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DumêmeauteurMentionslégales
LaurannDohner
SladeHybrides–2
Traduitdel’anglais(États-Unis)parFrédéricGrut
Milady
Àmonéternité,M.Laurann.
PROLOGUE
—Tun’aspastravailléchezunvétérinaire,Trisha?Trishafronça lessourcilsetbutunegorgéedecaféglacé.Toutsoncorpsse
crispaausondecettevoixmasculine.LedocteurDennisChannerétaituncrétinquiprenaitunplaisirdiaboliqueàlaprovoquerenpermanence.C’étaitpresqueuneobsessionchez lui.Ellesavaitqu’ellen’étaitpasd’unabord trèsfacile,cequi n’avait pas toujours été simple à accepter, mais elle en ressentait encoreparfoisdelavexation.Elleétaitsortiedulycéeàquatorzeans.Dixansplustard,elleavaitterminésesétudesdemédecine,étaitarrivéeautermedesoninternatet avaitmêmepassé quelques années dans quelques-uns des hôpitaux les plusdursdupays.Àvingt-huitans,elleavaitdécrochélepostedesesrêvesdansl’undesétablissementshospitalierslesplushuppésdesÉtats-Unis.En règlegénérale, soitelle intimidait lesgens, soit ils laprenaientpourune
prétentieuse. Elle n’était ni snob ni imbue de sa personne, et absolument pasfroide.Sasociabilitéétaitlamentable,voilàtout.Elleavaittoujoursététimideetl’amitién’avaitquerarementeusaplacedanssavietrèsdense.Deplus,peudegenssemontraientamicauxenverselle.Ilétaitdurdeseforceràallerversdespersonnesquivousbattaientfroid.DennisChannerétaitsonpatronetluienvoulaitàmort.Lorsqu’ilétaitarrivé
auMercyHospital,ilavaitlatrentainebienfrappée.Illatrouvaittropjolieetnelui avait jamais caché que selon lui, c’était plus à son physique qu’à sescompétences qu’elle devait son poste. Pourtant, elle avait toujours travailléd’arrache-piedpourarriverlàoùelleétait.Elleavaittoujoursfavorisésacarrièreauxdépensdesaviepersonnelle.— Oui, tout à fait. J’ai travaillé au service d’urgences d’une clinique
vétérinairependantmesétudes.—Sansbourse?ricana-t-il.Ellecomptajusqu’àdixavantderépondre.—Non.—C’esttontour,annonça-t-ilavecunsouriresatisfaitdemauvaisaugure.On
aunentrantquidevraitêtreparfaitementdanstescordes.
Iléclataderire,commes’il lui faisaitunemauvaiseblague.Trishaserra lesdentspourseretenirdeluirépondreunechosequ’elleregretteraitensuite.Ellejetasoncaféetlerestedesonsandwichàlapoubelle,puissuivitDennisdanslecouloir.Encoreuneâmeenpeine,j’imagine,sedit-elle.Sonsupérieurprenaitunmalinplaisiràluilaissersurlesbraslesivrognes,lesvagabondsoulesmembresdegangs.L’image d’un corps crasseux, dont la puanteur lui donnerait la nausée, lui
apparutaussitôtàl’esprit.Ils’agiraitpeut-êtremêmed’unilluminéquihurleraitquedesmartiensallaientenvahirlaplanète.Trisha,malheureusement,n’enavaitque trop vu.Beaucoup d’entre eux s’enveloppaient de papier aluminium pourempêcher les extraterrestres de les scanner. Il fallait généralement quatrepersonnes pour les immobiliser lorsque lesmédecins voulaient les déshabillerpourlesexaminer.Alors qu’elle approchait de la porte des urgences, Trisha croisa Sally, une
infirmièredontelles’étaitfaituneamie.Sonexpressionsombre,effrayéemême,la crispa encore davantage. Ce qui l’attendait devait être dur à supporter, carSally,quiavaitvécusonlotd’horreursenquinzeansdetravailauxurgences,neselaissaitpasfacilementimpressionner.Trisha commençait à s’inquiéter. Quinze jours plus tôt, Sally n’avaitmême
pas bronché lorsqu’ils avaient admis un délinquant qui avait reçu trois ballesdansledos.Pendantl’opération,ungangrivalavaitenvoyél’undesesmembresl’achever.SallyavaitcalmementaidéTrishaàcacherleblesséinconscientdansunplacardtandisquelasécurités’occupaitdeneutraliserl’agresseur.Dennissetournaverselleavecunpetitsouriresatisfait.—Lenouveaupatientestunesorted’hybride,mi-homme,mi-chien.—Jenevoispascequ’ilyadedrôle,soupiralajeunefemme.J’aijetémon
repaspourça?Ilseraittempsquetugrandisses,Dennis.Illevalesmainssanssedépartirdesonsourire.— Je préférerais que ce soit une blague, mais ce n’est pas le cas. On l’a
récupérédansunesorted’institutderechercheàlaFrankenstein,financéparunecompagnie pharmaceutique. Soixante-cinq patients ont été répartis dans divershôpitaux. On nous envoie celui-ci parce qu’il est le plus atteint et que noussommesl’unitédetraumatologielaplusproche.Lesambulanciersetl’équipagedel’hélicoconfirmenttousqu’ils’agitbiend’unhommedotédecaractéristiquescanines.Ilestpourtoi,vutonexpériencedecegenredechoses,conclut-ilavecunejoienondissimulée.Trishaposalesmainssurseshanches.
—Tu aurais dû garder ce bobard pour le premier avril. C’est quoi, le vraitopo ? Une victime déguisée en chien ? Un acteur engagé pour une fêted’anniversaireetquiesttombédansl’escalier?—C’estvrai,intervintSally.C’estsurtoutesleschaînes.(Sonregardétaittrès
sérieux et Trisha savait qu’elle n’était pas du genre à faire des blagues.) Lapolice a fait un raid dans un institut de recherche et ils ont récupéré dessurvivantsmi-hommes,mi-bêtes.L’und’entreeuxnevapastarderàarriver.Onaappeléunvétérinaireàlarescousse,maisilneseralàquedansvingtminutes.Hébétée,Trishaessayaitd’assimilercesinformations.Elletournalestalonset
se rendit au bureau des infirmières, où deux personnes avaient déjà les yeuxrivés sur le poste de télévision. Un hélicoptère tournait autour d’un bâtiment,filmant le ballet des ambulances, des voitures de police, des camions depompiersetdesvéhiculesdesSWAT.Letextedéfilantenbasdel’écranavaitdequoidonnerdesfrissons.—Combiendetemps?cria-t-elle.Cory,l’infirmierquigéraitlesarrivées,luiréponditdepuisl’accueil.—Ilsserontlàdanstroisminutes.Pourl’instant,ileststable.— Et merde, grommela-t-elle avant de se tourner vers Dennis. Qu’est-ce
qu’onsait?—Riendetrèsprécis,répondit-ilsansquittersonsourire.Ilperdsonsang,il
est en état de choc et personne ne sait de quoi souffre notre toutou. Ils l’ontembarquéenvitessedèsqu’ilsontvudansquelétatilsetrouvait.Donne-luiunnonosseetilrepartiraenremuantlaqueue.— Tu trouves ça drôle ? rétorqua Trisha en le fusillant du regard. T’es
vraimentdégueulasse.C’estlaviedequelqu’unquiestenjeu,merde!(Elleluitourna le dos pour s’adresser à Sally.) Vu qu’on ne sait pas de quoi il s’agit,prépare une salle d’opération, juste au cas où. Réveille tout lemonde. Il fautqu’onanalysesonsangetqu’onaitdequoiletransfuser.On…—Onn’apasdesangdechien,ici,l’interrompitDennis.Trishaseretournaentrombe,leregardnoir.— Je travaille. Je suis une professionnelle. Tu te rappelles ce que ça veut
dire?Sonsourires’évanouitaussitôt.—Nemeparlepassurceton.Jesuistonchef.—Non, l’un de mes chefs, et si tu memets des bâtons dans les roues, je
m’adresseraiàlahiérarchie,lemenaça-t-elle.Soittum’aides,soittumeficheslapaix.L’hélicodevraitarriverdansquelquessecondes.
Surcesmots,elletournalestalonsetsedirigeaaupasdecourseverslaportemenantàl’extérieurtoutenhurlantdesordressursonchemin.Elleentenditl’hélicoptèreavantdelevoir.Derrièreelle,sonéquipes’affairait
déjà.L’appareilentamasonatterrissageetelle levaunbraspourseprotéger levisageduventgénéréparlespales.ElletournalatêteendirectiondeSallyetdeses deux collègues, qui attendaient à côté d’une civière. Elle espérait ne pasavoirl’airaussiinquiètequ’eux.L’hélicoptèreseposa.Seules ses annéesd’expérience lui permettaient de conserver son calme.Ce
futàpeinesiellejetaunœilaucorpsemmitouflédansunecouverturequel’onétaitentraindesortirdel’appareil.Elleseconcentrasurlesinformationsqueluihurlaitl’infirmierdanslevacarmeambiant.—Ils’appellecomment?—215.Trishafronçalessourcils,maisl’hommehaussalesépaules.—C’esttoutcequ’ona.C’estcommeçaqu’ilsl’appelaientlà-bas.Elleleremercia,puisrepartitàl’intérieurencourantderrièrelacivière.— Trouve-moi toutes les informations disponibles, demanda-t-elle à Cory
lorsqu’ellearrivaàl’accueil.Appellelesagentsdepolicequisesontoccupésdecetteopération,ouquituveux,maisj’aibesoindetouteslesinfosdisponibles.Pourl’instant,toutcequ’onsait,c’estquesonmatriculeétait215.Ellesortitunepairedegantsdesapocheetlesenfila.—Jem’enoccupe,répondit-ilendécrochantsontéléphone.Trishaadoraittravailleraveclui.Toujoursvolontaire,ilneseplaignaitjamais
et faisait ce qu’on lui demandait, même si cela dépassait ses attributionsofficielles.Elle savaitqu’il feraitde sonmieuxpour l’aider.Elleentradans lasalle d’opération au moment où les infirmiers transféraient le patient de lacivièreàlatable.Elles’approchaetluitouchalevisage.—Allons-y,ordonna-t-elle.Elle observait le corps qui se révélait à elle à mesure que ses aides le
déshabillaient.Labouedontilétaitmaculécamouflaitlestraitsdesonvisage.—Tuasvuça?maugréaSally. Iln’yapasdecoutures sur sesvêtements,
rienquedesvelcros.—C’estpratique,grognaPete.Aide-moiàledéplacer,ilestsuperlourd.—Peut-êtreuneblessureàl’armeblancheenbasdudos,remarquaAllytout
entâtantlaplaiedesesdoigtsgantés.Dixcentimètresdelong,aumoins,maissuperficielle.—Ilyaaussidesbrûluresàl’épauledroite,ajoutaPete.Deuxièmedegré,ce
n’est pas tropgrave. Je crois qu’il a été touchépar des fléchettes deTaser. Jevoisdespetitespiqûresaucentredeszonesaffectées.Quelgenred’armescausedesbrûlures?C’estlapremièrefoisquejevoisça.Pendantcetemps,Trishaluiexaminaitlatête.—Ilaunebosse,maisaucunsaignementapparent.Faispréparerlescanner.Ellelâchaleblesséetallumasalampedepoche.Avecprécaution,ellesouleva
l’une de ses paupières. Il avait de beaux yeux bleus, dont les pupillesréagissaient parfaitement à la lumière. Elle lui palpa ensuite la gorge, à larecherche de blessures invisibles.Ni fracture ni gonflement, constata-t-elle enrayantcespossibilitésdesaliste.Elleluiécartaalorsleslèvres…etrestabouchebée.Toussesassistantssefigèrent,lesyeuxrivéssurelle.Auboutd’uneseconde,
elle sortit de son ébahissement.Sonpatient avait des dents aussi pointues quedes canines de vampire. Elle lui écarta doucement la mâchoire pour regarderdanssaboucheetvérifiersesvoiesrespiratoires.—Cesontbiendesdentsdechien?demandaPeted’unevoixmalassurée.— Blessure par balle à la cuisse droite, annonça Ally. Le projectile est
ressorti.—Hémorragie?demandaTrishaenlâchantlabouchedublessé.—Gérable. Une artère est touchée, mais l’équipe de l’hélico a réussi à la
rafistoler.Sapressionsanguineeststable.Lestransfusionsqu’ilareçuespendantlevolontétéefficaces.—Installons-leensalled’opérationdèsqu’onaurafini.Ne traînezpas,elle
doitdéjàêtreprêteàlerecevoir.Trishaneprêtaaucuneattentionauxpersonnesquinecessaientd’entreretde
sortirpourfairedesprélèvements.Elleavaitconfianceensonéquipe,quiétaittrès soudée. Le Mercy Hospital avait la réputation de n’engager que lesmeilleurs. Avec mille précautions, ils tournèrent le patient sur le flanc etl’examinèrentdefondencomble.—Desmarquesdepiqûressursafessedroite,notaSally.Ilnesedroguepas,
àmoinsd’êtresuperflexible,maisvusamusculature,çam’étonnerait.—Commentça?demandaTrisha.—Bonsang,Trisha,réponditSallyenriant,tun’aspasremarquéàquelpoint
ilétaitbalaise?C’estunevraiearmoireàglace.Trishasecoualatête.— Transférons-le en salle d’opération pour soigner sa jambe, elle saigne
encore.
Elleexaminalablessure,auxpointsd’entréeetdesortiedelaballe.—Enroute,ordonnaAlly.—Jevaismepréparer,ajoutaTrishaensedirigeantverslaporte.Mais dans le couloir, elle se trouva face au docteur Jose Roldio qui lui
bloquaitlaroute.Sonvisageétaittrèspâle.—Jeprendslerelais,Trisha,merci,dit-ilenlapoussantsansménagement.Trisharestabouchebée.Josevenaitdeluisubtilisersonpatientetellen’avait
même pas réagi. Elle s’écarta néanmoins rapidement pour laisser passer sonéquipe, qui sortait l’homme inconscient de la salle d’examen. Remise de sasurprise, elle étudia attentivement son visage. Il avait de longs cheveux noirsparsemésdemèchesblondes.Ellesesouvenaitdesesyeux, trèsfrappants : ilsétaientbleu foncé,avecdes tracesplusclairesautourdes iris.Ellearrachasesgantsensanglantésetlesjetaviolemmentdansunepoubelle,énervéedenepaspouvoirl’opérerelle-même.Sixpatientsplustard,elleétaitderetourdanslasalledereposdesmédecins.
Attabléedevantunnouveaucaféglacé,elleessayaitdesedétendre.JoseRoldioétait l’un des plus grands traumatologues du pays et ce patient était d’uneimportance capitale. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû se vexer de le voiraccouriraussivitepourprendreleschosesenmain,maisc’étaitplusfortqu’elle.Trishaaimaitfinircequ’ellecommençait.Elle se retourna en entendant la porte s’ouvrir. C’était le docteur Roldio,
épuisé. Il lasaluad’unhochementde têteetsedirigeavers lamachineàcafé.Trishapivotasursachaisepourluiparler.—Ils’enestsorti?—Oui.J’ai réparéuneartère,maisc’estàpeuprès tout.L’hémorragieétait
moinsgravequeprévu.Levétérinaireestvenu,maisilavaittroppeurdetoucheraupatient,iln’afaitquenousgêner.Tuasvulescaractéristiquesdelavictime.Cen’estpasde la chirurgie esthétique, je l’aivérifiépendantqu’il était sur latable. Ilaétéconçucommecela. Ilprésente tellementd’anomaliesque jesuisconvaincuqu’iln’estpasentièrementhumain.Tuarrivesàycroire,toi?—Onaputrouverdusangquiluiconvenait?CettequestiontaraudaitTrishadepuisdesheures.—Non.Onluiadonnéduplasmauniverseletsoncorpsnel’apasrejeté.Il
eststable,maisjel’aitoutdemêmeenvoyéensoinsintensifs,vuqu’onnesaitpasàquoionaaffaire.Selonlebureauquigèrececauchemar,certainsdecestypesseraientdangereux.Onaplacédesgardesenfactiondevantsaporte,poursasécuritéetlanôtre.J’imaginequ’ilyadéjàdesjournalistesàl’accueil.(Jose
s’écrouladansunechaiseetregardaTrishadanslesyeux.)Jenevoulaispastemarchersurlespieds.J’aibeaucoupd’estimepourtescompétences,maisonm’aforcé lamain. Les grosses pointures avaient peur qu’ilmeure, donc ilsm’ontordonnédem’enoccuper.Cettehistoirevafaireletourdumonde.Trishahaussalesépaulesetluisourit.— Je comprends. J’étais furax, mais je me suis calmée. C’est toi le grand
spécialiste,aprèstout.—J’aiinscrittonnomsurlalistedespersonnesautoriséesàlevoir,répondit-
ilenluisouriantàsontour.Jemesuisditquejetedevaisbiençaetquetuauraisenvie d’aller voir comment il va. Je sais que tu suis toujours de très près lerétablissementdetespatients.Trishaavalaunegorgéedecafé.—Pourquoiilfautinscriresonnom?Monbadgemedonneunaccèsillimité
auxsoinsintensifs.— Ce type est une curiosité médicale, soupira Jose. Tous les membres du
personnelontenvied’allervoiràquoi il ressemble.Les responsablesontpeurqu’on le prenne enphoto et qu’onvende les clichés auxmédias.Quelqu’un adéjàrépanduunerumeurselonlaquelleilauraitdesdentsdevampire.—Dechien.Cen’estpaslamêmechose.—Commetuveux.C’estunmonstreetl’hôpitalestterrifiéàl’idéedenepas
respectersaconfidentialité.Notreréputationdeprotectiondespatientsestsanstache.Sonaccèsestrestreint,maistuesautoriséeàallerl’examiner.(Ilseleva.)Il faut que j’y aille,ma femmem’attend.On était en route pour le restaurantquandilsm’ontbipé.Commec’estsonanniversaire,ellenel’apasbienpris.—Passeàlaboutiquedel’accueilpourluiacheterdeschocolats,luiconseilla
Trisha avec un clin d’œil. Contre une grosse boîte, je serais prête à toutpardonner.Joseéclataderire.—Mafemmen’estpassimagnanime.Ilvaudraitmieuxquejem’arrêtechez
unbijoutier!Surveille lepatientpourmoicettenuit.Sionabesoindemoi, iln’yaqu’àappeler.Surcesmots,illasaluaetsortitdelapièce.Trisha bâilla. Sa garde durait depuis bien trop longtemps et elle mourait
d’enviederentrerchezelle.Ellepensaàsonlitdouillet,impatientedepouvoirs’yjeter.Ellemontrasonbadgeàl’agentdesécurité.— Je suis le docteur Trisha Norbit. Le docteur Roldio m’a demandé de
surveillerl’undesespatients.Legardevérifiasurlaliste.—Entrez,docteurNorbit.Trisha entra dans l’unité de soins intensifs et salua de la tête l’infirmière
d’accueil. Elle lui avait déjà parlé à quelques reprises.Elle ne connaissait pasbeaucoup demonde dans l’équipe de jour, qui venait justement d’arriver.Elleregarda le tableau pour voir dans quelle chambre il avait été installé. 215,chambre3.Elleouvritdoucementlaporte.L’hommeétaitcouchésurlelit,lavédelatête
aux pieds. Ses cheveux flottaient sur ses épaules et elle fut frappée par leuraspect,commesidescouléesdesabledorés’immisçaientdansunemassenoirecommeducharbon.Propre,ilétaitmétamorphosé.Ilétaitbeau,iln’yavaitpasd’autremot,avecunvisagetrèsmasculin,àlastructureosseusesolide.Elle étudia un instant son dossier et reporta les yeux sur son large torse nu
parseméde capteurs reliés à différents écrans.Elle s’attarda un instant sur lesbras épais et bien dessinés. Comme Sally le lui avait fait remarquer, il étaitextrêmementmusclé. Il faitpeut-êtredubodybuilding?Elle chercha la feuilled’examen toxicologique et vit que les tests correspondants aux drogueshabituelles des mordus de musculation étaient négatifs. Tout ce qu’on avaitdétectédanssonsystèmeétaitunsédatif.Trishareposaledossierets’approchadupatient.Elles’arrêtasurlecôtédulit
et posa les mains sur la barrière métallique, puis étudia son visage avecfascination. Ilavait lespommettesplusprononcéesque lamoyenneet sonnezétaitpluslargeetsemblaitavoiruneforme…différente.Ellesemorditlalèvreet se pencha pourmieux observer la bouche sensuelle qui cachait si bien sesdents canines. Après un instant d’hésitation, elle sortit un gant de sa poche,l’enfilaetapprochalamaindesabouche,biendécidéeàprofiterdel’occasionpourétudiersesdentsdeplusprès.Ilavaitleslèvrescharnues,parfaitementformées,chaudes.Ellenel’avaitpas
remarqué lapremière fois, carelleavait étéoccupéeàexaminer sesblessures.D’un doigt, elle tira sur la lèvre inférieure. Les dents du bas semblaientnormales,àpartlescanines,trèsacérées.Ellesoulevaensuitelalèvresupérieureaveclepoucetoutenmaintenantsonvisagedesonautremain,puissepenchasurluipourmieuxvoir.Tandisqu’elleexaminaitlesdentsallongéesetpointues,elleregrettadenepas
mieux s’y connaître en médecine dentaire. Elle se pencha un peu plus. Sescheveuxvenaient luichatouiller le torse,maisellenecraignaitpasquecela le
réveille. Il avait reçuune fortedosed’anesthésiantpendant l’opérationet ilnesortiraitpasdusommeilavantplusieursheures.Levisageàquelquescentimètresde labouchede l’homme,elleétudiait sesdentsdu fond.Lesmolairesétaientmanifestement canines, plus coupantes que des dents humaines, faites pourarracheretpourmâcher.Trisha ressortit les doigts de sa bouche, en tenant toujours le menton de
l’inconnu dans sa paume. Elle regarda à nouveau son visage pour étudier sonnez,platetépaté,maisàsagrandesurprise,ellevitsesyeuxd’unbleuintenserivéssurlessiens.—Salut,marmonna-t-ild’unevoixrauque.Trisha sursauta. Comment pouvait-il reprendre connaissance si vite ? Elle
voulut reculer, mais il la saisit aux bras et tira fort. Elle lui tomba dessus enpercutantlabarrièremétalliqueaveclahanche.L’hommelafitbasculersurlelit,dans le petit espace qui séparait son corps de la barrière, puis roula sur elle,l’immobilisantsurlematelas.Il fallut plusieurs secondes à Trisha pour comprendre ce qui lui arrivait et
commenceràsedébattre.L’hommeluiattrapaalors lespoignetset les tiraau-dessusdesatêteenpoussantungrognementsauvage.C’étaitunsonsurprenant,sieffrayantetagressifqu’elleenressentituneterreurinstantanée.Elleregardalevisagetrèsmasculin,presquecolléausien.Lesyeuxdel’inconnu,étrangementhypnotiques, semblaient pénétrer jusque dans son âme. Il fronça les sourcils,puisseléchaleslèvres.—Tuesnouvelle.Onnet’apasavertiqu’ilnefallaitjamaisfranchirlaligne
demort?demanda-t-ilenbaissantlesyeuxjusqu’àsagorgeavantdereveniràsonvisage.Etc’estvraimentidiotdenepasm’avoirenchaîné.Personnenet’aexpliquécommentnousmanipuler,doc?Ilnefautjamaisôternosentraves.Trisharetrouvaenfinsavoix.—Vousêtesdansunhôpital.Toutvabiensepasser.Il fronça à nouveau les sourcils. Trisha était coincée en dessous de lui, des
seinsjusqu’auxpieds,immobiliséeparsonpoids.—Jenesaispassijedevraistemonteroutetuer,grogna-t-ildoucement.Tout à coup, il bougea et Trisha poussa un petit cri en sentant unmembre
rigidesepressercontreelle.C’étaituneérection,celanefaisaitaucundoute,etlorsqu’ilseréinstallasurelle,sonsexedurciseposaentresesdeuxcuisses.—Jecroisquejevaisplutôttemonter,parcequejen’aiaucuneenviedetuer
une chose aussi belle que toi, reprit-il avec un sourire carnassier qui effrayaTrisha.Tun’asjamaisrêvédetefairebaiserparunanimal,mabeauté?
—Jesuisledoct…—Jem’enfous,l’interrompit-ilengrognant.Embrasse-moi,mabeauté,etje
temontreraitoutcequetuasmanqué.J’aidécidédetemonter.Jen’arrivepasàrésister.(Lesnarinesdilatées,ilinspiraàfondetpoussaungrognementsourd.)J’aidéjàlatriquepourtoi,ettusenssibon.Envahieparlapanique,Trishapoussauncri.—Ausecours!215laregardaensouriant.—Personneneseraitassezstupidepourvoleràtonsecours,majolie.Tum’as
détaché,etmaintenanttuesàmoi.Ilpritsespoignetsdansunemainetfitcourirl’autrelelongdesoncorps.Ses
doigts hésitèrent un instant sur la courbe de son sein, puis s’aplatirent sur sescôtesetdescendirentlelongdesahanche.Ilsedécala,justeassezpourglisserlamainentreelleetlelitavantdeluiagripperlesfesses.—Tonculestàmoi,madouce,maisnet’enfaispas.Jenevaisnitefairemal
nitetuer.Tumeplaisbeaucoup.Jeviensdedéciderdetegarderquelquesjoursavec moi, doc. Je vais te faire des choses qui te donneront envie de ne plusquitter cette pièce. D’ici à ce que je sois forcé de te relâcher, tu auras autantbesoinquejetemontequetuasbesoindemangerouderespirer.Unealarmeéclatadanslapièce.Trishagardaitlesyeuxfixéssurl’hommequi
necessaitdeluisourire.Illuiagrippaencoreplusfermementlesfessesetinsérasahanche entre ses cuissespour lui écarter les jambes.Son sexe rigidevenaitfrotter contre la couture de son pantalon. Les yeux écarquillés, elle ne savaitcommentréagiràcettepressioninsistante.—Tumedésirerasautantquejetedésire,luipromit-il.Il se rapprochaencored’elleet lui caressa levisageavec la joue jusqu’àce
qu’elletournelatête.Illuifrôlaalorslagorgeavecleslèvresetluiléchalecouen poussant un petit grognement. Il la mordilla ensuite et, pire encore, ilcommençaàbouger leshanches.Son sexeallait etvenait contre sonclitoris àtravers le tissu.Trisha tenta de bouger en dessous de lui, puis se figea et 215poussaunnouveaugrognementencrispantlamâchoirecontresonépaule.Avec horreur, elle se rendit compte que son propre corps réagissait à cet
assaut.Sestétonsdurcissaient,sonventresenouaitetleplaisirqueluidonnaientles allées et venues de son sexe, malgré les couches de vêtements, la faisaithaleter.Ellen’avaitjamaiseucommefantasmed’êtreàcepointdominée,maiselle ne pouvait s’empêcher d’être excitée par ce mâle puissant, beau etdangereuxquiavaitprislecontrôledesoncorps.Elletentadeseraisonneretde
neutralisersaréactionphysiqueenfaisantappelàlalogique,maissoncerveauétaitauxabonnésabsents.Ilgrognaencoreunefoisetrepritlaparole.—J’aihâtedetegoûterdelatêteauxpieds.Jevaisenfouirlatêteentretes
cuissesettebaiseraveclalanguejusqu’àcequetumesuppliesdetefairejouir,mabeauté.Jesuissûrquetongoûtestàlahauteurdetonodeur.Ensuite,jeteretourneraietjeteprendraienlevrettejusqu’àcequetujouissesànouveau.Trishasecambracontrelui.Lascènequ’ilvenaitdeluidépeindre,combinée
aux sensations émanant de son clitoris, faillit suffire à la conduire jusqu’àl’orgasme.Ellesavaitquecelaarriveraits’iln’arrêtaitpasdebougerleshanches.Ellesemorditleslèvrespourétoufferungémissement.Soudain,laportedelachambres’ouvritdansungrandfracasetsixpersonnes
s’engouffrèrentdanslapièce.Cetteintrusionfitl’effetd’unedouchefroidesurla libido déchaînée de Trisha. 215 tourna la tête vers eux et poussa ungrognementanimalterrifiant.—Endormez-le!hurla-t-elle,reprenantenfinsesesprits.Lesaides-soignantsetlesgardessejetèrentsurlepatient,quisetournavers
euxenpoussantunhurlementderage,clairementdécidéàlesaffronter.IllâchaTrisha et tenta de se redresser pour repousser les hommes qui voulaientl’immobiliser.Lajeunefemme,decraintequ’ilsoitblessédanslamêlée,jetalesbrasautourdesoncouetenroulalesjambesautourdesescuissespouraideràlemaîtriser. L’homme se débattit et son sexe frotta encore plus fort contre elle,ravivant aussitôt l’excitation de la jeune femme. Deux aides-soignantsenfoncèrent des aiguilles dans ses bras, puis se couchèrent sur lui pourl’empêcherdebouger.215 poussa de nouveaux grognements de bête sauvage, puis cessa enfin de
résister.Soncorps sedétendit et se transformaenpoidsmort surelle, si lourdqu’elleneparvenaitmêmeplusàrespirer.Ilfallutcinqpersonnespourl’aideràsedégager.Haletante,ennage,Trishaselevaentitubant.Lepatientétaitendormi,couché
sur le ventre. Elle le regarda en tremblant, choquée par ce qui venait de seproduire.Sipersonnen’était venuà sa rescousse, ils seraientprobablement entraindecoucherensemble.Ellesursautaaucontactd’unemainsursonépaule.C’étaitledocteurHearsal
Morris.—Tuvasbien?demanda-t-il,l’airinquiet.Ilt’afaitmal?Trishas’éclaircitlagorge.
—Çava,mentit-elle.
CHAPITREPREMIER
Unanplustard
Assise à son bureau,Trisha pensait à 215.Son souvenir la hantait toujours.Sesincroyablesyeuxbleus,lamanièredontill’avaitplaquéecontrelelit,encejouroùilavaitfailli…laséduire.Ellesavaitqu’ellenel’oublieraitjamais,maisluinesesouvenaitpasd’elle.Etcelalacontrariaitbeaucoup.ElleavaitentendudirequelesHybrides, lessurvivantsducentredetestdes
médicaments,s’étaienttrouvédesnomspourremplacerlesnumérosqueMercileIndustriesleuravaitdonnés.215avaitoptépourSlade.Cela luiallaitbien.C’étaitunearmoireàglaceaux longscheveuxfousetà
l’aspect dangereux. Chaque fois qu’il souriait, il laissait apparaître des dentsaussilonguesquepointuesquiluidonnaientunairprédateur,presquemenaçant.C’étaitaussil’hommeleplussexyqu’elleavaitjamaisrencontréetlessouvenirsdeleurétreintesurcelitd’hôpitalnecessaientdelahanter.Les Hybrides avaient été installés dans une sorte de retraite appelée
Homeland. Le monde n’avait pas vraiment bien accueilli la nouvelle de leurexistenceetilsdevaientdoncvivredansunenvironnementultrasécurisé,oùilsétaientprotégésdetousceuxquilesconsidéraientcommedesabominations.Lesfanatiquesreligieuxlesqualifiaientdedémoniaques,d’êtrescontrenature
et d’affront au Seigneur, car ils avaient été créés en laboratoire, dans deséprouvettes. Ceux qui ne se cachaient pas derrière des raisons religieuses lestraitaient de bêtes à deux pattes indignes de profiter des droits de l’homme,d’animauxdecompagniedressésàlesimiter.Cesrécriminationsgrotesquesnefaisaient qu’irriter Trisha lorsqu’elle les entendait aux informations. LesHybrides étaient des victimes, pas un fléau de l’humanité et encore moinsl’œuvredeSatan.Pasplusqu’ilsn’étaientdesanimauxdotésdelaparole.Deux mois auparavant, elle avait appris l’ouverture imminente d’un centre
médicalàHomeland.Elleavaitaussitôtposésacandidaturedansl’espoird’êtreengagée. Jamais elle n’oublierait sa surprise lorsqu’elle avait reçu le coup detéléphonetantattendu.C’étaitellequ’onavaitchoisie.
ToutelacommunautémédicaleétaitfascinéeparlesHybrides.Lenombredesurvivants était inconnu, mais Mercile Industries, une société de recherchepharmaceutiquedepointe, lesavaitutilisésen tantquecobayeset introduitdel’ADNanimaldansleursgènes.Selonlarumeur,lesHybridesavaientétécrééspour lutter contre les maladies transmissibles entre les animaux et l’homme,ainsi que pour fabriquer des vaccins contre des maladies humaines contrelesquelles les animaux étaient immunisés. On avait aussi accusé MercileIndustries d’avoir travaillé sur des drogues permettant de rendre l’être humainplusfortetplusmusclé.Trishaavaitdumalàcomprendrepourquoidesmédecinsetdesscientifiques
avaient accepté de vendre leur âme pour de l’argent et de commettrel’impensableenforçantdesêtreshumainsàsubirde tellesexpériences.Lefaitque l’on ait réussi à créer la vie en combinant desADNhumains et animauxavait fait l’effet d’une bombe dans lemondemédical. LesHybrides étaient lapreuvevivantedecetexploitàl’éthiquediscutable.Trishaavaitespéréenapprendrepluslorsdesanomination,maisjusque-là,on
ne lui avait pas dit grand-chose. Elle avait simplement reçu un dossier à lire.Certainesdes informationsqu’ilcontenait l’avaient laisséesansvoix,maisellese sentait prête à relever ce défi. Malheureusement, elle semblait avoir étéengagéepours’occuperdesemployéshumains,caraucunHybriden’étaitencorepasséàlaclinique.Ellesecaladanssonfauteuil,posa lespiedssursonbureauetréfléchitàce
qu’elleavaitapprisdepuissonarrivée.LesHybridessechoisissaientdesnomsétrangesquiavaientgénéralementunesignificationprécisepoureux.Ilsavaientdécidé de se baptiser Hybrides, au pluriel, pour marquer la diversité de leursaltérations. Trisha avait appris qu’ils avaient été modifiés avec trois famillesd’ADN:canin,félinetprimate.Ledossiercontenaitégalementquelquesnotessurleursdifférencesphysiques.Maissonespritnecessaitderevenirsurlaraisonprincipaledesonagacement.Sladenesesouvientpasdemoi.Ilafaillimevioler,ilm’apromisleschoses
les plus obscènes, et pourtant, il a tout oublié ?Elle poussa un sifflement decolère,s’attendantpresqueàvoirdelafuméesortirdesesoreilles.Ellevenaitdelevoiretiln’avaitmêmepassemblélareconnaître.Commenta-t-ilpuoublier?Moi, j’en suis incapable, et c’est injuste ! C’est typiquement masculin : tudraguesunefille,tulachauffesàblanc,puistul’oubliesdèsquetutournesledos.Quelcrétin!Pireencore,ils’étaitmontrétrèsinjurieuxenverselle.Uneemployéehumaine
deHomeland et unmâlehybride caninvivaient ensemble.Trisha savait qu’ilsavaientdesrapportssexuels,malgréleursdénégations.Ellevoulaitétudierleurvie intime. Slade l’avait alors prise violemment à partie. Il l’avait insultée etavaitmêmeeuleculotdeluidirequ’ellesemêlaitdecequinelaregardaitpas!Tous les détails de leur vie de couple pouvaient avoir leur importance. On
savaitencoresipeudechosessurlesHybridesdupointdevuemédical.Étaient-ils sexuellement compatibles avec les humains ? Trisha n’était pas sûre dupourcentagedemâles concernés,mais elle avait lu dans l’undes rapports quecertains d’entre eux montraient un gonflement à la base du pénis juste avantl’éjaculation. Était-ce douloureux pour leur partenaire ? C’était l’une desquestions qu’elle comptait poser à la compagne de l’Hybride, mais Slade luiavaitordonnédenepasapprocherducouple.Elle voulait explorer les possibilités d’enfants nés de parents humains et
hybrides. On lui avait dit que pendant des années, Mercile Industries avaitaccouplésescobayesd’enl’espoird’encréerdenouveaux,maissanslamoindreréussite.IlétaitdoncpossiblequelesHybridesnepuissentconcevoird’enfants,maisquecettestérilitéaitunecausesimpleàlaquelleilseraitfacilederemédier.Trishapourraitpeut-êtretrouverlasolutionsionlalaissaitfaire,maispourcela,elledevaitobtenirl’autorisationdeprocéderàdestestssureux.—DocteurNorbit?La voix tira Trisha de sa rêverie. Elle leva la tête et vit Paul arriver pour
prendre sa garde. Il était le seul infirmier et semblait gentil.Âgé d’une petitequarantained’années,ilavaitmentionnéunpassémilitaire.—Àquoirêviez-vousdonc?Trishaseforçaàsourire.—Àriendetrèsintéressant.Jem’apitoyaissurmonsort.Jevoulaisceposte
pourenapprendreplussurlesHybrides,maisjemeheurteàdesmursàchaquequestion.—Oui,l’OPHn’estpastrèsexpansive.Jesuislàdepuisplusieursmoisetje
nesaistoujourspresquerien.Onestcenséslessoigner,maisilsnenousdonnentaucuneinformationpourqu’onpuisselesaider.—L’OPH?—L’Organisationdupeuplehybride.C’estlenomqu’ilssesontdonné.Vous
n’avez pas vu les uniformes que certains d’entre eux portent ? Je crois qu’ilsn’apprécientpastropnosforcesdesécuritéetqu’ilsontpréférécréerlaleur.Jeles comprends, d’ailleurs.Vous n’étiez pas encore là lors de l’attaque qu’on asubierécemment.
—J’enaientenduparlerauxinfos.Paulgrimaça.—C’était atroce. Ces enfoirés de suprémacistes ont démoli le portail pour
permettre le passage d’une quinzaine de pick-up remplis de crétins armésjusqu’aux dents. Heureusement pour nous, les bâtiments sont conçus pourrésisteràcegenred’assaut,etlasécuritéaréussiàmettrelaplupartdesgensàl’abri avant que ça tournemal.C’était comme si la chasse auxHybrides étaitouverte.Vousavezdéjàchassé?—Non.—C’estexactementcequeçam’arappelé.Auboutducompte,ilyaeudix-
septvictimesavantl’arrivéedesrenforts.Çaaétélesquaranteminuteslespluslonguesdemavie.C’estpourçaqu’ilsontengagéunmédecin.Cejour-là,jemesuisretrouvédébordéparlesblessés.— Dix-sept morts ? Je ne savais pas qu’il y en avait eu autant, remarqua
Trisha,horrifiée.Paulhaussalesépaules.—Certainsontsuccombéàleursblessures.Lesagentsdesécuritéquiavaient
été embauchés se sontmontrés en dessous de tout. Les Hybrides ont pris leschoses en main et ils ont empêché les assaillants de défoncer les portes del’infirmerie.J’étaisseul,persuadéqu’ilsallaientme tuer,parcequecesabrutistiraient sur tout ce qui bougeait. Les agents portent des uniformes noirs typecommando,avecleslettresOPHinscritesenblancsurlapoitrine.C’étaitlatenuequeportaitSladelorsdeleurrécenterencontre.—Donc tousceuxquiportentcesuniformes sontdesgardesde sécuritéde
l’OPH?—Oui. Ils se sont baptisés agents hybrides. L’un d’entre euxm’a dit qu’il
était un prototype expérimental dans le centre où il était enfermé. Selon larumeur, certains d’entre eux ont été entraînés à tuer, juste pour faire ladémonstrationdeleurscapacités.IlparaîtqueMercileIndustriesavaitpasséuncontrat avec quelques pays du tiers monde pour vendre leur drogue au plusoffrant.LesHybrides le nient,mais qui sait si c’est vrai ou pas ?Enfin, quoiqu’il en soit, ce sont des durs à cuire. Ils admettent avoir été régulièrementtorturésetbattuspourvoir lesdommagesqu’ilsétaientcapablesd’encaisseretleurscapacitésdeguérison.Vouslesavezvusdeprès?Ilssontmusclés,rapides,ils disposent d’une ouïe, d’un odorat et d’une vision améliorés et ils sont trèsagressifs. J’étaismoi-mêmedans l’armée,mais jen’aimeraispasme retrouverfaceàcesgars-là,mêmeavectoutemonunitéensoutien.
Trisharegardasamontre.Ellen’avaitpasenvied’enapprendredavantagesurladangerositésupposéedesHybrides,quil’intimidaientdéjàassezcommecela.Et depuis qu’elle le connaissait, elle s’était rendu compte que Paul était unincorrigiblebavard.—J’aifini,jevaisrentrer.—Les logementsvousplaisent? Ils sont super,non?Onm’a installédans
unesortedechaletavecdeuxchambres,mafemmeadore.—Oui, ils sontpasmal,acquiesçaTrishaense levant.Àdemain.Appelez-
moiencasdebesoin.Monportableestallumé.—Bienreçu,doct…euh,Trisha.La jeune femmesortitducentremédicaletprit ladirectiondechezelle.Sa
maisonsetrouvaitàunecentainedemètres,danslazoneréservéeauxemployéshumains, au milieu de dizaines d’autres semblables. On lui avait assigné uncoquetpetit cottagebleu.Elle leva lesyeuxvers la lunepourprofiterdecettebellesoirée.— Il est un peu tard pour vous promener toute seule, dit une voix grave et
rauquederrièreelle.Trisha se retourna vivement et fit de sonmieux pour cacher sa surprise en
voyantqu’ils’agissaitdeSlade.Ilportaitsonuniformenoir,ornédusigleOPH.Elleétaitcommehypnotiséeparsesyeuxbleus,dont la teintesombre l’attiraitmalgréelle.Entantqu’agentdel’OPH,ildevaitêtreunvraidur,quiavaitrésistéauxpires
tortures.EtsicequePaulavaitditétaitexact, ilavaitpeut-êtreétéforméàsebattre et avait servi de vitrine pour les atroces améliorations génétiques deMercile Industries. Tout cela signifiait que Slade pouvait être extrêmementdangereux.Trishainspiraàfondpourtenterdereprendresoncalme.—Jenevousaipasentenduarriver,avoua-t-elle.—C’estexactementlàquejevoulaisenvenir,répondit-ilavecunsourirequi
découvrit ses dents pointues. Vous ne devriez pas vous promener seule. Çapourraitêtredangereux.—Noussommesdansuneenceintetrèsprotégéequigrouilledegardes.Jeme
sensenparfaitesécurité.Saufavectoi,ajouta-t-elledanssatête.Ilestbientropattirant.Quandjevois
ses yeux, sa bouche… je me demande ce que je ressentirais en l’embrassant.Maisnet’engagepassurcettevoie.Ilnesesouvientderien.Sladehaussaseslargesépaules.—Vousvousintéresseztoujoursauxdétailsdelareproductionentrenosdeux
espèces?Àcettequestion,Trishasentitsoncœurrecommenceràaccélérer.—VousenavezparléàM.RageetMlleBrower?Ilsontchangéd’avis?Elleétaittrèsexcitéeàl’idéedepouvoirinterrogercecouple.Ilsavaienttant
dechosesàluiapprendreetcelaluipermettraitdes’occuperetdenepluspassersesjournéesàsetournerlespouces.—J’aimeraislesconvaincredesubirquelquespetitsexamens.—Non,répondit-ilens’approchantd’unpas.Çanelestentetoujourspas.Je
meposaisjustelaquestion,riendeplus.—Jerestetrèsintéressée,insista-t-ellemalgrésadéception.Ya-t-ilunautre
coupledontjen’auraispasentenduparler?Sic’estlecas,j’aimeraispouvoirlesrencontrer.Ils’arrêtaàmoinsd’unmètred’elle.Illadépassaitd’unebonnetêteetTrisha
étaitimpressionnéeparsataille.Elleserevit,coincéeendessousdelui,surlelitd’hôpital. Elle avala sa salive en faisant tout pour ne pas trahir l’attrait qu’ilexerçaitsurelle.—Jepeuxvousaccompagner,sivousvoulez,proposa-t-ilavecunclind’œil.
Vouspourrezm’examinerautantquevouslevoudrez,doc.(Ilbaissalesyeuxauniveaudesesseins,puisremontasursonvisage.)Jeseraisplusqu’heureuxdevousmontrer comment nous pourrions faire l’amour. Une heure de sexe sanslendemain,çamebranchebien.Trisha recula d’un pas, abasourdie. Pourtant, il lui avait déjà fait des
propositionsbienpiresquecelle-ci,mêmes’ilnes’ensouvenaitpas.Elleétaitmêmevexéequ’ilprennelachoseavecunetellelégèretéalorsqu’ilétaitdevenupourelleunevéritableobsession.—Non,merci.Ilplissalesyeux,amusé,ethaussaànouveaulesépaules.— Tant pis pour vous. Enfin, si vous changez d’avis, vous savez où me
trouver.Jevousraccompagnequandmême.—C’estinutile.—Vousn’avezpaslechoix,répliqua-t-il,toujoursaussiamusé.Enroute,doc.
Oubien restez là si çavouschante.D’unemanièreoud’uneautre, jenevousquitteraipastantquevousneserezpasàl’abrichezvous.Trishaluitournaledosetpartitàgrandspas.Ellenel’entendaitpas,maiselle
sentaitsaprésencederrièreelle.Pourunhommeaussimassif, ilétaitvraimentsilencieux.Unefoisdanslacourdesamaison,elletournalatêteetfutsurprisedelevoiraussiprèsd’elle.
—Vous y êtes, murmura-t-il. Vous êtes sûre que vous ne voulez pas quej’entre,doc?—Toutàfaitsûre,répondit-ellesuruntonferme.Lesmainstremblantes,elleseprécipitaverslaporte.Tenterait-ildeforcerle
passage ? D’insister à nouveau pour coucher avec elle ? Elle ouvrit puis seretournapourluidiredes’enaller,maisilavaitdéjàdisparu.Trishadescenditlesquelquesmarchesetregardaàdroite,puisàgauche,mais
il n’était nulle part. Elle fronça les sourcils.Où avait-il pu disparaître aussivite ? Il l’agaçait plus que de raison. Elle se hâta d’entrer et referma la portederrièreelle,posasonsacsurlatableduvestibuleetsedirigeaverssachambre.Enpassantdevant lachambred’ami,ellese rappelaqu’elledevaitcommanderunetableetdesétagèrespours’enfaireunbureau.Elle entra dans sa chambre et regarda l’immense lit à baldaquin montant
jusqu’au plafond. Il prenait trop de place dans la pièce et elle l’avait déjà enhorreur.Lamaisonétaitmeublée,maispresquerienneluiplaisait.Ellesedéshabillaetpassadanslasalledebains.Est-cequeSladesesouvient
de moi ? Si ça se trouve, il cherche à me provoquer pour m’inciter à direquelquechose.Ellenesavaitpassurquelpieddanser.Entoutcas,s’ilvoulaitluifairecroirequ’iln’avaitplusaucunsouvenird’elle,ilfaisaitpreuved’untalentd’acteurhorsducommun.Elleentradansladouche,attenditquel’eauchauffe,puis se glissa sous le jet en poussant un soupir. Pourquoi l’attirait-il autant ?Peut-êtreétait-cetoutsimplementdelacuriosité.Chaquefoisqu’illaregardait,elle repensait à la chaleur de sa langue sur sa gorge, auxmouvements de soncorps musclé, à l’orgasme qu’il avait failli lui donner rien qu’en se frottantcontreelle,auxbruitsqu’ilavaitémis.Àcesgrognementssisexy.—N’importequoi,soupira-t-elle.Ellerejetalatêteenarrière,selavalescheveux,s’épilalesjambesetsortitde
la douche. Elle entendit alors un bruit qu’elle reconnut aussitôt. C’était sontéléphonequivibraitdepuislapochedesonpantalon,qu’elleavaitlaissésurlamoquettedelachambre.Elles’enveloppadansuneservietteetsortitdelasallede bain en courant. Après quelques secondes de lutte, elle réussit à sortir letéléphonedesapoche.—IciledocteurNorbit.—Trisha,c’estPaul.Onauneurgence,vouspouvezrevenir?—J’arrive.Elle raccrocha, jeta le téléphone sur son lit, fit demi-tour pour accéder à sa
penderie… et percuta un corpsmassif etmusclé. Le souffle coupé, elle sentit
deuxgrossesmainsluiagripperlesépaules.Ellelevalatêteetvitavecsurprisequ’ils’agissaitdeSlade,toujoursaussiamusé.Illatenaitfermementcontreelle,ungrandsouriresurleslèvres.—Vousnerépondiezpasautéléphone.Onabesoindevousàlaclinique.—Quefaites-vouschezmoi?haleta-t-elle.—J’aiunpasse-partoutquimedonneaccèsàtouslesbâtiments,commetous
les agents de sécurité. Répondez au téléphone si vous ne voulez pas qu’ons’inquiètepourvous.L’infirmieraessayédevousjoindrependantcinqminutesavantdenousappeler.—J’étaissousladouche!—Jevois,répondit-ilenabaissantleregard.Vousêtesmignonneenrose,doc.
Mais vous seriez encoremieux avec la serviette à vos pieds. (Il frissonna uninstantcontreelleetfixasesépaulesavecinsistance.)C’esttellementtentantdefairedisparaîtrecesgouttesd’eauàcoupsdelangue.Ellel’imaginaentraindelefaireetsentitsoncœurbattreàtoutrompresous
lecoupdelasurprise,etpeut-êtreaussidel’excitation.Envoyantl’expressiondesonvisage,elledéglutitavecdifficulté,maisillarelâchaetreculad’unpas.— Je vous attends au salon. Dépêchez-vous, doc. Il y a un blessé et on a
besoindevousd’urgenceàlaclinique.Trisha regarda le grandHybride sortir de sa chambre en refermant la porte
derrièrelui.Illuifallutplusieurssecondespourreprendresesesprits.Slade,chezelle, en train de la toucher… il s’était introduit dans samaison et l’avait vuepresque nue. Elle regarda la petite serviette qui couvrait à peine ses seins ets’arrêtait à mi-cuisse. Elle se força à avancer jusqu’à la penderie et en sortitquelquesvêtementsenhâte.Slade l’attendait près de la porte d’entrée. Trisha avait encore les cheveux
trempés,maiselles’enfichait.Ellen’avaitpasletempsdelessécher.Ellesortitetattenditqu’ilaitfermélaporte.—Unpetitjogging,doc?Trisha hocha la tête et descendit les marches du perron. Elle se tourna en
directiondelacliniqueetsepréparaàcourir,maisàsagrandesurprise,Sladelasoulevaetluiadressaunsourireprovocateuretunclind’œil.—Accrochez-vous,doc,conseilla-t-ilavantdepartiraupasdecourse.Hébétée,Trishas’agrippaàsoncou.Ellen’arrivaitpasàycroire.Commesi
ellen’étaitpascapabledecourirseulejusqu’àlaclinique!—Reposez-moi.—Onyestpresque,doc.Fermez-laetprofitezdelabalade.
Lorsqu’ilsarrivèrentdevantlebâtiment,Sladen’étaitmêmepasessoufflé.Ilralentitetlaposaprèsdelaporte,puiss’éloigna,nonsansluiavoiradresséundernierclind’œil.— On se reverra quand vous aurez terminé, lui lança-t-il par-dessus son
épaule.Trisha,toujoursabasourdie,entradanslasalled’attente,séparéedurestedela
bâtisseparunlongcomptoir.Paulétaitpenchésurunepersonneallongéesurunlit.ElleoubliaaussitôtSlade.—Qu’est-cequ’ilya?Paulsetournaverselle.—Lacérationgrave.Ilvaavoirbesoindepointsdesuture.L’opération occupa Trisha pendant les trente minutes suivantes. L’un des
secrétaires du directeur de Homeland s’était ouvert la main avec un couteaupendantqu’ilpréparait ledîner.Trishanettoyasaplaie, larecousitet labanda,puis donna au patient des antidouleurs et lui fit une piqûre antitétanique. Lacliniqueavaitsaproprepharmacieetelleavaitpuluiadministrercedontilavaitbesoinavantdelelaisserpartir.—Vousfaitesdubontravail,Trisha,commentaPaulpendantqu’ilterminait
deranger.Ilvas’entireravecunepetitecicatrice.—Merci.—Jem’occupedelapaperasse.Rentrezchezvous,vousêtescenséeêtreen
repos.—Désoléedenepasavoirdécroché.J’étaissousladouche.Paulsourit.—C’estcequejevois.Vousferiezmieuxdevousbrosserlescheveuxsivous
nevoulezpasavoirdenœuds.—Bonnenuit,soupira-t-elleavantdesortir.Àsongrandsoulagement,Sladenesemblaitpasêtredanslesparages,maisà
peineavait-ellefaittroispasqu’ellesentitsaprésence.Elles’arrêta,seretournaet le vit sur le trottoir, qui se dirigeait droit vers elle. Il sourit lorsque leursregardssecroisèrent.—Jepeuxvousescorter?— Je connais le chemin, merci. Je suis assez grande pour me passer de
nounou.—Onn’estjamaistropprudentdenosjours,doc.Onnesaitjamaissurquels
animauxonrisquedetomber.Elle le regardafroidement.Comme toi,parexemple? faillit-elledire àvoix
haute.Ellerepartitet,cettefois-ci,ilrestaderrièreelle,laforçantàmarchervitepournepasqu’illadépasseavecseslonguesjambes.Unefoisarrivéedevantchezelle,Trishaseretournapourétudierl’hommequi
laregardaitsanslamoindregêne.Elleouvritsaporte,justeassezpourseglisseràl’intérieur,luifitfaceetrejoignitàreculonslasécuritédesamaison.—Nevousintroduisezplusjamaischezmoi.Qu’est-cequevousauriezfaitsi
j’avaisétésousladouche?Ilsouritàpleinesdents.—Jeseraisentrédans lasalledebainpourvousdirequ’onavaitbesoinde
vousàlacliniqueetjevousauraistenduuneserviettepluspetitequecellequevousavezchoisie,dit-ilendévorantlentementsoncorpsdesyeux.Ouungantdetoilette,peut-être.—Vousaimezmeprovoquer,décidément,répliquaTrisha,crispée.Ilsecontentadehausserlesépaules.—Y a-t-il une raison particulière à cela ? J’ai quelque chose de spécial ?
insista-t-elle.—Peut-être que j’aimoi aussi envie de voir comment nos deux espèces se
reproduisent.—Danscecas,trouvez-vousuneautretêtedeTurc.— Sans problème. Si vous n’êtes pas intéressée, ce n’est pas grave. Je
cherchais simplement une partenaire sexuelle,mais je ne vous embêterai plus.Mais vous auriezdû accepter, doc, ajouta-t-il en fronçant les sourcils. Je vousproposaissimplementdepasserquelquesheuresavecmoipourrépondreàtoutesvos questions.Comme vous êtes plutôtmignonne, je l’aurais fait avec plaisir.Bonnenuit,doc.Il lui tourna le dos et descendit lesmarches du perron,mais la réponse de
Trishalestoppanet.—Seulement quelques heures ?Et « plutôtmignonne» ?Ladernière fois,
vous disiez que j’étais une beauté, explosa-t-elle en laissant libre cours à sacolère. La dernière fois, vous me proposiez de me faire l’amour pendant desjours,215.Est-cequejedevraismesentirinsultée?Ilseretourna,hébété.L’expressiondesonvisageétaituneréponsesuffisanteà
saquestion.Iln’avaitplusaucunsouvenird’elle.Trishalefusilladuregard.— Je crois que vousme plaisiez plus lorsque vous étiez en convalescence
dansmonhôpital.Vousétiezplusattirantàmoitiémort.C’estd’untriste…Ilfitunpasverselle,maiselleclaqualaporteetlaverrouilladerrièreelle.—Doc?Ouvrez,grogna-t-il.
—Bonnenuit,monsieurSlade.Il tourna la poignée, mais sans effet, puis elle entendit le cliquetis d’un
trousseaudeclés.Allait-ilessayerd’ouvrirsaporte?Ellesemorditlalèvre.—Jevaisappelerlasécurité,menaça-t-elle.Vousvoussouvenezd’eux?La
dernièrefois,vousm’aviezditquepersonneneviendraitàmarescousse,maisçanelesapasempêchésdevousmaîtriser.Ilpoussaunpetitjuron.—Vousêtesledocteurdel’hôpital,c’estbiença?— Oh, donc vous vous souvenez de moi, dit-elle en s’appuyant contre la
porte.—Vousavezchangédecoiffure.Elle touchasescheveuxmouillés.Lorsqu’ilss’étaientrencontrés,unanplus
tôt,elleavaitlescheveuxteintsenroux,maiselleétaitdésormaisrevenueàsacouleurnaturelle,unblonddoré.—Jesuisredevenuemoi-même.Jenevoulaisplusmeteindreenrousse.—Ouvrezlaporteetparlez-moi,ordonna-t-il.—Pourquoi?Pourvousdonnerl’occasiondem’insulterànouveau?Devous
ridiculiserdavantage?Constatantqu’ilnerépondaitpas,Trishasecrispa.Essayait-ild’entrerparune
autreissue?Qu’est-cequecelapouvaitbienluifairequ’ellesoitlafemmequ’ilavait rencontréeunanplus tôt,d’ailleurs?Elle tendit l’oreille,mais lesilencesemblaitrégnerdel’autrecôtédelaporte.—MonsieurSlade?Aucuneréponse.Trisha fitenhâte le tourdesondomicilepourvérifierque
touteslesfenêtresétaientbienfermées.Ellesedétenditenfin,convaincuequ’ilétaitpartietqu’ilavaitrenoncéàl’embêter.Elleentradanssachambre,éteignitlalumièreetsecoucha,vêtued’unjoggingaucasoùilauraitdécidédeluifaireunenouvellevisitesurprise.Slade,lesyeuxfermésetlefrontappuyécontrelaporte,écoutaladoctoresse
s’éloigner. Il n’arrivait pas à croire que la femme qu’il venait demettre horsd’elleétaitcellequilehantaitchaquenuitdepuissalibération.Le docteur Trisha Norbit avait changé de couleur de cheveux et les avait
laissés pousser. Lorsqu’il avait repris connaissance à l’hôpital, il était encoreassommé par les sédatifs, mais il aurait dû reconnaître son odeur ou sesmagnifiques yeux bleus.Comment avait-il pu ne pas faire le rapprochement ?Lesdroguesl’avaientdoncaffectéàcepoint?
Poursadéfense,iln’avaitjamaissulenomdel’humainequ’ilavaitcoincéesur son lit d’hôpital,mais tous ses autres souvenirs d’elle étaient intacts. Soncorps moelleux sous le sien, le goût de sa peau sur sa langue, l’odeurinsoutenable de son excitation.Ce jour-là, il avait été certain quepersonneneviendraitlasauver,qu’elleétaitàlui,etils’étaitréjouidelapousseràledésirercomme lui la désirait.Mais ensuite, la situation avait viré au cauchemar.Deshumainsavaientenvahilachambre,l’avaientendormietluiavaientprislajeunefemme.Il contint un grognement de colère. Il s’était planté en beauté.Tard dans la
nuit,justeavantdesombrerdanslesommeil,c’étaittoujoursàellequ’ilpensait,saroussesexy.Ilseredressa,ouvritlesyeuxetobservalamaisondanslaquelleelle s’était réfugiée.Depuisunan, il rêvaitde la retrouveretde finircequ’ilsavaient commencé. Il avait planifié les moyens de la séduire et avait mêmeétudié les tactiques romantiques humaines dans l’espoir de ravir son cœurlorsquecejourtantattenduarriverait.Trisha Norbit le détestait, et il la comprenait. Il s’était conduit de manière
odieuse, parce qu’il était agacé de l’attrait qu’elle exerçait sur lui malgrél’existence d’une femme qui hantait ses pensées. Chaque fois que son corpsréagissait à la présence de cette humaine inconnue, il avait même eul’impressiond’êtreinfidèleàlaroussedesesrêves.Maiscesdeuxfemmesn’enfaisaientqu’uneetilseretrouvaitledindondela
farce.Ilpartitdanslanuit,furieux.Ilvenaitdeperdretoutespoirdel’attirerunjourdanssonlit.Il s’arrêta pour regarder une dernière fois lamaison et sa colère semua en
tristesse.Les fantasmes, c’est pour les imbéciles. Tires-en les conclusions quis’imposentetnet’approcheplusd’elle.
CHAPITRE2
Tendue. C’était ainsi que Trisha aurait décrit sa relation avec l’agent del’OPH.SladepatrouillaitdanslasectionhumainedeHomeland,oùellevivaitettravaillait,etelledevaits’enfaireuneraison.Depuiscettefameusesoirée,ilsnes’adressaientpresqueplus laparoleet lorsqu’ils separlaient,paraccord tacite,ils évitaient l’un comme l’autre les sujets personnels.Cela durait depuis deuxmois.Elleétaitbienforcéed’admettrequeSladeétaitunepersonneagréable.Ilavait
unbeausourireetunsensdel’humouracéré.Chaquefoisqu’ilssecroisaient,ilparvenait à la faire sourire. Il avait tout fait pour qu’ils ne soient jamais seulsdepuis le soir où elle lui avait révélé son identité, ce dont elle lui étaitreconnaissante.Parfois, le soir, lorsqu’elle rentrait chez elle, Trisha l’apercevait dans
l’obscuritédelarue.Ellesentaitsonregardsurelleetsavaitqu’illasuivaitdeloin pour assurer sa sécurité.C’est son boulot, se disait-elle. Elle regrettait lemomentdecolèrequil’avaitpousséeàtoutluiavouer.Quelquechosenetournaitpasrondenelle.Quellebêtisedesefâchercontre
luipourdesraisonsaussifutiles!Maislefaitqu’ill’aitoubliéel’avaitfrappéecommeuneinsulte.Unanplustôt,ilavaitvoululagarderpendantdesjours,ill’avait appelée « ma beauté », et là… Elle soupira. Il la trouvait simplementmignonneetneluiavaitproposéqu’unminablecoupd’unenuit.Pasmêmeunenuit.Seulementquelquesheures.—C’estdébile,maugréa-t-elle.—Quoidonc?demandaunevoixgravederrièreelle.Trishasursautaetfitpivotersonfauteuil.C’étaitSlade.Elleposalamainsur
soncœur.—Ne faitesplus jamaisça.Vousnepourriezpas fairedubruitquandvous
marchez,non?—Celamepriverait devotre réaction, répliqua-t-il avecun sourire satisfait
surseslèvrescharnues.Trishasoupira.
—Jesuisraviequeçavousamuse.Moi,pasdutout.Elle se rendit alors compte qu’ils étaient seuls dans la pièce et se crispa.
C’était lapremière foisdepuis lanuitoù il l’avait raccompagnéechezelle. Ilsavaient dû collaborer lorsqu’il y avait eudesproblèmes entre l’humaine,EllieBrower,etsonmarihybride.Rageavaitreçuuneballelorsd’uneconférencedepresse dans laquelle des membres de groupes suprémacistes avaient réussi às’infiltrer parmi les journalistes. Durant sa convalescence, une infirmière luiavaitsciemmentdonnédesproduitsdanslebutdelefairesombrerdanslafolie.Sladeetelles’étaientalorsvusàplusieurs reprises,mais leurs rapportsétaientrestésstrictementprofessionnels.—Qu’est-cequevousdésirez?—Oh,sivoussaviez,rétorqua-t-ilavecunsouriresatisfaittoutencroisantles
brassurson torsemusclé. Justicedoitpartirenvoyageet ilvoudraitquevousl’accompagniez. Il m’a demandé de vous dire de prévoir des vêtements pourdeuxjours.Jenesavaispasquevouscouchiezensemble.Trishalefusilladuregard.—VoussavezbienqueM.Northetmoi…qu’iln’yariendetelentrenous.
C’estmonpatronetvotreleader.Nosrelationssontstrictementprofessionnelles.TrisharegardaSladesepasserlalanguesurlalèvre,puisremontajusqu’àses
yeuxbleus,quiétaientfixéssurelle.—Jesais,mais j’aimevousvoirencolère,vousdevenez touterose.Justice
veutquevoussoyezprêteàpartirdansuneheure.—Mais…— Une heure. Inutile de vous en prendre à moi, je ne fais que passer le
message.—Mais où allons-nous ? Je suis de garde aujourd’hui et demain. Pourquoi
fait-ilappelàmoi?Sladehaussalesépaulessanssedépartirdesonsourire.—Aucuneidée.Àdansuneheure,doc.Jepasseraivousprendrechezvous.Elle le regarda quitter la clinique et poussa un juronmalgré elle. Il adorait
l’agacer. C’était même un art qu’il exerçait en virtuose. Elle décrocha sontéléphonepourprévenirledocteurTedTreadmont,quiavaitétéembauchéàmi-temps.Ils avaient vraiment besoin de plus de personnel. Deux médecins et deux
infirmiersnesuffisaientpas.Elleserappelad’enparlerànouveauàJustice. Ilavait été choisi pour diriger lesHybrides et prenait la plupart des décisions àHomeland.
Elleregardasontéléphone,tentéedel’appelerpourluidirequ’ellerefusaitdepartir, mais y renonça. Elle respectait Justice, et même si elle n’avait aucuneenviedel’accompagner,elleobéirait.Trisha,quinesavaitpasdutoutquoimettredanssavalise,décidad’emporter
un peu de tout. Elle prit deux jeans, deux pantalons classiques, quelqueschemisiers et une robe noire passe-partout, au cas où. Elle passa ensuite auxsous-vêtements, puis aux chaussures : une paire d’escarpins et une paire deballerines.Ellevoyageraitdanslesbasketsconfortablesqu’elleavaitauxpieds.Elleterminaparquelquessweat-shirtspourlanuit.Dans la salle de bain, elle prit quelques affaires de toilette, dumaquillage,
maisaussisonshampoingetsonaprès-shampoing,aucasoùilsiraientàl’hôtel.Elleavaithorreurdeséchantillonsquel’onytrouvait.Sescheveuxétaienttroplongspourcela.Un SUV noir se gara en klaxonnant devant chez elle. Trisha regarda sa
montre : il avait un quart d’heure d’avance. Elle serra les dents. Slade aimaitdécidémentessayerde la faire sortirdesesgonds.Elleprit sonsacàmain, savaliseet sonsacdevoyageet,encombréede touscesbagages, sortit tantbienquemalsurleperron.Personnenevintàsarescousse.Elleregardafixementlegardequisetenaitau
volant,maiscederniernebougeapasd’unpouce.Toutenverrouillantsaporte,ellesentitsonagacementdiminuer.Aumoins,lechauffeurn’étaitpasSlade.Ellesedétendit, inspiraprofondémentetsedirigeaverslavoitureenfaisantdesonmieuxpournepasgrognersous lecoupde l’effort.Savaliseétait lourdeet labandoulièredesonsacluimordaitl’épaule.Laportièrearrièredelavoitures’ouvritetSladesortit.Ilsouritenlavoyantse
démener,secoualatêted’unairnavréetallaouvrirlehayon.Lorsqu’ellearrivaprèsdelui,ilfitunpasdecôté,pouffaetluifitsignededéposersesaffairesdanslecoffre.—Mercipourvotreaide,dit-elle,leregardnoir.—J’aiditqu’onpartaitdeux jours,pasdeuxsemaines,doc.Sivouspensez
avoirbesoindetoutça,vouspouvezleportervous-même.Nonsansmal,ellesoulevasavaliseetlaposadanslecoffre.— Je ne savais pas quoi prendre. J’aurais pu faire le tri si une certaine
personnem’avait donné plus de détails, se justifia-t-elle, le regard sombre, enjetantsonsacdevoyageàlasuitedesavalise.Sladerefermalehayon.—Enroute,doc.Onn’apasvraimentletempsdediscuter.
Trisha, hors d’elle, serra son sac à main comme si elle voulait l’étrangler.VoyantquelaportièreduSUVétaitrestéeouverte,elles’engouffraàl’intérieursanslaisseràSladeletempsderéagir.Avecunsouriremaléfique,elles’installaàlaplacedel’Hybride,encorechaudedesaprésence,puisclaqualaportièreetse tourna vers Justice pour lui demander de quoi il s’agissait.Mais à part lechauffeur,iln’yavaitpersonneàl’intérieur.Sladeouvritlaportièreopposéeets’assitàcôtéd’elle.— On passe prendre Justice en dernier ? demanda-t-elle sur un ton plein
d’espoirquiluifithonte.Sladebouclasaceinture.— Accrochez-vous, doc. Non, Justice est déjà parti. On le rejoindra dans
quelquesheures.Trishasoupira.—Oùallons-nous?demanda-t-elleavantdesetournerversleconducteur.Je
suisledocteurTrishaNorbit.Commentvousappelez-vous?—Bart,déclara-t-ilgaiementenlaregardantdanslerétroviseur.Nouspartons
verslenord,surunterrainprivé.Trishafronçalessourcils,malàl’aise.—Pourquoi?—Oh,réponditBartendémarrant,M.Northyaorganiséplusieursréunions.
Ilachoisiunendroitisolépourdécouragerlapressedelesuivre.Nousespéronsquelesjournauxnel’apprendrontqu’unefoisquetoutseraterminé.—Quelgenrede réunion? insistaTrisha sansprêter lamoindreattentionà
Slade.Vousêtesaucourant?ParchancepourTrisha,Bartétaitdenaturebavarde.— Bien sûr. M. North veut acheter des terrains dans la région pour les
Hybrides. Il adonné rendez-vousauxofficielsducoinainsiqu’aupropriétaireactuel. Je crois qu’il veut que vous soyez présente au cas où il y aurait desquestions d’ordre médical. Vous avez entendu les rumeurs débiles selonlesquelles lesHybridespourraient transmettre laparvovirose?Çam’inquiétaitunpeu,maisTigrem’aassuréqu’iln’yavait rienàcraindre.VousconnaissezTigre, docteurNorbit ? Il a raison,hein ? Jenepeuxpas attraperdemaladiesanimales en bossant avec les Hybrides, n’est-ce pas ? Parce que j’aimeraisvraimentpas ça.Si c’est vrai, ils devraientnousdonneruneprimede risques.Mamèreditquejedevraisallermefairevaccinerchezunvéto,justeaucasoù,parceque…—Ferme-la,grognaSlade.
