COMPTES-RENDUS · - 3 - Jacques Pradel : Démontrer que les gens sont irradiés par la nature :...

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Peut-on réussir le passage à une nouvelle ère nucléaire ? L L u u n n d d i i 1 1 8 8 m m a a i i 2 2 0 0 0 0 9 9 A Am m p p h h i i t t h h é é â â t t r r e e L L a a v v o o i i s s i i e e r r C C e e n n t t r r e e U U n n i i v v e e r r s s i i t t a a i i r r e e d d e e s s S S a a i i n n t t s s - - P P è è r r e e s s , , P P a a r r i i s s . . COMPTES-RENDUS La radioactivité naturelle. Les voies difficiles de la transparence. Les déchets radioactifs des centrales nucléaires. L’écologie, science ou idéologie ? Le cas du nucléaire. Biais en recherche et aberrations administratives.

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COMPTES-RENDUS

La radioactivité naturelle.

Les voies difficiles de la transparence.

Les déchets radioactifs des centrales nucléaires.

L’écologie, science ou idéologie ? Le cas du nucléaire.

Biais en recherche et aberrations administratives.

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Remerciements Nous tenons à remercier, pour leurs encouragements et leur soutien

. - L’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) - L’Assistance Publique–Hôpitaux de Paris (AP-HP) - La Mairie de Paris, - La Société Française de l’Energie Nucléaire (SFEN), - Le World Council of Nuclear Workers (WONUC).

Nous exprimons toute notre reconnaissance aux orateurs pour la qualité de leur exposé, ainsi qu’au personnel Logistique du Centre Universitaire des Saints-Pères pour leur compétence.

Nicole Colas-Linhart Anne Petiet Françoise Guiraud-Vitaux

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Jacques Pradel : Démontrer que les gens sont irradiés par la nature : c’est pas bon pour les antinucléaires, et cela ne va pas dans le sens de ce qu’ils souhaitent.

Nous entendons parler que du plutonium des retombées d’Hiroshima-Nagasaki, de celui des essais nucléaires, mais il a bien du plutonium créé par la nature et cela me semble une bonne chose de le dire en matière de communication. On nous accuse de jouer aux apprentis sorciers en fabriquant du plutonium, et bien non, la nature le fait aussi. Bruno Comby : Nulle part au monde, il a été montré que la radioactivité naturelle était dangereuse pour la santé. Au contraire, il semble qu’il y ait une sorte de règle : aux doses naturelles et y compris jusqu’aux doses naturelles les plus élevées, la radioactivité soit n’a pas d’effet, soit n’a que des effets bénéfiques. Francis Sorin : Une des figures historiques du mouvement antinucléaire français, le pape de la contestation antinucléaire Roger Belbéoch, a dit dans une interview et dans plusieurs articles que si les faibles doses, soit en dessous de 50-100 mSv, n’ont pas d’effet sur la santé, si cela est prouvé, alors le nucléaire pourrait devenir tout à fait acceptable. Jacques Foos : En France, l’industrie nucléaire a été la première à avoir établi à la fois une culture de sûreté et une culture du déchet, issues de la conscience d’une dangerosité potentielle. Il serait très bon pour la sécurité et la santé des citoyens que cette culture soit reprise par d’autres industries, notamment chimiques. En tant que citoyen, j’attends un inventaire national de tous les déchets industriels, qui je le rappelle, sont 2500 fois plus importants que les déchets radioactifs générés.

Jean-Pierre Gérard : On nous demande toujours d’aller au risque 0, or le risque 0 n’existe pas, tout comme les fantômes. C’est à ceux qui croient aux fantômes de démontrer leur existence et non pas à ceux qui n’y croient pas. De même, c’est à ceux qui croient au risque 0, de démontrer qu’il existe. Comme il n’y arriveront pas, il disparaîtra peut être.

Luc foulquier Aujourd’hui, face au « danger climatique » les arguments des antinucléaires ne tiennent pas. Et pourtant, c’est le « sortir du nucléaire » qu’ils mettent en avant et non le « sortir du pétrole » ! Comprenne qui pourra ! Jacques Frot : La peur irrationnelle se vend bien, la raison sereine n’intéresse personne. Henri Lehn : Tchernobyl est d’abord une affaire typiquement soviétique et à chaque fois que nous voulons raisonner «occidental», logique, cartésien sur une affaire soviétique, nous avons faux, tout faux. Maurice Tubiana : Nous pourrons sortir de toute cette peur d’innovation scientifique qu’en développant les mêmes moyens que ceux qui l’ont créée. Pierre Galle : Il faut se souvenir que le sievert est une unité qui a été conçue pour les besoins et la gestion de la radioprotection, dans ce cadre, il est extrêmement utile et il ne faut rien changé. Par contre, nous avons fait un cadeau aux antinucléaires : c’est d’utiliser ce sievert pour évaluer les risques.

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Sommaire

La radioactivité naturelle

Jacques Pradel Introduction de la journée……………………………………………. 5 Jacques Pradel Nicole Colas-Linhart

La radioactivité, c’est naturel !……………………………………….

6

Bruno Comby

Mesures dans des zones à forte radioactivité naturelle : Guarapari et Ramsar…………………………………………………

12

Discussion……………………………………………………………..

22

Les voies difficiles de la transparence

Emmanuel Grenier

Les alertes dans les médias en 2008-2009………………………..

24

Francis Sorin

L’avis sur le suivi écologique des eaux autour des installations nucléaires………………………………………………………………

31

Discussion……………………………………………………………..

33

Les déchets radioactifs des centrales nucléaires

Jacques Foos

Les différentes classes de déchets…………………………………

34

Bernard Faucher

Le passé, un modèle pour le futur ?………………………………..

45

Gérald Ouzounian

L’Europe et le stochage des déchets radioactifs………………….

51 Discussion………………………………………………………………

57

Luc Foulquier L’écologie, science ou idéologie ? Le cas du nucléaire 59 Biais en recherche et aberrations administratives

Gérard Milhaud

Historique de l’abaissement des normes médicales………………

67

Jean-Pierre Gérard

Quand les normes entravent la santé………………………………

72

Odile Fajon Yvon grall

Principe de précaution, esprit scientifique et gestion efficace……

77

Nicolas Foray

Artéfacts en Radiobiologie……………………………………………

84 Pierre Galle Henri Lehn Maurice Tubiana

Discussion et conclusions de la journée…………………

93

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Introduction de la journée

Jacques Pradel

Ancien Inspecteur Général au CEA Ancien président de la Société Française de Radioprotection

La terre est une planète radioactive. Si cette radioactivité au moment de l’apparition de la vie avait été nocive parce que stérilisante, la terre serait totalement vide. Nous ne pouvons pas échapper à cette exposition naturelle toujours omniprésente. La radioactivité naturelle peut nous fournir des bornes qui devraient nous permettre d’éviter les gaspillages auxquels peut conduire l’application sans discernement du principe de précaution à des expositions dérisoires correspondant parfois à moins de l’exposition naturelle, donc sans aucune conséquence pour la santé et l’environnement. Les antinucléaires entretiennent l’idée du mensonge et de la dangerosité de l’industrie nucléaire, ce qui permet d’alimenter leur fond de commerce et malheureusement, l’industrie nucléaire plaide « coupable ». Comparer les doses de radioactivité naturelle à celles de la radioactivité artificielle, ce n’est pas vraiment rentable pour ces écologistes intégristes. Nous nous devons de parler de l’exposition naturelle, car il n’y a pas que des intégristes chez les écologiques, et il reste un public honnête et sérieux que nous nous devons d’informer

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La radioactivité c’est naturel !

Jacques Pradel

Ancien Inspecteur Général au CEA Ancien président de la Société Française

de Radioprotection

Nicole Colas-Linhart MCU-PH Biophysique

UFR de Médecine, site Bichat Université Paris Diderot Paris 7

Nous sommes tous immergés dans un océan de radiations ionisantes. La terre, dès sa formation il y a 4,5 milliards d'années, contenait des radionucléides. Ce qui n’a pas empêché l’apparition de la vie, il y a environ 3,9 milliards d'années. A ce moment le niveau de radioactivité naturelle était environ 5 à 10 fois supérieur au niveau actuel. Ce qui a également favorisé la création de réacteurs naturels, comme ceux d’Oklo, dont je vous parlerai [diapo 1]. Je rappellerai que l’irradiation naturelle est à l’origine de plus de 70% des rayonnements auxquels nous sommes soumis quotidiennement. L’avantage de la radioactivité naturelle est qu’elle met à notre disposition des repères très utiles pour gérer les problèmes posés par la radioactivité artificielle, d’en apprécier l’ampleur, et de les hiérarchiser du point de vue des risques sanitaires. Bien sûr, il y a des becquerels partout et c’est une unité microscopique ! [diapo 2] Le repère n° 1 est la radioactivité de la croûte terrestre. Avant la solidification de la terre, les primordiaux étaient répartis de façon homogène. Puis au cours du refroidissement ils se sont concentrés dans la croûte terrestre (à environ 50 km sous les continents et 20 km sous les océans). Aujourd’hui, les principaux « lourds » sont les uraniums 238 (T=4,47.109 années) et 235 (T = 7.108

ans) ainsi que le thorium 232 (T = 1,41.1010 ans). Ils sont associés chacun à une douzaine d’éléments radioactifs issus des désintégrations successives : les descendants. Le thorium 232 a eu une petite actualité dernièrement : on en a retrouvé dans une usine abandonnée de briquets, ce qui a beaucoup inquiété M. Borloo. Parmi les éléments légers, citons le potassium 40 (T = 1,28.109 ans) présent à une teneur de 0,01% dans le potassium stable, élément indispensable à la vie. [diapo 3]. La diapo 4 présente la radioactivité moyenne de la croûte terrestre en Bq/kg au moment de la formation de la terre et de nos jours. On peut noter que les générations futures ne manqueront pas d’énergie. Le sol de France contient, sur une épaisseur de 1 mètre, un million de tonnes d’uranium et 3 millions de tonnes de thorium dispersés inégalement sur une surface totale de 550 000 km2. L’exposition externe moyenne pour la population due à ces primordiaux est d’environ 0,4 millisievert (mSv) par an. Mais, cette dose est très variable selon la teneur en uranium des sols. Dans la mine de Cigar Lake (Canada), elle atteint 1 à 2 mSv/heure. Les aberrations de certains textes « scientifiques » actuellement publiés, nous obligent à ajouter un commentaire sur le potassium 40. Suivant les structures géologiques, 20 à 75% de la radioactivité des roches est due au potassium 40. En raison de son ubiquité et de son émission bêta, gamma, le potassium 40 contribue, pour une part importante, à l’exposition externe et à l’exposition interne de tous les habitants de la planète. Le corps humain en contient environ 4 500 Bq. Les activités massiques en Bq/kg sont de 70 dans le lait, 150 dans les pommes de terre et 80 dans les fruits. Une étude alarmiste parue en 2008 concerne les engrais phosphatés d’origine naturelle dont l’activité massique en 40K est de 50 à 5 000 Bq/kg. Les auteurs soulignent que les conséquences de l’irradiation sur la santé des fermiers

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n’ont pas été étudiées mais suggère une nocivité par les feuilles de tabac cultivées avec ces engrais. Peut-on supposer que le risque principal lié au tabac serait la radioactivité ? [diapo 5]. Ajoutons que les feuilles de tabac contiennent aussi du polonium 210. Le 2ème repère est constitué par le radon 222 et ses descendants à vie courte. Dans la famille de l’uranium 238, on note un élément gazeux important : le radon 222 (T = 3,8 j). Il est issu du radium 226 (T = 1 617 ans). Dans l’atmosphère, les atomes de radon se désintègrent pour donner des descendants solides radioactifs à période courte qui se fixent sur les noyaux de condensation et les poussières de l’air. La diapo 6 montre les ordres de grandeur des concentrations en différents lieux. Dans les maisons en France, la concentration moyenne est de 66 Bq/m3 avec des valeurs très différentes en fonction de la nature du terrain, de l’étanchéité, de la construction. La concentration moyenne de 66 Bq/m3 correspond à une exposition de 1 mSv/an pour une personne exposée en permanence. Régulièrement et de façon répétitive, des enquêtes épidémiologiques s’évertuent à démontrer des risques de cancer du poumon dus au radon à de faibles expositions. La dernière contribution provient de l’IRSN qui prône la validité de la RLSS pour le radon ! Ceci à partir des données obtenues chez les mineurs, en extrapolant le nombre réel de morts par cancers pulmonaires. Mais, d’autres facteurs peuvent intervenir dans l’induction de ces cancers, le tabac, l’alcool, la présence de matériaux comme la silice.[diapo 7] Le 3ème repère. Les descendants à vie longue du radon : le polonium 210 Le radium 226 injecte annuellement dans l’atmosphère, 1,7 milliard de Ci soit 63 EBq de radon 222. Il en résulte une pollution naturelle par les descendants naturels à vie longue, le plomb 210 (T = 19 ans) et le polonium 210 (T = 138 jours). Ce dernier s’accumule sur le sol pour aboutir à une contamination permanente et omniprésente de l’ordre de 5 000 Bq/m2. Un atome de radon donne un atome de polonium. La radiotoxicité du polonium est très forte (groupe I) par rapport à celle du césium 137, d’origine artificielle, qui est modérée (groupe III). Il existe donc, une source éternelle de polonium dont la toxicité est évaluée à celle de 13 tonnes de plutonium 239 en France, ce dernier étant perçu comme extrêmement dangereux. Rappelons que le plutonium existe aussi à l’état naturel, même si il est principalement d’origine artificielle (explosions nucléaires aériennes). Par exemple, dans la mine d’uranium d’Arlit au Niger, l’action des rayonnements cosmiques sur l’uranium contenu dans le sol, produit en permanence du plutonium naturel [Diapo 8]. Les retombées du polonium sont majorées lors des éruptions volcaniques. En 1976, Gérard Lambert a découvert, lors d’une campagne à l’Etna, que le magma en fusion émettait non seulement du radon gazeux mais aussi ses descendants sous forme de sels volatils. On a pu ainsi estimer à 50 000 curies (1,85.1015 Bq) l’activité de polonium 210 injectée chaque année dans l’atmosphère par les volcans [diapo 9]. Que faire devant cet énorme désastre écologique ? Je propose de lancer cette pétition publiée dans Fusion [diapo 10]. Le repère 4 : les radionucléides cosmogéniques. Le rayonnement cosmique provoque des expositions :

- directes par action du rayonnement sur l’homme. La dose est de 0,4 mSv/an au niveau de la mer, doublant environ tous les 1500 mètres, - indirectes par la création d’éléments radioactifs dans l’atmosphère dits cosmogéniques : carbone 14, tritium, bérylium etc.

Le corps humain contient environ 3 700 Bq de carbone 14. Dans les végétaux, le taux moyen est d’environ de 250 Bq/kg (ce qui accroît la radioactivité corporelle naturelle en cas de régime végétarien !). Ces chiffres proviennent d’un article de

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Jean Luc Pasquier, « Radioactivité et aliments » dans Santé et Rayonnements ionisants (2001) [diapo 11]. La diapo 12 illustre la variation avec l’altitude de l’équivalent de dose due aux rayonnements cosmiques. Les 3 villes ne sont évidemment pas à la même latitude géomagnétique. Depuis 2008, de nombreux articles et présentations s’attachent à évaluer des risques supposés sous-estimés liés aux expositions au tritium. Celui-ci ne contribue qu’à moins d’1% à la radioactivité annuelle des sols français. Pourquoi un tel regain d’intérêt ? Il est bien sûr lié à un contexte politico-économique qui prône mondialement le redémarrage du nucléaire. Pas moins de 34 réacteurs sont en construction dans le monde et 220 sont en projet, sur un total de 440 en fonctionnement. L’industrie française en pointe sur ce sujet, ne peut que s’en féliciter. Et, parallèlement les antinucléaires se déchaînent ! Mais pourquoi les autorités du nucléaire, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) met-elle en place une commission spéciale d’étude sur la toxicité présumée du tritium, en entretenant ainsi des doutes et des interrogations ? [diapo 13]. Bien sûr, les médias reprennent ces informations alarmistes surtout si elles proviennent d’autorités du nucléaire ! La diapo 14 montre un article du Canard Enchaîné

qualifiant le tritium, qui je le rappelle est un émetteur - pur, d’énergie max. de 18.6 keV, « d’élément fort irradiant » ! La première origine du tritium est naturelle : chaque année, 150 à 200 grammes de tritium sont formés par l’action conjuguée des rayons cosmiques et du soleil. La deuxième origine est artificielle issue des rejets mondiaux de l’industrie nucléaire, représentant un quart de la quantité du tritium naturel. Les chiffres de ces rejets proviennent de l’UNSCEAR 1993. Le tritium demeure le moins radiotoxique des radionucléides. Son facteur de dose par ingestion est des milliards de fois inférieur à celui du potassium 40 [diapo 15]. Pourquoi ajouter un s à EBR (efficacité biologique relative) du tritium ? Ce titre est emprunté à une diapo présentée à la réunion « Nucléaire et Santé » janvier 2009. La Commission Internationale pour la Protection Radiologique (CIPR) continue à recommander un facteur de pondération WR unique à 1 pour le tritium incorporé sous forme d’eau tritiée. Ceci en réponse au rapport AGIR (Health Protection Agency) en 2007 favorable à une majoration de l’EBR dans la cellule à 2. Il est évident que si on majore selon les cas l’EBR, il finira bien par devenir toxique ! Sa prise en compte pour l’impact sur les populations deviendrait primordiale si au cours des prochains siècles, la terre était peuplée de réacteurs à fusion ! [diapo 16]. Le repère n°5 concerne l’exposition totale. Toutes les expositions naturelles s’ajoutent et l’exposition moyenne mondiale est d’environ 2,4 mSv/an avec des valeurs extrêmes parfois 150 fois supérieures comme au Ramsar en Iran (environ 400 mSv/an). Ce point sera traité par Bruno Comby. En France, l’exposition naturelle est fort variable suivant les régions. Nous avons défini les principaux repères naturels et nous allons donner quelques exemples d’utilisation de ces repères pour apprécier les effets sur la santé de situations d’exposition naturelle ou accidentelle. Ces repères doivent être utilisés de façon spécifique selon les cas étudiés. Dans le cas d’un contamination de l’environnement, les valeurs seront comparées à celles du repère 1 (croûte terrestre), du repère 3 (descendants du radon à période longue) et du repère 4 (radionucléides cosmogéniques)[diapo 17]. 1- Cas du césium 137 émis par l’accident de Tchernobyl en1986. On peut rappeler que le césium 137, qui a dans l’environnement un comportement assez semblable à celui du polonium 210, présente une toxicité par ingestion, en Sv/Bq, 90 à 700 fois moindre que celle du polonium. Donc, la contamination permanente de polonium 210, égale à 5 kBq/m2, présente une toxicité par ingestion

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comparable à celle d’une retombée de césium 137 d’activité de 450 kBq/m2 à 3,5 MBq/ m2. Ces derniers chiffres sont à comparer au 1 kBq /m2 mesurés en France en 1986 et aux 5 kBq/m2 à Helsinki [diapo 18]. 2-Cas des rejets de la centrale de retraitement de la Hague. L’exposition maximale totale des groupes de référence a été évaluée à 0,01 mSv/an pour les rejets. Cette dose correspond à :

- la dose naturelle supplémentaire si l’on déménage pour vivre dans un appartement situé 75 m plus haut, - la dose évitée si l’on sort de sa maison (1 kBq/m3 de radon toléré) pour respirer l’air extérieur pendant 6 heures chaque année, - la dose reçue lors d’un vol Paris-New York (aller simple) [diapo 19].

3- Cas particulier des stockages de déchets de haute activité On peut ici utiliser le repère 6, le cas particulier des réacteurs d’Oklo. Au Gabon, il y a environ 2 milliards d’années, de riches gisements d’uranium ont permis la création spontanée d’une quinzaine de réacteurs naturels qui ont fonctionné plusieurs millions d’années. Ces réacteurs à eau ordinaire ont pu exister car à l’époque l’uranium naturel était beaucoup plus riche en uranium 235 et constituait ainsi un combustible ne nécessitant pas d’être enrichi. De plus, la nature a su limiter la migration des déchets, ce qui constitue une leçon pour le présent, M. Faucher en parlera certainement plus tard. Un dernier commentaire concernant ces réacteurs que m’a proposé Jacques Pradel : l’utilisation de l’uranium dans les centrales va diminuer les quantités d’uranium naturel. Ce dont devrait se réjouir les antinucléaires ! [diapo 20] En conclusion, je citerais intégralement Jacques Pradel: « La radioactivité naturelle comme source de repères devrait permettre de faciliter le travail des décideurs des ressources de la nation et d’éviter les gaspillages auxquels peut conduire l’application sans discernement du principe de précaution à des expositions dérisoires sans aucune conséquence pour la santé et l’environnement ». [diapo 21] Je vous cite pour terminer quelques titres d’articles de J. Pradel, à lire sans modération : 1- La confession d’un nucléocrate : comment j’ai caché des dizaines de tonnes de plutonium. (Fusion n°72, 1998) 2- Faut-il en rire ou évacuer la planète ? (RGN n° 6, 2000) 3- L’intégrisme écologique n’atteint-il pas le comble du ridicule avec les très faibles doses et le rejet zéro ? (RGN n°5, 1998) [diapo 22].

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diapo 1 diapo2

La radioactivitLa radioactivitéé, ,

cc’’est naturel !est naturel !

Jacques Jacques PradelPradel

Nicole ColasNicole Colas--LinhartLinhart

La radioactivitLa radioactivitéé naturelle :naturelle :

une source de repune source de repèères.res.

Il y a des becquerels partout, c’est une

unité microscopique.

1 Bq correspond à

80 µg d’uranium 238

50 ng de radium 226

0,4 ng de plutonium 239

diapo 3 diapo 4 RepRepèère nre n°°1 :1 :

radioactivitradioactivitéé de la crode la croûûte terrestrete terrestre

Les radionucléides primordiaux.

Éléments légers

40K (1,28 109 ans)

Éléments lourds

235U (7 108 ans)238U (4,4 109 ans)

232Th (1,4 1010 ans)

Répartition

homogène

Répartition

hétérogène

La radioactivité moyenne de la croûte

terrestre en Bq/kg :

L’exposition externe moyenne pour la population est d’environ

0.4 mSv/an. Elle varie en fonction de l’uranium présent : à Cigar

Lake (Canada), les expositions peuvent atteindre 1 à 2 mSv/h. diapo 5 diapo 6

Le potassium 40, flLe potassium 40, flééau actuel.au actuel.

Il est présent à une teneur de 0,01 % dans le

potassium stable, élément indispensable à la vie. Le

corps humain en contient environ 4500 Bq

Activités massiques :

Lait : 70 Bq/kg

Pommes de terre : 150 Bq/kg

Fruits : 80 Bq/kg

Engrais phosphatés : 50 à 5000 Bq/kg étude alarmiste parue en 2008.*

Bientôt le risque principal lié au tabac sera la radioactivité !

* K. Aem et al. Radiat. Measurements. 2008. 48 (9) : 1402-1407.

Repère n°2 :le radon et ses descendants à période courte

66 Bq/m3 correspond à une exposition de 1 mSv /an pour

une personne exposée en permanence. diapo 7 diapo 8

RepRepèère nre n°°2 :2 :le radon et ses descendants le radon et ses descendants àà ppéériode riode

courtecourte

Régulièrement et de façon répétitive les enquêtes

épidémiologiques s’évertuent à préciser le risque

du cancer du poumon pour de faibles niveaux

d’exposition au radon. Elles s’appuient sur les

cancers réels des mineurs de l’uranium et en

utilisant la relation linéaire sans seuil, les risques

sont démontrés !

RepRepèère nre n°°3 :3 :le radon et ses descendants le radon et ses descendants àà ppéériode riode

longue : le polonium 210longue : le polonium 210

radium 226 (1617 ans)

Injection annuelle dans l’atmosphère de 1,7 109 Ci (soit 6,3 1019Bq) de radon 222 (3,8 j)

Retombées au niveau terrestre de plomb 210(19,4 ans), bismuth 210 (5 j) et de polonium 210 (138 j)

Source éternelle de 210Po dont la toxicité est évaluée à celle de 13 tonnes de 239Pu en France.

J diapo 9 diapo 10

Les Les ééruptions volcaniquesruptions volcaniques

Éruption du Pinabuto en 1991

Émission de radon et

de ses descendants

sous forme de sels

volatils

On estime à 5.104 Ci

(1.85.1015Bq) de 210Po

rejetés annuellement

par les volcans .

PPéétition pour ltition pour l’’interdiction des interdiction des

volcans.volcans.

Que font les écologistes devant cet

énorme désastre écologiste produit par

l’éruption d’un volcan qui crache des

tonnes et des tonnes de gaz nocifs ?

diapo 11 diapo 12 RepRepèère nre n°°4 :4 :

Les radionuclLes radionuclééides ides cosmogcosmogééniquesniques

Le rayonnement cosmique

provoque des expositions :

1- directes par action du

rayonnement sur l’homme

(0,4 mSv/an au niveau de la

mer, x 2 tous les 1500 m),

2- indirectes par création

d’éléments radioactifs

(cosmogéniques) dans

l’atmosphère (14C, 7Be, 3H…).

Le corps humain contient environ 3700 Bq de 14C, les

végétaux ont un taux moyen de 250 Bq/kg.

RepRepèère nre n°°4 :4 :Les radionuclLes radionuclééides ides cosmogcosmogééniquesniques

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4

Altitude (km)

Eq

uiv

ale

nt

de d

ose e

ffecti

f (m

Sv/a

n)

Variation avec l’altitude de l’équivalent de dose du aux

rayonnements cosmiques (particules chargées) à la latitude

géomagnétique de 50°.

St Etienne

Chamonix

Mexico

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11

diapo 13 diapo 14

Le tritium, encore un nouveau flLe tritium, encore un nouveau flééau !au !

La radioactivité annuelle des sols français est évaluée à 1500

Bq/kg attribuable pour :

- 40 % à l’238U et ses produits de filiation,

- 26 % au 232Th et ses produits de filiation,

- 20 % au 40K,

- 1 % au 3H et au 137Cs. D’origine artificielle, ce dernier est

présent dans la biosphère depuis plus de 50 ans.

Ces estimations varient considérablement selon les lieux.

diapo 15 diapo 16

EBR (S) DU TRITIUM???

• La CIPR continue à recommender un facteur de pondération Wr unique à 1 pour le tritium incorporé sous forme d’eau tritiée.

• D’autres comme AGIR en 2007 est favorable à une majoration de l’EBR à 2 dans la cellule.

• Il est évident que si majore selon les cas l’EBR, il finira bien par devenir toxique!

RepRepèère nre n°° 5 :5 :LL’’exposition totaleexposition totale

Toutes les expositions naturelles s’additionnent

et l’exposition moyenne totale est de 2,4 mSv/an

avec des valeurs hautes pouvant être 150 fois

supérieures : 400 mSv/an à Ramsar (Iran).

La valeur de 2,4 mSv/an est à comparer à la

limite opérationnelle pour le public de 1 mSv/an

pour l’exposition artificielle.

diapo 17 diapo 18

Comment utiliser les repComment utiliser les repèères res

de la radioactivitde la radioactivitéé naturelle ?naturelle ?La radioactivité naturelle fournit donc des repères permettant

de faire des comparaisons avec la radioactivité artificielle.

Ces repères doivent être utilisés de façon spécifique pour

apprécier les situations d’exposition artificielle, accidentelle et

naturelle chronique telles qu’elles se présentent dans la réalité.

Dans le cas d’une contamination de l’environnement, les

valeurs de contamination seront comparées à celles du repère

1 (croûte terrestre), du repère 3 (descendant du radon, à

période longue et du repère 4 (radionucléides cosmogéniques).

Exemples dExemples d’’utilisation des utilisation des

reprepèères naturels. res naturels. 1. Cas du 1. Cas du 137137Cs Cs éémis par lmis par l’’accident de Tchernobylaccident de Tchernobyl

reprepèères 1 et 3res 1 et 3

Le 137Cs a dans l’environnement un comportement similaire

au polonium.

Sa toxicité par ingestion est de 90 à 700 fois moins

importante que le 210Po.

Les retombées naturelles de 210Po, égales à 5 kBq/m2

présente une toxicité par ingestion, semblable à celle de

retombées de 137Cs d’activité de 450 kBq/m2 à 3.5 MBq /m2,

elles-mêmes à comparer aux 1 kBq/m2 retombés en France

et aux 5 kBq/m2 retombés à Helsinki en 1986.

diapo 19 diapo 20

Exemples dExemples d’’utilisation des utilisation des

reprepèères naturels. res naturels. 2. Cas des rejets de la centrale de retraitement de 2. Cas des rejets de la centrale de retraitement de

la Hague. la Hague.

L’exposition maximale totale des groupes de référence a été

évaluée à 0,01 mSv/an pour ces rejets.

Cette dose correspond :

- la dose annuelle supplémentaire, si l’on déménage pour

vivre dans un appartement situé à 75 m plus haut,

- le dose évitée si l’on sort de sa maison (1 kBq/m3 de

radon toléré) pour respirer à l’extérieur pendant 6 heures

chaque année,

- La dose reçue lors d’un vol aller simple Paris-New York.

Cas particulier du stockage des Cas particulier du stockage des

ddééchets de haute activitchets de haute activitéé : :

reprepèère 6, les rre 6, les rééacteurs dacteurs d’’OkloOklo

Au Gabon, il y a environ 2

milliards d’années, de

riches gisements d’uranium

ont permis la création

spontanée d’une quinzaine

de réacteurs naturels qui

ont fonctionné pendant

plusieurs milliers d’années.

diapo 21 diapo 22

ConclusionConclusion

La radioactivité comme source de repères

permettra de faciliter le travail des décideurs

des ressources de la nation et à éviter les

gaspillages auxquels peut conduire

l’application sans discernement du principe de

précaution à des expositions dérisoires sans

aucune conséquence pour la santé et

l’environnement.

De Jacques De Jacques PradelPradel et et àà lire lire

sans modsans modéérationration……

La confession d’un nucléocrate : comment j’ai cachédes dizaines de tonnes de plutonium.

Fusion n°72 (Sept-Oct) 1998

Faut-il en rire ou évacuer la planète ?

RGN n° 6 (Juil-Août) 2000

L’intégrisme écologique n’atteint-il pas le comble du ridicule avec les très faibles doses et le rejet zéro ?

RGN n° 5 (Oct-Nov)1998

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12

Mesure dans des zones à forte radioactivité naturelle : Guarapari et Ramsar.

Bruno Comby

Directeur Scientifique de l’Institut Comby Président de l’Association des Ecologistes Pour le Nucléaire (APEN)

En tant qu’écologiste et scientifique, j’ai pu faire des mesures dans deux zones particulièrement intéressantes puisqu’à forte radioactivité naturelle, il s’agit de la ville de Guarapari au Brésil et de celle de Ramsar au bord de la mer Caspienne en Iran. Comme nous venons de l’entendre dans l’exposé précédent, dans la nature tout est radioactif. Il existe un bruit de fond permanent, qui dans cette salle est égal à 0.05 µSv/h, ce qui correspond exactement à la moyenne un petit peu partout dans le monde [diapos 1 et 2]. Cette radioactivité naturelle varie grandement d’un lieu à un autre et également d’un moment à un autre. En exemple, nous étions à 0.05 µSv/h dans cette salle il y a quelques secondes, et maintenant nous sommes à 0.12 µSv/h. Pourquoi cette radioactivité naturelle varie-elle beaucoup à la fois dans le temps et l’espace ? Parce qu’il y a partout mais de façon hétérogène, dans l’écorce terrestre de l’uranium à raison de 3 g par tonne et également du thorium [diapo 3]. Il a été découvert à Mac Clean Lake, des gisements d’uranium contenant des roches composées à 50 % d’uranium pur. La radioactivité naturelle provenant de l’uranium et du thorium est particulièrement élevée dans des mines d’or du Montana Mines, par ailleurs, où les gens vont se soigner. A Bad Gastein en Autriche, dans les grottes utilisées d’un point de vue thérapeutique, les taux de radon sont très importants. Ces taux importants sont retrouvés dans de nombreuses stations thermales, comme La Bourboule en France. Dans ma nouvelle maison écologique, l’activité naturelle du radon est de l’ordre de 40 Bq par m3, à la Bourboule, l’activité en radon est de 6 à 8 millions de Bq/m3 et est considérée comme agent curatif, bienfaisante pour les gens qui s’y rendent. Sur la planète, il existe des zones dont la radioactivité naturelle est plus importante que d’autres : Kérala en Inde, Misasa au Japon, Guarapari au Brésil et à Ramsar en Iran. Les taux de radioactivité naturelle varient en fonction de nombreux facteurs. Tout d’abord, les teneurs en uranium et en thorium du sol ainsi que de tous leurs descendants notamment le radon. Le radon est un gaz, et est le premier élément gazeux de la chaîne de désintégration de l’uranium. En fait, nous ne mesurons pas directement l’uranium, mais ses descendants dont le radon. Quand il s’agit de thorium, nous mesurons son descendant gazeux, le thoron ou le polonium 235. La pression atmosphérique joue un rôle important. En effet, lorsque la pression atmosphérique augmente, le radon et le thoron se retrouvent piégés dans le sol. A l’inverse lorsque le baromètre descend, le gaz piégé dans le sol va se retrouver libéré dans l’atmosphère. Les mesures de ces gaz vont varier de même, avec le vent : le courant d’air fera qu’il y en aura plus près du sol qu’en altitude. Egalement les orages cosmiques modifient les taux de radioactivité naturelle en faisant varier la radioactivité d’origine cosmique. Enfin des facteurs naturels comme le dépôt de sédiments radioactifs amenés par les alluvions de rivières changent aussi ces taux [diapo 4]. C’est le cas de la plage de l’Espiquette située à l’embouchure du Rhône à côté du Grau du Roi. Il y a quelques années, la CRIIRAD, a fait beaucoup de bruit autour de cette plage parce qu’on y trouvait plus d’uranium qu’ailleurs. Effectivement, il y en a un peu plus qu’ailleurs. J’y ai réalisé une campagne de mesures d’activité, qui a mis fin à la campagne médiatique où la CRIIRAD demandait l’évacuation de la plage de l’Espiquette. L’uranium présent sur cette plage y est amené par les alluvions naturels du Rhône. Le Rhône charrie ainsi une bonne dizaine de tonnes d’uranium naturel, chaque année.

