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Chapitre 1 Épistémologie des sciences sociales
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Introduction Pourquoi une réflexion de nature
épistémologique ?
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3 questions introductives
1. Quelles sont les disciplines qui composent l’ESH ?
2. Quels sont les points communs et les différences entre ces disciplines ?
3. Quel est le statut de ces disciplines vis-à-vis de la compréhension du monde ?
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La question du statut des sciences sociales
• Que vaut le discours d’un économiste (Kenneth Rogoff, professeur à l’université de Harvard) relatif à l’explication de la crise de la zone euro depuis 2009 vis-à-vis du discours du Premier ministre français ou de Pierre Gattaz, Président du Medef ?
• Que vaut le discours d’un sociologue (Christian Baudelot) lorsqu’il explique que, contrairement aux idées fortement répandues dans les familles et chez les enseignants, le niveau scolaire augmente en moyenne en France ?
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• Plusieurs arguments sont récurrents dans le débat public :
Argument n°1 : « dans les vraies sciences (les « sciences dures »), les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, ce n’est pas le cas dans les sciences humaines ».
Argument n°2 : « les vraies sciences sont prédictives, les sciences sociales ne le sont pas ».
Argument n°3 : « dans les vraies sciences, tous les scientifiques sont d’accord entre eux (il y a consensus) alors que dans les sciences humaines, des opinions s’opposent ».
• En toute rigueur, aucun de ces arguments n’est recevable.
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La question du statut des sciences sociales
Plan du chapitre //
• Réflexion sur l’épistémologie au sens large : quelles sont les caractéristiques d’un discours scientifique ?
• Réflexion sur l’épistémologie historique et sociologique
• Réflexion sur l’épistémologie économique
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1. Épistémologie générale, épistémologie
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Jean Piaget (1896-1980)
• Psychologue, biologiste et épistémologue suisse.
• Bibliographie sélective : • Logique et connaissance
scientifique (1967)
• L’épistémologie est « l’étude du passage des états de moindre connaissance aux états de connaissances plus poussées ».
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1. Épistémologie générale, épistémologie
des sciences sociales
1.1. Gnoséologie, philosophie des sciences et histoire des sciences
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• Dans le cadre de la réflexion sur la réflexion des connaissances humaines, on distingue :
① La gnoséologie : elle traite de la connaissance au niveau le plus général ; C
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La querelle des Universaux
Bernard de Clairvaux (1091-1153)
Pierre Abelard (1079-1142)
1) Les universaux sont les essences qui désignent les choses matérielles
2) Les universaux ont une existence réelle distincte des objets qu’ils désignent
3) Les Universaux appartiennent au monde des Idées (au monde de Dieu).
1) Les Universaux sont les noms par lesquels les hommes désignent ce qu’ils observent
2) Les Universaux n’ont pas d’existence réelle distincte des objets qu’ils désignent
3) Le monde des Idées est une construction intellectuelle
Une illustration de la querelle des Universaux : la règle du rasoir d’Occam
• « On ne doit pas admettre plus d’entités que ce qui est absolument nécessaire ».
• « Les essences ne doivent pas être multipliées sauf nécessité»
• Exemple d’application ultérieure :
• Pierre-Simon de Laplace. Mécanique céleste (1799-1825)
Guillaume d’Occam
(vers 1295-vers 1349)
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• Dans le cadre de la réflexion sur la réflexion des connaissances humaines, on distingue :
① La gnoséologie : elle traite de la connaissance au niveau le plus général ;
② La philosophie des sciences : réflexion traitant du développement de l’ensemble des sciences.
Postulat commun à l’ensemble des philosophes qui s’inscrivent dans cette approche : remise en cause du recours au divin pour expliquer le monde sensible.
« L’ancienne alliance est rompue ; l’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’univers d’où il a émergé par hasard » (J. Monod. Le hasard et la nécessité, 1970).