Bartobéitaussitôt.Trisha, surprisepar le tonde lavoixdeSlade, se tournaverslui.—Ilparletrop,expliqua-t-ilenhaussantlesépaules.Çam’agace.Trishafitdesonmieuxpourcachersondégoût.— Je vous jure que les Hybrides ne peuvent pas vous transmettre la
parvovirose, Bart. Et merci (elle insista sur ce mot) de m’avoir dit où nousallions et pourquoi. Beaucoup de gens n’apprécient pas la politesse à sa justevaleur,maiscen’estpasmoncas.Sladesetournaverselleetluisouritencroisantlesbras,lesyeuxouvertement
fixéssursesseins.—Jepeuxêtretrèsgentilquandj’enaienvie.Jesaiscommentstimulerune
conversation.(Illevalatêteetluiadressaunclind’œil.)Etquandjesuismotivé,j’ai d’excellentes compétences orales, conclut-il avec un grand sourire et unregardappuyésursonentrejambe.Espèced’enfoiré.Trishaserralesdentspournepasprononcercesmotsàvoix
haute.Ilneparlaitpasdeconversationetellelesavaittrèsbien.Pourquoifaisait-il toujours tout pour la provoquer ? Il pensait peut-être l’embarrasser avec seslourds sous-entendus, mais il oubliait qu’elle était médecin avant tout. Elleinspiraprofondémentetsourit.Habituéeàsefaireharcelerparlesivrognesquiencombraient les urgences, elle n’allait pas se laisser déstabiliser aussifacilement.—Lescompétencesoralessonttrèsutiles,monsieurSlade.Elle baissa à son tour les yeux sur son entrejambe, puis les fit lentement
remonterjusqu’àsonvisageetconstataavecplaisirqu’elleluiavaitfaitperdresonsourire.—Onpourraitaller jusqu’àdireque j’aimoi-mêmeunevéritableobsession
delachoseorale.Elleseléchaleslèvresaveclenteur.Slades’agitasurlabanquette,lamâchoire
crispée,visiblementintéresséparlespectacle.—Laqualitédelaconversationestcapitale,vousnetrouvezpas?Sielleest
bien faite, c’est à la fois stimulant et agréable. En tant quemédecin, j’ai unegrandeexpériencede lachose,vousen seriez surpris.Cela fait très longtempsquejen’aipaseuuneconversationdignedecenom.Parfois,j’aitellementenviede trouver quelqu’un capable de bien me stimuler que j’en ai mal. Maismalheureusement,jen’aiencorejamaistrouvépersonnequimedonnevraimentenviedediscuter.Jenecroisequedesbalourdsdénuésdelamoindrefinesse.SladepoussaungrognementetTrisha, avecunpetit rire, sedétournade lui
pourregarderpar lafenêtre.Lavoitureétaiten traindequitterHomeland.Lesgardesàl’entréeleurfirentsignedepasser.Trishan’avaitpasbesoindetournerlatêtepoursavoirqueSladeavaittoujourslesyeuxrivéssurelle.Elles’installaaussiconfortablementquepossibleetétudialepaysage.—Si çanevousdérangepas, je croisque jevais faireunepetite sieste,ne
put-elles’empêcherd’annoncerenleregardantenfin.Slade ne semblait plus amusé du tout. Au contraire, il semblait même en
colère.— Dormez bien, docteur Norbit. Je vous réveillerai lorsque nous serons
arrivés,réponditBart.Çavousdérangesij’allumelaradio?— Pas du tout, dit-elle en fermant les yeux, étonnée par la fatigue qu’elle
ressentait.—Accélère,rugitunevoixmasculine.Ilestjustederrièrenous.Trisha percuta la vitre avec le front et se réveilla en sursaut avec un
grognementdedouleur.Àmoitiéassoupie,désorientée,elleouvritlesyeuxpourvoircequisepassait.Slades’étaitglisséentre lesdeuxsiègesavant,presqueà lahauteurdeBart.
LeSUVroulaitdansune forêt, surune routeétroitebordéed’arbres.Le soleilétaitbas,prochedesecoucher.Elleportalamainàsonfront:pasdesang.—Plusvite,grognaSlade.Ilsvontencorenouspercuter.Qui ça ? Trisha se retourna et vit un pick-up rouge orné d’une calandre
métalliqueserapprocherdangereusementdeleurvoiture.Elleouvritlabouche,hébétée,etsepréparaauchocinévitable.LeSUVfitunécartsurlapetiterouteetTrishafutprojetéeenavantetheurta
l’arrièredusiègeduconducteur.Saceinturedesécuritélaretintenluicoupantlesouffle.Elleserenditalorscomptequ’elleavaitglissédesonépaulependantsonsommeil.—OhmonDieu!s’exclamaBartd’unevoixlarmoyante.Ilsessaientdenous
tuer!—Accélère!rugitSlade.Notremoteurestpluspuissant.Ilsnepourraientpas
nousrattrapersit’avaislescouillesd’appuyersurlechampignon!—Jepeuxpas!hurlaBart.Jevaisperdrelecontrôle,laroutetournetrop.—Laprochainefois,c’estmoiquiconduis!maugréaSlade.Trisharegardalarouteavecinquiétude.Ilsétaientàflancdecolline,entourés
d’arbres,avecunpetitprécipicedesoncôté,unevéritableroutedemontagne.—Appelezdel’aide,suggéra-t-elle,encoreabasourdiedesonréveilbrutal.
—Yapasderéseau,grognaSlade,furieux.Ilregardaderrièreeux,poussaunjuronetserassitàcôtédeTrisha,puissortit
unpistoletdesaceinture.—Ohmerde,ditlajeunefemme,éberluée.Lepick-up lespercuta ànouveau.LechocprojetaTrishacontre laportière,
mais elle parvint à éviter de se cogner la tête en amortissant le coup avec samain.Slade,plaquécontrelabanquette,seretournaetpointasonarme.—Bouchez-vouslesoreilles,doc.Elle obéit juste avant que les coups éclatent, dans une détonation
assourdissante. La vitre arrière vola en morceaux et le SUV dérapa pour seretrouverpresquesurdeuxroues.Bartredressaenpoussantunjuronbiensenti.Une fumée blanche sortait du capot du pick-up rouge. Slade avait réussi à
toucherlemoteur.Levéhiculeralentitetladistancesecreusa.Ilcessadetirer,éjecta le chargeur vide et en installa un autre. Au virage suivant, le pick-updisparutauloin.—Çava,doc?demandaSladeensetournantverselle.Elleparvintàhocherlatête.—C’étaitqui?Ilhaussalesépaules.—Pasdesamis,entoutcas.Il se rassitdans lebonsenset jeta sonarmeentreeux,puis regarda lavitre
casséeparlaquellelevents’engouffrait.Ilsortitensuitesonportable,leregardauninstantpuispoussaunjuronretentissant.—Toujourspasderéseau.Oùestvotretéléphone,doc?—Ilneserapasplusefficacequelevôtre.—Onne sait jamais, cen’estpeut-êtrepas lemêmeopérateur.Alors, il est
où?Onn’apasletempsdediscuter.Ellevoulutprendresonsacàmain,maisiln’étaitpluslàoùellel’avaitposé.
Ilsetrouvaitdésormaisàsespieds.ElleleluimontradudoigtetSladelesaisiten l’écrasant entre ses doigts, puis le renversa et vida son contenu sur labanquette.Trishaseretintàgrand-peinedeluihurlercequ’ellepensaitdesesmanières.
Ilplongealamaindansletasdesesaffairesetenressortitsonportable.—Etmerde, grogna-t-il en constatant qu’il ne fonctionnait pas plus que le
sien.Illejetaparterre.—Hé,doucement!
Trishaétaiteffrayéeetdeplusenplusfurieuse.Elledétachasaceinturepourramassersontéléphone,maisSladelaplaquad’unemaincontrelabanquette.—Ilnemarchepasdetoutefaçon,déclara-t-il,leregardnoir.—Jetezvotretéléphonesiçavouschante,maispaslemien.C’estmalpoli.—Jesuisdésolé.Commentai-jepuêtremalpolialorsquequelqu’unessayait
denoustuer?—Hé,criaBart,uneautrevoiturenousfoncedessus,vouspouvezarrêterde
vouschamailler?Ilsétaientpasseuls,ondirait!Trishaseretournapourregarderderrièreeux.C’étaitlemêmemodèledepick-
up,maisenbleucettefois-ci.Unhommesedressasurleplateau,s’accrochaàlabarrequicouronnaitlacabineetpointaunearmesureux.Trisha poussa un hurlement. Aussitôt, Slade l’attrapa par le chemisier, la
plaqua contre la banquette et se jeta sur elle. Il glissa lamain entre elle et lesiège,luiserraunsein,puislelâchaavantdeprendresonarmeetdeladégagerenforce.Ilcommençaà tirer,mais lebruitdescoupsdefeuluiarrivaétouffé,carsatêteétaitcoincéeentrelesjambesdel’Hybride.J’ailatêteentrelescuissesdeSlade,cequivoulaitdirequelabossequ’elle
sentait sur la nuque… Elle serra les dents.Comment peut-il être excité alorsqu’on se fait tirer dessus?Trisha tenta de se dégager,mais il était trop lourdpourelle.Soudain, elle sentit sesmuscles se raidir,manquantde lui écraser lecrâne.—Nebougezplus,ordonna-t-il.Arrêtezdemebroyerlesbijouxdefamille.—C’estça!Poussez-vous!cria-t-elleIlluiassenaunelourdetapesurlesfesses.—Soyezsage,doc.Tenez-vousbienetjenevousferaipasmal.Pourtouteréponse,Trishapoussaunhurlement.Elleétaitfurieuseetterrifiée,
etlaclaquereçuesurlesfessesluifaisaitencoremal.LavoiturebleuepercutaleurSUVetSladeluitombadessus.Tousdeuxfurentprojetéscontrelessiègesavant.—Roule,ordonnaSlade.Encoreuncoupcommeçaet…Merde!Merde?LetondeSladen’avaitrienderassurant.Unesecondeplustard, le
SUVdécolla de la route. Trisha et Slade se retrouvèrent un instant suspendusdanslesairs.Elleentenditunhommehurler.Bart.Puiselleretombalourdementsurlabanquette,écraséeparlepoidsdeSlade.Dans un fracas assourdissant, toute la voiture semit à trembler et à vibrer.
Quelquechoseéclata,puislevéhiculeserenversaetTrishapoussaunhurlementdeterreur.
La voiture tournait si vite qu’elle était désorientée. Slade lui agrippa lescuisses et elle rebondit sur lui avant de heurter une surface dure. Les vitreséclatèrent et la carrosserie se déforma dans un crissement métalliqueinsoutenable.Trishahurlaittoujourslorsquetouts’arrêtad’unseulcoup.Le souffle court, elle se retrouva sur une surface dure. Elle avait mal à
l’épaule,àl’oreilleetàlamain.Elletentadesecalmer,ouvritlesyeux…etleregrettaaussitôt.ElleétaitallongéesurleplafondduSUV.Lavitrearrièrebriséese trouvait sur sa droite, ce qui voulait dire qu’elle avait été projetée dans lecoffre.Ellen’avaitqu’àétendrelamainpourtoucherl’herbe.Unpeuplusloin,elleaperçutungrostroncd’arbre.Ellefinitparcomprendrequelavoitureavaitterminésacoursesurletoit.Trisha bougea et une douleur fulgurante lui parcourut la cuisse. Avec un
grognement,elleessayadeseredresserens’appuyantsurlesmainsmalgrésonépauleendommagée,maisneparvintqu’àleverunpeulatête.Sladesetrouvaitsursagauche,couchésurlecôté,latêteposéesursahanche.Ilbougealebrasetsetouchalevisage.—Merde,maugréa-t-il.Doc ? (Il essaya de bouger.)Doc ? répéta-t-il avec
inquiétude.—Jesuisderrièrevous.Vousallezbien?Trisha s’éclaircit lagorge, car savoixvenaitde sebriser. Il se tordit le cou
pourlaregarder.—Çava,etvous?—J’aimalpartout,maisjesuisenvie.VousvoyezBart?D’ici,jen’aperçois
queledosdessièges.Sladesedéplaçadequelquescentimètresetlevalatêteengrognant.—Jelevois.Ilestcoincéparsaceinture,maisilbouge.Jel’entendsrespirer.Ungémissementdedouleursefitentendre.Trishaléchaseslèvressècheset
sentitlegoûtdusangauboutdesalangue.Ellesetournaversl’extérieurpoursortirdel’épave,maisunemainluiagrippalacuisse.— Non, ordonna Slade. Ils avaient des armes. Je ne sais pas sur quelle
distanceonadévalélapente,maisilsnesontpeut-êtrepasloin.Sivoussortez,ilsrisquentdevousabattre.—MonDieu,sanglotaBart.TrisharegardaSladedanslesyeux.—Ilfautquejel’aide.Sladesoupira.—Trèsbien.Rampezpar-dessusmoipourarriverjusqu’àlui.Ilyaduverre
cassésurlesoletjen’aipasenviequevousvouscoupiez.Restezàcouvertsouslevéhicule.Sivousn’arrivezpasjusqu’àlui,laisseztomberjusqu’àcequej’aiepu sortirpour surveiller les alentours. Jedoisvérifierqu’onnevapas se fairetirercommedeslapins.—Vousvoulezquejevousrampedessus?Mais…—Pasdemais,doc.Jeneplaisantepaspourlesbrisdeverre.Lesvitresont
éclaté.Verresécurit,moncul,oui!Onauraitdûprendrel’undenosvéhiculesblindés.C’estduverretrempé,maisquelqueséclatssonttrèscoupants.Passez-moidessusetensuite,j’iraimettrelenezdehors.Avecunpeudechance,onestsiloindanslapentequ’ilsnenousvoientpas,maisilsrisquentdedescendreàpiedpournousachever. Ilsn’aurontaucunmalànous trouver.Onadû laisserunebelletracededébrisdansnotresillage.Trisha se tourna sur le flanc. Elle se tortilla dans l’espace réduit et vit que
Sladelaregardaitensouriant.— Allons, doc, je sais que vous rêvez de vous coller contre moi. C’est
l’occasionoujamais.Trishafronçalessourcils.—Vousêtesvraimentuncrétin.—Allons,nejouezpaslesmijaurées.Etfaitesattentionàvosgenouxetàvos
coudes,madouce.Elle s’apprêtait à luidireque lemomentétaitmalchoisipour recommencer
son cinéma, mais Bart poussa un nouveau gémissement et Slade redevintsérieux.—Faitesvite,doc.Ilssontpeut-êtredéjàentraindedescendreetjen’aipas
enviedeservirdecibledefêteforaine.TrishatenditlesbraspourposerlesmainsdechaquecôtédelatêtedeSlade,
maiscedernierluitenditlessiennes.— Prenez-moi les mains. Il y a du verre. J’essaierai de vous soulever au
maximum. Ensuite, appuyez-vous surmes jambes,mais faites attention à vosgenoux, doc, sérieusement, demanda-t-il avec un clin d’œil. Je sais que vousmourezd’enviede touchermesattributsvirils,mais jepréféreraisquevous lefassiezavecvosmains.—Enfoiré,murmuraTrishasanslepenservraiment.Elleseforçaàluisourire,carellesavaitqu’ilplaisantaituniquementpourlui
changerlesidées.Sanslui,elleauraitdéjàcédéàlapanique.Leurvoiturevenaitde dévaler une pente et des hommes armés étaient peut-être à leurs trousses,maisSladefaisaitdesonmieuxpourluifaireoublierledanger.
—Merci,dit-elleenposantlesmainssursesvastespaumes.ElleentrelaçalesdoigtsauxsiensetpesadetoutsonpoidstandisqueSlade
commençait à la tirer sur lui. Lentement, elle se mit à genoux. Ses seinseffleurèrentlevisagedeSladeetellesentitsonsoufflechaudàtraversletissudesonchemisier.—Sijamaisonsurvit,jevousconseilleunpetitrégime,luisuggéraSlade.—Allezvousfairefoutre.— Oh, ces mots dans votre bouche… je ne peux pas vous tirer plus loin.
J’adorecetteposition,maissivouspouviezbouger,çam’arrangeraitbeaucoup.Elleavaitdésormais lesgenouxà lahauteurdesesépaules.Elle luiagrippa
lescuisses,sachantqu’elleallaitdevoiravancersurluisoitenselaissantglisseràlaforcedesmains,soitencontinuantàramperaveclesgenoux.—Vite,doc.Elleposadoucement legenou sur son épaule. Il la saisit auxhanches et lui
soulevalesjambes,puislapoussaenavant.Trishaseretrouvaprojetéeentrelesdeux sièges avant, la tête sous la console centrale. Elle se glissa dans l’étroitespace,d’oùellevoyaitdésormaisBart,etsentitSladebougersoussesjambes.—Nebougezplus,doc, jesors.Sivousentendezdescoupsde feu, j’aiété
ravidevousconnaître.—Soyezprudent,lesupplia-t-elle.
CHAPITRE3
TrishatournalesyeuxversBart.Ilétaittoujoursaccrochéàsonsiègeparsaceinture.Ilsemblaitavoirperduconnaissanceetsesmainspendaientmollementcontre le plafond. Voyant du sang sur sa paume gauche, elle s’étira pourl’attraper,cequin’étaitpassimpleàfaire,carelleétaitdumauvaiscôté.Elle poussa un petit juron en constatant qu’il s’agissait probablement d’une
fracture.Lapeauétaitdéchirée.Samainavaitdû traverser lavitrependant lestonneauxdelavoiture.Elleluipalpalebrasetserenditcomptequesonpoignetétaitcasséluiaussi,maisheureusement, l’osn’avaitpastraversélapeau.Àcemoment,leblesséseréveillaensursaut.—Bart?l’appela-t-elled’unevoixmalassurée.Oùavez-vousmal,àpartau
brasetàlapoitrine?—Àlajambe,balbutia-t-il,leslarmesauxyeux.Etmerde.Trishanepouvaitpass’approcherdavantagedelui,carlecorpsde
Bartetlevolantluibloquaientlechemin.Pournerienarranger,lesoleilétaitentraindesecoucheretlaluminositéfaiblissaitchaqueminute.—Vouspouvezremuerlespieds?—Çafaitmal,seplaignit-il.—Faitesuneffort,ordonna-t-ellesèchement.Nosagresseurspeuventarriver
d’uneminuteàl’autre.Remuezlespieds.J’aibesoindevotrecollaboration.Bartpoussaungémissementdedouleur.—Jelessens,jecroisqu’ilsbougent.Trisha hocha la tête et regarda là où se trouvaient les pieds du chauffeur.
Aucunegouttedesangnesemblaiten tomber.C’estbonsigne.Ellese forçaàgarder son calme et à réfléchirmalgré samigraine quimontait et ses proprescontusions. Elle avait toujours le goût du sang dans la bouche et elle n’avaitaucuneenvied’enconnaîtrelacause.Elles’intéresseraitàsespropresblessuresplustard,maispourl’instant,elledevaitseconcentrersurlechauffeur.— Écoutez-moi, Bart. Il faut que je sache si vos jambes peuvent bouger.
Essayezdeleslibérer.Vousmecomprenez?—Çafaitmal!pleurnicha-t-il.
Trishaserralesdents.—Moiaussi, j’aimal.Vousavezentenduceque j’aiditàproposdes types
quinousontsortisdelaroute?Ilsrisquentdevenirnousachever.Aidez-moi.Une fois hors de la voiture, je pourrai vous aider plus efficacement. Pourl’instant,jen’aipaslaplacepourvoussoigner.Jeveuxévaluerlagravitédevosblessures,maispourça,vousdevezvousextirperdevotresiège.—D’accord,souffla-t-il,jevaisessayer.Trisha tendit l’oreille, à l’affût du moindre signe de Slade. Jusqu’ici, elle
n’avaitpasentendulemoindrecoupdefeu.Oùest-il?Soudain,lapeurlaprit.NiBartniellen’étaientdesHybrides.Sladelesabandonnerait-ilpoursauversapeau ?Elle espérait que ce n’était pas le cas. Il est peut-être allé chercher del’aide, mais pourquoi ne me l’a-t-il pas dit ?Elle n’en savait rien et cela latracassaitbeaucoup.—J’arriveàlesbouger,déclaraBart,lavoixdéforméeparladouleur.— Parfait. Je sais que votre main gauche est blessée, mais servez-vous de
l’autrepouressayerd’ouvrirlaporte.—Jen’yarrivepas.Trisha se retourna tant bien quemal et regarda le côté passager. La boîte à
gants s’était ouverte et des objets en étaient tombés.Elle rampa tant bien quemal jusqu’aux pieds du siège passager. La vitre était encore intacte, maiscraqueléecommeunetoiled’araignée.Ellepritlesfeuillesdepapiertombéesdelaboîteàgantspourrecouvrirlesoljonchéd’éclatsdeverreets’allongeapouratteindrelapoignée.Ellel’actionna,maislaportenes’ouvritpas.—Etmerde,soupira-t-elle.Elle leva lesyeux, se renditcompteque leverrouétaitbaissé.Elle tendit le
braspourladébloquer,puisseretournapourl’ouvrirdesonmieux.Laportières’écartadequelquescentimètresavantdesecoincerdanslaterre.—Etremerde.—Quoideneuf,doc?demandaalorsSladeenapparaissantà lavitre.Vous
voulezsortir?Apriori,iln’yapersonnedanslesparages.—Vouspouvezouvrirlaportière?Sladelevalatêtepourétudierlaquestion.—J’ensaisrien.Elleestenfoncéedanslaterre,maisjepeuxtoujoursessayer
delasoulever.Tenez-vousprête.Joignant legesteà laparole, il se redressaet seplanta fermementdevant la
portière.Ellevoulut luidirequ’iln’étaitpasassezfortpourbougerleSUVneserait-ce que d’un centimètre, mais elle sentit alors le véhicule se soulever
lentementdusol.—Grouillez-vous,grogna-t-il.Çapèseunetonne.Trishaobéitaussitôtetpoussadesdeuxmains.Laportièrefrottasur l’herbe
pour s’ouvrir de trente centimètres supplémentaires. Elle en gagna encorequelques-unsdansundernier effort,mais lapente l’empêchad’allerplus loin.SladepoussaungrognementetreposaleSUV.Laportières’enfonçalourdementdanslaterreetilsebaissapourpasserlatêtedansl’ouverture.—Tendez-moilesmainspourquejevoussortedelà.Trisharegardalemaigreespace,dubitative.—Jenepensepasquejepasse.—Quand jedisaisquevousaviezbesoinde faireun régime, jeplaisantais.
Essayons,madouce.Jepensequevouspouvezyarriver.Lesfemmessecroienttoujoursplusgrossesqu’elles le sont. Il y aplusdeplacequevous lepensez.Essayezdepasserdeprofil.Trisha luiprit lesmainset il la tira lentementà luien lafaisantpivoter.Ses
genouxsecoincèrentcontrelesiègeavant,maisellelesremuapoursedégager.Sa tête passa par lamince ouverture,mais elle n’alla pas plus loin. Ses seinsl’empêchaientdepasser.— Sans votre poitrine de rêve, il n’y aurait eu aucun problème, plaisanta
Slade.Sivousétiezplatecommeunelimande,çapasseraitcommeunelettreàlaposte.Trishalefusilladuregard.—Sortez-moidelà!Cen’estpasconfortabledutout.—Inspirez,puisexpirezàfond.Un,deux,trois.Trisha obéit jusqu’à ce qu’elle ait l’impression que ses poumons se
comprimaientdanssapoitrineetSladeparvintàlasortirdesoncarcan.Unefoislibérée,ellerestacouchéesurl’herbeenhaletant.L’Hybridelapritparlesbras,l’aidaàsereleveretl’observadelatêteauxpieds.—Voustenezdebout?Trishahochalatête.—Çava.—Vousnediriezpasçasivouspouviezvousvoirdansuneglace,répondit-il,
unsourcilfroncé.Nebougezpas,jevaisessayerdesortirBartdesonsiège.—Ilalamaingaucheécraséeetlepoignetcassé,l’avertit-elle.Neluitouchez
paslebrasetneleforcezpasàs’enservir.Trisharegardasongenouendolori.Sonpantalonétaitdéchiré.Ellesepencha
pour lutter contre quelques secondes d’étourdissement. Le tissu était taché de
sang.Ellepassalesdoigtsdansletroupourl’agrandiretobservasongenou,surlequelellevitunepetiteplaie.Ellesaignaitmaisnenécessitaitpasdepointsdesuture.Rassurée,elleseredressaetfitquelquespasenboitillant.Lesprochainsjourss’annonçaientdouloureux.LeSUVn’étaitplusqu’uneépave.Lacarrosserieétaitdéfoncée,maisc’était
l’arrièrequiavaitsubileplusdedégâts.Elleaperçutuneénormedéchirureprèsde la portière du conducteur et le compartiment moteur était sévèrementdéformé.Sladeétaiten traind’ouvrir laportière.Lavoitureavaitdûpercuterquelque
chosependantsadescenteinfernale.Unarbre,probablement,voireplusieurs.Lefaitqu’ilssoientencoreenvietenaitdumiracle.Trishaseretournapourregarderlapente.Delàoùelleétait,ellenevoyaitpas
laroute,maislatrajectoiresuivieparleSUVétaitjonchéededébris.Morceauxdeverre,élémentsdecarrosseriearrachés,vêtements…Elle aperçut alors sa valise contre un arbre, déformée comme si on s’était
acharné dessus à coups de hache. Sans sa ceinture de sécurité, Trisha savaitqu’elleauraitconnulemêmesort.—Non!hurlaBart.—Soisunhomme,ordonnaSlade.Tunepeuxpasresterlà-dedans.Àtrois,je
vaiscoupertaceintureettesortirdetonsiège.Tesjambestomberont,maisjetetienslatête.Un,deux…—Arrêtez!criaBart,paniqué.—Trois!Sladetranchalaceintured’uncoupsecettiraBarthorsdelavoiture.Trisha
vintseplacerauxcôtésdublesséenlarmes.Sladereculadequelquespasetluilançaunregarddedégoût.Ilsecoualatête,serralesdentsets’éloignaàgrandspas.—Occupez-vousde lui. Jevais essayerde ramasser ceque jepeux. Il fera
bientôtnuit.Elles’agenouillapourexaminerleblessé.Elleétaitpleinedecompassionpour
cejeunehommeterrifiéquipleuraitcommeunenfant.Ellepassalesmainssurtoutsoncorpspourévaluerlesdégâts.Privéedesasacochedemédecin,ellenepouvaitsereposerquesurletoucheretl’impressionvisuelle.Elleluiexaminaleshanches,puisfitdescendrelesmainslelongdesajambe
droite, de la cuisse au pied. Rien ne semblait cassé, mais elle ne voulait pasprendre le risque de lui ôter ses chaussures pour s’en assurer, car en cas defracture,c’étaientellesquiassureraientl’immobilitédesosetempêcheraientun
gonflementtropimportant.Ellerecommençalamanœuvresurl’autrejambe.—Vousvoulezquejevouslaisseseuls?soupiraSlade.Sivousmefaisiezça,
doc,j’attendraisrienmoinsqu’unedemandeenmariage.—Jevérifiequ’iln’ariend’autredecassé,répondit-ellesansmêmedaigner
leregarder.Jusqu’ici,toutvabien.TrishasepenchaensuitesurBart.—Oùavez-vousmal?—Àlamain.Elleterminasonexamenparl’abdomenetlatête.—Vousnesentezrienauniveaudelanuqueetdudos?—Non,justeàlamain,répétaBart,quipleuraitensilencetoutentenantsa
mainserréecontrelui.TrishasetournaversSlade.—Ilapeut-êtredeslésionsinternes,maispourlesavoirilfaudraitl’emmener
àl’hôpital.Lesseulesblessuresvisiblessontcellesdupoignetetdelamain.Est-ce que vous pourriez aller chercher ma valise ? J’aurais besoin de quelquesvêtements.Sladefronçalessourcils.—Vousvoulezvouschangermaintenant?Ehben,doc,jenevouscroyaispas
aussicoquette.—Espèced’abruti!éclata-t-elle.J’aibesoindetissupourluibanderlamain!
Etlapoignéeextensibleferauneattelleidéale.Sladerougit.—Jem’enoccupe.Désolé,maugréa-t-ilens’éloignant.Trishasoupirapourévacuersacolère.Lestressleurmettaitàtouslesnerfsà
vif. Slade revint au bout de quelques minutes et sortit son couteau pourtransformerl’undeseschemisiersencharpie.TrishaposasonattellesurlamaindeBart,quis’évanouitdedouleur.Cen’étaitd’ailleurspasplusmal,carSladesemblaitexcédéparseslarmes.Trishaprofitadesoninconsciencepourluibanderlamainetl’examinerplus
minutieusement. Elle comprit vite qu’à moins d’être emmené rapidement àl’hôpital,ilallaitdevoirêtreamputé.ElleenfitpartàSlade.—Aucunproblème,répondit-il,agacé.Justeletempsdemefairepousserdes
ailes.Qu’est-cequevousvoulezquejedise?Onestmalbarrés.—Vouspourriezremonterjusqu’àlarouteetessayerd’arrêterunevoitureau
lieudefairelemalin.—Vousoubliez les typesquinousont attaqués ? Ils peuvent revenir à tout
momentpourvérifierquenoussommesbienmorts,après tout lemalqu’ils sesontdonnépournoustuer.—Vousnelesavezpasvusdescendre,n’est-cepas?LevisagedeSladesedurcitdecolère.—Ilssontpeut-êtreentraindeserassemblerquelquepart.Siçasetrouve,ils
attendentmêmedes renforts,oubien ils sontdéjàen routepournousachever.Restez ici pendant que je vérifie que la voie est libre, ordonna-t-il avant dedisparaîtrederrièreleSUV.Trisha s’assit, la tête lourdeet legenouendolori.Elle évitaitde remuer son
épauleblessée.Chaque foisqu’elle tendait lebrasdroit,ellegrimaçait.Ellesemassalesmusclesaveclamaingauche.Elleneconstataitniluxationnifractureetespéraitqu’ilnes’agissaitqued’uneélongationoud’unesimplecontusion,cequiauraitexpliquélavivacitédeladouleur.BartrepritalorsconnaissanceetTrishaluisourit.—Commentvoussentez-vous?—J’aimal.Jeveuxchangerdeboulot.Ellehochalatête.—Jevouscomprends.Vousvoulezessayerdevousasseoir?— Non. Vous avez appelé une ambulance ? Slade est allé chercher des
secours?—Ilvérified’abordquenosagresseursnesontpasànotrerecherche.Dèsson
retour,nouspartironsd’ici.Nevousen faitespas,Bart. Je suismédecin,vousvousrappelez?Vousn’avezrienàcraindre.Slade essayait de ne pas penser à ses blessures. Sa colère l’aidait à se
concentrer tandisqu’il escaladait lapente, tous les sensenalerte.Leseffluvesd’essence omniprésents l’empêchaient de distinguer les autres odeurs et ilgardait les yeux rivés sur la route, à la recherche du moindre mouvementsuspect.Trishaavaitfaillimourir.Cettepenséelemettaithorsdelui.Elleétaitblessée.
L’odeur de son sang le hantait toujours, malgré la puanteur de l’essence. Ilespéraitpresquequ’unoudeuxdessalopardsquilesavaientattaquéstraînaientdanslesparages.IllesauraittuésavecplaisirpourleurfairepayerlesblessuresdeTrisha.Ilseretrouvaaupiedd’unefalaisehautedesixmètres.LeSUVétait tombé
depuissonsommet. Ilcompritalorscombien ilsavaientétéchanceux.L’avantduvéhicule avait encaissé le plus gros des dégâts,mais s’il était tombé sur le
côté…Ilfrissonna.Trishan’auraitpassurvécu.Les souvenirs de l’accident le hanteraient à jamais. Il avait essayé de
l’attraper, de la serrer contre lui pour la protéger aumaximum,mais un chocl’avaitarrachéeàsesbrasetilavaitpercutélaportièrelatêtelapremière.Quantà Trisha, elle avait failli être éjectée du véhicule. Il préférait ne même pas ysonger.Lechauffeurauraitdûêtreplusfort,pluscourageux,maisBartavaitcédéàla
paniqueetperdulecontrôledelavoiture.Sladeserralesdents.Ilauraitdûinsisterpourconduirelui-même,maisJusticeavaittenuàceque
ce soitunhumainauvolant,dans l’espoirquecelaattireraitmoins l’attention.Les vitres teintées l’avaient en outre empêché d’étudier les véhicules qu’ilsavaientcroisés.Ilsefitlesermentdeneplusjamaisobéiràdesordresaussipeuinspirés.SijamaisTrishadevaitvoyagerànouveauparlaroute,ceseraitluiquiconduirait. Malgré tout, il remerciait le Ciel d’avoir été présent lors del’accident.Il scrutait toujours le paysage au-dessus de lui, à la recherche de leurs
agresseurs.Deshumainssuivraientlatracedel’accidentpourleslocaliser.Peut-êtrelescroyaient-ilsmorts.Ilsedétendit.Ennelesvoyantpasarriver,Justicecomprendraitqu’illeurétait
arrivé quelque chose. Les secours n’arriveraient pas avant la nuit, mais ilpourraitprotégerTrishajusque-là.Soudain,ilentenditunbruitetvitdelaterretomberdelafalaise,auloinsur
sagauche.Iltenditaussitôtl’oreille.—Etmerde,juraunevoixmasculine.Pourquoionn’apasdegants?—Estime-toidéjàheureuxqu’onaitunecorde.Tucroisqu’ilssontmorts?— Je ne veux rien laisser au hasard, déclara un troisième homme. Nous
devonsretrouverlescorpspourprouverquenousavonstuécesmonstres.Onlesprendraenphotoavecnostéléphones.—J’espèrequ’onneserapastroplourdspourlescordes,ditunautreavecun
petit accent. Tu crois que c’est ici qu’ils sont sortis de la route ? C’est superescarpé.Vifcommel’éclair,Sladesecachaderrièrelesarbrespourmieuxlesentendre.
Il compta six hommes. Ils ne portaient pas d’uniformesmais avaient tous unfusil accrochédans ledos. Il écarta les lèvres et sortit les crocs,mais retint legrognementdecolèrequeluiinspiraitlavuedesesennemis.Ilpouvaitrestertapipourlesattaquer,maisquesepasserait-ils’iléchouait?Il
avait perdu son arme au cours de l’accident et nepouvait doncpas en abattre
quelques-uns pour améliorer ses chances. S’il ne parvenait pas à tous les tueravantdesuccomberlui-mêmeàleursballes,Trishaseraitsansdéfensefaceàcegrouped’humains.À regret, il tourna les talons et partit la retrouver. Il refusait de prendre le
moindre risque avec la vie de la jeune femme.Bart ne lui semblait pas assezcourageuxpourvoyagerblessé.Tandisqu’ilavançait,vitemaisensilencepournepasalertersesennemisdesaprésence,ilpritunedécisioncruelle.Il allait devoir abandonner Bart si ce dernier refusait de fuir. Trisha
protesterait, car elle avait bon cœur, mais Slade était bien décidé à la sauvercoûte que coûte,même s’il devait l’assommer et la porter sur son épaule. Ladéterminationluifitaccélérerlepas.—Fautqu’onyaille,grommelaSlade.Trisha, surprise par sa réapparition impromptue, sursauta et se tourna d’un
coupverslui.Sonépauleluifitaussitôtregrettersongeste.—Qu’est-cequ’ilya?—Sixhumainsarriventversnous.Ilsontdescordesetsontarmés.Lapente
esttrèsescarpéedepuislaroute,c’estpourçaqu’ilsmettentautantdetemps.—Cesontpeut-êtrelessecours?suggéraBartd’unevoixpleined’espoir.—Avecdesfusilsdansledos?répliquaSlade.Réfléchisuneseconde.Levez-
vous. Je récupèredequoinousaiderà survivreetnouspartons. Il ferabientôtnuit,çanousaideraàlessemer.TrishaseredressatantbienquemalettenditlamainàBart,maiscedernier
secouarésolumentlatête.—Non,jereste.Cesontforcémentdessuprémacistes.Jeleurdiraiquejesuis
humainetilsm’aideront.—Vousperdezlatêteouquoi?s’exclamaTrisha.Ilsontessayédenoustuer,
vouspensezqueçaferalamoindredifférenceàleursyeux?—Ilsdétestent lesHybrideset je suis sûrquec’estpourçaqu’ilsnousont
attaqués. Ils se disaient peut-être que c’était Justice que je transportais. Ils lehaïssentplusquetouslesautresréunis.SladerevintaveclesacdevoyagedeTrisha,qu’illuimitenbandoulièresans
même lui demander son avis, évitant toutefois son épaule endolorie.Elle étaitd’ailleurs surprise qu’il ait remarqué qu’elle était blessée. Il fusilla Bart duregard.—Onyva.Àmonavis,ilstetueront,alorssituveuxvivre,jeteconseillede
te bouger le cul, grogna-t-il. Si tu restes ici, tumourras. Je n’ai pas le temps
d’essayerdetepersuader.Jen’aipasenviequecelamecoûtemavieoucelledudoc.Debout.Bartluiadressaunregardtoutaussinoir.— Je suis humain et ils ne me feront aucun mal. Ils m’appelleront une
ambulance.—Tutetrompes,maisjen’aipasletempsdediscuter.Jet’aiprévenuetc’est
toutcequejepeuxfairepourtoi.SladesetournaversTrishaetluipritlevisagedanslamainpourlaforceràle
regarderdanslesyeux.—Ilfautqu’onmarchevitepourcreuserladistanceentreeuxetnous.Vuque
vousboitez, jevaisvousportersurmondos.Jevousprendraisvolontiersdansmesbras,maisleterrainestdifficileetj’auraibesoind’avoirlesmainslibres.Nediscutezpas,doc.Ilsarriventetsionreste,c’estlamortassurée.Trishasavaitqu’ilavaitraisonetqueceshommesétaientdangereux.—Trèsbien.Sladeluitournaledosets’accroupit,puistournalatêteetécartalesbras.—Grimpez.Elle n’était plus montée sur le dos de quelqu’un depuis son enfance mais
n’hésitapasuneseconde.Elle luipassa lesbrasautourducouenprenantbiensoin de ne pas l’étrangler.De son côté, Slade remonta les cuisses de la jeunefemmesurseshanchesetsereleva.TrishasetournaunedernièrefoisversBart.—Venezavecnous.Jevousenprie.— Ils neme feront aucunmal. Je contacteraiHomeland dès que je serai à
l’hôpital.Jeleurdiraicequis’estpasséetilsvousenverrontdusecours.—Dernièrechance,grognaSladeensedétournantduSUV.Soistunoussuis,
soistumeurs.Surcesmots,ils’enfonçadanslavégétationsansattendrelaréponsedeBart.
Trishas’accrochapournepastomber.
CHAPITRE4
SladedéplaçaTrishapouréquilibrersonpoids.Cettedernièreplaça lesbrasautourde sesépaulespournepasglisser. Il l’avait soulevéeunpeuplushaut,avaitcoincélesbrassoussesgenouxetjointlesmainsautourdesataille.—Vousdevriezme reposer. Jepeuxmarcher,mongenouneme fait pas si
malqueça.—C’estbon.Jeveuxavancerlepluspossibleavantlanuit.Onmarcheratant
qu’ilferaassezjourpourqu’ilsnoussuivent.Le coucher du soleil décorait le ciel de traînées roses.Un vent froid s’était
levédansleurdos.Trishaenressentaitlamorsure,maissonbuste,colléaucorpsde Slade, baignait dans une chaleur confortable. Elle commençait à sentir lesmuscles de ses bras et de ses cuisses, car elle n’avait pas l’habitude de cetteposition.— Vous devez commencer à fatiguer, Slade. Allez, reposez-moi. Je suis
lourde. Je saisquevousêtes fort,mais ça faitquandmêmeunpeu trop.Vousavezditquenousavonsdéjàcouvertplusieurskilomètres.Ralentissez,aumoins.Vousallezvousépuiser.—Laferme,ordonna-t-il.J’essaiedemepersuaderquevousn’êtespaslà.Si
vousparleztoutletemps,çafichetoutenl’air.—Merci.—Neleprenezpasmal,maisvousfaitesvotrepoids.Jeveuxconvaincremon
cerveauquejen’aipasmalauxmuscles.Trishasemorditlalèvre.—Désolée.—Fermez-la,répéta-t-ilensoupirant.Ellese forçaàse taireet regardaautourd’eux.Grâceàses longues jambes,
Sladeavançaittrèsvite.Ilneralentissaitquelorsqueleterrainmontaitouquandildevaitenjamberuntronc.Ilsenavaientdéjàfranchideux.BOUM!Unepause.BOUM!BOUM!—Qu’est-cequec’est?demandaTrisha,lecœurbattant.Slades’arrêtaetinclinalatête,tendu.
—IlsontdûtrouverBart.—C’étaientdescoupsdefeu,n’est-cepas?—Oui,trois,dit-ilenseremettantenmarche.Visiblement,ilssemoquaient
desavoirs’ilétaithumainoupas.Trisha ne pouvait retenir les larmes qui s’accumulaient dans ses yeux. Ces
hommesavaient tirépour tuer.CepauvreBartavaitété tellementsûrqu’ilsnes’en prendraient qu’aux Hybrides… Ce n’était qu’un gamin effrayé qui neméritaitpasdemourir.—Nepleurezpaspour lui,doc,grognaSlade.Jesaisquec’estdur,mais la
surviedoitpasseravantlechagrin.Vousnepouvezplusrienpourlui.Ellefitdesonmieuxpoursemaîtriser,carellesavaitqu’ilavaitraison.Sices
hommes les rattrapaient, ils mourraient tous les deux. Slade accéléra l’alluretandisquel’obscuritégagnaitlesbois.Auboutdequelquesminutes,ilralentitànouveau,sanstoutefoiscesserdemarcher.—Commentest-cequevousyvoyezencore?—Ma vision de nuit estmeilleure que la vôtre, répondit-il, hors d’haleine.
Ellen’estpasparfaite,maisj’yvoisassezpouréviterlesobstacles.—Vousavezbesoindefaireunepause.Sladepoussaunjuron,s’arrêtaetsebaissapourlaposerausol.Trishapoussa
unpetitgrognement.Sesjambestremblantessupportaienttantbienquemalsonpoids. Il faisaitsinoirqu’ellene levoyaitmêmepas,et lorsqu’il lui toucha lataille,ellesursauta.— Suivez-moi. On va s’allonger quelques minutes. S’ils ont des lampes-
torches, ils nous suivront peut-être,mais ça va beaucoup les ralentir. J’ai prissoin demarcher sur des pierres pour cacher nos traces et ils n’avaient pas dechiens avec eux.On a aussi le vent dans le dos, ce qui va leur compliquer latâche.C’estpourçaquej’aipriscettedirection.Ill’aidaàs’asseoirsurl’herbemoelleuse.—Ilsnepeuventpasnousrepéreràl’odeur,Slade.Cesontdeshumains,pas
desHybrides.—Jen’arrêtepasde l’oublier,admit-il. Ilyaunpetitarbreàcôtédevous,
attentionànepasvousfairemal.—Merci.Jenevoismêmepasleboutdemonnez.Nilalune,ajouta-t-elleen
levantlatête.—Lavégétationesttropdenseparici.Tantmieuxpournous.—Onnedevraitpasrevenirsurnospaspouressayerdetrouverlaroute?—Non. (Slade bougea à côté d’elle et samain lui frôla le sein. Il la retira
aussitôt.)Désolé.Passez-moilesac.Trishaletenditàl’aveugle,dansladirectionoùellepensaitletrouver.Sentant
qu’il l’attrapait, elle le lâcha. Slade ouvrit la fermeture à glissière et appuyaquelquechosecontresonbras.— C’est tout ce qu’on a, donc ne buvez qu’une gorgée. J’espère qu’on
trouverabientôtdel’eau.Trisha ouvrit la bouteille et humecta sa gorge sèche avant de revisser le
bouchon.—Merci.Tenez.Ilrepritlabouteilleetellel’entenditboireàsontour.—Pourquoivousnevoulezpasretournersurlaroute?insista-t-elle.—Ilsfontpeut-êtrepatrouillerd’autreséquipesquinoustirerontcommedes
lapinsdèsqu’onpointeraleboutdunez.C’estcequejeferaisàleurplace.Onest plus en sécurité perdus dans la nature.Tous nos véhicules sont équipés desystèmes de localisation. On va peut-être mettre un peu de temps à nousretrouver,vuqu’iln’yavaitpasdesignalquandonestsortisdelaroute,maisilssaventoùchercher.Ilsontdéjàcomprisqu’ils’estpasséquelquechose.Onétaitcensés arriver avant la nuit. Justice a dû m’appeler et en voyant que je nerépondais pas, il a dû comprendre qu’on avait des ennuis.On va rester là, enespérantquenosamisnoustrouventavantceshumains.—Vouspensezqu’ilsnouslocaliserontavantdemain?Sladehésita.—Jen’ensaisrien,doc.— J’ai un prénom, vous savez. Jem’appelle Trisha. Ça vous feraitmal de
l’utiliser?—Non,çanemeferaitpasmal,répondit-ilaprèsplusieurssecondes.Trisha inspiraprofondément.Elleavaitvécuune journéehorrible,ellenese
sentaitpasbien,elleavaitmalpartoutetellemouraitde faim.Pour toutescesraisons,elleneputcontenirsonénervement.—Maisvousnevousenservirezpas,n’est-cepas?Pourquoiest-cequevous
vousdonnezautantdemalpourm’agacer?Qu’est-cequejevousaifait?Unsilencepesanttombapendantplusieursminutes.Trishasecoualatête.De
touteévidence,ilnerépondraitpas.Soudain,ellesursautaensentantsamainseposersursonbras.—Allongeons-nous pour essayer de dormir quelques heures tant que c’est
possible.—Ets’ilsnoustombentdessus?Onnedevraitpasserelayer?
—Non.Onaleventdansledos.S’ilsapprochent,jelessentirai.Jevaismecoucheràcôtédevous.Vouspouvezm’utilisercommeoreiller,doc.Moncorpsvoustiendrachaud.—Non,merci.Ellel’entenditpousserunesortedepetitrirenarquois.—Ilcommenceàfairefroidetlesolestdur,doc.Quandvousn’enpourrez
plus,venezvouspelotonnercontremoi.Bonnenuit.Ilôtalamainets’étenditàcôtéd’elle,contresacuisse.Auboutdequelques
minutes,Trishasentitquesavisions’adaptaitàl’obscurité.Elledevinaitpresquesasilhouettesurlesol.Leventfraîchissaitdeplusenplus.Trishas’éloignadequelquescentimètresdeSlade, se tournade l’autrecôtéetposa la têtesursonbras. La faim et l’épuisement la tenaillaient. Soudain, un nouveau problèmesurgitdanssonesprit.—Slade?—Quoi?—J’aiunbesoinpressant.Ilsoupira.—D’accord. Donnez-moi lamain pour que je vous emmène au petit coin,
souslevent.—Pourquoi?Ilhésitauninstantavantderépondre.—Parcequejen’aipasenviedebaignertoutelanuitdansuneodeurd’urine.
Oupireencore.—Oh.Trisharougit.Ellen’avaitpassongéàcela.Ill’aidaàsereleveretellelesuivitsurunepetitedizainedemètres.—Mettez-vouslà.Jevaism’éloignerunpeupendantquevousfaites,euh…
votreaffaire.—Qu’est-cequimeditquevousn’allezpasregarder?Sladeéclataderire.—Jenesuispasperversàcepoint,doc.Jereviensvouschercherdansdeux
minutes,netraînezpas.Trishan’avaitpluscampédepuisquinzebonnesannées.Elledéboutonnason
pantalon,gênéepar l’obscurité.ElleespéraitqueSladene l’observaitpas.Elleentendit un petit bruit et sourit. Comme elle l’enviait d’être un homme en cemoment précis ! Elle termina rapidement et se rhabilla, puis s’éloigna dequelquespasetl’attendit.
—J’espère que vous ne vous êtes pas essuyée avec lamain, ricana-t-il. Sic’estlecas,dites-le-moipourquejenelatouchepas.—Nevousenfaitespas,soupiraTrisha.Vousêtesvraimentungrandmalade,
onvousl’adéjàdit?Quiferaitunechosepareille?Sladeéclataderire.—Onnesaitjamais.Illuipritlamainetlaramenaàleurcampementdefortune.—Bonnenuit,doc.—Arrêtezdem’appelercommeça.Monnom,c’estTrisha.Pourquoirefusez-
vousdeleprononcer?Qu’est-cequej’aibienpuvousfairepourquevousmedétestiezàcepoint?Voyantqu’ilsetaisait,ellelaissalibrecoursàsacolère.—Jecontinueraideparlertantquevousnem’aurezpasrépondu.Jepensais
quevousvouliezdormir.— Vous n’oseriez pas. Je vous ai sauvé la vie en vous portant sur des
kilomètres.— Oh que si, j’oserais. Dites-moi pourquoi vous ne daignez même pas
prononcermon nom.Vous ne vous doutez pas à quel point c’est énervant. Sivous continuez, je vais vous appeler 215. Dites-moi au moins pourquoi vousressentezuntelbesoindememettrehorsdemoi!Il poussa un grognement qui déchira la nuit et Trisha comprit qu’elle était
alléetroploin.Ellel’avaitsudèsquecesmotsétaientsortisdesabouche,maisil était trop tard. Elle avait lu quelque part que les Hybrides détestaient êtreappeléspar leurmatricule.Ellen’avaitpaseu l’intentionde l’insulter, justedeluirendrelamonnaiedesapièce.—Jesuisdésolée.Jenevoulaispasvousfâcher,reprit-elled’unevoixdouce.
Jeveuxjustesavoirpourquoivousrefuserdem’appelerparmonnom.À ce rappel inattendu de son passé, Slade sentit une grande douleur le
traverser, aussitôt suivie d’une colère incendiaire.C’était donc ainsi qu’elle levoyait ?Comme une victime ?Comme la créature à demi sauvage qu’il étaitlorsqu’ilavaitreprisconnaissancedanssachambred’hôpitaletqu’elleavaiteula naïveté de le détacher ? Si elle avait été un homme, il l’aurait tuéinstantanément…MaisTrishaétaitunefemme.Il n’avait jamais tuéde femme.Au lieude cela, il l’avait attrapée.Mêmeà
moitiédanslecoma,iln’avaitpasvoululuifairedemal.Aprèsl’avoircoincéecontre lematelas, il avait été enivrépar sonodeur, et lorsqu’il avait plongé le
regarddanssesyeuxincroyablesetadmiréseslèvrescharnues,soncorpss’étaitréveilléensursaut.Jamaisiln’avaitautantdésiréunefemme.Il avait voulu la garder aussi longtemps que possible. Profiter de chaque
centimètre carré de son corps, la faire brûler de la même passion qui leconsumait.Ilauraitpassédesjourssansboirenimangerrienquepourpartiràladécouverte de son enivrante féminité. Pour posséder une chose aussimerveilleuseetaussiinterdite.Ilétaitprêtàendurerlaplussévèredespunitionspouravoirledroitdeluidonnerduplaisiretd’enrecevoirjusqu’àépuisement.Lesouvenirdecesétreintesvoléesluiseraitrestéjusqu’àlafindesesjoursetauraitadoucilatorturementalequilerongeaitencorerégulièrement.Bien entendu, rien ne s’était déroulé comme il le souhaitait. Des humains
avaient pénétré dans la chambre pour l’immobiliser, profitant de ses réflexesémousséspar lesmédicaments.Lorsqu’ilavait reprisconnaissance,sonmondeavaitchangéàjamais.Iln’étaitplusenfermédansunecelluleouenchaînéàunmuretlesodeursdanslesquellesilbaignaitluiétaientinconnues.Ilétaitattaché,mais il en comprenait la nécessité. Il n’aurait pas attaqué les humains quis’occupaientdelui,maisilauraittentédefuir.Quatre femmes en uniforme étaient entrées dans sa chambre pour lui
expliquer que lui et ses semblables étaient désormais libres et qu’il devait secalmer.Elles luiavaientmontré lesvidéosdesonsauvetageet luiavaient juréqu’ilneluiseraitfaitaucunmal.Illuiavaitfalluunpeudetempspouradmettrequ’elles disaient la vérité. Le choc avait été immense. Ces femmes n’avaientaucune intentionnéfaste à sonégard, ellesne travaillaientpaspourMercile etsonancienneexistenceétaitrévolue.Il avait ensuite été installé dans un motel en plein désert avec plusieurs
dizainesd’autresHybrides.Desmilitaires,uniquementdesexeféminin,étaientchargées de leur protection. Les humains avaient rapidement compris que lesmâleshybridesn’attaquaientpaslesfemmes,carilsnesesentaientpasmenacésparelles.Eneffet,celaavaitfonctionné.Lesgardesn’étaientmêmepasarmées,à part celles qui patrouillaient à l’extérieur du périmètre de sécurité pourempêcherleshumainsd’entrer.Le gouvernement leur avait promis un territoire spécifique, où ils seraient
protégés de la presse et de ceux qui les considéraient commeunemenace. Ilsavaientludeslivres,regardélatélévisionetparléavecdeshumainsquiavaientréponduàleursquestions.Lesmoispassésdansledésertenattendantqueleurrefugesoitprêtavaientpermisdelesapaiser.Onlesavaitassurésqu’ilsavaientlesmêmesdroitsque leshumainset ilsavaientpuentamerunenouvellevieà
Homeland. Slade n’était plus un sujet d’expérience mais un homme à partentière.Mais ledocnesemblaitpasdumêmeavis.Pourelle, ilserait toujours215.Celaleblessait.Sonseuldésirétaitqu’elleleconsidèrecommeunpartenaire
sexuel éventuel, comme son égal, mais il avait fichu tout cela en l’air en lavexantlorsqu’ilnel’avaitpasreconnue.Detouteévidence,lepardonn’étaitpasl’unedesesqualitéspremières.Trèsvite,sapeinesemuaencolère.Qu’elleaillesefairefoutre.Ellepourraitmelaisserunpeudelatitude,non?Lesouvenirdesoncontact,legoûtdesapeau,l’odeurdesonexcitation,tout
cela remontait d’un seul coup. Elle ne le considérait peut-être pas comme unmâle,mais il savaitqu’ilpouvaitpersuader soncorpsducontraire.Ledésir leravageait.Peut-êtreavait-ellebesoinqu’illuienfasseladémonstrationsansluilaisser l’occasion de réfléchir. Il se décida avant d’avoir le temps de seconvaincrequ’ils’agissaitd’unemauvaiseidée.Trisha sentit deuxmains se poser sur ses épaules. Slade la plaqua au sol et
s’installa au-dessusd’elle.Trisha tentade résister,mais envain,puisouvrit labouche,qu’ilcouvritaussitôtdesapaume.—Situcries,lestueurssaurontoùnoussommes.Lessonsportenttrèsloin.Celaavaiteneffetétésonintention,maisellefit«non»delatête.Sladeôta
lamainetTrishalepoussa.—Poussez-vousdelà,siffla-t-elle.— Tu veux savoir pourquoi je ne veux pas prononcer ton nom, Trisha ?
murmura-t-il.La jeune femme déglutit, surprise d’entendre enfin son prénom dans sa
bouche.—Pourquoi?—Parcequeça t’énerve,autantque tum’énervesenpermanence.Je trouve
quec’estunjusteretourdeschoses.— Comment ça, je t’énerve ? C’est toi qui n’arrêtes pas de me faire des
remarquesdésobligeantesouobscènes.—Etmoi,j’aiunetelleenviedetoiqueçaendevientinvivable,grogna-t-il.
C’est pire que tout ce que je pourrais te faire, doc. Crois-moi. Tu me faistellementbanderquej’aipeurdedéchirermabraguette.C’estça,l’effetquetumefais.Ces paroles la laissèrent sans voix. Cette réponse était àmille lieues de ce
qu’elleattendait.
Vu son passé, il était probable qu’il détestait tous les membres de lacommunauté médicale. Il la trouvait peut-être aussi un peu snob, car c’étaitl’impression qu’elle laissait généralement aux gens. C’était involontaire de sapart,maisellen’étaitpastrèsdouéepourcommuniquer.—Pasdecommentaire,doc?Eneffet,ellenetrouvaitaucuneréponse.—T’esvraimentfroidecommeunepierre,grogna-t-il.J’enarrivemêmeàme
demanders’ilt’arrivedeteréchauffer.—Jenesuispasfroide.—Ahbon?Tudonnesbienlechange,alors.—C’estinjustededireça.Tunemeconnaismêmepas.C’estàpeinesionse
parle,àpartpourselancerdesvacheries.—Hmmm.Réchauffe-toipourmoi,doc.Incapablederéagir,Trishaleregardasaisirsonchemisier,puisenremonterle
tissujusqu’àsoncou.Elleserepritettentadelerepousser,maisenvain.Sladetira sur le bonnet de son soutien-gorgepour libérer son sein et elle sentit l’airfroiddelanuitluicaresserlapeau.—Magnifique,grommela-t-ilensepenchant.Trishatentadelerepousser,maisilrefermaleslèvressursontétondurci.Le
contact de ses lèvres chaudes et de sa langue humide et râpeuse lui coupa lesouffle.Sladepoussaungrognementquiserépercutadanstoutsoncorpsetellecessa aussitôt de lutter. C’était une sensation érotique telle qu’elle n’en avaitjamaisconnu.Sladesemitàlasuçoteravecplusdevigueur,luidonnantlachairdepoule.
Elle ne put retenir un gémissement de plaisir. Les sensations qu’il éveillait enelleétaientincroyables.Ellesecambrapourluifaciliterl’accèsàsonseinetserenditcomptequ’ellenetentaitplusdelerepousser.Aucontraire,elleavaitlesdoigtscrispéssursonuniforme.Sladeaccéléraencore lacadenceetTrishapoussaunnouveaugémissement.
Elle enfonça les doigts dans ses cheveuxpour plaquer sa tête contre elle. Soncœurbattait la chamadeet elle savait que son corps réagissait avec force à cedésirquimanquaitdelabrûlervive.Sladefitglissersonautremainsursacuisseetserelevaunpeupourcréerun
petitespaceentreeux.Illuiécartalesjambesetyimmisçasamain,appuyantlepouceaumilieudesonpantalonavantdelefrotterfermementcontresonclitoris.Trisharéagitinstantanémentàcescaressesquiluienflammaienttoutlecorps.—Oui,gémit-elle.
Sladesefigea,lecorpscrispéau-dessusdusien.Soudain,ilretiralamaindesonsexeetlabouchedesonsein.Aussitôt,elleressentitlamorsuredufroidsursonmamelonhumide.Elleouvritsubitementlesyeuxpourtenterdeleregarder,maisiln’étaitqu’uneombreau-dessusd’elle.— Tu vois que tu te réchauffes, dit-il d’une voix rauque, si bas qu’elle
l’entenditàpeine.—Slade?interrogea-t-elle,àboutdesouffle.Il poussa un juron sonore et se releva. Trisha voulut se redresser, mais la
douleur soudaine qu’elle ressentit à l’épaule la fit grimacer tandis qu’elle leregardait reculer sans qu’elle comprenne pourquoi. Elle réajusta son soutien-gorgeetrabaissasonchemisier.— Je reviens, déclara-t-il. Je veux vérifier qu’il n’y a personne dans les
parages.—Mais…Trisha, le corps frissonnant et perclus de douleurs, ferma la bouche.Quel
enfoiré!sedit-elle,prised’unecolèreimpromptue.Ill’avaitsciemmentexcitéeavant de disparaître et de la laisser seule avec son sentiment de rejet. C’étaithumiliant.Ellel’avaitpresquesuppliédelaprendre.Ellenel’avaitpasdit,maislaréactiondesoncorpsavaitététrèsclaire.—Salaud,cracha-t-elle.Trishaserallongea.Soncorpsfourmillaitdansleszoneslesplusgênantes.Ses
seinsluiparaissaientincroyablementlourdsetceluiaveclequelilavaitjouéétaitdésormais si sensible qu’il ne supportait presque plus le contact du tissu. Elleserralesdents.Sielleavaitpu,elleauraitchangédeculotte,carlasienneétaittrempée.Ellesemitsurleflancetseroulaenboule.Maisquelleenflure!éructa-t-elleenelle-même.Il l’avaitexcitéeparsimple
défi.Elle fitde sonmieuxpour trouverunepositionconfortable sur le solduret
froid. Elle regrettait de ne pas avoir récupéré un pull-over dans les débris duSUV,mais lorsqu’ils étaientpartis, il faisait encore chaud.Elle frissonna et serecroquevillaencoreplus.Lesminutess’écoulaientetSladenerevenaittoujourspas.Ellecommençaitàavoirpeur.Est-cequ’ilm’aabandonnée?Est-cequ’illui
estarrivéquelquechose?Est-cequeleshommesl’onttrouvé?Elleclignadesyeuxpourévacuerleslarmesquicommençaientàs’yaccumuler.Vumaveine,ilvarevenirjusteàtempspourvoirquej’aipleuré.Sladeavaithorreurdes larmes.Elle l’avaitvu réagirà ladouleurdeBart et
supputait que la plupart desHybrides n’avaient qu’une tolérance relative pourlesmarquesdefaiblesse.Ilsavaientvécuuneexistencetrèsdureetaucoursdeleursannéesdecaptivité,ilsavaientapprisparlamanièrefortequelafaiblesse,quelle qu’elle soit, était un défaut. Elle était prête à parier que Slade n’avaitmêmejamaispleurédesavie.
CHAPITRE5
Slade observait le camp, inquiet. Les humains étaient plus proches qu’ill’aurait souhaité,maisassez loinpourqu’il soit sûrqu’ilsne les rattrapentpasrapidement.Seul,ilauraitpassélerestedelanuitàmarcher,maisTrishan’étaitpasuneHybride.Avec sonorganismehumainplus faible, elle avait besoinderepos.Elle n’avait émis aucune plainte,mais il avait remarqué son épuisement. Il
était fier du calme avec lequel elle avait géré cette situation. Les humainsn’étaient pas très résistants, mais elle avait fait preuve de courage, ce qui nefaisaitqu’augmenterledésirqu’iléprouvaitpourelle.Son sexe s’était enfin suffisamment ramolli pour lui permettre de marcher
sansdouleur.Ilserralesdents.Ilavaitfaillilaprendreàmêmelesoldelaforêt.Ilseraitdevenul’animalqu’ellepensaitqu’ilétaits’ilavaitcédéàsespulsions.Ladouceurdesesbaisersetsescourbesfémininesl’avaientpousséaubordde
lafolie.Elleméritaitmieuxqu’unaccouplementimpromptusurl’herbe.Ilétaitpeut-être en partie animal, mais Trisha ne l’était pas, elle. Les humainesattendaient certaines choses de leurs mâles. Un lit moelleux, une ambianceromantique,peut-êtremêmedesbougies…Sladerefusaitdelaissersoninstinctetsonexcitationl’entraîneràfaireunechosequ’ilregretterait.Ilavaitbesoindegarderlecontrôlejusqu’àcequ’ilssoientensécurité.Une
fois de retour à Homeland, il séduirait Trisha dans les formes, sur un lit, àl’intérieurd’unemaison,dansunendroitàl’écartdetoutdanger.Ilprendraitsontemps, la déshabillerait lentement et explorerait chaque parcelle de son corpsjusqu’à ce que son désir soit aussi impérieux que le sien.Ensuite, il lui feraitl’amour.Avecdouceur,enfaisantdesonmieuxpourfairesemblantd’êtreplushumainqu’ilétaitenréalité.Poursonbienàelle.Ilrenifla,faillitéternueràcausedelafumée,puisfitlentementdemi-tour.Il
avait abandonnéTrisha plus longtempsqu’il l’aurait voulu,mais il devait êtrecertaind’avoirreprislecontrôledesondésiravantdelatoucherànouveau.Sanscela,toutessesbonnesintentionspartiraientenfumée.Lorsqu’il l’avait sentie s’arquer contre lui, il s’était conduit comme un
imbécile.Le self-control n’était pas son fort,mais il ferait de sonmieux pourelle.Elleméritaitunmâlecapablederespectersesdésirshumains,c’est-à-direunlitpourfairel’amour,etceaumomentapproprié.Ils allaientdevoirpartir avant le leverdu soleil. Il n’acceptait pasde savoir
Trisha en danger. Justice avait déjà dû envoyer des équipes de secours. Deshumainsauraientattenduquele jourse lève,maisSladeétaitpersuadéquelesHybridesétaientdéjàà leur recherche.C’était aussiclairque l’odeur fémininetentatricequ’iln’avaitqu’àsuivrepourrevenirauprèsdeTrisha.Il repéra sa forme recroquevillée sur le sol. Il contint à grand-peine un
grognementenvoyantqu’elletremblaitdefroid.Ill’avaitlaisséeseulebientroplongtemps. Pourquoi ne parvenait-il jamais à prendre les bonnes décisions laconcernant?Ilpressalepasdanssondésirdelaréchaufferetdelavoirsurvivreàlanuit.Calme-toi, intima-t-il à son corps.Agis demanière naturelle pour éviter de
l’effrayer.Trisha se figea et tendit l’oreille. Elle avait cru repérer un bruissement de
feuille,maisellen’entendaitqueleventdanslesbranches.Soudain,uneformesombreapparutdevantelle.—Toutvabien,annonçaSladeens’installantàcôtéd’elle.Elleavaitenviedepleurerdesoulagementetdegratitudeenconstatantqu’il
nel’avaitpasabandonnée.Elleravalaunsanglotetclignadesyeuxpourretenirleslarmesquil’aveuglaient.Slades’allongeasurledosàquelquescentimètresd’elleetinspiraàpleinspoumons.—Serre-toicontremoi,ordonna-t-il.Ilfaitfroid.Trishane répondit pas, depeurque savoix trahisse son émotion.Elle resta
immobileàl’écouterrespirer.—Commetuveux,finit-ilpardire,agacé.Bonnenuit.Au bout de quelques minutes, elle entendit sa respiration ralentir. Il devait
s’être endormi. Elle attendit encore quelques minutes pour s’en assurer puiss’approcha de lui avec précaution. Il avait croisé lesmains derrière sa tête enguised’oreiller.Trishasecollaàluietposalatêtesursonbrasmusclé.Ilétait trèschaud.Ellefrissonnaetsepelotonnaencorepluscontre lui,puis
posa lesmainssursonventre.Soudain,elle lesentit secrisper.Ellese figeaàsontour,lecœurbattant.Sarespirationavaitànouveauchangé.—Tuasfroid,doc?Ellehésita.
—Jesuisgelée.Sladesoupira.—Danslegenrecontrariante,tuteposeslà.Il dégagea l’un de ses bras et prit la main que Trisha avait posée sur son
ventre,puislapoussaplusbas.Ellesentitunebossesoussapaume.—Tusensça?Elletentaderetirersamain,maisill’enempêcha.—Tuveuxqu’onseréchauffe,doc?Elleserralesdents.—Etsitumelâchais,plutôt?—Caresse-moi.—Vatefairefoutre.—Ceseraitvolontiers,madouce,répondit-ilavecunpetitrire,maiscelapose
quelquesproblèmes.Premièrement, tu fais tropdebruit.Vuqu’onest traqués,j’ai peur que tes hurlements de plaisir attirent l’attention de nos poursuivants.Deuxièmement, tu veux te coller contremoi pour avoir chaud en dormant, jecomprends.Maismoiaussi,j’aienviededormir,etjenepeuxpaslefaireavecuneérectionaussimonumentale.—Tuesvraimentuntrouducul.— Ne me donne pas d’idées. Je suis pas sûr que ça te plairait, doc. Je
préféreraist’entendrecrierdeplaisirplutôtquededouleur,maisdetoutefaçon,onadéjàétabliquetunedevaispasfairedebruit.Illuifallutquelquessecondespourcomprendreoùilvoulaitenvenir.Trisha
enrestabouchebée.—Tu…tu…—C’estpas ton truc,hein?Voilà aumoinsunechose sur laquelleonpeut
s’accorder. J’aime pas trop ça non plus.Quelques humainsm’ont affirmé quec’était plus agréable,mais je préfère la voie classique.Maintenant, soit tumebranles,soittutepousses.—Lâchemamain.Plutôtqued’obéir,illafrottacontrelui.—Tuvois?Cen’estpassiterrible,non?Jediraismêmequecen’estpasdur,
maisceseraitmentir.Trishasentitunegrossecolèrel’envahir.—Trèsbien.Tuveuxquejerègletonproblème,Slade?Ilhésita.—Situcomptesmefairemal,doc,réfléchis-yàdeuxfois.Tuleregretterais,
dit-ilenrelâchantsamain.Àtraversletissudesonpantalon,Trisharefermalesdoigtssursonsexeduret
massif. Sa longueur et son diamètre étaient impressionnants. Elle s’assit etcherchasabraguetteàtâtons.Àcôtéd’elle,Sladesefigea.—Qu’est-cequetufais,doc?—Tuasenviequejetetouche,non?C’estcequejevaisfaire,Slade,etpour
ça,ilfautquej’ouvretonpantalon.—Laisse-moifaire,répondit-ild’unevoixrauquedonttoutel’ironiesemblait
avoirdisparu.Trishalevalesmainsetentenditlebruitd’unebraguette.C’étaitàpeinesielle
parvenait àdistinguer la silhouettedeSlade,qui leva leshanches et fit glissersonpantalonjusqu’àmi-cuisse.Endépitdel’obscurité,elledevinaqu’ilvenaitdesortirsonpénisdesoncaleçon.Elle écarquilla les yeux pour essayer de discerner quelque chose et aperçut
une ombre se dressant majestueusement. Son sexe était de taille imposante,commesesdoigtsleluiavaientsuggéré.Ellehésita,effrayéeàl’idéedesentiruntelmembreenellesi jamais ils faisaientun jour l’amour. Ilétaitmieuxmontéque tous les hommes qu’elle avait connus jusque-là. Ils n’avaient pas été trèsnombreux,certes,maisaucunneluiarrivaitàlacheville.—Doc?Ilfaudraitqu’ondormeavantderepartir,grogna-t-ildoucement.Je
merhabille.Jen’auraispasdûfaireça,jesuisdésolé.J’aihontedemoi.J’étaisàmoitiéendormietjesuiscrevé.Trishas’avançaverslui,tremblante,etrefermalesdoigtssurlesexedeSlade
sansluilaisserletempsdeleranger.Ellel’entenditretenirsonsouffle.Sonpénisétaitrigideetbrûlant.EllecommençaàjoueravecsapeauveloutéeetSladesemitàrespirerfort.—C’esttropbon,grommela-t-il.Trisha sentit sa colère s’évaporer. Slade l’excitait. C’était agaçant, mais
indéniable.Ellesemorditlalèvreetportal’autremainsurlabasedesonsexe.Sladeécartalesjambespournepasenperdreunemiette,maispoussaunjuron,carsonpantalonàmoitiébaissél’enempêchait.—C’estbien,doc.—Trisha,lecorrigea-t-elle.Appelle-moiparmonnom,sinonj’arrête.Elleagrippasonmembreencoreplusfermementetremontalesdoigtsjusqu’à
songland.—Trisha,grogna-t-il.C’esttropbon.—Dommagequ’onn’aitpasdelubrifiant.
