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Claire LE CAM
M2pGCAI mineure VG
CO-DEVELOPPEMENT ET LOGIQUES PARTICIPATIVES , LES
MIGRANTS DANS LA COOPERATION DECENTRALISEE
L’exemple du partenariat entre le département de la Seine-Saint-Denis
et la ville de Figuig (Maroc)
Etude de cas dirigée par Etienne Butzbach
2005 - 2006
Institut d’Etudes Européennes
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REMERCIEMENTS
Je tiens tout particulièrement à remercier M. Etienne Butzbach pour ses
recommandations.
Merci également aux interlocuteurs interrogés dans le cadre du travail préparatoire à la
réalisation de cette étude, à savoir, M-H Chambrin chargée de mission à la « mission
départementale pour la coopération décentralisée et la culture de la paix », N. Taouch
chargée de mission au service de coopération décentralisée de Stains, A. Amar maire
adjoint à Figuig, et H. Marzouki président de la Fédération des Associations de Figuig
Maroc en France (FAF MF).
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SOMMAIRE
SOURCE ET METHODOLOGIE .............................................................................................p.5
INTRODUCTION .................................................................................................................p.6
PREMIERE PARTIE : COOPERATION, DECENTRALISATION ET CODEVELOPPEMENT ................p.8
I. UNE COOPERATION BILATERALE RENOVEE ......................................................................p.8
I. 1. Les rencontres de chefs de gouvernement ........................................................p.9
I. 2. Le PAD, nouvel outil de la coopération bilatérale ..............................................p.9
II. LA COOPERATION DECENTRALISEE FRANCO-MAROCAINE .............................................p.12
II. 1. En France .......................................................................................................p.12
II. 1. 1. Définitions ........................................................................................p.12
II. 1. 2. Organisation et Stratégie des collectivités locales françaises
dans la coopération décentralisée ...............................................................p.13
II. 1. 2. 1. Modalités générales .........................................................p.13
II. 1. 2. 2. Organisation locale de la coopération décentralisée .......p.15
II. 1. 2. 3. Stratégies et financement ................................................p.16
II. 2. Au Maroc .........................................................................................................p.17
II. 2. 1. La décentralisation marocaine ........................................................p.17
II. 2. 2. « La diplomatie locale » marocaine .................................................p.18
II. 2. 2. 1. Fondements juridiques ....................................................p.19
II. 2. 2. 2. Organisation et pratiques .................................................p.20
II. 3. La coopération décentralisée franco-marocaine .............................................p.20
III. CO-DEVELOPPEMENT ET MIGRATION ...........................................................................p.22
III. 1. La notion de co-développement .....................................................................p.22
III. 2. Organisations issues des migrations .............................................................p.25
III. 2. 1. Définitions .......................................................................................p.25
III. 2. 2. Les formes de mobilisation des migrants ......................................p.26
III. 3. Enjeux migrants et collectivités ..........................................................p.27
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DEUXIEME PARTIE : FIGUIG ET LE DEPARTEMENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS,
UNE POLITIQUE DE COOPERATION PARTICIPATIVE ? .........................................................p.29
I. LES PARTENAIRES .......................................................................................................p.30
I. 1 Le département de la Seine Saint Denis ..........................................................p.30
I. 1. 1. La Seine Saint-Denis en bref ...........................................................p.30
I. 1. 2. La coopération dans le département, généralités ............................p.30
I. 1. 2. 1. Thématiques .....................................................................p.30
I. 1. 2. 2. Organisation et financements ...........................................p.31
I. 2. La municipalité de Figuig .................................................................................p.33
I. 2. 1. Contexte socio-économique .............................................................p.33
I. 2. 1. 1. Une société très structurée ...............................................p.33
I. 2. 1. 2. Une économie fragile ........................................................p.35
I. 2. 2. Le portefeuille de coopération de la ville de Figuig ..........................p.35
II. LES FIGUIGUIS DE SEINE-SAINT-DENIS ........................................................................p.36
II. 1. Structuration de la diaspora ............................................................................p.36
II. 2. Stratégies d’intervention à Figuig ....................................................................p.37
III. LA POLITIQUE DE COOPERATION DU DEPARTEMENT .....................................................p.39
III. 1. Quels projets ? ...............................................................................................p.40
III. 2. Logique partenariale et mise en réseau .........................................................p.41
III. 3. Co-développement, logiques participatives limites ........................................p.44
III. 3. 1. Le rôle déclencheur de la diaspora ................................................p.44
III. 3. 2. Les projets : un rendez-vous manqué ............................................p.45
IV. MIGRANTS, POLITIQUES ET SOCIETE LOCALES, QUEL IMPACT ? ................................... p.47
IV. 1. Migrants et coopération dans la société locale ..............................................p.47
IV. 2. La participation citoyenne en question ..........................................................p.48
CONCLUSION ..................................................................................................................p.51
LISTE DES ABREVIATIONS ................................................................................................p.53
LISTE DES ANNEXES .......................................................................................................p.54
ANNEXES .......................................................................................................................p.58
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SOURCES ET METHODOLOGIE
Outre la constitution d’un corpus bibliographique relatif à la coopération décentralisée
et aux problématiques liées à l’engagement des populations issues des migrations en
direction de leur région d’origine, un travail d’information sur les relations franco-
marocaines a également été mené. Sur ce point les sources consultées sont
essentiellement issues d’Internet.
Concernant le partenariat entre Figuig et la Seine-Saint-Denis, cette étude est basée sur
les entretiens accordés par différents acteurs de la coopération décentralisée. M-H
Chambrin, chargée de projet à la mission pour la coopération et de la culture de la paix
de Seine-Saint-Denis et N. Taouch, chargée de mission au service de coopération
décentralisée de Stains ; A. Amar, maire adjoint de Figuig et H. Marzouki, président de la
Fédération des Associations de Figuig Maroc en France (FAF MF) ont ainsi accepté de
répondre à nos questions.
En raison de contraintes d’emploi du temps ou d’éloignement géographique, tous le
entretiens n’ont pu être menés de visu. Si H. Marzouki a retourné un questionnaire par
mèl, le contact avec A. Amar, qui s’est fait par téléphone, n’a pas donné lieu à la
rédaction d’un comte-rendu.
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INTRODUCTION
Alors que les marocains constituent l’une des plus importantes communautés
d’origine étrangère vivant en France, le Maroc est un partenaire ancien de la République
Française sur la scène bilatérale. Les évolutions des relations entre les deux pays
soulignent actuellement le rôle à jouer par les acteurs locaux, et notamment par les
immigrés. Le Maroc est ainsi l’un des trois pays pilotes que la France a choisi pour
mettre en œuvre sa politique de co-développement, défini comme la mobilisation des
compétences des diasporas économiques, scientifiques et techniques en faveur du
développement de leur pays d’origine. De ce point de vue, le co-développement,
appliqué aux politiques de coopération décentralisée, constitue une facette particulière
des modes de gouvernance participatifs en vogue ces derniers temps.
Compte tenu de l’importance et des caractéristiques de la diaspora figuigui dans le
département francilien, la coopération engagée en juin 2000, entre le département
francilien et l’oasis marocaine constitue un terrain d’analyse particulièrement fertile. Les
grands principes évoqués ci-dessus résistent-ils à l’épreuve de la réalité ?
Tout en centrant la réflexion sur la participation des figuiguis de Seine-Saint-Denis à la
coopération décentralisée, le développement qui suit propose d’élargir le
questionnement, et de s’interroger sur l’intégration des migrants à la société locale
d’accueil. Ce faisant, il est apparu opportun de mesurer l’articulation de la politique
départementale avec l’échelon communal, d’une part, et avec la société civile, de l’autre.
Cet angle d’approche permet notamment de s’interroger sur l’élargissement des
processus démocratiques, notamment par le biais de logiques participatives.
Après avoir dressé un tableau général des interactions entre coopération bilatérale,
coopération décentralisée et co-développement, en France et au Maroc, nous nous
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attacherons à en mesurer les effets dans le partenariat de coopération décentralisée mis
en œuvre par la Seine-Saint-Denis et Figuig.
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PREMIERE PARTIE : COOPERATION, DECENTRALISATION ET CODEVELOPPEMENT
Depuis 2000, la coopération bilatérale oriente le partenariat franco-marocain vers
deux axes majeurs, la décentralisation et co-développement. Il s’agit d’en rappeler les
modalités et les implications propres, tout en soulignant quelles peuvent être leurs
interactions.
I. UNE COOPERATION BILATERALE RENOVEE :
« Ce partenariat élargi prend toute sa portée au moment où le Maroc entreprend,
sous l’impulsion du roi Mohammed VI, un processus de démocratisation et de
modernisation exemplaire, auquel la France entend apporter tout son soutien »1
Le Maroc est l’un des principaux partenaires de coopération de la France, premier
créancier public du pays (13% de la dette extérieure) et premier bailleur de fonds bilatéral
au titre de l’Aide Publique au Développement (APD)2. L’entrée du Maroc en Zone de
Solidarité Prioritaire3 (1999) a permis de recourir aux Fonds de Solidarité Prioritaires
(FSP)4.
1 VIème rencontre franco-marocaine des Chefs de gouvernement, déclaration commune, juillet 2004. 2 61% du total de l’APD reçue par le Maroc, pour un montant annuel moyen d’engagements nets sur la décennie 1990 de 200 m€. 3 Définie en 1998, la ZSP se compose de pays parmi les moins développés avec lesquels la France entend nouer une relation forte de partenariat, dans une perspective de solidarité et de développement durable. Ses contours peuvent évoluer sur décision du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID). Hors de cette zone, c’est la coopération multilatérale qui est le mode de coopération privilégié. 4 Le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) est l'instrument de l'aide-projet du ministère des Affaires étrangères et remplace depuis 1999 le fonds d'aide et de coopération. Il a pour vocation de financer l’appui apporté aux pays de la ZSP en matière de développement institutionnel, social, culturel et de recherche. Il est susceptible d'intervenir sur l’ensemble des structures nationales d’un pays : ministères, collectivités territoriales, établissements publics. En 2000, 179 projets ont été approuvés au titre du FSP.
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Les chiffres de la coopération bilatérale au Maroc
- Entre 2001 et 2003, cinq projets FSP d’un montant total de plus de 15m€ ont été initiés
(aménagement du territoire, valorisation de la recherche, formation de gestionnaires hospitaliers,
appui à la lecture publique, appui à l’enseignement fondamental).
- En 2004, le projet FSP pour l’appui à la réforme de l’enseignement supérieur (4,33 m€) a
également été lancé.
- Un Fonds Social de Développement de 0,7m€, destiné à la mise en œuvre de micro-projets pour
lutter contre la pauvreté en aidant les populations les plus fragiles est opérationnel depuis 2005.
Deux éléments structurent les relations franco-marocaines : les rencontres annuelles
entre les chefs de gouvernement, et le nouvel accord de coopération signé en 2003.
I. 1. Les rencontres de chefs de gouvernement:
Depuis 1996, ces rencontres annuelles doivent permettre de renforcer le dialogue
politique franco-marocain et de fixer les orientations de la coopération bilatérale. A partir
de 2000, les travaux des chefs de gouvernements se sont orientés en direction de deux
axes majeurs :
- le rapprochement entre le Maroc et l’Union Européenne (EUROMED),
- l’appui au processus de décentralisation marocain, notamment par le biais de la
participation des collectivités territoriales françaises. La VIIe rencontre des chefs de
gouvernements franco-marocains, organisée à Rabat en septembre 2005 avait ainsi
pour thème "La coopération décentralisée au service de la politique de la ville ".
I. 2. Le PAD, nouvel outil de la coopération bilat érale
Dans le sillage de la réforme des structures de la coopération française1, les outils de la
coopération bilatérale entre les deux pays ont été rénovés. Il s’agissait en effet de les
adapter au contexte nouveau créé à la fois par l’entrée du Maroc dans la ZSP (1999) et
par son rapprochement avec l’Union Européenne. Une nouvelle « convention de
partenariat pour la coopération culturelle et de développement » a ainsi été signée en
1 1998
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juillet 2003. Elle organise la coopération franco-marocaine autour de deux
structures particulières : le Conseil d’orientation et de pilotage du partenariat (COPP) et
cinq comités sectoriels et thématiques. Ces instances suivent les deux grandes
orientations fixées lors des rencontres gouvernementales.
L’appui à la décentralisation marocaine s’est ainsi traduit par la mise en place d’un
nouveau programme : le Programme d’Accompagnement du processus de
Décentralisation marocain (PAD Maroc). Annoncé en 2001, lors des premières Assises
de la coopération décentralisée tenues à Fès, il est concrétisé durant la VIe rencontre
des chefs de gouvernement marocains et français1. D’un montant total estimé à 11
millions d’Euros (dont 4,6 millions sur les crédits du FSP), ce programme vise,
notamment, à renforcer les capacités de maîtrise d’ouvrage des collectivités locales
marocaines. Les actions seront organisées autour de trois points spécifiques :
- Améliorer le cadre des relations entre les services de l’Etat et les collectivités
locales. Cet axe repose pour l’essentiel sur une coopération renforcée entre les
ministères de l’Intérieur marocain et français et, en particulier, les deux Directions
Générales des Collectivités Locales (DGCL).
- Adapter l’offre de formation destinée aux élus et cadres administratifs et
techniques des collectivités locales (structures d’appui aux élus : les « Maisons de
l’Elu »2....).
- Renforcer les capacités de maîtrise d’ouvrage des collectivités locales, notamment
à travers le « laboratoire des maîtrises d’ouvrage locales », consacré à la coopération
décentralisée3. Un fonds de soutien aux partenariats décentralisés fonctionnant sur
appel à projet complète le dispositif. A titre d’exemple, la dotation pour le premier
1 4 – 5 juillet 2004, Paris. 2 Première construction prévue à Rabat pour 2006. 3 Les projets devront être déposés par les collectivités locales marocaines. Le montant du cofinancement ne pourra excéder la contribution totale des collectivités locales partenaires (soit 50% maximum pour les projets n’ayant pas prévu d’autres financements que ceux des deux collectivités partenaires) à concurrence de 3.000.000 dirhams (300.000 €). La participation financière de la collectivité locale marocaine devra être au moins égale à 10% du cofinancement (source : Termes de référence du PAD Maroc, www.padmaroc.org).
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appel à projet (2005-2006)1 est de 2.500.000 euros. Ce dernier volet ne s’adresse
pas directement aux ONG ou aux associations mais les rédacteurs du projet ont
souligné l’importance du partenariat avec la société civile, des deux côtés de la
Méditerranée.
Si le fonds de soutien aux partenariats décentralisés, et les appuis du laboratoire des
maîtrises d’ouvrage locales sont ouverts à l’ensemble des collectivités locales du Maroc,
une partie des actions du PAD sont concentrées dans cinq régions pilotes. Comme le
montre la carte d’application du programme2, il s’agit des régions que l’on retrouve sur la
carte de localisation des principaux partenariats de coopération décentralisée franco-
marocains3. L’approfondissement du processus de décentralisation et de la coopération
décentralisée devrait s’y poursuivre sans heurts, mais, concernant le reste du pays, la
question reste posée.
Par ailleurs, la lourdeur administrative du programme et la relative faiblesse des sommes
allouées aux cofinancement, au regard des objectifs visés, doivent être soulignés. Pour
N. Taouch, responsable de la coopération décentralisée à Stains, cette dimension est
essentielle et oblige à regarder le nouveau programme de manière critique. Elle souligne
également qu’à travers le « Laboratoire », le PAD propose une forme de mise en réseau
des collectivités actives dans le domaine de la coopération au développement. De
nombreux réseaux de cette nature existant déjà, le PAD risque d’introduire une
complexité et une illisibilité supplémentaire pour les responsables, notamment
municipaux, qui manquent déjà de temps pour inscrire l’action de leur collectivité dans
les réseaux existants.4
Avec le PAD, la coopération bilatérale vient ouvertement soutenir la coopération
décentralisée. Dans l’absolu, il devrait permettre une meilleure collaboration des
différents acteurs de la coopération entre les deux pays, tout en l’engageant plus avant
1 Lancé à l’occasion de la septième rencontre des chefs de gouvernement marocain et français tenue à Rabat les 26 et 27 septembre 2005 sur le thème « coopération décentralisée et développement humain ». 2 « Carte d’application du PAD Maroc », Annexe I, p.II. 3« Carte de localisation des coopérations décentralisées franco-marocaines », Annexe II, p.II. 4 Compte rendu d’entretien avec N. Taouch, Annexe III, p.IX.
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dans des problématiques spécifiques liés au développement local et à la démocratie. La
complexe alchimie nécessaire à son fonctionnement ne se fera sans doute pas sans
difficultés. La mise en œuvre du programme ayant débuté en avril 2005, il est encore trop
tôt pour pouvoir en analyser les effets.
II. LA COOPERATION DECENTRALISEE FRANCO-MAROCAINE
Elle s’inscrit dans le cadre des évolutions territoriales générales et des politiques de
coopération des deux pays.
II. 1. En France
La coopération décentralisée avec le Maroc s’inscrit dans le cadre du développement
des « jumelages coopération », nés dans les années 19701. Suite aux décolonisations et
à la prise de conscience mondiale suscitée par la sécheresse sahélienne, ils associent
l’idée de développement à celle de paix développée dans les jumelages d’après guerre.
