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  • 7/26/2019 Ceux Qui Tiennent Le Maroc

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    TELQUEL 2 AU 8 OCTOBRE 2010

    UN DOSSIE

    LA RDACT(Acha Akalay, Bennani, Moham

    Boudarham,Crtois, Ha

    Hamdani, TarikFahd Iraqi, M

    Michbal, Ayla MrHicham Oulmoud

    Youssef Zir

    TELQUEL 2 AU 8 OCTOBRE 201038

    Rabat Casa, on le sait, cest le pouvoir central.Pour le conqurir, moins dy tre directement parachut, il faut dabordasseoir un rseau local, loin des deux capitales du royaume. Ils sont eneffet nombreux, les cracks de la politique ou les champions des affaires avoir commenc par affter leurs armes dans leur fief avant de monter Casablanca ou Rabat. Certains nont mme pas eu besoin de se dplacer,exerant une grande influence nationale sans jamais quitter leur rgion,leur ville, leur territoire personnel.

    Pour bien comprendre le quadrillage du royaumeet le pouvoir de tous ces hommes dinfluence, nous avons choisi de dcou-per le Maroc en treize rgions, avec le parti pris dcarter les deux capi-tales (Rabat, Casablanca) vers lesquelles tout et tous convergent dunemanire ou dune autre. Bien entendu, notre dcoupage ne reproduit pasles tracs administratifs du royaume. Cest surtout un instrument de tra-vail, pratique et utile, dont nous nous sommes servis pour mieux illustrerle pouvoir local, son rayonnement rgional, son importance nationale.

    Le rsultat est une compilation intressantesur le profil et le parcours des hommes qui tiennent le Maroc. Partis derien, parfois bien ns, ils ont pu, un moment ou un autre, reprsen-ter un croisement et une rencontre inattendus entre les pouvoirs poli-tique et conomique. Ils incarnent les deux la fois. En creusant un peuplus, on peut voir aussi comment ces deux pouvoirs se nourrissent lunde lautre et soutiennent en sous-main des leviers aussi surprenants quele sport ou lassociatif. Bonne lecture. FAHD IRAQI

    CEUX QUI

    TIENNENTLE MAROC

    E N C O U V E R T U R E

    LeMag

    Qui sont les puissants du royaume ? Do tiennent-ils leur pouvoComment se matrialise leur influence ? TelQuela men lenqut

    Khelli HennaOuld Errachid

    IliasOmari

    MohamedMfadel

    MohamedAchraf

    Abroun

    OmarHejira

    HamidChabat

    DrissSentissi

    MiloudChaabi

    AbdelhadiAlami

    TarikKebbaj

    HakimDoumou

    BrahimZniber

    MohamedZahidi

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    TELQUEL 2 AU 8 OCTOBRE 201040 TELQUEL 2 AU 8 OCTOBRE 2010

    CEUX QUI TIENNENT LE MAROC

    D

    epuis lindpendance,la rgion de Tanger estla terre promise denombreuses familles

    venues des quatre coinsdu royaume pour y faire fortune.Ce qui explique quaujourdhui,les seigneurs de la ville du dtroitn'en sont pas forcment origi-naires. Samir Abdelmoula, actuelmaire et premire star sansconteste de la ville, na pas vu lejour Tanger. Lhomme de 3 6ans a tout pour lui : la jeunesse,largent, le sens des affaires etsurtout la chance dtre bien n.Son pre, Ali Abdelmoula, origi-naire de Sidi Kacem, sest installau nord au milieu des annes1980 et a pris la direction de laCOMARIT, devenue depuis lepremier transporteur maritimedu pays. Mari la nice du g-nral Dlimi, une riche propritai-

    re terrienne, Ali Abdelmoula a sudvelopper son empire en tirantprofit de la forte affluence de pas-sagers qui transitent par le portde Tanger (plus dun million paran). Samir a tout naturellementrepris les rnes de lentreprise depapa, qui gnre aujourdhui unchiffre daffaires annuel de plusde 2 milliards de dirhams et em-ploie prs de 2000 personnes. En2007, il prend la tte de BiladiVoyages, un rseau dune ving-taine dagences implantes enEurope, puis cofonde Cap Radio,base Tanger et qui diffuseen arabe et en tarifit.

    Alliances politiquesLa russite en affaires ne suffi-

    ra pas Samir, qui se dcouvretrs vite une vocation politique.Intgr au parti de Fouad Ali ElHimma, il remporte les lectionscommunales en 2009, soit troisans aprs la dfaite cuisante deson pre face au maire sortant delpoque, Dahmane Derhame. Cedernier, un Sahraoui rput, doit,entre autres, son pouvoir local lalliance avec une autre famillepuissante de Tanger : il est mari

    Fatima Abakil, fille du dfuntAbdellah Abakil. Ce natif de Ta-fraout sest install Tanger dsles annes 1940 en tant que com-merant. Moins de vingt ans plustard, il se retrouve la tte dunrseau de 160 piceries. En 1962,il fonde une minoterie dans la vil-le du dtroit et une entreprisespcialise dans la fabrication depiles lectriques, la fameuseElectrochimie Africaine, qui pro-duit notamment les Superlux.Politiquement engag, AbdellahAbakil a t lun des fondateurs

    de lUNFP, avant dtre un sym-pathisant de lUSFP. Elu premierprsident de la Chambre de com-merce de Tanger, il est lune desfigures phares de lindustrie de laville. La famille Abakil force lerespect Tanger. Ses membres sesont imposs dans lindustrie, unsecteur o la concurrence est rudeet les magouilles peu frquentes,rapporte un journaliste de la r-gion. A la mort du patriarche Ab-

    dellah, en 1970, ce sont ses frresHoucein et Najem qui vont assu-rer la prosprit de lempire, quicompte aujourdhui des usines

    dans lindustrie agroalimentaire,le textile et des entreprises depromotion immobilire.

    Ttouan, une ville satelliteSouvent, les grandes familles

    de Tanger tendent leur in-fluence sur la ville voisine deTtouan. Lexemple le plus frap-pant est sans doute celui desAbroun. Le fondateur de la cha-ne de distribution dappareilslectromnagers tait un petitcommerant qui coulait de lamarchandise en provenance deSebta dans son local tangrois.Son commerce allant bon train,

    il se mit importerdes appareils de Co-re. De l est n le

    groupe Goldvision,en 1995. Baptis de-puis peu Abroun, legroupe brasse pasmoins de 750 mil-lions de dirhams dechiffre daffaires.Russir dans le mon-de des affaires ne suf-fit pas a ux f amil lesfrachement tabli es.Leur objectif suivantdevient alors le gainen notorit. Ce fut

    le cas pour la famille Abrounqui a utilis le sport commeascenseur social, expliqueun journaliste bas Ttouan.En effet, lun des fils Abroun,Mohamed Achraf, est devenu le

    prsident du Moghreb Athlticde Ttouan (MAT) et son ambi-tion est clairement affiche : Jeveux faire du MAT la premireentreprise sportive du pays. Ce-lui qui rgne dsormais sur Sa-niat Rmel a fait savoir dans lapresse locale quaucun effort nesera mnag pour faire de sonclub une rfrence du footballnational. De quoi gagner en no-torit, cest sr.

    Abdelmoula atout pour lui :

    la jeunesse,largent, le sens

    des affaireset surtout la

    chance dtrebien n.

