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« MEUF », auteur : Régis Rodriguez pour Scène Envie 2011-2012 – Version 2.0 page 1 / 28 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur directement auprès de lui, afin de faciliter les démarches auprès de la SACD. Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. Auteur : Régis Rodriguez - 06 11 44 17 83 ou par mail à [email protected] NOTE complémentaire : il y a beaucoup de didascalies créées à l’origine pour faciliter une compréhension rapide par les lecteurs… Troupes amateurs, oubliez-les si vous avez de la bouteille, et faites comme bon vous semble !

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« MEUF », auteur : Régis Rodriguez pour Scène Envie 2011-2012 – Version 2.0 page 1 / 28

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur directement auprès de lui, afin de faciliter les démarches auprès de la SACD.

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Auteur : Régis Rodriguez - 06 11 44 17 83 ou par mail à [email protected]

NOTE complémentaire : il y a beaucoup de didascalies créées à l’origine pour faciliter une compréhension rapide par les

lecteurs…

Troupes amateurs, oubliez-les si vous avez de la bouteille, et faites comme bon vous semble !

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MEUF (Mission : Etre Une Femme)

Régis Rodriguez / Scène Envie 2011-2012

Ludovic Heerenbaek : Le formateur « beauf », fan de foot, se voulant témoin sincère de ce qu’il vit

Sam(uel) Soubeyrand : Beau-frère de Ludo, impliqué dans l’affaire, joue les factotums superviseurs

Dorothée De Lussac : Femme de riche pas loin du divorce, vénale, menteuse, volage

Elsa De La Goumière : Nièce de Dorothée (fille de la sœur), snob, cruche, dynamique

Kate Looselet : « Baba cool », focalisée sur l’horoscope, veut savoir comment avoir un job cool

Jean-Yves Prudhomme : Paumé, timide avec les femmes, mais sûr de lui dans le boulot

Béatrice Mignot : Dualité difficile entre ce qu’elle veut et ce que la société attend des femmes

Fantine Valjonc : Mère indigne, se fait passer avant son enfant, avocate, bosse beaucoup

Claude : Informaticienne, maîtresse de Sam, frustrée qu’il héberge son ex-femme

« MEUF (Mission : Etre Une Femme) » est une vraie-fausse formation délirante destinée aux femmes qui

veulent « tout » concilier… avec les différentes interprétation possibles du « tout » (la moderne et l’ancienne) …

Un immense quiproquo entre le formateur et les participantes… Un immense éclat de rire aussi. La présence du

public étant mentionnée dans le texte, les interactions sont possibles, selon le niveau des comédiens en impro.

Jouée 6 fois à Lyon, Villeurbanne et Rillieux-La-Pape entre avril et juillet 2012, la pièce a toujours connu un

excellent accueil du public, comblé. Durée : 1h40 max.

Notes personnages / contraintes :

Les fautes de grammaire de Ludo sont intentionnelles…

Sam joue les factotums, mais est en réalité le propriétaire de l’immeuble, patron d’une société d’informatique. Il

vient superviser son beau-frère, Ludo, qui ne fait rien comme il faut.

Claude est informaticienne dans la société d’informatique de Sam, mais surtout sa maîtresse ; elle vient lui

mettre des bâtons dans les roues pour qu’il finisse par virer son ex-femme qui squatte chez lui.

Béatrice étant sous Prozac, il faut la faire jouer avec une voix traînante, mais pas au détriment du rythme.

Fantine ayant de gros pavés de texte, il lui faut aussi un certain rythme. Le rythme est important jusqu’à la

séquence « Femmeling ». Sans rythme, la présentation des personnages peut paraître longue. A partir du

« Femmeling », les rires sont assurés quel que soit le rythme… (ou presque).

Contraintes matérielles :

Il faut un vidéoprojecteur (fichier « powerpoint » disponible sur demande). Le principe, c’est d’avoir un

ordinateur « factice » sur la table basse (pour pouvoir taper dessus…), un vidéoprojecteur également sur la table

basse, mais relié à un ordinateur situé sous la table basse avec de petites enceintes).

Conventions :

- En vert les entrées et sorties côté jardin

- En rouge les entrées et sorties côté cour

- En bleu, les indications du diaporama powerpoint (ou autre)

- En gris dans les distributions des scènes, les personnages présents, mais muets

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(Note : dans le noir, Sam lance le Diaporama sur la première diapositive, titrée : « MEUF : Comment

concilier votre vie de Femme et votre vie de mère. Métode créé par Ludovic Heerenbaek, basé sur son expérience personelle réussi », le tout avec une mise en page et/ou des couleurs ringardes – Fautes

d’orthographe intentionnelles)

LUMIERE / Pleins feux progressif

Acte I, Scène 1 : Sam, Dorothée, Elsa

(Sam porte un tablier de ménage… Il regarde la première diapo et soupire... Il aspire la salle et ne voit pas, ni

n’entend l’entrée de Dorothée et Elsa, de cour)

Dorothée : (entre avec Elsa et constate la présence d’un technicien et du public. Après un mouvement de

recul et de protection d’Elsa, à Sam) Monsieur ? (il n’entend pas. Plus fort) Monsieur !!! (il n’entend toujours pas. Plus fort, limite hystérique) Hé !!!

Sam : (se retournant après avoir arrêté son aspirateur) Bonjour. Vous venez pour la formation MEUF ?

Vous êtes en avance ! (il s’approche ; elle recule et protège toujours Elsa)

Dorothée : (étonnée) Ah… c’est bien ici, la formation. (montrant le public avec une grimace) Qui sont ces…

gens ?

Sam : (mal à l’aise avec la décision de Ludo) C’est… le public.

Dorothée : Quel public ?

Sam : (cherchant la bonne justification) Ludovic, votre formateur, qui … qui est un pédagogue

chevronné, a beaucoup étudié l’impact de regards extérieurs sur un apprentissage. (se doutant que

Ludo n’en parlerait pas aussi bien) Mais lui en parlez pas, sa pudeur lui interdit de s’en vanter.

Dorothée : (regardant plus précisément le public avec une grimace) Mais… ce sont des gens du peuple qui

sont assis, là !

Bureau /

WC

Table

+ Projo

JARDIN COUR

Ecran

Entrée /

Salle d’eau Paperboard

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Sam : (gentiment moqueur) Oui… c’est même le principe d’un public. On a failli essayer en mettant des

bananes sur les sièges, mais on était moins certains des vertus pédagogiques.

Elsa : (regardant précisément le public) Moi, j’ai déjà vu un public, c’était à l’Opéra de Salzburg ! Ce

n’est pas comme ça, un public : les femmes ont des robes de haute couture et les hommes ont des

queues-de-pies !

Sam : Ah… Dites pas ça trop fort, vous pourriez les vexer… surtout les hommes. Mais je me suis pas

présenté : (tendant la main à Elsa, qui l’accepte, puis à Dorothée qui grimace) Je m’appelle Sam

Soubeyrand, et je suis… (il cherche ses mots, pendant qu’Elsa s’isole et commence à compter le public)

Dorothée : (lui serrant la main du bout des doigts) … un technicien de surface, oui, nous avons vu ! Auriez-

vous quelque part une salle d’eau ?

Sam : (après avoir regardé ses mains, incrédule) « Quelque part », oui ! La salle « d’eau » est, comme

son nom l’indique, dans votre « dos » : vous revenez sur vos pas, c’est dans le couloir d’entrée, à

gauche. (Dorothée s’y précipite, emmenant Elsa avec elle, alors qu’elle n’avait pas fini de

compter. Sortie de Dorothée et Elsa à Cour. Sam va récupérer la liste des stagiaires sur la table basse, la lit et note, à haute voix, parlant au public :) Là, pas de doute. Dorothée de Lussac et

Elsa de la Goumière : présentes ! (il repose la liste, se remet à aspirer un tout petit peu, soupire puis va ranger l’aspirateur. Sortie de Sam à Jardin)

Acte I, Scène 2 : Jean-Yves, Kate

(Jean-Yves entre de cour, dans ses petits souliers, jetant un œil sur le public, mal à l’aise, sur le matériel, les

chaises, etc. Il voit la liste des stagiaires et signe le document. Il se retrouve dos à l’entrée de Kate, de cour,

avec un magazine à la main)

Kate : (nature, dans le dos de Jean-Yves) Salut, t’es le formateur MEUF ? J’me trompe ?

Jean-Yves : (sursautant et regardant derrière lui) Euh… oui.

Kate : « Oui » quoi ? « Oui, t’es le formateur », ou « oui, j’me trompe » ?

Jean-Yves : Oui, vous… vous vous trompez. Je… je… j’ai répondu à votre dernière question, en toute logique.

Kate : Ah oui, mais la logique et moi, on parle pas la même langue, s’tu veux. Et t’es qui, alors ?

Jean-Yves : Ben, je suis… moi ! Enfin, euh… (tendant la main) Jean-Yves Prudhomme, stagiaire. (Kate ne

serre pas la main, mais fait un « check » de « jeune »… Montrant le public, avec gêne) Vous…

vous avez vu ? Il y a des… des gens, là !

Kate : (regardant) Oh, ça, c’est l’hallu, c’est génial : une formation en public ! (au public, très à l’aise)

Salut, vous ! (à Jean-Yves qui, lui, n’est pas à l’aise) Tu m’as m’air tout timide, JYgrec !

Jean-Yves : Jean-Yves !

Kate : Ben ?… Les « Jean-Baptiste », je les appelle « JB ». Les « Jean-Pierre », « JP ». Alors « Jean-

Yves », ça fait « JYgrec » ! Mais dis-moi, JYgrec : la formation MEUF est destinée aux nanas,

j’me trompe ?

Jean-Yves : Non…euh… à la question : « je me trompe ? ». Oui à la question : « la formation MEUF est

destinée aux… femmes ? ». Je viens parce que… euh… la mienne est… hum… indisposée.

Kate : Ah oui, ça tombe mal ! Quand c’est douloureux, on les sent passer, les cinq jours par cycle.

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Jean-Yves : Hein ? Ah, non non non ! Elle n’est pas indisposée comme ça, non… Elle a des nausées… plutôt

exacerbées… Elle est enceinte.

Kate : Ah ! Félicitations, JYgrec ! Ce sera ton premier ?

Jean-Yves : Euh… non.