II. 1. 1. Définitions
Les lois de décentralisation françaises de 1982 renforcent les collectivités locales en
élargissant le champ de leurs compétences, mais laissent un vide juridique quant à leur
rôle et leur place dans l’action extérieure de la France. La circulaire Mauroy du 26 mai
1983, tente d’y remédier en reconnaissant aux collectivités territoriales la possibilité de
nouer des relations avec des collectivités locales d’autres pays, dans la limite de leurs
attributions et sous le contrôle de l’Etat. En 1992, le Titre IV de la Loi d’orientation relative
à l’Administration territoriale de la République traduit les pratiques des collectivités
territoriales en matière de coopération dans la législation. La coopération décentralisée y
est définie comme l’ensemble des actions développées par une collectivité locale
française avec une (ou plusieurs) collectivité locale étrangère. Elle suppose l’intégration
1 Avec l’appui de la Fédération Mondiale des Villes Jumelées (aujourd’hui Fédération Mondiale des Cités Unies – FMCU) et du Comité National de Jumelage Français (aujourd’hui Cités Unies France – CUF).
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des notions de réciprocité, d’engagement et de durée. Malgré son inscription dans la
législation, la coopération décentralisée reste peu définie, laissée à la libre appréciation
des collectivités.
La Commission Européenne a également adopté une approche de la coopération
décentralisée, différente de la conception française, notamment sur deux points :
- le rapport à la loi : la notion française est une notion légale depuis la loi du 6 février
1992, alors que la conception “européenne” ne repose sur aucun traité (sauf Lomé IV qui
s’applique à un champ géographique restreint1). Dans la conception européenne, il s’agit
donc uniquement d’un “concept opératoire de gestion”, même si la définition figure dans
un règlement du Conseil de l’UE2.
- le contenu : l’Europe retient une définition plus large de la coopération décentralisée.
Elle y inclut également les actions mises en place par l’ensemble des acteurs non-
étatiques (associations, églises, ONG…), alors que la définition française stricto sensu
ne retient que la coopération entre autorités locales.
Longtemps opposées, les deux acceptions se rejoignent aujourd’hui dans la pratique. En
effet, la coopération décentralisée “à la française” est une coopération politique et
stratégique, de territoire à territoire, où appui institutionnel et vision transversale sont au
centre des préoccupations.
II. 1. 2. Organisation et Stratégie des collectivi tés locales françaises dans
la coopération décentralisée
II. 1. 2. 1. Modalités générales
La loi de 1992 fixe l’action internationale des collectivités territoriales dans un cadre
juridique et administratif précis.
- Le cadre juridique : convention et compétences
1 Quatrième convention de Lomé entre les pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) et la Communauté Européenne, 1989. 2 Règlement (CE) n°1659/98 relatif à la coopération décentralisée, Conseil du 17 juillet 1998; Note d'orientation sur la coopération décentralisée, Commission européenne, 23 décembre 1999.
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Bien qu’elle ne soit pas obligatoire, la circulaire du 26 mai 1994 précise que « la
convention est la voie privilégiée de la coopération décentralisée pour tous les types
d’intervention ». Elle y est définie comme « Tout contrat ou acte signé entre des
collectivités territoriales françaises et étrangères, comportant des déclarations, des
intentions, des obligations ou des droits opposables à l’une ou l’autre des parties.». Une
convention doit permettre de s’assurer que l’objet poursuivi est conforme à ce qui est
attendu par la collectivité étrangère et que les procédures de définitions des
engagements réciproques, d’établissement d’un contrôle, de règlement d’éventuels
litiges sont prévues. La nature juridique de la convention n’est pas définie, elle peut
prendre des formes multiples1. La loi n’implique pas d’isomorphie entre les parties
signataires.
Par ailleurs, il est précisé que la coopération décentralisée « n’est pas une nouvelle
compétence dévolue aux collectivités territoriales mais un mode d’exercice des
compétences qui leur sont reconnues » par les lois de décentralisation. De ce fait,
l’action extérieure des collectivités territoriales ne peut s’exercer que « dans la limite de
leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de la France ».
Les collectivités locales ne sont pas autorisées à conclure ou à participer à un accord
international, ni à conclure de convention avec un Etat. La collectivité territoriale assure
la responsabilité de sa coopération décentralisée, notamment concernant la capacité
juridique du partenaire.
Malgré les précisions apportées par les différentes circulaires mises en application
depuis 1992, le cadre juridique de la coopération décentralisée française est encore flou.
- Le cadre administratif : le contrôle du préfet de région
Les conventions de coopération décentralisée relèvent du droit commun et sont donc
soumises au “contrôle de légalité”, exercé a posteriori par le préfet de région. A dater de
la transmission, il dispose de deux mois pour engager un recours devant les tribunaux
administratifs s’il constate une irrégularité. Ce recours peut également être engagé sur
1 “Protocole d’amitié”, “charte de jumelage”, “accord de coopération”, “convention de partenariat”.
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l’initiative de tout citoyen de la collectivité concernée et s’applique également aux
avenants des conventions.
II. 1. 2. 2. Organisation locale de la coopératio n décentralisée
La collectivité locale assume obligatoirement la maîtrise d’ouvrage1 mais peut opter
pour deux formes d’organisation :
- l’internalisation : les projets sont intégrés dans la comptabilité publique de la
collectivité. Un élu et un service technique pilotent la mise en œuvre de la politique de
coopération, qui revêt alors une dimension politique et technique forte. La collectivité
peut également se doter d’une instance chargée d’entretenir le lien avec les acteurs
locaux, associations et citoyens, et de les associer aux décisions2.
- l’externalisation : tout ou une partie de la maîtrise d’œuvre3 est déléguée à un
organisme tiers (association, ONG, établissement public…). Cette délégation impose des
règles, notamment en matière budgétaire et la collectivité locale française doit veiller à ne
pas se trouver en situation de « gestion de fait » : aucun élu ne doit exercer de
responsabilité au sein de l’organisme délégué. Le contrat (conventionnement) est
obligatoire si la collectivité locale subdélègue en totalité une subvention à une même
association.
Ces distinctions conceptuelles, qui facilitent l’analyse, ne sont pas exclusives les unes
des autres. Dans la pratique, les collectivités territoriales les utilisent souvent de manière
conjointe et complémentaire, donnant naissance à des formes de coopération originales.
1« La maîtrise d’ouvrage est la prise en charge de la conduite d’un projet qui engage la responsabilité de celui ou de ceux qui l’assument qui comprend à la fois l’initiative et la garantie de bonne fin. Il faut noter que le maître d’ouvrage n’est pas forcément le financeur majoritaire du projet, Guide de la coopération décentralisée, op.cit, 2000. 2 « Comité consultatif », « office municipal », « commission extramunicipale ». 3 « Le maître d’œuvre est la personne ou le groupe chargé, sous l’autorité et la responsabilité du maître d’ouvrage de faire avancer techniquement le projet », Guide de la coopération décentralisée, op.cit, 2000.
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II. 1. 2. 3. Stratégies et financement
Actuellement près de 3250 collectivités ou groupements français sont engagés dans plus
de 6000 liens de coopération dans 115 pays1 et pratiquent des formes de coopération
décentralisée très variées. Cette diversité s’exprime tant au niveau des approches et des
pratiques que des acteurs eux-mêmes, même si la géographie des politiques de
coopération des collectivités françaises reste marquée par l’histoire de la France sur la
scène internationale. Parallèlement certains thèmes comme la démocratie locale, le
développement économique, la valorisation des territoires se retrouvent dans bon
nombre d’accords de coopération.
Néanmoins, compte tenu de la liberté laissée par la loi aux collectivités, la nature des
partenariats tend à refléter l’identité, les particularismes et les enjeux qui leurs sont
propres, de manière de plus en plus pragmatique. Les auteurs du rapport ACT/GRET sur
l’intervention des collectivités locales dans la coopération évoquent ainsi la constitution
de véritables « portefeuilles de coopération »2.
La coopération décentralisée française est financée à 90% par les collectivités
territoriales sur leurs fonds propres. Le reste provient, pour l’essentiel, des co-
financements du MAE3. En 2002, les sommes consacrées par les collectivités
territoriales à l’action extérieure4 sont estimées à 230 millions d’euros, dont 50% environ
sont dirigés vers des partenaires en développement. La répartition des sommes
engagées par type de collectivité montre que les communes sont les principaux acteurs
de la coopération décentralisée. Avec 122 millions d’euros engagés en 2002 dont 69 au
titre d’actions pour le développement, elles arrivent devant les régions (82 millions dont
1 Source : base de données de la C.N.C.D. 2 Patrice Noisette, Virginie Rachmuhl, Emilie Barrau, L’intervention des collectivités locales françaises dans la coopération au développement, en matière de développement urbain, Rapport Act consultants / Groupe de Recherche et d’Echanges Technologiques, op.cit, 2006, p.29. 3 Selon le MAE, pour 2002, ces co-financements se sont montés à 11,77 millions d’euros. (http://www.diplomatie.gouv.fr). 4 « L’action extérieure des collectivités territoriales » regroupe l’ensemble des actions menées avec l’étranger par les régions, les départements, les communes et leurs groupements. Ces actions incluent non seulement la coopération décentralisée, mais également l’aide humanitaire et d’urgence, les actions de promotion économique et de rayonnement culturel. Elles ne reposent pas nécessairement sur des engagements conventionnels avec une autorité locale étrangère.
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33 pour les actions de développement) et les départements (24 millions dont 13 pour les
actions de développement). Ces écarts peuvent être en partie imputés à la genèse de la
coopération décentralisée, dont les communes sont les acteurs historiques.
II. 2. Au Maroc
II. 2. 1. La décentralisation marocaine
La coopération décentralisée marocaine s’inscrit dans le contexte du processus de
décentralisation marocain qui, comme en témoigne l’existence même du PAD Maroc, est
encore en cours. Il s’inscrit dans un temps long et a fait l’objet de plusieurs réformes1. Ce
renforcement progressif de la décentralisation se situe dans un contexte général marqué
par la consolidation de la démocratie2 et une volonté de réduire les déficits sociaux3. La
loi 78.00 portant sur la charte communale, promulguée par le dahir du 3 octobre 2002,
apporte d’importantes nouveautés en matière de développement local. La coopération
décentralisée figure parmi les compétences reconnues en propre4 aux collectivités
marocaines, au même titre que l’urbanisme, la salubrité et l’environnement, les
équipements et actions socioculturelles.
L’émergence du mouvement municipal incite les collectivités locales à s’organiser au
sein d’associations nationales5. Il constitue un espace de réflexion et de concertation sur
les enjeux de la décentralisation et les compétences des collectivités marocaines, sept
colloques ont ainsi été organisés, entre 1977 et 1998.
1 Le processus de décentralisation marocain, Annexe IV, p.XI. 2 La révision constitutionnelle de 1996 affirme l’attachement du Royaume du Maroc aux Droits de l’Homme 3 2005 : lancement de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Il est prévu d’associer l’échelon local dans l’identification et l’élaboration des projets. Le financement (10 Mds de Dirhams sur la période 2006-2010, dont 6 Mds de Dirhams que l’Etat a prévu de prendre en charge), reste pour sa part à boucler. 4 Deux autres types de compétences sont reconnus aux collectivités marocaines. Les compétences transférées (construction et entretien des équipements sociaux, des établissements scolaires, des centres de santé, des équipements hydrauliques ; mise en place de formations professionnelles à destination des élus et des personnels communaux) et les compétences consultatives (la commune est consultée pour toute action entreprise par l’Etat ou toute autre personne morale de droit public, lorsque le projet relève de son territoire). 5 Animé par l’Association Nationale des Collectivités Locales du Maroc, créée le 14 novembre 2002, qui regroupe les communes et l’Association des Présidents des Conseils des Préfectures et des Provinces pour la Solidarité et le Développement, créée le 23 mai 2004.
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« La commune est devenue un lieu de mobilisation des ressources nécessaires au
développement local. Elle est appelée à faire fructifier les ressources disponibles et à en
créer d’autres, en faisant appel à l’action, à la création et à la connaissance de tous les
intervenants locaux. »1 Ce développement passe également par l’approfondissement des
relations tissées avec l’étranger.
II. 2. 2. « La diplomatie locale » marocaine
II. 2. 2. 1. Fondements juridiques
L’État marocain encourage ses collectivités locales et leurs représentants à tisser des
liens et à passer des accords de coopération avec les collectivités locales étrangères.
Néanmoins, ces relations, héritées des jumelages mis en place dans les années 1960,
se sont déroulées en dehors de tout cadre juridique spécifique. A partir de 2002, la
coopération et le partenariat font partie des compétences propres reconnues aux
communes marocaines par la nouvelle charte communale. Comme en France, ces
initiatives sont soumises à certaines obligations telles que :
- recevoir l’accord de l’autorité de tutelle, en l’occurrence le Ministre de l’Intérieur ou
son représentant,
- respecter les engagements internationaux du Maroc,
- interdiction de conclure une convention ou un accord avec un Etat étranger.
S’agissant des régions, la loi ne consacre pas expressément leur droit à la coopération
internationale. Toutefois, en leur qualité de collectivités locales, dotées de la personnalité
morale et de l’autonomie financière, rien n’interdit aux conseils régionaux de promouvoir
et de développer des relations d’amitié, de coopération et de partenariat avec leurs
confrères étrangers.
1 Regards croisés sur le développement local participatif, Actes du séminaire international de Salé, op.cit, 2005, p.47
- 19 -
II. 2. 2. 2. Organisation et pratiques
A la faveur de la dynamique communale introduite par la réforme de 19761, la
coopération décentralisée a connu un développement remarquable à deux niveaux :
- au niveau bilatéral, par la multiplication des jumelages et la signature de
conventions de coopération avec les différentes villes du monde ;
- au niveau multilatéral, par un important mouvement d’adhésion aux organisations
internationales non gouvernementales des pouvoirs locaux, telles que l’Organisation
des Villes Arabes (OVA), l’Union des Villes Africaines (UVA), l’Association
Internationale des Régions Francophones (AIRF), l’Union des Communes
Francophones (UCF) et surtout Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique
(CGLUA), dont le siège est à Rabat.
En 2004 une coordination du Département des Affaires Etrangères et de la Coopération
et du département de l’Intérieur avec les associations nationales de collectivités locales a
été créée. Elle vise à défendre les causes nationales et à renforcer la décentralisation et
la démocratie locale.
En 2005, Najat Zarrouk, Directrice des Affaires Juridiques, des Études, de la
Documentation et de la Coopération, à la Direction Générale des Collectivités Locales
parle ainsi de « diplomatie locale » pour qualifier l’action internationale des collectivités
locales marocaines. « (...) Bien qu’elles inscrivent l’apolitisme et le non-alignement au
rang des principes figurant dans leurs chartes, les associations des collectivités locales
et les organisations internationales de pouvoirs locaux sont de véritables espaces de
débat de politique internationale. Elles n’échappent pas aux alliances, aux tensions et
aux conflits qui affectent les rapports mondiaux. S’est ainsi forgée une diplomatie des
collectivités locales qui s’est progressivement greffée aux canaux diplomatiques
classiques. »2
1 Voir « Les étapes du processus de décentralisation au Maroc », Annexe IV, p. XI. 2 La lettre de la coopération française au Maroc, n°18, juillet 2005, op.cit, p.14 – 15.
- 20 -
Pour les collectivités locales engagées, il s’agit de développer, dans leur propre intérêt et
celui de leurs partenaires publics ou privés, un espace complémentaire de concertation,
et d’action en commun. Aujourd’hui, la coopération décentralisée répond à des besoins
objectifs, en particulier en matière de formation des décideurs locaux, d’expériences
comparées et de sensibilisation aux difficultés rencontrées dans la gestion locale. C’est
aussi un outil de promotion des solidarités, de réduction des inégalités et de répartition
richesses.
Dans ce contexte, les collectivités marocaines trouvent dans les acteurs de la
coopération décentralisée française des partenaires, qui, de part leur nature et leurs
compétences, sont particulièrement à même de renforcer leurs capacités.
II. 3. La coopération décentralisée franco-marocain e
Inaugurée par des jumelages à la fin des années 70, la coopération entre collectivités
territoriales françaises et marocaines a pris un nouvel essor depuis la deuxième moitié
des années 80.
« L’augmentation du nombre des coopérations avec le Maroc a été rapide et
spectaculaire puisqu’on recense plus de quarante partenariats de coopération
décentralisée qui s’exercent dans le cadre de jumelages ou d’accords de coopération.
Sur les 22 régions françaises, 10 ont des accords de coopération avec autant de régions
marocaines. »1
Le Maroc est le quatrième partenaire de coopération des collectivités territoriales
françaises hors Union Européenne, derrière le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal.
Aujourd’hui, plus de cinquante programmes de coopération décentralisée impliquent une
vingtaine de collectivités françaises. Les partenariats franco-marocains confirment les
remarques générales faites au sujet de la coopération décentralisée française.
Les communes sont en effet les collectivités locales les plus entreprenantes. La région
étant de constitution récente en France comme au Maroc, le développement
1 Intervention du ministre délégué aux collectivités territoriales, M. Hortefeux (Skhirat, 27 janvier 2006).
- 21 -
de coopérations interrégionales est récent mais rapide. Les départements, peu présents
jusqu’au début des années 2000, ont entamé une remontée importante, pour arriver au
niveau des régions. A l’image de la Seine-Saint-Denis avec Figuig, la plupart d’entre eux
sont liés avec des villes. Au total, 21 villes, 6 communautés de communes, 9 régions et 8
départements français ont développé un partenariat de coopération avec des collectivités
marocaines1. L’origine géographiquement variée des partenaires français montre que la
proximité relative avec le Maroc n’est pas un facteur déclenchant. Sans doute l’origine de
ces partenariats réside t’elle dans la présence, au sein des collectivités françaises, de
communautés issues des territoires avec lesquels les partenariats ont été engagés.