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13

Je vais vous vous présenter les mesures d’activités que j’ai réalisées à Guarapari au Brésil en 1999 [diapo 5]. Guarapari est située sur la côte sud de l’atlantique, à l’embouchure d’une rivière. Cette rivière charrie des sables riches en thorium qui vont se déposer sur la plage dite du sable noir. On peut lire sur la brochure de l’office du tourisme la phrase « ville de santé » [diapo 6]. En effet, c’est une ville célèbre pour ses bienfaits sur la santé et ceci avant même l’époque de la civilisation : les indiens d’Amazonie venaient déjà s’enduire le corps de sable noir pour se soigner. Guaparapi a une longue histoire. C’est une des premières villes colonisée en Amérique, l’église de Guarapari remonte au 16ème siècle, peu de temps après la découverte de Christophe Colomb [diapo 7]. Rapidement après la découverte de la radioactivité, on s’est aperçu que cette plage était radioactive et à partir des années 1910, les bienfaits de sa radioactivité ont été exploités. Actuellement, cette ville n’a rien du petit village de pêcheurs, un peu sauvage situé au bord de la mer, c’est plutôt une cité balnéaire, une ville de villégiature. Le front de mer est totalement urbanisé avec des immeubles de 5 à 10 étages. Ses 90 000 habitants vivent à proximité de leur plage et sont donc exposés à sa radioactivité naturelle. Ici, personne n’a peur de la radioactivité, c’est au contraire très bien vu. Les touristes viennent du Brésil tout entier et même de l’Amérique toute entière pour pouvoir bénéficier des bienfaits du thorium. On peut même se loger à l’hôtel du thorium [diapo 8]. Les touristes y viennent toute l’année s’enduire le corps de sables noirs riches en thorium. Pour une première exposition, il est recommandé de « s’enterrer » de 15 à 20 minutes de manière à ne pas subir une dose trop forte, puis ensuite le temps d’exposition peut aller jusqu à 40 minutes [diapo 9]. Au niveau des mesures, dès l’arrivée sur la plage, on note un débit de dose égal à 5 µSv/h, soit 50 fois le bruit de fond « habituel » [diapo 10,]. A un autre endroit de cette plage, vous avez un débit de dose égal à 27 µSv/h [diapo 11]. Ce sont des niveaux où l’on commence à s’inquiéter sérieusement dans les centrales nucléaires et auxquels on évite de soumettre le personnel. Au niveau de la plage noire, aucune précaution particulière n’est prise : la radioactivité est considérée comme naturelle et bienfaisante. Vous avez pu remarquer qu’il y a énormément de monde sur cette plage et notamment des enfants. En ville, l’exposition reste conséquente de l’ordre de 3 µSv/h [diapo 12]. Une des voies pour fabriquer la bombe atomique était l’utilisation de thorium. Pendant la seconde guerre mondiale, les américains lorsqu ils ont déclenché le projet Manhattan, ont décidé de récupérer le thorium de la plage de sable noire. Ils ont donc pillé la plage, l’ont vidée d’une grande partie de son thorium. Une usine installée sur la plage où la plupart des pêcheurs locaux ont été embauchés permettait de séparer le sable blanc, du sable noir riche en thorium. Ce sable riche en thorium partait en bateau aux USA, emballé dans des sacs , via une base militaire américaine qui stockait des centaines voire des milliers de tonnes de thorium provenant de Guarapari. Quelques années plus tard, quand le projet Manhattan a décidé d’abandonner la voie du thorium, l’exploitation a cessé brutalement, mettant d’ailleurs en grande difficulté Guarapari [diapos 13, 14, 15]. Sur cette diapo, vous est présentée Sandra, guide de l’office du tourisme de Guarapari et correspondante locale de l’APEN ainsi qu’une habitante de la ville, mère de 22 enfants, tous en bonne santé [diapo 16]. Sur la diapo suivante [diapo 17], vous remarquerez les « vagues » de sable noir sur le sable blanc. Les échantillons « sable blanc » et « sable noir » ont été notamment prélevés sur cette même plage à environ 1 m de distance. Les résultats [diapo 18] montre la très grande variabilité de la radioactivité naturelle. Le sable blanc a une teneur en thorium et en ses descendants 1000 fois plus faible que celle du sable noir. En conclusion, Guarapari, est une ville de santé où les gens viennent prendre leur retraite grâce à la radioactivité de sa plage, radioactivité due au thorium apporté par les alluvions de sa rivière. C’est une ville très urbanisée où aucune « radio précaution » particulière n’est prise.

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14

En 2006, je suis parti pour une seconde campagne de mesures de radioactivité, au nord de l’Iran dans la ville de Ramsar [diapo 19]. Je n’ai pu m’y rendre qu’accompagné d’un chauffeur et d’un guide, professeur d’université. Ces quelques diapos pour vous monter le trajet, Téhéran-Ramsar, notamment à la hauteur de Téhéran, on trouve ce barrage, principale source d’énergie de la capitale et probablement principale cible d’éventuels bombardements américains [diapos 20, 21]. Ramsar est une ville de villégiature située au bord de la mer Caspienne. J’ai réalisé mes premières mesures au bord de la mer. Le débit de dose ambiant était de l’ordre 0,11 µSv/h, c’est à dire au même niveau que dans cette salle [diapo 22]. La ville de Ramsar est assez grande, et nous arrivons ensuite dans ce fameux quartier « radioactif ». La radioactivité provient des quelques ruisseaux riches en radium qui traversent ce quartier [diapo 23]. Il y existe une trentaine de ruisseaux ne faisant pas plus de 30 cm de large chacun et dont l’eau est blanchâtre. Ces ruisseaux, à flanc de collines constituées de roches riches en radium, se déplacent au gré de l’érosion, Les mesures augmentent au fur et à mesure que l’on s’en approche de 0.58 µSv /h puis 3 µSv/h. Sur les productions maraîchères locales, les valeurs sont de l’ordre de 4 µSv/h [diapos 24, 25, 26]. Ces canards dont les habitants mangent les oeufs, sont exposés régulièrement à 10 µSv/h [diapo 27].. Rien n’est interdit et comme partout des enfants jouent au football. L’ancienne école, aujourd’hui abandonnée, est un des lieux les plus intéressants [diapo 28]. Un ruisseau réputé être un des plus radioactifs, jaillit au niveau du bâtiment et traverse ce qui fût la cour de récréation. Les mesures réalisées à l’embouchure de la source sont de l’ordre de 100 µSv/h (radioactivité 100 % naturelle). A cette valeur, panique dans une centrale nucléaire. Le lieu est actuellement abandonné mais les enfants continuent à y jouer au football . Nous avons ensuite rencontré, l’homme probablement le plus exposé à la radioactivité naturelle de toute l’histoire de l’humanité [diapo 29]. En effet, ce monsieur, actuellement à la retraite, a été d’une part, le directeur de l’école et d’autre part, il a construit sa propre maison avec la terre provenant de la cour de l’école. Cette terre qui se comporte comme un excellent ciment, est du carbonate de radium à l’état quasiment pur. Il a donc vécu pratiquement toute sa vie dans la maison la plus radioactive du monde. Ma première question a été de lui demander son âge. A l’époque, il avait 68 ans et avait déjà dépassé l’espérance de vie moyenne de son pays. Si on se remet au catastrophisme alarmiste de certains groupes antinucléaires en France, il devrait être mort plusieurs fois. Or il est vivant, alors y a t’il un miracle ? Nous le voyons ici tout à fait souriant et de bonne humeur. Il ne se nourrit qu’avec les légumes de son potager, potager bien sûr, hautement radioactif. Son petit fils âgé de 3 ans ainsi que son fils vivent sous son toit. J’ai réalisé les mesures de débit de dose dans les endroits où l’on passe le plus de temps dans la journée, notamment la cuisine et la chambre à coucher. J’y ai mesuré jusqu’à 150 µSv/h. Dans le garage, le débit de dose était de 46 µSv/h. Ces mesures dépendent de l’endroit où l’on se trouve dans ces pièces (près du mur , au milieu la pièce etc.) et varient fortement d’un moment à l’autre [diapo 30, 31]. Ce qui est notable, c’est que nous ne sommes pas dans une centrale nucléaire mais dans un lieu d’habitation. Nous imaginons là encore, l’affolement dans une centrale, si le personnel était exposé à ces valeurs. J’ai prélevé des échantillons d’eau, des sédiments blanchâtres ainsi que des roches qui se trouvent sur les berges du petit ruisseau qui traverse la cour de l’ancienne école [diapos 32, 33]. Les analyses effectuées par un laboratoire du CEA de Saclay, montrent que les échantillons sont extrêmement riches en radium. Sur les 3 types d’échantillons analysés, se sont les roches qui présentaient la plus forte activité. Ces roches sont un concentré de carbonate de radium. L’eau jaillit à une trentaine de degrés et en se refroidissant au contact de l’atmosphère permet au carbonate de radium de se solidifier. Je vous rappelle que le carbonate de radium remplace très efficacement la chaux comme enduit. On considère qu’il y a une bonne vingtaine de maisons dans ce

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15

quartier de Ramsar extrêmement radioactives où les débits de dose sont de l’ordre de 150 µSv/h. Ramsar n’est pas un cas unique. Parmi les régions où la radioactivité naturelle est importante, on peut citer outre Guarapari et Ramsar, Kérala en Inde et Misasa au Japon [diapo 34]. Aucun effet négatif sur la santé des habitants de ces régions n’a été observé, ni d’ailleurs à la Bourboule en France ainsi qu’à Bad Gastein en Autriche. En Autriche, du reste, où beaucoup d’antinucléaires, après avoir manifesté contre les centrales nucléaires, viendront à Bad Gastein pour bénéficier des bienfaits du radon en s’exposant à des doses radioactives des milliers de fois plus élevées. L’étude suivante réalisée en 2000, sur les conséquences sanitaires de cette radioactivité naturelle, a été menée par les autorités de sûreté iraniennes dont le Professeur Javad Mortazavi [diapo 35]. Le Professeur Mortazavi, membre correspondant de l’APEN, est un grand spécialiste de la radioactivité naturelle. Ramsar est divisée en 8 quartiers. Les concentrations de radon dans les habitations de ces différents quartiers ont été mesurées et corrélés à la mortalité par cancer toujours par quartier [diapo 36, 37]. Il faut noter, qu’il existe un suivi bien fait de la santé des habitants. Des registres du cancer sont tenus depuis plus de 20 ans maintenant, ce qui n’est pas le cas en France dans toutes les régions. Les maisons les plus « riches » en radon et en radium sont situées dans le quartier de Ramak. Curieusement, les taux de cancer du poumon les plus élevés se retrouvent dans le quartier de Galesh Mahaleeh, quartier où les taux de radon sont normaux dans les habitations, et les taux de cancer les plus faibles dans le quartier de Ramak [diapos 38, 39, 40]. Le caractère significatif de cette étude peut être discuté compte tenu du trop petit nombre de cas considérés, mais cela reste intéressant. Avant de conclure, je vous présente en quelques diapos notre association [diapos 41, 42, 43, 44]. L’APEN a été créée en 1996 et rassemble plus de 9 000 membres dans 60 pays sur les 5 continents. Un de nos buts est de faire connaître en particulier les effets bénéfiques d’une part de l‘électricité nucléaire et d’autre part, de la radioactivité naturelle. Le Pr. James Lovelock, considéré comme le fondateur historique de la pensée écologique, partage nos convictions également sur l’innocuité de la radioactivité naturelle [diapo 45]. Patrick Moore, le fondateur historique de Green Peace en 1971 dont il a été le président international pendant 9 ans, a quitté cette organisation après désaccord avec les directeurs suivants. Il est maintenant président d’honneur de la branche canadienne de l’APEN [diapo 46]. Comme le soulignait Jacques Pradel, il n’y a pas que des écologistes intégristes ou alarmistes, il y a aussi des écologistes raisonnables et scientifiques. En conclusion, la radioactivité est omniprésente dans la nature à des doses extrêmement variables jusqu’à un facteur 1000, d’un endroit à un autre et d’un moment à l’autre. Nulle part au monde, il n’a été montré que la radioactivité naturelle était dangereuse pour la santé. Au contraire il semble qu’il y ait une sorte de règle : aux doses naturelles et y compris jusqu’aux doses naturelles les plus élevées, la radioactivité soit n’a pas d’effet, soit n’a que des effets bénéfiques [diapo 47].

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16

Diapo 1 Diapo 2

Mesures dans des

zones de forte

radioactivité naturelle:

Guarapari et RamsarPar B. Comby

Directeur scientifique

de l’institut Comby (IBC)

Président de l’AEPN

Le 18 mai 2009

INTRODUCTION

Dans la nature tout est radioactif.

Bruit de fond habituel :

environ 0,05 µSv/heure.

Uranium : 3 g/tonne en moyenne.

Diapo 3 Diapo 4

La radioactivité naturelle varie

grandement d’un lieu à un autre

RAMSAR

GUARAPARI

MAC CLEAN LAKE

KERALA

MISASA

LA BOURBOULE

BAD GASTEIN

MONTANA

Facteurs influant sur la

radioactivité naturelle :

- teneur en U et Th naturel

- desc : radon, thoron, radium, Po

- pression atmosphérique (météo)

- vent (météo), altitude

- concentration dans sables, deltas

- orages cosmiques…

Diapo 5

Diapo 6

Mesures

de radioactivité

à

GUARAPARI

(campagne de mesures en 1999)

Diapo 7

Diapo 8

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17

Diapo 9

Diapo 10

GUARAPARI bains de sable

13

Diapo 11 Diapo 12

Diapo 13

Diapo 14

Diapo 15

Diapo 16

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18

18

Diapo 17 Diapo 18

Analyses des échantillons de sable

prélevés à Guarapari

Guarapari - analyses

25

1 469 Bq/kg0 Bq/kgTh 228 (filiation Th232)

65 857 Bq/kg74 Bq/kgPb 212 (filiation Th232)

65 017 Bq/kg104 Bq/kgAc 228 (filiation Th232)

42 000 Bq/l< 4.5 Bq/lTotal gamma

5 459 Bq/kg186 Bq/kgRa 226 (filiation U238)

5 712 Bq/kg89 Bq/kgPb 214 (filiation U238)

655 Bq/kg14 Bq/kgU 235

<386 Bq/kg2 638 Bq/kgK 40

Sable noirSable blanc

Diapo 19 Diapo 20

Mesures

de radioactivité

à

RAMSAR

(campagne de mesures en 2006)

Diapo 21

Diapo 22

Diapo 23

Diapo 24

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19

Diapo 25

Diapo 26

Diapo 27 Diapo 28

Diapo 29

Diapo 30

1

Diapo 31

Diapo 32

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20

Diapo 33

Diapo 34

Analyses des échantillons

prélevés à RAMSAR

Some HBRA’s

52

Source: Health Research Foundation, Kyoto, Japan,

(adapted and translated by J. Mortazavi) /a

Diapo 35 Diapo 36 Santé : aucun impact négatif

observé de la radioactivité à …

RAMSAR

GUARAPARI

… uniquement des effets positifs

(registres du cancer à Ramsar).

Study Design

• Ramsar is divided into eight health

districts and a health center provides

primary health services in each health

district.

• Indoor radon concentration levels were

previously measured in each dwelling by

the Iranian Nuclear Regulatory

Authority experts.

Diapo 37

Diapo 38

Cancer Mortality

(Prof. Javad Mortazavi)

• The overall cancer mortality, lung

cancer mortality and neonatal death

rate of different districts in the years

from 2000 to 2001 were collected.

• The radon prone houses were

located in a district named Ramak.

Surprising Results

• The study showed that the highest lung

cancer mortality rate was in Galesh

Mahaleeh, where the radon levels are

normal.

• On the other hand, the lowest lung cancer

mortality rate was in Ramak, where the

highest concentrations of radon in the

dwellings were found

Diapo 39

Diapo 40

Crude Lung

Cancer Rate

Adjusted Lung

Cancer Rate

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21

Diapo 41 Diapo 42

Association des

Ecologistes Pour le Nucléaire

• Plus de 9000 membres

et signataires

• En croissance rapide

• Dans 60 pays

• Sur 5 continents.

Objectif : pour une information complète et

objective du public sur l’énergie et l’environnement

59

60

Activités de l’AEPN

Site web : www.ecolo.org

Centrale nucléaire de Civaux

en 15 langues

Diapo 43 Diapo 44

Le livre :

Edition

française

aux

Éditions

TNR

Préface du Pr.

James Lovelock

www.comby.org-> cliquer sur « livres »

Les livres de Bruno Comby, publiés en français,

anglais, allemand, espagnol, japonais, chinois…

ont informé plus d’un million de lecteurs

dans le monde sur l’écologie.

62

pour nos enfants

… et pour les

générations

Futures ...

Une planète

habitable

Diapo 45

Diapo 46

Pr. James Lovelock

• Fondateur historique de la

pensée écologique depuis les

années 1960

• auteur de la théorie de Gaia

• membre de l ’AEPN

© I

nst

itut

Bru

no

Co

mb

y

63

« L’énergie nucléaire est la seule solution écologique »

Diapo 47

Diapo 48

CONCLUSION

La radioactivité est omniprésente

dans la nature à des niveaux très

variables et parfois élevés

(variations d’un facteur 1000)

sans que cela semble dangereux pour

les habitants des régions à

radioactivité naturelle élevée.

Plus d’information :

www.ecolo.org

Livres : www.comby.org

Contact : bruno[at]ecolo.org

© COPYRIGHT - droits réservés

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Discussion de la session : La radioactivité naturelle. Participant : Une question pour Bruno Comby, combien d’habitants à Ramsar ? Bruno Comby . Je n’ai pas le chiffre en tête, c’est de toutes façons plus que 10 000, pas des centaines de milliers, mais c’est plus que 10 000. A Ramsar et même au sein des quartiers, les personnes sont plus ou moins exposées. Le nombre de personnes extrêmement exposées est relativement faible : il y a une vingtaine de maisons très radioactives car construites avec ce ciment à base de carbonate de radium et cela concerne donc, une petite centaine de personnes assez fortement exposées. De plus, on peut évaluer à 1000, les habitants dont les jardins sont traversés par ces ruisseaux « radioactifs ». La dose est très variable d’un périmètre à l’autre : près d’un ruisseau, elle est de l’ordre de 50 µSv/h, un mètre plus loin elle tombe à 3 µSv, en refaisant 1 m elle remonte à 10. Il est intéressant de savoir que les autorités de sûreté nucléaire iraniennes se sont inquiétées de cet état de fait et ont envisagé d’évacuer le quartier. Après avoir étudié la question, elles ont décidé de ne rien faire. Participant : Est-ce que les chiffres de Ramsar en terme de radioactivité d’une part. et en terme cancer d’autre part, participent à augmenter la réflexion sur l’hormésis ? Bruno Comby : Tout d’abord l’hormésis, c’est les éventuels effets bénéfiques de la radioactivité à des niveaux modérément élevés. Bien sûr, les chiffres de Ramsar contribuent à alimenter la question du phénomène de l’hormésis. Il y a évidemment d’autres études qui vont dans le sens de l’hormésis. En tous cas, si cette forte radioactivité naturelle n’a pas d’effet positif, nous avons jamais pu voir d’effet négatif non seulement à Guarapari et Ramsar mais également dans toutes les zones à forte radioactivité naturelle qui ont été étudiées. Lorsque l’on y regarde de plus près une grande partie des effets bénéfiques des stations thermales s’expliquent par leur teneur en radon par exemple, La Bourboule en France. Sur le site Internet de cette station, on peut voir encore : « agent curatif : radon ». pour traiter par exemple, l’allergie. Pourtant, les stations thermales sont extrêmement discrètes sur cette question, ce genre de publicité a été gommé de toutes les brochures. Figurez-vous, que c’est à Guarapari au Brésil, que j’ai appris que l’on pouvait y faire des mesures intéressantes de radioactivité naturelle. Nicolas Foray : Pierre Curie a été le premier a parlé des sources radioactives, il évoquait notamment La Bourboule et Luchon. Vous nous avez parlé de La Bourboule, quel est le rapport au niveau radioactivité entre Ramsar et Luchon ? Bruno Comby : Je n’ai pas de les chiffres en ce qui concerne Luchon, donc je ne peux pas vous répondre. Les chiffres tels que j’ai pu les mesurer à Ramsar sont de l’ordre du µSv par heure et Nicole Colas-Linhart vous a donné un chiffre annuel dans son exposé : de l’ordre de 400 mSv par an. Ce sont des doses importantes d’autant plus si on les cumulent sur un certain nombre d’années. Je me permets de vous conseiller d’aller visiter notre site (www.ecolo.org), une courbe « méfaits et les bienfaits » de la radioactivité issue de travaux de recherche, est présentée. Lorsque on aborde le domaine des doses naturelles, cette courbe s’inverse. Il y aurait donc des effets bénéfiques aux doses naturelles.

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Anne Petiet : Une question pour Nicole Colas-Linhart : Est-ce que tu peux préciser les conditions de mesure du radon dans les mines d’uranium, mesures qui permettent l’évaluation de la dose reçue par les mineurs ? Nicole Colas-Linhart : Je n’ai pas eu le plaisir de travailler dans les mines, mais je pense que M. Pradel va te répondre… Jacques Pradel : Je suis en effet, un des premiers, à avoir fait des mesures de référence dans les mines et le premier à y avoir séjourné. Effectivement, je pense qu’il faut faire très attention à ces mesures lorsque les personnes qui vont les réaliser ne sont pas du métier et n’ont jamais vu une mine : les mesures ne seront pas significatives. Par exemple, si l’inspecteur indépendant arrivait, la ventilation était en marche. Mais, lorsque vous restiez un peu de temps avec les mineurs et que vous vous familiarisez avec eux, ils coupaient la ventilation parce que « c’est gênant » et « cela refroidit ». Egalement, on arrosait, on injectait de l’eau pour éviter les poussières. Mais, ce n’est pas très agréable de se faire arroser toute la journée, alors en dehors des inspections, l’eau était coupée. Donc, méfions-nous beaucoup de toutes ces mesures réalisées dans des conditions « idéales » dans les mines d’uranium. En France, j’ai l’impression que tout a été bien organisé et a été fait de façon sérieuse. Les inspecteurs n’étaient pas indépendants des inspectés contrairement à maintenant. Pour être indépendant, il faut surtout avoir une certaine éthique professionnelle. L’indépendance ne sert pas à grand chose si on est non compétent : on fera pas de bonnes mesures. J’ai appris un certain nombre de choses dans les mines et j’ai vu en particulier, que dans les résultats internationaux qui nous sont fournis, il y a des fumisteries. Par exemple, je suis allé en Russie, en URSS plus précisément, j’y ai visité les mines d’Ouzbékistan. Tout y était vraiment impeccable, les galeries étaient pleines de petits graviers bien propres, en bref tout avait été nettoyé avant mon arrivée. J’ai eu le sentiment d’être le Général qui passait la revue Autre détail significatif, j’avais évoqué dans une conférence internationale, que pour éviter que le radon s’échappe des parois, on pouvait recouvrir celles-ci avec des huiles minérales, de vieilles huiles usées qui ont l’avantage de piéger le radon. Mais nous-mêmes, nous ne le faisions pas. Lorsque je suis arrivé là-bas, on m’a dit : « Voyez, nous aussi, on met de l’huile ». Manifestement, cette huile avait été mise la veille. Alors méfions-nous beaucoup de toutes ces études épidémiologiques internationales, ce n’est pas toujours très sérieux.

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Les alertes nucléaires dans les medias : Tricastin-juillet 2008

Emmanuel Grenier Rédacteur en chef de la Web TV net-santé-environnement.

Dans un premier temps, j’aimerai présenter mes activités. Je m’occupe principalement d’un site [diapo 2], la web TV des professionnels de santé, qui est consacrée aux effets de l’environnement sur la santé. Je commencerai par un rapide rappel des faits qui se sont déroulés sur le site Tricastin. Dans la nuit du 7 au 8 juillet, une fuite de solution uranifère s’est produite à la suite d’un transfert entre 2 cuves de stockage. L’alerte a été donnée le 7 juillet à 19h30, mais les employés n’y ont pas cru, compte tenu des fausses alarmes qui avaient déjà eu lieu. La fuite n’a donc été repérée qu’à 4h du matin. Les effluents « contaminés » se sont retrouvés dans le bac de rétention prévu à cet effet [diapo 3]. Par malchance, le bac fuyait à son tour : des travaux quelques jours avant, l’avaient endommagé. Double malchance, au cours des mêmes travaux, un ancien regard d’eau pluviale avait été mis à jour, et les effluents contaminés ont été dispersés dans le canal sud, dans la Gaffière, le Lauzon et enfin le Rhône. En tout, un volume de 6.25 m3 de solution uranifère a été dispersé, correspondant à 74 kg d’uranium, à une concentration de 12 g/l [diapo 4] L’uranium est naturellement présent dans tous les milieux, eau sol, air. Dans les eaux de surface sa concentration est de l’ordre du µg/l, avec parfois des pointes à quelques dizaines de µg/l. Dans certains puits, en Finlande et au Canada des concentrations de 700 µg/l peuvent être atteintes [diapos 5, 6]. Bien sûr, l’uranium présente une toxicité, mais une toxicité chimique plus que radiologique. L’OMS a fixé la limite d’ingestion à 0,6 µg par jour et par kg (boisson quotidienne). Ces limites ne s’appliquent pas à des événements qui ont duré quelques jours, tels que celui du Tricastin. Cette limite n’est pas appliquée en Finlande : l’apport quotidien moyen par l’eau de boisson est de 2,1 µg / jour. Ce n’est pas l’endroit du monde où on vit le plus mal [diapos 7, 8] Ce rejet de 74 kg d’uranium correspond à une fraction minime de l’uranium naturel provenant de l’érosion des roches et charrié par le Rhône mais ce rejet a eu un impact médiatique gigantesque. J’ai repris le nombre de fois où le mot Tricastin apparaissait dans les articles de presse. Le maximum étant en juillet, mais cela a continué les mois suivants [diapo 9]. Quelques gros titres de la presse sont présentés en diapo 10. Rappelons, le contexte médiatique du mois de juillet. L’actualité était peu chargée : après la libération de Ingrid Bettancourt et avant les jeux olympiques de Pékin. Aussi, tout événement sortant un peu de l’ordinaire a été exploité. De plus, nous étions dans un moment important pour le nucléaire, en effet le 3 juillet, N. Sarkozy annonçait la construction d’un 2ème EPR et il y avait eu l’annonce de la fusion possible entre AREVA et Alsthom. Ces annonces ont réveillé les antinucléaires. Ajoutons, que la CRIIRAD avait déjà médiatisé le site du Tricastin en invitant les antinucléaires à une réunion, le 4 juillet [diapo 11]. En outre à Paris, une manifestation européenne se préparait. Elle a eu lieu le 12 juillet et a réuni 4000 personnes. Les réseaux antinucléaires étaient donc prêts à se mobiliser, d’autant plus que la construction d’un nouvel EPR était annoncée [diapo 12]. A cela se rajoutent le fait qu’il n’y avait plus de préfet dans la Drôme : le nouveau préfet n’était pas encore arrivé. Le principe de précaution, appelé principe du « parapluie », a été

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appliqué de façon extravagante. On a vu des baigneurs dans un plan d’eau se faire évacuer au mégaphone par des gendarmes par des « sortez de suite de l’eau et abandonnez vos vêtements, c’est urgent ». Cette « annonce » peut se justifier dans l’attente d’informations fiables, mais a créé une situation anxiogène. Les chiffres annoncés des quantités rejetées ont suscité bien des questions. Annoncés à 360 kg dans un premier temps, ils ont été ramenés ensuite à 75 kg. Les commentaires de la CRIIRAD allèrent bon train : « chiffre falsifié, volonté de minimisation... ». Et puis, la communication fut tardive, en attendant des mesures réelles [diapo 13]. Il y a eu une succession de décalages, quelque chose d’étrange. Décalage entre un impact sanitaire nul et un immense retentissement médiatique. Le Tricastin était un accident mineur de niveau 1, comme il y en a des centaines en France. Ceux-ci ne font l’objet que d’un entre-filet dans les quotidiens régionaux et n’ont aucun impact au niveau national. Dans le même temps, nous avons vu les autorités prendre des mesures disproportionnées. Jean-Louis Borloo n’ayant pas de financement pour le Grenelle de l’environnement, vit une période difficile. Il veut donc donner des gages aux associations militantes, et propose d’évaluer l’ensemble des nappes phréatiques autour des centrales. L’idée était fort incongrue, laissant supposer qu’il n’existait pas d’évaluation avant l’événement. Or, l’environnement des centrales nucléaires est un des secteurs les plus surveillés en France. En outre, l’ASN ne réagit absolument pas au début, ne fait aucun communiqué, puis va sur-réagir ensuite en prononçant pour la première fois l’interdiction partielle d’activité sur un site [diapo 14]. Les histoires de décalage se poursuivent. AREVA limoge le patron de la SOCATRI pour faute professionnelle. Anne Lauvargeon se déplace et s’excuse. La population apprécie mais considère ces excuses comme un aveu de culpabilité [diapo 15]. Venons-en à l’échelle INES qui suscite de nombreux commentaires. Elle est mal adaptée à la situation du Tricastin, puisque le problème du Tricastin est essentiellement une pollution chimique. L’échelle 1 signale des anomalies de fonctionnement. Les écologistes ont rétorqué : « il y a eu rejet, donc c’est le niveau 3. Il faudrait améliorer INES, car le niveau 1 n’implique pas de rejet radioactif » [diapo 16]. Puis, vient la loi des séries, une succession d’incidents se produisent : rejets d’effluents à Romans-sur-Isère le 18 juillet, contamination légère de personnel aux centrales EDF de St Alban et Tricastin, le 19 et 23 juillet, dépassement des rejets de carbone 14 à la SOCATRI le 6 août, 2 crayons bloqués au Tricastin. L’impact médiatique a donc été maintenu plusieurs mois [diapo 17]. Il faut qualifier cette crise, d’hystérique. Par exemple, des belges ont appelé l’IRSN pour savoir s’ils devaient ingérer des pastilles d’iode ! Le point fondamental est que l’industrie nucléaire est toujours perçue comme un « mal nécessaire » et que l’ombre de Tchernobyl plane toujours [diapo 18]. Il faut constater que même la meilleure communication rationnelle ne fonctionne pas et que l’irrationnel l’emporte toujours. Ceci pour 2 raisons : une sous-estimation de l’impact des déchets, même si l’uranium est naturel et une suspicion généralisée en matière d’information sanitaire depuis Tchernobyl [diapo 19]. C’est ce qu’avait dit Nicole Priollaud (réf.1) dans sa conférence, et ce que démontre l’excellent livre de B. Lerouge (réf.2). L’idée du mensonge est associée à Tchernobyl. Pourtant, le professeur Pellerin a géré au mieux la crise de Tchernobyl dans le contexte difficile d’un week-end du 1er mai. Grâce à lui, l’impact sanitaire a été minimisé : il n’y a pas eu en France, de vagues d’avortement comme en Allemagne [diapo 20]. Malgré cela, il a servi de bouc-

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émissaire et l’industrie nucléaire ne l’a jamais soutenu, en pensant « que pendant qu’on attaque Pellerin, on ne s’occupe pas de nous ». Notamment, le CEA a fait l’impasse totale dans ses brochures, des résultats des procès que Pellerin a gagnés. La loi du silence a prévalu. Ce choix de ne pas soutenir Pellerin, nous le payons aujourd’hui, comme dans l’affaire du Tricastin [diapo 21]. Nous aboutissons à un paradoxe, partout une renaissance du nucléaire est constatée. Même des écologistes anglais connus se « convertissent » devant la menace du changement climatique, mais en même temps le « siège » médiatique continue [diapo 23]. La phrase d’Anne Lauvargeon citée en diapo 24 est intéressante à plus d’un titre : « si à chaque fois que nous sommes transparents nous provoquons des craintes, il y a un problème ». Le doute s’est installée en elle, elle qui avait à son arrivée chez AREVA, plutôt tendance à donner des leçons à tous. Il existe un problème avec la transparence. Faut-il l’arrêter pour autant ? Je ne le pense pas comme journaliste. Mais, elle ne doit pas s’opérer de façon univoque. Il faut continuer à parler de la radioactivité naturelle même si c’est difficile. Lorsque j’ai publié le texte humoristique de Jacques Pradel (réf.3) « Comment j’ai caché des dizaines de tonnes de plutonium », je me suis fait critiquer, j’ai entendu dire que je n’avais pas le droit de le faire. La transparence doit s’appliquer pour dénoncer les mensonges par omission des anti-nucléaires et également pour annoncer les victoires juridiques. Cependant, il existe des problèmes : l’étude sur la CRIIRAD que j’avais réalisé pour Framatome, n’a jamais été publiée [diapo 25]. Il faut livrer des batailles pour construire de nouvelles centrales sur de nouveaux sites comme le font les anglais actuellement. L’industrie nucléaire française a déjà perdu la bataille, ou plutôt l’a désertée, en refusant de la livrer. Ma conviction est qu’elle peut être gagnée. Mais, le rationnel seul ne suffit pas, il faut y ajouter de l’émotion comme le faisait Einstein [diapo 26]. La crise de confiance n’est pas propre au nucléaire et elle touche de nombreux secteurs [diapo 27]. Un autre sujet d’inquiétude concerne la pénurie d’ingénieurs dans tous les pays et tous les domaines. Les raisons en sont multiples, longueur des études, manque de considération pour les professions techniques etc. [diapos 28, 29] En conclusion, le nucléaire a été à l’avant-garde pour les procédures « qualité », la prise en compte de l’environnement, le traitement des déchets et contrairement à ce qui est dit, à l’application de la transparence. Il devrait être à l’avant-garde dans le futur pour la reconquête de la population et pour son éducation scientifique [diapo 30, 31, 32] Réf.1 Nicole Priollaud. Tchernobyl à la une : du nuage à l’écran de fumée. Comptes-Rendus de la journée GRRT : Faibles doses et cancer : de l’épidémiologie à la Biologie. 23 mai 2007. Réf.2 Bernard Lerouge. Tchernobyl, un nuage passe. Ed. L’Harmattan. 2008. Réf.3 Jacques Pradel. La confession d’un nucléocrate : comment j’ai caché des dizaines de tonnes de plutonium. Fusion n° 72. Sept-Octobre 1998.