    Une richesse cosmopoliteIls sont venus dailleurs pour conqurir le dtroit

    TANGER-TTOUAN

    L

    a rgion est bien connuepour son pass tumul-tueux. Une mmoireavec laquelle on narrive

    toujours pas se rcon-cilier et qui est au cur des en-je ux de po uvo ir da ns le Ri fdaujourdhui. Parmi les puis-santes familles de la rgion, leclan Ameziane doit son influen-ce son poids historique, plusqu sa richesse matrielle ou ses filiations. Mohamed Amezia-ne, le dernier marchal duMaroc, El Malo pour les hispa-niques, a combattu dans lesrangs de larme franquiste pen-dant la guerre civile espagnole.Un personnage controvers quifait nanmoins partie de lhistoi-re de la rgion. Lorsque sa fille,Leila Ameziane, pouse de Oth-man Benjelloun, rige un muse sa mmoire en 2006, associa-

    tions et particuliers tentent de syopposer. En vain. La mmoiredu marchal est honore auxfrais de la richissime famille.Chacun a le droit de crer unmuse pour son papa. Cest leurdroit, leur argent, lance ce mi-litant dun ton caustique. Pourlui comme pour beaucoup, siAmeziane a sa place dans lhis-toire de la rgion, le Rif attend,depuis prs dun sicle, un mu-se pour Abdelkrim Khattabi.

    La nouvelle starUn des fervents dfenseurs

    de la mmoire de ce personna-ge h is tor ique n est au trequIlias Omari. Celui qui est deve-nu aujourdhui le vritable hom-

    me fort du Rif sest fait connatreen jouant sur le tableau histo-rique. Condamn cinq ans deprison par contumace en 1987,aprs les vnements dAl Ho-cema (meutes contre la haussedes prix rprimes violemmentpar les forces de lordre), il fon-de, en 1999, lassociation desvictimes des gaz toxiques au Rif.Pour se faire entendre proposdes bombardements chimiques

    lancs par lEspagne lors de laguerre du Rif et leurs rpercus-sions sur la sant des Rifains,Ilias Omari nhsite pas fairedu tapage mdiatique. Aprs letremblement de terre dAl Ho-cema, la fougue associative lereprend : en 2005, il prside

    ARID, lAssociation Rif podveloppement et la solidafin de dnoncer les dficitmarginalisation de sa r

    chrie. Le Rifain pure sosest impos comme un hmarionnettiste dans sa rSon nom est intrinsqueme tout ce qui touche, politment, culturellement et soment, le fief de Abdelkrim.

    Lobbyiste du PAMPlus quun agitateur,

    Omari est un lobbyiste disprfrant safficher au volasa petite citadine plutdans son rutilant 4x4, lactmoustachu n hsi te pprendre en charge les Rihospitaliss Casablanca obat. Pas de signe ostentatorichesse, pas de biens matapparents, Ilias Omari se

    proche du peuple dont il esPourtant, lhomme a ses enpartout. Outre plthore dats associatives, il est la tfestival dAl Hocema, prsdu club de foot Chabab Hocema, membre de lIRet du Conseil suprieur communication audiovisOn lui prte dailleurs dexig une radio pour le davoir fait pression pour laen place de Cap Radio, dodeux-tiers des programmeen tarifit. Mais ce sont suses activits semi-officiellelui valent sa puissance confident de Driss Benzeest aujourdhui lun des pdu clan El Himma. Sans

    partie du bureau du PAM celui du Mouvement pourles dmocrates), cest grcerseau quil rallie les cadrRif la cause de lauthenticde la modernit. Cest auqui rvle Hakim Benchemch, la nouvelle toile parletaire du PAM la deuxchambre. Un autre personqui incarne une nouvelle ration de Rifains.

    Ilias Omariest la ttedu festival

    dAl Hocema,prsident duclub de foot

    local, membre

    de lIRCAM etdu Conseil

    suprieur de lacommunicationaudiovisuelle.

    Lhistoire daujourdhuiLe poids du pass pse toujours dans la balance du pouvoi

    RIF

    SamirAbdelmoula

    MohamedAchrafAbroun

    LeilaAmeziane

    Ilias Omari

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    A lEst, rien de nouveauORIENTAL

    Quand le fondateur duParti de lIstiqlal sappel-le Allal El Fassi, il ne fautpas stonner de voir lacapitale spirituelle sous

    lemprise quasi totale de cette

    formation politique. Les plusgrosses fortunes de Fs sont eneffet tous des sympathisants duparti de la balance. Parti qui d-tient une majorit confortabledans le conseil de la ville, prsidpar une des figures les plus em-blmatiques de lIstiqlal.

    Un puissant maireHamid Chabat, maire de Fs de-

    puis 2003, nest pas un Fassi puresouche. Il est n en 1953 Bra-ness, un patelin dans la rgion deTaza. La capitale spirituelle, il larallie en 1970 pour intgrer lIns-titut de technologie applique, oil dcroche un diplme de tech-nicien tourneur. Chabat se rvlerapidement comme un grand

    meneur syndical sous la bannirede lUGTM quil intgre ds 1975.Ce mme syndicat dont il prendles rnes en 2009 aprs avoircart, successivement, Abderra-zak Afilal et Mohamed El Anda-loussi. Sa premire expriencelectorale remonte 1992. De-puis, il ne rate aucun scrutin, avectoujours le mme succs (3 man-dats de dput en plus de ses deuxmandats de maire). Car Chabat semontre trs habile pour consolidersa cote de popularit. Lhommeest toujours en campagne, ex-plique un journaliste local.Il nest

    jamais dans son bureau, toujoursproche des citoyens. Il lui arr ivemme de signer des autorisationssur le capot dune voiture. Les

    Fassis lui reconnaissent un bilanhonorable, que ce soit au niveaudes infrastructures que de la scu-rit. Sur le terrain social, le mairedlgue quasiment tout sonpouse. Lady Chabat, Fatima Tarekde son nom, est une Mre Teresalocale, organisant la distributionde cartables ou de ftours, crantmme un festival de mariage pourpermettre aux couples dfavorissde convoler en noces. Depuis

    2009, elle fait aussi dans la poli-tique, puisquelle a t lue pre-mire vice-prsidente de lacommune Zouagha-Bensouda,fief lectoral des Chabat.

    Mais Si Hamid ne fait pas quedans la politique. Il est devenu unpromoteur immobilier, loin desa rgion dinfluence. Il vite tout prix de faire des affaires Fs, pour viter de se retrouv eraccus dabus de pouvoir, ex-plique notre source. Cela dit, sonavnement a chang les qui-

    libres de pouvoir. Avec Chabat,il y a eu une nouvelle configura-tion des influences, une nouvellergulation des rseaux, confir-me cet universitaire de Fs.