Trois domaines d’intervention majeurs peuvent être retenus : le renforcement des
compétences techniques, administratives et institutionnelles ; le soutien aux innovations
économiques et sociales ; la formation professionnelle. Concernant les modalités et le
montant des sommes engagées, les co-financements procèdent par deux voies : celle
des Préfets de Région sur des crédits délégués (crédits dits «SGAR ») et celle de
l’Ambassade de France au Maroc. Pour les années 2001 à 2004, selon le Service de
Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France, l’appui financier du
ministère français des Affaires étrangères, par l’intermédiaire des crédits déconcentrés
en préfectures de Région, s’est élevé à près de 1 300 000 euros, celui de l’Ambassade
de France à 200 000 euros. Depuis 2005, le programme FSP PAD Maroc, par le biais du
« Laboratoire des collectivités locales » et du fonds de soutien à la coopération
décentralisée, offre une ligne de subventionnement supplémentaire.
Avec le Programme Concerté Maroc (PCM), la coopération bilatérale française soutenait
déjà les initiatives de la société civile en matière de développement local. A travers le
PAD, les collectivités locales deviennent le troisième acteur de ce système. Ce dispositif
peut être l’occasion de renforcer les liens entre les collectivités locales, les ONG et les
associations actives sur leurs territoires respectifs. Outre les problématiques actuelles
1 La lettre de la coopération française au Maroc, n°18, juillet 2005, op.cit, p.12 – 13.
- 22 -
concernant les processus participatifs, l’enjeu pour les associations, et notamment celles
de migrants, est important. Pour ces structures, il s’agit de s’affirmer comme un pont
entre collectivités françaises et marocaines.
III. CO-DEVELOPPEMENT ET MIGRATION :
III. 1. La notion de codéveloppement :
Dans les pays du « Sud », l’émigration est avant tout motivée par des facteurs
économiques obéissant à une logique simple, « épargner ici, investir là-bas ». Il n’est pas
inutile de rappeler ici que bien que la pauvreté ait régressé de 19% à 15 % entre 1999
et 2004 pour une population de 30 millions, elle reste une donnée importante au Maroc,
particulièrement dans les zones rurales où plus de 25 % de la population rurale vivant en
dessous du seuil de pauvreté1. L’évaluation chiffrée de ces flux financiers permet de
dresser un premier portrait de l’engagement des émigrés vers leur pays d’origine.
Au niveau mondial, la participation financière des émigrés marocains au développement
économique de leur pays, arrive en quatrième position, derrière l’Inde, le Mexique et les
Philippines. En 2004, selon les chiffres de la Banque Mondiale, les marocains de
l’étranger ont ainsi envoyé 4,6 milliards de dollars par an dans leur pays d’origine,
contribuant à plus de 9% du PNB marocain2. Selon une enquête effectuée auprès de
Marocains Résidents de l’Extérieur (MER) par l’INSEA en 1998, 93,4 % des migrants
ayant quitté le Maroc ont effectué des transferts au cours des cinq dernières années. En
tenant compte du fait que 54,4 % des migrants ont quitté le Maroc dans les années 1980,
ce chiffre montre l’importance des liens de la communauté marocaine avec leur pays
d’origine Ces transferts proviennent pour prés de 50 % des résidents Marocains en
1 Source : Banque Mondiale : www.banquemondiale.org 2 Source : Banque Mondiale, Global Developpement Finance, World developpement databasis, avril 2006. http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?SelectedCountry=MAR&CCODE=MAR&CNAME=Morocco&PTYPE=CP
- 23 -
France, loin devant ceux provenant d'Italie (12 %) et Belgique 7 %1. les liens
économiques entre les marocains des deux pays sont essentiels, même si la notion de
transfert reste ambiguë.
Si les prestations recensées dans les balances des paiements comme "transferts sans
contrepartie" (sommes versées par les organismes sociaux ou patronaux pour le compte
du migrant ou de sa famille...), une part importante des flux échappent en effet aux
statistiques officielles (devises introduites par le migrant lors d’un retour en vacances,
compensations entre compatriotes2...). Regardée à travers le prisme du co-
développement, la relation entre les marocains des deux cotés de la Méditerranée
change de nature et s’approfondit, elle n’est plus seulement financière et économique
mais aussi humaine.
« Le co-développement est la mobilisation des compétences des diasporas
économiques, scientifiques et techniques en faveur du développement, via des
mécanismes adaptés permettant mobilité et accompagnement : doubles chaires, soutien
à la création d'activités, accès au crédit. »3
A la fin des années 1990, la France met en place une politique liant flux migratoires et
développement4, dans le cadre d’une volonté de maîtrise de ces flux. Il y a quelques
années, l’idée de valorisation est venue se joindre à celle de maîtrise. Elle passe
essentiellement par le concours des migrants et de leur famille au développement de leur
pays d’origine. Cette politique vise à créer les conditions permettant aux migrations de
contribuer au développement de leurs pays d’origine au lieu de les affaiblir (phénomène
de « fuite des cerveaux »). Suite à la publication du rapport Naïr, une Mission
1 Migration et phénomènes migratoires Flux financiers, mobilisation de l’épargne et investissement local, p.55, cité dans Khachani, (M.), « La migration marocaine », actes du colloque The Future of Demography, Labour Markets, and the Formation of Skills in Europe, and its Mediterranean Neighbourhood, Bruxelles 4-5 juillet 2005, European policy centre – Banque mondiale, 2005, p.17. 2 « mécanisme qui intervient quand l'immigré règle dans le pays d'accueil pour le compte d'un compatriote des achats ou des factures; en contrepartie, son compte au pays d'origine ou celui de sa famille sont accrédités en monnaie nationale. », idid. 3 Définition donnée lors du 23e sommet Afrique-France, source : http://www.elysee.fr 4 Sami Naïr, Rapport de bilan et d’orientation sur la politique de codéveloppement liée aux flux migratoires, Mission internministérielle Migration et Codéveloppement, 10 décembre 1997.
- 24 -
Interministérielle de Coopération pour les Migrations (MICOMI) est créée, puis remplacée
en 2002 par un ambassadeur au codéveloppement.
Depuis la réforme des outils de coopération bilatérale de la France, plusieurs
programmes ont ainsi été mis en œuvre par la DGCID1 ou l’AFD. Cette dernière pilote
notamment un programme d’investissement à distance destiné à faciliter la création au
Maroc de PME innovantes par des Marocains ou des Franco-marocains souhaitant à
continuer d’exercer leur activité principale en France2. En 2002-2005, le PCM avait par
ailleurs mobilisé plusieurs ONG françaises et marocaines sur des projets de
développement dans différents sites marocains. Alors que ce programme entre dans sa
seconde phase triennale, le troisième volet du PAD Maroc d’un coté et la volonté des
collectivités territoriales, de l’autre, engagent la coopération décentralisée dans la voie du
développement local et du co-développement. En effet, quel que soit le niveau de mise
en œuvre de ces politiques, l’engagement d’acteurs présents sur le « double espace »,
ici et là bas, est essentiel. De part leur présence en France et les liens gardés au pays,
les migrants sont au cœur de cette logique.
D’une manière générale, le codéveloppement se situe à l’intersection entre
développement local et relations internationales. Si la coopération décentralisée apparaît
l’une des voies les plus adaptées à l’approfondissement de ce type de processus, la
question de l’intégration des populations migrantes à ces politiques reste posée. Elle
semble notamment tributaire de l’organisation des migrants dans des formes favorisant
leur visibilité et leur action d’une part et de leur intégration à la vie de la collectivité dans
son ensemble, de l’autre.
1 2003 : création du programme Mali ; 2005 : création du programme Sénégal pour un montant de 2,5 M€ sur trois ans. 2 Sur financement de l’Union Européenne, le fonds d’investissement marocain Sindibad sélectionne les projets et leur verse une subvention permettant le démarrage de l’entreprise. En 2005 deux sociétés avaient ainsi vu le jour, et huit dossiers étaient en cours d’instruction.
- 25 -
III. 2. Organisations issues des migrations
III. 2. 1. Définitions
Avant d’entrer plus avant dans l’analyse, une précision des termes employés s’impose.
- Migrants
Si l’INSEE définit le migrant comme toute personne née étrangère à l’étranger, la
complexité des situations sur le terrain pousse à retenir une acception plus large du
terme. Seront ainsi qualifiés de « migrants », « toutes les personnes vivant
temporairement ou de façon permanente dans un pays où il n’est pas né »1.
- Ressortissants
Les ressortissants sont les personnes issues d’un même espace géographique, quelque
soit sa taille. Ils sont souvent à l’origine d’actions de type communautaires, orientées en
direction et dans l’intérêt de cet espace (associations de ressortissants).
- Diaspora
La diaspora désigne l’auto-organisation en réseaux scientifiques, techniques et
économiques des ressortissants issus d’un territoire donné, autour d’une volonté
commune de contribuer au développement du territoire d’origine. L’organisation en
diaspora n’est pas immédiate. Elle nécessite d’avoir surmonté les difficultés de la
première installation et suppose l’émergence d’une conscience identitaire forte2.
- Organisation de Solidarité Internationale Issue des Migrations (OSIM)
Les OSIM sont des associations « à but non lucratif constituées par des personnes
d’origine migrante et ayant tout ou une partie de leurs activités tournées vers la solidarité
avec le pays d’origine »3. Elles sont également engagées dans des actions d’intégration
en France. A la différence des associations de ressortissants, elles peuvent regrouper
des personnes d’origines diverses.
1 Astride Frey, Les migrants, une chance pour les collectivités, CUF, 2005, op.cit, p. 8 2 Michel Bruneau, Diasporas et Espaces transnationaux, 2004, op.cit, p.24. 3 Christophe Daum, dir , Typologie des Organisation de Solidarité Internationale Issues de l’Immigration, Rapport du GREM, op.cit, 2000.
- 26 -
III. 2. 2. Les formes de mobilisation des migran ts:
« (…) La plupart des communautés immigrées en France sont impliquées dans la
solidarité avec le pays d’origine. »1
En France, la Loi du 9 octobre 1982 autorise les étrangers à se constituer en
associations de Loi 1901. Même si toutes les associations de migrants ne sont pas
systématiquement engagées dans des actions de solidarité vers le pays d’origine, la
tendance qui pousse à s’associer pour « faire quelque chose » au pays est importante.
Ces associations, parfois difficiles à identifier, se sont en général constituées pour
apporter des solutions aux questions liées à l’intégration à la société d’accueil, et
développent par la suite des activités autres, telles que les actions de solidarité
internationale. Elles peuvent se regrouper en fédérations nationales ou internationales,
afin de faciliter la mise en relation des différents partenaires et de gagner en crédibilité.
Sans être totalement adaptée à l’hétérogénéité et à la polymorphie de la réalité, la
typologie élaborée en 2000 par le Groupe de Recherche et d’études Migrations et
Transformations Sociales (GREM)2 classe les OSIM en fonction de plusieurs critères
dont :
- le type principal d’activité (but culturel, professionnel, de développement),
- le type de membres (femmes, jeunes…),
- l’espace géographique visé (le village, la commune, la région, le pays).
Chronologiquement3, les associations villageoises sont les plus anciennes (milieu des
années 70). La migration, parfois gérée collectivement par le milieu d’origine a conduit à
une structuration forte des membres de ces communautés, dont l’organisation
traditionnelle se retrouve dupliquée dans l’espace d’accueil. Viennent ensuite les
associations d’appui (milieu des années 80), puis, dans les années 1990, les fédérations.
1 Christophe Daum, dir , Typologie des Organisation de Solidarité Internationale Issues de l’Immigration, Rapport du GREM, op.cit, 2000., p. 4. 2 Ibid. 3 Ibid, p.29.
- 27 -
Comparées aux OSIM constituées par les originaires d’Afrique Noire1, les structures
crées par les maghrébins sont moins nombreuses, et d’émergence relativement récente.
Les OSIM à base géographique, motivées par une relation de proximité ont le plus grand
nombre d’adhérents et l’importance des relais dans le pays d’origine est, d’une manière
générale, essentielle à la viabilité des projets. La vague de démocratisation et de
décentralisation engagée dans les pays du Sud dans les années 1990 a favorisé
l’émergence d’une liberté associative et d’une citoyenneté locale. Les OSIM y trouvent un
cadre plus institutionnel pour leurs actions.
La géographie des OSIM recoupe celle de l’immigration et l’Ile de France est leur premier
espace d’implantation. Avant tout dictés par les besoins de la collectivité d’origine, les
projets sont financés par les cotisations des membres mais surtout par les collectivités
d’accueil en françaises, qui en sont les principaux bailleurs. De part leurs préoccupations
et leur mise en œuvre, les actions des OSIM rejoignent celles de la coopération
décentralisée.
III. 3. Enjeux migrants et collectivités
De part son ancrage local et les notions de réciprocité et de développement local
auxquels elle fait appel, la coopération décentralisée semble pouvoir être considérée
comme l’un des vecteurs naturels du codéveloppement. En moyenne, les collectivités
françaises consacrent ainsi la moitié des dépenses engagées au titre de la coopération
décentralisée dans des actions de « développement »2. Par ailleurs, en 1994 une étude
CUF / PANOS3 montrait que dans 10 cas sur 27 sélectionnés, les migrants étaient à
l’origine de la relation établie avec la collectivité étrangère. Régie par des préoccupations
étroitement liées au codéveloppement, la coopération décentralisée constitue donc, en
théorie, un cadre privilégié pour l’action des diasporas.
1 Qui constituent les ¾ des OSIM comptabilisées dans le rapport. Christophe Daum, dir , Typologie des Organisation de Solidarité Internationale Issues de l’Immigration, Rapport du GREM, op.cit, 2000.,, p. 15. 2 Financement des projets : cotisation des membres, principaux bailleurs partenaires sont les collectivités territoriales. 3 Etude de 1994, citée dans Astrid Frey, Les migrants, une chance pour les collectivités ?, rapport CUF, 2005.
- 28 -
Sur ce point, et à la lumière de la polémique en cours sur les politiques nationales
d’immigration et d’intégration, le questionnement reste néanmoins légitime. Le
codéveloppement est complémentaire des politiques d’intégration des migrants en
France, à l’échelle nationale mais aussi à l’échelle locale. Il pose donc la question de
l’intégration des populations migrantes aux collectivités dans lesquelles elles résident.
Inversement, cette intégration, y compris dans le choix et la mise en œuvre des
politiques de coopération est un enjeu de légitimation important pour les collectivités
françaises.
De part et d’autre, le rôle des collectivités locales comme de la société civile, notamment
issue des migrations, sont affichés comme deux dimensions essentielles des relations
franco-marocaines actuelles. De quelle manière ces principes se retrouvent-ils, ou non,
dans la réalité ?
Outre l’observation des interactions du conseil général avec les communes du
département, l’étude des liens tissés entre le département de la Seine – Saint-Denis et
l’oasis de Figuig devrait permettre d’apporter des éléments de réponse concrets à cette
question.
- 29 -
SECONDE PARTIE : FIGUIG ET LE DEPARTEMENT DE LA SEINE – SAINT - DENIS : UNE
POLITIQUE DE COOPERATION PARTICIPATIVE ?
« (...) Comment ne pas s’appuyer sur la richesse de la population départementale ?
Carrefour de cultures aux origines diverses, territoire d’histoire et de modernité, la Seine-
Saint-denis présente des atouts importants dont le moindre n’est pas sa population (...)
N’y a t’il pas là un formidable levier pour qu’ensemble, avec un grand nombre, nous nous
mobilisions au service du développement de tous ? »1
Six ans après la signature de l’accord de coopération avec Figuig2, et en le replaçant
dans le cadre des orientations générales définies par le département en matière de
coopération décentralisée, il est légitime de s’interroger sur les actions accomplies.
Concrètement, la population dans son ensemble, et les ressortissants de Figuig en
particulier, sont-ils des acteurs à part entière de la coopération ?
Après avoir rappelé l’identité des partenaires et les caractéristiques de la communauté
figuigui de Seine-Saint-Denis, le développement qui suit soulignera les formes de la
coopération décentralisée, avant de porter un regard critique sur les logiques à l’œuvre,
en terme de co-développement et de participation des acteurs civils.
Rappelons ici que dans une certaine mesure, les deux démarches participent d’une
logique similaire. Elles impliquent en effet l’intégration de tout ou une partie de la société
civile dans les politiques locales.
1 Délibération de la commission départementale permanente, relative à la définition et mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée et de paix, rapport n°97-IV-02, adopté à l’unanimité le 24/06/1997p.788, annexe V, p.XII. 2 8 juin 2000.
- 30 -
I. LES PARTENAIRES
I. 1 Le département de la Seine Saint Denis
I. 1. 1. La Seine Saint-Denis en bref
Créé le 1er janvier 19681, à partir du nord-est de l'ancien département de la Seine (24
communes) et d'une portion de la Seine-et-Oise (16 communes), le département de la
Seine-Saint-Denis est l’un des plus petits de France (236 km²). Malgré un fort taux de
chômage (13,5% en juin 2005), le "93", à proximité immédiate de la capitale et
bénéficiant d’un réseau de transport et de communication performant, est un
département dynamique. La zone aéroportuaire de Roissy et celle de la Plaine de
France, soutenues par une multitude de PME très actives, structurent l’économie locale.
Avec ses quarante communes, ce département très urbanisé et densément occupé
compte 1 413 293 habitants2. Avec l’un des plus fort taux de population immigrée ou
issue de l’immigration du territoire national, la Seine Saint-Denis est riche d’une grande
diversité. Les principales communautés sont issues d’Algérie, du Portugal et du Maroc.
Cette dimension se retrouve dans l’action internationale du territoire.