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L’avis sur le suivi écologique des eaux autour des installations nucléaires

Francis Sorin Directeur du Pôle Information de la SFEN

Rédacteur en chef de la Revue Générale Nucléaire

J’interviens ici en tant que membre du Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN), chargé d’une enquête sur une éventuelle pollution des nappes phréatiques autour des installations nucléaires. Pour mon intervention sur la transparence, je n’ai préparé aucun transparent ! J’aborderais les 3 thèmes suivants : le contexte sociétal global, l’affaire du Tricastin vu de l’intérieur du HCTISN et les enseignements qu’on peut tirer de cette affaire. Voyons d’abord, quelles sont les tendances en œuvre dans notre société occidentale moderne à propos du nucléaire. Au niveau du contexte sociétal, le premier point est qu’il existe une méfiance réaffirmée à l’égard des avancées de la science et des techniques. L’idée n’est pas neuve, elle est liée à la révolution industrielle et a subi des hauts et des bas selon les périodes. Depuis 10-15 ans, on assiste à une recrudescence de cette méfiance dans nos sociétés. Le second point, conséquence du premier, est la peur du risque quel qu’il soit, son refus, et le règne du principe de précaution. Jamais nos sociétés n’ont été aussi sures sur le plan sanitaire et jamais elles n’ont été aussi critiquées. On prône le risque zéro et on inscrit le principe de précaution dans la constitution. Enfin, le troisième point, découlant des 2 premiers, est une revendication populaire de démocratie directe conçue comme un rempart contre les discours des experts et des décideurs. Autrement dit, les décideurs n’ont plus la cote auprès de l’opinion, et leurs prises de position sont suspectes à priori. Je me souviens d’un débat avec l’ANDRA sur les déchets de haute activité où un élu a dit « c’est très joli ce que vous racontez, mais pourquoi nous vous croirions ? ». La même méfiance existe à l’égard des OGM, des antennes relais etc. Face au tsunami médiatique provoqué par l’incident du Tricastin, le ministre de l’environnement Jean-Louis Borloo prend la décision de saisir le HCTISN. En effet, Il s’interroge sur les informations à donner à un public effrayé devant ces 74 kg d’uranium échappés des cuves de la centrale de Tricastin, sur la pollution des sites nucléaires et notamment des eaux phréatiques et superficielles. Il saisit donc le HCTISN qui dans un premier temps, demande aux exploitants, (l’ASN, l’IRSN, l’ASND, AREVA) des rapports précis sur leurs sites. Les rapports sont consultés et un groupe de travail est constitué afin de remettre à la rentrée 2008, un rapport écrit au ministre. Je fais partie de ce groupe et je vais vous livrer 3 réflexions : le constat, les controverses au sein du groupe (je ne trahis pas de secret, nous sommes dans la transparence !) et le silence médiatique qui a suivi les conclusions du rapport. Le constat est qu’il existe une extraordinaire abondance, une multiplicité et une extrême diversité de l’information en France concernant les questions liées à la radioactivité. Si vous voulez savoir quelle est la radioactivité sur tel ou tel site, vous pouvez obtenir cette information. Il n’y a pas de secret, ni d’éléments cachés. Les « acteurs » qui produisent ces informations sont nombreux : gouvernement, l’ASN, l’IRSN, les CLI sans oublier les associations comme la SFEN, l’AEPN et les anti-nucléaires. Ce colloque est aussi un lieu d’information. Mais, qu’elle fut la controverse au sein du HCTISN ? L’impact environnemental et sanitaire de ces 74 kg d’uranium, est quasi nul et c’est ce que l’HCTISN a constaté

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au fil de l’étude de tous les rapports. J’ai estimé que cette conclusion devait être mentionnée dans notre rapport. Je n’étais pas le seul d’ailleurs, notamment Bernard Bigot m’a soutenu sur ce point. Et là, je me suis heurté à la tendance anti-nucléaire au sein du groupe: « nous sommes là, pour mettre l’accent sur ce qui ne va pas, pas pour constater une situation sans impact ». Finalement, notre point de vue a été acté dans le rapport final que nous avons fourni au ministre : « l’état radiologique des nappes phréatiques sous et autour des sites nucléaires ne pose pas de problème significatif de nature environnementale ou sanitaire ». Les choses ont été dites, et on ne peut que s’en réjouir. Le troisième point qui m’a frappé dans cette affaire c’est le silence assourdissant des médias lorsqu’il qu’il s’est s’agit de répercuter le rapport du HCTISN Les résultats du rapport ont été relatés par M. Borloo et Monique Séné, la présidente du groupe de travail, lors d’une conférence de presse le 7 novembre 2008. C’était la réponse aux français à leur grande inquiétude de l’été 2008. Le ministre a dit qu’il n’y avait rien, et ce rien a produit un RIEN dans les médias ! C’est le syndrome des trains qui arrivent à l’heure et dont jamais on ne parle. Imaginez si M. Borloo avait dit qu’il y avait des risques, nous aurions assisté à un tsunami médiatique puissance 10 ! Quels enseignements tirer de cette expérience ? De façon provocatrice je dirais : attention, une transparence peut en cacher une autre ! En effet, il y a plusieurs conceptions de la transparence. Pour les anti-nucléaires et d’autres personnes qui ne sont forcément pas des admirateurs de l’atome, le point de départ de leur réflexion est que l’industrie nucléaire est néfaste et que ses promoteurs dissimulent de nombreuses turpitudes. Pour eux la transparence, c’est de dénoncer ces turpitudes. Dans le même ordre d’idée, la transparence, c’est de ne pas parler de ce qui va bien mais de tout ce qui va mal. C’est ce que j’appellerai une transparence détournée. Une autre forme de détournement de la transparence, concerne les médias. Nous avons constaté au niveau du HCTISN que les médias, véhicule essentiel de l’information des français sur le nucléaire, exagéraient dans un alarmiste outrancier voire ridicule, en bref qu’ils racontaient n’importe quoi. Pour éviter ces outrances sans jouer les censeurs, le HCTISN a mis en avant un certain nombre de recommandations dont, rendre l’information sur le nucléaire accessible à des personnes n’ayant pas de formation spécifique, renforcer les CTI et diversifier, élargir les expertises en les confiant par exemple, à des laboratoires universitaires. En conclusion, il faut assumer la transparence, nous n’avons pas le choix. Informer le citoyen, débattre, nous devons le faire. Il faut assumer la transparence d’autant plus que le nucléaire en sortira gagnant. J’ai constaté que lorsque nous discutions de manière complète, que nous avions tout mis sur la table lors de débats avec des antinucléaires, nos opposants étaient très rapidement à cours d’argument. Jouons le jeu complet de la transparence. F. Sorin. Grenelle de l’environnement et nucléaire sont complémentaires. La Tribune, 5 février 2009 « L’avis sur le suivi écologique des eaux autour des installations nucléaires » peut être consulté dans son intégralité sur le site : www.hctisn.fr

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Discussion de la session « les voies difficiles de la transparence » Bernard Lerouge : Quelles nouvelles à propos de l’émission d’Elise Lucet ? Francis Sorin : Suite à cette émission qui montrait entre guillemets, la France contaminée par les sites des anciennes mines d’uranium, de très nombreuses contestations sont arrivées à la SFEN : courriers, appels téléphoniques etc. De nombreuses personnes d’un groupe de discussion sur le net, écrivaient à ce propos et destinaient leurs écrits à Elise Lucet. Nous avons donc repris pour la Revue Générale Nucléaire (RGN) un certain nombre de ces textes, ce qui correspond à quand même 8 pages sur cette émission. J’ai envoyé ces « lettres à Elise » à Elise évidemment et également au directeur de la rédaction de FR3, Paul Nahon. Ils les ont reçues, il y a quelques semaines. Depuis, je n’ai eu aucun retour, aucune réponse. J’ai donc amené ces lettres au HCTISN. Le HCTISN a discuté de la question et a décidé qu’il ne ferai pas de communiqué sur cet émission, mais que ces discussions seraient publiques sur son site Internet. Si vous allez sur le site Internet du HCTISN (www.hctisn.fr), vous y verrez ces discussions qui ont été résumées. Je tiens à vous signaler que même les antinucléaires du HCTISN ont jugé exagérés, ces reportages. Quant à moi, j’attends toujours un courrier de la part d’Elise Lucet, accusant réception. Il est à noter qu’Anne Lauvergeon a saisi France Télévision pour demander un droit de réponse sur cette émission. En effet, AREVA a directement été mis en cause. Emmanuel Grenier : Je pense que la mode n’est pas au transparent. Nous l’avons vu récemment dans le monde financier, jamais cela n’a été aussi peu transparent. Par ailleurs, on voit bien que cette transparence est une arme. L’arme qu’utilise certaines personnes qui établissent un agenda : « aujourd’hui le nucléaire, c’est mauvais, donc on va rentrer dedans ». Un exemple, qui d’entre vous, a entendu qu’il y a eu une explosion dans une centrale EDF, le mois dernier, explosion qui a fait un mort ? Trois, quatre personnes maximum. Il y a eu une explosion d’une turbine à gaz de Gennevilliers qui a fait, je le répète, un mort. L’impact médiatique a été quasi nul alors qu’il y avait un mort. Et pourquoi ? parce que le gaz n’est pas dans la cible actuelle, parce qu’il n’était pas dans l’agenda. Si l’accident avait eu lieu dans une usine de nanotechnologie, on en aurait entendu parler. Cette transparence je ne crois pas que cela soit une valeur générale dans la société notamment dans les médias. Luc Foulquier : Nous raisonnons comme si les médias étaient politiquement neutres. N’oublions pas que les médias ont un objectif politique.

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Les différentes classes de déchets

Jacques Foos Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, chaire Sciences Nucléaires

Je vais me permettre de faire la transition entre ces deux sessions où j’insisterai sur les problèmes de communication, notamment avec les journalistes et ceci, en tant que conférencier « grand public », comme un certain nombre d’entre vous. Ces dernières années, nous avons vu une évolution extrêmement importante. Nous avons toujours faces à nous des opposants, qui arrivent en groupe, puis se répartissent dans la salle pour nous donner l’impression que les questions négatives fusent de partout. Pendant longtemps, ce furent des « barbus-chevelus », plutôt sympathiques, qui croyaient à ce qu’ils disaient. Le contexte actuel est différent. Le marché nucléaire repart et la France finalement est bien placée sur ce marché. D’ici 2050, nous aurons besoin de 5000 réacteurs nucléaires, nous n’en aurons pas 5000, mais peut être un millier. Un millier de réacteurs et un marché de plus de 5000 milliards de dollars, veut dire que tous les coups sont permis pour abattre l’industrie nucléaire française. Donc, aujourd’hui, lors de nos conférences, nous voyons plutôt apparaître comme opposant, le jeune cadre dynamique, bien habillé voire avec cravate, qui s’installe au premier rang. La nouvelle technique est de faire sortir de ses gonds le conférencier puis de le faire partir et pour se faire il l’interrompt sans arrêt. On peut décerner quelques médailles à ces opposants. Médaille d’argent : le conférencier sorti de ses gonds, le traite de « petit con » et part sur le champ. Alors, l’opposant, la main sur le cœur déclare : « Voilà comment on traite les gens qui se posent des questions ». L’opposant gagne sa médaille d’or, quand le conférencier au bout d’un certain temps commence à en avoir assez et lui dit : « Ecoutez, je suis venu bénévolement ici, si vous m’interrompez sans arrêt, je m’en vais… ». Je vous conseille d’aller jusqu’au bout, de ne pas vous démonter. Si vous tenez bon, c’est la salle au bout d’un moment, qui dit : « On en a assez, laissez parler le conférencier… » et vous n’entendrez plus l’opposant, même au moment des questions. Ces nouvelles techniques pour discréditer notre industrie nucléaire sont parfaitement orchestrées, et bien entendu tous ces « évènements » lors de conférence sont repris par les médias. Autre exemple d’attaque, la médiatisation actuelle du tritium et de son éventuelle toxicité. En fait, ce n’est pas une question de radiotoxicité. Comme le tritium a une radiotoxicité extrêmement faible, son rejet dans l’environnement correspond à 60 % des autorisations de rejet. Si le facteur de pondération passe à 2, ce que demande les opposants, toute l’industrie nucléaire est asphyxiée. Il faut donc voir et vivre avec ce genre d’argument fallacieux. Maintenant en tant que professeur honoraire, je continue à faire des conférences et je milite dans les commissions locales d’information où je pense que nous devons aller. Il ne faut pas laisser uniquement des associations antinucléaires dans ses commissions. Je vous assure que le dialogue change quand quelques scientifiques y participent. Nous sommes des indépendants et nous avons des compétences. Nous sommes donc dangereux. Indépendants, du moment où nous bénéficions que d’une pension de retraite : on ne voit qui pourrait nous donner des ordres. Statut de grand-père ou de grand-mère défendant l’avenir de leur petits enfants, est aussi un gage de sérieux. Si vous avez une certaine compétence et une indépendance, évidemment là les oppositions deviennent compliquées. Après cette transition, je vais vous présenter les différentes classes de déchets [diapo 1]. Dans un premier temps, il est important de bien définir ce qu’est un déchet

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radioactif au sens de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) [diapo 2]. « Tout matériau qui contient ou est contaminé par des radioéléments à des concentrations ou niveaux d’activité supérieurs aux valeurs définies par les autorités compétentes de réglementation et pour lequel aucune utilisation n’est prévue ». la dernière partie de la définition est intéressante. Elle a coupé l’herbe sous le pied d’association comme la DRIRE qui considéraient que les combustibles usés comme déchets. Or, le combustible usé peut être retraité, ce qui correspond à une utilisation prévue, et n’est donc pas un déchet. Il n y a pas de seuil défini par les autorités en France, les déchets sont classés en fonction de leur niveau d’activité massique et de la période physique du radionucléide qu’il contient [diapo 2]. Pratiquement les 2/3 des déchets radioactifs sont produits par l’industrie électronucléaire, la recherche en produit à peu près le ¼ et le reste, la défense 10 % et l’industrie non électronucléaire 3 % [diapo 3]. A chaque fois que nous parlons de ces déchets, il faut toujours les remettre par an et par habitant. En France, il y a une production de 2 500 kg par an et par habitant de déchets industriels. Sur ces 2 500 kg, il y a 100 kg de déchets chimiques hautement toxiques et 1 kg de déchets radioactifs dont 5 g de ces fameux déchets de haute activité [diapo 4]. La totalité des déchets radioactifs ne représentent précisément que 0.04% des déchets industriels, les déchets hautement radioactifs 0.0002 %. Ce pourcentage reste très faible même lorsqu’il est comparé aux déchets hautement toxiques : 0.005 % [diapo 5]. Les déchets radioactifs sont classés d’une part, en fonction leur activité : très faible

activité ( 100 Bq/g), faible activité ( 100 kBq/g), moyenne activité ( 100 MBq/g) haute activité (10 GBq/g) et d’autre part en fonction de leur période physique : vie courte ou vie longue. La vie courte correspond une période physique inférieure à 30 ans : la radioactivité a décru d’un facteur 1000 au bout de 300 ans (10 périodes) et la vie longue à une période supérieure à 30 ans [diapo 6]. Les faibles et moyennes activités à vie courte sont rassemblées dans le centre de stockage de l’Aude, pour les faibles activité vie longue, des recherches de projet de stockage sont en cours actuellement. Quant aux moyennes activités vie longue et aux hautes activités quelque soit leur période, des projets de recherche sont menées dans le cadre défini par les lois du 30 décembre 1991 et du 15 juin 2006 transcrite dans le code de l’Environnement [diapo 7]. Il y a bien évidemment un contrôle de ces colis [diapo 8], quelques uns de mes élèves ont d’ailleurs passé leur mémoire d’ingéniorat sur ce sujet. Il existe différents types de colis de déchets : cimentés, vitrifiés, compactés etc. [diapo 9]. Il y aussi ce que l’on appelle l’héritage qui correspond à la gestion de déchets provenant d’applications de la radioactivité, effectuées il y a quelques dizaines d’années [diapo 10]. Tous les chiffres que je vais vous présenter proviennent de l’inventaire national des déchets radioactifs publié en 2004. Les prochains chiffres sortiront en juin 2009, et dans un mois, j’actualiserai ces planches. Les déchets de très faible activité représente 14 % du volume total des déchets radioactifs mais correspondent à très peu de chose en activité. Ils proviennent du démantèlement d’installations nucléaires, de quelques industries qui ont utilisé des procédés de fabrication contenant de la radioactivité naturelle ainsi que de l’assainissement et de la réhabilitation d’anciens sites pollués [diapo 11]. Ils sont constitués à 60 % de déchets inertes tels que des gravats, des terres et donc à 40 % de déchets industriels, tuyauteries etc. [12}. Vous voyez ici une vue aérienne du centre de stockage des très faibles activités de l’Aude, dont la capacité de stockage est de 650 000 m3 [diapo 13]. Au 31 août 2004, il y était stocké 144 498 m3 de déchets de très faible activité. Les chiffres sont très précis et pour vous donner un ordre d’idée, ils correspondent au volume de l’Arc de Triomphe, soit environ 150 000

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m3 [diapo 14]. Ces déchets résultent à 60 % de l’industrie électronucléaire, à 28 % de la recherche, la défense c’est environ 10 % et l’industrie non électronucléaire y contribue à environ 3 % [diapo 15]. Les déchets de très faibles activités sont stockés dans des alvéoles creusées dans l’argile de 25 m de large et 80 m de long [diapos 16, 17 et 18 : clichés de l’ANDRA]. Au 31 août 2004, les déchets de faible et moyenne activité à vie courte représentaient 0.06 % mais plus des ¾ (800 000 m3) du volume des déchets radioactifs [diapo 19]. Toujours pour vous donnez une idée de ce volume, 800 000 m3 correspondent au volume du Queen Mary II [diapo 20]. Cinq cent vingt-sept mille m3 de ces déchets sont stockés dans le centre de la Manche. Ils proviennent au ¾ de l’industrie électronucléaire, de la recherche pour 16 %, de la défense pour 8% et de l’industrie non électronucléaire pour 1.8 % [diapo 21]. Sur les diapos 23 et 23, est présenté le centre de stockage de Soulaines –Dhuys, d’une capacité de 1 million de m3 et sur les diapos 24 et 25, vous pouvez voir respectivement les systèmes de contrôle des conteneurs et les alvéoles de stockage. etc. Lorsque cet espace de stockage sera plein, il sera recouvert de ciment de gravillons et la réhabilitation du site sera réalisé. Voici [diapos 26, 27] ce qu’a donné la réhabilitation du site de stockage de la Manche, fermé en 1994. Nous pouvons voir sur la photo de droite [diapo 26], le bâtiment où le public est accueilli. Ce site possède une commission locale d’information dont je suis un des vices présidents. Nous abordons maintenant les déchets de faible activité de période longue. Ils représentent, à peu près 5% du volume total des déchets radioactifs comptabilisés en 2004 et 0.01 % de leur activité. Ils sont constitués de produits d’assainissement, ce que l’on appelle le naturel renforcé [diapo 28] et sont issus de l’industrie non électronucléaire : les peintures luminescentes, les paratonnerres etc. Ils sont aussi composés de déchets graphites provenant des réacteurs arrêtés de la première filière uranium [diapos 29, 30, 31]. Leur volume total est de 47 124 m3, dont 35 876 m3 de déchets radifères et 11 248 m3 de déchets graphite et correspond au volume de 3 Airbus A380 [diapo 32]. Quant à leur origine, 60 % est produit par l’industrie électronucléaire, 20 % par la recherche, environ 1.5 % par la défense et évidement 16,82 % par l’industrie non électronucléaire [diapo 33]. Au niveau du stockage, ce type de déchet n’a pas de site pour l’instant. Pour les déchets radifères, il y a à l’étude, un projet de site en sub surface quant aux déchets graphite une analyse de faisabilité de stockage dans les mêmes formations que celles retenues pour les déchets radifères est en cours [diapo 34]. Les déchets moyenne activité vie longue sont constitués de gaines de combustible, de déchets solides santé [diapo 35]. En 2004, leur volume était d’environ 45 000 m3, ce qui correspond aussi au volume de 3 Airbus 380 [diapo 36]. La répartition est a peu équivalente aux autres déchets respectivement 60% pour l’électronucléaire, 11 % pour la défense, 25 % pour la recherche et 1 % pour l’industrie non électronucléaire [diapo 37]. Enfin, les déchets à haute activité. Ils représentent plus de 90 % de la radioactivité totale des déchets radioactifs mais seulement 0.2 % du volume total de ces mêmes déchets. Ce sont des déchets ultimes issus du retraitement des combustibles nucléaires usés, vitrifiés dans une matrice coulée dans un conteneur en acier inox [diapo 38]. La diapo 39 présente ce type de déchet. Les déchets de haute activité, et nous changeons d’échelle, correspondent à un volume de 1851 m3 au 31 décembre 2004. Ce volume correspond à un cube de 12 m de côté. J’ai cherché une image pouvant correspondre à ce volume, vous voyez par exemple qu’il s’intégrerait dans le dernier étage de la tour Eiffel [diapo 40]. Cette image m’a valu le commentaire d’un

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auditeur lors d’une conférence : « …il n’y a plus de problème, nous savons où les mettre maintenant, nous sommes tranquilles … » Les pourcentages de provenance sont indiqués dans la diapo 41.Enfin pour vous montrer l’extrême sérieux de cet inventaire des déchets radioactifs, je vous présente les 143 177 déchets non classés comptabilisés. Il s’agit d’objets médicaux, de détecteurs de fumée etc. Actuellement, ils sont stockés en toute sécurité au CEA, à CisBio, à l’EDF en attendant mieux [diapos 42, 43]. D’autres déchets non classés y sont répertoriés correspondant à un volume d’environ 600 m3 [diapo 44]. Ils sont entreposés actuellement dans leur lieu de production en attendant une solution de gestion à long terme. Pour terminer, le bilan [diapo 45, 46]. Nous avons les capacités de stocker, les déchets de très faible activité. Le volume de ces déchets sera d’environ 580 000 m3 en 2020, et nous disposons d’une capacité de stockage de 650 000 m3 [diapo 47] Pour les déchets de faible et moyenne activités - vie courte, le volume prévisionnel est de 1.2 millions de m3. Comme nous l’avons vu tout à l’heure, nous avons des capacités de stockage égales à 1.5 millions de m3, je dirai que là aussi le problème est réglé [diapo 48]. Pour les déchets de faible activité-vie longue, nous allons passer d’un volume de 47 000 à 105 000 m3 (60 000 m3 de déchets graphite et 45 000 m3 de déchets radifères) et nous avons des options de stockage en cours [diapo 49]. Mais que faire des déchets radioactifs haute activité et moyenne activité-vie longue d’un volume en 2020 de 58 495 m3 ? Ils représentent 3 % de l’ensemble des déchets radioactifs, et la loi du 15 juin 2006 fixe une échéance pour le devenir de ces déchets en 2020 [diapo 50]. Quinze réunions-débats publics ont été organisés dans toute la France, évoqués tout à l’heure par Francis Sorin [diapo 51]. La loi du 15 juin 2006. reprend 3 axes pour la gestion durable des déchets radioactifs. : la séparation poussée, transmutation, le stockage en profondeur et le conditionnement de ces déchets et l’entreposage en surface. En France, l’industrie nucléaire a été la première à avoir établi à la fois une culture de sûreté et une culture du déchet, issues de la conscience d’une dangerosité potentielle. Il est a noté que les volumes des déchets radioactifs diminuent alors que l’activité nucléaire augmente. En effet, lorsque l’industrie nucléaire met en œuvre de nouvelles méthodes de dosage, d’analyse etc., la nature et le volume des déchets radioactifs généré par ces nouvelle techniques, est étudié en premier. Il serait très bon pour la sécurité et la santé des citoyens que cette culture soit reprise par d’autres industries notamment chimiques. C’est vrai dans l’industrie nucléaire mais c’est vrai aussi dans l’industrie chimique. En tant que citoyen, j’attends un inventaire national de tous les déchets industriels qui je le rappelle, sont 2500 fois plus important que les déchets radioactifs générés. En 2027, 97 % des problèmes des déchets radioactifs seront résolus, ainsi que la solution parmi les 3 scénarii étudiés actuellement pour stocker les 3 % restants. A noter, les plus dangereux d’entre eux haute activité–vie longue représenteront au total 200 tonnes par an, ce qui équivaut à 10 g par an et par foyer : le cube de 12 m3 devrait passer à 15 m3 en 2020. Je vous remercie. Livres et sites : Professeur Jacques Foos : L’homme et la radioactivité –(Formascience. 33 rue Scocard 91 400 Orsay) et diapositives de l’intervention : www.formatscience.com Leçon de clôture du Professeur Jacques Foos (1h17) . Ste du CNAM – Rubrique « diffusion de la culture scientifique et technique » puis « leçons inaugurales et de clôtures ».

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Diapo 1 Diapo 2

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Les différentes classes de déchets

Pr Jacques FOOS – Paris – 18 mai 2009

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Qu’est-ce qu’un déchet radioactif ?

« Tout matériau qui contient ou est contaminé par des

radioéléments à des concentrations ou niveaux d’activité

supérieurs aux valeurs définies par les autorités

compétentes de réglementation et pour lequel aucune

utilisation n’est prévue »

Agence Internationale de l’Énergie Atomique

Nota : il n’y a pas de seuil défini par les Autorités en

France : les déchets radioactifs sont classés en fonction

de leur niveau d’activité massique et de la période des

radionucléides qu’ils renferment.

Diapo 3

Diapo 4

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Origine des déchets radioactifs

Industrie électronucléaire*

Recherche*

Industrie non électronucléaire *

Défense*

10,10% 3,30%

62,50%24,10%

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Production annuelle de déchets

En France, par habitant :

2 500 kg

de déchets

industriels

dont 100 kg de

déchets chimiques

hautement toxiques

et 1 kg de déchets

radioactifs

dont 5 g de déchets

de haute activité

Diapo 5

Diapo 6

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Production annuelle de déchets

ne représentent que

0,0002% des déchets

industriels

Les quantités de déchets hautement radioactifs

ou 0,005% des déchets

hautement toxiques

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Classement des déchets radioactifs

Les déchets radioactifs sont classés en fonction de leur

activité

faible activité

100 à 100 000 Bq/g

moyenne activité

100 000 à 100 millions Bq/g

haute activité

10 milliards Bq/g

très faible activité

1 à 100 Bq/gTFA

FA

MA

HA

activitédurée de vie

VC VL

et de leur durée de vie (période)

VC : Vie Courte

(période inférieure à 30 ans)

VL : Vie Longue

(période supérieure à 30 ans)

Diapo 7

Diapo 8

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Classement des déchets radioactifs

Les déchets radioactifs sont classés en fonction de leur

activité

Centre de stockage TFA

Centre de stockage

de l’Aube

Recherche sur des

projets de stockage

Recherches

menées dans

le cadre défini par les Lois du 30 décembre

1991 et du 15 juin 2006 transcrites dans le

Code de l’Environnement

faible activité

100 à 100 000 Bq/g

moyenne activité

100 000 à 100 millions Bq/g

haute activité

10 milliards Bq/g

très faible activité

1 à 100 Bq/gTFA

FA

MA

HA

activitédurée de vie

VC VL

et de leur durée de vie (période)

Professeur Jacques FOOS lundi 7 septembre 2009

Contrôle des colis de déchets

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Diapo 9 Diapo 10

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Divers types de colis de déchets

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Il y a aussi l’héritage

Diapo 11

Diapo 12

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets TFA : origines

Ils représentent 14% du volume et 0,03% de l’activité

comptabilisés dans l’inventaire national (31/12/04)

de quelques industries (chimie ou métallurgie) dont les procédés

de fabrication concentrent la radioactivité naturelle de certains

minerais,

*

essentiellement du démantèlement des installations nucléaires,*

de l’assainissement et de la réhabilitation de sites anciennement

pollués (particuliers ou collectivités territoriales)*

Ils proviennent :

Très Faible Activité

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets TFA

Déchets industriels : charpentes,

gaines de ventilation, tuyauteries …,

Déchets inertes : bétons, gravats,

terres (60%)

Diapo 13

Diapo 14

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Centre de stockage TFA

Centre de Morvilliers dans l’Aube

Capacité : 650 000 m3

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets TFA

144 498 m3 au 31/12/2004

Diapo 15

Diapo 16

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets TFA

Industrie non électronucléaire

Électronucléaire

Défense

Recherche

144 498 m3 au 31/12/2004

3,10%

58,40%

10,60%

27,90%

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

TFA

Stockés dans des alvéoles creusées dans l’argile

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Diapo 17 Diapo 18

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

TFA

Stockés dans des alvéoles creusées dans l’argile

1 alvéole : 25 m de large 80 m de long 6,5 m de profondeur

Capacité moyenne 10 000 m3

Durée d’exploitation 6 mois

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

TFA

Diapo 19

Diapo 20

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Ils représentent 0,06% de la radioactivité et 76,8% du volume

comptabilisés dans l’Inventaire National (31/12/04)

Origine :

Filtres, résines de

traitement de l’eau,

outils, gants

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

Déchets solides de maintenance, exploitation,

démantèlement.

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

793 726 m3 au 31/12/2004

Diapo 21

Diapo 22

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

793 726 m3 au 31/12/2004

Dont 527 000 m3 au centre de stockage de la Manche

Industrie non nucléaire

Recherche

Défense

Électronucléaire74,00%

8,40% 1,40%

16,20%

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Centre de stockage de Soulaines – Dhuys (Aube)

Capacité : 1 000 000 m3

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

Diapo 23

Diapo 24

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

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Diapo 25 Diapo 26

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

Centre de stockage de la Manche

fermé en 1994 ; volume de

stockage : 527 000 m3

Diapo 27

Diapo 28

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FMA - VC

Faible et Moyenne Activité à Vie Courte

Centre de stockage de la Manche

fermé en 1994 ; volume de stockage : 527 000 m3

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

Faible Activité à Vie Longue

Ils représentent 0,01% de la radioactivité et 4,6% du volume

comptabilisés dans l’Inventaire National (31/12/04)

Origine : Produits d’assainissement de sites pollués, « naturel

renforcé » issu d’industrie non nucléaire, objets

divers (paratonnerre, peintures luminescentes ..)

regroupés sous le terme « déchets radifères »

Déchets graphites provenant de réacteurs arrêtés

(filière UNGG)

Diapo 29

Diapo 30

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

Faible Activité à Vie Longue

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

Faible Activité à Vie Longue

Diapo 31

Diapo 2

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

Faible Activité à Vie Longue

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

47 124 m3 au 31/12/2004

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Diapo 33 Diapo 34

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

47 124 m3 au 31/12/2004

35 876 m3 déchets radifères

11 248 m3 déchets graphite (totalité du stock : 60 000 m3)

Industrie non

électronucléaire

Recherche

Défense

Électronucléaire

1,48%

58,95%

16,82%

22,75%

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets FA - VL

Pour les déchets radifères : projet de site en subsurface à

l’étude

Pour les déchets graphite : analyse de faisabilité d’un

stockage dans les mêmes formations que celles retenues pour

les déchets radifères.

Stockage :

Diapo 35

Diapo 36

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets MA - VL

Moyenne Activité à Vie Longue

Ils représentent 8,22% de la radioactivité et 4,4% du volume

comptabilisés dans l’Inventaire National (31/12/04)

Origine :

Gaines de combustibles

Boues de traitement

d’effluents bitumées

Déchets solides cimentés

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets MA - VL

45 518 m3 au 31/12/2004

Diapo 37

Diapo 38

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets MA - VL

45 518 m3 au 31/12/2004

Industrie non

électronucléaire

Recherche

Défense

Électronucléaire

11,50% 0,20%

24,80%

63,50%

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets HA

Haute Activité

Ils représentent 91,68% de la radioactivité et 0,2% du volume

comptabilisés dans l’Inventaire National (31/12/04)

Origine : Déchets ultimes issus du

retraitement des combustibles

nucléaires usés, vitrifiés dans

une matrice coulée dans un

conteneur en acier inox

Diapo 39

Diapo 40

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets HA

Haute Activité

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets HA

1 851 m3 au 31/12/2004

12 m

12 m

12 m

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Diapo 41 Diapo 42

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets HA

1 851 m3 au 31/12/2004

Industrie non nucléaire

Recherche

Défense

Électronucléaire

89,20%

6,60% 0,00%4,20%

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Autres déchets non classés :

Sources scellées

Nombre : 143 177 comptabilisés

dans l’Inventaire National

(31/12/04) (volume très faible)

Origine : Objets à usage médical, détecteurs de fumée, sources à

usage industriel

Pour l’instant : entreposées dans les

sites du CEA, de Cis-Bio (Saclay),

d’EDF ; placées dans des conteneurs

ou des châteaux protégeant le

personnel contre les rayonnements.

Diapo 43

Diapo 44

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Autres déchets non classés :

Sources scellées

Gestion à long terme:

Stockage au CSA pour les sources de périodes inférieures

à 30 ans (cobalt-60 ; césium-137 ; iridium-192 ;

strontium-90 par exemple

Pour les autres (vie plus longue), selon l’activité

Étude dans le cadre du projet de stockage des déchets

radifères

Étude dans le cadre des 3 voies de recherche de la loi du

30 décembre 1991

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Autres déchets non classés :

Des boues (« fluorines » issues d’opérations chimiques

sur l’uranium de traitement

Des déchets « mixtes » mêlant toxiques chimiques et

contamination radioactive (acide borique, amiante)

589 m3 au 31/12/2004

Des peintures tritiées, des résines échangeuses d’ions

Des effluents liquides ou des boues de solvants, des

effluents organiques, des huiles contaminées

Des filtres au charbon actif contaminé

Entreposés sur les sites de production, dans l’attente

d’une solution de gestion à long terme.

Diapo 45

Diapo 46

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets radioactifs : bilan

En volume

En activitéHA

91,68%

TFA

0,03%

FA-VL

0,01%FMA-VC

0,06%

MA-VL

8,22%

HA

0,20%

MA-VL

4,40%FA-VL

4,60%

FMA-VC

76,80%

TFA

14,00%

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Les déchets radioactifs :

1 937 6371 329 6751 032 717TOTAL

581 144300 279144 498TFA

1 193 001928 989793 726FMA-VC

104 99748 43247 124FA-VL

54 88449 46445 518MA-VL

3 6112 5111 851HA

202020102004

volumes prévisionnels en m3

Diapo 47

Diapo 48

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Que faire des déchets radioactifs ?

581 144300 279144 498TFA

202020102004

Capacité de stockage : 650 000 m3

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Que faire des déchets radioactifs ?

1 193 001928 989793 726FMA-VC

515 991247 981108 219TFA

202020102004

Capacité de stockage : 1500 000 m3

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44

Diapo 49 Diapo 50

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Que faire des déchets radioactifs ?

104 99748 43247 124FA-VL

1 196 880913 900778 322FMA-VC

515 991247 981108 219TFA

202020102004

En 2020

environ 60 000 m3 déchets graphites

environ 45 000 m3 déchets radifères

Solutions de stockage en cours

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Que faire des déchets radioactifs ?

HA et MA-VL 58 495 m3 en 2020

Loi de 2006 avec échéance 2020

3% de l’ensemble du volume des déchets

(HA : 0,18%)

La solution reste à trouver

Diapo 51

Professeur Jacques FOOS mardi 8 septembre 2009

Déchets radioactifs et débat public

Septembre 2005 – Janvier 2006 : 15 réunions publiques dans

toute la France

C’est dès maintenant qu’il faut prévoir et garantir le

financement des dépenses à venir – et non le reporter sur les

générations futures.

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Le passé, un modèle pour le futur ?

