaux Convènes.

Les Arvernes sont fixés au bord de la Loire. Leur capitale est Némossus, qui est située sur le fleuve. Celui-cipasse également à Cénabum, centre de commerce des Carnutes et ville à population mixte, (4) bâtie à peu près aumilieu du parcours navigable du fleuve, qui va de là se jeter dans l’Océan.

(Géographie Trad. Lasserre - Coll. Univ. France 1966)

(1) C’est-à-dire occupé par des populations diverses qui ont fusionné après les victoires de Pompée en 72 Lugdunun Convenarum actuellementSt Bertrand-de-Comminges.(2) Bagnères-de-Luchon.(3) Le droit latin leur attribuait la possession du conubium (mariage) et du commercium avec Rome et les autres Latins. Ils ne possèdent pasle jus honorum (accès aux Magistratures) mais lorsqu’ils sont présents à Rome une partie du jus suffragii (droit de vote). Ils ont de plus le jusmigrationis, c’est-à-dire le droit de venir s’installer à Rome et si les censeurs les acceptent, d’y jouir de la citoyenneté romaine. Cela peut leurêtre attribué dans leur cité pour récompenser des services exceptionnels.(4) Habitée par des populations diverses.

L’INSCRIPTION D’HASPARREN (P.A.)

(II ème III e siècle de notre ère)

Q. VERUS, flamine (1), de même duumvir (2), questeur (3), président de canton (magister pagi) il s’acquittad’une ambassade auprès de l’empereur (ad Augustum) et obtint pour les neuf peuples de se séparer des Gaulois. Deretour de Rome, il dédie cet autel au Génie du Canton.

(Cité dans Histoire de l’Aquitaine Documents Privat Editeur)

(1) Prêtre attaché au culte d’un dieu particulier.(2) Magistrat exerçant conjointement avec un autre diverses charges (justice, administration...)(3) Questeur magistrat chargé surtout des questions financières cette charge annuelle forme le 1er échelon du cursushonorum.

PEUPLES DE L’AQUITAINE d’après Cesar et StrabonPays des neufs peuples : NOVEMPOPULANIE

L’ ERE IMPÉRIALE DU 24 JUIN 1865

L’honorable M. Duboé, maire de la commune de Bordères, vient d’adresser à la Préfecture, vingt médailles oupièces de monnaie provenant de la découverte qui a été faite, il y a quelques jours, sur le territoire de cette communepar des terrassiers travaillant à la construction d’un ponceau (1) pour le service du chemin de fer.

La trouvaille consiste en un vase qui n’était pas enfoui dans le sol à plus d’un demi mètre de profondeur.malheureusement, le vase fut brisé par les coups de pioche, et les fragments furent dispersés lorsque les ouvriersfirent l’extraction de ce qu’ils appelaient un trésor. Ils procédèrent aussitôt au partage des médailles... Quelques-unsont déclaré que ce nombre ne devait pas être inférieur au chiffre de douze cents.

La préoccupation de M. Duboé a été de former une collection qui présentait un échantillon de chacune desespèces de médailles et monnaies que les ouvriers s’étaient distribuées.

En transmettant à M. le Préfet cette collection, M. Duboé exprime le vœu que après avoir été examinées etclassées par M. l’archiviste du département, elles soient au nom de la commune de Bordères, données au musée deTarbes...

Toutes ces pièces sont de petit module (2), le type et le symbole (3) indiquent l’histoire des empereurs desdeuxième et troisième siècles. Celles de Philippus Arabe, de Gordien, de Gallus de Carus et de Maximilien Hercule,(4) l’avers des pièces de monnaie de Philippus Arabe représente un beau paon, d’où l’on peut induire qu’elles ont étéfrappées à Carthage où le soldat d’Arabie devenu empereur devait être populaire et où la déesse Junon étaitparticulièrement honorée (5). Nous ne saurions trop remercier M. Duboé du service qu’il vient de rendre à notremusée et aux amateurs de numismatique.

(1) Petit pont à une arche.(2) Diamètre(3) Figure ou marque ayant une signification conventionnelle.(4) Philippe Arabe (244-249), Gordien I et II(238), Gordien III (238-244), Gallus (257-253), Carus (282-283),Maximilien Hercule (285-305).(5) Le paon est l’oiseau favori de Junon dont il a l’orgueil.

LETTRES d’AUSONEa son ami et poète Axius PAULUS

AUSONE professeur et poète bordelais (310?-394) fut aussi précepteur de l’empereur GRATIEN qui le nomma questeurdu sacré palais ( c’est-à-dire porte-parole de l’empereur), préfet du prétoire en Gaule (Sorte de vice empereur) etconsul.

Axius PAULUS habite une propriété de son «BIGORRE natal»

Et maintenant isolé dans sa terre solitaire de Crebennus, dans un pays sans vignobles, il a une mélancolique compagnie,sans le plaisir de ses amis chers et de la table, et, morose, il dispute ses loisirs à l’âme charmante des muses (1).

