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Chapitre I: Lapproche thorique du discours et ses particularits1.1. Typologie du discours.

Le discours est devenu le concept central dans les tudes contemporaines sur lnonciation et la pragmatique. Deux domaines qui exploitent largement le caractre distinctif du discours par rapport au texte. Ce sont les termes cls dans les recherches linguistiques et surtout smantiques. Il y a un grand nombre de dfinitions, notions qui diffrencient le texte du discours, cest--dire les points de vue divers ce sujet indiques de quelle manire le discours et le texte sont tudis selon les principes du domaine concern.

Comme souligne Patrick Charaudeau, les concepts de texte et de discours gagnent tre soigneusement distingus en gardant bien en tte quun mme texte est porteur de divers discours et quun mme discours peut irriguer des textes diffrents [Charaudeau, 2002, 45]. Nous proposons ainsi une srie de dfinitions du discours qui mettent en vidence lintrt pour ce concept. De mme nous allons identifier une typologie des discours qui a un rle significatif dans lanalyse du discours proprement dit. En ligne gnrale le discours, c'est l'nonc considr du point de vue du mcanisme discursif qui le conditionne. Ainsi, un regard jet sur un texte du point de vue de sa structuration en langue en fait un nonc ; une tude linguistique des conditions de production de ce texte en fera un discours [Guespin, 1971, 87]. La grande extension du concept "discours" le rend difficile apprhender. Tantt, il est synonyme de la parole au sens saussurien; tantt il dsigne un message pris globalement. Dans luvre de Benveniste, il est dfini comme "toute nonciation supposant un locuteur et un auditeur et chez le premier lintention dinfluencer lautre en quelque manire" [Benveniste,1966, 242].Chez Jaubert, "cest du langage en situation". Selon Widdowson, cest "lutilisation dnoncs en combinaison pour laccomplissement dactes sociaux" [Jaubert, 1990, 22].Avec Kerbrat-Orecchioni, il sagit de "langage mis en action" [Kerbrat-Orecchioni,1999, 219]. Tandis que du point de vue de Maingueneau, "le discours nest pas un objet concret offert lintuition, mais le rsultat dune construction (), le rsultat de larticulation dune pluralit plus ou moins grande de structurations transphrastiques, en fonction des conditions de production" [Maingueneau, 1999, 16].Sil est difficile de circonscrire le discours travers cette diversit de dfinitions, il y a nanmoins une vidence: "le discours ne peut tre dfini comme une unit linguistique, mais quil rsulte de la combinaison dinformations linguistiques et situationnelles" [Roulet, 1987, 12].

Charaudeau a raison de dire Le discours nest pas le texte mais il est port par des textes. Le discours est un parcours de signifiance qui se trouve inscrit dans un texte, et qui dpend de ses conditions de production et des locuteurs qui le produisent et linterprtent [Charaudeau, 2002, 42]. Ds lors, constituer un corpus en vue dune dmarche danalyse de discours peut aussi bien se faire partir dun texte centra que sur la base dun genre runissant des textes qui lactualisent pleinement ou partiellement; corpus dfini dans des remarques temporelles troites (dfinition dun genre un moment historique de son volution) ou larges (volution dun genre).

Aussi, le discours implique un acte langagier do mergent un texte, un contexte et une intention. Le discours est donc une entit complexe ayant une dimension linguistique (en tant que texte), une dimension sociologique (en tant que production en contexte), et une dimension communicationnelle (en tant quinteraction finalise).

Le discours peut tre: pdagogiquequand le locuteur fait appel des procds de renforcement comme la rptition.

didactiquequand le locuteur entend faire la leon son interlocuteur. Il se prsente alors comme tant celui qui "sait".

prescriptifquand le locuteur adopte le ton du conseiller ou dicte des comportements son intelocuteur.

Mais le discours est foncirement: subjectif: le discours est toujours celui d'un sujet individuel ou collectif. Qu'il s'agisse de discours mdiatique ou mme scientifique, il est pris en charge par une instance. La notion de discours dsincarn n'est pas envisageable.

dialogique: parler, c'est parler quelqu'un. Le locuteur en situation de discours, postule ncessairement un allocutaire. Contrairement l'ide gnralement admise, le monologue n'est pas monologique. En tant que discours, il est dialogique. polmique: le discours est une arme de combat. Il doit son existence un tat de choses dfinir ou redfinir. Il nenvisage les ralits construire qu partir de ralits dconstruire. Toutefois, Rgine Robin suspend son accord une certaine lecture : s'il entend par l que les conditions de production (cadre institutionnel, appareil idologique dans lequel il s'inscrit, reprsentations qui le sous-tendent, conjoncture politique, rapport de forces, effets stratgiques recherchs, etc.) ne sont pas un simple contexte, des circonstances qui exerceraient leur faon de simples contraintes sur le discours, mais que ces conditions caractrisent le discours, le constituent, et, le constituant, sont reprables par l'analyse linguistique [Robin, 1972, 78]. C'est bien videmment notre propos : la relation d'appartenance d'un discours une formation discursive est facteur constitutif du discours, et cette relation est reprable par l'analyse linguistique .

Si l'on refuse de se donner une thorie du discours prenant en compte le rel reflt dans les conditions de production discursives, le raisonnement risque de s'inflchir vers deux ples :

1) Le discours est action vrit qui, hors d'une thorie du discours, fonctionne comme une invite au pragmatisme : comment rendre le discours efficace, en faire un instrument de conviction ? Pour convaincre, il faut d'abord tre convaincu.

2) A l'autre extrmit, tout est discours , et l'on en vient l'empiriocriticisme comme dit de

Maingueneau , toute lecture (...) remploie le texte ; elle invente un sens et tout est renvoi ; chaque texte reu renvoie d'autres et (...) ces renvois disent ce qu'aucune de ces interprtations ne peut donner ni fixer [Maingueneau, 1999, 64].

G. Klaus et A. Schaff posent le problme du sens, mais de faon forcment schmatique, le premier en acceptant un dcoupage entre smiotique, sigmatique et pragmatique, le second en mettant en rapport base sociale et strotypes sans rendre compte du mode d'acquisition et du mode de fonctionnement des strotypes dans le langage[Jaubert, 1990, 24]. .

Ensemble de discours

Discours descriptif, explicatifsDiscours normatifs-valuatifsDiscours descriptifsnormatifs, interprtatifsDiscours expressifs

Dire le vrai

(le faux)

Dire le bien

(le mal)Dire le juste (linjuste)Dire le bon (le mauvais)

Le discours des sciences

de lducationLe discours

pdagogiqueLe discours

officiel

Le discours

des acteurs

Le processus de la rationalisation

Comme il suppose larticulation du langage sur des paramtres dordre linguistique, le discours ne peut tre lobjet dune approche purement linguistique. Mais le discours entre galement dans une srie doppositions o il prend des valeurs plus prcises. Discours/ phrase: le discours constitue une unit linguistique constitue dune succession de phrases. Cest dans cette acceptation que Harris parle dune analyse du discours et que certains parlent de grammaire du discours. On prfre de parler de texte et de linguistique textuelle [Harris , 1969, 36].