Bernard Faucher Département des Affaires Internationales de l’ANDRA

Dans un premier temps, nous allons revoir les échelles de stockage d’un déchet radioactif, les périodes physiques et définir le principe du stockage [diapos 1, 2]. Ces diapositives ont été réalisées pour des personnes qui découvrent ce que sont une période radioactive et une décroissance et je m’en excuse. Brièvement, au bout d’un certain nombre de période physique, si nous prenons 10 périodes, l’activité du radioélément sera divisée par 1000. Par exemple, dans le cas d’un déchet contenant 10 MBq/g de césium 137, dont la période physique est de l’ordre de 30 ans, nous pouvons considérer qu’au bout de 300 ans, l’activité sera de l’ordre de 10 kBq/g. Nous arriverons à un déchet avec pratiquement plus de radiotoxicité [diapos 3, 4]. Il est évident que si l’activité était plus importante, 10 périodes ne suffiraient pas. Le même petit calcul pour l’américium 243 (T = 7380 ans) permet de noter immédiatement que les durées de vie en jeu changent [diapos 5, 6, 7]. Nous allons donc parler de stockage de déchets, soit de haute activité, soit à vie longue et enfin de haute activité à vie longue. Dans ce dernier cas, nous allons dépasser les dizaines de milliers d’années voire les centaines de milliers d’années de stockage. Quelle est la stratégie du stockage ? La stratégie du stockage, c’est en fait, de confiner et d’isoler pendant un certain temps. Mais nous n’y arriveront pas : au bout d’un certain temps, les radionucléides vont se déplacer, se transférer et cela même s’ils sont contenus dans des colis. En bref, à un moment donné, les déchets vont migrer et le but est simplement d’en limiter ces transferts et de les retarder [diapo 8]. Quels sont les échelles de temps de stockage ? Trois cents ans pour un stockage en surface et je dirai que c’est sans problème, nous savons faire : tout le monde se souvient des bateaux à voile, des eaux et forêts de Colbert. Nous pouvons prétendre gérer la mémoire sur quelques siècles. Par contre, pour le stockage géologique et le stockage intermédiaire, nous atteignons les 100 000 ans [diapo 9]. Dans ce cas, c’est fini, nous avons plus de référence ou du moins le public n’a plus de référence. Alors l’idée a été de chercher, d’essayer de trouver, des analogues. Nous allons regarder dans le passé, voir si nous avions des exemples de zones qui pourraient nous donner une aperçu de ce qui pourrait se passer dans le futur. En bref, connaître une situation assez bien sur un certain temps et essayer d’en deviner la phénoménologie. C’est-à-dire dans quels systèmes, cette situation s’est développée, a évolué et en déduire une architecture de stockage avec des matériaux dont on aurait pu avoir une partie de démonstration de leur tenue au cours du temps. Cette recherche d’analogue, est de plus un argument qui n’est pas neutre vis à vis du public. En effet, la première question que l’on nous posait lors de discutions principalement dans les années 94-95, était : « Pourquoi est-ce que vous pensez au stockage, pourquoi ne pensez-vous pas à autre chose ? ». Nous pensons au stockage, parce qu’il y a des situations qui nous ont permis de voir qu’effectivement la nature avait confiné, retardé la migration de nucléides dans le temps et si nous arrivons à reproduire une situation à peu près identique, nous aurons effectivement réussi à gagner, cette lutte contre le temps. De plus, cela permet relativiser les échelles de temps concernant le stockage en les mettant en perspective avec d’autres échelles de temps [diapo 10].Maintenant, je vais vous montrer quelques exemples d’analogues [diapo 11] et vous allez être assez surpris. Tout à l’heure, nous parlions de transparence, il faut être transparent mais il ne faut pas être naïf : il

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faut éviter de se trouver dans une situation difficile et c’est que nous allons voir avec Oklo. Oklo, c’est fantastique : en 1970 quelques géologues scientifiques français en cherchant de l’uranium, se sont intéressés au site d’Oklo [diapo 12]. Sur ce site, Il a été découvert un gisement d’uranium dont la concentration en uranium 235 était anormalement basse. Il s’est avéré qu’il y avait eu de façon évidente, des réactions de fission dans 15 à 20 réacteurs nucléaires naturels, et ceci il y 2 milliards d’années. Ce qui est très intéressant, c’est que le plutonium a migré sur moins de 3 mètres ! La nature a donc été capable de contenir des produits de fission. A l’ANDRA, nous nous sommes posés la question suivante : est-ce que l’on communique ou pas ? Au risque de vous décevoir, nous avons décidé de ne pas communiquer. Nous voulions pas donner l’impression au grand public que stockage géologique se relie à réacteur nucléaire [diapo 12]. Nous avons donc réalisé une campagne de communication quasi nulle au niveau du grand public, contrairement à nos homologues européens, notamment nos homologues belges l’ont utilisé en publication grand public. L’étude des variations climatiques dans la passé permet d’évaluer l’érosion dans le futur. Si vous voulez savoir si vous mettez les déchets à 500 m, 300 m, 100 m, il faut lancer une étude de la climatologie ,sur à peu près 150 000 ans ce qui permet de voir comment l’érosion a été affectée par les variations climatiques. Vous avez l’étude de climatologie qui a été effectuée dans l’est de la France sur 130 000 ans [diapo 13]Un autre point beaucoup plus connu, il s’agit de l’archéologie et de l’étude de la corrosion des métaux. Dans ce domaine, nous changeons d’échelle puisque nous avons un recul de 2 à 3000 ans. L’archéologie nous a fourni un certain nombre de cas : des clous oubliés par les romains en Ecosse, par exemple. Sur la diapo 14, vous voyez les taux de corrosion de différents objets archéologiques en fonction du temps, du milieu de « stockage » et en fonction de la nature de ceux-ci. A priori, cela n’a pas l’air fantastique, mais cela permet d’avoir une « enveloppe », de prendre des marges sur les phénomènes de corrosion. D’ailleurs, l’ANDRA s’est fondée directement sur ces analyses pour concevoir son dossier sur les containers, présenté au débat public. Ces études effectuées sur ces analogues archéologiques nous ont permis de retenir un acier noir, c’est à dire un acier assez simple pour les containers. Si nous avions pris un alliage « sophistiqué », nous aurions eu des projections mathématiques sur le devenir de ce matériau, mais, nous aurions pas eu une démonstration aussi solide que celle fournie par l’archéologie sur 2 à 3000 ans. Nous comptons sur ce container pour au moins 1000 ans, après 1000 ans on a pas grand chose à faire : le container est là pour éviter que le colis ne soit attaqué pendant la phase de « chauffe ». Contrairement à Oklo, c’est un point que nous avons utilisé dans le grand public, en terme de communication. On nous a souvent questionné sur la solidité de nos containers : « Vous êtes sûrs que ce bidon ne va pas fuir dans le temps ? ». Nous pouvons donc répondre que l’utilisation d’analogues archéologiques nous ont permis de choisir le matériau du bidon en question, et que nous avons l’assurance qu’il ne fuira pas sur au moins 1000 ans [diapo 14]. Si je reprends un peu ce que j’ai dit, dans le cas des analogues naturels, c’est à dire où il n’y a pas eu d’interventions humaines, ce sont de grandes échelles de temps, mais nous connaissons rarement les conditions initiales, et l’information est qualitative Les données archéologiques proviennent de matériaux qui ont été soit fabriqués par l’homme, soit par la nature. Les échelles de temps sont nettement moindres, mais nous connaissons la situation initiale et donc les conditions d’évolution au cours du temps. L’information est quantitative [diapo 15]. L’échelle de temps pour les analogues contemporains, tels que ponts, tunnels etc. est d’environ 300 ans. Enfin, il reste une incertitude : jusqu’à maintenant, l’homme n’avait pas

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réussi à modifier significativement et durablement son environnement, mais le problème des émissions de gaz à effet de serre montre que ceci peut arriver.Je vais vous donner quelques éléments de conclusion. Le premier élément est absolument évident. En effet, plus l’échelle de temps de l’analogue est réduite plus l’information est précise et quantitative et vice versa. Mais, il existe une forte limitation : Y-a-il un analogue naturel ou archéologique qui reproduit les conditions du stockage ? Je crois que l’on peut répondre : aucun. Autrement dit, la contribution des analogues naturels ne peut être que ponctuelle dans le cadre d’une modélisation : l’analogue naturel va conforter la modélisation dans des circonstances bien précises et avec un matériau ayant certaines caractéristiques [diapo 16]. Autant l’ANDRA a beaucoup utilisé les analogues naturels dans la constitution de ses dossiers techniques et scientifiques, autant elle en a fait une utilisation prudente vis à vis du grand public. Pourquoi ? Parce que les situations ne sont pas si analogues avec celles du stockage : elles ne couvrent pas toutes les situations et tous les matériaux. Donc, nous les présentons simplement comme des points d’appui locaux ou ponctuels et c’est parfois peu évident pour le public [diapo 17]. Le dernier point, c’est que la réversibilité des sites de stockage pourrait changer cet état de fait. En effet, les échelles de temps des analogues contemporains (tunnels, mines, capteurs, etc.) sont cohérentes avec la durée de réversibilité envisagée : au moins 100 ans selon la loi de 2006. Le législateur a été très prudent, il n’a pas dit à partir de quel moment commençait le siècle : si c’était au dernier colis ou au premier, il nous laisse cette responsabilité. Nous allons donc nous baser sur 2 siècles au pire, en comptant 1 siècle d’exploitation. La surveillance du stockage durant son exploitation apportera un retour d’expérience en qualité et en quantité. Supposons qu’un site de stockage ait une autorisation pour 2015-2016 et sachant que nous commencerons à mettre les colis vers 2030, nous arriverons peut être à une fin vers 2115. Nous aurons dans ce cas, 80 ans de recul, ce qui fera que le stockage en lui-même nous donnera des analogues. Le thème de la réversibilité est très important au niveau sociétal et politique même si le public ne nous a, jusqu’à actuellement, pas fortement questionné, et la considération d’analogues contemporains sera une nécessité [diapo 18]. Enfin pour les échelles de temps plus grandes, personnellement j’avoue ne pas trop y croire, parce que nous avons fait des progrès fantastiques dans la gestion de la sûreté et dans l’architecture [diapo 18].

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Diapo 1 Diapo 2

COM .XX.ACOC.0800

Le passé, un modèle pour le futur ?

par B Faucher / Andra

www.andra.fr

La gestion des déchets radioactifs

Lundi 18 mai 2009

Amphithéâtre Lavoisier

AGENCE NATIONALE POUR LA GESTION DES DÉCHETS RADIOACTIFS

COM .XX.ACOC.0800

Les échelles de temps

Période des radionucléides

Principe du stockage : confiner et retarder

AGENCE NATIONALE POUR LA GESTION DES DÉCHETS RADIOACTIFS2

Diapo 3

Diapo 4

Diapo 5

Diapo 6

Diapo 7

Diapo 8

COM .XX.ACOC.0800

Stratégie du stockage selon les types de déchets

A

c

t

i

v

i

t

é

Temps

Confiner et isolerLimiter les

transferts et/ou

la quantité des

nucléides à vie

longue

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Diapo 9 Diapo 10

COM .XX.ACOC.0800

Stratégie du stockage selon les types de déchets

A

c

t

i

v

i

t

é

Temps

Confiner et isoler

300 ans pour le

stockage en

surfaceQuelques 105 ans

pour le stockage

géologique

Quelques 104 ans

pour le stockage

intermédiaire

Limiter les

transferts et/ou

la quantité

COM .XX.ACOC.0800 11

Les enjeux des échelles de temps dans le

stockage des déchets radioact ifsL’apport des analogues

-Connait re la phénoménologie pour ensuite en prévoir l ’évolut ion :

- envisager les types de phénomènes suscept ibles de se développer au

cours du temps;

- validat ion, au moins part ielle, des modélisat ions de phénomènes;

- choix de concepts et de matériaux en fonct ion de la marge d ’ incert itude.

- Argumentaire addit ionnel notamment vis-à-vis du grand public:

- principe du stockage « le confinement et la limitat ion de la migrat ion des

RN ». Pourquoi est -ce raisonnable de l ’envisager ?

- relat iviser les échelles de temps concernant le stockage (notamment le

stockage géologique) en les mettant en perspect ive avec d ’autres échelles

de temps.

Diapo 11

Diapo 12

COM .XX.ACOC.0800

Quelques exemples d’analogues

avec différentes échelles de temps

Apports et limitations des analogues

AGENCE NATIONALE POUR LA GESTION DES DÉCHETS RADIOACTIFS12

COM .XX.ACOC.0800

13

Géologie : le cas d ’Oklo (Gabon)• Quelques 15 réacteurs nucléaires naturels à

fission (2 milliards d ’années) modéliser la

migrat ion des produits issus de la réact ion (Pu sur

moins de 3 mètres ?),

• mais en terme de communicat ion « grand

public », le stockage géologique s’apparenterait à

un réacteur souterrain !

Diapo 13

Diapo 14

COM .XX.ACOC.0800 14

Géo-prospect ive: variat ions climat iquesL’étude des variat ions climat iques et de leurs conséquences sur 400 000

ans avec une focalisat ion sur les 130 000 ans passés;

- variat ion de température, environnement , érosion, permafrost ,

- mais limitat ion en project ion future car d ’autres phénomènes

peuvent intervenir (gaz à effet de serre par exemple).

Evolut ion climat ique

durant les derniers

130 000 ans en

Meuse/ Haute-Marne

COM .XX.ACOC.0800 15

Archéologie : corrosion des métaux

• Le retour d ’expérience porte sur quelques 2 à 3 000 ans,

• L’Andra a adopté un concept de conteneurs en acier noir (et non en

alliages sophist iqués), notamment sur la base du REX de ces analogues

archéologiques.

Vitesse de corrosion de

divers objets archéologiques

Diapo 15

Diapo 16

COM .XX.ACOC.0800 16

Echelles de temps et analogues- Les analogues naturels concernent des mat ériaux ou situat ions naturels,

qui ont évolués suite à des phénomènes naturels, ce qui signifie:

- grandes échelles de temps, de type géologique mais les condit ions de

l ’évolut ion, dont l ’état init ial, peuvent être mal connues;

- informat ion plutôt qualitat ive.

- Les analogues archéologiques concernent des matériaux dit ouvragés, qui

ont évolué suite à des phénomènes naturels ou humains, ce qui signifie:

- échelles de temps de quelques milliers d ’années, mais les matériaux sont

mieux connus ainsi que les condit ions d ’évolut ion, voire même proches de

matériaux actuels,

- informat ion quant itat ive

- les plus récents sont appelés analogues contemporains (moins de 3 siècles)

tels que ponts, tunnels, bât iments, etc.

Jusqu ’à récemment , l ’homme n ’avait pas réussi à modif ier significat ivement et

durablement son environnement, mais le cas « GES » montre que ceci peut arr iver.

COM .XX.ACOC.0800 18

Donc, plus l ’échelle de temps de l ’analogue est réduite,

plus l’ informat ion obtenue est précise et quant itat ive

et inversement

Y-a-il un analogue naturel ou archéologique

qui reproduit les condit ions du stockage

(irradiat ion, température, pression, matériaux, etc) ?

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Diapo 17 Diapo 18

COM .XX.ACOC.0800 19

Autres commentaires (1/ 2)

Autant l ’Andra a ut ilisé les analogues naturels et archéologiques dans

ses dossiers techniques et scient ifiques, autant L’Andra en a fait une

ut ilisat ion prudente vis-à-vis de grand public:

Parce que ces situations ne sont pas si «analogues»

avec celles du stockage

- les analogues ne couvrent pas toutes les situat ions et mat ériaux du

stockage;

- et même dans ce cas, leur applicat ion est limit ée et leur contribut ion à

la validat ion de modélisat ions n ’est que ponctuelle et parfois peu

évidente pour le public.

COM .XX.ACOC.0800 20

Autres commentaires (2/ 2)

Néanmoins, la réversibilité pourrait changer la situat ion:

- les échelles de temps des analogues contemporains (tunnels, mines,

capteurs, etc) sont cohérentes avec la durée de réversibilité envisagée (au

moins 100 ans selon la loi de 2006);

- le surveillance du stockage, déjà pendant sa phase opérat ionnelle (de

l ’ordre du siècle), apportera un REX;

- enfin et surtout le thème de la réversibilité étant important au niveau

sociétal et polit ique (notamment local), la considérat ion d ’analogues

contemporains sera une nécessité (cf NEA FSC workshop à BlD).

Pour les échelles de temps plus grandes, les approches de sûreté avec leurs

méthodes de gest ion des incert itudes et les redondances au niveau des

fonct ions de sûreté pourraient confiner l ’apport des ces analogues à un

argument d ’appoint .

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L’Europe et le stockage des déchets radioactifs

Gérard Ouzounian Directeur délégué aux affaires internationales de l’ANDRA

J’ai toujours pensé que lorsqu’on avait des messages à faire passer, il fallait mieux le demander à ceux qui n’ont rien à vendre et je viens d’en avoir l’illustration avec l’exposé de Jacque Foos. Du reste, je dois ouvrir un poste dans mon service, donc si vous voulez reprendre du service, vous êtes le bienvenu. Avant de parler concrètement de l’ANDRA, à coté des chiffres que vous avez cités, je voudrais les compléter par une image concernant les déchets radioactifs. En volume, on peut faire l’analogie avec une piscine olympique qui pourrait tous les accueillir. J’ajoute un autre point et j’en profite pour me faire un peu de publicité. Nous avons réalisé une version très lisible, c’est à dire sans les multiples tournures de phrase d’un texte de loi : la loi votée le 15 juin 2006 et publiée le 28 juin. Cette version se lit de manière linéaire, comme un roman. Donc, si vous n’avez pas envie ce soir de regarder la leçon de clôture de Jacques Foos, vous pouvez télécharger ce texte sur le site de l’ANDRA,( www.andra.fr), choisir le français ou l’anglais, et le déguster. L’ANDRA rend des comptes à toute une série de ministères. Elle est connue dans les domaines des milieux hospitaliers et du nucléaire mais surtout reconnue pour la collecte des déchets, leurs conditionnements, leurs traitements et leurs stockages. Je présenterais des expériences intéressantes dans d’autres pays. Puis je parlerais non pas des déchets et de l’Europe, mais de l’ANDRA et de l’Europe, ce qui n’est pas fondamentalement différent, ainsi que d’interventions qui méritent d’être relatées, avant de conclure [diapo 2] Le graphique présenté sur la diapo 3 montre les principes de classification recommandés par l’AIEA. Deux critères sont retenus, le niveau d’activité d’une part et la nature du radioélément d’autre part. La courbe EW (exempt waste) la plus proche de l’abscisse, représente les déchets exemptés, considérés comme non radioactifs. Les lieux de stockage en France des déchets radioactifs suivant leur classification sont présentés sur la diapo 4. J’y ajouterai un commentaire sur la période physique pour la classification vie courte-vie longue qui est passée de 30 à 31 ans, simplement à cause du césium 137 dont la période est un peu supérieure à 30 ans. Un mot supplémentaire sur l’origine des déchets, les déchets diffus venant du monde médical et de la recherche, ensuite des déchets provenant d’usine de type Bayard (utilisant des peintures contenant du radium) et enfin ceux qui sont considérés comme extrêmement dangereux [diapo 5]. Les déchets « faible activité-vie longue » sont des déchets radifères produits à partir de minerais venant des terres rares, phosphates et autres. Ces déchets présentent un spectre d’activité « resserré » faible mais des volumes importants. Dans les déchets du cycle électronucléaire, ce sont les déchets vitrifiés qui concentrent la plus grande partie de la radioactivité. Pour ces déchets, on trouve toute la gamme, tous les volumes et un spectre variable en activité. Quant aux déchets provenant du domaine médical et de la recherche, on s’aperçoit que les volumes relatifs sont très faibles mais que le spectre d’activité est très large. Le tableau de la diapo 6 vous a déjà été présenté par Jacques Foos. Ajoutons, que pour le stockage, nous ne nous arrêtons pas aux inventaires prévisionnels de 2020, nous intégrons toute la durée de vie des installations ainsi que celle des nouvelles décidées. Cependant, il est à noter que nous ne prenons pas en compte le

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renouvellement de l’ensemble du parc. Les pourcentages de répartition des déchets suivant leur domaine de « production » sont présentés en diapo 7. Dans les autres pays, nous pouvons noter des différences au niveau des critères de classification des déchets [diapo 8]. Par exemple, dans certains pays on considère que les déchets contenant 2 Bq/g ne sont pas radioactifs et sont appelés « exemptés ». Ailleurs, on appelle déchets « libérés », des liquides de faible activité qui au bout de 3, 4 ans sont considérés comme non radioactifs. Nous pouvons constater des différences de niveaux d’activité des catégories : une substance est dite radioactive si elle contient de 0 à 100 Bq en France, de 200 à 300 en Espagne et 400 en Grande Bretagne. Le seuil entre faible et moyenne activité varie également, il est de 4 000 en Grande Bretagne et de 10 000 en France. Dans certains pays notamment les pays de l’ex bloc de l’est, ce sont les critères radiologiques qui priment. En effet, la politique menée était de protéger le personnel et de repousser le traitement des déchets à la fermeture de la centrale. Ainsi, les déchets étaient et sont encore entreposés sur les sites. Il n’y avait donc aucune raison de leur trouver quelconque classification. Puis, il y a la prise en compte de critères thermiques, les déchets de haute activité déclenchant une forte chaleur. L’Allemagne distingue 2 catégories : les déchets qui émettent de la chaleur et ceux qui n’en émettent pas et peu importe leur durée de vie puisqu’ils sont tous destinés à être stockés en sous-sol. Il existe des différences de gestion entre les pays : cycle ouvert (option suédoise et finlandaise), cycle fermé (option française, japonaise et russe) et également selon les types de réacteurs qui donnent différents types de déchets. Autre différence, la gestion du combustible. En France, nous retraitons les combustibles usés, pour ne retenir que la fraction constituée principalement de produits de fission, d’activation et d’éléments transuraniens émetteur alpha (neptunium, plutonium) de haute toxicité et de vie très longue. Ce retraitement permet de réduire le volume total et de séparer cet ensemble en différentes catégories. Le retraitement permet aussi de récupérer les matières réutilisables comme combustible (plutonium 239). Par contre, en Suède tout le combustible usé va être stocké. Nous notons aussi des différences sur les inventaires selon l’expression des volumes considérés : volume brut ou volume de colis à stocker. En France, nous disposons de toutes sortes de topographie et de géologie. Dans les pays scandinaves, une fois sorti du granit, il ne reste rien, sinon la mer. Enfin, il faut tenir compte des différents types de pression sociale et politique. Voyons d’abord ce qui concerne les installations et les projets pour le stockage des déchets de faible et moyenne activité et à vie courte (FMA-VC) [diapo 9]. En France, le centre de la Manche est fermé depuis 1994, il est en phase de surveillance de 300 ans depuis 2003. Le site contient 525 000 m3 de déchets et l’environnement est surveillé à raison de 15 000 mesures par an [diapo 10]. Vous pouvez voir le site de l’Aube, conçu pour accueillir un million de m3 de déchets, et qui en abritent aujourd’hui 220 000. Ce stockage a une durée de vie de 40 ans, mais compte tenu des efforts de l’industrie pour réduire le volume des déchets, son « espérance de vie » est passée à 60 ans. Enfin, sur la dernière image de la diapo 10, nous voyons le centre de stockage des déchets à très faible activité, environ 100 000 m3. Le reste

est entreposé, en attente de stockage. En Espagne, le site d’Elcabril ressemble à l’installation de l’Aube, pour la raison simple que les ingénieurs espagnols ont travaillé avec nous. La capacité est plus faible, 130 000 m3. A droite, on aperçoit l’installation de Sellafield en arrière plan et devant le site de stockage des déchets près d’un village proche. Le site existe depuis la fin des années 50 [diapo 11]. En Suède, le dispositif est totalement différent. Le terrain étant granitique, les déchets sont à 50 m de profondeur sous la mer Baltique, dans des alvéoles de

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stockage. Les petits écoulements d’eau sont canalisés et récupérés. mais dans 40- 50 ans, compte tenu du comportement géologique de la région, le site aura tendance à remonter [diapo 12]. L’Allemagne ne dispose pas de site de stockage des déchets sauf à titre expérimental et historique, une mine de sel pour les déchets civils. Ici, à partir de 2013, les allemands devraient stocker leurs déchets non exothermiques [diapo 13]. Quels sont les projets de nouvelles implantations ? [diapo 14]. La République tchèque dispose d’installations depuis 1996. En Hongrie, un site est en construction dans un lieu de roches cristallines. En Belgique, vous pouvez voir sur la diapo 14 une coupe schématique de l’installation qui sera opérationnelle dans 3 à 4 ans et dont le principe est semblable à celles de la France. La Corée n’ayant pas de possibilité d’installation en surface construit un site à 80 m de profondeur. Des projets sont en cours en Lituanie et en Roumanie, en collaboration avec l’ANDRA. Voyons les projets pour le stockage des déchets de haute et moyenne activité à vie longue [diapo 15]. En France, la loi a fixé une feuille de route. En 2015, une demande d’autorisation de création sera déposée après inscription par les autorités de sûreté, les commissions d’évaluation parlementaire et locale et enfin un débat national. Le site de Bure situé à côté du laboratoire souterrain de Meuse Haute-Marne a été creusé à plus de 500 m dans une formation argileuse [diapo 16]. Des sites sont recherchés autour de Bure actuellement. Les finlandais creusent directement dans le granit à 500 m et sont dans une période d’investigation avant de procéder aux choix définitifs [diapo 17]. En Suède, le sol est aussi granitique et le choix du site est en cours. Sur la diapo 18 à droite, on aperçoit les combustibles usés sont placés dans des containers en acier recouverts d’une coque en cuivre, pour se prémunir de l’eau, l’ennemie des déchets. Aucune trace de soudure n’est aperçue au microscope grâce à un procédé de chauffage du cuivre à température de ramollissement : c’est vraiment spectaculaire ! En Allemagne, le projet de stockage dans le dôme de sel de Gorleben a été arrêté par le moratoire encore en vigueur dans ce pays. Des blocs de sel à 800 m de profondeur peuvent assurer la protection des déchets [diapo 19]. Au Japon, 2 « laboratoires » sont en cours : le premier dans le nord à 140 m de profondeur où les déchets sont enfermés dans des blocs de verre entourés d’une gangue argileuse et le second dans une zone granitique [diapo 20]. Aux Etats-Unis, le projet de Yucca Mountain bien que bien avancé, n’est plus financé et peut être considéré comme abandonné [diapo 21]. A propos de l’ANDRA et l’Europe [diapo 22], j’ai omis deux points. Le premier concerne « le Club des Agences » permettant l’échange d’informations et qui s’est développé avec l’ouverture de l’Europe. Mais, nous sommes actuellement un peu freinés, nous attendons que les pays retardataires nous rattrapent. Le 2ème point concerne le programme de stockage européen qui intéresse les pays qui produisent peu de déchets mais qui devront trouver des solutions de stockage. De nombreuses difficultés existent, économiques, pratiques etc. Par exemple, en France, nous n’avons pas le droit de stocker des déchets étrangers sur le sol national. Nous les traitons puis les retournons. Nous avons aussi des accords avec les organismes hors Europe (Japon, USA, Canada, Corée). En conclusion [diapo 23], les projets de site de stockage sont à des degrés d’avancements variables selon les pays. Il est à noter que la France et les pays scandinaves sont les plus avancés dans ce domaine. De plus, la France fait référence notamment grâce à ses réalisations (stockage de surface, approche des sites profonds) et un cadre législatif bien structuré. Enfin j’insiste sur le fait que des collaborations européenne et internationale sont essentielles.

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Diapo 1 Diapo 2

AGENCE NATIONALE POUR LA GESTION DES DÉCHETS RADIOACTIFS

Peut-on réussir le passage à une nouvelle ère nucléaire ?

18 mai 2009

CU des Saint s-Pères

Gérald Ouzounian

[email protected]

www.andra.fr

L’Europe et le stockage des déchets radioactifs

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Peut-on réussir le passage à une nouvelle ère nucléaire ?

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Plan

Classification, Inventaire

Stockage des déchets radioactifs : situation à l’international

Des installations et des projets pour le stockage des déchets de faible et moyenne activité et à vie courte

Des projets pour le stockage des déchets de haute activité et de moyenne activité et à vie longue

L’Andra et l’Europe

Conclusions

2

Diapo 3

Diapo 4

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Principe de classification

VSLWvery short lived

waste

(decay storage)

VLLWvery low level waste

(engineered landfill-

type disposal )

half -life

Act ivity

content HLWhigh level waste

(deep disposal)

ILWintermediate level waste

(intermediate depth

disposal)

LLWlow level waste

(near surface disposal)

EWexempt waste

(exemption /

clearance)

Sour ce: AIEA Safety Standar ds Ser ies, Classif icat ion of Radioact ive Waste, DS390 – 27 nov. 2008

4

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La classif icat ion des déchets radioact ifs en France

5

Parliament debate in 2006

Research reports delivered in June 2005

Centre de Morvilliers(waste from dismantling operations)

Courte durée de vie

< 31 ans

Longue durée de vie

> 31 ans

Haute activité

Mise en service en 2025 (loi 2006)Recherches en laboratoire souterrain M-HM

Déchets provenant du traitement du combustible usé

Moyenne

activité

Centre

de

l ’Aube

Centre Aube (déchets d’exploitation des réacteurs

électronucléaires )

Faible activitéMise en service 2019

Recherche de site en cours(graphite, radium bearing)

Très faible

activité

Centre de Morvilliers(déchets produits par les opérations de démantèlement)

+ Centre MANCHE

Diapo 5

Diapo 6

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Volumes de déchets radioact ifs

Estimation des flux annuels moyens en m3/an

HA : 130

MA-VL : 530

FMA-VC : 15,000

(Inventair e nat ional 2006)

Diapo 7

Diapo 8

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62,5%

24,1%

10,1%3,1%

0,2%

Electronucléaire Recherche

Défense Industrie non électronucléaire

Médical

Répart it ion des déchets radioact ifs par secteur

économique à fin 2004 (en volume)

(Inventair e nat ional 2006)

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Diapo 9 Diapo 10

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Des installations et des projets pour le stockage des

déchets de faible et moyenne activité et à vie courte

10

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France

11

Diapo 11

Diapo 12

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Espagne et Royaume-Uni

Source NDA

Source Enresa

12

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Suède

Source SKB

13

Diapo 13

Diapo 14

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Allemagne

Source DBE

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Nouvelles installations, projets

République Tchèque

Hongrie

Belgique

Corée

Lituanie

Roumanie………..

Source Ondraf

Source KHNP

15

Diapo 15

Diapo 16

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Des projets pour le stockage des déchets de haute

activité et de moyenne activité et à vie longue

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France

17

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Diapo 17 Diapo 18

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Finlande

Source Posiva

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Suède

Source SKB

19

Diapo 19

Diapo 20

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Allemagne

Source DBE

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Japon

21

Diapo 21

Diapo 22

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Etats-Unis

Source USDOE-OCRWM

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L’Andra et l ’Europe

Des accords avec les partenaires homologues

• Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Roumanie, Suède, Finlande..

• Mais aussi avec des organismes hors d ’Europe (Japon, USA, Canada, Corée)

Une participation aux projets de l ’Union Européenne

•Une longue tradit ion de recherche : déchets, géologie (sel, granite, argile), par

exemple depuis 1984 dans le laboratoire souterrain de Mol (Belgique)

•Un programme de démonstrateurs technologiques ESDRED

•Des programmes en cours (graphites, gaz, surveillance des stockages

•Une plateforme technologique en préparat ion sur les déchets radioact ifs

•Le Forum Européen de l ’Energie Nucléaire

•Du conseil et de l’expert ise (Phare-TACIS) : Lituanie, Bulgarie, Russie, Ukraine

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Diapo 23

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Conclusions

Des projets à des degrés d’avancements variables selon les pays

Le peloton de tête regroupe les pays scandinaves et la France

La France fait référence au moins à deux titres

• Ses réalisat ions (stockage de surface, approche des sites profonds)

• Un cadre législat if bien structuré, avec

• Des responsabil it és bien définies, depuis le niveau nat ional jusqu ’au niveau local

• Des object ifs clairs

• Des échéances

Une coopération européenne et internationale essentielle

• Sujets diff iciles où le partage prof ite à tous

• Renforcement des posit ions nat ionales lorsque les choix français sont adoptés par d ’autres

• Et pourquoi pas un accompagnement de l ’effort à l ’exportat ion de l ’ industr ie nucléaire française?

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Discussion de la session «Les déchets radioactifs des centrales nucléaires» Participant : Plaçons-nous dans l’hypothèse où le confinement ne joue plus son rôle. C’est à dire après des échelles de temps relativement importantes et où les produits migrent sous l’action de l’eau vers la surface. Qu’avez-vous dans ce cas comme stratégie de communication, d’explication pour le grand public ? Bernard Faucher : Les radionucléides peuvent migrer vers la surface mais aussi vers le bas. Et, à propos de cette migration des radionucléides dans le milieu biologique, la communication est assez simpliste mais bien compréhensible : les radionucléides ne peuvent bouger que de 2 façons. Premier cas, ils sont emportés dans un courant d’eau : comme ils sont dissous dans cette eau, celle-ci en se déplaçant, entraîne les radionucléides. Mais dans l’argile c’est impossible, l’eau ne déplace pas dans l’argile. Et si elle s’y déplace, c’est à des vitesses absolument minimes. L’autre cas, c’est une migration par diffusion : l’eau se déplacera mais les radionucléides qui y sont dissous ne « bougeront» que par des phénomènes de différence de concentration. La communication sur ce dernier cas, n’a jamais été ce que l’on pourrait appeler « notre grand défi ». Cependant, il existe des travaux de thèse qui en comparant la nature des eaux en dessous et au dessous d’une couche d’argile, en fonction de la densité de certains sels, démontrent qu’il n’y a pas de phénomènes de diffusion entre ces deux couches d’eaux. Nous allons donc disposer de preuves scientifiques qui vont permettre de démontrer que la vitesse de migration est soit nulle, soit absolument réduite. De même, de part de la nature des radionucléides stockés, la plupart sont extrêmement peu mobiles (à part le chlore). S’ils se déplacent en quelques centaines de milliers d’années, d’une dizaine de mètres dans la couche d’argile, c’est le grand maximum, sans oublier que les déchets ont 60 m d’argile au-dessus et 60 m en dessous. Participant : J’aimerai comprendre ce qu’est scénario « catastrophe » ? Imaginons un accident dans cent mille ans. Quelle dose ? Combien de personnes ? Bernard Faucher : Nous n’appelons pas ça des scénarii « catastrophe » mais des scénarii d’évolution d’intérêt. En fait, voici comment nous procédons, je vais vous reposer une autre question : Qu’est ce que vous voulez qu’il arrive ? Disons que vous me répondiez un forage, quelqu’un va faire un forage. Un forage sert généralement à chercher de l’eau, et là où nous « enterrons » il n’y a pas d’eau. Mais peu importe, supposons que ce quelqu’un veut faire un forage à cet endroit, même si il n’y a pas d’eau. Tout d’abord, si cette personne fait des forages, elle dispose quand même de sacrées technologies. Donc, il va savoir, peut être même avant le forage, qu’il y a une espèce d’objet non identifié qui donne une image assez bizarre du sous-sol. Encore une fois, supposons qu’il décide quand même de faire son forage et que le forage va traverser le stockage, qu’il arrive chez nous. Mais, le stockage sera divisé en alvéoles, les alvéoles seront elles-mêmes sous divisées de telle façon que le forage ne puisse intercepter qu’une partie mineure de l’inventaire. Néanmoins, cela aura des conséquences, nous sommes d’accord, il se peut qu’il y ait sur le site 2 ou 3 personnes qui soient contaminées, cela fait parti des risques Maintenant, un accident qui pourrait avoir des conséquences sur une grande partie de population. Lorsque nous parlons de la « grande population », les accidents sont du type un segment qui se détériore, un instrument qui casse. Nous avons dans ce type d’accident des démonstrations de sûreté, plus précisément nous avons divisé

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par 1000 les performances de tous les matériaux et de tous les instruments, et nous avons étudié quel pourrait être l’impact. Nous devons une réponse transparente, en ayant testé qu’est-ce qu’il se passerait si il y avait tel ou tel problème. Mais n’oublions pas une chose, cent mille ans, c’est ce qui nous sépare de l’homme de Néenderthal. Avec ce repère, nous pouvons imaginer quelles seront les avancées scientifiques et technologiques dans cent mille ans.