    Businessmen daujourdhuiDe nouvelles stars du business

    sont alors apparu Fs. Il y adabord Mohamed Guessous. Cetentrepreneur est la tte dungroupe immobilier, AFEJ, qui ri-

    valise avec les champions naux (CGI, Addoha, etc.).

    seul, il dtient quelque 427tares dans le primtre urbvient rcemment dannoncprogramme dinvestissedenviron 20 milliards drhams. Par ailleurs, son Astion Moulay Idriss prencharge la restauration de pr2000 maisons dlabres mdina. Autre nouvelle fqui a connu une ascensiogurante : Driss Fassih. Patrplusieurs agences de volhomme dtient lexclusivila vente des billets du Fedes musiques sacres, laimportante manifestation relle de la ville, trs couru

    les officiels. Il est mdevenu le prside

    Conseil rgional dr isme de la rggrillant la politeune autre personinfluente du secAziz Lebbar. Le consMP qui a v ir contrle le tiers capacit htelireville travers sa cZalagh. Autant deveaux businessme

    ont vol la vedette aux grafamilles traditionnelles de lle. Parmi les grands nomsBelkhayat qui dtient plusentreprises de textile qui llent de prsider lunion rgle de la CGEM de Fs. Agrand nom : El Hadi Tajm

    Autrefois considr commplus grande fortune de la son patrimoine samenuispuis la fermeture de son usicramique, Cocema, et la dration de son tat de sant. Sveux nont pas eu le mme en affaires, explique notre soSeules les actions de mcnaces depuis longtemps pamouti leur permettenconserver une certaine notori

    Avec Chabat,il y a eu une

    nouvelleconfigurationdes influences,

    une nouvellergulation des

    rseaux.

    La nouvelle reFS

    Lavnement dun nouvel homme foa reconfigur les rseaux dinfluenU

    n personnage est incon-tournable dans le nord-est : S idi Hamza AlQdiri Al Boutchichi.Hritier dune ligne de

    guides spirituels, il est vnr tel

    un prophte par les adeptes de laTariqa Boutchichia, qui, au fil desannes, ont fait la fortune de laconfrrie grce aux dons enterres et en numraire. Son in-fluence dpasse largement la pe-tite localit de Madagh, maisonmre de la Tariqa, pour tendreses tentacules au sein de lappa-reil de lEtat o il compte denombreux adeptes. Madagh estdailleurs devenue une tape in-contournable pour tout ministreet responsable de passage dans largion, qui ne manquent pas deprsenter leurs hommages auguide spirituel. Cest encore plusvrai d epui s que le Pa lais (quiprotge Cheikh Hamza) a dopson pouvoir, en misant

    beaucoup sur lui dans sa po-l i t ique de relance deszaouas pour contrer le sala-fisme. Rabat a dailleurs faitun joli cadeau son fils,Hmida, en le nommant gou-ver neu r de la pro vin ce.Lentrisme de la famille deSidi Hamza ne sarrte pasl. Simple exemple parmidautres, son neveu Tawfikest numro 2 de lAgence dedveloppement de lOriental.

    Au nom du preOmar et Taoufiq Hejira peuvent

    aussi dire merci papa. Ils ontcapitalis Oujda sur lhritagepolitique de leur pre, Abderrah-mane Hejira, un cacique du parti

    de lIstiqlal et lun des instigateursdu soulvement du 16 aot 1953dans la ville de lOriental. Un CVpareil, a vous pose un homme.Dautant que AbderrahmaneHejira a trac la route ses deuxfils au sein des instances rgio-nales de lIstiqlal. Ce sont deshommes dappareil. Cest de lquils tirent leur puissance, plusque de leur popularit, rsumeun acteur associatif oujdi. Le cas

    du prsident du conseil de la vil-le, Omar, qui a fait toute sa car-rire politique dans la capitalede lOriental, en est lexemple leplus frappant. A lge de 7 ans,son pre linitie au travail asso-ciatif au sein dune organisationde jeunes dpendant de lIstiq-

    lal. En 1982, il est lu secrtairergional de la jeunesse scolairede lIstiqlal. Ce galop dessai,sous laile protectrice de son p-re, se parachvera par uneconscration en 2003 : Omar re-joint le comit central et prendles rnes de lIstiqlal Oujda. Ceparcours sans faute de fils pa-pa na pas manqu de fairegrincer des dents parmi les mili-tants. Lors des lections locales

    de 2002, des voix se sont levescar le parti avait confi la tte de

    liste Omar. Le jugeant trop effa-c, elles ont considr ce castingcomme un hommage rendu audfunt pre, et non pas un choixbas sur ses qualits de leader.

    Le roi de la clmentineUn dicton a cours Berkane :

    Le ciel appartient Dieu et laterre aux Belhaj. Cest ainsi queles habitants de la ville rsumentle patrimoine foncier immensede la famille de Ali Belhaj. Ce der-nier a hrit de son pre - pion-n ier dans l expor tat ion declmentines - de nombreusesfermes dexploitation dagrumesdans la rgion. Il est aussi lheu-reux propritaire, avec dautresmembres du clan, de la quasi-

    totalit des terrains encerclantBerkane. Si bien quaujourdhui,toutes les constructions nou-vell es s e fon t sur des loti sse-ments appartenant aux Belhaj.La puissance conomique dupre de Ali Belhaj a jou en fa-veur du fils, qui a remport hautla main la prsidence du conseilrgional de lOriental. Il ne sencache pas dailleurs : Se prsen-ter dans sa rgion peut tre pourun fils de notable un plus ou unmoins. Pour moi cela a t unplus, nous a-t-il confi. Et AliBelhaj, roi de la clmentine Berkane, compte bien en deve-nir lempereur. Il a ainsi cr en2005 une socit mixte (La com-pagnie agricole Belhaj-Canav-

    se), dtenue parts gales avecune entreprise franaise de n-goce de fruits. Cette entit ex-ploite 600 hectares attribus parlEtat au moment de la privatisa-tion des terres de la SODEA. AliBelhaj et ses associs franais,qui emploient de 100 300 per-sonnes selon les saisons, produi-sent annuellement 5000 tonnesdagrumes et comptent quadru-pler ce volume avant 2013.

    Le fils deCheikh Hamzaest gouverneurde la province,

    son neuveu estnumro 2 delAgence de

    dveloppementde lOriental.

    Spiritualit, apparatchisme et clmentine,cest le triptyque sur lequel se fonde le pouvoir.

    CheikhHamza

    HamidChabat

    AzizLebbar

    OmarHejira

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    L

    a rgion de Mekns estlune des plus fertiles duroyaume. Ce nest pas unhasard si la plus impor-

    tante manifestation agri-cole du pays, le Salon internationalde lagriculture, se tient dans lacapitale ismalienne. De facto,les puissants de Mekns sontpour la plupart de grands exploi-tants agricoles. A leur tte,Brahim Zniber, patron des Celliersde Mekns, premier producteurde vin au Maroc. Il est sansconteste le baron de la ville. Songroupe, Diana Holding, compteparmi les grands conglomratsdu pays : 8400 hectares de plan-tations, 6500 salaris, 2,5 mil-liards de dirhams de chiffredaffaires. Il exporte aussi unbon million de bouteilles (4% desa production) vers lEurope, lesEtats-Unis ou encore le Japon.

    Plus que sa fortune, lhomme abti sa rputation sur une activi-t dans laquelle peu dentrepre-neurs osent se lancer en terredislam : la viticulture. Lhommetient aussi la diversification desactivits de son groupe. DianaHolding compte deux unitsdembouteillage de Coca-Cola Tanger et Oujda. Dans son por-tefeuille, le businessman metaussi de ct des petits paquetsdactions dans des banques etdes assurances. Autre magnatde lagro-industrie : Raphal Devico,patron des Conserveries deMekns. Cre en 1929, lentre-prise figure parmi les plus an-ciennes industries du royaume.Aujourd'hui diversifi dans plu-

    sieurs mtiers, son groupe estconnu pour sa marque-phare :Acha, dcline sur diffrentsproduits, du concentr de toma-te l'huile de table.