—Commetudis,doc.Elleôtalesmains.—Jem’appelleTrisha.Dis-le.Sladeseredressa.—Tuveuxquej’utilisetonnom?—Oui.—Trèsbien.Ils’écartad’elle,baissasonpantalonetsoncaleçonjusqu’àseschevilles,puis
lui sauta dessus et lui prit les bras pour lamettre à genoux tout en semettantdans lamêmeposition. Il lui saisit ensuite leshancheset la souleva touten lafaisantpivoter.—Qu’est-cequetufais?demanda-t-elle,àlafoisexcitéeeteffrayée.—Metstesjambesentrelesmiennes,ordonna-t-ilenécartantlescuisses.Trishatournalatêtepourleregarder.—Pourquoi?—Fais-le.Toutdesuite,Trisha.Le cœur de la jeune femmecommença à tambouriner.Elle se doutait de ce
qu’ilcomptaitfaire.Ilétaitàgenouxetsetrouvaitdésormaisdanssondos.Ellefitcequ’illuidemandait,levantlespiedspourévitersonpantalonaccrochéàseschevilles. Slade tendit ensuite les mains pour la déshabiller. Son torse étaitplaquécontre sondoset il baissa la tête jusqu’àceque son soufflevienne luichatouillerl’oreille.—Jevais tebaiser,Trisha,grogna-t-il. Jevaism’enfoncersiprofonden toi
que tu auras envie de crier mon nom, mais il faudra que tu te retiennes. Tupensesquetuenescapable?D’ungeste,ilfitdescendresonpantalonetsaculotte.Trishahochalatête,pantelante.Elleledésiraitplusquetout.—Oui.Avecunnouveaugrognement,ils’immisçasoussontee-shirtetremontason
soutien-gorgepourluiattraperlesein.— Penche-toi, Trisha. Je vais te baiser comme j’en rêve depuis que je t’ai
rencontrée.Jevais tepénétrersiprofondémentquenosdeuxcorpsn’enferontplusqu’un.Jepariequetuessiétroitequej’auraidumalàbougerentoi.Trisha posa les mains par terre. Jamais elle ne se serait imaginée à quatre
pattesdans lesbois, enpleinenuit, en trainde faire l’amouravecun inconnu.D’unautrecôté, jamaisellen’auraitcrurencontrerquelqu’unquiéveilleraitenelleunteldésir.Ellerêvaitqu’illapénètreetellesavaitqu’ilneseraitpasdéçu.
Sonsexeétaitsimassifqu’ilauraitdumalàentrer.Ilcommençaàluimasserleclitoris,répandantlachaleurhumidedesondésir.
Trisha gémit sous l’exploration de ses doigts. Il enfonça délicatement l’indexdanssonvagin.Lasensationsefaisaitdeplusenplusenivranteàmesurequ’ilentraitenelleetTrishasecambradeplaisir.—Tuessuperhumide,Trisha.Etsiétroite.Jelesavais.Ilretirasondoigt,luicaressaunedernièrefoisleslèvres,puisreculalamain.—Slade?Elleavaitpeurqu’ilaitchangéd’avis.—Jepeuxplusattendre,j’aipasletempsdeteprépareravecledoigt.Jesuis
désolé,maissijetebaisepastoutdesuite,jevaisclaquer.Ilappuyasonglandàl’entréedesonvaginetlâchasonseinpourlasaisirpar
leshanches.—Ducalme,madouce.Nebougepas.Jevaisyallertoutdoucement.Tuessi
étroitequej’aipeurdetefairemal,etjen’aipasdutoutenviequeçaarrive.Trisha, pantelante de désir, se mordit la lèvre tandis qu’il accentuait la
pressionetentraitenelle,centimètreparcentimètre.Sonsexeétaitlargeetellesentait son vagin se dilater pour l’accueillir, mais, impatiente, elle se cambrapouraccélérerlemouvement.Sladebougealuiaussipourseretenird’allertropvite.—Slade,supplia-t-elle.—Nebougepas,ordonna-t-il.Illuipassaunemainautourdelataillepourl’aideràseredresser.Ilsétaient
tousdeuxàgenouxetledosdelajeunefemmetouchaitànouveausontorse.—Tuesprête?Alorsqu’elleouvraitlabouchepourluirépondre,illuiplaqualamainsurles
lèvresets’enfonçaenelled’uncoupsecquiluifitpousseruncrid’extase.Heureusement,lamaindeSladeétouffalebruit.Ilsemitàalleretvenirsans
relâche,avecunabandonsauvagequilarendaitfolle.Leplaisirmontaitjusqu’àen devenir presque insoutenable. L’orgasme n’était pas loin. Elle le désiraitdepuis trop longtemps.Elleavait souvent rêvédecemomentet la réalitéétaitencore plus belle que ses fantasmes. Le simple fait de sentir son membres’affairerenellelapoussaitjusqu’àl’extase.SladefitglissersamaindelapoitrinedeTrishaàsonentrejambeetlaplongea
entresescuisses.Sesdoigtstombèrentsurlepointmagiqueets’acharnèrentsurson clitoris tandis qu’il continuait à la prendre brutalement par-derrière. Ellepoussaunnouveaucriétoufféetlesmusclesdesonvaginsecontractèrentautour
desonpénis.—Putain,grogna-t-il,c’esttropbon.Trisha semoquait d’avoir lamain de Slade sur la bouche, tant que cela ne
l’empêchaitpasderespirer.Mêmecettefonctionvitaleétaitreléguéeausecondplan,carjamaisellen’avaitrienconnud’aussidélicieux.PlusSladeaccéléraitlacadence et plus la satisfaction sexuelle s’intensifiait. Ses coups de reinsdevenaient si violents qu’ils la soulevaient presque du sol, et elle atteignit lajouissancedansungrandcri.Lesmuscles de son bas-ventre ne cessaient de trembler et de se contracter.
Ellepoussaunsecondhurlementensentantlapressions’accentuersursonvaginhypersensible et prolonger son extase. Soudain, Slade la mordit à l’épaule etpoussaungémissementsauvage.Seshanchessemblaientprisesdeconvulsionscontresesfesses,puisils’immobilisa.Seulesleursrespirationshachéesbrisaientencorelesilence.Trishasentaitlachaleurdesonspermeserépandreenelle.Slade ouvrit la bouche et détacha les dents de son épaule. Elle avait
l’impressiondeneplusavoirlemoindreosdanssoncorpsetsefichaitd’avoirété mordue. Cette petite douleur n’était rien à côté des élancements de sonentrejambe.Ellebaignaitdanslachaleurdel’éjaculationdeSladeetsesmuscless’étaient
contractés autour de sa verge rigide. Leurs corps fusionnaient de manière siparfaitequeTrishadutseretenirdes’écroulercontreluietd’yresterpourtrès,trèslongtemps.—Ne bouge pas, Trisha, dit Slade après avoir repris son souffle. Si jeme
retiretoutdesuite,çateferamal.—Jesais.Tugonflesquandtufais l’amour.C’est l’unedescaractéristiques
desHybrides.—Touslesmecsgonflentquandilsfontl’amour,plaisanta-t-il.Sérieusement,
la base de la verge enfle juste avant l’éjaculation et reste comme ça pendantplusieursminutes.Trishafutalorstraverséeparunepenséehorrible.—Tun’aspasdepiquants,j’espère?MonDieu,dis-moiquejen’aipasplein
depetitespointesplantéesdansmachair!Onvoitçachezcertainsanimaux.Jesaisquetuesd’originecanine,maisest-cequetuessûrquetun’aspasaussidusangd’autresespèces?Sladeéclataderire.—T’esunemarrante,toi!Non,jen’aipasdepiquants.Çaauraitvraimentde
quoicouperl’envie,non?
—Commetudis,répondit-elle,soulagée.Ilpassalamainsoussontee-shirtetluifrôlalapeau.—J’adoreêtreentoi.Trishatournalatêteverslui.—Etj’adoretesentirenmoi.Waouh,Slade.Jen’aipasd’autremot.—Contentqueçat’aitplu,dit-ilenriant.—Àtoiaussi,ondirait.Ilcommençaàluilécherl’épaule.—Qu’est-cequetufais?demandaTrisha,surprise.La langue de Slade passait et repassait sur sa peau, générant une sensation
étrange,maispasdésagréable.—Jet’aipercélapeau,désolé.J’auraisdûmefairelaleçonàmoiaussi.Je
t’aimordupouréviterdehurler,maistuavaissibongoûtettuétaissiétroitequeçamerendaitdingue.J’aieubeaucoupdemalànepasjouiravanttoi.Tachattequim’enserrait,c’étaittropbon,ettuasungoûtdélicieux.Mmmm.—Monsang,tuveuxdire?Ilpoussaunpetitrireetléchaunenouvellefoissonépaule.—Plusj’ygoûte,mieuxc’est.Etoui,tuessucculente.—Arrête,jevaisfinirparcroirequetuvasmemanger.Elle s’écarta de sa bouche. Elle ne savait encore que peu de choses sur les
Hybrides. Ils aimaient la viande crue et certains d’entre eux en mangeaienttoujours, après des années passées à se jeter sur celle qu’on leur donnait enpâture dans leur cellule.Aiment-ils la chair humaine ?Cette hypothèse la fitfrissonner.—Nemetentepas.—Tun’espascannibale,dis-moi?Sladeéclataderireencoreunefois.C’étaitunbruitqu’elleaimaitdeplusen
plus.—Sic’étaitlecas,ceneseraitpastonépaulequejemangerais,Trisha,etje
peuxtejurerquetun’auraispasmal.Bon,jecroisquejesuisassezramollipoursortir. Il faut vraiment qu’on dorme et qu’on creuse l’écart avec les types quinous poursuivent. Tout à l’heure, j’ai grimpé à un arbre et j’ai vu qu’ils setrouvaientdeuxvalléesderrièrenous.Sijen’avaispaspeurdetelaisserseule,jeleurrendraisunepetitevisitequileurseraitfatale.—Tulestuerais?Curieusement,celanelasurprenaitpas.—Penche-toi,ma douce, et détends-toi aumaximum, conseilla-t-il sans lui
répondre.Trisha obéit. Elle sentait chaque centimètre de son membre toujours rigide
tandis qu’il se retirait. Elle frissonnait, le corps toujours hypersensible. Sladesortitenfinentièrementd’elleavecunpetitriredeplaisir.Trisha réajusta ses vêtements. Elle entendit Slade en faire de même, puis
remontersabraguetteavantdeserecoucher.—Viens, doc. Pose la tête surmon torse et serre-toi contremoi. Place tes
jambesentrelesmiennes,çatetiendrachaud.Elleobéitavecunsoupird’aise.Ilétaitchaudetmusclé.—Tunepourraispasm’appelerTrishaaprèstoutça?Ellesentit lecorpsdeSladesecouépar lerire. Ilpassaunbrasautourdesa
taille.—Non.Seulementquandjeseraientoi.—Crétin,dit-elleensecouantlatête.Cetteréponsenefitquerelancersonhilarité.Direquej’avaisdesibonnesintentions,segourmandaSladeenserrantTrisha
contrelui.Ellel’avaitcaresséetaprèscela,lasituationavaitdégénéré,maisilnepouvaitpasdirequ’ilregrettaitcequis’étaitpassé.Faceàelle,ilnesemaîtrisaitplus,àsagrandehonte.Illuiavaitsuffiqu’elleposelamainsursonventrepourquesonsexeprennevie.Lesangquibouillaitdanssatêteavaitaussitôtaffluébeaucoup plus bas. Il avait perdu la capacité de penser. Il l’avait prise pluscommeunanimalquecommeunhomme.Ilpassalalanguesursescanines,encorerichesdugoûtdesonsang.Saverge
durcissait à nouveau de désir et il tourna la tête pour plonger le nez dans lescheveuxdeTrisha.Sonparfuml’attiraitet lui faisaitunpeuperdre la tête.Unsentimentdepossessivitégrossitdanssapoitrine.Jamaisiln’avaitrienressentid’aussi effrayant. Il l’avaitmarquée de samorsure et avait joui si fort en ellequ’il avait dû lamarquer aussi de l’intérieur.Son éjaculation s’était prolongéependant de longues secondes, dans une sensation de plaisir si forte qu’il avaitfaillinepass’enrelever.Seulelapeurdefairemalàlajeunefemmel’enavaitempêché.C’étaitunefemmeintelligente,unmédecin,maisqu’avait-ilàluioffrir?Du
sexe?Sonmauvaiscaractère?Desmotsvulgairesetdesétreintesanimales?Sladefermalesyeux.Elleméritaitplusquecelaetiln’étaitcertainementpaslegenred’hommeaubrasduquelelleseraitfièredes’afficher.Putain.Tournerseptfoissalanguedanssaboucheavantdeparler,ledicton
dontl’applicationmeseraitlaplusutile.Unefoisencore,ilavaittoutfaitpourqu’elle le prenne pour le dernier des imbéciles. Il leméritait, d’ailleurs, vu lamanièredontilluiavaitdemandédelecaresser.Maiscelaavaitétéplusfortquelui. Le désir qu’il éprouvait pour elle était insoutenable, et maintenant qu’ill’avaitpossédée,ilnevoulaitplusqu’unechose:laprendreànouveau,encoreetencore.Trishadormait,commel’indiquaitsarespirationrégulière.Sanscela,ilaurait
ététentédelaretourner,deladéshabilleretdelasauterpendantdesheures.Ilmouraitd’enviedelavoirnuesouslui,d’avoiraccèsàchaquecentimètrecarrédesapeau,pourlalécheretlagoûter.Pourl’explorerjusqu’àcequesoncorpsn’aitplusdesecretspourlui.Touscesfantasmes lefaisaientsaliver. Ildéglutitavecdifficulté.L’odeurdu
désir deTrisha le rendait dingue.Lagoûter, l’entendre crier sonnomdedésirpendant qu’il la léchait jusqu’à l’orgasme, tout cela l’aurait fait monter auseptièmeciel.Son membre devenait douloureux. Il avait retrouvé sa rigidité de pierre,
commes’ilnevenaitpasdeseviderplusqu’entièrementenelle.Ellel’affectaitd’unemanièrequ’ilsemblaitincapabledecontrôler.Il se promit d’essayer de mieux se comporter. Mais avant cela, il devait
assurersasurvie.Laragel’envahitlorsqu’ilpensaauxhumainsquimenaçaientsa femelle.Ma femelle ? Bon sang, je suis vraiment mordu. Si seulement laréciproqueétaitvraie.
CHAPITRE6
—C’estl’heure,madouce.Trishaouvritlesyeux.IlfaisaitencorenuitetSladen’étaitpluscolléàelle.Il
luipritlamainpourl’aideràselever.Elleseredressaavecunpetitgrognement.Ellenesavaitpascombiendetempselleavaitdormi,maisunechoseétaitsûre:elleavaitencoresommeil.—Avancedetroisouquatremètresetfaistonaffaire,dit-ilenluilâchantla
main.—Quelleaffaire?—Tonpipidumatin.Dépêche-toi.Moi,c’estdéjàfait.—Jenevoisrien.—C’estpourçaquejet’aiorientéedansunedirectionoùtunerencontreras
aucun obstacle. Réveille-toi, doc. Il fera jour dans une heure et il faut qu’oncreusel’écartentreeuxetnous.J’aigrimpéàunarbrepourlessurveilleretj’aivuqu’ilsavaientlaisséleurfeus’éteindre,maisqu’ilfumaittoujours.Ilsnesontpasloin.Lalumièredujourleurfaciliteralatâche,c’estpourçaqu’ondoitpartirtoutdesuite.—OK,soupira-t-elle.J’imaginequ’onn’arienàmanger?—Non,désolé.Ellefitquelquespasetbaissasonpantalon,maisilluifallutuneminutepour
détendresesjambesengourdiesetparveniràs’accroupir.Ellen’étaitpasdutoutréveillée. Elle aurait tué père etmère pour un café glacé, oumême pour unesimpletranchedepain.Sonestomacprotestaàcettepensée.Ellen’avaitpresquerienavalédepuislepetitdéjeunerdelaveille.ElleserhabillaetrepartitendirectiondeSlade,maisauboutdequelquespas,
elleentenditunpetitriresursadroite.Ill’attrapaparlebras.—Parici,tutetrompesdedirection.Tun’espasdumatin,ondirait.—Eneffet.—Jepariequetueslegenredefillequitraînejusqu’àladernièreminutepour
selever.—Çateposeunproblème?DepuisquejesuisàHomeland,jen’aiplusde
gardescommeàl’hôpital.Jedorsbeaucoupplusetjepeuxtedirequejeneleregrettepas.Iléclataderire.—Cematin,parcontre,jet’aifaitsauterdulit.—Oui,maisjen’aipasvraimentlechoix.—Commetudis.Tutesensenétatdemarcher?—Jemesensmieux.Endolorie,maismieux.—Endolorieàcausedel’accidentouàcausedemoi?—Ne te flattepas, répliqua-t-elle en souriant.Tues impressionnant, certes,
maiscequetum’asfaitnem’empêcherapasdemarcher.—Tuesprête,madouce?—Oui,monsucred’orge.Elletournalatêtepourqu’ilnevoiepassonsourire.—Pardon?dit-il,presqueoutré.—Parcequej’aienviedetelécher,répondit-elled’unevoixinnocente.Ilgrognaetluipritlebras.—Tudisçaseulementparcequetusaisqu’ondoitpartir.—Tuenesbiensûr?—Enroute.—Jetesuis.Trishanevoyait rien.Slade la tenait fermementpar lebraset laprévenaità
chaqueobstacle.Malgrécela,elletrébuchaàplusieursreprises.Aprèsquelquesminutes,Slades’arrêta.— Je vais te porter jusqu’à ce qu’on voie clair. On va beaucoup trop
lentement.—Jesuisdésolée,s’excusa-t-ellesincèrement,carellesavaitquesanselle,il
seraitdéjàhorsdedanger.—Net’enfaispas.Tueshumaine,jesaisquetuasdeslimites,lataquina-t-il.Trishaluifitundoigtd’honneur.—Tulevoisbien,celui-là?—Jevaisprendreçacommeuneproposition,doc,maisonenreparleraplus
tard.Prendslesacetgrimpesurmondos.Il installa le sac en bandoulière sur son épaule, se baissa pour qu’elle
s’installe,puisrepartit.Enfin,lejourseleva.—Repose-moi,ditTrisha,quivoyaitdésormaisdevantelle.Il s’arrêta et obéit. Ils se trouvaient dans un ravin escarpé qui serpentait
jusqu’àpertedevue.Elletournalatêtedechaquecôté.—Çanousprometunebellegrimpette.— Je voulais attendre le jour,mais en effet, il faut qu’on remonte. Je veux
qu’onsortedelà.C’étaitparfaittantquejeteportais,maisilvautmieuxqu’onprennedelahauteur.—Aprèstoi,dit-elleenhochantlatête.—Non,lesdamesd’abord.Situtombes,jepourraiterattraper.C’était logique. Slade lui désigna l’itinéraire à emprunter. Trisha inspira
profondément, agrippaune racineapparenteet commençaàmonter.Le terrainétaittrèspierreuxparendroits,maislavégétationluifournissaitsuffisammentdeprises.Slade la suivaitdeprès.Elleglissaune fois,mais il luibloqua le talonpourenrayersachute.—Merci.—Avance,madouce.—Compris,monsucred’orge.—Arrêteavecça.—Toiaussi.Elle reporta son attention sur son escalade, passant outre ses mains
douloureuses,carelle savaitque leurvieétaiten jeu. Il faisaitdeplusenplusjour et l’air se réchauffait rapidement, au point qu’elle sentait déjà perlerquelquesgouttesdesueur.Lorsqu’ils atteignirent le sommet, Trisha poussa un gros soupir de
soulagement.Illuisemblaitqu’ilsavaientgrimpépendantdesheures.Soudain,elle sentit Slade la tirer violemment en arrière. Elle tomba à genoux et ils’accroupitàcôtéd’elle.—Ne te redressepas, ordonna-t-il avec agacement.Onest enhauteur, plus
facilesàrepérer,surtoutavectescheveuxblonds.—Désolée.JouerlesRambo,cen’estpasmontruc.—Maisc’estlemien,heureusementpournous.Repose-toicinqminutesetne
faisaucunbruit.Jevaisexplorerlesenvirons.—Faisdonc.(Àboutdeforces,elles’allongeasansmêmeregardersurquoi
ellesecouchait,puisrepliasonbrassoussatête.)Jenebougeraipas,promis.—Lesfemmes,ricana-t-il.—Leshommes.—Feignasse.—Crétin.—Ferme-la,doc.
— Tu ne pourrais pas me rapporter un café glacé, par hasard ? Avec unmuffin?Ouundonut,jenesuispasdifficile.Sladeluiadressaunsourirecarnassier.—Jevaisvoircequejepeuxfaire.Trishaleregardapartir,ledoscourbépouréviterd’êtrerepéré.Elleregardale
cieletvitque la journées’annonçaitétouffante.Auboutdequelquesminutes,elles’assitetobservalesalentours.Delàoùelleétait,elledominaitlepaysage.ElleserallongeaenespérantqueJusticeNorthavaitenvoyélaGardenationaleàleurrescousse.Elleavaitenvied’unedouche,devêtementspropresetd’unbonrepas.Elle bâilla et se dit qu’ellemanquait de sommeil. Depuis son internat, elle
excellait dans l’art de la microsieste. Elle avait appris à dormir dans lesconditions les plus extrêmes et espérait que son entraînement l’aiderait àsupporter la fatigue et le rythme infernal qu’ils devaient conserver pour éviterqueleurspoursuivantslesrattrapent.—Nefaispasunbruit.Trishas’éveillaensursautenrecevantuncoupdansleventre.Terrifiée,elle
regardal’hommeveluentreillisquisetenaitdevantelle.Lecanondesonfusilétaitenfoncédanssonestomacetenlevantlesyeux,elleneputs’empêcherderemarquer que son pantalon était déchiré et laissait voir un bout de caleçonrouge.—Oùestl’homme-bête?Trishaleregardadanslesyeuxetsoncœursemitàtambourinerdeterreur.Il
veutparlerdeSlade.De toute évidence, leshommesqui les traquaient étaientdesanti-Hybridesforcenés.Paralyséeparlapeur,ellecompritques’ilappuyaitsur la détente, elle mourrait dans d’atroces souffrances. Son seul espoir étaitqu’iltoucheuneartèremajeureetqu’ellesuccombeàunehémorragiemassive.Mais vu l’angle du canon sur sa peau, la balle ferait un tel carnage que sonagonieseraitrapide.—T’essourde,conasse?Oùestl’homme-bête?—Ilm’aabandonnée,mentit-elle.Jeleralentissaistrop.L’hommeregardafixementsesseins.—Çam’étonnemêmepas.Moi,aumoins,jet’auraisbaiséeavant.Lève-toi
sansgestebrusque.T’esledocteur,non?Éberluéequ’il connaisse son identité, elleparvint toutdemêmeàhocher la
tête.
—JesuisledocteurTrishaNorbit.—T’esvétérinaireouunvraitoubib?—Je…—Ons’enfout,l’interrompit-il.Lèvetoncul.C’esttonjourdechance.L’un
demesgarsestblessé.Généralement,ontuelestraîtresànotrepatrie,maisj’aibesoindetoi.Tantquetusaisréparerlesfracturesetrecoudrelesplaies,onsefoutdetaspécialité.Les traîtres à notre patrie ? Elle le regarda, bouche bée. Ce type était
visiblementunfanatique.Génial.Ilfitunpasenarrièrepourluipermettredeseredresser,cequ’ellefitlentementtoutenlevantlesmains.—Àparttesnichons,t’asdesarmes?—Mes…,balbutia-t-elleavantdelefusillerduregard.Non.L’hommeplaçasonfusildanslecreuxdesonbras,mais toujourspointésur
elle.—Soulèvetontee-shirt.Jeveuxvérifierquet’aspasdeflingueàlaceinture.Elle obéit et fit un tour sur elle-même pour lui prouver qu’elle n’était pas
armée,puisleregardaànouveaudanslesyeux.Elledutfaireungroseffortdevolontépourseretenirdescruter lesalentoursàlarecherchedeSlade.Ellenepouvaitqu’espérerqu’ilauraitrepérélenouveauvenuetqu’ilresteraitcaché.—Enroute.Bill?Tom?Vousêtestoujourslà?—Oui,ditunevoixsurlagauche.—OK,Sully,ajoutauneautresurladroite.Trisharegardaautourd’elle,maisnevitpersonne.LenomméSullyluisourit,
révélantunerangéededentsjaunâtresettordues.—J’aiquelques-unsdemesgarsavecmoi.Généralement,onsedéplacepar
groupes de quatre. Si l’homme-bête décide de venir à ton secours, ce sera ladernièreerreurde savie.Mais ilne reviendrapas techercher, àmoinsque sabitecommenceàledémanger.Trisharetintunegrimacededégoût.Pourelle,ceporcfaisaitpartiedelalie
del’humanité.IlméprisaitSladesimplementparcequ’ilétaitunHybride.Maismalgrésabêtisecrasse,c’étaitluiquiétaitduboncôtédufusil.—Avance.Soudain,Trishaeutune idée.Ellecommençaàmarcherenboitantbaseten
grimaçant.L’hommejuracommeuncharretier.—T’esblessée?Putain,c’estpasvrai!rugit-il.Trishaeutdumalàcontenirsonsourire.Cetimbécileluiavaitintimél’ordre
de ne pas faire de bruit,mais il venait de crier. Slade n’avait pumanquer de
l’entendre.Commetouteslespersonnesàunkilomètreàlaronde.Ellesemorditlalèvreets’arrêta.—Ilnefallaitpasprovoquerl’accidentdevoiture,alors.Sullysemblaitfurieux.—Tom?Amène-toi.LedénomméTomobéit.Avecsacarrurefrêleetsapeaurose,ilressemblaità
un adolescent prépubère. Il n’était pas plus grand queTrisha, qui nemesuraitpourtant qu’un mètre soixante. Il tenait un fusil entre les mains et un grandcouteauétaitattachéàsontreillis.Onauraitditungamindedouzeansdansundéguisementtropgrandpourlui.Seuleslespetitesridesauxcoinsdeseslèvrestrahissaientsonâgevéritable,danslesvingt-cinqans.—Oui?Ilparlaitd’unevoixgravequinecollaitpasavec sonphysique,commes’il
cherchait à mettre sa masculinité en avant. Ses yeux verts se tournèrent versTrisha,puissefixèrentsursesseins.Elle se retint de croiser lesbraspour cacher sapoitrine, depeurde se faire
tirer dessus. Tom se rinçait l’œil sans vergogne. Elle lui lança un regard noirqu’ilneremarquamêmepas.Pourcela,ilauraitfalluqu’ilsedésintéressedesesseins.—Patestloind’ici?—Unkilomètreetdemi.(Tomseléchaleslèvresetsefrottalacuisseavecla
paume.)C’estelle,lafanadeshommes-bêtes?Jepariequ’ellesel’esttapé.—Ferme-la,ordonnalechef.Regarde-la.Elleestcanon.C’estpasunboudin
incapabledesetrouverdesvraishommescommenous.Contacte-leparradioetdis-luiqu’onarrivelentement,parcequ’elleboite.TomlevaenfinlesyeuxdesseinsdeTrisha.—OK,Sully,répondit-ilavantdes’enfoncerdanslavégétation,visiblement
contrarié.—Enroute.Trishaavaitmémoriséleursprénoms.Sully,TometBill.Ellepouvaitd’oreset
déjà en identifier deux, à condition de vivre assez longtemps pour cela. Ellemouraitd’enviequ’ilssoientarrêtés.Toutenseconcentrantsurcetobjectif,ellerepartitenboitantetengrimaçantostensiblement.Sielleparvenaitàlesralentir,Sladeauraitplusdetempspourallerchercherdel’aideetameuterlesautorités.Ilss’engagèrentdans ladescente.Elle trébuchaàquelquesreprisessansque
Sullyfassequoiquecesoitpourl’aider.Trishasedoutaitqu’àmoinsqueSladeneluienvoiedel’aide,ellenevivraitqueletempsdesoignerleblessé.Unefois
qu’elleneleurseraitplusd’aucuneutilité, ils l’abattraient,commeils l’avaientfaitavecBart.Ilsarrivèrentbientôtàuneclairièreoùétaitdresséeunetenteàproximitéd’un
feu éteint. L’odeur de nourriture lui donna des gargouillis dans le ventre.Unecafetière trônait aumilieudes cendres entouréesd’uncercledepierres.Trishas’arrêta,tournalatêteetregardaSully.— Il est dans la tente, dit ce dernier.Bouge-toi le cul et va l’aider. Pat, on
t’amèneletoubib.Neluifaispassauterlacervelleavantqu’ellet’aitsoigné.Trisha prit la direction de la tente, mais faillit pousser un véritable cri de
douleurlorsqueSullylatiraparlescheveux.Elletrébuchaettombaàgenoux,leforçantàlalâcher.Aveugléeparleslarmes,ellesepritl’arrièredelatêteentrelesmains. Ilavaitdû luiarracherunebelle touffedecheveux.Hébétée,elle leregardaàtraversseslarmes.Sullypointaitsonarmeendirectiondelatente.—Pat?Réponds-moi.Trisha se tourna vers la tente silencieuse. La glissière était fermée jusqu’en
bas.Sullys’enapprochalentement,l’ouvritetreculad’unbond,l’armetoujourspointéeversl’intérieur.—Pat?Réponds.Rien.—Bill?Tom?Vousêteslà?rugit-il.—Oui!criaTomenémergeantdesboisàcinqousixmètresd’eux.Unautrehomme,laquarantainebedonnante,émergeadesarbresàl’autrebout
du camp. C’était forcément Bill, qui hocha la tête à l’attention de Sully. Cedernierluiréponditparlemêmesigne,puissetournaànouveauverslatente.Tom avança, rangea son pistolet dans son holster d’épaule et détacha le
couteau fixé à sa cuisse. Il s’agenouilla ensuite à côté de la tente, écarta lesvoletsetregardaàl’intérieur.—Ilestpluslà,constata-t-ilaveceffarement.—Tuluiaspasparléparradio?insistaSully.—Non, il ne répondait pas. Jeme suis dit qu’il dormait ou qu’il était allé
chieruncoup.Ilalebrasenvrac,maisçanel’empêchepasdemarcher.SullyseretournaetpointasonarmesurTrisha.—Quandest-cequel’animalt’aabandonnée?Lajeunefemmeavalasasalive.—Aumilieu de la nuit. Il était là quand jeme suis endormie,mais àmon
réveil,justeavantl’aube,iln’étaitpluslà.—Ilestdéjàloin,intervintBillavecunfortaccenttexan.Ilenaeumarrede
laporteretils’estbarré.Ilsbougentvite,Sully.Siçasetrouve,iladéjàquinzekilomètresd’avancesurnous.C’estuneautreéquipequilechopera.—Etmerde,réponditSullyenbaissantsonarme.Onsedéploieetonretrouve
Pat.Vouscroyezqu’ildélire?Ilavaitdelafièvrecematin.Billhochalatête.—C’estpossible.J’avaisbienditqu’ilfallaitpaslelaisserseul.Onestpartis
depuis l’aubeetsiçase trouve, ilestdéjà loin.Quandonl’auraretrouvé, l’und’entrenousresteraaveclafemmependantqu’ellelesoignera.—Onauraitdûl’emmeneravecnous,maugréaTom.Jevousavaisditqu’il
étaitendangerdemort.Siçasetrouve,ils’estcassélagueuleetils’esttué.—J’allaispasrisquerdeperdrelarécompensedecinquantemilledollarsjuste
parcequePatesttropconpourregarderoùilmetlespieds!explosaSully.BillhochalatêteetcontemplaTrisha,assiseparterre.—Jelasurveillependantquevousallezàsarecherche.Àmonavis, iladû
descendre, parce que c’est plus facile. Peut-être qu’il a paniqué et qu’il ademandéàuneautreéquipede l’emmenerà l’hôpital,oubien il s’estditqu’ilpouvaitretournersurlaroutepourarrêterunevoiture.—Faitchier!hurlaSully.Ondevraitl’oublier,liquidercettesalopeetrepartir
chassernotreanimal.Jeveuxcetterécompense!Trisha, impassible, cachait sa surprise. Quelqu’un offre cinquante mille
dollarspourlatêtedeSlade?Quiferaitunechosepareille?Etpourquoi?Elledéglutit,souhaitantqu’ilsoublientsonexistence.ElledétestaitencoreplusSullypourcequ’ilvenaitdedire.—N’oubliepasquePatestlefilsdeThomas,soupiraBill.Sionretrouvepas
cecrétin,Thomasnenousdonnerajamaislefric,mêmesionluiramèneundeces salopards. Il faut qu’on garde la fille en vie jusqu’à ce qu’elle puisse lesoigner. L’animal avance en se cachant dans les ravins et il va continuer tantqu’illepourra.Onlerattraperaenprenantlescrêtes.Regardeletempsqu’onadéjàgagnésurlui.— Mais cette salope le ralentissait, grogna Sully en poussant un nouveau
juron.OK,onvafairecommetudis.Bill,turetournesverslarouteaucasoùPatyseraitallé.Moi,jeparsàlapoursuitedel’animal.Avecunpeudechance,jelerattraperaienrestantsurleshauteurs.Tomresteralàaveclafille.Billsecoualatête.—T’asvucebranleur?Ilesthypnotiséparsesnichons.TrishatournalatêteversTom,qui,eneffet,dévoraitsesseinsduregard.—Moi,çamevatrèsbien,répondit-ilensouriant.
—Tuvois?insistaBill.Onlaveutvivante,têtedenœud.Jevaislasurveillerpendantquevousyallez.Tom,vaverslaroute.—D’accord,ditSullyenfusillantTomduregard.T’asintérêtàleretrouver.
Moi,jeprendslacrêteversl’ouestpourrattraperl’animal.—Maisj’aienviederesteravecelle!gémitTomd’unevoixaiguë.Sullyarmasonfusil.—Je rêveou tu refusesd’obéiràunordre? J’aihorreurdespleurnicheurs.
C’estpastonpèrequifinancel’opération,alorssitutefaisdescendre,personneenaurarienàfoutre.Lapeurs’inscrivitsurlevisagepoupindeTom,quisecouavigoureusementla
tête.—J’yvais.Les deux hommes prirent quelques vivres et partirent chacun dans une
directiondifférente.IlnerestaitplusqueBillpourlagarder.Ilsseregardèrentensilence,puisBillpoussaungrossoupir.—Tuasfaim?Soif?—Oui,s’ilvousplaît,réponditTrisha.Bill entra dans la tente et en ressortit presque aussitôt avec une boisson
gazeuseetunsandwichdansunsacplastique.—Attrape,dit-ilenluilançantcemaigrerepas.—Mercibeaucoup.—Ferme-la.Jen’aimepasdiscuteravecmesfuturesvictimes.Mangeettais-
toi.Trishaavaithorreurdubeurredecacahuète,maiselleétaittropaffaméepour
protesteretsejetasursapitance.Bill s’était assis à quelques mètres d’elle et la surveillait en silence. Elle
terminasonsandwichmaisnebutpassonsodaenentier.Ellevoulaitengarderunpeu,aucasoùBillrefuseraitdeluidonnerautrechose.
CHAPITRE7
—Bon Dieu, grogna Slade, caché dans les buissons en regardant les troishommes.Sonouïeluipermettaitdelesécouterbâtirleursplans.IlstenaientTrishaetil
avaitbeaucoupdemalàseretenirdeleurfoncerdessuspourtouslestuer.Il ne s’agissait pasdeshommesqui les avaientpercutés.Cela signifiait que
d’autreshumainsavaient rejoint lachasse. Ilneconnaissaitpas leurnombreetcela l’inquiétait. L’organisation du camp était un autre motif d’anxiété. Ilsl’avaient établi très vite, ce qui signifiait qu’ils étaient bienorganisés, et doncbeaucoupplusdangereuxqueprévu.—Ducalme,sedit-ilàvoixhaute.Ilsétaientplusnombreuxetmieuxarmésquelui.Lefusilqu’ilavaitrécupéré
neluiseraitd’aucunsecourss’ilsprenaientTrishaenotage.Ilsavaitdéjàqu’ilpréféreraitserendreplutôtquedeleslaisserabattrelajeunefemme.Ilauraitputenterdetouslestuer,maislasécuritédeTrishapassaitavanttout.
Il allait devoir faire appel à toute sa science et les éliminer un par un. Iln’attaqueraitlecampcompletqu’endernierrecours.S’ilsdécidaientdelatuer,ilétaitprêtàrisquerlamortmêmesitoutesleschancesétaientcontrelui.Ceseraitunsuicidepourtouslesdeux.Lasolutiondeladernièrechance.Leshommesétaientenpleinediscussion.Ilsétaiententraindemettreunplan
aupointpourpartiràlarecherchedeleurcamaradedisparuetpourletraquerlui.Si sescollègues le laissaientseulavecsa femelle, l’hommeau regard lubriquemourraitlepremier.Ils ne trouveraient pas leur ami. Un rictus apparut sur les lèvres de Slade
lorsqu’ils reconnurent que le jeune obsédé ne pourrait pas se retenir de s’enprendre à Trisha. Cela démontrait qu’ils n’étaient pas dénués d’intelligence.Lorsque les deux hommes quittèrent le camp, il se prépara à attaquermais sefigeaenvoyantlascènequisedéroulaitsoussesyeux.L’hommequigardaitTrishaluidonnaitàboireetàmanger.Ilnesemblaitpas
menaçant. Ils pensaient avoir besoin de ses connaissances médicales et toutcomptefait,elleseraitpeut-êtreplusensécuritélàqu’àsescôtés,pendantqu’il
élimineraitlesautres.Il ne savait que faire. Il renifla, sans repérer aucune autre odeur d’humains
dans les environs, mais cela ne voulait pas dire qu’ils n’étaient pas dans lesparages.Leventetlapoussièregênaientbeaucoupsonodorat.Il reporta les yeux sur Trisha, qui se nourrissait calmement. L’homme la
surveillait,maissansaucunelubricitédansleregard.Ilsemblaitassezintelligentpour comprendre qu’il ne gagnerait rien à lui faire dumal tant qu’ils auraientbesoind’elle.L’enfoiréquiluiavaittirélescheveux,parcontre,allaitregrettersongeste.C’était luiqueSladevoulait tuerenpremier,et leplusviteserait lemieux.Pourl’instant,elleparaissaitensécurité,etmêmesilesdeuxautreshumains
revenaient, le troisième lescontiendrait, car il avaitconsciencede lavaleurdeTrisha. Il leur faudrait plusieurs heures avant de se rendre compte qu’ilsn’avaientpasbesoindesescompétencesmédicales.Ilnepouvaitpaslacacherquelque part pour repartir en chasse desmâles qui seraient alors unemenacepourelle,carils’inquiéteraittropqu’ilslaretrouvent.Ilreportasonattentionsurlegarde.L’homme paraissait s’ennuyer et nemanifestait pas lamoindre intention de
bouger.Slade,toujoursaccroupi,reculaensilenceetcommençaàsuivrelatraceduplusâgédugroupe,celuiquiavaittirélescheveuxdeTrisha.Ilpaieraitpourcela.Trèscher.Le silence devenait insupportable. Les seuls bruits venaient des feuilles
frissonnantsouslabriseetdesoiseauxquichantaientauloin.Trisha,assiseenplein soleil, rêvait d’un coin d’ombre. Au bout de quelques minutes, elle setournaversBill,enproieàunproblèmepressant.—Ilfautquej’ailleauxtoilettes,s’ilvousplaît.Billclignadesyeux.—D’accord. De toute façon, tu es trop pâle pour rester en plein soleil, tu
risquesdetedéshydrater.J’étaisentraindemedirequej’allaistedéplacer.—Jepeuxmelever?Ilhochalatête.—Tuvois cet arbre, à côté de la tente ?Mets-toi derrière. Si tu essaies de
t’enfuir,jetebriserailesjambes,etcen’estpasunemenaceenl’air.Tun’aspasbesoind’ellespoursoignerPat.Unefoisquetuaurasfinitonaffaire,installe-toicontreletronc,àl’ombre.C’estclair?—Toutàfait.Merci.
Trishaserelevadifficilement,toujoursendolorieparl’accident.L’arbrenelacachait pas vraiment et l’une des branches basses était très gênante,mais ellen’avaitpaslechoix.Sansperdredetemps,ellefitcequ’elleavaitàfaire,maislorsqu’ellerevintdel’autrecôtédel’arbre,Billsetrouvaitsursonchemin.Elle ne l’avait pas entendu arriver. C’était un homme d’environ un mètre
soixante-quinze, puissamment bâti. Les rides de son visage et sa peau hâléetémoignaientd’uneviepasséeenpleinair.—Jesuisfatigué,déclara-t-il.Jen’aipasbeaucoupdormicettenuit.Voilàce
qu’onvafaire.Mets-toidosautronc.Trisha le regarda, effrayée.Qu’est-cequ’il vame faire ?Quelque chose lui
disaitqueceneseraitpasagréable.—Jevais t’attacherà l’arbrepourprendreunpeuderepos, riendeplus.Je
dormiraiàunoudeuxmètresdetoi,doncj’entendrailemoindredetesbruits.Tuviensdemanger,deboireetdepisser.Tuserasàl’ombreetilnefaitpasfroid,donctun’aurasaucuneraisondeteplaindre.Reculeavantquejet’yoblige.Ellen’avaitpaslechoix.Billétaitbienplusfortqu’elle.Ilnedevaitpasfaire
bonse retrouver faceà luidansunebagarre. Iln’étaitpas trèsgrand,maisonvoyaitàsonairteigneuxqu’iln’hésiteraitpasunesecondeàtrancherlagorgedesonadversaire.Trishahocha la têteet recula lentement jusqu’au tronc, sans lelâcherdesyeux.—Lèvelesbrasetattrapelesbranches.—Jenepeuxpasm’asseoir?—Jet’aiditd’attraperlesbranches,répéta-t-ildoucement.Cen’étaitpasune
suggestion.C’estladernièrefoisquejeledis.Soittuobéis,soitjeseraiforcédetedresser,etlaleçonneserapasagréable.C’estclair?Ellefitcequ’ildemandait.Billy tiradesapochearrièreunbandana,qui lui
servait probablement à essuyer sa sueur. Il s’approcha ensuite d’elle et luiattachaunpoignetàunebranche.Ildégageaituneforteodeurdetranspiration,mêléeàdel’alcooletauxrelents
detabacàchiquer.Elleretintdesonmieuxsarespirationtandisqu’ilentravaitsonautrepoignetavecunboutdetissurêche.Enfin, ilreculaet lapuanteursedissipa.Billlaregarda,hochalatêteetentradanslatente.Trishalevalesyeux.Elle
était immobilisée par deux bandanas de couleurs différentes, noués à desbranches fines. Elle essaya de bouger,mais presque sans effet. Jamais elle neparviendrait à se détacher. Les branches étaient trop solides et les nœuds tropserrés.
Billressortitdelatenteavecunsacdecouchageetunoreiller.Il lui jetauncoupd’œil,puisposasesaffairesàunbonmètred’elle.Audépart,elleavaiteuuneassezbonneopiniondelui,grâceaurepasqu’illuiavaitoffert,maisdepuisqu’ill’avaitàmoitiésuspendueàcetarbre,ilétaitdescenduenflèchedanssonestime.Danscetteposition,sesjambesallaients’épuiserrapidement.Il s’allongea face à elle et posa son fusil sur son torse. Lorsqu’il croisa les
jambes, elle aperçutun couteaude chasse enfoncédans sabotte. Il enfonça latêtedansl’oreilleretfermalesyeux.Trisha bougea pour soulager ses bras et ses jambes. Elle avait l’impression
qu’ilsallaientsedétacherdesoncorps.Ellesemitsurlapointedespiedspoursoulagersesbrasetsesépaules,maistrèsvite,sesorteilsfatiguèrentetelledutredescendre.Elleremuaitrégulièrementlecoupouréviterlescrampes.Elletentade s’endormir,mais chaque fois qu’elle sombrait, ses jambes lâchaient et toutsonpoids se transférait sur sesépaules,provoquantunedouleur insupportable.Lesminutess’écoulèrentainsi,interminables.Soudain,quelquechosebougeadanslesbuissons.Billyseréveillaensursaut
etpointasonarmeendirectiondubruit.Trishaleregardait,hébétée.Unoiseaus’envoladusous-bois.Billysoupira,seremitsurledosetlafusilladuregard.—J’ailesommeiltrèsléger.Arrêtedesoupirer,çacommenceàmelasser,dit-
ilenseréinstallantetenfermantlesyeux.Ilnedortpasvraiment,c’estpaspossible,seditTrisha.Pourtant,sapoitrine
se soulevait et retombait lentement. L’oiseau avait fait un bruit presqueimperceptible, mais Billy avait sursauté comme s’il avait entendu une charged’éléphants.Ilavaitmêmepointésonarmedanslabonnedirection.S’ilfaisaitsemblant de dormir, alors il entendait tous les bruits qu’elle faisait, ce quiannihilaittoutespoird’évasion.ElleauraitpréféréquecesoitTomquilagarde.Unperversfascinéparsesseinsvalaitmieuxquecettesituationinconfortable.Ce fut la douleur qui l’éveilla. Elle poussa un grognement et s’affaissa, les
larmes aux yeux. Tout son poids reposait sur ses poignets. Aussitôt, elle seredressasurlapointedespiedspourdiminuerlatensionsursesavant-bras.Elleregarda le ciel.Elle avait passé une grande partie de la journée attachée à cetarbre.Lesoleilétaitentraindesecoucher.EllesetournaensuiteversBilly,quilaregardaitfixement,lesyeuxfixéssursonventre.—Vousêtesréveillé,dit-elle.Est-cequejepeuxm’asseoir,s’ilvousplaît?Il se redressa et l’observa en fronçant les sourcils, puis posa son fusil et se
levaavantdes’éloignerdelatente.Quelsalopard,sedit-elle.Ilsaitforcément
quecettepositionmefaitmal.Deplus,elleavaitànouveautrèsenviedefairepipi.Ilrevint,untalkie-walkieàlamain.—IciBill,appela-t-il.Base?—Salut,Bill,réponditunevoix.Vousenêtesoù?—Onne les a pas encore trouvés, réponditBill en posant un doigt sur ses
lèvrespourintimerlesilenceàTrisha.Onestdanslesecteurvingt-deux.Est-cequequelqu’unaeuplusdechancequenous?—Pasencore,ditlavoixaumilieudesgrésillements.Vousêtessuperloin.—Yapersonneprèsdenous?—Non,vousêtesseuls.Pourquoiest-cequeTomneditrien?—Il estparti chier.C’estunvrai amateur.On te rappelledemain.Terminé,
conclut-ilenéteignantsonappareil,qu’il jetaensuitesursonoreiller. Ilsn’onttoujourspastrouvétoncopainanimal.Jevoulaisêtresûrqu’onétaitbienseulsdanslecoin,cequiestlecas.Trishaavalasasaliveetsentitsonventresenouer.Cesmotsetlamanièredont
illaregardaitlamettaientmalàl’aise.Sesyeuxlubriquesremontèrentlentementjusqu’àsonvisage.—T’esplutôtcanon.T’esunedecessalopesquimilitentpourlesdroitsdes
animaux,hein?T’aimeslesanimaux,fillette?(Toutenparlant,ilcommençaàdétachersaceinture.)JevoulaispasqueTomresteavectoi.C’estqu’ungaminetilsaitpasquoifaireavecunefemme.—MonDieu,gémitTrishaen le regardant faire.Jenesaispascequevous
avezentête,maisparpitié,nelefaitespas.—Ferme-lasituveuxpasrecevoiruncoupdeceinture.J’aihorreurdescris,
compris?QuandTomnousauraramenécedébiledePat,tun’auraspasbesoindetalanguepourlesoigner.Maisilesttellementconqu’ilsnevontpasreveniravantplusieursheures. Ilarriveraitmêmepasà trouversoncul toutseul.Si tucries,jetecoupelalangue.Billlâchasaceintureetsortitsoncouteaudechasse,longettranchant,desa
botte droite, avant de passer le doigt sur son fil. L’un des côtés de la lame,longue d’une bonne vingtaine de centimètres, était cranté. Trisha le regarda,horrifiée,etBillyluiadressaunsourirefroid.—Disquet’esunesalopedébilequidéfendlesdroitsdesanimaux.Dis-le.Trisha tremblait de peur.Elle ouvrit la bouche,mais pas un sonn’en sortit.
Prise de panique, elle tira sur ses poignets,mais les bandanas résistèrent. Ellevoulutensuitereculermaissecognaautronc.—Disquet’esunesalopedébilequiaimelesanimaux,répéta-t-ildoucement.
Toutdesuite.—Jesuisunesalopedébilequiaimelesanimaux,murmura-t-elle.—Trèsbien,lafélicita-t-ilavecunsourire.Ilfitunpasdeplusverselle,refermalesdoigtssurlemanchedesoncouteau,
puissaisitl’avantdupantalondeTrisha.—Enlèveteschaussures.—J’aibesoindemesmainspourça,mentit-elled’unevoixtremblante.—Débrouille-toi, sinon… (Il posa la pointe du couteau contre son sein et
l’enfonçadanslachair, justesoussonmamelon.)Jesuissûrquela lameferaitbiensixouseptcentimètresavantderencontrerunos.—OhmonDieu,balbutia-t-elle,totalementpaniquée.D’accord.Elleobéitetôtatantbienquemalseschaussuresavecsespieds.—InutiledefaireappelàDieu,iln’estpaslà,fillette.Soudain, Billy leva la lame et la pointa devant son visage. Trisha vit le
mouvementetpoussaunhurlementavantdejeterlatêtesurlecôté,s’attendantàsentirlamorsuredelalamesursajoue.Maisladouleurnevintpas.Aulieudecela,iléclataderire.Elletournalatêteetvitlecouteaufichédansletronc.Sonoreillefrôlalemétalfroid.Avec brutalité, il déboutonna son pantalon et le lui descendit jusqu’aux
chevilles,puisenfitdemêmeavecsaculotte,etladébarrassadutoutd’ungestesec.Cefaisant,illuifauchalesjambesetTrishapoussaunnouveauhurlementdedouleur,lespoignetsetlesépaulesdéchirésparsonproprepoids.Illaregardatandisqu’elletentaitdeseredresserpoursoulagersesbras.Elle
savaitdésormaisqu’ilcomptaitlavioler.Elletournalatêteetsemitàprier,maisillasaisitparlescheveux.—Regarde-moi,espècedesalope.Trishagémitdedouleur.Billylaforçaàleregarder,puisluiadressalesourire
leplusfroidqu’elleavaitjamaisvu.—Quandlesgarsreviendront,ilneseserarienpassé.Situleurenparles,je
te tueraidemespropresmains, et jepeux tedireque tu le sentiraspasser.Tum’as compris ? J’ai pas envie qu’un de ces crétins aille tout raconter à mafemmeunsoirdebeuverie.Si tunefaispastoutcequejetedemande, je leurraconterai que t’as essayé de t’enfuir. Tu seras encore vivante quand je tedécouperai.Tuentendscequejetedis,salope?Situveuxvoirl’aubeselever,faiscequejetedis.Situracontesquoiquecesoitauxgars,tumesupplierasdet’acheveravantquej’enaiefiniavectoi.(Illuifitunclind’œil.)D’ailleurs,situleur en parles, tu leur donneras peut-être des idées à eux aussi. (Il la lâcha et
éclataderire.)D’unautrecôté,s’ilstebaisent,ilsnepourrontriendirenonplus.Onpourraitsefairenotrepetitefêterienqu’ànous.—Parpitié,nefaitespasça.J’aidel’argent.Jepeuxvouspayercequevous
voulez,maisjevousenprie…IlluidécochaunegifleviolenteetTrishagémit.Unenouvellefois,sesjambes
sedérobèrentsouselle,maiselleparvintàresterconsciente.Touttournaitdevantses yeux et le goût métallique du sang lui avait envahi la bouche. Elle seredressa.Sans perdre de temps, Billy souleva son tee-shirt et le coinça derrière sa
nuque.Ilnepouvaitl’ôter,àmoinsdeluilibérerlesmainsoudecouperletissu.Trisha essaya une nouvelle fois de se libérer,mais les nœuds étaient toujoursaussi serrés.Dans sonagitation, son tee-shirt revintvers l’avant,maisBilly lereplaçaderrièresatêteavecunjuron,puisarrachasonsoutien-gorge.—T’espluscanonquemafemme,mêmeavantqu’ellemepondesixgosses,
déclara-t-ilenlaprenantsansménagementparlataille.Jesuissûrquet’essuperétroite.T’aspasdevergetures.T’aspaseudegosses,çasevoitàtesnichons.Trisha,quicommençaitàseremettredelagifle,luicrachasonsangauvisage.
Puisqu’illavioleraitdetoutefaçon,ellen’avaitrienàperdre.—Vatefairefoutre,enfoiré.BillylasaisitàlagorgeetTrisha,horrifiée,neputqueleregarderluiserrerle
cou.Levisagelivide,ilserapprochad’ellejusqu’àcollersonnezcontrelesien.—Tut’estimestropbienpourmoi,salope?Tucroisquetupeuxm’insulter?
Jepariequeturegrettesdenepasavoirtenutalangue.(Ilinspiraplusieursfoisàpleinspoumons.)Tuveuxdel’air?Ceseraitagréable,hein?Tudevienstoutebleue.Il la relâcha et Trisha recommença à respirer. Lentement, Billy déboutonna
sonproprepantalon.Il lefitglisser jusqu’àseschevilles,suividesoncaleçon,puissaisitsonsexerigidedanssamainetcommençaàsemasturber,pourleplusgranddégoûtdeTrisha.— Tu vois ce qui t’attend ? Je vais te prendre par tous les trous. Tous, tu
entends ?Tu crois que tupourras encorem’insulter quand je t’aurai fourré çadanslabouche,salope?— Autant mourir ! Tue-moi ! hurla-t-elle. T’es qu’un pauvre loser. Un
minablepetitvioleur.(Elleespéraitlefairesortirdesesgondspourqu’illatue.Toutplutôtquedesubirl’ignominiequil’attendait.)Ettonoutilestpathétique,aufait.Jesuismédecinetj’enaivudestonnes,leprovoqua-t-elle.Pathétique!Ildevinttoutrougeetluisautadessusenhurlantderage.Trishasecrispaet
s’adossacontrel’arbreententantdeprojetersespiedsverslui,malgréladouleurquiluivrillalesépaules.Elleavaitvisésonentrejambemaisn’avaitréussiqu’àluitoucherlehautdescuisses.Billy, foude rage, reculadequelquespaset faillit seprendre lespiedsdans
sonpantalon.—Espècede salope ! éructa-t-il.Tuveux jouer les dures ?Tu crois que tu
peuxmefaireçasansquejetelefassepayer?Jevaistefairesimalquetumesupplierasdetetuer!Illuifonçaànouveaudessus,levantunpoingqu’ellesavaitnepouvoiréviter.
Sadernièrepensée futqu’avecunpeudechance, le coup serait si fortqu’elleperdraitconnaissanceetqu’elleneserendraitcomptederienpendantleviol.Sijesurvis.Cequiétaitdouteux.Maisellen’avaitaucuneenvied’êtreconscientelorsqu’illuiferaitdumal.
CHAPITRE8
Lecoupnetombajamais.UneformemassivepercutaBillyalorsqu’iln’étaitplusqu’àquelquescentimètresd’elle.ElletournaaussitôtlatêteetvitSladeauxprisesavecl’hommeàmoitiénu.Ilsroulèrentsurlesolpuisserelevèrentd’unbond.—Slade,sanglota-t-elle.—J’suisunpeuoccupé,doc,répondit-ilsanslaregarder.Tun’asrien?Ilt’a
violée?Cen’étaitpasunequestionmaisungrognementenragé.—Ilallaitlefaire.Trishapleuraitàchaudeslarmes.Sladeétaitvenuàsonsecours.—Putaind’animal,éructaBilltoutenremontantsoncaleçonetsonpantalon.—Tuosesmetraiterd’animal?C’estgonflédelapartd’unvioleurdégénéré.
Pourquoipastrouduculincestueux,puisqu’ondiraitquetutirestesinsultesdetapropreexpérience?Billtiraunpetitcouteaudesabottegaucheetl’agitadevantlui.—T’es venu chercher la fillette ? Pourquoi,Médor ? T’as envie qu’elle te
remetteenlaisse?—Fillette?T’esvraimentuntordu,toi.—Jevaisdécorermacheminéeavectatête,leprovoquaBill.Allez,Médor,
approche.Jevaisteplanterçadanslebideetteforceràmeregarderlabaiser,pourquetuvoiescommentonfaitçachezleshumains.Sladeéclataderire.— Parce que t’es humain, peut-être ? Et pour ton information, ce que tu
comptes lui faire, c’est pas la baiser. C’est la violer. La seule personne qui abesoind’uneleçon,c’esttoi.Etc’estpaspourtevexer,maisledocaraison.Ladernièrefoisquej’aivuuntrucaussipetit,c’étaitàhuitans,quandjeregardaisdans mon slip. T’es vraiment minable. Je comprends mieux pourquoi tu doisattacher les femmes à un arbre pour arriver à tes fins avec elles. Sinon, elleséclateraientderireentevoyantsortirtonjouetminuscule.T’aseuunproblèmedecroissance?Pasmoi en tout cas.Mabite estplusgrossequeça,mêmeau
reposetdansdel’eaufroide.—Aumoins, jepeuxavoirdesgosses,moi !hurlaBill.Toi et tes copains,
vousêtestousstériles.Çanousfaitbienmarrer,d’ailleurs.Onn’aqu’àattendretranquillementquevotreraces’éteigned’elle-même.—Tucroisça?répliquaSladeenfronçantlessourcils.Onpeutpeut-êtrepas
faired’enfants,maisaumoins,onsaitcomments’occuperd’unefemme.Ilfaisaitdesonmieuxpourcontenirlaragequibrûlaitenlui.L’humainavait
touché Trisha, il l’avait déshabillée, et l’odeur du sang de la jeune femmealourdissaitl’air.Ilrefusaitdelaregarder,carilsavaitqu’ildeviendraitfous’ilvoyaitlamoindreblessuresurelle.Ildevaitgarderlatêtefroide.Ilvoulaitquecetenfoirésouffre.S’ilnesecalmaitpas,illemettraitenlambeauxetletueraittropvite.Billagitaànouveausoncouteau.—Onespèrequevousnevivezpaspluslongtempsquedeschiens.C’estce
quetues,hein?T’aspasdesyeuxdechatcommeceluiquiestpassésurtoutesleschaînesd’info.—Ouais,grognaSladeenlaissantvoirsesdentspointues,jesuiscanin.Etje
vousenterreraitous.—Non,aucund’entrevousnevivratrèslongtemps.(Billrecula,changeason
couteaudemainetfitungestedudoigtpourinciterSladeàs’approcherdelui.)On va vous traquer jusqu’au dernier, comme des bêtes. Si vous pouviez vousreproduire,onvousanéantiraitàcoupsdebombes.(IltournafurtivementlatêteversTrishaetunsouriremalsainsedessinasurseslèvres.)Tucroisqu’elleveutdetoi?Tucroisqu’unehumaineaenviedecoucheravecuntypestérilequilaprendraitcommeunebête?— Moi, au moins, j’ai l’équipement nécessaire pour la satisfaire, grogna
Slade.T’as peut-être la capacité de faire des enfants,mais tout ce que tu leurtransmets,c’esttaconnerieettabitemicroscopique.—Jevaistesaignerettumeregarderaslabaiser,pourquetuvoiescomment
une femme réagit avecunhommedignedecenom. Jevais lui fairedes trucsdonttunepeuxquerêver.Slade contenait sa fureur. L’envie de le faire souffrir diminuait rapidement.
Une simple mise à mort suffirait. Il lui montra à nouveau les dents pour leprovoqueretobtenirl’avantagedontilavaitbesoin.—Elleestdéjààmoi.Ellesaitcequeçafaitdebaiseravecunvraimâleet
elle en avait envie, répondit-il avec un sourire froid. Je n’ai pas été obligé del’attacher,etellenem’apasditquej’étaispathétique.Elleestàmoi.
Billpoussaunhurlementderageetluibonditdessus,lecouteaudressé.Sladeévitalalameacéréeetprojetalebrasenavant.Trishaentenditunbruitsec.Billlâchasonarmeetgémitdedouleur.Sladeluiavaitcassélebras.Avecunsourirecarnassier,illesaisitparsontee-
shirtetluiécrasasonpoingsurlenez.Billhurladedouleur,levisageensang.—Ça,c’estpouravoirfrappémafemelle,grognaSlade.Jepeuxtedirequetu
vassouffriravantquej’enaiefiniavectoi.Tun’auraisjamaisdûlatoucher.Tuvaspayertoutcequetuluiasfait.Etensuite,tumourras.—Non!soufflaBill,lesyeuxécarquillésdeterreur.Trisha,horrifiée,regardalecourtassaut.ElleavaitpeurqueSladesoitblessé
danslabagarre,maisauboutdequelquessecondes,ellecompritqu’ilétaitplusfortetplusrapidequesonadversaireetqu’ilavaitlecontrôleducombat.Sanslâchersontee-shirt,SladecassalegenoudeBilldansuncraquementsec.
Lespectacleétaitatroce:desostranspercèrentlapeauetlesangsemitàgicler.Slade lepoussaet il s’écroulapar terreensanglotant.Trisharestabouchebée.Slade s’agenouilla et regarda l’humainblessépendant une longueminute sansriendire.—Ladouleuretlaterreurqueturessensencemoment,c’estcequetuasfait
subiràmafemelle.Tuallaisluifairemaletlavioler,puistul’auraistuée.Jesuispeut-êtreunanimal,maisj’aiplusdepitiéquetoi.Jepourraistelaisseragoniserlentement.Il se releva et lui tourna le dos pour ramasser le couteau, qu’il soupesa un
instant.—Bill?Vatefairefoutre,reprit-il.Tun’auraisjamaisdûtouchercequiestà
moi.Enunmouvementfluide,Sladeseretournaetlançalecouteau,quiseplanta
danslapoitrinedublessé.Lesyeuxécarquillésparlapeur,cedernierregardasaproprearmefigéedanssoncorps,puisretombaenarrièrepourneplusbouger.Trisha,hébétée,étaitcertainequ’ilétaitmort,carilnegémissaitplus.Ellene
pouvait s’empêcher d’admirer la précision du lancer. Slade s’approcha d’elle.Ellearrachasonregardducadavreetlefixadroitdanslesyeux.—Nemeregardepascommeça,demanda-t-ildoucement.Il s’arrêta devant elle et libéra son poignet gauche. Elle ne put retenir un
gémissementdedouleurensentantlesangrevenirdanssonbrasetsonépaule.Ildétachasonautremainetlasouleva.—Tutrembles.Toutvabien,doc,tun’asplusrienàcraindre.Jesuislà,c’est
toutcequicompte.Il marcha jusqu’au sac de couchage et s’assit dessus en l’installant sur ses
genoux. Il regarda sa bouche, dégagea l’un de ses bras et lui caressa la lèvre.Aussitôt,ellegrimaçadedouleuretilfronçalessourcils.—BonDieu,ilt’afrappéesifortquetuaslalèvrefendue.Ouvrelabouche,
doc.Jeveuxvérifierquetun’asriendegrave.Elleobéitetilluitouchalesdents.Leregardsombre,ilpassaensuiteledoigt
surlagrossemarquequiluiornaitlajoue.— Toutes tes dents sont là, mais tu vas avoir un sacré hématome. Deux
centimètresplushautettuauraiseuunbelœilaubeurrenoir.Trisha,calmée,retrouvaitpeuàpeulafacultédepenser.—Ilfautqu’onparte.Iln’étaitpasseul,sescopainsvontrevenir.—Non,dit-ilensecouantlatête.—Si,jet’assure!Lepremierestblesséetlesdeuxautressontpartisàvotre
recherche.Ilsrisquentdedébarquerd’unmomentà l’autre.Ondoitpartirvite.Ilssontarmés,Slade.Ils…—…sonttousmorts,l’interrompit-ilenprenantsonvisageentrelesmains.
Je lesai tués. Ilsétaient troiset ils tesont tombésdessusavantque j’aieeu letempsderevenir.Jelesaientendusdirequ’ilsteramenaientàleurcamp.Tuasbien joué le coup, doc. Tu les as ralentis et ça m’a donné le temps d’arriverjusqu’ici.Leblesséétaitseuldanslatente.Jel’aituéetj’aiemmenésoncorpspourqu’ilsneletrouventpas.—Mais…Sladeposaundoigtsurseslèvresetellerefermalabouche.— Je savais que tant qu’ils penseraient qu’ils avaient besoin de toi pour le
soigner, ilsneteferaientaucunmal.J’aicachésoncorpspourleurfairecroirequ’ils’étaitperduenallantpisser.Ensuite,j’aisuivileplusjeuneetjel’aitué.L’autrem’adonnéunpeuplusdemal,parcequ’ilétaitplusmalin.Quandjesuisrevenu,jet’aientenduecrier.— Ils sont vraiment morts ? demanda-t-elle, choquée d’apprendre qu’il les
avaitéliminés.—Oui. Les hommes avec qui ils étaient ont tuéBart et nous auraient tués
nous aussi.Crois-moi. Ils ont essayé dem’abattre dès qu’ilsm’ont aperçu. Sij’avaissuquetucouraislemoindredanger,jamaisjenet’auraislaisséeseule.Jesuisdésolé.Jetejurequejepensaisquetunerisquaisrien.Quandjesuisparti,ilvenaitdetedonneràmanger.Ellevoyaitlasincéritédanssesyeux.
—Moinonplus,jenepensaispasqu’ilm’attaquerait.Sladeluipritlevisageentrelesmains.—Jesuisvraimentdésolé,madouce.Tumepardonnes?Trishahochalatête,toujoursabasourdiequ’ilaittuétousceshommespourla
sauver.Illuipritlespoignetsetgrimaça.—Tuasbeaucoupdebleus.Est-cequetuasmalailleurs?demanda-t-ilenla
regardantdanslesyeux.Dis-lemoi.Est-cequ’ilt’afaitd’autreschoses?—Non.— Dis-le moi, Trisha. Est-ce qu’il t’a agressée sexuellement avant que
j’arrive?—Non,répondit-elle,lesyeuxnoyésdelarmes.Tuesarrivéjusteàtemps.— Pourquoi est-ce que tu pleures, alors ? demanda-t-il en lui essuyant les
jouesaveclepoucecommes’iln’avaitjamaisvudelarmes.Trisha éclata de rire, partagée entre l’hystérie et l’hilarité causée par son
expressioncomique.—Tunepleuresjamais,hein?dit-elleenreniflant.J’étaisterrifiée.Jepleure
enrepensantàcequ’ilallaitmefaire.—Non.Jenepleurepas.Cetaveun’avaitriendesurprenant.—Moi,si.Etmerde,jesuistoutenue.Tuasvudansquelétatjesuis?J’avais
oubliéquejeneportaisplusrien.Elle enfila le tee-shirt coincé derrière sa nuque et le descendit jusqu’à ses
genoux,puischerchalerestedesesvêtementsdesyeux.—Ilfautquejem’habille,luidit-elle.—Nebougepas.Tu trembles toujours.Toutvabien,doc. Ilssontmorts, tu
n’as plus rien à craindre. Il n’y a personne à des kilomètres à la ronde, j’aivérifié.Rassurée, elle sedétendit contre lui.Lorsqu’il laprit dans sesbras, elledut
lutter pour ne pas éclater en sanglots. Sans lui, elle aurait connu l’enfer et saprésenceétaitunréconfort.—Aufait,nefaisplusjamaisça,soupira-t-il.—Quoidonc?demandaTrisha,étonnéedelevoirsoudainaussitendu.—Provoquer unmâle pour qu’il te frappe, répondit-il, l’air navré. Et si je
n’avaispasétélà?Jen’auraispaspul’empêcherdetetuer.Jen’auraisretrouvéquetoncadavre,doc.Laprochainefois,faistoutpourresterenvie.Tantqueturespires,tugardesunechancedesurvivre.
— Il allait me faire des choses atroces. Je préférais mourir plutôt que desupporterça.Sladepoussaungrognementdecolère.—Non.Tut’accrochesàlavietantqu’ilteresteunpetitespoir,unpointc’est
tout.Oui,ilt’auraitfaithorriblementsouffrir,maistun’aspasledroitdebaisserlesbrascommeça.—Tunecomprendspas.Cen’estpastoiquecepourriavaitattachéàunarbre
entepromettantdeteviolerdetouteslesmanièrespossibles.Sladeétaitouvertement furieux. Il lasaisitpar lesbraset la fitpivoterpour
qu’elleleregarde.—J’aiconnumon lotd’horreurs,doc.Tun’aspas idéedessouffrancesque
j’ai dû endurer au cours demon existence. J’ai vumes amismourir sousmesyeux.Ilsétaienttoutcequej’avais.J’aisubideschosesquiauraientrendufousla plupart des gens,mais je suis toujours là. Jeme suis battu. J’ai rongémonfreinenespérantdesjoursmeilleurs.Etaujourd’hui,jesuislibre.Ladouleur,lechagrin, l’humiliation, tout ça est derrière moi. Je suis là, avec toi sur mesgenoux,etjesuisheureux,doc.Tucomprends?Tusurvispartouslesmoyenspossibles,maistunebaissesjamaislesbras.Nedisplusjamaisàpersonnedetetuer,d’accord?répéta-t-il,adouci.Jenepourraipassauveruncadavre.Trisha hocha la tête, apaisée elle aussi. Il avait souffert à un point qu’elle
n’imaginaitmêmepas.Ilavaitservidecobayeàuneentreprisepharmaceutiquependantdelonguesannées.Ilavaitvusesamislesplusprochesmourirsouslatorture.L’enfer qu’elle venait devivre faisait pâle figure à côté du cauchemarqu’avaitdûêtresavie.—C’estpromis.Sladesedétendit.—Bien.Onvamanger leur nourriture, récupérer leurs affaires et déguerpir
avantqueleurscopainsdébarquent.Jesuissûrquelessecoursnesontpasloin.— Mais ces hommes sont organisés en groupes de chasse lancés à tes
trousses,Slade.Ilsparlaientd’unerécompensedecinquantemilledollars.Ilpoussaunjuron.—Mortouvif?—Jen’ensaisrien,maisjecroisqueçan’avaitpasbeaucoupd’importance.