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L’écologie, science ou idéologie ? Le cas du nucléaire.

Luc Foulquier Ingénieur-Chercheur en Radioécologie retraité du CEA

Je vous avoue avoir hésité avant de répondre à la demande de Madame Linhart de vous exposer « L’écologie : science ou idéologie ? Le cas du nucléaire ». En effet, j’avais l’impression que tout ou presque, avait été dit et que dire de plus devant une assemblée d’initiés. Les archives et mes archives que j’ai dû (re)consulter, m’ont donné envie de poursuivre. Je ne prétends pas approfondir ici, mais tout simplement vous donner mon point de vue, mon vécu depuis 1962, l’année où je suis tombé dans la marmite de l’écologie et plus particulièrement de la radioécologie. Mon exposé vous sera donc délivré avec un côté personnel en conséquence, subjectif. Le titre même de l’exposé est le contraire de la volonté de rechercher un consensus mou. J’espère qu’il viendra enrichir les réflexions sur la transparence, le médiatiquement et politiquement correct et la place et le rôle des scientifiques. Les sondages divers, y compris ceux de l’IRSN, montrent que la population a une estime non négligeable vis-à-vis des scientifiques. Alors pourquoi ont-ils si peu la parole ? Pourquoi n’ont-ils pas eu la parole durant la période de Tchernobyl ? Aujourd’hui, de nombreux ouvrages montrent ce que les scientifiques ont fait à cette époque [Réf 1, 2]. De même, des organismes scientifiques, en particulier le CNRS, jouissent de la confiance des gens. Alors pourquoi est-il démantelé ?

Voyez, comment Mme Irène Joliot-Curie était traitée en 1936 !

J’ai effectué un parcours de 45 ans dans l’Ecologie et la Radioécologie. J’ai commencé ce parcours à partir des sciences naturelles. Après une licence et un 3ème cycle d’écologie, j’ai effectué un stage à l’institut des radioisotopes de Grenoble. Je suis rentré au CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) à Fontenay-aux-Roses puis en janvier 1964 au Centre de Cadarache : mes recherches portaient sur les transferts des radionucléides et les études de site. J’y ai d’ailleurs gardé quelques souvenirs tels que la notion de secret appliquée au mot « contamination ». Je suis recruté en 1963, dans le laboratoire de Radioécologie continentale. Dès les années 50, des recherches sur la radioécologie ont été réalisées au CEA. La première publication de radioécologie parait en 1953. Fin 1965, on comptabilise 49 publications sur le sujet, puis entre 1965 et 1986, 498, comprenant entre autres, des études radioécologique portant sur les végétaux aquatiques, les mousses en particulier, les sédiments, le bassin rhodanien [Réf. 3]. En 2002, nous en sommes à

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1065 publications et des dizaines de rapports. Nous pouvons noter que beaucoup de recherches avaient été faites bien avant 1986. L’idéologie : Je ne vais pas vous faire un exposé philosophique sur l’idéologie. Je dis simplement que dans les questions qui nous préoccupent, les philosophes sont indispensables et qu’ils manquent dans nos débats, tout comme la place des « sciences humaines » manque dans les directions scientifiques. Ceci est vrai pour toutes les disciplines et en particulier pour l’Ecologie. La notion d’idéologie est en pleine actualité puisqu’il existe même une idéologie qui défend la thèse de la fin des idéologies ! Il est difficile de définir l’idéologie, car elle est en permanence en liaison avec les luttes du moment : elle s’élabore au présent, en fonction des savoirs et des pratiques. Ce terme d’idéologie date de Antoine Destutt de Tracy (1754-1836) pour désigner une science qui traite de l’étude des idées. Les idéologues voulaient analyser la pensée pour combattre l’obscurantisme. Plus simplement, au sens courant, l’idéologie ce sont des idées de toute nature que l’on retrouve dans différentes classes sociales, différents groupes ou différentes époques ou lieux. Ce système d’opinions, de croyances joue sur les comportements. Ce peut être une doctrine qui finit par être acceptée sans réflexion. Althusser disait que l’idéologie se distingue de la science en ce que la fonction pratico-sociale l’emporte sur la fonction des connaissances et Francis Jacob dans le jeu des possibles : « Rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir raison. Rien ne cause autant de destruction que l’obsession d’une vérité considérée comme absolue ». Je pense que nous avons besoin de débattre de cela pour affronter la question des peurs, par exemple l'activité humaine et son impact sur son environnement, cas des politiques de l’énergie etc. Notamment, une démarche scientifique, doit être expliquée. La méthode scientifique n’est pas de l’idéologie. Une théorie scientifique n’est pas une vision du monde, ni une vérité absolue et définitive. L’écologie est une science qui produit des théories. L’écologisme est une vision de la société, souvent dogmatique avec des vérités absolues : par exemple « non au nucléaire » et ceux qui « bougent » sur cette question sont qualifiés et considérés comme traîtres. Je citerai les cas de P. Moore, ancien leader de Greenpeace, de C. Goddale du Parti des Verts. Le cas le plus exemplaire est celui de James Lovelock, fondateur historique de la pensée écologique et auteur de la théorie GAIA, qui est passé de «pape» à «vendu» après une réflexion qui le conduit à penser que le nucléaire civil fait partie des solutions écologiques. Je suis d’accord avec le neurologue Alain Prochiants (Télérama n°hors série « C. Darwim dérange encore » - février 2009) lorsqu’il écrit : «Je continue à penser que la connaissance est bonne en soi. La science n’est neutre ni du point de vue de la survie de l’espèce, ni du point de vue politique et social. Oui, il y a de mauvais usages de la science mais les usages ne sont pas la science. Je demeure convaincu que le développement de la pensée rationnelle constitue la meilleure antidote au dévoiement de la science ». Enfin, Alain Badiou [Réf. 4] partage l’espoir que va revenir « la puissance affirmative de l’idée». Il aborde la question de l’opinion et montre la manière dont les sondages traitent les gens comme des sujets. On fait semblant de mettre de la philosophie partout, mais en réalité «le philosophe» est celui qui accepte sans critique, « le bien pensant » et « l’écologiquement correct ». Ce n’est plus de la philosophie, c’est de la propagande. La technique, la gestion et le libertinage remplacent la science, l’amour et la politique!. Ecologie et environnement : Je pense qu’il est nécessaire de faire de l’Ecologie comme on fait de la physique ou de la sociologie. Il existe une grande confusion au niveau du vocabulaire :

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environnement, nature, milieu, écologie, développement, croissance et développement durable. Par exemple, d’après une enquête en Rhône-Alpes en 2009, 97% des français connaissent le terme de développement durable, mais ce terme évoque pour 87% d’entre eux l’environnement, pour 56 % l’activité financière, pour 50% la solidarité etc. Il en est de même pour l’Ecologie. Mais, est-ce que quelqu’un répondrait : c’est une science ? Je vous suggère la lecture d’un de mes articles à ce sujet : « Ecologie – Environnement » [ERS voL 6 (3) 2007 : 219-220]. Ernst Haeckel (1834-1919) invente le mot écologie, soit la science de l’habitat (oïkos = habitat en grec). Il la définit comme «science de l’économie, du mode de vie, des rapports vitaux externes des organismes… ». Mais, la définition retenue sera : par écologie nous entendons, la totalité de la science des relations de l’organisme avec l’environnement comprenant au sens large toutes les conditions d’existence. Dans le numéro de mai 1974 de la revue « Le Sauvage », A. Hervé traite de « La naissance de l’écologie politique », titre suscité par la candidature de René Dumont à la présidentielle de 1974 (L’écologie politique est née). Dumont refuse de s’engager au second tour en faveur des candidats restants. « Le problème le plus grave est toutefois posé par la construction de centrales nucléaires et le volume de leurs déchets radioactifs. Les surgénérateurs au plutonium, tel que Phénix, sont une véritable catastrophe en réserve » René Dumont considère sa candidature comme «révolutionnaire» mais déclare «lorsqu’il s’agit de la survie d’une civilisation, le jeu politique s’évanouit forcément». C’est une constante des partis «Verts» : ils ne font pas de politique, ils sauvent l’homme et la planète. Aujourd’hui, face au «danger climatique» les arguments des antinucléaires ne tiennent pas. Et pourtant c’est le « sortir du nucléaire » qu’ils mettent en avant et non pas « sortir du pétrole » ! Comprenne qui pourra ! Des arguments plus que discutables pour dire « non au nucléaire » Certains débats peuvent être clairs : « Je suis contre l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins militaires » ou « Je suis pour, avec l’argument de dissuasion ». A chacun sa morale. Je ne conteste pas l’idée qu’on puisse être contre l’énergie nucléaire pour faire de l’électricité, c’est un débat : avantages et inconvénients. Ce que je conteste, c’est l’utilisation de méthodes et d’arguments qui sont simplement là, pour justifier « une position idéologique » sans se soucier de l’exactitude des faits et de certaines règles de déontologie. Et ce sont ces méthodes qui ont été utilisées avec le soutien des télévisions, par Mme Rivasi (CRIIRAD) au moment de Tchernobyl. Et cela continue de plus belle d’ailleurs ! F. Ramade [réf 5] expliquait en 2001 que «La place très spécifique des Verts parmi les autres courants de pensée des pays occidentaux, tient en ce qu’à la différence de toutes les idéologies politiques, la leur prétend authentifier la rationalité de sa démarche en lui donnant d’emblée une caution scientifique particulière, celle de l’écologie, d’où l’usage de ce terme pour désigner leur doctrine, ou du terme «écologie-politique». C’est avec quelques exemples précis que je vais essayer de vous montrer qu’il y a parfois une certaine tricherie sur la caution scientifique. Dans le n°2 d’avril 1975 de la revue Le sauvage, M. Busquet développe la logique suivante : « de l’électronucléaire à l’électrofascisme » et avance l’argument que personne ne parle de la concentration biologique dans les chaînes alimentaires de certains déchets radioactifs. Le mensonge est évident, puisque fin 1974, il y avait déjà 226 publications concernant la Radioécologie en France ! Il y avait déjà la tentative de créer la confusion entre une position antinucléaire et la gauche ; « refuser le programme nucléaire, c’est refuser la logique du capitalisme». Comme si l’Allemagne d’aujourd’hui n’était pas un pays capitaliste !

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Regardons un peu l’activité de la CRIIRAD de 1986 à 1998. Il faudrait sur certains points, rétablir la réalité des faits. Personne, en tout cas pas moi, ne conteste les erreurs de communication au moment de Tchernobyl, ni l’intérêt de l’existence de certaines associations. Mais, ce n’est pas une raison suffisante, parce qu’on en est membre, de se considérer, en quelques jours, comme un scientifique spécialiste de radioécologie. La CRIIRAD savait où trouver les informations, puisque les scientifiques les lui donnaient et que des universités l’aidaient, elle connaissait et se rendait au laboratoire de Radioécologie de Cadarache. Elle savait, par exemple par les travaux des chercheurs, que les mousses sont de bons indicateurs de pollution par les métaux donc par certains radionucléides également. Mais elle se garde bien de donner ses sources ! Pour faire bonne mesure, elle souligne son indépendance y compris vis-à-vis de la politique. Or, nous savons ce qu’il en est : cette association est en permanence utilisée comme argument électoral, et cela a été le cas lors des dernières élections européennes. J’ai en ma possession les originaux de courriers attestant que la CRIIRAD était régulièrement et normalement informée des travaux du laboratoire de Radioécologie Continentale de Cadarache. J’ai ici une lettre datée du 9 mai 1989 de F. Mosnier (responsable du laboratoire de la CRIIRAD) me remerciant des envois de publications et me demandant les résultats de nos travaux en Corse ou dans le bassin du Var. J’ai personnellement envoyé à M. Chareyron (responsable de la CRIIRAD à Valence) et à sa demande, les protocoles d’incinération des végétaux avant analyse. Cet échange de lettres (elles sont nombreuses) montrent clairement qu’il n’y avait pas de secret et que les scientifiques mettaient leurs informations à la disposition de tous ceux qui les voulaient. Pendant que les scientifiques travaillaient, d’autres faisaient de la communication et adressaient des courriers aux collectivités et aux Conseils Généraux pour déclarer que rien n’était fait et qu’il fallait donner des subventions au nom « d’une véritable mission d’utilité publique » tout en prenant le soin d’écrire que « la CRIIRAD n’est pas une association écologiste ». Ces méthodes comportent une part non négligeable de tricherie et n’ont rien à voir avec la Science. A sa demande, j’ai envoyé à Melle Pichon (étudiante à Avignon) le 17 avril 1991, une liste de nos travaux sur la radioécologie du Rhône. En fait, cette personne était en charge d’un rapport pour la CRIIRAD, à la demande de l’adjoint « écologiste » de la mairie d’Avignon. Le rapport est sorti en juin 1994, et ne révèle rien de neuf ni d’alarmant : des éléments et des situations décrites et écrites 16 ans auparavant, y sont répétés. Mais, on n’y trouve aucune référence bibliographique ce qui laisse croire que la CRIIRAD a été la première à écrire sur ce sujet et à démontrer qu’il faut plus d’argent pour faire un travail déjà fait ! En outre, la CRIIRAD s’est livrée à une attaque contre les chercheurs de l’IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire, ex IRSN) qui lui avaient fourni des informations : « l’IPSN est largement utilisé comme réservoir d’experts pour l’administration ». Au-delà du fait qu’il est normal que les experts payés par l’argent public donnent leur avis, il est inadmissible de laisser croire que ce sont eux qui décident politiquement. Ce rapport parle du secret des dossiers, alors que ceux-ci étaient envoyés à la CRIIRAD, et j’ai en ma possession les courriers qui le prouvent. J’ai d’autres exemples plus graves du point de vue de la déontologie. Lors d’une émission de France Inter (26/04/1992), Mme Rivasi parle de pollution au césium 137, pollution qui serait due à la centrale nucléaire de Fessenheim. Or, Il s’est avéré que ce césium 137 provenait des retombées des essais nucléaires, et donc ce que Mme Rivasi avait suggéré, était faux.

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Même méthode (1991), à propos de la présence de plutonium 238 dans les sédiments du Rhône qui proviendrait des rejets de la centrale de Creys-Malville. En réalité, en tenant compte de la granulométrie des sédiments, en amont et en aval de la centrale, on retrouve les rapports 238Pu/ 239Pu+240Pu (soit égal à 0.03) caractéristiques des retombées des essais nucléaires. Lors des inondations en Camargue en 1993, on a laissé croire que le riz était impropre à la consommation. Or, dans la zone non inondée, le riz paddy présentait une activité inférieure à 0,2 mBq/kg sec, et celui de la zone inondée, une activité inférieure 0,16 mBq/kg ! Nous ne parlerons même pas du fait que le facteur de transfert sol-céréales (1993) est de 10-4 à 10-8 !. Même scénario au début 2000, à propos de certaines plages de Camargue qui « contenaient plus d’uranium et de thorium qu’ailleurs » ! On a laissé croire que cela pourrait provenir des installations nucléaires du bassin rhodanien. En fait, ces zones appelées «placiers» correspondent à l’accumulation de minéraux lourds (apatite, zircon) qui proviennent des massifs central et alpin. Nous savons depuis longtemps que l’origine de cette radioactivité est naturelle et résulte de l’érosion et du transfert alluvial des sédiments. Ce qui est profondément regrettable, c’est que cette méthode se poursuive en dehors d’un vrai débat scientifique. On fait jouer le sensationnel, la peur, la propagande, en lieu et place de l’information et de la connaissance. Point n’est besoin ici de revenir sur l’émission de FR3 « Uranium : le scandale de la France contaminée » (2009). Je ne vous citerai que la réponse à cette émission dans la RGN n°1 de janvier-février 2009. Un de mes collègues chercheur, J.M. Gama me disait : «par application du principe de précaution, il faut d’urgence évacuer les populations des massifs montagneux granitiques uranifères du Massif Central, de Bretagne, de Corse, des Vosges, où la radioactivité naturelle est supérieure à la norme ». Tout cela tourne au ridicule et n’est pas loin de l’escroquerie. Mais qu’ont fait Mmes Lepage, Voynet et d’autres, lorsqu’elles étaient ministres pour organiser un vrai débat ? Aujourd’hui, les doublons se multiplient et une part significative d’argent public est gaspillé ou utilisé à des fins politiciennes. Constatez ce qui se passe à propos du tritium, qui ne représente vraiment pas le pire des dangers :

- réunion de la CLI à Jouques, près de Cadarache, le 3 octobre 2008 (C’était déjà la campagne électorale contre ITER), - l’ANCLI organise les 3 et 4 novembre 2008 une journée « tritium » qui montre que celui-ci induit 1/2000ème de l’exposition naturelle aux rayonnements ionisants, - l’ASN crée des groupes de travail sur ce sujet, - le CEA et l’IRSN publient depuis plus de 20 ans des résultats, par exemple le tritium organique dans la zone de Marcoule, - la SFRP met heureusement en place une vraie journée scientifique pour septembre 2009.

Pourquoi un tel engouement ? Que sortira-t-il de clair pour la population ? Il est à noter que Mme Séné est présente partout, ce qui est un gage d’indépendance et de vérité ! A quoi sert la recherche, le service public ? Il est bien et indispensable que les CLI informent, mais doivent-elles aussi faire les programmes de recherche et payer des associations pour « contrôler » la qualité du travail des autres ? La science ne fonctionne pas ainsi, sauf à considérer qu’elle doit être « sous contrôle politique » !

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Ce que je retiens qui me semble essentiel Il faut essayer d’être le plus clair possible dans les propos en sachant qu’il y aura toujours une bataille sur les contenus, par exemple Ecologie – développement durable. La terminologie n’en reste pas moins très importante. Je trouve très utile la manière dont Dominque Lecourt [Réf. 6] aborde la question de l’innovation et de la précaution : « Au nom du fameux principe de précaution, on demande à chacun qui entreprend une activité productive ou une recherche créatrice, d’apporter par avance la preuve de l’absence de risque ce qui excède tout simplement les possibilités de la condition humaine ». Il invente «l’homme précautionneux qui risque de renoncer à tout progrès dans la connaissance et dans l’action, faute de certitudes qu’il se voit enjoint d’exiger de lui-même avant d’entreprendre ». Même dans les propos que je vous tiens il y a une prise de risque ! Quant aux médias au service d’une politique, je citerai encore D. Lecourt : « A coup sûr les médias ne cessent de renforcer des formes de vie de plus en plus cloisonnées en systèmes indépendants qui en livrant le pouvoir aux «experts» a fini par mettre en péril l’essence même de la démocratie » Justement, qui sont ces experts ? Qu’est-ce que l’expertise scientifique ? Philippe Roqueplo [Réf. 7] en essayant d’y répondre, s’interroge sur le rôle joué par les scientifiques dans les processus de décision politique. On est toujours, dit-il, à l’interface de la connaissance et de la prise de décision. Il faut donc fournir de la connaissance, mais il faut ensuite savoir si on parle de quelqu’un qui est un expert, compétent dans un domaine donné, ou de quelqu’un qui formule une expertise. Et c’est là, un aspect important de la confusion. Enfin, P. Roqueplo dénonce « ceux qui de façon volontaire et consciente, se donnent l’apparence de parler au nom de la science alors que leur connaissance ne leur sert en réalité qu’à construire un argumentaire destiné à tenter d’imposer la politique qu’ils ont reçu à charge de défendre ». On ne peut pas improviser avec la compétence : c’est du travail et un long chemin. Si on ne reconnaît pas cela, le scientifique ne peut plus s’exprimer parce qu’il en sait plus que les autres. C’est le cas aujourd’hui : ce n’est pas parce qu’on « passe » souvent à la télévision que l’on est compétent ! Le « rayon » est devenu le fond de commerce de certains groupes et de certains politiciens. On finit par dire n’importe quoi au service d’un préjugé. Il faut relire le livre de G. Charpack [Réf. 8]: « Tel personnage qui ne pourrait pas expliquer à ses enfants les phénomènes élémentaires de l’ébullition de l’eau, peut à la télévision afficher des certitudes sur l’état du krypton radioactif qui sort des cheminées de La Hague ». Tout ceci montre qu’il existe une nécessité d’avoir de vrais débats, des échanges, des coopérations, des congrès et des écrits à tous les niveaux, politique, syndical, et associatif. Mais attention, à qui représente la «société civile», les «parties prenantes» et «l’opinion publique». Ce sont souvent des personnes que l’on retrouve partout. Par exemple, Mme Séné, de « La gazette nucléaire » à l’ANCLI, et qui depuis 30 ans réclame un débat ! Le débat est permanent, mais ce que certains nomment débat ne commence que si on est d’accord avec eux ! Le vrai débat serait l’arrêt de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et des recherches (ITER) sur ce sujet. Dans sa «charte de l’ouverture à la société», l’IRSN qui fait son travail de manière utile, tombe un peu dans le panneau. On parle d’expertises indépendantes. Mais qu’est-ce qu’une expertise indépendante ? On parle d’acteurs de la société. Mais qui sont ces gens ? Il y a toujours le risque de se défausser sur des «experts» autoproclamés, ou désignés par les médias, qui finissent par dévaloriser la politique. La société civile devient le «masque» : quelques personnes qui cachent la réalité.

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« La méthode pour utiliser le principe de précaution dans la gestion des risques n’a de valeur que si et seulement si, le politique a le courage de revenir en arrière une fois que le progrès des connaissances a démontré l’inanité de certaines décisions». (P. Duby, 2004). Le professeur Artus [Réf. 9] plaide pour le débat public mais un débat public avec des règles éthiques : «Sous des dehors démocratiques, le débat débouche au contraire sur la décision dictatoriale d’une opinion publique que l’on prend à témoin sans qu’elle ait les moyens sérieux d’asseoir une décision ». D. Lecourt [Réf. 10] montre que le scientisme a nourri l’antiscience. Cette « réaction » a réussi à usurper le mot écologie. On a fini par oublier que c’était une «science naturelle», que ce n’était pas une discipline des sciences humaines et encore moins un parti politique. Le socio-biologisme n’est pas loin. Et comme toujours, certains cherchent à utiliser des scientifiques ou des concepts scientifiques au service d’une politique: On en revient donc à la question de la décision politique et à la maîtrise du processus démocratique. La perte de confiance engendre du paranormal, de l’intégrisme, du « pur spirituel », de l’antiscience. Je pense que c’est à ce niveau que les scientifiques ont un rôle à jouer pour peser sur les décisions, notamment sur le réchauffement climatique, la biodiversité, les pollutions, les méfaits de la drogue, etc. L’enrôlement de la science au service d’un conception politique nous rapproche vite du dogme. Il s’agit d’un débat fort actuellement, où des textes de loi demandent à la Science et aux scientifiques de répondre immédiatement aux besoins des industriels, soit d’être compétitifs ou encore d’être les porteurs du dialogue avec le mouvement social. Mais, les scientifiques sont des citoyens comme les autres : ni dans une tour d’ivoire, ni propagandiste, ni professionnel de l’expertise. Toute ma vie, j’ai fait des débats sur l’écologie. Je n’ai pas eu besoin qu’on me donne des directives pour être ouvert à la société ! Mon travail était défini : faire connaître nos travaux par des publications, après il s’agit de ma conscience et de mes opinions. J’a été marqué par l’appel d’Heidelberg (14.04.1992) : «Nous adhérons totalement aux objectifs d’une écologie scientifique axée sur la prise en compte, le contrôle et la préservation des ressources naturelles». Même s’il y avait confusion avec l’écologisme et peut-être une surestimation du rôle de la science, il mettait bien en cause le dogmatisme de l’écologie politique, et posait le problème du rôle de la science dans le processus de décision politique. Ce qui revient à poser la question de l’environnement en terme de développement de la société avec une vision progressiste de l’histoire [Réf. 11]. Ce qui me paraît aussi essentiel, ce sont la franchise, l’honnêteté intellectuelle et le respect des autres. L’article 28 de la déclaration universelle des droits de l’homme (10.12.1948) indique : «Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer aux progrès scientifiques et aux bienfaits qui en résultent». Et, la science fait partie de la culture au même titre que la poésie. Devant les enjeux du nucléaire, des OGM, du spatial, de la protection des écosystèmes, de la médecine, des nanotechnologies etc., on ne peut que rester modeste. Chacun(e) peut avoir sa conception des rapports entre science et société mais la culture du débat est essentielle. Le livre de Mme Rivasi [Réf. 12] est le modèle du non débat : pas de réelle bibliographie (Qu’est-ce qu’une publication ? Comme si le «CRII du RAD» en était une au sens scientifique), les attaques sans preuve, la presse qui se résume à « Libération », les jugements sur Charpak, les combines pour les crédits, l’attaque contre les services publics et le gouffre de SPX2, et j’en oublie. Alors que le mouvement de la science, c’est l’effort permanent de comprendre les phénomènes de la nature y compris ceux de nos consciences. Le

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débat est de rigueur dans la pratique scientifique. Il faut du temps (publication) et de la mémoire d’où l’Histoire. Il faut coopérer et non être en permanence en compétition. Le politique ne dicte pas à la science et le scientifique n’est pas le décideur politique. Les inquiétudes de P. Langevin dès 1946, ne font que se vérifier : «il faut qu’à l’effort de construire la science, nous joignons celui de la rendre accessible de manière que l’Humanité poursuive sa marche en avant, sans avant-garde perdue ni arrière-garde traînante». Il est clair qu’augmenter le niveau des connaissances pour une appropriation collective est indispensable. «La maîtrise par le plus grand nombre d’un minimum de culture scientifique s’avère aussi décisive pour l’avenir que dans le passé la parole, puis l’écriture et la monnaie» (G. Charpak). Sinon, nous allons au plus facile : le relativisme permanent ou la démagogie populiste. Voici un peu comment j’ai vécu de manière passionnée et passionnante ma vie «sociale ». Enfin, je reste persuadé et je persiste à penser que le progrès scientifique a ouvert et ouvre des possibilités aux sociétés humaines.

Réf. 1 B. Lerouge. Tchernobyl, un nuage passe. éd. L’Harmattan. 2008 : 280 pages. Réf. 2 Ph. Renaud, D.Champion; J. Brenot. Les retombées radioactives de l’accident de

Tchernobyl sur le territoire français. éd. Lavoisier.2007 : 190 pages. Réf. 3 R. Coulon. Contribution à l’histoire de la radioprotection en France : l’environnement et la

radioécologie de 1955 à 1965. Radioprotection 2004. 39 (1) : 99-116. Réf. 4 A. Badiou. Second manifeste pour la philosophie. éd. Fayard. 2009 Réf. 5 F. Ramade. Ecologie et écologisme. Cahiers rationalistes. 2001 : 551 : 5-14. Réf. 6 D. Lecourt. Innovation et précaution. ERS 2008. 7 (5) : 311-312. Réf. 7 D. Lecourt. Contre la peur. P.U.F. 1990. 176 pages. Réf. 8 P. Roqueplo. Entre savoir et décision, l’expertise scientifique. éd. INRA. 1997 : 111 pages. Réf. 9 G. Charpak, H Broch. Devenez sorciers, devenez savants. éd. Odile Jacob Sciences.

2002. 201 pages. Réf. 10 J.Cl. Artus. Les tribulations du professeur au pays du nucléaire. éd. Ramsay 1998 : 297

pages. Réf. 11 P. Acot. Histoire de l’écologie. P.U.F. 1998 : 285 pages. Réf. 12 M. Rivasi. Le nucléaire qu’on nous cache. Ed. Albin Michel. 1998.

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Histoire de l’abaissement des normes médicales

Professeur Gérard Milhaud Professeur Universitaire-Patricien Hospitalier de Biophysique

Membre de l’Académie Nationale de Médecine.

Mesdames, Messieurs, mes chers collègues et confrères, rien n’est plus ennuyeux que de parler de l’historique des doses utilisées admissibles en radioprotection. Je vais toutefois essayer de placer ce sujet dans un cadre un peu plus large et de vous montrez comme cela a été fait précédemment, les aberrations qui résident dans ce domaine et qui méritent d’être corrigées. En 1994, le Professeur Burg remettait au 1er ministre de l’époque M. Balladur, un rapport sur la radioprotection où il constatait que l’introduction de nouvelles normes plus sévères aurait des conséquences graves. La plupart de ses remarques valables à l’époque, le sont encore aujourd’hui. Quel est l’objectif de la radioprotection ? Il est de protéger l’homme contre l’ensemble des dangers réels ou supposés que l’exposition aux radiations ionisantes ou à une contamination radioactive, est susceptible d’entraîner. La protection intervient dans des conditions d’expositions normales sous forme de normes de radioprotection, nous en reparlerons plus tard et surtout de conventions internationales particulièrement contraignantes et dans le cas naturellement, d’expositions accidentelles qu’ils s’agissent d’accidents mineurs ou d’accidents graves. Les premières projections rapportent l’historique des normes jusqu’en 1958. Brièvement, en 1895 découverte des rayons X, 1896 Becquerel découvre la radioactivité et une année après les allemands qui réalisent de nombreuses radiographies, voient apparaître la première manifestation pathologique induit par les rayonnements X, qui ils ’appellent « Haut Erythem Dosis » (HED). L’HED est la quantité de rayonnement auquel il faut être exposé dans un temps donné, sur une surface donnée pour provoquer un érythème. Il faudra des années pour relier la quantité de rayonnement à l’apparition pathologique, mais l’HED sera en quelque sorte la première unité de radioprotection obtenue cliniquement, avec une précision de l’ordre de 25 %, soit loin d’être nulle. Par la suite aux Etats Unis, il va être proposé pour les personnels exposés aux rayons X, une fraction de cette dose provoquant l’érythème : le 1/10ème de la dose cumulée sur une année. Sievert confirme cette proposition de dose en 1926 [diapo 2]. En 1927, on établit la première correspondance entre cette quantité provoquant l’érythème à 550 Roentgens, qui par la suite seront plutôt assimilés à 600. En 1934, aux Etats Unis, l’évaluation physique de Kustner aboutit comme je viens de vous le dire, à 600 R. Apparaît en 1935, la commission internationale de protection des radiations (CIPR) qui va retenir sur les mêmes bases une dose plus faible qui serait de 0,20 rad par jour comme limite professionnelle. Puis en 41, intervient pour la 1ère fois une recommandation sur la quantité de radium qui ne doit pas dépasser dans l’année, la charge de 0.1 µCi, soit 25 rad à l’os par an [diapo 3]. En effet, il y avait eu pendant plusieurs années des ouvrières dans l’industrie horlogère qui peignaient des cadrans avec du sulfure de zinc enrichi de radium. Celles-ci appointaient leur pinceau avec leur lèvres ce qui était non sans conséquence sur la lèvre, sur le maxillaire et en général sur l’os. A ce moment-là, nous avons eu la première proposition intelligente de limitation de la radioactivité interne. En 1949, c’est à dire 4 ans après la fin de la 2nde guerre mondiale, survient la première révision prévisionnelle de la limite de dose parce qu’en raison du projet Manhattan et en prévision du développement de l’énergie nucléaire, les américains sont préoccupés sur le fait qu’il faut limiter absolument la

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quantité d’exposition acceptable pour l’homme, et cette quantité sera fixée à 0.1 Rad par jour. C’est à dire, on ne tient compte d’aucun élément nouveau, d’aucun élément médical, d’aucun élément physique, on décide simplement par esprit de sûreté, de sécurité d’abaisser la dose. Puis en 1956, il y a une tentative de transposer à l’homme une expérience faite et publiée à l’Académie des Sciences des Etats Unis d’Amérique, chez la drosophile pour diminuer encore la dose. Cette expérience sera reconnue comme erronée, mais la limite nouvelle sera maintenue. La dose limite est ainsi passée de 60 rad/an pour les travailleurs en 1925 à 0.25 rad par an en 1958 pour la population [diapo 3]. Il y eu une réduction progressive des normes bien qu’aucun effet réel n’est été constaté. On peut dire que c’est un cas unique dans toute l’histoire de la prévention [diapo 4]. Les questions de limitation de doses s’avèrent de plus en plus contraignantes à mesure que les années passent. La complexité va augmenter à partir du changement des dénominations qui ont été faites pour passer des l’unités habituelles à de nouvelles unités. Par exemple, l’unité de dose absorbée Rad devient Gray, 1 Gy = 100 Rad, l’unité de radioactivité le curie devient Becquerel, l’unité de mesure biologique Rem devient Sievert et 1 Sievert 100 Rem [diapo 6]. Ce n’était pas simple avant et cela devient encore plus compliqué après. En France, en 1986, les normes suivantes ont été introduites par un décret en Conseil d’Etat, en application d’une directive EURATOM du Conseil des Communautés Européennes du 15 juillet 1980, soit 6 ans pour la transposer. Il s’agit pour les personnes du public d’accepter 5 mSv par année et pour les travailleurs 50 mSv. En fait, ces normes ne sont pas conçues, ni élaborées par l’Union Européenne qui les promulgue. Elles sont reprises, telles quelles à partir des propositions de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR). Néanmoins, et à partir de 1993, l’Union Européenne se manifeste et entend faire adopter une nouvelle directive qui comporte 3 dispositions principales dont l’une au moins est totalement nouvelle. Premièrement pour les travailleurs exposés, la limite de dose est diminuée d’un facteur 2.5, deuxièmement pour le public d’un facteur 5, et troisièmement une nouvelle catégorie de travailleurs contrôlés : ceux qui sont exposés aux rayonnements naturels. Cette directive est fondée sur la recommandation 60 de la CIPR datée de 1989 qui déclarait d’emblée que ces normes étaient fondées sur les acquis les plus récents de la Science. Or, rien n’est moins certain. Parmi ceux qui ont contribué à montrer que ce n’est pas certain figurent Maurice Tubiana, et un rapport qui a été fait à L’Académie des Sciences en 1995 : l’Académie des Sciences saisie par le gouvernement, confirme en 1995, l’inexistence d’un argument scientifique indiscutable et récent en faveur d’un abaissement des normes en vigueur en France. En mars 1999, Maurice Tubiana affirmait qu’il était temps de réexaminer les recommandations de la CIPR 60. En 1996, Constant Burg s’adressait à l’Académie des Sciences Morales et Politiques en ces termes que je vous propose de méditer : « Dans la guerre qui se déroule sur le terrain monétaire et économique, les normes sont une arme redoutable capable d’étrangler une économie ». La radioprotection a un coût et un coût d’autant plus élevé que l’on veut aboutir à un niveau de radioprotection plus élevé qui résulte de l’abaissement des normes. L’abaissement des normes a des incidences économiques sur la production d’énergie nucléaire et aussi sur les dépenses de santé. Mais la radioprotection a aussi des implications politiques pour un pays comme la France où la production d’électricité est assurée par le nucléaire à 80 %. et pour qui l’arme nucléaire est au centre de sa stratégie de dissuasion. Ces constatations imposent d’intégrer la réflexion sur l’abaissement des normes dans une réflexion géopolitique.