Discours /nonc: outre son caractre dunit linguistique, le discours forme une unit de communication associe des conditions de production dtermines, cest--dire qui relve dun genre de discours dtermin. Dans cette perspective nonc et discours renvoient deux points de vu diffrents: Un regard jet sur un texte du point de vue de sa structuration en langue en fait un nonc; une tude linguistique des conditions de production de ce texte en fera un discours [Guespin, 1975, 110]. Discours /langue: la question du discours nest pas nonce dans le cours de linguistique de Ferdinand de SAUSSURE qui circonscrit le domaine de la linguistique comme une tude de la langue, elle mme dfinie comme un systme de signes. Sa thorie repose sur une opposition langue / parole qui recoupe lopposition socit / individu. La recherche en linguistique soriente ainsi vers ltude du systme de la langue par opposition aux manifestations individuelles de la parole. La sparation langue / parole prsuppose du coup une opposition entre ce qui est social et ce qui est individuel. Par rapport cette opposition, le discours est le tiers-exclu. La premire mise en cause de lopposition saussurienne qui rhabilite la parole chez Charles BALLY, dans son trait de stylistique. Celui-ci expose les principes dune linguistique de la parole qui ouvre la voie de la recherche sur la relation entretenue par le sujet parlant, son discours et le contexte [Bally, 1930, 94].a) La langue dfinie comme systme de valeurs virtuelles soppose au discours, lusage de la langue dans un contexte particulier, qui tout la fois restreint ces valeurs ou en suscite de nouvelles. Cette distinction est trs utilise pour le lexique; la nologie lexicale, an particulier, relve du discours.

b) La langue dfinie comme systme partag par les membres dune communaut linguistique soppose au discours, considr comme un usage restreint de ce systme. Il peut sagir: 1) dun positionnement dans un champ discursif (le discours communiste, le discours surraliste); 2) dun type de discours (discours journalistique, discours administratif, discours romanesque, discours de lenseignant en classe); 3) de productions dune catgorie de locuteurs (le discours des infirmires, le discours des mres de famille); 4) dune fonction du langage (le discours polmique, le discours prescriptif). Ainsi Foucault affirme:On appellera discours un ensemble dnoncs en tant quils relvent de la mme formation discursive [Foucault, 1966, 58]. Discours/texte: le discours est conu comme lassociation dun texte et de son contexte. Les diffrentes notions du discours dterminent des typologies qui mettent en vidence sa nature pragmatique, linguistique et smantique.La distinction texte/discours peut se dfinir comme suit[Jaubert, 1990, 201].TexteDiscours Contexte

La squence connexe de signes verbaux et de signaux non verbaux en fonction de laquelle le discours est co-construit par les participants dans lacte de communication.Le produit de la squence hirarchise et contextuellement situe dactes nonciatifs, indexicaux, propositionnels, et illocutoires effectues dans la poursuite dun but communicatif quelconque, et intgrs dans un contexte donn.Le contexte (grosso modo, le domaine de rfrence dun texte, et les circonstances de sa situation dnonciation) est assujetti un processus continu de construction et de rvision au fur et mesure que le discours se droule. Cest travers linvocation dun contexte appropri (contexte qui est en partie dtermin par la nature du co-texte luvre, ainsi que par son genre) que lauditeur ou le lecteur peut convertir la squence connexe dindices textuels qui est le texte en discours.

Le texte est la trace dau moins un acte dnonciation (quil soit ralis en termes dune trace verbale, linguistique, ou bien non-verbale qui, elle, peut tre gestuelle, sensori-perceptuelle ou prosodique). La notion de texte est proche de ce que Gumperz appelle indices de contextualisation. Les partenaires de discours exploitent cette trace conjointement linvocation dun contexte appropri, en termes cognitifs, afin de construire du discours [[Jaubert, 1990, 197].

Le discours, en revanche, renvoie au produit hirarchiquement structur, mentalement reprsent, de la squence dactes nonciatifs, propositionnels, illocutoires et indexicaux que les participants effectuent au fur et mesure que la communication se droule. De telles squences ont pour raison dtre la ralisation dun but communicatif local et/ou global quelconque [Jaubert, 1990, 198].

Il semble qu'il n'y ait pas de mot plus polysmique que discours dans le champ de la linguistique. En effet, ce terme connat non seulement des emplois varis mais aussi des dlimitations assez floues. De cette pluralit de dfinitions, il se dgage chez tous les auteurs que le discours dsigne toute ralisation orale ou crite par un sujet, de la dimension de la phrase ou au-del ( succession de phrases: texte) et ainsi que son contexte. Pour Michel ARRIV : le discours peut tre conu comme une extension de la linguistique, ou comme symptme d'une difficult interne de la linguistique (particulirement dans le domaine du sens), rendant ncessaire le recours d'autres disciplines [Jaubert, 1990, 127]. Le discours apparat donc comme un prolongement de la grammaire textuelle vers une dimension transphrastique. Dans ce cas, il renvoie d'autres notions que l'on appelle cohrence discursive ou cohrence textuelle dont l'unit d'existence rsulte de l'articulation d'une pluralit de structures transphrastiques, en fonction de conditions de production particulires.

La grammaire de texte qui tudie la cohrence des noncs a pour objet le discours considr comme une unit totalisante. La naissance dune linguistique de lnonciation a apport un souffle nouveau dans la faon daborder le discours. En effet, avec la prise en compte des conditions de production, le discours tait dsormais dfini comme toute production (verbale et non verbale) d'noncs accompagns de leurs circonstances de production et d'interprtation. Cest partir de cette priode que lobjet de lanalyse de discours ne consistait plus rechercher ce que dit le texte, mais la faon dont il le dit.

Le point crucial dans cette distinction est que le discours est une affaire constructive, et donc hautement probabiliste : du point de vue de lallocutaire, il ne sagit nullement dun simple dcodage du texte afin darriver au message complet voulu par lnonciateur. Le discours, donc, est la fois un construit hirarchis et dfaisable (une construction provisoire dune interprtation situe), alors que le texte est essentiellement linaire cependant, dans la forme orale, des phnomnes paralinguistiques, non-verbaux peuvent apparatre simultanment avec le flux des signes et signaux verbaux. Le sens ne rside pas entirement dansle texte, il doit tre construit par lallocutaire (et lnonciateur) via le texte et un contexte appropri [Jaubert, 1990, 128]. De toute manire, le texte est souvent, sinon toujours, la fois incomplet et indtermin par rapport au discours qui peut en tre driv laide dun contexte. Petijean distingue trois classes des typologies: les typologies nonciatives, les typologies communicationnelles et les typologies situationnelles. Quand on tudie un genre de discours particulier on mobilise ces trois typologies [Jaubert, 1990, 167].

Les typologies nonciatives se fondent sur la relation entre lnonc et sa situation de lnonciation (avec ses tris ples: interlocuteurs, moment, lieu de lnonciation). Dans ce domaine la typologie fondatrice est celle de Benveniste entre discours et histoire: le plan embray implique un reprage par rapport la situation dnonciation, alors que dans le plan non embray lnonc se prsente comme disjoint de cette situation dnonciation. Mais il sen faut de beaucoup que les noncs soient de manire homogne embrays ou non embrays. La plupart du temps on a affaire des noncs qui associent les deux [Benveniste, 1966, 74]. Les typologies nonciatives peuvent aussi prendre en compte dautres phnomnes comme la prsence ou non dvaluations de marques de subjectivit nonciative ou dhtrognit.

Les typologies communicationnelles cherchent classer les discours en fonction du type daction quils prtendent exercer, de lintention communicationnelle qui les anime. La plus clbre des typologies de cette sorte est celle de Jakobson qui distingue les discours par la manire dont ils hirarchisent les fonctions du langage (rfrentielle, motive, conative, phatique, mtalinguistique, potique) [Jakobson, 1973, 262]. Mais il existe bien dautres, plus complexes. Une des difficults auxquelles se heurtent ces typologies de fonctions est quun mme discours en associe plusieurs, dont la mise en relation est problmatique. En outre, il repose sur des grilles sociolinguistiques et sarticulent souvent mal sur la complexit des genres de discours effectifs. Les typologies situationnelles font intervenir le domaine dactivit sociale dans lequel sexerce le discours. On trouvera des typologies qui distribuent le discours sur diverses zones de la socit et considrent les divers genres de discours attachs un lieu: les genres journalistiques, les genres politiques.