Kate : Ton deuxième ?

Jean-Yves : Non.

Kate : Ton troisième ?

Jean-Yves : Le… hum… sixième ! Six garçons.

Kate : Waouh ! Ça dépote, les timides ! Mais mon horoscope du jour m’a prévenue : (elle lit son

magazine) « vous allez faire une rencontre originale » ! Et en plus, mon chiffre du jour, c’est le

6… ou presque : en réalité, c’est le 8, c’est pas loin. C’est fort !

Acte I, Scène 3 : Jean-Yves, Kate, Sam, puis Béatrice

(Sam revient de jardin, sans son tablier)

Sam : Bonjour. (reprenant la liste) Alors… Madame, vous êtes ?

Kate : Kate. Kate Looselet. (il coche son nom, et lui tend la main, elle « checke ») Check !

Sam : Sam Soubeyrand… agent d’accueil. Vous, vous êtes pas du genre à aller vous laver les mains !

Kate : (essayant de comprendre, croyant comprendre et comme s’excusant) Ah ! Non ! On dirait que je

me néglige, mais c’est juste mon style vestimentaire. Mes mains sont propres, comme tout mon

corps, d’ailleurs.

Sam : (souriant, à Jean-Yves, en lui serrant la main) Et vous, Monsieur, vous venez pour quoi ?

Kate : Madame Prudhomme a la gerbe.

Jean-Yves : Oui, enfin, disons qu’elle a des nausées… plutôt exacerbées.

Sam : (relisant la liste des stagiaires) Oh, Monsieur Prudhomme, vous étiez pas obligé de venir pour

l’excuser, nous comprenons. Mais je vois que vous avez signé, c’était pas nécessaire, seuls les

stagiaires signent. Vous pouvez y aller.

Jean-Yves : (plus affirmé : il parle à un homme) Non, je suis stagiaire. Je vais suivre la formation à la place

de ma femme.

Sam : (ébahi) Vous allez suivre la formation MEUF ? Vous êtes sûr que le thème va vous intéresser…

(lisant la diapo en grimaçant) « Comment concilier votre vie de Femme et votre vie de mère » ?

Jean-Yves : (penaud) Il faudra bien.

Kate : (choquée) Non ? Ne me dis pas que ta nana t’a obligé à venir à sa place ?

Jean-Yves : (gêné) Eh bien, euh…

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Sam : (l’interrompant) Oui, bon, peu importe. Dans tous les cas, on rembourse pas les absences de

dernière minute. Ni de première minute, d’ailleurs. Vous êtes bienvenu, Monsieur Prudhomme !

(Sam ressort à cour. Il va gérer ses affaires dans l’immeuble)

Kate : (à Sam, pendant qu’il sort) Appelle-le JYgrec, c’est plus cool !

Jean-Yves : (gêné) Non, « Jean-Yves » ! Sérieusement, je… je préfère… si vous pouvez, madame.

Kate : Eh ben, dis-le !!! Moi, quand y’a quelque chose qui me gêne, je le dis ! Et je te le dis : ça me gêne

de t’appeler « Jean-Yves ». Je continuerai à t’appeler « JYgrec ». Et tu peux me tutoyer et

m’appeler « Kate » aussi.

(Béatrice entre de cour, passablement agacée, mais calme, limite « amorphe ». Attention : distinguer l’attitude

« cool » de Kate et l’attitude « amorphe » de Béatrice – elle est sous Prozac)

Béatrice : (calmement, limite « amorphe », mais agacée au fond. A Jean-Yves) Bonjour. Béatrice Mignot !

Je viens pour la formation. J’ai mis deux heures à chercher une place, avant de m’apercevoir qu’il

y avait un parking juste devant. Vous auriez pu le préciser sur le tract !

Jean-Yves : (regardant derrière lui et constatant que c’est à lui qu’on parle) Mais non, ce n’est pas moi, le…

le… non !

Kate : Salut Béa. Je te présente JYgrec, qui vient suivre la formation avec nous.

Béatrice : Et « Béa », c’est qui ? Pas moi, j’espère ! Je déteste ce diminutif. Ça fait la fille « béate » ! Et je

suis tout, sauf béate, même si j’en ai l’air… enfin, d’habitude, si… mais là, non.

Kate : (à Jean-Yves) Tu vois, JYgrec, quand c’est dit clairement… ou presque ! Alors, Béa, tu viens

chercher quoi, à la formation MEUF ?

Béatrice : Béatrice ! (noyant le poisson) C’est une démarche très personnelle… et en même temps

totalement impersonnelle, puisque personnifiée par… par une personne… qui n’est pas

personnellement moi… Je sais pas si c’est très clair ce que je dis. Si ?

Kate : Non, mais on s’en fout, ça avait d’la gueule comme phrase ! JYgrec aussi, il personnifie une autre

personne. C’est pas plus clair, comme information, mais t’en fais ce que tu veux, t’es libre !

Béatrice : J’espère bien ! Quoique… je ne sais plus trop, là. Mais d’habitude oui, hein ? Que ce soit bien

clair : la liberté d’une femme, c’est fondamental, et je tiens à la mienne… Même si… bref.

Kate : La liberté d’un mec, c’est fondamental aussi, non, JYgrec ? En vrai, faudrait qu’on pense tous en

tant qu’être humains non sexués. Oh la la, Béa, t’as vu ? Elle a d’la gueule, c’te phrase aussi, non ?

Béatrice : Oui oui. Mais c’est Béatrice ! (à Jean-Yves, gentiment ironique) Et c’est quoi, ces gens ?

Kate : On dirait que c’est une formation en public, c’est cool !

Béatrice : (à qui ça ne plaît guère) Oui, bon… J’ai pas bien la force de râler, là… Ok. (à Jean-Yves,

gentiment ironique et entreprenante « pour le fun ») Et le beau JYgrec, il a appris à parler avec

Bernardo ?

Jean-Yves : (regardant derrière lui pour vérifier qu’on lui parle) Qui ? De quoi ? Où ?

Béatrice : (toujours à Jean-Yves) Laisse tomber, t’as pas une tête à regarder les séries à la télé. Et donc… tu

viens suivre la formation MEUF ? (elle cherche une raison logique) Tu as une opération à venir ?

C’est dommage.

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Jean-Yves : Pardon ?

Béatrice : Hou la, ne t’inquiète pas, je n’ai rien contre les transsexuels, évidemment que non ! La liberté

d’usage de son corps est imprescriptible. Quoique… Bref. Mais c’est dommage pour un beau

gosse.

Jean-Yves : Ah mais non, je… pas du tout !

Béatrice : Si si ! « La liberté d’usage de son corps est imprescriptible ; quoique ; point barre » ! Venant d’un

futur trans, ça m’étonne, comme réponse.

Jean-Yves : Oui mais non… je… je ne suis pas un futur trans.

Béatrice : Tu es déjà opéré ? Tu as fait un procès à ton chirurgien, j’espère ? Parce que rien que la voix, c’est

raté !

Jean-Yves : Mais enfin, non… je suis un homme tout à fait euh… masculin, j’ai une femme, cinq enfants,

bientôt six, et… euh…

Béatrice : Sans déconner ? Tu t’y es mis dès la puberté ou quoi ?

Kate : Ça dépote, les timides !

(Sam passe de cour à jardin, pressé, avec des dossiers à la main)

Acte I, Scène 4 : Ludo, Jean-Yves, Kate, (Béatrice) puis Dorothée, Elsa, Sam

(Ludo entre de jardin, en tenue « non-règlementaire » – voire en survêtement, et serrant avec poigne toutes les

mains, sauf Kate qui « checke »)

Ludo : Mesdames, bonjour, je suis Ludovic Heerenbaek, votre formateur. (se corrigeant, à Jean-Yves)

Ah, c’est vrai : « Mesdames et Monsieur », bonjour ! Sam m’a dit que vous venez jouer les

remplaçants pour vot’ dame, c’est vrai ?

Kate : Madame JYgrec a des nausées plutôt exacerbées à base de gerbe.

Ludo : (sèchement à Kate) Vous permettez, on parle entre hommes ! (à Jean-Yves, le prenant à part)

« Remplaçant », c’est pas top, franchement, entre nous ! En général, tu coupes les citrons et tu

cires le banc avec tes miches. Apparemment, Bobonne porte la culotte, d’après ce que m’a raconté

Sam. Vous viendrez me voir ce soir : je prépare une formation aux petits oignons pour des gars

comme toi. Je vous en parlerai.

Jean-Yves : (plus affirmé) Dites, vous ne voulez pas commencer celle-ci, de formation, qu’on en finisse ?

Parce que là, j’ai déjà l’impression d’un léger déphasage… Alors un de plus ou un de moins !

Ludo : On peut pas commencer, on attend une retardataire, plus deux obsédées de la crasse, d’après Sam.

(Dorothée et Elsa reviennent de cour, et vont s’adresser directement à Jean-Yves. En même temps, Sam entre de jardin, en tenue de serveur, et donne des gobelets de café à tout le monde, ou à qui les accepte. Elsa se remet

à compter le public)

Dorothée : (à Jean-Yves) Ah ! Monsieur Heerenbaek, bonjour. Je suis Dorothée de Lussac et voici ma nièce,

Elsa de la Goumière.

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Jean-Yves : Ah mais non… je… je… (avec une grimace, il désigne du doigt Ludo, tout comme Béatrice et Kate)

Dorothée : Eh bien, quoi ? Faites sortir ce monsieur, s’il vous incommode !

Ludo : Qui, « ce monsieur » ? Moi ? (vexé, donc autoritaire) Alors : premio, Monsieur Heerenbaek, c’est

moi. Deuzio, je pense qu’il va y avoir quelques réglages comportementals à faire au cours de cette

formation. Et troizio : assoyez-vous. (Dorothée et Elsa se font toutes petites et s’asseyent, sous le

regard éberlué de Béatrice. Dorothée évite consciencieusement Kate, qu’elle estime « crade » à cause de son look)

Sam : (à Ludo, en aparté [ NDLA : dans tous les apartés avec Ludo, il pourra y avoir interaction

visuelle avec le public, type soupir, grimace, sourire gêné, etc ] ) « Mentaux » !