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Première remarque. Les directives relatives à l’abaissement des normes ne sont contraignantes que pour la Communauté Européenne et l’abaissement des limites annuelles d’exposition visent en premier lieu la France En effet, les autres pays de la communauté commençaient à renoncer au nucléaire dans des délais plus où moins rapprochés. De plus, ni les USA, ni le reste du monde ont l’obligation d’appliquer les normes CIPR. Deuxième remarque. N’est-il pas étrange que seule la Communauté Européenne fondent ses directives sur des recommandations de la CIPR, organisation non gouvernementale et considérée unanimement comme référence ? Il y a une explication, le « Manhattan Project » imposait après le développement de la bombe atomique par les Etats Unis, la conception de normes de radioprotection. Ces normes ont été réalisées par un groupe de physiciens, d’ingénieurs et de statisticiens américains qui ont maintenu et conservé dans cette institution une tradition anglo-saxonne, puis ont énoncé les recommandations faites par l’UNSCEAR (Union Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation). Comment se fait-il que l’EURATOM en contradiction avec l’article 32 de sa constitution, ait été tenue à l’écart de la réglementation de la radioprotection, de la légitimité de l’abaissement des limites annuelles d’exposition ? Légitimité, qui ne peut être fondée que sur la prise en compte d’un progrès sanitaire réel et le réalisme économique des mesures imposées Troisième remarque. Le contexte scientifique de la directive 96 proposée en 2000 a radicalement changé depuis cette époque, ce qui a été sans incidence sur le fait que cette directive sera appliquée en France, le 13 mai 2000 et bien qu’elle ne puisse plus se prévaloir et être conforme aux données scientifiques les plus récentes. Pierre Galle résumait l’évolution des avis scientifiques de la décennie 1990 en trois points. Premier point, la relation linéaire sans seuil est remise en cause, 2ième point l’importance considérable de la réparation cellulaire et enfin 3ème point, l’importance du débit de dose a été sous-estimé. Quatrième remarque. La France est la principale intéressée dans l’Union Européenne par la transposition dans sa réglementation des normes d’exposition. dès lors qu’elle assure un progrès sanitaire réel en raison de son implication dans l’énergie nucléaire. Après la 1ère crise pétrolière de 1973, Pierre Messmer alors 1er ministre, a décidé d’assurer l’indépendance de la France dans le domaine de la production d’électricité. C’était une décision à long terme qui a eu un succès tel, que nous avons exporté de l’énergie électrique. Elle corrigeait l’erreur historique : abandon sans contrepartie les champs pétroliers gazeux d’Algérie découverts et exploités par la métropole. Abandon qui reposait sur une prédiction malheureusement erronée, celle que le processus de fusion pourrait rapidement succéder à celui de fission dans la production d’électricité. L’énergie nucléaire française a fait l’objet d’attaque dans la Communauté Européenne qui pourtant à cesser de renoncer à cette forme d’énergie notamment en Allemagne, en Italie, en Grande Bretagne, voire en Suisse. La constitution a bénéficié d’un abaissement celui du principe de précaution. ce principe a plusieurs définitions il a aussi plusieurs implications je crois que nous pouvons retenir la moins favorable, le principe de précaution est une garantie contre les risques potentiels qui ne sont pas encore identifiables dans l’état actuel de nos connaissances. Ce principe affirme qu’en l’absence de connaissance scientifique formelle, l’existence d’indice de dommage graves et irréversibles impose la mise en oeuvre de mesures permettant de prédire ces dommages. Il est clair que dans notre cas, le principe de précaution peut être invoqué puisque les risques potentiels sont

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clairement identifiés. La protection contre l’irradiation ionisante relève non pas du principe de précaution mais du principe de prévention pour lequel il est facile de mettre en œuvre des mesures connues de protection. Cependant, la situation actuelle n’est pas satisfaisante. Le fonctionnement de la Radiologie fonctionnelle est compromise par l’application stricte des normes de 2000 ainsi que la Médecine Nucléaire qui pratique la TEP (Tomographie par Emission de Positon). L’irradiation provoquée par la TEP ne menace pas la santé des personnels, mais les quantités de plomb déplacées pour assurer la sécurité sont telles qu’elles provoquent au bout de quelques années, des maux douloureux, permanents et invalidants du dos. La situation actuelle n’est pas satisfaisante et nous pouvons identifier 3 dispositifs critiquables. Le premier, des mécanismes kafkaïens d’élaborations des normes de radioprotection ; le deuxième, le trop faible investissement français dans la recherche de l’action des faibles doses de radiations ionisantes dans les laboratoires de radiobiologie y compris au CEA ; le troisième, les mécanismes administratifs de prise de décision. Il existe une multiplicité des centres de décision dont sont absents totalement les biologistes et les médecins spécialistes de Médecine Nucléaire. En terminant, je vous communique brièvement le résumé des travaux effectués à l’Académie des Sciences Morales et Politiques sur les Hautes Autorités de Santé qui comportent l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Le 27 juin 2007, le sénat entendait au nom de la Commission des Finances, un rapport d’information (élaboré par la sénatrice Mme Brick) sur le dispositif des agences dont l’IRSN, en matière de sécurité sanitaire. Mme Brick. s’est intéressée de façon critique au cloisonnement et au fonctionnement de ces institutions. Son enquête n’avait pas pour objectif d’apprécier la qualité scientifique et technique des dispositifs mais d’en évaluer le fonctionnement au regard de la bonne administration et de l’efficience. L’étude a particulièrement porté sur l’IRSN, et pour que vous compreniez mieux, je ne vous citerai que les têtes de chapitres :

- un dispositif qui ne répond pas à la notion de bonne administration, - un dispositif peu visible en évolution permanente, - une nébuleuse de compétences imbriquées, - une répartition des compétences ambiguë, - un dispositif mouvant, - une montée en puissance du dispositif européen, - des moyens financiers sous optimisés, - un renforcement sans encadrement des moyens alloués aux agences, - 13 programmes attachés à d’autres missions concourent à la politique

publique de sécurité sanitaire, - une performance des opérateurs, difficile à apprécier.

Le rapport conclut son étude en envisageant une série de réformes préconisant un état stratège, un état qui maîtrise son périmètre, un état qui se fixe une vision à long terme et le passage de la tutelle au pilotage.

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Diapo 1 Diapo 2

Histoire de l’abaissement Histoire de l’abaissement

des normes médicales.des normes médicales.

Pr. Gérard Milhaud

Résumé (1)Résumé (1)

ROENTGEN (D) découvre les rayons X

BECQUEREL (F) découvre la radioactivité – Observation

des premières radiodermites.

Généralisation de l’usage de l’unité clinique allemande

« HED » (Haut Erythem Dosis) de quantité de

rayonnement en radiothérapie. (La HED est et reste à la

base de tout système de limitation des doses. C’est une

notion strictement médicale et biologique)

MUTSCHELLER (USA) propose pour les personnels

exposés aux rayons X, une limite de tolérance de 1/10 de

HED par an.

SIEVERT (SW) puis BARCLAY et COX (UK) confirment

cette proposition.

1895

1896

1920

1925

1926

Diapo 3

Diapo 4

Résumé (2)Résumé (2)

KUSTNER (D) établit la correspondance de 1 HED à

550 rœntgens.

Le NCRP (USA) adopte l’évaluation physique de

KUSTNER, en l’arrondissant à 600 r. Le NCPR calcule

que la limite annuelle de 1/10 de cette dose, soit 60 r,

donc 0,16/jour, qu’il arrondit encore, dans le sens de la

sécurité à 0,10 r/jour.

La CIPR, sur les mêmes bases, retient de son côté 0,20

r/jour comme limite professionnelle.

Le NCRP recommande que la charge en radium d’un

travailleur ne dépasse pas 0,1 µCi (dose correspondante

à l’os : 25 rads/an). EVANS (USA) confirme cette limite.

1927

1934

1935

1941

Résumé (3)Résumé (3)

Pour le NCRP, la dose admissible professionnelle de

rayonnements ionisants est définie comme celle qui, en

l’état actuel des connaissances, ne cause aucune lésion

corporelle appréciable à une personne à aucun moment

de sa vie

L’Académie des Sciences Américaine, expérimentant

sur la drosophile, recommande d’abaisser encore la

précédente à 0,1 rad/jour (5 rads par an). Cinq ans plus

tard, la démonstration est faite que ces expériences

étaient erronées. La limite nouvelle est cependant

maintenue.

La CIPR recommande, pour la population, une limite au

1/10ème de celle retenue pour les travailleurs, soit 0,5

rad/an.

1949

1956

1958

Diapo 5

Diapo 6

La dose limite est ainsi passée de 60 rads/an La dose limite est ainsi passée de 60 rads/an

pour les travailleurs en 1925 à 0,25 rad/an en pour les travailleurs en 1925 à 0,25 rad/an en

1958 pour la population. 1958 pour la population.

Soit une réduction progressive de plus de 100, Soit une réduction progressive de plus de 100,

alors qu’aucun effet réel n’a alors qu’aucun effet réel n’a jamaisjamais été été

constaté lorsque les précédentes limites constaté lorsque les précédentes limites

avaient été effectivement respectées.avaient été effectivement respectées.

C’est un cas unique dans toute C’est un cas unique dans toute

l’histoire de la prévention.l’histoire de la prévention.

Equivalence Equivalence entre les anciennes et les entre les anciennes et les

nouvelles unités de mesures utilisées en nouvelles unités de mesures utilisées en

radioprotection.radioprotection.

1 Sv = 100 remsSievertRemUnité de mesure de

l’effet biologique

1 Ci = 37.109 BqBecquerelCurieUnité de radioactivité

1 Gy = 100 radsGrayRadUnité d’énergie

absorbée

Facteur de

conversion

Après

1975

Avant

1975Nature de l’unité

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Quand les normes entravent la santé.

Jean-Pierre Gérard Professeur Universitaire et Patricien Hospitalier Radiothérapie-Oncologie

Directeur du Centre Régional de Lutte contre le Cancer, Nice.

Doyen Honoraire Faculté de Médecine, Lyon. Je ne suis qu’un modeste médecin clinicien sur le terrain qui depuis 40 ans traite des cancers par radiothérapie. J’ai donc une certaine notion de ce qu’est une dose de rayon. Nous travaillons dans un service de radiothérapie où l’on applique les normes et je vais vous prouver que parfois ces normes peuvent être contre productibles. Ce ne sera pas un discours révolutionnaire, ce sera le discours du juste milieu. Dans un premier temps, quelques rappels : 1ère époque, Roentgen, Madame Curie. Six mois après la découverte de Roentgen dans le Lyon Médical, paraissait une publication titrée « Comment traiter un cancer de l’estomac par les rayons de Rœntgen », 6 mois entre la découverte fondamentale et l’application clinique. Il s’est passé presque un siècle entre Pasteur et Flemming. La technologie permet de passer très vite du fondamental à l’application clinique. Pendant 50 ans, la radioactivité a été parée de toutes les vertus. Puis s’ouvre une 2ème ère, avec Hiroshima, renforcé par le drame de Tchernobyl où la radioactivité est au contraire, source de toutes les colères et de tous les phantasmes. Je crois effectivement qu’il est temps d’ouvrir cette nouvelle ère [diapo 2]. J’appelle depuis 15 ans les vertus de la radiothérapie, les 3 C : curabilité, conservation, coût bas. Premier C : la radiothérapie c’est un traitement qui guérit le cancer. Il y a 15 ans, le mot guérison au sujet du cancer n’était pas utilisé. Actuellement sur 100 cancers guéris il y en a 40 qui sont guérit exclusivement ou a une grande partie, grâce à la radiothérapie et l’espérance de vie de cette population ne déparent pas d’une population identique. En France, 320 000 nouveaux cancers en 2009 et il y aura 150 000 guérisons sur les 150 000 guérisons, il y en aura 60 000 qui seront dues à la radiothérapie. Voici un chiffre qui me paraît apporter un crédit à cette spécialité. Deuxième C : il y a 50 ans lorsqu’on soufrait d’un mélanome de l’oeil, c’était l’énucléation, d’un cancer du larynx, c’était la trachéotomie définitive, d’un cancer du sein, c’était la mastectomie, d’un cancer du rectum (mon seul petit domaine de compétence), c’était l’anus artificiel définitif, un sarcome de l’os c’était l’amputation. Désormais, la radiothérapie guérit la tumeur, empêche la mutilation. Enfin le 3ème C, qui en pleine crise économique n’est pas négligeable. Le budget de la sécurité sociale est conséquent : 140 milliard d’euros. Le cancer représente 15 milliards d’euros. La radiothérapie tout compris, investissement, fonctionnement, honoraires, personnel, c’est moins de 1 milliard d’euros. En résumé, la radiothérapie guérit 40 % des malades, évite les mutilations, et coûte moins de10% du prix du cancer [diapo 2]. Lorsque les premiers accélérateurs sont arrivés, la barrière cutanée a été levée. La barrière cutanée, c’est cette fameuse dose d’érythème qui correspondait à un barrage : la brûlure cutanée empêchait les radiothérapeutes d’augmenter les doses, Bien sûr, les rayons brûlaient mais il n’y avait pas tellement de toxicité en profondeur. La barrière cutanée étant levée et la dosimétrie pas encore maîtrisée, nous avons vu apparaître des complications : des myélites radiques. L’objectif du radiothérapeute dans les années 69-70, c’était tout sauf une myélite radique et progressivement, elles ont disparues.

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Puis, il y a eu une nouvelle révolution technologique, les accélérateurs de particules ont été informatisés ce qui a conduit à de nombreux accidents. Il y a eu Epinal et Toulouse qui ont porté à tort mais à raison aussi; un discrédit sur la radiothérapie. A partir de ces accidents, nos autorités de tutelle [diapo 2] nous ont encadré d’une multitude de textes administratifs pour assurer les contrôles et la sécurité des patients. Nous devons également, comme dans l’industrie nucléaire, déclarer les événements indésirables. Et pour se faire, nous disposons d’une échelle ASN-SFRO (Autorité de Sûreté nucléaire - Société Française de Radiothérapie Oncologique) graduée de 0 à 7. Je crois que c’est un progrès et que la démarche qualité en Médecine Nucléaire, en Radiothérapie, en Radiologie sont des exemples de démarches qualité. Cependant, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès. Nous parlions de transparence, et je crois que le médecin dans son équipe est au coeur de la transparence. Le médecin se sent l’obligation vis-à-vis de son patient de lui expliquer les thérapies, les alternatives et de le faire dans le cadre d’une transparence loyale. Je crois donc profondément qu’il faut dans le cadre de cette transparence quantifier les accidents et les incidents significatifs dans un service de Radiothérapie. Il faut les déclarer pour que tout le monde en profite et évite ainsi de reproduire les erreurs. A partir de là, je vais vous raconter 3 épisodes de déclaration des événements indésirables auprès de l’ASN dont les 2 premiers se sont déroulés avant Epinal et Toulouse. Le premier, à Grenoble, la dose ayant été trop forte, on a du enlevé un larynx radique. A l’époque j’étais le président de la SFRO et j’ai longuement discuté avec le chef de service pour lui conseiller de déclarer son accident auprès de l’ASN. Il l’a fait et finalement cela a été sans conséquence. Le second, à Lyon, une erreur a été commise et une patiente est décédée de complications induites par cette erreur. Après de longues discussions, le chef du service de Radiothérapie a déclarer l’incident. Cet accident est passé sur le « 20 heures » de TF1 et actuellement les choses vont se poursuivre au pénal. Enfin, le troisième à Nice. Un de mes collaborateurs pratique la Curiethérapie dans le cancer du sein. Brièvement, après avoir poser des aiguilles vectrices, il met du fil radioactif dans le sein en utilisant une source « fantôme » pour positionner ces fils. Un beau jour de février-mars, une première malade vient le voir avec 3 petits points rouges inhabituels à la sortie des fils radioactifs puis 15 jours plus tard, une autre malade avec ces mêmes 3 petits points rouges. Après enquête, il s’aperçoit que les repères pour positionner ces fils radioactifs ont été mal pris et qu’une partie des fils était en contact avec la peau, alors qu’en principe les fils devaient rester sous la peau. Il me signale les faits : « J’ai 2 malades et en reprenant les dossiers, au total 8 malades qui ont eu un incident de cette nature. Je suis sûr que c’est sans conséquence, je t’en parle et à mon avis, on s’en tient là ». Je lui dis qu’à mon avis, il devrait déclarer parce que fort de mes expériences passées, c’est utile pour la communauté. Finalement, en réunion de Comité des Sages et après des discussions assez difficiles, nous décidons de communiquer l’incident à l’ASN. Le lendemain de cette communication, dans Nice Matin : « Nice : 8 femmes victimes d’un incident de radiothérapie » [diapo 3]. On m’interviewe et pendant 15 jours, le centre Antoine Lacassagne en est resté très traumatisé. Les choses se sont tassées et nous avons continué à déclarer nos incidents. La culture de la déclaration s’est doucement introduite sans pour autant que les gens se sentent humiliés ou déstabilisés, et nous déclarons par an, 1 à 2 incidents de niveau 0 ou de niveau 1 sur l’échelle qui je le rappelle, en comprend 7. Quelques temps plus tard, dans Nice Matin : « Radiothérapie sous haut contrôle le centre Lacassagne pôle d’excellence » [diapo

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4]. Nous étions devenus très bons, parce que nous déclarions le plus d’incidents. Il est notable que les médias font ce qui veulent de ces déclarations. En septembre 2008, nous déclarons 2 incidents de niveau 1. Suite à ces déclarations, je reçois une lettre du chef de division de l’ASN de la région PACA dont la teneur est à peu près la suivante : « …votre déclaration est incomplète, je demande des explications complémentaires. Nous sommes aujourd’hui lundi, je veux votre réponse pour jeudi avant midi. ». Ce jour-là je suis de bonne humeur et je la transmets à notre physicien lui demandant de répondre au chef de la division ASN, cet éminent polytechnicien. Il est à noter que ces incidents étaient sans aucune conséquence clinique, vraiment quelque chose de tout à fait bénin et véniel. Le lendemain matin, je retrouve le physicien en colère et mon équipe assez furieuse. Il me signale qu’il a passé 6 heures sur ces 2 dossiers et qu’en conséquence il n’a pas pu faire le travail de routine, qu’il n’a rien pu faire pour les malades. Moi-même en colère, j’écris au chef de division avec copie au préfet, à l’ARH et à M. Lacoste (président de l’ASN) en ces termes : « …selon notre société, selon votre souhait, le physicien a passé 6 heures de travail pour remplir le document que vous lui demandiez. Je rappelle que l’incident était sans conséquence clinique et au total, je crains que cette procédure de déclaration ne devienne contre productive dans l’esprit d’une plus grande sécurité pour les malades. Il me semble indispensable de porter ce débat au sein de vos instances nationales… » Il faut déclarer dans la transparence, ce type d’incident, c’est une bonne chose, mais il faut également trouver le juste milieu. Il y a effectivement des normes contre productibles telles que la relation linéaire sans seuil, qui me paraît excessive et la judiciarisation [diapo 5]. A propos de la judiciarisation, je connais des radiothérapeutes qui, ayant eu des incidents avec la justice pour des problèmes de complications faisant partie des aléas thérapeutiques, n’appliquent que 70 Gy dans un cancer de la prostate au lieu des 76 ou 80 Gy. Le principe de précaution, que dire des arrêts de justice concernant les antennes de radiotéléphone ? [diapo 5]. Enfin, lorsque vous faites une déclaration à l’ASN, et que vous la retrouvez dans les médias le lendemain, il y a d’importantes conséquences sur le moral des troupes [diapo 5]. Ceci dit, il y évidemment des normes qui sont productibles. Nous sommes tous d’accord que les limitations de vitesse, de ne pas fumer dans les lieux publics, de ne pas boire de façon excessive de prendre de l’exercice et quoiqu’en disent certains, de lutter contre le VIH avec les moyens utiles, sont des normes productibles. Enfin, j’aime bien cette formule : « Quand les bornes sont franchies, il y a plus de limites » [diapo 6]. Ce matin dans la presse, j’ai cherché une conclusion à mon discours. J’y ai trouvé un article « Les antennes-relais, les premières propositions du Grenelle » qui rapportait les travaux du groupe de travail sur les ondes électro magnétiques. Un expert de l’OMS y avait déclaré qu’il n’y avait pas d’argument scientifique pour parler de danger propres aux antennes-relais. Un maître mot est apparu au cours des débats, la transparence et ainsi que la nécessité d’un débat de société. La problématique des rayonnements de faibles doses de rayonnement ionisants, pesticides, polluants est devenue majeure. Notre société doit apprendre à surmonter le doute scientifique qui existe sur de nombreuses questions. L’article parlait de l’état d’incertitude dans laquelle la société se trouve vis à vis de l’équilibre risque/bénéfice d’autant plus lorsque le risque est incertain, indémontrable, voire absent. Seuls un débat public, la transparence et l’action inlassable de la recherche, permettront à la société de surmonter ces peurs.

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Dans une société qui a de plus en plus d’aversion pour le risque, on le voit par la montée en puissance du principe de précaution, il faut faire quelque chose. Il faut des normes, il faut un juste milieu : la peur versus l’audace, l’audace a des qualités, la précaution versus l’innovation, l’innovation a des qualités [diapo 7]. Dans le cas des antennes-relais, le ressenti l’emporte sur la connaissance et la science, et c’est une erreur monumentale. Il faut se former, il faut travailler, travailler plus, pas forcément pour gagner plus, mais travailler plus pour en savoir plus [diapo 7]. Les chantres de l’apocalypse : il y a trop de personnes qui se complaisent à annoncer de mauvaises nouvelles. Il ne faut quand même pas trop se plaindre de notre société. L’espérance de vie était de 50 ans quand je suis né, elle est de 80 ans maintenant et beaucoup de nos concitoyens n’ont pas connu la guerre [diapo 7]. Une petite réflexion pour terminer : les fantômes et le risque 0. On nous demande toujours d’aller au risque 0, or le risque 0 n’existe pas, tout comme les fantômes. C’est à ceux qui croient aux fantômes de démontrer leur existence et non pas à ceux qui n’y croient pas. De même, c’est à ceux qui croient au risque 0, de démontrer qu’il existe. Comme il n’y arriveront pas, il disparaîtra peut être [diapo 7]. Si je suis venu, c’est parce que j’adhère à cette idée qu’il faut effectivement se battre pour qu’il ait une nouvelle ère du nucléaire. Je crois comme je l’ai entendu, ce matin qu’il fallait avoir le courage et la force mentale et se battre pour la reconquête du cœur de nos concitoyens en leur expliquant le nucléaire. Je crois que notre discours doit être à la fois scientifique et sociétal. Il faut des normes, mais il ne faut pas que les normes sont contre productibles. Je vous remercie [diapo 8]

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Diapo 1 Diapo 2

18/05/2009 1

GRRT – 18 mai 2009

Centre Antoine Lacassagne

Nice

Le passage à une nouvelle

ère nucléaire ?

Quand les normes

entravent la santé

J.P. GERARD – Nice

18/05/2009 2

• Roentgen – M. Curie – Hiroshima – Tchernobyl

• Radiothérapie (3C) – Epinal – Toulouse

Ministère santé – DHOS – ASN – IRSN

INVS – AFSSAPS

Déclaration des événements indésirables

Echelle ASN – SFRO (INES)

- Rapport Coût/bénéfice

- Information transparente et loyale

Diapo 3

Diapo 4

18/05/2009 3

22 juin 2007

18/05/2009 4

12 mai 2008

Diapo 5

Diapo 6

18/05/2009 5

Normes contre productives

- RLSS

- Judiciarisation

- Principe de précaution

Antenne relais radiotéléphone

- Déclaration : médias

18/05/2009 6

Normes productives

- Limitation de vitesse

- Tabac lieu public

- Alcool (vente < 18 ans)

- Obésité - sédentarité - VIH etc…

"Quand les bornes sont franchies… plus de limite"

Diapo 7

Diapo 8

18/05/2009 7

Le juste milieu

• La peur vs l'audace – la précaution vs l'innovation

Connaissance – science ("le ressenti")

Formation – information

• "Les chantres de l'apocalypse"

Les fantômes et le risque zéro

La charge de la preuve…

18/05/2009 8

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Principe de précaution, esprit scientifique et gestion efficace

Odile Fajon Praticien Hospitalier

Biophysique-Médecine Nucléaire

Yvon Grall Professeur Universitaire –Praticien Hospitalier

Biophysique-Médecine Nucléaire

Je vais vous présenter les travaux et les réflexions d’Yvon Grall : « Principe de précaution, esprit scientifique et gestion efficace ». Dans un premier temps, nous allons aborder le principe de précaution. Le principe de précaution a été inscrit dans la constitution en février 2005. Il existait une première loi dite « loi Barnier » datant de 1995, que je qualifierais de « plus légère ». En effet, la loi Barnier était limitée aux « perturbations graves et irréversibles » ainsi qu’aux

« mesures d’un coût économiquement acceptable ». Malheureusement, le principe

de précaution a été inscrit dans la constitution sans ces limites, et il va donc nous falloir l’utiliser avec précaution [diapo 1].Nous allons voir que ce principe de précaution donne parfois dans le ridicule, notamment si on l’applique à l’eau. En Europe, nous ne devons pas mettre sur le marché de produits dangereux à 50 fois la

dose d’usage courant. Si on considère que la dose d’usage courant est 1 litre d’eau,

boire 50 litres d’eau par jour est extrêmement dangereux. Au nom du principe de précaution, la vente, l’achat, le stockage de bouteilles d’eau minérale devraient être interdits [diapo 2]. Un autre exemple, les nitrates : leur concentration dans l’eau de boisson ne doit pas dépasser 50 mg par litre. Cependant, les nitrates se retrouvent à une concentration d’environ 2 g par kg dans des végétaux tels que la laitue et les épinards. En conclusion manger 25 g de salade, correspond à boire un litre d’eau polluée [diapo 3].Sans compter que dans l’industrie les normes peuvent être très différentes d’un pays à l’autre. Nous voyons sur la diapo 5 que pour la dioxine, la concentration maximale est de 0.006 µg/kg aux USA, mais au Canada, elle est de 10 µg/kg, c’est à dire 1666 fois plus. Nous pouvons imaginer que les écologistes californiens ont été plus influents pour limiter les doses de dioxine. Mais, où se situe le véritable risque pour la santé ? Si l’on parle dioxine, il faut se souvenir de l’accident à Seveso, accident qui a eu lieu en 1976. Deux kilos de dioxine avaient été libérés dans la nature, et on s’attendait à une énorme catastrophe sanitaire. En fait, les actes du procès Seveso qui a eu lieu quelques années après, font état de 193 cas de chloracné, mais pas d’un seul décès. Le seul décès sur Seveso, dans les années qui suivirent, fut celui du directeur de l’usine, assassiné par les brigades rouges. Il est à noter aussi que cet accident sans décès a servi de base pour le classement « risque » des usines de l’industrie chimique. Enfin, nous allons aborder la radioactivité. Nous savons que la radioactivité depuis Nagasaki-Hiroshima puis Tchernobyl, entraîne une méfiance et des peurs irrationnelles. En voici donc un exemple [diapo 5], il a été découvert en 1998 qu’un wagon de transport de déchets radioactifs appartenant à la COGEMA, présentait des traces de radioactivité suite à un lavage incomplet. La dose reçue par une personne dormant toutes les nuits dans ce wagon n’aurait pas atteint celle reçue par un habitant d’une maison en granit. Cependant, Il aura fallu que Lionel Jospin, alors premier ministre, intervienne pour arrêter la polémique.e qu’il nous faut retenir, c’est que le principe de précaution doit toujours être considéré comme provisoire et adapté aux connaissances scientifiques. Nous allons voir maintenant montrer que les scientifiques ne sont pas des aventuriers. En effet, nous ne devons pas confondre aventuriers et scientifiques.

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Nous allons commencer par les décrire [diapo 6]. L’aventurier a une confiance

absolue en son étoile et poursuit un objectif souvent mal défini à partir de données incertaines. Les aventuriers gèrent leur quotidien avec un certain brio ,il faut l’avouer,

en faisant face à d’énormes imprévus. Nous pouvons citer certaines groupes

d’aventuriers tels que les conquistadores, les alchimistes et les astrologues… Nous

pouvons trouver aussi quelques points communs entre les aventuriers et les antinucléaires : des convictions profondes mais pas très raisonnées qu’ils veulent imposer à tous. Les aventuriers sont les contraires des scientifiques. Le scientifique

procède d’une démarche intellectuelle préétablie, et adapte sa démarche aux

résultats qu’il obtient. L’expérimentation viendra argumenter ses hypothèses de

base, ses théories, tout en expliquant au mieux la réalité des faits. Il est capable d’examiner son travail de façon critique ce qui permet d’adapter la théorie, voire de

l’abandonner au profit d’une autre. De plus, Le scientifique sera amène de gérer un

principe de précaution et les limites de ses différentes expérimentations.La démarche scientifique va procéder de différentes méthodes. Premièrement la méthode

déductible, où la théorie précède l’expérimentation. En effet, ce n’est qu’après coup

que la théorie formulée est vérifiée par les expérimentations dont les résultats peuvent parfois survenir longtemps après la première étape [diapo 7]. Un exemple de méthode déductible : le physicien anglais Dirac envisage en 1928, la possibilité de l’antimatière. A partir de ses théories Il prédit l’existence des positons. Un an après, les positons sont mis en évidence par Blackett et Anderson [diapo 8]. Les positons seront utilisés en Médecine Nucléaire, bien des années plus tard.autre méthode : la méthode inductible. Cette fois-ci, c’est la théorie qui suit l’expérimentation [diapo 9]. Elle est plus pragmatique, étant issue directement de l’expérience. Elle considère d’abord des faits et tente de les utiliser pour établir « des rapports entre les

grandeurs tangibles, de sorte que les unes étant données, les autres s’en

déduisent ». Ainsi en 1895, Roentgen au cours d’expérimentations, découvre un rayonnement qui traverse la matière. Il l’appelle le rayonnement X, car aucune de ses caractéristiques physiques n’étaient alors connues. La radiographie naît très rapidement puisque dès 1897, les premières radiographies seront réalisées à l’hôpital Tenon par Antoine Béclère, l’alimentation électrique étant faite par un générateur manuel [diapo 10]. Dans l’esprit scientifique, théorie et expérimentation sont indissociables. Mais, comme le disait Poppers, philosophe de la science du début du 20ème siècle, une théorie scientifique pour mériter ce nom, doit être irréfutable. De plus, on ne doit jamais considérer une théorie scientifique comme

acquise et définitivement vérifiée. Si cela n’est pas et qu’on nous demande

d’admettre une proposition comme une vérité absolue et démontrée, on sort du

domaine scientifique pour tomber dans l’irrationnel, voire le fanatisme [diapo 11].la

théorie newtonienne a permis de comprendre les différents mouvements planétaires, à l’exception de celui du grand axe de l’orbite de Mercure. Il a fallu attendre Einstein et la relativité, en 1905, pour l’expliquer le mouvement de l’axe de l’orbite de Mercure. Mais, la relativité a son tour entre en conflit avec la mécanique quantique [diapo 12]. Autre exemple, en 1892, Kelvin déconseille de poursuivre les études de physique « Cette science est définitivement constituée, tout ce qu’elle peut nous apporter c’est quelques décimales supplémentaires. Seuls deux petits problèmes subsistent, mais ils seront vite résolus». Les petits problèmes qui subsistaient était l’étude du corps noir qui allait mener à la mécanique quantique ainsi que la constance de la vitesse de la lumière qui allait conduire à la relativité [diapo 13].

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Peut-on optimiser la gestion de la recherche ? Le premier problème est de savoir si la recherche est appliquée ou fondamentale. Ensuite, quels sont les résultats attendus ? Actuellement, les dossiers de « montage » d’une recherche sont des dossiers extrêmement lourds. Il faut préciser notamment en vertu du principe de précaution tous les risques possibles inhérents à cette recherche [diapo 14]. Voici des exemples de sciences fondamentales ou appliquées [diapo 15]. En 1898, Pierre et Marie Curie découvre la radioactivité. C’est un travail fondamental d’où naîtront plus tard aussi bien la bombe atomique, que les centrales nucléaires et la Médecine Nucléaire. Il aura fallu une soixantaine d’années pour qu’une des applications du travail de recherche fondamentale de Dirac (1931, prédiction du positon), l’imagerie TEP (Tomographie par Emission de Positons), soit utilisée en Médecine Nucléaire. Bien entendu, il n’y aurait pas lieu d’entreprendre une recherche dont on sait d’avance ce qu’elle apportera. Les résultats de nos recherches sont donc imprévisibles : ils peuvent déboucher sur des conclusions très différentes de ce que l’on attendait et avoir des conséquences tardives inattendues. Enfin, ne négligeons pas les résultats négatifs, qui eux aussi peuvent être particulièrement intéressants [diapo 16]. Au niveau du contrôle des risques, nous sommes tous bien persuadés que la sécurité 100 % n’existe pas. Les installations doivent répondre à des normes de sécurité, mais prévues pour des situations connues et un protocole de recherche peut se retrouver au delà de ces limites. Il faut donc prévoir le contrôle et la gestion des risques dans des conditions différentes et les normes doivent réinterprétées en fonction des risques réels estimés [diapo 17]. Les problèmes de la recherche sont autant des problèmes de gestionnaires que des problèmes de chercheurs et il faudrait pouvoir concilier certains points de vue pour une gestion efficace de la recherche [diapo18]. Un très haut niveau scientifique est demandé par le gestionnaire, mais il ne doit pas négliger les « jeunes » qui bien évidemment, n’ont pas encore beaucoup publié. Le gestionnaire devra veiller aux respect des normes et contrôler les installations et le déroulement de la recherche, mais il doit comprendre que des contrôles très sévères risquent d’inhiber la recherche. Le gestionnaire doit veiller au respect scrupuleux des financements prévus, mais pourrait laisser une certaine souplesse aux chercheurs dans l’adaptation des ressources financières. Enfin, si des rapports sur l’avancée des recherches doivent être écrits, il ne faut pas négliger les dialogues chercheurs- experts, type questions-réponses, pour ouvrir le débat et éventuellement l’orienter vers d’autres idées. Quel est l’avenir de la recherche fondamentale ? Actuellement, les projets de recherche sont extrêmement lourds. Nous connaissons le projet LHC (Large Hadon Collider), mis en service à Genève fin 2008, dont les protocoles expérimentaux viennent de commencer. Il y a aussi le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), localisé à Cadarache, dont certaines applications sont prévues en 2050. Ces projets de recherche ne fonctionnent qu’avec des financements et des collaborations internationaux. Enfin, les espoirs portés par ces

projets sont considérables, mais les résultats très incertains à l’heure actuelle [diapo

19]…Lorsque nous regardons la recherche en Biologie et en Médecine, nous

pouvons constater que l’époque du chercheur solitaire, génial mais désargenté n’existe malheureusement plus. Souvent, les laboratoires de recherche accumulent beaucoup trop de données qui pour certaines ne pourront être interprétées qu’en collaboration avec des chercheurs d’autres disciplines telles que la physiologie, l’informatique, les mathématiques, les statistiques, les écosystèmes etc. [diapo 20].