Ils ont juste évoqué la somme. Ils ont aussi dit qu’un certain Thomas ne lespaierait pas s’il arrivait quelque chose à son fils.C’est l’hommeque tu as tuédanslatente.(Ellesourit.)JepariequeThomasnevapasêtrecontentquandildécouvriralamortdesonrejeton.
—Tant pis pour lui, répondit Slade en haussant les épaules. Il est mort etj’espèrequ’aucund’entreeuxnetoucheralarécompense.Autrechose?—Bill,celuiquetuviensdetuer,communiquaitaveclecampdebaseavec
untalkie-walkie.Touslesgroupesdoiventenêtreéquipés.Ilssontplusieursàtechercher,mais j’imaginequ’ils sont assez loin.Billdevait les rappelerdemainmatin.—Ilneleferapas,commentaSladeavecunsourire.—Ilssavaientquej’étaismédecin.—Tesaffairessontrestéesdans lavoiture. Ilsontdûdevinerqui tuétaiset
faire passer l’information. Je suis sûr que les secours sont en train de nouschercher. Justice a dû faire passer nos photos dans la presse pour aider lesrecherches.—Oh,désolée,jepensaisquec’étaitimportant.— Ça aurait pu, mais en tout cas, tu as bien fait de repérer ce détail, la
consola-t-ilavecunclind’œil.Tun’aspasfaim?Moi,jesuisaffamé.Trishahochalatête.—Maisavantdemanger,jedoisfairepipi.—Vas-y.Pendantcetemps,jevaistetrouverdesvêtementspropres.Ilsontde
l’eau,j’aperçoisdesbouteilles.Prends-enunepourtelaver.Moi,jem’occupeducadavreetjecommenceàfaireletridansleursvivres.—Merci,dit-elleen luiprenant levisageentre lesmains.Tum’assauvé la
vie,Slade.Je…merci.Unsouriresedessinasurseslèvres.—Est-cequeçaveutdirequej’auraidroitàtesfaveurscesoir?CettequestionfitrireTrishaauxéclats.—Jen’arrivepasàcroirequetuaiesditça!Sladehaussalesépaules.—J’aienviedetoienpermanence,doc.Ils se relevèrent. Trisha tremblait sur ses jambes, à cause du stress et de la
fatiguedesesmuscles,maisellen’yprêtapasattention.Cequil’embêtaitavanttout, c’était qu’elle ne portait qu’un tee-shirt et qu’elle s’exhibaitinvolontairementàSlade.Ellesedirigeaverslesbouteillesd’eau.—Allumeuse,grognaSladelorsqu’ellesebaissa.Elleseredressaettournalatêteverslui.—Tun’espascensémechercherdesvêtementspropresaulieudeterincer
l’œil?—Je fais lesdeuxenmême temps, répondit-ilensedirigeantvers la tente.
T’as pas envie de ramasser autre chose ? Je pourrais jeter des trucs sur tonchemin.Elleritetpritladirectiond’unbuissonderrièrelequelellecomptaitsecacher
àsavue.—Non,merci,toutvabiencommeça.Ellecommençaparsoulagersonbesoinpressant,puisôtasontee-shirtetson
soutien-gorge déchiré. Soudain, alors qu’elle était nue dans l’ombre de lavégétation,laréalitédelasituationlafrappasansprévenir.Ravalantseslarmes,elle examina ses poignets endoloris. Elle avait mal à la bouche et sa joue lalançaitàl’endroitoùelleavaitreçulagifle.Pournerienarranger,ellesesentaitaussi très sale.Bill l’avait touchée et la simple évocation de ce qu’il avait eul’intentiondeluifaireluidonnaitenviedevomir.Elle s’accroupit pour ouvrir la bouteille d’eau,mais elle tremblait tellement
qu’elle n’avait pas la force d’ouvrir le bouchon. Elle poussa un petitgémissement,fitdesonmieuxpourcontenirsessanglotsetsefrottalesbrastoutenregardantlabouteille.—Doc?ditSladederrièreelle.Trishanebougeapasd’uncentimètre.Elleavaithontedeselaisserallerdela
sorte, d’autant plus qu’il avait horreur des larmes. Elle savait que si elle leregardait,ilverraitàquelpointelleétaitprochedelarupture.—Jet’aitrouvédequoitechanger,dit-ilavecdouceurenserapprochant.Elleserecroquevillasurelle-même.Lebesoindepleurerétaitplusimpérieux
quejamais.Lesévénementsdesdernièresvingt-quatreheuresl’avaientterrassée.C’étaitlapremièrefoisqu’onessayaitdelatueroudel’agresser.—Trisha?demandaSladeens’accroupissantderrièreelleavantdelaprendre
danssesbras.Toutvabien,madouce.Jesuislà.Ellelaissalibrecoursàseslarmes.Sladepoussaunjuronétoufféets’assitpar
terreenl’entraînantcontre lui.Sansleregarder,elleenroula lesbrasautourdesoncouetenfouitlevisagecontresontorse.Slade la serra encore plus fort et enfonça les doigts dans ses cheveux, le
mentonposésursatête.—Tuasététrèscourageuse.Jefaisdemonmieuxpourteremonterlemoral,
maistuasvécutropd’horreurs,n’est-cepas?Ellehochalatête.—Tudétestesleslarmes.Jesuisdésolée.Ilarrêtadeluimasserlecuircheveluetsoupira.—Quandcesont les tiennes,non.Ne t’excusepas.Tuas tous lesdroitsde
pleurer.Lesdeuxderniersjoursontétéatroces.Jesuisdésolédet’avoirlaisséeseule.Sij’avaispenséqu’ilteferaitdumal,jel’auraistuédirectement,maisj’aicommis une erreur. Je me disais qu’il te traiterait décemment et qu’il valaitmieux que tu restes ici au cas où d’autres hommes arriveraient.Comme ils tetenaientdéjàetqu’ilsavaientbesoindetescompétences,j’enaiconcluqu’ilsnetetoucheraientpas.— Ce n’est pas ta faute, le consola Trisha en essuyant ses larmes avec le
reversdesamanche.Tum’assauvée.Merci,Slade.Tuasrisquétaviepourmoialorsqueriennet’yobligeait.Tuastuétousceshommespourmoi.—Tuesàmoi,doc,déclara-t-ilenluicaressantlescheveux.Jeseraisprêtà
toutpourterécupérer,mêmeàtuertousceuxquiosenttetoucher.Trisha,frappéeparcesmots,levalatêteetleregarda.—Jesuisàtoi?Qu’est-cequetuentendsparlà?Sladehésita.—Cen’estpaslemoment,d’accord?Ondiscuteradetoutçaunefoisqu’on
serarentrés.Jevaist’aideràtenettoyer.Ensuite,onmangera,onprendratoutcedontonabesoinetonrepartira.J’espèrequ’onseraderetouràHomelanddèsdemain.Trishal’observaquelquessecondesavantderépondre.—D’accord.Elleavaitcentquestionsàluiposer,maisrenonça.Pourl’instant.Àlui?Son
cœuraccéléra.Ellen’yvoyaitaucuninconvénient.Aucun.—Lève-toipourqu’ontelave.Ilnefautpasqu’ontraîne.Lesautressavent
oùestlecampetenplus,leurpuanteurinfestetouslesenvirons.Slade l’aidaà se relever,carellevacillait sur ses jambes.Slademouilla son
tee-shirtcommeungantdetoiletteetluifrottaledostandisqu’elleécartaitsescheveux.Illalavaavecdouceur,puisluidemandadeseretourner.Elle obéit.Elle était nuedevant lui et il la regarda lentement de la tête aux
pieds,labouchecrispée.Ilsemblaitfurieux.Trishasentitdenouvelleslarmesluimonterauxyeuxetseforçaàlesretenir.—Pourquoies-tufâché?Illaregardadanslesyeux.—Personne n’a le droit de te toucher comme il l’a fait. Tu es couverte de
bleusetjenesupportepasquequelqu’unaitpusouillertabeauté.Jem’enveuxdenepast’avoirmieuxprotégée.Elle comprenait parfaitement.Après lui avoir lavé les bras et les épaules, il
arriva à ses seins et hésita, puis les lava rapidement. Les tétons de Trisha
durcirentenréactionàlafraîcheurdel’eauetdel’airambiant.Sladepoussaungrognementetmitungenouàterre.—Nemeregardepascommeça,dit-ilavecungrossoupir.Jet’enprie.—Comment?Illevalesyeuxverssonvisageenfronçantlessourcils.—Tun’aspasidéeàquelpointjeteveux,doc.Tuesblesséeettuasfaillite
fairevioler.Toutàl’heure,quandjet’aidemandésioncoucheraitensemblecesoir,c’étaitjustepourtefairepenseràautrechose.Tuaslevisagetrèsexpressif.J’arrive généralement à savoir ce que tu ressens, et ça me plaît, mais pourl’instant,j’essaiedepenseràautrechose.Nemeregardepaspendantquejetelave.Jesuisflattéquetumelaisseslefaireaprèscequetuassubi.Tusurmontesta peur pour moi et ça me fait très plaisir. (Il inspira profondément.) Bon,habille-toi,ilfautqu’onpartevite.J’aienviedetoi,maisçadevraattendre.Trisha rougit.Lisait-il donc si facilement en elle ?En effet, elle le désirait.
Leur étreinte l’aiderait à oublier ce qui avait failli se passer. Elle rêvait de secolleràlui,desentirsoncorpscontrelesien.Sladepoussaungrossoupirquilarappelaàlaréalité.Ilterminadeluilaver
lesjambespuissereleva.Trishacroisasonregardetcompritqu’elleavaitbesoindesesentirenvie.Elleavaitfrôlélamortetrefusaitdesepriverduseulhommequipouvaitluiapporterduplaisir.Slade faisait de son mieux pour contenir ses pulsions. Toucher Trisha lui
donnaittoujoursenvied’allerplusloin,maiscen’étaitpaslemoment.Soudain,elleposalesmainssursontorseetilsefigea.—Fais-moioubliertoutça.S’ilteplaît.J’aienviedetoi.Ilserenditcomptequ’ilnerespiraitplusetseremplitlespoumons.Sonsexe
réagit aussitôt et se rigidifia presque instantanément. Trisha glissa les doigtsjusqu’à sa taille et il retint un grognement. Il serra les poings pour ne pas laplaquercontreluietprendrecequ’elleluioffrait.Elle est traumatisée. Si je profite d’elle en ce moment, elle ne me le
pardonnera jamais. Il essayait d’être logique. Elle venait de survivre à uneterribleépreuve,elleavaitfaillisefaireviolerets’ilcomprenaitsonbesoindesechangerlesidées,ilsavaitquelesrépercussionsd’untelacterisquaientderuinerleursrelationsfutures.Illeregretterait,celanefaisaitaucundoute.— Je t’en prie, Slade,murmura-t-elle d’une voix chaude. Je sais ce que je
veux:toi.Ildesserra lesmainset lapritpar la taille. Il adorait ladouceurde sapeau.
Plutôtquedecéderàlatentationd’admirersoncorpsnu,illaregardadanslesyeux.—Moiaussi jeteveux,commetoujours,maisjenepensepasqueceserait
unetrèsbonneidée.Attendonsquetusoiscalmée.Trisha sourit, ce qui attira son attention sur sa bouche. Il avait si envie de
l’embrasserqu’ilbaissalatête,maisilserepritets’arrêtaàquelquescentimètresdeseslèvres.Ildéglutitetremontaàregretjusqu’àsesyeux.— Je suismédecin et j’ai travaillé plusieurs années aux urgences. Les pics
d’adrénalinen’ontaucunsecretpourmoietcen’estpaslapremièrefoisquejejouemavie. Jeme suis retrouvée face àdesmembresdegangs, àdes abrutisarmésetmêmeàunevieilledamequibrandissaituncouteauàcrand’arrêtparcequ’ellenevoulaitpasdepointsdesuture.Jeveuxmesentirvivanteet jeveuxqueçaarrivemaintenantetavectoi.J’aisurvécuetjenevoispasdemeilleurefaçondefêterçaqu’ent’enlevanttonpantalon.Çameva, pensa-t-il tout en sachant qu’il nedevait pas céder si facilement.
Mais Trisha se tenait devant lui dans toute la splendeur de sa nudité et luiproposait cequ’il désirait tant. Il sepenchapour l’embrasser et elle écarta leslèvrespourmieuxl’accueillir.Sladepoussaungrognementdeplaisir.Elleétaitàlui,rienqu’àlui.Ellesemitàledéshabilleretsesdernièreshésitationss’évaporèrent.Elleavait
besoindeluietilallaitluioffrircedontelleavaitbesoin.Ilsécheraitseslarmes,latiendraitcontreluiouseserviraitdesoncorpspourlaconsoler.Entreeux,ceseraitl’ententeparfaite.Ilglissalesmainsjusqu’àseshanches,puisendescendituneentresescuisses
pourcommenceràjoueravecsonclitoris.Trisha,desoncôté,ouvritsabraguetteenhâte,libérasonsexeetlepritdanslamain.Sladedutserrerlesgenouxpournepas tomber.Elle lecaressaitavecdouceur,mais luis’attaquait furieusementaupointsensiblequi,illesavait,mettraitlefeuàlajeunefemme.Trishacommençaàgémiretserralesdoigtsautourdesonmembre.Illaserra
contrelui,remarquantcombiensamainétaithumidifiéeparledésirquefaisaientnaîtresessavantescaresses.Ils’enivraitduparfumdesonexcitationmontante.Il avait envie de la soulever, d’exiger qu’elle passe les jambes autour de sa
tailleetqu’elles’empalesurlui.Cettepenséenefitqu’attisersonimpatience.Ilétait si excité qu’il ne tiendrait pas très longtemps, mais il voulait lui faireatteindre l’orgasme avant lui. Il plaça deux doigts le long de la fente de sonvagin.Trisha s’agita contre lui, lui agrippa l’épaule, enfouit son visage contresontorseetgémit.
Ilinséralesdeuxdoigtsenelle.Enlasentantsidouceetsibrûlante,ilfaillitperdrelepeudecontrôlequiluirestait.Ilmouraitd’enviedelaprendreviteetbrutalement,dejouirsifortqu’ilenperdraitlatêteàcoupsûr.Elleexerçaitsurluiuneempriseabsolue.Trishasecambrapourl’aideràmieuxentrerenelle.Sladeenviaitsesdoigts.
Sanscessersonva-et-vient,ilcommençaàluicaresserleclitorisaveclepouce.Elle gémit son nom, ce qui ne fit que l’exciter davantage. Elle était horsd’haleineetilcompritquelemomentétaitvenu.Ilressortitlesdoigts,semitàgenouxetplaqualabouchecontresontéton.Surprise,ellelâchaelleaussisonsexe.Cen’étaitpasplusmal,d’ailleurs,car
il n’avait pas enviede jouirdans samain. Il voulait s’enfouir auplusprofondd’elle,danssonparadispersonnel.Trishaluiempoignalescheveux,enfonçalesonglesdanssoncrâneetl’attiraencorepluscontresapoitrine.Ill’assitsurluietellese laissafaireenécartant lescuisses.LeglanddeSladevint frottercontresonintimité,désormaistrempéededésir,brûlanteetprêteàl’accueillir.Illafitensuitedescendresursonmembretendu.Slade rejeta la tête en arrière et lâcha son sein pour éviter de luimordre le
mamelon. Il poussaungrognementbestial en sentant sesmusclesvaginaux secrisperautourdesonsexe.Merde,jevaisjouir.Retiens-toi.C’esttropbon.Lescrisqu’ellepoussaitendescendantsurluilemettaientdansunétatimpossible.Lesfessescrispées,ilprituneinspirationhachéeetcommençaàbalancerles
hanches. Le bras passé derrière elle pour l’immobiliser, il fit jouer son autremain entre eux, localisa l’éminence gonflée de son clitoris et le caressa sansménagement.LesmusclesdeTrishasecrispèrentetellepoussauncri rauque.Sladesentaitl’effetdesonorgasme,unfrissonetunesensationdechaleurautourde son sexe.Lui-même aubord de l’extase, il enfouit le visage dans son cou,tremblantdelatêteauxpieds.Ilseretintderugiràsonpremierjetdespermeets’accrochaàelleenlatenantfermementcontrelui,s’abandonnantauplaisirquilesubmergeait.Elleesttoutpourmoi.L’intensitédumomentcommençaitàs’estomper,illa
tenait contre lui avec tendresse, l’embrassa, frotta le nez contre son visage etsourit.Ilavaitréussiàtenirassezlongtempspourqu’ellejouisseenpremier.—Waouh,haleta-t-elle.Ilpoussaunpetitgrognement.—Tutesensvivante,madouce?—Ohqueoui.Ilétaitprêtàtoutpourlaprotéger,pourconnaîtreunnouveaumomenttelque
celui-ci,serrésl’uncontrel’autre.Ellejouaitaveclesbouclesdesescheveuxetil regrettait de ne pas pouvoir l’emmener dans un lit. Il aurait pu passer desheures à explorer son corps et à la faire jouir, encore et encore. Sonmembrerecommençaàdurcir.Ilavaitànouveauenviedelaprendre,maisilsecontint.Elleétaitendanger.Ildevaitl’éloignerducampetlamettreensécurité.Elle
estàmoietjetueraitousceuxquiaurontl’audaced’essayerdemelaprendre.Il luiprit levisagedanslamainetremarquaunepetitegouttedesang,vestiged’unepetitemorsureauplusfortdeleurmomentdepassion.Ill’essuyaaveclepouce.L’entaillen’avaitriendegrave.Lavuedusangdelajeunefemmesursonpouceluidonnaenviedelegoûter,maisilyrésista.Iln’avaitpasenviedebriserleurconnexionoudelarameneràladureréalité,
maisilétaitinconcevablequeleursennemislestrouventdansunepositionaussivulnérable.Ilrelevalatêteetcroisasonregard.—Fautqu’onyaille,doc.—D’accord.LedouxsouriredeTrishas’effaça,àsongrandregret,etillagardaencoreun
instantcontrelui.—Onrecommenceraplustard,enprenantnotretemps.J’embrasseraichacune
detesplaies.Unefoisqu’onseraderetouràHomeland,jetedonneraicequetumérites.—Jenemériteaucuntraitementspécial,maismerciquandmême.Il sentaitunpeudedistancedans le regarddeTrisha,commesiellevoulait
dresserunebarrièreémotionnelleentreeux.—Onenreparlera,répondit-il,contrarié.Habille-toi,ilfautqu’onparte.—OK.Il la lâcha et Trisha sentit une pointe de regret à l’idée que ce moment
d’intimité soit terminé. Slade l’aida à se relever, se rhabilla et regarda autourd’eux.Ellel’avaitdécoifféenjouantavecsescheveuxetellecachasonsourirepournepasluimontrercombiensonapparencel’amusait.Ilétaitressortidesalutteàmortsansmêmefroissersesvêtements,maisaprèsquelquesminutesdepassion,ilétaitcomplètementébouriffé.—Nebougepas.Sladerécupéraunjeandontilcoupalebasdesjambesavecsoncouteau.La
taille était trop large, mais il improvisa une ceinture à l’aide d’une paire delacets.Illuidonnaaussiuntee-shirtnoirdeuxfoistropgrand,cequiarrangeaitTrisha,carellen’avaitplusdesoutien-gorge.
Ilentassaquelquesvivresetunsacdecouchagedansunsacàdosets’emparadetouteslesarmes.Trèsvite,ilfutprêtàpartir.—Finidejouer,déclara-t-il, levisagefermé.Tuesblessée.Jeneveuxplus
êtrelaproie,doc.Jevaistetrouveruncoinoùtuserasensécurité,puisjevaisleséliminertousautantqu’ilssont.Trishal’observasansunmot.Ellesavaitqu’ilétaitdangereuxetqu’ilavaitété
forméàtuer.Ellel’avaitvuenactionunpeuplustôt.—Trèsbien,répondit-elleenhochantlatête.
CHAPITRE9
Lesoleilétaitdéjàbassurl’horizon.SladeregardaTrisha.Illuiavaittrouvéunecachette,creuséeàflancdecollineparlachuted’ungrosrocher.Ilsavaienteudumalàarriverjusque-là.LapenteétaitsiraidequeTrishaavaitfaillitombertroisfoisetn’avaitdûsonsalutqu’àlapoignesolidedeSlade.—Ici,tuserasensécurité,ditcedernierenluicaressantlajoue.Siquelqu’un
essaie demonter, tu l’entendras de loin, et au-dessus, c’est trop instable pourqu’ilsprennentlerisquededescendreenrappel.—D’accord.— Si je ne reviens pas, attends ici sans bouger jusqu’à ce que mes amis
viennent te récupérer. Ça prendra peut-être quelques jours,mais quelques-unsdesmâlesqu’onadûenvoyerànotrerechercheontsuivilemêmeentraînementquemoi. Ils connaissentmonmode de fonctionnement et ils savent dans quelgenred’endroitjetemettraisàl’abri.Neleurtirepasdessusquandilsarriveront,hein,doc?Ceneseraitpastrèssympa.Trishasavaitqu’ilcherchaità ladétendre,maiselleétait trop inquièteàson
sujetpoursourire.—Reviens-moi.—Jenepeuxpastelegarantir,doc.Jeneveuxpasfairedepromessesqueje
nesuispassûrdepouvoirtenir.—Alorsresteavecmoijusqu’àcequ’ilsarrivent.S’ilteplaît!Onn’aqu’à
attendreici.Sladehésitauninstant.—Jenepensaispasqu’ilsseraientaussinombreuxànous traquer,doc.Les
typesquej’aituésnesontpasceuxquej’aivusaprèsl’accident.Ilyaplusieurséquipesànostrousses,ilsl’ontditeux-mêmes.Çatemetentrèsgranddangeretiln’yaqu’unseulmoyenderéglerleproblème.Jedoisretournerlasituationennotrefaveuretdevenirlechasseur.—Mais…—Ilsnes’yattendrontpasetjedoisenéliminerlepluspossible.Lessecours
mettrontpeut-êtreunpeudetempsàarriveretnousdevonssurvivrejusque-là.
Ces abrutis ne comprendront pas ce qui leur arrive. Quand ils verront leurscopainssefairetuer,certainsprendrontpeurets’enfuiront.Çapermettradefaireletrientreleslâchesetceuxquisontvraimentdangereuxetquejedevraituerenpriorité.C’estleseulmoyenquej’aideteprotéger,doc.—Maisonatrouvéunetrèsbonnecachette.Jet’enprie,Slade,resteiciavec
moi.S’illefaut,jetesupplieraiàgenoux.J’aitrèspeurquetusoisblessé,voirepire.Tuestoutseuletilssontsinombreux,tul’asdittoi-même.Sladeinclinalatêteetcrispaleslèvres.—Jesuispeut-êtreseul,maisavecl’avantagedelasurprise,jereprésenteun
trèsgranddangerpoureuxetjenesaispass’ilss’enrendentcompte.C’estcequejesuis,expliqua-t-ilaprèsuntempsd’hésitation.JesuisunHybrideet j’aiquelque chose d’important à protéger. Mais il ne s’agit pas que de toi. S’ilm’arrivemalheur, tunedoisrientereprocher.Mesamisvontarriveret jen’aipasenviequ’ilsfoncenttêtebaisséedansunpiège.Jedoisentuerunmaximum.Sousmonvernisd’humanité,j’aiunenaturedeprédateur.Mêmesij’essaiedelacacher, je ne peux pas la nier. Je suis aussi un survivant, qui a dû tuer par lepassé pour ne pas mourir. Mercile m’avait formé à me battre pour faire laréclamedeleursproduits,etaujourd’hui,jeleurensuisreconnaissant.—Tun’aspasàlescombattre.Tun’esplusprisonnieretnouspouvonsrester
cachés.Sij’aibiencompris,tun’espasforméàévoluersurleterrain,donctonentraînementnecomptepas. Ils t’enontappris justeassezpourque tupuissesmontrercequetusaisfaire,maislà,cen’estplusunspectacle,Slade.Jeneveuxpasquetumeures.Sladeinspiraprofondément.—Ça n’a jamais été un spectacle. Tous les cobayes n’ont pas survécu aux
tests ou aux combats de démonstration. Je suis dangereux, même si je n’aijamais voulu le devenir.C’est la vérité, que tu l’acceptes ou pas. Ils nous ontbienentraînésetontfaitdenousdesêtresquinesontpastoutàfaithumains.Jesuis unHybride. Toi, tu esmédecin,même quand tu n’es pas à l’hôpital. Tuviendraisensecoursàunblessé,quetusoisenserviceoupas,n’est-cepas?Ceraisonnementétaitd’unelogiqueimplacable,augranddamdeTrisha.—Oui,mais jeneveuxpasque tuyailles.Resteavecmoi. Ilyadefortes
chancesquel’arrivéedessecourslesfassefuir.Jesuissûrequ’ilsn’avaientpasprévuqu’ilsdevraientnouschercherautant.—Nemetentepas,doc.Mecolleràtoidanscepetittroupendantunejournée
ou deux… Je suis sûr que nous trouverions de quoi nous occuper, déclara-t-ilavecunclind’œilsuggestif.
—Reste,alors,insista-t-elle,pleined’espoir.Ellevoulaitqu’ilsoitensécurité.Auprèsd’elle.—Ceseraittroprisqué.Ilssonttropnombreuxetilspeuventsedéployerpour
passerlazoneaupeignefin.S’ilsnousdécouvrent,ilspourrontnousencercler.En cas de fusillade, les balles ricocheraient sur la paroi et tu risquerais d’êtreblessée.C’esthorsdequestion.Sanscompterqu’onn’apasassezdemunitionspourlescontenir.Ilspourraientaussifaireunfeupournousenfumer.Jepréfèrepasseràl’offensiveplutôtquedeleslaissernousprendreaupiège.Commeça,jepourraituertousceuxquiapprocheront.Trishasemordit la lèvre.Elleavaitoubliésablessureetgrimaçaaussitôtde
douleur.Sladepassaledoigtsursabouche.—Restecouchéeetbougelemoinspossible.Tescheveuxblondsattirentl’œil
et ne se fondent pas vraiment dans le paysage.Ne temontre pas. Je te laissetouteslesarmesquej’airécupérées,aucasoùl’und’entreeuxm’échapperaitouquejesoistué.Jen’aibesoinquedemonpistolet.Netirequ’endernierrecours,etseulementsituessûredefairemouche.Lebruitdeladétonationporteraloinetenattirerad’autres.Ilvaudraitmieuxéviter.IlregardaTrishadanslesyeuxetlajeunefemmefitcequ’elledésiraitleplus
aumonde.Ellesepenchaverslui,luipritlevisageentrelesmains,observaunmoment son air surpris et l’embrassa, goûtant la douceur de ses lèvres avantqu’ilprennelecontrôledubaiseravecungrognement.Il enfonça sa langue dans la bouche de la jeune femme, qui en oublia la
douleurdesalèvrefendue,etmêmel’âcretédesonsangmêléaugoûtdeSlade.Ellenedemandaitqu’àsenoyerdanscebaiser.Ellepassalesbrasautourdesoncou et il la souleva du sol pour la coller à lui, puis poussa un grognement dedépitetdétachaleurslèvresenhaletant.—Trisha,dit-ild’unevoixrauque.Tumecompliquesleschoses.Situétais
assisesurmesgenoux,tusentiraisl’effetquetumefais.Ilfautquej’yaille.Nemedonnepasencoreplusderegretsquej’enaidéjà.C’estinévitableetjedoispartirpendantqu’ilfaitjour.Jevoisbeaucoupmoinsbiendanslenoir.Ellesavaitqu’elleavaitperdulabatailleetqu’ilétaitbiendécidéàtraquerces
hommes.Ilallaitrisquersaviepoursauverlasienne.Elleretintleslarmesquis’accumulaientdanssesyeux.—D’accord.Maisreviens,Slade.Ilsourit.—Etqu’est-cequetumedonnerasàmonretour,doc?—Toutcequetuvoudras.
Ilhaussaunsourcil.—Vraimenttout?—Oui.Resteenvie,c’esttoutcequejetedemande.Sladehochalatête.—Restecachée,nefaispasdebruitetgardelesarmesàportéedemain.Ne
les utilise qu’en dernier recours et maintiens-les à distance le plus longtempspossible. J’entendrai tes coups de feu et je reviendrai. Je ne laisserai pluspersonne essayer de te tuer. Survis pour que j’aie quelque chose à sauver. Tum’enasfaitlapromesse,madouce,etj’espèrebienquetuvaslatenir.—Jem’ensouviens,et je te lepromets.Et toi, jure-moique tuneprendras
pasderisquesinutiles,Slade.Il hocha à nouveau la tête, la regarda intensément, comme pour graver ses
traitsdanssamémoire,puislalâchaetrecula.Ilseforçaàdétournerlesyeuxetprit quelques objets qu’il entassa dans ses poches.Après un dernier regard, ilsortitdelacachetteets’engageadanslapente.Quelquessecondesplustard, ilavaitdisparu.Trishaseretintdelesupplierderevenir,carellesavaitquerienneleferaitchangerd’avis.Pours’occuperl’esprit,elledéroulalesacdecouchagesurlaterrehérisséede
petitespierres.Elles’assitaussiconfortablementquepossibleetfitl’inventairedecequ’elleavaitàsadisposition.Slade lui avait laissé une paire de jumelles. Elle les sortit du sac et les
décapuchonna.Ilneluifallutquequelquessecondespourlelocaliser.Sanselle,ilsedéplaçaitàunevitessehallucinante.Elleétudiaensuite lesalentours,maisnevitpersonne.Elle revintsurSlade,
quivenaitd’atteindrelefondduravinsursagauche.Ilseretourna,regardadanssadirection,puisrepartitaupasdecourse.Lanuit tombatropviteaugoûtdela jeunefemme.Sladeavaitdisparudans
lesarbres,maisellel’apercevaitencoreparmomentsaumilieudelavégétation.Il avançait vite, nemontrait aucun signede fatigue et semblait avoir choisi sadirection.Peut-êtreavait-ilrepéréquelqu’ungrâceàsonodoratexceptionnel?Trisha revint dans son trou sombre et ouvrit son sac de couchage à tâtons.
Slade avait emporté toute la viande salée qu’ils avaient trouvéemais lui avaitlaissélesbarresdecéréales.Elleenmangeadeuxetbutunsodaavantdereveniren rampant vers l’ouverture. Soudain, elle se figea.Au loin, dans la directionpriseparSlade,elleapercevaitlefaibleéclatd’uneflamme.C’étaitforcémentuncampement.Lefeusemblaitminuscule,mêmeavecles
jumelles.Quelquechose luidisaitquec’étaitdanscettedirectionqueSladese
dirigeait.Elles’assit leplusconfortablementpossiblesur lesacdecouchageetgarda
lesyeux fixés sur le feu.Elleétaitheureusede savoiroùSladeallait,maisenmêmetempsinquiète.S’il avait repéré l’odeur de leur feu, il allait certainement les attaquer. Les
minutes s’écoulaient, longues comme des heures, mais aucun bruit ne venaittroubler le silence. Au bout d’un moment, elle se coucha sur le ventre et sedressasurlescoudes.Ellefinitparselasserdecettepositionetposalatêteparterre,puisbâilla,rattrapéeparl’épuisement.Ellesombradanslesommeil.Un coup de feu isolé la réveilla en sursaut. Elle se redressa d’un bond et
pointalesjumellesverslefeu,qu’illuifallutquelquessecondespourlocaliser.Ellegardalesyeuxbraquésdessusjusqu’àcequ’ils’éteigne.Iln’yavaitpas
eud’autrescoupsdefeu,cequiluidonnaitl’espoirqu’ilavaitsurvécu.Enlesachantseuldanslanuit,elleavaitenviedepleurer.Si,parmalchance,
le coup avait porté, Slade était peut-être déjà mort. Elle traîna son sac decouchagejusqu’aufonddutrouetserecroquevilladessus.Elleavaitbesoindedormiretsavaitqu’ellenepourraitpaslerepérertantqu’ilferaitnuit.Slade,accroupiaurasdusol,observait lesquatrehommes, lecœurpleinde
haine.Leurdiscussionlerévulsait.L’odeurduchevreuilqu’ilsavaientfaitcuires’évaporaitàmesurequ’ilslaissaientleurfeumourir.—Tucroisque l’animalnoussupplierade le laisserenviequandon l’aura
chopé?demandal’hommevêtud’unevesteenjeanàsoncollègueenchemisenoire.—Jel’espèrebien,réponditcedernierenéclatantderire.J’aiprismacaméra
pourtoutfilmer.Ilfautqu’onmontreauxgensquecenesontpasdeshommes.Lepremierricana.—Cesputainsd’animauxàdeuxpattes, ilfautqu’onenprotègenotrepays,
mais aussi nos gonzesses. Tu vas voir qu’ils vont réclamer le droit de vote etmêmeledroitdesemarier.Sileursfemellessontaussimochesquelesmâles,ilsvont s’en prendre à nos sœurs et à nos filles. C’est n’importe quoi. S’ilsplanquentleursfemelles,çadoitêtrepourunebonneraison.Ellesdoiventavoirdusangdemuleetdesvisagesatroces.L’undeleurscomparsesritauxéclats.—Ouais,mochescommedesculs!—Onn’auraitjamaisdûleslibérer.Aprèstout,est-cequ’onremetenliberté
les singes de laboratoire ? Bien sûr que non. (L’homme en chemise noire
s’adossaàunesoucheetétenditlesjambespoursechaufferlespiedsdevantlesflammes.)Ilssontdangereuxetprobablementcomplètementtarés.Leblond,quin’avaitrienditjusque-là,fronçalessourcils.—C’estvraiqu’ontestelesproduitsdebeautésurdessingesmignons?C’est
cool,unsinge.J’aitoujoursvouluenadopterun.—Aucuneidée,réponditletypeenchemisenoire.Maiscequiestsûr,c’est
qu’ilssontforcémentdéjantés.Onnemetpasen libertéunanimalquiapassétoutesavieencage.C’estdangereuxetc’estpourçaqu’ondoitlesabattre.Ilssonttropmochespourqu’onenveuillecommeanimauxdecompagnie.Sij’enadoptaisun,jesuissûrqu’ilessaieraitdesautermafemme.— Je la connais, ta femme, plaisanta le blond.Àmon avis, y’aurait aucun
risque.Letypeennoirluilançasacanettesurlebras.—Jet’emmerde,Mark.— Arrêtez, intervint celui qui se trouvait le plus loin du feu. On n’a pas
encore trouvé notre cible et plus on attend, plus il y a de chances qu’il nouséchappe.Noséquipesbloquenttouteslesroutes.Ilssontcoincés,maislafemmequi l’accompagne est médecin. Ça veut dire qu’elle est futée et qu’elle doitcertainement réfléchirpourdeux. Ilsontdû se trouverun trouoù seplanquer.C’estcequej’auraisfaitàleurplace.Dèsquelejourselèvera,ilfaudracouvrirleplusdeterrainpossible,lestrouveretlestuer.Onn’estpaslàpourselancerdesinsultesàlagueule.Jeveuxcetterécompense.—Entoutcas,j’accrocheraipassatêteau-dessusdemacheminée,déclarale
blondenfrissonnant.Ilsfontvraimenttroppeuràvoir.D’unautrecôté,çaferaitsensation,jepourraisfairepayerlavisite.Sladeenavaitassezentendu.Ilétaithorsdequestionqu’illaisseceshumains
quitterleurcamp.IlsétaienttropprèsdeTrishaetavaientl’intentiondechercherdes cachettes éventuelles. Il resta tapi en silence jusqu’à ce que les quatrehommess’apprêtentàdormir.Leblondseleva,s’étiraets’éloignadufeupoururiner.Slade s’approcha de lui sans un bruit, plaqua une main sur sa bouche et
appuyalapointedesoncouteaucontresagorge.—Silence,ordonna-t-il.Leblondobéit,affolé.—Vousêtesseulsdanslecoin?L’hommehésita,puisfit«non»delatête.—Àpartvousquatre,ilyenad’autres?
Le blond hocha la tête. C’était une mauvaise nouvelle. Slade devaitmaintenant trouver les autres camps, éliminer toutes lesmenaces et récupérertous les téléphones portables. Avec un peu de chance, l’un des appareilsfonctionnerait.IlpourraitalorscontacterHomelandpourdonnersalocalisation.Trishadevaitêtreévacuéeaussivitequepossible.—Jevaist’attacher,etensuitejem’occuperaidetescopains.Laisse-toifaire
et je ne te tuerai pas. Je vais juste t’immobiliser jusqu’à ce quemes renfortsarrivent.Tucomprendscequejetedis?Son prisonnier fit signe que oui. Slade aurait voulu tuer tous ces humains,
mais il n’était pas à Homeland et ignorait jusqu’où la loi l’autorisait à sedéfendre.Cethommeneprésentaitaucunemenacedirecte.Malgrélahainequ’iléprouvait pour eux et la piètre opinion qu’ils avaient des Hybrides, il nes’abaisseraitpasàlestuersansyêtreobligé.Slade commença à ôter lamain de la bouche du blond, qui en profita pour
tenterdesedégager.Ilvoulutdonnerl’alarme,maisSlade,plusrapide,luibrisala nuque dans un craquement glaçant. Il laissa tomber le corps sans vie et seretourna vers le camp, mais presque aussitôt, il repéra un mouvement dansl’obscurité.Unautredeshommess’approchaitdelui,maisnel’aperçutqu’àladernièreseconde.Surpris,lenouveauvenutentadesortirsonarme,maisSladeluisaisitlebrasetenfonçasoncouteaudanssagorge.L’hommes’écroulasansrésisteretSladeleregardadanslesyeux.—Onvavoustuertouslesdeux,toiettasalope,prononçal’hommeavantde
mourir.Sladelelâcha,sacolèredécupléeparlapuanteurdusangetdelamort.Son
instinct prit alors le dessus. Protège Trisha. À tout prix. Ces hommes netémoignaient aucune compassion et n’enméritaient aucune. Ils traquaient unefemme sans défense et un Hybride pour toucher une récompense. Avec ungrognement,illaissalibrecoursauprédateurquidormaitenlui.Tue-les, élimine lamenace qu’ils représentent pour ta femelle et nemontre
aucunepitié.Les souvenirs de ses années de captivité lui revinrent enmasse.Ces hommes étaient aussi méprisables que ceux qui avaient exploité lesHybrides.IlsneconsidéraientSladeetsessemblablesquecommedesanimauxàabattre. Il retira son couteau de la gorge de sa victime et se releva. Le seulmoyendelesempêcherdefairedumalàTrishaétaitdelestuertous.Ilenétaitcapable.Pourelle,ilsesentaitcapabledetout.Il tourna les yeux vers le campement et s’en approcha furtivement. Les
humainsmourraientetTrishasurvivrait.Ilferaittoutpourcela,mêmes’ildevait
semerlescadavressursonpassage.Lorsque Trisha se réveilla, il faisait jour. Elle rampa jusqu’à l’entrée et
observalesalentoursavecsesjumelles,seforçantàprocéderavecméthodepournerienmanquer.Ellenerepéraaucunsignedevieetabandonnaauboutd’uneheure pour retourner s’allonger. Elle déjeuna d’une barre de céréales et d’unemoitiédecanette.ElleavaitpeurqueSladenereviennepas,qu’ilaitététué.Ellefermalesyeux,
hantéeparsonimage.Quelleseraitleurrelations’ilsurvivait?Enétait-ceune,d’ailleurs?Ilavaitaffirméqu’elleétaitàlui.Cen’estpasrien,quandmême,sedit-elle.Peut-êtreavaient-ilsunavenirencommun?Unbruitlatiradesasomnolence.Elletenditl’oreilleetenentenditunautre.
Elles’assit,lecœurbattant.Cesonluirappelaitunechosequ’elleneparvenaitpasàdéfinir.Ilrecommença.Onauraitditunechutedepierres,oud’objetsdelamêmemasse.Elleattrapalepistolet,plusfacileàmanierquelesdeuxfusilsqueluiavaitégalementlaissésSlade,puisrampajusqu’àl’ouvertureavantdereculerbrusquement.Ilyavaitdumouvementendessousd’elle.Ellepritl’undesfusilsetrepartitversl’entrée,labouleauventre.Unefoisprèsdubord,elleposalefusilàportéedesamainetpassalatêteà
l’air libre, leplusdiscrètementpossible.Deuxhommesse trouvaientàseptouhuitmètresendessousd’elle.Ilsétaiententraindemonterjusqu’àsacachette.Ils portaient des treillis de camouflage et se dirigeaient droit vers elle. Elle
espéraitqu’ilsnel’avaientpasvue.Sielleneréagissaitpas,ilsseraientbientôtàson niveau. Comment l’avaient-ils trouvée ? Étaient-ils des Hybrides ?N’auraient-ils pas dû porter des uniformes noirs, comme ils le faisaient àHomeland?Lasituationétaitclaire:soitelleleslaissaitmonterjusqu’àelle,soitelleles
forçaitàresterenbas.Ellenesavaitquefaire.Commeelleregrettaitl’absencede Slade ! Lui aurait su quelle décision prendre, ou aurait au moins pu lesidentifieràl’odeur.Trishahésitait.Enfin,ellemaugréaunjuronetdécidaqu’ellenedevaitpasles
laisserapprocher.S’ilsatteignaient l’ouverture,ellen’étaitpassûredepouvoirlesabattreassezvite,carilsétaientdeux.Sladeluiavaitconseillédelesteniràdistance avec ses armes, en disant qu’il entendrait les coups de feu. Elle sedemandait comment ils avaient pu lui échapper,mais cemystère allait devoirattendre.Elle reculapourprendre la troisièmearme,carellevoulait avoir toutsonarsenalàdisposition.
Ellerampaànouveauverslebord,maisneparvintpasàdiscernerleurvisage.Elle serra les doigts sur la crossede sonpistolet et attendit que l’undesdeuxlève la tête. Il semblait avoir une vingtaine d’années. Trisha se pencha pourpointerl’armesurluietilécarquillalesyeuxdesurprise.—N’avancezplus,déclara-t-elle,sinonjetire.Quiêtes-vous?L’autrehommeétaitunpeuplusâgéquesoncamarade.Ilportaitunebarbeet
avaitunvisagefroid.Trishalesregardaitl’unaprèsl’autre.Ilssetrouvaientsurunendroit trèspentuqu’elleavaiteudumalàfranchiretdevaients’accrocherpournepas tomber.Toutechuteseraitdangereuse,voiremortelle. Ilsétaientàquinzeouvingtmètresdusol.—Nous sommes desHybrides, dit calmement le plus jeune.Nous sommes
venusvoussauver,docteurNorbit.Trisha se mordit la lèvre et les regarda attentivement. Les deux hommes
semblaiententièrementhumains.LaplupartdesHybridesavaientdesanomaliesfacialesmarquées,commeSladeavecsonnezaplatietsespommettessaillantes.JusticeNorth,lui,avaitdesyeuxdechat.Deplus,touslesHybridesqu’elleavaitrencontrésjusque-làportaientlescheveuxlongs,tandisquelesnouveauxvenusarboraientunecoupemilitaire.—Jenevouscroispas,répondit-elle,effrayée.—C’estvrai.C’estJusticeNorthquinousenvoie.Lejeunehommeluisourit,maissesyeuxrestèrentfroids.Etmerde.Commentpouvait-elleenêtresûre?Ellenevoulaitpastirersurdes
alliés…Soudain,illuivintuneidée.—Quesentez-vous?Soninterlocuteurclignadesyeux.—Vousêtestroploinpournotreodorat,répondit-ilaprèsplusieurssecondes.
Noussommesdesprimates.C’étaituneespècerare.Ellen’enavaitrencontréqu’unseuljusqu’àprésent,et
sanaturesimiesqueavaitététrèsvisible.Trishaétaitdeplusenpluspersuadéequ’ils luimentaient.Maismême si elle en avait été certaine, était-elle prête àtirer?Pasencore.Sesdoutesétaientencoretropforts.J’aiundiplômedemédecine,serappela-t-elle.Jesuiscenséeêtreintelligente.
Elleréfléchituninstantetsourit.— Quel est le mot de passe du jour ? Si vous êtes des Hybrides, vous le
connaissez,bluffa-t-elle.Lejeunehommepâlit.—C’est«nœud».
Il est fort.C’était indéniable. Il lui avait sorti une réponse sans lamoindrehésitation.—Faux,répondit-elle,toujoursensouriant.— Il a été changé après votre accident, déclara hâtivement le deuxième
homme.Aujourd’hui,c’est«nœud».Justicel’amodifiéparcequ’ilavaitpeurquelegardelerévèlesouslatorture.Siçasetrouve,ilsutilisentvraimentdesmotsdepasse,pensa-t-elle,hésitante.
Elle avait dit cela au hasard, mais c’était probable, après tout. Depuis leurlibération, ils suivaient l’exemple des humains. Elle avait besoin de plus depreuves avant de se décider. Jamais elle ne se remettrait d’avoir abattu unHybride, et Slade ne le lui pardonnerait peut-être pas. Selon le sermentd’Hippocrate,sondevoirétaitdesauverdesvies,pasd’enéliminer.—Sivousêtescequevousprétendezêtre,alorsvousconnaissezlenomde
l’hommeàquiJusticeademandédevoyageravecmoi.L’Hybride,pasl’humain.—Ils’appelleSlade,réponditleplusâgé.Elle hésita un instant, puis se rappela que Slade lui avait dit que Justice
donneraitprobablementleursnomsàlapressepourfaciliterlesrecherches.Ellechangeadoncd’angled’attaque,ledoigtcrispésurlagâchette.—Quelétaitlemotdepassed’hier,alors?Ellevoulaitsavoirjusqu’oùilspourraientaller.Lesdeuxhommeséchangèrent
unregardnerveux,puisleplusjeunerelevalatêteverselle.— J’étais en repos hier, donc je n’en sais rien,mais aujourd’hui, c’est bien
«nœud».Onmontevous rejoindre,docteurNorbit.Notreéquipeest àmoinsd’unkilomètred’ici,onvavousrameneràHomeland.Vousn’avezplusrienàcraindre.S’ilyavaitunsystèmedecodes,ilauraitdûconnaîtrelemotdepasse,surtout
s’il faisaitpartied’uneéquipedesecours.Puisqu’il l’ignorait,celavoulaitdirequesoncoupdebluffavaitportésesfruits.—Iln’yapasdemotdepasse,crétin.Les deux hommes se regardèrent à nouveau, paniqués. L’un d’entre eux
avançalamainverssaceinture.—Jesorsmonbadge,laprévint-il.IlyabiendesmotsdepasseàHomeland.
Touslesgardess’enservent.—Vousêtesdesgardesdesécuritéhybrides?C’estvotreboulot?Ilshochèrentlatête.Trishaétaitépatéeparleuraplomb.Paulluiavaitditque
les Hybrides préféraient le titre d’agent à celui de garde de sécurité, qu’ilsméprisaient. L’homme tira quelque chose de son dos. Allait-il tenter de la
mystifier en lui montrant son permis de conduire ?Mais au lieu de cela, unpistoletapparutdanssamain.Trisha, paniquée, pointa son arme vers lui et tira deux coups assourdissants
avant qu’il riposte d’une balle qui s’enfonça dans le plafond, l’aspergeant deterre.Trishafitmoucheàsatroisièmetentative.L’hommehurla,lâchapriseetculbutadanslapente.Ellepointalepistoletsur
sonautreadversaire,quitentaitluiaussidesortirunearmecoincéedanssondostoutenseretenantd’unemainàlaparoi.Trishalevisaet le touchadupremiercoup.Jem’améliore,eut-elle le temps
de penser. Sa joue devint rouge de sang et il cria en tombant droit en arrièreavantdepercuterlesoldansuncraquementdemauvaisaugure.Trisha avança de quelques centimètres. Sa deuxième victime gisait sur le
flanc,dansunemaredesang.Soncollègueétaitétendusurledos.Illevaunbraset elle l’entendit grogner malgré la distance. Il avait le visage et l’épauleensanglantés.Il bougea la jambe et sortit quelque chosede sa poche.Un talkie-walkie. Il
s’apprêtaitàappelerdurenfortparradio.D’autressalopardsnetarderaientpasàarriver.S’ilsavaiententendulescoupsdefeu,ilsétaientd’ailleurspeut-êtredéjàenroute.Elledevaitl’arrêter,carellesavaitqu’ellenepourraitpasrésisteràunassautplusconséquent.Ellesepenchaau-dessusdubord.Lesolétaitsiloinqu’elleeutunmomentde
vertige. Si elle glissait de cette position précaire et qu’elle ne parvenait pas àenrayersachute,c’était lamortassurée.Ellevisaetappuyasur ladétente.Laballepénétradanslapoitrinedel’homme,quilâchaletalkie-walkie.Sonregardfixesetournaverselle,maisauboutd’uneminute,voyantqu’ilnebougeaitplusetneclignaitplusdesyeux,Trishacompritqu’ilétaitmort.Ellevenaitdetuerdeuxhommes.Cettepenséeluidonnaitlanausée,maiselle
seforçaàreculerjusqu’aufonddelacachette,lesdoigtstoujourscrispéssursonarme.Ellelaregarda,puislalâcha,leslarmesauxyeux,assomméeparlaréalitédel’actequ’ellevenaitdecommettre.Trishasesentaitglacéede l’intérieur.Elleavaitvouludevenirmédecinpour
sauver des vies, mais elle venait d’en prendre deux. C’était de la légitimedéfense!protestasalogique.Jen’avaispaslechoix.Elle tentade réguler sa respirationet l’imagedeBill lui revintenmémoire.
Jamaisellen’oublieraitsescoupsetcequ’ilavaiteul’intentiondeluifaire.Ceshommesétaientsesacolytesetilsavaienteulesmêmesintentionsenverselle.Les hommes qui s’étaient emparés d’elle ne l’avaient épargnée que parce
qu’elle pouvait soigner leur ami blessé. Ses deux victimes l’auraient abattue,commeils l’avaientfaitavecBart.Auboutdequelquesminutes,ellerepritunpeulecontrôledesesémotions.Elleavaitenviedepleurer,maisseremémoracequeSladeluiavaitditlorsqu’ilsavaiententendulescoupsdefeusynonymesdel’exécutiondeBart.—Lasurvieavantlechagrin,murmura-t-elle.Sladeluimanquaittellementqu’elleenressentaitunedouleurtangible.Avec
lui, elle serait en sécurité. Il la serrerait contre lui, trouverait lesmots pour larassurer, lui feraitoublier sesangoisses.Si seulement ilpouvait revenirauprèsd’elle!Elleposalesyeuxsurlepistoletqu’elleavaitlâchéetsereprit.Sladeluiavait
ordonné de survivre et elle lui avait promis de tout faire pour rester en viejusqu’à son retour. Iln’auraitpasacceptéqu’elle s’apitoie sur sonpropre sort.Sladeattendaitd’ellequ’elleseservedesatête.
CHAPITRE10
—Calme-toietréfléchis,marmonnaTrisha.Génial.Jeparletouteseule.Elle sortit du sac à dos une boîte demunitions et rechargea son arme, puis
rampa à nouveau vers l’ouverture, d’où elle étudia les environs à l’aide desjumelles en prenant bien soin de rester allongée, les armes et les recharges àportéedemain.Trisha aperçut un mouvement sur sa droite. La distance était difficile à
évaluer, mais c’était trop près à son goût. Elle vit trois hommes, puis unquatrième,avancerentre lesarbres.Ilsétaiententenuedecamouflage,commeceuxqu’ellevenaitdetuer,etsedirigeaientdroitverselle.Troisd’entreeuxavaientdes fusilsà lamainouà l’épaule.Ledernierétait
armédepistolets.Etmerde. Ils avaient un véritable arsenal à leur disposition.Trisha était terrifiée.Comment réagiraient-ils en découvrant les corps de leursamis?EllescrutaànouveaulesalentoursàlarecherchedeSlade,maissansrésultat.
Dixminutes plus tard, elle aperçut de nouveauxmouvements. Pleine d’espoir,elle regardaattentivement. Il s’agissaitdedeuxhommes,maisaucundesdeuxn’étaitSlade.L’unétaitrouxetl’autreavaitlescheveuxnoirs.Ilsportaientunetenuesombreetavançaientavecrésolution.Pouvait-il s’agir des renforts annoncés par Slade ? S’il ne s’agissait pas de
soldatshybrides,Trishasavaitqu’ellen’allaitpastarderàseretrouverdansunesituation désespérée. Elle tourna à nouveau les jumelles vers l’endroit où elleavaitvulepremiergroupe.Lesquatrehommesétaientdésormaisbeaucoupplusprès.Vulapositiondes
deux cadavres, ils devineraient vite où elle se cachait. Les deux autres sedirigeaientdroit sur les chasseurs.S’il s’agissait biend’Hybrides, elle espéraitqu’ilslatrouveraientavantlesautres.Celasemblaitbienparti.Maisavaient-ilsrepérélegroupeadverse?Sileventétaitfavorable, ilsparviendraientàcapterleurodeur.Maissinon…Elle regretta aussitôt cette pensée. S’il s’agissait bien des secours tant
attendus,ellenevoulaitsurtoutpasqu’ilstombentdansuneembuscade,d’autant
plusqu’ilsnesemblaientpasaussibienarmésqueleschasseurs.Trisha était si tendue qu’elle avait les doigts crispés sur les jumelles. Le
premier groupe évoluaitmoins vite que les deux hommes qui, elle en était deplusenpluspersuadée,étaientbiendesHybrides.Ilsportaientlescheveuxlongset leurs uniformes noirs ressemblaient à ceux de l’OPH, même s’ils étaientencoretroploinpourqu’ellepuissevoirs’ilsportaientlebadgesurleurpoitrine.Lesquatrechasseursétaientpresqueauniveaudescadavres.Ellen’allaitpas
tarderàlesperdredevue,maisilétaithorsdequestionqu’ellesortelatête,carelleseraitalorstropvisibleetformeraitunecibleimmanquable.LesdeuxHybrides ralentirent lacadencepourprogresseràpasde loupvers
leschasseurs.Leurprudenceindiquaitqu’ilslesavaientrepérés.Ilss’adressèrentdes signesde lamain avantde se séparer.Lepremier seplaçadans ledosdugroupeetlesecondsepositionnasurl’undesesflancs.Trishacommençaitàentendrelesvoixdeschasseurs.Tapiesurlesol,elleles
suivitdesyeuxjusqu’àcequ’ilssortentdesonchampdevision.—Jesavaisbienquelestirsvenaientdecettedirection,ditlepremieravecun
accentduSudmarqué.—BucketJoeBillyvoulaientprendredelahauteurpouravoirunemeilleure
vue, ajouta un deuxième homme, dont la voix avait lesmêmes inflexions. Tucroisqu’ilsonttuél’animal?— J’en sais rien, répondit un troisième.Mais ils ne répondent pas sur leur
radio. Restez sur vos gardes, les gars. Ces animaux ont des cerveaux commenous.Ilssontplusdursàtuerquedeschevreuils.—Putain, James, répliqua lequatrièmeen riant.Deschevreuils?Arrêteun
peu,comparecequiestcomparable.Ilssontplusprochesdessinges,situveuxmonavis.Aumoins,ilsmarchentsurdeuxpattesetilsréfléchissentunpeu.Siçase trouve,JoeBillyetBucksepaientnotre tronche,comme l’andernier, lejouroù ils nousont sautédessuspar surprisepourvoir si on ferait dansnotrefroc.Jevousparievingtdollarsqu’ilssontàl’affûtdanslecoin.—Tenu.Trisha chercha lesHybrides avec ses jumelles,mais ils avaient bougé. Elle
finitparenrepérerun,àunendroitinattendu.Ilsautaitd’arbreenarbresurleshautesbranches,avecuneaisanceetunéquilibreimpressionnants.Ils’arrêtaàlaverticaledesquatrechasseurs,quinesedoutaientderien.L’Hybrides’agrippaau tronc, étudia un instant la situation, puis sortit un pistolet de son holsterd’épaule. Dans unmouvement aussi silencieux que gracieux, il sauta sur unebranche et se déplaça dessus à la manière d’une gymnaste sur une poutre.
Soudain, il bondit pour atterrir sur les deux hommes qui se trouvaientdirectementendessousdelui.Lesdeuxautreschasseursseretournèrent,alertéspar lebruit, et l’Hybride roux, comme sorti denullepart, seprécipita sur euxpour les tacler comme un joueur de rugby. Ils étaient si près d’elle qu’elleentendaitleursgrognementsdedouleur.Quelquessecondesplustard,lesquatrechasseursétaientallongéssurlesol,sansconnaissance,auxpiedsdeleursdeuxassaillants.Maintenantqu’ilsétaientàunedistanceraisonnable,Trishapouvaitlesétudier
plusendétail.Ilnefaisaitplusaucundoutequ’ilsétaientdesHybrides,commeentémoignaientleursanomaliesfaciales.Lenezdel’individuauxcheveuxnoirsétait plus petit que la moyenne et ses traits indiquaient qu’il était en partieprimate.L’Hybrideroux,dontlesyeuxdechatfaisaientpenseràceuxdeJusticeNorth,avaitquantàluidesgènesdefélin.Ilssortirentdesliensenplastiquedeleurspochesetattachèrentlesmainsdes
hommesévanouisdansleurdos,puisleurschevilles.Lorsqu’ilsseredressèrent,l’undesdeuxéclatade rireetTrishabougea.Soncorpsétaitengourdid’avoirgardé lamême position pendant si longtemps,mais elle parvint toutefois à seredresserprudemment,puisellesepenchapourregarderlesdeuxhommes,vingtmètresencontrebas.—Bonjour,lessalua-t-elle.Nullementsurpris,ilstournèrentlatêtedanssadirection.Ilssavaientdéjàque
j’étaislà?sedemanda-t-elle.C’étaitplusqueprobable.— On arrive, juste le temps de faire disparaître les cadavres, déclara le
rouquin.C’estvotreœuvre?Ilyenadeux,n’est-cepas?Jesensdeuxodeursdifférentes.Sous lechoc,Trisha restabouchebée.D’où ilsétaient, ilsnepouvaientpas
voir les corps.Auboutdeplusieurs secondes, ellehochaenfin la tête.L’autreHybrideécartalescheveuxdesesyeuxetlaregarda.—OùestSlade?Onarepérésonodeur,maiselleestténue,commes’ilétait
partidepuisplusieursheures.Pourquoivousa-t-illaisséeseule,docteurNorbit?— Il m’a dit que les chasseurs étaient trop nombreux et qu’il voulait en
éliminer quelques-uns. Il pensait que s’il en tuait suffisamment, les autresprendraient peur et s’enfuiraient,mais il aurait déjà dû revenir. Ilm’a affirméquesijetiraisdescoupsdefeu,illesentendraitetreviendraitimmédiatement.—C’estunbonplan,acquiesçalerouquin.Çaexpliquepourquoionatrouvé
deuxcampsdésertsavecuneforteodeurdesang.Deuxcamps?Avaient-ilsdécouvertceluioùelleavaitétédétenue,oucelui
queSladeavaitattaquépendant lanuit?Ellen’avaitpasvraimentenviede lesavoir.SeullesortdeSladeluiimportait.Ilavaitdûentendresestirs.Pourquoin’était-ilpasencorelà?Est-cequ’ilestblessé?Mort?Ilestpeut-êtreentrainderevenirdeloin.— Est-ce que vous avez le moyen de savoir s’il est dans les parages ?
demanda-t-elleenespérantquec’étaitlecas.Lerouquinlevalenez,renifla,puissecoualatête.— Je ne sens rien. S’il revient, il est encore trop loin. On vous aidera à
descendredèsqu’onaurafini.Détendez-vous,docteurNorbit.Vousn’avezplusrienàcraindre.Nousallonsfairevenirunhélicoptèrepourvousévacueretnouspartirons à la recherche de Slade s’il n’est pas revenu d’ici là. Nos équipessillonnent le secteur. Je préfère attendre que vous soyez en sécurité avantd’essayer de le retrouver. Slade est assez grand pour s’en sortir seul et votresécuritépasseavanttout.Cettedernièreremarquelalaissasansvoix.ElletravaillaitpourlesHybrides,
maisSlade,aprèstout,étaitl’undesleurs.Elleétaitheureusequesescollèguesmontrentunetelleconfianceensescapacitésdesurvie.Ilsavaientsuivilemêmeentraînementqueluietleconnaissaientmieuxquepersonne.Lesoldatauxcheveuxnoirssortitunesortedetéléphonedesapochearrière.
Trishaeutbeautendre l’oreille,elleneparvenaitpasàentendrecequ’ildisait,mais elle vit qu’il s’agissait d’un téléphone satellite. Il raccrocha et rangeal’appareil.Trisha recula pour ne pas les voir se débarrasser des cadavres. Que
comptaient-ils en faire ? Elle n’avait aucune envie de le leur demander. Elles’assitsursonsacdecouchage,lesgenouxrelevésjusqu’aumenton.—Oùes-tu,Slade?Lesilenceambiant luiserrait lecœurcommeunétau.Ellenesavaitpass’il
était indemne ou s’il allait lui revenir. S’ils s’en sortaient tous les deux, il yauraitdeschosesdont ilallaientdevoirdiscuter.Cequis’étaitpasséentreeuxavait-il une véritable signification ou avaient-ils simplement cédé au stress ?Trishapoussaunjuron.Peut-êtreavait-ilcouchéavecelleàcausedelasituationdans laquelle ils s’étaient retrouvés ? Elle repoussa cette hypothèse. Elle étaittropdouloureuse.Slade repéra l’odeur de ses alliés et sentit la rage l’envahir. Ils allaient
l’empêcher de tuer tous les humains qui voulaient faire dumal à Trisha. Lescoupsdefeudistantsvenaientdeladirectiondelacachette.Lecœurbattant,il
prit son élan, s’appuya sur un tronc et bondit par-dessus un petit ravin. Ilretombadurement,s’accroupitpuissereleva.—Ducalme,luiconseillaunevoixmasculine.Arrêtedecourir.Sladegrogna,levalatêteetaperçutunvisagefamilier.L’hommeétaitperché
surunebranche,àsixmètresdusol.—Elleestendanger.—Maisnon.JoyeuxetFlammel’ontrécupérée.Ilsontlocalisésacachetteet
s’occupentdesécuriserlazone.Ellen’aplusrienàcraindre.(Soninterlocuteursauta à terre et atterrit avec souplesse sur un tas de feuilles mortes.) Aucunhumainnedoittevoirpourl’instant.—Ilfautquej’aillelaretrouver,Ascension.—Ellevabien.Elleestsousnotreprotection,monpote,lerassuraAscension
toutenlescrutantdelatêteauxpieds.Tuescouvertdesangetd’entrailles.Sielletevoitcommeça,elleseraterrifiée.Tufaispeuràvoir,mêmepourmoi.Tuenastuécombien?—Beaucoup.Sladecommençaitàsedétendre.AvecFlammeetJoyeux,Trishanerisquait
plusrien.Sesdeuxamisétaientdoués.—Ellevabien?reprit-il.Tuessûr?—Tul’asinstalléedansunendroit imprenable.Aucunhumainneréussiraà
l’atteindre.Calme-toi.Jepeuxapprocher?Tuesblessé,ettuascetairféroceetsauvagequ’onneconnaîtquetropbien.Slades’accroupitettentadereprendresonsouffle.—Jenet’attaqueraipas.—Tantmieux.Jemedemandaissituavaiscomplètementperdulecontrôle.Ascensionfitunpasversluiets’accroupitàsontour.—Jevaisbien,lerassuraSladeenleregardantdanslesyeux.—Tantmieux.On savait que tu survivrais,mais on ignorait dans quel état
d’espritonteretrouveraitsituétaisforcéàtuer.Onesttombéssurtesvictimes.Pourquoitun’espasrestéavecledocteur?— Ils nous encerclaient, ils étaient tropnombreux et ungroupe l’avait déjà
capturée lapremière foisoù je l’avais laissée seule.Ellen’aaucunenotiondesurvie et je devais renverser la situation pourm’assurer qu’il ne lui arriveraitrien.Ascensionleregardaenfronçantlessourcils.—Jesenssonodeursurtoi.Elleestcamoufléesouslapuanteurdusangetde
lamort,maiselleestbienlà.
Sladepoussaungrognementsourd.—Et?Ascensionposalesmainssursesépaules.—C’estunehumaine.Elleestfragileetelleestmédecin.Elleafaitleserment
desauverdesvies.Jen’aipasenviedetevoirsouffrir.—Jeveuxlavoir,répliquaSlade.Iltentadeseredresser,maisAscensionl’enempêcha.—Écoute-moi.—Quoi?—Tunetecontrôlespasencoreassez.Tuesmoinsénervéqu’onlecraignait,
maispourlemoment,tuesuntueurambulant.Çasevoitàtonvisageetàtonregard.Ellenedoitpastevoircommeça,tulaterrifierais.J’aipourordredeterameneràHomeland.Suis-moi,d’accord?—Non,grognaSlade,jen’enaipasterminé.Ilresteencoredeshumainsen
vie.—Onm’aordonnéde…—Ilsl’ontattaquée.L’und’entreeuxl’afrappéeetaessayédelavioler.Elle
auraitpumourirdansl’accidentdevoiture.Ilsnousontdéclaréuneguerrequejeveuxmeneràsonterme.Tousceuxquis’échappentrisquentdes’enprendreànouveauàelle.Ascensionlelâcha.— D’un autre côté, je ne peux pas te ramener si je n’ai pas réussi à te
localiser.Jecomprendscequeturessens,maisnet’approchepasd’elletantquetun’es pas enmesurede contenir ta colère.Aumoins, lave-toi avant denousrejoindre. Il y a un ruisseau à l’est d’ici. Si je sens son odeur sur toi, ils larepérerontaussi.Vutonétat,ilspenserontpeut-êtrequetul’asforcéeàcoucheravectoi.Jenepensepasquecesoitlecas.Jeteconnaistropbienetjet’aivul’observer pendant nos tours de garde. Tu dois avoir sciemment répandu sonodeursurtoipourqu’ellenes’effacepas.Slade se rappelait avoir étalé le sang de Trisha sur sa nuque après l’avoir
mordue.Celan’avaitpasétévolontaire,maisilnepouvaitnierqu’iln’avaitrienfaitpoursenettoyer.L’odeurdelajeunefemmesursapeaul’avaitaidéànepassombrerdanslafoliependantqu’iltuaitpourelle.—Situpensesqu’ilsprésenteronttoujoursunemenacepourtafemelle,finis
cequetuascommencé.Jenet’aipasvuetcetteconversationn’ajamaiseulieu.Promets-moi juste quequand tu seras prêt à être retrouvé, tu ne t’approcheraspasd’ellependantvingt-quatreheures.Onestunequarantaineàpasserlesbois
aupeignefin,dontcinqprimatespoursurveillerlesarbres.C’estpourçaquejemesuisinstalléenhauteur,jesavaisquetunet’yattendraispas.—Pasbête.Ascensionluisourit.—Jeteconnais,monpote.Depuisnotrelibération,onnes’estpasquittés,dit-
il avec émotion avant de retrouver son sérieux. N’oublie pas de localiser leruisseau. À ta place, je commencerais par ça avant de reprendre ma traque.Ensuite,unefoisquetulesaurastoustués,vatelaverdeleursang.—Jen’oublieraipas.Tumejuresqu’elleestensécurité?—Paroled’honneur.CelasuffisaitàSlade.—Jeveuxtouslestuerpourlespunirdesrisquesqu’ilsluiontfaitcourir.—Etçanemerassurepas.Ilfautqueturetrouvestoncalme.Jediraiqueje
n’aipasréussiàtetrouver,déclaraAscensionenselevant.Vas-y,etgardeunœilsur les arbres. Je ne suis certainement pas le seul à avoir l’idée deme cacherdanslesbranchespourtechercher.Slade s’enfonça dans la forêt épaisse en suivant le conseil de son ami. Les
primates restaient autant que possible dans les hautes branches pour masquerleurodeuretiln’avaitpasenvied’êtreretrouvéavantd’avoiréliminétousceuxquiavaientosémenacersaTrisha.Assailli par le remords, il repensa aux paroles d’Ascension. Trisha était
humaine et émotionnellement vulnérable. De plus, en tant que médecin, ellen’apprécieraitpasdelevoirsemerlamortsursonpassage.Ilyréfléchiraitplustard.Unefoistouteslesmenacesannihilées.
