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Un cadre évolutif pour la Phase II De la Rech e rche du CPRC (Centre de Recherche sur la Pauvreté Chronique) Overseas Development Institute(ODI) 111 Westminster Bridge Road, London, SE1 7JD, UK [email protected] CPRC Working Paper 80 Chronic Poverty Research Paper ISBN: 1-904049-79-6 Andrew Shepherd, Avril 2007 COMPRENDRE ET EXPLIQUER LA PAUVRETÉ CHRONIQUE Document de travail N° 4

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Un cadre évo l u t i fpour la Phase II

De la Re ch e rche du CPRC(Centre de Recherche sur la Pauvreté Chronique)

Overseas Development Institute(ODI)111 Westminster Bridge Road,

London, SE1 7JD, UK

[email protected]

CPRC Working Paper 80

Chronic Poverty Research PaperISBN: 1-904049-79-6

Andrew Shepherd, Avril 2007

COMPRENDRE ET EXPLIQUERLA PAUVRETÉ CHRONIQUE

Document de travail N° 4

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COMPRENDRE ET EXPLIQUER LA PAUVRETÉ CHRONIQUE

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En vue d’ ex p l i quer la pauvreté ch ro n i-que et de déte rminer comment l’ inte rro mp red é fi n i t i vement, il est nécessaire de disposerd’ un cadre conceptuel cohérent. Le cadrec o n c e ptuel présenté dans cet ouvrage a étéd é veloppé sur la base à la fois de trava u xe n t re p ris par le Centre de Re ch e rche sur laPa u v reté Chro n i que (CPRC) durant ses deuxphases (2000-5005) et par d’ autres et se pro-pose d’ info rm e r.

Les re ch e rches en cours et l’ A n a ly s ep o l i t i que du CPRC dans la phase III (2005-2 010 ) .

Le cadre comp rend trois niveaux. Lep remier niveau est celui de la définition duc o n c e pt de « p a u v reté ch ro n i qu e » (Section2). Le deuxième niveau est l’ élaboration de lafaçon de perc evoir le problème à travers leslentilles des dynamiques de la pauvreté etl ’ i n t é g r ation transitionnelle (Sections 2 et 3).Le troisième niveau propose des concepts qu isont très utiles pour comp re n d re et ex p l i quer lap a u v reté ch ro n i que, les dynamiques de la pau-v reté et la transmission inte r g é n é ra t i o n n e l l e(Section 4).

En particulier cela suggère qu’ il ex i s te

un point de convergence inte rd i s c i p l i n a i ree n t re les concepts de “ Pièges de la pau-v reté” et « i n c o rp o ration défavo ra b l e », ets u g g è re que le sommet de la re ch e rche sur lap a u v reté ch ro n i que se tro u ve à l’ inte ra c t i o ne n t re les dynamiques des actifs et la muta t i o ndes relations sociales. Les principales comp o-s a n tes du contex te sont explorées à la section5. L’ une d’ entre elles – la perfo rmance del ’ E t at, et en particulier la mauvaise perfo r-mance des “ Etats fragiles” ou des Etats ch ro-n i quement démunis – constitue le sujet de laSection 6 qui préconise que la re ch e rche sur lap a u v reté ch ro n i que a qu e l que chose à appor-ter à la discussion sur les « é tats fra g i l e s », etque le fait de s’ intéresser à la pauvreté ch ro-n i que peut être une tâche imp o rta n te dans les« E tats fra g i l e s »’ . La Section 7 se te rmine surune réfl exion sur la façon dont cet te étudechange not re vision de la pauvreté ch ro n i qu e .

Ce document de travail donne une vued’ ensemble de tout le cadre. Les comp o s a n-tes du cadre sont détaillées dans un ensembled’ études contri b u to i res. Mots-clefs: pauvret éch ro n i que, dynamiques de la pauvreté; tra n s-mission inte r g é n é rationnelle de la pauvret é ;pièges de la pauvreté; les relations sociales;i n c o rp o ration d’ éléments antinomiques ; Eta t sf ragiles; politiqu e

- Nous remercions Tony Addison, Kate Bird, Tim Braunholtz, Caroline Harper, DavidHulme, Simon Maxwell, Karen Moore, David Neves et Andries du Toit pour leurs commentaireséclairés sur les premières versions de ce document, et pour leurs contributions dans cette versionque voici. Nous remercions également le Professeur S. Bhide pour avoir clarifié différents pro-blèmes dans l’encadré n° 2.

- Andrew Shepherd est le Directeur du Centre de Recherche sur la pauvreté Chronique,et le Directeur des programmes du Groupe Politique Rural et Gouvernance au sein de l’Institutdu Développement d’Outr e-Mer.

RÉSUMÉ

REMERCIEMENTS

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Encadré 1: Rapport 2004-2005 sur la pauvreté ch r o n i q u eRésumé des principaux messa g e s 4

Encadré 2 : Conséquences à long terme d’être pauvre en Inde 7

Encadré 3 : Implications politiques de la composition nationale de la Pauvreté 1 0

Encadré 4 : Transmission intergénérationnelle de la pauvreté aux US A :Découvertes récentes 1 3

Encadré 5 : Exemples d’attributs d’individus et contextes le plus souvent associés à la résilience 1 5

Encadré 6 : Rompre la pauvreté chez les enfants 1 5

Encadré 7 :Politique d’inclusion en Bolivie 2 4

Encadré 8 :Identifier les biens critiques et leur seuil critique 2 5

Encadré 9 : Travailleurs Immigrants défavorablement incorporés en Inde 2 6

TABLE DES MATIÈRES

Encadré 10 : Déclin de la fertilité au Bengladesh 3 0

Encadré 11: Incorporation défavorable des économies nationales, risques etvulnérabilité 3 1

Encadré 12: Cadre pour l’analyse des « Etats en crise » 3 3

F i g u re 1: Structure de la rech e r che thématique pour la Phase III du CPR C 5

F i g u re 2 : Les chroniquement pauvres, les transitoirement pauvres et lespas pauvres – essai de catégorisa t i o n 8

F i g u re 3: Modèle type idéal de trajectoire de vie (Exemple 1) 8

F i g u re 4 : Modèle type idéal de trajectoire de vie (Exemple 2) 9

F i g u re 5a: Le cadre conceptuel dans le contexte 1 2

F i g u re 5b:Le revers de la médaille 2 9

Table 1: Dynamique de la pauvreté et analyse politique : quelques exemples 2 9

Résumé et remerciements 2

1. Introduction 42. Pauvreté chronique et dynamiques de la pauvreté

- De quoi s’agit-il et pourquoi sont-elles importantes ? 6- Approches de l’étude: combiner les approches qualitatives et quantitatives 12

3. Pauvreté intergénérationnelle et mobilité 134. Comprendre et expliquer la pauvreté chronique 17

- Croissance économique 18- Insécurité et manque de biens 19- Résilience 22- Politique et pouvoir : Exclusion sociale 23Au-delà du cadre de base : - Pièges de la Pauvreté et incorporation défavorable - Point de rencontre interdisciplinaire 24

5. Le contexte est important et en mutation 286. Stagnation économique, pays chroniquement démunis et “Etats fragiles” 317. Conclusion: Aller vers les discours politiques 34

Références 36

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Les re ch e rches sur la pauvreté, en par-ticulier celles qui ont été menées depuis 2000– année du dernier ra p p o rt de Déve l o p p e m e n tMondial de la pauvreté et de l’ inaugura t i o ndu Centre de Re ch e rche sur la Pa u v ret éC h ro n i que (CPRC) – ont montré que, alors qu eplusieurs personnes connaissent la pauvreté defaçon te mp o ra i re et que d’ autres réussissent àse tirer d’ un état de pauvreté à long te rm e ,d ’ a u t r es demeurent prisonniers des « p i è g e sde la pauvret é ». Ces personnes ch ro n i qu e-ment pauvres sont stru c t u rellement position-nées de sorte que to u te te n ta t i ve de s’ éch a p-per de ce piège devient difficile ou imp o s s i b l e ,sans un changement significatif du contex tedans lequel ils évoluent.

Fondé en 2000 avec un fi n a n c e m e n tinitial du Département pour le Déve l o p p e m e n tI n te rnational du Royaume Uni (DFID), le CPRCest un parte n a riat inte rnational d’ unive r s i t é s ,d’ instituts de re ch e rche et d’ ONG qui oeu-

v rent pour attirer l’ attention sur la pauvret éch ro n i que; pour inciter le débat national eti n te rnational; pour appro fondir la connais-sance des causes de la pauvreté ch ro n i que; etpour fo u rnir des guides pour la re ch e rch e ,l ’ a n a l yse et la politique qui contri b u e ront à sar é d u c t i o n .

Pendant ses cinq pre m i è res annéesd’ activité (2000-2005), le CPRC Wo rk i n gPaper 2 (Hulme, Moore et Shepherd, 2001), ete n s u i te Hulme et Shepherd (2003), ont fo u rn iun guide au CPRC et à d’ autres sur commentmener la re ch e rche sur la pauvreté ch ro n i qu eet sur les dynamiques de la Pa u v ret é .

La publication phare du CPRC, le pre-mier ra p p o rt sur la Pa u v reté Chro n i qu e ,d e m e u re la meilleure synthèse des re ch e rch e ssur la pauvreté ch ro n i que; un bref résumé deses principaux messages est donné ci-dessous(Encadré 1).)

Il y a au moins 420 mil-lions de personnes ch r o-niquement pauvres dansle monde. Ces pauvres

et leurs enfants, plus certains qui sonten passe de devenir ch r o n i q u e m e n tpauvres, constitueront une large pro-portion des 721 millions d’individusqui seront encore pauvres en 2015( IBRD/WB, 2007:65). La plupart despersonnes chroniquement pauvressont non seulement pauvres du pointde vue de leurs revenus ou de leursconsommations, mais sont aussi pau-vres dans d’autres domaines – éduca-tion, nutrition, en terme d’accès auxservices sanitaires – et pourraient setrouver dans une situation où ellessont isolées et exploitées.

Les personnes ch r o n i q u e-ment pauvres ne constituent pas ungroupe homogène. Plusieurs person-nes différentes peuvent souffrir de tel-

les privations – les personnes victimesde discrimination, qui sont stigmati-sées ou « i n v i s i b l e s »: les groupesethniques qui font l’objet d’une mar-g i n a l i sation ethnique ou religieuse,les groupes d’indigènes, de nomadeset des castés; les migrants et ovariensagricoles; les réfugiés et les personnesdéplacées dans leur propre pays; lespersonnes sans domicile fixe; les han-dicapés ou ceux qui sont victimes demaladie grave (en particulier duV IH/SIDA). Dans plusieurs contex-tes, les filles et les femmes démunies,les enfants et les personnes âgées (par-ticulièrement les veuves) peuvent êtrepris dans l’engrenage de la pauvreté.Alors qu’on rencontre des personneschroniquement pauvres partout dansle monde, le plus grand nombre deces personnes habite dans l’Asie duSud, et la plus forte incidence setrouve en Afrique sub-saharienne. A

l’intérieur d’un même pays, il y asouvent des zones géographiques dis-tinctes de pauvreté chronique, avecde fortes concentrations dans deszones rurales éloignées et à faiblespotentiels; les régions politiquementmarginalisées; les zones qui ne sontpas bien connectées à des marchés, àdes ports ou à des centres urbains; etles bidonvilles dans les zones urbai-n e s .

Les causes de la pauvretéchronique sont complexes et sontsouvent liées à un ensemble de fac-teurs étroitement liés. Qu e l q u e f o i s ,ces causes sont les mêmes que cellesde la pauvreté, mais seulement plusintenses, plus largement répandues etplus durables. Dans d’autres cas, il ya une différence qualitative entre lescauses de la pauvreté transitoire et lescauses de la pauvreté chronique. Ilexiste rarement une cause unique,

1. INTRODUCTION

Rapport sur la Pauvreté Chronique 2004-05 :

Résumé des Principaux messages

ENCADRÉ 1 :

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clairement établie. Certains de cesfacteurs entretiennent la pauvretéchronique: ils agissent de sorte queles pauvres demeurent pauvres. Le premier Rapport sur la PauvretéChronique avait identifié d’impor-tants facteurs entretenant la pauvretéchronique (qui seront abordés à dif-férents degrés dans cette étude cadre):

1 . Pas de, ou faible crois-sance économique

2 . Exclusion sociale etincorporation défavorable

3 . « I m b r o g l i o » d’incon-vénients géographiques, agro géologi-ques, socio-économiques et politi-q u e s

4 . Haute carence en capa-cité, particulièrement pendant l’en-f a n c e5. Etats faibles, en déliquescence ouen faillite

6 . Coopération internatio-nale faible ou ayant éch o u é

Le rapport sur la pauvretéchronique a aussi identifié des élé-ments de basculement à la pauvretéchronique qui mènent les non pau-vres vulnérables et les pauvres transi-toires dans une pauvreté dont ils nepeuvent se sortir.Ces éléments comprennent deschocs sous la forme d’une mauvaisesanté ou de blessure, de chocs envi-ronnementaux, de cataclysmes natu-rels, de violence, de déliquescence dela loi et de l’ordre, et de l’effondre-ment du marché ou de l’économie.Quand les chocs sont sévères, et/ourépétitifs, quand les personnes ontpeu de biens privés ou collectifs surlesquels ils peuvent recourir- etquand l’appui institutionnel (protec-tion sociale, information publique,les services de base, la prévention etla résolution des conflits) est ineffi-cace, de tels éléments ont des ch a n-ces d’entraîner les gens dans l’engre-nage de la pauvreté.

Vaincre la pauvreté ch r o n i-

que – ce qui est nécessaire dans lebut d’éliminer la pauvreté, objectifque le monde s’est assigné auSommet Social de Copenhague en1995 – exige de plus grandes ambi-tions que celles que les présentsOMD ne proclament, un réaména-gement des priorités, et un plusgrand engagement à la redistribu-tion. En particulier, la sécurité desmoyens de subsistance et la protec-tion sociale doivent être de grandespriorités au même titre que la crois-sance, les biens matériels et humainsdoivent être redistribués de sorte queles chroniquement pauvres puissenten tirer profit, et les difficultés politi-ques qui empêchent de faire faceaux processus qui font que les pau-vres restent pauvres doivent êtreabordées. Le premier de ces proces-sus figure en bonne place dans lesprogrammes internationaux. Lesdeux autres n’ont pas encore étésérieusement étudiés.Source: CPRC, 2004: v-vi.

Ce cadre utilise toute cette recherche et un certain nombre de résultats produits depuislors à l’intér ieur comme à l’e xtérieur du CPRC. Il tient compte des critiques formulées à partirdes documents initiaux.

L’objectif du CPR C pendant les années 2005-2010 (« Phase III ») est de continuer àaméliorer notre connaissance de la pauvreté chronique, des dynamiques de la pauvreté, et despossibilités d’int errompre le cycle à long terme de pauvreté transmise de génération en géné-ration par des mesures politiques et par d’autr es interventions et actions (CPRC 2005). LaFigure 1 retrace la structure que le CPRC a adopté pour la recherche thématique.

Figure 1 : Structure de la recherche thématique dela Phase III du CPRC

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La pauvreté ch ro n i que est la pauvret éabsolue qui s’ étend sur une longue période dete mps –plusieurs années, vo i re to u te la vie. Un epersonne vivant dans la pauvreté ch ro n i que nepeut pas satisfa i re ses besoins minimum enm a t i è re d’ alimentation, d’ habillement ou delogement (CPRC, 2004 : 131 ) . 2

Une telle pauvreté peut se tra n s m et t re deg é n é ration en génération, et ceci est part i c u l i è re-ment intéressant étant donné que nous connais-sons les possibilités d’ inte rro mp re une te l l et ransmission. Comme on l’ a noté dansl’ Encadré 1, les personnes victimes de la pau-v reté ch ro n i que ne constituent pas un gro u p ehomogène. Ceux qui vivent dans un état d’ ex-trême indigence – ceux qui “ ne peuvent pluss a t i s fa i re le minimum de leurs besoins de subsis-tance, qui n’ ont pas accès aux biens de pro d u c-tion essentiels pour sortir de la pauvreté, et qu idépendent des tra n s fe rts publics et/ou pri v é s ”( D eve reux, 2003:11) – sont à citer parmi les per-

sonnes ch ro n i quement pauvres, mais la pauvret éch ro n i que ne se limite pas seulement à l’ ex-trême indigence; Plusieurs personnes pauvres qu isont économiquement actifs à un degré plus oumoins imp o rtant fi g u rent aussi sur la liste .L’ indigence extrême, comme la pauvreté et lap a u v reté ch ro n i que, sont des concepts conte s t é s ,p a rt i c u l i è rement dans la définition de ce qu el’ on appelle « besoins minimums de subsis-ta n c e » . 3

On aurait besoin de définitions plus nuan-cées des te rmes « p a u v reté absolue » et «besoins minimum »pour fa i re la diff é rence entreles manques causant la mort imminente et ceuxconduisant à des préjudices irr é versibles sur lasanté, sur le capital humain ou sur les re l a t i o n ssociales avec d’ imp o rtants effets qui durent surle bien-être de l’ individu et de son foye r.La ligne de pauvreté est normalement définie ente rmes d’ argent – dépense, consommation,revenu – mais peut aussi être délimitée en te rm e s

Pour fa c i l i ter ce processus, cet te étudecommence par définir plus clairement ce qu enous entendons par pauvreté ch ro n i que, et lesc o n c e pts que nous allons utiliser pour la com-p re n d re et l’ ex p l i qu e r. Un aspect cri t i que duc a d re conceptuel proposé ici est l’ inte rd i s c i-p l i n a rité, l’ utilisation de perspectives essen-tiellement issues des sciences économiqu e s ,s o c i o l o g i ques et politiques, mais pote n t i e l l e-ment aussi de la géographie, de la psych o l o-gie sociale et du développement. Déve l o p p e run cadre inte rd i s c i p l i n a i re original est à la fo i sn é c e s s a i re et difficile, mais la stratégie de lare ch e rche th é m a t i que de la Phase III du CPRCnous off re l’ opportunité de le fa i re. La stra t é-gie imp l i que la production de « d o c u m e n t sth é m a t i qu e s », suivie d’ une discussionc o n s i s tant à savoir où se tro u vent les pointscommuns et les dissonances entre ces docu-ments th é m a t i ques, et comment tout cela peutê t re agencé pour fa i re un cadre concept u e lintégré à même de fa c i l i ter la production der é s u l tats de re ch e rche cohérents dans lete mps. Cet te étude est une contribution à cet

exe rcice de création, et en te mps que tel, lec a d re conceptuel qui est présenté ici est étay épar qu a t re « documents th é m a t i qu e s » –lat ransmission inte r g é n é rationnelle de la pau-v reté (Bird, 2007); absence de re s s o u rces, iné-galité et croissance (Mc Kay, 2007); insécu-rité, ri s que et vulnérabilité (Barri e n tos, 2007 ) ;et incorp o ration défavo rable et exc l u s i o nsociale (du Toit et Hickey, 2007) – les élé-ments fo n d a m e n taux du cadre .1

Le cadre comp rend trois niveaux. Lep remier niveau pose le problème de la « p a u-v reté ch ro n i qu e » (Section 2). Le secondn i veau est une élaboration de comment nousp e rc evons ce problème à travers les lentillesdes dynamiques de la pauvreté et de la tra n s-mission inte r g é n é rationnelle (Sections 2 et 3).Le troisième niveau propose un ensemble dec o n c e pts jugés très utiles pour comp re n d re etex p l i quer la pauvreté ch ro n i que. Tous lesn i veaux sont imp o rtants dans la définition del’ agenda politique avec lequel le CPRC estc o n f ro n t é .

