Coeurs de Baraques N°9 - Infini

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Année: 2012 N°: 9 Décembre Cœurs de baraques Les Amis des baraques Les Amis des baraques Les Amis des baraques Les Amis des baraques J'ai vécu en baraque, à Quéliverzan En 1946, mon père, en poste à Toulon, se fit admettre à la retraite. Au début de l'été, nous avons rejoint la Bretagne à Porspoder, chez ma grand mère. Aussitôt mon père postula pour une baraque qu'il obtint très vite, vu la famille nombreuse de 6 enfants. Elle était située dans le « Trou » de Quéliverzan, tout près de l'endroit, où nous occupions auparavant un logement dans la petite maison. Une charrette à bras pour emménager Elle avait été détruite à la fin de la guerre, à la suite d'un bombardement, alors que nous nous trouvions à Tunis. Le frère de mon père avait réussi à récupérer un peu de meubles fort utile pour l'emménagement de notre baraque I 4. Pour compléter ce mobilier, nous avons reçu de la ville un bon, pour retirer quelques pièces essentielles, qui nous rendirent les plus grands services : une petite armoire, un bahut de cuisine, une cuisinière à charbon, et deux lits à une place. Nous sommes allés chercher toutes ces pièces à l'aide d'une charrette à bras, que nous avions louée à une poissonnière. Et nous voilà casés. J'ai été embauché comme manoeuvre Mon père ne tarda pas à trouver du travail, comme employé de bureau (il était commis dans la marine) à l'entreprise Levaux, au Cruguel à Saint-Pierre. Mon frère aîné était dans les « starting-blocks » en attente de son appel pour le service Dans ce numéro J’ai vécu en baraque à Quéli Robert Le Vaillant Programme : Expositions, théâtre, débats 1 et 2 1 Souvenirs de Kerédern Danièle B La Baraque Atelier témoignage Paule 3 3 4 La baraque c’est toute ma vie Témoignage Mme Bouguen Programme au 1er janvier 2013 Exposition photos , du lun- di 14 au dimanche 27 jan- vier, à la résidence Ponche- let. Diaporama commenté le jeudi 21 février à 18h30 à la médiathèque de Belle- vue. ». Salle « La baraque » à Bel- levue exposition photos, maquettes, diaporamas, de février à avril pour les 50 ans de Bellevue. D’autres animations sont prévues tout au long de l’année : théâtre, débats, conféren- ces, balade commentée, soyez attentif, lisez la presse. Du fait d’un planning char- gé, l’exposition annuelle à Louise Leroux risque d’ê- tre décalée ou annulée. Activités de l’association Les Colombes (Fily) (1959) Maternelle (Kerédern) F 38 (1954) ( Moal) Noces d’or(Moues) Famille Sarzaud N7 au Landais . Derrière la Teinturerie Mo- derne, tenue par la fa- mille Le Moal Suite Page 2

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Année: 2012 N°: 9 Décembre

Cœurs de baraques

Les Amis des baraquesLes Amis des baraquesLes Amis des baraquesLes Amis des baraques

J'ai vécu en baraque, à Quéliverzan

En 1946, mon père, en poste à Toulon, se fit admettre à la retraite. Au

début de l'été, nous avons rejoint la Bretagne à Porspoder, chez ma grand mère.

Aussitôt mon père postula pour une baraque qu'il obtint très vite, vu la famille

nombreuse de 6 enfants. Elle était située dans le « Trou » de Quéliverzan, tout

près de l'endroit, où nous occupions auparavant un logement dans la petite

maison.

Une charrette à bras pour emménager Elle avait été détruite à la fin de la guerre, à la suite d'un bombardement,

alors que nous nous trouvions à Tunis. Le frère de mon père avait réussi à récupérer un peu de meubles fort utile pour l'emménagement de notre baraque I 4. Pour compléter ce mobilier, nous avons reçu de la ville un bon, pour retirer quelques pièces essentielles, qui nous rendirent les plus grands services : une petite armoire, un bahut de cuisine, une

cuisinière à charbon, et deux lits à une place. Nous sommes allés chercher toutes ces pièces à l'aide d'une charrette à bras, que nous avions louée à une poissonnière. Et nous voilà casés.

J'ai été embauché comme manoeuvre Mon père ne tarda pas à trouver du travail, comme employé de bureau (il était commis dans la marine) à l'entreprise Levaux, au Cruguel à Saint-Pierre. Mon frère aîné était dans les « starting-blocks » en attente de son appel pour le service

Dans ce numéro

J’ai vécu en baraque à Quéli Robert Le Vaillant

Programme : Expositions, théâtre, débats

1 et 2

1

Souvenirs de Kerédern Danièle B

La Baraque Atelier témoignage Paule

3

3

4

La baraque c’est toute ma vie Témoignage Mme Bouguen

Programme au 1er janvier 2013

Exposition photos , du lun-di 14 au dimanche 27 jan-vier, à la résidence Ponche-let. Diaporama commenté le jeudi 21 février à 18h30 à la médiathèque de Belle-vue. ». Salle « La baraque » à Bel-levue exposition photos, maquettes, diaporamas, de février à avril pour les 50 ans de Bellevue. D’autres animations sont prévues tout au long de l’année : théâtre, débats, conféren-ces, balade commentée, soyez attentif, lisez la presse. Du fait d’un planning char-gé, l’exposition annuelle à Louise Leroux risque d’ê-tre décalée ou annulée.