Pour tablir une mdiation entre limmense varit des genres de discours et les paramtres trs abstraits des typologies, certains proposent de distinguer quelques grands types auxquels se rattacheraient les genres de discours particuliers. Chez Bahktine cette distinction inclus dune part des genres premiers, ceux des interactions de la vie quotidienne, dautre part des genres seconds (le discours littraire, scientifique, etc.) qui complexifieraient les genres premiers. Il isole quatre archtypes discursifs (discours en situation, rcit conversationnel, discours thorique, narration) pour y rattacher limmense varit des types effectifs [Bahktine, 1978, 57]. Le discours reste le sujet est le concept controvers de la linguistique et de la pragmatique du fait que la typologie des discours est incomplte. Cest ltude et la recherche qui pose encore beaucoup de questions, dont les rponses sont diffrents et la fois correctes.

1.2. Identification des procds de structure: cohrence et cohsion

Un discours est structur partir des procds qui mettent en vidence la chronologie des vnements et lattitude du sujet parlant envers le contenu smantique et linguistique. Tout acte dnonciation est soumis une analyse des lments qui sont essentiels dans la construction dun discours pour aboutir au rsultat souhait: la persuasion et la conviction du public.

Supposons maintenant que la description linguistique d'une langue doive permettre d'expliquer pourquoi tel nonc, dans telle situation de discours, est susceptible des diffrents sens qui effectivement peuvent lui tre donns. Il est clair que ces sens ne sont pas prvisibles partir de la seule signification de la phrase utilise. Cela tient divers facteurs. D'abord au fait que la valeur rfrentielle de l'nonc, et, par suite, les informations qu'il donne, dpendent de l'environnement dans lequel il est employ puisque c'est celui-ci qui permet de donner un rfrent aux expressions dictiques (je, tu, ici, maintenant, etc.).

Le sens de l'nonc est dfini comme un ensemble d'actes de langage. Mais on sait qu'une mme phrase peut servir accomplir des actes bien diffrents : une phrase grammaticalement assertive (par ex.: Le trait de Lisbonne a confirm le statut et les comptences de la Cour en tant quauditeur externe de lUnion et gardienne indpendante des intrts financiers des citoyens europens [Allocution de M. Vtor Caldeira, Prsident de la Cour des Comptes europenne l'occasion de l'engagement solennel devant la Cour de justice de l'Union europenne de sept nouveaux Membres de la Cour des comptes europenne Luxembourg, le 28 juin 2010] peut servir affirmer, rappeler, adresser un reproche ou un compliment, faire une demande, une supplication. Il faut donc connatre non seulement la phrase, mais la situation o elle est employe, pour savoir ce que fait celui qui l'nonce, de mme le contexte socioculturel. On sattachera galement dterminer les units de discours (tant globales que locales) impliques dans cette intgration, puis leur statut dunit indpendante (ou noyau) ou bien dpendante (satellite), et enfin le point dattachement des units dpendantes, satellites, par rapport lunit quelles tendent smantiquement. Il sagira plus largement de reprer les points darticulation entre la cohsion du texte et la cohrence du discours qui peut lui tre associe, en fonction du choix dun contexte appropri.

La cohsion est la qualit d'un texte dont les phrases paraissent relies entre elles, comme les maillons d'une chane. Le texte se droulant dans le temps, la mmoire est trs sollicite et elle doit tre soutenue rgulirement d'un nonc au suivant. Dans le texte, ce qui est ainsi rappel la mmoire, d'une phrase une autre, est essentiellement ce dont on vient de parler, en quoi consiste la cohsion thmatique, ainsi que la signification de ce que l'on vient d'en dire, qui concourt la cohsion smantique. Les procds qui assurent ainsi la cohsion du texte sont, d'une part, la rcurrence, la corfrence, la contigut smantique, le paralllisme smantique, le contraste smantique et la rsonance, qui portent la trace thmatique ou smantique de ce qui vient d'tre dit; d'autre part, on trouve la jonction (ou liaison par connecteurs), qui participe la cohsion en indiquant le sens d'une relation entre deux phrases. Pour qu'il y ait cohsion, il importe que ces traces puissent tre reconnues par le lecteur et qu'elles soient suffisamment prsentes, d'une phrase une autre, pour ne pas briser la chane. Dans les cas contraires, un dfaut de cohsion est relev [[Jaubert, 1990, 180]. Nous proposons des dmarches lexicales et nonciatives qui conditionnent la comprhension du discours respectifs. On y inclus diffrents types dimplicature et implicite qui font son intrpretation plus difficile comprendre.

La cohrence et le comportement dinfrence

Les difficults de comprhension des textes sont lies non seulement la matrise du code mais aussi llucidation de limplicite (ce qui nest pas crit dans le texte.)

Les prsupposs culturels

Ce sont des informations non-dites parce quelles sont supposes tre connues ; elles permettent de comprendre lunivers dans lequel se droule lallusion discursive. Ces prsupposs font lobjet dun travail dlucidation, surtout si les prsupposs sont.

Les impliqus

De la mme manire, il convient de faire prendre conscience que le texte procde par ellipses, que le lecteur doit comprendre ce qui nest pas dit et qui est impliqu. Les sous -entendus

Dans la majorit des cas sont marqus par lironie qui de mme constitue un implicite par rapport lauditeur qui font rfrence aux ralits culturelles diverses.Les substituts

Il sagit de reprer dans un texte comment stablit la chane de reprise des noms, notamment ceux des personnages : les substituts pronominaux sujets : il(s), elle(s) posent moins de problmes que les complments. Les pronoms relatifs dmonstratifs, possessifs, indfinis. Quant aux substituts lexicaux, il sagit de les mettre en relation avec leur rfrent. Le public est htrogne et a une autre vision sur le monde et les relations internationales.

Les connecteurs

Les connecteurs tablissent des relations complexes entre les noncs successifs : relations

chronologiques, relations logiques, relations entre diffrents arguments (donc, en outre, si).

L'ordre de prsentation des noncs impose une structure hirarchique un ensemble du fait que l'nonc qui est prsent en premier, sur l'axe spatio-temporel du texte, est gnralement considr comme dominant, les autres devant le servir pour l'laborer, l'expliquer ou l'illustrer. La coordination, de son ct, a pour effet d'attribuer le mme statut hirarchique aux noncs coordonns et elle s'exprime essentiellement par les connecteurs additifs (de plus, en outre, galement, etc.).

Par exemple: Le Conseil a galement renouvel, jusqu'au 6 mai 2016, le mandat de trois des Membres actuels de la Cour, Messieurs Igors Ludbors, Jan Kint et Madame Kersti Kaljulaid.

[Allocution de M. Vtor Caldeira, Prsident de la Cour des Comptes europenne l'occasion de l'engagement solennel devant la Cour de justice de l'Union europenne de sept nouveaux Membres de la Cour des comptes europenne Luxembourg, le 28 juin 2010 ]

La fonction fondamentale des connecteurs est de marquer une connexit entre deux units smantiques pour crer une structure. Ces morphmes contribuent la linarisation du discours. Ce qui les diffrencie, c'est qu'ils ajoutent ou non cette fonction de connexion l'indication de prise en charge nonciative et / ou d'orientation argumentative. Les emplois et la frquence des connecteurs varient selon les genres de discours. Leur fonctionnement change aussi en fonction des types de mise en texte: ils ont un poids plus important dans les textes argumentatifs, o ils servent mettre en vidence les relations entre les arguments et contre-arguments, entre la thse propre et la thse adverse, alors qu'ils sont moins indispensables dans un texte narratif, o le droulement chronologique est assur par la succession des noncs.

ct des connecteurs, les organisateurs textuels jouent un rle dans le balisage des plans de texte. Il y a les organisateurs spatiaux (" gauche / droite", "devant / derrire", "(au-) dessus / dessous", "plus loin", "d'un ct / de l'autre", etc.), les organisateurs numratifs, o il faut distinguer entre les simples additifs ("et", "ou", "aussi", "ainsi que", "avec cela", "de mme", "galement", "en plus",...) et les marqueurs d'intgration linaire qui ouvrent une srie ("d'une part", "d'un ct", "d'abord", etc.), signalent sa poursuite ("ensuite", "puis") ou sa fermeture ("d'autre part", "enfin", "de l'autre", "en conclusion").