J. Monod a été Prix Nobel de Médecine en 1965.
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• Dans le cadre de la réflexion sur la réflexion des connaissances humaines, on distingue :
①La gnoséologie : elle traite de la connaissance au niveau le plus général ;
②La philosophie des sciences : réflexion traitant du développement de l’ensemble des sciences.
③L’histoire des sciences : réflexion qui s’efforce d’établir la généalogie des savoirs et des disciplines scientifiques.
Mark Blaug, historien anglais de la science économique (La pensée économique, origine et développement, 1998)
Raymond Aron, sociologue français (Les étapes de la pensée sociologique, 1967).
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• Question transitive :
• En quoi l’épistémologie permet-elle de distinguer un discours scientifique d’un discours non scientifique ? C
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1. Épistémologie générale, épistémologie
des sciences sociales 1.1. Gnoséologie, philosophie des sciences et histoire des sciences
1.2. Science et épistémologie
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• Epistémologie
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1. Épistémologie générale, épistémologie
des sciences sociales 1.1. Gnoséologie, philosophie des sciences et histoire des sciences
1.2. Science et épistémologie
1.2.1. Karl Popper : conjecture et réfutation
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Karl Popper (1902-1994)
• Philosophe autrichien
• Bibliographie principale :
• La logique de la découverte scientifique (1934)
• « Des observations et plus encore
des énoncés d’observations et des énoncés de résultats d’observations sont toujours des interprétations de faits observés; ce sont des interprétations faites à la lumière de théories ».
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Le principe de réfutabilité de Popper
Conjecture initiale : Les cygnes sont des animaux blancs
Procédure de corroboration empirique : « n » observations sur le lac d’Attersee
Validation temporaire de l’hypothèse : Les cygnes sont des animaux blancs
« N + 1nième » observation : Il existe des cygnes noirs sur le lac Léman
Réfutation de la conjecture
Reformulation de la conjecture : Les cygnes sont des animaux
blancs ou noirs
Popper : conjecture et réfutation
• Une proposition scientifique n’est donc pas une proposition vraie mais une proposition réfutable et non encore réfutée (on dit également « scientifiquement valide »).
• La proposition doit être soumise à des tests de corroboration empirique. Elle est supposée valide tant que ces tests ne l’infirment pas.
• Popper montre qu’il est impossible de fonder en raison une proposition générale à partir d’une démarche inductive
• L’inductivisme est une procédure « spontanée » parfois mise en œuvre par les chercheur qui ne résiste pas à l’examen épistémologique
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Définition
• Inductivisme
• Réfutationnisme
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Popper : conjecture et réfutation
• Une proposition scientifique n’est donc pas une proposition vraie mais une proposition réfutable et non encore réfutée (on dit également « scientifiquement valide »).
• La proposition doit être soumise à des tests de corroboration empirique. Elle est supposée valide tant que ces tests ne l’infirment pas.
• Popper montre qu’il est impossible de fonder en raison une proposition générale à partir d’une démarche inductive
• L’inductivisme est une procédure « spontanée » qui ne résiste pas à l’examen épistémologique
La recherche de la vérité est le but ultime de la démarche scientifique mais cela ne peut être un objectif atteignable.
« On fait de la science avec des faits comme on fait une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison ». Henri Poincaré (physicien français, 1854-1912).
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Deux grands principes épistémologiques pour guider les chercheurs selon Popper
Principe n°1 : Le scepticisme épistémologique
Principe n°2 : La pertinence des tests
empiriques
• La réflexion épistémologique de Popper présente une très forte portée heuristique.
• Pour autant, elle a conduit à des débats et des nuances au cours du XXème siècle. Deux illustrations :
① Lakatos et Kuhn : critiques et prolongements
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Deux critiques à la théorie épistémologique de Popper //
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Imre Lakatos (1922-1974)
Thomas Kuhn (1922-1996)
Les scientifiques développent des stratégies
immunisatrices
Un programme de recherche est caractérisé par :
a) Une heuristique positive ; b) Une heuristique négative
La science alterne des périodes de science
normale et de révolution scientifique
• La réflexion épistémologique de Popper présente une très forte portée heuristique.
