Plaidoirie pour une politique publique favorisant l'avènement de la société du savoir en Tunisie.
Conférence Lysias - Concours National de plaidoirie - Demi-finales - L2
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Transcript of Conférence Lysias - Concours National de plaidoirie - Demi-finales - L2
AFFAIRE MINISTERE PUBLIC
CONTRE
JEAN-PAUL SARTRESSE
CONCOURS NATIONAL – DEMI-FINALE NATIONALE
NIVEAU LICENCE 2
CONTACT : CLEMENT BOUSQUET (SECRETAIRE GENERAL) 06 79 32 64 65
Jean-Paul SARTRESSE, 24 ans, brillant étudiant dans une école d’ingénieurs, vient de quitter
sa tendre amie Simona DA BAVARIA, jolie brune de son âge, longiligne étudiante en
philosophie, au doux regard de myope, après un long moment passé chez elle. Pendant qu’il
repeignait une table basse avec une bombe de peinture verte, elle lui tenait un discours sur
les rapports entre ZENON D’ELEE et SCHOPENHAUER dans leur conception de l’espace et du
temps ; il en est resté éberlué d’admiration et exalté de passion.
Grisé, convaincu par quelques paradoxes mal compris, il roule à motocyclette, sans casque,
sur le boulevard St Michel, à Paris, dans le couloir réservé aux transports en commun ; sa
vitesse dépasse largement la limite supérieure autorisée par la réglementation en vigueur.
Devant lui un taxi mauve, une immense Cadillac, un cabriolet décapoté, dans lequel se
prélassent et s’affichent, Pamela SPLANDERSSON et Pénélope CRUSH, blondes et pulpeuses
actrices californiennes, à peine trentenaires, vedettes du dernier navet de Peter
NIGHTMARE, « Je ne suis pas un sex symbol », dont certaines scènes tendraient pourtant à
démontrer le contraire.
Arrivant trop vite à un feu rouge, il ne peut s’arrêter à temps et vient heurter, heureusement
en fin de course, le véhicule qui le précède et se trouve éjecté vers l’avant.
Après une brève glissade sur le coffre, il échoue, indemne, sur la banquette arrière du
cabriolet américain, le nez dans le généreux décolleté de Pamela SPLANDERSSON et les
mains sur les jambes de Pénélope CRUSH, cuisses largement découvertes par une jupe fort
courte. Un peu hébété, il tente de se relever en s’appuyant avec insistance sur les formes,
arrondies ou fuselées, des deux femmes qui poussent des cris incompréhensibles.
S’ensuivent une double paire de claques et l’intervention musclée du garde du corps : Jean-
Paul SARTRESSE est happé puis jeté sans ménagement sur le trottoir, où il rejoint
l’enchevêtrement de tubes d’acier et de panneaux de plastique qui fût, peu auparavant, sa
125 cm3 tant aimée.
Fou de colère, il saisit la bombe de peinture et avec le reste de peinture verte, trace sur le
long capot, sur les portières et sur le couvercle du coffre « you two beaches, go home by
your car ! »
Un attroupement se forme, la police intervient et emmène tout le monde au commissariat,
Jean-Paul dans une antique fourgonnette, tandis que les occupants du véhicule suivent dans
la Cadillac.
Les deux actrices de cinéma, après une longue conversation avec leurs avocats de BEVERLY
HILLS, donnent une conférence de presse dans un palace parisien pour annoncer qu’elles
portent plainte pour violation de domicile à cause de l’intrusion traumatisante du jeune
français dans la voiture, pour atteinte à l’intimité de la vie privée parce qu’il est venu
troubler et interrompre des conversations très personnelles entre amies et agressions
sexuelles pour les gestes et attouchements horriblement éprouvants qu’elles ont subis de sa
part. Elles lui réclament, ainsi qu’à son assureur 1.000.000 de dollars U.S.
Au cours de l’enquête de flagrance, les officiers et agents de police judiciaire constatent que
la motocyclette était en parfait état de fonctionnement et régulièrement entretenue. Il n’en
va pas de même pour la Cadillac dont les feux de freinage étaient assurés par des ampoules
de beaucoup trop faible intensité.
Jean-Paul SARTRESSE reconnaît qu’il a oublié de mettre son casque parce qu’il faisait chaud
et qu’il était pressé de se rendre à un cours. Ce qui explique aussi qu’il ait roulé au maximum
de la vitesse autorisée, il affirme être sûr de pas l’avoir dépassée.
Il ne se souvient plus des circonstances du choc et proteste de son innocence pour son
attitude à l’égard des deux femmes : il prétend qu'il n’a fait que les mouvements strictement
nécessaires pour retrouver son équilibre et son stylo, et sortir de la voiture. Il n’a
aucunement cherché à créer cette situation d’extrême intimité et n’a nullement profité de
ces contacts imprévus, dont il ne s’est, d’ailleurs, même pas rendu compte.
Il ne nie pas les inscriptions à la peinture sur la carrosserie de la Cadillac mais excipe de la
légitime défense après les violences commises sur sa personne par le garde du corps. Il porte
d’ailleurs plainte de ce chef.
Des examens psychologiques et psychiatriques font apparaître une personnalité sans
altération de sa conscience et sans perte de contrôle du comportement au moment des
faits. Le second analyste évoque une trame, en filigrane, d’obsessions sexuelles du niveau de
l’adolescence, le premier trouve chez Jean-Paul quelques traits marqués de « don juanisme
juvénile».
L’analyse de son alcoolémie par la technique de l’air expiré fait apparaître un taux de
0,01mg/l et l’analyse d’urine exclut toute consommation récente de stupéfiants.
Son casier judiciaire ne porte mention que d’une condamnation à une peine d’amende pour
avoir franchi un feu rouge en 2002. Les fichiers de police le mentionnent comme impliqué
dans une enquête de 2003 classée sans suite en 2004 et portant sur des faits d’exhibition
sexuelle au cours d’une soirée estudiantine pour fêter son permis de conduire.
Le procureur de la République près le TGI de Paris le convoque devant le tribunal
correctionnel pour y répondre :
- des agressions sexuelles sur les deux jeunes femmes
articles 222-22, 222-27 et 222-44 à 222-48 du code pénal,
- des dégradations commises sur la Cadillac
articles 322-1 alinéas 1 et 2 et 322-15 à 322-18 du code pénal.
Le procureur de la République, puis l’avocat choisi par le prévenu, disposent chacun de 10
minutes pour convaincre le tribunal du bien fondé de ses prétentions, par des réquisitions
et plaidoirie, aussi éloquentes que fondées en droit.