Chef de Chantier-3939

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GESTION formation carrieres

48 Le Moniteur • 16 août 20

Chef de chantier-conducteur de travauxle tandem gagnant du chantier

● Ils travaillent main dans la main. Conducteur de travauxet chef de chantier forment une véritable équipe sur le chantierbasée sur la complémentarité et la communication.●Quatre binômes témoignent de leurs relations de travail.

«LA CONCERTATIONEST PERMANENTE»

«Le binôme est important car nos métiers sont différents,insiste Gaëtan Klotz,conducteur de travaux depuis deux

ans. Le chef est un professionnel de terrain qui maîtrise latechnique ;le conducteur assure le lien entre le chantier et lesintervenants extérieurs. Le fait de travailler avec un chef ex-périmenté me permet de m’appuyer sur ses compétencespour affiner mes choix techniques. Je ne tranche jamais unpointsans que Manuel soitd’accord.Son autonomie me laisse

aussi la liberté de me concentrer pleinementsur mon travail.»Pour ce jeune ingénieur HEI, l’importantest de bien connaîtreses limites.« Quand on démarre dans la fonction,il faut resterhumble,ne pas donner son avis à tort et à travers.» Un avispartagé par Manuel Teixeira-Martins,chef de chantier depuis25 ans.«Un jeune, même avec des diplômes,doit apprendreson métier.Je suis là pour lui faire partager mon savoir-faire.Lui,de son côté,apporte des idées nouvelles sur les nouveauxmatériaux,sur les modes constructifs.Des connaissances que

je n’ai pas.La concertation est permanente. C’est en ça que letravail en binôme est intéressant.»

GAËTAN KLOTZ, 25 ans,conducteur de travaux NorpacMANUEL TEIXEIRA-MARTINS, 52 ans,chef de chantier

«AUJOURD'HUI,CHEF ET CONDUCTEUR

TRAVAILLENT CÔTE À CÔTE»Leur collaboration démarre avant le début des travaux.« On

réfléchit à deux aux méthodes d’exécution.Le chef apporteson expérience du chantier et moi une vision plus globale »,illustre Stéphane Marinutti,conducteur de travaux (diplômé del’ESTP).Un échange de savoirs qu’apprécie Benjamin Fernandes,chef de chantier depuis 15 ans. « Nous sommes très complé-

mentaires.Lui amène des idées nouvelles sur l’organisation oula technique. C’est très important car il a plus de recul que moiqui suis pris par le chantier. De mon côté,mon expérience mepermet de gagner du temps dans l’exécution de certains tra-vaux,de prendre moins de risques.Dans cette relation, nousn’avons pas besoin de nous disputer pour faire passer nosidées.» Des relations basées sur l’échange et le dialogue quin’ontpas toujours eu cours.« Il y a 15 ans,les relations n’étaientpas les mêmes, explique Benjamin Fernandes.Conducteurs etchefs travaillaient chacun dans leur coin. Aujourd’hui,nos bu-reaux sont côte à côte et nous échangeons nos idées.Les chefsde chantier sont associés dès la phase de préparation de chan-tier jusqu’aux objectifs financiers.»

STÉPHANE MARINUTTI, 33 ans, conducteur de travaux Eiffage TPBENJAMIN FERNANDES, 53 ans,chef de chantier

S A M U E L D H O T E

V I N C E N T L E L O U P



16 août 2002 • Le Moniteur

« L’homme fort sur le chantier, c’est le bi-nôme.» Cette affirmation de Jean-MichelColombier, conducteur de travaux principaldans l’entreprise Floriot, résume bien la re-lation entre le conducteur de travaux et sonchef de chantier. Cette association,indis-pensable à la bonne marche du chantier, re-pose sur la complémentarité des deuxhommes.« Chacun a un rôle à jouer. Le chef mène à bien les travaux avec ses ouvrierstandis que le conducteur donne les grandesorientations,gère les relations avec les in-tervenants extérieurs et garde une visionglobale sur le chantier.Pour que le binômefonctionne,chacun doitrester à sa place »,