2. PAUVRETÉ CHRONIQUE ET DYNAMIQUESDE LA PAUVRETÉ – DE QUOI S’AGIT-IL ETPOURQUOI SONT-ELLES IMPORTANTES?

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L’ Inde possède un ensemble dedonnées d’enquêtes recueillies enmilieu rural en trois vagues quis’étendent à partir de 1970, et de1981 à 1998, et une autre enquêteen train d’être conduite en 2006.Elles nous apprennent que si vousétiez pauvre en Inde en 1970 et en1981, votre probabilité d’êtreencore pauvre en 1998 serait dedeux sur trois: 24% des personnesdans l’échantillon étaient pauvresen trois points, comparé au 8% depauvres sur la période 1970-81.Nous pouvons donc dire que lapauvreté durant 10 ans (sachantque nous ne savons pas ce quis’est passé entre les deux enquêtessur le terrain) a eu un effet déter-minant sur le long terme sur lapossibilité d’une mobilité ascen-dante sur l’échelle sociale.

Le fait d’identifier ce qui enfermeles gens dans la pauvreté et com-ment la pauvreté à long terme lesaffecte nous permet d’élaborer surde possibles pistes de sortie de lapauvreté. A partir de l’analyse initiale, Laprévision du Statut Tribal, de fortstaux de dépendance, un faibleaccès à la terre, et un faible niveaud’infrastructures villageoisesétaient d’importantes variables quirendent compte de la pauvretépersistante et/ou de la mobilité.Curieusement, le fait que laPrévision du Statut de Caste a étéun déterminant de la persistanceentre 1970 et 1981 n’était pas asso-cié à la persistance de la pauvretéau cours des trois vagues, indi-quant que peut-être l’effet de castesur la mobilité (voir Munshi et

Rosenzweig, 2006) – atteinte à lafois à travers la limite de la mobi-lité professionnelle et l’immigra-tion mais aussi à travers la mobi-lité du statut matrimonial sévère-ment contraignante – étaient deve-nues assez lâches vers la fin du siè-cle. Ceci suggère que les effets dela libération récente et de la crois-sance issue des réformes ont étéplus favorables à l’inclusionsociale que la croissance économi-que du passé. La mobilité sociale ascendanteétait associée à l’accès à plus deterre, plus d’installation d’irriga-tion, de meilleures infrastructureslocales et de plus grandes opportu-nités d’emplois dans les zonesurbaines environnantes.Source: Basé sur Bhide and Mehta,2005.

d’ aspects de carences plus larges ou subjecti-ve s .Bien que nous comp renions maintenant que lap a u v reté est un phénomène multidimensionnel,le problème de l’ indice de déve l o p p e m e n thumain au niveau des familles a été exa m i n épar Hulme et McKay (2006) est s’ est révéléi n s u ffisant, en partie pour des raisons d’ ab-sence de données dans le pro che ave n i r, et enp a rtie parce qu’ il n’ est pas établi qu ’ u nindice multidimensionnel est, dans le domainep o l i t i que, meilleur qu’ un tra i tement séparé dech a que indice. Ainsi, pour définir et mesurer lap a u v reté ch ro n i que, le CPRC s’ en re m et t ra àl ’ a p p r o che de la mesure en te rme d’ argent,en ex p l o rant les relations entre la pauvret ém a t é rielle et les autres aspects de carence, pourappréhender ses causes et ses effet s .

On peut identifier trois fo rmes inte rreliées de pauvreté ch ro n i qu e : 4• La pauvreté à long te rme – la pauvret équi affe c te un individu ou un ménage pendant sil o n g te mps qu’ il est Pre s que impossible d’ ens o rtir si les conditions ex te rne demeurent inch a n-g é e s .

• La pauvreté dans to u te la vie – la pau-v reté qui affe c te une personne pendant to u te sav i e .

• La pauvreté inte r g é n é rationnelle – lap a u v reté (ou « le capital pauvret é » – vo i rM o o re, 2005) qui est transmise par les pare n t s

(ou d’ autres tuteurs plus âgés) aux enfants, àt ravers les conditions de vie dans la période del ’ e n f ance, de la jeunesse et de l’ héri tage. Cepoint sera abordé en détails dans le ch a p i t re qu is u i t .

En te rme de pauvreté ch ro n i que qui est« s i mp l e m e n t » sur le long te rme, il est diffi c i l ede préciser une période minimale au bout del a quelle la pauvreté peut être cara c t é risée dech ro n i que. Dans la pra t i que, on considère qu ec’ est généralement le nombre d’ années entredeux périodes de mesure, ce qui va rie considé-rablement et peut ou ne pas re fl é ter une «p é riode seuil » après laquelle il sera très diffi-cile de s’ en sort i r. Il ex i s te un petit nombre ,mais croissant, de commissions de discussion surdes séries de données portant sur les pays end é veloppement et qui ne s’ étendent pas sur delongues périodes (Lawson, McKay et Moore ,2003)5 qui peuvent nous aider pendant lesannées à venir à commencer à identifier ces «p é riodes seuils ». Aux Eta t s - Unis, on s’ estaperçu qu ’ ê t r e pauvre pendant qu a t re annéesseulement était suffisant pour réduire très sensi-blement les chances de ne jamais sortir de lap a u v reté (Corc o ran, 1995). L’ encadré 2 sep e n che sur ce problème en Inde, en posant laquestion suiva n te – Pa rmi to u tes ces fa m i l l e squelles sont celles qui étaient pauvres à la fo i sen 1970 et en 19 81, et quelle est la pro p o rt i o nde celles qui étaient encore pauvres en 1998?

ENCADRÉ 2:

Les conséquences sur le long terme d’être pauvre en Inde

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Il est important de noter que même la pauvreté chronique peut emprunter une trajectoireascendante ou descendante, bien que ce mouvement soit insuffisant pour mener vers une voie desortie de la pauvreté. La Figure 3, tracée à partir du travail qualitatif mené dans la zone ruraledu Bengladesh, propose huit catégories stylisées des dynamiques de la pauvreté au cours d’unevie. Chacune peut intervenir au-dessus, en dessous et autour de la ligne de pauvreté.

Mais le fait de « demeurer pauvre » n’est q u’une par tie du problème qui nous inté-resse: une enquête sur les dynamiques de la pauvreté – les changements dans le statut de pau-vreté d’un individu ou d’une f amille dans le temps – représente l’autr e revers de la médaille,et est crucial dans la compréhension de la pauvreté chronique. Les recherches dans le domainedes dynamiques de la pauvreté peuvent nous aider à identifier des voies de sortie pour les chro-niquement pauvres, et pour les transitoirement pauvres avant que leurs conditions deviennentchroniques, et peuvent suggérer des voies pour empêcher les autres de tomber dans une pau-vreté qui peut devenir chronique. La Figure 2 fournit une représentation hautement stylisée de dif-férents types de dynamiques de la pauvreté. Un intérêt pour les chroniquement pauvres impliquequ’on s’appesantisse sur les « toujours pauvres » et les « souvent pauvres ».

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Une re p r é s e n tation gra p h i que de lap a u v reté ch ro n i que plus précise qu o i qu ep e u t - ê t re moins intuitive est donnée en Fi g u re4, adaptée de celle donnée par Osmani(2006). Dans la Fi g u re 4, la traj e c to i re de lap a u v reté tra n s i to i re, qui se situe toujours au-dessus de la ligne de pauvreté, donne desexe mples de distribution autour de la traj e c-to i re qui peut signifier occasionnellementqu’ un individu peut tomber au-dessous dec et te ligne.

D ’ a u t r e part, la traj e c to i re de lap a u v reté ch ro n i que montre une distri b u t i o ndes possibilités autour de la courbe à unmoment donné, à certains moments pouva n tmener une personne ch ro n i quement pauvreau-dessus de la ligne de pauvreté pendantune certaine période, même si la te n d a n c eest de re s ter pauvre .

Osmani définit la pauvreté ch ro n i qu eet la pauvreté tra n s i to i re d’ un re g a rdto u rné vers l’ avenir qui prend en compteles effets des va riations sto ch a s t i ques, des

va riations spécifi ques aux individus (ex :l’ ensemble des cara c t é ri s t i ques nature l l e s :l’ âge, le genre, les biens, l’ éducation, lesc o mp é tences, le nombre de personnes àcharge et la taille de la fo rce de travail desfamilles, etc.), et les va riables exogènes auxindividus et aux fa m i l l e s .

Une personne est ch ro n i qu e m e n tp a u v re si ses conditions initiales font que sesrevenus se situent le plus souvent au-dessousde la ligne de pauvreté pour le re s tant de savie active, à condition que les va riables exo-gènes qui prévalent au moment de cec o n s tat re s tent inchangées (ibid. 6).

La pauvreté tra n s i to i re fait référe n c eà une situation où la ligne de pro fil des reve-nus attendus (conditionnels) re s te to u j o u r sau-dessus, mais très pro che de la ligne dep a u v reté, de sorte que le revenu actuel vatomber au-dessous de la ligne de pauvret éassez fréquemment (mais pas le plus sou-vent), si les fa c teurs exogènes re s ta i e n ti n changés (ibid. 8).6

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En déduisant, onpeut identifier degrandes différences

dans les types de stratégies deréduction de la pauvreté qui sontles plus appropriées pour les pays(ou les régions) qui présentent unmélange de pauvreté chronique etde pauvreté transitoire. Dans unpays où la pauvreté est largementun phénomène transitoire, et oùles « p a u v r e s » ont à n’importequel moment une forte probabi-lité d’améliorer leurs conditions,on eut alors argumenter que les

politiques devraient s’appesa n t i rprioritairement sur des filets deprotection sociale qui aideraientles gens à gérer leurs privations dumoment, à revenir rapidement àleur statut de pas pauvre et àréduire leur vulnérabilité. Onaurait besoin d’allocations de ch ô-mage limitées dans le temps, desubventions sociales, de travauxen échange de l’allocation sociale,de micro crédits et de program-mes de formation professionnelle.Au contraire, dans un pays où uneproportion significative des pau-

vres sont chroniquement pauvres,il serait nécessaire de poser despolitiques de redistribution desbiens, d’investissement direct dansdes infrastructures physiques debase, de réduction de l’exclusionsociale (de l’emploi, des march é set des institutions publiques) et demener des politiques de sécuritésociale à long terme si on veutréduire significativement la pau-v r e t é .

Cependant, il seraiterroné de conclure qu’il seraitn é c e s saire de développer différen-

6 La fi g u re 2 est une « a p p ro che de cri s e » desd y n a m i ques de la pauvreté, alors que la Fi g u re 3fait référence à une « a p p ro che des comp o s a n t s». Un e « a p p ro che de cri s e » identifie le ch ro-n i quement pauvre sur la base du nombre ou dela longueur des périodes de crise de pauvreté qu il ’ a f fe c te (ex. Baulch et McCulloch, 1998). Un e« a p p ro che des comp o s a n t s » définit les com-posants de la pauvreté tra n s i to i re et de la pau-v reté ch ro n i que pour ch a que ménage (ex. Jalanet Ravallion, 19 9 9 ) .

La comp o s a n te ch ro n i que résume ce qu ele niveau de pauvreté dev rait être si la consomma-tion ne va rie pas au niveau de sa va l e u rm oyenne. Plus imp o rtant encore, les lignes styl i-sées de la fi g u re englobent le cycle de vie de lap a u v reté – l’ idée que certains événements de lavie augmentent ou réduisent les occasions dec o n n a î t r e la pauvreté à un moment particulier dela vie. Nous avons adapté le diagramme deOsmani (qui met l’ accent sur la durée de viea c t i ve plutôt que sur la vie entière) pour réfl é ch i rsur le fait que not re re ch e rche ainsi que d’ autre ss u g g è rent que l’ avènement de la pauvreté dansles pays en voie de développement est plus pro-bable au début et à la fin de la vie; cependant,c’ est là une réponse emp i ri que qui nécessite dese n qu ê tes dans des contex tes particuliers. Lesre ch e rches, y comp ris celle de Row n t ree (19 01 )sur le cycle de vie de la pauvreté, fa i te à Yo rk à lafin du 19ème siècle, aussi suggèrent qu’ en plusde l’ enfance et de la vieillesse, les jeunes ména-ges – avec un taux de dépendance de plus enplus grand (c’ est-à-dire des enfants) et un pou-

voir de gains limité – sont aussi part i c u l i è re m e n tv u l n é rables à la pauvret é .

Les tendances de la pauvreté décri vent leschangements dans les cas de pauvreté, souve n tau niveau national au fil du te mps, et peuve n tm a s quer les dynamiques de la pauvreté. C’ estp a rce que les cas de pauvreté à une certaine épo-que sont le résultat de la somme des mobilitésa s c e n d a n tes et descendantes à travers la ligne dep a u v reté (dynamiques de la pauvreté), et de pau-v reté persista n te. Par exe mple, qu’ il y ait eu uneréduction signifi c a t i ve de 24% dans l’ ensemblede la pauvreté appare n te dans les zones ru ra l e sdu Vi etnam entre 1993 et 1998 ne nous dit ri e nsur ce qui s’ est passé au niveau des ménagesp ris individuellement. En fait, alors qu’ à peu près30% des ménages se sont sortis de la pauvret é ,5% d’ autres ménages sont tombés dans la pau-v reté (ensembles considérés comme des pauvre st ra n s i to i res), et env i ron un tiers de la populationé tait pauvre pendant to u tes les deux péri o d e s .

En réalité, la même tendance de pauvret épeut être composée de deux niveaux de mobilitéc o mp l è tement diff é rents. Par exe mple, même lescas de réduction substantielle sont comp a t i b l e savec des niveaux élevés de mobilité descendantedans la pauvreté. Le niveau de pauvreté ch ro n i-que sera élevé là où la mobilité ascendante est fa i-ble, et/ou là où il est difficile de récupérer de lamobilité descendante. Si les fa c teurs qui favo ri-sent la mobilité ascendante soutenue et/ou lesfa c teurs qui fa c i l i tent la récupération après leschocs et les stress sont ra res, il est possible que lescas de pauvreté puissent re s ter sta t i o n n a i re s ,

ENCADRÉ 3 :

Implications politiques de la pauvreté au plan national

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même pendant que les cas de pauvreté décli-n e n t 7. On est très conscient du rôle des chocs –ex. la mauvaise santé, le bru s que ch a n g e m e n te nv i ro n n e m e n tal, le crime – dans la genèse de lap a u v ret é .

« Les événements seuils » tels que ceux-là peuvent aussi être extrêmement imp o rta n t spour fa i re basculer les personnes n’ aya n taucune ex p é rience de la pauvreté dans le passédans une pauvreté persista n te, et certains soutien-nent le point de vue que les dangers multiples etla vulnérabilité sont des fa c teurs cri t i ques poure n foncer les gens dans la pauvreté pendant unc e rtain te mp s .

Le fait de comp re n d re la pauvreté ch ro n i-que est part i c u l i è rement imp o rtant pour trois ra i-sons. D’ abord, on peut argumenter que les ch ro-n i quement pauvres constituent un sous-ensembledes « plus pauvre s » et donc, re qu i è rent assis-tance et appui sur une base éth i que (Clark etHulme, 2005). Ensuite, alors que la notion de «te mp s » a été intro d u i te dans les concepts de lap a u v reté depuis longte mps, - en te rmes de phéno-mène saisonnier (ex. le travail de Lipton (19 8 6 )p a rmi les « u l t ra pauvre s »des zones ru rales); «te mps de la pauvret é » (ex. le te mps comme unbien qui peut nous manquer suffisamment); etplus encore dans les pays industrialisés, le coursde la vie, « la durée » re s te une dimension man-qu a n te de la pauvreté qui doit être incorp o r é edans tout travail de conceptualisation qui se ve u tcrédible (Clark et Hulme, 2005).

Comme on l’ a suggéré plus haut, lete mps passé dans la pauvreté peut en lui-mêmeavoir des effets, et peut tout aussi bien être ler é s u l tat d’ une série comp l exe de stru c t u res et de

p rocessus. Les processus plus larges de ch a n g e-ment sociaux, économiques et politiques – lecoup de balai de l’ histo i re – fo u rnissent lec o n tex te dans lequel les dynamiques de la pau-v reté et la mobilité socio-économique (ou sonabsence) se déroulent (Bevan, 2004), et où onpeut s’ atte n d re à ce qu’ ils exe rcent une fo rtei n fluence – par exe mple par le changement dedécisions et d’ actions des élites et des pro p ri é ta i-res, ce peut avoir un impact significatif sur les pau-v res (da Corta, à para î t r e ) .

E n fin, on peut argumenter que les analy-ses conte mp o raines de la pauvreté la tra i tent lar-gement comme un phénomène tra n s i to i re et dece fait manquent de pro d u i re les connaissancesqui peuvent être utilisées efficacement pour com-b a t t re la pauvreté ch ro n i que. Les pays ayant lemême nombre de pauvres peuvent nécessiter dif-f é re n tes stratégies de réduction de la pauvret é ,ou des stratégies diff é remment équilibrées, àcause de leurs diff é re n tes compositions de pau-v reté tra n s i to i re et de pauvreté ch ro n i qu e(Encadré 3 et Tableau 1). Les décideurs politi-ques, qui ch e rchent logiquement à minimiser lamobilité descendante dans la pauvreté et à maxi-miser la mobilité ascendante, doivent comp re n-d re à la fois les pro p o rtions re l a t i ves des plusp a u v res, des pauvres et des pas pauvres vulnéra-bles, ainsi que l’ intransigeance re l a t i ve de lap a u v reté ou de la vulnérabilité de ch a qu eg roupe, sur la base de ses causes et de sa durée.Le travail des ch e rcheurs et des analy s tes politi-ques identifi e ra la gamme de mesures politiqu e sc ri t i ques qui est pert i n e n te à ch a que pays oug roupe de pays, en fonction de leurs traj e c to i re s .

tes stratégies nationales, de nou-veaux rôles de l’état et des for-mes et niveaux de l’aide inter-nationale pour ces deux diffé-rents cas de figure. En fait, leschroniquement pauvres ontbesoin à la fois de transfert debiens et d’assurance – des biensnon protégés ayant une trèsforte probabilité de se perdre. Etles transitoirement pauvres aussiont besoin de biens – s’ilsavaient joui d’une meilleureéducation ou s’ils étaient enmeilleure santé, ils seraientmoins enclins à tomber dans lapauvreté même pour des pério-des relativement brèves. Mais là

où la pauvreté chronique prédo-mine, les transferts de bienparaissent être l’exigence la plussignificative pour la réductionde la pauvreté. Cependant, lesbiens sont sans doute le mieuxconstruits par une assistancesociale sous la forme de transfertd’argent.

Les stratégies régionalesde réduction de la pauvretépourraient être aussi importan-tes ou même plus importantesque les stratégies nationales. Enp a r t i c u l i e r, les ch r o n i q u e m e n tpauvres, pourraient se concen-trer dans une région spécifique

dans certains pays (le nord-estdu Brésil, par exemple). Unestratégie nationale de soutien dela stratégie régionale de réduc-tion de la pauvreté sera essen-tielle, mais si la stratégie régio-nale est absente ou faible (c’est-à-dire du fait de la mainmise del’élite ou de l’incapacité institu-tionnelle à la mettre en place),alors la stratégie nationale nesera pas d’un grand secours.

