Cone Bryant_sara-La Moitié de Poulet

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Miss Sara CONE BRYANT La Moitié de poulet … Il y avait une fois une Moitié de Poulet qui, à force de travailler et d’économiser, avait amassé cent écus. Le roi, qui avait toujours besoin d'arent, ne l'eut !as !lus t"t a!!ris qu'il vint les lui em!runter, et la Moitié de Poulet était bien fi#re dans les commencements d'avoir !r$té de l'arent au roi. Mais il vint une mauvaise année, et elle aurait bien voulu ravoir son arent. %lle avait beau écrire lettre sur lettre, tant au roi qu'à ses ministres, !ersonne ne lui ré!ondait. & la fin, elle !rit la résolution d'aller cercer elle(m$me ses cent écus, et se mit en route !our le !alais du roi. )emin faisant, elle rencontra un renard. ( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais ce le roi. )ent écus me doit. ( Prends(moi avec toi. ( Point de fa/on je ne ferai. %ntre dans mon cou, je t'y !orterai. Le renard entra dans son cou, et la voilà !artie, toute joyeuse d'avoir fait !laisir au renard. 0n !eu !lus loin, elle rencontra un lou!. ( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais ce le roi. )ent écus me doit. ( Prends(moi avec toi. ( 1u !laisir en aurai. %ntre dans mon cou, je t'y !orterai. Le lou! entra dans son cou, et la voilà !artie encore une fois. )'était un !eu lourd 2 mais la !ensée que le lou! était content de voyaer lui donnait du courae. )omme elle a!!rocait du !alais, elle trouva sur sa route une rivi#re. ( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais ce le roi. )ent écus me doit. ( Prends(moi avec toi. ( 3ien des cares j'ai. 4i tu !eu5 tenir dans mon cou, je t'y !orterai. La rivi#re se fit toute !etite et se lissa dans son cou La !auvre !etite b$te avait bien de la !eine à marcer 2 mais elle arriva !ourtant à la !orte du !alais. 6oc 7 toc 7 toc 7 Le !ortier !assa la t$te !ar son carreau. ( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais ce le roi. )ent écus me doit. Le !ortier eut !itié de la !etite b$te, qui avait un air tout innocent. ( 8a (t'en, ma bellotte. Le roi n'aime !as qu'on le dérane. Mal en !rend à qui s' y frette. ( *uvre toujours, je lui !arlerai. II a mon bien, il me conna9t bien. :uand on vint dire au roi que la Moitié de Poulet demandait à lui !arler, il était à table, et faisait bombance avec ses courtisans. Il se !rit à rire, car il se doutait bien de quoi il s'aissait 2. ( *uvre à ma c#re amie, ré!ondit(il, et qu'on la mette dans le !oulailler. La !orte s'ouvrit, et la c#re amie du roi entra tout tranquillement, !ersuadée qu'on allait lui rendre son arent. Mais, au lieu de lui faire monter le rand escalier, voilà qu'on la m#ne vers une !etite cour de c"té 2 on l#ve un loquet, on le !ousse, et crac 7 ma Moitié de Poulet se trouve enfermée dans le !oulailler. Le coq, qui !iquait dans une é!lucure de salade, la rearda d'en aut sans rien dire. Mais les !oules commenc#rent à la !oursuivre et à lui donner des cou!s de bec. II n'y a !as de  b$tes !lus cruelles que les !oules quand il leu r vient des étrane rs sans défense .

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8/16/2019 Cone Bryant_sara-La Moitié de Poulet

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Miss Sara CONE BRYANT

La Moitié de poulet

… Il y avait une fois une Moitié de Poulet qui, à force de travailler et d’économiser,

avait amassé cent écus. Le roi, qui avait toujours besoin d'ar ent, ne l'eut !as !lus t"t a!!risqu'il vint les lui em!runter, et la Moitié de Poulet était bien fi#re dans les commencementsd'avoir !r$té de l'ar ent au roi. Mais il vint une mauvaise année, et elle aurait bien vouluravoir son ar ent. %lle avait beau écrire lettre sur lettre, tant au roi qu'à ses ministres, !ersonnene lui ré!ondait. & la fin, elle !rit la résolution d'aller c erc er elle(m$me ses cent écus, et semit en route !our le !alais du roi.