• Pour autant, elle a conduit à des débats et des nuances au cours du XXème siècle. Deux illustrations :
① Lakatos et Kuhn : critiques et prolongements
② La place singulière des mathématiques dans les disciplines scientifiques
La proposition « tous les points d’un cercle euclidien sont équidistants du centre » n’est pas réfutable
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Les deux catégories de sciences selon G.-G. Granger
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Disciplines scientifiques
Sciences formelles
Mathématiques : Algèbre,
Géométrie, …
Sciences de l’empirie ou
Sciences empirico-formelles
Sciences de la Nature et sciences de la Société :
-Physique ; -Vulcanologie ;
-Sociologie ; -Économie ;
...
1. Épistémologie générale, épistémologie
des sciences sociales 1.1. Gnoséologie, philosophie des sciences et histoire des sciences
1.2. Science et épistémologie
1.2.1. Karl Popper : conjecture et réfutation
1.2.2. G. Bachelard : pour une épistémologie concordataire
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Gaston Bachelard (1884-1962)
• Physicien et épistémologue français.
• Bibliographie sélective :
• La formation de l’esprit scientifique (1938)
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Les caractéristiques de la démarche scientifique selon Bachelard :
1. La démarche scientifique implique une rupture avec l’opinion première que l’on a sur le réel
« La science dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. ». G. Bachelard, document 5.
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Les caractéristiques de la démarche scientifique selon Bachelard :
2. La démarche scientifique implique de commencer par poser un problème
« Toute connaissance est une réponse à une question » (G. Bachelard).
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Les caractéristiques de la démarche scientifique selon Bachelard :
3. Les disciplines scientifiques construisent leur objet d’étude : c’est le point de vue qui crée l’objet et non l’inverse
« Ce ne sont pas les choses du monde qui se laissent ranger dans des tiroirs distincts, ce sont les opérations intellectuelles qu’on leur applique ». A. Testart, 1991.
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Les caractéristiques de la démarche scientifique selon Bachelard :
4. Les théories scientifiques conduisent à une simplification du réel
« Le recours à la théorie permet de remplacer le visible
compliqué par de l’invisible simple ». J. Perrin (physicien français)
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Les caractéristiques de la démarche scientifique selon Bachelard :
5. Les savoirs scientifiques sont cumulatifs
Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants
(Bernard de Chartres – vers 1130 – 1160)
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Les caractéristiques de la démarche scientifique selon Bachelard :
6. Les sciences se construisent autour de théories
« Dans la formation de l’esprit scientifique, le premier obstacle, c’est l’expérience première, c’est l’expérience placée avant et au dessus de la critique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l’esprit scientifique ». G. Bachelard : La formation de l’esprit scientifique (1938), Vrin, 1983 (p. 23) – Document 5
« Le vecteur épistémologique va du rationnel au réel » (G. Bachelard)
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Définition
• Théorie scientifique
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Théorie scientifique : schéma de synthèse
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Concepts Problème scientifique
: Hypothèses
Résultats théoriques
Raisonnement déductif
Modèle scientifique
Processus de corroboration empirique :
observation et/ou expérience
N’infirme pas…
Validité scientifique provisoire
Infirme…
Rejet de la théorie
Modification des hypothèses et reformulation du
problème
1. Épistémologie générale, épistémologie
des sciences sociales 1.1. Gnoséologie, philosophie des sciences et histoire des sciences 1.2. Science et épistémologie
1.2.1. Karl Popper : conjecture et réfutation 1.2.2. G. Bachelard : pour une épistémologie concordataire 1.2.3. Qu’est ce qu’une science ?
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Qu’est ce qu’une science ?
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Science : Discipline qui est le fruit d’une histoire ;
Elle se dote d’un ensemble de concepts et de théories Elle répond à un double principe
Principe de cohérence interne du
raisonnement
Principe de corroboration
empirique
Définition
• Science
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A partir de cette réflexion épistémologique, est-il possible d’identifier
quelque différence entre les sciences de la nature et les sciences de
la société ?