S o u rc e s : Hulme and Shepherd,2 0 0 3 : 404; Barrientos, Hulme, andShepherd, 2005, Tony Ad d i s o n ,comm. Personnel sur l’importancedu développement régional.

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Cette étude ne porte pas sur les méthodes derecherche; un travail synthétisant la recherchesur l’appr oche du CPRC est à paraîtr e.Cependant, on doit brièvement rappeler cequi suit: le CPRC a fait de la combinaison dela recherche qualitative et quantitative unoutil essentiel si on veut accomplir des pro-grès dans la description, la compréhension etl’e xplication des dynamiques et la transmis-sion inte r g é n é rationnelle de la pauvret é .Alors que différentes combinaisons sont possi-bles, les bonnes pratiques sont rares, et nousavons pour objectif de produire un travailinnovateur sur le plan méthodologique. Cetravail va se focaliser sur l’utilisation de don -nées d’enq uêtes complétées par des histoiresde la vie comme principales méthodes pour lacollecte des informations et la compréhensionde la pauvreté chronique et intergénération-nelle (Baulch et Scott, 2006; Ojermark, àparaîtr e). Cependant, dans la majorité des

situations où les données d’enq uête ne sontpas (et ne seront pas) disponibles, il est légi-time de développer des déterminants proches(proxy) en utilisant exceptionnellement desdonnées d’enq uêtes sur la nutrition, l’anal -phabétisme et autres biens8 – indicateurs deprivation de certaines enquêtes exceptionnel-les qui prennent en compte la dimension tem-porelle et dont on sait qu’ils ont un cer taindegré de corrélation avec la pauvreté chroni-que (Hulme et McKay, 2006) – à utiliser enmême temps que les données sur l’enq uêtesur les ménages par rapport à la pauvreté etles chroniques de vie (ou d’autr es méthodesqualitatives). Des pseudo panels peuvent seconstruire dans les rares cas où la taille dese n qu ê tes est assez grande (Goh et al,2004).11 La comparaison parent-enfant, etles études sur les cohortes de familles peuventaussi révéler beaucoup de choses sur la trans-mission intergénérationnelle de la pauvreté.

APPROCHES D’ETUDE : COMBINER LES APPROCHES QUALITATIVES ET QUANTITATIVES

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Des étudesa p p r o f o n d i e ssur le pro-blème ontmontré qu’il

y a, étonnamment, de fortes corré-lations entre la consommation, lar i chesse, les revenus et salaires desgénérations qui se succèdent auxE t a t s -Unis – en dépit du portraitstéréotypé que l’on fait de ce payscomme la terre des « r é u s s i t e ss p e c t a c u l a i r e s ». Il y a clairementà la fois un piège de la pauvreté,duquel il sera difficile, sinonimpossible d’éch a p p e r, et un piège« d ’ i n f l u e n c e » qui est juste seule-ment légèrement moins durable.La persistance de la pauvreté inter-générationnelle est beaucoup plusforte chez les noirs que chez lesb l a n c s .Les principaux canaux qui consti-tuent le passage de la transmission

générationnelle de la pauvretésont la scolarisation, la richesse, etla race; le QI et la personnalité,d’autre part, ne pèsent pas beau-coup pour ce qui est de la trans-mission intergénérationnelle.L’effet négatif de la résidence dansdes quartiers où les revenus sontfaibles est un important sujet dedébat, qui implique la centralitéde la reproduction de la structuresociale, largement définie en ter-mes de classe et de race au fil dutemps. Cependant, le débat sur lar e ch e r che dans le domaine de lapolitique contemporaine améri-caine continue d’exister, principa-lement parmi les économistes quianalysent les opportunités offertesa u xindividus ou aux familles endehors de toute considération degroupe ou de structure1 3. Lesréponses aux Etats-Unis insistent

généralement sur la carence éduca-tionnelle, qui est plus facile derésoudre que d’éliminer la discri-mination raciale. Les enquêtesd’opinion avancent l’idée que lagrande majorité propose une com-p e n sation financière pour ceuxqui sont victimes de handicapsphysiques ou mentaux à la nais-sance, et que plusieurs personnesconsidèrent le rôle de la race dansla transmission intergénération-nelle de la pauvreté commeinjuste et la corrélation entre lerevenu des parents et la santé del’enfant comme « m o r a l e m e n ts u s p e c t ». Des découvertes tellesque celles-ci donnent la légitimitépolitique aux décideurs pour abor-der ces questions. Il y a aussi eurécemment d’intéressantes inter-ventions destinées à interrompre «l’effet quartier pauvre » .Source: Bowles et al, 2005.

En cet te période de re ch e rche, Il y a unefo rte insistance sur la pauvreté inte r g é n é ra t i o n-nelle et la mobilité. Nous avons beaucoupa p p ris de la mobilité inte r g é n é rationnelle (ou deson absence) aux USA, et de plus en plus auRoyaume Uni. On s’ est rendu compte qu ’ e l l eé tait moins que prévisible – le revenu desp a rents a été un signal fo rt des gains dese n fants, par exe mple (Solon, 1999 et Solon etLee, 2006).

Le fait que la transmission inte r g é n é ra-tionnelle est bien établie, mais que ses causes nele sont pas - peut-être une carence consistant àc o mpter sur la seule re ch e rche qu a n t i ta t i ve. Un erecherche approfondie de la littérature(Boggess, Corc o ran et Jenkins, 1999) a mis enévidence la conclusion que la fo rte corr é l a t i o ne n t re les revenus des parents et ceux de leurse n fants n’ avait rien à voir avec la plus fo rtep robabilité qu’ un ménage démuni est diri g épar une femme, la plus fo rte probabilité de vivredans un qu a rtier pauvre, ou le plus faible nive a ude scolarisation que les enfants pauvres re ç o i-vent – to u tes ces explications sont vraies, maisdu point de vue de la sta t i s t i que, elles n’ ex p l i-quent pas le lien inte r g é n é rationnel au nive a u

des revenus. Les domaines les plus pro m et te u r spour tro u ver une explication à ce phénomènei n c l u e n t:(a) les reta rds dans le domaine du déve l o p p e-ment phy s i que et mental qu’ on re n c o n t re ch e zles enfants pauvres, et qui semblent être en cor-rélation avec leurs futurs reve n u s ;(b) l’ extrême pauvreté des foyers monopare n-taux en particulier (moins d’ apport de reve-nues), dont les enfants ont plus de chances dequ i t ter l’ école, d’ avoir des enfants à adoles-cence et d’ être sans emploi en âge adulte 12; et(c) la substantielle diff é rence de race qui conti-nue d’ ex i s ter – la « g rande maj o rité d’ en-fants noirs seront pauvres, vont vivre de l’ aidesociale et vont vivre dans des foyers monopare n-taux à un certain moment de leur adolescence.Beaucoup d’ enfants noirs seront dans cet tesituation pendant longte mp s » (ibid., 82).Il y a des pre u ves indiquant que la discri m i n a-tion raciale ex i s te sur le marché du travail aussi,ce qui suggère que les événements et les pro c e s-sus dans l’ adolescence peuvent aussi exe rc e rune fo rte influence. De récentes pre u ves en pro-venance d’ A m é ri que sont examinées dansB owles et al (2005) – voir Encadré 4.

3. PAUVRETÉ INTÉGRATIONNISTE ET MOBILITÉ

La transmission intergénérationnelle de la pauvreté aux USA : Découvertes récentes

ENCADRÉ 4 :

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Le débat américain sur la transmissionintergénérationnelle indique que trouver desexplications pour le phénomène de la trans-mission inte r g é n é rationnelle re s te un défi ,même là où il existe des données de qualitéincomparable. Ceci conforte l’idée q ue larecherche qualitative a un rôle à jouer.

Le document thématique écrit par Bird(2007) examine les facteurs critiques quiinterviennent dans la transmission intergéné-rationnelle de la pauvreté en tirant des leçonsdes expériences menées aux Etats-Unis etdans d’autr es pays industrialisés, mais en sefocalisant sur les pays en développement. Ilidentifie les facteurs affectant la transmission,se focalisant à la fois au niveau des foyers etsur des facteurs contextuels plus larges ou «des facteurs hors foyer ». Son travail donneaussi un espace considérable au concept dela « détermination », à la fois en rapportavec le gagne-pain et dans son sens psycho-logique. Moore (2005:12) donne un pointde départ:

La pauvreté n’ est pas tra n s f é r é ed’une génér ation à l’autr e comme un «paquet » mais comme un ensemble com-plexe de facteurs positifs et négatifs qui affec-tent les occasions d’une personne à f airel’e xpérience de la pauvreté, soit dans le pré-sent, ou dans le futur au cours de sa vie. Cesfacteurs peuvent comprendre à la fois trans-mission ‘pr ivée’ (ou l’absence de tr ansmis-sion) de capitaux et la transmission « publi-que » (ou l’absence de tr ansmission) de res-sources d’une génér ation à l’autr e.

(ex. par la taxation des revenus desgénérations passées dans le but de payer lesystème d’éducation élément aire). Ces fac-teurs peuvent être positifs (ex. argent liquide,biens, aspirations positives) ou négatifs (tra-vail de servage, mauvaise nutrition, discrimi-nation par rapport au genre). 14

Les dotations initiales et souvent spéci-fiques à un contexte sont importantes, celles-ci consistent en des biens, capacitations et desattributions de gérer des agences tenues pardes personnes physiques ou par des ména-ges. Les dotations initiales sont en elles-mêmes souvent le résultat de processus inter-g é n é rationnels. Elles constituent ainsi deschoix difficiles à faire à l’intér ieur des foyers

en regard du bien-être du présent opposé àcelui du futur, du bien-être personnel opposéà celui de la famille. Les décisions telles quepar exemple la vente des terres dans unesituation structurelle de renchérissement de lavaleur des terres, ou dans une situation où ondéfavorise une fille, un jeune enfant, ou l’en -fant d’une épouse q ui a rang inférieur dansune famille polygamique, peuvent conduire àdes résultats négatifs « irréversibles » chezun individu ou une famille, qui seraient trèsdifficiles ou même impossibles de corrigerplus tard dans la vie.

Les décisions peuvent aussi promou-voir ou saper la détermination. Dans les étu-des de développement, les approches desmoyens d’e xistence et du bien-être dans lapauvreté définissent la détermination commesimplement la capacité d’opér er un retouren force après un choc, en particulier sansavoir à réduire les autres biens, ce qui peutavoir des effets négatifs sur le long terme: parexemple, être capable de reconstruire unemaison détruite par la tempête sans avoir àretirer les enfants de l’école pour économi -ser l’argent nécessair e à cette reconstruc-tion. Mais la détermination a aussi des dimen-sions psychologiques, et maintenant les sociopsychologues et les psychologues du dévelop-pement avancent une définition nuancée: «la manifestation d’une adap tation positiveen dépit d’une adv ersité significative qui sur-vient dans la vie » (Luthar, 2003).

Ici la détermination veut dire que l’in -dividu apparaî t comme étant capable «d’af fronter » l’adv ersité et de « s’en sor -tir » – de survivre, de s’adap ter, ou mêmede prospérer, en dépit de son malheureuxsort.15

La re ch e rche sur la déte rm i n a t i o nchez les enfants et les jeunes personnes pres-que entièrement menées dans les pays indus-trialisés a proposé une large gamme d’attr i-buts individuels et de contextes sociaux asso-ciés à la détermination (Encadré 5), qui peu-vent aider ou désavantager un enfant qui sebat contre une adversité tôt dans sa jeunesse.En termes de caractéristiques individuelles,Bird (2007) note l’im portance particulièred’encour ager l’amour -propre des enfants:

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Les différences indivi-duelles: habiletéscognitives, (QI,

habiletés attentionnelles, habiletésde fonctionnement); perceptionindividuelle des compétences,valeurs, confiance (efficacité propreet amour propre); tempérament etpersonnalité (adaptabilité, sociabi-lité); habileté de régulation de sap e r s o n n e .

Relationnelles: qualité pour l’édu-cation des enfants (comprenant lachaleur humaine, la structure et lasurveillance, les attentes); relationsp r o ches avec des adultes compé-tents (parents, membres de lafamille, tuteurs); relations avec despairs encourageant la sociabilité etle respect des règles (entre enfantsplus âgés).

Ressources et opportunités com-munautaires: de bonnes écoles,relations avec des orga n i sa t i o n sfacilitant la sociabilité (clubs,groupes religieux); qualité du voisi-nage (sécurité publique, supervi-sion collective, bibliothèques, cen-tres récréatifs); qualité des servicessociaux et des soins de sa n t é .

Source: Masten et Powell (2003:13).

ENCADRÉ 5 :

Exemples d’attributs des individus et des contextesqui les associent le plus souvent à la détermination

ENCADRÉ 6:

Interruption de la pauvreté infantile

On a trouvé que les enfants qui ont unehaute estime d’eux-mêmes attr ibuent leur suc-cès dans une situation donnée à leurs habiletéset leurs échecs, à un manque d’ef fort ou à unfacteur sur lequel ils n’ont aucun contrôle.Cette vision contraste avec celle des enfantsqui ont appris «à être inutiles » et qui ont unefaible estime de leur personne (Ya qu b ,2002:1085). Dans la vie future, cecipeut avoir une influence sur leur degré d’af fir-mation de leur personne, de réaction face aurisque et de faire face à des chocs covariants etidiosyncrasiques.Parmi les périodes critiques de la vie qui affec-

tent la pauvreté intergénérationnelle et la mobi-lité, on peut citer la vie intra-utérine, l’en -fance, la jeunesse et la vie de jeune adulte. Cequi fait toute la différence, c’est commentceux qui sont chargés des adultes la sociétédans son ensemble, gèrent ces périodes. Noussavons beaucoup de choses sur la pauvreté del’enf ance, et comment l’int errompre, à lafois, en général et dans un contexte précis.

(voir Encadré 6). Ici la question est sûre-ment de continuer à faire le travail: enlever lesobstacles qui s’y opposent e t quand il y a deschoix à faire, tester les approches par desexpériences politiques.

Partenaire du CPR C ,le Centre deRe ch e r che sur laPauvreté et la

Politique Infantile (CHIP enanglais), a identifié quatre thèmesspécifiques de politique et toute unegamme de contextes qui sont essen-tiels pour s’assurer que la chaîne detransmission de la pauvreté est rom-pue, et que le cycle du cours de lavie et de pauvreté intergénération-nelle est brisé. Ces thèmes spécifi-ques sont: une éducation de 10années au moins; des services pré-ventifs et curatifs de santé pourtous; une insistance sur les moins decinq ans et sur la nutrition des

mamans et des adolescents; et laprotection sociale (en particuliertransfert d’argent liquide) pour per-mettre tout ce qui précède et pourrelever les stratégies des moyensd’existence. La réalisation de cesquatre éléments requiert une écono-mie politique favorable au dévelop-pement humain, ainsi que la possi-bilité d’une redistribution et unequalité améliorée; la libération ducommerce précédée par un investis-sement dans le développementhumain, particulièrement dansl’éducation, tout en faisant attentionà prévenir l’exploitation potentielledes enfants travailleurs, par exemple; et une politique macroéconomi-

que qui prend en compte les poten-tiels impacts sociaux. La croissa n c eéconomique pourrait ne pas renver-ser les dégâts faits aux enfants quiont manqué leur unique ch a n c ed’accéder à l’éducation ou leur ali-mentation à un moment critique deleur vie. Les gouvernements doivents ’ e n gager pour le développementhumain, même pendant les périodesde crise économique; Le public doitêtre en position de demander descomptes au gouvernement, et lesservices publics doivent être plani-fiés pour tirer profit des synergiesentre, par exemple, la nutrition,l’éducation et le planning familial. Source: Harper 2005

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Nous connaissons moins le cas de lap a u v reté chez les jeunes et jeunes adultes, ete n c o re moins son inte rru ption. Nous avo n sd é fendu l’ idée d’ une fo rte concentration surl’ éducation post-pri m a i re (voir Encadré 6); ilest aussi nécessaire de conva i n c re les jeunesgens et les familles de leur utilité économiqu e( B a n que Mondiale, 2006). Mais nous re c o n-naissons que ceci, en lui-même, n’ est pasassez – le marché du travail, par exe mple, doitavoir la capacité d’ absorber les jeunes gensé d u qués, et d’ off rir les conditions pour l’ en-t re p re n a riat des jeunes et leur part i c i p a t i o ndans les organisations sociales et politiqu e sdoit être bonne. Le contex te est clairement cri-t i que (voir par ex. Ainswo rth et Fi l m e r, 2006).

A l’ intérieur des ménages, il y a unelarge gamme de fa c teurs imp o rtants à mêmed ’ i n f luencer la transmission inte r g é n é ra t i o n-nelle; ces fa c teurs comp rennent les cara c t é ri s t i-ques de la famille en elle-même (ex. leur com-position en te rmes de sexe et d’ âges, et detaux de dépendance); éducation des parents ets a n t é ; accès aux moyens de pro d u c t i o n ;qualité de l’ éducation des enfants et socialisa-t i o n ; violence domestiqu e ; schéma de pri s een charge, d’ adoption et de protection deso rphelins; et le rôle socio-économique des per-sonnes âgées. Hors des foyers, l’ imp o rta n tensemble de fa c teurs qui peuvent influencer lat ransmission inte r g é n é rationnelle comp re n n e n tles processus politiques (ex. de violents confl i t ssociaux, l’ économie politique de la distri b u-tion, y comp ris entre générations); les pro c e s-sus sociaux qui peuvent influencer le déve l o p-pement des aspirations; et les réseaux sociaux,é tayés par les stru c t u res sociales de classe, lesc a s tes, l’ ethnicité et la re l i g i o n .L’ e m placement – «effet de vo i s i n a g e » – etconnectée à cela, l’ isolation re l a t i ve de plu-sieurs groupes de personnes peut aussi induireun effet d’ indépendance.

Que pouvons-nous tirer de cet te brèverevue de travaux sur la pauvreté inte r g é n é ra-tionnelle? Un élément fo n d a m e n tal est qu e ,alors que les mécanismes de la tra n s m i s s i o np o u rraient ne pas toujours être bien comp ris –et sans doute cela demande un plus gra n dvolume de re ch e rches qu a l i ta t i ves combinéesau travail basé sur des re ch e rches qu a n t i ta t i ve s– le fait que la pauvreté infantile soit te l l e m e n tfo rtement associée avec des effets à plus long

te rme dev rait être suffisant pour porter unea t tention plus soutenue sur les cas de pauvret éi n fantile dans diff é rents contex tes, éta n tc o nvaincus que nous savons ce qui peut l’ in-te rro mp re, et tro u ver des moyens politiqu e-ment faisables de fa i re inte rvenir les éléments« i n t e rru pte u r s ». Na t u rellement, le mondes’ est focalisé sur les moyens les moins coûte u xd ’ i n t e rro mp re la pauvreté infantile – avec desi n te rventions comparées principalement en te r-mes de coût par personne – alors que le pro-blème majeur est de tro u ver des inte rru pte u r squi peuvent être politiquement durables surune période signifi c a t i vement longue et qu ip e u vent « to u ch e r » une grande partie de lapopulation. Ceci est difficile – ‘ la volonté poli-t i que’ ne court pas les rues, et les fa c teurs clésne sont pas toujours présents – Malgré plu-sieurs années passées à tra i ter du sujet, on n’ apas donné assez de poids au besoin qu ’ o né p ro u ve dans la plupart des situations pourune plus grande équité des genres, dont on saitqu’ elle est étro i tement liée au bien-être del ’ e n f a n t .