illustre Marco Sébastiani,conducteur detravaux chez Carillion BTP. Un sentimentpartagé par Camille Blasi,son chef dechantier. « Chacun doit faire sa partde travail. Quand le courant passe bien,le chef peutparfois sortir de son rôle.Il peut m’arriver,en son absence,d’assurerles réunions de chantier ou de gérer lescorps d’état techniques. »Autre condition de réussite :la communica-tion. Physiquement ou par téléphone,conducteur et chef sont en contact perma-nent. « Si je ne suis pas présent quotidien-nement sur un chantier,j’ai le chef uneà deux fois par jour au téléphone pour faire

le point, explique Jean-Bernard Mouraud,conducteur de travaux chez Eurovia.Une bonne communication permet nonseulement de crever les abcès mais surtoude les voir venir ! ».Une chose est claire. Ces deux acteurs netravaillentplus l’un contre l’autre. « Avantquand le chantier se passait bien,c’étaitgrâce au conducteur. S’il y avait des pro-blèmes,c’était à cause du chef.Aujourd’huchef et conducteur assument ensemble laréussite comme les difficultés sur un chantier »,se félicite Benjamin Fernandes,chefde chantier chez Eiffage T.P.

EMMANUELLE N'HAU

«L' IMPORTANT C’EST LA COMPÉTENCEET LA COMPLÉMENTARITÉ»

Ces deux-là se connaissent bien.« Marco a démarré sous monaile comme chef d’équipe.Aujourd’hui,c’estlui mon conduc-

teur de travaux.» Un changement de position hiérarchique quine lui pose aucun problème.« L’âge ou le parcours importentpeu.Ce qui compte c’est la compétence et la complémentarité.Chacun doit tenir son rôle »,explique Camille Blasi.Un senti-ment partagé par Marco Sébastiani (maîtrise génie civil).« Pourqu’un binôme marche bien,il faut que chacun tienne son rôle.

La démarche qualité a joué un rôle important dans le cadragedes tâches.Les définitions des fonctions sont aujourd’hui écritesdans les manuels qualité.»Très autonome dans son travail,Camille Blasi (BT en poche et 23ans de chantier derrière lui,dont 13 comme chef) sait s’appuyersur le conducteur de travaux. « Il apporte un autre regard parrapport à un chantier.Quand on est toujours sur le terrain onne s’attache pas aux mêmes choses ! Techniquement,il peutm’apporter,surtoutau niveau réglementaire ».Au quotidien,ilreste seul maître à bord avec ses hommes.« Il n’intervient pasavec mes ouvriers. Je suis davantage sur le chantier qu’au bu-reau,surtout quand il pleut ! Un chef ne doit pas se mettre àl’abri quand ses gars sont dehors. On ne peut pas demanderbeaucoup à ses hommes,sans participer soi-même.»

MARCO SÉBASTIANI, 33 ans, conducteur de travaux Carillion BTPCAMILLE BLASI, 41 ans,chef de chantier

«AUCUNE DÉCISION N’EST PRISEUNILATÉRALEMENT »

Débutant dans le métier de chef de chantier, Yann Lherme-nier (titulaire d’un BTS TP) travaille sous l’œil attentif de

Jean-Bernard Mouraud, conducteur de travaux depuis unequinzaine d’années. Il connaît bien ce poste de chef pourl’avoir exercé pendant de nombreuses années. « Le chef estmon délégué sur le chantier,explique Jean-Bernard Mouraud.Le conducteur de travaux n’a pas de domaine réservé,exceptéen amontdu chantier lors,par exemple,du choix des sous-trai-

tants.» S’il définit les grandes lignes du chantier,aucune dé-cision n’est prise unilatéralement.« Avantde démarrer le tra-vail,nous discutons ensemble des choix techniques.L’arrivéedes jeunes diplômés à des postes de chef de chantier facilitela délégation.» Une situation que Yann Lhermenier apprécie.« Nous confrontons toujours nos idées.Quand je propose unesolution technique, il m’expose la sienne et nous faisons unmixte pour trouver la meilleure.Il est toujours prêtà m’expli-quer comment il a chiffré une affaire, conçu un projet.Toutesces informations me permettent d’organiser mon travail.J’aiparfois tendance à vouloir en faire en plus,à déborder de mafonction. Comme il connaît bien mes limites, il me laisseprendre des initiatives.»

JEAN-BERNARD MOURAUD, 53 ans, conducteur de travaux Eurovia YANN LHERMENIER, 25 ans,chef de chantier

C H R I S T I A N H A M O N / N I C E M A T I N

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