Oswald Ducrot pose l'acte d'nonciation certaines normes, que lappelle lois de discours . Pour citer l'une des moins controverses, on admettra que, dans la socit moderne occidentale au moins, il faut, lorsqu'on prtend donner des informations au destinataire sur un certain sujet, lui donner, parmi les informations dont on dispose, celles que l'on croit les plus importantes pour lui; en tout cas, on ne peut pas lui taire une information plus importante que celles qu'on lui donne sauf si une autre loi interdit de donner cette information plus importante [Ducrot, 2003, 184]. Il ne s'agit pas de concder ici ou l, dans la signification des phrases, quelques marques prag matiques, mais de l'organiser comme un ensemble d'instructions servant dterminer, une fois connue la situation de discours, la valeur d'action laquelle prtend renonciation. L'intervention des lois de discours n'aurait pas pour fonction de pragmatiser une smantique au dpart sans rapport avec l'action, mais elle pourrait servir actualiser, et ventuellement modifier, une pragmatique fondamentale des phrases, conues comme des instruments pour l'interaction des interlocuteurs [Ducrot, 2003, 188]. Cependant, pour Ducrot, cette conception du composant rhtorique est contraire lide mme de loi de discours, car on se retrouverait alors dans la conception classique de la pragmatique, qui fait jouer au contexte linguistique le rle de constantes rfrentielles. A loppos, introduire les lois de discours suppose que le composant rhtorique soit lui-mme une fonction, dont les arguments sont constitus de la signification dune part et de la situation de discours dautre part. Plus prcisment, le composant rhtorique est divis en deux sous-composants : le premier a pour tche lassignation de valeurs rfrentielles et argumentatives, dont le rsultat correspondrait au sens littral; quant au second sous-composant, il opre sur le sens littral combin aux circonstances dnonciation. Cette division des tches du composant rhtorique sexplique par le fait que le recours des lois de discours suppose que lon puisse distinguer deux niveaux de sens : le sens littral (ici le produit des instanciations rfrentielles et argumentatives) et les divers effets de sens ou sous-entendus (ici dtermins par la combinaison des circonstances dnonciation et des lois de discours) que le locuteur laisse ou donne entendre [Ducrot, 2003, 150].

Avant de donner quelques exemples de lois de discours, et de leur rle dans le dispositif gnral de la pragmatique intgre, rappelons que le sousentendu produit par une loi de discours est pour Ducrot, comme limplicature conversationnelle pour Grice, le produit dun raisonnement, qui peut se ramener au schma suivant [Ducrot, 2003, 180].: Si X a cru bon de dire Y, cest quil pensait Z. Mais le point important pour Ducrot est que Z est conclu non pas de ce qui a t dit, mais du fait de le dire. Cest donc lnonciation dun acte de langage particulier qui est lorigine la fois du raisonnement et de sa conclusion. Pour expliquer le dclenchement des sous-entendus partir des lois de discours, nous allons examiner successivement trois lois de discours : la loi dinformativit, la loi dexhaustivit et la loi de litote.

Loi dinformativit

Cette loi dit que tout nonc A, sil est prsent comme source dinformation, induit le sous-entendu que le destinataire ignore A, ou mme, ventuellement quon sattendrait plutt non-A [Ducrot, 2003, 181].Cette loi ne concerne que les contenus poss, et non les contenus prsupposs. Par exemple, lnonc sera analys, au niveau du composant linguistique, en un contenu pos et un contenu prsuppos pp. Mais cette description smantique nexploite pas toutes les ressources pragmatiques de lnonc, et notamment le fait que le locuteur ait pu vouloir communiquer.

On notera que ne porte pas sur le prsuppos, mais sur le seul pos. En effet, le sous-entendu constitue le dveloppement du contenu pos : si lnonc pose que personne dautre nest venu, cette information est compatible avec le fait que lon pouvait sattendre ce que dautres personne viennent. Linformation communique non-A partir de lnonc A constitue donc son sous-entendu, dclench par la loi dinformativit.

Par exemple: Il y dcrit ce que doit tre un "gentleman", c'est--dire, dans sa dfinition, un homme d'ouverture, de respect, de patience, de discrtion, d'coute et de conviction. L'apport de bonnes "humanits" dans la vie est irremplaable. [Discours d'acceptation du Doctorat honoris causa l'Universit catholique de Louvain-la-Neuve par Herman VAN ROMPUY, Prsident du Conseil europen].

Loi dexhaustivit

La loi dexhaustivit, qui est lquivalent de la premire maxime de quantit de Grice, exige que le locuteur donne, sur le thme dont il parle, les renseignements les plus forts quil possde, et qui sont susceptibles dintresser le destinataire [Ducrot, 2003, 187].Cette loi peut tre illustre par le cas du quantificateur certains. En effet, si on affirme que certains X sont Y, on sous-entend, via la loi d'exhaustivit, que certains autres X ne sont pas Y, car si le locuteur avait pu donner une information plus forte (comme la plupart des X sont Y, ou mme tous les X sont Y), il aurait d le faire en vertu de la loi d'exhaustivit. La loi dexhaustivit a pour effet particulier dinterprter certains comme certains seulement, ce qui va lencontre de ses proprits argumentatives. En effet, un enchanement avec mme, contredit le sous-entendu associ certains. Cette observation justifie la division du travail entre le composant linguistique et le composant rhtorique, voire entre les deux sous-composants rhtoriques, puisque les proprits argumentatives de lnonc sont le rsultat du composant linguistique (ou, dans une version moins radicale de la pragmatique intgre, du premier sous-composant rhtorique). Par exemple: Mais puisque le montant en question retombe, en dernire instance, sur les paules des contribuables nationaux, je comprends galement que certains gouvernements aient souhait associer leur parlement national la dcision. [Herman Van Rompuy Prsident du Conseil europen NON PAS RENATIONALISATION DE LA POLITIQUE EUROPEENNE, MAIS EUROPEISATION DE LA POLITIQUE NATIONALE Discours l'invitation de "Notre Europe" Paris, Grand amphi de Sciences-Po].Loi de litote

La loi de litote, qui correspond au principe dinformativit de Levinson amne interprter un nonc comme disant plus que sa signification littrale [Ducrot, 2003, 189].Comme les autres lois de discours, la loi de litote ne porte que sur les contenus poss. En fait, la loi de litote est la loi complmentaire de la loi dexhaustivit. La dmarche interprtative est ds lors la suivante : si le locuteur a choisi A, qui est le plus fort des noncs permis, cest sans doute quil voulait en dire plus, mais ne le pouvait pas.

Par exemple: Ancien prsident de la commission des affaires trangres et de la commission judiciaire du Snat, il est connu pour dire ce qu'il pense, parfois pour dfendre des causes loin d'tre populaires l'poque.[ Allocution de bienvenue par Jerzy Buzek, Prsident du Parlement europen, l'occasion de la visite du vice-prsident des tats-Unis Joe Biden]. Selon Ducrot, pour que la loi de litote puisse sappliquer, il faut que certaines conditions contextuelles soient satisfaites, et notamment que certaines raisons (peut-tre des conventions sociales) sopposent, dans la situation de discours donne, lemploi dun nonc plus fort [Ducrot, 2003, 192].

Une srie de cas problmatiques est lie lemploi de la ngation. On a ainsi observ que la ngation dun terme peut sinterprter comme laffirmation du terme contraire, comme le montrent l exemples suivants : Aucun tat membre ne peut se permettre de ne pas le faire, mais aucun tat ne peut se permettre de le faire seul. La seule solution, ce sont des investissements europens soutenus, long terme. [Discours-programme du Prsident Buzek sur la ncessit pour l'Europe d'apporter une solution aux problmes de l'nergie et du changement climatique Crmonie d'ouverture: Collge d'Europe]. Les lois de discours ont en effet le rle de mettre en relief lintensit et le degr de subjectivit du sujet parlant. Chaque phrase a une signification qui transmet lintention et le maximum dinformation qui est soumise une analyse dtermine par le contexte sociale et le contexte linguistique.