Cependant, la transmission généra t i o n-nelle de la pauvreté ne concerne pas seule-ment la pauvreté infantile, et pour la re ch e r-che, c’ est l’ étape de la vie en dehors del ’ e n f ance qui a le plus urgemment besoind ’ a t t e n t i o n .

On pense que des inte rru pteurs cri t i-ques seront trouvés à diff é re n tes étapes de lavie – à l’ adolescence (ex. donner à lac o h o rte d’ adolescents qui ont raté leur scola-rité dans un premier te mps une occasion des ’ é d u q u e r, combine avec une cro i s s a n c eg é n é ralisée et des mesures de marché du tra-vail); ou à l’ étape de jeunes adultes, aumoment où on peut s’ atte n d re à ce qu ’ u n ecapacité de réaction individuelle aux gra n d e sconditions économiques (ex. la cro i s s a n c e )soit à son parox y s m e .16 Le rôle des personnesplus âgées dans les processus de tra n s m i s s i o ni n te r g é n é rationnelle du bien-être, part i c u l i è re-ment dans des contex tes de «générations man-qu a n te s » à cause du VIH/SIDA, est aussii mp o rtant. L’ a d a p tabilité et la fl exibilité peu-vent ne pas être entièrement déte rminées defaçon hérédita i re ou des ex p é riences auxqu e l-les a été confronté l’ enfa n c e / l ’ a d o l e s c e n c e .

Il est aussi crucial de comp re n d re le sys-tème hérédita i re et d’ autres fa c teurs qui déte r-

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Alors que nous savonsqu’ il y a souvent undegré significatif de mobi-lité du revenu ou de laconsommation autour dela ligne de pauvreté,

dans plusieurs endroits et occasions nousconnaissons moins les schémas du bien-être dansle te mps, et encore moins la pauvreté à très longte rme et inte r g é n é rationnelle, très peu de lamobilité en te rmes de carence plus imp o rta n teou de mobilité des biens, et pre s que rien de lamobilité dans le cas des économies sta g n a n tes etdes Etats fragiles. Nous ne savons pas encoreassez des déte rminants de la pauvreté persis-ta n te – ce qui est stru c t u rel (et par conséqu e n t ,dont il est très difficile d’ échapper sans ch a n-gement significatif de façons de fa i re ou del ’ e n v i ronnement économique, social ou politi-que) et ce qui est te mp o ra i re ou sto ch a s t i qu e(où les stru c t u res inte rnes sont saines). Ce qu enous savons est largement basé sur la re ch e rch e

soit qu a n t i ta t i ve ou qu a l i ta t i ve séparément; lacombinaison de ces deux appro ches dev ra i tp ro d u i re des pre u ves de causalité plus fo rte s .Cependant, dans quelle mesure on peut généra-liser les causes re s te ra une pro b l é m a t i qu e .

C et te section trace le contour d’ unea p p ro che conceptuelle de base de l’ ex p l i c a-tion de la pauvreté ch ro n i que et des dynami-ques de la pauvreté, enfe rmée dans les concept sde croissance pro pauvres ou pro plus pauvre s ,d ’ i n s é c u r ité, de vulnérabilité, de biens et deretour d’ investissement de ces biens et d’ ex-clusion sociale. Elle continue ensuite en suggé-rant que la re ch e rche la plus pointue se tro u vedans une zone inte rd i s c i p l i n a i re qui fait le liene n t re les pièges de la pauvreté et les re l a t i o n ssociales, économiques et politiques, étant donnéque la maj o rité des personnes vivant dans unep a u v reté ch ro n i que est incorporée dans (plutôtque, ou en plus de, exclue de) la société locale,des contrats sociaux nationaux, et de l’ écono-mie globale. Cependant, les te rmes d’ incorp o-

minent ce qu’ une génération tra n s m et à unea u t re. Ces fa c teurs comp re n n e n t: • les normes et les valeurs autour du soina c c o rdé aux personnes âgées, les pra t i ques dum a riage précoce, les fo rts taux de nata l i t é ,l’ éducation et le travail des enfants, et lesc o mp o rtements pour la qu ê te de la santé;• Les stratégies de sortie de l’ insécurité écono-m i que (ex. des situations qui ont conduit à l’ in-flation), crises conflictuelles ou env i ro n n e m e n-tales, qui font perd re les biens qui de ce fa i td eviennent indisponibles pour l’ héri ta g e ,• l’ accessibilité et la qualité des institutions etm e s u res de prévoyance; et• pas des moindres, les cadres législatifs et leuri n te rp r é tation et imp l a n tation au niveau local,ou les lois coutumières, qui sont très imp o rta n-tes dans la déte rmination des biens aux biens– la te rre étant le premier exe mp l e .

C et te brève analyse suggère que leplus imp o rtant point focal de la re ch e rch ep o u rrait être d’ identifier les mutations dans

les systèmes d’ héri tage, des lois et des pra t i-ques, et les mutations dans l’ env i ro n n e m e n tau sens large du te rme qui affe c tent l’ héri ta g ede ces biens, qui sont potentiellement à mêmede tra n s fo rmer les opportunités offe rtes par lavie et qui peuvent encourager l’ émergenced’ une re p rise des moyens de subsista n c echez les jeunes générations vulnérables à lap a u v reté ch ro n i que. Ceci nous perm et t rait denous appesantir sur la composition des biensainsi qu’ à leurs niveaux, et à l’ usage qu ’ o npeut en fa i re pour fa i re changer les contex te s .Cela soulève le problème de l’ égalité des gen-res, et demanderait une analyse plus éte n d u edes relations sociales et économiques qui enca-d rent les pièges de la pauvreté et perm et te n tl ’ i n t e rru ption de la pauvreté, thème abordé ci-dessous et dans l’ exclusion sociale et dans lethème de l’ incorp o ration d’ éléments négatifsa b o rdé dans ce document. Cela sera un exe m-ple de la dimension de la re ch e rche innova-t rice soulevée par l’ inclusion de la perspectivei n te r g é n é ra t i o n n e l l e .

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ration sont négatifs et ne conduisent pas à l’ éli-mination de la pauvreté; ils peuvent même êtrere c o n s t ruits socialement pour que les pauvre sre s tent pauvre s .

Croissance économique

Les niveaux de mobilité sont fo rte m e n tconditionnés par l’ env i ronnement économiqu eet politique, dans le domaine particulier dun i veau et de la nature de la croissance économi-que, et de la mesure dans laquelle les Etats sontg a rants de la stabilité et de la sécurité de base.Il est possible d’ argumenter fo rtement surl’ idée que tout ce qui est re quis pour réduire lescas de la pauvreté, c’ est la croissance économi-que – et que nous savons pertinemment que lac roissance économique souvent réduit les cas dep a u v reté. La mesure de la réduction est en re l a-tion avec le niveau d’ inégalité et celui de lam e s u re de distribution, aussi bien que de lac o mposition (ou «qu a l i t é ») de la cro i s s a n c e .Cependant, dépendant des mêmes fa c teurs, laréduction des cas de pauvreté pourrait s’ ac-c o mpagner de l’ augmentation des inégalitéset/ou de la sévérité ou de la pro fondeur de lap a u v reté. En fin de compte, la croissance écono-m i que soutenue est capable de changer la stru c-t u re socio-économique dans laquelle se déro u l ela mobilité.

Nous avons appris des études intitulées«O p e rationalising Pro-poor Grow th » [Re n d reO p é rationnelle la Croissance en Faveur desPa u v res], (Banque Mondiale et al, 2005) qu eles pays qui ont connu la croissance dans lesannées 1990 ont aussi connu dans l’ ensembleune réduction absolue du revenu des plus pau-v res, et que, à la fin de la période, le revenu de10% des plus pauvres était plus élevé qu ’ a udébut. Cependant, dans la maj o rité des cas,l’ inégalité a augmenté. Dans la plupart des casaussi les changements positifs dans la vie desp a u v res étaient inférieurs à la moyenne. Mais ily a eu aussi un nombre significatif de cas où lesplus pauvres ont fait mieux que la moye n n e .

Quels sont les fa c teurs qui sous-te n d e n tces schémas? L’ a c c r oissement de l’ inégalités i g n i fiait qu’ il était plus difficile pour les plusp a u v res de tirer des ava n tages. La distri b u t i o nde la croissance entre les zones ru rales et urbai-nes était cruciale – la tendance urbaine re n d a n td i fficile la participation de la plupart des plus

p a u v res, étant donné que le plus grand nombred ’ e n t r e eux habite dans les zones ru rales. Lesdépenses publiques en faveur des plus pauvre s– santé, éducation, infra s t ru c t u res ru ra l e s –é taient associées à une plus grande part i c i p a t i o ndes plus pauvres, et si la politique économiqu equi les sous-tend pouvait perm et t re la prise encharge de leurs intérêts, cet te re p r é s e n ta t i o né tait aussi favo rable à leur participation dansla croissance (Lahouel 2007 ) .

Donc une stratégie de croissance écono-m i que favo rable aux ch ro n i quement pauvre sm et t rait l’ accent en part i c u l i e r: sur la prote c t i o nc o n t re la mobilité descendante et l’ ex t r ê m eindigence; des mécanismes de récupéra t i o npour ceux qui basculeraient à nouveau malgréc et te protection ; et des fa c teurs perm et tant lamobilité ascendante – pas à un point juste au-dessus de la ligne de pauvreté où la vulnéra b i-lité de re d evenir pauvre serait élevé, mais à unpoint où il serait possible d’ échapper à la pau-v reté défi n i t i vement. La stabilité macro économi-que et la paix sont des pré re quis imp o rta n t spour emp ê cher l’ érosion des gains substa n t i e l sdans le bien-être .

Cependant, les pro g rammes de l’ éco-nomie politique dont on aurait besoin pour assu-rer une échappée défi n i t i ve de la pauvreté com-p re n d ront une perspective sur les régions tro pen arri è re, sur les infra s t ru c t u res, sur le fo n c t i o n-nement des marchés cri t i ques (la te rre, les matiè-res pre m i è res, la finance, le travail, le loge-ment), aussi bien que sur la politique fiscale etl’ allocation des dépenses publiqu e s .

Un premier travail sur «la cro i s s a n c efavo rable aux plus pauvre s » a suggéré qu ecela pre n d ra beaucoup de te mps avant que lesplus pauvres n’ échappent à la pauvreté par leseul moyen de la seule croissance. Les ra i s o n sde la re l a t i ve faiblesse de niveaux des ava n ta-ges tirés de la croissance économique comp re n-n e n t:

• le manque de biens aux mains desplus pauvres et la faiblesse des retours d’ inve s-tissement de ces biens;

• leur grande vulnéra b i l i t é ;• leur exclusion du ch a mp politiqu e ;• le fait qu’ ils bénéficient ra rement des

t ra n s fe rts des migrants (bien qu’ il puisse yavoir des exc e ptions à cela); et

• l’ inefficacité de la politique publiqu eà assurer la mise à disposition des services auxplus pauvre s .

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Osmani (2006) a défendu l’ idée qu e«la pauvreté ch ro n i que peut survenir non passeulement du faible niveau des dotations, maisaussi d’ un déséqu i l i b re entre la stru c t u re desd otations en possession des pauvres et la stru c-t u re des opportunités qui leur sont offe rte s » .L’ i m plication est que les décideurs politiqu e sd o i vent considérer à la fois: que la pauvreté per-s i s te ra à moins que la stru c t u re ou la comp o s i-tion des dotations correspondent à celle deso p p o rtunités disponibles. La politique doit s’ as-s u rer que le « s chéma de cro i s s a n c e » – ente rmes de sa composition secto rielle, géogra p h i-que et te ch n o l o g i que – correspond aux dota-tions des plus pauvres, bien que simulta n é m e n telles encouragent les dotations des plus pauvre sde sorte qu’ elles correspondent aux opport u n i-tés émergentes – à travers, par exe mple, lesi n te rventions ciblées de re d i s t ribution des biens,l ’ a m é l i o r ation du capital humain, ou en enle-vant les barri è res qui emp ê chent à beaucoup depersonnes d’ accéder aux marchés et aux serv i-ces publics. « En véri t é », comme Osmani ledit, « agir au niveau des dotations peut parfo i sê t re la méthode la plus re n table et la plus dura-ble de s’ atta quer au problème de la pauvret éch ro n i que qui naî t du déséqu i l i b re stru c t u re l » .

Pour conclure sur la croissance, les ch ro-n i quement pauvres ont la possibilité de tire rmoins de bénéfices que pro p o rtionnellement dela croissance. Il y a trois conditions maj e u res:

(i) La croissance est toujours imp o rta n teet peut apporter des ava n tages significatifs aufil du te mps, par la création d’ emplois et l’ ap-p o rt de versements additionnels par exe mp l e ,bien que la taille des marchés puisse para î t r e unfa c teur signifi c a t i vement limita n t .

(ii) Les politiques favo rables à la pro m o-tion de la croissance peuvent dans certains casaussi fa i re du to rt aux pauvres. Par exe mple, led é veloppement des infra s t ru c t u res et la libéra l i-sation du commerc e , et la conséqu e n te perte desbiens ou d’ emploi, peuvent induire la pauvret éch ro n i que chez certains. Il peut y avoir aussi desc a ra c t è res stru c t u rels d’ une économie qu ia p p a u v rit, marginalise et rend vulnéra b l e .

(iii) Le résultat global dépend beaucoupde la mesure à laquelle les bénéfices de to u tec roissance sont re d i s t ribués à travers l’ augmen-tation de revenus additionnels, en l’ allouant defaçon appro p riée, et en dispensant les serv i c e se ffi c a c e m e n t .

La maj e u re partie du travail que nousavons réalisé jusqu’ à présent a été fait dans des

situations où il y a eu un niveau raisonnable oumême un niveau élevé de croissance économi-que – Inde, Bangladesh, Vi etnam, Ouganda.Cependant, nous en connaissons moins sur lamobilité autour de la ligne de pauvreté dans desc o n tex tes où il y a eu une stagnation ou undéclin de l’ économie – ex. histo ri quement auKe nya, en Zambie, à Madagascar, dans la plu-p a rt des pays Ouest africains, aux Philippines,en Papouasie No u velle Guinée, au Nicara g u a ,au Pérou. Ce thème sera développé dans la sec-tion 6 ci-dessous, et le travail du CPRC augmentedans ces pays. Il continuera aussi de l’ intére s-ser aux régions « a rri é r é e s » – en Inde la plusg rande partie du travail emp i ri que est prévu dese dérouler dans les Etats les plus pauvres: Larevue des politiques de réduction de la pauvret éà para î t r e met t ra l’ accent sur les réponses poli-t i ques aux régions sous-déve l o p p é e s .

In s é c u rité et absence de biens

Si la pauvreté ch ro n i que et les dynami-ques de la pauvreté ne sont pas tout juste unequestion de croissance économique – en dépitde son imp o rtance – comment peut-on les com-p re n d re et les ex p l i quer? L’ i n s é c u r ité, le ri s qu eet la vulnérabilité présentent dans ma pre m i è rephase du travail du CPRC, un ensemble de qu e s-tions qui se combinent pour conduire les person-nes vers la pauvreté, mais s’ unissent aussi pourles y mainte n i r, en partie parce qu’ elles aj u s-tent rationnellement leurs réponses aux ri s qu e sperçus. Un aspect cri t i que de ce processus, lem a n que graduel – parfois soudain – de biensc ri t i ques. L’ é t at d’ absence re l a t i ve de biens( et donc l’ inégalité) est un signe annonciate u rde la pauvreté ch ro n i que, et l’ accès aux biensun signe annonciateur de l’ inte rru ption de lap a u v reté ch ro n i que. L’ absence de biens estune cause maj e u re de la vulnérabilité – et cesdeux concepts sont au cœur du travail du CPRC .

Quels biens sont considérés comme cri t i-ques, quels sont ceux qui présentent des dan-g e r s ? La réponse dépend du contex te. Leretour de l’ investissement de ces biens est aussifonction de ce contex te – si seulement de fa i b l e sretours d’ investissement sont possibles, la pau-v reté ch ro n i que est à prévo i r. Ce résultat peutdécouler des conditions économiques en géné-ral, ou de l’ emplacement dans une région iso-lée ou sous-développée. La vulnérabilité est plusg rande et les retours d’ investissement sont plus

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faibles là où des individus ou groupes de per-sonnes sont exclus de façon cri t i que du coura n tdominant des institutions économiques, socialeset politiques. L’ e xclusion peut aussi inte rve n i rdans les familles, ce qui peut être diff é re n c i éselon l’ âge, l’ ord re de naissance et le sta t u tpréféré. Cependant, comme on la note, la plu-p a rt des pauvres dans les pays en déve l o p p e-ment sont au moins partiellement inclus dans lec o u rant dominant, mais en des te rmes négatifsqui ne leur perm et pas de fa i re des progrès ente rmes de développement économique ouh u m a i n .

Comme on l’ a noté, la possession oul’ accès à des biens matériels et humains est und é te rminant décisif de la possibilité d’ une mobi-lité ascendante, et protège contre les traj e c to i re sd e s c e n d a n tes et la misère, jusqu’ à leur fi n .D i ff é rents biens sont imp o rtants dans diff é re n te ssituations: alors que la te rre constitue encore unbien de base pour beaucoup de pauvres viva n tdans les zones ru rales, l’ accès au fi n a n c e m e n t ,à l’ éducation, ou aux réseaux sociaux est cen-t ral dans d’ autres contex tes, et dans ces situa-tions où les familles sont à la poursuite de multi-ples et divers moyens de subsistance dans le butde pro s p é re r, les combinaisons de biens ont te n-dance à être d’ une grande imp o rtance. Lesbiens sont aussi imp o rtants parce qu’ ils perm et-tent l’ accès à d’ autres biens et services, te l sque le crédit, la participation politique peut dansc e rtains contex tes être plus ouve rte à « celui qu ipossède des biens », dans la mesure où lesbiens agissent comme des signaux de statut qu idonnent l’ « a u to ri s a t i o n » de parler enpublic. Les niveaux de biens et leur distri b u t i o nau sein de la famille sont aussi imp o rta n t s .Cependant, ce n’ est pas la seule possession debiens mais aussi leur productivité et leur utilitéqui doit être pris en compte, et ceci est une fo n c-tion de l’ env i ronnement institutionnel, socio-é c o n o m i que et politique au sens large du te rm e .L’ éducation sans l’ emploi, ou la te rre sansune agri c u l t u re de marché organisée pourra i tp ro c u rer la sécurité, mais fait peu pour la mobi-lité ascendante – une discordance d’ opport u-nité de capitalisation. De la même manière, unbien sans un autre – la te rre sans éducation –p o u rrait limiter le degré de mobilité (dans ce caspar la participation dans l’ économie non-agri-cole ou dans des marchés agricoles plus sophis-t i qu é s ) .