J.-M Keynes :
les « esprits animaux »
P. Bourdieu :
les inégalités scolaires
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Les sciences sociales sont réflexives
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Fait économique
« A »
Théorie scientifique visant
à expliquer le fait
économique « A »
Progression dans la
« l’intelligence de
l’économique »
Modification du
comportement des
agents
économiques
Modification du
fait économique
« A »
2. Épistémologie des sciences
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Quelques questions relatives à l’épistémologie économique
① Le critère de réfutabilité est-il pertinent en science économique ?
② Peut-on parler de révolution scientifique dans l’histoire de la pensée économique ?
③ Quels sont les paradigmes (ou les programmes de recherche) qui caractérisent la science économique ?
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2. Épistémologie des sciences
économiques 2.1. Le statut scientifique de la science
économique
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Wassily Leontiev (1905-1999) Prix Nobel d’économie 1973
« La science économique est actuellement au faîte de son prestige intellectuel et de sa popularité »
W. Leontiev, Essais d’économique,
1ère éd. 1966.
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Un exemple : le modèle d’équilibre général de concurrence
pure et parfaite
La pertinence scientifique d’un modèle ne se juge pas à l’aune
de son réalisme
Un modèle ne vise pas à démontrer la supériorité de tel ou tel
système économique
Les savoirs scientifiques sont cumulatifs en économie comme
dans les autres sciences
« Si les économistes pouvaient parvenir à se faire considérer comme des
gens humbles et compétents, sur le même pied que les dentistes, ce serait
merveilleux ! » (J.-M. Keynes. Perspectives économiques pour nos petits-
enfants, 1930).
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2. Épistémologie des sciences
économiques 2.1. Le statut scientifique de la science économique
2.2. La science économique : quel objet, quelles méthodes ?
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L’école classique en économie
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Jean-Baptiste Say (1767-1832)
Adam Smith (1723-1790)
David Ricardo (1772-1823)
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776)
Traité d’économie politique (1803)
Des principes de l’économie politique et de l’impôt
(1817)
La recherche d’un objet d’étude pour l’économie
1. A. Smith : Enrichir le peuple et le souverain
« L’économie politique, considérée comme une branche des connaissances des législateurs et de l’homme d’Etat, se propose deux objets distincts : le premier, de procurer au peuple un revenu ou une subsistance abondante (…) ; le second, de fournir à l’Etat ou à la communauté un revenu suffisant pour le service public : elle se propose d’enrichir à la fois le peuple et le souverain ! » (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776).
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La recherche d’un objet d’étude pour l’économie
2. J.-B. Say : l’économie politique comme science des richesses
l’économie politique est la science qui « enseigne comment se forment, se distribuent et se consomment les richesses qui satisfont aux besoins des sociétés. » (Traité d’économie politique, 1803).
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La recherche d’un objet d’étude pour l’économie
3. D. Ricardo : distinction entre « la science » et « l’art ».
M. Zouboulakis : « une approche objective des phénomènes sociaux, un type particulier de construction d’un objet économique autonome à l’intérieur du champ social, et une méthode de recherche en trois étapes qui combine l’explication déductive avec des modes inductifs, pour l’établissement des hypothèses et la vérification des résultats. » (La science économique à la recherche de ses fondements, 1993).
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L’école néoclassique et la naissance de la science économique
• La révolution marginaliste
• L’économie est la science de l’échange marchand
• Les produits n’ont pas de valeur intrinsèque : leur valeur est
fondée sur l’échange duquel naît un prix
• Est économique tout (et seulement) ce qui peut se traduire
par un prix
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Lionel Robbins (1898-1984)
• « L’économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usages alternatifs ».
• La nature et la signification de la science économique, 1932.