Ludo : Hein ? (croyant avoir compris) Ah oui ! (aux stagiaires) Vous pouvez déposer vos manteaux sur

le portemanteau, qui est prévu pour cela, et à cet effet, dans le couloir d’entrée. (à Sam, en aparté, après avoir observé tout le monde) Mais qu’est-ce que tu racontes, Sam ? Elles les ont déjà

déposés, leurs manteaux.

Sam : (à Ludo, en aparté) Non, « des réglages comporteMENTAUX », au pluriel !

Ludo : (à Sam, en aparté) T’es sûr ?

Sam : (à Ludo, en aparté) Certain.

Ludo : (regardant sa montre) Bon, ben… l’heure est passée d’un quart. A partir de là, je propose de

commencer la formation, et tant pis pour madame… (il lit la liste des stagiaires) … madame

Valjonc, qui est en retard. (tous les stagiaires sont assis, tandis que Sam reste près de Ludo, pour le superviser)

Acte I, Scène 5 : Ludo, (Jean-Yves), Kate, Béatrice, Dorothée, Elsa, Sam, Fantine

(Fantine entre de cour, essoufflée et avec un croissant dans la bouche)

Fantine : (articulant très mal) Non, je suis là ! Ce n’est pas ma faute, c’est mon fils, il a fallu qu’il fasse une

poussée de fièvre juste ce matin !

Ludo : (regardant sa montre) La ponctualité est importante, Madame Valjonc. Et un quart d’heure, c’est

quasiment un tiers de mi-temps, et c’est pas rien, un tiers de mi-temps. On a vu des scores se

renverser en moins que ça, parfois même deux-trois pions dans le temps additionnel. Ne l’oubliez

plus. Et à part ça, j’ai rien compris à ce que vous avez dit.

Fantine : (ayant eu le temps de terminer son croissant pendant la tirade de Ludo) Je disais que ce n’est pas

ma faute, c’est mon fils, il a fallu qu’il fasse une poussée de fièvre juste ce matin !

Ludo : Ah bah tiens : voilà un premier cas d’école scolaire ! Et vous avez fait quoi ?

Fantine : (comme en plaidoirie) Qu’ai-je fait ? Je l’ai emmené chez sa grand-mère. C’était un retour à

l’envoyeur : c’est elle qui m’a inscrite à la formation. Notez-le ! Pas ma mère, hein… ma belle-

mère ! (aux stagiaires) Oui, mesdames et messieurs, sinon j’aurais été encore plus en retard. C’est

implacable et je vous demande d’en tenir compte. Je n’ai rien à ajouter. (les autres stagiaires la regardent bizarrement)

Ludo : Mais moi, j’ai à ajouter ! Là, vous êtes même plus en retard, Madame Valjonc : vous êtes

carrément hors-jeu ! La Femme – écoutez bien ce point essentiel –, la Femme qui se veut une

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bonne mère doit … intégrer dans son intégrité temporelle… euh… l’intégralité des composantes

de sa relation avec sa… euh… progestérone !

Sam : Progéniture ! (essayant de sauver les meubles) Sacré Ludo ! (à Ludo, en aparté) Mais même avec

le mot correct, elle veut rien dire, ta phrase. Fais simple !

Béatrice : (à Ludo) Je sais pas les autres, mais moi j’ai rien compris. Cela dit, je crois que je préfère ne pas

comprendre ce que j’aurais cru devoir croire comprendre.

Kate : (à Béatrice) En même temps, toi non plus, on comprend rien quand tu causes. Et là, ça avait moins

d’la gueule que tout à l’heure, en plus, c’que t’as dit. Tu dois fumer, toi, non ? Si tu veux, on s’en

roule un à la pause.

Béatrice : Non, merci. La liberté passe par la négation de tous les esclavages, y compris et sans jugement,

celui des drogues, qu’elles soient dures ou douces, douces ou dures, ou les deux sans exclusive…

sauf éventuellement les psychotropes.

Kate : Bon, c’est clair, tu fumes. Mais alors ça doit être de la bonne et bien dosée, dis donc ! Tu l’as sur

toi ?

Fantine : (montrant le public, à Ludo) La formation n’est pas à huis clos ? Le public est accepté ?

Ludo : C’est tout à fait ça ! Même que, si ils sont content, ils nous feront bien une petite « ola » de temps

en temps. (au public) Hein ? Dommage qu’on soit aux beaux jours, ça aurait déchiré que vous

sortez vos écharpes ! (au public) Hein ? (après réaction du public – ou pas) Bon, revenons à

notre formation.

Elsa : (qui a fini de compter le public) Tante Dorothée ?

Dorothée : Oui, ma nièce ?

Elsa : (qui a fini de compter le public) Il y a 53 publics ! [ NDLA : remplacer 53 par le nombre de

spectateurs ]

Dorothée : (les yeux au ciel, tapotant sur la nuque d’Elsa) C’est bien, ma petite.

Fantine : (à Ludo) Attendu que je suis arrivée en retard, j’ai manqué les présentations, je suppose ?

Ludo : Non, puisqu’on vous a presque « attendue que vous êtes arrivée en retard ». Mais j’allais y venir.

Tout d’abord, laissez-moi me représenter. Je suis Ludovic Heerenbaek, votre formateur. (tout le

monde attend la suite, mais il n’y en a pas)

Fantine : C’est tout ? Vous ne déposez pas sur votre parcours, votre cursus, votre expérience ?

Ludo : Hein ? Qu’est-ce que je dois déposer ?

Sam : (essayant de sauver les meubles) Ludovic est très pudique, il serait gêné de vous détailler ses

nombreuses réussites en formation et coaching.

Ludo : Oui, tiens, d’ailleurs, vous pouvez m’appeler « coach », ça me fera plaisir.

Elsa : (subitement, et assez brutalement, levant le doigt) COACH ! (tout le monde sursaute)

Ludo : Oui, euh… (lisant sa liste d’inscrit) … Oui, Elsa ?

Elsa : Pourquoi il reste là, le technicien de surface qui sert le café ?

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Kate : Il est agent d’accueil aussi ! Il peut regarder, ça mange pas de pain ! Le pauvre ! Il fait tout !

Ludo : Alors précisément, Sam est là parce qu’il fait tout ! C’est notre … euh… notre… (il ne trouve pas

le mot)

Sam : (ayant le bon mot) Factotum !

Ludo : Voilà ! (les stagiaires se montrant perplexes) Factotum… ben, factotum, quoi ! Du grec « Facto »

qui veut dire… euh… le facteur ! ... Et euh… du… savoyard, « Tom » qui veut dire… euh…

fromage ! Voilà. (tous les autres participants se tournent vers Ludo, puis se regardent entre eux, interdits)

Elsa : D’accord. (tous les autres participants se tournent vers Elsa, puis se regardent entre eux,

interdits. Dorothée tapote sur la nuque d’Elsa avec compassion)

Sam : (à Ludo, en aparté) Je te dis de faire simple, fais simple ! Arrête ces longues phrases et ces

explications à la noix, tu veux bien ? (se penchant sur l’ordinateur) Allez, on lance le diaporama

et on limite les discussions, ok ?

Ludo : Mais non, on doit faire les présentations !

Sam : (manipulant l’ordinateur et constatant que ça ne marche pas. A Ludo) Oh bon sang de bois !

T’as encore pas vérifié le matériel ?

Ludo : Fallait vérifier le matériel ? Depuis la dernière fois ?

Elsa : (subitement, levant le doigt) COACH ! (tout le monde sursaute)

Ludo : Oui, Elsa ?

Elsa : Mon mari a un frère qui est Pédégè d’une société d’informatique, je peux l’appeler si vous voulez ;

il peut faire déplacer un ingénieur. Sa société est à Los Angeles, mais avec le Concorde, ça doit

pouvoir aller vite. (tout le monde se tourne vers elle avec compassion) Tante Dorothée, en fait, je

ne me souviens plus si c’est le Concorde qui ne vole plus ou si c’est le TGV ?

Dorothée : Ni l’un, ni l’autre, Elsa… Ni l’un, ni l’autre ! (tapotant sur la nuque d’Elsa) Il faudra que tu te

déshabitues des jets privés, si un jour ton couple se retrouve en difficulté.

Elsa : D’accord… mais je suis ici pour que ça n’arrive pas. J’aime bien mon mari et les jets privés… Le

jet privé, ça doit aller un peu plus vite que la voiture. Non ?

Sam : (prenant les choses en main, décrochant son téléphone et appelant sa société qui est au-dessus)

Bon, on a de la chance, je connais des gens dans l’immeuble qui font un peu d’informatique. (au téléphone) Allô, Gérard ? Tu peux faire descendre un technicien d’urgence, s’il te plaît ?

(sèchement, paniqué) Non, pas Claude ! (se raidissant) Tu n’as pas un autre technicien de dispo ?

Pas plus que la dernière fois ? (soupirant, résigné) Bon… Alors fais descendre Claude. Merci. A

plus. (il raccroche et soupire. On sonne)

Fantine : Si c’est Claude, il faudra que je le prenne comme coach sur la « ponctualité ». Et ce n’est même

plus de la ponctualité à ce niveau-là, c’est de la téléportation !

Acte I, Scène 6 : Ludo, Jean-Yves, Kate, (Béatrice) puis Dorothée, Elsa, Sam, Fantine, Claude

(Sam ouvre à Claude, qui entre à Cour, avec une sacoche usée, genre plombier, et un mégot au bec, ou autre)

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Elsa : Non, c’est la plombière !

Fantine : Ce n’est pas Claude, en tout cas !

Sam : (mal à l’aise) Bonjour Claude !

Fantine : Ah si, c’est Claude.

Elsa : Elle est informaticienne ET plombière ?

Claude : (avec un petit regard malicieux, à Sam) Salut, « Patron ». (Sam lui fait les gros yeux) … Salut

Sam !

Sam : Tu peux refaire la manip de l’autre fois ? On est encore plantés.

Claude : Si j’me souviens, fallait augmenter les ressources allouées au process « Diaporama » en changeant

les priorités affectées aux tâches qui consomment du cache CPU.

Sam : Si tu le dis… Allez, règle-nous ça au plus vite, pendant qu’on fait les présentations. Merci. (à

Ludo) Allez, enchaîne, Ludo !

Ludo : Mesdames, présentez-vous rapidement.

Béatrice : « Mesdames » ? Et JYgrec, il compte pour de la margarine ?

