Colloque msgu introduction-densosp

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Colloque MSGU ENSOSP 27 novembre 2014. Propos introductifs du DENSOSP.

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Colloque ENSOSP – MSGU – 27 novembre 2014

Colonel Francis Mené Directeur de l’ENSOSP - Propos introductif Page 1

Introduction

Par le colonel Francis Mené directeur de l’ENSOSP

Bonjour à toutes et à tous,

Bienvenue à l’école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers,

Je ne m’étais pas trompé le 13 février dernier en conclusion des premières journées professionnelles consacrées à l’usage des technologies de l’information et de la communication, sur l’intérêt de programmer un colloque spécifique sur les médias sociaux en gestion d’urgence.

En effet, nous serons aujourd’hui au plus fort de la journée plus de 210 participants en provenance de beaucoup d’horizons différents :

Des acteurs de la gestion de l’urgence : des collectivités de niveau communal intercommunal ou départemental ; des services d’incendie et de secours et de gendarmerie ; des états-majors de zone ; la DGSCGC ;

Des acteurs de la recherche ou de la formation : du monde universitaire ou d’écoles d’ingénieurs ; le centre civilo militaire NRNCE ; l’INHESJ ; le HCFDC ; l’Entente pour la protection de la Forêt ;

Ou encore Des industriels, des représentants de la presse spécialisée et même de l’IGA.

Merci à tous pour votre présence.

En réfléchissant à la manière d’introduire ce colloque sur l’utilisation des médias sociaux en gestion d’urgence, dont le hashtag MSGU est désormais bien connu, je me suis remémoré un livre de Régis Debray, que j’ai lu lors de sa parution en 1991 et qui s’intitule « Cours de médiologie générale ».

Mais quel est le rapport entre les réseaux sociaux et la médiologie, me direz-vous ?

Tout d’abord, le préfixe « médio » de médiologie, ne signifie pas média ni médium mais bien plutôt « médiations ».

Ensuite, ce livre m’avait beaucoup intéressé à l’époque, car il s’agissait d’étudier l'ensemble dynamique des procédures et corps intermédiaires, qui s'interposent entre une production de signes et une production d'événements.

Il me semble que le sujet qui nous rassemble aujourd’hui pourrait permettre d’écrire un nouveau chapitre de ce livre.

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En effet, la médiologie s'appuie sur une périodisation qui vise à repérer des systèmes de transmission dominants, autour desquels la culture se stabilise pendant un temps.

Dans ce cadre, différentes « médiasphères » sont évoquées, chaque « médiasphère », désignant un milieu autant qu'une armature technique et symbolique.

L’auteur y distingue :

• la logosphère (transmission orale), • la graphosphère (régime de l'imprimé), • la vidéosphère (mémoires analogiques : photo, vidéo…) • et celle qui nous intéresse le plus aujourd’hui l'hypersphère (constitué des

réseaux numériques).

Ces différentes « médiasphères », se succèdent dans le temps, mais ne s'annulent pas : leurs logiques s'enchevêtrent progressivement, dans les infrastructures comme dans la mémoire des usages.

Je suis donc très heureux aujourd’hui d’ouvrir ce colloque sur « l’hypersphère », que Régis Rebray n’aurait sans doute pas renié, comme nouveau paradigme de la communication, venant s’enchevêtrer avec les autres modes de communication et perturber nos représentations.

Pour ce qui concerne les situations d’urgences, voire de crise, ce nouveau paradigme de la communication, commence à trouver son public en France, même si il est déjà une réalité tangible, dans bon nombre de pays outre atlantique et même sur le continent africain.

Mais qu’est-ce qu’un média social ? Comment se distingue-t-il en situation d’urgence ?

La volatilité des informations émises permet-elle la fiabilité ?

Est-ce un vecteur polluant ou une véritable plus-value dans la gestion opérationnelle d’une situation d’urgence ?

Comment faire émerger un renseignement, opérationnel de cette multitude de données, sitôt nées, sitôt mortes et remplacées ?

Existe-t-il des moyens d’optimiser le traitement de toutes ces données ?

Quelle est la portée de consignes diffusées par ce biais ?

Quelles sont les différentes pratiques de par le monde ?

Il ne m’appartient de répondre à ce foisonnement de questions, puisque c’est justement l’objet de ce colloque, dont je souhaite qu’il ne soit pas une fin en soi mais débouche sur d’autres pistes réflexion, et d’autres études.

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Pour ce qui me concerne, comme j’ai eu l’occasion de le dire lors du colloque précédent relatif aux TIC, ma prise de conscience personnelle en la matière, date de 2011 année de la révolution Libyenne dans une autre vie.

La sécurité civile avait alors envoyé un détachement médical à Benghazi, dont faisaient partie des éléments de la zone sud et je me suis attaché à suivre sur twitter et facebook les informations qui y figuraient.

Je me suis très vite rendu compte qu’y étaient relatées des situations et des informations, en avance de phase et plus détaillées que ce que les médias nationaux relataient.