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Maintenant quelques pistes pour que nous avancions [diapo 21]. D’une façon

générale, l’environnement favorable pour la réalisation d’une « bonne » recherche

doit être aussi peu contraignant que possible et permettre une grande liberté

d’esprit. On peut, par exemple, simplifier encore le dépôt des brevets. Les projets à

« fort potentiel » devraient être repérés avec plus de certitude. Enfin, il serait nécessaire de faciliter les contacts et les interactions « recherche-entreprises » en donnant le plus de souplesse possible aux comités de déontologie. J’aimerai que nous souvenions de deux « accidents » du principe de précaution. Tout d’abord, l’épisode de la vache folle [diapo 22]. En 1980, en Angleterre, des protéines animales non chauffées ont été introduites dans la nourriture des bovins. Avant cette date, elles étaient chauffées avant d’être mélangées à l’alimentation bovine. En fait, considérant que le chauffage détruisait trop de protéines les industriels anglais ont changé de traitement et le chauffage a été remplacé par des solvants. Résultat, le prion n’a pas été détruit et a contaminé les vaches qui sont devenues « folles » puis les humains. La maladie de Kreuztfeld-Jacob est apparue en Angleterre et un vent de panique s est emparé de l’Europe. Toutes les mesures de précaution et d’abattage prises ont coûté au total 17 millions d’Euros. Il y a eu en réalité, une centaine de morts en Grande Bretagne et 8 en France. Nous nous apercevons d’une part, que si le principe de précaution avait pas été négligé en 1980, il n’y aurait pas eu de vache et d’humain contaminés et d’autre part, que son application dans la gestion de la crise a été excessive. Deuxième exemple, l’histoire du DDT, de l’anophèle et la pyrargue à tête blanche [diapo 23]. Dans les années 60, une biologiste écologique a découvert que le DDT fragilisait la coquille des oeufs de la pyrargue à tête blanche. La pyrargue à tête blanche, c’est l’oiseau emblème des Etats-Unis. De ce fait, cette découverte a eu un retentissement médiatique extrêmement important. En conséquence, l’utilisation du DDT a été interdite dans le monde entier en 1973. Il faudra attendre 34 ans pour que l’OMS décide de réintroduire l’utilisation du DDT afin de diminuer de 60%, les 3 millions de morts annuels du paludisme. Nous pouvons noter dans cet exemple que l’action antipaludéenne du DDT a été négligée devant la « mise en danger » de la pyrargue à tête blanche. En conclusion, je vais vous lire quelques pensées à méditer : « voir ce que tout le monde a vu, penser ce que personne n’a pensé », « l’homme ne peut pas prédire l’avenir, mais quelquefois il peut l’inventer » [diapo 24].

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Diapo 1 Diapo 2

LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION

• Inscrit dans la Constitution (fév. 2005)

• « Consiste, alors qu’on ne sait rien d’un

phénomène, à en prévoir tous les effets

possibles » (H. Curien)

• Aurait pu (du ?) être limité aux

« perturbations graves et irréversibles » et

aux « mesures d’un coût économiquement

acceptable » (Loi Barnier 1995).

• Risque de stériliser toute recherche.

EXCELLENT DANS SON PRINCIPE,

MAIS À UTILISER…

AVEC PRÉCAUTION !

Comme on va le voir ci-après !

QUELQUES LIMITES AU PRINCIPE DE

PRÉCAUTION (1)

• La réglementation européenne

interdit la mise sur le marché de

produits dangereux à 50 fois la dose

d’usage courant.

• Or, boire 50 litres d’eau dans une

journée est incontestablement très

dangereux et particulièrement nocif.

On devrait donc interdire l’achat, le

stockage et la consommation de

l’eau minérale !

Diapo 3

Diapo 4

QUELQUES LIMITES AU PRINCIPE DE

PRÉCAUTION (2)

• La présence de nitrates dans l’eau de

boisson ne doit pas dépasser 50 mg

par litre.

• Or, les nitrates du sol passent dans

les légumes tels que laitues et

épinards où ils représentent environ

2 g par kilo.

• Consommer 25 g de salade équivaut

donc à boire UN LITRE d’eau

« polluée »…

QUELQUES LIMITES AU PRINCIPE DE

PRÉCAUTION (3)

UN EXEMPLE DE NORMES :

• Les Dioxines : aux USA, la

concentration maximale est de

0,006 picogrammes par kg.

• Au Canada, 10 picogrammes

par kg, soit 1.666 fois plus !

• Il s’agit bien sûr de tolérance

« administrative ».

• Où se situe le véritable risque

pour la santé ???

Diapo 5

Diapo 6

QUELQUES LIMITES AU PRINCIPE DE

PRÉCAUTION (4)

LE TRANSPORT DU NUCLÉAIRE :

• En 1998, on a découvert que des

wagons de la COGEMA portaient

des traces de radioactivité à la suite

d’un lavage incomplet.

• En dormant quotidiennement dans

un de ces wagons, on n’aurait pas

atteint la dose reçue par l’habitant

d’une maison en granit (émanations

de radon).

• Il a pourtant fallu que le Premier

Ministre (L. Jospin) intervienne

personnellement pour stopper la

polémique… (cité par J. de

Kervasdoué)

QuickTime™ et undécompresseur TIFF (non compressé)

sont requis pour visionner cet te image.

AVENTURIERS ET SCIENTIFIQUES

• L’aventurier a une confiance absolue en

son étoile, poursuit un but souvent mal

défini à partir de données incertaines et

gère son quotidien au jour le jour en

faisant face (souvent avec brio) à

d’énormes imprévus. En font partie les

conquistadores, les alchimistes ou les

astrologues…

• Le scientifique procède d’un « chemin de

pensée » préétabli et adapte sa démarche

aux résultats qu’il obtient.

L’expérimentation doit rester cohérente

avec les hypothèses de base tout en

expliquant au mieux la réalité des faits. Un

examen critique permanent doit permettre

d’adapter la théorie, voire de l’abandonner

au profit d’une autre.

Diapo 7

Diapo 8

L’ESPRIT SCIENTIFIQUE (1)

LA MÉTHODE DÉDUCTIVE :

• Elle opère au départ dans l’abstraction et les calculs

mathématiques.

• Elle est au début basée sur des « images de pensée »

(Boltzmann) entièrement libres, dont il faut savoir qu’elles

peuvent être arbitraires.

• Ce n’est qu’après coup que les hypothèses ainsi formulées sont

vérifiées par des expérimentations dont les résultats peuvent

parfois survenir longtemps après la première étape.

LA THÉORIE PRÉCÈDE L’EXPÉRIMENTATION

L’ESPRIT SCIENTIFIQUE (2)

EXEMPLE DE MÉTHODE DÉDUCTIVE :

• Paul DIRAC et la découverte du positon.

• Dès 1928, Dirac envisage la possibilité

de « l’anti-matière ».

• En 1931, il prédit l’existence du

« positon ».

• Il faudra attendre 1932 pour que Blackett

et Anderson observent enfin cette

particule.

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Diapo 9 Diapo 10

L’ESPRIT SCIENTIFIQUE (3)

LA MÉTHODE « INDUCTIVE » :

• Plus pragmatique, elle part directement de l’expérience.

• Elle considère a priori l’ensemble des faits et tente de les utiliser

pour établir « des rapports entre les grandeurs tangibles, de sorte

que, les unes étant données, les autres s’en déduisent »

(Ostwald).

• Elle n’a recours à l’abstraction, à l’idéalisation et aux images que

lorsque ceci apparaît absolument nécessaire.

LA THÉORIE SUIT L’EXPÉRIMENTATION

L’ESPRIT SCIENTIFIQUE (4)

EXEMPLE DE MÉTHODE INDUCTIVE:

• Wilhelm ROENTGEN et les rayons X

• Le 8 novembre 1895, Röntgen

découvre un rayonnement qui traverse

la matière. Il l’appelle le rayonnement

X, car ses caractéristiques physiques

sont inconnues.

• La radiographie est née et se

développe.

• Ce n’est que bien plus tard que Von

Laue (prix Nobel 1914) démontrera

que les rayons X sont des radiations

électromagnétiques de haute énergie.

Diapo 11

Diapo 12

L’ESPRIT SCIENTIFIQUE (5)

• Théorie et expérimentation sont donc indissociables.

• La première doit reposer sur une ou des idées nouvelles.

• La deuxième doit être entièrement compatible avec ces idées.

• Mais il faut de plus, au sens de Popper, qu’une théorie scientifique, pour mériter ce nom, soit « RÉFUTABLE » :

– Même si elle explique de nombreux faits, plus et mieux que les théories précédentes, rien ne dit qu’un nouvel événement ne viendra pas s’opposer à la théorie.

– On ne doit donc jamais considérer une théorie scientifique comme acquise ou définitivement vérifiée.

– On peut certes « CORROBORER » une proposition scientifique par un grand nombre de faits, elle restera sujette à la « CONJECTURE »et « RÉFUTABLE ».

– Si ce n’est pas le cas et qu’on nous demande d’admettre une proposition comme une vérité absolue et démontrée, on sort du domaine scientifique pour tomber dans l’irrationnel, voire le fanatisme .

Diapo 13

Diapo 14

AUTRE EXEMPLE :

LA FIN DE LA PHYSIQUE ? (1892)

• LORD KELVIN (1824-1907)déconseille de poursuivre des études de Physique :

• « Cette science est définitivement constituée, tout ce qu’elle peut désormais apporter, c’est quelques décimales supplémentaires… »

• « Seuls deux petits problèmes subsistent, mais ils seront vite résolus… »

• L’étude du corps noir qui allait conduire àLA MÉCANIQUE QUANTIQUE.

• La constance de la vitesse de la lumière qui allait mener à LA RELATIVITÉ…

PEUT-ON ESPÉRER OPTIMISER

LA GESTION DE LA RECHERCHE ?

EXAMINONS D’ABORD QUELQUES QUESTIONS

(SOUVENT SANS RÉPONSE POSSIBLE !) :

1/ Ce projet relève-t-il de la science fondamentale et

théorique ou des sciences appliquées ?

2/ Quels seront les résultats de la recherche envisagée ?

3/ En vertu du « principe de précaution », a-t-on étudié de

façon exhaustive tous les risques possibles ?

Diapo 15

Diapo 16

SCIENCE FONDAMENTALE OU APPLIQUÉE ?

La distinction est parfois subtile… ou tardive… ou carrément impossible !

EXEMPLES:

• P. et M. Curie découvrent la radioactivité : travail fondamental d’où naîtront bien plus tard les bombes atomiques mais aussi les centrales et la médecine nucléaire !

• Comme on l’a vu, Dirac propose en 1931 l’existence du positon : simple curiosité de laboratoire d’où sortira l’imagerie T.E. P. !

LES RÉSULTATS D’UNE RECHERCHE

• Sont à priori imprévisibles : sinon,

il n’y aurait pas lieu d’entamer une

recherche dont on sait d’avance ce

qu’elle apportera…

• Peuvent être aussi intéressants,

sinon plus, s’ils sont négatifs.

• Peuvent aussi déboucher sur des

conclusions très différentes de

celles qu’on attendait.

• Ont parfois des conséquences

tardives inattendues (voir les

exemples précédemment cités).

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Diapo 17 Diapo 18

LE CONTRÔLE DES RISQUES

• La sécurité à 100% n’existe pas.

• Les installations doivent répondre à

des normes de sécurité, mais prévues

pour des situations connues.

• Or, une recherche peut se situer au

delà de ces limites.

• Les normes doivent alors être

réinterprétées en fonction des risques

réels estimés.

• Une décision raisonnée de ce type

peut parfois être seule à même de faire

progresser une recherche donnée,

alors que le « principe de précaution »

stériliserait ce travail.

Pour une gestion efficace, Il faudrait concilier

les points de vue ci-dessous :

DU CÔTÉ DU GESTIONNAIRE:

• Niveau scientifique de l’équipe.

• Niveau des publications.

• Respect absolu des normes.

• Contrat détaillé

• Contrôle permanent des installations et du déroulement de la recherche.

• Respect scrupuleux du financement prévu (équipement comme fonctionnement).

• Rapports périodiques sous forme de documents jugés par un comité d’experts.

DU CÔTÉ DU CHERCHEUR:

• Ne pas négliger de jeunes équipes dynamiques, même si elles ont encore peu publié.

• Ne pas entraver une expérimentation prometteuse par un contrôle trop tatillon.

• Demande d’une certaine souplesse dans l’adaptation des ressources financières.

• Rapports périodiques mais aussi dialogue avec les experts et échange direct de questions/réponses.

Diapo 19

Diapo 20

QUEL AVENIR POUR LA RECHERCHE ?

• LES PROGRAMMES « LOURDS »: EXEMPLES: LE L.H.C. ET ITER

• Financement nécessitant des collaborations internationales.

• Dépassement des budgets plus que probable.

• Imprévus inévitables.

• Espoirs considérables mais résultats très incertains à l’heure actuelle…

LES RECHERCHES EN BIOLOGIE ET

MÉDECINE

• L’époque du chercheur solitaire,

génial mais désargenté est révolue.

• Aujourd’hui, les laboratoires

accumulent beaucoup (trop ?) de

données.

• Pour les interpréter, les équipes

doivent inciter des esprits

originaux et inventifs à les rejoindre.

• Ceux-ci seront si possible de

formation multidisciplinaire :

physiologie, informatique,

mathématiques, statistiques,

biologie, écosystèmes, etc. (S.

Emmott)

Diapo 21

Diapo 22

QUELQUES PISTES POUR

PROGRESSER ?

• L’environnement favorisant de bons

travaux de recherches doit être aussi peu

contraignant que possible et permettre

une grande liberté d’esprit.

• Par exemple, le dépôt des brevets, bien

amélioré par la loi Allègre de 1999, peut

encore être simplifié.

• Il faudrait aussi pouvoir identifier avec

plus de certitude les projets « A FORT

POTENTIEL » (M. Fink)

• Faciliter encore les contacts et les

interactions « recherche-entreprises » en

donnant le plus de souplesse possible

aux comités de déontologie et à la

création de « start-up »

VACHE FOLLE ET PRINCIPE DE

PRECAUTION

Diapo 23

Diapo 24

DDT et

ENVIRONEMENT

anophèle pyrargue à tête blanche

POUR CONCLURE, DEUX BRÈVES

PENSÉES :

« VOIR CE QUE TOUT LE MONDE A VU,

PENSER CE QUE PERSONNE N’A PENSÉ »(SZENT-GYÖRGYI - Prix Nobel 1937)

« L’HOMME NE PEUT PAS PRÉDIRE L’AVENIR,

MAIS QUELQUEFOIS IL PEUT L’INVENTER »

(GABOR - Prix Nobel 1971)

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Les artéfacts en Radiobiologie

Nicolas Foray Chargé de Recherche INSERM

Cet exposé sera un peu le pendant moléculaire et cellulaire de l’exposé du Pr Aurengo, qui l'a tenu l’année dernière ici même, sur les biais épidémiologiques [réf. 1]. Mon exposé ne concerne pas que les faibles doses, je vais vous décrire sur ces 10 dernières années, une sorte d’évolution dans la Radiobiologie. En effet, l’irradiation ne devient plus un sujet d’étude en soi, mais un outil. C’est-à-dire que des personnes non-radiobiologistes de formation travaillent de plus en plus sur des irradiateurs, des radio nucléides, pour démontrer tel ou tel concept ou vérifier telle ou telle hypothèse sur le stress génotoxique, mais sans véritable conséquence directe pour une meilleure connaissance des effets biologiques des radiations ionisantes. De ce fait, ces personnes n’ont pas véritablement l’habitude de certains protocoles expérimentaux spécifiques aux événements radiobiologiques et on peut dire en raccourci, que nous voyons réapparaître des biais, pourtant connus depuis un certain temps. La radiobiologie est une multi discipline, où nous allons de la Physique à la Médecine, en passant par la Chimie radicalaire, la Biologie et la Biochimie. Tous les événements consécutifs à la désintégration ou la désexcitation d’un atome, se déroulent sur une échelle temporelle immense : de l’atto seconde pour l’évènement physique à la dizaine d’années pour les conséquences médicales [diapo 2]. Au niveau des techniques d’investigation, nous allons passer de l’étude de l’ADN, à celle de la cellule, puis du tissu et de l’organe [diapo 3]. Nous voyons déjà que les lois effet/dose pour chacune de ces échelles ne sont pas linéaires, mais aussi que les relations entre les différents paramètres moléculaires et cellulaires sont très rarement linéaires. Je ne vais pas de nouveau engager un débat sur la relation effet/dose linéaire sans seuil, mais nous avons ici, des indications sur le fait que nous retrouvons des effets non linéaires un peu partout. A travers cette multi discipline, à travers ces échelles spatio-temporelles, nous allons devoir jongler avec différentes techniques [diapo 4] : des techniques de Biologie moléculaire, aux techniques de Biologie tissulaire, en passant par celles de Biologie cellulaire. Pour vous montrer que même un appareil de mesure peut introduire un biais dans la mesure qu'il effectue, je vais vous poser une question toute simple : Quelle est l’intensité qui circule dans ce circuit électrique ? Tout le monde va me répondre : intégrez un ampèremètre dans le circuit pour y mesurer l’intensité. Mais ce n’est pas répondre à la question. Pourquoi ? Parce que l’ampèremètre à une résistance interne, il ne mesurera que l’intensité du courant modifiée par son introduction et non pas l’intensité du 1er circuit sans ampèremètre [diapo 5]. Il y existe donc une notion de mesure directe et de mesure indirecte. Nous venons de voir les biais de mesures, nous allons voir les biais de protocoles, et j’ai d’ailleurs fait un petit catalogue de tous ces biais techniques : « Quand les techniques nous jouent des tours » [diapo 6] [réf 2]. Nous reviendrons aussi sur cette notion de mémoire méthodologique que certains perdent à travers notamment, les changements d’équipe et la perte des techniciens et des ingénieurs. La courbe de suivie est à la base de la radiosensibilité, à la base de l étude de la radiosensibilité et à la base de la relation entre l’in vivo et l’in vitro notamment pour l’être humain. Que fait-on pour établir cette courbe ? Un certain nombre de cellules sont mises en culture, sont irradiées, puis le nombre de colonies formées est compté.

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Cette technique des colonies mesure la capacité (efficacité de clonage ou clonogénicité) qu’ont les cellules à donner des cellules filles. Nous introduisons dans le calcul de la survie, un coefficient de clonogénicité et c’est ce coefficient qui pose des problèmes. En effet, si vous cultivez une seule cellule dans un mètre carré jamais elle ne se multipliera pas : la cellule a besoin d’une stimulation par contact. Si vous cultivez une centaine de cellules sur une surface un peu plus réduite, vous aurez là, une possibilité de contact inter cellulaire et des colonies pourront se développer. A l’autre extrême, si trop de cellules par unité de surface sont ensemencées, nous n’aurons pas de colonies car les cellules ne peuvent pas se diviser. La clonogénicité va donc varier suivant le nombre de cellules ensemencées par unité de surface et influer sur la courbe de survie [diapo 7]. Or, Il nous parait évident, lorsque nous devons tester de fortes doses d’irradiation, d’augmenter le nombre de cellules mises en culture afin d’avoir un nombre minimum de colonies. Des exemples de courbes de survie établies avec différents coefficients de clonogénicité sont présentés sur la diapo 7. Lorsque nous utilisons un coefficient faible, la courbe de survie présente un épaulement, que nous appelons dans notre jargon, l’effet « feeder ». Cet effet n’apparaît pas lorsque la survie est établie avec un coefficient de clonogénicité maximal. Depuis une dizaine d’années, dans des articles parus dans des journaux, que je qualifierai, à « haut impact factor », nous voyons les courbes de survie bizarrement se « déformer » au gré de l'effet feeder contrairement aux travaux effectués dans les années 50-60. Alors que la représentation en échelle log était naturelle pour les radiobiologistes, certains auteurs n'hésitent plus à passer à une échelle linéaire, perdant ainsi toute analyse « facile » de leurs effets. Sur la diapo 8, on peut noter que sur la partie de la courbe de survie correspondant aux faibles doses (entre 1 mGy et 50 cGy) la pente est très faible donc l’erreur est très importante. Nous continuons sur les biais de protocole. Pour obtenir une courbe de survie par la méthode des colonies, il faut du temps. Certains tests sont apparus soi-disant pour y remédier. Ces tests utilisent des colorants « exclusion » : si après une irradiation une cellule métabolise, elle ne permettra pas au colorant de rentrer, et bien entendu, le colorant entre dans une cellule considérée comme morte [diapo 9]. Mais les courbes de survie sur les mêmes lignées cellulaires établies avec les tests d’exclusion sont différentes des courbes de survie établies avec la méthode des colonies [diapo 9]. Je vous ai rappelé au début de mon intervention, que la survie en Radiobiologie, c’est la capacité à proliférer. Les courbes de survie obtenues par la technique des colonies et par le test d’exclusion sont différentes parce que nous ne mettons pas en évidence la même chose : mort clonogénique pour la méthode des colonies, moins de métabolisme pour les tests d'exclusion. D’autre part, le test d’exclusion « oublie » complètement les cellules qui sont mortes radiobiologiquement (c'est-à-dire stérilisées) et arrêtées définitivement en G0/G1 (cellules en sénescence) car celles-ci excluent quand même le colorant. On sous-estime gravement l'effet des irradiations avec le test d'exclusion. Le test d’exclusion permet pourtant d’obtenir des courbes de survie en 2-3 jours alors qu’il en fallait 15 par la méthode des colonies. Mais certains collègues, très pressés, n’hésitent pas à additionner le colorant au moment de l’irradiation. Or, le colorant peut produire des effets toxiques lorsque qu'il est irradié. Vous pouvez voir les conséquences de cette irradiation du colorant sur l’aspect de la courbe de survie en diapo 10. En Radiobiologie, comme ailleurs, a+b est différent de ab. Dans les années 80, de nouvelles techniques permettant la détection des cassures de l’ADN sont apparues. A ce moment, de nombreux auteurs se sont posés la

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question suivante : Peut-on évaluer la radiosensibilité cellulaire à partir du nombre de cassures ADN radio induites ? En d’autres termes : une cellule plus radiosensible va t-elle avoir plus de cassures double-brins après une irradiation ? A cette époque, la technique consistait i) à radio marquer l’ADN ii) à provoquer des cassures de l’ADN évidemment par irradiation iii) à récupérer les fragments d’ADN par filtration sur polycarbonate iv) à quantifier le nombre de cassures par comptage radioactif [diapo 11]. Il restait cependant, un problème : le liquide d’élution utilisé à l’époque était détergent. Radford et al entre les années 80-85 ont produit quelque chose de très compréhensible, très clair que je qualifierai aussi de très « médiatique ». Ces auteurs ont publié des courbes-miroirs : survie de 3 lignées cellulaires plus ou moins radiorésistantes en fonction de dose et nombre de cassures obtenues sur ces 3 lignées en fonction de dose [diapo 12]. Ces courbes démontraient de façon simple et esthétique que la radiosensibilité est proportionnelle au nombre de cassures de l’ADN radio induites : un message simple à retenir. En 1987, Iliakis et al ont pourtant montré qu’en changeant le détergent, qu’en modifiant le pH, le nombre de cassures dans une lignée radiorésistante était identique à celui obtenu dans une lignée radiosensible [diapo 13]. Il reste cependant encore quelques auteurs qui citent Radford et al : « II a été démontré que les cassures non réparées produites par Gy prédisent la radiosensibilité ». Nous allons passer aux biais conceptuels ce que j’appelle les « modes » [diapo 14]. Faisons mourir l’apoptose aujourd’hui. Les micronoyaux sont constitués de fragments chromosomiques non réparés qui, au moment de la mitose, n’ont pas été incorporés dans le noyau des cellules « filles ». Ces micronoyaux apparaissent donc, dans des cellules irradiées qui ont conservé leur capacité de reproduction, au moins pour un temps. La diapo 15 montre, d’une part une image de fibroblaste dont le noyau est entouré de 2 micronoyaux d’autre part sur le schéma, que ces micronoyaux peuvent être « expulsés » hors de la cellule mère. La mort mitotique est donc la conséquence directe de la propagation des cassures de l'ADN en cassures chromosomiques. A l'inverse, l’apoptose a lieu en G0/G1, et ne laisse à la cellule aucune possibilité de se réparer et de survivre. La cellule « apoptotique » va fragmenter elle-même son noyau, son ADN et comme vous pouvez le voir sur la diapo 15, c’est un phénomène « spectaculaire » si on se place au niveau du nombre de cassures ADN. Finalement, on peut imaginer que l’apoptose soit dans certains cas une suite de la mort mitotique, que les micronoyaux peuvent eux aussi entrer en apoptose. Cependant, il existe un problème, ces 2 morts cellulaires sont, « moléculairement » parlant, complètement différentes, dépendantes de protéines différentes. Nous savons depuis notre aîné Claudius Regaud, que la mort mitotique est la mort la plus répandue après une irradiation dans les cellules proliférantes [diapo 16]. Pourtant, ces 10 dernières années, les laboratoires pharmaceutiques se sont littéralement excités à produire des tests basés sur la mesure des cassures de l’ADN pour mesurer l’apoptose : « Mesurer votre apoptose en 10 minutes, c’est possible... ». Quand on y réfléchit : si les micronoyaux sont le résultat de cassures ADN, si la cellule apoptotique « casse » son ADN, les tests de détection vont être évidemment positifs dans ces 2 types de mort. Regardons le cycle cellulaire, ainsi que le nombre de cellules et la quantité d’ADN qui varie suivant ce cycle. De nombreux « amateurs d’apoptose », ont utilisé le pic en sub G1 (en fragments d’ADN) comme indicateur d’apoptose [diapo 17]. Or, nous voyons exactement la même chose lorsque les cellules sont en mort mitotique [diapo 17]. Lorsque nous voulons distinguer après une irradiation, la mort apoptotique de la mort mitotique, revenons à Claudius Regaud.

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Les biais sémantiques. J’ai pour habitude lors de mon enseignement de comparer la réparation de l’ADN à la réparation de chaussette : soit nous avons un petit trou et nous suturons, soit nous avons un gros trou et nous rapiéçons. Le rapiéçage correspond à un premier mode de réparation, mis en évidence chez les levures et les bactéries : la recombinaison homologue. Recombinaison parce que c’est une réparation basée sur des échanges de brins : récupération d’un fragment d’ADN, fractionnement de ce morceau d’ADN qui est ensuite introduit dans le « trou » laissé par la cassure. Cette recombinaison est dite homologue parce que c’est un mode de réparation qui s’effectue en mitose : au moment où il existe une homologie des brins , une chance de saisir le brin d’en face, c’est à dire la photocopie conforme pour combler ce trou. Il faut savoir que la recombinaison homologue est essentielle pour la mitose et la méiose, et donc il n’existe pas de syndrome associé à des mutations [diapo 19]. La suture a été mise en évidence dans les années 80, sur des cellules en G0/G1, soit au moment où il n’y a pas de notion d'homologie. Comme, il n’y a pas d’homologie, la suture a été qualifiée de non homologue ce qui me vaut de la part de mes étudiants ce type de question : Mais monsieur la suture homologue, est-ce que cela existe ? Non, cela n’existe pas, la suture s’effectue à l’état quiescent, où nous n’avons pas de notion d'homologie. Voici donc l'exemple typique d'un biais sémantique. Le seul syndrome qui existe au titre de la suture non homologue est lié à l’hyperradiosensibilité [diapo 19]. Si ces 2 modes de réparation sont fidèles, comment expliquer les mutations, la mutagenèse, l’instabilité génomique, bref le cancer ? J’en reviens à ma comparaison avec le raccommodage de chaussette. Le rapiéçage, cela peut se faire avec le même tissu que la chaussette ou avec un autre tissu. Donc, dans la recombinaison, une séquence peut être prise au hasard pour combler le trou. Dans ce cas, la probabilité de faire une erreur, de créer une instabilité génomique donc de cancer, est plus importante [diapo 20]. Nous n’avons donc pas 2 mais 3 modes de réparation au moins chez l’homme : suture, recombinaison homologue et recombinaison non-homologue. Une protéine pourrait expliquer l’instabilité génomique, protéine qui possède une activité nucléasique : MRE11. MRE11 n’est pas du tout associée à RAD51. Donc, si elle n’était pas associée à la recombinaison homologue, pouvait-elle être associée à la suture ? Des articles dans des journaux à très « haut impact factor », l’ont montré. [diapo 21] Comment l’ont-ils montré ? Sur des noyaux cellulaires après irradiation, il ont mis en œuvre une co immunofluorescence, c’est à dire qu’ils ont simultanément étudié la localisation de MRE11 et de protéines de suture à l’aide d’anticorps marqués en rouge et en vert. Les résultats sont présentés en diapo 22 : que ce soit avant la réparation ou après, nous avons exactement le même nombre et la même localisation des focis que cela soit en rouge ou en vert. Au vue de ces images, la conclusion s’impose : quantitativement et qualitativement, MRE11 peut être considérée comme appartenant à la suture. Cependant, dans notre laboratoire et dans certains autres après, nous ne faisions pas les détections simultanément. Nous faisions une « manip » sur MRE11, puis une autre « manip » pour détecter les focis pH2AX associés à la suture. Nous observions [diapo 23] que les focis MRE11 étaient localisés différemment des focis pH2AX et ceci quelque soit le niveau temporel ou qualitatif. Comment expliquer ce phénomène ? Comment d’un côté des articles parus dans des journaux à « haut impact factor », font une co immunofluorescence et observent 2 protéines identiques et d’un autre côté, aboutir à des conclusions opposées quand on fait des immunofluorescence séparées? Le hasard a fait qu’une des mes thésardes s’occupait de la protéine HSP70 qui ne montre jamais de foci, mais qui passe du cytoplasme au noyau avec une localisation très homogène. Cette

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thésarde, peut être envieuse des superbes focis obtenus par ces collègues, décida de faire de la co immunofluorescence avec un marqueur des cassures double-brin reconnu par la suture (pH2AX) et HSP70. Un jour, elle revint tout contente en m’annonçant qu’elle avait vu des focis HSP70. Or, il n’y a pas de foci HSP70. En étudiant plus en détail le côté technologique, nous nous sommes aperçus du « bug » suivant. Rappelons que la plupart des laboratoires utilisent des marqueurs rouge (rhodanine) et vert (fluorescéine). Ces marqueurs ont des spectres d’absorption et d’extinction qui sont très proches et ont même une partie en commun ce qui veut dire que lorsque vous avez un signal rouge très fort, nous pouvons allumer des focis dans le vert et inversement [diapos 24, 25]. Les laboratoires ayant obtenu leurs résultats par co immunofluorescence - C’est plus rapide de faire tout en même temps- ont donc aboutit à des interprétations erronées. Nous avons publié ce biais et avons obtenu de l’éditeur en chef d’établir un tableau comportant noms et journaux de ceux qui ont conclu à partir de la co immunofluorescence que MRE11 et pH2AX coïncidaient. Il s’agissait d’articles dans Cell, Nature, Lancet, Science... où le droit de réponse est limité, mais compte tenu de l’ampleur du phénomène, nous devrions l’emporter Je voulais essayer de conclure un peu « en apothéose », avec le pionnier, avec Roentgen. Lorsque nous étudions les documents anciens de la Radiologie et lorsque vous lancez une recherche Internet sur Roentgen, vous obtenez avec sa photo, une radiographie de main, « vendue » comme celle de Mme Roentgen [diapo 26]. Ce cliché est parfait, très beau. En approfondissant les recherches, j’ai trouvé la vraie première photo de la main de Mme Roentgen, cliché beaucoup moins beau et moins clair, mais qui a le mérite d'être le tout premier [diapo 27]. J’oserai dire que lorsque l’on compare les deux clichés, il n’y a pas photo [diapo 28]. Quel est le fin mot de l’histoire ? Roentgen a été très sollicité lorsqu’il a publié ces découvertes et notamment par le tzar Nicolas II qui lui a demandé de radiographier toute sa famille. Je ne sais pas si Roentgen s’est déplacé en Russie, mais en tous cas ces radiographies sont conservées aux Etats Unis. Ces clichés de la famille impériale, il fallait bien les réussir : la demande provenait quand même d’un empereur. Aussi, le technicien de Roentgen s’est dévoué pour réaliser toutes les mises au point, et cette radiographie parfaite, est restée comme la première parce qu'elle était tout simplement plus « esthétique » que la « vraie » première. Ainsi, mêmes les pionniers, étaient sensibles à l’aspect esthétique des images : plus l’image est belle plus nous avons tendance à la prendre pour vraie. Pour conclure je dirai qu’au niveau des méthodes actuellement, il existe une vraie dérive. L’interprétation des images peut être vraie mais les images sont fausses, et dans ce cas qu’elle la valeur de l’interprétation finale ? Nous avons vu toutes ces modes et l’influence commerciale. Enfin, l'expression « dictature des plus belles images » que j’emploie ici, est certes un peu fort, mais, on peut réellement le ressentir notamment dans la révision des articles scientifiques où on a encore une fois, plus tendance à croire une image, un croquis, un résultat « beau » que tous les autres [diapo 29]. Pourtant ces artéfacts existent: Passer du temps à les étudier, ce n’est pas passionnant, mais au moins cela permet de les identifier, de les maîtriser et de les éviter [diapo 30]. Enfin, un grand merci à tous mes collaborateurs et partenaires [diapo 31]. Réf. 1 : A. Aurengo. L’épidémiologie est-elle encore une science ? CR Pourquoi sommes-nous

effrayés par la radioactivité ? 23 mai 2008. 27-33. Réf. 2 : Technical artefacts in radiobiology. Submitted

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Diapo 1 Diapo 2

Les artéfacts en radiobiologie

Nicolas FORAY

Inserm U836

European Radiation Synchrotron Facility - Grenoble - France

10-18

s

-610 s

10-12

s

610 s

010 s Réparation

Survie

Mutation

Cancer

Mort

PhysiqueIonisations - Excitations

Microdépôts d'énergie

Réactions radicalaires

Lésions de l'ADNChimie

radicalaire

Biologie-Biochimie

Multidisciplinarité et échelle temporelle en radiobiologie

Médecine

Diapo 3

Diapo 4

Incidence

Réparation Survie cellulaire

Survie de l'animal

Nb

de

dom

mages

% d

e d

om

mages

non

rép

arés

Su

rvie

Su

rvie

Dose (Gy)

Tps de réparation (h) Dose (Gy)

Tps (jours)

ADN Cellule Tissu Organe

Multidisciplinarité et échelle "spatiale" en radiobiologie

nm m mm m

Contrôle local

Volu

me

tum

ora

l

Tps (jours)

Un exemple de phénomènes et d'inter-relations non-linéaires

?

?

?

Multidisciplinarité et multi-techniques

Radiocurabilité

des tumeurs

(contrôle local)

Radiosensibilité

Intrinsèque (SF2)

Courbes de survie

In vivo

In vitro (cellules) - Expression des gènes

-Mutations des gènes

-Apoptose

-Cytogénétique

-Réparation de l’ADN

In vitro (molécules)

Biologie

tissulaire

Biologie

cellulaire

Biologie

moléculaire

Diapo 5

Diapo 6

I? I'A

Quelle intensité circule dans ce circuit?