On a porté une attention plus signifi c a-t i ve à la re d i s t ribution des biens dans les politi-

ques de développement entre la 2ème GuerreMondiale et 1970, pour contre c a rrer les inéga-lités qui emp ê chent le déve l o p p e m e n t .M a i n tenant, il y a une bien meilleure comp r é-hension de la façon dont l’ inégalité gêne lac roissance économique. Cependant, à causedes effets potentiellement démot i vants, la re d i s-t ribution des biens re s te largement à l’ écart dup ro g ramme de développement, sauf par la miseen place des services liés à l’ éducation et à lasanté – et même dans ces cas, les ambitions sonts o u vent restées modestes pendant longte mp s ,e n t ravées par les re s s o u rces et l’ élitisme. Auc o n t ra i re, d’ autres fo rmes de re d i s t ribution te l-les que la réfo rme agra i re, sont bien en placedans le pro g ramme de certains pays – pas seu-lement dans le sud de l’ A f ri que, mais aussi sousc e rtaines fo rmes en Asie du Sud et de l’ Ouestet en Afri que de l’ Ouest. Il y a maintenant unet â che bien définie consistant à ramener la re d i s-t ribution dans le pro g ramme inte rnational dansdes fo rmes remises à jour et plus utiles, comptetenu de tous les effets démot i vants. En réalité, lap o l i t i que fiscale est un déte rminant essentiel dela mesure à laquelle la croissance va être aub é n é fice des ch ro n i quement pauvres, et va êtreun point d’ ancrage fo rt du travail du CPRC .17

Les biens matériels – et bien entendu lafo rce humaine de travail – peuvent cependant sep e rd re, suite à des chocs ou aux stress. Les stra-tégies pour éviter la perte des biens sont parc o n s é quent essentielles pour une sécurité et unep ro s p é rité à long te rme. Mais les stratégies der é c u p é ration suite à des pertes de biens aussi lesont tout autant, et celles-ci sont re ch e rchées ave cbeaucoup de vigueur par les pauvres, partout oùc’ est possible. C’ est là où les biens sociaux (lesc a p i taux) des réseaux familiaux (prote c t i o nsociale info rmelle), les re n tes et les aides ou lap rotection sociale fo rmelle inte rviennent defaçon imp o rta n te pour perm et t re aux familles de«se re m et t re » et de reve n i r, en ce qui concern eleurs biens, à un état pro che de là où elles éta i e n tavant le choc. Cependant, les possibilités d’ aug-m e n ter de façon signifi c a t i ve la possession desbiens au-delà d’ un certain point sont souve n ts é v è rement gênées par l’ env i ronnement et parles réactions, logiques et spécifi ques au contex te ,à la vulnérabilité (Barri e n tos, 2007). C’ est làl ’ é q u i l i b re de pauvreté de bas niveau, duquel ilest difficile de sort i r.

Ici le te rme d’ « é qu i l i b re » soulèvequ e l ques difficultés, étant donné qu’ il suggère

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que les moyens d’ ex i s tence des pauvres sontqu e l que peu stables alors qu’ en fait, ces bienssont vulnérables aux chocs qui peuvent re nve r-ser une situation fragile. Il suggère aussi que lespersonnes pauvres te n tent de met t re la sécuri t éen pri o rité au lieu de l’ accumulation de stra t é-gies qui les fe raient sortir de la pauvreté, alorsqu ’ a t t e i n d re la vraie sécurité est ce qui d’ ha-bitude perm et plus ta rd de pre n d re des déci-sions en faveur de l’ accumulation. Cependant,la question de re ch e rche en relation avec la poli-t i que est de savoir si les personnes ch ro n i qu e-ment pauvres peuvent d’ une façon ou d’ unea u t re bénéficier des opportunités ex i s ta n tes, et sinon, quelles opportunités alte rn a t i ves peuve n tê t re réellement disponibles. Ceci évite le dangerde dénaturer les stratégies des gens, que nousnous devons d’ étudier et comp re n d re plutôtque de déduire (d’ où l’ imp o rtance de lare ch e rche qu a l i ta t i ve ) .

Dans les sociétés agra i res sujet tes à las é ch e resse, le bétail re p r é s e n te une stratégie fo n-d a m e n tale, parce qu’ il se multiplie nature l l e-ment. La perte de tout le bétail signifie qu’ il fa u-d rait le ra ch eter à des prix d’ après-séch e re s s equi sont plus élevés. L’ e xclusion ou l’ incapa-cité à posséder du bétail constitue un handicaps é v è re dans ces communautés, causé par l’ en-d et tement stru c t u rel ou le genre, par exe mp l e .Dans des économies agricoles moins ori e n t é e svers l’ élevage, d’ autres biens peuvent aussiê t re « e n t rete n u s » – les arbres par exe mp l e .A mesure que les sociétés « d é s a g ra ri e n t »l’ accès à et la réussite en éducation et que lefait de tro u ver une place pro d u c t i ve dans l’ éco-nomie urbaine (la maison, le voisinage et let ra n s p o rt) pourrait arri ver à re mplacer le béta i lou les arbres en tant qu’ éléments majeurs debiens re n o u ve l a b l e s .

Le fait de perc evoir la fo rce de trava i lcomme un bien potentiel conduit à des conclu-sions politiques diff é re n tes par ra p p o rt au fait depenser seulement en te rmes d’ insécurité ou ded i s c rimination. Les mesures pour s’ assurer qu ela population est en bonne santé, fo rte et édu-quée et fo rmée corre c tement dev raient être pla-cées en pri o rité; là où l’ accent est mis sur la dis-c rimination, la législation et d’ autres mécanis-mes dev rait bénéficier d’ une attention part i c u-l i è re ; concernant l’ insécurité, la créationd ’ e m plois et la sécurité de l’ emploi dev ra i e n tê t re au cœur de la politique. C e rtaines politiques (telles que la prote c t i o n

sociale) pourraient appuyer to u tes les appro-ches en même te mp s .

Donc, l’ insécurité cara c t é rise la pau-v reté persista n te les pauvres (et les autres) réa-gissent rationnellement aux situations de ri s qu eavec des stratégies (ou des comp o rtements) qu ip e u vent freiner ou pas leurs occasions de réali-ser des progrès. La vulnérabilité à to u tes fo rm e sde ri s ques, mais plus part i c u l i è rement aux situa-tions de stress de la vie qui sont plus ou moinsprévisibles – mariage, naissance, maladie, han-dicap, décès – sous-tend à la fois, la traj e c to i rede la mobilité descendante en général dans lap a u v reté, mais aussi re s t reint les possibilités det ro u ver des stratégies et des voies de sortie de lap a u v reté. Selon l’ OIT, il y a plus de 500 mil-lions de « t ravailleurs pauvre s » – qui trava i l-lent mais gagnent moins de 1$US/jour – et cen o m b re va croissant sans une plus fo rte cro i s-sance économique que celle que nous pré-voyons actuellement, ou sans une pro p o rt i o nplus élevée que la moyenne de la part de lac roissance économique allouée aux pauvre s .On pourrait penser que le schéma de la cro i s-sance que nous voyons maintenant donne moinsde sécurité que par le passé, étant donné que leséconomies plus ouve rtes, avec une cro i s s a n c ep otentiellement plus rapide, sont plus ex p o s é e saux chocs économiques qui ont des origines endehors des fro n t i è res nationales. Cependant, lesp re u ves justifiant cela suggèrent que les écono-mies ouve rtes peuvent souff rir le moins de l’ en-volée des prix que les économies fe rmées (Lu t zet Singer 19 94; Wi n ters, McCulloch et Mc Kay2 0 04 ) .

On a fo rt justement signalé (Prow s e ,2003:32-3) que les conséquences de la vulnéra-bilité sont potentiellement imp o rta n tes pour cequi est de distinguer la pauvreté ch ro n i que de lap a u v reté tra n s i to i re. En dehors de la vieille idéede l’ aversion qu’ on épro u ve pour le ri s que, etdu faible niveau de rendement des activités éco-n o m i ques qui en résulte, les conséquences peu-vent aussi être incorp o ration d’ aspects négatifs,et la résignation. Les personnes pauvres agissentrationnellement pour réduire leur vulnéra b i l i t é ,mais pourraient ne pas pouvoir défier les cir-c o n s tances sous-jacentes qui les pro d u i s e n t .Elles pourraient disposer de peu de choix poura d o pter un comp o rtement (ex. devenir client)qui peut être cri t i qué comme ayant « peur duri s qu e » et forçant à l’ accumulation, mais ce

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c o mp o rtement peut en fait fo u rnir la base pourune amélioration subséqu e n te du statut ou dub i e n - ê t re. C’ est une question emp i ri que que des avoir comment cet te situation se passe. DansWood (2003), on a identifié des comp ro m i s ,alors que dans du Toit (2005), les sentiers de lamobilité ascendante chez les fe rmiers Sud-afri-cains étaient précisément basés sur la re l a t i o nc l i e n t é l i s te. Ce ne sont pas les pauvres qui ch o i-sissent de re s ter pauvres, mais c’ est plutôt lesrelations économiques dans lesquelles ils sontpris qui contraignent leur organisation às ’ é c happer de la pauvret é .

Dans le document thématique deB a rri e n tos (2007: 15) sur la vulnérabilité et lespièges de la pauvreté, il aboutit à la conclusions u i va n te :Il y a un va s te faisceau de pre u ves suggéra n tque les cas de pauvreté augmentent à la mesuredes sto cks non assurés. Il y a bien moins d’ ac-c o rd sur la question de savoir si les sto cks ontdes effets durables et à long te rme qui condui-sent vers les trappes de la pauvreté.

La littéra t u re emp i ri que assez limitée sug-g è re que les familles affectées peuvent se re m et-t re d’ un choc, mais que les familles affe c t é e sde grands chocs prennent beaucoup plus dete mps à se re m et t re, ce qui suggère un lien entrela vulnérabilité et les pièges de la pauvreté. Lepoint obscur de la littéra t u re « qu a n t i ta t i ve »est l’ effet des répercussions de la vulnéra b i l i t ésur les stratégies des ménages qui mènent à lap a u v reté persista n te .Une cri t i que plus appro fondie de la qu e s t i o nc o n c e rne la mesure à laquelle ce sont les vulné-rabilités multiples qui ex p l i quent spécifi qu e m e n tla pauvreté ch ro n i que. La plupart des trava u xd ’ e n q u ê te sur la vulnérabilité ont tendance àexaminer les chocs isolés et les vulnérabilités (etsur un petit nombre de biens). On a besoin demodèles plus ri ches de pauvreté persista n te qu idonnent de l’ espace à une gamme plus largede vulnérabilités et à leurs inte ractions pour fo u r-nir des explications potentielles. De tels modèlesp o u rraient aussi donner une plus grande lati-tude aux organisations et aux fa c teurs non-éco-n o m i ques. Cela perm et t rait aussi des re c o m m a n-dations d’ ord re politique sur les combinaisonset séquences de mesures contre la vulnéra b i l i t é ,au contra i re des inte rventions uniques, qui sonthabituellement le point focal de la plupart desrecherches. Ce modèle est esquissé dansB a rri e n tos (2007 ) .

Des conflits de diff é re n tes sortes re p r é-s e n tent une fo rme énorme et pri m o rdiale d’ in-s é c u rité pour plusieurs personnes pauvres, etl’ une de celles-ci est difficile à aborder à trave r sles stratégies au niveau de l’ individu ou de lafamille. De sérieux conflits ex i s tent à plusieursn i veaux – violence domestique, dissidence ausein de la communauté, conflits eth n i ques ou re l i-gieux et guerre civile étant les plus fréqu e n te s .Ab o rder les fo rmes préva l e n tes et préjudiciablesdes conflits, est dans beaucoup de situationsl’ action publique la plus signifi c a t i ve qui peutê t re entre p ri s e .

Alors que les conflits sur de gra n d e sé chelles fo rcent l’ engagement dans le mondep o l i t i que, les petits conflits bien que « p et i t s » ,p e u vent avoir néanmoins de grandes ra m i fi c a-tions en te rmes d’ incapacités engendrées et dep e rtes soutenues et ont ra rement le centre d’ in-térêt des discussions dans les politiques de déve-loppement. Les dommages collatéraux infl i g é saux réseaux sociaux et aux imp o rta n tes re l a-tions, aux valeurs sociales, et au bien-être men-tal et émotionnel des gens peuvent être assezi mp o rtants. L’ utilisation de la violence pourexc l u re ou inclure négativement des personneset pour re d i s t ribuer des biens, et les résultats ente rmes de pauvreté et de pri vations sont des pro-cessus qui peuvent être imp o rtants pour la com-préhension des dynamiques de la pauvreté et dela pauvreté ch ro n i qu e .

R é s i l i e n c e

C’ est une tâche maj e u re pour le CPRCque d’ identifier les pré re quis pour une mobilitéa s c e n d a n te qui fe rait sortir de la pauvreté ch ro-n i que. Sans doute, arri ver à la déte rm i n a t i o ndes moyens de subsistance – la possibilité defa i re face aux chocs sans dommage dura b l eaux moyens de subsistance – est une base cri t i-que pour inte rro mp re et prévenir la pauvret éch ro n i que. Dans ce document, nous avons déjàfait référence à la déte rmination socio psych o l o-g i que des individus face à l’ adversité ; ici c’ estla déte rmination des systèmes de subsistance qu inous intéresse – au niveau des maisons, de lacommunauté, de la région et au niveau économi-que le plus large, ce qui se traduit par la capa-cité de se re m et t re des ch o c s .

Par exemple, la volonté de vivrel o r s qu’ une mauvaise santé découle du fait dene pas avoir à sa disposition des biens liqu i d e s

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et d’ être privé de l’ accès (souvent onéreux) àd ’ a u t r es re s s o u rces à travers les réseauxsociaux, mais aussi de façons de gérer la mau-vaise santé, et d’ accéder aux coûts et tra i te-ments. En d’ autres te rmes, la déte rmination àv i v re peut être affectée signifi c a t i vement par lamise à disposition de services (publics) de qu a-lité. De la même manière, les systèmes de prote c-tion sociale peuvent apporter une assura n c ec o n s i d é rable que les dépenses de base (ex. surl’ éducation) continueront à être assumées,même en cas de chocs ou de stress. Cela vaavoir un effet d’ implication sur le comp o rte-ment (garder les enfants à l’ école pendant lesp é riodes de crise), aussi bien qu’ au nive a udes organisations réalisées (décision d’ emme-ner les enfants à l’ école).

Politique et Po u voir : l’ e xclusion sociale

Une pre m i è re version de ce documentavait ajouté une autre définition possible de lap a u v reté ch ro n i que.

Les ch ro n i quement pauvres sont ces per-sonnes prises dans les pièges de l’ inégalitésociale qui sont tellement injustes qu’ il n’ y aaucune possibilité, ou des possibilités limitéesd’ ascension sociale et de mobilité économiqu e ,de sorte qu’ ils épro u vent de façon persista n te dehauts niveaux de pauvreté. Ces pièges de l’ iné-galité peuvent se situer au niveau national oui n te rnational, mais dans certains cas se situent aun i veau local, communauta i re, et peuvent même set ro u ver dans les fa m i l l e s .

Cependant, dans le cadre conceptuel pré-sent, les pièges de la pauvreté comme les re l a-tions socio-économiques et politiques re nvoient àla fois, à l’ explication de la pauvreté ch ro n i qu eet de ses effets, plutôt au niveau de la défi n i t i o ndu problème. Cela perm et d’ éviter de confo n d rela pauvreté ch ro n i que avec, par exe mple, la pau-v reté stru c t u relle, laissant ouve rte la possibilitéque la pauvreté ch ro n i que n’ est pas nécessaire-ment liée à la position sociale, mais dans certa i n e ssituations peut re fl é ter une faible croissance éco-n o m i que et en conséquence, une politique derevenus et des dépenses publiques inadéqu a te s ,sans aucune barri è re inhére n te à la part i c i p a t i o n .

Il y a une compréhension claire de la cen-t ralité de la politique et du pouvoir par ra p p o rt àla pauvreté et au développement, tous deux ente rmes de la manière dont la politique nationaleou inte rnationale peut influencer le large ch a mp

du changement socio-économique histo ri qu e ,p o s i t i vement et négativement, et plus spécifi qu e-ment en te rmes de politique de l’ état déve l o p p e-m e n tal en fo rmant créativement des processus dec roissance d’ économie de marché et de réduc-tion de la pauvreté, contra i rement à ceux des «re n t i e r s » , « ex t ra c t i f s »ou «klepto c ra t i c s » enc o n s e rvant les stru c t u res qui perpétuent la pau-v reté de la maj o rité. La politique régionale etlocale déte rmine également la mesure dansl a quelle des individus peuvent être emp ri s o n n é sdans des relations sociales pauvres. Dans cess t ru c t u res politiques hautement malicieuses et pro-c é d u res qui leur sont associées, se tro u vent le pou-voir re l a t i vement contraint et l’ entremise des indi-vidus, des ménages, de communautés et de gro u-pes sociaux plus larges. L’ a n a l yse « des re l a-tions sociales politiquement bien éta b l i e s(ménage, communauté, nationale et inte rn a t i o-nale) qui oeuvrent pour pro d u i re les effets qu iconstituent l’ ex p é rience de la pauvreté ch ro n i-que fo u rnit les moyens d’ un potentiel poura p p ro fondir la compréhension et le guidage del ’ a c t i o n » (Hickey et Bra cking, 2005:876 ) .

Le CPRC s’ est emparé partiellement deces problèmes par une analyse de l’ exc l u s i o nsociale à partir du courant dominant, un pro d u i td ’ h i s t o i res part i c u l i è res d’ inte ractions entrel ’ E t at, les politiques et les dispositions institution-nelles, et les groupes sociaux et les lieux.L’ e xclusion sociale est un concept puissant dansles pays en développement, part i c u l i è re m e n tdans les nombreuses situations où il ex i s te desvoies fo rtement déte rminées vers des stru c t u re sd ’ e xclusion affe c tant de fo rtes minorités desm i n o rités régulières (ex. les populations indigènes,les noirs Sud-africains). De tels groupes sont stru c-t u rellement exclus, et s’ engagent dans une lutteà long te rme pour une inclusion équ i table dans lavie politique, économique et sociale.

D ’ a u t r e groupes peuvent se sentir exc l u sen général – là où les systèmes politiques allouentde maigres re s s o u rces par une appro che du «gagnant ra fle to u t », les groupes alliés avec lesp a rties d’ opposition réagissent contre ce qu ’ i l sp e r ç o i vent comme une exclusion. Alors que ced e rnier processus sous-tend la volatilité et la fra g i-lité de beaucoup de systèmes politiques, l’ exc l u-sion stru c t u relle est politiquement « plus pro-fo n d e », car il faut un niveau beaucoup plusg rand d’ organisation politique pour emmenerun parti politique au sommet de la politique natio-nale (ex. en Bolivie; Encadré 7).

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Lazar et McNeish (2006)esquissent dans une sectionde leur édition spéciale du

« The Bulletin of Latin AmericaResearch » (Le bulletin deRecherches sur l’Amérique latine)le déroulement de ce processusen Bolivie. Ils notent qu’il y a eu«une longue histoire de privationde la majorité d’une vraieinfluence en politique, en dépitde l’existence de procéduresdémocratiques formelles » (159).Plus loin, ils décrivent comment«la représentation déficiente s’estcombinée avec les traditions decorruption de l’Etat, l’incompé-

tence et « la conclusion d’ac-cords » entre les partis politiquespour produire un manque sévèrede confiance des boliviens ordi-naires envers la politique. Parconséquent, le processus politi-que est devenu un champ de dis-cours féroces et radicalisés et denégociations forcées… » (158)…bien qu’il y ait encore « un dia-logue avec l’état dans un cycledémocratique de protestationorganisée – négociation –accord – cassation de quelquespromesses de la part du gouver-nement – encore protestation »(159). La cassation de ce cycle a

finalement conduit à des élec-tions anticipées qui ont remis aupouvoir Evo Morales et leMovimento Al Socialismo enDécembre 2005. En soubasse-ment de cette histoire récente, ily a des notions d’indigénat quisont devenues de plus en pluspuissantes et attrayantes politi-quement, avec un nombre crois-sant de personnes s’identifiantcomme indigènes. L’idée est plusou moins inclusive selon lemouvement politique.