I. 1. 2. La coopération dans le département, géné ralités
I. 1. 2. 1. Thématiques
La « mission départementale pour la coopération décentralisée et la culture de la paix » a
été créée en 1997. Elle est chargée d’approfondir les liens tissés auparavant et
d’élaborer la politique de coopération de la Seine Saint-Denis, dans le respect des
orientations définies lors de la délibération relative à « la définition et mise en œuvre
d’une politique de coopération décentralisée et de paix »3.
A partir de son identité, la collectivité doit participer à la promotion d’une culture liant
paix, développement et démocratie. Dès l’origine, les notions de partenariat et de
1 En application de la loi du 10 juillet 1964, conformément au décret d'application du 25 février 1965. 2 Évaluation provisoire basée sur les résultats de l'enquête de recensement 2004, source : Institut National des Etudes démographiques : www.ined.fr 3 Extrait de la délibération de la commission départementale permanente, relative à la définition et mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée et de paix, rapport n°97-IV-02, adoptée à l’unanimité le 24/06/1997, annexe V, p.XII.
- 31 -
participation de la société civile sont définies comme des caractéristiques de la politique
de coopération. «En unissant ses efforts et sa volonté à ceux des villes qui le souhaitent,
y compris en s’ouvrant sur d’autres partenaires, telles des associations par exemple, le
conseil général contribuerait à faire que ces questions de coopération soient plus
largement en prise avec les préoccupations des habitants eux-mêmes.l »1. Afin de
favoriser l’engagement de la société locale à l’international, une structure départementale
spécifique a également été crée. « Via le monde »2 met ainsi à disposition du public un
centre de ressources ainsi qu’une aide individualisée au montage de projets.
La répartition géographique des partenariats correspond à la fois aux orientations
politiques et aux valeurs du département et à l’origine des principales catégories de
populations immigrée. Aux cotés de la coopération développée avec Figuig, le
département est partenaire de collectivités en Afrique, au Portugal et en Palestine3...
I. 1. 2. 2. Organisation et financements
Parallèlement à l’approfondissement de la politique de coopération, l’équipe du service
s’est agrandie. Composée de deux personnes en 1998, dont M.H Chambrin, elle
s’enrichit de trois chargés de projet et de deux secrétaires dès l’année suivante.
Actuellement huit personnes travaillent à la mise en place et au suivi des partenariats de
coopération départementaux (deux chargés de projet ainsi qu’un rédacteur, notamment
chargé de l’administration générale et du budget, sont venus grossir les rangs du
personnel).
La « mission départementale pour la coopération décentralisée et la culture de la paix »
est organisée en secteurs géographiques, mais il est essentiel de comprendre que la
mise en œuvre technique des projets repose sur la ou les direction(s) technique(s)
1 Délibération de la commission départementale permanente, relative à la définition et mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée et de paix, rapport n°97-IV-02, adpoté à l’unanimité le 24/06/1997, p.788, annexe V, p.XII. 2 www.vialemonde93.net 3 « Les partenariats de coopération de la Seine Saint-Denis », Annexe VI, p. XIII.
- 32 -
départementale(s) compétentes. Ce mode de fonctionnement implique une gestion
financière duale :
- la mission départementale finance les actions de coordination, de mise en réseau et
de mise en place des partenariats ;
- les directions techniques portent à leurs budgets respectifs les différents projets.
Cet éclatement budgétaire a rendu difficile l’évaluation du poids financier moyen des
projets de coopération départementaux. Néanmoins, quelques chiffres plus généraux
peuvent être avancés. En 20041, la mission disposait d’un budget propre de 400 000€,
alors que le bilan comptable la coopération décentralisée (mission et projets mis en
œuvre par les directions techniques), se montait à 1 145 000€ de charges nettes2 pour
89 000€ de recettes (essentiellement générées par les co-financements du MAE et du
FICOD)3.
Concrètement, le budget de la mission départementale pour la coopération, n’est pas
représentatif des actions menées par le département dans ce domaine. Conformément
aux principes posés lors de la définition de la politique générale de coopération
décentralisée, le département, et, par extension, son service de coopération, joue moins
un rôle technique à proprement parler qu’un rôle d’orientation, de mise en place et de
coordination des actions. De manière pragmatique, cette vocation obéit à un impératif
financier mais aussi à une exigence d’efficacité.
« [L’action du département] doit se conjuguer avec ce qui peut déjà se faire ou ce qui
peut s’envisager de faire ensemble, avec d’autres partenaires et particulièrement avec
les communes. Si, pour le Département, les limites financières sont objectives, cela est
encore plus vrai pour une commune. »4
1 Les chiffres 2005 n’étaient pas encore disponibles lors de l’entretien accordé par M-H Chambrin (13/03/2006) 2 Soit 0,76€ /habitant. 3 Budget 2004 d’investissement et de fonctionnement de la coopération décentralisée de la Seine Saint-Denis, entretien avec M-H Chambrin, voir annexe VII, p.XV. 4 Délibération relative à la définition et mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée et de paix, rapport n°97-IV-02, 24/06/1997, p.788, extrait, annexe V, p.X.
- 33 -
I. 2. La municipalité de Figuig
I. 2. 1. Contexte socio-économique
I. 2. 1. 1. Une société très structurée
La commune de Figuig est située au sud-est du Maroc. Créée en 19591 elle a gardé son
statut rural à l’intérieur de la province d’Oujda jusqu’en 19732, date de création de la
province de Figuig, dont le siège s'installe à Bouarfa. En 19923, Figuig devient une
commune urbaine. La ville compte aujourd’hui 12 577 habitants4.
Figuig est une oasis présaharienne5 et constitue, au Maroc, la limite nord de la zone
climatique du palmier dattier. Elle fait partie de l'aire de diffusion de l’habitat ksourien6,
qui structure encore fortement le territoire et la société. L'oasis est composée de sept
ksour (El-Maîz, El-Hammam Foukani, El-Hammam Tahtani, Laabidate, Loudaghir, Ouled
Slimane, et Zenaga.) et de sept palmeraies qui leur correspondent.
Ces unités disposent traditionnellement d’une autonomie d’une forte autonomie, forgée
par une histoire de guerre pour la maîtrise de l’eau. Elles constituaient autant
d’ensembles socio-économiques cohérents, gérant collectivement les affaires locales par
le biais des j’maas7. Dans les années 1990, à la faveur du développement du
mouvement associatif et de la démocratie locale, cette tradition s’est poursuivie et
chaque quartier dispose de son association de développement. Aujourd’hui j’maas et
associations coexistent dans un système fédératif, la « fédération des associations des
1 Dahir Chérifien n° 1.59.351, promulgué le 1er Joumada 1379, correspondant au 2 décembre 1959, relatif au découpage administratif du Royaume. 2 Décret n° 2.73.416 en date du 14 Rajab 1393, correspondant au 14 août 1973, relatif à la création et à la préparation des cercles, caïdats et communes urbaines et rurales du Royaume. 3 Décret n° 2.92.652 du 17 Safar 1413, correspondant au 17 août 1992. 4 Recensement général de la population et de l’habitat du Maroc, 2004. Source : Haut Commissariat au Plan du Maroc, www.hcp.ma/ 5 C'est une oasis de taille moyenne, avec 13 0000 palmiers dattiers et 50 000 arbres fruitiers divers répartis sur 1 200 hectares. 6 Le qsar (pl. qsour), aghrem en tamazight, est un ensemble plus au moins important de maisons entourées d’une enceinte et de tours de garde. 7 j’maas : assemblées représentant les habitants du ksar.
- 34 -
douars », qui regroupe les sept associations des ksars et travaille en liaison avec le
conseil municipal.
La fédération des associations de la municipalité travaille en étroite collaboration avec la
« Fédération des associations de la province de Figuig », qui regroupe une quarantaine
d’associations de développement local. Son action s’inscrit dans le cadre d’une forte
mise en réseau et de réflexion stratégique. Identifiée comme opérateur d’appui par le
Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM)1
pour le Programme d’appui aux projets des OSIM (PRA-OSIM)2, elle est membre de
réseaux régionaux (« Carrefour Associatif » de Rabat ; Réseau des Associations de
Développement de l’Oriental (RADO)) et étrangers, tels que le réseau Immigration
Développement Démocratie (IDD)3. L’expérience de Figuig en matière de réseau
associatif apparaît réussie au regard de la coordination et de la coopération qu’il a permis
de développer entre les associations et les autres acteurs locaux (province,
municipalités, autorités locales, Jmâas …) et internationaux. Au niveau de la
municipalité, ce processus a eu un impact positif, permettant de construire une entité
nouvelle pouvant se positionner comme partenaire, notamment pour la coopération
internationale.
Le tissu associatif figuigui doit cependant faire face à des contraintes internes
relativement fortes. A l’heure actuelle et pour reprendre l’expression de A. Amar, maire-
adjoint de Figuig, la Fédération des Associations de Figuig est ainsi en « veille », ses
activités se sont arrêtées. Née de la force de ces associations traditionnelles, elle semble
avoir rencontré des difficultés à s’imposer de manière pérenne. Il en va de même pour
les associations de développement crées à Figuig dans les années 1990, à la faveur de
1 Crée en 2002, le FORIM est une plate-forme d’échange et de représentation nationale mise en place par le ministère des affaires étrangères. Il réunit environ 600 associations et fédérations d’OSIM engagées dans des actions de développement dans les pays d’origine et dans des actions d’intégration et d’insertion “ ici ”. 2 Piloté par le FORIM, le PRA-OSIM est un dispositif d’accompagnement et de cofinancement des projets de développement local à hauteur de 50 %. Le cofinancement représente également une fonction de “ labellisation ”. Sélectionnées sur la base des relations qu’elles entretiennent déjà avec les OSIM et de leur connaissance du terrain, les organisations d’appui proposent une aide au montage de projet en direction des OSIM de base. 3 Créé en 1999, IDD est un réseau d'associations issues de l'immigration marocaine en France. Son action s'inscrit ainsi dans une dynamique de renforcement de la société civile d'ici et de là-bas, notamment dans les domaines de l’éducation au développement, du développement culturel et social. http://www.idd-reseau.org/
- 35 -
l’émergence du mouvement associatif marocain. Leur création a été facilitée par la
culture de mobilisation de la société locale, mais elles ont rapidement été perçues
comme des concurrentes par les associations traditionnelles des quartiers. A. Amar
estime à une dizaine le nombre actuel de ces associations de « seconde génération »,
dont le quotidien est encore marqué par la réticence des associations des ksars. Tout en
freinant le renouvellement des formes d’organisation sociale, ces structures
traditionnelles demeurent très actives et exercent un contrôle réel sur la gestion du
développement de l’oasis. Les difficultés rencontrées par l’oasis à travers le temps
expliquent en partie cette vigueur.
I. 2. 1. 2. Une économie fragile
Dans l’histoire récente, outre les problèmes liés à la délimitation de la frontière avec
l’Algérie, Figuig a été frappée de plein fouet par la vague d’émigration des années 60-70
et continue de voir sa population diminuer. En 2004, la commune urbaine affiche ainsi un
taux d’accroissement de -1,2% par rapport à 19941. Ce chiffre, sans doute autant
imputable au faible renouvellement de la population qu’à l’émigration, dont l’ampleur
n’est plus celle d’il y a trente ans, reste révélateur des difficultés rencontrés par cette
petite ville à forte tradition agricole.
Dans ce contexte, la municipalité pilote sa modernisation au moyen de projets
d’envergure contrôlée, qui permettent plus de pragmatisme et répondent à un souci
d'efficacité, de rentabilité et de réalisme technologique. Ce processus passe en partie par
les liens tissés avec les collectivités d’accueil des émigrés.
I. 2. 2. Le portefeuille de coopération de la vil le de Figuig
Dans le cadre de l’émergence du mouvement municipal évoqué plus haut, la municipalité
de Figuig est devenue membre de l’association des communes francophones et s’est
attachée à s’inscrire dans un réseau actif dans le domaine de la coopération
1 Recensement général de la population et de l’habitat du Maroc, 2004. Source : Haut Commissariat au Plan du Maroc, www.hcp.ma/
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décentralisée. Figuig gère ses partenariats de manière pragmatique et complémentaire. Il
s’agit de bénéficier des compétences spécifiques de chaque partenaire et les accords de
coopération, sans être sectoriels, concernent des domaines différents. Concernant les
questions relatives à l’environnement, la ville de Figuig collabore notamment avec le
territoire de Barcelone1. L’implantation de ressortissants figuigui a souvent joué un
facteur important dans le choix des zones de coopération.
II. LES FIGUIGUIS DE SEINE-SAINT-DENIS
Environ 1 500 familles originaires de Figuig sont installées en région parisienne. Elles
sont regroupées dans les départements du Val de Marne et de Seine-Saint-Denis. Entre
1/3 et ½ d’entre elles seraient implantés en Seine-Saint-Denis où elles constituent l’une
des principales communautés issue de l’immigration. Dans ce département, les
communes de Stains et d’Aulnay/Sevran sont les foyers majeurs de cette implantation.
II. 1. Structuration de la diaspora
Compte tenu de leur vigueur, les structures de la société traditionnelle ksourienne ont
perduré en migration et les immigrés ont ainsi dupliqué les sept associations des ksars
dans le département français. En fonction de ce critère d’appartenance, de micros
communautés se sont ainsi constituées. Tout comme à Figuig, la référence à la ville
passe d’abord par le quartier.
Par la suite, dans le contexte de la mise en place de la coopération, les associations des
ressortissants des ksars ont amorcé un processus fédératif, sous l’impulsion du
département. En 2001, elles donnent naissance à la Fédération des Association de
Figuig Maroc en France (FAFMF)2. Cette plateforme réunissant les sept associations
1Une convention a été signée entre l’association de chercheurs Solidaritat (université de Barcelone) et l’association des coopératives agricoles de Figuig. Cette coopération porte notamment sur les problématiques agricoles et environnementales : études sur l’eau, la maladie du palmier-dattier (bayoud), la salinité... 2 Dont le siège social est implanté à la Courneuve.
- 37 -
visait notamment à installer un interlocuteur unique dans le dialogue avec le
département. Compte tenu des réponses lacunaires du président de l’association,
l’engagement réel de la communauté dans cette fédération reste difficile à évaluer. Le
nombre d’adhérents, le budget (part des fonds propres, montant et nature des
subventions), n’ont notamment pas pu être obtenus1. Si l’on reprend la typologie
élaborée par le GREM pour définir les OSIM2, la FAFMF apparaît comme une fédération
d’appui, regroupant des associations villageoises.
La date et les modalités de création de la fédération illustrent le caractère relativement
récent de la création des OSIM marocaines, souligné dans le rapport du GREM.
Concernant la diaspora figuigui la force des structures sociales d’origine, transposée en
migration, explique sans doute cet état de fait.
L’organisation de la communauté figuigui de Seine-Saint-Denis repose donc à la fois sur
la transposition des structures sociales traditionnelles et sur l’impulsion donnée par les
collectivités françaises. Il s’agit d’un équilibre complexe dont les rapports de force de sont
pas absents. La création de la FAF MF et les difficultés qu’elle rencontre illustrent à la
fois les capacités d’évolution et la résistance au changement de la diaspora. Quelques
soient leurs différences, ces organisations partagent le même but : agir « là-bas ».
II. 2. Stratégies d’intervention à Figuig
L’implication des marocains de l’étranger en direction de leur pays d’origine, notamment
en terme de transferts financiers a déjà pu être soulignée3. Cependant, concernant les
figuiguis de Seine-Saint-Denis, l’information dans ce domaine est plus que lacunaire. Si
certains travaux universitaires, déjà anciens, abordent ce thème4, aucun des entretiens
réalisés, tant auprès du département, de Stains, de la municipalité de Figuig que des 1 Questionnaire retourné par H. Marzouki, président de la FAF MF, annexe VIII, p.XXII. 2 Voir p.26-27. 3 Les Marocains résidant à l’étranger, INSEA, 2000, op.cit, p.196-197 ; Khachani, (M.), « La migration marocaine », actes du colloque The Future of Demography, Labour Markets, and the Formation of Skills in Europe, and its Mediterranean Neighbourhood, op.cit, 2005. 4 Notamment, Zaid, (O.), L’aménagement traditionnel et les mutations de l’espace oasien, Thèse de géographique, Université Paris 1, 1992 ; Saa, (A.), Parenté et émigration externe des oasiens de Figuig, Thèse d’anthropologie, Paris EHESS, 1998. Ces travaux n’ont pu être consultés dans le temps imparti.
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associations, n’a permis d’obtenir de chiffres récents à ce sujet. M-H Chambrin, chargée
de mission pour la coopération décentralisée au département a d’ailleurs souligné la
nécessité d’une telle étude, qui devrait être menée dans le cadre du prochain Forum
santé organisé par Figuig et le département.
Pour autant, les efforts des émigrés figuiguis vers l’oasis sont nombreux. Leur mise en
oeuvre est étroitement liée à la structuration de la communauté et les remarques faites
plus haut concernant la relation entre les associations des ksars et la FAF MF jouent à
plein concernant les projets de développement. Ceux-ci émanent avant tout des micro-
communautés ksouriennes de Seine-Saint-Denis et sont dirigés vers l’association jumelle
au pays. Ils sont gérés de manière autonome et ne passent que rarement par la FAF MF.
Récemment, un projet d’équipement informatique a ainsi été réalisé par l’association
française « El-Hammam Foukani», en direction de l’association et du ksour du même
nom à Figuig.