    Un champ partDevico est un membre actif

    du Conseil de la communautisralite. Il est la cheville ou-vrire de l'organisation de leurmoussem Mekns, qui draine

    chaque anne plus de 3000plerins. Mais lhomme ne semle quasiment jamais de poli-tique locale. Idem pour BrahimZniber. Ancien Istiqlalien, cedernier a pris ses distancesavec la politique depuis long-

    temps. Aujourdhui , i l secontente de garder un il sur lechamp politique local sans vrai-ment interfrer. Cest sans

    doute ce qui lui a permis de pr-server ses intrts, mme dutemps du passage dun mairePJD Mekns (Aboubakr Bel-kora, un autre grand de lagroa-limentaire). A Mekns, il ny apas vritablement denjeux poli-tiques. Du coup, les puissantspr fr ent se n loi gne r, ex-plique une source locale.

    Autre point commun entreDevico et Zniber : les deuxhommes ont constitu leursfortunes dans les annes 1970,surfant sur la vague de la maro-canisation. Aujourdhui, lestemps ont bien chang. Et lesinvestisseurs meknassis se re-mmorent avec beaucoup denostalgie cette poque o il

    tait possible de faire des af-faires sans forcment avoirdappuis politiques.

    Chasse gardeLes rgles du jeu sont donc

    clairement dfinies. Et lesgrandes familles ont chacunesa part du gteau : les Kandoussisont prsents dans lindustriedu papier et dtiennent la plusancienne clinique de la ville.Les Arachi, eux, sactivent dansla minoterie et lenseignementpriv. La famille Moulay MassoudAgouzal dans lhuile et le savon.Tandis que la famille de TaziAlami, (lex-ministre de lIndus-trie, membre influent du RNI etpropritaire de la socit Sefita)

    et celle dAhmed Hilal, actuelmaire de Mekns, contrlentlindustrie du textile dans la vil-le. Nanmoins, de temps autre,des guguerres clatent entreles familles qui oprent dans lem m e s ec t e u r d a c t i v i t .Ctait le cas lors de la passa-tion au priv des terres Sodea-Sogeta o Zniber avait rafl legros de l a mi se, explique unhabitant de la ville.

    EN COUVERTURE

    Le groupe deZniber compte

    parmi lesgrands

    conglomrats :

    8400 hectaresde plantations,6500 salaris,

    2,5 milliards deDH de chiffre

    daffaires.

    Les secrets des fellahsLes industriels de lagroalimentaire y font la pluie et le beau temps

    MEKNS

    AlamiTazi

    BrahimZniber

    DR

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    P

    eu de gens, notamment Knitra, connaissentaujourdhui les hritiersdes anciennes grandes

    familles qui ont rgnsur la rgion du Gharb. Exit,entre autres familles, les Hraga etles Mchich qui se trouvaient latte de grandes tendues deterres fertiles. Les petits-fils,nombreux et disperss, sont tom-bs dans lanonymat et ne fontplus le poids. Mais il y a ceuxqui ont rsist, fait fructifierleurs fortunes et qui continuent faire figure dacteurs incon-tournables dans lconomie, lapolitique, voire le sport, SidiSlimane, Sidi Kacem et Knitra.

    Les seigneurs de KsibiyaCommenons par Sidi Slima-

    ne. Dans cette localit, tout lemonde na dyeux que pour la

    tribu des Oulad Hannoune, etsurtout pour une personnalitqu on ne prsente plus :Abdelouahed Radi. N Sal il y a75 ans, il na jamais rompu avecla terre de ses origines, Ksibiya,petite commune rurale quilprside depuis des dcennies.Lors des dernires lectionscommunales, lancien ministrede la Justice et actuel chef de fi-le de lUSFP sest encore prsen-t dans son fief. Le succs est,comme dhabitude, au rendez-vous : sa liste a remport 19 des26 siges en jeu. Il na mmepas be soin de fa ire campag nepuisquune bonne partie de s onlectorat lui est acquise depuisfort longtemps, ironise un jeune

    cadre socialiste originaire de largion. En clair, la populationlui est redevable dtre lun despremiers employeurs du Gharbvia ses immenses e xploitationsagricoles. Lhomme, affirmentdes sources locales, exploite uneautre manne : la fourniture qua-si exclusive de bois Cellulosedu Maroc Sidi Yahia. Linfluen-ce de Abdelouahed Radi permet tout son clan de percer dans le

    monde des affaires mais aussien politique. Son neveu Driss Radiest lu communal au sein dumme conseil de Ksibiya. Maisil est surtout prsident duconseil provincial de Sidi Sli-mane, ville rige en prfecture

    il y a quelques mois. Conseiller la deuxime chambre, DrissRadi prside le groupe delUnion constitutionnelle (UC),

    parti dont i l est dailleursmembre du bureau politique.Il est considr comme le vri-table patron de ce parti dans largion du Gharb.

    Businessmen du PAMDautres formations politiques

    ont aussi leurs hommes quicomptent dans cette rgion. AKnitra par exemple, lIstiqlalsest longtemps appuy surMekki Zizi avant quil ne virePAM la cration de ce parti. Zi-zi, figure habituelle du parle-ment, a hrit dune immensefortune constitue de terresagricoles avant de se diversifierdans limmobilier et lindustrie.Lors des dernires lections

    communales, le patron local duPAM est parvenu la prsiden-ce du conseil de la rg ionGharb-Chrarda-Beni Hssen. LePPS, de son ct, compte sur leclan Ghzaoui, une riche familledagriculteurs qui rgne sur Si-di Kacem. Lors dune prc-dente lgislature, le trio desGhzaoui (Kacem, Ahmed etMostafa) ont tous obtenu leurticket de dputation. Aujour-dhui, ils ne sont plus que deuxsous lhmicycle, le troisimese contentant de prsider lacommune de Had Kourt.

    Autre famille trs influentedans la rgion, les Doumou. Euxont prfr jeter leur dvolusur le sport et spcialement le

    football. Le pre, Mohamed, alongtemps prsid aux desti-nes du club phare de Knitra,le KAC. Aujourdhui, cest sonfils, Omar, qui a repris le flam-beau et savoure les exploits duclub chez llite. La familleDoumou a li ses affaires auport de Mehdia o elle sest ins-talle depuis des dcenniespour faire dans limport-exportet le transit maritime.

    Lors desdernireslections

    communales,

    La liste deRadi a

    remport19 des 26

    siges en jeu.

    Le fief des agriculteursLe pouvoir est partag entre les grands propritaires terriens.

    GHARB

    S

    itue sur la rive droite del'embouchure du Boure-greg, Sal, linstar desvilles s atellites , devient

    le refuge du surplus depopulation de Rabat et rgions.En effet, depuis les annes 1960,la population de la ville a connuune expansion fulgurante, jus-qu' atteindre un million dhabi-tants en 2009. Cette abondancede main duvre fera le bon-heur des socits de textile quideviendront les premiers pour-voyeurs demplois da ns la villeet permettra lmergence dequelques capitaines dindustriescomme El Ghali El Jaouhari, qui afait fortune dans les tapis avantde se convertir dans le textile, ouencore Fouad E l Bernoussi etAzzedine Krafess, tous deux pa-trons dARTCO, socit spciali-se dans le tissage de tapis.

    Grce au boom de la spculationimmobilire amorc dans la vil-le au dbut des annes 2000,une nouvelle gnration de pro-moteurs voit le jour, commeBadreddine Snoussi, ou encorelemblmatiqueDriss Sentissiquia su allier business et politique.