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Paul. A. Samuelson (1915-2009)
• Économiste américain. Il obtient le prix Nobel d’économie en 1970. Il a notamment enseigné au MIT (Massachussets Institute of Technology).
• Bibliographie principale :
• Les fondements de l’analyse économique (1947).
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Toute société doit nécessairement répondre aux trois problèmes économiques fondamentaux suivants :
① Que produire ? Quels types de biens et services, en quelle quantité ?
② Comment produire ? Quelles techniques utiliser, quelle combinaison des facteurs de production ?
③ Pour qui produire ? Quelles modalités de distribution de la production ? Quelle répartition des revenus ?
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59 D’après Begg, Fischer, Dornbush. Microéconomie. Ediscience international, 1989.
La loi des rendements décroissants
• Loi des rendements décroissants : Établie par les économistes classiques (notamment D. Ricardo en 1817) concerne l’évolution de la productivité des facteurs de production.
• S’agissant du facteur travail, elle stipule que chaque travailleur supplémentaire contribue à augmenter la production totale de richesses mais d’une quantité inférieure à la contribution du travailleur précédent (la productivité marginale est décroissante).
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Deux questions, l’une de nature économique, l’autre de nature politique, se posent :
1) Comment faire pour que l’économie se situe au niveau de la FPP ? (autrement dit comment faire pour être efficient dans l’utilisation des ressources rares ?)
2) Comment expliquer que d’un pays à l’autre ou, d’une époque à l’autre, le point B soit préféré au point D par exemple ?
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Définition
• Science économique
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3. Épistémologie de l’histoire et
de la sociologie 3.1. Histoire et sociologie : quels statut scientifique ?
3.1.1. L’Histoire : une impossible définition ?
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Deux positions originelles dans le débat sur le statut de l’histoire
Benedetto Croce (1866-1952)
Émile Durkheim (1858-1917)
Théorie et histoire de l’historiographie (1916)
Les règles de la méthode sociologique (1895)
La connaissance historique relève exclusivement d’une connaissance par
l’imagination et l’intuition, seules capables d’appréhender les faits individuels
Il faut conformer l’histoire à l’agenda épistémologique des sciences sociales :
l’histoire est une branche de la sociologie
Controverse aujourd’hui dépassée
La controverse Veyne / Lévi-Strauss sur le rapport histoire et sociologie
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Claude Lévi-Strauss (1908-2009)
Anthropologie structurale (1962)
Paul Veyne (né en 1930)
Comment on écrit l’histoire (1971)
Paul Veyne : comment on écrit l’histoire
• « Il est impossible de décrire une totalité et toute description est sélective ; l’historien ne lève jamais la carte de l’évènementiel, il peut tout au plus multiplier les itinéraires qui le traversent » (document 8)
• « L’itinéraire que choisit l’historien pour décrire le champ évènementiel peut-être librement choisi et tous les itinéraires sont également légitimes » (document 8)
• « Un événement n’est pas un être mais un croisement d’itinéraires possibles » (document 9).
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C. Lévi-Strauss : histoire et ethnologie
• « On distingue traditionnellement l'histoire et l'ethnologie par l'absence ou la présence de documents écrits dans les sociétés dont elles font leur étude respective. La distinction n'est pas fausse ; mais nous ne la croyons pas essentielle (…) »
• (…) Sur un chemin où ils font, dans le même sens, le même parcours, leur orientation seule est différente : l'ethnologue marche en avant, cherchant a atteindre, a travers un conscient qu'il n'ignore jamais, toujours plus d'inconscient vers quoi il se dirige ; tandis que l'historien avance, pour ainsi dire, a reculons, gardant les yeux fixés sur les activités concrètes et particulières, dont il ne s'éloigne que pour les envisager sous une perspective plus riche et plus complexe ».
• C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, 1962
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Quelques exemples de travaux qui ont marqué l’histoire des deux disciplines
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Bronislav Malinowski Les argonautes
du pacifique occidental (1922)
Jean Louis Flandrin Les amours paysannes
(1975)
Georges Duby Le chevalier, la femme
et le prêtre (1981)
Norbert Elias La civilisation
des mœurs (1939)
Quelques pistes pour comprendre les enjeux de ces conflits de
territoire :
① L’Histoire ne peut se définir comme la connaissance du
passé humain.