Ludo : JYgrec ? Ah oui ! (après un soupir) Mesdames et Monsieur… présentez-vous rapidement : qui

vous êtes et vos objectifs, et je note ce qui est essentiel. (il se prépare à noter « l’essentiel » sur

un paperboard)

Jean-Yves : (timidement, à Béatrice) Euh… je ne m’appelle pas « JYgrec »… mais Jean-Yves.

Béatrice : Et alors ? C’est joli, « JYgrec » !

Dorothée : Bon, alors à tout seigneur, tout honneur, je me présente. Dorothée de Lussac, épouse du Baron

Pierre-Edouard-Léon de Lussac. Mes objectifs ? Eh bien, quoi ? « Comment concilier votre vie de

Femme et votre vie de mère ? », j’avoue qu’avoir des réponses me siérait bien.

Elsa : Son mari veut divorcer, c’est terrible ! Et…

Dorothée : (l’interrompant) Elsa ! Laisse-moi finir, je te prie ! (aux autres) Elle est blagueuse ! Je termine : à

mon époux et à mes 2 enfants, Vincent-François-Paul et Paul-Emile-Victor, je tiens à continuer de

donner tout mon amour… mais… mieux. C’est tout. Et accessoirement, j’accompagne ma nièce,

que la formation intéresse aussi.

Ludo : (après avoir noté : « Dorothée – PEL – siéré bien – VFP – PEV – amour ») Merci. Suivante ?

Elsa : (levant le doigt) Moi, Coach ! (elle sort un papier qu’elle a préparé, et lit, d’une seule traite)

Alors moi, je viens parce que Tante Dorothée m’a parlé de la formation, et qu’il est hors de

question qu’après avoir sué sang et eau pour m’intégrer à la haute société, grâce à elle, je

commette les même erreurs qu’elle a commises en trompant son mari à tour de bras, et en

abandonnant ses enfants pendant trois mois avant de revenir piteusement au château pour cause de

détresse financière.

Dorothée : (estomaquée, essayant de le masquer, aux autres) Elle est blagueuse ! (à Elsa) Elsa, contente-toi

de parler de ta situation, je te prie.

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Elsa : D’accord ! (d’une seule traite, lisant toujours) Alors moi, je tiens à conserver l’amour de mon

mari, Charles-Antoine-Kevin de la Goumière, baron de la Goumière, et non sa fortune comme

Tante Dorothée. Pour ce faire, il me faut le chouchouter et élever dignement l’enfant qu’il

m’offrira sous peu. Sinon, il me menacera de divorcer, comme le fait actuellement Pierre-

Edouard-Léon avec Tante Dorothée.

Dorothée : (aux autres) Elle est blagueuse !

Claude : Au moins, elle est franche, ça, on peut pas lui enlever ! (à Sam) Dis, Sam, c’est pas du tout le

même blême que la dernière fois. Là, on n’a pas de conflits de process. Faut que je creuse le

blême, mais va falloir un peu de temps. C’est possible qu’il y ait, soit un souci avec l’interruption

logicielle affectée au port souris, et dans ce cas-là, faut carrément aller échanger les IRQ au niveau

du Bios, soit un souci avec la base de registres, mais dans les deux cas, y’m’faut du temps, quoi.

(Sam fait un signe de la tête lui disant de s’y mettre) J’dis ça, mais j’me plains pas… Avec les

spécimens que t’as aujourd’hui, on va pas s’emmerder.

(Ludo indique « suivante » d’un geste, après avoir noté : « Elsa – sociétée – CAK – enfant » puis rayé « amour »

chez Dorothée et remplacé par « menteuse »)

Kate : Bon, ben, moi, c’est Kate Looselet. Peu importe ce que tu vas me dire, je suis cool, je prendrai les

choses comme elles viennent ! La base, c’est mon mec, James, et mon fils, Bryan… et trouver un

boulot pas chiant, si possible ; et je sais que c’est pas facile pour une nana, avec tous les préjugés

d’infériorité et tout ça, les différences de salaire et tout et tout, c’est pour ça que je viens. Mon

horoscope de la semaine disait « prenez ce qu’il y a à prendre et laissez ce qu’il y a à laisser ». Je

fais comme il me dit, même s’il est pas ultra clair parfois.

Claude : Si : là, il est hyper clair, ton horoscope : il te prend pour une conne.

(Ludo indique « suivante » d’un geste, après avoir noté : « Kate – cool – Djames – Braillanne – bouleau »)

Fantine : (comme en plaidoirie, avec les stagiaires et le public) Mesdames et messieurs, je m’appelle

Fantine – pas de moquerie, je vous prie, je traîne ce prénom comme un boulet depuis l’enfance –,

et, deuxième couche, il a fallu que j’épouse un « Jean Valjonc ».

Claude : (au public ?) C’est parti pour la séance de psy ! Tu m’diras : ça, c’est du classique, dans les

formations. Mais cette mode « psy », ça me tue ! Rien que le mot « psy », ça me file des boutons,

maintenant !

Fantine : (ignorant l’interruption) Quand nous avons étudié Victor Hugo, au lycée, j’ai eu droit à tous les

jeux de mots autour du mot « misérables »… Et puis tout s’est enchaîné. A force de l’entendre, j’ai

fini par croire que je l’étais, misérable. J’ai perdu confiance en moi, circonstance hautement

atténuante. Notez : je n’ai pas vraiment décidé grand-chose, depuis mes dix-huit ans. J’ai rencontré

Jean sur les bancs de la fac, par hasard. Et je suis tombée enceinte, par mégarde. Alors je me suis

mariée, par obligation. Et nous avons eu Aramis, par césarienne. Aramis, nous l’avons appelé ainsi

parce que nous n’arrivions pas à nous décider, alors nous avons tiré au sort dans les pages du

dictionnaire. Et encore, quelle chance ça a été d’avoir un garçon : je suis sûre que pour une fille,

nous serions tombés sur Cosette ! Fantine et Jean Valjonc ont une fille : Cosette ! La littérature

nous poursuit de son ironie mordante, mesdames et messieurs ! Tout ça pour dire qu’Aramis, je

n’étais pas prête à l’avoir. Et pas prête à m’en occuper. Alors je me suis plongée corps et âme dans

le métier qui me tendait les bras, et aujourd’hui, il est vrai que je néglige mon enfant… Que je

n’arrive pas à en faire une priorité. Oui, je confesse ma très grande faute : mon métier d’avocate

est ma priorité et me rapporte des émoluments phénoménaux… Financièrement, je roule sur l’or,

mais je culpabilise.

Claude : On va pleurer !

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Fantine : (prenant sur elle) Et quand je culpabilise, je me noie dans mes dossiers pour oublier que je suis

une mère indigne.

Claude : Un peu dans la vodka aussi, non ? Parce que pour dire ce genre de conneries !

Fantine : (s’emportant) Remballez vos objections, Claude ! Je vous respecte, alors respectez-moi !

Béatrice : Ça, Fantine, c’est une phrase qui sert à rien, sans réciprocité. C’est fondamental, la réciprocité.

Prouve-lui que tu la respectes et elle te respectera. C’est comme la liberté, tant que l’Autre ne nous

prouve pas qu’il y tient autant que nous, on n’est pas plus libre que quelqu’un qui le serait moins,

ou en tout cas, on n’a pas la preuve qui le prouve de manière probante.

Fantine : Et vous m’avez l’air de vous y connaître en phrases qui ne servent à rien.

Sam : Bon, passons, passons. (à Claude) Claude, tu seras priée de te cantonner à la résolution de notre

souci technique, merci. (aux stagiaires) Allez, suivante !

Claude : Sincèrement, je veux bien me cantonner, mais là, depuis un moment, c’est pas hyper facile de pas

se décantonner.

Fantine : Je n’ai pas terminé ma déposition : je n’ai pas expliqué pourquoi je suis venue ici ! Etonnamment,

même si je culpabilise, cette vie me convient : Aramis est malheureux, et c’est horrible à dire,

mais je m’en fous éperdument ! Je m’en tape comme de ma première épitoge ! Mais ma belle-

mère, cette vieille peau, m’a inscrite à mon insu. J’aurais pu ne pas venir, mais d’une part : vous

ne remboursez pas les défections ; et d’autre part : comme je suis en congés, j’aurais été obligée de

m’occuper du gamin. Alors j’ai décidé de venir quand même. J’en ai terminé.

(Sam indique « suivante » d’un geste. Ludo a noté : « Fantine – Hugo – Aramis – Cosette – avocate –

culpalibilitité »)

Béatrice : Alors moi, j’hallucine depuis tout à l’heure, parce que je suis tout l’inverse de mes voisines de

formation : je m’assume comme une grande depuis toute petite, je sais ce que je veux, ce que je ne

veux pas, et même ce que je sais pouvoir ne pas vouloir, et ce que je veux vouloir pouvoir… Je ne

sais pas si c’est très clair ce que je dis, vous me suivez ? (tout le monde fait « non » de la tête)

Tant pis. Bref, personne ne décide pour moi. Je ne trompe personne, je ne convoite aucune fortune,

je mêle harmonieusement mon épanouissement personnel, ma vie professionnelle, et ma vie de

couple.

Claude : Enfin une femme normale !

Béatrice : Merci ! Sauf que, déjà, je commençais à me poser des questions sur ce que la société attend de

nous, femmes de… d’un petit peu plus de vingt ans. Et depuis trois semaines, tout s’est accéléré :

Carlos, mon conjoint, avec qui je file le parfait amour depuis dix ans… Carlos veut un enfant.

Mais moi, je n’ai jamais voulu d’enfant ! Comment ça s’utilise un enfant ? Ça consomme quoi ?

Comment on fait ? Il va me pourrir mes nuits, mes jours, et au moins seize à dix-huit ans de ma

vie ! Je ne veux pas de ça ! En plus, il va me dire des choses que je vais pas comprendre pendant

environ… – je sais pas, ça parle à quel âge, un enfant ? – Bon, mettons qu’il se mette à parler vers

8 ans… Vous vous rendez compte ? Huit ans à faire « gaba gada » devant un monstre sans dents

qui défèque régulièrement sur lui ? A quel âge c’est propre, un enfant ? Un peu plus tôt, quand

même, non ? Bon, mettons six ans.

Claude : Je retire ce que j’ai dit.