    Une famille politiquePersonnage-cl de Sal, Driss

    Sentissi a vu le jour Mekns en1955. Il a entam sa carrire ausein de lhtel Hilton de Rabat,o il fera ses premiers pas enpolitique au sein de lUnionmarocaine du travail (UMT). Lejeune Sentissi va reprendre len-treprise familiale (productricede zellije) sur laquelle il va btir

    un petit empire. Pour innover, ilse lance dans un crneau trsporteur lpoque : les colesdenseignement priv. Son pla-cement va tellement russir quilse retrouve la tte du groupescolaire Al Amana, comptantplusieurs coles Sal, Rabat etKnitra. En 1993, il a le flair din-vestir dans la construction dundes premiers lotissements in-dustriels au Maroc. Jai tou-

    jours ax mon business autour depro jet s i ndu str iel s c ra teu rsdemplois durables, nous ex-plique-t-il. Paralllement,lhomme se lance dans la poli-tique en rejoignant le ple hara-ki. Il se retrouve alors candidattte de liste la commune de Sa-l-Bettana qui va lui ouvrir lesportes, ds 1993, la prsidencede la commune urbaine de Sal.

    Il reste maire de la ville jus-quaux dernires lections com-munales de 2009. Au sein de safamille politique, il gravit leschelons et occupe plusieurspostes sensibles, comme prsi-dent du groupe parlementaireou encore premier vice-prsi-dent de la premire chambre dupar lement . Et la po l i t iquesemble une affaire de famillechez les Sentissi. Son beau frre

    nest autre que Allal Sekrpatron de la toute puissanrection gnrale des collets locales au sein du min

    de lIntrieur. Le frre de Sentissi, quant lui, se lanpeine dans larne politOmar Sentissi sest fait prsident du conseil de ladissement de Layayda prfecture de Sal) en 2sous les couleurs du Moment populaire (MP).

    Le Cheikh et sa JamaSi la gestion communa

    Sal est, en grande partie, les mains des Sentissi, une figure dtient un grand pode mobilisation politiqusagit de Cheikh Yassine, le ldAl Adl Wal Ihsane. Danannes 1970, il quitte March pour sinstaller sur la

    droite du Bouregreg. Ensissant cette villesine sest approccercle de pouvolequel il espraper cute r so n ppoliti que, soule chercheur Mmed Dar if . E1989 et 2000, Yaest assign dence, forant reau politique Jama dlire d

    cile Sal (dans la villa mitne de sa maison). Nanmsi le sjour du leader islaa mis la ville au centrepriorits des scuritairesurveillaient de prs les m

    ments dAl Adl, on ne peuparler de vritable ancragides de Yassine parmSlaouis. Mme si cest unhistoriquement conservaYassine na pas russi enun fief islamiste, parce quil nsait pas le poids devant les gsymboles du nationalisme mcains comme Abderrahim Bbid et Boubker El Kadsouligne Mohamed Darif.

    Sentissi estdevenu

    prsident dela commune

    urbaine de Salds 1993.

    Et il est restmaire de la villejusquen 2009.

    Lautre rive du BouregregUne famille dans larne officielle, une autre dans la clandestinit

    SAL

    HakimDoumou

    Abdelouahed Radi

    CheikhYassine

    DrissSentissi

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    PRESS

    DR

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    CEUX QUI TIENNENT LE MAROC

    Les habitants de lancien-ne Fedala nont toujourspas perdu le souvenir dedeux hommes qui ontmarqu la ville : Mohamed

    At Menna et Saleh Kabboud. Partis

    de rien, ces deux notables ama-zighs, originaires de Demnate,ont fait fortune dans limmobi-lier, lagriculture et les travauxpublics. Ils restent dans la m-moire des Fdaliens pour avoirt trs impliqus dans le mc-nat et le sport. Mohamed AtMenna tait le principal pour-voyeur de fonds pour lorpheli-nat de la ville et le club local defoot (le Chabab) quil a long-temps prsid. Dcds il y aquelques annes, les deuxhommes ont lgu leurs hri-tiers un patrimoine consquent,quils continuent de grer sansfaire trop de vagues. Et sans tropse mler de politique.

    Un novice en politiqueLa politique, cest dsormaislaffaire de Mohamed Mfadel .Lactuel maire PAM de Moham-media est parti de rien avant dese faire une place au soleil. Enpolitique, mais surtout dans lesaffaires. Ce natif de Derb MoulayChrif Casablanca a migr enFrance lge de 11 ans. Il estrentr au bercail en 1982 pour selancer directement dans le busi-ness. Je me suis dabord lancdans le locatif avant de dchan-ter, nous confie-t-il. Il y a troisans, il a fusionn son groupeavec celui de Mohamed Allal ipour donner naissance au grou-pe AM (Allali Mfadel). Il ny apa s d e se cr et pu is qu e no us

    sommes beaux-frres, rpondMfadel au sujet de ce rapproche-ment qui a abouti la cration dela plus puissante compagnieimmobilire de Mohammedia,qui tend dsormais ses activi-ts des localits situes entreRabat et Casablanca, Marra-kech et au nord du pays.

    En politique, Mohamed Mfa-del est quasiment un novice. Ilnavait jamais adhr un parti

    mais dcide de rejoindre le Mou-vem ent pou r to us les dm o-crates (MTD) sa cration. Cestensuite tout naturellement quilse retrouve au Parti authenticitet modernit (PAM). Lassise r-gionale de Mfadel lui permet dese hisser au poste de coordina-teur provincial du parti Mo-

    hammedia. Il est alors bien posi-tionn pour dfendre les cou-

    leurs du parti lors des lectionscommunales de juin 2009. Et, lencore, sa notorit Moham-media lui permet de rafler lamise : sa liste remporte 16siges des 43 que compte lacommune. Et par un jeu dal-liances, Mfadel se retrouve ausecond tour prsident duconseil de la ville, succdantainsi un autre baron local.

    Un promoteur enchasse un autre

    Mohamed El Atouani, lancienmaire de la ville, a un parcoursquasiment semblable celui deson successeur. Commerant lorigine, il sest galementconverti dans la promotion im-

    mobilire dans les annes 1980.Ses succs lectoraux, MohamedEl Atouani, patron de la sectionlocale du Rassemblement natio-nal des indpendants (RNI), lesdoit essentiellement aux quar-tiers priphriques de Moham-mdia, mais aussi la droute dedeux partis traditionnellementimplants dans cette ville ouvri-re : lUSFP et lIstiqlal. Mais depuisles dernires lections commu-nales, il est accul lopposition.Sauf que El Atouani a plus d untour dans son sac. Ecart de laprsidence de la commune, il re-bondit grce son large rseaulocal pour arracher le fauteuil deprsident du conseil provincial.

    Les deux figures politiques de

    Mohammedia sont ainsi deuxhommes daffaires trs en vuedans la ville. Une situation qui,vis ibl eme nt, ne pos e p as deproblmes dthique. Les af-fair es, on e n fa it pa rtout et j epeux vou s assure r que tous lesproj ets de m on g roup e Mo-hammedia ont t autoriss bienavant que je sois lu prsident dela commune, jure, la main surle cur, lactuel maire.

    Mfadel afusionn songroupe aveccelui de sonbeau-frre

    pour crer laplus puissante

    compagnieimmobilirede la ville.

