Conduire des essais fourragers au champ ne s’improvise pas !
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Conduire des essais au champ,ne s’improvise pas
Jean‐Paul COUTARDResponsable de la Ferme expérimentale de
Thorigné d’Anjou (49)
De nombreux essais conduits en agriculture biologique
Les prairies à flore variéeplusieurs graminées et plusieurs légumineuses
Les associations céréales protéagineuxrécoltées en fourrages et en grain
Les légumineuses de faucheLes implantations de prairies sur couvert
Mais aussi
Les fourrages intercalairesL’entretien des prairiesLes protéagineux
Nous ont permis d’affiner la conception des dispositifs
Formuler les objectifs avec précisionLe terme d’essai est souvent utilisé abusivement :
A quelles questions veut‐on répondre ?Les questions sont‐elles importantes ? A quel point de vue ?Quel est l’état des connaissances sur le sujet ?Quels sont les facteurs étudiés ?
Un essai ce n’est pas un patchwork de modalités
Choisir le dispositif expérimentalLe dispositif Bloc est le plus fréquent dans les essais fourragersIl est nécessaire de décrire avec précision :
le ou les facteurs étudiésles modalités expérimentales et les variables mesurées
Et d’écarter suffisamment les modalités ;pour espérer mettre en évidence une différence significative
Les modalités expérimentales comparées :ne devront différer que par un seul facteur à la foisde façon à être en capacité d’expliquer les écarts constatés
Dans le cas des associations graminées ‐ légumineuses :prairies à flore variée, associations céréales ‐ protéagineux faire des assemblages c’est associer des fonctions complémentairesIl faut donc répondre aux questions suivantes : quelle fonction veut‐on tester ? avec quels moyens ?
Choisir le nombre de répétitions
Le nombre de blocs ou répétitions est fonction :• de la différence entre modalités intéressante à mettre en évidence• des risques d’erreur que l’on accepte de prendre• de la variabilité du matériel expérimental• des contraintes pratiques
L’expérimentateur prend deux types de risque :• de 1ère espèce : conclure à une différence qui en réalité n’existe pas
Classiquement fixé à 5%• de 2ème espèce : ne pas déceler une différence qui en réalité existe
Le complément = Puissance de l’essai
Choisir le nombre de répétitionsDans les essais concernant les fourrages :• La variabilité est souvent importante
CV (ETR en % de la moyenne) fréquemment de 8 à 10%• Dans ces conditions, la différence que l’on peut mettre en évidence
9 fois sur 10 avec 4 répétitions est de 25 à 30% (Philippeau, 1984)
Les conséquences :• bien réfléchir les modalités pour en limiter le nombre• écarter suffisamment les modalités• conduire en 4 blocs
En cas d’aléas sur un bloc, tenter analyse statistique sur 3 blocs
A l’intérieur des blocs les modalités sont randomisées
à Thorigné d ’Anjou les essais sont systématiquement conduits en 4 blocs
Choisir les parcelles avec précaution :Sur des sols homogènes • Nature, profondeur, potentiel• Des précautions :
un regard sur la carte géologique, des sondages à la tarière ou à la bèche
Une caractérisation de la flore initiale sur prairies permanentesUne analyse de sol initiale (physique et chimique)
pH, MO, N total, C/N, P2O5, K2O, CaO, MgO, CEC Metsonvérifier l’absence de facteur limitant majeur
Des blocs placés perpendiculairement au gradient de fertilitéEloigner les essais des haies (ombre, système racinaire)Protéger les essais des intrusions
à Thorigné d’Anjou : une absence d’essai pendant les 4 années précédentes
Choisir la taille des parcellesDans les essais conduits en fauche :• des parcelles élémentaires de 3 m x 10 m (en jalonnant à 3,20 m de large)Plusieurs avantages :• utiliser du matériel classique d’exploitation• mesurer le rendement sur une surface significative
10 x 1,5 m soit 15 m² avec une récolteuse d’essai• s’affranchir des effets de bordure• réaliser des mesures analytiques sur placettes
Peuplements, compositions botaniques,… Des allées entre blocs :• pour facilement circuler entre blocs avec le matériel• semées en herbe et broyées pour limiter le développement des adventicesDans les essais pâturés• pour se rapprocher des conditions réelles d’utilisation
piétinement, bouses et pissats• des parcelles plus grandes (12 x 18 m par ex)
Exemple de dispositif bloc
7 modalités4 blocsParcelles élémentaires
3 m x 10 m
Longueur 80 mLargeur 32.4 mSurface 2592 m²
8 m
B4 B4 B4 B4 B4 B4 B4
8 m
B3 B3 B3 B3 B3 B3 B3
8 m
B2 B2 B2 B2 B2 B2 B2
8 m
5m B1 B1 B1 B1 B1 B1 B1 5m
8 m
Gradientde
fertilité
Les autres choixLe rythme d’exploitation (pâturage vs fauche) en fonction :• du mode d’exploitation envisagé• des modalités testées
La durée de l’essai en fonction :• des objectifs de l’essai,• du type de prairie implanté
Sur les prairies de longue durée :• avec un suivi de l’évolution de la composition prairiale• une durée de 4 ans constitue un bon compromis
au‐delà risque de se diversifier
La mesure du rendementA chaque cycle sur prairiesAvec :• Récolteuse d’essai fourrage