CHAPITRE11
—Jemonte,docteurNorbit,annonçal’undeshommesauboutd’uneheure.Trishaselevaetavançaverslebord.Lesdeuxcadavresavaientdisparuetil
n’y avait plus une trace de sang sur le sol, comme si on avait recouvert lesfeuillestachéesavecdelaterre.L’Hybride aux cheveux noirs gravissait la pente avec une aisance
déconcertante. Trisha lui enviait son agilité et sa vitesse. Slade avait dû lapousser et la soutenir pendant toute l’ascension, mais pour le nouveau venu,c’étaitunebaladedesanté.Ilmesurait environunmètre quatre-vingts et avait la carrure imposante des
Hybrides.De près, son héritage de primate ne faisait plus aucun doute, et sestraits d’une grande douceur le rendaient très mignon. Les Hybrides étaientgénéralementd’unebeautévirile,maissespetitsyeuxrondsdecouleuramandeetsonvisageaniméluidonnaientunattraitadorable.— Je m’appelle Joyeux. Bonjour, docteur Norbit, dit-il gaiement en
s’accroupissant à l’entrée de la cachette, car il était trop grand pour s’y tenirdebout.L’hélicoptèrenedevraitpastarder.Lespilotesonteubeaucoupdeboulotaujourd’hui pour transporter tous les humains que nous avons capturés. On aessayéden’entueraucun,mais…certainsd’entreeuxontvoulujouerleshéros,expliqua-t-ilenhaussantlesépaules.Commentvoussentez-vous?—Trèsbien.VousavezdesnouvellesdeSlade?—Non, désolé,mais c’est l’undenosmeilleurs éléments et il n’y a aucun
souci à se faire pour lui. Il est capable de se sortir des situations les plusextrêmes.Joyeux regarda Trisha de la tête aux pieds, mais sans aucune connotation
sexuelle.—Quivousafrappée?—J’aiétécapturéehiermatin,maisSladem’asecourue.Ças’estpasséavant
qu’ilarrive.(Ellepassalamainsursajoue,quilalançaittoujours,etsursalèvreenfléeetfissurée.L’imagedeSladel’embrassantluiapparutaussitôt,maisellelarepoussa.) Je vais bien.À partmon visage, je n’ai que quelques égratignures,
quelquesbleusetunoudeuxmusclesmeurtris.—Slade les a laissés vous capturer ? demanda Joyeux avec amusement. Je
suischoqué.—Pasexactement. Ilm’avait laisséeseulepourchercherunecachetteoù je
seraisensécurité,expliqua-t-elleenfronçantlessourcils.Ilm’asauvélaviedelamanièrelaplusradicale.Neriezpas,s’ilvousplaît.Ilatuédeshommespourquejevive.— Excusez-moi. Il n’y a rien d’amusant, en effet. Je vais vous aider à
descendreetonattendral’hélicoptèreenbas.Onvavousemmeneràl’hôpitaloùvousserezexaminée,puisonvousramèneraàHomeland.OrdresdeJustice.Ilesttrèsimpatientdevousparler.Trisha regarda autour d’elle, mais ne vit rien qu’elle voulait emporter. Ses
yeuxtombèrentalorssurlesarmes.—Onnedevraitpaslesprendre?Jen’aimeraispasquedesgaminstombent
dessus.Ellessonttouteschargées.—Onvas’enoccuper.(Joyeuxseretournaetlesommetdesoncrânefrôlale
plafond.)Vousvoulezquejevousportepourdescendre?Jevousprometsquejenevousferaipastomber.—Çadevraitaller,merci.J’airéussiàmonteravecl’aidedeSlade.Jenesuis
pasaussibiencoordonnéequevoustous.Ilhochalatêteetluisouritànouveau.Trishacomprenaitpourquoionl’avait
surnommé«Joyeux».—Oui,c’estundon.Trishas’approchadubordetétudialeterrainquil’attendait.Ellen’aimaitpas
beaucoup être en hauteur, et de là où elle se trouvait, la chute semblaitimpressionnante.Joyeuxs’engageadanslapenteetlaregarda.—Retournez-vousetcommencezàdescendre.Jevaisresterjusteendessous
devous.Sivoustombez,jevousrattraperai.Jesuiscostaud,larassura-t-ilavecunclind’œil.Jenevouslâcheraipas,promis.Malgrésapeur,elleobéitenessayantdenepasregarderenbas.Ladescente
était pire que la montée. Elle glissa à deux reprises, mais Joyeux la rattrapafermementàchaquefois.Lorsqu’ilsarrivèrentauniveaudusol,Trishasesentitl’envied’embrasserlaterre.Elleseretintdepeurquesessauveteurslacroientfolle.Le rouquin la salua d’un signe de tête, puis renifla et fronça les sourcils. Il
s’approchad’elleetreniflaànouveau,l’airinquiet.—Jem’appelleFlamme.Quevousest-ilarrivé?
Trishaleregarda.Quevoulait-ildireparlà?Ilfaisaitunebonnetrentainedecentimètres de plus qu’elle. Ses pommettes saillantes et ses dents pointuesaccentuaientsonaspecteffrayant.—J’aiétécapturéeetbattue.Avantcela,nousavonseuungrosaccidentde
voiture.Moncorpsaétésoumisàrudeépreuveaucoursdesderniersjours.Flammereniflaànouveau.— Je repère l’odeur de Slade sur vous, mais aussi celle de deux mâles
humains.Voussentezlesang,lapeuretlesexe.Leshumainsvousontviolée?demanda-t-il,l’airplusintimidantquejamais.Trishasentitsabouches’ouvrird’elle-même,puislarefermaaussitôt.—Sladem’asauvée.Ellen’enrevenaitpas.Ellesavaitqueleurodoratétaithorsducommun,mais
comment parvenait-il à saisir tant de nuances avec son simple nez ? Cetteultrasensibilitélamettaitmalàl’aise.—Jevais traquer lesdeuxhumainset les tuer,déclaraFlamme. Jevousen
faisleserment.Ilsvontlepayerdeleurvie.—Ilssontdéjàmorts,réponditTrisha,lecœurbattant.Slades’enestchargé.Flammerelevavivementlatêteetluitournaledos.—Tantmieux.Joyeux,jevaissurveillerlesquatreabrutisqu’onaassommés.
Nelaperdspasdesyeux.— Aucun risque, répondit Joyeux en se tournant vers elle. Asseyez-vous.
L’hélicoptèrenevapastarder.Trishaobéit.Elleétaitdéjàsimaculéedeterrequ’ellenecraignaitplusdese
salirdavantage.—Oùva-t-ilseposer?Joyeuxeutunmomentd’hésitation.—Enfait,onvavoushélitreuiller.Lavégétationesttropdensepourrisquer
unatterrissage.Vousêtesasseztraumatiséecommeça.Nevousenfaitespas,çavasepassercommesurdesroulettes.—Génial,maugréaTrisha,paralyséepar l’appréhension. Jevousaidéjàdit
quej’ailevertige?Joyeuxsourit.—C’estl’occasionidéaledesurmontervotrepeur.Mais bien sûr.Quelques minutes plus tard, elle entendit le vrombissement
d’unhélicoptèreenapproche.Joyeux,quin’avaitcessédelaregarderensilence,levalatête.—Lesvoilà.Çavafairedubruit.Ilsferontdescendreunharnaisdanslequel
jevousinstallerai.Ensuite,letreuilvoussoulèveraetunefoisenhaut,onvoushissera à l’intérieur.L’hélico vous emmènera à l’hôpital et deuxde nosmâlesresterontavecvousjusqu’àcequevousarriviezàHomeland.Voilà,commeça,voussavezcequivousattend.—Mercipourtout.VousremercierezaussiFlammepourmoi?Joyeuxhochalatête.—Derien.Onesttoussoulagésquevoussoyezenvie.—VouspourrezdireàSladedemecontacterdèsquevousl’aurezretrouvé?
Jem’inquiètepourluietjeneseraitranquillequ’unefoisquejesauraiqu’ilestensécurité.—Biensûr,réponditJoyeux.Voilàl’hélico.Bouchez-vouslesoreilles,çava
êtreassourdissant.Ceboucanmedonnelamigraine,maisilfautbienfaireavec.Trishaselevalorsquel’hélicoptèresepositionnaàleurverticale,aurasdela
cimedesarbres.Elle secouvrit lesyeuxpour lesprotégerdesdébris soulevésparleventdespales.Joyeuxpoussaunjuronbiensenti,maiselleneluientintpasrigueur.Lesminutesquis’annonçaientneluifaisaientnullementenvie.L’Hybridel’entraînajusqu’auharnais,luiindiquacomments’installerdedans
puisserralessanglesautourdesesépaules,ainsiquesaceinture.Unefoiscettetâcheeffectuée, il recula et lui adressaunclind’œil.Trisha agrippa leharnaisaveclaforcedudésespoirenlevoyantfairesigneaupilote.Aussitôt,lessanglessetendirentetellesesentitdécoller.Ballotée par le vent, elle ferma les yeux pour contenir sa panique et ne les
rouvritquelorsqu’ellesentitdesmainssefermerautourdesataille.Unedizainedemètres en dessous d’elle, Joyeux se cachait le visage avec le bras pour seprotégerdelapoussière.Trishasentitqu’onlatiraitàl’intérieurdelacabine.Lesdeuxhommesquis’ytrouvaientétaientdesHybridescaninsqu’elleavait
déjàcroisésàHomeland.Lepremier,Cuivre,avaitlevisageferméetelleneserappelait plus le nom du deuxième. Ils la détachèrent, fermèrent la porte del’appareil et l’installèrent surun siège.Cuivre lui tendit un casque antibruit etl’aidaà l’enfiler.Elle le remerciad’unsignede tête.C’étaitunbrunauxyeuxnoirs,à lacarrure impressionnante.Soncollègue,brun luiaussi, semblait sortidumêmemoule. Il s’installa en face d’elle tandis queCuivre s’asseyait à sescôtés.Quelquesminutes plus tard, l’appareil se posait sur le toit d’un hôpital. Le
personnelmédicall’attendaitavecunbrancard,etcettescèneluirappelalejouroùelleavaitrencontréSlade.Elleselaissafairesansprotester,carelleétaitbienplacéepourconnaître les règlesde l’hôpital.Ellesavaitparexpérienceque les
médecinsétaientdespatientsinsupportablesettentad’oublierqu’elleenétaituntandisquelesinfirmiersl’installaientdansunesalledesoins,suivisparlesdeuxHybrides.Le médecin de garde avait une bonne trentaine d’années et un physique
attirant.Sonteinthâlélaissaitpenserqu’ilpassaitplusdetempssurlesparcoursdegolfqu’ensalled’opération.—JesuisledocteurEvanTauras,seprésenta-t-ilensouriant.Commentvous
appelez-vous?—DocteurTrishaNorbit. (Elle le vit grimacer et lui sourit.) Je promets de
bienme tenir. J’ai eu un accident de voiture il y a quelques jours. C’est unelonguehistoire.Jen’avaispasmaceinture.Jesaisquej’aieutort,maisjevenaisjustedel’enlever.Jen’aipasétééjectéeduvéhicule.Ensuite, j’aiétéagresséeparunhommequim’afrappéeauvisage.Jen’aimalnidansledosnidanslanuque. Je n’ai aucun signe de traumatisme interne. Je n’ai aucune allergieconnueetàpartlesamygdalesquandj’avaisdixans,jen’aijamaisétéopérée.Jenesuisaucuntraitement,jenefumepas,jeneboispasetjenemedroguepas.Bon,maintenantjemetaisetjevouslaissefairevotretravail.LedocteurTaurashochalatête.— Merci. En fait, vous me facilitez les choses. Aucun symptôme de
commotioncérébrale?— Peut-être. Si j’en ai une, elle est légère. J’ai souffert d’étourdissements
aprèsl’accident,etaussiaprèslescoupsreçushier,maissansnauséenitroublesdelavision.— On a attrapé le type qui vous a frappé ? demanda le docteur en lui
examinantlatête.—Onpeutdireça.Ilestmort.Tauraslaregardadanslesyeux,puishochalatête.— C’est vous dont la photo passait sur toutes les chaînes d’info. Je suis
contentqu’onvousaitretrouvée.Ilouvritgrandlaboucheetelleenfitdemême,comprenantqu’ilvoulaitlui
examiner le palais et les dents. Il passa ensuite lesmains sur les bleus de sonvisage.Trishatressaillitmaislelaissafaire.Assistéd’uneinfirmière,ilexaminale reste de son corps. Elle était soulagée qu’il ne lui ait pas demandé de sedéshabiller, car les deux Hybrides qu’on lui avait assignés comme gardes ducorpssetenaientdevantlaporteetnelalâchaientpasdesyeux.Le docteur les regarda avec agacement à plusieurs reprises. Trisha,
comprenantsonpointdevue,luiexpliqualasituation.
—Onacherchéàmetuer,leurprésenceestindispensable.Jesaisquecen’estpastrèsagréablepourvous.— Aucun souci. C’est juste qu’ils sont impressionnants. (Il baissa la voix
jusqu’aumurmure.) Jen’enavais jamaisvuenpersonne,mais ils avaient l’airmoinsimposantsàlatélé.Ilssontvraimentcostauds.—Oui,jesais,réponditTrishasurlemêmeton.Etilsontaussiuneouïetrès
développée.Murmurez-leurunpetitbonjour.Affolé,ledocteurtournalatêteverseux.Cuivreluiadressaunclind’œiletfit
jouerlesmusclesdesesbras.Soncollègue,levisagetoujoursaussifermé,fitunsignedelamain.Trishaseretintderireenvoyantlepraticienrougiravantdesetourner vers l’infirmière pour ordonner une batterie de tests, dont une radio.Trisha n’en voyait pas l’utilité, mais elle ne protesta pas. Elle n’était que lapatienteetavaitjuréd’êtresage.Deuxheures plus tard, l’hôpital la laissa sortir avecdes anti-inflammatoires
poursongenou,unanalgésiquepour sonvisageetdesantibiotiquesaucasoùses plaies s’infecteraient. Elle avait envisagé de demander une pilule dulendemain, mais ce qui s’était passé entre Slade et elle ne l’inquiétait pasvraiment.Elleétaitpresquesûredenepastomberenceinte,mêmes’ilsn’avaientpris aucune protection.Ni Slade ni elle n’avaient eu de préservatif sur eux etcommesaviesexuelleétaitaupointmort,elleneprenaitpaslapilule.Cuivre etHarley – c’était le nomde l’autre agent de l’OPH– l’escortèrent
jusqu’à la pharmacie de l’hôpital, puis l’hélicoptère revint les chercher cinqminutesplustard.Iln’yavaitaucunenouvelledeSlade.Assomméeparlesmédicaments,Trisha
tomba dans une douce somnolence. Une heure plus tard, l’appareil se posa àHomelandetelleseréveillalorsqueCuivrelasoulevapourlaporter.—Vousêtesensécurité.Détendez-vous.Elleneluidemandapasdelaposer.ToutcommeSlade,ilsupportaitsonpoids
sanslemoindreeffort.—Merci.JusticeNorthl’attendaitauvolantd’uneJeep.Ilgrimaçaenvoyantsonétat.
Cuivrel’installadanslesiègepassageretmontaàl’arrièreavecHarley.JusticedémarraetpritladirectiondelamaisondeTrisha.—Jenesaispascommentm’excuserde toutcequivousestarrivé,Trisha.
Cette attaque était dirigée contre les Hybrides et vous en êtes une victimecollatérale.
—Cen’est pas votre faute.Ce n’est pas vous qui avez causé l’accident devoitureouquiavezdécidédenousprendreenchasse.Mercipourl’hélicoptèreetpourlaprésencedeCuivreetdeHarley.VousavezdesnouvellesdeSlade?Justicesecoualatête.—Nos équipes sont toujours là-bas et elles ont encerclé huit autres de ces
encu… des hommes qui vous traquaient. Nous les donnerons aux autoritéslocalesdèsquenous lesauronsattrapés.Quandnousavons reçu l’autorisationd’allernous-mêmesàvotrerescousse,çanousafaittrèsplaisir.Cuivrericana.—Displutôtqu’ilsétaientsoulagésqu’onyailleàleurplace.—Cen’estpasfaux,concédaJustice.Onétaitmieuxéquipésqu’euxpource
genredemissionetonavaitbesoindemobilisermoinsd’hommes.—Ilsnevoulaientpassefairecanarderparcesfanatiques,surtout, rétorqua
Harley.C’estpourçaqu’ilsnousontlaissésfairelesaleboulotàleurplace.Ilsentireronttoutlemérite,maisaumoins,aucunpoliciern’auraétémisendanger.JusticeregardaTrishaetrenifla.Ilsemblaittrèsencolère.Ilsegaradansson
alléeetelleaperçutungardedesécuritéhumainsoussonporche.—Nebougezpas,luiordonnaJustice.Jel’aipostélàparcequejesavaisque
vousaviezperduvosclésdans l’accident.On lesa retrouvées,ainsiquevotresacàmain.Onaramenétoutcequiétaitrécupérablechezvous.Lesvêtementsencore intacts ont été nettoyés. Nous vous rembourserons tout le reste. (Ildescenditdesonsiège,fitletourdelaJeepet,àlagrandesurprisedeTrisha,lasouleva.) Onm’a fait le topo de vos blessures. Le docteur a dit que vous nedeviezpasvousleverpendantdeuxjours.Legardehochalatêteàl’intentiondeTrishaetouvritlaporte.Justiceentraet
ladéposasurlecanapé.Aprèsunmomentd’hésitation,ilsetournaversCuivreetHarley.Legardelesavaitsuivisàl’intérieur.—Vous pouvez nous laisser un instant ? J’aimerais parler seul à seul avec
Trisha. Après ce qu’elle vient de vivre, je n’ai pas envie de lui infliger laconversationquivasuivredevantunpublicentièrementmasculin.Les trois hommes sortirent sans bruit et refermèrent la porte derrière eux.
Justices’assitenfaced’elle,levisagetendu,etlaregardadesesyeuxdechat.—Vousportez des odeurs de peur, de terre, de sang et de sexe.Le rapport
médicaln’indiquepourtantpasquevousayezsubiuneagressionsexuelle.Est-cequel’undecesfanatiquesvousaviolée?Onm’aditquelesblessuresquevousportezauvisagesontduesàl’undecesenfoi…euh,decesfous.—Vouspouvezlestraiterd’enfoirés.Moi,jenem’enprivepas,répondit-elle
enaffrontantsonregard.Non,jen’aipasétéviolée,maiscen’estpaspasséloin.Jen’aipasenvied’entrerdans lesdétails,maisSladeestarrivéà tempset ilaempêchéletypedepasseràl’acte.Iladûletuer,ajouta-t-elleaprèsunsilence.—Vousavezcouchéavecquelqu’unavantvotredépart?Jenesavaispasque
vousaviezunerelation.Trishafronçalessourcils.—Maviesexuellenevousregardepas,monsieurNorth.— Pardon, je m’y prends mal. Excusez ma maladresse, mais j’essaie de
devinersivousmentezàproposduviol.VoustravaillezethabitezàHomeland.Je suis au courant de toutes les allées et venues dans l’enceinte. Vous avezcouchéavecquelqu’un,l’odeurestindéniable.JesenscelledeSlade,biensûr,etdedeuxautreshommes.JereconnaisaussimamarqueetcelledeCuivre,maisellessontplusténues,parcequenousn’avonsfaitquevousporter,etjesaisqueJoyeuxvousaaidéeàdescendredevotrecachette.—Commentparvenez-vousà faireune telledistinctionentre leshumainset
lesHybrides?Justicelaregardaattentivement.—C’estdifficileàexpliquer.Jefaisladifférence,c’esttout.L’odeurdel’un
deshumainsm’estfamilière.Jecherchejusteàsavoirsivousavezétévioléeoupas.—Non.L’odeurestprobablementcelledeBart,notrechauffeur.Jeneconnais
pas son nom de famille. Il a été blessé dans l’accident et je l’ai touché pourexaminer ses blessures. Il est mort, n’est-ce pas ? Il n’a pas voulu quitter lavoitureetSladeetmoiavonsentendutroiscoupsdefeu.Ilpensaitquecommeilétaithumain, leschasseursne lui feraientaucunmal.Nousavonsessayéde leconvaincre,maisilnevoulaitrienentendre.Nousavonsétéforcésdelelaisserlà.—Ilestmort,eneffet.Troisballesdansl’entrejambe,leventreetlatêteaprès
avoir été attaché et torturé. Ils ont dû chercher à lui fairedirequelledirectionSladeetvousaviezprise.NousavonsretrouvésoncorpsprèsduSUV.Selonlemédecinlégiste,ilestmortpeudetempsaprèsl’accident.
CHAPITRE12
Trisha se doutait de lamort deBart,mais le récit de ce qu’il avait subi luiretournait l’estomac.Ellerevitsonvisage, repensaàsapeur,àsa jeunesse.Cen’était qu’un jeune homme, à qui unemère inquiète avait conseillé d’aller sefairevaccinerparunvétérinaire.—MonDieu,souffla-t-elle.Dansl’entrejambe?Justicehésita.—Cequ’ilsontfaitétaitvicieuxetcruel.Tuerunhommedesang-froid,c’est
unechose,maislecastreravantdelemettreàmort,c’estinhumain.—Lecastrer?répéta-t-elled’unevoixfaible.—Avecunfusilàdoublecanonscié,àboutportant,selonlemédecin-légiste.
Etdirequ’ilsosentnoustraiterd’animaux…JamaisunHybridenesemontreraitaussiinhumain.Trishaselevamaladroitement.—J’aibesoindeprendreunedouche.Jesaisquevousavezdesquestionsà
meposer,maisjesuisfatiguée,jesuissaleetj’aifaim.(Ellesemorditlalèvreetgrimaçadedouleur,carelleavaitoubliésablessure,puisregardaJusticedanslesyeux.)Et je vais aussi probablement pleurer unbon coup. Je vous jure que jen’aipasétéviolée.Sladeaarrêtémonagresseurjusteàtemps.Jevousremerciedevoussoucierdemonbien-être,maismaviesexuelleestpersonnelle.J’auraistoutdemêmeunefaveuràvousdemander.—Toutcequevousvoudrez.—DèsquevousaurezdesnouvellesdeSlade,mêmesic’estaumilieudela
nuit, faites-moi prévenir. Ilm’a sauvé la vie je ne sais combiende fois. Je nepourraipasmereposertantquejenesauraipass’ilvabien.— Cuivre restera ici et je vais vous faire livrer à manger. Tout sera prêt
lorsque vous sortirez de la douche. Je vous promets que dès que je sauraiquelque chose, j’en informerai Cuivre. Nous reparlerons de vosmésaventuresdemain.—Cuivrevarester?— Oui, confirma Justice avec un hochement de tête. Simple précaution.
Plusieursdecesenculéssontmortsetcelaamis leurscopainsencolère.Vousserez protégée en permanence jusqu’à ce que la menace soit écartée. VousconnaissezdéjàCuivreetvousavezvécudesmomentstraumatisants.Ilprendralapremièregarde.Jeveuxqu’ilresteàl’intérieur.Ils’installerasurlecanapé,sicela vous convient. Il réceptionnera vos repas et vous transmettra lesinformationsquejerecevrai.—MaisonestàHomeland,ensécurité.Cesabrutisnerisquentpasd’envahir
l’enceinteetd’entrerchezmoi.Jesuissûreque…—Quelqu’unlesaprévenusdenotrevoyage,l’interrompitJustice.Ilsétaient
aucourantdel’itinéraireprévupourvotrevoiture,cequiveutdirequ’ilsontdessources chez nous. Seules nos équipes de sécurité humaines savaient où nousallions,àquelleheureetparquelmoyen.VousserezprotégéepardesHybridesvingt-quatre heures sur vingt-quatre tant qu’on n’aura pas trouvé le ou lescoupables.Jedoisyaller,maisvotrerepasserabientôt là.Mangezet reposez-vous.Elle avait dumal à croire à cette trahison, mais l’expression de Justice ne
laissaitpasplaceaudoute.—Inutiledemefaireenvoyeràmanger.Jepeuxmepréparerunsandwich.—Cequ’ilvousfaut,c’estunbonrepaschaud.Jelecommandesur-le-champ
etjevousdisàdemain.Appelez-moiquandvousserezlevée.—Merci.Etn’oubliezpasdemeteniraucourantpourSlade.—Promis.Il sortit en laissant laportegrandeouverte etTrisha l’entenditparler àvoix
basseaux troishommes.Ellesedirigea lentementverssachambreet sortitunpantalondejoggingetuntee-shirttroplarge,puisentradanslasalledebain.Enapercevant son reflet dans le miroir, elle eut envie d’éclater en sanglots. Ellefaisaitpitiéàvoir.Sajouearboraitunénormehématome,quicouraitdel’oreilleàlamâchoire.
Sa lèvre était gonflée et rouge. Ses longs cheveux blonds étaient collés etemmêlés.Pourcouronnerletout,elleétaitrecouverted’unepelliculedeterre.Sesvêtementsn’étaientpasenmeilleurétat.Ellesedéshabillaetgrimaçaen
voyantsespoignetsbleuis,vestigesdesheurespasséesattachéeàunarbre.Toutsoncorpsportait lesmarquesde l’accidentdevoiture, enparticulier sacuisse.Ellesavaitqu’elledevaitsemblersortirdel’enfer.Trishaallumal’eauetrestadelonguesminutesimmobilesouslejetavantde
commenceràselaver.Malgrélesantidouleurs,lemoindremouvementluifaisaitmal.Elle semit à pleurer, au point qu’elle dut s’asseoir dans la douche en se
prenant levisagedans lesmains.Elle savaitque savieavait changéà jamais.Elleavaittuédeuxhommes.Aprèscela,commentreprendreunevienormale?Celaluisemblaitimpossible.Quelqu’unfrappaàlaporte.—J’aipresqueterminé.—Vousavezbesoind’aide?ditCuivre.Toutvabien,docteurNorbit.J’entre.Et merde.Elle tenta de se relever, mais ses jambes ne lui obéissaient pas.
Seule laportecoulissantede ladouche,enverrepoli, cacherait sanudité.ElleaperçutlasilhouettedeCuivrequis’approchaitd’elle.—DocteurNorbit?—Jemesuisassiseetjen’arrivepasàmerelever,admit-elle,furieusedese
retrouverdansuntelétatdefaiblesse.Çairamieuxdansquelquesminutes.Vouspouvezme passer une serviette ? (Elle actionna le robinet pour couper l’eau.)S’ilvousplaît.Cuivre posa une grosse serviette sur la porte. Trisha s’en couvrit de son
mieux.Deuxsecondesplustard,àsagrandesurprise,l’Hybrideouvritlaporte.—Laissez-moi vous aider, docteurNorbit. Je vous promets que je ne vous
veuxaucunmal.(Ilsepencha,posalesmainssursatailleetl’aidaàsereleveren douceur.) Je vais vousmettre au lit. Votre repas arrivera bientôt et je vaisdemanderdenouveauxanalgésiques.Le fait de savoir qu’elle avait besoin de cette aide avait quelque chose
d’humiliant.Ellelaissalegardel’aideràsortirdelacabine.Sansl’appuidesonbras,elleseraittombée.Ellemaintenaitlaserviettedevantsapoitrine,maisellenepouvaitrienfairepourcacherlanuditédesondos.Elledevaitavoirlesjouesrouges de honte, cela ne faisait aucun doute. Soudain, Cuivre arracha saserviette.Trisha en resta bouche bée. Sans détourner le regard de son visage, Cuivre
ouvrit laservietteet l’enroulaautourd’elle,puis lasoulevaet l’assitàcôtédulavabo.Sansunmot,ilprituneautreservietteetluiessuyalescheveux.—Merci.Ilhochalatête.—Vousavezfaitpreuved’ungrandcourage.Pourunepersonneaussipetite,
vous forcez mon respect, docteur Norbit. Vous avez été très forte, mais vouspouvezmaintenantbaisserlagardeetlaisserquelqu’uns’occuperdevous.—Vouspouvezm’appelerTrisha.Illuisourit.—Maintenantquevoscheveuxnerisquentplusdetrempervotrematelas,je
vaisvousporter jusqu’àvotrelit.J’aivuquevousaviezdespyjamasdansvosaffaires,maiscroyez-enmalongueexpérience:encasdeblessure,ilvautmieuxlaisserlapeauàl’airlibrejusqu’àguérisoncomplète.Venez.Il jeta la serviette mouillée dans le lavabo et la reprit dans ses bras pour
l’emmenerjusqu’àsonlit,dontlesdrapsétaientdéjàouverts.Cuivrelaposasurlematelas,puisfermalesyeuxettenditlamain.—Jevaismettrelaservietteàsécherdanslasalledebain.Ellelaluidonnaetremontalescouverturesjusqu’àsonmenton.Cuivrepassa
quelques minutes à ranger la salle de bain, puis éteignit la lumière, sortit uninstantdelachambreetrevintpresqueaussitôtenpoussantdevantluiunchariotcroulantsouslesplats.—Cen’estquandmêmepastoutpourmoi!s’exclama-t-elle,bouchebée.Ilhaussalesépaules.— Justice ne savait pas ce que vous aviez envie de manger, alors il a
commandésixplatsdifférents.LeConseildisposed’unchefcuisinierattitré.Dèsqu’ilaeuventdevotrearrivée,Justice luiapassécommande. Ilyaaussidesdesserts.Làencore,Justiceneconnaissaitpasvosgoûts,doncilyalechoix.CuivrepritungrandplateauetleposasurlesgenouxdeTrisha.—Jevaissouleverlescouverclespourquevousfassiezvotrechoix.—Vousallezm’aidezàmangertoutça,j’espère?—Jen’osaispasvousleproposer,répondit-ilgaiement.Jemeursdefaim.Le ventre de Trisha émit un grondement sonore. Elle rougit et Cuivre, qui
avait entenducetteprotestation affamée, éclatade rire. Il lui décrivit lesplats,laissantlesdessertsdecôté.—Jevaisprendrelacôterôtieetlefaux-filet.Çavousva?—C’estparfait.J’avaispeurquevouschoisissiezlescôtesdeporc.Dèsque
jelesaivues,ellesm’ontmisl’eauàlabouche.Vousavezfaim,j’imagine?—Jesuisaffamée.Cuivre posa les assiettes sur le plateau, sortit un instant et revint avec des
sodas. Trisha en prit un à la cerise. Elle en gardait toujours trois sortes enréserve.Cuivresemblaithésiter.—Jevaismangerausalon.Appelez-mois’ilvousfautquelquechose,dit-il
enprenantsonplat.—Installez-vousplutôtici,proposa-t-elleenluidésignantlefauteuilàcôtédu
litetlatabledenuitoùilpourraitposersonassiette.J’allaisallumerlatélé.Jesuisdésolée, iln’yenapasausalon.Jen’aipasencoreeu le tempsd’achetertoutcequejevoulais.Jevouslaisseraimêmelatélécommande,àconditionque
vousmepromettiezd’éviterleschaînesd’histoireoudesport.—Jevouslaissechoisir,répondit-ilenriant.(Ils’installaetouvritsacanette.)
Merci. Pourquoi est-ce que vous voulez changer le mobilier ? La maison estsympa.— Je déteste ce lit et j’aimerais transformer la chambre d’ami en pièce de
travail.J’aihorreurd’avoirmonbureaudansmachambre,expliqua-t-elleenluimontrantlatablerecouvertededossiersinstalléedansuncoindelapièce.Quandj’entreici,jepenseaussitôtauboulotetjen’arrivepasàmedétendre.Cuivretournalesyeuxverselle.—Qu’est-cequevousreprochezaulit?J’adoreleslitsàbaldaquinetcelui-là
al’airtrèssolide.— Il est trop grand. Chaque fois que je monte dedans, j’ai l’impression
d’avoircinqans.Etenplus,j’aibesoind’unmarchepied.Cuivreregardal’objetenquestionettentadeseretenirderire,maisenvain.—D’unautrecôté,c’estvraiquevousn’êtespastrèsgrande,mêmepourune
femme.—Oui,jesais.(Elleenfournaunmorceaudeviandedanssaboucheavecun
gémissementd’extase.)Hmm,c’esttropbon.Cuivre avala sa boissonde travers.Trisha tourna la tête vers lui et constata
qu’illaregardait.—Çava?s’enquit-elleenlevoyantsetapersurlapoitrine.—Oui. J’endéduis quevous appréciezvotre repas et que le chefmérite le
salaireastronomiquequ’onluiverse?— Oui, jusqu’au dernier centime, répondit-elle en goûtant au faux-filet.
Parfait.Délicieux.Çafonddanslabouche.Cuivregardaitlesyeuxfixéssurelle.—Vousvoulezgoûter?Lesportionssonténormes.—Non,merci,c’esttoutàvous.Jesuistrèscontentdemonplat.Parcontre,
j’essaierais bien le rosbif, si vous n’en voulez pas. Les Hybrides ontgénéralementungrosappétit.—Jevousenprie,jenepourraijamaistoutfinir.Toutenmangeant,ilssemirentd’accordsurunfilmd’action.Cuivreengloutit
troisplats,sanscompterledessert.Illuidonnadeuxantidouleursetaumilieudufilm,ellesombradanslesommeil.—Trisha?Elleseréveilla,ivredesommeil.Lapièceétaitsombreetellevitlevisagede
Cuivreàunetrentainedecentimètresdusien.Elleclignadesyeuxetlamémoireluirevintpetitàpetit.Ilétaitlàpourlaprotéger.Illuisourit.—Ehben,lesmédicamentsfontdel’effet,ondirait.Çafaitplusieursminutes
quej’essaiedevousréveiller.JeviensderecevoirdesnouvellesdeSlade.Cesmots achevèrent de la réveiller. Elle tenta de s’asseoir, mais Cuivre la
repoussasurlematelasetl’attrapaparlesépaulesensouriant.—Attention,Trisha.Vousavezfaillimemontrervosseins.Etmerde.Elleavaitoubliéqu’elleneportaitrien.—Désolée,répondit-elleenagrippantlesdraps.Ilvabien?—Oui.OnestentraindelerapatrieràHomeland.L’unedenoséquipesest
tombée sur lui par hasard il y a vingt minutes. Il a reçu une balle, mais lablessure est superficielle. Ils l’emmènent à l’hôpital pour l’examiner, mais ildevraitêtreicidansquelquesheures.Trishadutretenirseslarmes,heureusedesavoirSladevivant,mêmes’ilétait
blessé. Elle savait par expérience que les Hybrides étaient résistants et qu’ilsguérissaient très vite. S’il était prévu qu’il ne passe que quelques heures àl’hôpital,iln’yavaitpasd’inquiétudequantàlagravitédesablessure.—Merci.—Rendormez-vous.Çamefaisaitmalaucœurdevousréveiller,maisJustice
m’aditquevousvouliezqu’onvousmetteaucourantsansattendre.JesuissûrqueSladeviendravousvoirdèssonretour.Reposez-vous.Vousenavezbesoin.— Merci, répéta-t-elle avec un sourire. Pouvez-vous transmettre mes
remerciementsàJustice?—Biensûr,acquiesçaCuivreenquittantlapièce.Trishaétudiasachambre.Cuivreavaittirélesrideaux,maisilslaissaienttout
de même passer une faible lumière. Elle regarda son réveil et constata avecsurprisequ’ilétaitdéjàsixheuresdumatin.Elleserecouchaetselaissaallerànouveauausommeil.Sladeestsainetsauf.Sladen’avaitpasenviedes’asseoir,nimêmedeparticiperàcetteréunion.Il
devaitallervoirTrisha. Ilneretrouveraitvraimentsoncalmequ’unefoisqu’ill’auraitregardéedanslesyeux,qu’ilauraitinspirésonparfumetsentisoncorpsmoelleuxdanssesbras.Sesintentionsnes’arrêtaientbiensûrpaslà,maisilseforça à contenir ces pensées érotiques, car tous les hommes présents dans lebureaudeJusticenemanqueraientpasdesentirsonexcitation.—Jesuisvraimentsoulagédeterevoir,déclaraJustice,assissuruncoinde
son bureau devant la quinzaine d’agents qu’il avait convoqués dans la petitepièce. Nous avons déjà des éléments de réponse. Les salopards qu’on aappréhendés ont parlé à la police. Je viens d’avoir une conversation trèsintéressanteavecl’inspecteurchargédel’affaire.—Ilsnousdétestent,ditTigre.Iln’yapasàchercherplusloin.Çaexplique
touteslesagressions,passées,présentesetfutures.Rage,adosséaumurprèsdelaporte,poussaungrognement.—Chaquefoisqu’oncroitquelamenaces’estatténuée, ilsepassequelque
chose.—Ducalme,ordonnaJusticeenlesregardanttouràtour.C’estparcequ’ils
ontapprisqu’onavaitengagéledocteur.Sladesefigea,souslechoc.—Qu’est-cequeçapeutbienleurfaire?—Elle a été interne en gynécologie pendant deux ans, expliqua Justice en
passant les doigts dans ses cheveux lâchés. Son CV s’est retrouvé je ne saiscomment dans les journaux.Ces crétins se sont persuadés que c’était pour çaqu’on l’avait engagée. (Il se tourna versRage.) Ils pensent qu’elle est là pourrésoudrenosproblèmesdestérilité.J’aifaitunedéclarationpourdirequec’étaitsonexpérienced’urgentistequiavaitfaitpencherlabalanceensafaveur,maisjenepensepasqu’ilssontprêtsàaccepterlavérité.Ilss’obstinentàcroirequ’oncherchelemoyend’aidertacompagneàtomberenceinte,Rage.Cederniergrognaànouveau.—Ellieetmoinesommespasdescobayes.Onn’aprisaucunemesuredans
ce sens.On veut un bébé, c’est vrai,mais on n’a pas envie que lesmédecinsfichentnotrevieenl’airavectousleurstests.—Jelesaisbien,ditJustice.SiMercilen’apasétécapablededécouvrirce
qui clochait, ça veut dire qu’il n’y a pas de solution. Leurs spécialistes de lafertilitéontfaitsubirl’enferànosfemelles.C’estunedéficiencegénétique,voilàtout.Mêmes’ilyavaiteudesvolontairespourdestests,jen’auraispasengagéledocteurNorbitpouryprocéder,maisunvéritablespécialistedecedomaine.—Ilsontmismatêteàprix,intervintSlade.—C’est ce qui leur a permis de convaincre la plupart de ces demeurés de
partiràlarecherchedeTrisha,réponditJusticeenleregardantdanslesyeux.Tuleur as servi d’appât et il y avait aussi une prime à celui qui ramenait toncadavre. Ils saventque tôtou tard,nous finironsparmourirdevieillesse.Tantquenousrestonsstériles,ilssaventquelesHybridesneprospérerontpas.— J’ai horreur des humains, grogna Flamme. Enfin, des mâles, ajouta-t-il
avecunregardd’excuseàdestinationdeRage.Lesfemmessontgentilles.TonEllieestunevraiecrèmeetjeneluiveuxaucunmal,maiscesmâlesmemettentenrogne.—Pastous,lecorrigeaRage.Seulementceuxquinousdétestent.—Bref, reprit Justice, le simple fait quenous accueillions àHomelandune
humaine, médecin qui plus est, n’a fait qu’attiser leur haine. J’ai envisagéd’engager un remplaçant pour le docteurNorbit,mais je pense qu’elle est ungrand atout pour nous.C’est un excellentmédecin capable de gérer n’importequellesituation,commeellenousl’aprouvé.Etellet’asauvélavie,continua-t-ilenregardantRage.Ellenenousveutaucunmal.Jeluifaisconfiance,etmêmesicelanousvautencoreplusdehaine,jepensequelejeuenvautlachandelle.Heureusement,conclut-ilenseredressant,ellen’estencoupleavecaucundenosmâles.Çaauraitvraimentétélepomponpourtouscesdingues.Sladesecrispaets’apprêtaàrépondre,maisCuivreledevança.—Cen’estpasinenvisageable.Elleesttrèsattirante.—Siunmâletientvraimentàelle,c’estlachoseàéviter,déclaraFlamme.—Exactement,renchéritJustice.—Nous essayons d’ouvrir un deuxième centre pour notre peuple, continua
Flamme. Le docteur Norbit va sans arrêt s’y rendre pour installer la futurecliniqueetchaquefoisqu’elleprendralaroute,elleauraunecibledansledos.Onnepeutmêmepasfaireconfianceauxhumainsquitravaillentici.Quelqu’unarenseignénosadversairessursesdéplacementsetsonitinéraire.CuivreetParilaprotègentvingt-quatreheuressurvingt-quatre.Nosennemishumainsenfontforcémentunecibleprioritaire.Sielleétaitencoupleavecl’und’entrenous,elleseraitaussimenacéequeJustice.Ellenousapportesescompétencesmédicales,maissienplusdeçaellecouchaitavecunHybride,ilspenseraientqu’elleestlàavanttoutpourréglernosproblèmesdefertilité,parcequejesupposequeseloneux,lafemmeestsurTerrepouravoirdesbébés.Sladesentitsoncœurseglacerdepeur.Justicerecevaitchaquejourplusieurs
menacesdemortetnesortaitjamaissansgardesducorps.Sapositiondeleaderlemettaitengranddanger.Raresétaientleshumainsenquiilpouvaitavoirunetotaleconfiance,etmêmeaveceux,ilcouraitdegrosrisques.EntantquemédecindeHomeland,Trishadevaitsoignertousleshumainsqui
seprésentaient à la clinique. Il suffisait que le traîtrevienne lui demanderdessoinsetilpourraitlatuersansquepersonneaitletempsdeveniràsonsecours.Leshommesquiappartenaientàcesgroupesd’opposantsétaientfous,aupointd’accepterunemission-suicidepourleséliminer.S’ilstouchaientàsaTrisha,ils
ylaisseraientleurvie.—C’estvrai,acquiesçaJusticeensecouantlatête.Heureusementpournous,
aucundenosmâlesnes’intéresseàelle.Sic’étaitlecas,jedevraislaremplacer.Ilfaudrait laprotégercommeonlefaitpourEllie,quinetravaillequ’avecnosfemelles,carellesnereprésententaucunemenacepourelle.Sladefermalesyeuxet ladouleurs’amplifiaencoredanssapoitrine.Trisha
aimaitsonmétier.Elleétaitmédecinjusqu’auboutdesongles,commeluiétaitunHybride.Ilauraitétéillusoiredeluidemanderdechanger.S’il exigeait qu’elle renonce à sa vie pour lui, elle finirait par le détester.
Tenait-elleseulementassezàluipourenvisageruntelsacrifice?— On va devoir resserrer la sécurité. Le docteur Norbit sera protégé en
permanencejusqu’àcequelamenacesecalme.Ondoittrouverceluiquinousatrahis.Cesenfoirésfinirontparcomprendrequeriennepeutnousaideràavoirdesenfants.Ilscesserontdecraindrequ’onpuissesereproduireetilsattendronttranquillementquenotreespèces’éteigne.Justicen’avaitpasterminé,maisSladen’écoutaitplus.S’ilserapprochaitde
Trisha, il lamettaitendangerdemort. Il reprit lecontrôledesesémotionsdepeurquel’undesescamaradessentesadouleurintense.Ilréfléchiraitàtoutcelaplustard,lorsqu’ilseraitseul.Iln’avaitpasledroitdemettrelaviedelajeunefemmeendanger.Iltenaittropàelle.
CHAPITRE13
Trishaavaitlefronttrempédesueur.Elleespéraitqu’ellen’allaitpasvomirenplein milieu de la salle d’attente du bureau de Justice North. Elle regarda samontre. Elle était arrivée avec quelques minutes d’avance et la secrétaire luiavaitditqu’ilétaitautéléphone.C’étaitellequiavaitdemandéàlevoir.Ellen’avaitpaseulechoix:elleétait
responsabledecettesituationdésastreuseetellelesavaitparfaitement.Lesoucidontelleallait l’entretenirneconcernaitpasqu’elle.Ilauraitdesrépercussionsénormes et elle devait prendre la bonne décision. Pour cela, elle devait endiscuteravecJustice.CelaimpliquaitlesHybridesetilavait ledroitdesavoir,maisellen’avaitpasprévuquecelaluidonneraitlanausée.Lasecrétairelaregardaitavecinquiétude.—Vousvoulezboirequelquechose,docteurNorbit?Ducafé,oupeut-êtreun
verred’eau?Vousêtestrèspâle.—Çava,merci,réponditTrishaavecunsourireforcé.Jesuisnerveuse,c’est
tout.Lasecrétairehochalatêteetregardasonmoniteur.—Encore quelquesminutes. Justice est en communication avec laRéserve
hybride que nous venons d’acquérir. Elle ouvrira bientôt et c’est un peu lapanique.Cen’estpaslàquevousvousrendiezquandvousavezétéattaquée?J’espèrequevousallezmieux,aufait.— Je suis tout à fait remise, merci. Et oui, c’est bien là que nous nous
rendions.Trishan’avaittoujourspasvucettefameuseRéserve.Toutcequ’ellesavaitde
ceprojetprovenaitdesinformationstéléviséesetdecequeCuivreluiavaitdit.Justiceavaitachetédesmilliersd’hectaresboisésdanslenorddelaCalifornie,à650 kilomètres au nord de Homeland. Il s’agissait d’un centre de vacancesabandonnédepuisdesannées.Sonpropriétairel’avaitbradépouréchapperauximpôts.JusticecomptaityinstallerlesHybridesqui«n’avaientpasenviedesemêlerauxautres».EllesouritenrepensantàcesmotsprononcésparCuivre.Illuiavaitexpliqué
quecertainsHybridesavaientunaspectmoinshumainqueceuxqu’ellecroisaitàHomeland.Ilsnesouhaitaientpass’intégreràlasociétéetpréféraientvivreenpaix dans un endroit sécurisé. Ils habitaient pour l’instant dans un lieu secretsouslaprotectiondugouvernement,coupésdetoutcontacthumain,maisaveclamontéedesgroupessuprémacistes,toutlemondecraignaitpourleursécuritésileurcachettevenaitàêtreconnue.Justice avait acheté ce terrain pour les rapprocher de leurs pairs,mais aussi
pour être enmesuredemieux lesprotéger. Ils avaient décidéde lebaptiser laRéserve. Cuivre lui avait assuré que ce nom était bien choisi, car l’endroitn’aurait rien d’un clubde vacances. Il serait régi sur lemodèle deHomeland,sous le contrôle exclusif des Hybrides. La sécurité y serait maximale pourprotégerceuxquichoisiraientdes’yinstaller.Cuivre,quiavaitpassédeuxsemaineschezTrishapendantsaconvalescence,
étaitdevenuunamiproche, avecqui elle riait beaucoup.Pendantunmoment,elle avait craint qu’il soit amoureux d’elle,mais jamais il n’avait dépassé lesbornes.Depuisqueleniveaudemenacelaconcernantavaitétérevuàlabaisse,l’absencedesonangegardienlaissaitunvidedanssavie.Ilvenaitencore lavoir régulièrementpour regarderunfilmenmangeantdu
popcorn.Parfois,ilamenaitquelquesamis,cequiavaitpermisàTrishadefairela connaissance de plusieurs Hybrides. Ils la traitaient en petite sœur, commel’une des leurs, ce dont elle leur était reconnaissante, car cela lui évitait des’apitoyersursonsort.Sladen’étaitpasvenulavoiruneseulefois.C’étaitcommes’ilavaitdisparu
de la circulation. Quelques semaines plus tôt, l’un de ses amis avait dit enpassant queTigre etSlade travaillaient à laRéserve. Il ne vivaitmêmeplus àHomeland.Pour Trisha, son comportement était limpide. Les moments intimes qu’ils
avaient partagés n’étaient pour Slade rien de plus qu’une aventure d’un soir.C’étaitdouloureuxàadmettre,maisellecommençaitàs’enremettreetelleétaitbiendéterminéeàfairecommesiriennes’étaitvraimentpassé.Enfin, jusqu’àcematin.Elleavaitpeurd’êtreànouveaumalade.—DocteurNorbit?appelalasecrétaire.Vouspouvezentrer.—Merci.Trishaselevamalgrésesgenouxflageolants.Ellemouraitd’enviedes’enfuir
en courant.Ellen’avait qu’àdémissionner et s’installer à l’autreboutdupayspournepasavoiràaffronterlavérité.C’étaitcequeluiavaitconseilléunepetitevoix paniquée dans sa tête, et elle avait un instant été tentée de le faire. Elle
hésita une nouvelle fois et regarda la portemenant au parking,mais avala sasaliveetseforçaàmarcherjusqu’aubureaudeJustice.Jesuismédecinetjesaiscequidoitêtrefait,quellesquesoientlesconséquencesdemonacte.Justicel’accueillitdanssatenuehabituelle:piedsnus,vêtud’unjeanetd’un
débardeur. Trisha s’étonnait toujours que le leader de tout un peuple puisses’habillerdemanière aussi décontractée auquotidien.Devant les caméras, parcontre,ilétaittoujourstiréàquatreépingles.Ilvintàsarencontre,unsouriresurseslèvrescharnues.Illuifaisaitcomme
toujoursbeaucoupd’effetavecsoncorpsmusclé,sestraitsfinsetsesyeuxsexydechat.Sagentillesseétaitlacerisesurlegâteau.Elleseforçaàluisourireelleaussi.—Bienvenue,Trisha.Quellechaleur,n’est-cepas?La jeune femme acquiesça d’un hochement de tête. Elle portait une longue
jupe bleumarine et un chemisier, espérant que cette allure stricte l’aiderait àmaîtrisersanervosité.Elleavaitmêmeprisletempsderassemblersescheveuxenchignonpournepaspenseraurendez-vousqu’elleavaitelle-mêmesollicité.ElleavaitinsistésurlecaractèreurgentdesademandeetJusticeavaittrouvéletempsdelarecevoirpresqueimmédiatement.—Alors,qu’est-cequipressaittant?Debra,masecrétaire,m’aditquevous
souhaitiezmeparlersansattendre.C’estencorepourmedemanderd’embaucherplusd’infirmiers?Lesdeuxquenousvenonsd’engagerne suffisentpas?Oubien il vous faut plus dematériel ?Asseyez-vous, je vous enprie, l’invita-t-iltoutenprenantlui-mêmeplacederrièresonbureau.Trisha s’écroula dans un fauteuilmoelleux. Sans se départir de son sourire,
Justiceposalescoudessursonbureauetappuyasonmentonsursesmains,l’airamusé.—Quel sérieux !Vous pouvez vous détendre, vous savez. Je vous ai dit et
répété que je suis prêt à vous obtenir tout ce dont vous avez besoin pour laclinique.—Cen’estpasça,répondit-elle,lecœurtambourinant.C’estpersonnel.Justicesecrispaaussitôt.—Parpitié,nemeditespasquevousdémissionnez.Onavraimentbesoinde
vous. (Il leva la tête et se redressa, le visage tendu.) Si c’est une question desalaire,c’esttrèsfacileàrégler.Nousn’avonsvraimentaucuneenviequevousnous quittiez. Vous êtes un excellent médecin et tout le monde vous faitconfiance.Vousn’avezpasidéeàquelpointnoustenonsàvous.Trishasecoualatête.
—Non,cen’estriendetoutcela,maisjenesuispassûrequevousvouliezencore de moi à la fin de cette discussion. (Elle inspira profondément et leregardadanslesyeux.)Désolée.Jesuismortedetrouille.—Àcausedemoi?demanda-t-il,surpris.—Àcausedelasituationdanslaquellejemetrouve.Ils’estpasséunechose
assezsérieuse.Personnen’estmieuxplacéquemoipourenjugerlagravité.—Jevousécoute.—Onm’aautoriséeàconsulterunegrandepartiedesdossiersmédicauxdans
lesquelssetrouventquelquesrésultatsdesrecherchesdeMercileIndustries.Ilsontessayéd’accouplerdesmâlesetdesfemellesHybrides.LevisagedeJusticesefigea.—Eneffet. J’ai personnellement servi de cobaye àplusieursde ces études,
grogna-t-ilsourdement.—Selon les dossiers que l’onm’a donnés, tous les tests ont échoué, et ils
n’ontjamaisessayéd’associerdesHybridesetdeshumains.—Non.Leschercheurspensaientquenousétionstropdangereuxetquenous
tenterionsde tuer celles et ceuxqui tenteraient denous inciter à coucher aveceux.Cequiestcompréhensible,avouez-le.—Toutàfait.—Ilsnousontfaitbeaucoupdemal.—Jelesais.Je…c’estarrivé,murmura-t-elleaprèsunelonguehésitation.—Jenecomprendspas.Vousaveztrouvéundossierquiditquecertainsdes
miensontacceptédecoucheravecdeshumainsalorsqu’ilsétaientprisonniers?Trishaseretintd’éclaterensanglots.—Non.Jesuisdésolée, jem’exprimemal.Unehumaineaconçuunenfant
avecunHybride.Voilà. Je l’ai dit.Elle vit le choc déformer le visage de Justice. Il ouvrit la
bouche,lareferma,puistrouvaenfinsavoix.—C’est…vousêtessûre?balbutia-t-il,hébété.—Àcentpourcent.J’aiprocédémoi-mêmeauxtestscematin,ainsiqu’àune
échographie.Lefœtussembleenparfaitesanté.Jenevaispasvousmentir:cettegrossessen’estpasnormale.Lesbattementsducœurcorrespondentàceluid’unfœtus bien plus avancé et les mesures dépassent toutes les limites. Ledéveloppement se déroule à un rythme bien plus élevé qu’une grossessenormale.C’estalarmant,Justice.Lebébégranditplusvitequ’illedevraitetlessymptômes de grossesse sont très en avance, expliqua-t-elle en enfonçant lesongles dans le cuir du fauteuil. Selon ce que j’ai découvert, un Hybride a
participéàlaconceptiond’unbébé.Jesaisquevouspensezquetousvosmâlessontstériles,maisaumoinsl’und’entreeuxnel’estpas.Justiceselevad’unbond,tournaledosàTrishaetseplantadevantlafenêtre.
Ilnedisaitpasunmotet la jeunefemmeleregardait,effrayée.Ellesuivait lesjournaux télévisés,notamment les interviewsdes leaders suprémacistes, et ellesavaitquecettenouvelleplongerait lesHybridesdansdenouveauxennuis: ilspouvaientavoirdesenfants,l’und’entreeux,auminimum,n’étaitpasstérileetpireencore,lamèreétaitunehumaine.Beaucoupd’imbécilespensaientquecescroisementsétaientcontrenature,à
l’image d’un accouplement entre un homme et un animal. Ces préjugés ladégoûtaient,maisellenepouvaitrienfairecontreunetelleétroitessed’esprit.LorsqueJusticeseretournaenfin,ungrandsourireilluminaitsonvisage.—C’estmerveilleux!s’exclama-t-ilenserasseyant.Vousêtesbiensûrqu’il
s’agitd’uncroisemententreunehumaineetunHybride?—Àcentpourcent.Iléclataderire.—Jepensaisquejen’auraisjamaisd’enfant,commetousmescamarades.(Il
selevaànouveauetbonditpresquepar-dessussonbureaupoursouleverTrishadesonfauteuiletlaserrerdanssesbras.)C’estlameilleurenouvelledetoutemavie,Trisha!Vousêtesungénie!Vousavezréussi!La jeune femme se dégagea doucement de son étreinte,mal à l’aise devant
unetellejoie.Ilsemblaitcroirequ’elleavaitsciemmentdéclenchélagrossesse.Ellesavaitqu’elledevaitimmédiatementledétromper.— Il n’y a eu aucune intervention médicale. La grossesse est naturelle et
totalementimprévue.—Encoremieux!C’estlameilleurenouvelledelajournée.Non,del’année!
s’exclama-t-il,joyeux,avantderetrouvertoutsonsérieux.Ondoitcacherça.Ilva falloir protéger le couple. Si la presse répand cette information, ça nousvaudraunenouvelleexplosiondemenaces.Quiestaucourant?—Jusqu’ici,rienquevousetmoi.—Lecouplenesaitpas?Ilnevoyaittoujourspasoùellevoulaitenvenir.—Àcepropos…MaisJusticel’interrompit.—Silapresseledécouvre,onvaavoirtouslesjournalistessurledos.Cette
infodoitresterclassifiéeetc’estvousquivousoccuperezdelafuturemaman.Personne, jedisbienpersonne,nedoit rien savoir jusqu’à lanaissance.Onva
mettre les parents en sécurité et détruire tous vos dossiers sur le sujet. Vousimaginezlaréactiondessuprémacistesquandilsapprendrontquenouspouvonsnous reproduire avec des humains ? C’est l’un de leurs grands thèmes decampagne pour rallier de nouveaux abrutis à leur cause. Pour eux, lesinteractions entre les Hybrides et les humains sont contre nature. Eux quisouhaitaient que notre espèce s’éteigne d’elle-même, ils vont être sacrémentdéçus.—Justice…— Nous allons collaborer pour les protéger à tout prix, Trisha. C’est top
secret. Je vais les faire évacuer dans l’heure par hélicoptère.LaRéserve n’estpas encore totalement opérationnelle, mais c’est l’endroit le plus sûr où lescacher. Vous allez devoir les accompagner. Je sais que votre vie est ici, maisvousdevezêtreprotégéevousaussi.C’est leplus important,expliqua-t-ilavecunlargesourire.Je…—Laferme!finit-elleparhurler.Justicefronçalessourcils.—Qu’est-ceque…— Taisez-vous, ordonna-t-elle en baissant la voix. J’essaie de vous dire
quelquechosedepuistoutàl’heure,maisvousn’arrêtezpasdem’interrompre.Ilhochalatête.—Allez-y.Jevousécoute.Trishahésita,fascinéeparsesbeauxyeuxexotiques.—Lamère,c’estmoi,Justice.Jesuislafemmequiporteunbébéhybride.Il
n’y a aucun dossier, parce que j’ai procédé aux tests seule à la clinique.Mesrèglesétaientenretard,maisjemedisaisquec’étaitdûaustress.J’aicommencéàêtremaladeauréveiletcematin,j’aifaituntestdegrossesse.Ilestpositif.Jesuis directement allée à la cliniquepourme faireune échographie, continua-t-elleenretenantseslarmes.Ilyabienunbébédansmonventre,etilgranditàunecadenceeffrénée.Jen’yvoisqu’uneseuleexplicationpossible:c’estparceque le père est un Hybride. Son ADN modifié doit raccourcir la période degestation.Jesuislamère,répéta-t-elleenposantlamainsursonventre.Justicelaregardaitbouchebée.Elleselaissaretomberdanssonfauteuil, les
larmes aux yeux. Non sans mal, elle parvint à ne pas éclater en sanglots.Lorsqu’ellerelevalatête,Justiceétaittoujoursaussihébété.Illuifallutplusieurssecondespourretrouverl’usagedelaparole.—VousêtesbiensûrequelepèreestunHybride?Jesaisquevousavezeu
unerelation,maisjepensaisqu’ils’agissaitd’unhumain.
— Ma dernière relation sexuelle remonte à deux ans. J’ai couché avecquelqu’undepuis,uneseulefois,etc’étaitl’undevoshommes.C’estluilepère,celanefaitaucundoute.Justices’assitsurleborddesonbureau.— Très bien. C’est une bonne nouvelle, Trisha. Inutile de prendre cet air
dépité.Vousn’avezpasidéedecequecelareprésentepournous,larassura-t-ilavecunsourire triste.Nouspouvonsavoirdesenfants.Si l’und’entrenousenestcapable,alorsc’estpeut-êtrevraipourlesautreségalement.Jesaisquevousêtesterrifiée,maisjesuissûrqueleschosesfinirontpars’arranger.Nousallonstoutfairepour.Pouvez-vousveilleràvospropresbesoinsmédicauxjusqu’àcequenousvoustrouvionsunremplaçantfiable?Ilesthorsdequestionquevousmettiezvotrepropreenfantaumonde.Trisharavaladenouvelleslarmes.—Jesuisencoresouslechoc,maiscebébé,jeleveux.Eteneffet,j’aitrès
peur.Jenepensaispasêtremèreunjouretjesaisquelasituationmetmonbébéendanger.Ilseralepremierd’unenouvelleraceetj’aipeurdecequelavieluiréserve.Selonl’échographie,toutsemblenormal,maisc’estduràdireàcestadedelagestation.Cequim’inquiète,parcontre,c’estqu’ilestbeaucoupplusgrandquelanormale.Jevaisdevoirprocéderàdesdizainesdetestspourvérifierquema grossesse se déroule bien. Je ne sais pas à quoim’attendre, car c’est uneplongéedansl’inconnu.Etçameterrifie.—Cet avenir inconnu, nous l’affronterons ensemble. Vous ne serez jamais
seule, Trisha. Nous vous considérions déjà comme l’une des nôtres, maisdésormais, vous êtes une véritableHybride. En tant quemère de cet enfant ànaître,vousfaitesofficiellementpartiedel’OPH,avectoutcequecelaimplique.Nous vous soutiendrons à fond. Vous serez choyée et protégée vingt-quatreheures sur vingt-quatre. (Il se leva, fit le tour de son bureau et décrocha sontéléphone.)DemandezàCuivredevenirmevoirimmédiatement.Trishasedétendit.Celaauraitputrèsmaltourner.Elles’étaitattendueaupire.
Aprèstout,cebébémettaittouslesHybridesendanger,maislajoiedeJusticeétaitunsoulagement.—Vousallezpartir à laRéserveavecCuivre. Ildonnerait saviepourvous
protégeretàpartirdemaintenant,ilneseraplusleseul.Jesaisàquelpointvousluifaitesconfiance.Jediraiquenousavionsbesoind’unmédecinlà-basetquevous vous êtes portée volontaire. Cela n’éveillera aucun soupçon. C’étaitd’ailleursmonpland’origine.Nousnousoccuperonsdevotredéménagement.Jeneveuxpasquevousayezàleverlepetitdoigt.Inutiledeprotester.Vousallez
êtrechouchoutéecommejamais,conclut-ilavecunpetitrire.Justice se rassit et téléphona à plusieurs personnes pour leur annoncer le
transfertvolontairedeTrishaàlaRéserve.Ilréservaensuiteunhélicoptèrepourun départ dans l’heure, puis prévint laRéserve de son arrivée imminente.Onfrappaàlaporteaumomentmêmeoùilraccrochait.—Oui?Cuivreentradanslebureauetrefermalaportederrièrelui.Ilétaitenservice,
car ilportaitsonuniforme. Il souritenapercevantTrishaet luiadressaunclind’œilavantdesetournerversJustice.—Tuvoulaismevoir?Justicesourit.—Oui.TuparsàlaRéserveavecTrisha.Choisisdeuxhommesfiablespour
t’aideràlaprotéger.Alors,c’estpasunesupernouvelle?Félicitations,Cuivre!déclara-t-ilenselevantpourleserrerdanssesbras.Tuvasêtrepapa!Trishaenrestabouchebée,maiscen’étaitrienàcôtédelaréactiondeCuivre,
dontl’expressiondesurpriseétaitimpayable.—Euh,Justice?—Oui?dit-ilensetournantverselle,toujoursaussibéat.—Cen’estpaslui.—Maisdequoivousparlez?intervintCuivre,visiblementperdu.Justice,désorienté,gardaitlesyeuxfixéssurTrisha.—Maisilpassetoutessessoiréeschezvous.Voussavezbienquejesuisau
courantdetouteslesalléesetvenuesàHomeland.Voussortezensemble.— Non. Nous sommes amis, mais c’est strictement platonique. Nous
regardons des films ensemble. Cuivre n’est pas le père de mon bébé. Je n’aijamaiscouchéaveclui.—Bébé?ditCuivre,surpris.Tuesenceinte?Ellehochalatête.—Oui.Jesuisdésoléequetu l’apprennescommeça.JepensaisqueJustice
allaitjustetedemanderd’êtremongardeducorpsparcequ’ilsaitqu’ons’entendbien.Jamaisjen’auraiscruqu’ilpenseraitquetuétaislepère.—Tuesenceinte?répéta-t-ilavecférocité.Ilreculad’unpas,croisalesbrasetregardafixementlaporte.Laviolencede
cetteréactionlaissaTrishasansvoix.— C’est dangereux pour elle comme pour nous tous, expliqua Justice. Tu
seras son garde du corps personnel. Personne ne doit être au courant de cettegrossesse.C’estbienclair,Cuivre?Çateposeunproblème?
Cuivreleregardadanslesyeux.—Jelaprotégeraicoûtequecoûteetjen’enparleraiàpersonne.Quelssont
tesordres?— Elle partira en hélicoptère dans une heure. Choisis deux hommes pour
former ton équipe. Cette mission sera très longue, donc prévoyez assezd’affaires. Je dirai à tout lemonde qu’elle part diriger le centremédical de laRéserve.—Compris.SansunregardpourTrisha,Cuivresortitdubureauetrefermadoucementla
portederrièrelui.Lajeunefemmefronçalessourcils,perplexe.— Vous ne saviez pas qu’il avait des sentiments pour vous ? Vous le
considériezcommeunsimpleami,maisjepensequ’ilessayaitdevousséduirelentement.—Jenemedoutaisderien,répondit-elle,stupéfaite.Jesavaisqu’ilm’aimait
bien,maiscommeiln’ajamaisriententé,çanem’estpasvenuàl’idée.—Nousnesommespastoujoursfacilesàlire.J’airemarquéunechosechez
les Hybrides : s’ils veulent quelque chose, soit ils le disent clairement avecl’agressivitéd’unpitbull,soitilspatiententensilencepourprendreleurproieparsurprise.(Ilsoupira.)Alors,quiestlepère?Trishalevalementonenungestededéfi.—Jenevouslediraipas.Justicefronçalessourcils.—Pardon?—C’étaitpurementphysique,iln’yavaitaucunsentiment.C’estmonbébé.Justicecroisalesbras,contrarié.—Quiestlepèredubébé,Trisha?Vousdevezmefaireconfiance.Coupd’un
soiroupas,jesaisquecethommeauraenviedesavoirqu’ilserabientôtpère.Ellesemorditlalèvre.—Non,jenepensepas.—Vous avez admis n’avoir eu qu’une seule relation sexuelle en deux ans,
reprit-il,deplusenpluscrispé. J’ai repéréuneodeurdesexesurvousàvotreretour.Vousportiezmonodeur,maisjesaisquejenesuispaslepère.Ilyavaitaussi celle de Cuivre, mais de toute évidence, vous n’avez jamais couchéensemble.(Ilsetutetinspira.)Etvousportiezaussil’odeurdeSlade.C’étaitlaplus présente,mais jeme suis dit que c’était parce que vous veniez de passerplusieursjoursseuleavecluietque…biensûr.C’estSladelepère.Trishabaissalatête.
—Neluienparlezpas.—Jesuisdésolé,Trisha,maisjen’aipaslechoix.Ilaledroitdesavoir.Ce
seraàluidevousprotéger,vuquevousportezsonenfant.Ellerelevalesyeuxetlaissacoulerseslarmes.— Il a passé plusieurs semaines ici après son retour, mais il n’a jamais
cherchéàrenouerlecontact.Neluiditesrien,jevousensupplie.Jenepeuxpaslerevoir.Justicepoussaunjuronétouffé.—Vouspensiezqu’ilavaitdessentimentspourvousetsonsilenceprolongé
vousablessée.Pourquoimentir?sedemanda-t-elle.—Oui.S’ilvousplaît,Justice.Jenepeuxpasvousempêcherdeluienparler,
maisaumoins,nemeforcezpasàlevoir.—Jenecomprendspas.—Après notre retour, il ne voulait plusme voir et je n’ai pas envie de le
forceràpasserdutempsavecmoiàcausedelagrossesse.Ilafaitsonchoix.Justicelaregardalonguement.—Jecomprends,maisjedoisleluidire,Trisha.Jeluiexpliquerailasituation
etjeluiferaibiencomprendrequ’ilatoutgâché.Elles’essuyalesyeux.—Ouais.Onpeutdireçacommeça.Mercideleprendreaussibien,conclut-
elleenselevant.—Etmercide…(àsagrandesurprise,ils’approchad’elleetlaserradansses
bras.)Mercid’êtreenceinteetdenousapportercetespoiràtous.Jesuissûrquetout va bien se passer et que le bébé naîtra en pleine forme.Nous avons unesantédeferetnoussommestrèsdursàtuer.Cebébéseraàmoitiéhybride.Ellepleurasanshontedanssesbras.Depuisladécouvertedesagrossesse,elle
avaiteubesoinderéconfort.Lechocavaitétéénorme.Justicelaserrafortcontreluietlaconsolaenluicaressantledos.—Jesuisdésolédevousvoirdanscetétat.Sladedevraitsavoiràquelpoint
vousêtesspéciale.Jamaisiln’auraitdûvousabandonner,Trisha.Sij’avaisétéàsaplace,j’auraistoutfaitpourvousgarder.Cemomentdevraitêtrejoyeux,maisilvousafaitdumal.Ellereniflaetseredressa.Justicelalâchaetelleessuyaseslarmes.—Merci.Vousn’auriezrienpumediredeplusgentil.(Ellerelevalatêteetle
regardabienenface.)J’auraisunedernièrefaveuràvousdemander.—Jevousenprie.
—J’aimeraisquevousdisiezàEllieetàRagequejesuisenceinte.Jepensequ’ilspourraientavoirunbébéeuxaussi.Jesaisqu’ilsenveulentun.C’estpeut-êtreunproblèmed’oligospermie,oubienEllieabesoind’aidepourovuler.Unpetittraitementhormonalsuffirapeut-êtreàlafairetomberenceinte.Jesuissûrequ’ils accepteront de passer des tests une fois qu’ils seront au courant. Ilsretrouverontl’espoirdefonderunefamille.C’estleseulvéritablecouplemixteetjesaisqu’onpeutleurconfiercesecretsanscraindrequ’ilsletrahissent.Justicehochalatête.— D’accord, je le leur dirai, ne vous en faites pas. C’est le docteur Ted
Treadmontquis’occuperadestests.Jesaisquecen’estpassondomaine,maisçanedépassepassescompétences,j’imagine?—Non,c’estdanssescordesetonpeutluifaireconfiance.—Bien, dit Justice en lui tendant une poignée demouchoirs.Vous pouvez
vousrafraîchirdansmasalledebain.Ilnefautpaséveillerlessoupçons.Sionvousvoyaitpleurer,ceseraitlouche.—Désolée.— Vous êtes très sensible. Il paraît que c’est un effet secondaire de la
grossesse.—Toutàfait.MonDieu,jen’osemêmepasimaginerdansquelétatjeserai
danscinqousixmois.Jevaisfairevivreunenferàmesgardesducorps.(Ellesedirigeaverslasalledebain,puiss’arrêtadevantlaporteetseretourna.)Jesuistrès gênée par rapport à Cuivre. Vous pensez qu’il voudra toujours être monami?—Sansaucundoute.Ilestdéçu,maisjen’aipasvudevéritableblessuredans
sesyeux.Ils’enremettra.Ellel’espérait.Elleentradanslasalledebainetrefermalaporte.Justiceentenditl’eaucouler.Leshumainsnedisposaientpasdessensaffûtés
desHybrides, cequ’il oubliait souvent. Il s’assit à sonbureau, tiraillé entre latristesseet la joie.Ilespéraitêtrepèreunjour,mais ilcraignait laréactiondeshumains.Pensif,ilappelaleQGdelaRéserveetdemandaàparleràSlade.— Salut, Justice. Ça tombe bien, je sors d’une réunion avec l’un de nos
entrepreneurs.Laconstructiondel’enceinteexterneestterminée.Ilneresteplusqu’à installer les capteurs demouvement et les caméras et dans unmois, elleseraopérationnelle.Ilsrâlaientàproposdesdélaisimposéspourleclub-house,mais làaussi,onestdans les temps. Ildevraitêtre finidansdeuxmois.Voilà,c’estàpeuprèstout.