Sam : Claude, mets-la en veilleuse, flute !

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Béatrice : Ne vous inquiétez pas, je ne lui mettrai pas une droite. Autrefois, ça aurait été possible, mais pas

aujourd’hui. En effet, me voici désormais à la fois sous ultimatum et sous triple-dose de Prozac :

Carlos m’a demandé de choisir entre le package : « conjoint + bébé » et le package « liberté +

larmes ». C’est pourquoi je suis ici, et assez molle par rapport à d’habitude, il faut bien le dire.

Bon, il y a aussi un gros zeste de curiosité ! Mais si vous me rassurez sur ce que c’est vraiment,

« être Femme épanouie et mère à la fois », j’achète… enfin, ça dépend du prix. J’aimerais profiter

de la vie encore un minimum… voire un maximum.

(Ludo a noté : « Béatrice – Carlos – Gaba gada – Monstre propre - grozeste »)

Sam : Ok, on a fait le tour ?

Kate : Ah non ! Et le pauvre JYgrec ? Déjà qu’il est transparent, si en plus il dit rien, le pauvre chou !

Sam : Bon, alors, nous vous écoutons, JYgrec !

Jean-Yves : Jean-Yves, pas JYgrec ! Euh… Je m’appelle Jean-Yves Prudhomme, donc. Je travaille pour un

centre de Recherches dans le domaine automobile. Et je viens… je viens… (il décide de jouer

franc-jeu mais en s’adressant à Ludo et Sam seulement) … Vous êtes des hommes, vous pouvez

comprendre… Je viens parce que je ne sais plus où j’en suis ! Ma femme voulait une dizaine

d’enfants, et moi j’en voulais trois au maximum. Nous avons fait les trois : Jean-Benoît, l’ainé,

puis Jean-Luc, et Jean-Raoul… Et puis Sonia ne m’a plus adressé la parole. Elle s’occupait

uniquement d’eux. Alors j’ai tout fait pour la reconquérir, mais ça passait par un quatrième… J’ai

cédé… Nous avons été heureux à nouveau, pendant 9+1 mois, jusqu’à ce que Jean-Etienne fasse

ses nuits… Et elle s’est remise à m’ignorer… J’ai cédé. Nous avons eu Jean-Pascal, le futur-ex-

petit-dernier… Et ainsi de suite… Je ne maîtrise plus rien de ma vie de couple ! Est-ce qu’on peut

être aimé en ne disant pas « oui » à tout ? Alors je suis allé voir un psy…

Sam : (anticipant la réaction de Claude) Claude, veilleuse, merci !

Claude : J’ai rien dit !!! (à Ludo) Euh… M’sieur Ludo, ça fait combien de temps que vous avez pas scanné

le registre ?

Ludo : Déjà, si je savais ce que ça veut dire !

Claude : Ouais, ben, je lance un scan, alors. Va falloir un peu de temps. (à Jean-Yves) Continuez, M’sieur

Jean-Yves !

Jean-Yves : JYgrec ! Euh, non, pardon, non… c’est bien ça : Jean-Yves ! Et donc, ce psy a fini par conclure

que le problème ne venait pas de moi.

Fantine : Tu m’étonnes ! Avec votre histoire, aux assises, je mets 100% des jurés dans votre poche en trois

minutes.

Jean-Yves : Ce psy a donc conseillé à ma femme de trouver une conférence, ou une formation, afin de

rééquilibrer notre couple. Sonia a accepté. Et elle a trouvé votre tract. Jean-Benoît, notre ainé, du

haut de ses 10 ans, a approuvé. Mais plus la date approchait, moins elle avait envie de venir. Ainsi

donc, – j’aurais dû m’y attendre – alors qu’elle est enceinte, et que donc, nous sommes dans une

période heureuse – et même si Jean-Pascal, le futur-ex-petit-dernier, a fait ses nuits très vite –, elle

s’est mise à m’ignorer avant même la naissance du prochain, Jean-Philippe, futur-vrai-dernier-

j’espère. Nous en avons discuté ensemble – enfin… j’ai discuté avec la porte de la salle de bains –,

et je suis arrivé tout seul à la conclusion mutuelle qu’elle préférait que je vienne à sa place. Voilà.

(Ludo a noté : « Jean-Yves – JB – JL – JR – JE – JPP – salle de bains »)

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Sam : Là, c’est bon, non ? Donc… (se rendant compte qu’il se met à conduire la formation) Donc,

Ludo, continue, c’est toi le boss.

Ludo : Ah ! Bien. Nous allons estimer votre « femmeling » à travers un exercice simple. Je vais vous

demander de vous mettre en ligne.

Sam : (à Ludo, en aparté) Je t’avais dit d’enlever ça aussi !

(Elsa sort son portable et appuie sur « en ligne » ; Dorothée soupire et le lui range. Dorothée indique à Elsa de

s’installer dans la ligne, ce qu’Elsa fait, mais avec un bloc-notes à la main)

Dorothée : Sans indiscrétion, que signifie le mot « femmeling » ?

Ludo : C’est un coefficient que j’ai inventé, qui donne une idée de votre potentiel MEUF.

Dorothée : C'est-à-dire ?

Ludo : Vous allez voir. Bien. Je vais dire un mot à chacune d’entre vous, et chacune dira spontanément le

premier mot qu’elle pense. On commence avec Elsa. Vous êtes prête, Elsa ?

Elsa : Oui, coach !

Ludo : C’est parti… « Féminité » ?

Elsa : « Calamar » !

Ludo : Quel rapport entre « féminité » et « calamar » ?

Elsa : Vous avez demandé de dire le premier mot auquel on pense, et moi, je pensais à un calamar… Ça

m’arrive, parfois. Hier, à cette heure-ci, je crois que je pensais à un couteau à beurre. Est-ce que ça

influe sur mon « femmeling » ?

Ludo : Euh… non. Bien, bien ! Estimation du « femmeling » : zéro. Continuons avec Dorothée. Mais il

faut un rapport entre les mots, hein ? Bon. Si je vous dis : « dîner », vous me dites ?

Dorothée : Majordome.

Ludo : « Femmeling » : faible. J’attendais « cuisine ». Fantine, si je vous dis : « attendrissant » ?

Fantine : Inculpé.

Ludo : « Femmeling » : néant. J’attendais « enfant ». Béatrice, le mot « couches » ?

Béatrice : Enfer.

Ludo : « Femmeling » : négatif. J’attendais « talc ». Kate… « tradition » ?

Kate : Joint.

Ludo : « Femmeling » : inconnu. J’attendais « formidable ». Jean-Yves : « ménage » ?

Jean-Yves : (pressentant qu’il sera, de toute façon, à côté de la plaque) Euh… Bureau ?

Ludo : « Femmeling » : masculin. J’attendais « plaisir ». Bon. Passons à notre partie théorique. Claude,

l’ordinateur ?

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Claude : « Ordinateur » ? Euh… « Métier ». Alors, il est comment, mon « femmeling » ?

Ludo : Non, je te demandais où tu en étais de la réparation.

Claude : Ben, le diaporama va démarrer, pas de blême… mais j’vous garantis pas que ça tourne sans

accroc, vu le boxon au niveau des registres… (perfide) J’dis ça, mais Sam, il maîtrise bien les

registres, surtout les registres de mariage… Hein Sam ?

Sam : (évacuant la remarque) Claude, merci… Tu as fait du bon boulot, tu peux y aller.

Claude : Ah ben non ! Ça peut péter d’un moment à l’autre, au niveau informatique ou au niveau des

stagiaires. Vous risquez d’avoir encore besoin de moi. (piquante) A la limite, je préfèrerais qu’on

ait envie de moi plutôt que besoin de moi… mais je vais faire avec, hein Sam ?

Sam : (entre ses dents) Claude, pas ici, s’il te plaît.

Claude : Pas ici… pas chez toi… Mais alors où est-ce que je peux m’exprimer, moi ?

Sam : Bon, reste dans le coin, pour régler un éventuel problème… (plus fort) …mais tais-toi.

Claude : Ça, ça me changera pas… Pas de blême. Allez-y, M’sieur Ludo.

Béatrice : (intervenant à propos de Claude) Attendez ! Une femme est brimée dans son besoin de

s’exprimer et personne ne dit rien ?

Fantine : Que voulez-vous qu’on dise, on n’a pas le dossier !

Béatrice : Mais je sais pas, moi, qu’on la laisse s’exprimer ! Y’a rien de plus horrible que de museler la

liberté d’expression. Je suggère que nous l’entendions. Parlez, Claude.

Claude : Pour dire quoi ?

Béatrice : Mais je sais pas, moi ! Ce que vous avez sur le cœur.

Claude : Ah… ça ? Vous avez deux heures à tuer ?

Fantine : Ne prononcez pas le mot « tuer », ça peut être retenu contre vous.

Dorothée : Peut-on revenir à la formation ?

Béatrice : Non.

Dorothée : Et qui êtes-vous, vous, pour donner des ordres ici ? Monsieur Heerenbaek, intervenez !

Ludo : (consultant son portable) Non, allez-y, je consulte les côtes des matches du jour.

Béatrice : Allez-y, Claude, parlez !

Sam : (essayant d’intervenir sans trop prendre le leadership) Bon, ça va aller, maintenant !

Béatrice : Vous, vous avez dit « tais-toi » à une femme ! Vade Retro ! Allez, Claude, allez !

Claude : Sam a raison, Béatrice, ça devient ridicule, là. Je lave pas mon linge sale en public.

Béatrice : « Sam a raison » ??? Ce type vous impose ce que vous devez faire et vous dites qu’il a raison ?

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Kate : Ben, toi avec Carlos, c’est pareil !

Fantine : La défense vient de marquer un point.

Béatrice : (à Kate) Kate, tu es pour qui, toi ? Pour les liberticides ?

Kate : Je suis pour la coolitude. Et là, tu flingues la coolitude de la matinée.

Fantine : La défense vient de transformer l’essai.

Béatrice : (à Fantine) Et moi, je vais transformer l’avocate en guacamole, si elle continue ! T’as de la

chance que je sois toute molle, avec les médocs.

Fantine : Des menaces devant témoins ? Vous aggravez votre cas, Béatrice !

Elsa : (subitement) FACTOTUM !!!