La fédération semble quelque peu exclue de ces relations gémellaires. Si les contacts
réguliers et l’échange d’information sont réels, en dehors des actions sportives et
culturelles en direction des jeunes mises en place durant la période estivale, les
associations des ksars à Figuig ne mènent pas projet conjoint avec la FAF MF. A l’heure
actuelle, le trait d’union entre les émigrés et l’oasis est plutôt constitué par les
associations des ksars que par la Fédération. La représentativité de cette structure doit
donc être nuancée. Alors que son président la définit comme la « représentante de la
ville de Figuig »1 auprès des collectivités françaises, le maire adjoint de Figuig estime
qu’il ne s’agit que d’un partenaire parmi d’autres.
Sans nier les rapports de force et disfonctionnements éventuels entre fédération et
associations, cette dissociation peut toutefois être abordée autrement que par la
négative. Les deux types d’OSIM ne jouent peut-être tout simplement pas le même rôle.
Alors que les associations mènent une action très concrète, la fédération semble avoir
une approche plutôt orientée vers la coordination, la réflexion stratégique et la diffusion
1 Questionnaire retourné par H. Marzouki, annexe VIII, p.XXII.
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d’informations. L’action de la FAF MF est donc complémentaire de celle des associations
de quartier.
Malgré l’influence des collectivités locales d’implantation, le cas de la communauté
figuigui illustre la force des structures sociales traditionnelles. Le schéma à l’œuvre dans
l’oasis, avec des associations de quartier très fortes et une fédération plus discrète se
retrouve aussi dans la diaspora. Ce mode d’organisation pèse sur les stratégies
d’intervention des ressortissants à Figuig. Les associations des ksars crées en France
ont empiriquement engagé le territoire dans la voie du co-développement. Quel est
l’impact de la diaspora sur la coopération décentralisée?
III. LA POLITIQUE DE COOPERATION DU DEPARTEMENT
Signé le 8 juin 2000, le Protocole de coopération entre la Seine-Saint-Denis et la ville
de Figuig vise tout particulièrement à promouvoir la participation et la citoyenneté, agir
pour la santé et la prévention d’une part, l’environnement, l’urbanisme et le
développement local, de l’autre. Explicitement définie par les partenaires comme « un
mode de coopération propice à un développement local participatif », la coopération
décentralisée s’inscrit dans la durée, la réciprocité et la participation des populations1.
III. 1. Quels projets ?
En liaison avec les principaux thèmes abordés par la coopération, plusieurs projets ont
été menés par le département ou sont actuellement en cours. Les exemples suivants
peuvent notamment être cités :
- Le Forum Santé et Prévention
Géré conjointement par Figuig et la Seine-Saint-Denis, ce forum réunit chaque année les
acteurs de la santé et de la prévention des deux territoires. En 2005, dix ateliers visant à 1 Copie du Protocole de coopération décentralisée entre le Département de la Seine-Saint-Denis et la ville de Figuig, art. 3, p.2-3, annexe IX, p.XXV.
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mutualiser les expériences et à amorcer une réflexion critique (notamment sur la place
du migrant dans les systèmes de santé) ont été organisés à Figuig. Essentiellement
gérés par les associations des ksars à Figuig, ils ont rassemblé plus de 600 participants
dont les 4/5e étaient issus de la ville marocaine.
- Création d’un jardin public municipal
A la suite de la réalisation d’une partie de son réseau d’assainissement Figuig souhaitait
mettre en place un projet concernant la réalisation d’un espace vert en centre ville. Outre
les financements apportés par Figuig, le projet, évalué à 46 000 € (dont une partie pour
la formation des agents municipaux), à été réalisé grâce à la participation de la Seine-
Saint-Denis et du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’ambassade de
France au Maroc (19 742 €).
- Formation technique et administrative des agents municipaux de Figuig
Pour ce programme, piloté par le département, 30 000€ par an ont été injectés entre
2001 et 2004. Pour 2005 une augmentation à 46 000€ était envisagée.
- Informatisation de l’administration municipale de l’oasis
Ce projet est actuellement en cours et concerne à la fois achat, l’installation du matériel
et la formation des 35 agents municipaux. Pour 2006, 64 000€ ont été inscrit au budget
prévisionnel de la direction départementale de l’informatique. Le projet a également fait
l’objet d’une demande de co-financement du MAE, par le biais de la région Ile de France
(crédits SGAR).
Si certains des projets évoqués ci-dessus permettent de donner une idée des sommes
engagées dans la coopération avec Figuig, l’investissement financier du département
dans la région reste difficile à mesurer. Les budgets des projets de coopération étant
répartis dans les budgets respectifs des directions techniques départementales
concernées et en l’absence de récapitulatif, il n’y a pas de chiffres disponibles
uniquement pour Figuig. D’autre part, comme certains projets le montrent bien, il faut
garder à l’esprit que le département est rarement le seul financeur. Ses actions s’insèrent
- 41 -
souvent dans un cadre partenarial. Cet aspect est une composante essentielle de son
action.
III. 2. Logique partenariale et mise en réseau
L’animation du réseau institutionnel en direction de Figuig se traduit de deux manières. A
grande échelle, le service départemental de coopération joue un rôle de mise en réseau
entre les 6 autres collectivités intervenant dans la région de l’Oriental. En février 2006,
une rencontre de coordination réunissant Stains, Bondy, Lille, Aix en Provence, la région
Champagne-Ardenne, le département de l’Isère et leurs partenaires marocains, a ainsi
été organisée.
Localement, le conseil général collabore étroitement avec plusieurs communes du
département. Un partenariat a ainsi été mis en place avec Tremblay en France,
concernant un projet d’assainissement pour Figuig, afin de faire profiter l’oasis des
compétences de cette commune dans ce domaine (Tremblay en France est en effet la
seule ville de Seine-Saint-Denis à gérer l’assainissement en régie directe).
Avec Stains, elle aussi signataire d’un accord de coopération décentralisée avec Figuig,
la collaboration concerne plusieurs projets et semble moins ponctuelle. Deux niveaux
d’analyse sont à considérer, la mise en place de l’accord de coopération et le
développement des projets. Au niveau de la contractualisation avec Figuig, un effet
rétroactif semble avoir joué. Issue du territoire stannois, la signature du protocole de
coopération départemental a en retour facilité l’institutionnalisation du partenariat entre
Figuig et Stains. Comme pour la coopération départementale, la mobilisation et la forte
structuration de la société figuigui, garantissant un environnement de qualité pour la mise
en œuvre des futurs projets est à souligner. D’une manière générale, la coopération
Stains-Figuig s’inscrit donc dans une « complémentarité avec les actions engagées par
le département »1.
1 Copie du Protocole d’accord de coopération entre la commune de Figuig et la commune de Stains, art. 1, p.3, annexe X, p.XXVI.
- 42 -
Outre les grands axes évoqués dans le protocole d’accord, elle vise notamment la santé,
l’insertion professionnelle des jeunes, la valorisation du patrimoine architectural et des
savoir-faire artisanaux1. Les trois projets actuellement menés par Stains à Figuig font
tous l’objet d’un partenariat avec le conseil général voire, dans certains cas, avec
l’intercommunalité de Plaine Commune.
- Les « rencontres stannoises de la coopération et du co-développement » :
Dans le cadre de la signature d’une Charte de coopération multilatérale2 entre Stains et
tous ses partenaires de coopération décentralisée, une rencontre est organisée tous les
deux ans. La seconde édition, sur le thème « Citoyen dans la ville, citoyen dans le
monde » sera organisée à Figuig, à la suite du Forum Santé mis en place par le
département. Du 28 octobre au 3 novembre, l’ensemble constituera donc une grande
semaine de la coopération décentralisée à Figuig.
- Le projet de valorisation des savoir-faire artisanaux de Figuig :
En partenariat avec l’association « Franciade, le goût de la connaissance3 », ce projet
vise à faire reproduire un briquet mérovingien par les artisans de Figuig (prototypage,
reproduction, expertise du comité scientifique, finalisation). La commercialisation des
objets s’effectuera notamment sur le territoire de Plaine Commune (Office du tourisme
Saint-denis / Plaine Commune, musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis, musée du
Louvre...). Un travail est également engagé pour mettre en place un plusieurs lieux de
production et de valorisation dans le domaine de la poterie dans le département (Saint-
Denis, atelier de production d’objets dérivés en zone franche à Stains). Tout en
permettant aux artisans figuiguis de commercialiser leurs travaux, il s’agit également de
bénéficier de leur maîtrise de techniques aujourd’hui disparues en Europe.
1 Compte rendu d’entretien avec N. Taouch,, annexe III, p.IV. 2 En liaison avec les notions de développement durable et de solidarité, cette charte vise à développer les relations entre les différents partenaires de coopération de Stains. Il s’agit de dépasser le cadre de la coopération décentralisée bilatérale et d’aboutir à la structuration d’un véritable réseau. 3 Basée à Saint-Denis, l'association a pour but la valorisation du territoire, par la promotion du patrimoine archéologique ainsi que par la valorisation des compétences artisanales des habitants. L’une des activités de l’association consiste notamment à réaliser des copies d’objets trouvés lors de fouilles dans l’agglomération de Saint-Denis.
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- Le chantier d’insertion professionnelle des jeunes et de réhabilitation du patrimoine :
Le montage de ce dossier, repris après parution des décrets d’application du dispositif
Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE) est en cours de finalisation. Il s’inscrit
dans le cadre d’un projet global de développement économique de Figuig articulé autour
de l’agriculture, l’artisanat, la réhabilitation du patrimoine ancien et le développement du
tourisme. En partenariat avec l’association « Crysalis Formation », le projet vise à mettre
en place deux chantiers, l’un à Figuig et l’autre à Stains, à destination d’une vingtaine de
jeunes stannois et figuiguis (pris en charge sur une période d’un an, répartie en deux fois
six mois). Evalué à 347 000€, le projet devrait rassembler plusieurs partenaires
financiers, dont Stains, Figuig, la Seine-Saint-Denis (direction départementale du travail
et de la formation, service du RMI), Plaine Commune, l’Etat (inscription du projet au
contrat de ville de Stains) et le Fonds Social Européen1.
Ces partenariats avec les communes n’entraînent pas toujours de contractualisation
formelle et fonctionnement dans les deux sens. Ainsi, dans le cadre du programme de
formation des bibliothécaires de Figuig, initié par la Seine-Saint-Denis, deux agents
figuiguis ont été reçus en stage dans les bibliothèques stannoises.
Entre internalisation et externalisation, la Seine-Saint-Denis a mis en place une logique
mixte. Cet exemple montre à la fois l’efficacité relative de toute catégorisation et la
souplesse qui reste possible dans la réalité. Avec le rôle des directions techniques
départementales et la création d’un service départemental spécifique à la coopération
décentralisée, le département semble avoir fait le choix de l’internalisation. Néanmoins,
compte tenu des partenariats engagés avec d’autres acteurs, cette dimension est
fortement atténuée.
La coopération décentralisée entre la Seine-Saint-Denis et Figuig offre donc l’aspect
d’une coopération multi-niveaux et multi-acteurs, qui illustre bien l’imbrication des
territoires et de leurs actions. La place des associations ancrées sur le territoire, telles
1 Voir copie du budget prévisionnel, annexe XI, p.XXVII.
- 44 -
que Franciade, est également à souligner. Néanmoins, de ce point de vue, le relais
semble surtout passer par les villes et, même dans ce cas, la question se pose de
manière accrue pour les OSIM.
III. 3. Co-développement, logiques participatives l imites
« [La] mobilisation de la population du département, mais aussi de celles avec lesquelles
nous allons coopérer est une autre caractéristique originale de notre politique (...). [Il
s’agit de] rapprocher les projets des citoyens afin qu’ils puissent s’en saisir, quand ils n’y
sont pas de l’initiative »1
Au-delà de la structuration du réseau institutionnel, la mission départementale pour la
coopération et la culture de la paix tente de favoriser l’intégration de la société civile en
général, et des originaires de Figuig en particulier, à la politique de coopération
décentralisée. En fonction de l’étape considérée, cette ambition est cependant
diversement atteinte.
III. 3. 1. Le rôle déclencheur de la diaspora
La coopération décentralisée entre Figuig et la Seine-Saint-Denis est née des liens
interpersonnels entre le président du conseil général et les membres de la communauté
figuigui de Stains. A l’initiative de Mustafa Seghir, originaire de Figuig et conseiller
municipal à Stains, un groupe d’élus et de membres du conseil général se rend à Figuig.
A leur retour, en accord avec municipalité marocaine, ils proposent au département la
mise en place d’un partenariat.
Deux éléments sont à souligner dans cette première phase, le rôle à jouer par les élus et
agents municipaux issus des migrations, d’une part, et l’impact de la diaspora dans son
ensemble, de l’autre. Tout en apportant une légitimation supplémentaire à l’action de la
collectivité territoriale française, les migrants intégrés au dispositif municipal mettent leur
1 Délibération de la commission départementale permanente, relative à la définition et mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée et de paix, rapport n°97-IV-02, adpoté à l’unanimité le 24/06/1997, p.758, annexe V, p.XII.
- 45 -
connaissance du terrain et des réalités institutionnelles françaises au service de la
politique de coopération, qui gagne en réalisme comme en efficacité. Cette dimension
gagnerait sans doute à être plus souvent prise en compte par les collectivités françaises
désireuses de s’engager dans des actions de coopération au développement.
La mobilisation de la diaspora dans son ensemble est également essentielle. Les liens
entretenus par une communauté active et structurée ont facilité l’établissement de
relations plus officielles, au niveau départemental puis communal. Représentantes de la
communauté, les associations des ksars en France ont également participé à la définition
de la politique de coopération. La création de la FAF MF, favorisée par le département,
pose les ressortissants comme des acteurs à part entière du partenariat institutionnel.
Dès l’origine, la coopération est donc inscrite dans une logique participative forte,
orientée vers l’intégration des ressortissants figuiguis.
III. 3. 2. Les projets : un rendez-vous manqué
Une convention générale a été signée entre le département et la FAFMF, créée, il n’est
pas inutile de le rappeler, sous l’influence du département. Nous n’avons pu obtenir ce
document, mais, d’après nos sources, elle porte sur la définition des orientations
générales du partenariat avec Figuig. Elle peut être assortie de conventions spécifiques
relatives à un projet donné. Récemment, les travaux d’assainissement réalisés à Figuig
avec le concours du Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération
Parisienne (SIAP), ont ainsi fait l’objet de ce type de convention. En 2003, dans le cadre
du travail de l’association sur le projet de création du jardin public de Figuig, une
subvention de fonctionnement de 4 600 € avait également été versée par la Seine-Saint-
Denis.
Néanmoins, compte tenu de la représentativité relative de la FAF MF auprès des
associations des ksars en France comme au Maroc, le poids de cette relation est à
nuancer, de même que le rôle de la structure dans certains projets. Concernant la
réalisation du réseau d’assainissement en partenariat avec le SIAP et d’après le maire
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adjoint de Figuig, la participation de la FAF MF a surtout servi à acheminer vers l’oasis
les financements de cet organisme, qui ne peut subventionner de collectivité étrangère.
Par ailleurs, la coopération décentralisée du département étant menée en étroite
collaboration avec les municipalités, il est intéressant de s’interroger sur les relations de
la fédération avec les communes. Or, à ce niveau, les interractions avec la FAF MF
semblent assez faibles. Pour N. Taouch, à Stains, « il s’agit plus d’un travail d’information
mutuel que d’une participation concrète aux projets1 ».
Concrètement, les projets issus de la communauté figuigui, pilotés de manière autonome
par les associations des ksars, échappent en grande partie aux actions du département
mais aussi des communes. A Stains, N. Taouch note ainsi que « les migrants ne sont
pas assez associés à la coopération. Leur présence se limite encore trop souvent dans
un cadre général d’information, à travers leur présence aux diverses réunions ». Le
Forum Santé, qui semble être devenu une véritable plateforme de coopération entre les
différents acteurs, est l’un des rares projets permettant de nuancer ce tableau.
La communauté a joué un rôle important dans la mise en place de du partenariat avec
Figuig mais, malgré les ambitions affirmées, son intégration à la coopération
décentralisée est encore insuffisante. Avec la création de la FAF MF, une première étape
avait pourtant été franchie. Sensée rassembler la communauté pour mieux l’intégrer à la
coopération entre les deux collectivités, cette mesure semble néanmoins avoir sous-
estimé la force des structures traditionnelles dans la diaspora et, d’une certaine manière,
sa résistance au changement. Face à ce manque de réalisme, la situation n’est
cependant pas figée et des évolutions positives seront certainement apportées avec le
temps.
Les difficultés rencontrées impliquent de s’interroger sur la place des migrants dans la
société d’accueil et, à l’inverse, des capacités de mobilisation de cette société face aux
problématiques portées par la coopération décentralisée.
1 Compte rendu d’entretien avec N. Taouch, annexe III, p.IX.
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IV. MIGRANTS, POLITIQUES ET SOCIETE LOCALES , QUEL IMPACT ?
IV. 1. Migrants et coopération dans la société loca le
A l’heure actuelle, le co-développement prôné par le département dans son protocole
d’accord n’est pas encore entré dans les mœurs. La diaspora n’a qu’un impact limité sur
la coopération décentralisée, qui ne canalise pas, ou peu, les projets issus des
ressortissants. Partant, deux formes d’aide au développement coexistent, sans
réellement se rencontrer.
Cet état de fait renvoie à la situation défavorable dont sont encore trop souvent victimes
les personnes issues des migrations dans la société française, quelque soit le niveau
considéré. Ce manque d’intégration sociale et économique est aussi, et peut être surtout,
politique. Le rôle d’un figuigui membre du conseil municipal de Stains a déjà été souligné.