Activités de

l’association

Les Colombes (Fily) (1959) Maternelle (Kerédern) F 38 (1954) ( Moal) Noces d’or(Moues)

Famille Sarzaud N7

au Landais . Derrière

la Teinturerie Mo-

derne, tenue par la fa-

mille Le Moal

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Baraques à coeur

Rédaction

02 98 45 00 54

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militaire. Personnellement j'avais déjà travaillé comme « scribouillard » à Toulon, j'attendais une place à la Sécurité Sociale, où j'avais réussi le concours. Mais pour ne pas rester trop longtemps à la

charge de mes parents, j'aidais ma mère dans ses tâches ménagères, puis je demandais à mon père de me faire embaucher dans son entreprise. J'ai été emloyé comme manœuvre, c'est à dire avec une pelle et une pioche, et des sacs de ciment à transporter. Un jour, au cours d'une de ses visites au chantier, le directeur M. Launay me remarque et après s'être renseigné sur mon compte, me fit entrer dans le bâtiment directorial, comme employé de bureau. La gomme et le crayon remplacèrent la pelle et la pioche. Et la paye, donc ! C'était l'Eldorado pour un jeunot de 18 ans. J'allais au travail et j'en revenais « pedibus », ce qui me faisait de l'entraînement sportif, en vue de poursuivre l'athlétisme au PLR et le football à l'ASPTT. Vint le temps de la préparation militaire, sur les installations de L' Étoile Sportive Kerbonnaise, sous la direction du p'tit père François Le Goff. Nous étions quatre jeunes gens, dont un certain Guy Kermaïdic, lui aussi employé à l'entreprise Levaux, comme charpentier. Je ne savais pas, à ce moment là, que nous deviendrions beaux-frères, quelques années plus tard. J'ignorais également que son père, François, magasinier dans la même « boîte », travaillant en face des bureaux de l'autre côté de la route, que j'allais saluer tous les matins, me confierait sa fille beaucoup plus tard ; étrange destin !... Nous nous rendîmes à la gendarmerie des

Quatre Moulins Un jour, les quatre futures recrues que nous étions, avons décidé de devancer l'appel. Pour cela nous nous rendîmes à la gendarmerie des Quatre Moulins, afin d’ établir les dossiers. Mais j'ai buté sur un document « volontaire pour un saut en parachute », et je me récusais et partais aussitôt pour

le bureau du recrutement de la Marine, situé alors à l'hôpital Morvan, pour signer un acte d'engagement provisoire. Et le 19 mars 1948, j'endossais ma première tenue de marin. Et cela durera 34 ans... Après mon cours, j'embarquais sur un aviso, annexe de l'École Navale, et à l'été 1949, après la corvette d'été des élèves de première année, dite « corvette des gants blancs », qui durait un mois, je rejoignais, non pas notre baraque de Quéliverzan, mais notre ancien logement qui avait été reconstruit. Adieu ma baraque, j'allais la regretter. Quatre ans plus tard, j'allais connaître une autre baraque, plus petite sur la plaine de Kérangoff. Mais ceci est une autre histoire...

RLVT

École des apprentis DCAN Brest 1946 sur le plateau de Quéliverzan. Derrière on voit les chemi-nées de la centrale électrique à charbon de l’arsenal. au fond le clocher St Martin. le plateau des Capucins se situe à droite de la photo. Joëlle Le Calvez

Bonne année 2013

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J'ai retrouvé une photo de Kerédern. Je revenais d'avoir acheté du sucre aux "Docks de l'Ouest" quand cette photo a été prise. C'était une baraque commerciale, donc double. Dans l'autre partie se trouvait un café, (on dit un bar aujourd'hui ). Il était tenu par "Marie" (Je crois quelle était vieille fille). Sur les marches se trouvent : son ami "petit Jean", ensuite "Yvon Cr", dit le poète (Je ne reconnais pas l'autre personne). Contre le mur "Jeannine Pre" du bois de sapins, ses frères et moi même. A Kerédern il y avait aussi deux autres cafés, un bureau de tabac, un boucher monsieur "Lep", un charcutier monsieur "Gou", quatre épiceries: chez madame "Bour", chez "Lebr", chez madame "Ros", une boulangerie chez "Chrét". Il y avait un lavoir où, le lundi, les "bonnes langues" se retrouvaient. Tout se savait...... En bas d'un escalier, se trouvait un manoir appartenant à la famille "de Momburau". On y allait au mois de mai à l'occasion du "Rosaire", même les non-croyants. ! J' ai bien connu "Jean-Claude Le R" (le boxeur) et sa mère. Il s'est marié avec "Annette" une de mes copines. Tout cela est bien loin, et pourtant très présent à ma mémoire. Comme beaucoup, je pense que nous étions plus heureux que maintenant, malgré le manque de confort En été, j'aimais entendre le bruit de la moissonneuse batteuse, chercher des hannetons dans les chênes d'un champ à "Kerleroux". Je m'arrête pour aujourd'hui, quelle nostalgie en repensant à cette période.