La notion de stratgie en analyse du discours rfre aux choix possibles du locuteur en situation de communication. Cest que lacte de langage nest soumis aucune fatalit qui prfigurerait sa structuration. Il ny a pas de prt--porter langagier. Chaque nonciation est unique.

Certes la grammaticalit et les lois de la communication sont des donnes contraignantes auxquelles il faut satisfaire pour que lacte de langage soit valide. Cependant, ces contraintes conventionnelles sont loin davoir un impact sur linfinit de choix possibles que les sujets peuvent faire dans le processus de mise en discours. Ceci dit chaque choix langagier est stratgique par le fait quil carte dautres choix possibles.

Selon Chareaudeau, lespace de choix du locuteur est un espace o se dploient trois types de stratgies: Stratgie de lgitimation, stratgie de crdibilit et stratgie de captation.

Stratgies de lgitimation: ces stratgies visent la construction dune position dautorit partir de laquelle le discours se dploie.

Dans bien des situations, le locuteur prouve le besoin de lgitimer son discours. Quil tente de construire une autorit institutionnelle ou personnelle, sa qute vise ce quon lui reconnaisse le droit la parole et le droit de tenir le type de discours dont il se rclame.

Lauto-rfrence (se rfrer son statut) et la recherche de parent idologique (argument dautorit) sont parmi les procds qui participent de la qute de lgitimation.

Stratgies de crdibilit: ces stratgies visent la construction dune position de vrit qui attribuerait au discours un caractre crdible. Dans l'laboration de ces stratgies, le locuteur se pose en valuateur de son propre discours et en dfinit les degrs de certitude. Des modalisateurs comme "en vrit", "certainement"... sont parmi les principaux vhicules de ces stratgies. Stratgies de captation:ces stratgies consistent en des oprations de charme destines obtenir ladhsion de lallocutaire en crant chez lui lillusion dtre partie prenante d'une cause ou d'un groupe. Il sagit dun jeu dattrape-souris o la raison et la logique sont tenues lcart, o le rel sefface devant le rve et l'utopie. Tout se joue dans le registre de lmotion. Parmi les procds de captation, on peut signaler ici la fabulation, qui est le fait de prsenter un discours imaginaire comme une ralit vcue;la recherche de connivence, qui est l'acte de postuler des liens affectifs ou communautaires avec l'allocutaire; etla mytification, qui est le fait de s'identifier ou d'associer son discours des figures historiques. En fait, il ny a pas de stratgie discursive qui ne saccompagne dune stratgie de dlgitimation de lautre.Le sens d'un rcit ou d'un dialogue ou plutt l'hypothse d'un tel sens, comme lecture possible d'un discours se constitue par un processus infrentiel complexe partir des lments discursifs explicites, hirarchiquement ordonns, et des prsupposs que s'attribuent mutuellement les participants au discours. Lorsqu'on parle de cohsion d'un texte, on se rfre au postulat pragmatique selon lequel les noncs dont il se compose sont censs se prter des interprtations qui leur tour s'intgrent dans une hypothse de sens global. Si au plan de la terminologie l'on distingue entre la cohrence et la cohsion d'un discours [Moeschler, 1994:463], ce dernier terme se rapporte plus particulirement aux marques linguistiques de cette activit intgrative qui accompagne la production du discours et en co-dtermine la structure. Si par le choix dexemple: L'nergie nuclaire demeure importante pour l'Europe. N'cartons aucune source d'nergie notre disposition, qu'il s'agisse de combustibles fossiles, d'nergie nuclaire ou de sources d'nergie renouvelables. Ces dernires doivent tre dveloppes des plus activement. Mettons tout d'abord en uvre ds que possible notre plan d'efficacit nergtique, car il permettra d'assurer la protection la fois de l'environnement et du climat, et la scurit des approvisionnements. [Allocution du Prsident Buzek l'occasion du Sommet de printemps pour la stabilit financire], nous avons mis l'accent sur la cohsion situationnelle et actionnelle, il ne faudrait pas oublier les stratgies utilises dans le discours pour assurer les identits rfrentielles - un aspect fondamental, et en quelque sorte l'aspect le plus banal de la cohsion discursive. En conclusion les moyens susceptibles dassurer la cohsion textuelle (relations entre temps des verbes, expressions adverbiales temporelles ou spatiales et leur positionnement dans le texte, relations lexicales entre prdicateurs, relations anaphoriques, fonctionnement des connecteurs, articulation syntaxique des propositions) ne sauraient se caractriser sans la prise en compte de la cohrence du discours qui leur permet dassumer leur rle cohsif et paralllement, les relations de cohrence ou de discours au moyen desquelles les units discursives pourront se dgager et sintgrer pour former une unit de niveau suprieur, ne peuvent se caractriser et se reconnatre sans la prise en compte du fonctionnement des moyens cohsifs contradictoirement au mode de caractrisation de ces relations. 1.3. Particularits pragmatiques: polyphonie et nonciation Tout discours est un ensemble d'actions mises en place par son sujet, les unes ncessaires, les autres possibles. Les unes ncessaires puisque le sujet doit tenir compte des contraintes du langage qu'il emploie, de la manire dont ce langage est structur et doit se structurer pour que le discours soit reconnu comme appartenant bien ce langage. Les autres possibles, sous la forme de jeux sur ces contraintes prcdentes, jeux qu'il pourra effectuer, en choisissant des places de termes les unes par rapport aux autres, ou des modes de construction ou d'enchanement dnoncs.

La relation du langage au monde, du discours des sens, les siens et ceux extrieurs, s'opre en effet toujours travers deux aspects du fonctionnement langagier. Ces deux aspects sont complmentaires, rciproques. Lorsque on parle, on peux dsigner une chose , la dire, la nommer. On peux aussi jouer de cette dsignation, l'utiliser comme signe pour montrer autre chose , constituer une autre image.

Dans le premier cas, notre but est de marquer une correspondance directe entre le mot et la chose, d'enfermer celle-ci dans le mot et rciproquement. Dans le second cas, on vais jouer de cet enfermement en dplaant les frontires de la dsignation vers ce qu'auparavant elle ne dsignait pas. Parler, c'est ainsi jouer constamment du rapport entre ce qui sera marqu et ce qui sera non marqu : dsigner une signification ou dplacer cette dsignation vers une autre signification, jouer en rsum du rapport entre signe et chose. Autrement dit, on peux aussi bien, le sujet nonciateur, se tenir distance d'une correspondance stricte entre chose et signe, jouer des ambiguts entre mot et sens, imager, montrer des images , que supprimer cette distance, dsigner, imposer une signification autrui.

Dabord, c'est le systme de la langue, fond sur les rgularits qui la constituent et qui nous sont dcrites partiellement par la grammaire : place du sujet, place du verbe, rle des complments, etc. L'application de ce systme va faire que tout discours pourra tre considr comme ensemble de rapports de marques. La faon dont ces marques seront tablies construira dans le discours des reprages de sens, des sortes de parcours, que l'auditeur pourra suivre afin justement de reprer les significations qui composent l'intention du discours.

Le second systme, le pragmatique, c'est le systme constitu de toutes les pratiques de langage qu'on peut observer dans la vie sociale, de toutes les conventions de discours que l'usage fait admettre ou qu'une autorit ou une institution impose. C'est donc le systme de ces reprages sociaux, de ces rhtoriques qui vont organiser les classements de discours et en garantir les lgitimations : le bon renvoi de ces discours des situations codifies, et codifiables.

Le premier systme, le linguistique, doit tre considr en termes de contraintes fonctionnelles : le sujet qui nonce un discours, doit faire en sorte que son discours soit jug cohrent. Il lui faut respecter les rgles de structuration du langage, c'est--dire la faon dont le langage s'organise pour que son discours soit compris .