Sa présence dans le dispositif municipal stannois, tout comme ses rapports avec le
conseil général de Seine-Saint-Denis illustrent une ouverture réelle mais insuffisante de
ces arènes politiques. Tant que cet obstacle ne sera pas surmonté, l’inscription des
politiques de coopération dans une forme de co-développement véritable reste
compromise.
Cette problématique rejoint celle des représentations associées aux migrants dans
l’imaginaire collectif. En terme d’image, si l’impact des actions de coopération
décentralisée sur les migrants reste difficile à mesurer, elles semblent encore peiner à
véhiculer les notions réciprocité et d’échange de savoir-faire qu’elles ont adoptées. D’une
manière générale, ce travail reste encore trop souvent associé à une forme de solidarité,
d’assistanat, voire de récréation (« l’agent du service de coopération toujours en
voyage »). Cette distorsion, parfois visible jusque dans les services des collectivités, a
été évoquée à plusieurs reprises lors de l’entretien accordé par N. Taouch à Stains, où
des actions de valorisation de la coopération décentralisée ont d’ailleurs été engagées.
Un projet visant à faire connaître le travail du service de coopération décentralisée
auprès des personnels municipaux et des associations est notamment en cours de
- 48 -
préparation. Mené en partenariat avec l’association « Assaphot », il débouchera sur la
réalisation d’un montage photo qui servira également de support de discussion.
Ce travail de médiation, essentiel, reste néanmoins tributaire de contraintes de temps et
de moyens, à la fois humains et financiers, qu’il n’est pas toujours possible de surmonter.
Dans un département aussi métissé que la Seine-Saint-Denis, ces préoccupations sont
paradoxalement très actuelles.
IV. 2. La participation citoyenne en question
Concernant la mobilisation des acteurs de la société locale en général, une dichotomie
semble s’être installée progressivement. Alors que les communes parviennent à fédérer
et à intégrer dans la coopération un certain nombre d’initiatives, ce type de démarche est
plus difficile pour le département.
Au niveau départemental, c’est dans le domaine de la participation citoyenne que la
coopération trouve toute sa justification. La ville de Figuig a la chance de compter avec
une vie associative riche et particulièrement active dans le développement. Côté Seine-
Saint-Denis, la situation est fort différente et il est souvent difficile d’impliquer les
habitants. Selon M-H Chambrin, « la coopération reste difficile à construire ici »1. Pour
remédier à cette situation, outre l’instauration d’une réunion de coordination annuelle
avec l’ensemble des associations du territoire départemental actives au Maroc, la
mission pour la coopération appuie son travail sur deux leviers :
- l’évènementiel : un nombre important de manifestations d’envergure organisées par
le département sur des thèmes transversaux permettent de promouvoir la
coopération décentralisée auprès de la population, tels que le Forum Santé (thème
2006 : le rôle des femmes), la Biennale de l’environnement, ou encore le Festival de
l’eau (thème 2006 : le Maghreb).
- les relais du réseau qu’elle a tissé, au premier rang desquels, les municipalités.
1 Compte-rendu d’entretien, annexe VII, p.XVIII.
- 49 -
Néanmoins, la politique départementale de coopération reste peu visible et les outils de
communication déployés par le département sont largement insuffisants. Le site Internet
départemental est peu commode et l’internaute peine à trouver la page « Solidarité et
coopération Internationale »1, qui se cache dans la rubrique « Service ». Les informations
données sont par ailleurs plus que succinctes, les collectivités partenaires sont à peine
présentées.
Concernant les supports « papier », selon M-H Chambrin, la couverture médiatique dans
les journaux du 932 est également insuffisante. Pourtant de bonne qualité durant les deux
premières années d’existence de la mission départementale pour la coopération et la
culture de la paix, elle s’est considérablement essoufflée. Une plaquette présentant la
politique de coopération du département est en cours de réalisation, mais un effort plus
important serait à mener.
Concrètement, la participation de la société civile aux projets de coopération du
département se fait essentiellement dans le cadre des projets pilotés en partenariat avec
les communes. Le manque de proximité entre le Conseil général et les citoyens, pour qui
la mairie reste l’interlocuteur local le plus naturel, explique sans doute en partie cette
situation.
Au niveau communal, les choses semblent plus faciles. Lors d’une enquête d’opinion
réalisée à Stains en 2004, 72% des habitants interrogés se disaient au courant et
satisfaits de la politique de coopération de la municipalité. Cet état de fait est sans doute
lié au travail mené pour améliorer la visibilité des actions stannoises en matière de
coopération. Dans la commune, un important travail de médiation a été engagé. Outre le
projet de montage photo déjà mentionné, le 11 novembre 2005, jour de fête républicaine,
a également servi de cadre au « Marché du monde ». Cette manifestation a notamment
suscité l’intérêt de la population local et permis de faire circuler l’information sur les
partenariats de coopération en cours.
1 http://www.cg93.fr/Departement/services/solidarite_inter.html 2 Le journal du 93, distribué à 600 000 exemplaires tous les mois ; Acteurs, le journal des agents départementaux.
- 50 -
En terme de communication, la couverture de la politique de coopération semble
meilleure et l’information plus accessible qu’au département. Au niveau du site Internet
municipal, la rubrique « Stains ville du monde » est accessible à partir de la page
d’accueil. Contrairement au site du département, elle propose une présentation de
chaque partenaire de coopération, ainsi que des liens avec les articles parus dans la
presse municipale.
Si l’implication de la société locale est surtout mobilisée par les communes, elle reste,
pour N. Taouch, l’un des objectifs à approfondir de manière significative. Cette ambition
est encore difficile à réaliser. La coopération manque encore de, surtout a l’échelle du
département. Peut-être cela tient-il à la nature de son travail, plus théorique. Néanmoins,
face à des sociétés qui peinent à s’ouvrir et à se mobiliser, une meilleure intégration des
migrants aux politiques de coopération permettrait sans doute de les faire gagner en
consistance
D’une manière générale, les membres de la diaspora figuigui, présents sur le « double
espace », ont joué un rôle fondamental dans l’émergence de la coopération
décentralisée. Néanmoins, cette participation s’est peu maintenue par la suite, et le
département, tout comme les communes peinent à rassembler les initiatives de la
communauté dirigées vers l’oasis.
La structuration de la société traditionnelle figuigui, transposée en migration, n’est pas
étrangère à cet état de fait, même si les efforts visant à intégrer les migrants dans la
société et la démocratie locale, sont encore insuffisants. A ces limites répondent les
difficultés à mobiliser l’ensemble de la société. Atténuées pour les villes, elles restent
fortes pour le département, qui palie ce déficit de manière indirecte, grâce aux
partenariats étroits et réguliers établis avec les communes.
- 51 -
CONCLUSION
La loi de 1992 n’impose pas d’isomorphie entre les collectivités signataires d’un
accord de coopération décentralisée. Si le gouffre qui sépare un département urbain et
industriel de plus d’un million d’habitants d’une petite ville de 12 000 habitants de forte
tradition agricole a pu laisser certains dubitatifs, la coopération avec Figuig est
aujourd’hui l’un des partenariats départementaux qui fonctionne le mieux. Les différents
acteurs consultés se sont accordés pour la qualifier d’efficace et d’harmonieuse et le
département joue bien un rôle essentiel en matière de coordination des différents acteurs
institutionnels.
Toutefois, concernant l’animation d’un réseau civil, le bilan de l’action départementale est
plus nuancé. En dépit des lignes directrices annoncées dans le protocole de coopération,
la Seine-Saint-Denis peine en effet à concrétiser les principes de co-développement et
de participation des populations. Au regard de ces deux objectifs, les résultats, s’ils
existent, sont insuffisants.
Paradoxalement, la vitalité des structures associatives traditionnelles de la diaspora
figuigui et leurs stratégies d’intervention au pays, ont pu contribuer à maintenir cet état de
fait, résistant aux évolutions introduites par le département. Ce cas de figure souligne la
nécessité, pour les collectivités territoriales françaises, d’avoir une connaissance fine de
la société du partenaire de coopération, comme de la communauté immigrée.
Face aux lacunes du département, les partenariats développés avec les villes du
territoire départemental jouent un rôle indéniablement positif. Tout en conservant son
identité propre, la politique de coopération décentralisée menée par Stains apporte ainsi
au conseil général une proximité avec la société locale, notamment les associations, qu’il
n’a pas.
- 52 -
Concernant les OSIM et les associations de la communauté figuigui, ce tableau doit
cependant être fortement nuancé. Dans les villes comme au département, leur
intégration à la mise en œuvre des projets et des politiques reste faible et reflète
l’insertion encore imparfaite des immigrés dans la démocratie locale.
D’une manière générale, et au risque de schématiser, la politique de coopération menée
par le département semble mobiliser deux niveaux d’intervention, qui fonctionnent en
complémentarité mais de manière inégale. Alors que le rouage département - communes
fonctionne bien et porte essentiellement sur la coordination des actions, la mise en
œuvre concrète du partenariat avec la société locale, migrants inclus, qui repose
majoritairement sur les communes, doit encore être travaillé. Portées par les nouveaux
programmes bilatéraux et l’évolution générale de la coopération décentralisée, ces
notions semblent encore difficiles à concrétiser.
Sur ce point, l’échange d’expérience avec Figuig, riche d’une forte tradition participative,
est bien une chance pour le département francilien. Avec le temps, il permettra sans
doute d’engager de nouvelles réflexions et de travailler dans les deux directions :
impliquer les migrants dans les projets conduits avec leur ville d’origine et développer un
partenariat plus large avec la société civile.
- 53 -
LISTE DES ABREVIATIONS
APD : Aide Publique au Développement
CICID : Comité Interministériel de la Coopération Internationale et du Développement
CNCD : Commission Nationale à la Coopération Décentralisée
COPP : Conseil d’orientation et de pilotage du partenariat
CUF : Cités Unies France
DGCL : Directions Générales des Collectivités Locales
DGCID : Direction générale de la coopération internationale et du développement
FAF MF : Fédération des Associations de Figuig Maroc en France
FICOD : Fonds d’Investissement pour les Collectivités Décentralisées
FSE : Forum Social Européen
FSP : Fonds de Solidarité Prioritaire
FORIM: Forum des organisations de solidarité internationales issues des migrations
GRET: Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques
MAE: ministère des Affaires Etrangères
ONG: Organisation Non Gouvernementale
OSIM : Organisation de Solidarité Internationale Issue des Migrations
PAD : Programme d’Accompagnement du processus de Décentralisation Marocain
PCM : Programme Concerté Maroc
SGAR : Secrétariat Général pour les Affaires Régionales
ZSP : Zone de Solidarité Prioritaire
- 54 -
BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages :
− ALLIES, (P.), BARAIZE (F.), NEGRIER, (E.), « Un Etat de la coopération
décentralisée », L’action internationale des collectivités locales : engagement citoyen
et mondialisation, 3èmes Assises de la Coopération décentralisée, 26&27 novembre
2001, DGCID.
− BRUNEAU, (M.), Diasporas et Espaces transnationaux, Anthropos, Economica, DL,
Paris, 2004.
− CHARASSE, (M.), Rapport d’information sur les crédits d’aide publique au
développement affectés aux pays du Maghreb, Document du Sénat, compte rendu
de mission de contrôle budgétaire, 18-17 juillet 2000.
− Guide de la coopération décentralisée, Ministère des Affaires étrangères, Edition la
Documentation française, 2000.
− PETITEVILLE, (F.), La coopération décentralisée. Les collectivités locales dans la
coopération Nord-Sud, L’Harmattan, coll. Logiques politiques, 1995.
− ROCHE, (F.), La crise des institutions nationales d'échanges culturels en Europe, ed
L'Harmattan, 1998.
− ROUSSET, (M.) L’action internationale des collectivités locales, Paris, L.G.D.J., coll.
Collectivités locales, 1998.
2. Revues et articles
− La lettre de la coopération Française au Maroc, n°18, juillet 2005, éditions du SCAC
de l’Ambassade de France au Maroc.
− La lettre du co-développement, n° 1, juillet 2005, éditions du MAE.
− « Regards croisés sur le développement local participatif », Actes du séminaire
international de Salé, 29-30 janvier 2005, Editions de la Commune Urbaine de Salé –
Juin 2005.
− KHACHANI, (M.), « La migration marocaine », actes du colloque The Future of
Demography, Labour Markets, and the Formation of Skills in Europe, and its
Mediterranean Neighbourhood, Bruxelles 4-5 juillet 2005, European policy centre –
Banque mondiale, 2005.
- 55 -
3. Rapports et enquêtes
− DAUM, (Ch.) dir, Typologie des Organisation de Solidarité Internationale Issues de
l’Immigration, Rapport du Groupe de Recherche et d’études Migrations et
Transformations Sociales (GREM), MAE, CCD, Institut Panos, 2000.
− FREY, (A.), Les migrants, une chance pour les collectivités ?, Paris, Cités Unies
France, 2005.
− Les Marocains résidant à l’étranger. Institut National de Statistiques et d’Economie
Appliquée (INSEA), Rabat, 2000.
− NOISETTE (P.), RACHMUHL (V.), BARRAU (E.), « L’intervention des collectivités
françaises dans la coopération au développement », Rapport ACT – GRET – MAE,
2006.
4. Textes législatifs
4. 1. France
− Loi d’orientation n°92-125 du 6 février 1992 relat ive à l’administration territoriale de la
République, titre IV « De la coopération décentralisée ».
− Circulaire du ministre de l’intérieur et du ministre des affaires étrangères du 20 Avril
2001 : "La coopération décentralisée des collectivités territoriales françaises et de
leurs groupements avec des collectivités territoriales étrangères et leurs
groupements".
− Circulaire du Ministre des Affaires Etrangères du 26 février 2003 : « Coopération
décentralisée et rôle des services déconcentrés de l’Etat : cofinancement du
Ministère des Affaires étrangères ».
4. 2. Maroc
− Dahir n° 1-76-584, 30 septembre1976, portant promu lgation de la loi n°78. 00,
relative à l’organisation des finances des collectivités locales et de leurs groupements
− Dahir n° 1-02-269, 3 octobre 2002, portant promulg ation de la loi n° 79-00, relative à
l'organisation des collectivités préfectorales et provinciales marocaines.
5. Sources Internet
5. 1. Ministères − www.diplomatie.gouv.fr
- 56 -
− www.dgcl.interieur.gouv.fr
− www.hcci.gouv.fr
− www.ambafrance-ma.org
− www.maec.gov.ma/fr
− www.mincom.gov.ma
5. 2. Programmes
− www.missioneco.org
− www.padmaroc.org
5. 3. Collectivités
− www.cg93.fr
− www.figuig.net
− www.stains.fr
5. 4. Institutions diverses et réseaux
− www.cites-unies-france.org
− www.panosparis.org
− www.ined.fr
− www.resacoop.org
− www.hcp.ma
− www.forim.fr
− www.banquemondiale.org
− www.idd-reseau.org
− http://perso.wanadoo.fr/enda-delegation
- 57 -
LISTE DES ANNEXES
Annexe I : Carte d’application du PAD Maroc ................................................................p.II
Annexe II : Carte de localisation des coopérations décentralisées
franco-marocaines ........................................................................................p.III
Annexe III : Compte-rendu d’entretien avec N. Taouch ...............................................p.IV
Annexe IV : Les étapes du processus de décentralisation marocain ...........................p.XI
Annexe V : Délibération de la commission départementale permanente, relative à la
définition et à la mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée
et de paix, conseil général de Seine-Saint-Denis .......................................p.XII
Annexe VI : Les partenariats de coopération de la Seine-Saint-Denis .......................p.XIII
Annexe VII : Compte-rendu d’entretien avec M-H Chambrin .....................................p.XIV
Annexe VIII : Questionnaire retourné par H. Marzouki .............................................p.XXII
Annexe IX : Protocole de coopération décentralisée entre le département de la Seine-
Saint-Denis et Figuig ................................................................................p.XXV
Annexe X : Protocole de coopération décentralisée entre la ville de Stains
et Figuig ...................................................................................................p.XXVI
Annexe XI : Budget prévisionnel du projet d’insertion des jeunes et de valorisation du
patrimoine, géré par Stains et l’association « Crysalis Formation » ......p.XXVIII
II
ANNEXE I
Carte d’application du PAD Maroc
Source : www.padmaroc.org
III
ANNEXE II
Localisation des principaux partenariats franco-marocains de coopération décentralisée
Source : La Lettre de la coopération décentralisée française au Maroc, n°18, juillet 2005, op. cit., p. 12 – 13.
IV
ANNEXE III
Compte-rendu d’entretien avec Nora Taouch, chargée de mission au service de
coopération décentralisée de la ville de Stains (24/04/06)
1/ Depuis quand êtes-vous en poste ?
Je suis en poste depuis 2000, avant cette date, je travaillais au secrétariat des élus.
2/ La coopération à Stains
Les grands axes
Santé, insertion, patrimoine architectural + dev éco ds le cadre des projets menés avec le
CG.
Stains est jumelée avec 7 régions du monde.
Chronologie
Avant la loi ATR, des jumelages de paix avaient été mis en place (Allemagne, Cheshunt en
Grande-Bretagne). Avec la décentralisation, la ville s’empare de la coopération, sous la
direction du premier adjoint au maire.
Aux cotés des anciens jumelage, signature des premiers accords de coopération, alors
que se pose la question de l’organisation de cette politique.
Entre 2000-2005, elle est intégrée au service des relations publiques qui gère notamment
les relations avec le tissu associatif local (localisé dans la maison des associations).
En juillet 2005, restructuration et création de la « mission » coopération décentralisée,
dans une volonté de rendre la rendre plus visible, y compris au sein même des services
municipaux.