    La guerre des promoteursMOHAMMEDIA

    Larne politique est le prolongement dela bataille dans le secteur immobilier

    MohamedEl Atouani

    MohamedMfadel

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    CEUX QUI TIENNENT LE MAROC

    B

    eaucoup de f iguresemblmatiques ayantoccup, ou occupanttoujours, les plus hautes

    fonctions au sein dupouvoir central sont originairesde Doukkala. Cest le cas notam-ment de Driss Jettou, ancienPremier ministre, Mustafa Sa-hel, ambassadeur du Maroc Paris, ou encore feu Dr Khatib,lun des piliers du Mouvementnational. Doukkala a galementvu natre troi s puissant s gn-raux de Sa Majest : HousniBenslimane, Bouchab Arroubet Abdelhak Kadiri. Mais cesnoms ont forg leur puissancedans les arcanes de Rabat, leurinfluence sur leur rgion natalerestant peu significative. Beau-coup de gens leur reprochent lefait davoir abandonn leu r r-gion. Mai s ils savent aussi que

    ce sont des hommes qui serventlintrt national et ne peuventpr iv il g ie r un e r gi on pa rrapport une autre, expliqueun acteur associatif.

    Dallas DoukkaliLe pouvoir local est en re-

    vanche dtenu par des famillestentaculaires dont les noms nelaissent aucun Doukkali indiff-rent. Les Amar, les Zahidi, lesAbou Al Faraj, les Zahraoui, ou en-core les Kendil rgnent en matressur la rgion Leur pouvoir secalcu le en hectares ou ennombre de ttes de btail poss-ds. Des familles qui vivent enbonne intelligence sans aucunerivalit tribale. La rgion est

    dcoupe en plusieurs zonesdinfluence. Et chaque zone ap-partie nt une d e ce s fam ille s,dans une sorte dentente impliciteque personne nose rompre.

    A Beni Hlal par exemple, cesont les Amar qui mnent le bal.Trs craints, mais trs respectsaussi, les Dallas, comme lessurnomme lintelligentsia douk-kalie, possdent lune des plusgrandes fermes dengraissement

    du Maroc. Une proprit quicompte un cheptel de 30 000ttes qui na rien envier auxfastueux ranchs du Texas. Leurparrain, Feu Lhaj Amar, anciendput et prsident de la com-mune rurale de Beni Hlal, a l-gu son influence et son pouvoir ses deux fils, Fettah et Bou-chab. Un duo de choc qui a sudvelopper le business familial

    et atteindre le sommet de la hi-rarchie rgionale. Mais si laurade Fettah, conseiller la deuxi-me chambre, se limite son fiefnatal, son frre Bouchab estparvenu tendre son influencesur toute la rgion de Doukkalaet mme sur sa rivale dantan,Abda, en sadjugeant, lors desdernires lections commu-nales, la prsidence de la rgionDoukkala-Abda.

    Comme les Amar Beni Hlal,les Zahidi sont les seigneurs deOualidia. Le pre, dcd dunecrise cardiaque lors dune r-

    union du conseil communal, algu son pouvoir son fils Mo-hamed. Un jeune homme trsrespect dans la rgion qui, aveclaide de ses autres frres et cou-sins, a modernis le business fa-milial en se lanant dans laminoterie (activit pilote parson cousin Youssef, qui taitgalement, pendant de longuesannes, prsident de la zone in-dustrielle dEl Jadida). Une assi-se conomico-financire quilui a ouvert les portes de laChambre des conseillers et duconseil rgional de la villedEl Jadida, dont il est aujour-dhui le prsident incontest.

    Chaouia suit le modle

    Bref, Doukkala, le pouvoir sersume le plus souvent en un seulmot : la terre. Un modle quon re-trouve galement dans une rgionavoisinante : la Chaouia, dont lapetite capitale Settat a vu natre uncertain Driss Basri. L encore, cesont des familles qui se partagentle pouvoir. Il sagit des Oukacha,des Mbar ki , des H r iz i et desBenkaddour. De grands propri-taires terriens qui, bnficiantde la proximit de Casablanca,ont pu dvelopper leur businesset diversifier leurs activits pourtoucher des secteurs porteurscomme la promotion immobi-lire, le transport ou encorelagroalimentaire. Certainsdentre eux, sappuyant sur leur

    force de frappe rgionale, ontmme atteint des sommets dansla hirarchie centrale. Cest lecas de feu Mustapha Oukacha,figure emblmatique du RNI etancien prsident de la Chambredes conseillers. Ou encore de sonfrre darmes au sein du mmeparti, Mati Benkaddour, actuelprsident de la rgion ChaouiaOuardigha et ancien prsidentde la deuxime chambre.

    La rgion estdcoupe en

    plusieurs zonesdinfluence.

    Et chaque zoneappartient une famille,

    dans une sortedententeimplicite.

    Terre de pouvoirLinfluence se mesure en hectares ou en nombre de ttes de btail.

    DOUKKALA-CHAOUIA

    S

    il y a un homme omni-prsent dans la vie deshabitants dEssaouira,cest bien Miloud Chaabi.

    Assis sur une fortune es-time plus de 40 milliards dedirhams, le patron de Ynna Hol-ding a bti son influence en in-vestissant 5 milliards de dirhamsdans sa rgion natale. Cettesomme est rpartie entre projetsconomiques ports par ses so-cits intervenant dans limmo-bilier, la grande distribution et letourisme, et projets sociaux sematrialisant sous la formedune douzaine de mosques,une universit et une dizaine demaisons de ltudiant pour logerles lves sans ressources.

    Un richissime bienfaiteurAujourdhui, Lhaj Miloud, en

    plus dtre le premier employeur

    de la rgion, est aussi prsent chaque chelon de la vie quoti-dienne des Souiris, de la priredu vendredi aux courses duweek-end au supermarch, enpassant par lhabitat via sa villenouvelle dEssaouira-Al Jadida,btie la sortie de lancienneMogador. La nouvelle cit, avecses 11 000 logements, est lagrande fiert du milliardaire,qui rappelle souvent que labanlieue Essaouira-Al Jadidacompte autant, sinon plus, din-frastructures et dquipementssocio-ducatifs que sa grandesur, la ville des Alizs. Arc-bou-t sur son pouvoir dentrepre-neur, il a consolid son imagedenfant de la rgion aux petits

    soins pour lconomie locale en yinaugurant (pour le symbole)son premier htel sans alcool en1999, ainsi quun Aswak Assalamen 2010, un autre exemple de sasollicitude. Lhaj Miloud sestaussi bti limage dun bienfai-teur jamais avare de ses deniers.Il accorde une pension mensuel-le de 200 dirhams 4000 dmu-nis et constru it , l heureactuelle, un centre de dialyse qui

    assurera gratuitement ses pres-tations. Elu dput de la ville en

    2002 et 2007, il est pass allgre-ment de lIstiqlal au PPS, chan-geant de casquette politiquesans tats dme, car il se savaitincontournable grce son sta-tut de notable. Il a fait dEs-saouira son f ief lectoral ,ouvrant la ville ses poulains,piochs au sein mme de sa fa-mille. Sa fille Asmae, lue mai-re dEssaouira, a hrit untemps de la ville, tandis que sonfils Fawzi a dmarr sa carrirepolitique sur les terres de sonpre, en tant que conseiller mu-nicipal et rgional dEssaouira.