) emin faisant, elle rencontra un renard.( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais c e le roi. )ent écus me doit.( Prends(moi avec toi.( Point de fa/on je ne ferai. %ntre dans mon cou, je t'y !orterai.Le renard entra dans son cou, et la voilà !artie, toute joyeuse d'avoir fait !laisir aurenard.0n !eu !lus loin, elle rencontra un lou!.( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais c e le roi. )ent écus me doit.( Prends(moi avec toi.( 1u !laisir en aurai. %ntre dans mon cou, je t'y !orterai.Le lou! entra dans son cou, et la voilà !artie encore une fois. )'était un !eu lourd 2

mais la !ensée que le lou! était content de voya er lui donnait du coura e.)omme elle a!!roc ait du !alais, elle trouva sur sa route une rivi#re.( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais c e le roi. )ent écus me doit.( Prends(moi avec toi.( 3ien des c ar es j'ai. 4i tu !eu5 tenir dans mon cou, je t'y !orterai.La rivi#re se fit toute !etite et se lissa dans son cou La !auvre !etite b$te avait bien

de la !eine à marc er 2 mais elle arriva !ourtant à la !orte du !alais.6oc 7 toc 7 toc 7Le !ortier !assa la t$te !ar son carreau.( *+ vas(tu, Moitié de Poulet ( -e vais c e le roi. )ent écus me doit.Le !ortier eut !itié de la !etite b$te, qui avait un air tout innocent.( 8a(t'en, ma bellotte. Le roi n'aime !as qu'on le déran e. Mal en !rend à qui s'y frette.( *uvre toujours, je lui !arlerai. II a mon bien, il me conna9t bien.:uand on vint dire au roi que la Moitié de Poulet demandait à lui !arler, il était à table,

et faisait bombance avec ses courtisans. Il se !rit à rire, car il se doutait bien de quoi ils'a issait 2.

( *uvre à ma c #re amie, ré!ondit(il, et qu'on la mette dans le !oulailler.La !orte s'ouvrit, et la c #re amie du roi entra tout tranquillement, !ersuadée qu'on

allait lui rendre son ar ent. Mais, au lieu de lui faire monter le rand escalier, voilà qu'on lam#ne vers une !etite cour de c"té 2 on l#ve un loquet, on le !ousse, et crac 7 ma Moitié dePoulet se trouve enfermée dans le !oulailler.

Le coq, qui !iquait dans une é!luc ure de salade, la re arda d'en aut sans rien dire.

Mais les !oules commenc#rent à la !oursuivre et à lui donner des cou!s de bec. II n'y a !as de b$tes !lus cruelles que les !oules quand il leur vient des étran ers sans défense.

8/16/2019 Cone Bryant_sara-La Moitié de Poulet

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La Moitié de Poulet, qui était une !etite !ersonne !aisible et ran ée, abituée c e elleà n'avoir jamais de querelles, se trouva bien effrayée au milieu de tant d'ennemies. %lle courutse blottir dans un coin, et cria de toutes ses forces

( ;enard 7 ;enard 7 sors de mon cou, ou je suis un !etit !oulet !erdu.Le renard sortit de son cou, et croqua toutes les !oules.

La servante qui !ortait à man er au5 !oules ne trouva que les !lumes en arrivant. %llecourut, !leurant, !révenir le roi, qui se f<c a tout rou e.( :u'on enferme cette enra ée dans la ber erie, dit(il.%t, !our se consoler, il fit a!!orter d'autres bouteilles.0ne fois dans la ber erie, la Moitié de Poulet se vit encore !lus en !éril que dans le

!oulailler. Les moutons étaient les uns !ar(dessus les autres, et mena/aient à c aque instant del'écraser sous leurs !ieds. %lle était enfin !arvenue à s'abriter derri#re un !ilier, quand un ros bélier vint se couc er là et faillit l'étouffer dans sa toison.

( Lou!, cria(t(elle, Lou!, sors de mon cou, ou je suis un !etit !oulet !erdu.Le lou! sortit de son cou, et, en un clin d’=il, étran la tous les moutons..La col#re du roi ne connut !lus de bornes quand il a!!rit ce qui venait de se !asser. II

renversa les verres et les bouteilles, fit allumer un rand feu, et envoya c erc er une broc e àla cuisine.

( > , la scélérate 7 s'écria(t(il, je vais la faire r"tir !our lui a!!rendre à tout massacrer c e moi.

*n amena devant le feu la Moitié de Poulet, qui tremblait de tous ses membres, et déjàle roi la tenait d'une main et la broc e de l'autre, quand elle se dé!$c a de murmurer.

( ;ivi#re, rivi#re, sors de mon cou, ou je suis un !etit !oulet !erdu.La rivi#re sortit de son cou, étei nit le feu et noya le roi avec tous ses courtisans.La Moitié de Poulet, restée ma9tresse du !alais, c erc a en vain ses cent écus ? ils

avaient été dé!ensés, et il n'en restait trace. Mais, comme il n'y avait !lus !ersonne sur letr"ne, elle monta dessus à la !lace du roi, et le !eu!le salua son av#nement avec de rands crisde joie. II était enc anté d'avoir une reine qui savait si bien économiser...