Amicalement D.B.

Souvenirs de Kerédern

Baraques à coeur 3

Paule à vécu au Polygone Butte de 1946 à 1963 dans une baraque française, baraque C1 en face du café « La Boule d'or » et de l'épicerie « Martine » pas loin des écoles primaire et maternelle, à toucher la petite butte. Sa mère à quitté la baraque en 1966. En 1964 elle suit son fiancé et ils se marient en Algérie. Son mari est militaire dans l'aéronautique navale à la base de Larti-gues près d'Oran. Ils reviennent à Brest la même année. En 1972 ils achètent une petite maison à Saint-Marc. L'histoire de cette baraque, ils ne la connaissent pas, du moins pas avant qu'ils en fassent l'acquisition. Ils l'ont achetée au départ de M. et Mme Cornen en 1980, leur terrain jouxtait le leur ; cette acquisition agrandissait la propriété. Pour Jean la baraque n'a ja-mais été prévu pour être habitée, mis à part la fête orga-

nisée pour les trente ans de sa fille. Elle se transforme peu à peu en atelier. A voir les portails bien entretenus, la baraque qui brille de mille feux sous les couches de carbonyl, et ses volets peints. Jean lui rend bien le ser-vice qu'elle lui donne en lui offrant un atelier grand standing. Ce ne sont pas les poissons rouges dans le puits aménagé en aquarium qui me contrediront. Cette baraque ne représente rien de particulier pour moi me dit Paule ; si ce ne sont les bonnes années passées au Polygone Butte.

Interview réalisé en 2012 par Ollivier

La baraque atelier Baraque française Type 534.10

témoignages

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Baraques à coeur 4

en 1965. Ma sœur s'est mariée le même jour, il y avait tellement de monde ce jour là devant la baraque que j'ai cru qu'il y avait eu un accident. Mon futur mari ve-nait me voir tous les soirs à la baraque, après sa jour-née de travail au Commissariat de la Marine à Brest où il était employé comme chauffeur au transport des car-burants. Je le vois encore assis à côté de la cuisinière, comme si c'était aujourd'hui. Par la suite une fois ma-rié, tous les été nous passions nos vacances avec les enfants. Nous avons continué jusqu'au décès de ma mère en 2008. Maintenant nous n'avons plus la force de l'entretenir, et pas les moyens d'acheter le terrain qui appartient toujours à la commune. Nous souhaite-rions qu'elle fasse quelque chose de bien de notre bara-que. Nous la voyons inexorablement se dégrader et sentimentalement ce serait comme un poids qu'on nous enlèverait. Nous y allons encore de temps en temps pour nourrir notre chatte « Poupoune », dernière habi-tante de la baraque, la « Star » de Cléménéhy comme l'appelle les voisins, depuis le passage d'une équipe de TF1, en reportage pour le journal de 13h en 2010. Interview de Mme Bouguen par Ollivier Disarbois

Bonne lecture, envoyez vos histoires, pour le prochain numéro. Et n’oubliez pas le livre est en cours, vous êtes fortement invités à contribuer. [email protected] 02 98 45 00 54

Pouvez-vous en quelques mots, évo-quer l'histoire de cette baraque ? L'histoire de cette baraque, je devrais dire l'histoire de ces baraques, c'est l'histoire de ma vie. Mes parents se sont mariés en 1942 et ont toujours vécu en baraques. J'ai vu le jour en 1945 à Gorré ar hoat en Logonna Daoulas près de Brest, dans une ba-raque où il n'y avait que deux pièces. A la naissance de mon frère en 1959 ; la première baraque est trop petite pour nous loger. Mes parents achètent une ba-raque de type française à Brest, au prix de 68640F, qu'ils vont monter sur un terrain communal à Clémé-néhy en Logonna. Elle provient du quartier de Kéran-goff à Brest et porte le n°E6 comme l'atteste l'acte de vente, en date du 26 juin 1959. Elle arrive dans un camion. Mon père et ses copains construisent un sou-bassement en pierres de Logonna pour la surélever. Cette baraque type 534-10, comprend trois pièces et un cagibi. Aujourd'hui, que représente pour vous cette baraque ? Cette baraque est pour moi le souvenir de mon adolescence, j'ai 17 ans en 1959 et je me marie

La baraque c'est toute ma vie

La clique du PL Guérin