    La fratrie de AbdaCette reproduction des lites,

    concrtise lors dlections lo-

    cales, caractrise aussi Safi et sargion. La ville de la poterie etde la sardine est la chassegarde de la famille Karim.Mohamed Karim, membre de lIs-tiqlal, y assure la prsidence dela ville et la vice-prsidence de largion, aprs avoir tenu lesrnes des Doukkala-Abda de2002 2009. Il peut de surcrotcompter sur son frre, Abdellah,qui tient la prsidence du conseil

    provincial. Ils oconqurir la ville

    leur dominatSebt Gzoula, une mune rurale donvo ix so nt d tenantes grce au dpage lectoral.

    pre y tait grand propriterrien et avait la concessisouk local, une vritable aux ufs dor dans cette rgvocation agricole. Le patert plusieurs fois rlu lde la commune o les signtrieurs de lomniprsencKarim marquent le paysacal. Ils possdent, entre aule caf o sarrtent tous lereliant Safi Essaouira, hammam porte leur nom.tapha, un autre membre

    fratrie, a succd son prprsidence du conseil comnal, avant dtre interdit prsenter aux lections fraude lectorale lors duntin partiel en 2006. Une toutite embche dans le destintrac de la fratrie Karim. nia, la sur de Mostapha,cupr le bien familiaremportant les lections munales en 2009.

    Lhaj Miloudaccorde une

    pensionmensuelle de

    200 dirhams 4000 dmunis

    et construit,

    actuellement,un centrede dialyse qui

    assureragratuitement

    ses prestations.

    Des familles dinfluenceLa reproduction des lites est hrditaire

    ESSAOUIRA-SAFI

    MohamedZahidi

    MiloudChaabi

    AsmaeChaabi

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    AFP

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    CEUX QUI TIENNENT LE MAROC

    La destine de Marrakech,vitrine du roya ume, e staujourdhui trop impor-tante pour se jouer sim-plement dans les couloirs

    de la mairie. Elle se joue aussiailleurs. La main royale estvoque pour souligner la nais-sance et le succs du Festival in-ternational du film, fiert de laville. E lle es t aussi voque, raison ou tort, pour llectiondune maire-femme, FatimaZahra Mansouri, tiquete PAM.Mais les vrais puissants de la r-gion sont soit des Marrakchis quiont russi, soit des hommes daf-faires qui ont succomb au char-me de la ville ocre.

    Dr Reffouch &Mr Ould Laroussia

    Il y a dabord le fameux OuldLaroussia. Un phnomne, uneinstitution, dit-on Marrakech.Abdellah Reffouch de son vrai

    nom, dextraction populaire, ndans la vieille ville, commencecomme vendeur au souk ElKhmiss. Le petit vendeur de toutet nimporte quoi trne aujour-dhui la tte dun empire tenta-culaire, dont le patrimoine restedifficile estimer. Pour connatrele relev de ses investissements, ilfaut tre aux RG, plaisante cetlu PJD Marrakech. Joint parTelQuel, Reffouch reste dailleursvasif sur ses investissements :De petites rsidences meubles,nous dclare-t-il. Pourtant,lhomme est prsent commelun des gros mcnes de la ville.Il court les mariages, les enterre-ments. Entre deux campagnes, illui arrive dcumer les cafs popu-

    laires de la ville. Il fait aussi beau-coup de dons au club local de foot,le Kawkab, explique une sourcelocale. Cette gnrosit vaut Reffouch une grande popularitparmi les Marrakchis. Surtoutles plus modestes, qui se recon-naissent dans cet homme instal-l An Itti, modeste quartier la sortie de la ville. La foule estdailleurs nombreuse, en 2008, lacclamer alors quil traverse la

    ville dos de cheval pour cl-brer sa nouvelle victoire lecto-rale (lgislatives partielles). Lapolitique, il y baigne depuis sajeunesse. Il a mi lit lIstiqla ldans les annes 1970, avant derejoindre lUnion constitution-nelle (UC) en 1983, coopt parOmar Jazouli, selon les dires dece dernier, maire de la ville ocre

    entre 1997 et 2009. Et quimpor-te si son nom est parfois ml certaines affaires, comme celledes immeubles construits en fa-ce de la rsidence royale deJnan Kbir en 2005.

    Lange gardienLautre personnalit influente

    de Marrakech se nomme AbdelhadiAlami. Les entrepreneurs com-me les hommes politiques de laville parlent de lui avec des tr-molos dans la voix et prsententle boss de Dounia PLM commele saint patron de la cit, dont ilnest pourtant pas originaire. Nen 1941 Fs, Alami narrivedans la ville ocre quen 1978. Ilraconte : En traversant Marra-kech pour aller travailler Es-saouira sur limplantation dun

    htel, jai eu un coup de foudre.Son influence, il la btie autourdun difice emblmatique : lePalais des Congrs, qui porte sasignature. Cest l que lon ac-cueillait les gens connus, les poli-tiques trangers, les princes duGolfe, surtout une poque oMarrakech commen ait rece -voir des visiteurs de ce genre, ex-plique Aziz Cherkaoui, auteurdun ouvrage sur Marrakech.Bien que de nature discrte, Ala-mi intgre le Rassemblement na-tional des indpendants (RNI)pour entamer sa carrire poli-tique. Mais le business reste sonvritable point fort. Rcemment,il a annonc des investissements hauteur de 5 milliards de di-

    rhams Marrakech dans letourisme de luxe. Son projetphare : le Morocco Land, unereconstitution des cits imp-riales marocaines sur 150 hec-tares. Il met galement un pieddans la presse en intgrant lecapital de lhebdomadaire LeTemps et en fondant le journalMagh rib Al Yao um . Il pensemme crer un journal ddiaux Marrakchis.

    OuldLaroussia estlun des gros

    mcnes de laville. Il court les

    mariages, les

    enterrements.Il fait aussibeaucoup dedons au clublocal de foot,

    le Kawkab.

    Des carrires ocresMARRAKECH

    Linfluence est partage entre un fils du bledet un businessman venu dailleurs.

    O

    n dit de Aziz Akhannouchquil gote trs peu aubling-bling, quil dtes-te tre pris en photo, etqu i l a ime encore

    moins tre film. Pourtant, la stardu Souss, cest lui. Il ny a quvoir laccueil q ue lui rserventles Gadiris pendant ses dplace-ments. Le quinquagnaire est unhomme daffaires accompli quipse 10 milliards de dirhams etemploie plus de 2000 personnes travers ses 40 filiales. Le bossdu groupe Akwa dtient ainsi70% du tour de table dAfriquia(6 milliards de dirhams de chiffredaffaires), contrle 34% du mar-ch gazier, et fait aussi dans lesmdias, via le groupe Caractres.Mais il est aussi ministre delAgriculture, et a t mme pr-sident de la rgion Souss-Mas-sa-Dra avant de laisser son

    fauteuil, lors des dernirescommunales, Brahim Hafidi.

    Fellahs milliardairesVritable grenier du Maroc, la

    contre du Souss dtient le re-cord du pays en termes de pro-duction agricole, produisant titre dexemple 8 tomates sur 10.La nomination dAkhannouch,un natif de Tafraout, au poste deministre de lAgriculture en 2007est, en ce sens, tout sauf anecdo-tique. Cest lui qui a t chargpar le roi de semer les graines duplan Maroc Vert, dot de 50 mil-liards de dirhams. Et - devinezquoi - cest cette rgion o il ai-me se ressourcer qui a t la pre-mire lancer lapplication du

    contrat-programme, en bnfi-ciant dun pactole de 10,5 mil-liards de dirhams au plusgrand bonheur des fel lahssoussis. Parmi eux, un certainMhamed Loultiti. Lhomme a cr,il y a une vingtaine dannes, lacooprative Copag qui fait sonbeurre sur le march laitier. Samarque Jaouda est aujourdhui leprincipal concurrent du masto-donte Centrale Laitire, avec une

    part de 20% du march desyao urts . Ma is la coo pr ati vequil prside est surtout unerussite dans le genre puisquel-le fdre quelque 11 000 le-veurs et srige comme lun desprincipaux employeurs du Soussavec prs de 2000 salaris.