② « L’Histoire est un discours de reconstruction de ce qui a été
à partir de ce qui est » (R. Aron).
③ L’Histoire produit un discours rationnel qui s’appuie sur des
règles communes d’élaboration des connaissances.
④ L’Histoire se définit comme une pratique plutôt qu’à partir
d’une liste de critères.
⑤ Il existe une différence de degré et non de nature entre
l’Histoire et la sociologie du point de vue du recours à la
modélisation.
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3. Épistémologie de l’histoire et de la
sociologie 3.1. Histoire et sociologie : quel statut scientifique ?
3.1.1. L’Histoire : une impossible définition ?
3.1.2. Une discipline jeune : la sociologie
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La mise en place de la sociologie moderne à la fin du XIXème
siècle
• Le statut de discipline scientifique s’est construit tout au long du
XIXème siècle :
La sociologie est née notamment à partir des « enquêtes sociales » conduites durant le XIXème siècle : En France, le médecin Louis Villermé réalise une vaste enquête sur les conditions de
travail des ouvriers dans l’industrie textile : « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie » (1840).
En Angleterre, Friedrich Engels publie une enquête sur les conditions de vie des ouvriers de Manchester : « La situation des classes laborieuses en Angleterre » (1845).
En France, le Bureau de la statistique générale est créé en 1834 sous l’impulsion d’Adolphe Thiers.
Mais : ces travaux empiriques servent pour la plupart à justifier un discours politique de maintien de l’ordre social (volonté d’identifier les « populations dangereuses »).
A partir de 1870, essor des universités, des bibliothèques, des laboratoires
;
Professionnalisation de la sociologie
A partir de la fin du XIXème siècle : controverse épistémologique dite de
la « querelle des méthodes »
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La querelle des méthodes à la fin du XIXème siècle : dualisme ou refus du dualisme ?
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Position défendant le dualisme radical entre les sciences de la nature et les
« sciences de l’esprit »
William Dilthey (1833-1911)
Il existe une différence fondamentale entre les sciences
de la Nature et les sciences de l’esprit :
« Dans les sciences de l’esprit, il est en soi impossible de ne pas juger
les faits que l’on expose » (Dilthey)
La connaissance du monde de l’esprit implique de comprendre par
introspection la signification des actions humaines : c’est la démarche
herméneutique
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La querelle des méthodes à la fin du XIXème siècle : dualisme ou refus du dualisme ?
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Position défendant une absence de dualisme entre les
sciences de la nature et les sciences sociales
Heinrich Rickert (1863-1936)
Il existe une différence de méthode entre les sciences de la nature et les « sciences de la culture » : Les sciences de la nature sont des sciences nomologiques, elles formulent des propositions apodictiques ; les sciences de la culture sont des sciences idiographiques, elles formulent des propositions assertoriques.
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La querelle des méthodes à la fin du XIXème siècle : dualisme ou refus du dualisme ?
• Cette querelle des méthodes dans les sciences sociales est aujourd’hui tranchée
• Tous les sociologues actuels s’accordent pour considérer que la connaissance scientifique du monde social implique un processus d’objectivation s’appuyant sur des faits observés « En fin de compte, c’est la validation, c’est à dire la volonté et la
possibilité de se soumettre au démenti de la réalité qui fait la différence entre la pensée spéculative et la pensée scientifique » (C. Grignon, C. Kordon. Sciences de l’homme et sciences de la nature, 2009).