—J’aiuntrucàt’annoncer.—Vas-y.—J’envoieledocteurTrishaNorbitàlaRéserve.Silence.Justicefitunegrimacedecolère.Detouteévidence,cettenouvellene
réjouissait pas Slade, comme le confirma le soupir qu’il entendit dans lecombiné.— Très bien. Elle vient pour une raison précise ? demanda Slade à
contrecœur.—Oui.Laligneestsécurisée?—Bien sûr, pourquoi ? Il s’est passéquelque chose ?Elle a été prisepour
cible ? Je pensais que les choses s’étaient calmées. Excuse-moi de te dire ça,maisàmonavis,sielleareçudenouvellesmenaces,elleseraitplusensécuritéàHomeland.LaRéserveestimmenseetilestplusfaciled’ypénétrer.— Ici, elle croise trop de gens. Je pense qu’il vautmieux qu’elle parte. La
Réserveestplusisoléeetelleseramoinsexposée.Ellearrive,doncpréparetout.Je veux qu’elle soit installée dans un coin isolé, confortable et très sécurisé.J’envoieaussitroisagentsquilaprotégerontenpermanence.—Le danger est si important ? demanda Slade d’une voix tendue. Elle va
bien?Onacherchéàlatuer?Justicesourit.Ils’étaittrompé:Sladetenaitàelle.Ilsemorditlalèvre.—Elleestentrèsgranddanger,expliqua-t-ilsansrienlaisserparaître.Elleva
bien,maiselleestunpeusecouée.Jel’envoieàlaRéservepoursaprotection,etaussipourqu’ellepuissesereposer.—Jem’enoccupe.Personneneluiferaaucunmal,grognaSlade.— Je suis sûr que tout va bien se passer. Il faut que j’y aille. Le pilote te
préviendradesonheured’arrivéeexacte.—Parfait.Sladeétaitsiencolèrequ’ilsemitàtranspirermalgrélaclimatisationdeson
bureau.EnquittantHomelandpouréviterlatentationd’allervoirTrisha,ilavaitfait le choixque lui imposait sa conscience. Il avait sacrifié sonbonheurpouréviterdelamettreendanger.Etmaintenant,Justicel’envoyaitàlaRéservepourlaprotégerd’unemenace.
Il était resté dans le flou quant aux raisons de cette décision, et c’était ce quiénervait le plus Slade. Quelqu’un avait-il essayé de faire du mal à Trisha ?S’agissait-il de simples menaces par téléphone ? Y avait-il une taupe àHomeland ? L’humain qui les avait trahis n’avait jamais été démasqué. Il, ou
elle,s’enétait-ilprisàTrisha?Ilpoussaungrognementsonorequiattiral’attentionsurlui.Tigreleregarda,
lesourcildressé.—Qu’est-cequ’ilya?Lesouvriersontencorepercéuneconduited’eauà
l’hôtel?—Non.(Ilregardal’humainquiétudiaitlesplansàcôtédeluietadressaun
signaldelamainàsonamitoutenselevant.)Maisallonsvoiroùilsensont.—Jet’accompagne,répliquaaussitôtTigre,quiavaitluentreleslignes.Ils sortirent et s’éloignèrent du bureau de fortune, puis Tigre s’arrêta et se
tournaverssonami.—Qu’est-cequ’ilya?—C’était Justice. Il nous envoie le docteurNorbit. Elle est en danger et il
veutqu’onlametteensécurité.—Merde.Ilneserendpascomptequ’onvitdansdesconditionsspartiates?—Iln’avaitpasl’airdes’ensoucier,maisjenepouvaispaslecontredire,ily
avaittropdemondeautourdenous.—C’estvrai.—Jevaislarevoir.Tigreécarquillalesyeux.—Tuestoujoursmordu?—Oui.Jen’arrêtepasdepenseràelle.—Domine-toi.Onenadéjàparlé.—Elleestendanger.J’aieubeaum’éloigner,çan’arienchangé.—Lesimplefaitdetravaillerpournouslametendanger.Sielleestencouple
avecl’und’entrenous,toienl’occurrence,etqueçasesait,elleseraencoreplusmenacée.Tuasfaitcequ’ilfallait.— Ah bon ? répliqua Slade, crispé. Alors pourquoi j’ai l’impression
contraire?—Onaassezsouffertcommeça.Mieuxvautrenonceràelleplutôtquedela
mettreendangerdemortparcequ’elleesttafemelle.—Siçaarrivait,jecroisquej’enmourrais.—Etc’estpourçaquetuasfaitlebonchoix.Letravailestleseulremède,et
ici,onn’enmanquepas.—Exact.Auboulot.— Je vais m’occuper d’elle. Tu n’auras même pas à lui parler quand elle
arrivera.—Non,réponditSlade,quivoulaitabsolumentlavoir,mêmes’ilsavaitqu’il
avaittort.Justicen’estpasentrédanslesdétails,maisiladitqu’ellen’étaitpastrès en forme. Je dormirai mieux si je vérifie par moi-même qu’elle se portebien.—Masochiste.—Tagueule.—Lavoirsanslatoucher,çavaêtreunetorturepourtoi,tulesais.—Jesuisfort.Jepeuxyarriver,insista-t-ildevantleregarddubitatifdeTigre.
Ilyadesmomentsoùjemedemandepourquoionestamis.—Jetel’aidéjàdit.Tuesmaso,répliquaTigreenéclatantderire.Trishasortitdelasalledebain.Elles’étaitremaquilléeetavaitrepristoutson
calme.Lorsqu’ellevitleregardpensifduchefdesHybrides,elles’arrêtadevantlui.—J’aipréféréne riendire àSladepour l’instant àproposdubébé.C’est à
vousdeluiannoncerlanouvelle.Jevouslaisseunpeudetempspourça.—Merci,répondit-elle,soulagée.—Oh,nevousréjouissezpastropvite.Sivousneleluiditespasrapidement,
c’estmoiquidevrailefaire.IlestàlatêtedelaRéserveetildoitsavoircombienilestimportantdevousprotéger.Etpourcela,ildoitavoirtouteslesdonnéesduproblème.Vu sa réaction lorsqu’il a appris quevous étiez endanger, je pensequ’il tientplusàvousquevous lepensez.C’estpourcelaque jepréfèrevousdonnerl’occasionderéglerçaentrevousavantd’intervenir.Elleleregardasérieusement.— S’il tenait àmoi, comme vous dites, il serait venume voir. Il aurait au
moins eu la décence d’appeler pour prendre de mes nouvelles. À ce que j’aientendudire,ilapresquesuppliépourqu’onluidonneceposteàlaRéserveetqu’ilpuisses’éloignerdeHomeland,c’est-à-diredemoi.—Ce n’est pas vrai. Je voulais y envoyerRage,mais Ellie ne pouvait pas
quitternosfemmes.ElleprendsonposteaudortoirdesfemmestrèsausérieuxetsonstatutdecompagnedeRagelametenperpétueldanger.Sladeestmonbrasdroit. Je lui ai proposé et il a accepté. J’avais besoin d’un homme en qui jepouvaisavoirunetotaleconfiance.J’aitropdetravailàHomelandpourpassermavieàfairedesallers-retoursenhélicoptère.Àforce,çamedonnaitlemaldel’air.—Jevois.—Bien.Cuivrenedevraitpastarder.J’aiuneconférenceavecleConseildans
quelquesminutes.(Ilselevaetsoupira.)Parmoments,ilsmerendentfou.
—Boncourage.Jevaisl’attendredansl’entrée.—Non,restezicietdétendez-vous.Lecanapéesttrèsconfortable.—Merci.Ilregardasonventreetluisourit.—Jesuisravidecettesituation.—Moiaussi,quandj’arriveàoubliermaterreur.Justiceluiserralebraspourlarassureretsortitdubureau.Quinze minutes plus tard, Cuivre arriva. Trisha se leva et l’observa. Il
semblaitavoirretrouvésoncalme.—JesuisvraimentdésoléequeJusticeaitcruquetuétaislepère.Illaregardaattentivement,puisbaissalesyeuxjusqu’àsonventre.—Tuportesvraimentunbébéhybride?—Oui.—C’estunebonnenouvelle,déclara-t-il,l’airsombre.—Est-cequeçachangequelquechoseentrenous,Cuivre?—Non.Je…j’auraispréféréterencontreravantquetuteliesàunautremâle.
J’espère que je ne t’offense pas en disant ça. C’est juste que tu m’attiresbeaucoupetque j’auraisdûplus résister.Tuappartiensdésormaisàquelqu’und’autre,maisjevaism’ajuster.Toutvabienentrenous,Trisha.— Je n’appartiens à personne, Cuivre. Le père et moi ne sommes pas
ensemble. (Comme elle ne voulait pas qu’il se méprenne et qu’il voie celacommeuneinvitationàallerplusloin,elles’empressadeclarifierlasituation.)J’aidessentimentspourluimaisilsnesontpasréciproques.Ilvamefalloirunpeudetempspourl’accepter,maisjesuissûrequejefiniraiparledigérer.Cuivreclignadesyeux.—Tuappartiensàquelqu’un.Tuneluiaspasparlédubébé?—Non.Justicemelaisseunpeudetempspourlefaire.Ilhochalatête.—C’est ce que je pensais. Sans cela, cemâle aurait été à tes côtés.Tu lui
appartiens, même si tu penses le contraire. Dès qu’il saura que tu portes sonenfant,ilterevendiquera.Viens.L’hélicoptèrenousattend.J’aichoisiHarleyetLunepournousaccompagner.Trisha avait la boule au ventre. Elle n’avait pas envie de mettre Slade au
courant.Cen’étaitpasdecettemanièrequ’ellevoulait le faire revenirdanssavie.Ellepréféraitneplusjamaislerevoirplutôtquedeluiforcerlamainparcequ’ils avaient créé une vie ensemble. Elleméritait un compagnon qui tenait àelle, pas un homme qui se sentirait lié par devoir ou par honneur. Ces deux
notionsétaientdesobsessionschezlesHybrides.ElledécidadenepasenparleràCuivre,depeurqueceladéclencheunedisputeentreeux.TrishaconnaissaitdéjàLune.IlvenaitparfoischezelleavecCuivreetHarley
pourregarderunfilm.Iln’ouvraitpassouventlabouche,maislorsqu’ilsortaitdesonsilence,elleappréciaitsonsensdel’humouracéré.—Merci.CuivreluitenditlebrasetTrishaleprit.Illuisouritgentimentetilssortirent
dubureau.
CHAPITRE14
Trishasavaitquelevoljusqu’àlaRéserverisquaitdemettresafiertéàrudeépreuve.Elleétaitassisesur lesgenouxdeCuivre,qui luimassait ledos.ElleavaituneenvieimpérieusedevomiretjetaunregardpiteuxàLuneetHarley.Cesdeuxdernierscompatissaient. Ilsétaientaucourantpoursagrossesseet
avaient jurédene riendire.Comme ilsallaientvivreenpermanenceavecellepourlaprotéger,Justiceavaitjugéindispensabledeleurapprendrelanouvelle.Trishabaissalatêteetleurfitsignedesepousser.IlsselevèrentrapidementetLunesourit,amusé.—C’estpasdrôled’avoirlemaldel’air!cria-t-elle.Ellen’étaitpassûrequ’ill’avaitentendue,entrelevacarmedelaturbineetle
casquequiluiprotégeaitlesoreilles,maisilluiadressanéanmoinsunclind’œil.—Onyestpresque,l’encourageaCuivre.Accroche-toi,Trisha.Ellehocha la tête,dépitée.Si elle rendait sonpetitdéjeunerdevant les trois
hommes, ce serait l’humiliation totale, sans compter que les pilotes devraienttout nettoyer à l’arrivée. Elle ferma les yeux,mais cela ne fit qu’aggraver sanausée.Ellesentitl’hélicoptèreentamersadescente.Dieumerci.C’estpresquefini.L’appareilseposaetlepilotecoupalecontact.LuneouvritlaporteetHarleyetluisautèrentausolpourencadrerl’ouverture.
Trisha tenta de se lever, mais ses genoux tremblaient tellement qu’ils ne laportaientpas.Cuivre la souleva, l’installa dans ses bras et la porta pour sortir de
l’hélicoptère.HarleyetLunel’aidèrentàdescendre.Trisha,étourdie,posalatêteaucreuxdelalargeépauledesonamietpassalesbrasautourdesoncou.Elleavaithorreurdumaldestransports.Cuivreladéplaçaunpeupourl’installerplusconfortablement.—Accroche-toi, murmura-t-il. On va t’installer chez toi et tu te coucheras
avecungantmouillésurlefront.Tutesentirascentfoismieux.—Merci.Tueslemeilleur.Ilrit.—Jesais.C’estparfoisduràassumer,maisçanemefaitpaspeur.
Trishasourit,heureused’avoirunamiaussifidèle.Iltrouvaittoujourslemotpour la faire rire. Harley parlait à quelqu’un, mais, toujours nauséeuse, ellen’osaitpasleverlatêtepourvoirquiétaitsoninterlocuteur.—Levolneluiapasréussi,maisavecunpeuderepos,elleseravitesurpied.—Ahbon?Il s’agissait d’une voix masculine, aux inflexions furieuses, une voix que
Trishaneconnaissaitquetropbien.Ellesecrispaetlevalatêtesanssesoucierdesconséquences.Ilsetenaitàmoinsdedeuxmètresd’elle,sonregardnoirallantduvisagede
Cuivreausien.S’ilavaiteudesmitraillettesàlaplacedesyeux,ilsseraienttousdeuxmortssurlecoup.Ellenecomprenaitpassaréaction.Pourquoiest-ilsiencolère?Ilmedétesteàcepoint?Lefaitdeseretrouver
ensaprésencelecontrariait,celasautaitauxyeux.Leursregardss’accrochèrent.Elleremarquaquesescheveuxavaientpoussédepuisleurdernièrerencontre.
Ilportait sonuniformede l’OPH,maissans legiletpare-balles.Sonnométaitimprimésursapoitrine.Ilsemblaitenformeetétaitplusbeauquejamais.Moinsrenfrogné, il auraitmême eu l’air sexy.Malgré tout, elle était très émuede lerevoir.—Trisha?murmuraCuivre.C’estlui,n’est-cepas?Elle tourna la tête et le regarda dans les yeux. Cuivre l’étudia pendant une
seconde,puissecrispa.—Etmerde.Bon,onvat’installer.Surcesmots,ilsedirigeaverslaJeep,maisSladeseplaçasursonchemin,le
regardtoujoursaussinoir.—Contentdeterevoir,doc.—Salut,parvint-elleàrépondre.Sladeregardatouràtourlestroishommes,puissefocalisasurCuivre.—La situation est grave ? Justice neme l’a pas dit clairement et je devais
surveillermes paroles parce qu’il y avait un humain dans les parages pendantnotreconversation.Etdepuistoutàl’heure,ilestenréunionetneprendaucunappel.—Niveauquatre, réponditCuivre.Elle est notrepriorité, et la tienne aussi.
Aucunhumain,sansexception,n’aledroitdel’approcher.CetteconsignefitpâlirSlade.—Aucunhumain,vraiment?Onestenpleinstravauxetilyadescentaines
d’ouvriers dans tous les coins vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils doiventfaire en quelques mois ce qui prendrait normalement un an. Il a fallu trois
semainesetquatrecentspersonnespourérigerlemurd’enceinte.Ilsserelaienttouteslesdouzeheures,septjourssursept.Onn’apasencoreterminéd’installerlescamérasdesurveillanceetjesuisentraindefairerénoverunhôtelàvitessegrandV.Ilfautaussiterminerleslogements,pourqueleshabitantsnecouchentpassouslatente,ainsiqueleclub-house.Sansparlerdesbureaux,parcequejen’aipasenviedecontinuerà travaillerdansuneremorque.Bref, ilyaplusdequatre cents humains sur place en permanence. Justice veut qu’on interrompetouslestravauxjusqu’àcequelamenacesoitéliminée?Alorsquejusqu’ici,ilmepoussaitàavancertoujoursplusvite?—Non,réponditHarley.Ilveutjustel’installerdansunendroitsécurisé.Lune
etmoiavonsétudiéleplan.Selonnous,lemieux,ceseraitdelacacheraubeaumilieudelazoneinterdite.Leshumainsn’ontpasledroitd’ypénétreretaucunn’oserait le faire. Je sais que la Réserve abrite déjà quelques Hybrides. C’estencore mieux pour nous, parce que ça veut dire qu’ils repéreront le moindresuspect.—Ellen’yseraitpasensécurité.Elleesthumaine,elleaussi,assenaSlade,
dont la colère semblait encore s’intensifier. Je sais qu’aucun humain ne seraitassez fou pour s’y aventurer, mais ce serait agiter un appât sous le nez desHybrides qu’on y a installé. Ils sont très instables. Dès leur arrivée, ils ontcommencéàmarquerleurterritoireetàveilleràcequepersonneneviennelesdéranger.—On laprotégera,promitCuivred’unevoix ferme. Ilsne lui ferontaucun
mal.—Cesontdesmalades,grognaSlade.Certainsd’entreeuxneserontjamais
apaisés. Ils détestent les humains à un point qui dépasse l’entendement. Ilsdeviennent fous rien qu’en en repérant l’odeur. Trisha connaît les Hybridesnormaux, mais elle n’a jamais vu les échecs. Tu ne crois pas qu’ils laterroriseraient?—Quelséchecs?demanda-t-elle.Sladelafusilladuregard.—Certainsd’entrenousontunaspectplusanimalqu’humain.D’autresont
été torturés jusqu’à sombrer dans la folie. Ils en ont gardé une telle haine deshumains qu’ils sont prêts à tuer tous ceuxqu’ils croiseraient.Ce sont eux, lesplusasociaux,quenousavonsinstallésdanslazoneinterdite.Tun’yseraispasensécurité.TrishaindiquaàCuivrequ’ellevoulaitqu’illaposeetilobtempéra,latenant
par la taillepour l’aiderà trouversonéquilibre.Unefoissûrede tenirdebout,
ellereculad’unpasetregardasongardeducorps.—Qu’est-cequetuenpenses?—Quec’estquandmêmelàquetuseraislemieux.Ilsneteferontaucunmal.
Après notre libération, le gouvernement a envoyé des infirmières soigner lesHybrides,parcequenousn’attaquonspasleshumaines.Jesuissûrquec’esttoutaussi vrai pour les plus sauvages d’entre nous.On restera à tes côtés et ils net’approcherontpas.Onnepeutpasêtreplusisolésqueça,Trisha.Ceseraituncoup de maître, parce que tu serais en plein cœur du territoire qu’ils ontrevendiquéetqu’ilsdéfendentbecetongles.Ilsnousaideraientàmaintenirtoutlemondeàdistance.—Bonsang,grognaSlade.C’estmoiquicommandeici.Contrairementàtoi,
jesaiscequi l’attendsielleva là-bas,et je le lui interdis.J’aipassédu tempsavec eux et je sais qu’elle y serait en danger. Le dernier étage de l’hôtel estterminé.Onval’installerlà-basetenverrouillerl’accès.—Non,répliquaCuivreencroisantlesbras.C’estmoiqueJusticeachargéde
saprotection.J’ailedroitdepasseroutretonavisetc’estcequejevaisfaire.Neleprendspasmal,Slade,maisjeveuxl’éloignerlepluspossibledeshumains.Etsil’undecescinglésdeterroristessedéguiseenouvrieretmetlefeuàl’hôtel?Ilnedoit rien luiarriver,etpourça, lazone interditeest lameilleuresolution.Est-ce que les premiers logements sont terminés ? Au besoin, on peut aussiprendreun camping-car.On serait unpeu serrés,mais ça irait. Je te le répète,seulslesHybridessontautorisésàlavoir.Slade était furieux. Il entrouvrit les lèvres, laissant apparaître ses dents
aiguisées,etpoussaungrognementsourd.—Trèsbien.Installez-vouschezmoi.Iln’yaquetroischambres,maisjesuis
sûrquevousallezvousdébrouiller.Lamaisonestéloignéedesautresbâtiments.— Non. On l’emmène là-bas. Ma décision est prise, rétorqua fermement
Cuivre.SladepoussaunjuronetregardaTrisha.—Dis-luinon.Écoute-moi.Cesmâlessont instables.Toi, tuesunefemelle
centpourcenthumaine,etunmédecinpourcouronnerletout,cequileurdonnedeuxraisonsdevouloirtetuer.SituacceptesdesuivreCuivre,tumourras.C’estvraiquelesplussauvagesd’entrenousontétésoignéspardesinfirmières,maisça n’a pas duré longtemps. Ils viennent de passer plusieurs mois sans aucuncontactavecdeshumainsetjenesuispaspersuadéqu’ilsrésisteraientàl’enviedetetuer,mêmesituesunefemme.Etjen’aipasenviedeprendrelerisque.Trishaleregardait,frissonnante.
—Fais-moiconfiance,Trisha.Jamaisjenetemettraissciemmentendanger,larassuraCuivre.Jesaiscequejefais.Lazoneinterditeestl’endroitleplussûrpourtoi.Ilsneteferontaucunmaletjamaisjenelaisseraiquiquecesoittefairedumal.— Trisha, insista Slade en secouant la tête. Crois-moi. Installez-vous chez
moi.J’iraiàl’hôtel.Lajeunefemmeparvintàreteniruntressaillement.Ill’invitaitchezelle,mais
ildéménagerait.— Cuivre ? demanda-t-elle en se tournant vers lui. Je sais que tu me
protégeras.Choisislasolutionquiteparaîtlaplussûre.Cuivresourit.—Lazoneinterdite.Sladepoussaunjuronbiensenti.—Trisha?Viensici.Ilfautqu’onparleseulàseul.Tendue,ellesetournalentementverslui.— Pardon ? Si tu voulaisme parler, tu savais oùme trouver ces dernières
semaines.Situavaisuntrucàmedire,tuavaistoutletempsdelefaire.ElletournalestalonsetsedirigeaverslaJeep.Quelqu’ungrognaderrièreelle
etelleaperçutCuivrebarrer la routeàSlade.Lesdeuxhommesse fixaient, leregardnoir,prêtsàsesauteràlagorge.—Cuivre ? Je neme sens vraiment pas bien, intervint-elle précipitamment
pour éviter qu’ils se battent. On peut y aller ? Merci pour votre sollicitude,monsieurSlade,mais j’aiune totaleconfianceenCuivre,LuneetHarleypourassurermaprotection.—C’estcommeça?Trèsbien,répliquaSlade.Ilyaunchaletinoccupélàoù
vousallez.Vouspouvezvousyinstaller.Jevousferailivrertoutlenécessaire.Iln’aqu’unechambre,maisquelquechosemeditqueçanevousdérangerapasdedormiràquatredanslemêmelit.Surcesmotscinglants,iltournalestalonsetpartitàgrandspasversl’undes
bâtiments.Trishaleregardas’éloigner,leslarmesauxyeux.—Est-cequ’ilnevientpasd’insinuerquejesuisunetraînée?Luneritethaussalessourcils.—Si seulement c’était vrai. Je seraismême prêt à partager avecmes deux
copainssiçamedonnaitledroitdet’avoirnuedansmonlit.Trishaéclataderire.Luneavaitledondeladérider.—Rêvetoujours,mongrand.S’iln’yaqu’unseullit,vousdormireztouspar
terre.Cuivresedétenditetluisourit.— Aucun problème. Le lit est pour toi. Contrairement aux humains, nous
sommesdevraisdurs,etdormirparterrenenousfaitpaspeur.—Parlepour toi, rétorquagaiementHarley.Moi, j’aimeles lits.Jeprendrai
peut-être lagardedenuit,çamepermettradedormirdedansquandTrishan’yserapas.—Jesuisunsuperradiateur,renchéritLuneavecunemouesuggestive.Situ
asfroid,dis-le-moietjeviendraiteréchauffer.Jeteprometsmêmedebienmetenirsitunemeforcespasàdormirparterre.—Jevaisdemanderqu’onnousfournissedesmatelas,intervintCuivresurun
tonfaussementbourru.Depuisquandvousêtesaussidouillets?—Depuisqu’onvitdansleconfort,répliquaHarley.Disparaissonsavantque
Slade revienne te chercher des noises. La fréquentation des humains ne luiréussitpas.Jenesaispascequiluiarrive,maisilauraitbesoindesedéfoulerunboncoup.—Maispassurnous,sipossible,ajoutaLune.Trisharit.Elleadoraitsestroisamis.Sanseux,elleseraitsortieenlarmesde
cetteconfrontationavecSlade.Cuivrel’aidaàmonterdanslaJeeppendantqueLune et Harley s’installaient à l’arrière. Il s’assit au volant et s’adressa àl’Hybridequiconduisaitledeuxièmevéhiculetransportantleursbagages.—Tuconnaislechaletdontilvientdeparler?L’hommehochalatête.—Passedevant.Ontesuit.Harley déroula la ceinture de Trisha, qui la boucla sans un mot en le
remerciantd’unsourire.—Nejamaisoublierdes’attacher.—Oui,chef.Trishaadmiralepaysagequidéfilaitdevanteux:l’herbeétaitluxuriante,les
arbres immenses, les collines verdoyantes. Elle aperçut un cerf à l’orée d’unbois.L’endroit était sibeauqu’elleparvintàoublierSlade.C’étaitdurà faire,maisc’étaitpourelleleseulmoyendenepasfondreenlarmes.Sladearpentaitlaforêtquibordaitlesbâtiments.Ilavaitenviedesolitude,car
ilsavaitqu’iln’auraitpaspuplusmals’yprendreavecTrisha.Enlavoyantdanslesbrasd’unautre,ilavaitsuccombéàlajalousielaplusféroce.Cuivrelaportaitetluiparlaitavecuneintimitéinsupportable.Pireencore,elle
le laissait faire. Il poussa un grognement involontaire. Il avait sacrifié sonbonheur et était allé à l’encontre de son instinct qui lui dictait de rester prèsd’elle,etellel’avaitrejetéalorsqu’ilvoulaitsimplementlaprotéger.Ilcrispalespoingsets’arrêta.Ellenevoulaitplusdeluietcelaluidéchiraitle
cœur. Il aurait dû tout lui expliquer,mais il avait cru que si elle ressentait neserait-ce qu’un dixième de ce qu’il éprouvait pour elle, il lui suffirait d’unecaresse,d’unregardpourleforceràrendrelesarmes.Unpetitbruitattirasonattentionet il tournala tête.UnHybridevenaitvers
lui.—Qu’est-cequ’ilya?—L’architecteveutteparler.Ilyaunproblèmeaveclesplansdel’unedes
modificationsquetuasdemandéespourl’hôtel.Sladesentaitlacolèreleconsumer.Ilétaitdébordédetravail,maisaumoins,
celal’empêchaitdepenseràTrisha.Ilavaitplusquejamaisbesoindes’occuperl’esprit.Sinon,ilrisquaitdesauterdansunevoiture,defoncerverslechaletet…de lui arracher ses vêtements et de la baiser jusqu’à ce qu’elle comprennequ’elleestàmoi.Il se reprit aussitôt. Il ne devait pas laisser ses sentiments dicter ses choix.
Trishaétaitpâleetmalade.Sonaspectl’inquiétait.Elleavaitdetouteévidencebesoindereposet…Arrêteça!Cen’estpaslemomentdefantasmersurcequetumeursd’enviedeluifaire.— Slade ? Tout va bien ? s’enquit son compagnon, qui le regardait avec
inquiétude.—Oui,mentit-il.Enroute.Plusviteonrésoudracesproblèmes,plusviteles
travauxserontterminés.Il s’occuperait du doc plus tard, après avoir pris le temps de réfléchir et
d’évaluer la situation.Saprésenceà laRéservechangeait ladonne,maisqu’ilsoit ou non à ses côtés, elle était en danger. Il attendrait d’avoir maîtrisé sajalousiepourluiparler.Le chalet triangulaire devait dater des années 1970, à en juger par sa
décorationintérieure.Trishagrimaçaendécouvrantlepapierpeintdelacuisineetletapispoiludusalon.—Ilnemanqueplusqu’unebouledisco.—Pardon?demandaHarley.—Bienvenuedanslesannées1970,messieurs.J’attireparticulièrementvotre
attentionsurlesappareilsménagersvertfoncéetlepapierorange,ainsiqueles
murs lambrissés et cet immonde tapis poilu qui est passé demodedepuis unebonnequarantained’années.Parcontre, lastructuresemblesolideet j’adore lacheminée.—Iln’yapasdechambre,maisilyaça,ditCuivreenmontrantl’escalier.—Onappelleçaunloft,expliqua-t-elleens’engageantdansl’escalier.C’est
trèsspacieux.Oh,etmêmeunesalled’eau,c’estunebonnesurprise.—Lelitesttroppetitpournousquatre,àmoinsqu’ons’empilelesunssurles
autres,déclaraLune.Trisha commença à rire et se retourna vers les trois hommes, qui l’avaient
suivie.—Sionfaitça, jememetsau-dessus.Commeça,aumoins, jenemeferai
pasécraser.—Onpourraitdormircommedespainsàhot-dogdansleurpaquet,proposa
Harley.Siquelqu’unveutseretourner,ilcrie«roulez!»ettoutlemondebougecommeennatationsynchronisée.— Ça ne marcherait pas, protesta Lune. Celui qui est à l’extérieur se
retrouveraparterre.—Ça ferait plusdeplacepour les trois autres, conclutCuivre avecun clin
d’œilàdestinationdeTrisha.Jecroisqu’ondevraitmettreHarleyetLunesurlescôtés,justeparprécaution.Soudain,levisagedeLunesefigeaetillevalatête.Ilseretourna,reniflaet
descenditl’escalierd’unbond.—Ilyaquelqu’un,lesavertit-il.CuivrepoussaTrishasurlelit.—Nebougepas,ordonna-t-ilenseprécipitantverslapremièrefenêtre.Harley suivit sonamidans l’escalier.Laported’entrée s’ouvrit etTrisha se
tournaversCuivre,paniquée.Ilavaitdétachélepistoletaccrochéàsacuisse.Ilentrouvritlerideauetpoussaunjuron.—Qu’est-cequ’ilya?murmuraTrisha.—Unevisitedel’undenosvoisins.Merde,qu’est-cequ’ilfoutlà?Onaurait
dûmeprévenirqu’il avait été transféré ici. Il adûêtre intriguépar tonodeur.LuneestentraindeluiparleretHarleysécuriselerez-de-chaussée.Dévoréeparlacuriosité,Trishaselevaetvintseposteràcôtédelui.Iltendit
lebras et posa lamain sur sahanchepour l’empêcherd’approcherdavantage.Ellehésita et regardapar-dessus son épaule. Il faisait encore jour et elle n’eutaucunmal à observer l’homme qui se trouvait dehors. Enfin, plutôt l’être quiétaitenmajeurepartiehumain.Sapilositéetlestraitsdesonvisagelalaissèrent
sansvoix.—Il…—Chut,ordonnaCuivre.Ilpeutt’entendre.Leurouïeestplusfineencoreque
lanôtre.Le grand mâle à la crinière d’un beau blond-roux avait des gènes de félin
indéniables.Sesyeuxdechatétaientvisiblesmalgréladistance.Ilétaitbâtienforce.Ilneportaitqu’unpetitshortenjean.Sesbrasetsontorseétaientmassifs,commes’ilpassaitsesjournéesàfairedelamusculation.Sestraitstenaientplusde l’animal que de l’homme, en particulier son nez étrange et ses pommettesépaisses.Lunes’arrêtaàenvironcinqmètresdunouveauvenu,quisetenaitimmobileà
l’orée du bois. Lorsqu’il leva la tête, son regard se dirigea droit sur Trisha,commes’ilavaitsentisaprésence.Ilpoussaunrugissementeffrayant,uncriquin’avaitriend’humain,etseprécipitaverslamaison.Lunebonditpourluibarrerlecheminetluiparlademanièreprécipitée.Trishaétaittroploinpourentendrecequ’illuidisait,maislesparolesdesonamirestèrentsanseffet.Horrifiée,ellevitl’Hybridetendreunbras,attraperLuneparlecouetlejeter
sur le côté comme une vulgaire poupée de chiffon, puis repartir de plus bellevers la maison. Il sortit de son champ de vision et elle entendit deuxgrognementsdistincts,puisuncraquement,commeunebranchequel’onauraitcasséeendeux, suiviparunbruit sourd.Cuivre se retourna,pritTrishapar lataille et la poussa dans un coin de la pièce. Il se plaça devant elle pourl’empêcher de bouger et fit face à l’escalier, prêt à tirer. Trisha, terrorisée,entenditlenouveauvenumonterlesmarchesàpaslourds.—Arrête,Vaillant,l’avertitCuivre.Lune,Harley,restezenbas.Jeleconnais.—Tuasamenéunehumaine?grognaVaillant.Unehumaine?Justiceavait
promisqu’aucund’entre euxnemettrait jamais les pieds ici.Elle est surmonterritoire.Sur lemien.Commec’est toi, je te laisseuneminutepour l’évacueravantquejelatue,Cuivre.— Calme-toi, répondit Cuivre d’une voix douce, comme pour apaiser la
colèredesonami.Elleporte lebébéde l’undesnôtresdanssonventre.C’estl’uned’entrenous,maintenant.—Tumens.Noussommesstériles.Trishasedécalaunpeuverslagauchepourregarderlemâleterrifiantquise
tenaitenhautdel’escalier.Ilmesuraitprèsdedeuxmètresetsescheveuxétaientd’unrouxclairfascinantparsemédemèchesblondes.Ilsétaientsilongsqu’ilspendaientjusqu’aumilieudesonlargedos.Elleneputs’empêcherderemarquer
àquelpointilétaitbeau.Jamais elle n’avait vu d’Hybride doté d’une telle carrure. Il retroussa les
lèvrespourdécouvrirsesdentsetgrognadanssadirectionenfermantàmoitiésesyeuxdorésdechat.IlétaitsimenaçantquesiTrishaavaitétéplusémotive,elleseseraitévanouiesur-le-champ.Elleremarquaqu’ilavaitlesdoigtscrispés,àlamanièredegriffes,etquesesonglesétaienttrèspointus.—Elleporteunbébéhybride,répétaCuivre.Désormais,elleestl’uned’entre
nous. Justice l’a envoyée ici parce qu’elle n’est plus en sécurité auprès deshumains.Sagrossesseestunsecret.Silanouvelleserépand,çacauseradegrosennuis, parce que beaucoup d’humains sont effrayés à l’idée qu’on puisse sereproduireaveceux.Nousdevonslaprotéger.—Tumens,grognaVaillant.—Non.Nemetraitepasdementeur.—Pousse-toi.Jevaislarenifler.Cuivrenebougeapasd’unmillimètre.—D’accord,maisseulementsitumeprometsdenepasluifairedemal.Elle
estenceintedepuisunpeuplusd’unmois.—Trèsbien.Jenelatoucheraipas.Laisse-moipasser.Cuivre tourna la tête vers Trisha. Elle n’avait pas envie qu’il bouge, car
Vaillantlaterrifiait,maissonamitentadelarassurer.—Ilveutjusteterenifler.Jeleconnais.Onaétéélevésdanslemêmelaboet
onapassédutempsensembleaprèsnotrelibération,justeavantquel’onéloignetous ceux qui sont comme lui des humains. Il m’a donné sa parole et il larespectera.Trisha fit de son mieux pour dominer sa panique. Elle avait confiance en
Cuivre.Jamaisilnelaisseraitpersonneluifairedemal.—Trèsbien.Cuivre reculadequelquespas etTrisha s’adossa aumur, les yeux rivés sur
l’hommeeffrayantquilaregardaitluiaussi,leslèvresretrousséessursesdentspointues.Ilsemblaittoujoursaussiénervé.Ils’approchad’elleàlamanièred’unprédateur.Cequ’ilétait,d’ailleurs.—Nel’effraiepas,Vaillant,luiconseillaCuivre.Trisha,toutvabien.Elle hocha la tête sans lâcher l’Hybride du regard. Ses yeux étaient
magnifiquesmaisn’avaient riend’humain.C’étaientdesyeuxdefélin,de lionpeut-être, car ils ne ressemblaient pas à ceux d’un chat domestique. Ses cilsétaientaussirouxquesescheveuxetd’unelongueuranormale.Ilfitunpasdeplus vers elle. Trisha se raidit, mais leva le menton. Elle savait que Cuivre
viendraitàsarescousses’iljugeaitVaillanttropmenaçant.Soudain,cederniersemitàquatrepattesetcontinuad’avancerainsi.Ilétait
désormais si prèsde sonventrequ’elle sentait son souffle chaudà travers sontee-shirt.Ellelevalentementlesmainsetlesposacontrelemurpouréviterdeletoucher accidentellement, de peur que cela déclenche une attaque. Il inhala,s’approcha encore et colla son nez sur son ventre, àmême la peau. Surprise,Trishasentitsarespirationsebloquer.—Doucement,ditCuivre.Tuluifaispeuret tun’aspasintérêtàdescendre
plusbas.Trishatournasesyeuxpleinsd’effroiversCuivre,quihaussalesépaules.—Certainsd’entrenous…Non,laissetomber.Situasl’habitudedeschiens,
tu sais qu’ils font connaissance avec les gens en leur fourrant le nez dansl’entrejambe.Soudain,Vaillantreculaetseredressa,lessourcilsfroncésparlacontrariété.—Elleauneodeurétrange.—Commentça?demandaCuivre,quiparaissaittrèscalme.—Nitotalementhumaine,nitotalementcommenous.Onneleremarqueque
contresapeau.Cuivrehésita,puisregardaTrisha.—Tupermets?—Vas-y,tantquetunedescendspastrop.Ilsourit.—T’esvraimentunerabat-joie,Trisha.Ils’approchad’elleetcollalenezcontresoncou.Ilinhalaunefois,puisdeux,
releva la tête, fronça lessourcilsetsemitàgenouxavantdesouleverson tee-shirt pour avoir accès à son ventre. Il inhala trois fois, puis se redressa et setournaversVaillant.— Tu as raison. Ce n’est pas détectable, à moins de se coller contre son
ventre.—Elleportevraimentlebébédel’undenosmâles?Vaillantsemblaitavoir retrouvésoncalme.Savoixétaitprofondeet rauque,
commecelled’ungrosfumeur,maisilnegrognaitplus.—Oui.Vaillanthochalatête.—Jen’arrivepasàcroireque tu tesoisaccoupléàunehumaine.Qu’est-ce
quit’estpasséparlatête?Ellessontsifragiles,jenesaispascommentelleapurésister.Aumoins,tuauraispuenchoisirunedeconstitutionplussolide.Ilfaut
vraimentquetuapprennesàtecontrôler.Oùestleplaisirdel’accouplementsituastoujourspeurdefairemalàtafemelle?— Le bébé n’est pas de moi, répondit Cuivre, gêné. Je ne me suis jamais
accoupléavecelle.Jesuissonamietl’undestroisgardesducorpsqueJusticeluiaaffectés.VaillanttournalatêteversTrishaetgrogna.— Ils ont installé un labo pour les expériences de reproduction ?Elle s’est
portéevolontairepouruneinséminationartificielle?—Non,répliquaCuivreenseplaçantànouveauentreeux.Ças’estpasséde
manière naturelle et consentante. Sa grossesse nous a tous surpris.On pensaitquec’étaitimpossible.Vaillantsoupira.—Tupeuxtepousser.Jeneluiferaipasdemal.Cuivre s’écarta et Trisha regarda Vaillant dans les yeux. Sa colère s’était
envoléeetilsemblaitdésormaisdésorienté.—Tupeuxrester,humaine,déclara-t-ilavecunnouveausoupir.Maisrienque
toi.Nefaisvenirnifamilleniamis.Jelesmangeraistoutcru.(IlsetournaversCuivre.)Jevaisprévenirlesautrespourquepersonnenevienneladéranger.—Est-cequevouspourrieznousaideràlaprotéger?Veillezàcequ’aucun
humainnerôdedanslesparages.Ilsnedoiventpasl’approcher.Vaillantsouritdetoutessesdentsacérées.— S’ils sont assez stupides pour venir, ce sera la dernière erreur qu’ils
commettront.Sur ces mots, il descendit l’escalier et Cuivre se détendit. Le sourire qu’il
adressaàTrishaparutunpeu forcéà la jeune femme.Quelquessecondesplustard,HarleyetLunearrivèrentenmontant lesmarchesquatreàquatre.Harleytenait un torchonmouillé sur son front ensanglanté et les vêtements de Luneétaientdéchirés.—Onnem’avaitpasditqueVaillantétaitlà.C’estleplushargneuxetleplus
dangereuxd’entrenous.Si j’avais su, je serais allé lui parler avant de te fairevenir.Contren’importequid’autre,onseraitdetaille,maislui…c’estunevraieteigne.Maintenantquesaterreurnelaparalysaitplus,Trishas’approchadeHarley.—Baisse-toi,ordonna-t-elleavantdesetournerversLune.Tuesblessé?—Riendebienméchant.J’ail’impressiondem’êtrefaitroulerdessusparun
camion,dit-ilenrepartantaurez-de-chaussée.HarleyobéitpourqueTrishaexaminesablessure.
—Tuéchappesauxpointsdesuture,maisilfautquejenettoielaplaieetquejetebandelecrâne.—Merde,jura-t-ilavantdesourire.Euh,flûte,jeveuxdire.—Tupeuxyaller,plaisantaTrisha.J’auraisditbienpiresic’étaitàmoique
c’étaitarrivé.Avecquoiest-cequ’ilt’afrappé?—Avec la porte. Je crois qu’il faudrait en commander une neuve, dit-il à
Cuivre. Il l’a arrachée etme l’a lancée dessus. J’ai essayé de l’éviter,mais lecoinm’apercuté le front.Ahoui, la tablebassen’apas survécunonplus.Lepointpositif,c’estquesiTrishaveutqu’onfasseunfeucesoir,onn’aurapasàallerchercherdebois.Cuivresoupira.—Jevaisdemanderqu’onnousamèneunetroussedepremierssecourspour
que Trisha puisse soigner ton bobo. Ça ne te dérange pas de t’en occuper,Trisha?Iln’yatoujourspasdemédecinàlaRéserve.—Aucunproblème.Tuveuxquejetefasseunelistedecedontj’aibesoin?—Inutile,jesuissûrquenostroussescontiennenttoutcequ’iltefaut.Jevais
évaluerlesdégâtsetensuitej’appelleraileQG.—Merci,ditTrishaenluisouriant.Pourtout.—Hé, protestaHarley. Jeme suis pris uneporte dans la poire pour toi, où
sontmesremerciements?Trishaéclataderireetluiaccordaunepetitecaressesurlebras.—Merci.—Ellem’atouché,s’extasiaHarleyentirantlalangueàsonami.—Euh,t’espascenséavoirquelquechoseàfaire?rappela-t-elleàCuivre.Ilsseconduisaientparfoiscommedesenfants,maiselleadorait leurspetites
gamineries.— J’y vais, répondit-il en s’engageant dans l’escalier avant de grommeler
quelquesmotsindistincts.—Qu’est-cequ’iladit?demanda-t-elleàHarleypendantqu’ellel’installait
surlelit.—IlrouspèteenpensantàcequeSladevaluidirequandilvaluiannoncer
qu’onadéjàeudesproblèmes.Trisha prit une serviette dans la salle d’eau, la mouilla et l’appliqua sur la
plaiedeHarley,pensive.ElleaussiredoutaitlaréactiondeSlade.
CHAPITRE15
—Vaillant?Slade, si furieuxqu’il voyait rouge, attendait devant lamaisonqui avait été
assignée à Vaillant. Il entendit une porte claquer, puis l’occupant des lieux,presquenu,descendittranquillementlesmarchesduperron.—Qu’est-ceque tu fais là,Slade ?Si tu avais besoindequelque chose, tu
n’avaisqu’àappeler.—Qu’est-ce que t’as foutu ? (Slade ouvrit le portail, prêt à se défendre si
Vaillant se rebiffait face à cette intrusion de son territoire.)Onm’a dit que tun’avaispasfaitdemalàl’humaine,maissiçaavaitétélecas,jet’auraistuédemespropresmains.Tun’avaisaucundroitdet’enprendreàelle.Vaillantcroisalesbras.—J’aisentiunhumain.Cechaletesttoutprèsdechezmoietçam’amisen
rogne.Justiceavaitpromisquelazoneseraitinterditeauxhumains.—Tu as assommé deuxHybrides pour arriver jusqu’à elle, donc tu devais
bien te douter qu’elle avait l’autorisation d’être là. Le chalet est hors de tonterritoire.Tun’avaispasledroitd’êtrelà.Vaillanthaussalesépaulessansrépondre.—Situt’approchesànouveaud’elle,jetetuerai,grognaSlade.C’estclair?
JesaisquetuesamiavecTigre,maisjenetelaisseraipasfairedumalàcettefemme.Resteloind’elle,c’estcompris?Tun’aspasintérêtàtoucheràunseuldesescheveux.—Jene l’approcheraipas.J’enaidéjàdiscutéavecCuivre.Pourmoi,c’est
l’unedesnôtres.Slade,perplexe,luilançaunregardnoir.—Cen’estpaslecas,maisc’estuneamiefidèledesHybrides.Elletravaille
pournousetJusticeluiaccordetoutesaconfiance.—MaisellefaitpartiedesHybrides,n’est-cepas?Jel’aisentiemoi-même.
Elle a été très courageuse et elle n’amême pas crié quand je lui ai reniflé leventre.— Pardon ? explosa Slade. Tu t’es approché d’elle à ce point ? Tu l’as
touchée?IlavançaversVaillant,quigrognaetseramassasurlui-même,prêtàbondir.—Nevapasplusloin.Slades’arrêta,frissonnantdecolère.—Tul’astouchée?répéta-t-il.— J’avais promis à Cuivre que je ne lui ferais aucun mal. Quand il m’a
annoncé lanouvelle, j’aidemandéà la sentir,parceque jen’ycroyaispas. Ilsétaient tous les deux d’accord pour que je m’approche. Ce n’était pas uneattaque.—Ilt’alaisséfaire?Sa prochaine étape serait le chalet, où il sonnerait les cloches de Cuivre.
VaillantétaitinstableetilfallaitêtreinsensépourlelaisserapprocherdeTrisha.S’ilavaitétéprésent,ilauraittuél’immenseHybridesansluilaisserletempsdefaireunpas.— Je ne croyais pas qu’elle était enceinte, mais maintenant, j’en suis
persuadé.Sladesefigea,hébété.—Quoi?Vaillantseredressalentement.—Enceinte.Personnenetel’adit?L’humaineporteunenfant.C’estpourça
queCuivrel’ainstalléeici,pourqu’elleysoitensécuritédeshumains.LacolèrequittaaussitôtSlade,chasséeparunedouleurdéchirante.Trishaest
enceinte ? Ses jambes ne le portaient presque plus. Son cœur se mit àtambourineretlaragerepritsesdroits.Elleestenceinte.Ilétaitassaillipartouteunegammed’émotions,violentespourlaplupart.Unhommeavaitosétouchercellequiétaitàlui.Cetteidéelerendaitfou.—Justiceapriscettedécisionpourlaprotégerdesapropreespèce.Ilpense
quelorsqu’ilsapprendrontqu’elleporteunbébémixte,ilschercherontàluifairedumal. Je suis d’accord avec lui. Les humains réagissent souvent demanièreillogiqueetviolente.L’odeurde sapeauaquelquechosededifférent.Çadoitvenirdesonbébéetdesmodificationsqu’ilapporteàsonorganisme.—LepèreestunHybride?Tuenessûr?demandaSlade,lesdentsserrées
parl’aigreuretlacolère.—Valasentirpartoi-même.Sonodeurestcurieuse,àlafoishumaineettrès
subtilement hybride. Après notre libération, l’armée a envoyé des femellesenceintess’occuperdenous.Jemesouviensdeleurodeur.Ellessavaientqu’onne leur ferait aucunmal si elles pénétraient sur le territoire qu’on nous avait
assigné. Rien n’est plus vulnérable qu’une femelle enceinte. Je connais cetteodeur,maiscelle-ciestdifférente,mêmes’ilm’afalluposerlenezsursapeaupourm’enapercevoir.C’estprobablementparcequ’ellen’estqu’audébutdesagrossesse.Çadevraits’intensifierdanslesmoisàvenir.SladetournalestalonsetmarchaàgrandspasverssaJeep,submergéparla
colère.OnauraitdûluiexpliquerlaraisondelaprésencedeTrishaàlaRéserve.Il alluma le moteur et démarra en faisant crisser les pneus. La situation étaitdésormaisplusclaire.Etilétaitfouderage.—Quelqu’unarriveàtoutevitesse,criaLune.C’estl’unedenosJeep.CuivrejetasescartesetsouritàTrisha.—Ah,labouffe,c’estpastroptôt,dit-ilenregardantsamontre.Remarque,
ilsontquandmêmeunedemi-heured’avancesurcequ’ilsavaientprévu.—Jemeursdefaim.J’espèrequ’ilsnousapportentdesbonstrucs.—Sansaucundoute,répliquaHarleyavecunclind’œil.Lajunkfood,yarien
demieuxpourunefuturemaman.Jemeréservelesbarreschocolatées.J’adoreça.—Hé,c’estmoiquisuisenceinte!protestagaiementTrisha.Çaveutdireque
jesuisprioritairesurtout.—Méchante, pleurnicha Harley en jetant ses cartes à son tour. Je vais les
aideràdécharger.Plusviteonrange,plusviteonmange.—C’estSlade,hurlaLune.Ilroulesupervite.—Etmerde,soupiraCuivre,quiétaitdéjààlaporte.Ilestfurieux.Jevoisses
dentsd’ici.— Pourquoi ? interrogea Trisha, interloquée. Ce n’est pas notre faute si
Vaillantnousaattaqués.Cuivresetournaverselle.—Tudevraispeut-êtremonter,Trisha.Çarisquedechauffer.Trisha grimaça, se leva du canapé et se dirigea vers la porte. Elle poussa
Cuivre,quiluibarraitlechemin,etsortitsurleperron.SladearrêtasaJeepdansun grand dérapage qui emplit l’air d’une odeur de gomme brûlée. Il coupa lemoteur,sautaàterreetseplantadevantLune.—Dégage,grogna-t-il.Lunenebougeapas.—Ilyaunproblème?Slade l’attrapa par son gilet pare-balles et l’éjecta de son chemin.Trisha se
renditcomptequ’ilavaitdépassé lesimplestadede lacolère.Elle reculad’un
pasetseheurtaaumur.CuivreladépassaenhâtepourarrêterSladedevantlesmarches.—TuaslaisséVaillantlatoucher?hurlaSlade.Ilestcomplètementinstable,
ilauraitpulatuer!Illuidécochauncoupdepoingauvisage.Cuivretombaenarrièreettentade
serelever,maisSladelerepoussad’uncoupdepieddanslapoitrineetsetournaversHarley,quis’approchaitdelui.—Resteendehorsdeçasi tuneveuxpasque je tebotte leculà toiaussi.
C’estentrenous.Harleys’arrêta,levalesmainsetrecula.—OK.—Arrêtez,ordonnaTrisha.ElleseprécipitaversCuivre,maisHarleylasaisitparlebrasavantqu’elleait
euletempsdequitterleporche.—Net’enmêlepas,conseilla-t-ilenlaprenantparlataille.Turisqueraisde
teprendreuncoup.Nosmâlesenviennentparfoisauxmainspourdécompresser.C’estunequestiondedominationetilnefautsurtoutpasintervenir.Trishan’en revenait pas.Cette situationn’avait riende sensé et ellen’avait
aucune intention de les regarder se battre sans rien faire. Ils devaient arrêter.L’un d’entre eux risquait d’être blessé. Elle tenta de se débattre, mais sansrésultat.CuivreserelevaetsejetaaussitôtsurSlade.Trisha,horrifiée,regardalesdeux
hommes se déchaîner l’un sur l’autre. C’était la première fois qu’elle voyaitdeuxHybridessebattre.C’étaitunmélangedecombatdechienssauvagesetdekickboxing débridé. Il ne fallut que quelquesminutes à Slade pour prendre ledessus. Il frappa Cuivre au visage, puis lui décocha un violent coup de pied.Cuivres’écroulaetneparvintpasàserelever.Slade,haletant,étaittoujoursfouderage.—Tupensaispouvoirveillersurelle?lâcha-t-il.T’esmêmepasfoutudete
protégertoi-même.Cuivre,étourdietlaboucheensang,levalatêteetlefusilladuregard.—Ilfallaitbienquequelqu’unessaie.—Toi,entoutcas,t’enespascapable,rétorquaSladeensedirigeantversle
chalet.Lune s’était posté en bas des marches pour se mettre entre Trisha et lui.
Harleylalâchaetvintseplaceràcôtédesonami.Lesdeuxhommessemblaienttendus.
—Dégagez,ordonnaSladeens’arrêtantdevanteux.—Pourquoi ?Tun’espas toi-même, réponditHarleyd’unevoixcalme.Tu
t’enesprisàCuivreparcequetuesencolèrecontreVaillant.Sionavaitsuqu’ilétaitlà,Cuivreseraitalléluiparleravantqu’ilaitletempsderepérerl’odeurdeTrisha.Tues l’undenosmeilleursguerrierset tu savaisque tupouvaisbattreCuivre.Enuncontreun,niLunenimoinefaisonslepoidsnonplus,etnouslesavons.Mais si tu veux t’en prendre à Trisha, tu devras te battre contre nousdeux.Ellen’arienàvoirlà-dedans.Les yeux bleu sombre de Slade rencontrèrent ceux de Trisha. Il était hors
d’haleine et semblait si furieux que cela effrayait la jeune femme. Jamais ellen’aurait cru avoir peur de Slade, surtout après les moments qu’ils avaientpartagésdanslesbois,maiselles’étaittrompée.Illaterrifiait.—JesavaisqueJusticet’attirait,mêmesiturefusaisdel’admettre.Sij’avais
su que tu tenais à tout prix àmettre unHybride dans ton lit, je serais resté àHomeland.Etmoiquipensaisteprotéger…Sortiravecl’und’entrenous,çatemet en danger. Tu avais trop souffert et je ne voulais pas que tu temettes encouple avec moi juste par gratitude. Je me disais qu’il fallait nous laisser dutemps.(Ilsecoualatête.)Jepourraistetuer.Jet’avaisditquetuétaisàmoi.Àmoi!Tupeuxrester icietmettre tonbâtardaumonde,mais tuas intérêtànejamais recroiser mon chemin. Tu n’as pas la permission de quitter le chalet.Justiceauraitpuvouscacher,toietsonenfantillégitime,ailleursquesousmonnez.Surcesmots,iltournalestalonsets’enalla.Trishadutfaireuneffortpourne
pass’effondrersurleperron.IlpensequeJusticeestlepère?—Slade?IlsautadanssaJeepcommesiellen’avaitpasparlé.—Slade?répéta-t-elleplusfort.Iltournalatête,levisagedéforméparlacolère.—Tu n’existes plus pourmoi, doc.Ne prononce plus jamaismon nom. Je
regrettedet’avoirrencontréeetj’aimeraisnejamaist’avoirtouchée.Ilmitlecontactetenclenchalamarchearrière.—Slade,écoute-moi!cria-t-elle.Cen’estpaslebébédeJustice!Ilpilaetseretournaànouveauverselle,leslèvresretroussées.—C’estCuivre?Tuauraisdûchoisirquelqu’undeplusfort,doc.Jeviensde
luibotterleculsansfaireunseuleffort.Maislui,jetepariequ’ildittonnom,hein?Trisha,enragéeelleaussi,s’agrippaàlabalustradepournepastomber.
—Iln’estpasdeluinonplus.Ilestdetoi,pauvrecon!hurla-t-elle.Tutebatspeut-êtremieux queCuivre,mais lui aumoins, il est là pourmoi ! Il nem’ajamais abandonnée quand j’avais besoin de lui et il nem’a jamaismenti !Tum’avais juré que tu viendrais me retrouver, mais au lieu de ça, tu t’es enfuicommeunlâche!Etcebâtard,commetul’assiélégammentnommé,c’esttonbébé!Jetedéteste!Plusieurs émotions se succédèrent rapidement sur le visage de Slade. La
colèresemuaensurprise,puisilpâlitsouslecoupd’unefureurrenouvelée.Ilcoupalemoteur,redescenditdesaJeepetmarchaendirectiondeTrisha.Cuivreseredressatantbienquemalettitubapourluibarrerlaroute.—Nefaispasça.—Pousse-toi,grognaSlade.—Arrête,insistaCuivre.Situlapoussesàboutdenerfs,ellerisquedeperdre
lebébé.C’estcequetuveux?Elleestdéjàassezstresséecommeça.SladetournalesyeuxversTrisha.—Lebébéestvraimentdemoi?Lajeunefemmeravalaseslarmes.—Le bâtard, tu veux dire ?Va te faire foutre, Slade.Oui, biologiquement
parlant, ilestde toi.De tous lesautrespointsdevue, ilestàmoiet rienqu’àmoi. Mais ne t’inquiète pas. Ces dernières semaines, j’ai compris ce que jepouvaisattendredetoi,alorsnechangerienetresteloindemoi.J’aiattenduquetu m’appelles ou que tu viennes me voir pendant une semaine, puis unedeuxième.C’estlàquetuasacceptécepostesansmêmeavoirladécencedemeprévenir.Tuespartisansunmotetjenetelepardonneraijamais.Tum’asmentiettum’asabandonnée.Moiaussi,jepeuxjoueràça.Fiche-moilapaixetarrêtede frappermesamis,parcequ’ils tiennentvraimentàmoi,eux. Ilsnemefontpaspleurer.Ilsnem’ontniabandonnée,nibrisélecoeur.Surcesmots,elleseprécipitadans lamaison,montaenhâte lesmarcheset
eutàpeineletempsd’arriveràlasalledebainpourvomir.Unefoissesspasmespassés,ellesepassa levisageà l’eau,sebrossa lesdentsetpritsoncourageàdeuxmainspour rouvrir laporte.Elle avaitpeurqueSlade l’attendepourunenouvelleconfrontation,maisellenevitqueLune,assitsurleborddulit.Slade était sous le choc. Un bébé. C’était impossible. LesHybrides étaient
stériles.LeschercheursdeMercileavaienttouttenté.S’ilyavaiteuunmoyen,ilsl’auraienttrouvé,maisildevinaitqueTrishaneluiauraitjamaismentisurunsujetqu’ellesavaitaussicapitalpourlui.
—T’es content ? demanda Cuivre en crachant unmorceau d’herbe coincédanssesdentsetens’époussetant.Tul’asmiseenrogne.Sladelefusilladuregard.—Jenesavaispas.—C’estparcequetul’assoigneusementévitéedepuissonretour.J’imagine
queças’estpassépendantvotreescapadedanslesbois?Trishaportemonbébé.Ilessayait,avecplusoumoinsdesuccès,dedigérer
cettenouvelle.—Elleétaitàtoiettul’asquittée.J’aidéjàvudesdécisionsstupides,maislà,
tudécrocheslepompon.Tuespeut-êtreplusfortquemoiavectespoings,maissurleplandelajugeote,tuesendessousdetout,déclara-t-ilavantdeluitournerledosetdesedirigerversletuyaud’arrosage.Slade,abasourdi,regardaitlamaisonsansbouger.Ilavaitenviedelasuivre,
de lui parler, d’implorer sonpardonpour lesméchancetésqu’il lui avait dites,mais il ne savait pas par où commencer. Il avait traité son propre enfant debâtard.Pourquoi je fais toujours n’importe quoi quand elle est là ? Fait chier ! Il
baissalatête,dépité.Ilétaitsonproprepireennemi.Chaquefoisqu’ilouvraitlabouche, c’était pour faire du mal à la femme qu’il aimait et pour l’éloignerencoreunpeuplusdelui.Il se dirigea tant bien quemal vers sa Jeep. Il avait besoin de temps pour
réfléchir.Pourtrouverlemoyendetoutarranger.Ils’assitauvolant,maishésitaàdémarrer.Ilnevoulaitpaslaquitter.Ilnelepouvaitpas.Illaissaretombersamain,puissaisitànouveaulaclé,furieuxetblessé.Peut-êtreneméritait-ilpasquelqu’uncommeTrishadanssavie,maisilladésiraittellementquel’idéedelaperdreàjamaisl’emplissaitd’aigreur.Ildémarraets’éloignalentement.Ilreviendrait.Ilallaitprendreunedouche,
se changer et se calmer. Lorsqu’il aurait les idées plus claires, il trouverait lemoyenderéparerlesbêtisesquesacolèreetsajalousiel’avaientpousséàfaire.Unbébé.Trishaportemonenfant.Cettepenséeluifaisaitchaudaucœur.—Ilestparti,ditLune.Tutesensbien?—J’aicomplètementpétélesplombs.—Oui,j’aivu.—CommentvaCuivre?—Harleyestentraindelenettoyeraujetd’eau.C’estsurtoutsafiertéquien
aprisuncoup.Sladeest l’undenosmeilleurscombattantset j’aiditàCuivre
qu’iln’avaitaucunehonteàavoir.C’estquandonperdcontreunplusfaiblequesoiqu’ondoitseposerdesquestions.—Jesuisdésoléepourtoutcela,sanglotaTrisha.Luneselevaets’approchalentementd’elle.—Cen’estpastafaute.Slademéritaitquetuluidisessesquatrevérités.Ila
couchéavectoietensuite,ilt’aabandonnée.Siquelqu’undoitavoirhonte,c’estlui,pastoi.Tuseraisundonpourn’importequelmâle,Trisha,mais ila laissépassersachance.Allonge-toietrepose-toi.Onvientdenouslivrerlesréserves,onvateprépareràmanger.PenseàtonbébéetoublieSladeettoutlereste.Onva s’occuper de toi. Je suis sûr qu’une fois qu’il sera calmé, Slade viendradiscuterdetoutçaavectoi.Onluiafaitcomprendrequ’ilvalaitmieuxqu’iltelaissetranquillepourl’instant.Iln’étaitpasd’accord,maissoncerveauafiniparseremettreenmarche.Jepensequ’ilestsurtoutfoudejalousie.Ilacruquetuavais laisséunautremâle te toucher. Ils’estconduitcommeleroidesabrutis,maisçaprouvequ’iltientàtoiplusquetout.Lunelabordapuisl’embrassasurlefront.Trishaselaissafaireetluisourit.—Merci.Etjesuistrèsimpressionnée,aufait.—Pourquoi?—Jecroisquejenet’avaisjamaisentenduprononcerautantdemotsenune
seulefois.Lunesouritenguisederéponseetredescenditaurez-de-chaussée.Trishatenta
desedétendre.Cen’étaitpasfacile.Elleétaittoujoursbouleverséeparcequ’ilvenaitdesepasser.Aumoins,commeça,Sladeestaucourant.Elleavait fait cequeJustice lui
avaitdemandéetcelas’étaitsoldéparundésastre.Jamaisellen’auraitcruquecela se déroulerait ainsi : elle avait annoncé sa future paternité à Slade en luihurlantauvisage.Génial.Lune avait-il raison ?Slade s’était conduit comme le dernier des salopards,
maislaviolencedesaréactionprouvaiteffectivementqu’iltenaitàelle.Trishas’était sentie insultée lorsque lepremier réflexedeSladeavaitétédesupposerqu’elle avait couché avec Justice. Peut-être pensait-il qu’elle multipliait lesaventures?Sic’étaitlecas,celavoulaitdirequ’ilnelaconnaissaitpasdutout.Son«tuesàmoi»résonnaittoujoursdanssatête.Illeluiavaitdéclaréaprès
l’avoirsauvéedelatentativedevioldeBill.Ilvenaitdeleluirépéterenhurlant.Mais s’il enétait sipersuadé,pourquoi l’avait-il abandonnée? Il avaitditquec’étaitpourlaprotéger,maisellenevoyaitpaspourquoi.Ilvoulaitluilaisserdutemps, parce que c’était le seulmoyen de leur laisser une chance, ou quelque
chosedanslegenre.Dutempspourquoi?Pourquejepuissecomprendreàquelpointj’aiétébêtedecroirequ’ils’étaitpasséquelquechosedefortentrenous?Elleentenditunemarchecraqueretessuyaseslarmes.C’étaitHarleyquilui
amenaitsonrepas.—Tiens,dulaitpourlebébéetunesoupepournepastefatiguerl’estomac.
Lunem’aditquetuavaisvomitondernierrepas.Situgardestoutça,tuaurasdroit à un cookie. On en a un gros paquet et j’ai demandé aux deux autresgoinfresdet’engarderaumoinsun.Trishaluisouritetseredressa.—Unseul?— Bon, d’accord, deux, vu que tu manges pour deux maintenant. Fais
attention,c’estchaud.Jen’aipasenviequetutebrûles.Trishaleregardaavecgratitude.—Mercid’êtremonami.—Seulement tonami? J’espéraisqu’onse sauverait endouceàLasVegas
poursemarierdanslachapelled’Elvis,répliqua-t-il,taquin.J’aidéjàtoutprévu.Onadopteraunclébardpleindepuces,onachèteraunvieuxcamping-carrouilléet on s’installera à côté d’une déchargemunicipale. C’est l’endroit idéal pourtrouverdesmeubles.(Ilrelevaunemanchedesontee-shirtpourluimontrersonbicepsmusclé.)J’aidéjàchoisioùjemeferaitatouertonnom.Toi,tupourraistefairetatouerlemiensurlafesse.Romantique,non?Trisha éclata de rire. Lune arriva alors avec une assiette remplie de toasts
beurrésets’assitauborddulit.—C’estpassursafessequ’ilfautfairetatouertonnom,Harley,c’estsurson
bras.Commeça,quandellel’auraoublié,ellen’aurapasdemalàleretrouver.Onsaittousàquelpointtuesinsignifiant.Pourleliresursesfesses,ilfaudraitqu’ellesoitcontorsionniste.—Et si c’était le cas, renchéritCuivre tout enmontant l’escalier, c’estmoi
qu’elleépouserait.EtElvis,bonjourlemauvaisgoût!Toutlemondesaitqu’unmariagesousl’égided’unmortsetermineforcémentmal.Etelleesttropclassepouruncamping-carrouillé.Cequ’illuifaut,c’estuneimmensecaravanegrandluxe.Commeça,tun’aurasqu’àl’accrocheràtavoiturepouralleroùtuveux.EnvoyantlevisagedeCuivre,Trishacontintunfrisson.Ilavaitdesbleusàla
pommetteetàlamâchoire,descoupuresunpeupartoutetunœilaubeurrenoir.—Tunoterasqueçan’altèreenrienmonincroyablebeauté,luidit-ilavecun
clind’œil.—Eneffet,acquiesça-t-elleenriant.
Soudain, Lune renifla et regarda ses collègues, qui l’imitèrent. Les troishommestournèrentlatêteverslafenêtre,puissedétendirent.—Qu’est-cequ’ilya?demandaTrisha,paniquée.—Rien,maugréaLune.Unoragequiseprépare.— Oh, j’espère que le toit ne fuit pas, dit-elle en regardant les poutres
inclinées du plafond.La structure a l’air solide,même si l’aspect extérieur nepaiepasdemine.— Je suis sûre que ça tiendra, Trisha, la rassura Cuivre en luimontrant sa
nourriture.Mange.Elleobéit et ils passèrent le repas à élaborerdes scénariosdemariage, tous
plus improbables les uns que les autres. Ils regardaient régulièrement par lafenêtre.Lanuitétait tombéeet lavitreétait toujoursouverte,mais iln’yavaitencoreniéclairsnipluie.Trishaterminasasoupe,avaladeuxtoastsetbutsonverredelait,puisLune
débarrassa.—Jevaist’amenerdescookiesetunautreverredelait,maisavantça,jevais
allerfaireunpetitjogging.Tupeuxattendreunpeu?—Oui,merci.Elleluisouritetdisparutdansl’escalier.— J’ai trouvé ! s’exclamaHarley.Une foismariés, on s’installera chez tes
parents.Ilparaîtqu’habiterchezsesbeaux-parentsprometunmariageheureux.Cuivresefrappalefrontaveclapaume.—D’oùtusorscesâneries?Yapasplussûrpourtueruncouple.Trishaéclataderire.—Siturencontraismesparents,tufuiraisàtoutesjambes,oupireencore,tu
les abattrais d’un coup de fusil. Je n’ai pas envie d’un mari emprisonné àperpétuité.—Exactement,renchéritCuivre.Sanscompterqu’elledemanderaitledivorce
enapprenantquetulatrompesenprison.—Que je la trompe ? répétaHarley, perplexe.C’est…n’importe quoi ! Je
n’aimequelesfilles!—Toutdépendde lasituation. Ilparaîtquecertainsmâles trouvent l’amour
deleurviederrièrelesbarreaux,continuaCuivre.Tuasunjolipetitcul.Jesuissûrquejeneseraipasleseulàleremarquer.— Je ne me baisserai plus jamais devant toi ! Et non, ce n’est pas une
proposition.J’aidesstandardsplusélevésqueça.—Arrêtez,j’aimalauventreàforcederire!Etsionreprenaitnotrepartiede
poker?Jevousplumais,simessouvenirssontbons.—Oh que non.On te laissait gagner, répliquaHarley en se levant. Je vais
chercherlescartes.—Ilestmauvaisperdant,murmuraCuivre.—J’aientendu!