Pour cela il faut un ampéremètre

Mais l'ampèremètre ne répondra pas directement à la question …

Un appareil de mesure peut modifier la mesure elle-même …

r

Biais techniques : "quand les techniques nous jouent des tours"

- biais dû à l'introduction de la mesure

- biais dû à certains aspects du protocole

Les différents biais de la radiobiologie

Diapo 7

Diapo 8

0.01

0.1

1

Su

rv

ie c

ellu

lair

e

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Dose (Gy)

La méthode des colonies : Les courbes de survie et l'effet feeder

Nb colonies

Nb cellules ensemencées X Clono.Survie =

Nb cellules ensemencées

Cll

on

ogen

icit

é

cellules colonies

Les effets spécifiques des faibles doses

0.01

0.1

1

Fra

cti

on

su

rv

iva

nte

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Dose (Gy)

Entre

1 mGy et 50 cGy

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Diapo 9 Diapo 10

0.01

0.1

1

Su

rv

ie c

ellu

lair

e

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Dose (Gy)

La méthode des colonies et les tests d'exclusion (1/2)

mort

survie

0.01

0.1

1

Su

rvie

cel

lula

ire

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Dose (Gy)

La méthode des colonies et les tests d'exclusion (2/2)

ou ?

Diapo 11

Diapo 12 L'épisode des courbes "miroirs" (1980-1990)

Incidence

Nb

de d

om

mages

Dose (Gy)

Survie cellulaire

Su

rvie

Dose (Gy)

?

La radiosensibilité est-elle proportionnelle

au nombre de cassures de l'ADN produites par les radiations?

Technique de l'elution

-principe: migration des fragments d'ADN à travers

un filtre de polycarbonate après élution détergente

de pH variable

Elu

tion

L'épisode des courbes "miroirs" (1980-1990)

Nb

de d

om

mages

Dose (Gy)

Su

rvie

OUI!

La radiosensibilité est-elle proportionnelle

au nombre de cassures de l'ADN produites par les radiations?

Radford et al., 1985

Diapo 13

Diapo 14 L'épisode des courbes "miroirs" (1980-1990)

Nb

de d

om

mages

Dose (Gy)

Su

rvie

OUI!Avec le détergent A

La radiosensibilité est-elle proportionnelle

au nombre de cassures de l'ADN produites par les radiations?

Nb

de d

om

mages

Dose (Gy)

Su

rvie

NON!Avec le détergent B

Radford et al., 1985 Iliakis et al., 1987

Biais techniques : "quand les techniques nous jouent des tours"

- biais dû à l'introduction de la mesure

- biais dû à certains aspects du protocole

Biais conceptuels : "les modes"

Les différents biais de la radiobiologie

Diapo 15

Diapo 16 La mort … de l'apoptose …

Mort mitotique

Apoptose

Sénescence

Cellules géantes

Micronoyaux

Mort mitotique Apoptose

La mort … de l'apoptose …

Mort mitotique Apoptose

La mort mitotique est la mort

la plus répandue après irradiation

(Cl. Regaud 1927)

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Diapo 17 Diapo 18

La mort … de l'apoptose …

Mort mitotique Apoptose

Techniques (très) commercialisées basées sur la détection de cassures de l'ADN

Quantité d'ADN

Nb d

e c

ell

ule

s G1

S

G2/MsubG1

Quantité d'ADN

Nb d

e c

ell

ule

s G1

S

G2/MsubG1

Biais techniques : "quand les techniques nous jouent des tours"

- biais dû à l'introduction de la mesure

- biais dû à certains aspects du protocole

Biais conceptuels : "les modes"

Biais "sémantiques" : "les grands malentendus de la radiobiologie"

Les différents biais de la radiobiologie

Diapo 19

Diapo 20

Suture non-homologue Recombinaison homologue

Mise en évidence dans les levures et les bactéries

Active sur des cellules proliférantes (en G2/M)

Essentielle pour la mitose et la méiose

Mais aucun syndrome associé…

RAD51

RAD52

Mise en évidence dans les mammifères

Active sur des cellules non-proliférantes (en G0/G1)

KU

RAD52DNA-PK RAD52LIG4

Syndrome LIG4 (hyperradiosensibilité)

Exemple de biais sémantique :

recombinaison homologue et suture non-homologue

Diapo 21

Diapo 22

RAD51MRE11

MRE11

Une troisième voie de réparation

pour expliquer l'instabilité génomique?

- Une protéine candidate

- MRE11 possède une activité nucléasique…

- Très bien conservée entre espèces...

-MRE11 n'est pas associée à RAD51

Mais MRE11 a été associée à la suture…

… dans des journaux à très haut impact facteur

MRE11 et les protéines de suture colocalisent

après irradiation

DONC

MRE11 est une protéine de suture

pH2AX

MRE11

Merge

Co-immunofluorescence

0h 2h 6h 24h

L'image est BELLE DONC elle ne peut être que VRAIE

Diapo 23

Diapo 24 Pourtant , ce n'est pas ce que nous observons

quand on regarde séparément les 2 protéines … !!! ???

10 min 1 h 4 h 24 h

MRE11

pH2AX

0

5

10

15

20

25

30

35

40

0 5 10 15 20 25

No

mb

re d

e f

oci

Temps de réparation (h)

pH2AX

MRE11

Joubert et al., Int J Radiat Biol, 2008

Suture

?

HSP70

HSP70

pH2AX

Merge

Co-immunofluorescence

Separate immunofluorescence

0h 1h 4h 24h

0h 1h 4h 24h

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

(arb

itra

ry u

nit

)

Wavelength (nm)

495 547

Excitation spectra

FITC TRITC

BT

519

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

(arb

itra

ry u

nit

)

Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

BT

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

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Wavelength (nm)

495 547

Excitation spectra

FITC TRITC

450 500 550 600 650 700450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

(arb

itra

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nit

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Wavelength (nm)

495 547

Excitation spectra

FITC TRITC

BT

519

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

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y

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itra

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nit

)

Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

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519

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

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y

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Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

519

450 500 550 600 650 700450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

(arb

itra

ry u

nit

)

Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

BT

The bleed-through fluorescence phenomenon

Renier et al. Int J Radiat Biol 2007

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Diapo 25 Diapo 26

The bleed-through fluorescence phenomenon

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

(arb

itra

ry u

nit

)

Wavelength (nm)

495 547

Excitation spectra

FITC TRITC

BT

519

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

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ce in

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Wavelength (nm)

572

Emission spectra

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Flu

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y

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Wavelength (nm)

495 547

Excitation spectra

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450 500 550 600 650 700450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

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ten

sit

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nit

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Wavelength (nm)

495 547

Excitation spectra

FITC TRITC

BT

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450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

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itra

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nit

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Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

BT

519

450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

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ry u

nit

)

Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

519

450 500 550 600 650 700450 500 550 600 650 700

Flu

ore

scen

ce in

ten

sit

y

(arb

itra

ry u

nit

)

Wavelength (nm)

572

Emission spectra

FITC TRITC

BT

MRE11

pH2AX

MRE11

Merge

Co-immunofluorescence

Separate immunofluorescence

0h 2h 6h 24h

0h 2h 6h 24h

Renier et al. Int J Radiat Biol 2007

Publication de la découverte des rayons X

par W. ROENTGEN le 28 décembre 1895

Diapo 27

Diapo 28 Découverte des rayons X : la “vraie” main de Mme ROENTGEN

La “vraie” main de Mme ROENTGEN et … celle du technicien…

Diapo 29

Diapo 30 Conclusions (1/2)

-Méthode : Dérive méthodologique récente

-Interprétation : Retour aux syllogismes

-Concepts : modes et influence commerciale

-Dictature de la belle image

du plus fort effet

du test le plus rapide

des modèles simplistes

Conclusions (2/2)

Pourtant , les artéfacts existent mais demandent du temps

pour mieux les connaître et donc les éviter

Ils concernent des sous- ou des sur-estimations de l'effet létal

Quelle attitude avoir face au grand public pour les expliquer?

Diapo 31

A Joubert C Thomas

C Massart M Viau

MC Biston C Devic

Z Bencokova J Gastaldo

L Pauron A Granzotto

Jacques Balosso - CHU de Grenoble

Jean-Léon Lagrange – CHU de Créteil

Vincent Favaudon - Institut Curie

Jean Bourhis – Institut Gustave Roussy

INSERM

EDF

Région Rhône-Alpes

ETOILE

APRAT

INCA

ANR

CNES

Merci à tous!…..

Toute vérité franchit 3 étapes :

- D’abord elle est ridiculisée,

- Ensuite elle subit une forte opposition.

- Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence.

Schopenhauer

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93

Discussion – conclusions de la journée

Maurice Tubiana Académie des Sciences Académie de Médecine

Henri Lehn Institut Louis de Broglie

Pierre Galle Académie des Sciences

Henri Lehn. : Merci de nous avoir accueilli aujourd’hui, en effet je ne suis pas scientifique, je suis ingénieur mécanicien et la mécanique est une science qui fait plus appel à la force des bras. Je m’intéresse à la communication sur Internet et je participe notamment au forum « Nucléaire » animé par Emmanuel Grenier où quand même 400 participants s’expriment. L’année passée, le professeur Tubiana a exposé « Les causes du cancer en France » [réf 1] et avec son accord, nous avons pu mettre cette conférence sur Internet plus précisément sur Dailymotion. Cette conférence a eu un impact important, elle a été visionnée 602 fois depuis octobre 2008, j’ai vérifié les chiffres ce matin. En tant que participant aux forums, nous sommes tombés quelques amis et moi, sur un rapport fait par un dénommé Wladimir Tcherkoff. Ce ressortissant suisse est allé faire des films à Tchernobyl et en Ukraine où l’on peut y voir des enfants macro encéphaliques et porteurs d’autres mutations. Ce rapport de 6 pages concernait une conférence de 4 heures qu’il avait soutenue à l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs Pompiers de Nîmes. Il avait pu y exposer que les autorités locales concernant Tchernobyl avaient été en dessous de tout, mais aussi que les autorités françaises avaient été également en dessous de tout et qu’il ne fallait absolument pas faire confiance aux autorités. Qu’Elise Lucet ou d’autres fassent périodiquement des émissions extravagantes sur Arte ou France 3, c’est une chose, mais que soit enseigné le fait que l’on doit ne pas faire confiance aux autorités et des contre-vérités, cela commence à devenir extrêmement grave. Il y expliquait longuement d’ailleurs; qu’il avait remarqué que certains élèves officiers s’étaient émus de ses propos et qu’il avait eu quelques rares contradicteurs. Il n’empêche que ce monsieur avait été invité à suivre le restant des cours, et il avait eu le temps pendant cette semaine de faire du lobbying antinucléaire 24 heures sur 24. C’était sûrement très agréable cette petite semaine payée par le contribuable. Nous avons donc contacter la direction de cette école, pour demander quelques explications sur cet « enseignement ». Comme cela a été plutôt difficile d’obtenir quoique ce soit, nous avons contacter la direction de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, puis la Sécurité civile au ministère de l’Intérieur. N’ayant toujours pas de réponse, nous les avons invités à participer à un débat ici même, aujourd’hui même, sur l’enseignement de la Radioprotection notamment pour les officiers sapeurs pompiers. Bizarrement, après de longues semaines de silence, j’ai reçu une réponse ce matin même, provenant d’un Directeur de Communication et d’Enseignement des Sapeurs Pompiers où en 3 pages, le poisson est noyé : pas vraiment d’argument pour justifier l’intervention de Wladimir Tcherkoff. dans le cadre d’un enseignement. J’aimerai faire une remarque concernant « l’ affaire» des anomalies génétiques soi-disant induites par l’accident de Tchernobyl, affaire qui revient très régulièrement dans les discussions Internet : « Avant Tchernobyl, il n’y en avait pas alors qu’après il y en avait plein ». Je pense que vous répondez de façon trop compliquée. Il faut amener les gens à réfléchir, et à conclure logiquement par eux-mêmes. Il faut d’abord insister sur le fait que Tchernobyl est d’abord une affaire typiquement soviétique et qu’à chaque fois que nous voulons raisonner «occidental», logique,

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cartésien sur une affaire soviétique, nous avons faux, tout faux. De façon simple, vous vous présentez : « Je suis allé à Tchernobyl n fois », « j’ai été consultant en Radioprotection pour la Communauté Européenne » « Tchernobyl, c’est 20 ans chez les soviets et chez les post soviétiques ». Alors pour les mutations génétiques, c’est simple. En URSS, il n’y avait pas de mutations, vous étiez infichu de trouver un seul trisomique 21 sur le territoire de l’URSS. Pourquoi ? Parce qu’il fallait, suivant le dogme être « productif », soit capable de production. Si au départ, vous ne pouviez pas assurer votre production, vous ne pouviez pas exister. Les naissances se passaient dans une « bulle » absolument étanche aseptisée dont même le père était exclu, sous le prétexte vrai du manque d’antibiotique. A l’écroulement de l’URSS, ces mœurs ont changé : les médecins se sont mis à réanimer tous les enfants. A partir de là, il y eu des enfants porteur d’anomalies génétiques, autant que chez nous et même plus que chez nous, puisque nous, nous disposons des moyens pour les détecter précocement (échographies à 3 mois, amniosynthèses) ainsi que ceux pour aider les parents à prendre une décision. Sur le territoire d’Ukraine tous ces petits porteurs de maladies génétiques ont été rassemblés, notamment près de Tchernobyl. Devant cette « exposition », avec la DG12 Radioprotection (Commission Européenne) en 1994, nous avons décidé d’arrêter complètement les aides « tchernobyliennes », si je puis dire. Maurice Tubiana : Je voudrais simplement rappeler qu’à l’occasion du 20ème anniversaire de Tchernobyl en 2006, il y a eu une publication extrêmement approfondie des Nations Unis qui a montré de façon très claire qu’il n’y a pas eu d’augmentation de la fréquence d’anomalies congénitales après Tchernobyl. Henri Lehn : Oui, d’accord pour un public de spécialistes qui comprend la valeur des statistiques et des études épidémiologiques, mais pour le public moyen, il faut donner une contre proposition, de quoi faire réfléchir l’interlocuteur, de quoi l’aider à conclure par lui-même. Et pourquoi voulez-vous, qu’il ait tant d’anomalies génétiques en Roumanie avant Tchernobyl et pas en Ukraine ? A côté de l’Ukraine, il y a la Roumanie. Roumanie, où en 1977, une loi est passée, conduisant les couples à avoir 5 enfants de façon à multiplier par 4 en moins de 20 ans la population de Roumanie. Conclusion, tous les enfants quelles qu’étaient leurs malformations, étaient réanimés. Quand le dogme roumain a été abattu en 1989, les portes d’hôpitaux mouroirs se sont ouvertes, et le monde entier s’est aperçu qu’il y était parqué 100 000 gamins porteurs d’anomalies génétiques. De plus, la majorité de ces enfants étaient nés bien avant Tchernobyl. Pourquoi même avant Tchernobyl, tant d’anomalies génétiques ? Il ne faut pas oublier le problème important de la pollution aux métaux lourds que ce soit en Roumanie, en Ukraine et en ex URSS en général. Il faut donc mettre les gens devant une contre proposition pour qu’ils arrivent à conclure d’eux-mêmes.

Nicole Colas-Linhart : J’ai lu dernièrement un article (réf. 3) qui va dans le sens de ce que Ms Foulquier et Lehn, ont dit. En 2012, va se dérouler une compétition de football, l’Euro 2012, organisée conjointement par la Pologne et l’Ukraine. Cependant, l’Ukraine ne veut absolument pas que les matchs se déroulent sur son territoire, sous des prétextes tels que les terrains ne sont pas aux normes. En vérité, l’Ukraine reçoit des millions d’euros de l’Europe pour sécuriser Tchernobyl, et en 2012, l’Euro de football risque de mettre fin à cette manne. En effet, si la compétition peut avoir lieu en Ukraine, les environs de Tchernobyl ne sont plus contaminés, il n’y

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a plus de danger et plus de danger égal plus d’argent de la Communauté Européenne pour la sécurisation du site.

Henri Lehn : Il y a autre chose que la contamination post Tchernobyl, je vous conseille la lecture du site de la CIB6 qui donne des statistiques très précises mises à jour régulièrement et on s’aperçoit que l’espérance de vie pour un enfant qui naît aujourd’hui est de 64 ans en Ukraine et de 59 ans en Russie. Si vous faites l’espérance de vie en proportion de la surface contaminée vous vous apercevez que plus vous vivez sur une surface contaminée, plus vous vivez vieux. Maurice Tubiana : Il faut être très prudent dans cette analyse, elle a évidemment aucune signification. il y a quelque chose d’absolument colossal, à partir de 1965-1966 l’espérance de vie a augmenté très rapidement dans la quasi totalité des pays, mais la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine sont les seules régions au monde depuis 1965, où non seulement l’espérance de vie n’augmente pas, mais elle diminue. Ceci a été mis en corrélation avec 3 phénomènes : augmentation de la consommation de tabac, d’alcool et de mauvaises graisses. Henri Lehn : Il est certain qu’un petit déjeuner composé d’une tranche de lard et d’un verre de vodka pour dissoudre le tout, n’arrangent pas les choses. Maurice Tubiana : Ce qu’il y a d’extraordinaire c’est qu’entre 1945 et 1965, la Russie a été un des pays au monde où l’espérance de vie augmentait le plus rapidement et brusquement cela s’est arrêté vraisemblablement parce que les gens n’avait plus d’espoir, plus confiance en l’avenir. D’autre part, je voudrai commenter l’intervention de mon ami Jean-Pierre Gérard au sujet de la relation linéaire sans seuil (RLSS). La raison pour laquelle on s’intéresse beaucoup à la RLSS, est que celle-ci justifie la déclaration selon laquelle toute dose même la plus faible, est dangereuse. On ne peut pas démontrer ni la véracité, ni la fausseté de cette déclaration avec des critères scientifiques tout simplement parce que cette déclaration n’est pas scientifique. Que peut-on faire ? La seule façon de faire, c’est de voir sur quoi s’appuient les personnes qui ont adopté la RLSS : l’effet par unité de dose est constant quelque soit le débit de dose, ce qui justifie la RLSS. En réalité toutes les données modernes montrent que cela n’est pas vrai, que l’effet par unité de dose est plus faible à faible débit de dose qu’à haut débit de dose. Ceci en en raison de 2 phénomènes, la réparation de l’ADN et l’élimination par apoptose des cellules. Et à propos de l’élimination des cellules par apoptose. Il apparaît que l’apoptose et la sénescence sont les meilleures défenses contre la cancérogenèse. Si la mort mitotique est quantitativement plus importante, la mort apoptotique est qualitativement d’une importance écrasante. Francis Sorin : En réponse au Pr. Tubiana et à l’exposé du Pr. Gérard au sujet de la RLSS, je voudrais signaler l’importance considérable dans le débat nucléaire de l’utilisation faite par le mouvement antinucléaire, du dogme selon lequel toute dose même la plus minime est préjudiciable à la santé. Il y a eu l’été dernier, 74 kg d’uranium dans le Rhône qui ont donner lieu à des surcroîts de dose, des équivalents de dose en sievert (Sv) totalement minimes pour les populations les plus

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exposées. Au niveau du Haut Comité, nous avons eu des interventions de personnes pas vraiment reconnues pour leur enthousiasme pour le nucléaire, disant que cet événement a eu un impact sanitaire grave, étant donné qu’il y a eu ne serait-ce que des poussières de Sv supplémentaires aux populations exposées. Que pouvez vous répondre à ça ? Quelques semaines plus tard, il y a eu un autre accident à l’intérieur de la centrale de Tricastin. Quelques-uns des agents d’EDF ont reçu 0.5 mSv. Dès que cette information a été connue, c’est à dire le soir même ou le lendemain, il y a eu une intervention d’un responsable d’une l’association antinucléaire disant que toute dose même minime était préjudiciable à la santé et que l’on pouvait s’attendre à des cancers du poumon. Face à une telle argumentation, nous sommes totalement démunis. Je conclurai en disant une des figures historiques du mouvement antinucléaire français, le pape de la contestation antinucléaire Roger Belbéoch a dit dans une interview et dans plusieurs articles que si les faibles doses, soit en dessous de 50-100 mSv, n’ont pas d’effet sur la santé, si cela est prouvé, alors le nucléaire pourrait devenir tout à fait acceptable. Maurice Tubiana : Vous avez totalement raison, le principal argument des antinucléaires c’est de dire que toute dose a un effet nocif sur la santé. Quand on analyse la littérature et je l’ai fait dans plusieurs articles, il n’y a aucun argument valable en faveur de cette hypothèse. Et, l’article récent que nous avons publié dans Radiology qui est le journal le plus lu au monde dans le domaine des radiations ionisantes [réf. 2] montre bien que cette déclaration ne repose sur rien, c’est un résultat théorique que l’on sait faux. Pierre Galle : Attention, les associations antinucléaires ont bon dos. J’aimerai rappeler que c’est nous, c’est la CIPR qui leur avons servi sur un plateau la RLSS qu’ils utilisent aujourd’hui. Il y a quelque chose sur lequel nous n’avons pas assez insisté : le vocabulaire de la radioprotection est carrément abscons. Et, les antinucléaires exploitent justement cette ambiguïté formidable de la radioprotection et dans cette ambiguïté se situe le sievert. Le sievert est une unité fondamentale de la radioprotection : c’est celle que l’on utilise pour la réglementation, c’est celle qu’utilisent les juristes, c’est celle que l’on va retrouver devant les tribunaux utilisée notamment par les médecins experts. Donc, faisons attention à ce que nous faisons aussi. Je pense que il faudrait épurer ce vocabulaire de la radioprotection qui apparaît extrêmement scientifique : il y a des formules mathématiques partout. Lorsque on approfondit, cela ne veut strictement rien dire. Si nous supprimions les mathématiques des manuels de radioprotection, nous aurions fait un grand pas en avant. Il faut se souvenir que le sievert est une unité qui a été conçue pour les besoins et la gestion de la radioprotection, dans ce cadre il est extrêmement utile et il ne faut rien changé. Par contre, nous avons fait un cadeau aux antinucléaires : c’est d’utiliser ce sievert pour évaluer les risques. C’est de là qu’est arrivée toute cette pagaille. Jacques Frot : Nous avons beaucoup tourner aujourd’hui autour des problèmes de communication. J’aimerai revenir sur le principe de précaution, dont Mme Fajon nous a parlé de façon extrêmement intéressante en exposant ses vertus, mais aussi ses travers. Le principe de précaution est inscrit dans notre constitution, bref nous n’avons pas le droit de faire n’importe quoi. Par contre, nous avons le droit de raconter n’importe quoi et sciemment de raconter les mensonges. On dit n’importe quoi, n’importe qui a le droit d’écrire et de dire n’importe quoi. Je dirai même pire,

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ceux qui sont politiquement corrects, ont beaucoup plus la parole que ceux qui comme nous, pro nucléaires ne sont pas politiquement corrects. Je trouve que la rédaction du principe de précaution est gravissime et très dommageable. Le mensonge dans la communication crée des dogmes et des dommages absolument gigantesques. Vous me direz que nous y pouvons rien, nous ne pouvons pas réinventer la censure. Mais tout de même, les non politiquement corrects et je pense aux 2 associations dans lequel je milite, Sauvons le Climat et l’AEPN, devraient avoir les mêmes ouvertures, colonnes des journaux, écrans de télévision que M. Stéphane Lhomme qui y est omniprésent et qui raconte n’importe quoi. La peur irrationnelle se vend bien, la raison sereine n’intéresse personne Luc Foulquier : J’aimerai vous dire que lorsque a eu lieu l’accident de Tchernobyl, le CEA m’a appelé afin que je me rende sur place apporter mon expérience de radio écologiste. Or, je n’ai jamais pu y accéder. Pourquoi ? Parce que m’a t’on répondu, ma présence risquait de faire augmenter la pagaille. Henri Lehn. A cette époque, j’ai été envoyé avec un autre collègue par le CEA à l’ambassade d’URSS à Paris pour leur proposer de les aider. Nous avons été reçu par le premier secrétaire d’ambassade qui nous a bien remercié mais visiblement s’en foutait radicalement. Il ne s’intéressait qu’à une chose : pourquoi la France veut-elle s’associer au programme « guerre des étoiles » Je vous signale que ça aussi c’était aussi dans le contexte de l’époque. Christian Legrain : Je suis secrétaire général du SCK-CEN (équivalent de l’IRSN en Belgique). En terme de communication, je vous avoue, que c’est la première fois que je participe à une assemblée où il n’y a que des pro nucléaires. Dans les conférences j’ai un peu plus l’habitude de rencontrer des associations telles que Greenpeace. Je voulais vous dire 2 à 3 choses. La première, est qu’en terme de communication, nous avons beaucoup à faire. En effet, aujourd’hui même avec mes connaissances scientifiques, je dois avouer qu’à certains moments, j’ai un peu perdu pied et lorsque la Biologie a été abordée, j’ai carrément dérapé. Imaginez-vous donc que pour le citoyen moyen, qui doit déjà s’occuper de savoir si il faut mettre du papier journal ou du papier aluminium pour envelopper les tartines des enfants, c’est très compliqué. Nous devons donc créer un nouveau métier : communicateur et communicateur principalement du monde scientifique. Je vous propose de passer moins de temps à convaincre des antinucléaires. Je ne dis pas de ne pas faire, mais de ne pas y dépenser trop d’énergie. Quinze % des personnes sont antinucléaires et quoique on fasse, ils le resteront, 15 % des personnes sont pour le nucléaire et resteront pour. Nous devons être là pour les 70 % de citoyens qui restent, pour leur fournir toute information. Deuxièmement, nous devons reprendre des cours pour les gestions de crises, même si nous avons été plutôt bons. Le 3ème point : les gens font confiance aux scientifiques et c’est cela qu’il faut mettre en avant. Je vais finir, en disant simplement qu’il faut sortir de la logique scientifique, oser aller voir les gens les affronter, avoir du charisme et dire des choses justes . Henri Lehn : Je suis d’accord avec vous. Nous n’arriverons pas à convaincre les antinucléaires, l’affaire est claire. Sur les forums Internet, j’écris effectivement pour les gens qui ne disent rien mais qui lisent nos messages, j’ai des compteurs et on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de lecture et de renvoi sur les sites. Il y a tous les

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indécis, tous les gens qui sont de bonne foi qui veulent se faire une idée. Ils ne commenterons pas mais ils voteront. Christian Legrain : Un seul exemple, j’ai dans ma famille, des personnes qui accueillent des enfants de Tchernobyl, et j’ai du déjà expliquer 50 fois ce qu’était réellement Tchernobyl . Henri Lehn : J’ai aussi accueilli un enfant de Tchernobyl qui était étiqueté « nanisme ». Bien qu’il avait une taille de 11 ans pour un âge réel de 14 ans, Il était parfaitement proportionné, et d’esprit vif. En fait, ce petit roumain d’origine était arrivé en France avec ses frères, à cause de la déchéance parentale due à l’alcoolisme. Qu’est-ce que Tchernobyl avait avoir là-dedans ? Serge Wassilief : Je vais jouer un petit peu l’avocat du diable. Je voudrais revenir un peu sur la notion de communication par rapport à la radioactivité naturelle. C’est en effet, extrêmement précieux pour donner une référence par rapport aux doses auxquelles sont exposées les travailleurs mais j’ai entendu pas mal de choses au cours de la journée sur les bienfaits du radon. Je crois qu’il faut faire un petit peu attention, de pas aller trop loin. Des pathologies induites par le radon existent, le cancer du poumon du mineur c’est établi, l’ostéosarcome mandibulaire des ouvrières de l’horlogerie, c’est établi. Le radon a été classé cancérogène en 1987 par la CIRC. Il faut peut être raison gardée : le radon ne fait pas que du bien. Nicolas Foray : Je voudrais réagir sur la baisse de l’espérance de vie en l’Ukraine, Russie et Biélorussie, sujet d’étude de l’UNSCEAR dont les rapports sur les effets cardiovasculaires induits par l’irradiation, insistent sur l’impact dû à Tchernobyl. Lors du colloque UNSCEAR de la délégation française, le Professeur Tubiana avait dit à l’époque que cette conclusion était véritablement entachée d’artéfacts. Ainsi, manifestement dans ces pays, nous avons une espérance de vie qui diminue à cause de l’alcoolisme, mais que d’autres attribueraient aux radiations. Cela paraît quand même formidable que l’UNSCEAR, une institution internationale publie un rapport sur d’éventuels effets cardiovasculaires dus aux radiations alors qu’ils sont dus à l’alcool ! Paul Genty : Je vais me présenter. Je suis une personne qui a été formée d’abord par l’armée puis par le CEA. Pour moi, il n’y a pas de pro nucléaires et d’antinucléaire, mon rôle, mon travail c’est de donner des valeurs en fonction des normes et de ce que j’ai trouvé, puis de donner des responsabilités à chacun et à tous. J’essaie de voir la « voie juste » notamment dans les expertises que l’on me donne et j’en ai fait près de 500. J’ai appris à travailler entre autres avec M. Pradel. J’ai travaillé au CEA pendant un certain temps puis après je suis aller à l’institut Curie, j’ai travaillé avec M Tubiana, M. Chavaudra, le physicien de M. Gérard. J’ai participé aux premiers programmes de calcul « cobalt », « haute énergie », curiethérapie etc. Bref, j’ai toujours travaillé pour que l’on puisse se servir du nucléaire, ne pas être pour, ne pas être contre, mais d’utiliser ce moyen. Jacques Pradel : J’ai entendu tout à l’heure qu’il ne fallait pas exagérer les problèmes posés par le radon. Je crois justement que l’on en parle pas beaucoup, personne n’a envie d’en parler contrairement à ce que l’on dit. Pourquoi n’a t-on pas envie d’en parler ? Et bien, parce que c’est une source de problèmes importants.

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Nous ne respectons pas les normes dans les maisons, nous le savons. Des études montrent que il y a de nombreuses maisons en France où les normes sont dépassées, et où on ne peut pas les respecter. Ce fait agace les écologistes eux-mêmes. En effet, démontrer que les gens sont irradiés par la nature : c’est pas bon pour eux, et ne va pas dans le sens de ce qu’ils souhaitent. Lors d’une conférence, j’ai dit à Madame Rivasi : « C’est facile de faire payer EDF, AREVA, le CEA mais quand vous allez faire payer le public pour la modification de leur maison afin de diminuer les taux en radon, cela va être un peu plus difficile ». On me dit que l’on fait trop de bruit sur le radon, je pense que c’est plutôt l’inverse. Quant à la radioactivité naturelle autre, si on faisait les mêmes mesures que celles faites par Bruno Comby, en France, on décèlerait de nombreux endroits où les normes sont dépassées. C’est bien pour cela que personne ne s’y intéresse, qu’il ne faut pas en parler et je suis sûr que l’on en parle pas volontairement. Je souhaiterai que l’on rappelle que le plutonium est un radioélément naturel et cela aussi on ne le dit jamais. Nous entendons parler que du plutonium des retombées d’Hiroshima-Nagasaki, de celui des essais nucléaires, mais il a bien du plutonium créé par la nature et cela me semble une bonne chose de le dire en matière de communication. Nous avons intérêt à dire que le plutonium est dosé dans le minerai d’uranium. On nous accuse de jouer aux apprentis sorciers en fabriquant du plutonium, et bien non, la nature le fait aussi. Guy Lemaire : J’ai vécu Tchernobyl au SCPRI, où j’y était conseiller scientifique du Pr. Pellerin. Je pense qu’il a été durant à cette période, un très grand serviteur de l’état qui nous a évité une catastrophe. S’il avait accepté ce qu’on lui demandait de faire, c’aurait été une catastrophe. Six mois après la catastrophe de Tchernobyl, il a envoyé 2 véhicules pour mesurer essentiellement le césium 137 et 134, il y en avait encore. Nous avons rapporté plus de 10 000 mesures individuelles sur les gens. Et bien, les ukrainiens n’en ont pas voulu : les résultats de ces mesures risquaient de couper le flux de subventions qui leur arrivait. Bernard Lerouge : J’ai cru comprendre qu’il existait un programme communautaire de 4 ans sur les effets des faibles doses : le programme RISkRAD, dont les conclusions ont été données en octobre 2008. Cependant, je ne les ai jamais eu. Il n’y en a pas été question à Nucléaire et Santé. J’ai pu lire un petit entrefilet dans les Echos du CEA. Sur Internet, il y a un rapport d’1 page que je n’ai pas pu sortir. Je voudrais savoir ce que vous pensez des conclusions de ce rapport RISKRAD. J’ai cru comprendre que une sensibilité aux rayonnements avait été mise en évidence. Maurice Tubiana : Avant de partir, je voudrais simplement dire un mot sur une sur le fait qu’il existe un désamour comme il a été dit entre le public et les scientifiques. Quand on regarde l’attitude vis-à-vis du nucléaire, vis-à-vis du principe de précaution, on s’aperçoit que c’est essentiellement une remise en cause de la Science. Quels sont les facteurs qui expliquent et justifient ces attitudes. D’abord il y a la peur de toute innovation. II y a les exploitations de cette peur pour promouvoir un certain nombre de chose . Au 19ème siècle, les gens qui luttaient contre le chemin de fer invoquaient le tunnel et prédisaient la mort certaine des gens dans ces tunnels. On s’est opposé à la construction d’égouts dans Paris, sous prétexte que la concentration de matières fécales dans ceux-ci allaient provoquer de terribles épidémies. Même Pasteur n’a pas osé s’élever contre cette notion. La peur et l’exploitation de la peur, c’est quelque chose de très ancien. Le mouvement de

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personnes qui contestent les progrès de la civilisation moderne, s’exprime à travers l’écologie. Puis, il y a les médias, nous l’avons vu dans la crise de la vache folle. Il n’existait q’un seul intérêt à alerter les gens en leur faisant peur avec les 150 000 morts possibles, c’était le tirage. Le tirage augmentait à chaque fois que l’on en parlait. C’est cette vieille notion du « sang à la une » qui a été introduite à la fin du 19ème siècle et qui est devenue beaucoup plus intense. En effet, les médias sont beaucoup plus influents, sont omniprésents, toute la population regarde les journaux télévisés et consciemment et inconsciemment, nous sommes influencés. Que peut-on faire contre cette situation ? Une des façons de faire, serait la création d’un média consacré à la science. Avec un certain nombre de personnes, nous avons demandé la création d’une chaîne de télévision consacrée à la science. N’oublions pas qu’il y en a une dizaine consacrées au sport, il y en a une trentaine consacrées à n’importe quoi. Nous avons été reçu 2 fois à l’Elysée, nous avons eu l’occasion d’en discuter on a dit ne pas nous inquiéter, que ça allait venir. Il faut qu’il y ait vraiment une pression de l’opinion publique, en tout cas de la communauté scientifique. Sans cela, nous ne pouvons pas lutter contre la désinformation. Cette lutte est un effort quotidien. Nous pourrons sortir de toute cette peur d’innovation scientifique qu’en développant les mêmes moyens que ceux qui l’ont créée. Réf 1 : M. Tubiana. A propos du rapport les causes du cancer en France. CR Pourquoi sommes-nous effrayés par la radioactivité ? 23 mai 2008. 27-33. Réf 2 : M.Tubiana, LE Feinendegen, C. Yang et al. The linear no-threshold relationship is inconsistent with radiation biologic and experimental data. Radiology. 2009. 261 (1). 13-22. Réf 3 : Laure Noualhat Football, un euro atomique. Siné Hebdo n°13 –Mercredi 3 avril 2009.