Claude : (Sam ne réagissant pas) Je crois qu’elle t’appelle, Sam.

Sam : Ah pardon. Oui, Elsa ?

Elsa : Je trouve que la formation est très bien, mais éclairez-moi : sont-ce là ce qu’on appelle des mises

en situation ?

Sam : Non, c’est ce qu’on appelle des situations qui sont mises… sur le tapis, et qu’on voudrait éviter.

Dorothée : (à Ludo) Monsieur Heerenbaek, je propose que nous reprenions, toute cette agitation me met les

nerfs en pelote.

Jean-Yves : Euh… pareil.

Béatrice : Bon, puisque tout le monde est contre moi, je m’incline. Mais que ce soit bien clair : c’est pas

parce qu’on s’incline une seule fois pour mille-et-une raisons, qu’on s’inclinera mille-et-une fois

pour une seule raison.

Kate : Là, c’est bien, ça a repris d’la gueule, c’que tu dis. Et ça me rappelle un film.

Dorothée : (à Ludo) Monsieur Heerenbaek ? Vous reprenez ou bien ?

Ludo : (posant son portable) Vous avez fini ? Alors voici notre partie théorique. Commençons par un

préambule. (il passe à la 2ème

diapo, titrée : « La fidélitée ») Alors, la fidélité, en trois points.

Déjà, pourquoi trois points ?

Fantine : C’est comme au théâtre, la règle des trois unités ? (Ludovic fait non de la tête)

Claude : A cause du ménage à trois ?

Sam : Claude, flute ! (Ludovic fait non de la tête)

Elsa : (qui note tout depuis le début de la théorie) Trois, comme « les trois pêchés capitaux » ! (Ludovic

fait non de la tête)

Ludo : Non… Trois points, parce que comme le dirait Franck Ribéry : « l’important, c’est les trois

points ». Bon. Alors, la fidélité… Petit un : (la diapo fait apparaître le premier point, avec une animation ringarde et des sons inadaptés) « c’est bien ». Petit deux : (idem) « c’est normal ».

Petit trois : (idem) « Ça fait plaisir ». Des questions ?

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Béatrice : Oui, moi ! Qu’est-ce que c’est que ce préambule débile ?

Ludo : Vous êtes infidèle ?

Béatrice : Non, mais je ne vois pas ce que ça vient faire dans cette formation !

Ludo : C’est un fondement. D’autres questions ?

Dorothée : Ici ! Quand vous dites « c’est normal », est-ce que ça signifie qu’on est anormale si on fait

« quelques petits écarts » ?

Elsa : « Quelques », ça doit faire une bonne vingtaine, coach.

Dorothée : Elsa, tais-toi ! Elle est blagueuse !

Ludo : Bien. Maintenant, la suite du préambule, en trois points, vous avez compris pourquoi. (il passe à

la 3ème diapo, titré : « L’infidélitée ») L’infidélité. Petit un : (la diapo fait apparaître le premier

point, avec une animation ringarde et des sons inadaptés) « c’est pas bien ». Petit deux : (idem)

« c’est pas normal ». Petit trois : (idem) « ça fait… chier ». Des questions ?

Béatrice : Oui, toujours moi ! D’une, je suis atterrée… De deux, vous comptez nous faire les trois points sur

« L’amour - la haine », « la confiance – la méfiance », « l’altruisme – l’égoïsme », et cetera… ou

bien on passe au vif du sujet très vite ? Parce que moi, la dualité, je suis en plein dedans, si vous

voyez ce que je veux dire. Entre ce que je veux et ce que la société attend de moi, sans compter ce

que je sais vouloir et ce que j’ignore ne pas vouloir savoir, et aussi ce que je veux pouvoir et ce

que je ne peux pas ne pas vouloir, ça va aller. Moi, j’aimerais apprendre comment concilier une

vie de Femme et une vie de mère.

Ludo : Nous y venons. Terminons le préambule avec le troisième point, qui est lui-même en trois points.

(il passe à la 3ème

diapo, titrée : « La Femme qui se consacre à son mari ») La Femme qui se

consacre à son mari. Petit un : (la diapo fait apparaître le premier point, avec une animation ringarde et des sons inadaptés) « c’est bien ». Petit deux : (idem) « c’est normal ». Petit trois :

(idem) « ça fait plaisir ». Des questions ?

Béatrice : (bouche bée) Oui. Où est-ce qu’on peut vomir ?

Kate : (à Jean-Yves) JYgrec, fais quelque chose pour elle ! T’as l’habitude, non ?

Jean-Yves : Non... euh… Là, ce n’est pas une nausée, c’est une allergie.

Fantine : Manifestement, si j’extrapole entre la séquence « femmeling » et ces diapositives, j’en déduis que

la plupart d’entre nous n’a pas la même définition de l’expression « vie de Femme » que Ludovic.

Moi, j’entendais le mot « Femme » au sens large, et je comptais apprendre des choses sur

l’épanouissement de la Femme dans tous les domaines : travail, famille, vie personnelle…

Ludovic, qu’est-ce que vous entendez par : « une vie de Femme » ?

Ludo : Bah quoi ? Ma femme, c’est ma femme. C’est la personne avec qui je suis marié, Edmée. Ma

femme, quoi ! La Femme !

Fantine : J’ai compris ! La formation que vous proposez est destinée aux… « Femmes », au sens

« d’épouses » ! Donc « comment concilier une vie d’Epouse et une vie de mère » ?

Kate : Et si possible « d’épouse au foyer », j’me trompe ?

Ludo : Bah quoi ? C’est sa place !

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Béatrice : (n’arrivant pas à se mettre en colère, à Ludo) Si vous saviez ce à quoi vous avez échappé grâce

au Prozac ! Toute molle que je sois, je vous suggère de changer le slogan de votre formation :

« comment concilier votre vie de Femme et votre vie de merde ! ».

Sam : (à Ludo, en aparté mais Claude entend) Comme d’habitude, elles avaient mal compris l’objectif

de la formation. Je t’avais dit de changer les diapos, les tracts, et tout le reste… Il va falloir penser

à clarifier tout ça, un jour ou l’autre !

Claude : (à Sam) « Clarifier tout ça » ! Tu pourrais dire ça à ta femme, non, Sam ?

Sam : (agacé, entre ses dents) Mon ex-femme ! Bon, Claude, ça marche et on a quasiment fini… tu peux

y aller, merci !

Claude : Alors qu’on commence à s’amuser ? Non, merci aussi, je reste.

Ludo : (se sentant incompris, explosant, aux stagiaires) M’enfin, c’était clair ! Une vie de Femme : une

vie de femme mariée : heureuse, loyale, docile, et tout le tintouin !

Elsa : COACH !

Ludo : Oui, Elsa ?

Elsa : Moi, j’avais bien compris ça, et les premières diapositives, j’adhère totalement. On peut avoir la

suite ?

Dorothée : Moi aussi, j’avais compris, mais les trois points sur la fidélité, j’adhère moyennement. Je ne dois

pas être très adhésive.

Ludo : (aux autres) M’enfin, écoutez-moi : ça fait huit ans que ça marche pour nous. Je suis heureux et

Edmée est heureuse. Nos enfants sont heureux. Vous connaissez beaucoup de couples qui peuvent

dire ça, vous ? Fantine ? Kate ? Jean-Yves ? Béatrice ?

Béatrice : Je ne suis pas mariée, mais il y a encore quelques mois, je pouvais dire ça… moins les enfants.

Ludo : Oui, mais vous pouvez plus. A cause de l’ultimatum de Carlos. Du grec « ultima » qui veut dire

« ultime »… et euh… du savoyard « Tom »…

Sam : (à Ludo, en aparté) Stop !

Fantine : (commentant sur son propre cas) C'est-à-dire que… toute la journée à la maison… je pèterais un

plomb, moi ! Entre les poussées de fièvre et les caprices de pré-ado… Bonjour la régression

sociale !

Kate : (commentant sur son propre cas) Et moi, sur le trip « finances », James serait pas d’accord que je

reste à la piaule. Il me faut juste un petit boulot pas chiant, et on équilibre le budget. Surtout que

ça douille, la « beu ».

Jean-Yves : (commentant sur son propre cas) Moi, je vois bien ce que c’est une femme au foyer, mais je suis

perplexe sur la diapositive « La Femme qui se consacre à son mari ».

Sam : (voulant que ça se calme) Bon, ok ! On va laisser retomber les passions…

Claude : Et c’est un professionnel qui parle !

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Sam : (entre ses dents, mais de moins en moins) Claude, flute… merde ! (aux stagiaires) On va …

prendre du recul et faire une pause.

Elsa : (subitement) COACH !

Ludo : Oui, Elsa ?

Elsa : Pourquoi c’est le factotum qui prend les décisions ?

Ludo : (n’ayant pas de réponse) Parce que… parce que…

Sam : (intervenant au secours de Ludi) Parce que, par définition, il fait tout : donc, il prend les

décisions. Allez, pause ! (il toise Claude, qui soutient son regard)

Kate : Je vais m’en rouler un. Tu viens, Béa ?

Béatrice : Béatrice ! (essayant de s’énerver sans y arriver) Et moi, je vais m’en emplâtrer un, dès que les

effets du Prozac seront dissipés et que je serai moins molle, ça va pas traîner. Je dois prendre l’air.

(Kate et Béatrice sortent à Cour)

Ludo : (consulte son portable, mais Elsa le tire par la manche, il pose donc son portable sur la table)

Oui, Elsa ?

Elsa : Coach, c’est admirable, tout ce que vous professez. J’ai une petite question : une femme qui se

consacre à son mari doit assumer les enfants, le ménage, les repas, et toute l’intendance de la

maison… sans la moindre assistance, d’une servante, par exemple ?

Ludo : A l’absolu, oui. Maintenant, si vous créchez dans un château, ça se négocie, c’est comme les

primes de match.

Elsa : D’accord.

Ludo : Scusez-moi, j’ai la vessie pleine, là. (Ludo sort à jardin, laissant le portable sur la table)

Dorothée : (à Elsa) Ils ne nous ont pas dit où sont les commodités ?

Elsa : (montrant le côté jardin) Il semblerait qu’on puisse se vider la vessie par là.

Dorothée : (choquée) De l’autre côté de la salle d’eau ? Ce n’est pas pratique ! Viens avec moi.