(1) la poésie.

LES TRANSPORTS

AUSONE engage PAULUS à venir le rejoindre dans son domaine de la plaine de Saintes

Que les mules aux pieds de corne t’enlèvent, attelée à un quatre roues ou, si tu le préfères, saute dans un « cisium » (1)à trois chevaux ; grimpe sur un bidet rapide ou sur un cheval de poste à l’échine cassée, pourvu que tu arrives tout desuite.

et après un accident de voiture

Mais prudemment monte dans un cisium ou sur un cheval de poste à marche lente ; ne te laisse pas tenter par unerheda (2) ni par une monture trop vive. Evite, je te le conseille, les petorrita (3) mal connus des attelages et… neconduis pas toi-même les mules rapides.

(1) Le cisium était une voiture à 2 roues et à 2 ou 3 chevaux.(2) rheda voiture à 4 roues et à 4 chevaux.(3) voitures à 4 chevaux.

LES PLAISIRS DE LA TABLE

Tu trouveras chez moi les dons des Cérès (1) aux fruits brillants et puis la chair fleurie du porc, et puis de largescoupes si tu veux mêler le nectar d’un bon vin.

(1) Cérès déesse latine des moissons.

Les Huîtres

A mon avis, les meilleures de toutes, élevées dans les eaux du Médoc, ont porté le nom de Bordeaux, grâce à leursadmirateurs, sur la table des Césars, avec autant d’éloges que pour la gloire de notre vin. Ce sont elles qui outre toutesont mérité la première palme et distancé de loin les autres elles ont la chair grasse et blanche, un jus doux et délicat.où une légère saveur de sel se mêle à celle de l’eau marine.

LES EMBARRAS DE LA VILLE

En effet depuis les premiers jours après les saintes Pâques je désire voir la campagne. Car les cohues de la populace,les rixes du bas peuple dans les carrefours sont pour moi un dégoûtant spectacle, comme le grouillement des ruesétroites et l’entassement de la foule dans les places qui en perdent leur nom. Le mélange des cris se répercute dans unécho confus : «Tiens, frappe, mène, donne, gare!» C’est un porc boueux qui s’enfuit, un chien enragé qui se ruefurieusement, un chariot avec un attelage de bœufs mal assorti. Inutile de se blottir dans un appartement et dans lespièces closes : les clameurs traversent les murs.

LA CAMPAGNE

Avantages…

« Tout cela et tout ce qui peut offenser mes habitudes paisibles, m’obligent à quitter les remparts de 1a ville pourregagner les doux loisirs d’une campagne écartée, embellis par de sérieux amusements. Là, tu peux disposer de tontemps et tu as le droit de ne rien faire ou de faire ce que tu voudras... »

Et inconvénients

Dans la plaine de Saintes ou l’hiver est inhospitalier nous errons, tremblants de froid, poètes transis, serviteurs engourdisdes muses à la douce chevelure. Partout pieds gelés, claquements de dents, car il n’est aucun foyer pour réchauffer cepays neigeux...

AUSONE livre des Epîtres (XIII à XIV).

LE «PETIT HERITAGE» d’AUSONE un exemple de villa

Description célèbre du domaine paternel d’ Ausone, situé dans la région de Bazas.

«Salut, petit héritage, royaume de mes ancêtres, que mon bisaïeul, mon grand-père, mon père ont cultivé et que celui-ci m’a laissé déjà vieux lors de sa mort prématurée... Maintenant travail et souci sont pour moi ; seul le plaisir étaitmon lot auparavant, le reste incombait à mon père...

Mais ce mien domaine, quelle est son étendue ? Je cultive deux cents juchères (1) de champ, cent juchères de vignobleet la moitié de prairies ; les bois s’étendent sur plus du double des prés, vignes et terres labourables. Mes cultivateursne sont pas trop nombreux et ne manquent pas non plus. Auprès, une source, un petit puits. et le fleuve aux eaux pures,navigable, soumis aux pulsations de la marée qui m’amène et me remporte. J’engrange toujours les récoltes pour deuxannées, car qui n’a pas de grandes réserves est voué rapidement à la famine. Ma terre est située ni loin de la ville, niprès de la ville : ainsi j’échappe aux foules et je profite de mes biens. Et, quand l’ennui m’entraîne à changer de lieu,je passe alternativement de la jouissance de la campagne à celle de la ville...AUSONE, Pièces personnelles (XII, 2).

(1) le juchère représente 1/4 d’hectare environ.

MASQUE DE TARBES en tôle de bronze repoussé (grandeur nature) Il a été trouvé dans un contexte définipar une grande quantité de pièces de monnaie qui s’étalent toutes entre le début du 1er siècle et la fin du2ème et par un grand nombre d’autels votifs de mêmes époques. Cela semble permettre de dater le masquedu 1er ou 2ème siècle de notre ère. C’est l’œuvre habile d’un travail très archaïque. Le masque a été trouvédans un sanctuaire sur le mont Marteau à Montsérié en 1839.