Selon l'univers social concern et vis par le discours, on aura en effet des faons plus ou moins stables de nommer, de dsigner des choses, des modes aussi de s'exprimer, de montrer des images et d'utiliser ces images. Le respect de ces conventions assure au discours qu'il sera interprt au moins quelque part. Ces reprages sociaux, ces langages font aussi partie du linguistique. Ce sont l'usage, l'histoire, la vie sociale qui fondent les manires de dnommer et de s'exprimer. Composer discours, ce n'est donc pas seulement savoir placer ses mots en fonction des rles que leur assigne la grammaire; c'est aussi savoir quel type de marque, nom ou expression compose, peut tre immdiatement associ une certaine signification sociale ou, au moins, la suggrer.

L'analyse de ces pratiques consistera chaque fois prendre en compte la distance tablie par le discours entre rfrence et reprsentation, entre les objets du monde dont il veut traiter et les images qu'il en donne, c'est--dire les sens nouveaux qu'il leur affecte, en les mettant ainsi en prsence de nouveaux objets , ceux que le discours les construit.

Dun point de vue pragmatique, le texte est un ensemble culturel qui renvoie des donnes dorigines varies, pas seulement linguistiques. Cest pourquoi le texte tout comme le discours est, selon une vise pragmatique, dfini comme : l'utilisation d'noncs dans leur combinaison pour l'accomplissement d'actes sociaux. Le discours remplit trois fonctions :

- une fonction propositionnelle (ce que disent les mots) ;

- une fonction illocutoire (ce que l'on fait par les mots: accuser, ordonner, demander une information, etc....) ; par l'acte illocutoire, s'instaure une relation, un rapport entre les interactants;

- une fonction perlocutoire (le but vis), agir ou chercher agir sur l'interlocuteur.

On peut dduire de ces dfinitions que l'analyse de discours consiste tudier des conduites communicatives et rendre compte des combinatoires produites par l'interaction des contraintes et des choix faits par lnonciateur. Elle est au cur des relations qui existent entre un comportement culturel et des discours sociaux. C'est dans ce cadre que le discours est conu par les thoriciens de l'nonciation et de la pragmatique comme un ensemble dnoncs considrs dans leur dimension interactive, leur pouvoir d'action sur autrui, leur inscription dans une situation d'nonciation dont les paramtres sont : l'nonciateur, l'allocutaire, le moment de l'nonciation et le lieu de l'nonciation. En d'autres termes, toute communication est une situation qui met en jeu des acteurs sociaux, des positions et des relations entre un metteur, un ou plusieurs rcepteurs et le contexte externe et interne de la communication. Cest donc dire que le sens d'un discours n'est pas donn par la langue : il est plutt dcouvert par le destinateur grce aux multiples points de repres que le destinataire y a placs pour exprimer ce qu'il veut dire. Selon Dominique Maingueneau tout discours peut tre dfini comme un ensemble de stratgies d'un sujet dont le produit sera une construction caractrise par des acteurs, des objets, des proprits, des vnements sur lesquels il s'opre [Maingueneau,1998, 114] . De tout ce qui prcde, on peut retenir que la notion de discours n'est donc pas stable. Ce terme englobe la fois plusieurs acceptions et une variabilit de discours qui empchent toute tentative dharmonisation des points de vue autour dune dfinition unique qui serait acceptable pour tous les chercheurs. Cette diversit trouve son explication dans le fait que la linguistique du discours dsigne non pas une discipline qui aurait un objet bien circonscrit, mais plusieurs approches entretenant dune certaine manire quelques liens spcifiques. Face aux difficults de circonscrire lobjet danalyse du discours, Dominique Maingueneau avance les raisons suivantes : Les difficults que lon rencontre pour dlimiter le champ de lanalyse de discours viennent pour une part dune confusion frquente entre analyse du discours et ces diverses disciplines du discours (analyse de la conversation, analyse du discours, thories de largumentation, thories de la communication, sociolinguistique, ethnolinguistique- la liste nest pas exhaustive). Chacune tudie ce discours travers un point de vue qui lui est propre [Maingueneau, 1998, 120]. Lexpression n'est pas apprhender comme un acte individuel, mais une activit sociale dtermine par tout un ensemble de relations dialogiques. En effet, pour BAKHTINE le dialogue, au sens troit du terme, ne constitue, bien entendu, qu'une des formes, des plus importantes il est vrai, de l'interaction verbale. Mais on peut comprendre le mot "dialogue" dans un sens largi, c'est--dire non seulement comme l'change haute voix et impliquant des individus placs face face, mais tout change verbal, de quelque type qu'il soit (...). Toute nonciation, quelque signifiante et complte qu'elle soit par elle-mme, ne constitue qu'une fraction d'un courant de communication verbale interrompu [BAKHTINE, 1978: 136].

De l il ressort que toute production monologale, quelle qu'elle soit, est dialogue en son principe dans la mesure o elle est dtermine par un ensemble de productions antrieures. Elle se prsente ncessairement comme une parole adresse, rpond des attentes, implique des efforts d'adaptation et d'anticipation et peut s'intgrer dans le circuit du dire et du commentaire. La notion de dialogisme est donc l'une des composantes essentielles de ce qu'on peut appeler la dimension interactive du langage. Si les monologues, qui sont essentiellement des communications unilatrales, peuvent tre considrs, au mme titre que les productions dialogales, comme des matriaux interactifs, c'est en partie parce qu'ils relvent du dialogisme inhrent toute activit verbale.

Dans la thorie de BAKHTINE, la problmatique du dialogue implique que tout discours, quelle qu'en soit la nature, se prsente comme une reprise-modification, consciente ou pas, de discours antrieurs. Ces relations interdiscursives rsultent du fait que toute forme de conscience ou de connaissance passe par l'activit discursive, de sorte que chaque discours (...) rpond quelque chose, il rfute, il confirme, il anticipe sur les rponses et les objections potentielles, cherche un soutien (...) [BAKHTINE, 1978: 137]. En d'autres termes, la vritable substance de la langue n'est pas constitue par un systme abstrait de formes linguistiques ni par l'nonciation-monologue isole, ni par l'acte psychophysiologique de sa production, mais par le phnomne social de l'interaction verbale, ralise travers l'nonciation et les nonciateurs. L'interaction verbale constitue ainsi la ralit fondamentale de la langue [BAKHTINE, 1978: 137] Pour BAKHTINE, toute forme monologique ne l'est que par la seule forme extrieure, mais par sa forme smantique et stylistique, celle-ci est en fait essentiellement dialogique. Sans tre de nature dialogique proprement parler, tout discours unilatral est dialogique, dans la mesure o il incorpore gnralement plusieurs voix, imputables autant d'nonciateurs distincts. Le discours nat dans le dialogue comme sa vivante rplique()[BAKHTINE, 1978: 138]. La thorie du dialogisme intgre donc la notion de polyphonie. La polyphonie ou dialogisation intrieure au discours produit par un seul et mme locuteur est une thorie qui s'est d'abord labore surtout partir de l'tude de discours littraires. En parlant de dialogisation intrieure, BAKHTINE qualifie cette forme particulire du discours de construction hybride de la manire suivante : nous qualifions de construction hybride, dira-t-il, un nonc qui, daprs ses indices grammaticaux (syntaxique) et compositionnels, appartient au seul locuteur,mais o se confondent en ralit deux noncs, deux manires de parler, deux styles, deux langues, deux perspectives smantiques et sociologiques. Il faut le rpter : entre ces deux noncs, ces deux styles, ces langues et ces perspectives, il nexiste dupoint de vue de la composition ou de la syntaxe, aucune frontire formelle. Le partage des voix et des langages se fait dans les limites dun seul ensemble syntaxique, souvent dans une proposition simple [BAKHTINE, 1978: 138]. Cest dire que les discours monologaux jouent l'change et miment les formes du dialogue.