    Business, foot & politiqueMais cest Agadir qui reste in-

    contestablement la plaque tour-nante du Souss. Lhomme fortsappelle Tar ik Kabbaj, maire

    USFP de la ville depuis 2003.Lex-professeur universitaire la facult des sciences de Rabat,reconnaissable sa moustache la Albert Einstein, a abandonnles quations pour reprendre leflambeau de lentreprise familia-le en 1984, la mort de son pre.Et, visiblement, il a su faire fructi-fier les 300 hectares dont il a hri-t. A la tte dun empire de 1500hectares (lquivalent dune ville

    comme Tamesna), le capirouge, comme il se surnomrapport sa couleur politiemploie 3000 personnes, praujourdhui un agrume surexports du Maroc, pouchiffre daffaires de 400 mide dirhams. Kabbaj aime sner les artres dAgadir boson 4x4 rutilant, adressant dluts tout-va. Depuis sa nomtion, la ville dAgadir a chanvisage. Kabbaj a ainsi mis ece un programme de relogedes habitants des bidonvilleen boostant lactivit tourisCe qui, disent les mauvlangues, arrange bien les afde son frre Khalid qui faidans limmobilier haut deme, aprs stre fait la mainles logements sociaux.

    La famille Belhassanconnue dans le S

    fait aussi dans lare, prcismentles villas haut ding. Le clan a fait fortune dansbouteillage et ltribution des proCoca-Cola dans du royaume (en25% de parts dech) et dans lhdolive. Et la gusine (HuileriSouss Belhassan

    duisant la marque Lousrasurplombe le port indudAgadir, napprovisionnque le march local, mais lEurope et le Moyen-OrRputs pour tre de gr

    mcnes dans la rgion (iganisent rguliremencampagnes de circoncisionancent des activits artist tour de bras), les Belhasont aussi, avec Akhannoles principaux sponsolquipe de football gadirHassania. Une manire poudeux grandes familles de rler quils sont les vritablegneurs du Souss.

    La puissance du terroirLe pouvoir est entre les mains des gens du ble

    SOUSS

    AbdelhadiAlami

    AbdellahReffouch

    TarikKebbaj

    AzizAkhannouch

    Akhannouchest la star duSouss. Il ny a

    qu voirlaccueil quelui rservent

    les Gadirispendant ses

    dplacements.

    DR

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    DR

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    CEUX QUI TIENNENT LE MAROC

    D

    eux familles, apparte-nant la mme grandetribu (les Rguibat), d-tiennent lessentiel dupouvoir conomique et

    politique au Sahara. Depuis lin-dpendance en effet, les Joum-mani et les Ould Errachid sedisputent ouvertement le lea-dership de la rgion. Il ny a pasde mystre cela, explique cetuniversitaire sahraoui. Pouravoir de linfluence au Sahara,il ne suffit pas davoir de lar-gent. Il faut surtout disposer d esolides assises tribales.

    Les princes du dsertCommenons par les Ould Er-

    rachid, et leur chef de file incon-test : Khelli Henna Ould Errachid,inamovible prsident du Conseilroyal consultatif pour les affairessahariennes (Corcas). Aujour-

    dhui sexagnaire, lhomme atoujours su se rendre indispen-sable dans la gestion de cette r-gion ultrasensible. Dabord sousloccupation espagnole, lorsquilcre le premier parti sahraoui(PUNS). Puis au lendemain delindpendance, en simposantcomme linterlocuteur en chef dupouvoir central. Sur le terrain,Khelli Henna est paul par sonfrre, Hamdi. Vritable hommede rseaux, il a russi se hisser la tte de lantenne saharienne delIstiqlal (parti majoritaire surplace). Il coiffe ainsi le plusgrand nombre de dputs et deconseillers au Sahara, contrlantde ce fait une grande partie du ter-ritoire. Les deux hommes rgnent

    ensuite sur un vritable empireconomique : pche, carrires desable, immobilier Mais entermes de business, ce sont bienles Joummani qui font figure dechampions locaux. Hritiers du fa-meux Khatri Joummani, ils dispo-sent de participations importantesdans le transport routier, les hy-drocarbures, lindustrie et lapche hauturire. Leur chef de fi-le, Khettar Joummani, est un mul-

    ti-milliardaire quon dit pieux etbienfaiteur. Reprsentant lasous-fraction la plus importanteet la plus nombreuse des Rgui-bat (les Bouihat), les Joummanisont prsents partout. Aussi bienau Maroc qu ltranger etmme Tindouf. Le fameuxMustapha Salma Ould Sidi Mou-loud est par exemple un de leurscousins. De mme que Omar Ha-drami et Mustapha Admi, deuxex-fondateurs du Polisario qui

    ont ralli le Maroc au milieu desannes 1990. Eux aussi ont ac-quis un pouvoir certain sur place.Omar Hadrami est par exemplele wali de ladministration delEntraide nationale, sans doutele premier employeur de la r-gion. Forts dun srieux avantagesur le plan conomique, lesJoummani se sont mis, depuisquelques annes dj, grigno-ter du terrain politique aux Ould

    Errachid. Ils comptent aujour-dhui six dputs au parlement,en plus de plusieurs respon-sables locaux. Un gage pour laprennit des affaires.

    De puissants hritiersAutour de ces deux vritables

    ples de pouvoir au Sahara, gra-vitent plusieurs autres familleset quelques individus. Les Mae ElAinaine, descendants de chefsmystiques et de savants, ont parexemple hrit de plusieurspostes dans ladministration lo-cale. A limage du patron du CRIde Layoune ou du directeur dela seule tlvision rgionale auMaroc : Mohamed Laghdaf Ed-dah. Autre notable local : HassanDerham . Ce puissant homme

    daffaires, moiti ber-bre, tait footballeuravant de reprendre en

    main les affaires fami-liales en 1993, suite audcs de son pre. De-puis quelques annes,il na aucun mal sefaire lire au parle-ment, sous diffrentesbannires.Et, faute desolides assises tribales,il essaie de se rattrapersur le terrain de laction

    caritative et sociale, fait noterun responsable Layoune.Dans le lot des puissants, on re-trouve galement les Bouida, re-prsentants de la tribu des AtLahcen, et qui ont su diversifierles sources de leur pouvoir mal-gr labsence dun vritable chefde file, fdrateur et charisma-

    tique. Lexistence dun chef estsouvent dterminante pourquune famille prserve son auto-rit et sa puissance, expliquenotre observateur. Sans cela, lescousins se perdent dans des luttesintestines et des courses lenri-chissement ou au pouvoir. Cestdailleurs pour cela quil n y aurajamai s un seul et m me l obbysahraoui. Ce qui arrange tout lemonde en fin de compte.

    Pour avoir delinfluence auSahara, il ne

    suffit pas

    davoir delargent. Il

    faut surtoutdisposer de

    solides assisestribales.

    Une affaire de tribusLe pouvoir y est souvent familial ou tribal

    SAHARA

    Khelli HennaOuld Errachid

    HassanDerham

    TNIOUNI

    TNIOUNI