Source: Lazar and McNeish(2006).

La politique d’inclusion de la BolivieENCADRÉ 7 :

Au-delà du cadre de base:

Pièges de la Pa u v reté et incorpora -tion défa v o rable – Un point de re n c o n t rei n t e rd i s c i p l i n a i re ?

En économie, il ex i s te un nombre de plusen plus grandissant de tex tes sur les façons dontles pièges de la pauvreté de faible équ i l i b re secombinent avec la vulnérabilité, la non prote c t i o nc o n t re les ri s ques et le faible niveau des bienspour générer de faibles revenus. Les pièges de lap a u v reté sont une façon de révéler et de com-p re n d re ce qui fait que les pauvres re s tent pau-v re s .

Ces tex tes apportent un certain appui àune partie du cadre conceptuel proposé dansc et te étude. En sociologie, il ex i s te un plus pet i tn o m b re d’ études sur l’ incorp o ration défavo ra-ble – relations entre pauvres et non pauvre sc o n s t ru i tes sur une combinaison d’ ex p l o i ta t i o net de protection. Ici, on défend l’ idée que cesdeux concepts re p r é s e n tent des perspectives dis-c i p l i n a i res diff é re n tes du même problème. To u te sles deux appro ches sont utiles – la science éco-n o m i que peut désigner le seuil décisif de biensn é c e s s a i res dans une situation donnée pourd é c l e n cher le progrès (qu o i que l’ identifi c a t i o ndu seuil spécifi que est pleine de difficultés). Lasociologie peut indiquer comment les personnesa s s u rent un minimum d’ économie et de sécuri t é

personnelle à travers les relations sociales qui ontun coût en te rmes de possibilités d’ entremise etd ’ a c c u m u l a t i o n .

Les pièges de la pauvreté font que lesp a u v res re s tent pauvres pendant une longuep é riode parce qu’ ils sont incapables de dépla-cer leurs économies d’ un bas niveau «d’ équ i-l i b re sta b l e » à un autre plus élevé, parce qu ’ i l ssont entravés par leurs dotations de biens, par cequ’ ils perçoivent comme un niveau économiqu eet une sécurité, et le fonctionnement des institu-tions au niveau méso et macro et les politiqu e s( B a rrett et Swa l l ow, 2006). Les familles ch ro n i-quement pauvres ont besoin d’ un imp o rta n t« choc économique positif », ou d’ un coup depouce, pour les mener à un niveau «seuil » deleurs avoirs à partir duquel elles pourraient net te-ment entamer une mobilité ascendante au-dessusde la ligne de pauvreté. Elles auront aussi besoind’ un env i ronnement où des fi l ets de sécuri t éa rr ê te raient leurs ch u tes vers le bas niveau des tabilité d’ où elles sont parties, et où les institu-tions fonctionnaient assez bien pour s’ assure rque les augmentations de biens vont génére rassez de reve n u s .

Cela imp l i que d’ avoir les moyens de définir etde mesurer la pauvreté ch ro n i que – si nouss avons quels sont les biens essentiels et le nive a useuil de chacun des biens, nous pouvons prédire

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quelles familles (et à des degrés plus élev é sd ’ a n a l yse, quelles communautés, régions etquels pays) vont re s ter dans une pauvreté persis-ta n te jusqu’ à ce que les conditions changent. Lefait de spécifier le niveau seuil des avoirs dansd i ff é rents contex tes devient donc un défi maj e u rpour les ch e rcheurs qui veulent identifier les ch e-mins qui mènent hors de la pauvret é .C o mp re n d re le rôle des avoirs dans les dynami-ques de la pauvreté est un imp o rtant pro g ra m m ede re ch e rche pour le CPRC pendant la péri o d e2 0 0 5 - 10. L’ encadré 8 illustre ce type de trava i l .

E x i s te-t-il des seuils potentiellement géné-ralisables? C’ est inv raisemblable, étant donnéque les biens essentiels va rient suivant lec o n tex te. Cependant, dans des env i ro n n e m e n t sc o mp a rables, il est possible que les nive a u x

seuils des avoirs puissent être généralisés au-delàd’ une région ou d’ un Etat nation. Par exe m-ple, dans la région agra i re sahélienne, où lesécologies sont continues et les marchés re l a t i ve-ment intégrés au-delà des fro n t i è res nationales, ilpeut être possible de fa i re des généralisations surle seuil de biens en bétail. Pa rmi d’ autres situa-tions où la généralisation pourrait être possible àun certain degré, on peut citer le sud del ’ A f ri que qui a une économie centrée surl ’ A f ri que du Sud, une histo i re commune de tra-vail et de marché des te rre s s t ructurées par lecolonialisme, et l’ absence commune d’ unv i b rant secteur info rmel; et l’ Asie du Sud, oùune maj o rité de ch ro n i quement pauvres sont dest ravailleurs te mp o ra i res et le plus souvent desé m i g rants ayant peu de biens et victimes de dis-c rimination sur la base des castes ou des tri b u s .

ENCADRÉ 8 :

Identification des biens essentiels et du seuil des avoirs

Le travail publié par BASIS àl’Université de Wisconsin a identi-fié les biens fondamentaux sui-vants dans différents contextes. Onne peut pas dire que sans la réalisa-tion de ces biens fondamentaux, ilest impossible de faire des progrès,mais on peut dire que sans leurprésence, le progrès est bien moinsp r o b a b l e .• Au nord du Kenya, là où la tailledes fermes ou des troupeauxs ’ a m e n u i sait, la réussite dans l’édu-cation était fortement corrélée avecle niveau et la stabilité des dépen-ses familiales, par la création d’ac-cès à des emplois non agricoles. Endépit de cela, les prêts et transfertsdestinés à l’éducation étaient pres-que non-existants. (BASIS CRSP,2 0 0 3 )• Dans la région du Sud Wollo enEthiopie, la possession de terre esttrès répandue, mais c’est la posses-sion de bétails qui a un effet parti-culièrement positif sur la sécuritéalimentaire et sur le bien-être. Lesfamilles ayant moins de deuxUnités de Bétail Tropical [Tr o p i c a lL i v e s t o ck Units] (TLU) étaientpauvres; celles qui avaient moinsde quatre TLU étaient vulnérablesà la pauvreté. Curieusement, lesfamilles dirigées par des femmesse sont remises plus rapidement de

la sécheresse de la fin des années1990 à 2000-2 en dépit de leursniveaux de biens en moyenne plusfaibles que ceux des ménages diri-gés par des hommes, car ces der-niers étaient engagés dans des acti-vités professionnelles non-agrairescomme le petit commerce, le bras-sage, l’artisanat, et recevaient desrentes. (Little et al, 2004)• Dans la région nord-est duGhana, la taille des familles avaitune grande importance – les gran-des familles avaient beaucoup demain d’oeuvres masculines, et pou-vaient se dispenser de travaillerpour émigrer sans s’appauvrir. Lesstratégies de grande rentabilité decertains bétails (par ex. culture derente) étaient de plus en plus réser-vées au petit groupe de grandesfamilles qui disposent des ressour-ces significatives en bétails, oud’un salaire de travailleur du sec-teur formel. (Whitehead, 2004)• Dans le Kw a z u l u -Natal enAfrique du Sud, Adato, Carter etMay (2006) ont combiné l’analysede deux séries de données der e ch e r ches (1993, 1998) qualitativespour trouver que les familles ayantune base de biens qu’on espèreproduire moins de deux fois, laligne de pauvreté va sombrer dansle piège du bas niveau de la pau-

vreté, alors qu’on peut prévoir queles familles au-dessus de ce seuilvont augmenter leurs biens et leurbien-être. En plus de ce piège de lapauvreté de faible dotation initialede biens, Woolard et Klasen (2005)ont identifié des pièges dûs à degrande taille de familles de départ,de bas niveau d’éducation initial etde faible accès à l’emploi audépart. Cependant, des analysesrécentes de la troisième vague(2004) des données KIDS suggèreque la seule faiblesse du niveaud’éducation initial continue à agirpour enfermer les familles dans lapauvreté (May et Woolard, à paraî-tre). Pendant les années 1990, lecapital social a eu à jouer plusieursrôles: Il a aidé les pauvres à éviterla misère; mais n’a pas pu les aiderà s’échapper de la pauvreté – parceque les pauvres n’étaient pas socia-lement connectés aux pas-pauvres,qui auraient pu être en mesure deles aider. Au contraire, pour lesstructurellement pas-pauvres, lesréseaux sociaux ont été d’un grandsecours pour l’accumulation plussoutenue de biens. Un importantfacteur contextuel en Afrique duSud est le secteur informel faible-ment développé qui fournit trèspeu d’opportunités substantiellespour le progrès matériel.

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L’ i n c o r p o ration défavo rable fait réfé-rence aux relations d’ ex p l o i tation – où lesrelations perm et tent à un parti de fa i re desp ro fits et d’ accumuler des capitaux alorsque l’ autre parti gagne un salaire qui peutou ne pas augmenter au fil du te mps, selon lap roductivité du travail; plus largement à desensembles de relations sociales, politiques oué c o n o m i ques qui tirent les personnes vers lebas, y comp ris des relations de dépendancevis-à-vis de patrons (qu e l qu e fois sous la fo rm ed ’ a u t o rités locales) pour la sécurité (Wo o d ,2003), y comp ris à travers des ghet to d’ ha-b i tations sociales de basse qu a l i t é .

L’ Encadré 9 illustre cet te combinaison pourles travailleurs émigrants dans le nord - o u e s tde l’ Inde. Une pro p o rtion signifi c a t i ve det ravailleurs émigrants en Inde est enfe rm é edans la pauvreté, par des relations d’ incor-p o ration défavo rables qui sous-tendent leursbas salaires et leur perpétuelle vulnéra b i l i t é .Cependant, d’ autres réussissent à émergerdes relations clientélistes et à entrer dans dest raj e c to i res d’ accumulation – une base pourl ’ o p timisme ambiant autour de la contri b u-tion de l’ immigration à la réduction de lap a u v reté (Deshingka r, 2006; McDowell et deHaan, 19 97).

L’ étude contri b u to i re sur l’ incorp o ra-tion défavo rable et l’ exclusion sociale parH i ckey et du Toit (2007) défend l’ idée qu el ’ e xclusion sociale et l’ incorp o ration d’ élé-ments négatifs étaient à l’ origine développé entant que concepts distincts, le pre m i e r, une idéerésiduelle et distri b u t i o n n a l i s te, le dern i e r, entant que concept re l a t i o n n e l .Cependant, durant la dern i è re décennie, desa u teurs sur l’ exclusion sociale dans le sud ontde plus en plus examiné l’ ex p é rience de ladomination des éléments ex t é rieurs – la base

relationnelle et les retombées de l’ exc l u s i o n .Tout en reconnaissant qu’ en pra t i que, ils opè-rent souvent simultanément et ch e rchent à met t rel’ accent sur plusieurs des mêmes problèmes dup o u voir « et les façons dont des groupes part i-culiers ou des individus se joignent à de plusg rands ensembles sociaux », ce présent docu-ment, comme celui de Hickey et du Toit, vo i tqu’ il est imp o rtant de maintenir un degré dedistinction entre les deux ensembles du pro c e s-sus, tout en menant des investigations sur leuri n te raction en pra t i que.

Les travailleurs immi-grants au nord-ouest de l’Inde sontconfrontés aux

dures conditions du marché du tra-vail dans lequel le problème fonda-mental qu’ils doivent gérer est larareté du travail. « …Les immi-grants recherchent obstinément lasécurité, pas en alliance avec les par-tis progressistes de l’Etat, les syndi-cats ou les ONG, mais à avec leurspatrons et exploiteurs », les contrac-tants-employeurs. … « On trouveparmi leurs plus intimes exploiteursles mukkadams – meneurs de grou-pes, contremaîtres ou courtiers detravail » (3032). Les migrants sontréticents à engager une quelconqueaction judiciaire contre eux, et de seplaindre ou de s’organiser.

Ceci, en dépit de l’infrastructure ins-titutionnelle considérable consacréeà l’amélioration des conditions destravailleurs immigrants, avec la légis-lation, les syndicats et les program-mes des ONG qui interviennentdans ce secteur. En soubassement,est le fait que les travailleurs immi-grants ne sont pas devenus un corpsélectoral pour les …départementsdu travail, les syndicats, les autoritésmunicipales ou les partis politiques– Ils n’ont pas le droit de vote, necontribuent pas en revenus, et nepaient pas des cotisations; ils nesont pas des consommateurs ou desclients, et leurs intérêts n’ont pasréussi à être des armes dans labataille des professionnels de l’arènepolitique [Bourdieu 1991:188 citédans Gledhill 1994:139]. Faire des

conditions des travailleurs immi-grants une question morale et politi-que est la base sur laquelle les immi-grants pourraient exercer uneinfluence en inscrivant des intérêtségalitaires, à travers des coalitionspro-pauvres, et à partir de compéti-tions entre groupes d’élites [Mooreet Putzel 2000]. Aujourd’hui, c’est làune perspective éloignée. (3031) siles forts taux de croissance économi-que sont maintenus en Inde, et si lademande en main-d’oeuvre devientplus soutenue, il se pourrait qu’ildevienne progressivement plus facilepour les travailleurs immigrants derelever le défi de ces « termes d’ex-ploitation ».

Source: Mosse, Gupta and Shah, 2005.

ENCADRÉ 9 :

Travailleurs immigrants Négativement Incorporés en Inde

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Alors que l’ incorp o ration défavo ra b l ea t t i re not re attention sur les aspects négatifs del’ inclusion précédemment négligés, il est aussisans doute crucial d’ examiner les fo rmes ete ffets potentiellement positifs. L’ a p p a r te n a n c eà un groupe peut souvent dire avoir accès auxbiens matériels, services ou à des opport u n i t é sdont ils ont été privés dans le passé. Pluse n c o re, ce qui a été le travail de tous les jourspour les sociologues et les anth ropologues pen-dant des dizaines d’ années devient mainte-nant de plus en plus une cause entendue ch e zc e rtains économistes aussi – La th é o rie deD u rlauf sur « l ’ a p p a r tenance à la pauvret é »( 1999; 2006), par exe mple, défend l’ idée qu eles groupes socioéconomiques ont des effet sm e s u rables sur les acquis individuels19, parl ’ e n t r emise de mécanismes tels que celui desr é f é rences et des groupes de pairs. Par exe m-ple, si les références ne gagnent pas de hautss a l a i res, les aspirations des jeunes gens pour-raient être limitées. Les atte n tes des pairs pour-raient re n fo rcer le langage ou le comp o rte m e n tqui pourrait être perçus comme déviant, dys-fonctionnel ou imp roductif par les acteurs qu iont le pouvoir (ex. les emp l oyeurs). Et inve r s e-ment, les pressions des modèles positifs et desg roupes de pairs peuvent ex p l i quer la mobilitéa s c e n d a n te. Ce qui manque dans les analy s e sé c o n o m i ques telles que celles de Durlauf, est lan otion d’ une stru c t u re sociale dynamiqu e ,bien qu’ on puisse la sentir comme imp l i qu é edans la notion que les perc e ptions des acte u r squi détiennent le pouvoir dans le courant écono-m i que dominant ont un rôle à jouer dans lad é te rmination des acquis individuels.

L’ a p p a r tenance à un groupe est aussila base pour une action collective, qui peut êtreune partie essentielle du changement duc o n tex te institutionnel en faveur des couch e sd é favo risées (voir ci-dessous). Au mêmemoment, il y a la reconnaissance que les vo i e sde sortie de la pauvreté ch ro n i que basées sur leg roupe peuvent être bloquées étant donné qu ede plus en plus, les groupes sont confrontés àune série de défis dans les communautés qu is ’ u n i v ersalisent rapidement et qui entrent dansla catégorie de communautés dominées par lem a rché (voir par exe mple Heye r, Stewa rt etT h o rp, 2002).

Une absence de la re p r é s e n tation de lap o l i t i que tra n s fo rmationnelle (« e s p a c e » poli-t i que), qui pourrait apporter une base sécuri-ta i re pour tous, veut dire que les personnesch ro n i quement pauvres ont souvent peu d’ op-tions sinon que de retomber sur les relations lesplus immédiates pour leur apporter la sécuri t é .Pa ra d oxalement, la politique tra n s fo rm a t i o n-nelle, comme c’ est le cas en Afri que du Sud,peut aussi contribuer à l’ incorp o ration défavo-rable économique – comme la relation pate r-n a l i s te dans le travail se traduit en arra n g e-ments info rmels sur les salaires, en réponse auxconditions générales d’ une économie en muta-tion et d’ une législation du travail appare m-ment pro g re s s i s te (du Toit, 2004 ) .

Ici, l’ idée sous-jacente est que la pau-v reté ch ro n i que peut être institutionnalisée ave cdes normes, des relations sociales et des pro-cessus, et que les politiques « re p r é s e n ta t i o n-n e l l e s » ne sont probablement pas en mesurede re l ever ce défi pour diff é re n tes ra i s o n s .D ’ a b o r d, parmi les organisations de la sociétécivile, seules les organisations basées sur lesp l a i n tes ou le plaidoyer sont pote n t i e l l e m e n tdes re p r é s e n tations effe c t i ves. Ensuite, peu dep a rtis politiques sont capables de se fo c a l i s e rsur les intérêts des plus pauvres avec le te mps –d i s t raits par une « p o l i t i que de juste milieu » ;et troisièmement, les élites nationales localesp e u vent être antith é t i ques par ra p p o rt auxaspects de changements re quis pour inte rro m-p re la pauvreté ch ro n i que (Hickey et Bra ck i n g ,2 0 0 5 : 8 57-9). Les politiques re p r é s e n ta t i o n n e l-les pourraient être plus à même de se fo c a l i s e rsur les aspects tra n s versaux de la pauvret éch ro n i que (part i c u l i è rement sur les aspects inte r-g é n é rationnels), centrés sur l’ éducation, led roit des femmes démunies, ou l’ emploi desjeunes par exe mp l e .

La combinaison des analyses en te rm e sde pièges de la pauvreté et des relations socia-les, économiques et politiques, pense-t-on, varehausser les explications de la pauvreté persis-ta n te et des dynamiques de la pauvreté qu el’ on observe. Re c o n n a î t r e l’ imp o rtance desrelations sociales et de la stru c t u re sociale qu isont en pleine mutation est nécessairement à labase de la bonne compréhension de la mobilités o c i o - é c o n o m i qu e .

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Trois aspects du contex te général enm u tation constituent des ingrédients vitaux den ot re cadre conceptuel :

• Les institutions ch a n g e a n tes de l’ Eta t ,du marché et de la société civile;

• Les mutations démogra p h i ques; • L’ é v olution de l’ inégalité.