Le locuteur montre les discours des autres, tout en dlimitant avec insistance leurs places dans son propre discours. Cest une procdure grce laquelle il dlimite, il circonscrit lautre, et ce faisant affirme que lautre nest pas tout [AUTHIER-REVUZ, 1996, 150]. La manire d'argumenter illustre d'ailleurs un trait essentiel de la thorie polyphonique: celle-ci traite des phnomnes qui sont engendrs dans la langue en principe indpendamment de son emploi. Son objet est ce que disent les noncs en tant qu'noncs. La structure polyphonique se situe en effet au niveau de la langue (ou de la phrase), et c'est la raison pour laquelle elle ne se dcouvre pas par une tude des interprtations ou des emplois possibles des noncs, mais seulement par un examen des (co)textes auxquels ceux-ci sont susceptibles de s'intgrer. En revanche, la structure polyphonique fournit des instructions relatives l'interprtation de l'nonc de la phrase, ou plus prcisment aux interprtations possibles de celui-ci. C'est dans ce sens que la thorie polyphonique est une thorie smantique discursive, structuraliste et instructionnelle.

Ces instructions peuvent tre plus ou moins prcises. Dans l'nonc l'instruction consiste faire comprendre au rcepteur que deux points de vue contradictoires sont en jeu, un positif, l'autre ngatif, et que l'metteur s'associe au dernier. Mais elle n'exprime rien quant la source du point de vue positif. Dans le processus interprtatif, le rcepteur physique cherchera alors automatiquement (et inconsciemment) dcouvrir l'identit de celui qui est responsable de l'autre point de vue (en l'occurrence). Le rsultat de ce procd est la cration d'une configuration polyphonique qui fait partie de sa comprhension du texte global auquel il est confront.

Le locuteur joue un double rle dans le jeu polyphonique. En effet, il est toujours responsable de l'acte d'nonciation en mme temps qu'il est mme de s'associer des polyphonies spcifiques. Le locuteur est pour ainsi dire le metteur en scne du jeu polyphonique prsent. C'est lui qui cre le la situation de communication. En ce sens, lallocutaire participe la cration de la structure polyphonique. Comme il ressort de ce qui prcde, il y a une marge large, et pourtant restreinte, pour l'interprtation concrte de la configuration polyphonique indique. Un aspect intressant rside dans le fait que des lment logs des niveaux diffrents de la description linguistique collaborent la cration de la structure polyphonique de la phrase. Ainsi non seulement la valeur lexicale des mots mais aussi les catgories grammaticales, les structures syntaxiques et mme dans certains cas la prosodie peuvent-elles participer structurer l'nonc polyphoniquement. Les connecteurs, diffrentes particules et d'autres petits mots (p.ex. la ngation) sont le plus souvent des marqueurs clairs de polyphonie, mais l'emploi des articles, des temps et des modes ont aussi un rle significatif. Le rsultat peut tre une structure polyphonique trs complexe, ce qui peut constituer un problme pratique important pour l'utilisation de la polyphonie linguistique dans les analyses discursives. Lide de la prsence de plusieurs voix dans certains noncs se trouve dj, sous forme embryonnaire, on trouve aux plusieurs linguistes, mais cest le grand mrite dOswald Ducrot davoir introduit la notion de polyphonie dans les tudes linguistiques. Loriginalit de son approche rside dans la scission du sujet parlant au niveau de lnonc mme. On sait quil a introduit une distinction systmatique entre le locuteur et les nonciateurs. Le locuteur est celui qui, selon le sens de lnonc, est responsable de lnonciation. Il peut mettre en scne divers nonciateurs qui prsentent diffrents points de vue. Il peut sassocier certains nonciateurs tout en se dissociant de certains autres. Il est important de souligner que tous ces tres discursifs sont des tres abstraits.

O. Ducrot va galement introduire la polyphonie, avec la distinction entre locuteur et nonciateur pour expliquer des faits de langue (et non plus de discours comme dans le cas de l'ironie) : il montre que la ngation descriptive (c'est--dire ne rpondant pas une assertion antrieure) est polyphonique. La structure polyphonique fournit des instructions relatives l'interprtation de l'nonc de la phrase, ou plus prcisment aux interprtations possibles de celui-ci. C'est dans ce sens que la thorie polyphonique est une thorie smantique, discursive, structuraliste et instructionnelle. Elle est smantique parce que son objet est le sens des noncs ; elle est discursive parce que le sens est vu comme constitu de traces d'un discours cristallis et parce que ce sens concerne l'intgration discursive de l'nonc ; elle est structuraliste parce qu'elle part d'une conception structuraliste de l'organisation du discours ; elle est instructionnelle parce qu'elle fournit des instructions pour l'interprtation de l'nonc. La structure polyphonique cre sans doute une configuration polyphonique [Olsen, 2000, 37]. On trouve ainsi des analyses polyphoniques des connecteurs, de la prsupposition, et, plus largement de l'argumentation.

Une distinction qui est essentielle pour lanalyse polyphonique, phrastique aussi bien que textuelle, est celle faite entre le locuteur de lnonc et le locuteur textuel Le locuteur de lnonc est un tre discursif qui constitue une image au moment de lnonciation. Tandis que le locuteur textuel, a un rle important pour la cohrence textuelle, en ce sens que lon pourra considrer les diffrentes reprsentations du locuteur de lnonce comme des images dun locuteur textuel.

La notion de polyphonie est au concept des actes de langages. Une thorie qui met en vidence le fonctionnement discursif et smantique dun texte actualis. Donc y intervient les phnomnes nonciatifs qui aident dsambiguser les personnes ou les voix impliques.

La problmatique des actes de langage et de limplicite linguistique est tudie de la pragmatique linguistique. Elle soccupe aussi du sens des noncs en contexte et a pour objet de dcrire non seulement la signification de la proposition (smantique), mais la fonction de lacte de langage ralis par lnonc.

Si la phrase et la proposition constituent les units syntaxiques et smantiques maximale, lacte de langage est lunit pragmatique minimale, les autres units pragmatiques tant lintervention (unit monologique maximale et lchange (unit dialogique minimale) - dans la perspective de la pragmatique conversationnelle [moecshler, 1995, 24].

En opposition la smantique, qui dfinit le sens dune proposition en termes de ses conditions de vrit, la pragmatique linguistique, en dfinissant le sens dun acte de langage par sa fonction communicative donne une image du sens centre non plus sur la fonction dnotative ou reprsentationnelle du langage, mais sur sa fonction nonciative. Il ressort en effet que lacte de langage est un acte de nature particulire, qui est lacte dnonciation. Par acte dnonciation, on entends la ralisation dune action de nature linguistique, lie lvnement historique quest lnonciation [benvniste, 1966, 80].

Lacte de langage est un acte de nature contextuelle et cotextuelle. Le rle du contexte intervient - outre dans la dfinition des conditions dapproprit contextuelle, dterminent le rapport dadquation acte de langage - contexte - comme une composante interprtative importante. Ainsi, le contexte permet de dcider sil faut interprter lacte de langage de faon littrale ou au contraire y voir au contraire un sous entendu:

Par exemple:Permettez-moi maintenant d'entrer dans le vif du sujet. Je ne suis pas l pour reprsenter un parti politique ou un gouvernement quelconque, ni pour faire campagne en faveur d'un vote positif sur le trait de Lisbonne. [Allocution prononce par le Prsident Jerzy Buzek devant l'Institute of International and European Affairs: "Le trait de Lisbonne, l'Irlande et l'avenir de l'Union europenne"].

Le rle du contexte est galement important pour la caractrisation de lacte de langage. Le contexte dtermine des conditions dapproprit cotextuelle, cest--dire un ensemble de conditions dterminant le degr dapproprit de lacte dans lensemble du discours ou de la conversation [moeschler, 1995, 25].

Dans le mme ordre dides linscription de spcificits pragmatiques dans les noncs peut tre illustr par ce quAustin a appel les noncs performatifs. Lnonc performatif se distingue de lnonc constatif (ou descriptif) en ce que: Il ne relve pas de lactivit du dire, mais de faire (il ralise une action);

La ralisation de laction en question est fonction de lnonciation (laction est produite par le fait de dire).