• Le débat reste cependant ouvert sur le type de méthode que les sociologues doivent utiliser pour rendre « intelligible le monde social »
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3. Épistémologie de l’histoire et de la
sociologie
3.1. Histoire et sociologie : quel statut scientifique ?
3.2. La sociologie : quel objet, quelles méthodes ?
3.2.1. L’école française de sociologie
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L’école française : la sociologie explicative
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Emile Durkheim (1858-1917)
Les règles de la méthode sociologique (1895)
Le suicide (1897)
Marcel Mauss (1872-1950)
Maurice Halbwachs (1877-1945)
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Les règles de la méthodes sociologique selon Durkheim
Les règles de la méthode sociologique
1/ Définir le fait social
2/ Considérer les faits sociaux comme des choses
3/ Expliquer le social par le social
E. Durkheim et le holisme méthodologique //
• Il existe un primat de la société sur l’individu :
• « la société n’est pas une simple somme d’individus, mais le système formé par leur association représente une réalité spécifique qui a ses caractères propres. Sans doute, il ne peut rien se produire de collectif si des consciences particulières ne sont pas données ; mais cette condition nécessaire n’est pas suffisante. Il faut encore que ces consciences soient associées, combinées et combinées d’une certaine manière ; c’est de cette combinaison que résulte la vie sociale et, par suite, c’est cette combinaison qui l’explique ». E. Durkheim (LRMS).
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E. Durkheim et le holisme méthodologique //
• La conscience collective ne se réduit pas à la somme des consciences individuelles :
• La conscience collective se définit comme « l’ensemble des croyances et des sentiments communs a la moyenne des membres d’une même société qui forme un système déterminé ayant sa vie propre, indépendamment des consciences individuelles ».
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Définitions
• Fait social
• Sociologie (au sens de la sociologie
explicative)
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Un cas d’école de fait social : le suicide
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Source : C. Baudelot. R. Establet. Durkheim et le suicide. P.U.F. 2011
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E. Durkheim et le « suicide » //
• E. Durkheim utilise la méthode des variations concomitantes, afin d’établir le lien entre le suicide et d’autres faits sociaux (sexe, religion, etc.). Il étudie les variations du taux de suicide en liaison avec les différences de sexe, d’âge, et pour un sexe et un âge donnés, la liaison avec l’état matrimonial (veufs, divorcés, célibataires, mariés).
• Il constate que :
➙ le taux de suicide croît avec l’âge ;
➙ la population masculine connaît un taux supérieur à celui de la population féminine ;
➙ le taux de suicide est plus élevé chez les célibataires, les divorcés ou les veufs que chez les époux. Parmi les individus mariés, ceux qui ont des enfants connaissent un taux de suicide plus faible que ceux qui n’en ont pas ;
➙ le taux de suicide est plus élevé en ville qu’à la campagne.
➙Le taux de suicide des protestants est supérieur au taux de suicide des catholiques qui est lui même supérieur au taux de suicide des juifs.
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E. Durkheim et le « suicide » //
• L’usage des statistiques permet ainsi de montrer que l’action des causes non sociales (individuelles et/ou psychologiques) sur le suicide est nulle ou très restreinte.
• La mise en évidence de variations concomitantes est une condition nécessaire mais non suffisante à l’explication du suicide. Il faut de plus faire appel à des concepts théoriques : intensité du lien social et anomie.
• « Chaque société est prédisposée à fournir un contingent déterminé de morts volontaires » (Durkheim).
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Un exemple de fait social : les inégalités scolaires
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Retard scolaire des enfants en fonction des compétences des parents
(document 19)
Source : Fabrice Murat, Le retard scolaire en fonction du milieu parental : l’influence des compétences des parents, Insee, Économie et Statistique n° 424–425, 2009.
Un exemple de fait social : les inégalités scolaires
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Source : INSEE Première, Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l’enfance, Chloé Tavan, Conditions de vie des ménages, n°883 Février 2003
Document 20
Un exemple de fait social : les inégalités scolaires
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Lecture régulière de livres selon le sexe et la génération, 1973-2008 (document 21)
Source : Olivier Donnat, Pratiques culturelles, 1973-2008 Dynamiques générationnelles et pesanteurs sociales, Culture études, 2011.