Le dernier protocole en date est celui qui a été signé avec Figuig (2002)
La ville mène par ailleurs des coopérations non formalisées, notamment avec l’association
Santé Sidi El Houari (Oran), traitée comme une ville partenaire (rénovation d’un hôpital
classé monument historique, actions d’insertion).
Budget général
Un manque de moyens, malgré une augmentation considérable pour 2006
2004 : 15 000€
2005 : 28 000€
2006 : 71 056€
Il s’agit d’un budget global, il n’y a pas d’affectation d’enveloppes fixes par région de
coopération. Les financements sont affectés par projet. Cette fongibilité permet une plus
grande souplesse, et une meilleure capacité de réactivité (par exemple réaffecter l’argent
V
ailleurs en cas de non réalisation d’un projet). Avant 2005, le budget de la coopération était
intégré à celui des relations publiques (permettait de remettre de l’argent en cas de
besoin). Il n’inclut pas tous les projets, certains peuvent être financés en plus (décision
modificatrices au budget : ex. Chantier Crysalis)
2/ Motifs et chronologie de l’engagement à Figuig
Le rôle de la communauté figuigui ?
La présence de la communauté figuigi à Stains a été essentielle dans le déclenchement de
la coopération. Au Maroc, l’oasis est très structurée. Les associations des ksars ont été
dupliquées en France. Ce contexte était favorable à la mise en place de projets de
coopération.
Autre élément important, un conseiller municipal était originaire de Figuig. C’est entre
autres à son initiative qu’une visite d’une délégation stannoise a été organisée à Figuig.
Elle a été suivie de la signature du protocole d’accord.
Notre travail est complémentaire de celui effectué par le département : des projets de
double coopération / des projets intervenant dans des domaines différents.
3/ Quel type de contractualisation (est-il possible d’obtenir une copie de l’accord de
coopération, des bilans éventuels réalisés ?)
Chronologie et modalités de la prise de contact, de la formalisation, de la détermination
des domaines (place de la culture ?)
Tous les domaines de compétence de la ville peuvent être concernés. Concrètement, ils
sont définis en collaboration avec l’oasis, en fonction des besoins et des attentes sur place.
A Figuig, nous travaillons particulièrement sur : l’insertion-jeunesse, l’artisanat, le
patrimoine. La culture, au niveau des actions en liaison avec la sauvegarde du patrimoine
architectural.
Le tout en liaison avec les notions de solidarité, développement durable : dans le cadre
des rencontres stannoises de la coopération et du co-développement, une charte de
coopération multilatérale a été signée par tous les partenaires de coopération de Stains. Le
but est de dépasser le cadre de la coopération bilatérale, pour permettre une mise en
réseau des partenaires, encouragés à coopérer entre eux, sans que Stains soit
obligatoirement présente dans les projets.
Cette rencontre est organisée tous les 2 ans, chez un des partenaires à tour de rôle. La
1ere à eu lieu à Stains (2004), la seconde (2006) à Figuig dans la foulée du Forum Santé
organisé par Figuig et le CG (28 oct – 3 nov en tout), sur le thème des droits de l’enfant,
futur citoyen du monde.
VI
4/ Organisation et formes de la coopération
- Internalisation / internalisation
Pas d’externalisation de la maîtrise d’oeuvre. Nous gérons tout ici, ce qui est parfois
compliqué compte tenu du manque de moyens humains. Contrairement au département, il
n’y a pas de délégation aux services techniques, même s’ils peuvent apporter leur
contribution sur certains projets.
- Par programme ou au projet
Un programme d’orientation est défini chaque année, en fonction des priorités définies par
les actions en cours, les ateliers budgétaires.
- Concrètement, de quelle manière les associations, notamment la Fédération des
originaires de Figuig, sont-elles impliquées dans la coopération ?
La FAF MF est plus associée au CG qu’à Stains. Elle l’est néanmoins, mais il s’agit plus
d’une relation permanente, d’un travail d’information mutuel que d’une participation
concrète aux projets.
- Les relations Mairie / associations
En dehors de FAF MF, plusieurs associations de Seine Saint Denis sont étroitement
associées à la coopération avec Figuig. Un travail pérenne.
- Association Franciade, le gout de la connaissance pour la valorisation du patrimoine
architectural et archéologique.
- Association Crisalis pour l’insertion et la formation des jeunes (RMIstes de SSD).
Plus généralement, les associations du territoire engagées à l’international étaient
présentes lors des Rencontres de la coopération. De plus, le 11 novembre 2005, le
« Marché du monde » a généré une venue de la population locale, une information.
- Les formes du travail commun, les contraintes et aspects positifs
Certaines associations participent à l’élaboration même des projets (Franciade, Assaphot).
Nous accompagnons aussi d’autres projets portés par d’autres associations.
Les aléas de la vie associative sont réels. Néanmoins, les associations avec lesquelles
nous collaborons sont des partenaires précieux et, en général, compétents (les
associations partenaires sont très engagées).
5/ Quelques exemples de réalisations concrètes
Actuellement 3 gros projets en cours :
1/ chantiers insertion / réhabilitation du patrimoine bati en partenariat avec
l’association Crisalis : une durée de 12 mois, avec 2 sessions de 6 mois chacune (4 mois à
Figuig, 2 mois à Stains)
1 chantier à Stains
1 chantier à Figuig
VII
12 stannois par session + 4 à 8 figuiguis.
Financeurs potentiels: Plaine Commune, Direction départementale du travail et de la
formation, service RMI du CG, Stains (valorisation et numéraire), FSE, Etat (inscription du
projet au contrat de ville), Figuig (à hauteur de 38 000€ outillage, hébergement…).
2006 chantier pilote, si fonctionne bien, sera pérennisé.
Budget prévisionnel 347 000€ (voir copie).
2/ Reproduction d’un briqué mérovingien en partenariat avec l’association Franciade
Connaissance (spécialisée dans la reproduction des objets archéologiques), basée à
Saint-Denis : bénéficier du savoir faire des artisans de Figuig, qui maitrisent des
techniques aujourd’hui disparues en France. Réaliser des copies et les vendre dans le
cadre du commerce équitable.
3/ Rencontres stannoises pour la coopération et le développement
Organisées en 2006 à Figuig (30 oct – 3 nov), à la suite du Forum Santé organisé par le
Conseil Général (28-29 aout)
Avec, en plus des projets de coopération plus ponctuelle, tels que le projet mené avec
Assaphot (une association de photographie de Stains). Il s’agit de réaliser un montage
photo pour présenter le travail de la mission coopération décentralisée de la ville au
personnel municipal, aux associations et également en faire un support de discussion des
actions.
Nous n’avons pas encore assez de recul pour évaluer le rôle des associations dans la
coopération décentralisée de la ville, même s’il est indéniablement positif. La démarche
participative est dejà très marquée mais je souhaiterai la développer davantage, malgré les
contraintes financières et de temps importantes.
6/ Quelles interractions avec les autres acteurs de la coopération dans la région ?
Europe, SCAC, Alliance Française et Institut, AFAA…
Les 7 projets de la double coopération avec le Conseil Général :
- nature
- mode de financement
- le rôle de CUF
MAE 2001 300 000F pr la Palestine
M Jeunesse et sports + transports 2001.
FSE pour les financements
VIII
Le département est un partenaire essentiel, un appui important en terme d’expérience et
de conseil (travail en étroite relation avec Mme Chambrin). Une double voire triple
coopération (avec Plaine Commune dans certains cas) sur les 3 projets principaux menés
par Stains. Ces partenariats fonctionnent dans les deux sens : dans le cadre d’un
programme de formation de bibliothécaires figuigui initié par le département, deux
bibliothécaires ont été reçus en stage à Stains.
7/ Quelles actions de sensibilisation menées à Stai ns, quelle communication, quels
retours ?
Stains dispose d’une plus grande proximité avec la population que le conseil général.
Des outils de communication ont été mis en place : le site Internet, les rencontres de la
coopération, le 11 novembre du monde, le journal municipal hebdomadaire. Un travail sur
un intranet destiné aux personnels est en cours. Ces outils contribuent à rendre le travail
de la coopération visible aux yeux de tous, même s’il demeure insuffisant.
La ville ne communique pas assez, notamment au niveau des réseaux de collectivités tels
que CUF ou Resacoop. Cette inscription dans les réseaux de l’action internationale
décentralisée est encore à faire, mais c’est un travail qui nécessite à la fois du temps et d’y
être formée. Je suis actuellement une formation aux relations internationales auprès du
CNFDT.
D’une manière générale, la valorisation des actions de coopération est encore insuffisante.
Il faudrait notamment :
- mettre en place un meilleur suivi / mise à jour des pages coopération sur le site
Internet de la mairie.
- mieux informer en interne. Sur ce point, le projet développé en partenariat avec
l’association Assaphot est un début.
Un chargé de communication a été embauché l’an dernier pour travailler sur ces points.
Concernant les retours, ils sont plutôt positifs, même si nous manquons évidemment de
recul pour en juger. Un travail interne reste à mener pour mieux faire connaître notre travail
auprès des autres personnels municipaux, qui en ont souvent une image erronée (un
travail « facile » où l’on est toujours en voyage).
8/ Impacts
- sur place
- à Stains notamment en terme d’intégration / image des migrants dans la collectivité
IX
L’évolution du service est positif. D’une manière générale, notre travail a abouti à une
meilleure prise en compte de notre action par la mairie, qui s’est traduite par la création
d’un service de coopération à part entière et par une augmentation budgétaire.
En 2004 un sondage a été réalisé concernant les actions de la mairie. 72% des personnes
interrogées étaient favorables au maintient des actions de coopération internationale.
Par ailleurs, l’impact est également positif au regard de l’image de la ville sur les autres
collectivités engagées dans la coopération décentralisée. Dans le cadre d’une réunion sur
le PAD Maroc, des commentaires en ce sens émanant des collègues d’autres collectivités.
Cette image positive est élargie à l’échelle du département.
L’impact sur les migrants reste faible et difficile à évaluer. La FAF MF travaille surtout avec
le Conseil Général. Le poids de l’image négative des personnes issues de l’immigration
dans l’inconscient collectif, y compris dans une ville comme Stains reste réel.
De mon point de vue, les migrants originaires de Figuig ne sont pas assez associés, de
manière concrète à la politique de coopération. Leur présence se fait surtout dans un cadre
général d’information, ils sont présents aux réunions... C’est un point qu’il faut développer,
à l’image de la participation étroite des associations figuiguis à la préparation du forum
santé organisé par le département : à Stains, où l’on prépare les ateliers santé-jeunes, les
associations jouent un grand rôle.
9/ Le budget de la coopération avec Figuig ?
2005 ou 2004
Evolution générale depuis la mise en place du partenariat
Cf 2/ Pas d’enveloppe budgétaire affectée à l’avance pour les différentes coopérations.
10/ De quelle manière envisagez-vous le PAD Maroc ?
Ce programme propose, entre autres, une mise en réseau des collectivités, notamment à
travers le « laboratoire ». Or, il existe déjà beaucoup de réseau et s’y inscrire demande un
investissement important, notamment en terme de temps, et je n’en ai dejà pas assez. Un
réseau de plus doté d’une certaine illisibilité, d’autant plus que les sommes allouées au co-
financement sont relativement modestes par rapport aux objectifs affichés.
La lourdeur administrative du programme est également a prendre en compte, et j’ai le
sentiment que les collectivités marocaines, contrairement à ce qui est annoncé dans la
présentation du PAD, ne sont pas réellement associées, du moins pour le moment. Ainsi,
une seule réunion d’information a été organisée au Maroc (Oujda, février 2006), alors
qu’en dehors du président du conseil général de l’Oriental, les collectivités locales
X
marocaines étaient absentes lors des réunions organisées en France (réunion
Champagne-Ardennes). Par ailleurs, dans son discours, le président du Conseil Général
de l’Oriental a surtout parlé de la nécessité d’accueillir des entreprises, évoquant peu les
collectivités en tant que telles.
La mise en œuvre concrète du programme nous permettra sans doute d’y voir plus clair.
11/ Y a-t-il des personnes que vous me conseillerie z de contacter ?
XI
ANNEXE IV
Le processus de décentralisation au Maroc
- Charte communale du 23 juin 1960 : premier texte de portée générale. Elle était précédée par deux
textes réglementant l’élection des conseils communaux et fixant les limites territoriales des
communes.
- Dahir du 12 septembre 1963 : créée un second niveau de décentralisation au niveau des
Assemblées préfectorales et provinciales.
- Réforme de 1976 : adoption d’un nouveau cadre juridique qui dote les communes de larges
responsabilités pour la gestion des affaires locales, et transfère le pouvoir d’exécution des
délibérations des conseils du représentant de l’Etat au président du conseil communal qui est une
autorité élue.
- 1992 création de la Région, en tant que collectivité locale de plein exercice.
- Dahir du 2 avril 1997 : fixe l’organisation de la Région dans le sens du renforcement des pratiques
démocratiques.
- Dahir du 3 octobre 2002 : révision du régime juridique des communes, collectivités préfectorales et
provinciales.
XII
ANNEXE V
Conseil général, copie de la délibération de la commission permanente relative à la
définition et à la mise en œuvre d’une politique de coopération décentralisée et de paix,
rapport n°97-IV-02, adoptée à l’unanimité le 24/06/ 1997
XIII
ANNEXE VI
Les partenariats de coopération décentralisée de la Seine Saint Denis
- La Province de l’Ogooué Maritime (Gabon) : Port-Gentil, Gamba, Omboué. Trois champs
de collaboration ont été poursuivis :
• santé : 24 élèves infirmières de Seine-Saint-Denis ont pu acquérir sur place des
connaissances sur les pathologies tropicales tandis que 30 élèves infirmiers ont
approfondi leurs connaissances sur les soins et l’accueil des patients.
• assainissement : réhabilitation et curage du réseau d’assainissement de Port-Gentil.
• éducation et culture : création d’un fonds de livres scolaires et généralistes à
destination de la bibliothèque de Port Gentil et d’écoles primaires et jumelage entre
établissements scolaires.
- L’Association des Municipalités du district de Setubal (Portugal) : la charte de coopération
prévoit l’échange d’expériences de gestion de collectivités territoriales comme axe majeur.
- La ville de Matola (Mozambique) : cette banlieue industrielle disposant d’un secteur
industriel en expansion a été marquée par de terribles inondation. Le Département a engagé
une vaste campagne de solidarité impliquant les villes, les associations et la population de
SSD. Puis, plusieurs missions techniques ont permis d’avancer sur les dossiers relatifs à
l’adressage des rues et à la rénovation d’une nouvelle école.
- Les villes palestiniennes de Qalqilya, Djenin et Toulkarem : la coopération a été placée
sous le signe de projets tournés vers la population notamment la jeunesse. La question de la
paix et de la sécurité pour l’ensemble des peuples du Proche-Orient a pu être abordée.
- La municipalité de Figuig (Maroc) : le travail de coopération s’effectue autour de trois axes :
participation et citoyenneté, santé et prévention, environnement, urbanisme, développement
local.
XIV
ANNEXE VII
Entretien avec Marie-Hélène Chambrin, chargée de projet à la « mission départementale
pour la coopération décentralisée et la culture de la paix » (13/03/06)
1/ La coopération en Seine St Denis :
- Les grands axes ? (Géographiques, thématiques, budget global).
- Le rôle de la mission départementale créée en 1997, modalités de création.
- Le rôle de Via le Monde dans les actions du CG.
Chronologie et role de la mission départementale :
1997 création de la mission pour la coopération décentralisée et la culture de la paix.
MH Chambrin en poste depuis janvier 1998. Pas de personne ressource ayant la mémoire
des évènements avant cette date.
Commission permanente 1997 � élaboration de la politique de coopération du
département (délibération du 24 juin 1997 : approuvée à l’unanimité).
Fevrier 1998 signature du protocole de coopération décentralisée avec le Gabon.
Idem avec 13 municipalités de la banlieue de Lisbonne, organisées en
association de municipalités.
Idem Palestine (3 villes de Cisjordanie)
Début du travail avec le Mozambique.
Fin 1998 lancement public de la politique de coopération du département dans le cadre de
la Semaine de la Coopération : 27 collectivités de Seine St Denis sont présentent et
travaillent ensemble sur les projets en devenir.
1999 signature du protocole avec le Mozambique (un travail plus long car il n’y avait pas
de collectivités local au Mozambique avant les élections de fin 1998. Il a donc fallu
commencer par convaincre les autorités nationales qui a ensuite mis la Seine St Denis en
rapport avec des partenaires locaux.)
200 idem avec le Maroc (Figuig)
2006 protocole avec le Vietnam en passe d’être signé.
Contacts avec 2 collectivités d’Israel en vue de la signature de conventions de
projets.
Procédure : elle est identique pour chaque cas : un voyage d’au moins deux personnes de
la mission départementale, accompagnés d’élus ou non, précède la signature du contrat
XV
de coopération. Elle permet d’évaluer les partenaires potentiels et de définir les priorités de
travail.
A partir de 1998, les choses s’enchaînent donc tres vite. Parallèlement à la multiplication
des partenaires de coopération, l’équipe du service s’agrandit.
2 personnes 1998
5 personnes 1999 (3chargés de projet, 2 secrétaires)
8 personnes actuellement (idem + 1 rédacteur [administration générale, budget], 2chargés
de projets).
Le service est organisé en secteurs géographiques.
La mission départementale joue un rôle de mise en réseau des différents acteurs des
projets (une charnière). Ceux-ci sont mis en œuvre par les directions techniques du
département concernées par le domaine d’action du projet en question. La mission n’a
dont pas de role technique à proprement parler.
Elle est également charger de faire connaître la politique de coopération du département.