Il propose dappeler locutoires une premire srie dactes , ceux sans lesquels il ny aurait aucune mise en uvre du langage: par exemple concevoir des phrases, choisir des mots, les ordonner en phrases, leur attribuer du sens, les prononcer ou les crire, les entendre ou de les lire, les comprendre, etc. Il sagit des formes multiples que prend lactivit langagire dans lorganisme humaine (rappelons que nous avons accept de considrer comme organique ce qui est dordre psychologique aussi bien que ce qui est dordre musculaire ou sensoriel).

La seconde catgorie est celle des actes illocutoires, cest--dire des actes contenus dans le langage. Avec le langage, on peut en effet accomplir une multitude dactions, si nombreuses que nul nen a tabli une liste complte: dcrire, interroger, rpondre, ordonner, juger, promettre, prter serment, certifier, parier, sexcuser, pardonner, condamner, fliciter, blmer, remercier, saluer, inviter, accepter, insulter, menacer, argumenter, conclure, avouer, prsenter une requte, nommer un poste, etc. Les actes illocutoires vont donc bien au-del de la simple description du rel laquelle on sintressait classiquement. Dcrire nest quune des activits que permet le langage.

Par acte illocutoire, il est convenu dentendre le type dactions ralises par et dans lactivit nonciative, actes qui ont pour proprits essentielles dtre soumis des conditions demploi. Ces conditions dterminent en quelle mesure un acte de langage est appropri au contexte dans lequel il apparat. Ainsi lacte illocutoire peut se dfinir partir de trois critres essentiellement:

Son rapport dautres actes (Austin les qualifie de locutoires et de perlocutoires);

Sa structure interne ou smantique;

Ses conditions demploi.

Si la notion dacte illocutoire dcrit lacte ralis en disant quelque chose, elle ne dsigne pas ncessairement tous les aspects actionnels de lnonc. En ce sens Austin fait une distinction entre lacte illocutoire, locutoire et perlocutoire.

Lacte locutoire consiste simultanment en lacte de prononcer certains sons (acte phontique), certains mots et suites grammaticales (acte phatique) et enfin certaines expressions pourvues dun sens et dune rfrence (acte rhtique). De son ct, lacte perlocutoire consiste dans la production de certains effets sur lauditoire.

Lopposition locutoire/illocutoire est base sur le caractre dnotatif (rfrentiel) de lacte locutoire et non dnotatif de lacte illocutoire. Par contre, lopposition illocutoire/perlocutoire relve de lopposition conventionnelle (illocutoire)/non conventionnelle (perlocutoire) [austin, 1970, 76].

La distinction entre acte locutoire et acte illocutoire laisse entrevoir quun acte de langage peut tre dcrit, du point de vue de sa structure interne ou smantique, en deux composants: dune part son contenu propositionnel - donnant lieu lacte rhtique et dautre part sa force ou valeur illocutoire [searle, 1996, 133].

Si tout acte illocutoire est analysable en termes de son contenu propositionnel et de sa force illocutoire, il en dcoule que ses conditions demploi doivent porter la fois sur le contenu propositionnel et la force illocutoire. En dautres termes, les conditions demploi dune assertion doivent tre diffrentes de celles dune requte par exemple au plan du contenu et/ou de la valeur illocutoire et donc permettre de poser les bases dune typologie des actes de langage [moeschler, 1995, 28].

Il est vident (car on ne voit pas comment pourrait tre dcode une valeur dpourvue de tout support identifiable) que la vise illocutoire dun nonc sinscrit ncessairement en quelque lieu de sa structure signifiante. Sagissant des valeurs pragmatiques les faits de synonymie et de polysmie sont infiniment plus nombreux encore que lorsque lon a affaire aux contenus smantiques proprement dits [kerbrat-orecchioni,1999, 210].

Exemple de synonymie: De plus, si le Tribunal est compos, comme il l'est actuellement, d'un noyau de juges possdant une connaissance pratique avre du droit gnral de l'UE et de la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union, il devrait exister une garantie suffisante, au niveau du Tribunal, en ce qui concerne l'intgration de son activit juridictionnelle au sein du cadre plus large du droit administratif de l'UE.[ Paul MAHONEY, Prsident du Tribunal de la fonction publique; Le tribunal de la fonction publique: avantages et inconvnients d'une instance juridictionnelle spcialise] Pour Todorov la plupart des affirmations sont en fait des questions dtourns, toute assertion est de nature implicitement volitive: il nest plus tonnant qu lextrme complexit des faits empiriques rponde une gale confusion des propositions descriptives, et quaucun inventaire exhaustif des divers valeurs illocutoires et de leurs divers supports signifiants nait encore t ce jour propos [Todorov, 1966, 120].

Il arrive bien souvent quun nonc se trouve doublement, parfois n-fois, charg illocutoirement - une ou plusieurs valeurs drives venant se greffer sur sa valeur pragmatique littrale.

Par conditions demploi, on entend les conditions que doit satisfaire un acte de langage pour tre appropri au contexte dnonciation. Si Austin dfinit les conditions demploi comme autant de conditions de russite de lacte, Searle dfinit ces conditions comme des conditions de satisfaction, lis des rgles sur laccomplissement sincre des nonciations. Lhypothse faite par Searle est que chacune des conditions de satisfaction est une condition ncessaire la ralisation sincre de lacte illocutoire, lensemble constituant une condition suffisante. Il aussi distingue quatre types de conditions:

Condition de contenu propositionnel indiquant la nature du contenu de lacte. Celui-ci peut tre une simple proposition (assertion), une fonction propositionnelle (question ferme), une action du locuteur (promesse) ou de linterlocuteur (ordre, requte);

Conditions prliminaires dfinissent le savoir ou la croyance du locuteur concernant les capacits, intrts, intentions de linterlocuteur, ainsi que la nature des rapports entre interlocuteurs.

Conditions de sincrit indiquant ltat psychologique du locuteur. Asserter implique la croyance, ordonner le dsir, promettre lintention.

Condition essentielle spcifiant le type dobligation contracte par le locuteur ou linterlocuteur par lnonciation de lacte en question. Lobligation peut porter sur laction raliser (ordre, promesse) ou le caractre vridique du contenu (une assertion oblige son locuteur se porter garant de sa vrit. Dans quelle mesure lacte de langage a justement pour but de transformer la ralit conformment la description quil en fait.

Ces quatre critres permettent de distinguer cinq grands types dactes illocutoires, chacun de ces types pouvant tre analys en sous-types: les actes reprsentatifs, les actes directifs, les actes commissifs, les actes expressifs, les actes dclaratifs. Ces diffrents types ont les proprits suivantes:

Reprsentatifs (assertion, information): le but illocutoire est la description dun tat de fait qui est le cas, la direction dajustement mots-monde (extralinguistiques);

Directifs (ordre, requte, question, permission): le but illocutoire est de mettre linterlocuteur dans lobligation de raliser une action future;

Commissifs (promesse, offre): le but illocutoire est lobligation contracte par le locuteur de raliser une action future;

Expressifs (flicitation, excuse, remerciement, salutation): le but illocutoire est dexprimer ltat psychologique associ lacte expressif (plaisir/dplaisir);

Dclaratifs (dclaration, condamnation): le but illocutoire est de rendre effectif le contenu de lacte.

En effet la norme pose par lacte illocutoire est certes inscrite dans une norme linguistique. Cela permet la possibilit dune tude des faits pragmatiques, et en particulier de lillocutoire. Elle permet donc, sinon dautomatiser la pragmatique linguistique de linteraction en gnral, du moins de voir dans le sens global dun nonc une certaine description de son nonciation, cest--dire le type de normes devant tre respectes pour que linteraction effective prenne la forme des prtentions que lui attribue le locuteur.

Discours officiel

JUSTICE

Prescrire (norme)

Discours des sciences de lvaluation

OBJECTIVITE

Dcrire, expliquer, comprendre (fait, vnement, objet)

Discours pdagogique

JUSTESSE

Evaluer (Valeur)

Discours des acteurs

Authenticit Raconter (sens)