3. Épistémologie de l’histoire et de la
sociologie 3.1. Histoire et sociologie : quel statut scientifique ?
3.2. La sociologie : quel objet, quelles méthodes ?
3.2.1. L’école française de sociologie
3.2.2. L’école allemande de sociologie
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L’école allemande : la sociologie compréhensive
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Max Weber (1864-1920)
L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme
(1905)
Le savant et le politique (1919)
Ferdinand Tönnies (1855-1936)
Georg Simmel (1858-1918)
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Objet et méthode de la sociologie selon M. Weber
1. La sociologie est une science idiographique
2. La méthode sociologique est « compréhensive » :
Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l’action sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. (M. Weber, document 23)
L’explication causale est une composante centrale de la sociologie de Weber
3. L’objet de la sociologie est de rendre compte des actions sociales
Nous entendons par « action » un comportement humain (…), quand et pour autant que l’agent ou que les agents lui communique un sens subjectif. Et par action « sociale », l’action qui d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement » (M. Weber, document 23)
Toute action n’est pas nécessairement une action sociale !
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Objet et méthode de la sociologie selon M. Weber
4. Pour « comprendre par interprétation », le sociologue a besoin de définir et de construire un ou des idéal-type(s)
« On obtient un idéal-type en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchainant une multitudes de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre et parfois pas du tout, qu’on ordonne selon les précédents points de vue choisis unilatéralement, pour former un tableau de pensée homogène » (M. Weber, document 15)
L’idéal-type permet de comprendre le « déroulement et les effets » des actions sociales
Exemple : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905) : l’idéal-type du « protestant » s’articule avec l’idéal-type du
« capitaliste » ;
Weber montre qu’il existe une affinité élective entre l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme
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Définition
• Action sociale
• Sociologie (au sens de la sociologie
compréhensive)
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Une application contemporaine de la méthode sociologique de Weber : L’épreuve du chômage
• Dominique Schnapper, sociologue française, membre du Conseil constitutionnel entre 2001 et 2010, Professeure à l’EHESS
• Bibliographie sélective :
• L’épreuve du chômage, 1981/1994 C.
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• En se fondant sur un important travail d’enquête et d’entretiens, Schnapper montre dans cette étude que :
① Le chômage est vécu comme une épreuve par tous les chômeurs ;
② Ce « vécu » diffère fortement selon certaines caractéristiques propres aux chômeurs. Comment rendre compte d’un vécu différent du chômage selon les individus ?
• Schnapper construit 3 types-idéaux de chômage : a. Le chômage total : perte de statut social, anomie consécutive à
la rupture des liens sociaux avec les autres instances de socialisation
b. Le chômage inversé : les individus vivent le chômage en investissant fortement dans des activités autonomes et émancipatrices compensatoires
c. Le chômage différé : les individus affectent l’intégralité de leur temps à la recherche d’un emploi (stages, entretiens, bilan de compétences, etc.)
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Une application contemporaine de la méthode sociologique de Weber : L’épreuve du chômage
• Ces trois types-idéaux de chômage conduisent à poser les deux questions suivantes :
i. Comment expliquer que dans certains cas, le chômage produit de l’exclusion et non dans d’autres ?
ii. Quelles sont les caractéristiques des individus qui parviennent à « résister » à l’exclusion par le chômage ?
• L’utilisation de types-idéaux à partir d’entretiens avec des chômeurs conduit Schnapper à proposer deux réponses :
1. L’intensité et le volume des activités de substitution à l’emploi protègent de l’exclusion
2. Le degré d’intégration des individus à d’autres institutions que celles liées à l’emploi protègent de l’exclusion
• Conclusion de l’étude : • Le vécu du chômage ne dépend pas de critères propres aux
individus (la motivation) mais de ressources culturelles et relationnelles ;
• Il existe des inégalités dans le vécu du chômage
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Une application contemporaine de la méthode sociologique de Weber : L’épreuve du chômage
En guise de conclusion…
• Voir cours de secours…
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