Budget global :
Les chiffres 2005 ne sont pas encore disponibles.
Le bilan 2004 du département donne les chiffres suivants pour la coopération (Mission+
directions techniques), fonctionnement et investissements:
Charges nettes Recettes
1 145 000€ soit 0,76€/hab 89 000€ (MAE et FICOD)
Budget propre de la mission coopération : 400 000€ pr 2004.
NB : Les budgets des projets de coopération figurent au budget général des directions
techniques départementales concernées. Le budget de la mission n’est donc pas
représentatif du financement des différents projets.
En 2004 : direction technique de la culture : 40 000€
de la santé et de la prévention : 40 000€
2/ Les motifs et la chronologie de l’engagement du CG à Figuig ?
L’engagement de la Seine Saint Denis à Figuig est essentiellement lié à deux éléments.
Des points de vue commun en matière d’orientation politique d’une part, et la présence
d’une forte communauté originaire de Figuig dans le département d’autre part.
La communautés originaire de Figuig est estimée à 1 500 foyers en région parisienne (5
pers / foyers), essentiellement dans le Val de Marne et la Seine Saint Denis. Entre 1/3 et ½
XVI
d’entre eux seraient implantés en Seine Saint Denis, ou la communauté Marocaine est la
3e communauté la plus importante, derrière les communautés algérienne et portugaise.
Les communes de Stains (avec laquelle Figuig est jumelée) et Aulnay/Sevran sont les 2
pôles majeurs de cette implantation.
�Des idées et des hommes.
3/ La différence de statut administratif: un départ ement urbain / une « région » de
tradition agricole : quelle importance ?
La loi de 1992 n’impose pas d’isomorphie entre les parties signant un accord de
coopération. Si l’importance des différences entre un département urbain et industriel d’1.5
millions d’habitants / une petite ville de 12 000 hab, avec une forte tradition agricole, a pu
choquer certains au départ, la coopération avec Figuig est l’une des coopérations qui
fonctionne le mieux (par rapport au district de Setubal notamment).
Ce qui importe : des points communs (le rôle des ressortissants), et la volonté de travailler
ensemble. L’engagement des élus dans la vie locale de part et d’autre.
4/ Quel type de contractualisation (est-il possible d’obtenir une copie de l’accord
cadre de coopération, des bilans réalisés ?) ?
�Chronologie et modalités de :
- la prise de contact
- la formalisation
- la détermination des domaines d’intervention
Modalités :
Née des contacts du vice président avec des ressortissants de Figuig présents à Stains, et
de leur volonté s’impliquer dans un processus de coopération : ils font visiter l’oasis au
vice-président qui propose au département de s’engager au coté de Figuig.
Juin 2000 : signature du protocole de coopération décentralisée.
3 axes essentiels : le développement de la citoyenneté, le développement local, la santé /
prévention.
L’implication des OSIM dans la relation de coopération est forte.
- Traditionnellement, l’implication des habitants d’un ksar à la vie collective est tres
forte. Le quartier traditionnel disposait d’une forte autonomie (forgée par une histoire de
guerre pour la maitrise de l’eau, se traduisant dans le paysage par des tours de garde…).
Actuellement, chaque quartier de Figuig dispose de son association de développement…
- Les immigrés ont rapidement reproduit, dans le département français, l’organisation
présente dans les quartiers traditionnels de Figuig : au sein de la communauté issue de
XVII
Figuig, des micros communautés en fonction de leur ksar d’origine au pays. Les
associations régissant la vie des ksour se sont donc trouvées dupliquées en France. Les
liens avec le quartier d’origine sont encore tres forts, néanmoins, leur action sur place est
fonction des aléas de la vie associative.
Dans le contexte de la mise en place de la coopération, le département leur a demandé de
travailler ensemble. Création de la Fédération des Originaires de Figuig en France.
Contractualisation :
Cf copie du protocole
Les domaines :
En fonction des compétences du département et des besoins sur place, notamment ce que
Figuig ne trouvait pas auprès de ses autres partenaires. (c’est d’ailleurs pour cette raison
que la culture occupe une place quasiment nulle dans la coopération avec la Seine St
Denis : l’oasis a d’autres partenaires).
�Formation des personnels municipaux, développement local, santé et prévention
5/ Organisation et formes concrètes de la coopérati on
- internalisée / externalisée ?
Les relations avec la diaspora (nbre de pers) / les associations de migrants présents en
Seine St Denis (des médiateurs ?) et leur rôle ?
Liste des associations engagées.
Différence entre associations de jeunes / de migrants issus de la 1ere génération ?
Leurs actions sont elles à l’origine de la coopération ou l’inverse ?
Le montant des transferts financiers avec leur région d’origine ?
Une logique Mixte : une forte internalisation (le rôle des directions techniques du
département), tout en associant les associations en France et sur place.
A Figuig, un manque de coordination entre les associations est à déplorer : la Fédération
des associations de Figuig n’existe plus.
Montant des transferts : aucune idée. Un travail sur ce point sera envisagé dans le cadre
du Forum Santé à venir.
Organisation :
Démarches participatives fortes :
- La coopération a été initiée par les migrants présents à Stains.
- la population sur place est associée à la réflexion et à la réalisation des projets.
- Ici, création progressive d’un véritable réseau grâce à la coopération :
XVIII
*Fédération des ressortissants : une convention générale avec le département + des
conventions spécifiques pour certains projets. Ex : le projet d’assainissement réalisé avec
le SIAP (Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération Parisienne)
*Instauration d’une réunion annuelle de toutes les associations du département actives
au Maroc : voir qui fait quoi, comment.
*Coordination des 7 structures publiques intervenant dans la région de L’oriental :
Stains, Bondy, Champagne-Ardennes, Seine Saint Denis, Aix en Provence, Isère, Lille.
1995 : réunion des collectivités françaises en France.
Février 2006 : réunion de ces collectivités et de leurs partenaires marocains.
- Concrètement : Réciprocité, partenariat, échange ?
Ces notions sont à la base de l’accord de coopération. Contrairement au titre de la
rubrique du site Internet, il s’agit bien d’un échange de compétences et de savoirs faire,
pas de « solidarité internationale ».
Figuig apporte notamment :
Une expérience essentielle en matière de participation citoyenne.
Une réflexion critique, notamment dans le domaine de la santé et de la prévention.
Ex : Forum de Santé 2005 : + de 600 participants dont les 4/5e sur place (non négligeable
par rapport à la taille de la municipalité), 10 ateliers à Figuig, 1 seul en Seine Saint Denis.
Une réflexion, notamment sur la place du migrant dans le système de santé.
- Sur place : relations avec la collectivité / les associations locales de développement
(FADEF, ACCF…). Des conflits de pouvoir ?
Pas de conflits de pouvoir entre les associations / la collectivité sur place (volonté des élus
locaux de faire participer la population + une forte tradition de participation dans les
quartiers). Pas de conflits de pouvoir entre les OSIM en Seine Saint Denis et les
associations restées au pays.
D’une manière générale, la coopération fonctionne de façon harmonieuse à tous les
niveaux, meme si certaine réticence des associations traditionnelles de Figuig face aux
associations de développement nouvellement crées, dans le contexte du développement
associatif au Maroc. Une nette amélioration sur ce point depuis 2 ans.
6/ Quelles actions de sensibilisation menées en Fra nce ? Quelle communication ?
Quels retours ?
Le département n’a pas la proximité qu’une ville peut avoir avec ses habitants. La
coopération reste encore assez difficile à construire ici.
Le département s’appuie essentiellement sur 2 leviers :
XIX
*sur de grandes manifestations pour faire connaître sa politique : le Forum de la
Santé (thème 2006 : le rôle des femmes), la Biennale de l’environnement, le Festival de
l’eau (thème 2006 : le Maghreb), la Semaine de la Solidarité internationale.
*sur ses relais : les municipalités de Seine Saint Denis (Stains notamment).
D’une manière générale, un fort déficit de communication :
Le site Internet ne met absolument pas la coopération en valeur.
La couverture médiatique dans les journaux du département (Acteurs, destinés aux
agents départementaux, le journal du 93 [tiré à 600 000ex], assez bonne durant les 2
premières années, laisse à désirer.
Une plaquette présentant la politique de coopération du département est en cours de
réalisation, mais un effort bien plus important serait à faire.
7/ Le budget de la coopération menée avec Figuig ? (une copie ?)
- 2005
- Evolution générale depuis la mise en place de la coopération
Les budgets des projets de coopération étant répartis dans les budgets respectifs des
directions techniques départementales qu’ils concernent, et en l’absence de document
récapitulatif, il n’y a pas de chiffres disponibles uniquement pour Figuig.
Quelques exemples de projets peuvent néanmoins donner une idée :
*Programme de formation des personnels municipaux de Figuig, bilan 2001-2004 :
30 000€ / an de dépenses financées par les ministères.
Prévision 2005 : 46 000€.
*Dépôt d’un projet d’informatisation de l’administration municipale par le biais de la
région auprès du MAE pour 2006 : achat et installation matériel, formation des personnels
(35 personnes)
Budget prévisionnel de 64 000€ figurant au budget de la direction départementale de
l’informatique (- la part de la contribution valorisée)
Réponse du MAE fin juillet : si le financement est obtenu, une dépense en moins pour le
département.
8/ Les autres partenaires internationaux de la Sein e St Denis sont ils actifs à Figuig ?
(mise en place d’une logique de réseau). Si oui, de quelle manière ?
Oui
Le département travaille avec
XX
*Stains : pas de contractualisation, le principe de la complémentarité s’applique. Dans
le cadre de cette double coopération : 7 projets. Les partenaires ont obtenu un
financement du MAE sur les crédits FICOD (2002-2004). CUF a été chargée du suivi du
dossier et de l’évaluation externe des 7 projets financés par ce biais (au cours du 1er
semestre 2006).
*Noisy le Sec : notamment autour de l’accueil de stagiaires
marocains.
*Tremblay en France : préparation d’une collaboration sur un projet d’assainissement
pour Figuig (bénéficier des compétences de Tremblay dans ce domaine, la seule ville de
Seine Saint Denis gérer l’assainissement en régie directe).
9/ Quelles interactions avec les autres acteurs de la coopération dans le pays / la
région ?
- Europe: néant.
- SCAC ambassade : des relations régulières avec le département qui lui transmet infos
relatives aux projets, bilans…
Financement ponctuel de petits projets
Echanges de jeunes
Réalisation d’un jardin municipal (cf copie article in La lettre de la coopération
française au Maroc, n°18)
Projet de protection de l’environnement dans le cadre de la nouvelle procédure PAD
Maroc*.
- Alliance Française et Instituts français au Maroc :
Institut Français de l’Oriental (Oujda) : une collaboration sur un petit projet culturel, en
partenariat avec l’Université de Paris 8 :
Une convention entre le département et l’UFR photo / multimédia de l’université � en 2001
des étudiants sont partis à Figuig pour réaliser des travaux photo / vidéo sur le thème de
l’eau. Exposition à Figuig puis en Seine Saint Denis, dans le cadre de la Biennale de
l’environnement 2002.
Mais d’une manière générale, c’est la municipalité de Figuig qui entretien des rapports
directs avec eux.
- AFAA : le conventionnement AFAA 1997 – 2000 : pour quels partenaires, Figuig ? Si oui,
quels effets…
Le conventionnement AFAA / Seine Saint Denis ne concerne pas le Maroc.
XXI
10/ Impacts (sur place et en Seine St Denis) et évo lutions (formes, modalités,
thématiques) mesurés / envisagés. Les objectifs son t-ils atteints ?
Cf 6
11/ Y a-t-il des personnes que vous me conseillerie z de contacter ?
M. Marzouqui, Fédération des Ressortissants de Figuig en France
Nora Taouch, ville de Stains
XXII
ANNEXE VIII
Questionnaire retourné par mèl par H. Marzouki, président de la Fédération des
Associations de Figuig Maroc en France (FAF MF) (
1/ Quand et comment votre association est-elle née ? Où le siège social est-il basé ?
FEDERATION DES ASSOCIATIONS DE FIGUIG MAROC EN Fran ce
FAF MF
La Fédération a été crée en 2001 suite à la signature du protocole de coopération
Avec le conseil général de la seine saint Denis en 2000
Elle regroupe sept associations des originaires de Figuig que 7 ?
La ville de Figuig se compose de sept ksars chaque ksar a son propre association aussi bien
a Figuig et en France
Le siège social est au 1 place Alfred de Musset 93120 la COURNEUVE
2/ Quel est son but, en quoi consistent ses actions ?
La fédération apporte son concours pour la sauvegarde de la ville de FIGUIG , son
Développement social, sanitaire , économique , et lutter contre la désertification et la
Pauvreté
- développer des activités de préventions générales afin de répondre au mieux aux
besoins de la ville et de ses habitants .
- apporte un soutien à la vie associative à FIGUIG par le conseil . la formation ,
l’information et des contributions financières dans la limite de ses moyens
- contribue à la promotion de l’éducation à la santé particulièrement les règles
élémentaires d’hygiène , de prévention des maladies virales et infectieuses.
- Sensibilise la société civile et les pouvoirs publics sur le rôle de la femme dans le
maintien du lien social et les problématiques liées à l’handicap.
- Encourage le développement d‘entreprises agricoles et artisanales et fait la
promotion pour l’exportation de leurs produits.
- Apporte son concours à la préservation du patrimoine culturel, architectural artisanal
et de la langue berbère de FIGUIG
- Organise des expositions , colloques , conférences et contribue à la promotion d’un
tourisme culturel en direction de l’Oasis de FIGUIG.
XXIII
3/ Comment fonctionne t’elle ?
La fédération est gérée par un statut est complété par un règlement intérieur
Un conseil d’administration composé de 21 membres élu lors de l’assemblée général
ordinaire qui a lieu une fois par ans (trois par associatio)
Un bureau élu par le conseil d administration qui est composé d’un Président , son adjoint ,
un trésorier , son adjoint , et d’un secrétaire , et son adjoint
Les membres des associations composantes sont des membres de la fédération
Il y a un organigramme des réunions des membre du bureau (tous les mois) et des membres
du conseil d’administration (tous les mois)
Egalement un planning des festivités et des rencontres débat ou soirées avec nos citoyens
de FIGUIG.
4/ Quel est le budget (2004 ou 2005) de l’associati on ?
- fonds propres
- nature et montant des subventions
4/ L’organisation de la diaspora originaire de Figu ig en Seine Saint Denis :
C’est une question qui nous a toujours préoccupé
Il n y a pas de différence entre l engagement de la première génération et les jeunes car la
fédération a tout fait pour fidéliser les jeunes de deuxième génération et a su les écouter et
leurs a donné les moyens de pouvoir s’exprimer et réaliser leurs projets. Donc les deux
générations cohabitent parfaitement au sein de la fédération.
5/ Avez-vous une idée du montant des transferts fin anciers réalisés par les personnes
originaires de Figuig vers leur région d’origine?
J en ai aucune idée
Par contre il y a quelque années les statistique nationale ont révélé que la ville de Figuig
était classée quatrième a l’échelon nationale au niveau des transfert de devises étrangères
par rapport au nombre d’habitant et du montant transféré
6/ Quelles relations la Fédération des Associations de Figuig Maroc en France
entretient-elle avec les associations de développem ent présentes à Figuig ?
Conflits de pouvoir ou coopération harmonieuse, reconnaissance des uns et des autres...
XXIV
Une coopération harmonieuse, car la fédé soutient l’ensemble des projets des associations
de FIGUIG et elle est toujours en communication avec la municipalité et les associations a
FIGUIG et même à OUJDA RABAT ET CASABLANCA
7/ Mme Chambrin m’a laissé entendre que les ressort issants de Figuig en Seine Saint
Denis avaient joué un rôle moteur dans l’établissem ent de la coopération entre le
département français et Figuig. Pourriez vous préci sez ce point ?
Bien entendu la présence des ressortissants d’origine de Figuig en Seine Saint Denis avait
joué un rôle moteur car la première approche avec le conseil général était fait par nos
ressortissants en France qui a débuté par un voyage à Figuig et le ville de Figuig est venu en
Seine Saint Denis ensuite les choses ont évoluées et débouchée sur la signature du
protocole de coopération
8/ Comment se situe votre action par rapport à la p olitique de coopération du
département de Seine Saint Denis ?
Les ressortissants de Figuig en France, notamment par le biais de votre association, sont ils
intégrés à cette coopération ? Si oui, comment ?
La Fédé est le trait d’union entre la Municipalité et le Département
Et elle est la représentante de la ville de FIGUIG en France
9/ Quel est votre avis sur la politique de coopérat ion du département de Seine Saint
Denis avec Figuig ?
Répond elle aux besoins sur place, est t’elle efficace ?...
Elle est exemplaire
Elle répond efficacement au besoin de la ville car plusieurs projets ont été déjà réalisés en
cours de réalisation dans le domaine de l’assainissement la santé l environnement etc…
10/ De quelle manière souhaiteriez-vous voir cette coopération évoluer ?
Nous avons appris beaucoup pendant les cinq premières années nous nous améliorerons
pour les cinq prochaines
La Fédé est toujours en relation et avec la Municipalité et le Département Pour contribuer à
faire évoluer positivement cette coopération
XXV
ANNEXE IX
Copie du protocole d’accord de coopération décentralisée entre la Sein-Saint-Denis et
Figuig
XXVI
ANNEXE X
Copie du protocole d’accord de coopération décentralisée entre Stains et Figuig
XXVII
ANNEXE XI
Copie du budget prévisionnel du projet d’insertion des jeunes et de valorisation du
patrimoine, géré par Stains et l’association « Crysalis Formation »