temps de récolte approximativement divisé par 3 / motofaucheuse• Motofaucheuse
sur associations céréales protéagineux (végétation trop haute)Vérification de la longueur récoltée impérative Mesure du taux de MS :
pesée échantillon vert le plus rapidement possible (balance précision 1 g) séchage étuve (105° ‐ 24H)stockage au congélateur si étuve non immédiatement disponiblepesée échantillon secl’utilisation de sacs micro‐perforés facilite les manipulations
Mesure de la hauteur après coupe :avec un herbomètre à plateau (10 mesures par parcelle élémentaire)vérifier si fauche réalisée à la hauteur souhaitée
La mesure de la composition botaniquePertinente dans les essais concernant les associations végétales
prairies à flore variée, associations graminées légumineuses, associations céréales – protéagineux
L’évaluation à chaque cycle de la composition pondérale en % MS tri d’une placette représentative (0.5 m x 0.5 m)graminées, légumineuses, diversesséchage des composantes à l’étuve (24 H ‐ 105°)
Dans les essais concernant les prairies à flore variéecomposition pondérale détaillée, avec la même méthodologietri des espèces semées + diverses chaque année au 2ème cycle
Mesures chronophages :environ 35 minutes pour une composition simplifiéeenviron 2 H 30 pour une composition détailléesaisie des résultats sur support informatique comprise
L’évaluation visuelle du % de légumineuses n’est pas fiable
La prédiction de la valeur alimentaireLorsque cela s’avère pertinent / objectifs de l’essai
Des prélèvements sur chaque modalité :¼ dans chaque bloc
Les analyses de laboratoire concernent au minimum :MS, MM, MAT, CB, P, Cala digestibilité enzymatique à la pepsine cellulase pour prédire la dMO
Les valeurs :énergétiques (UFL, UFV), azotées (PDIN ,PDIE), d’encombrement (UEB, UEL) sont prédites conformément aux recommandations INRA 2007les teneurs en P et Ca sont exprimées en minéral absorbable
En intégrant le % de légumineuses
La prédiction des valeurs alimentairesLes échantillons peuvent être envoyés au laboratoire :• congelés• après séchage à l’étuve à 60° pendant 72 H
température conseillée pour éviter des réactions de Maillard
Dans le cas des associations céréales ‐ protéagineux :• analyse séparée des constituants (de 2 à 4)• valeur nutritive calculée au prorata de la contribution pondérale de chacun
des constituants : hypothèse d’additivité des valeurs.• approche permettant de quantifier l’incidence des protéagineux
sur la valeur de la céréale associée
Les hauteurs d’herbe
Avec un herbomètre à plateau :• avant fauche • après coupe• après pâturage
Elles peuvent être utilisées :• pour caractériser les modalités expérimentales• pour un suivi de la cinétique d’évolution des hauteurs d’herbe
En aucun cas elles ne devront être utilisées pour évaluerdes écarts de rendement entre modalités expérimentales
La qualité d’implantationLe semoir doit être réglé avec précision :• les quantités réellement semées doivent être contrôléesLe contrôle des taux de levée est problématique sur prairies :• nous cherchons actuellement à finaliser une méthode d’évaluation Sur associations céréales ‐ protéagineux les peuplements :• nb pieds, nb d’ épis sont mesurés en post levée et au stade floraison des
céréales (avec calcul du taux de levée et du taux de tallage des céréales)• sur une placette de 3 rangs x 1.5 m Sur prairies des notations de recouvrement :• au printemps de l’année 1, pour caractériser la qualité d’implantation• note sur 6 points pour les graminées, légumineuses, diverses, sol nu• sur un quadra de 0,5m x 0,5m• à réaliser par 3 notateurs pour plus de sécurité
Les autres mesures et enregistrementsUne analyse des conditions météorologiques :• est indispensable• la pluviométrie doit être enregistrée sur site• les données de températures et d’ETP peuvent provenir d’une station
météorologique proche• un calcul du bilan hydrique simplifié (f : RU, pluviométrie et ETP)
informations sur les phases de déficit hydrique et d’excès d’eau
Les autres enregistrements :• le précédent, les itinéraires culturaux, les modalités de semis• la fertilisation et les amendements• les maladies et ravageurs peuvent faire l’objet de notations qualitatives
Réaliser l’interprétation des résultats
Vérifier les données pour faire la chasse aux erreurs :de saisiede calculs
L’analyse statistique comprend :des analyses de variancedes tests de comparaison de moyennele calcul de la puissance de l’essai
L’ écart type résiduel et le CV :donnent une évaluation de la variabilité de l’essai
La répétition des essais
Il est très imprudent de conclure sur les bases d’un seul essai
Les conditions de milieu influencent fortement les résultats
La répétition et le regroupement des essais :• permettent d’évaluer les solutions robustes• au minimum 3 répétitions pour les essais annuels
Les moyens nécessaires
il faut s’assurer de disposer des moyens nécessaires :matérielshumainsfinanciers
Cela conduit à réaliser une prévision réaliste :du temps nécessairedu budget
L’ensemble des considérations évoquéesconstituent les composantes du protocole