Les normes, valeurs et comp o rte m e n t sa c quis (à la fois au niveau individuel et social)a u tour de chacun des ces contex tes ch a n g e a n t ssont essentiels dans la façon dont ils se tra d u i s e n ten tendances plus ou moins imp o rta n tes deréduction de la pauvreté. Une re p r é s e n ta t i o nsous fo rme de diagramme est présentée par lesFi g u res 5a (ex p l i quer la pauvreté ch ro n i que) et5b (ex p l i quer les sorties de la pauvreté ch ro n i-que). La plus grande partie du matériel dec o n tex te est évidente – manife s tement, les insti-tutions et valeurs, et le changement dans cesdomaines sont imp o rtants pour ex p l i quer virt u e l-lement tous les changements sociaux. Cela esta c c e pté largement à travers to u tes les disciplines,même si les institutions ont été conçues de diff é-re n tes façons (Scott, 19 9 5 ) .

Les processus conduisant à un ch a n g e-ment institutionnel significatif avec le pote n t i e ld ’ a l t é r er les te rmes de l’ exclusion, la nature del ’ a p p a r tenance à un groupe, et les te rm e sd ’ i n c o r p o ration, sont encore mal connus.D ’ a u t r e part, il y a un grand ch a mp de l’ his-to i re (par exe mple, les comp a raisons entre diff é-re n tes économies coloniales et leurs très diff é re n-tes conséquences à long te rme (Ac e m o g l u ,Johnson et Robinson, 2002)), et le ch a mp moinslarge de l’ histo i re des localités (par exe mp l e ,les comp a raisons entre ces localités dans l’ Indecoloniale où on accordait aux zamindari (pro-p ri é ta i res te rriens) le pouvoir de prélever desta xes sur les qu a rtiers non-zamindari, qui généra-lement se portent mieux dans l’ Inde d’ aprèsindépendance (Banerjee et Iye r, 2002)).D ’ a u t r e part, il y a des processus de muta t i o nsociales et politiques qui conduisent à des réfo r-mes et même à des révolutions, qui to u tes lesdeux donnent naissance à des « n o u ve l l e srègles du jeu ».

Les mouvements sociaux et l’ action col-l e c t i ve sont essentiels pour un changement social.Les mouvements s’ adressent ra rement dire c te-ment à la pauvreté ch ro n i que ou à ses causesi m m é d i a tes (ex. absence de biens, insécuri t é ) ,qu o i qu’ ils défient les systèmes politiques et lesinstitutions sur lesquels sont basés la distri b u t i o ndes biens20. Les organisations de la société civileou les ONG peuvent avoir plus de tradition de

t ra i ter les problèmes immédiats (Bebbingto n ,2006). Cependant, alors que le ch a n g e-ment institutionnel est souvent un élément imp o r-tant du démantèlement des pièges de la sociétéou du changement de types de relations socio-é c o n o m i ques, re n d re compte des mutations insti-tutionnelles n’ est pas une chose aisée. Les mou-vements jouent certainement un rôle, mais l’ ac-tion collective peut être spora d i que. Une th é o ri ed é veloppée par Bowles (2006) constru i te sur lath é o rie évo l u t i o n n a i re et une th é o rie de l’ actionc o l l e c t i ve a proposé que “ les niveaux modérésd’ inégalité peuvent être insuffisants pour justifi e rune action collective par n’ imp o rte quel gro u p ede pauvres, alors que les conventions cara c t é ri-sées par des niveaux extrêmes d’ inégalité peu-vent être mues seulement par des actions collecti-ves appuyées par de grandes factions de pau-v res” . Cela suggère que l’ incorp o ration défa-vo rable en elle-même ne va pas nécessaire m e n te n g e n d rer des mouvements sociaux pro g re s s i f s .Cependant, l’ histo i re des changements institu-tionnels, enre g i s t re une large gamme de fa c te u r squi peuvent influencer l’ avènement d’ un «point de ru pt u re d’ équ i l i b re » qui imp l i qu e rades nouvelles dispositions institutionnelles, et dif-f é re n tes positions th é o ri ques sur comment etp o u rquoi les changements institutionnels inte r-viennent. Certaines de ces th é o ries sont re p ri s e sdans les Fi g u res 5a et 5b.

Un imp o rtant fa c teur contextuel plus pro-fond est la distribution du changement démogra-p h i que – la mesure dans laquelle les familles desn o n - p a u v res vulnérables, des pauvres et desch ro n i quement pauvres changent de taille etp a rt i c u l i è rement de stru c t u re, avec un taux plusé l evé de dépendance qu’ on tro u ve souve n tpour la corréler avec la pauvreté ch ro n i qu e .Cependant, le rôle des familles et de la démogra-phie qui change n’ est pas toujours évident.Cependant, la classique transition démogra p h i-que consiste à concevoir les enfants pri n c i p a l e-ment comme un moyen essentiel de sa pro s p é ri t éet de sa sécurité sociale personnelles, part i c u l i è-rement à un âge avancé, jusqu’ à considére rqu’ il y a une obligation d’ investir dans leurc a p i tal humain pour qu’ ils surv i vent et pro s p è-rent dans le futur, est une transition avec de fo r-midables implications d’ accumulation, d’ héri-tage, d’ utilisation des biens de la famille, degestion des ri s ques et d’ assurer la sécurité et estg é n é ralement positive pour la réduction de lap a u v reté. Les changements de valeurs qui sont àla base de la transition démogra p h i que peuve n tdonc influencer (indire c tement) les pro c e s s u sd ’ i n c o r p o ration économique et sociale(Encadré 10 ) .

5. LE CONTEXTE EST IMPORTANT ET EN MUTAT I O N

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Il est essentiel de connaî tre le niveau et lad i rection du changement dans l’ inégalité pourc o mp re n d re non seulement les schémas de lac roissance économique, mais aussi le cara c t è re dela mobilité économique – c’ est une idée plausiblede dire que plus le niveau d’ inégalité est gra n d ,plus il sera difficile pour les pauvres d’ émergerd u rablement de la pauvreté, étant donné qu el’ accès aux marchés dont on a besoin pour re n-fo rcer cet te émergence est difficile. Dans unesociété en développement hautement inégale, lesm a rchés du travail seront info rmatisés et off ri ro n tpeu de protection à un grand nombre de trava i l-leurs. Les familles pauvres seront exclues des mar-chés financiers, et connaî tront des conditionsn é g a t i ves pour accéder aux crédits de consomma-t i o n .

Les sociétés fo rtement inégalita i res nonseulement créent des ghet tos pour loger les ri ch e set les pauvres, mais elles peuvent aussi placer leg h et to des pauvres loin des sources d’ emp l o i s ,ou des services essentiels comme l’ eau pota b l e .L’ inclusion des pauvres pro d u c teurs dans leschaî nes de superm a rchés lucratifs est difficile dansdes cas où le marché de biens de consommationd evient concentré dans le but de servir le nombrec roissant de personnes de la haute et de lam oyenne classe – souvent la raison stru c t u relle del ’ a u g m e n t ation de l’ inégalité – par la créationde superm a rch é s .

Dans tous les cas, il est th é o ri quement pos-sible par la créativité institutionnelle d’ inclure lesp a u v res dans les opérations de ces marchés, maisen pra t i que le contex te pourrait ne pas être favo-rable ou pourrait nécessiter une considérable mot i-vation ou « re s t ru c t u ra t i o n ».

L’ inégalité socio-économique est pote n-tiellement fo rtement liée à l’ idée de la stru c t u resociale, constru i te autour de la relation entre gro u-pes (de personnes du même pays, de la mêmeclasse, de la même génération, du même genre ,d’ une même ethnie). Elle peut être math é m a t i qu e-ment analysée, au niveau des familles ato m i s é e s

(le coefficient de Gini). Mais, plus intére s s a n te n c o re, elle peut révéler des relations en muta t i o ne n t re des groupes ou des régions à l’ intéri e u rd’ un même pays (ou entre des pays). Ceci esti mp o rtant dans le contex te de l’ analyse de lamobilité socio-économique, étant donné que lamobilité se déroule à l’ intérieur d’ une stru c t u reen mutation. Dresser la carto g raphie de ce ch a n-gement est un imp o rtant aspect de la comp r é h e n-sion de la mobilité ascendante ou descendantes o u tenue, ou leur absence.

B evan (2004:28-29) fo rt justement re l è vequ’ il y a « peu de re ch e rches sérieuses porta n tsur le développement et focalisées sur la pauvret éaux niveaux méso, macro et global où on parle siabondamment « d ’ a b s e n c e s »: échecs de mar-chés, échecs de gouve rnance, échecs du serv i c epublic, besoin de bâtir le « c a p i tal social », ete n c o u rager la «société civile » … . s o u vent avec lasupposition non déclarée que ces ‘ absences’d é n otent des espaces vides qu’ il faut re mplir plu-tôt que des activités économiques, sociales, politi-ques et culturelles en cours, des relations, des stru c-t u res et des processus d’ une diff é re n te natureque celles qu’ on suppose être désira b l e s » .

Elle produit un langage spécifi que pourp a rler du contex te – the « l i fewo rl d » (l’ env i-ronnement immédiat où se déroule la vie des pau-v res gens), the « big stru c t u re » (les économiesp o l i t i ques nationales) et l’ économie politique glo-bale et la stru c t u re culturelle. Ces idées décri ve n tles niveaux d’ action et les relations qui sontv i taux pour not re pro j et. Le défi pour le CPRCc o n s i s te ra à relier les niveaux de re ch e rch e sm i c ros, individuels et sur la famille à ces plusg rands processus et stru c t u res. En te rmes discipli-n a i res ceci se fe ra en utilisant les outils de l’ éco-nomie, de la sociologie et de la science politiqu e ,et imp l i qu e ra la re ch e rche de points de re n c o n t reet les ava n tages à mener des perspectives analy t i-ques multiples sur le même phénomène ou sur dif-f é re n tes perc e ptions d’ une même réalité.

ENCADRÉ 10 :

En analysant les études réaliséessur deux communautés auBangladesh sur la période 1994-2001, Kabeer note que:Il y a eu des preuves d’un déclinde la fertilité même dans lapériode relativement courte cou-verte par l’étude. Le désir d’avoirmoins d’enfants qui conduit à cedéclin est le reflet d’une variétéde facteurs, comprenant le coût

prévu pour l’éducation desenfants (Kabeer, 2001a), alors quela capacité d’agir sur ce désir étaitaccélérée par un programmehautement effectif de planningfamilial qui utilisait des femmestravaillant dans le secteur duplanning familial pour distribuer, de porte à porte, des contracep-tifs à des femmes qui étaientconfinées dans les maisons par

les normes purdah (Simmons etal., 1988). En même temps, il estévident qu’à partir de notre étudele déclin de la fertilité n’est pasintervenu de façon uniforme surtous les groupes sociaux et lesforts taux de dépendance conti-nuent de jouer un rôle en entra-vant la capacité des ménages pau-vres à s’échapper de la pauvreté. Source: Kabeer, 2004:42.

Déclin de la Fertilité au Bengladesh

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L’idée de l’incorporation négative au niveau national et interna-tional sa rapporte à la question de savoir si oui ou non la mon-d i a l i sation réduit la pauvreté. Plusieurs des études réalisées par laBanque Mondiale (y compris le W DRs de la fin des années 1990) et d’autres institutions tirentune connexion positive entre « m o n d i a l i sa t i o n » et réductionde la pauvreté en mesurant la mondialisation comme l’augmen-tation du commerce d’un pays. Alors que le commerce est un(important) élément de la mondialisation, les deux pays quiaffectent fortement la corrélation entre augmentation du com-merce et réduction de la pauvreté sont la Chine et l’Inde (ainsique d’autres pays d’Asie). Leur modèle de « m o n d i a l i sa t i o n » aété très différent de celui prôné par le IFI dans le passé– plusparticulièrement relativement proche (ou contrôlé par) lescomptes de capitaux et le classement de la libération des tauxd ’ é change et du secteur financier plus lentement que celui quiest pratiqué dans d’autres régions du monde (ex. Amériquelatine et une partie de l’Afrique). (Maintenant les IFI se sontécartés de ce modèle, particulièrement en ce qui concerne lal i b é r a l i sation des comptes capitaux.)Bien qu’il y ait toute une série de politiques au niveau des paysqui ont un impact sur la capacité du pays à tirer profit de lam o n d i a l i sation, certains processus économiques ont aussi deseffets sur ces résultats. Un récent ouvrage de Kaplinsky (2005),par exemple, défend l’idée que le modèle « diversifie et indus-trialise-toi pour te développer » est mis au défi par les énormesavantages comparatifs que la Chine (et dans une moindremesure l’Inde et d’autres pays asiatiques comme le Vietnam) ontacquis en produisant des biens manufacturés. C’est l’autrefacette de « l’incorporation défavorable »: il est difficile pour lespays pauvres non industrialisés de compétir dans les march é s

mondiaux quand leurs productions se situent dans une ou plu-sieurs de ces catégories:(i) Produits manufacturés de base qui ne sont pas compétitifs auniveau du prix (et peut-être de la qualité) vis-à-vis de la Chine etd’autres pays à revenus moyens.(ii) Les produits agricoles primaires qui ont souffert historique-ment de la dégradation des termes de l’échange, de l’instabilitédes prix, de la compétition avec des producteurs agricoles trèsefficaces (Brésil, Thaïlande, Etats-Unis, Canada, Australie, etc.)et de plus en plus de difficultés au plan sanitaire et de réglemen-tation au plan phytosanitaire qui ont rendu l’exportation de cesproduits plus difficile. Cependant, récemment, certains produitsagricoles primaires ont commencé à suivre la tendance des pro-duits minéraux, et il est nécessaire de réévaluer les résultats.(iii) Les services qui sont confrontés à des obstacles à cause deslimitations de l’émigration ou, selon les termes de l’OI T, «Mode 4 »: le mouvement naturel des personnes. Les pays ch r o-niquement défavorisés, en réalité tous les pays, peuvent réagirde différentes façons face à ces défis, par l’investissement dansles infrastructures et les compétences, le changement des politi-ques commerciales, en insistant particulièrement sur les secteurséconomiques, en améliorant la gouvernance économique, ainside suite. Lorsque ces dynamiques sont en marche, certains payspauvres sont particulièrement exposés à des vulnérabilités sur leplan financier et sur d’autres plans – ex. les dettes (exprimés enUS$) deviennent plus chères et leurs exportations rapportentpeu de devises. Le problème du poids de la dette est certaine-ment en relation avec la question de savoir pourquoi certainspays restent pauvres.Source: Addison and Shepherd, à paraître; Lauren Phillips (ODIRe s e a r ch Fellow), communication personnelle

Tous les grands pays parte n a i res duC P RC pendant ses deux pre m i è res phases(2000-5) connaissaient la croissance économi-que et étaient des démocraties ra i s o n n a b l e-ment stables, ou étaient en train d’ accomp l i rdes progrès vers une démocratie multi part i-sane 21. Par contra s te, une pro p o rtion signifi-c a t i ve des ch ro n i quement pauvres du mondeh a b i tant dans des pays ayant des économiess ta g n a n te ou à faible croissance, dont les poli-t i ques tendent vers la crise – « E tats fra g i l e s» dans le jargon courant22; pays qui se ch e-va u chent substantiellement (qu o i que pas com-p l è tement) avec les pays « ch ro n i qu e m e n td é favo ri s é s » dans l’ analyse du premier ra p-p o rt sur la Pa u v reté Chro n i que (CPRC, 2004 ) .

Pendant la Phase III (2005-10) une atte n t i o ns i g n i fi c a t i ve sera portée sur de tels pays, enp a rticulier le Ke nya, le Niger, la Zambie,Madagascar et Papouasie No u velle Guinée.En Inde on porte ra une attention part i c u l i è resur les « E tats les plus fa i b l e s » que sont Biharet Orissa. Dans le sud de l’ A f ri que il y a euune discussion sur l’ ex tension de la couve r-t u re du CPRC pour inclure les Etats du sud afri-cain qui sont ch ro n i quement défavo risés et qu iconnaissent des crises. Récemment il y a eu unete n ta t i ve d’ identification de traj e c to i res ded é veloppement de pays sur une période dequ a ra n te ans (Anderson 2007), avec en pers-p e c t i ve l’ ex p l o ration des conséquences dest raj e c to i res de développement économique et

6. STA G N ATION ÉCONOMIQUE, PAYS CHRONI-QUEMENT DÉFAVORISÉS ET «E TATS FRAGILES»

Incorporation défavorable des économies nationales, des risques et de la vulnérabilité

ENCADRÉ 11 :

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humain pour la fragilité des Eta t s .Au cours de la Phase III, du travail sera

fait pour ex p l o rer la mesure dans laquelle lec a d re analy t i que ci-dessus peut être appliqué àdes pays, à des sous régions ou même à descontinents, en commençant le travail prépara-to i re pour le deuxième ra p p o rt de la Pa u v ret éC h ro n i que. Dans quelle mesure les fa c teurs qu iex p l i quent la pauvreté ch ro n i que au nive a uindividuel, de la famille et de la communautésont-ils aussi capables de re n d re compte dudénuement ch ro n i que des pays? En pri n c i p e ,on s’ atte n d rait à ce que la réponse soit « s e u-lement dans une certaine mesure », éta n tdonné que le cadre n’ a pas été conçu pources cas. Cependant, on peut penser qu ’ e nélargissant dava n tage le débat sur les réponsesp o l i t i ques dans les Etats fragiles pour engloberde tels fa c teurs au niveau des familles et aun i veau régional et national et ce faisant élargirla gamme de réponses politiques possibles àtous ces niveaux aussi bien qu’ au nive a ui n te rnational, on aboutirait à un exe rcice fo rtutile. L’ encadré 11 illustre, en suggérant qu el ’ i n s é c u r ité économique et fi n a n c i è re et la trèsrépandue incorp o ration défavo rable dansl’ économie en part i c u l i e r, pourraient re n d rec o mpte d’ une part substantielle des cas dep ri vation ch ro n i que des biens de faible va l e u rm a rchande selon les pays. En ce qui concern eles biens de grande valeur marchande (ex. lep é t role, les diamants, le cuivre etc.) selon lesrégions, la question se situe au niveau des re l a-tions entre les politiques, le contrat social et lesdépenses publiques. Dans tous les deux cas,l ’ i n s é c u r ité des biens peut aussi être un pro-blème séri e u x .

Ces cara c t é ri s t i ques de l’ économiei n te rnationale conditionnent le fo n c t i o n n e m e n tdes grands marché nationaux et locaux (le tra-vail, les biens, la finance, et l’ habitat) qu id é te rminent la mesure dans laquelle les pau-v res ont des chances de sortir de la pauvret é .La qualité de l’ Etat et des autres institutions, etdes organisations inte rnationales pert i n e n te squi sont en parte n a riat avec ces institutions,i n fluence aussi l’ opérationnalité de ces mar-chés, aussi bien que la réalisation des imp o r-ta n tes améliorations dans les domaines dud é veloppement humain et de la sécuri t ésociale. Ce sont là d’ imp o rtants aspects duc o n tex te pour le travail sur les dynamiques dela pauvret é .D ’ a u t r e part, la pri vation ch ro n i que large-ment répandue et l’ absence de stru c t u re s

a d é qu a tes pour une mobilité ascendante dansle domaine socio-économique (en dépit de lac roissance économique, ou à cause du basn i veau ou des schémas de re s t riction de lac roissance économique, ou de la très gra n d einégalité) peuvent aussi re n d re compte d’ unep a rt, de l’ échec de l’ exigence de qualité desinstitutions pour qu’ elles se développent –des échecs pour développer la société civile,des classes moyennes urbaines éduquées, desmécanismes de responsabilité sociale, et desoccasions de dive r s i fier les assiet tes fi s c a l e s .No rmalement, la fragilité des Etats est due à unensemble de fa c teurs explicatifs plutôt diff é-rents, qui ont trait à la gouve rnance, aux politi-ques et à l’ histo i re de la fo rmation, de l’ Eta t .L’ encadré 12 le montre bien.