Puis il y a eu la même année la catastrophe de FUKUSHIMA sur laquelle j’ai fait le même constat.

Depuis je suis attentif aux développements des communautés sur twitter et facebook, en France mais surtout à l’étranger ou de nombreux pays sont très en avance.

Des catastrophes récentes ont abondamment mis en exergue l’usage qui peut en être fait, dans les différentes phases d’une situation d’urgence et on voit également émerger des cartographies collaboratives.

Les exemples sont nombreux ou les médias sociaux ont joué un rôle avant, pendant ou après une situation d’urgence,

à l’étranger tout d’abord, on peut citer

• l’ouragan Sandy, • Le Typhon Hayan, • la catastrophe ferroviaire de lac mégantic, • la prise d'otages du centre commercial Westgate au Kenya,

mais aussi en France :

• l’accident de train de Brétigny sur Orge • ou les différentes inondations du Var, des Pyrénées, de Bretagne et tout

récemment en zone sud dans le Gard et le Var.

Les organisations non gouvernementales ont très vite compris l’intérêt des médias sociaux en matière humanitaire, dans les pays en voie de développement.

Ainsi, l’émergence du virus Ebola, compte également parmi les évènements mondiaux qui ont dû compter avec cette nouvelle composante de la communication.

L’association VISOV notablement représentée dans cette salle, dont je salue ici l’engagement et le dynamisme, est l’expression même de ce que peut apporter le « crowd sourcing » et le « crowd mapping » organisé, en situation d’urgence.

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Bien sûr tout cela demande à être évalué, il ne s’agit pas ici de dire que les médias sociaux sont l’Alpha et l’Omega de la gestion des crises, mais ils sont une réalité, ils modifient en profondeur notre représentation de la communication, au quotidien comme en situation d’urgence, communication qui n’est plus seulement descendante et univoque, mais transversale, multiple et diffuse.

Notons qu’en France 6,8% de la population dispose d’un compte twitter, mais 56 % des comptes n’ont jamais twitté.

Pour facebook le réseau est plus développé, puisque pas moins de 28 millions d’utilisateurs sont recensés soit presqu’un Français sur deux.

S’agissant de twitter, nous sommes donc encore loin d’un moyen de communication universel, mais sans doute suffisant cependant pour influencer le cours des choses.

Le ministère de l’intérieur s’intéresse à ce mouvement et il est évident à mon sens que les services d’urgence au sens large, les préfectures et les collectivités, ne peuvent plus faire l’économie d’une appropriation du sujet.

Je note également que certaines préfectures, les services de police et de gendarmerie s’y sont mis récemment, ainsi qu’une trentaine de SDIS et d’autres acteurs associatifs.

Quoi qu’il en soit, l’ensemble des acteurs de l’urgence doit désormais faire avec, pour en tirer le meilleur profit, c’est pourquoi, conformément à mes engagements lors du colloque de février, nous avons pris l’initiative du Rendez-vous d’aujourd’hui.

Je tiens d’ailleurs à saluer la richesse des conférenciers présents qui vont vous être présentés tout à l’heure, parmi lesquels Patrick LAGADEC que l’on ne présente plus et que j’ai plaisir à retrouver aujourd’hui. Nos travaux seront également relayés tout au long de la journée grâce à un live tweet #MSGU_E2, animé par le pôle nouvelles technologies de l’Entente et auquel vous pouvez bien sûr participer. De même courant décembre, sur notre site internet ensosp.fr, vous pourrez avoir accès aux actes qui y seront compilés et publiés.

A n’en pas douter, la qualité des auditeurs promet un débat riche, ce qui me fait d’autant plus regretter de ne pouvoir assister à la totalité du colloque, je dois en effet participer au jury des prix de l’ENSOSP à 10H00, mais je vous retrouverais cet après-midi.

Voilà pour cette rapide ouverture…

Je souhaite que cette journée contribue à faire un état des lieux, permette un débat constructif sur les médias sociaux en gestion d’urgence et pourquoi pas ouvre des pistes de réflexion ou débouche sur des initiatives porteuses de synergies ou de développements nouveaux.

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Ce nouveau rendez-vous à forte connotation T.I.C. s’inscrit en effet dans une démarche plus large, visant à la mise en place d’une dynamique nationale, sous la forme d’un réseau opérationnel d’experts.

Merci donc aux chevilles ouvrières de l’ENSOSP et de l’Entente, qui ont permis de concrétiser ce colloque et merci à tous nos intervenants d’avoir bien voulu contribuer à la réalisation de cette journée.

Place maintenant aux apports des technologies de l’information et de la communication dans la gestion des situations d’urgence et pour l’évitement des crises.

Je laisse la tribune à notre animateur, gardien du temps et du bon déroulement des interventions, Monsieur Sélim ALLILI, responsable de l’IFRASEC, l’institut français de sécurité civile.

Bonne journée à vous tous …