Elsa : Tante Dorothée, pourquoi les filles vont-elles toujours aux commodités à deux ?

Dorothée : (évacuant la question) Parce qu’on dit « LES commodités ». Allez viens. (Elsa et Dorothée

sortent à jardin)

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(Jean-Yves et Fantine font les mêmes gestes à Jardin et Cour : sortir leurs portables de leurs attachés-cases et

des dossiers. Ils sont très concentrés et ça se voit)

Acte II, Scène 1 : Sam, Claude, + court passage Ludo (Jean-Yves), + courte intervention deFantine

(les 2 amants se retrouvent en tête à tête… à Fantine et Jean-Yves près, trop concentrés pour s’en soucier)

Claude : Tu m’épates, Sam… Mais je t’aurais pas cru capable de virer tout le monde pour avoir une

discussion en tête à tête avec moi… exceptés deux parasites.

Sam : Tu te trompes, sur moi. Quant aux parasites, si on regarde bien, ils sont totalement imperturbables.

On pourrait parler de déluge, ils entendraient pas.

Claude : Ben alors parlons-en, de déluge ! T’en es où, avec… – comment elle s’appelle déjà ?

Sam : Eliane. J’en suis au même point qu’après le divorce : séparé. Divorcé égale séparé. C’est très clair.

Claude : Ouais… C’est tellement clair qu’elle est revenue chez toi. (Sam lève les yeux au ciel et soupire)

Depuis combien de temps je te demande de m’installer chez toi, avec Maya et Willy ? Je sais, tu

les aimes pas, mes enfants ! Mais moi, tu soutiens que tu m’aimes. Alors ? Je fais quoi ? Je te crois

sur parole quand tu dis qu’elle a des soucis financiers, qu’elle s’est fait larguer par son nouveau

mec, que tu lui rends service et que vous êtes seulement amis ? Prends-moi pour une buse !

Sam : Quand on a aimé une femme, on peut continuer à l’estimer et à être là pour elle, non ?

Claude : Ouais… Mais là, c’est pas toi qui es là pour elle, c’est elle qui est là-bas chez toi ! C’est pas

pareil ! Tu me disais quoi, à moi, tu te souviens ? (l’imitant, mièvre) « Je suis pas prêt à me

réinstaller avec une femme ! », c’est qui qui l’a dit, c’est moi ou c’est toi ? En plus, c’est elle qui

t’a quitté ! Tu l’as mis où, ton amour-propre ?

Sam : Il est resté propre, justement. Il fait la part des choses. (il s’approche, voulant briser la glace)

Ludo : (entrant de jardin, en refermant sa braguette, ce qui stoppe Sam dans son élan) Sam, Eliane m’a

faxé le menu de ce soir, ça risque d’être fameux ! Elle écrit aussi qu’elle est contente que tu sois

pas en discussion tardive avec ton collègue, ce soir, pour une fois. On vient avec les enfants ;

Matéo sera content de voir son parrain !

Sam : Tu dois pas aller te laver les mains, toi ?

Ludo : Hein ? Pourquoi ?

Claude : La majorité des gars se lave pas les mains en sortant des chiottes !

Ludo : (nature) Mais ça va, je l’ai à peine touchée !

Sam : (ferme) Ludo, va te laver les mains, s’il te plaît. (Ludo sort à cour)

Claude : (rebondissant sur ce qu’elle vient d’entendre, fâchée) Alors vous faites des bouffes entre

couples ?

Sam : Non. J’invite ma sœur, mon beau-frère et ses enfants, et « mon amie Eliane » cuisine.

Claude : Et c’est quoi, ce mensonge des réunions avec un collègue ? Tu lui as rien dit, pour nous ?

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Sam : Si si. Je lui dis que je passe régulièrement mes soirées avec Claude, qui travaille dans ma boîte. Je

ne mens pas. Y’a que Ludo qui n’a pas fait le rapprochement.

Claude : Enflure ! Tu joues sur la mixité de mon prénom ! Ça, c’est dégueulasse ! T’aurais dit quoi, si je

m’appelais Vanessa ? (essayant de se calmer) Je me calme… (changeant de sujet) Et tu es fier de

cautionner la formation arriérée de ton « beauf » ?

Sam : (ayant peur que Jean-Yves et Fantine entendent) Chut ! Je ne la cautionne pas dans la forme.

Mais dans le fond, ma sœur est vraiment heureuse et Ludo veut en témoigner, il y croit. Certes, ils

sont dans des schémas d’un autre temps, mais pour eux, ça marche. C’est une conception comme

une autre du couple.

Claude : Mais tu plaisantes !!? De nos jours, la norme, c’est la femme qui travaille et la famille

recomposée… que tu refuses ! Tu as quoi contre Maya ? Elle est capricieuse, et alors ? Tu as quoi

contre Willy ? Il est bagarreur, et alors ?

Sam : Ça n’a rien à voir ! Tu peux comprendre que quand on s’est planté, on a peur d’y revenir, à la vie

de couple ?

Claude : Et tu vis quoi, là, avec ta femme - ex-femme… on sait plus - ?

Sam : J’héberge une amie ! Eliane n’est plus qu’une amie, tu peux le comprendre ?

Claude : (se calmant, et tentant une approche) Bon… Encore une fois, je mets de l’eau dans mon vin, mais

faudra éclaircir tout ça un jour, hein, mon doudou ?

Fantine : (répétant ses prochaines interventions à la cour, ce qui stoppe les élans de Claude)

« Objection ! Le rapprochement n’est pas envisageable ! »… Non : « Objection ! On ne peut pas

rapprocher les deux situations »… Non… Pfft… (elle se replonge dans son dossier)

Claude : (résignée) « Le rapprochement n’est pas envisageable »…

Sam : Mais si… Arrête de te prendre la tête. Maintenant, tu permets, Il faut que je gère mes affaires.

Claude : Et j’en suis pas une, de tes « affaires » ?

Sam : (plaisantant) Non, tu n’es pas une affaire, parfois.

Claude : (vexée) Et ça te fait sourire ?

Sam : Je plaisante !

Claude : Sam, je te jure, tu vas souffrir !

Sam : (soupirant) Et ce ne sera pas la première fois. Tu permets, il faut que je monte. (Sam sort à Cour)

Claude : Sam, je te jure, tu vas souffrir ! (elle le suit et sort à Cour)

Acte II, Scène 2 : Béatrice, Jean-Yves, (Fantine)

(Béatrice revient, constate la concentration de Jean-Yves et Fantine, et va vers Jean-Yves)

Béatrice : Concentré, le beau gosse !

Jean-Yves : Euh… Je suis dans mes dossiers, là…

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Béatrice : Je vois ça… (dans un quasi-monologue, Jean-Yves restant dans ses dossiers) Je voulais te dire,

JYgrec, quand je dis que t’es un beau gosse, je le pense, je te l’accorde, mais c’est plus une posture

qu’autre chose. Quand je dis « une posture », c’est pas une posture physique, c’est une posture

morale, genre une façon de se positionner par rapport à la vie, plus ou moins dedans, mais sans

exclure la marge… Mais bon, la marginalité, c’est jamais qu’une considération marginale, vu que

la marge est quand même une partie de la feuille, donc dans la feuille, donc pas exclue, je sais pas

si c’est très clair… Bref : je suis bloquée sur Carlos, j’espère que tu ne m’en voudras pas. C’est

son ultimatum qui me rend chèvre, et je draguouille pour me rassurer… pour me dire que je reste

libre et désirable… que je peux encore profiter de la vie… mais y’a pas moyen qu’on conclue, toi

et moi, tu comprends ? (voyant le portable de Ludo) C’est à qui, ce portable avec écrit « Ludo »

dessus ?

Jean-Yves : Euh… en toute logique, à Ludovic Heerenbaek, notre formateur. Mais je… je suis dans mes

dossiers, là…

Béatrice : Eh ben restes-y ! (récupérant le portable et cherchant la femme de Ludo dans le répertoire)

Alors… Comment il a dit ? « Edmée » ? Y’a pas d’Edmée ! « Chérie » ? Non plus… Ah voilà :

« Ma Femme » ! Tant pis, j’appelle. Un peu de courage, Béa, c’est pour la cause des femmes

libres ! (elle appelle) Allô, bonjour… Madame Edmée Heerenbaek ? Il faut que je vous parle…

(Béatrice sort à Jardin, téléphone à l’oreille)

Acte II, Scène 3 : Jean-Yves, Fantine, puis Elsa (et Dorothée court passage)

(Fantine compose un numéro sur son portable. Au même moment, le portable de Jean-Yves sonne. Il décroche)

Jean-Yves : Allô ?

Fantine : Allô, bonjour. Alors, ce procès ?

Jean-Yves : Quoi, le projet ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Fantine : Ça s’annonce bien ?

Jean-Yves : Je ne sais pas ! Ça, c’est de votre ressort ! Pas du mien !

Fantine : Il a des chances d’être acquitté ?

(Elsa entre de jardin et suit les deux conversations parallèles)

Jean-Yves : C’est une blague ? Non, bien sûr que non !

Fantine : Ce serait dommage ! Il faut faire venir un témoin supplémentaire !

Jean-Yves : Non, c’est hors de question !

Fantine : Si, c’est une condition sine qua non de notre succès.

Jean-Yves : Je m’en fous ! Même sans ça, on doit y arriver !

Fantine : On y arrivera !

Jean-Yves : Et même si on doit refaire des simulations.

Fantine : Tout à fait d’accord ; vous verrez qu’une femme peut faire ça avec brio.

Jean-Yves : Et vérifiez tout ce qui concerne le graissage, il faut que ça glisse parfaitement, sans frottements.

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Fantine : Evidemment, je suis pour. Sinon, ça va faire mal.

Jean-Yves : Je compte sur vous.

Fantine : Vous pouvez. On va le faire ! Les causes perdues, c’est mon créneau !

Jean-Yves : Si on peut éviter les pertes, je préfère autant, c’est compris ?

Fantine : Oui, rappelez-moi.

Jean-Yves : Et on ne perd pas de temps sur le planning non plus !

Fantine : Oui, oui… A bientôt !

Jean-Yves : Bien. On se rappelle. (ils raccrochent tous les deux)

Elsa : (à Jean-Yves et Fantine, étonnée) Vous vous appelez alors que vous êtes dans la même pièce ?