Une question de re ch e rche modifiée esten conséquence de savoir si les cadres ex p l i c a-tifs combinés, ci-dessus présentés (ex. CPRC etC S RC) sont capables de donner naissance àune meilleure compréhension et à d’ utilesi mplications politiques aux acteurs domesti-ques ou à la communauté inte rnationale. Sic’ est le cas que la pri vation ch ro n i que large-ment répandue se tro u ve au cœur de la « p ro-b l é m a t i qu e » des Etats fragiles, cela pourra i tavoir des conséquences signifi c a t i ves pour lesa p p ro ches du problème. Les présentes appro-ches met tent l’ accent sur la capacitation del ’ E t at – pour qu’ ils deviennent plus « s o u ve-ra i n s », plus efficaces, auto ri ta i res et mêmelégitimes, par le développement de systèmesp o l i t i ques. Seulement, ces appro ches pour-raient avoir peu de prise dire c te ou immédiatesur la pri vation ch ro n i que d’ un grand nombrede personnes, ce qui aura pour effet de perp é-tuer les relations sociales et politiques et less t ru c t u res qui sous-tendent la fragilité des éta t s .L’ e xclusion de cet te population de la part i c i-pation du courant économique dominant et desinstitutions politiques apparaî t ra rement dansl ’ a n a l yse; d’ autre part les incorp o ra t i o n sd é favo rables, pourraient être l’ envers duclientélisme qui stru c t u re les politiques dans lesE tats néo-patrimoniaux). Ces questions pour-ront être abordées par la combinaison d’ ac-tions soutenues aux plans du développement eth u m a n i ta i re supranational, secto riel, sousnational et de la société civile, aussi bien qu epar des actions politiques au niveau national –et inte rnational et sur le plus long te rme desactions de construction d’ un Etat qui sont leplus souvent le point focal des pro g rammes des« E tats fra g i l e s » .

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ENCADRÉ 12 :

COMPRENDRE ET EXPLIQUER LA PAUVRETÉ CHRONIQUE

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Le LSE Crisis StatesResearch Centre (CSRC)a récemment produit

un cadre analytique pour comprendrel’effondrement et la fragilité d’un Etat,à l’aide des dimensions fondamentalesqui sont les suivantes:1) Les fondements économiques desEtats, en particulier la distinctionmajeure entre économies informelleset économies formelles, les relationsentre marchés domestiques et marchésinternationaux, et les activitéslégales/illégales; et l’histoire de l’évolu-

tion de ces fondements économiques. 2) La qualité et la nature des organisa-tions et des institutions d’Etat, focali-sées sur la sécurité, les systèmes admi-nistratif, légal et politique; et leur rela-tion avec des sources alternatives dupouvoir dans la société.3) L’économie politique d’un Etat enfaillite et en crise, focalisé sur la multi-plicité des institutions (coexistence de différentes règles dujeu); la capacité et le pouvoir d’unEtat; procédures légales ou illégalesqui influencent ou la recherche d’unelocation, comprenant le réseau patron-

client et la violence politique;Analyse coalitionnaire, faisant desrecherches sur l’association d’acteursde groupes; la divisibilité /l’indivisibi-lité (« tout ou rien » contre « plus oumoins ») de conflits sur les droits; etles frontières qui sont tracées autour(d’étroites ou de larges) identités.4) La performance de l’Etat en termede résultats dans la garantie de la sécu-rité, de la croissance et du bien-être,en même temps que l’impact des orga-nisations internationales sur la sécuri-sation de ces résultats.Source: Putzel, 2006.

Cadre pour analyser les « Etats de crise »

Par exe mple, la combinaisondes inégalités spatiales ets o c i o - é c o n o m i ques conduit à

la pauvreté persista n te dans des régionsp a rt i c u l i è res, ce qui, dans une situationoù un gouve rnement national ou uneé l i te s’ est montré incapable ou réticentà aborder cet te question, pourrait êtrei n te rpellé à travers la combinaison soute-nue et cohére n te de telles actions2 3.Ceci est un exe mple de la fro n t i è re iden-t i ta i re étro i tement définie de confl i t sp otentiellement indivisibles mentionnésdans le cadre du CSRC .

Il y a aussi les régions «en reta rd »avec des populations exclues ou défavo-rablement incorporées dans des Etats qu ine sont pas considérés comme « f ra g i l e s» qui, sans des mesures politiques com-p e n s a to i res, ont la possibilité de nuire le

p rogrès dans le pays dans l’ ensemble.Alors que les Etats fragiles et les

économies en stagnation en tant que te l sne constitueront pas des points centra u xde re ch e rche pour le CPRC, le pro b l è m ede la pauvreté ch ro n i que dans ces Eta t s ,et sa centralité potentielle par ra p p o rt àla fragilité de l’ Etat justifie en part i equ’ il faille continuer d’ examiner lan a t u re et les raisons de la pauvreté ch ro-n i que. Et la pauvreté ch ro n i que peutc o n t ribuer en partie, à ex p l i quer la fra g i-lité d’ Eta t .

Les Etats qui ne sont pas fragiles ence moment, peuvent tro u ver leur sta b i l i t ére l a t i ve, et même leur potentielle traj e c-to i re de croissance économique positivesapée s’ ils ne peuvent s’ occuper dup roblème de la pauvreté ch ro n i qu e .

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COMPRENDRE ET EXPLIQUER LA PAUVRETÉ CHRONIQUE

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Comment le cadre conceptuel présentéici change-t-il not re façon de concevoir la pau-v reté ch ro n i que? D’ abord, il met l’ accent surla nature à long te rme et la nature inte r g é n é ra-tionnelle de certaines fo rmes de pauvreté, etd é fend l’ idée que dans la plupart des situations,la grande maj o rité des cas de pauvreté absoluesont persistants à long te rme, et que ce fa i tm é ri te qu’ on lui accorde une attention dans to u-tes les analyses globales de la pauvreté absolue.Ce cadre identifie aussi un certain nombre defa c teurs explicatifs et de pro c é d u res qui peuve n tre n d re compte de la pauvreté ch ro n i que, et aussides mouvements dans et hors de pauvreté (àlong te rme). Alors que la pauvreté par absencede revenus est central, le cadre peut s’ appliqu e rà l’ étude d’ autres fo rmes et mesures de pri va-tion.

Le cadre demande aux ch e rch e u r sd ’ a c c o r der une attention à plusieurs fa c teurs etp rocessus possibles pour ex p l i quer ce qu ’ i l so b s e rvent, ou ce que leurs répondants ra p p o r-tent. Ces éléments comp rennent ce que nousappelons ici le plus grand contex te – muta t i o n sd é m o g ra p h i ques; croissance économique et iné-galité; la nature ch a n g e a n te des marchés eta u t res institutions maj e u res; valeurs, comp o rte-ment et pra t i ques sociales. Mais la re ch e rche aaussi mis l’ accent sur les processus dynamiqu e squi sous-tendent la vulnérabilité et la déte rm i n a-tion à vivre, la perte des biens et l’ accumula-tion, et les relations socio-économiques et politi-ques qui déte rminent comment les personnessont économiquement incorporées et/ou sociale-ment exclues. Les pièges de la pauvreté – et com-ment diff é rencier les pièges stru c t u relles deschangements sto ch a s t i ques de position – sontessentiels dans cet te appro che, comme le sont lesrelations sociales, y comp ris celles de l’ exc l u-sion sociale, de la discrimination et l’ incorp o ra-tion d’ éléments négatifs – la combinaison desrelations d’ ex p l o i tation et de protection dansl e s quelles se tro u vent généralement les pauvre s .La re ch e rche a pour objectif de va l i d e r, de modi-fier ou d’ abandonner ces concepts. Le menu dec o n c e pts inte r- reliés donne l’ occasion dec o n s t ru i re des explications valables dans unc o n tex te donné.

Mais on peut aussi re m et t re cet te imagesur la tête. Le plus grand défi pour les ch e rch e u r sest de fa c i l i ter une compréhension de comment

des sorties durables de la pauvreté peuvent êtrep romues ou appuyées; comment les entrées dansle cycle de la pauvreté peuvent-elles être minimi-sées; et comment les décideurs politiques sur leplan national et inte rnational et les dirigeants dela société civile peuvent-ils aborder les fa c te u r squi maintiennent les gens dans la pauvreté sur lelong te rme, et qui conduisent dans certains cas àla re p roduction inte r g é n é rationnelle de la pau-v reté. Des processus positifs majeurs incluent unea m é l i o ration de la déte rmination à vivre et del’ individu, ce qui peut être réalisé par:

• la re d i s t ribution, la protection sociale,et la cassure du lien entre l’ ex p l o i tation et lap rotection de manière durable (pas une mincea ffa i re ! ) ;

• la réfo rme des institutions et de plusg rands changements sociaux ce qui va perm et t rela participation dans la croissance économiqu e ;et

• l’ accès aux services publics de qu a l i t ére qu i s .Ces pré re quis peuvent être déclenchés par desm o u vements sociaux.

Au niveau inte rnational, poser le pro-blème des « p ays ch ro n i quement défavo ri s é s »d’ une façon plus large que le fait le présent dis-cours sur les « E tats fra g i l e s », peut contri b u e rau développement de processus positifs de ch a n-gement social, politique et économique qui sonte n c o re fo rtement bloqués actuellement.

Une fois que ces leviers pour un ch a n g e-ment pro g ressif seront identifiés, le CPRC s’ en-gage pour une analyse politique détaillée pourdégager les meilleures options politiques dansd i ff é rents contex tes, et pour s’ engager ave cdes processus politiques pour fa i re ava n c e rd ava n tage les connaissances et les pra t i ques. Lesc o n tex tes nationaux sont net tement très va riés etle Centre épro u ve une méfiance à l’ égard dessolutions universelles. Cependant, dans le but derehausser sa pertinence, au niveau inte rn a t i o n a l ,il te n te ra de catégoriser les contex tes en un nom-b re gérable de types idéaux. Alors que la plu-p a rt des analyses politiques et des engagementsd o i vent se fa i re au niveau national, ces typesidéaux perm et t ront un plus large degré de pert i-nence d’ analyse politique à réaliser au nive a ui n te rnational. C‘ est là un défi particulier pour lesecond ra p p o rt sur la Pa u v reté Chro n i que, àp a ra î t r e en 2008.

7. CONCLUSION : VERS DES RÉCITS POLITIQUES

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COMPRENDRE ET EXPLIQUER LA PAUVRETÉ CHRONIQUE

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1 Le cadre peut être révisé davantage à lalumière des documents présentés lors del’atelier CPRC sur les Concepts et métho-des d’analyse des dynamiques de laPauvreté et la Pauvreté chronique, du 23au 25 Octobre 2006, Université deM a n ch e s t e r, UK. Les présentations et docu-ments peuvent être téléchargés sur le siteh t t p : / / w w w. ch r o n i c _ p o v e r t y. o r g / n e w s _ e v e nt s / Co n c e p t s Wo r k s h o p -Oct2006.htm; ilssont aussi publiés ou doivent être publiésen tant que notes de travail( h t t p : / / w w w. ch r o n i c p o v e r t y. o r g / r e s o u r-ces/working_papers.htm), et/ou à publiersous la forme d’un volume édité. A présent,seules les idées et approches émises dans unnombre limité d’études ont été prises enc o m p t e .

2 Le fait de mettre l’accent sur la pauvretéabsolue n’exclut pas l’analyse de la pauvretérelative quand on considère les dynamiquesde la pauvreté et le rôle de l’inéga l i t é .

3 H a r r i s s -White (2005:882) le dit de cettemanière: « En tant qu’état, “l’extrême indi-gence “ est une contradiction dans les ter-m e s .Etant donné que l’absence complète debiens, de transferts et de revenus annoncela mort, on ne peut pas parler d’indigencesur le long terme. Donc la définition d’indi-gence à moyen ou à long terme ne peutéviter un jugement de valeur quant à ce quipourrait être considéré comme presque uneabsence complète. »

4 On a pensé que « la cause des morts évi-tables dues à la pauvreté » constitue uneautre forme de pauvreté chronique, parceque la pauvreté qui mène à la mort (unecondition permanente) devient une condi-tion permanente c’est-à-dire chronique) àson tour. Le point de vue défendu ici estque, étant donné qu’il est pertinent de pos-tuler la mort associée à la pauvreté, il s’agitquand même d’un autre problème etdevrait être traité comme tel. Par exemple,il n’est pas évident que la mort du fait de lapauvreté transitoire est toujours qualitative-ment différente de celle due à la pauvretéchronique. Cependant, le fait de considérerles décès dûs à la pauvreté comme unaspect de la pauvreté ou d’un dénuementplus grand est un peu fort (voir Kanbur etMukherjee, 2003).

5 Il y a maintenant 30 ans et 3 vagues,bientôt 35 ans et 4 vagues d’un éch a n t i l l o n-nage rural en Inde; 7 ans et 3 vagues, quivont passer à 16 ans et 4 vagues en 2007 enOu ganda; plusieurs vagues sur des périodessimilaires au Vietnam et en Indonésie; 15ans et 3 vagues au Kwazulu Natal, enAfrique du Sud; et des périodes similaires(10-15 ans) pour des échantillons plus limi-tés en Ethiopie, en Tanzanie, en zonerurale en semi aride, au Sud de l’Inde, àM a d a ga s c a r, au Kenya et en Zambie.Cependant, le nombre de vagues est géné-

ralement très faible, ce qui rend l’interpréta-tion plus difficile, particulièrement auniveau des ménages, et potentiellementplus grave, plus significative et systémati-que, l’usure et les erreurs de mesure quiconstituent toujours un sérieux problèmeavec les données des commissions d’en-quête (Andy Mc K a y, comm. personnelle).

6 La figure 2 est une « approche de crise »des dynamiques de la pauvreté, alors que laFigure 3 fait référence à une « approche desc o m p o sants ». Une « approche de crise »identifie le chroniquement pauvre sur labase du nombre ou de la longueur despériodes de crise de pauvreté qui l’affecte(ex. Baulch et Mc Cu l l o ch, 1998). Une «a p p r o che des composants » définit les com-p o sants de la pauvreté transitoire et de lapauvreté chronique pour chaque ménage(ex. Jalan et Ravallion, 1999).

9 Il est possible que les marchés compétitifsde crédit n’auront pas grand chose à offriraux chroniquement pauvres, étant donnél’exclusion en général des plus pauvres desprojets de micro finance.

1 0 Voir la discussion qui suit.

11 Selon Bob Baulch (comm. pers.),20,000+ de ménages sont nécessaires pourconstruire une enquête adéquate. De senquêtes DHS, celles avec environ 20,000ou plus sont limitées mais ont encore unpossible intérêt: Bolivie, 2003 (19,207 ) ;Colombie, 2005 (37,211); RépubliqueDominicaine, 2002 (27,135); Egypte, 2005( 2 1 , 972); Inde, 1998/9 (92,486); etIndonésie, 2002/3 (33,088).

1 3 Voir la section sur les pièges de la pau-vreté et l’incorporation d’éléments néga t i f sci-dessus pour une exception partielle

14 La pauvreté intergénérationnelle n’estpas seulement transmise des parents auxenfants. (« P a r e n t s » est ici utilisé commeun raccourci désignant une génération plusâgée de personnes responsables de la ga r d ede l’enfant. Ces personnes peuvent, en fait,être les grands parents, les frères ou d’autresmembres de la famille ou des tuteurs sa n saucun lien familial). Elle peut être trans-mise des adultes à leurs parents, des enfantsà leurs parents (par ex. à travers la maladieou le handicap d’un enfant, à travers unfort taux de dépendance). Elle peut sa u t e rune génération – des grands-parents auxpetits enfants et vice-versa. Les décisionsd’une cohorte peuvent appauvrir la cohortesuivante ou précédente (ex. par les déci-sions politiques sur l’épargne et les pen-sions, l’éducation et l’entretien des enfants).Voir Moore (2001). Ici, les définitions sontplus étroites pour pouvoir se focaliser surles transferts entre les parents et les enfantsde la même génération. Si le CPRC peutcontribuer à faire comprendre cela, il auraaccompli une tâche importante. En certains

de ses aspects, notre travail abordera lesautres relations aussi, quand elles sont criti-ques. Cependant, nous n’avons pas les res-sources pour être universellement exhaus-t i f s .

1 5 On peut rencontrer une vue plus criti-que de l’utilité de la notion de « d é t e r m i-n a t i o n » dans son sens psychologique pourcomprendre la pauvreté et qui persiste à tra-vers les générations, chez Boyden etCooper (2007). Ils défendent l’idée que leconcept demeure opaque aux plans théori-que et méthodologique, et en conséquence,ils suggèrent de « renoncer à la métaphorede détermination tout en gardant l’accentsur les facteurs particuliers qui modèrent etdiffusent les cas et les conséquences de lap a u v r e t é » (abstrait).

1 6 Voir WDR (2006) pour une revue plusrécente et plus exhaustive.

1 7 Dans le passé, la Banque Mo n d i a l es’était résolument opposée à l’idée des stra-tégies de distribution du fait de la faiblessedes bases de taxe, des forts effets de démoti-vation, et du besoin de négociations politi-quement difficiles. Cependant, il existe despreuves qui suggèrent l’existence de voiespour combattre de tels obstacles (voirAnderson et O’Neil, 2006 et les référencescontenues dans cette étude).

1 8 Les résultats du travail à long terme surles dangers environnementaux, l’insécuritéalimentaire, les conflits et les conséquencesde la maladie sous-tendent la réaffirmationactuelle de la sécurité et de la protection,qui ont émergé à la fois du développementet des traditions humanitaires au cours desquinze dernières années.

1 9 Même s’il est difficile de mesurer cesinfluences, et n’a pas toujours généré lesrésultats statistiques escomptés. voirDurlauf, 2006; et Sobel, 2006.

20 Dans le cas des mouvements autour desterres, il y a souvent une combinaison entrele défi sur la base des idées, et l’actiondirecte, qui peut être rare dans d’autrestypes de mouvements.

21 Au moment où on écrivait ces lignes, leBangladesh continuait à affronter des défisinternes dans son système de démocratiemulti partisa n e .2 2 Ceci est un jargon qui se répand rapide-ment, avec tous les termes catégoriels qu’ontrouve généralement peu sa t i s f a i sants enpeu de temps.

2 3 Ce travail peut puiser dans la profondelittérature sur les réponses politiques dansles régions sous-développées ou dans lesrégions en retard, où le CPRC a déjàcontribué (es. CPRC, 2004:Ch. 3; Mehta etShah, 2001; Bird

LES NOTES

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POINT FOCAL NIGERRéseau MARPBP 12003 Niamey NigerTel : + 227 20 73 44 73 ou +227 96995181Contact : Seyni HamaEmail : [email protected]

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02 BP 778 Gbégamey, Cotonou, Républiquedu BéninTél: + 229 30 41 39 Fax: + 229 30 02 76Contact : Roch MongboEmail : [email protected]

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POINT FOCAL BURKINA FASOCEDRESUnité de Formation et de Recherche Faculté des Sciences Economiques et de Gestion03 BP 7164 Tel : +226 311967 Fax: +226 312686 Contact : Claude WettaEmail : [email protected]

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