CHAPITRE16
Slade se retourna à l’approche de Lune. Le vent commençait à se lever. Ilenfonçalespoucesdanslespochesdesonjean.Lunepritunegrandeinspiration.—Çateplaîtdenousécouteressayerdeluichangerlesidées?Sladeneréponditrien.—Tul’asvraimentbouleverséeavectesaccusationsàdeuxballes.Ellenous
aimecommedesfrèreset jeteprometsqu’iln’yarienentreJusticeetelle.Jesuis l’undesesgardesducorpsdepuisdessemainesetquandellene travaillepas, on lui tient compagnie. J’avais remarqué qu’elle était triste,mais jusqu’àaujourd’hui,jenesavaispaspourquoi.(Ilsetutuninstant.)Tun’auraispasdûlaquittercommeça.Quelleidée,d’ailleurs.Elleestformidable.PlusieursminutespassèrentavantqueSladeréponde.—J’avaispeurqu’ellesoitendangersinousnousmettionsencouple.Surle
coup,çaparaissait logique,maisçan’aservià rien.J’ai faitpassersasécuritéavant mon désir, et maintenant qu’elle porte mon enfant, elle court plus derisquesque jamais.Les suprémacistes vont la prendrepour cible et enn’étantpaslàpourellequandelleavaitbesoindemoi,jeluiaifaitplusdemalquedebien.Et,continua-t-ild’unevoixplusdouce,jevoulaisaussiluilaisserdutempspourréfléchiràcequ’elleéprouvaitpourmoi,etm’enlaisseràmoiaussi.Ellesaitquejesuislà?—Non.Onluiaditqu’onavaitsentiunorageauloin.C’estdurdedésirer
unechosequandonsaitqu’onvafinirparlaperdre.Sladehochalatête.—Ellepensequetuasprofitédelasituationetquetun’éprouvesrienpour
elle.Elle est enceinte de toi et elle souffre.Tu te rends compte qu’elle est unmiracle?Sladelefusilladuregard.—Biensûrquejelesais,bonsang.—Mais tu l’asabandonnée, rétorquaLuneensecouant la têtededégoût.Si
j’avais la chance qu’une femme comme elle m’accorde son amour, je ne
laisseraisriensemettreentraversdemonchemin,surtoutpasmaproprepeur.Nousavonstousvéculesmêmeshorreurs,lesmêmespertesdéchirantes.Jesaiscombienilestterrifiantderessentirdel’attachementpourquelqu’un,parcequetout sentiment est une porte ouverte à la douleur. Je risquerais tout pour lafemellequej’aime.—Les liensqu’elle a avecnous l’ontmise endangerdemort. J’avaispeur
quenotrecouplesoitunemenacedepluspourelle.Cen’étaitpassimplementparcequej’avaispeurdem’attacheràelle.—Elleconnaissaitlesrisquesinhérentsàsonposte.Ellen’estpasbête,Slade.
On avait déjà été attaqués avant son arrivée, et ça se reproduira certainement.Elle regarde les infos,ellevoit lesmanifestantsdistiller leurhaineà tousceuxqui sontprêtsà lesécouter,maisçane l’apas fait reculer.Elle t’a laissé fairealorsqu’ellesavaittrèsbienquellesmenacespèsentsurEllieetRage.Elleétaitlà quandRage a pris les balles destinées à sa compagne. Tu croyais peut-êtreprendre la décision la plus honorable, mais tu te trompais. Elle est déjà endanger.Unpeuplusouunpeumoins, çanechangera rien,maiselleabesoind’unmâlesolideàsescôtés,capablede laprotégersiquelqu’unchercheà luifairedumal.Etdecepointdevue,tuesendessousdetout.PourSlade,ceverdictétaitd’autantplusdouloureuxqu’ilétaitvrai.—Ellenemelepardonnerajamais.Lunesetournaverslamaison.—Fais-luicomprendrequetut’esrenducompteàquelpointtutiensàelle.—Tuasuneidéeàmesuggérer?— Figure-toi que oui. Je vais en parler aux copains, je suis sûr qu’ils
accepteront. Ils aiment beaucoup Trisha et ils veulent la voir heureuse. Si tul’aimesautantque je lepense, tudevraisréussirà le luidire.Cuivrerisquedemal le prendre, par contre, parce qu’ils sont vraiment très proches. Arrête degrogner.Iln’yarienentreeux.—C’estquoi,tonplan?—Ons’installeradehorspourlanuitunefoisqu’elleseraendormie.Comme
ça,ontelaisseraseulavectafemellepourtedonnerunechancederecollerlesmorceaux.Trishase retournasur lematelasetse retrouvacontreuncorpschaudetnu.
Elleouvrit lesyeux,surprise,mais il faisait sinoirqu’ellenevoyait rien.Elleavait dû s’endormir sans s’en rendre compte, mais elle pensait que les troishommesétaientdescendusaurez-de-chaussée.Ellereculaenhâte.
—Lesolétaittropduràtongoût,ondirait?J’espèrepourtoiquetuportesuncaleçon,dit-elleàceluiquipartageaitsonlit.Elle regrettait de ne pas disposer de leur vue ou de leur odorat, ce qui lui
auraitpermisd’identifierl’intrus.—Mmm,murmurasonvoisintoutensecollantàelleetenpassantunbras
autourdesataille.— Hé, protesta Trisha en le repoussant. Reste de ton côté. Je veux bien
partagerlelit,maisjenesuispasunoreiller.L’hommenebougeapasd’unpouce.— J’essaie de dormir,ma douce. Si tu n’arrêtes pas deme pousser, je n’y
arriveraipas.Trisha poussa un petit cri et tenta de se redresser tout en cherchant
l’interrupteur de sa lampe de chevet. L’homme la lâcha et elle reculaprécipitamment,manquantdefairetombersalampe.Elletrouvaenfinleboutonetl’enclencha.Lalumièrecruel’aveuglapendantquelquessecondes,puisellesetournaetdécouvritavecstupeurqu’ils’agissaitdeSlade,torsenu.Ledrapquiluirecouvraitlesjambesl’empêchaitdevoirs’ilportaitquelquechoseplusbas,mais elle n’avait aucune enviede le savoir.Elle était abasourdiede le trouverdanssonlit.—Qu’est-cequetufaislà?demanda-t-elle,incrédule.Commenttuesarrivé
là?—Parlaported’entrée,quej’aiaidéàréparerpendantquetudormais.(Ilse
dressa sur soncoude,posa la tête sur samainet lui sourit.)Éteins la lumière.C’estlemilieudelanuitetjeveuxteserrercontremoi.Trishaleregarda,éberluée.— Tu m’as laissée tomber comme une vieille chaussette et tu as le culot
d’envahirmonlit?C’estuneblague,ouquoi?—Non.—Tuperdslatête?Va-t’en!—Viens,madouce.Trisha voulut descendre du lit,mais Slade la plaqua contre lematelas et se
coucha sur elle avec mille précautions. Elle se rendit alors compte de deuxchoses :premièrement,Sladeétaitcomplètementnu,etdeuxièmement, ilavaituneérectionmonumentale,commeentémoignaitlamasserigidequ’ellesentaitcontresacuisse,àl’endroitoùsachemisedenuits’étaitsoulevée.Sonaudacelalaissaitsansvoix.—Tum’asmanqué, déclara-t-il d’unevoix rauque en la regardant dans les
yeux.N’oubliepasquetuledétestes.Ilt’aabandonnée.Ilabeauêtresexycomme
undémon,c’étaitcruel.—Tuavaismonadresse.(Elletentadelerepousser,maissansrésultat.Ellele
fusilla du regard et serra les dents.) Si tu ne te pousses pas, je vais appeler àl’aide.—Crietrèsfort,alors,parcequejeleuraiditdes’éloigner.Jevoulaisqu’on
soit seuls. Cette fois-ci, je n’avais pas envie de devoir poser la main sur tabouche.Lesouvenirdecemomentrevintaussitôtàlamémoiredelajeunefemme:il
avaitfaitcelapourétouffersesgémissementsdeplaisirpendantqu’illuifaisaitl’amour.Soncorpsréagitaussitôt,contresongré,etelleluilançaunregardnoir.—Tum’asquittéeetmaintenanttuveuxmerécupérer?C’estbiença?Pour
combiendetemps,cettefois-ci?Demainmatin,quandjemeréveillerai,tuaurasdisparuetjenetereverraipaspendantdessemainesoudesmois?Non.Va-t’en,Slade.Il se déplaça de quelques centimètres en prenant bien soin de ne pas lui
écraserleventreetluipritlevisageentrelesmains.—J’avaispeur.Tumefichaisunetrouillebleue,situveuxsavoir.—Peur ? répéta-t-elle en réprimant son envie de le gifler.Et de quoi, je te
prie?Tufaistrentecentimètresetcinquantekilosdeplusquemoi.Dequoiest-cequetupouvaisbienavoirpeur?—Jereprésenteundangerpourtoi.C’estpourçaquejesuisrestéloindetoi.
Tuasfaillimourirdansl’accidentdevoiture,etensuitedanslesbois.Jen’avaispasenviequeturedeviennesunecibleàcausedemoi.Trishaleregardaensilence,incrédule.Riendetoutcelanecomptait,carillui
avaitfaitdumal.Plusjamaisellenelelaisseraitrecommencer.—Çaallaitmêmeencoreplusloin.J’aieubeaucoupdetempspourréfléchir.
Jenevoulaisplusm’attacheràquiquecesoit.J’aivutropdeprochesmourirousouffrir. Je n’ai jamais rien possédé, je n’ai jamais pu compter sur rien ni surpersonne. Les monstres qui nous gardaient prisonniers se servaient de nossentimentspourlesretournercontrenous.Jesaisquepourquelqu’unquinel’apas vécu, c’est difficile à comprendre, mais je peux te dire que ça m’a faitbeaucoupdemal.Jesuiscomplètementdémoli.J’avaispeurdecequejedésiraisde toi, peur que les sentiments que j’éprouvais ne soient pas réciproques. Jevoulaistelaisserdutemps,maisenfait,c’estmoiquienavaisbesoin.Jepensaisqu’enm’éloignant, j’arrêterais de penser à toi. Jemedisais qu’il valaitmieux
pourtoiquejesortedetavie.Çan’apasvraimentfonctionné.Trisha, prise de court par sa franchise, sentit sa colère s’évaporer. Elle ne
savaitcommentréagir,maiscettesincéritéetcettedouleurévidentesluifaisaientfondre le cœur. Elle devait bien admettre qu’il avait eu un passé cruel. Ilreconnaissaitlui-mêmequ’ilavaitmalagietellesentitsarésolutions’ébranler.— Tum’avais promis que tu viendrais me retrouver. Tum’as fait dumal,
Slade. Tu n’asmême pas essayé deme parler.Comment veux-tu que je fassecommesiderienn’était?—Dèsque je suis rentré àHomeland, j’ai vouluvenir te voir,mais Justice
m’a convoqué à une réunion où il m’a expliqué pourquoi les humains s’enétaientprisàtoi.Çam’afaitréfléchiràcequejeressentiraissituétaistuéealorsquenousétionsensemble.J’aieulatrouille,doc.—Arrêtedem’appelercommeça.Monnom,c’estTrisha.Dis-le.Illuicaressalajoue.—Jet’aiditquejenet’appelleraisTrishaquelorsquejeseraisentoi.Cedont
j’aiunefurieuseenvie.Jeveuxtegoûter,tesentircontremoi.Ilyatellementdechosesquenousn’avonspaseul’occasiondefaire.Jeveuxtefairegémirmonnomet t’entendrehurlerdeplaisir. Jeveux temontreràquelpoint tucomptespourmoietcombientum’asmanqué.Accepte,s’ilteplaît.—Arrête, Slade, dit-elle fermement.Neme fais pas ça. Enme tournant le
dos, tu m’as fait beaucoup de mal. J’ai dû tuer deux hommes et je croyaissincèrementquetureviendrais.Ensuite,cesontdeuxdetesamisquisontvenusàmonsecours,alorsquec’était toiquejevoulaisvoir.Jemesuisfaitunsangd’encrejusqu’àcequ’onmedisequetuétaisenvie.Quandilsm’ontapprisquetuétaisderetouràHomeland,jet’aiattendu,maistun’esjamaisvenu.—Quandj’aientendutescoupsdefeu,j’aifaitdemi-tour,maisj’aicompris
que Flamme et Joyeux arriveraient avant moi. Je voulais te sauver, mais tun’avaispasbesoindemoi. (Ilhésitauninstant.)Et jen’avaispasenviequetumevoiesdansl’étatdanslequelj’étaisalors.J’avaistuébeaucoupd’hommesetj’étais couvert de sang. J’avais peur que tu te dises que jamais tu ne pourraispassertavieavecunepersonneaussiviolente,quetucraignesquecetteviolenceseretournecontretoi.Jenesuispasentièrementhumain,admit-il,l’airpeiné.Ilvalaitmieuxquetunemevoiespascommeça,crois-moi.Jeveuxt’inspirerdudésir,pasdelacrainte.Trishasentitsarésolutions’effriter.Ilapeurdecequ’ilestetdel’imageque
j’aide lui. Ila l’aird’ungrosdur,maisc’estune façade.Ellepritunegrandeinspirationetluirépondit.
—Slade, je sais ce que tu es et je l’accepte.Après avoir tué ces hommes,j’étaisbouleverséeetj’avaisbesoindetoi,maistum’astournéledoscommesije n’avais aucune importancepour toi. Si tu tenais àmoi autant que tu le dis,commentas-tupumefaireça?—Tuétaisensécurité,c’étaitleprincipal.Jesuissûrquejet’auraisfaitpeur
etj’aipréférépartirenchassedecesdernierssalopardspouréliminerledangerquipesaitencoresurtoi.Surlemoment,jepensaisquec’étaitlebonchoix.Jemetrompais.—Tum’asdonnétaparoleettum’asmenti.— Je suis vraiment désolé, mais j’arrivais si peu à me contrôler que je
n’auraispaspucacherque tuétaisàmoi. Ilsauraient tousvuquenousétionsliés.—Donctunevoulaispasqu’onsachequ’ils’étaitpasséquelquechoseentre
nous?répliqua-t-elle,furieuseetblessée.Tusaisquoi?Cen’estplusunsecret,etjepariequeçat’humiliecomplètement.PourunHybride,çanesefaitpasdecoucheravecunehumaine,hein?—Pardon?—Certainsd’entrevousontfaitlesermentdenejamaistoucherd’humains.
C’est…Bon sang,mais tu vas te pousser, oui ? Et désolée de te l’apprendre,maisenmereniflant,tescopainsontsuquej’avaiscouchéavecquelqu’un.Audépart,ilspensaientquej’avaisétéviolée.Jeleuraiditquecen’étaitpaslecas,maisriendeplus.Jen’aipasmentionnétonnom,mêmequandj’aisuquej’étaisenceinte, mais Justice s’est souvenu de mon odeur le soir de mon retour àHomeland.Ilad’abordcruqueCuivreétaitlepère,maisquandjeluiaiditquecen’étaitpaslui,ilatoutdesuitecompris.Ilnerestaitquetonodeur.—Jen’ai jamaisdit,nimêmepensé,quej’avaishontede toi,doc,et jeme
fichedecequelesgenspeuventcroire.J’essayaisdeprotégertapudeur.Jesaisque leshumainessont trèsdiscrètesquantà leurviesexuelle,et le faitestquemaprésencedans tavie temetencoreplusendanger.EllieetRageensont lapreuve vivante. Je voulais t’épargner ce qu’ils ont vécu quand ils se sontmisensemble.Onn’arrêtaitpasdeleurposerdesquestionssurleurintimité.ChaquefoisqueRagelatouchait,ilavaitl’impressionqu’onl’accusaitdeluiavoirfaitmal.C’est pour ça que je ne voulais pas que lesmâles devinent ce qui s’étaitpassé entre nous. Et si jamais des humains faisaient partie des équipes desecours,jenevoulaispasqu’ilsnousvoientensemble.—Jetefaisaisconfiance,maisc’estfini.Je…Sladesepenchaverselleetluifrôlalabouchedeseslèvres.
—Jene suispasdouéavec lesmots,madouce,mais ça, tupeux le croire,murmura-t-ileninsérantdeforcesalangueentreseslèvres.Trishaessayaderesterdemarbre,maisellenepouvaitrésisteràunbaiserde
Slade.Elle l’aimaitet ledésiraitmalgré toute ladouleurqu’il luiavaitcausée.Elleavait toujourssuqu’entreunHybrideetunehumaine, touterelationseraitdifficile. Ils étaient très différents, mais lorsqu’ils n’étaient plus que tous lesdeux,toutcelas’effaçait.Elleposalesmainssursontorse,cherchantlachaleurde sa peau, et commença à l’embrasser elle aussi, écartant les lèvres avec unsoupirinvolontaire,sesoumettantaudésirimpérieuxdeSlade.Tout en continuant à la caresser et à l’embrasser avec une passion
grandissante,cedernierlafitpivoterjusqu’àcequ’ilssoientfaceàface.Ilsaisitsa chemise de nuit et la déchira pour en libérer ses seins, qu’il commença àmasseravecsesmains.Trisha,haletante,rompitlebaiser.—Slade?—Jet’enprie,nemedemandepasd’arrêter.J’aibesoinde toi.Tun’aspas
idéedecombienjeteveux,Trisha.Tumemanquaistellementquejen’envivaisplus.Il baissa la tête et passa sa langue râpeuse sur son sein. Trisha perdit toute
pensée cohérente lorsqu’il referma les lèvres sur son téton, qu’il aspira sansménagement. Elle sentit son ventre se crisper, son désir s’embraser, tout soncorpsfrissonnersousl’effetdespicsdeplaisirquilatraversaientdespiedsàlatête.Ellegémitencoreplusfort,passantsesmainssurlesbrasdeSlade,puissurses épaules où elle enfonça les ongles. Elle savait qu’elle devait le repousser,maiselleenétaitincapable.Slade lâcha son sein et elle poussa un gémissement plaintif. Elle le désirait
tellement qu’elle en éprouvait une sensation physique demanque. Lorsqu’elleouvrit lesyeux, ellevitqueSlade la regardait attentivement, avecunepassionqui ne fit que l’exciter davantage. Sa beauté sauvage et virile, ses dents quipointaiententreseslèvresentrouvertes,toutcelaluifaisaituneffetincroyable.—Tuessibelle.(Ilseredressasurungenou,lalâcha,puisreposalamainsur
elle,commes’ilnesupportaitpasdenepaslatoucher.)Jeneveuxpasfairedemal à notre bébé.Au fait, je suis heureux qu’on en ait fait un, déclara-t-il ensouriant.Il la soulevadumatelas, la retournapresque sans effort et luiplaqua ledos
contresontorseavantdeladébarrasserdeslambeauxdesachemisedenuit.Ilpassalesmainssursesseinsetluimordillalecou,luichatouillantlapeauavec
leslèvres,lalangueetlesdents.Soudain,ellegémitenlesentantmordreplusfranchement.Ilnepénétraitpas
dans lapeauetne lui faisaitpasmal,maiscettesensationavaitquelquechosed’incroyablementérotique. Il léchaun instant lapeauprisonnièredesesdents,puispartitàladécouvertedesanuquetoutenfaisantglissersesmainsjusqu’àlacourbedeseshanches.Ilenfonçaensuitelespoucesdanssaculotte,laluiarrachaenunmouvement
etlajetaauloin,laissantlibrecoursàsesmains,quis’arrêtèrentaucreuxdesescuisses.—Ouvre-toipourmoi,madouce. Jeveux te toucher.Monnez sentdéjà ta
chaleur,çamedonneenvie.Tonsouvenirm’atourmentétouteslesnuitsdepuisnotreséparation,grogna-t-il.Elle écarta les genoux et retint son souffle en sentant Slade faire glisser
lentementlesmainssursescuisses.Elleauraitvouluqu’ilabrègecetteétapeetqu’ilpassesansattendreauxchosessérieuses.Elleattendaitcemomentdepuistrop longtemps pour se perdre en préliminaires. Elle commença à haleter, sedemandantsielleallaitmourirs’ilnelatouchaitpasrapidement.LesdoigtsdeSlades’arrêtèrentauxlèvresgonfléesdedésir.Illesécarta,caressasafenteetsefixasursonclitorisenflé.Trishapoussaungémissementsonoreetappuyalatêtecontresonépaule.—Oui.—Oui,répéta-t-ilengrognant.Jenet’abandonneraiplusjamais,Trisha.Plus
jamais.Tuesàmoi.Ilpritlapartielaplussensibledesonclitorisentredeuxdoigtsetcommençaà
le titiller. Trisha gémit à nouveau et se cala contre les cuisses de Slade. Ellesentait son sexe rigide et lourd contre le bas de son dos. Ses tétons étaient sitendusqu’ilsluifaisaientmal.— Je t’en prie… j’ai besoin de toi, murmura-t-elle. Continue si ça te fait
plaisir,maisjeteveuxaussienmoi.—Àtesordres,grogna-t-ilàlamanièred’unanimal.Ledésirquitransparaissaitdanssavoixnefaisaitqu’attiserceluidelajeune
femme. Il était redevenu leSladequi l’excitait, l’hommequ’ellevoulaitetquiluiavaittantmanqué.Ilreculaetapprochasesgenouxentresescuissesécartées.—Jevaistebaiser,Trisha,maisjeneveuxpastefairemal.Tuvastemettre
au-dessus.Commeça,tucontrôleraslamanœuvre.Joignantlegesteàlaparole,ill’attirasurlui,toujoursdanslamêmeposition.
Ilguidaseshanchestoutencontinuantdeluicaresserleclitoris,puisattrapason
sexeàpleinemain.Trishabaissa lesyeux.Lavuedesonérection impressionnantedémultipliait
sapropreenvie.Elleposa lesmains sur lescuissesdeSladepour s’équilibrer,inclina leshanchesetdescendit lentement tandisqu’ilguidaitsonglandcontresonentrée,puisentraitlentementenelle.L’effetétaitsiagréablequ’ellepoussauncri,submergéeparcettesensationde
proximité,parlarigiditédecemembrequiluiécartaitleschairs.Trishatournalatêtecontre lecoudeSladeet appuya ledoscontre son torse,puisgémit en lesentantlapénétrerdeplusenplusprofondémentalorsqu’elles’asseyaitsursescuisses.Ellefrissonna.—Slade!—Du calme, ma puce. Tout doucement, même si c’est insupportable pour
moi.IlavaitlâchésonsexeetsamainétaitretournéesurleclitorisdeTrisha.Elle
geignit,impatientedejouir.—Sichaude,siétroite,grogna-t-il.Tuesàmoi.Illuiembrassal’épauleet,toutencontinuantàjoueravecsonclitoris,semità
souleverlentementseshanches.—Slade!— Je suis là, Trisha, répondit-il en passant la main sur son ventre jusqu’à
atteindre ses seins, aux tétons hypersensibles.Vite ou lentement ?Dis-moi cequetuveux.—Plusvite,implora-t-elle.Ilaccélérasescoupsdereinsetlesmouvementsdesesdoigtsentrelescuisses
de Trisha, qui se mit à gémir plus fort que jamais. Ces sensations coupléesétaientd’uneintensitéincroyable.Elleluiagrippalescuissespournepastomberalorsqu’illapénétraitdeplusenplusvite,deplusenplusprofond.Lorsque son orgasme explosa, elle faillit hurler en sentant ses muscles
vaginaux secrisper autourdu sexemassifdeSlade.Tandisquedesvaguesdeplaisir la submergeaient, il commençaàgonflerenelleet ralentit l’allurepours’abandonneràdes spasmesviolents, lecorps tendu. Il lâcha le seindeTrishapour passer le bras autour de sa taille et s’ancrer à elle pendant sa proprejouissance.—Trisha,grogna-t-il.Ilss’immobilisèrentetTrisharemarqualasensationdechaleurdesonsperme
qui coulait en elle.Elle eut l’impression que son éjaculation durait une bonneminute. Il plaça alors les mains de chaque côté de sa taille, la plaqua plus
fermement sur ses cuisses et l’embrassa sur l’épaule. Ils haletaient autant l’unquel’autre.—Tum’asmanqué,murmura-t-il.Jenetequitteraiplusjamais.Plusjamais,
Trisha,tum’entends?Plutôtmourirquedevivresanstoi.Jetejurequejesuisprêt à sacrifier ma propre vie pour te protéger et que je ne gâcherai plus lachancequinousestofferte.J’aicompriscombientucomptespourmoi.Trishaposalesmainssursesavant-bras.Elleavaitàlafoispeuretenviedele
croire.Ellel’aimait.Parfois,ilfautsavoirprendredesrisques.Situluirefusescettedernièreoccasion,tunesaurasjamais.Ellesemorditlalèvreetpoussaungrossoupir.— C’est la dernière chance que je te donne. Sérieusement. Si tu me fais
encoremalousitudisparaisunenouvellefois,ceseraterminé.Sladeritdoucement.— C’est noté. D’ailleurs, je vais commencer par ne pas bouger. Entre la
fréquence de nos étreintes et mon gonflement après l’orgasme, on va passernotrevieimbriquésl’undansl’autre.Jepourraisrestercommeçapourl’éternité.—Ilfautquejemangedetempsentemps.—Jenetelaisseraipasmourirdefaim,rassure-toi.—C’estbonàsavoir.—Tuaurasbesoindetoutestesforces.Au bout de quelques minutes, Slade sentit Trisha céder au sommeil. Le
gonflement à la base de son pénis avait diminué et il la souleva avec moultprécautionsavantdelacouchersurleflanc.Elleleregardaensouriant.Slade, étouffé par l’émotion, était incapable de parler. Elle lui semblait si
belle, si fragile…etelleportait sonenfant, cequi le laissait encore sansvoix.C’était leplusbeaucadeauqu’elle auraitpu lui faire.Elle lui avaitdonné soncorpsetunaveniravecelle.Ils’éclaircitlagorge,unsouriresurleslèvres.—J’éteinslalumière.Tuasbesoinderepos,doc.—Trisha,répliqua-t-elleavecunemoueagacée.—Oui, désolé, s’excusa-t-il gaiement.C’est dur de se défaire d’une vieille
habitude.Etpourmadéfense,jenesuisplusentoi.—Si tuneveuxpasdormirpar terre, je te conseilledem’appelerparmon
nomquandtuesdansmonlit.—D’accord,acquiesça-t-il,amuséetheureux.Ellel’avaitreprisetpardonné,maisiln’étaitpassûrdeméritersaclémence.Il
avait tout gâché et regrettait ses choix, malgré les bonnes intentions qui les
avaientmotivés.—J’éteinspourqu’ondorme,répéta-t-il.Ellevoulutluirépondremaisneparvintqu’àbâiller.Sladeéteignitpuisattira
safemelleàlui,secalantcontresoncorpsplantureuxetl’entourantparlataille.Il ne voulait pas laisser un centimètre d’espace entre eux et elle le laissa lesinstalleràsaguise.— Tu m’as vraiment manqué, lui avoua-t-il en posant le menton sur son
épauleeteninspirantsonodeuràpleinesnarines.Jen’arrêtaispasdepenseràtoi.— Toi aussi, tu m’as manqué. Ton souvenir m’obsédait. Quand tu m’as
abandonnée,jemesuisretrouvéeperdue.Ilgrimaçadevantletondouloureuxdesavoix.—Jesuisdésolé,madouce.Çan’arriveraplus, jetelejuresurmavie.J’ai
faituneerreurmaisj’aicomprislaleçon.Ellesetutunlongmoment,immobiledanssesbras,puisrepritlaparole.—Etlebébé,tuenpensesquoi?La voix de la jeune femme était empreinte d’une incertitude qui le peinait.
C’était lui le seul responsable, mais Trisha semblait douter du lien qui lesunissait.—J’aihâtequ’ilsoitlà.—Moiaussi,maisj’aipeur.— Je te protégerai, affirma-t-il, furieux à l’idée qu’elle soit en danger.
Personneneteferademal.Tousceuxquiessaierontlepaierontdeleurvie.Elleposasapetitemainsursonbrasetlecaressa.—Ce n’est pas ça quime fait peur. Et s’il y avait un problèmemédical ?
Quandjel’aivuàl’échographie,j’aisuquejeledésirais,Slade,maisilpeutsepassertellementdechoses.Jesuismédecin,jesaisque…—Toutirabien,l’interrompit-il.C’estnotrebébé,notremiracle,etjusqu’ici,
la vie n’a pas été tendre avecmoi. Je refuse de te perdre ou de perdre notreenfant.Lesortvaforcémentnouslaisserdurépit.Ellegardalesilence,cequiinquiétaSlade,puissoupira.—Tuesheureux?Ilfrottalenezcontresoncou.—Oui,très,Trisha.Onestensembleetc’esttoutcequicompte.Illasentitsombrerdanslesommeil.Sarespirations’alourditetsesdoigtsse
posèrentsursapeau.Ill’attiraunpeupluscontreluienprenantsoindenepasl’écraser.La femmequ’il tenaitdanssesbrascomptaitplusquesavie. Ilétait
prêtàtoutpourresterauprèsd’elle,etiltueraittousceuxquichercheraientàlesséparer.
CHAPITRE17
—Non,grognaSlade,deséclairsdanslesyeux.Jeresteicipourlaprotéger.Toi,tun’asqu’àmeremplacerpourgérerlesconstructions.—Pas question que je passemes journées avec tous ces humains, répliqua
Cuivresuruntontoutaussimenaçant.Trishasecoualatête,navréedevoirlesdeuxhommesànouveauàcouteaux
tirés.Ellesoupira.—Lesgars, est-cequevous auriez l’obligeancedenepasvousbattre dans
monsalon?Onadéjàunetablebasseenmoinsetj’aimeraisbienqu’onépargnelecanapé,parcequ’ilesttrèsconfortable.—Laissetomber,ricanaHarley.Ilsvontsebattre,c’estsûr.Lune,lesbrascroisés,observaitlascène,l’airblasé,ethochalatêteensigne
d’acquiescement.— Quelqu’un veut du popcorn ? demanda Harley en se dirigeant vers la
cuisine.Yariendemieuxpourregarderuncombat.—J’enveuxbien,grommelaLune.—Arrêtez,intervintTrisha.Pasdebagarrechezmoi,pointfinal.Sivousavez
vraiment envie de vous taper dessus, allez faire ça dehors. Slade ? Tum’entends?Cuivre?Allez,lesgars,soyezraisonnables.Sladetournalatêteverselle.— Pas question que je te quitte. Dis-lui d’aller s’occuper des projets de
Justice.Gérerdesouvriershumainspourqu’ilsterminentdanslestemps,ilpeutlefaireaussibienquemoi,ilsuffitdegrogneretdeleurmontrerlesdents.Çaleurfichelatrouilleetçalesmotiveàaccélérerlacadence.Cuivrepoussaunjuron.—Jen’aiaucuneidéedesprojetsencours.Toutcequejet’aidit,c’estqu’on
pouvaitlasurveillerlajournée,pendantquetutravailles,etquetuprendraislerelaislanuit.—Elleestàmoi,assenaSlade.Ettoi,tuveuxm’imposerlesmomentsqueje
peuxpasseravecelle?N’ysongemêmepas.C’estmafemelleettun’aspastonmotàdire.
— J’essaie de t’aider, c’est tout. Tu te souviens que tu as un boulot àaccomplir ? Elle est en sécurité dans la zone interdite, inutile qu’on soit enpermanencequatreàlaprotéger.Vaillantapromisdedemanderauxautresdelalaissertranquille.Ilm’aassuréqu’aucunhumainn’approcherait.Sladenesemblaitpasconvaincu.—Tuveuxvraimentquejetemontrelequeld’entrenousestleplusapteàla
protéger?Tuasbesoind’unenouvelleleçon?—Assez!hurlaTrisha,excédée.(Ellesavaitqu’ilsn’étaientpasvraimentdes
hommes normaux, mais leur nature dominatrice commençait à l’agacer. Ellefusillatouràtourlesdeuxhommesduregard.)Slade,arrêtedejouerlesmachosetdemenacermesamis.Ettoi,Cuivre,arrêtedeleprovoquer.(EllereportasonattentionsurSladeetbaissad’unton.)Ilaraison,tuasdesresponsabilités,etjeseraitrèsbienicipendantlajournéeenattendantqueturentres.—D’accord,bougonnaSlade.Tupeuxpréférertesamisàmoi,c’esttondroit
leplusstrict.Surcesmots,iltournalestalonsetsedirigeaverslaporte.—Arrêtetoncinéma,tuveux?tempêtaTrisha.Tusaisbienquecen’estpas
ça.Situvoulaisbien…Sladeseretourna.—Àcesoir,dit-ilavantdeclaquerlaportederrièrelui.Trisha se jeta sur le canapé avec un juron, puis se tourna vers les trois
hommes,quilaregardaientfixement.—Çasonnaitcommeunemenace,non?—Bienvu,réponditLuneavecungrandsourire.—Ouais,acquiesçaHarleyensortantlepopcorndumicro-ondes.Cesoir,tu
vas passer à la casserole,mais je ne pense pas qu’il nous laissera regarder cequ’ilaprévudetefairepoursevenger.Dommage,j’aimebienlesfilmsporno,etlà,jesensquelespectaclepromet.—Porno?balbutiaTrishaenluilançantunregardnoir.C’estpasdrôle.—Ilne te ferapasmal,mais…,continuaLuneavecunclind’œil, jeparie
qu’ilvatepréparerunesoiréeinoubliable,pourquecesoitluiquetuchoisisseslaprochainefois.Ellefronçalessourcils.—Commentça?Cuivreéclataderire.—Tuasdût’enrendrecompte:onestagressifsetcompétitifsparnature.Il
vavouloirredressersonorgueilfroissé.
—Sonorgueil?Mais jen’aipascherchéà te favoriser!Qu’est-cequ’ilvafaireàvotreavis?Allez,lesgars.Jesuismédecin,quandmême!Arrêtezavecvosairsentendusetdites-moicequ’ilcomptefaire.—Àmonavis,réponditLune,ilvat’exciterjusqu’àcequetulesuppliesde
tebaiser.Ilvavouloirtemontrerquiestlechef.—C’estuncanin,ajoutaHarley. Je saisceque je feraisàune femelle si je
voulaisluimontrerqu’ellem’appartient.Jelamonteraiset…—Harley!l’interrompitCuivre,leregardnoir.Laferme.—Quoi?J’allais justedireque je lamonterais jusqu’àcequ’ellenepuisse
plus bouger. Nous, les canins, on est des vraies bêtes de sexes, on tient lacadencependantdesheures.Cuivrepoussaunsoupirdedégoût.—Nedemandejamaisàunchiensonavissurcesujet.Grosseerreur.Trishaéclataderire.—J’aifaim.Quiestprêtpourlepetitdéjeuner?(Elleregardalepopcornde
Harleyenfronçantlessourcils.)Commentpeux-tumangerçaàcetteheure-ci?—C’estmonen-casdeminuit, tuveuxdire!J’aipassé lanuitdegarde.Je
vaismecoucherjusteaprèslerepas.SladeétaitpersuadéqueTrisha faisait toutpour le rendrechèvre. Il regarda
sonbureau,mécontentd’êtreenfermédanscettepiècequin’étaitqu’unegrandeboîte rectangulaire montée sur roues. La zone était saturée de l’odeur deshumainsetmêmes’il s’habituaità leurprésence, ilne leur faisait toujourspasentièrementconfianceetpréféraitleséviterautantquepossible.Iltournalatêteverslesquatrehumainsquitravaillaientàleurbureau.Lesdeuxpremiersétaientautéléphone,letroisièmesirotaitsoncaféetlederniersegrattaitlatêtetoutenétudiantlesplansétalésdevantlui.—Unproblème,Richard?—Non,répondit-ilencessantsonmanège.Jemedemandejustecommenton
varéussiràfinirleclub-housedanslestemps.Jen’arrêtepasdedireàM.Northqu’il est impossible de construire un bâtiment de cette taille en aussi peu detemps.Lastructureestmontée,maisilresteencorebeaucoupdechosesàfaire.—Quelleest lasolution?soupiraSlade,quisedoutaitdéjàde la réponse :
plusdemoyensetdemain-d’œuvre.—Jepensequ’ondevrait y arriver,mais je croise lesdoigtspourqu’onait
beautemps.Ungrosorageetonestfichus.—Quelestleproblème,alors?
L’humainhésita.—Ilsepassedeschosesanormales.—C’est-à-dire?insistaSlade,lesourcildressé.—Dessabotages,précisaRichardensemordantlalèvre.—Pardon?Pourquoiest-cequejenel’apprendsquemaintenant?—Audépart, jepensaisqu’il s’agissaitd’accidents.Leshommes travaillent
septjourssursept,parrotationsdedouzeheures,cequiaugmenteforcémentlesrisques d’erreurs dues à la fatigue.Mais là, ça n’arrête pas et je commence àpenserquecen’estpasinnocent.Cematin,ungarss’estblesséentombantd’uneéchelle.Riendegrave,heureusement,maiss’ilavaitétéplushaut,ilseraitmort.J’aiinspectél’échellemoi-mêmeetjesuispersuadéqu’elleaétésabotée.—Tuauraisdûm’enparlerplustôt,assenaSladeenprenantsontéléphone.Je
vaismettrequelquesgardesenfaction,çadevraitdissuaderlesgêneurs.—Merci.Sladehochalatête.Depuisledépart,ilcraignaitqu’ilarriveunecatastrophe.
Certains groupes d’opposants auxHybrides ne demandaient qu’à leur faire dutort.Laprésencedecentainesd’humainssurleterritoiredelaRéserveétaitpoureuxunechanceuniquedes’introduiresurplace.—Jevais renforcer lasurveillancepouréviterqu’ilyaitdesblessésoudes
morts.Ilcommençaitàcomposerlenumérolorsquelaportes’ouvritàtoutevolée.—Slade?Onaunproblème,déclaraTigreenseprécipitantdanslebureau.Lesdeuxhommesétaientdevenusamisdepuisleurlibération.Ilsavaientvécu
danslemêmemotelperduavantl’ouverturedeHomeland.—Qu’est-cequ’ilya?—Deshumainsontdisparu.—Combien?demandaSladeenprenantsaradioetenselevantd’unbond.—Quatorze,ainsiquedeuxcamions.Onlescomptetouteslesheures,selon
tesordres,etledernierpointageapermisdeconstaterleurabsence.Personneneles a vus passer à aucun des deux points de sortie. Ils sont encore dans laRéserve,maispersonnenesaitoù.—Faitchier!Alerte,annonça-t-ildanssaradiotoutensortantdubureau.Il
manquequatorzehumainsetdeuxcamions.Localisez-lesrapidement.Ilcourutjusqu’àsaJeep,Tigresurlestalons.—Ilssontpassésoù,àtonavis?—J’ensaisrien,maisonvalesretrouver.Lesdeuxhommess’installèrentdanslevéhicule.
—Slade?ditunevoixdanslaradio.Tigreréponditavecsonappareil.—Ilestavecmoi.Qu’est-cequ’ilya?—Ungardeavudeuxcamionspasserilyavingtminutesendirectiondela
zoneinterdite.Ilnelesapassignalésplustôtparcequ’ilyadelamaintenanceélectriqueprévuedececôté.Onavérifié,aucuneéquipen’aencoreétéassignéeàcettetâche.Deplus,ilsn’étaientpasaccompagnésdereprésentantshybrides,maislesgardeshumainsnelesavaientpas.—Etmerde,grognaSlade.C’estparlàqu’habiteTrisha.—Qu’est-cequ’ellefichelà?Cen’estpassûrpourelle.Tuasperdulatête?
Je pensais qu’on devait l’installer au dernier étage de l’hôtel, avec accèsrestreint.—Onachangédetactiqueencoursderoute.—Ilyauneraisonàça?Leshumainsn’ontrienàfairelà-bas.Lesmâlesont
marquéleurterritoireetmêmesic’estunefemelle,elleneserapaslabienvenue.Sladehésita.—Jesais.—Commentas-tu réussià lesconvaincrede l’accueillirchezeux? Ils sont
devenus très territoriaux et je suis sûr qu’ils ont dû immédiatement sentir saprésence.—Trishaportemonenfant.Ellevitdanslechaletnumérosix.—Pardon?Sladehochalatête,enfonçal’accélérateurettournabrutalementlevolant.—Elleestenceintedemoi.Justice l’aenvoyée icipourcachersagrossesse
auxhumains.Trèspeudegenssontaucourant.—Alors là…, soufflaTigre, hébété.Tuvas être papa.Merde alors.Tu l’as
miseenceinte.Qu’est-cequ’elleafaitpourqueçaarrive?—C’estnaturel.—Merde,répétaTigre.Onn’estpasstériles?Pourquoipersonnenenousl’a
ditavant?Jeferaismieuxd’annulermonrendez-vousaveclafillequiinspecteles constructions. J’ai pas envie d’être père moi aussi, ma vie est déjà assezcompliquéecommeça.Unefamille?Non,merci,conclut-ilensecouantlatête.Sladesemblaitsurpris.— Je savais pas que tu étais attiré par les humaines. Je pensais que tu les
trouvaistropfragiles.—Ellesmetrouventmignon,qu’est-cequetuveuxquejefasse?demanda-t-
il, l’air faussement résigné. Jeme suis dit que je pouvais essayer, après tout.
Ellessontfragiles,c’estvrai,maisceseraituneexpérienceintéressante.— J’espère qu’ils n’approcheront pas deTrisha. Je la veux dansma vie, et
notreenfantaussi.Oùilssont,cesenfoirés,etàquoiilsjouent?—J’ensaisrien,réponditTigreenouvrantsonholsterpourlibérerl’accèsà
sonarme.Maisonvalestrouver.(Ilselevaenagrippantlecadredupare-brise.)Continue de conduire pendant que je cherche leur odeur. Comme ça, on lesrepéreraplusvite.—Jepassed’abordvoirTrisha.Onaassezdemondeàleurstrousses,jeveux
m’assurerqu’ellevabien.—Pas de souci,mais je cherche quandmême.Si je repère leur odeur, j’en
informeraileséquipes.—Trisha!hurlaCuivre.Lajeunefemmesursautaetfaillitglissersurlescarreauxhumides.Ellecoupa
l’eauet,aumêmemoment,laportedelasalledebains’ouvritàtoutevolée,puisCuivreécartalerideaudeladoucheetlatiraparlebras.—Ungrouped’humainsestenapproche,expliqua-t-ilenluimettantuntasde
vêtementsdanslesbras.Habille-toivite.Sansluiprêterdavantageattention,ilavançaverslapetitefenêtreetregarda
dehors. Trisha tentait de passer outre le fait qu’elle était nue, dégoulinante etseuleavecluidanscettepièceminuscule.Elleenfilaenhâtesontee-shirt,dontle tissu collait à sa peau mouillée. Si elle avait eu moins peur, elle se seraitplaintedecetteintrusioninopinée.Iln’avaitmêmepassembléserendrecomptequ’elleétaitnue…mêmes’illuiavaitordonnédes’habiller.—Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en passant son short. Qu’est-ce
qu’ilsfontdanslazoneinterdite?Tuessûrqu’ilsviennentparici?—Jevoisdeuxcamionsenapproche,remplisd’humains.Il recula, lui saisit à nouveau le bras et l’emmena au salon.Lune etHarley
étaient déjà en train de barricader la porte d’entrée à l’aide du canapé. Ilssemblaientfurieuxl’unetl’autre.CuivrebalayalapièceduregardettiraTrishajusqu’àlacheminée.Ilôtalagrillemétalliquesurlesoldel’âtre.—Entrelà-dedans.Trishahésita.—Pourquoi?C’estdégoûtant!—Nediscutepas.Lapierredevraitrésisterauxballesetjen’aipasd’endroit
plussûràteproposer.Lemieux,ceseraitdefuir,maisj’aipeurqu’ilsoit troptardpourça.Ilsnousverraientetnousrattraperaientavecleurscamions.Notre
priorité,c’esttasécuritéetcelledubébé.Entreetaccroupis-toi.Trishaobéit engrimaçant et se retrouva assise dans les cendres, les genoux
remontés contre la poitrine. L’intérieur était si confiné qu’elle ne pouvait pasleverlatêtesanssecogneràlagrilleetelleregarda,pétrifiée,lestroishommesseprépareraupire.L’armoireencèdrepartitrejoindrelecanapédevantlaporte.Lunerenforçale
toutavecunetable.Pendantcetemps,Harleyretournalatabledelacuisineetenarrachalespieds,puisseservitduplateaupourbloquerpresqueentièrementlesfenêtresvoisinesdelaporte.Illecalaavecunfauteuil.Cuivreseprécipitadanslacuisine,arrachaleréfrigérateuràsonemplacement
etleplaçacontrelaportedederrière,avantdes’attaqueràlacuisinière.—Coupelegaz!luicriaTrisha.Ilseretournaverselle.—Merci,j’allaisoublier.Il suivit son conseil et, quelques secondes plus tard, la cuisinière prit place
danslabarricadeimprovisée.—Ya rien à craindredupremier étage, criaLune. Il n’y apasd’arbrequi
touchelamaisonetilsnepeuventpassautercommelesfélinsetlesprimates.—Aucunsignal!grondaHarley,sonportableàlamain.—Çadépenddespièces,réponditCuivre.Promène-toiunpeupourvoirsiça
passe.Çamarchepastropmalenbasdel’escalier.Toutenluidonnantceconseil, ilarrachauneportionduplandetravailetla
plaquacontrel’uniquefenêtredelacuisine.Ilétudiauninstantsonœuvrepuisrepartitausalon.—Prendstonsac,ordonna-t-ilàLune.Installe-toiàlafenêtredelachambre
etabats-enlepluspossible.Tirepourtuer.J’enprendslaresponsabilité.Lunehochalatête,puisregardaTrisha.—Elledevraitpeut-êtreveniravecmoi?—Non,elleestplusensécuritéici,ellerisquemoinsdeseprendreuneballe
perdue. Dès que tu commenceras à leur tirer dessus, ils te canarderont. (Il setournaversTrishaetlaregardadanslesyeux.)Nebougepas,quoiqu’ilarrive.C’estcompris?Sil’und’entrenousesttouché,n’essaiepasdevenirlesoigner.Penseàtonbébé.Lescamionsétaientdésormaisassezprèspourqu’ellelesentendeelleaussi.
Lunesortitungrandsacduplacarddel’entréeetl’ouvrit.Ilnecontenaitpasdevêtementsmaisdeuxfusilsetdesmunitions.Ilemportaletoutàl’étage.Harleysortitdesonpropresacplusieurspistolets.
—Tuprendsl’avantoul’arrière?demanda-t-ilàCuivre.— L’arrière. Les humains essaient toujours de nous prendre par surprise.
L’assautrisqued’êtreplusviolentderrièreetjetiremieuxquetoi.—Turêves!Jetepariequej’endescendraiplusquetoi.—Siçasetrouve,ilssonttoutsimplementperdus,proposaTrisha.Jevousen
prie,netirezquesic’estnécessaire.Cuivrelaregardadanslesyeux.— Ce sont deux camions remplis d’humains, en plein milieu de la zone
interdite.Sladene les aurait jamais autorisés à s’approcherde toi sans escortehybride,etilnousauraitprévenus.Ilsontdemauvaisesintentions.Nebougepasd’oùtues.Avisantunepetitetable,ils’enempara,jetasansménagementlalampequise
trouvaitdessusetlaplaçaau-dessusdelagrille.—Situessaiesdesortir,tuaurasdroitàunefesséedéculottéeettunepourras
plust’asseoirpendantunesemaine,c’estclair?Trishaleregardabouchebée,maisilsouritetluiadressaunclind’œil.— Je sais que cette menace fait toujours son petit effet sur les enfants. Et
crois-moi,jeneplaisantepas.Surcesmots,ilsemitenpositionàcôtéd’unefenêtre.Trisha entendit les camions s’arrêter devant le chalet, puis plusieurs voix
masculines.C’estforcémentuneerreur.Ilss’affolentpourrien.Personnenesaitquejesuislàouquejesuisenceinte,ilssetrompent…—Y a des putains d’animaux dans cette baraque ? cria l’un des hommes.
Sortezpourqu’onmettefinàvosviespitoyables.Les autres éclatèrent de rire etTrisha se crispa.Bon,d’accord, cen’estpas
uneerreur.Ilsnesontpasperdus.Ceshommesnesemblaientpasàsarecherche.Visiblement, ils voulaient tuer tous les Hybrides qui leur tomberaient sous lamain.ElleregardaHarley.Positionnéàcôtédel’entrée,c’étaitluiquilesvoyaitlemieux.Soncalmeapparentcontrastaitavecla terreurdeTrisha,quipriait leCielpourquelesnouveauxvenusdisparaissent.Ellenevoulaitpasquesesamissoientblessésoutuésenlaprotégeant.—Allez,onvaentrer s’offrirquelquespeauxd’animaux !plaisanta l’unde
cescrétins.—Sivousfaitesunpasdeplus,onvousabattra.Onestlourdementarmés,les
avertitHarley.Ilnerécoltaquedeséclatsderire.—Vousentendezça?L’undecesanimauxveutnous faire fuircommedes
chienserrants.Répartissez-vouset tuez-moi ce filsdepute.Onva luimontrerquicommandeici.Descoupsdefeuéclatèrent,assourdissantseteffrayants.Luneavaitouvertle
feuà l’étage.Horrifiée,TrisharegardaHarleyleversonarme, lapointerpar laminuscule ouverture laissée par la table de cuisine, et tirer.Elle se boucha lesoreillespourtenterdes’isolerdumassacrequicommençait.—Putain!rugitSlade.—Onsaitoùilssont,annonçaTigredanssaradio.Onabesoind’aidedansla
zoneinterdite,auchaletnumérosix.Coupsdefeuencours.—Assieds-toi,luiordonnaSlade.D’uncoupdevolant, ilfitsortir laJeepdelaroute,évitantdepeuunarbre.
Tigre poussa un juron et s’accrocha de son mieux. La voiture zigzaguait aumilieu des arbres à une vitesse terrifiante. Tigre retenait son souffle, persuadéque sa dernière heure était arrivée. Slade frôla un tronc de si près que lerétroviseur sauta et que l’écorce raya la carrosserie dans un effroyablefroissementmétallique.—Arrête-toiavantlamaison.Ons’approcheraendoucepourlessurprendre.
Avectoutceboucan,ilsnenousentendrontpas.—Pasquestion.Ilfautleséloignerd’elle,grognaSlade,tropfurieuxpourse
soucierdesonpropresort.— Ils sont humains, rétorqua Tigre. Ils ne se battent pas comme nous. On
n’arriverapasàlesattirertous.Écoute-moi.Lacolèret’aveugle,alorsfaiscequejedis.Sladehochalatête.Ilsavaitquesonamiavaitraison,maisilétaitparalysépar
l’idée que Trisha soit blessée ou tuée. Les bruits de fusillade lui avaient faitperdrelatête.—D’accord.Harleygrimaçaetreculaprécipitammententenantsonbrasensanglanté,mais
il n’en continua pasmoins de tirer.Quelques secondes plus tard, il avait déjàoubliésablessure.Trishaauraitvoulul’aider,maistenterdel’atteindreauraitétédusuicide.Le
chaletétaitlacibled’unepluiedeballes.Soudain,sousl’effetd’untirconcentré,plusieursprojectilespercèrentlemuràproximitédelaporte.Harleysejetaparterreàladernièreseconde,puisrampaenmaugréantversunenouvelleposition,où il se redressa et reprit ses tirs de plus belle. Une balle frappa un cadre
accrochéaumur.Leverresebrisaenmillemorceaux.TrishatournalatêteversCuivrequicanardaitlesagresseurs,àl’abriderrière
une grosse poutre. Comme il l’avait prévu, les humains avaient tenté de lesprendreàrevers.Elleentenditungrosbruitdanslacuisine.Laportiondeplandetravailqu’ilavaitdresséedevantlafenêtreserenversasurl’évier,puistombaparterre.Trishaaperçutalorslelongcanond’unfusilentrerparlavitre.—Lafenêtre!hurla-t-elle.Cuivreplongeaausol,rampasurquelquesmètres,puissecontorsionnasurle
flanc pour viser et envoya sa balle dans la tête de l’homme qui était en traind’escalader la fenêtre pour entrer. Son corps frissonna une dernière fois puiss’écroulaàmoitiésurl’évier.Cuivreadressaunclind’œilàTrisha,changeadechargeurpuissereplaçaàcôtédelapoutreetregardaparlafenêtre.—Préviens-moisituvoisautrechose,luiordonna-t-il.Gardelesyeuxfixés
surlacuisine.Oncomptesurtoi.Trishahochalatête,cequ’ilnevitpascarilluitournaitledos.—D’accord,répondit-elled’unevoixtremblante.Elleregardaavechorreurlecadavrecouchésurlafenêtre.Lesangcoulaitle
longdel’évieretcommençaitàformeruneflaquesurlesol.Avecdifficulté,elledétourna lesyeuxde cequi restait de sa tête et les fixa sur la fenêtre.Depuisl’extérieur,c’était lepointidéalpourtirersurCuivreetHarley,quidevaientseconcentrersurl’avantdelamaison.Lestirscessèrentd’unseulcoup.Trisharetintsonsouffle, lesyeuxtoujours
rivéssurlafenêtre.Laviedesesamisdépendaitd’elle.—Ilsseréorganisent,déclaraCuivre.Çava,Harley?—Deuxégratignuresaubrasetaumollet.Jetiensdebout.—Lune?— R.A.S. J’en ai tué six et blessé deux autres. Les survivants se cachent
derrière les camions. J’en vois qui rejoignent leurs copains en restant bien àcouvertderrièrelesarbres.Ilssontentraindeserassembler,probablementpourrevoirleurtactique.Jesuismalplacépourtirer,letoitduporchemebouchelavue.—Munitions?demandaCuivre.—C’estbon,réponditLune.Harleyhésita.—J’aiplusgrand-chose.— Lune ? Couvre l’avant, ordonna Cuivre à voix basse pour éviter d’être
entendu.
—OK.—Harley, dès que tu auras rechargé, on échangera nos positions. Surveille
l’arrièrependantquejerègleleproblèmedelacuisine.Harleyfitquelquespasenboitant jusqu’auxsacsdemunitionsetemplitses
pochesdechargeurs.Trishaconstataavecinquiétudequ’illaissaitunetraînéedesangderrièrelui.Ellemouraitd’enviedesortirpourlesoigner.Cuivreobservalacuisinedepuislaporte,puissebaissaetyentra.Unefoisarrivédevantl’évier,ilpritlecadavreparlecoletletiraentièrementàl’intérieur.Aprèsavoirvérifiéqu’ilétaitbienmort, il lepoussaà l’ancienemplacementde lacuisinière,puisramassa le fragmentdeplande travailet le remitenplacecontre la fenêtre. Ilréfléchit ensuite un instant, puis saisit les placards contenant la vaisselle, lessoulevadeleurscrochetsetleslaissatomberbruyammentsurl’évier.Satisfaitdesonœuvre,ilsetournaverselle.—Tuvasbien?luidemanda-t-il.—Oui.JepeuxexaminerHarley?Ilperdbeaucoupdesang.—Nebougepas.(Ilexaminalesolmaculédesang,puisfronçalessourcils.)
Harley ?Approche-toi de Trisha. Tu peux le soigner, dit-il à la jeune femme,maisdelàoùtues.Surcesmots, il reprit sonposteà la fenêtredederrièrependantqueHarley
arrivaittantbienquemal.Trishapoussalatablequiluibouchaitlepassageetseconcentrasurlaplaie.Ilavaitététouchésouslegenou,surlafaceexternedelajambe.Lesdoigtstremblants,elleagranditletroudansletissu.Laballel’avaitfrôlé,mais l’entaille était profonde. Elle aperçut le couteau qui était fixé à sacuisse.—Tupeuxmelepasser?Sanshésiter,illeluitenditparlalame.Trisharegardasespropresvêtements.
Ellen’avaitpasbeaucoupdetissuàsadispositionetdécoupaunebandededixcentimètresaubasdesontee-shirtavantderendresoncouteauàHarley.—Sij’avaissuquetutailladeraistesvêtementsàchaquefoisqu’onseprend
uneballe,j’auraistirésurLunedèslepremiersoir.—J’aientendu!ditsoncamaradedepuisl’étage.Toutenriantàcetteboutade,Trishaluibandalegenou.—Çadevraitsuffireàendiguerl’hémorragie,maistuaurasbesoindepoints
desuture.—Jesensdéjàqueçavamieux.—Montre-moitonbras.Harleysecontorsionnapourluiexposersonépaule.Elledéchirasontee-shirt
pourexaminerlablessure,quin’étaitpasbelleàvoir.Ellehésitauninstant.—Ilfaudraitquejetepalpepourvoirsic’estprofond.Çavafairemal.Harleyhochalatête.—Jenesuispasdouillet.Vas-y.Trisha,surmontantsesréticences,inséralesdoigtsdanslaplaieirrégulièreet
tombapresqueaussitôtsurquelquechose.Merde.—Jesenslaballe.Tun’avaispasditquec’étaituneégratignure?—Ilm’arrivedementir.Elle parvint à la sortir avec les doigts, car la balle, qui avait tout d’abord
traversé lemurduchalet avantde toucherHarley,ne s’était pas enfoncée trèsloinetn’avaitpasfaitdegrosdégâts.Néanmoins,commelesangcoulaitàflots,elle soupçonnait qu’une grosse artère avait été touchée. Elle devait arrêterl’hémorragie,maisellesavaitqu’iln’accepteraitpasdes’allongeretdelalaisserexercerunepressionsursonépaulejusqu’àcequelessecoursarrivent.Elle envisagea un instant de cautériser la plaie, mais rejeta vite cette
possibilité.Elle luiredemandadoncsoncouteau,coupaunenouvellebandedetissu, raccourcissant son tee-shirt jusqu’à la base de ses seins, puis serra lesdents,carellesavaitàquelpointelleallaitluifairemal.—Jevaisenfoncerçadanslaplaieetbienserrer.Lapressiondevraitsuffireà
stopper le saignement,ouaumoinsà l’atténuer sérieusement,maisçava fairemal.—OK,maisdépêche-toi,Trisha.Ilfautquejeretourneàmonposte.Çapeut
recommencer d’une minute à l’autre. Ils ne vont pas abandonner aussifacilement.Trisha comprima le tissu et l’enfonça dans le trou. C’était une solution
extrême,mais elle n’avait pas le choix. Comme prévu, le saignement ralentit.Elle fixa la bande autour de son épaule et l’observa encore pendant plusieurssecondes.Laplaienesaignaitplus.—Sers-toilemoinspossibledetonbras.C’estunpansementtemporaire.Harleyhochalatête,serelevaetremitenplacelatablequidevaitlaprotéger
desballesperdues.—Merci.Il se repositionna à côté de la porte d’entrée tandis queCuivre retournait à
l’arrière.Soudain,lesdeuxhommesricanèrent.—Qu’est-cequ’ilyadedrôle?lesinterrogeaTrisha,quisedemandaits’ils
n’étaientpasentraindecéderaustress.Cuivresetournaverselle,l’airsoulagé.
—Onadelavisite.Nosvoisinsontdécidédesemettredelapartie.Jesensleurodeur.—Ilssontaumoinsquatre,confirmaHarley.DontVaillant.— Pauvres humains, soupira Lune depuis la chambre. Ça s’annonce
intéressant.Trishan’avaitqu’une seule envie : que tout cela s’achève.Elle aurait voulu
pouvoir regarder ce qui se passait dehors,mais soudain, la fusillade reprit deplusbelle.—Attention!hurlaLune.Ilsvontnousfoncerdessusavecuncamion!—Trisha!Sorsdelà!criaHarleyencourantverselle.Ellerepoussalatableauloin.Aumêmemoment,plusieursballespercutèrent
lemur,àquelquescentimètresdeCuivre,quipoussaunjuronsonore.Harleylapritparlebraspourl’aideràsereleveretl’entraînaversl’escaliersousunepluiedeballesquis’incrustaientdanslesmursetbrisaienttouteslesvitres.—Monte,grogna-t-ilenlalâchantsurlapremièremarche.Lorsqu’ellearrivaà l’étage,ellese renditcomptequ’ilne l’avaitpassuivie.
Elle se retourna et le vit allongé sur le sol, au pied de l’escalier. Cuivre leramassaaupassage,lecalasursesépaulesetmontalarejoindre.— Trisha, monte sur le lit, ordonna-t-il en jetant le corps inconscient de
Harleysurlematelas.Mets-toiderrièreluietresteallongée.Le moteur du camion rugit et quelques secondes plus tard, une explosion
assourdissante résonna dans le chalet. Elle se jeta sur le lit à côté de Harley.Toutelabâtissetrembla,commesouslecoupd’unséisme.Ellepoussauncrideterreurenentendant lescraquementsduboiset lebrisduverre,presquenoyésdanslevacarmedumoteur.—Ilsontdémolilemur,rugitLune.—Oui,tupeuxledire!répliquaCuivre.Lecamionestgaréenpleinmilieu
dusalon!Couché au sommet de l’escalier, il commença à tirer en dessous de lui. La
fusilladefaisaituntelvacarmequeTrishasebouchalesoreilles.Maiselleétaittropinquiètepoursonamietrefusaitdelelâcherdesyeux.—Trisha,baisselatête!hurlaLune.Lemoteurs’arrêtaetquelqu’uncriaaurez-de-chaussée.Cuivre,quantà lui,
n’arrêtaitpas.Iléjectasonchargeur,eninstallaunautreetrepritaussitôtsestirs.Luneenfaisaitdemêmedepuislafenêtre.Trisha avait le cœur qui battait la chamade.Ces hommes avaient démoli le
chalet avec leur camion. Des balles perçaient le plancher autour du lit et
ressortaientparletoit,provoquantunepluiededébris.EllesetournaversHarleyets’accrochaàlui,jusqu’àcequ’elleserendecomptequ’elletouchaitunliquidechaud.Dusang.Ilsaigne.Elleouvritlesyeux,horrifiée,etleregarda.Ilétaitétendu
surledos.Ellelevalamainqu’elleavaitposéesursontorseetvitqu’elleétaittrempée de sang. Autour d’elle, la bataille faisait rage. Elle aurait tant voulupouvoir l’aider,mais elle savait que si elle se redressait pour l’examiner, elleseraitelleaussicribléedeballes.Un rugissement sonore retentit aumilieu de la fusillade. Trisha l’avait déjà
entendu.Vaillantvenaitd’entrerdanslechalet.
CHAPITRE18
Lorsque la fusilladecessaenfin,Trisha sentitdes larmeschaudescouler surses joues. Elle entendit un nouveau rugissement, suivi d’une espèce de cri delouphurlantà lamort.Elle redressa la têteetvitqueCuivrese relevaitetqueLune,toujoursàlafenêtre,arboraitungrandsourire.—Tudevraisvoirça.DixHybridesentourentlamaison,ilsontcapturétous
cesenfoirés.Attends,l’und’entreeuxessaiedefuir,maisVaillant…aïe!Ill’aenvoyévalsercontreunarbre,jecroisquec’estfinipourlui.Lepauvre,çaadûfairemal.Mourircontreuntronc,quelletristesse.TrishasemitàgenouxetregardaHarley.Voyantqu’ilnebougeaitplus,elle
posaaussitôtlesdoigtssursoncoupourcherchersonpouls,maisenvain.Ellecommença à sangloter et déchira son tee-shirt, laissant apparaître une plaiebéantesurlagauchedesontorse.—Ohnon,murmuraCuivre.Trishasemitaussitôtenaction.ElleseplaçaàcôtédeHarley,luipenchala
têteenarrière,luiouvritlabouche,luibouchalenezetcommençaàluifairedubouche-à-bouche. Après lui avoir envoyé de l’air dans les poumons, elle seredressa,croisalesmainssursoncœuretentamalescompressionsthoraciquestoutencomptantdanssatête.—Trisha?C’étaitSlade,quis’étaitapprochéd’elle.—Vachercherde l’aide,ordonna-t-elleavantd’alternerbouche-à-boucheet
massagecardiaque.Demandequ’onnousenvoieunhélico.Vite.—Trisha?répéta-t-il.C’estfini.—Non!Elle refusait d’abandonner. Il l’avait protégée avec son corps pour lui
permettred’atteindrel’escalier.Ils’étaitfaitcriblerdeballespourlesprotéger,elleetsonbébé.Ilétaithorsdequestionqu’ellebaisselesbras.Elleavaitdéjàsauvédespatientsplusgravementtouchés.Elle s’acharna donc pendant de longues secondes. Enfin, elle se redressa,
vérifiasonpoulsetpoussaunsoupirdesoulagement.
—Soncœurestreparti.Il inspiraunefois,puisdeux.Sonpoulsétaitfaible,maisbienprésent.Mais
enexaminantsontorsedeplusprès,elleserenditcomptequelepoumonétaittouché.—Trouvez-moiunsacplastique,vite.Ilvafaireunpneumothorax.Cuivreluiamenacequ’elledésiraitetellesemitautravail.Ellecomprimala
plaie sanguinolente, en prenant soin de ne pas trop appuyer sur le poumonblessé. Les minutes s’écoulèrent, interminables, puis elle entendit au loin levrombissementd’unhélicoptère.Quelqu’unl’attrapaparlataille.— Les secours sont là. Ils ne doivent pas te voir, doc. Lâche-le. Lune va
prendretaplace,luimurmuraSladeàl’oreille.Viens,madouce.Tuasfaittoutce que tu pouvais faire. Les secouristes sont humains. S’ils te voient, çaentraîneratropdequestions.—Sortezparlafenêtredederrière,conseillaCuivre.TrishatournalatêtepourregarderSlade.—JesuislemédecinattitrédesHybrides.Ilabesoindemoi.Sladelaserraencoreplusfortcontrelui.— Pense au bébé, Trisha. Ils ont toutes les compétences nécessaires, la
rassura-t-ilenlasoulevantdulit.Cuivredégageacequirestaitdelafenêtreàcoupsdepied,puiss’engageasur
letoitduporcheetsautaausol.SladeserraTrishacontrelui,lesuivittantbienquemaldanslapetiteouverture,pritpiedàsontoursurletoitetsepenchapourévaluerladistance.—Harleyabesoindemoi.Lâche-moi,Slade,implora-t-elleententantdese
retourner pour voir le lit sur lequel reposait son ami. S’il te plaît ! Je suismédecin!Sansluiprêterattention,Slades’adressaàquelqu’und’autre.—Tupeuxl’attraper?—Oui,réponditVaillant.Lâche-la.Comment ça, « lâche-la » ?Les yeux ronds, elle se figea et regardaSlade,
dontlevisagefermén’avaitrienderassurant.—Negigotepas,madouce,dit-ilentendantlesbrasau-dessusduvideavant
delalaissertomber.Trisharessentitunehorribleimpressiondechute,enrayéepardeuxbrasquila
saisirentavantqu’elletouchelesol,deuxmètresplusbas.ElleregardalevisageférocedeVaillant,qui,sanslalâcher,partitaussitôtaupasdecourseendirection
des bois. Il s’enfonçait dans la forêt dense sans s’arrêter, et Trisha se sentaitgagnéeparlapanique.—Onestassezloin,ditCuivre,quilesaccompagnait.—Ramenez-moi, exigeaTrisha. Je dois aiderHarley. Je suis plus qualifiée
que les infirmiers. (L’hélicoptère était toujours là. Ils devaient avoir dumal àstabiliserleblessé,etellenesavaitpascombiendetempsdureraitlevoljusqu’àl’hôpitalleplusproche.)Jedoislesurveilleret…—Laferme,grognaVaillant.Lapeurprit lepas sur saconscienceprofessionnelleetelleobéit, se figeant
entrelesbrasmassifsdel’hommequicontinuaitsacourse.Vaillantralentitenfinetlaregardaenfronçantlessourcils.—Tudevraismangerplus,déclara-t-ilavantdereleverlatêtepourobserver
lesalentours.Sladearrivaalors,ungrandsourireauxlèvres.—Bienjoué,dit-ilàVaillant.Jevaislareprendre,merci.Trishaleregardadanslesyeux.—Harleyabesoinque…—Leshumainss’occupentdeluietilesthorsdequestionquetuyretournes,
répliqua-t-il,levisagesévère.Discuteautantquetuleveux,çanechangerarien.Tul’assauvé,maisdésormais,c’estàeuxdefaireensortequ’ilsurvive.Notrepriorité,c’esttoiettonbébé.Harleysavaitquecettemissionétaitdangereuse,ilenavaitacceptélesrisques.Trisha pleurait et s’apprêtait à protester lorsqu’elle entendit l’hélicoptère
décoller.IlsavaientemmenéHarleyetellenepouvaitplusrienfairepourlui,àpart espérer que les secouristes connaissaient leur métier et que son poumonavait tenu le choc. Cent complications lui traversèrent l’esprit, mais elle lesrepoussa, car elle savait que toutes ses inquiétudes n’y changeraient rien etqu’ellen’avaitplusqu’àprendresonmalenpatienceenattendantdesnouvellesdel’hôpital.VaillantladéposadanslesbrasdeSlade.—Ceshumainsontdémolimamaison,déclara-t-ilavecfureur.J’étaisentrain
dechasserquandjelesaisentis,maisilsétaientdéjàrepartisquandjesuisrentréchezmoietjelesaisuivisjusqu’auchalet.—Jesuisdésolé,ditSlade.Mercipourtonaide.—Elleestl’unedesnôtres.Sladehochalatête.—Etelleestàmoi.
Vaillantdressaunsourcil.—Jecomprendsmieux tonattitudequand je t’aiditque je l’avais touchée.
Nourris-la mieux. Elle est squelettique. Puisque tu as décidé de monter unehumaine,tuauraispuenchoisiruneenmeilleuresanté.Ellen’aquelapeausurlesos.—Cen’estpasvrai,protestaTrishaens’essuyantlevisage,agacée.Avantde
tomber enceinte, j’avais cinq kilos à perdre. Et je mange très bien, merci. Àt’entendre,ondiraitque jenesaispasprendresoindemoi,mais tuvois,c’esttoutl’inverse.Sladeseraclalagorge.—Ettucompteslesperdreoù,cesfameuxkilos?Parsurlesseins,j’espère,
nisurlesfesses.—Euh,tusaisquejevaisdoublerdevolumeaucoursdesprochainsmois?—Tantmieux.J’aihâtequetusoisgrosse.—Jeneseraipasgrosse!éructa-t-elle.Enceinte,cen’estpaslamêmechose.—Bon,onl’emmèneoù?lesinterrompitCuivre.— Chez moi, si vous voulez, soupira Vaillant. Mais juste pour un jour,
d’accord?— Merci, répondit Slade sans se soucier du regard d’avertissement que
l’Hybridesauvageluiavaitadressé.C’estleplusprèsd’icietjeveuxlamettreàl’abriavantlanuit.Ensuite,elleirachezmoi,maisjeneveuxpasqu’onlavoieyentrer.Aprèscequivientdesepasser,toutelaRéserveseraenébullition.Onrepartiradansquelquesheures.Vaillanthochalatête.—Encoremieux.Enroute.—Tupeuxmelâcher,aufait,dit-elleàSlade.—Non.Tuespiedsnus.Accroche-toiàmoncouetdétends-toi.Àmoinsque
tupréfèresmontersurmondoscommeladernièrefois,ajouta-t-ilavecungrandsourire.Ellepassalesbrasautourdesoncouenserappelantl’accidentdevoitureet
les douleurs qu’elle avait éprouvées dans les muscles des cuisses pendantplusieursjours,aprèss’êtretantaccrochéeàlui.VaillantpassaentêteetCuivrefermalamarche.—OùestLune?demanda-t-elle,voyantqu’iln’étaitpaslà.Ilvabien?Ne
meditespasqu’ilaététouchéluiaussi!—Non,iln’arien.IlestrestéavecHarley,réponditCuivre.Ilvaveillersur
luipendantsonséjouràl’hôpital.
—Est-cequ’onnousdonneradesesnouvelles?Jeseraiinquiètetantquejenesauraipasqu’ilesttiréd’affaire.Sladehochalatête.—Dèsquej’auraidesinformations,jetetiendraiaucourant.—Merci.Ellesavaitqu’iltiendraitparole.Trisha regarda avec surprise lamaison dans laquelle vivaitVaillant. C’était
une bâtisse victorienne, qui avait été soit restaurée avec soin, soit construiterécemmentpourimitercestylearchitectural.—C’estunterrainadjacentàl’anciencentredevacances,luiexpliquaSlade.
Elleappartenaitàunevieilledamequines’ensortaitplustouteseuledepuislamortdesonfils.Aujourd’hui,ellevitdansunemaisonderetraiteoùons’occupebiend’elle.Onaachetébeaucoupdevieillespropriétésautourduterraininitial.Onlesapayéesunefortunepourconvaincrelesvendeurs.Vaillant s’engagea sous le porche. La double porte, ornée de vitraux, était
cassée et Trisha grimaça. C’était une œuvre d’art qu’il serait impossible deremplacer. Cuivre repoussa le verre brisé avec le pied tandis que Vaillant lesfaisaitentrer.Les panneaux en bois du hall ainsi que la rampe de l’escalier étaient
merveilleusement travaillés et témoignaient d’une époque révolue.Vaillant lesintroduisitdansunvastesalonetTrishaécarquillalesyeux,horrifiée.— Ils ont démoli la plupart despièces, déclara l’occupant des lieux tout en
redressantlecanapérenversé.Installe-laici.Ànoustrois,ondevraitbienréussiràluioffrirunminimumdeconfort.— Je suis désolé, dit sincèrement Slade en posant Trisha sur le divan. On
t’aideraàremplacertoutcequiaétédétruit.La jeune femme regarda les trois hommes remettre un semblant d’ordre.
Heureusement,lesmeublesanciensn’étaientquerenversésetn’avaientpasétémis enmiettes.Vaillant alla chercher un balai et une pelle.Très vite, le salonretrouvaunaspectacceptable.—Jepeuxutilisertontéléphone?demandaSlade.—Prendsceluidelacuisine,c’estleseulquifonctionneencore.Slade sortit, suivi deCuivre, les bras pleins de débris.Vaillant et Trisha se
retrouvèrentfaceàface.—J’aivucequetuasfaitpourHarley.Tuesmédecin,àcequ’ilparaît?—Oui,c’estlepostequej’occupeàHomeland.
—Tun’as jamais travaillépourMercile Industries?demanda-t-il, sesyeuxfélinsbrillantsdecolère.—Non.Lapremièrefoisquej’aivuunHybride,c’estaprèsvotrelibération.
Les secours ont amené Slade aux urgences de l’hôpital où je travaillais àl’époque.Ilsedétendit.—Tusemblesbienjeunepourêtremédecin.—J’aicommencémesétudesdemédecineàquatorzeans.J’aitoujoursétéen
avance.—TutravaillesvraimentàHomeland?—Oui.Vaillantsourit,visiblementsatisfait.—Sladeteplaît?Iln’estpasfacileàvivre,pourtant.Ellesourit.—Ilasesbonsmoments.— Il paraît que certaines de nos femelles se trouvent à Homeland. Tu
t’occupesaussid’elles?—Quandellesontbesoindesoinsmédicaux,oui.—Peux-tumerendreunservicequandturetourneraslà-bas?—Volontiers,répondit-ellesanshésiter.Ilfronçasesyeuxdorésdechat.—Tuneveuxpassavoirdequoiils’agitavantd’accepter?—Tum’as sauvé lavie et je te suis redevable.Qu’est-ceque jepeux faire
pourtoi?— Je veux une compagne. Tu pourrais en parler aux femelles, pour voir si
l’uned’entreellesestintéressée?Jemesensseulici.Jeveuxunefemmebienbâtieetrésistante.Féline,sipossible,maisjeneferaipasledifficile,dit-ilavantd’hésiteruninstant.Jefaispeuràtoutlemonde.Nosfemellesontétéélevéesenlaboetellesnes’effarouchentpasfacilement.Unefois,encaptivité,jemesuisaccouplé à une femelle féline.Elle n’a pas hurlé enme voyant, ni supplié leshommesquil’avaientamenéedansmacelluledelafairesortir.Touteslesautresme refusaient. Les primates étaient particulièrement terrifiées par monapparence.Trishadutfaireuneffortpourcontenirsasurprise.Ilvoulaitqu’elleluitrouve
unepetiteamie?—Jeleurparlerai.IlyaunetrentainedefemelleshybridesàHomeland.Jene
saispascombiend’entreellessontfélines,maisj’enaidéjàvu.
Vaillanthochalatête.—C’estcequej’avaisentendudire.Dis-leurquejenesuispasaussieffrayant
quej’enail’air.(Soudain,ilseleva.)Tuasfaim?—Unpeu.—Jevaistepréparerunbonrepas.Unefemmeenceintedoitmangersouvent,
surtouttoi.Tuestropmaigre.Surcesmots, ilsortitdusalon, laissantTrishaàsesréflexions.Vaillantétait
eneffet impressionnantàvoir.Sion laforçaitàcoucheravec lui,ellecèderaitprobablementàlapaniqueelleaussi.Elle secoua la tête, incrédule. Il était plutôt agréable lorsqu’il était calme.
L’unedesHybridesseraitpeut-êtreintéresséeparcetteproposition,maisellenel’enviaitpas.Ilétaittropimposant,tropféroce.Ellenelepensaitpascapabledefairedumalàsafuturecompagne,maiss’ilsemettaitencolère,celarisqueraitdefairefuirlamalheureuseàtoutesjambes.Sladerevintets’assitàcôtéd’elle.—J’aiparléàLune.Harleyestensalled’opération, il s’accroche.Les trois
survivants du groupe qui vous a attaqués ont été arrêtés et transférés auxautoritéshumainespourinterrogatoire.Tutienslechoc,madouce?DepuisquetuconnaislesHybrides,tonquotidiennemanquepasdepiment,n’est-cepas?Ellehésita.— La première fois que je t’ai rencontré, je ne travaillais pas encore pour
vous.Tuaséveillémacuriositéetc’estcequim’amotivéeàenvoyermonCVàJustice.Doncd’unecertainemanière,c’esttafaute.Ilsourit.—Vraiment?—Oui.— J’aurais plutôt dit le contraire. Quand j’ai repris connaissance, je t’ai
coincéesurlelitetjet’aiexpliquéexactementcequejecomptaistefaire.Trishasesentitrougir.—Ouais,bon,çaapeut-êtreétélefacteurdécisif.Souriantdeplusenplus,Sladeluicaressalacuisse.—Et qu’est-ce qui t’intéressait le plus chezmoi ?Moi, je savais ce que je
voulais:tegarderendessousdemoipendantdesjours.—Çam’aempêchédedormirpendantlongtemps:jemedemandaiscequise
seraitpassésituavaispun’enfairequ’àtatête.Ils’approchad’elle.—Jen’enaipasencoreeul’occasion,madouce,maisçanetarderapas.
—Passurmoncanapé,entoutcas,grognaVaillant.SladeserelevaensursautetlâchaTrishaavantdesourireàVaillant.—Désolé.Jenet’aipasentenduentrer.— Tu étais trop obnubilé par ta femelle, répondit Vaillant en tendant un
muffinetunecanetteàTrisha.C’est incroyableàquelpointnotreespèces’estamollie depuis notre libération.Autrefois, tu ne te serais pas laissé surprendreaussifacilement.—Autrefois,onétaitenchaînésauxmursdenotrecelluleetondormaitsurun
matelasparterre.Autrefois,onétaitprisonniers.Maisc’estdupassé.—Toutàfait.—C’estàmoidegérerlesretombéesdecetteattaque,continuaSlade.Jepeux
telalaisser?Cuivreresteraavecvous.—D’accord,maisn’oubliepasquetuescensél’amenercheztoicettenuit.SladeselevaetsetournaversTrisha.—Ici,tun’asrienàcraindre.Jereviendraicesoiretjet’installeraichezmoi.
Repose-toi.—D’accord.Faisvite.Sladeluisourit.—Promis.Jereviensbientôt.Trishasecrispa.Illuiavaitdéjàfaitcettepromesseunefois,maisensuite,il
avait tout fait pour l’éviter, jusqu’à accepter le poste de contremaître de laRéserve. Elle le regarda partir et se dit qu’elle devait apprendre à lui faireconfiance si elle ne voulait pas trembler d’inquiétude chaque fois qu’il laquitterait.Ellen’avaitaucuneenviedevivrecommecela.—Neprendspascetairapeuré,luiditVaillant.Avecmoi,tuesensécurité.
Tues tropmaigrichonnepour éveillermon intérêt,Slade t’a revendiquée et ladestructiondemamaisonmemet trop en colèrepourque ton entêtanteodeurfémininem’excite.Ilreviendra,net’enfaispas,neserait-cequeparcequ’ilsaitquejeluisonneraislesclochess’illaissaitunehumainechezmoipendantplusd’une journée. J’ai du ménage à faire. Détends-toi. Dors. Mais surtout, net’aventure pas dehors. Il y a des toilettes intactes à côté de l’entrée en cas debesoinpressant.Cuivrevam’aideràtoutremettreenordre.—Ahbon?s’étonnacedernierdepuisl’embrasuredelaporte.—Jesuisplusfortquetoi,c’estmoiquidécide.—Situledis,soupiraCuivreenadressantunclind’œilàTrisha.Bon,jecrois
quejevaisalleraiderlegrosfélinàrangersacaverne.—Moi j’ai reçu l’ordredeme reposer,alors jevous laisse faire, répliqua-t-
ellegaiement.Avec un petit rire, Cuivre suivit Vaillant hors du salon. Trisha termina son
muffin et s’allongea sur le canapémoelleux, avant de remarquer qu’elle avaitencore du sang de Harley sur les mains. Elle avait été si distraite par lesévénementsqu’ellenes’enétaitpasencorerenducompte.Lesangséchéluidonnaenviedevomir.Ellepartitaussitôtàlarecherchedes
toilettes, qu’elle atteignit juste à temps pour régurgiter ce qu’elle venait demanger. Dix minutes plus tard, elle était de retour sur le divan et s’endormitrapidement,épuisée.—C’estunesupernouvelle,déclaraSladeavantderaccrocheretdesetourner
vers Tigre avec un soupir de soulagement. Harley a survécu à l’opération etJusticeaenvoyéuneéquipehumainepourrelayerLune.Ilvas’entirer.—Lesautoritésnousontcontactés,ilsvoulaientl’autorisationd’enquêterau
chalet,mais Justice etRage s’enoccupent.Onnepeutpas les laisserpénétrerdanslazoneinterdite.J’aidemandéàl’undenosmâlesderécupérertouteslesaffairesdudocteur.Commeça,sijamaisJusticeselaissepersuader,iln’yauraaucunetracedesaprésence.—Merci,ditSladeenposantlatêtesurledossierdesonsiègeetensepassant
lamaindanslescheveux.J’aifaillilaperdre.Encoreunefois.—Maistunel’aspasperdue.C’estpourçaquejen’aiaucuneenvied’avoir
unerelationavecunehumaine.— Un de ces jours, tu en rencontreras peut-être une que tu trouveras
irrésistible.—Pasdemenace,hein!serévoltaTigre.—C’estpassiterrible,tuverras,lerassuraSlade.—Tuvasêtrepère,donctun’espasobjectif.Tafemellet’aoffertunmiracle.Cettenotionluidonnaittoujoursletournis.— Peut-être, mais je savais déjà qu’elle était mienne avant d’apprendre
qu’elleétaitenceinte.Jesuisheureux,maisinquiet.Ellen’estpasuneHybride.Les humaines sontmoins résistantes que nos femelles. Je pense à tout ce quipourraitmaltourner.—Arrête. Son corps est peut-être faible,mais son esprit ne l’est pas.C’est
toutcequicompte.—Oui,c’estunedureàcuire.—Situtevoyais…,ricanaTigre.—Qu’est-cequej’ai?
—Oh,rien.Tutiensénormémentàelle,çasauteauxyeux.Tuasl’airfieretheureux, dit Tigre en se levant pour faire les cent pas. Jamais ils ne nouslaisserontenpaix.Sladesavaitquesonamivoulaitparlerdessuprémacistesquilesdétestaient.—Jesais,maisl’espoirn’estpasinterdit.Ilparaîtquel’oncraintcequel’on
necomprendpas.Peut-êtrequ’avecletemps,ilsapprendrontànousconnaîtreetilsverrontquenousnesommespashostiles.Nousavonsmêmedécidédevivreen isolation quasi complète pour les rassurer. Beaucoup d’entre eux ont peurqu’onsoitinstablesouqu’onlesattaquesansprovocation.—Peut-êtrequeleproblèmeestlà.L’isolationn’estpasforcémentlemeilleur
moyenpourqu’ilsnousacceptent.— Je n’en sais rien, mais pense aux dégâts qu’ils commettraient s’ils
pouvaient nous isoler et nous abattre un par un. Ce n’est peut-être pas lameilleuresolutionpourqu’ilsnousacceptent,maisc’estlameilleurepournotresurvie.Ilsnesemblentpasencoreprêtsàvivreànoscôtés,pastous,entoutcas.Pour cela, nous avons, eux comme nous, besoin de temps. Certains Hybridesdétestentleshumainseuxaussi.C’estpourcelaquenousavonscréélaRéserve,n’oubliepas.Quoiqu’ilensoit,soupira-t-il,jen’aimeraispasêtreàlaplacedeJustice. Moi, je suis là pour terminer la Réserve, pour faire en sorte que lesnôtresysoientensécuritéetpourprotégerTrisha.Jen’aipasenviedevoirplusloinqueça.Gérer lesHybrides,c’estdéjàassezdifficilecommeça.S’occuperenplusdesrelationsavecleshumains,ceseraittrop.—Onvadevoirresserrerànouveaulasécurité,maisjenesaispascomment
on va s’y prendre. Nos mâles sont déjà débordés. On a peut-être parmi nousbeaucoupd’humainsquinesontpaslàpourlestravaux.Ceuxquiontattaquélechalet sesont faitengageruniquementpouravoir l’occasiondes’enprendreànous. Justice va faire venir d’autres mâles de Homeland pour permettre auxnôtres de souffler. Vivement qu’on soit opérationnels, pour qu’on puissedéfinitivement interdire l’accès de la Réserve aux humains qui n’ont rien à yfaire.—Çanetarderaplus.— Je sais, dit Tigre en s’adossant aumur. Je suis heureux que Trisha soit
indemneetqu’elleaitpusauverHarley.C’estvraimentsuper.Samort t’auraitdétruitetcelledeHarleyauraitétéunegrossepertepournoustous.Tupensestoujoursêtreundangerpourelle?—J’aicomprisqu’elleestendangeravecousansmoi.Elleafaitlechoixde
travailler pour nous.Elle est dévouée à sonmétier. Je suis heureuxqu’elle ait
décidédemedonnerunedeuxièmechance.Cettefois-ci,jerépondraiprésent.— Je m’en doute, répondit Tigre en souriant. Est-ce que tu aurais un jour
imaginé que ta vie tournerait autour d’une humaine ? Ou d’une femelle toutcourt,d’ailleurs?—Non,maispourunefois, jesuisheureuxd’admettrequej’avaistort.Elle
estl’unedesbonnessurprisesqueledestinajetéessurmaroute.—Maisçanet’autorisepasàmerefilertoutestesresponsabilités.Jesaisque
tunevoudraspluslaquitter,maisCuivrelaprotègedemanièretrèsefficaceetjene peux pas finir la Réserve sans toi. On forme une équipe. On la protégeracommeonprotègedéjàlesHybrides.Sladehochalatête.—TerminerlaRéserve,c’estassurerlasécuritédeTrisha.Désormais,l’unne
vaplussansl’autre.
CHAPITRE19
—Doc?Trishadevinaquec’étaitSladequiluifrottaitlebras.Elleouvritlesyeuxetil
luisourit.—Salut.Tuasbiendormi?Elleneput résisterà l’enviede luicaresser levisage.Sasimpleprésenceet
soncharmetrèsmasculinluiréchauffaientlecœur.—Oui,maisj’auraispréféréquetudormesàcôtédemoi.Nu,depréférence.Sladesouritjusqu’auxoreilles.— Vous pouvez pas attendre d’être partis pour dire vos cochonneries ?
maugréaVaillant.—Zut,soupiraTrisha.Onn’estpasseuls,n’est-cepas?—Ehnon,réponditCuivre.TrishaôtasamaindelajouedeSlade.—Fais-moiunepetiteplace.Sladeseredressaetluitenditlamain.—Ilfaitnuit.Trisharegardaautourd’elleetsesouvintqu’ellesetrouvaitchezVaillant.Ce
dernierétaitassisdansunfauteuil,enfaced’elle,etCuivreétaitallongédansuntransat.Sladeaidalajeunefemmeàserelever.—Mercipourtonhospitalitéetpourtonaide,dit-elleàVaillant.—Jetediraisbienderepasserquandtuveux,maisj’aidupainsurlaplanche
pour remettre mon intérieur en état, répondit-il avant de sourire.Mais c’étaitsympadetuerdeshumains.—Euh,tantmieuxpourtoi,balbutia-t-elle.Qu’est-ce que je peux répondre à ça ? se demanda-t-elle, mais Vaillant
semblaitsatisfaitdesarepartie.EllesetournaensuiteversSlade.—Jesuisprête.Comme elle n’avait pas de chaussures, il insista pour la porter. Cuivre les
suivit jusqu’à unSUVgaré devant lamaison et ouvrit la portière arrière pourpermettreàSladedeladéposersurlabanquette.Lesdeuxhommess’installèrent
ensuiteàl’avant.—Quandonarriveraauxzoneshabitées,baisse-toi,ordonnaSlade.J’entrerai
directementdansmongarage.Unefoisàl’intérieur,nesorspasetnet’approchepasdesfenêtres.Personnenedoittevoir.—Mais…—Pasdemais,l’interrompitCuivre.Turestescachéeetc’esttout.Onestlà
pourteprotégeretonesttouslesdeuxd’accordsurlefaitquec’estlasolutionlaplussûre.Personnenedoitsavoiroùtutetrouves.—Trèsbien,concéda-t-elle,troplassepourdiscuter.Vousavezdesnouvelles
deHarley?—Saconditionestcritique,maisilestcostaudet ilasurvécuàl’opération,
l’informaSlade.Luneestpersuadéqu’ilvas’entirer.Tul’assauvé,doc.—Bienjoué,Trisha,lafélicitaCuivre.Jeneluidonnaispasunechance.Sa
mortm’auraitdévasté.C’estplusqu’unamipourmoi,c’estunfrère.Trishasedétendit,raviedecettenouvelle.— Il est résistant, comme vous tous. (Au même moment, son estomac se
manifestaparunénormegargouillis.)Jemeursdefaim.—Onteferaàmangerdèsqu’onarriverachezSlade,réponditCuivreense
retournant sur son siège pourmieux la voir. Pour tes vêtements, par contre, ilfaudra attendre. Le chalet est sens dessus dessous et tes affaires sont soitendommagées, soit sales.En attendant, tu vas devoir te contenter de la garde-robedeSlade.—Lechaletn’estplusqu’uneruine,soupiraSlade.Quandilsontremorquéle
camionhors du salon, unepartie du loft s’est effondrée.Toute la structure estinstable.Encoreunproblèmedeplusàréglerpourmoi.Ilvafalloirledémoliretenconstruireunneufàlaplace.—Jem’installecheztoiouc’estprovisoire?demandaTrisha,espérantqu’il
lagarderaitàsescôtés.—Tuvasyrester.Lamaisonestisoléeetiln’yaaucuneraisonquedesgens
yviennent.Jetedemanderaisimplementd’éviterdesortirouderegarderparlafenêtre,onnesaitjamais.Onirasepromeneràlanuittombéepourtepermettredetedégourdirlesjambes.Onestbienplacéspoursavoirquel’enfermement,àlalongue,peutrendrefou.CuivreresteraavectoipendantmesheuresdetravailetLunedevrait revenird’iciquelques jours. Justice le ferabientôt remplaceràl’hôpital.Onnevoulaitpaschangertesgardesducorps,pournepasébruiterlanouvelledetagrossesse.—Mais de toute façon, il ne s’agirait que d’Hybrides, non ? Donc ils ne
diraientjamaisrien.—C’estvrai,acquiesçaCuivre,maisJusticeneveutprendreaucunrisque.Tu
comptesénormémentpournous,Trisha.Tuesnotrepremièrefemelleenceinte.Lajeunefemmegrimaça,mécontentedeceterme.—J’ail’impressiond’êtreunejumentquandtulediscommeça.CuivresetournaversSladeetmarmonnaquelquesmotsquifirentriresonami
auxéclats.—Quoi?C’estpasjuste!Voussavezquejen’aipaspuentendre!Allez,les
gars,soyezsympas!Slades’éclaircitlagorge.—Engros, ildisaitquevu la tailledenosqueues, lacomparaison tenait la
route.CuivreéclataderireetTrishalevalesyeuxauciel.—Vousnedoutezderien,àcequejevois.Sladeseretournaetluisouritdetoutessesdents.—Tuveuxque je temontrequandonseraà lamaison?Tuas lamémoire
courte,ondirait.—J’aitravailléchezunvétérinaireetjesaisàquoiressembleuncheval.Situ
en avais vraiment les attributs, je m’enfuirais en courant. Mais si ça peut teconsoler, de tous les hommes que j’ai connus, c’est toi qui as la plus grosse.Alors,tonegoestsatisfait?En guise de réponse, Slade poussa un grognement etCuivre ricana dans sa
barbe. Quelques minutes plus tard, ils ordonnèrent à Trisha de s’allonger. Ilfaisait nuit et elle ne voyait aucune raison de se cacher,mais elle n’avait pasenvie de les entendre grogner, ce qui semblait être la réaction habituelle desmâles hybrides lorsqu’ils étaient agacés ou submergés par un trop-pleind’émotions.Slade entra dans le garage, dont elle entendit la porte se refermer
automatiquement,puisvintouvrirlui-mêmelaportièrearrière.—Tuveuxdormiricioutupréfèresentrer?Elleluiadressaundoigtd’honneuretseredressa.Ilsétaientdansundouble
garage,quicontenaitégalementuneJeep,siserréecontreleSUVqu’elleeutdumalàsortir.—MonDieu!s’exclama-t-ellelorsqueSladelafitentrerdanslamaison.—Quoi?dit-il.Elleregardaitlacuisine,bouchebée.—Tuesunporc!
L’évier débordait de vaisselle sale, la cuisinière était tellement encrasséequ’elle était probablement irrécupérable, quant au sol, il était si dégoûtantqu’ellesentaitlapoussièreetlesmiettessoussespiedsnus.Sladelaregardaitensilence,l’aircontrarié.—Ellearaison,c’estrépugnant,renchéritCuivre.Çatedéfriseraitdefairele
ménagedetempsentemps?—Depuis trois semaines que je suis là, je bosse seize heures par jour et le
restedu temps, jedors.Lâchez-moiunpeu,maugréa-t-il,visiblement irrité. Jen’aipastrouvédefemmedeménageetjen’aipaseuuneseulejournéederepospourlefairemoi-même.—Lavache,ilnet’afalluquetroissemainespourmettretacuisinedanscet
état?s’étonnaTrisha,sarcastique.J’aihâtedevoirlerestedelamaison.— Tu peux toujours dormir dans les bois, si tu préfères, rétorqua-t-il. Au
moins, chezmoi, il n’y a pas de camion qui trône dans le salon. Le chalet asurvécu combien de temps à ton passage ? Vingt-quatre heures ? Tu nous lerendsensimauvaisétatqu’onvadevoirledémolir.Chezmoi,unboncoupdebalaisuffira.—Jet’emmerde,répliqua-t-elleenluitirantlalangue.Ilsouritetladévoradesyeux.— Tumemets l’eau à la bouche quand tu te rebelles, doc, déclara-t-il en
faisantclaquersesdents.—Net’avisepasdememordre,l’avertit-elleenreculantd’unpas.— Je ne sais pas comment tu peux arriver à coucher avec une humaine,
intervintCuivre, guilleret.Qu’est-ce qu’elle peut être délicate…Nos femellesseraientraviesqu’onlesmorde.Sladehochalatête.—Jesaisbien,maisqu’est-cequetuveux,elleestmignonneetelleinsistait
tellement…—Siçateconsolededireça,réponditsèchementTrishaenluipassantsousle
nezpourentrerausalon.—Ohoh,ondiraitquetul’asvexée,commentaCuivre.—Çanedurerapas.LasalleàmangerdevaitêtreunepièceoùSladenemettaitjamaislespieds,
carmis à part la poussière, elle était à peu près propre. Le salon, par contre,n’avaitpascettechance.Latablebassedébordaitd’assiettessalesetdecanettesvides,aumilieudesquellestrônaituncendrierplusqueplein.—Tufumes?demanda-t-elleenfronçantlessourcils.
Ilhaussalesépaules.—Parfois,quandj’aibuquelquesbières,pourfairepasserlegoûtatrocede
l’alcool. Selon les coutumes humaines, il semble que les hommes doivent enboireaprèsletravailetfumerquelquescigarettespourrenforcerleursliens.—Abstiens-toi tant que je serai chez toi, s’il te plaît. L’odeur du tabacme
rendraitmalade.—Jenefumeraipasdanslamaison.—Parfait.C’estmauvaispourtoi,detoutefaçon.Elle jeta un dernier regard au salon avant de continuer sa visite.Le rez-de-
chausséecomportaitégalementunesalledebain,unepièceàvivreinutiliséeetunbureau,luiaussijonchédepapiersetderestesderepas.Elleouvritlabouche,maiss’abstintdetoutcommentaire.Combiend’assiettesetdeverrespouvait-ilencoreresterdansleplacard?Ellesedirigeaversl’escalier.— Il faut vraiment qu’on visite toutes les pièces ? demanda Slade, qui la
suivait.— Oui. Je veux savoir où je mets les pieds. Je commence à regretter les
années1970.Cuivreéclataderire.—Qu’est-ce que ça veut dire ? les interrogeaSlade en les regardant tour à
tour.—Jet’expliqueraiplustard,réponditCuivre.L’étagecomportaittroischambresetdeuxsallesdebain.L’uneétaitrattachée
à la chambre principale, dans laquelle Trisha aperçut un lit double dont lematelas luisemblaitbienétroit.Ladeuxièmechambreétaitéquipéed’unlitdemême taille et d’une armoire, et la troisième n’abritait que du matériel demusculation.EllerefermalaporteetregardaSladedanslesyeux.—Oùest-ceque tuvasdormir?Cuivreprendra lachambred’amis, tun’as
qu’unlitdanstachambreetilesthorsdequestionquejedormeparterre.Çatelaisse le canapé ou ton banc de musculation, déclara-t-elle, les mains sur leshanches.Slade cligna plusieurs fois des yeux, perplexe, avant de fusiller du regard
Cuivre,quiriaitdanssabarbe.—Jedorsdansmonlit,ettoiavecmoi.Ilestpetit,maisons’arrangera,fais-
moiconfiance.Trishaobservasalargecarrureethésita.—Leseulmoyenqu’ontiennetouslesdeuxsurcematelas,c’estqu’ilyen
aitundesdeuxquidormeendessousdel’autre,etjepeuxdéjàtedirequecene
serapasmoi.Tum’écraserais.—Jevaistemontrer.Bonnenuit,Cuivre.Faiscommecheztoi.Sers-toisitu
asfaim.Surcesmots,ilsoulevaTrishaetsedirigeaverslelit.—Hé,etmonrepasàmoi?Jesuisaffamée!—Moiaussi,grogna-t-ilenentrantdanslachambreavantderefermerlaporte
derrièreluiaveclepied,puisdeposerdélicatementTrishasurl’étroitmatelas.Ilsepencha,lesyeuxdébordantdepassion.Ilavaitl’airaffamé,eneffet,mais
pasdenourriture.Illavoulait.Ilôtaseschaussuresetseschaussettes,puissontee-shirt.Trishaprofita du spectaclede sesbrasmusclés et de son large torse.Avecunnouveaugrognement,ilouvritenhâtesonpantalon.—Tupourraistedéshabiller.—Oui,maisjemanqueraistonstrip-tease.Ilsefigeauninstant,puisfitdescendresonpantalonsurseschevillesavantde
lejeterauloin.Ilneluirestaitplusquesonboxernoir,dontilsedébarrassasansattendre.Trishasemorditlalèvre.Sonsexeétaitmassif,gorgédesangjusqu’àatteindre une taille impressionnante qui aurait suscité la jalousie de beaucoupd’hommes.Ledésirqu’iléprouvaitpourelleétaitindéniable.Ils’attaquaensuiteaushortdeTrisha,qu’ilarrachadanssahâte,avantd’en
fairedemêmeavecsontee-shirt.Ellen’eutaucunregret,carellel’avaitdéjàmisenlambeauxpoursoignerHarley.Voyantqu’elleneportaitpasdesoutien-gorge,Sladesourit.—Pasdesous-vêtements,doc?Çamechoqueetçam’exciteencoreplus.—J’étaissousladouchequandleshommessontarrivés.Cuivrem’afaitsortir
etm’ajetéuntasdevêtements.Iln’yavaitniculottenisoutien-gorge.Sladeserenfrognaaussitôt.—Ilt’avuenue?grogna-t-il,deséclairsdecolèredanslesyeux.—Ilétaitentraindemesauverlavie.Jesuissûrequ’ilnes’enestmêmepas
renducompte.—Ohquesi,tupeuxmecroire,ditSladeenlasaisissantparleschevillesetla
tirant vers lui, jusqu’à ce que ses fesses arrivent au bord du matelas. Je neconnaispersonnequetulaisseraisindifférent.—Merci,répondit-elleententantdes’asseoirpourl’embrasser.Il posa lamain entre ses seins et la repoussa sur le dos, puis fit glisser sa
paume le long de son ventre, sur ses hanches et enfin entre ses cuisses, qu’ilécartapourmieuxvoirletrésorqu’ellescachaient.Ils’agenouilladevantelle,seléchaleslèvresetpoussaunpetitgrognementdesatisfaction.Trishabaissales
yeuxetvitquelesexetendudeSladen’étaitqu’àquelquescentimètresdesonentrejambe.—Tuneveuxpasm’embrasseravantdemeprendre?—Ohquesi,madouce,net’enfaispaspourça.Il lui écarta encore plus les cuisses et se régala du corps offert à ses yeux.
Trisha faisait de sonmieux pour ne pas se sentir gênée par cet intérêt intensequ’il témoignait pour elle, ainsi que pour son sexe exposé. Enfin, il posa lesmainssursescuissesetavançalatête.Ensentantsonsoufflechaudsursapeau,elle comprit aussitôt ce qu’il comptait faire. Il commença par lui taquiner leclitorisduboutdelalangueavantderefermerlabouchedessuspourlesuçoter.—Oh,monDieu,gémit-elle,submergée.—Jet’avaisbienditquejet’embrasserais,dit-ilenrelevantuninstantlatête.—Jepensaisqueceseraitsurlabouche.—Tupréfèresquej’arrête?Entrenous,çamecontrarierait.Depuisquejete
connais,jemeursd’enviedegoûterchaquecentimètrecarrédetoncorps.Nemeprivepasdeceplaisir,madouce.—Situarrêtes,jetetue.Continue,s’ilteplaît.Sladeritdanssabarbepuisseremitàl’ouvrage.Trishagémitencoreplusfort
etagrippalesdraps toutencambrant ledos.Ellepensaitpouvoirsupporter lesincroyables sensations que sa bouche faisait naître en elle, mais dès qu’ilaccéléralacadencetoutenpoussantdesgrognementssigravesqu’ellelessentaitvibrer en elle, Trisha se tendit, s’arrêta de respirer, puis jouit en poussant unhurlement.Aussitôt, Slade releva la tête, la prit par les hanches et l’attira vers lui, la
pénétrantlentementsansluilaisserletempsderedescendreduseptièmecieloùsalanguel’avaitpropulsée.Ellegémitensentantsonmembreénormeentrerenelleetlaremplirentièrement.Il commença à donner des coups de reins profonds et rapides qui la
ramenèrent en quelques minutes aux portes de l’extase. Elle cria son nom etSladeaccélératoutenrejetantlatêteenarrière.Ilentrouvritlaboucheetéjaculaenelleencriant,sonsexesedilatantjusqu’àluifairemal.Frissonnantdelatêteauxpieds,ilsevidaenelle.Trisha sourit etouvrit lesbras.Slade s’écroula sur sapoitrine. Ilshaletaient
autantl’unquel’autreetelleenroulalesjambesautourdesescuissestoutenluipassant lamain dans les cheveux. Son souffle la chatouillait,mais elle aimaittellementletenircontreellequ’ellenevoulaitniseplaindre,niluidemanderdetournerlatête.
—Jet’avaisditqu’onseraittrèsbiendanscelit,plaisanta-t-il.— Dans cette position, c’est parfait pour moi, mais je ne vois pas bien
commentturéussirasàdormiràgenoux.Slade tourna la tête et donna un coup de langue à son sein, qui réagit
immédiatement.Voyantsontétondurcir,Sladeouvritlabouche,lepritentresesdentspointueset lemordilla.Trishasecrispacontre lui.Cettecaresseérotiqueravivaitsapassion,maisillâchasonseinetluisourit.—Tuveuxrecommencer?—Volontiers,mais j’aibesoindemenourrir.Onpourraitdescendremanger
et,ensuite,reprendrelàoùonenétait?Sladeéclataderire.—Jevaistefairecoulerunbain.Commeça,tupourrastedétendrependant
quejeteprépareraiquelquechose.—Attendsuneminute.Vu l’état de ta cuisine, on ferait peut-êtremieuxde
commander.Sladeseredressa,lasoulevadulitetluiassenaunetapesonoresurlesfesses.— Je ne vais pas t’empoisonner et il n’y a pas un seul restaurant dans les
environs de la Réserve. D’ailleurs, on ne ferait pas assez confiance à deshumainspourleurcommandernosrepas.Jeveuxquetuvivestrèslongtempsetenbonnesanté.Bonnenouvelle,ajouta-t-ilensouriant.J’aiassezdégonflépourmeretirer.Allez,doc.Unbonbainetunbonrepas,danscetordre.Il voulut reculer les hanches, mais elle l’immobilisa en passant les jambes
autourdesataille.—Tuasoubliélarègle?demanda-t-elle,leregardnoir.Tuesencoreenmoi,
alorsdoc,çanevapas.Jem’appellecomment,monpetitcanardensucre?Ilsecoualatêteavecunsourirecoupable.—Désolé,Trisha.—Monpetit canard en sucre ? criaCuivre depuis le rez-de-chaussée avant
d’éclaterderire.Trisharougit.—Ilatoutentendu,n’est-cepas?Sladehaussalesépaules.—Nousavonsl’ouïetrèsaffûtée,Trisha,répondit-ilenappuyantsursonnom.
Ce n’est pas vraiment de sa faute, même s’il aurait pu s’abstenir de toutcommentaire.—Désolé,monpetitcanardensucre,hurlaCuivre.Sladeseretira,centimètreparcentimètre,puisl’aidaàserelever.
—S’ilm’appelleencoreunefoiscommeça,ilvaleregretter.
CHAPITRE20
TrishainspectalacuisinetandisqueCuivrerangeaitladernièreassiette.Ellesoupiraetsemassalebasdudos.—Enfin,c’estpropre.Cuivrefronçalessourcils.—Ça faitdeuxheuresque je tedisd’aller tecoucher.Tuesenceinte, je te
rappelle.Sladem’auraitaidéàfaireleménageenrentrant.—Jen’enpouvaisplus,admit-elleensortantdufrigounsodapourCuivreet
unthéglacépourelle.Voisleboncôtédeschoses.Ilseracontent.— Ou furieux quand il saura que tu t’es épuisée à tout nettoyer. Il fallait
vraimentfairetoutelamaisonenuneseulejournée?Ilfautquetuyaillesmollo.Siquelquechosevousarrive,àtoiouaubébé,c’estsurmoiqueçavaretomber.—Tunepouvaispastoutfairetoutseul,ettuasfaitlegrosdutravail,après
tout.—Tuasmalaudos?—Unpeu.Soudain, elle partit en courant aux toilettes.Cuivre lui emboîta le pas. Elle
claqua laporteenespérantqu’ilnese laprennepasdans lenez,puis tombaàgenouxetvomitsondéjeuner.Cuivreouvritlaporte.—Jetel’avaisdit,petitecruche.Tuasgagné,tuesmalade.Elle ne pouvait pas répondre, trop occupée qu’elle était à se purger les
entrailles.Cuivreretintsescheveuxpouréviterqu’ellelessalisseetluicaressaledos.Enfin,leventrevide,elleseredressa.—Arrêtedemesuivreauxtoilettes,grogna-t-elle.C’estsupergênant.—Tuesenceinte.Lanauséedumatin,c’esttrèscourant.—Pasaussitôtdanslagrossesse.—C’estpeut-êtreaussiparceque tu t’es tropdépenséeaujourd’hui.Nefais
plusjamaisça,Trisha.Àpartirdemaintenant,jet’interdisdeleverlepetitdoigt.J’espèrequeçateserviradeleçon.—Oubienj’aivraimentlanauséedumatinparcequeriennesepassecomme
prévudanscettegrossesse.Aumoins,siunefemmehybrideavaitdéjàaccouché,jesauraisàquoim’attendre.C’estpeut-êtrenormal,quisait?—Jevaist’aideràterelever.Tuasfini?Trishahochalatête.—Ilfautquejemelavelesdents.—JevaischercherlesaffairesqueSladet’aamenéescematin.J’aiaperçuta
brosseàdentsdansunsac.Jepeuxtelaisserseule?—Oui,çavaaller.Trishaétudiasonrefletdanslaglace.Elleétaitpâleetavaitlestraitstirés.Ila
peut-êtreraison,j’aidûtropenfaireaujourd’hui.Elleavaitabsolumenttenuànettoyerlamaison.Celavenaitpeut-êtred’undésirinconscientdefairesonnidchez Slade, un phénomène assez courant chez les femmes enceintes.De plus,elleétaitsouventprisedefièvreménagèrelorsqu’elleétaitnerveuseouinquiète,deuxémotionsquinelaquittaientplusdepuisquelquesjours.Cuivreluiapportaunebrosseàdentsetuntubededentifrice,puisrestaàses
côtés pendant qu’elle se lavait les dents. Elle avait horreur de vomir. Elle senettoya ensuite le visage et Cuivre lui tendit une serviette. Elle sourit en levoyantsiàl’aisedanscerôlededamedecompagnie.—Merci.Sansunmot, ilsebaissa, lasoulevadanssesbrasetcommençaàsediriger
versl’escalier.—Pose-moi.Jepeuxmarcher.—Tuesépuisée.Àpartirdemaintenant,jecommandeettuobéis.—Pasquestion.Allez,Cuivre,jevaisbien.—Laferme.—Vatefairefoutre.—Tuveuxunefessée?— Essaie pour voir, grogna une voix mâle. Qu’est-ce qui se passe ici ?
Pourquoitulaportes?CuivreseretournaetseretrouvafaceàSlade,quilefusillaitduregard.—Ellevoulaitfaireleménage.Jeluiaiditquejeleferaisseul,maisellen’a
pasvouluécouter.Ellevoulaitabsolumentm’aider.Ellevientdevomiretjelaportaisdanstachambrepourlaforceràsereposer.SladesedétenditaussitôtettournaunregardtendreversTrisha.—Tuvasbien?—Maisoui.Tupeuxluidemanderdemelâcher,s’ilteplaît?Ilnem’écoute
pas.Ilcroitquejesuistropfaiblepourmarcherseule.
Slade posa son attaché-case, referma la porte d’entrée d’un coup de pied ets’approchadeTrishaenécartantlesbras.—Jem’enoccupe.—Elleesttoutàtoi,réponditCuivre.—J’enaidelachance!ritSlade.Trishapassalesbrasautourdesoncou.—Jenesuispasmaladeàcepoint,tusais.—Laferme.—Vatefairefoutre.—C’estlàquetuesarrivé,ricanaCuivre.Tucomprendspourquoij’aidûla
menacerd’unefessée?— Oui. Je vais m’en charger personnellement, déclara Slade, une lueur
lubriquedanslesyeux.Trishasemitàrire.Cettegaietéétaitinattendueetelleétaitsoulagéequ’ilne
soitpasencolèrecontreelleaprèstousleseffortsqu’elleavaitfournis.—J’aihâte.Ilsouritets’engageadansl’escalier.—Cuivre,tupeuxt’occuperdudîner?—D’accord.—Jevaislaposerdanslabaignoireetessayerdemeretenirdelanoyerpour
lapunirdesonentêtement.—Ehben,boncourage.TrishalançaunregardnoiràSlade.—C’estpasdrôle.—Maissi.(Illaportajusqu’àl’étageetladéposasurlelavabodelasallede
bain.)Etlaprochainefoisquetudéciderasdefaireungrandménagealorsquetuesenceinte,jerisquedemettremamenaceàexécution.Elleleregardaréglerl’eaudesonbain.Satisfaitdelatempérature,ilsetourna
versellependantquelabaignoireseremplissait.— Tu as passé une bonne journée, mon chéri ? demanda-t-elle en battant
exagérémentdescils.Ilsourit.—Excellente,madouce.Jeneterenvoiepaslaquestion,vuquejeconnais
déjàlaréponse.Tutesensmieuxmaintenantquelamaisonestrangée?—Beaucoupmieux,mêmesij’auraispréférénepasvomir.Ilgrimaça.—Pasquestionquejet’embrasse.
—Jemesuislavélesdents.Ilregardaseslèvres.—Attends,jemesuismalexprimé.Jenet’embrasseraipassurlabouche.Si
tuveuxdesbisous,commenceparenlevertonpantalon.Ilavraimentl’airtropgrandpourtoi.Tul’asrouléauniveaudelataillepourlefairetenir?—Cen’estpasmafautesituasdesigrandesjambes.J’auraispréféréporter
monshort,maisquelqu’unmel’aarrachéhiersoir,dit-elleensoulevantsontee-shirtpourluimontrerqu’ilavaitvujuste.— Tu pourrais te balader sans rien, suggéra-t-il avec un sourire lubrique
qu’elleluirenditaussitôt.—Pourquoipas?C’estCuivrequiseraitcontent.Ilfronçalessourcils,contrariéparcetteidée.—Bon,d’accord,jeretirecequej’aidit.—Jesavaisquetudiraisça.—Un jogging tropgrand, c’est super sexy sur toi.D’ailleurs, j’insistepour
quetuneportesplusqueçaquandjenesuispaslà.J’adoretevoirportermesvêtements.Illapritparleshanches,laposaparterrepuissoulevasontee-shirtetfrôlases
seins,qui réagirentaussitôt. Ils’agenouillaensuitedevantelleetsaisit la tailledupantalon.—J’attendscemomentdepuiscematin,déclara-t-ilenl’abaissant.Trishaéclataderiredevantl’expressiondesurprisequ’ilarbora.—Tuattendsdepuiscematindemevoirdanstonboxer?Il écarquilla lesyeux,puisglissadeuxdoigtsdans la fente faisantofficede
braguette.—Remarque,çaasonavantage.—Arrête,dit-elleenretirantsesdoigts.J’auraiscousuçasij’avaistrouvéun
filetuneaiguille,maisondiraitquetun’asmêmepasdenécessairedecouture.— Hé, tu n’as pas le droit de bricoler mes sous-vêtements ! J’aurais l’air
malinsitulescousaistousàcetendroit!—Tupourraistoujourslesbaisser.Iléclataderireetsecoualatête.—Ilfautvraimentquejetetrouvedesvêtements.—Tun’étaispasentraindemedéshabiller?—Ahoui,mercidemelerappeler,dit-ilenterminantsonœuvre.Entredans
labaignoire.—Maisjepensaisqu’ilyauraitdesbaisersetdescaresseset…
Ilseredressaetôtasontee-shirt.—Oui,dansl’eau.—Oh!s’extasia-t-elle.Trisha entra dans la baignoire qui se remplissait peu à peu d’eau tiède et
regardaSladesedévêtir.Elleadoraitlevoirnu.—Etsitucoupaisl’eau,doc?Sinon,labaignoirerisquededéborder.ElletournalesrobinetsetfitdelaplaceàSlade.Ils’assitderrièreelledansla
petitebaignoireetécarta les jambespourqu’elles’installeentresescuisses, latêtereposantsursontorse.—C’estsuper,maispasidéalpours’embrasser,voireplus.—Désolé.Jevaisarrangerça.Elle tourna la tête et vit qu’il prenait un flacon d’huile pour le corps sur
l’étagèrelaplusproche.—Tuasça,toi?—Oui,çaadoucitlapeau.J’aibeaucoupdecallositéssurlesmains,maisce
n’estpasl’usagequej’envisageaiscettefois-ci.Ilfitcoulerunpeud’huilesursesdoigtsetplongealesmainssousl’eau,les
glissa entre ses cuisses et commença à lui caresser le clitoris. Elle gémit deplaisir,puislaissaéchapperuncrideplaisirensentantl’undesesdoigtspénétrerdanssonvagin.—Slade.—Doc.Elleluiassenauncoupdecoudeetilcommençaàlacaressersurtoutlecorps
aveclesdeuxmainsavantdes’arrêteràseshanches.Illasouleva,puislareposasursonsexerigide,surlequelelles’enfonçalentementjusqu’àlagarde.—Tutesensmieux,Trisha?—T’esvraimentuntrouducul.Illuidonnauncoupdereins.—Pourunmédecin,t’esvraimentpasdouéeenanatomie.C’estpaslàqueje
suispourl’instant.—Vatefairefoutre,gémit-elle.—Non,Trisha.Tuinverseslesrôles.Illasaisitparleshanchesetcommençaàalleretveniravecardeur,générant
despetitesvaguesquidébordaientdelabaignoire,maisTrishas’enfichait.Sladedescendit un peu les mains et la souleva sans mal pour la faire monter etdescendre sur son sexe, à une cadence de plus en plus rapide qui propulsaitTrishaversl’extase.
Soudain,Sladesecrispaetéjaculaengonflantenelle.Trishaétaittrèsprochede l’orgasme, mais il ralentit le rythme et tressaillit avant de s’immobilisercomplètement.—Désolé,grogna-t-il.Etmerde,jura-t-elleensilencetoutententantdecontenirsafrustration.Slade
bougea alors les jambes pour la forcer à écarter les cuisses. Tout son corpsréclamait l’orgasme,mais elle faisait de sonmieux pour l’ignorer. Slade fit ànouveaucoulerdel’huilesursesdoigts,qu’ilreplongeadansl’eauendirectiondesonclitoris.—Dis-moisijetefaismal.Jesuisencoretrèsgonflé.Elles’enfichait.Leplaisirgénéréparsesdoigtslasubmergeaitetlescercles
qu’ildessinaitsurelleluifaisaientpousserdesgémissementsdeplaisir.Danslemêmetemps,ilbougeaitlentementenellepourrecommenceràluifairel’amour.Terrasséeparlapressiondesongonflementetpar lessensationsdesesdoigts,ellehurlasonnomenrejetant la têteenarrièresous l’effetde l’orgasme,aussidestructeurqu’unouragan.—Excuse-moi de t’avoir faitmal, dit-il en l’immobilisant par les hanches.
Mais tume tues,ma douce.Bon sang, tu es si serrée que tume faismal.Çam’apprendraàtelaisserjouirlapremière.—Désolée,répondit-ellesanslepenser.—Cen’estrien,murmura-t-ilenluifrôlant lecouavecles lèvres.Détends-
toi,doc.Elleluiassenauncoupdecoude.—Tuasoubliélarègle?—Aïe!Désolé,Trisha.—Arrêtedem’appelerdoc.—C’estcequetues!Trishasecontorsionnapourleregarder,cequiluicomprimalaqueue.Slade
grimaça.—Pouce!D’accord,jenet’appelleraiplusdoc.Tumefaisunmaldechien.
Jegonfle,tuterappelles?Ellesouritetsedétendit.—Serre-moicontretoi.J’adoreceprincipedegonflement.—Moiaussi,tantquetunemeserrespascommetuviensdelefaire.Trishasouritetpritungantdetoilette.—Jetrouveraibienunmoyendemefairepardonner.
Voyant que Trisha et Slade ne cessaient de se regarder en souriant, Cuivrepoussaungrossoupir.— Ça va être comme ça jusqu’à la naissance ? Votre mièvrerie me coupe
l’appétit.Slade,jesaisquetun’arrêtespasdeluicaresserlajambesouslatable.—Mercidenousavoirpréparélerepas,aufait,ditTrishaensetournantvers
lui.J’adoretessandwichs.Dindeetbacon,c’estdélicieux.—Etpour répondreà taquestion,ajoutaSlade,oui,onvacontinuerà faire
l’amourjusqu’àlanaissancedubébé,etaprèsaussi.J’adorelatoucheretjen’aipasl’intentiondem’enpriver.Letéléphonesonna.Avecunclind’œilàdestinationdeTrisha,Sladeseleva
pourrépondre.—Tutesensmieux?Tun’aspluslanausée?demandaCuivre,l’airinquiet.—Çava,répondit-elleenmordantdanssonsandwich.C’estsurtoutl’après-
midiqueçameprend.—Jecroyaisquelaplupartdesfemmesétaientmaladeslematin.—Dis-leaubébé,répliqua-t-elleenhaussantlesépaules.—Iln’écouterapas.—Jesais.Sladeraccrochaetrevintensoupirant,uneexpressionirritéesurlevisage.—Qu’est-cequ’ilya?demandaTrisha.Ils’assit.— Encore de nouveaux problèmes. Vivement que les ouvriers soient partis
pourqu’onpuisseinterdirel’accèsdelaRéserveauxhumains.—Ils’estencorepasséquelquechose?s’enquitCuivreencessantdemanger.—Sionveut.(Ilsereleva,allachercherunecanettedanslacuisine,l’ouvrit
etserassitàtable.)Lestroissurvivantsdel’attaqued’hieraffirmentfairepartied’unnouveaugroupedesuprémacisteshumainsquiveulentnousforceràvendreleterrainetquitterlarégion.Ilsdisentquececoupdeforcen’étaitqu’unavant-goût de ce qu’ils nous feront subir si nous restons.Mais les travaux sont loind’être finis etona encorebesoindesouvriers.N’importe lesquelsd’entre euxpeuventfairepartiedecegroupe.—Enattaquantlechalet,ilscomptaientjustefaireunmassacreauhasardou
bienilsavaientd’autresintentions?demandaCuivre.—Selonl’und’eux,leurobjectifétaitdedétruirelesstructuresisoléesetde
tuertouslesHybridesqu’ilscroiseraient.Ilssavaientques’ilss’enprenaientauxgrosbâtiments, comme l’hôtel,parexemple, ils seraientaussitôtabattuspar lasécurité. Avec le chalet, par contre, ils sont arrivés à leurs fins. L’un de ces
hommesconnaissaitl’anciennepropriétairedelamaisondeVaillant.Commeilaconservé sonmobilier, ils ont dû se dire qu’elle vivait toujours ici et ils n’ontdévasté que le rez-de-chaussée. Sinon, je pense qu’ils auraientmis le feu à lamaison.Parchance,onapulesarrêteravantqu’ilstrouventd’autresbâtimentsàdémolir.—Elleestsibelle,cettemaisonvictorienne,soupiraTrisha.Lessalopards.— Je suis plus énervé par le fait qu’ils t’aient attaquée, rétorqua Slade. Ils
auraient pu te tuer. Je faisais compter les ouvriers toutes les heures, maismaintenant,jevaispasseràtouteslesdemi-heures.Ils’estécoulévingtminutesavant qu’on se rende compte qu’ils avaient disparu. On va aussi monter despucesde localisation sur tous lesvéhiculesquipénètrent sur le territoirede laRéserve.Leplusalarmant,c’estqu’ilsontréussiàintroduiredesarmesaunezetàlabarbedesgardes.Ilyaunballetincessantdevéhiculesdelivraison.Àpartirdemaintenant,onvatouslesfouillerdefondencomble,cequiralentiraencorelesopérations.Onn’avaitpasbesoindeça,onestdéjàtousépuisés.—Disà Justiceque tuasbesoindeplusdepersonnel,ditTrishacommesi
c’étaitl’évidencemême.—Iln’apluspersonneàm’envoyer,sinonilprendraitlerisqued’affaiblirles
défensesdeHomeland.Onutilisedéjàdeuxfoisplusdemondequecedontonaura besoin une fois la Réserve ouverte, rien que pour surveiller tous leshumains.Trishalevalamainpourdemanderlaparole.—Euh,etlesfemmes?—Lesfemmes?répétaSlade,perplexe.Commentça?—JeconnaisunebonnetrentainedefemelleshybridesàHomeland.Pourquoi
nepaslesfairevenir?Sladesecoualatête.—Ellessonttrèspeunombreusesetdoiventêtreprotégées.Cetteréponsenelasatisfaisaitpas.—Quelqu’unleurademandéleuravis?Tuleurenasparlé?Pourmoi,elles
sont plus que capables de compter les humains et d’assumer une partie de lasécurité.J’aivudescaméras,doncj’endéduisqu’ilyaunesalledesurveillance.Elle mobilise combien d’hommes ? C’est une tâche que tu peux confier auxfemmes,situneveuxpasqu’ellesgardentlespointsd’entréeouqu’ellessoientencontactdirectaveclesouvriers.—C’estunebonneidée,intervintCuivre.Sladehésita,puissourit.
—Excellente,même.JevaisproposerçaàJusticeetvoirsiçapeutintéressernosfemelles.—Etoùest-cequ’onleslogerait?— Le dernier étage de l’hôtel est terminé. Il comporte dix suites de deux
chambreschacune.—Etellesyseraientà l’abri?demandaTrisha,quise rappelaitqueCuivre
n’avaitpasvouluqu’elles’yinstalleelle-même.—Rienn’indiquelecontraire.Leshumainsnel’ontjamaisattaquéjusque-là,
parce que le dispositif de sécurité y est trop important pendant la période deconstruction. Il n’y a aucune autre option, conclut-il après un moment deréflexion.—J’hésiteencore,arguaCuivre.Ilspourraienttoujoursymettrelefeu.C’est
leplusgrandbâtimentdelaRéserve.Sionlogeaittouteslesfemellesaudernierétage,j’auraispeurqu’elless’yretrouventcoincéesparlesflammes.—Tuasraison.C’étaitunebonneidée,maisonnepeutpaslesloger,Trisha.
Onnepeutpassepermettredeleurfairecourirlemoindrerisque.Onaungrosbesoin de main-d’œuvre, mais on ne peut pas décemment leur demander des’installeravecleshommes.— Et dans des camping-cars ? suggéra-t-elle. Je suis sûre que ça ne les
dérangeraitpasdecohabiter,etde toute façon,ellesne travaillerontpas toutesaux mêmes horaires, non ? Installe-les dans la zone interdite et demande àVaillantetsescopainsdemonterlagarde.Etnefaispasreconstruirelechalet,commeçaaucunouvriern’auraderaisonvalabledevenirparlà.Sladeluisourit.— Tu veux ma place ? Tu m’as l’air plus douée que moi pour ce boulot.
Jamaisjen’auraispenséàdemanderànosfemellesdenousaider.—Elle estmédecin, intervint gaiementCuivre.Elle est bien plus futée que
nous.—Çasediscute.Elleestmêmepasfichuedefaireladifférenceentresoncul
et…—Ferme-la ! l’interrompit Trisha en riant, tout en lui assenant un coup de
piedsouslatable.Dépêche-toid’appelerJustice,Slade.Çaluilaisseraletempsd’aller en parler aux femmes avant qu’elles aillent se coucher. Plus vite onprendra ladécision,plus tôt les renfortsarriveront. (Elle luiadressaunsourireradieuxetsetournaversCuivre.)Ettoi,tudoist’occuperdulinge.Tum’asditquetuvoulais lefaireseulpourmepermettredemereposer.Auboulot,çavapassefairetoutseul!
—J’aiditquejeferaisleménage,paslalessive,rétorqua-t-ilenselevant.J’aihorreurdeplierlesvêtements,maiscommejen’aipasenviequetutesurmènes,jecède.—Jevaismecoucher.Bonnenuit!—Quelcaractère!plaisantaCuivre.—Jesais,maisquelcul!Quandelles’énerveetqu’elles’envaenclaquantla
porte, je regarde toujourssespetitesfessesquise tortillentet j’oubliesoncôtémégère.Trishas’arrêtadansl’escalieretéclataderireensecouantlatête,puisrepartit
verssachambre.
CHAPITRE21
Trisha tenta de masquer sa réaction horrifiée avec un sourire forcé qui luitendaitlesmaxillaires.Cuivre,unimmensesouriresurlevisage,parvintànepasrire, à la différence de Slade, qui était plié en deux et s’esclaffait jusqu’auxlarmes.—Qu’est-cequil’amusetant?demandaVaillant.—Aucuneidée,mentitTrisha.Àmonavis,ilnesaitpassetenirensociété.Sladecessaderireet lui lançaunregardnoir,annonciateurdesavengeance
prochaine. Trisha détourna les yeux avec un sourire, espérant l’une de cestorturessexuellesdontilavaitlesecret,maisperdittoutsonentrainlorsqu’ellereposalesyeuxsurlatable.Vaillantvenaitd’yplaceruneénormemassedeviandecrueenveloppéedans
duplastique.Ellenesavaitpascequec’était,maislataillecorrespondaitàcelled’uncorpshumain.MonDieu,faitesquecesoitunanimal.—C’esttrèsgentilàtoidenousapporter,euh…toutça.Çanousdureraune
bonne semaine. (Ou un bon mois, ajouta-t-elle en elle-même. Elle se força àdétournerlesyeuxdelaviandeetsouritàVaillant.)Qu’est-cequinousvautcethonneur?—Sladem’aditquec’étaittoiquiavaiseul’idéededemanderànosfemelles
devenirs’installerici.Vingtd’entreellessontarrivéeshier.J’enaivuquelques-unesdeloin,etjesuistrèssatisfaitdecettesélection.Jet’avaisdemandédemetrouverunefemelle,maisgrâceàtoi,jevaispouvoirenrencontrerplusieurs.Jevoulaisteremercier.Jemesuisditqueceneseraitpastrèspolidet’amenerlacarcasseentière,doncjel’aividéeetj’aiôtélapeaupourtoi.J’aimêmecoupélatêteetlespattesetjel’aienveloppéepourquelesangnecoulepassurtontapis.—C’est trèsgentilde tapart,balbutiaTrisha,quifaisaitdesonmieuxpour
êtrepolie.Euh,jepeuxteserrerdansmesbraspourteremercier?Ilfronçalessourcils.—Pourquoi?Tum’asdéjàditmerci.—C’estun truchumain, luiexpliquaCuivre. Ilsadorentsefairedescâlins.
Prendssurtoi,Vaillant.Sijenelalaissepasmelefairedetempsentemps,elle
n’arrêtepasdemeharceler.C’estpassidésagréable,tuverras.Vaillantpoussaungrossoupir.— Si je veux une compagne, il va falloir que je m’habitue à ce genre de
contact.Vas-y,dit-ilenouvrantlesbrasavecunegrimacededégoût.SansprêterattentionàSlade,quise retenaitàgrand-peinede rire,Trishase
dressa sur la pointe des pieds et prit le géant figé dans ses bras. Elle le serrafugacementauniveaudelatailleetrecula.—Alors,tuassurvécu?—Oui.Tusensbon.Cen’étaitpassiterrible.—Merci,répondit-elleenregardantlemorceaudeviandeavantdetournerles
yeuxversSlade.Etsionfaisaitunbarbecue?Cuivreettoin’avezqu’àcoupercequ’ilnousfautpourcesoiretoncongèleralereste.Sladesouritàsonamisauvage.—Superidée.Merci,Vaillant.Turestesàdîner?—Non.J’aidesfemellesàrencontrer,déclara-t-ilavantdesortirencourant.Trishamontradudoigtlamassedeviandesanguinolente.—Qu’est-cequec’est?murmura-t-ellepouréviterqueVaillantl’entende.—Aucuneidée,ditSlade.—Unchevreuil,jedirais,suggéraCuivre.Ilyenapleinautourdechezlui.
C’estuneviandeexcellente,entoutcas.Emportons-leàlacuisine.— Allez plutôt sur la terrasse à l’arrière, s’il vous plaît, ordonna Trisha.
Commeça,vouspourreznettoyerlesolaujetd’eauquandvousaurezterminé.—Voilà, renchéritSlade.Commeça, tupourrasnettoyer le sol au jetd’eau
quandtuaurasterminé,Cuivre.—Tuvasm’aider.Jenesuispasboucher.—Moinonplus.IlssetournèrentversTrisha.—Hé,laissez-moiendehorsdetoutça!—Tu esmédecin, tu dois être douée pour ce genre de découpage, déclara
Sladeavecunsourirepleind’espoir.—Pas question. Je suis sûre que çame ferait vomir. Je suis enceinte, tu te
souviens?Jesenslanauséemonterrienqu’àypenser,gémit-elleenposantlesmainssursonventretoutenpapillonnantdescils.C’esttoilegrandprédateur,aprèstout.Cen’estpascequetumedistoutletemps?Vachercheruncouteauetmets-toiauboulot.—Ouichef,bougonna-t-il.Trishaéclataderire.
—Tuaimeraisbienquejeparteenclaquantlaportepourquetupuissesmatermesfesses,hein?—Fais-toiplaisir,Slade,pendantquejevaischerchertoutcequ’ilfaut.Trishaseretourna,présentasonpostérieuràsonhommeetluilançaunsourire
charmeur.—Préviens-moiquandceserafini.Moi,jevaismedéshabilleretprendreun
bain.Merci!—Allumeuse.—Ehoui,dit-elleensedirigeantversl’escalier.Appelle-moiquandlerepas
seraprêt.Tueslemeilleur.—Vas-y,continuederemuerlepopotin,madouce.LorsqueTrisha entra dans la chambre, elle riait encore.On lui avait amené
quelques-uns de ses vêtements, récupérés dans les ruines du chalet. Ellesélectionnaunepetiterobeetpénétradanslasalledebains.Elleétudia soncorpsnudans lemiroiretconstataqu’ellemontraitdéjàdes
signesdegrossessealorsqu’ellen’étaitencorequ’autoutdébutdelagestation.Ellenesavaitpasàquois’attendreetcelal’inquiétaitunpeu.Ce matin même, Slade l’avait introduite en douce dans le centre médical
flambantneufpourqu’ellepasseunenouvelleéchographie.Lacliniquen’étaitpasencoreouverte,mais tout lematérielétaitdéjàenplace.Lebébéétaitplusgrandqu’ilauraitdûl’êtreàcestade.Quelletailleaurait-ilàlanaissance?Deplus,ilsemblaitsedévelopperàunevitesseaccélérée.MaislesouriredeSladelorsqu’ilavaitvusonbébéluiavaitréchauffélecœur.Ilvoulaitcetenfantautantqu’elle,celanefaisaitaucundoute.Sladeavaitdesgènescanins.Leschiensavaientunegestationpluscourteque
leshumainsetellecraignaitquel’ADNmodifiédupèreaituneincidencesurlacroissancedubébé.Elleallaitdevoirsurveillersondéveloppementdetrèsprèspourestimercorrectementletermedesagrossesse.ElleavaittéléphonéàJusticepour lui demander plus de matériel, requête qu’il avait acceptée avecenthousiasme.—C’estquoi,ceregard?Sladeentradanslasalledebains,secollaàsondosetposalesmainssurson
ventre déjà un peu arrondi. Leurs regards se croisèrent dans la glace et ill’embrassasurlescheveux.—Quelregard?—Tuesinquiète.Ellesourit.
—Oui,unpeu.Jen’aipasenviequ’ilarrivequelquechoseaubébé.—Tuaspeurparcequ’ilestplusgrosqueprévuetquetagrossesseavance
plusvitequ’elleledevrait.Trisha hocha la tête. Elle lui avait fait part de ses craintes pendant qu’elle
notaitsesdécouvertesàlaclinique.—Arrêtededire«il».Etsic’estunefille?Tuvasluidonnerdescomplexes.
Jen’aipasencorepudéterminerlesexe.Sladeéclataderire.—Mais non, je ne lui file pas de complexes, c’est toi qui montes sur tes
grandschevauxàchaquefoisquejedisquec’estungarçon.Etpuis,«bébé»,c’estmasculin,non?Dommagequ’ilaitserrélesjambespendantl’échographie,onauraitpuenavoirlecœurnet.—Normalement,ceseraittroptôt,maisiladéjàlatailled’unfœtusdedouze
semaines.Garçonoufille,jem’enmoque,tantqu’ilestenbonnesanté.—Moi aussi, dit Slade en la serrant contre lui. Tout va bien se passer,ma
douce.Tu es un excellentmédecin et Justice te dégotera tout ce dont tu aurasbesoin. Il est en train de chercher un spécialiste des grossesses à risque. Net’inquiètepas:tuasdittoi-mêmequ’àpartsonanomaliedetaille,ilsembleenparfaitesanté.—Jesais,maisc’estplusfortquemoi.Sladeluisourit.—Jepourraispasserl’heurequivientàtechangerlesidées.—Tun’espascenséaiderCuivreàcouperlaviande?—Jesuismontémechanger,maisjen’aipasentendul’eaucouler.Alors,tu
veuxbien?JediraiàCuivrequetunetesentaispasbienetquetuavaisbesoindemoi.Commeça,ilferalesaleboulottoutseul.TrishaposalesmainssurlesbrasdeSlade.—Ohquenon.Ilvabrûlermonrepaspoursevenger.C’estbon,Slade,jeme
sensbien.Jevaisprendremonbain.Toi,vatechanger.Illaretournadanssesbras,l’airsérieux.— Tu es sûre que tu vas bien, Trisha ? Neme cache jamais rien. Je serai
toujourslàpourtoi.—Ça va. Je vaism’inquiéter, parce que c’est dansma nature,mais je vais
aussisurveillerlebébédetrèsprès.—Slade!Trishasourit.—Jecroisqu’ont’appelle.
—Pitié,laisse-moirester!—Val’aider,ordonna-t-elle,implacable.—Mais j’ai envie de t’embrasser partout et deme coller à toi pendant des
jours.—Nemetentepas.— Je peux aussi barricader la porte pour empêcher Cuivre de venir me
chercher.—Écoute, je t’aime,maisçanevapas tedispenserdefaire tontravail.J’ai
faimetjeveuxmonbarbecue.Sladeécarquillasesbeauxyeuxverts.—Tum’aimes?—Tulesaisbien.—Tunemel’avaisjamaisdit.—Ahbon?Ehbien…(Ellesedressasurlapointedespiedsetpassalesbras
autourdesoncou.)Jet’aime,Slade.Jet’aimedetoutmoncœur.Illasoulevapourmettresonvisageauniveaudusien.—Jet’aimeaussi,madouce.Tuestoutpourmoi.Etmaintenant,ilfautqu’on
fassel’amour.TantpispourCuivre.—J’aientendu!criacedernier.Çapeutattendre,non?Ilfaudraitêtredébile
pour ne pas se rendre compte que vous êtes fous amoureux l’un de l’autre.Descendsenvitesseetviensm’aider.Trishaappuyalajouecontresontorseetpoussaungrognementdefrustration.— J’ai hâte qu’on puisse avoir une conversation sans personne pour
l’entendre.Sladeéclataderire.—Jevaisluiconstruireunenichedanslejardin.Ellesouritetleregardadanslesyeux.—Promis?—Tefatiguepas!hurlaCuivre.Pasquestionquejedormedansuneniche!—J’aipresquel’impressionqu’onadéjàunenfant,pastoi?—Comme tu dis. Il ne s’exprime qu’en criant et il nous empêche de faire
l’amourparcequ’ilveutqu’onnes’intéressequ’àlui.— Va prendre ton bain. Moi, je m’occupe du chevreuil et de Cuivre. On
mangera bientôt. (Il la regarda de la tête aux pieds sans chercher à cacher sapassion.)Ensuite,jevaisl’abrutird’alcoolpourêtresûrqu’ilnenousempêchepasdebaisercommedesbêtestoutelanuit.— Ça me va ! cria Cuivre au moment où Trisha ouvrait la bouche pour
répondre.EllereculadequelquespasetenvoyaunbaiseràSladeavantdeseretourner
et de se baisser pour ouvrir l’eau. Elle l’entendit pousser un grognement defrustration et se retourna pour regarder l’homme de sa vie, qui avait les yeuxrivéssursesfessesnues.—Dehors,ordonna-t-elleendésignantlaportedudoigt.Situaimesmevoir
mepencher,tuserasservi.Jetelepromets.—Mégère.—Maisj’aiunjolicul.—Non.Unculmagnifique.—Toiaussi.—Etmoiaussi!hurlaCuivre.Bon,onledécoupe,cechevreuil?
LaurannDohneragrandiavecFifiBrindacieretAlicedétective,StephenKingetAgathaChristie.Passionnéederomance,elleselancedansl’écritureaprèslalecture d’un roman médiocre, persuadée de pouvoir faire mieux. Après unepremière série de romance dans un univers de science-fiction, elle s’aventuredans lemonde de la bit-lit. Elle vit enCalifornie avec sonmari et ses quatreenfants.
MiladyestunlabeldeséditionsBragelonne
Titreoriginal:SladeCopyright©September2016
©Bragelonne2018,pourlaprésentetraduction
Photographiedecouverture:
©Shutterstock
Illustrationdecouverture:Anne-ClairePayet
L’œuvreprésentesurlefichierquevousvenezd’acquérirestprotégéeparledroitd’auteur.Toutecopieouutilisationautrequepersonnelleconstitueraunecontrefaçonetserasusceptibled’entraînerdespoursuitescivilesetpénales.
ISBN:978-2-8112-2252-9
Bragelonne–Milady
60-62,rued’Hauteville–75010Paris
E-mail:[email protected]:www.milady.fr