Fantine : (après un regard à Jean-Yves, à Elsa) Vous êtes fatiguée, vous. Les toilettes sont libres ?

Elsa : Non, Tante Dorothée prend son temps.

Dorothée : (entrant de jardin et sortant en vitesse à cour) J’ai fini. Mais je dois me laver les mains,

maintenant.

Fantine : Bien ! (Elle sort à jardin avec ses dossiers, aux toilettes donc)

Elsa : (à Jean-Yves, toujours étonnée) Vous ne vous appeliez pas, là ?

Jean-Yves : Euh… non, non ! Je… je… je répondais à l’un de mes… mes subordonnés. Je… je suis Directeur

d’un gros Centre de Recherches automobiles international.

Elsa : C’est étonnant comme vous avez de l’autorité quand vous parlez à un téléphone, et une affligeante

timidité quand vous parlez à une femme. Ce n’est pourtant pas plus impressionnant, une femme,

qu’un téléphone, si ? En tout cas, pas pour moi. Non, le téléphone est plus impressionnant : il y a

beaucoup plus de boutons dessus, enfin, ça dépend des femmes.

Jean-Yves : Je… je ne sais pas… Un téléphone ne m’a jamais demandé de faire dix enfants.

Elsa : C’est ça qui vous a traumatisé ? Moi, si je me mettais à votre place… Attendez… (elle se met à sa place, le poussant ailleurs) Ah non.

Jean-Yves : « Ah non », quoi ?

Elsa : Même si je me mets à votre place, je ne vois pas pourquoi vous avez plus d’autorité avec un

téléphone qu’avec une femme. Donnez-moi votre téléphone, pour voir ? (il lui donne son téléphone. Elle le regarde) Oui, mais il faudrait qu’on me donne une femme pour que je voie la

différence.

Jean-Yves : Je… je n’en ai pas sous la main, désolé…

Elsa : Vous êtes bizarre, Jean-Yves.

Jean-Yves : Euh… pareil. Je vous prie de m’excuser, il faut que je travaille. (il sort à cour avec ses dossiers)

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Acte II, Scène 4 : Elsa, Kate, puis Fantine

(Kate revient de cour, un peu shootée)

Kate : Salut Elsa. Tu vas bien ?

Elsa : Oui, et vous ?

Kate : J’ai trop dosé. J’suis déchirée.

Elsa : Déchirée ? Comme un papier ?

Kate : Oui, c’est ça : c’est comme si j’avais pas pied.

Elsa : Tendez la pointe. Si ça se trouve, ça touche le fond.

Kate : C’est clair que je touche le fond, là. Mais j’aime bien.

Elsa : Alors c’est bon, vous avez pied. (changeant de sujet) Vous qui aimez bien Jean-Yves aussi, vous

avez manqué quelque chose.

Kate : Jean-Qui ?

Elsa : JYgrec ! Quand il parle à un téléphone, il a beaucoup plus de facilités qu’avec une femme.

Kate : Attends… Je remets mes idées dans l’ordre : (elle semble faire un effort de mémoire) Alors, au

début de la journée, James m’a parlé.

Elsa : James, votre mari ?

Kate : Oui, mon mec. Il m’a dit - parce qu’il est gallois - il m’a dit : « where is Bryan ? »

Elsa : Bryan, votre fils ?

Kate : C’est ça. Et moi, j’ai dit « Bryan is in the kitchen ». Parce qu’il était dans la cuisine, le petit.

Elsa : Oui : « kitchen », « cuisine », c’est conforme.

Kate : Et puis je suis allée à la formation MEUF. J’ai pris ma voiture, j’ai mis la clé, j’ai tourné la clé…

Elsa : Ça progresse. On y est presque. Vous ne voulez pas faire « avance rapide » ?

Kate : Et j’ai rencontré JYgrec, comme le disait mon horoscope, avec le chiffre 8 pour me signaler ses 6

enfants. C’est fort, l’horoscope !

Elsa : 8 pour signaler 6, c’est bien trouvé !

Kate : (s’illuminant soudain) Mais attends, c’est pas tout ! Mon horoscope mensuel disait : « vous allez

aider votre prochain ».

Elsa : Votre prochain quoi ?

Kate : (illuminée) C’est JYGrec ! Attends… (elle se met à taper des choses sur l’ordinateur de Ludo)

Elsa : Moi aussi… Je voudrais bien aider ma prochaine Tante… et comme je n’en ai qu’une, c’est

forcément Tante Dorothée. Avez-vous analysé le comportement de monsieur Sam, le factotum ?

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« MEUF », auteur : Régis Rodriguez pour Scène Envie 2011-2012 – Version 2.0 page 26 / 28

J’ai comme dans l’idée que si ce monsieur n’était pas un sous-fifre, il ferait un homme du monde

parfait ! Il s’exprime quand même mieux que le formateur, non ? S’il avait du bien, je suis sûre

que Tante Dorothée pourrait refaire sa vie ratée avec lui, elle qui aime le bien… Pas le bien au

sens du « pas mal », le bien au sens pécuniaire évidemment.

Fantine : (revenant de Jardin) Où est-ce qu’on peut se laver les mains, ici ?

Elsa : (citant Sam, de mémoire) A la salle d’eau qui, « comme son nom l’indique, est dans votre dos ».

Fantine : (regardant derrière elle, c'est-à-dire là d’où elle vient, à jardin) Non, j’ai fait le tour des pièces, il

y a un bureau, les toilettes, et c’est tout.

Elsa : Ah, pourtant c’est ce que j’avais cru entendre. (elle continue à réfléchir)

Fantine : Sinon, pendant que j’y suis : votre Tante, a-t-elle un avocat pour son prochain divorce ? Il

semblerait qu’elle ait tous les torts… mais les causes perdues, ça me connaît.

Elsa : (sans aucun rapport, toujours sur sa réflexion) Tournez-vous de l’autre côté, pour voir !

Fantine : Pardon ? (elle s’exécute tout de même en se tournant)

Elsa : Oui, c’est ça. La salle d’eau est dans votre dos, maintenant, on retombe sur nos pieds. (Fantine soupire et sort à cour)

Acte II, Scène 5 : Elsa, Ludo, Dorothée (+ courte intervention Kate)

(Dorothée revient de cour, avec Ludo)

Dorothée : (draguant Ludo) C’est rare, un homme qui se lave les mains après être allé aux commodités !

Ludo : (nature) Je dirais pareil.

Dorothée : Ah non, les femmes font ça plus souvent, non ?

Ludo : De quoi on parle ? (à Kate) Vous faites quoi avec mon ordinateur ?

Kate : T’occupe. Je dois aider mon prochain, c’est mon horoscope qui l’a dit.

Elsa : (à Ludo) Mais on ne sait pas « son prochain quoi ? ». C’est mystérieux, tout ça.

Ludo : (à Kate) Bousillez pas ma config, hein ?

Dorothée : (à Ludo) Mais non, faites-lui confiance, elle a l’air à peu près certaine de ce qu’elle fait… à part

ses yeux bouffis et son air halluciné. (entreprenante) Monsieur Heerenbaek, de toute évidence,

vous avez réussi dans la vie… Et moi, il se trouve que je suis dans un passage, comme qui dirait

« à vide »… J’ai bien compris que vous étiez heureux avec votre femme et vos enfants, mais

posez-vous une question simple : le bonheur est-il réellement ce qu’on imagine ? Sexuellement,

par exemple, n’en êtes-vous pas arrivé à, comme qui dirait une sorte de routine ? Ne rêvez-vous

pas d’une tigresse qui vous ferait redécouvrir le septième, voire le huitième ciel, et pourquoi pas le

neuvième ?

Ludo : Non, pourquoi ?

Dorothée : Parce que - si vous me confirmez votre situation financière avantageuse - je suis assez partante

pour être cette tigresse, et même, si vous insistez, je puis être plusieurs tigresses à la fois : la

tigresse échevelée, la tigresse tendre, la tigresse soumise, la tigresse entreprenante, la tigresse qui

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cuisine, la tigresse qui fait le ménage, et même la tigresse endormie. Enfin… pour la cuisine et le

ménage, la tigresse peut embaucher des guenons. Qu’en pensez-vous ?

Ludo : (neutre) Rien. J’en pense rien, là, tout de suite.

Elsa : (pensant apporter un éclairage) Un coach, c’est comme un Bouddha, quand ça ne pense rien,

c’est bon signe, non ? Ce n’est pas facile de ne penser « rien » ; ça exige des années de pratique du

rien.

Dorothée : (à Ludo) Non, sans plaisanter… Vous faites sans doute partie de ces nombreux hommes – pour ne

pas dire la majorité – qui ne seraient pas contre un petit extra, lequel extra prendra de plus en plus

de place, jusqu’à évincer la… la… la titulaire du poste – oui, tiens, ça, ça devrait vous parler,

coach –, une remplaçante… de luxe ?

Ludo : (professoral) Quand le coach est satisfait des titulaires, les remplaçants, même de luxe, restent sur

le banc. Comme dirait Laurent Blanc : « je crois que bon, la notion de groupe stable est

importante ». Mais vous parlez de quoi ?

Dorothée : (après un soupir) Bon, je vais être plus directe : toi vouloir relation explosive avec moi plutôt

qu’avec la plante verte de service ? Une petite infidélité passagère qui dure ?

Ludo : (sec) Je suis fidèle, moi, madame. Point numéro 1 des 3 points : la fidélité. Petit un : c’est bien.

Petit deux : c’est normal. Petit trois : ça fait plaisir. Coup de sifflet final. Je vais chercher Sam et

on reprend. (il sort à cour)

Kate : (subitement) A y est !

Dorothée : (moqueuse) Vous avez trouvé sur internet votre horoscope du mois prochain ?

Kate : Non, mais j’ai l’arme fatale pour aider mon prochain JYgrec.

Dorothée : Pourquoi voulez-vous l’aider ? Il finira par divorcer, et puis ? Ce n’est pas la mer à boire ! Il suffit

de savoir rebondir.

Kate : Eh ben moi, je vais l’aider à rebondir sans boire la mer, ni s’écraser comme une bouse sur le

terrain vague d’un divorce destructeur.

Dorothée : Ça vous rend lyrique, vos substances !

Kate : (totalement hallucinée) Plus que ça : j’vais t’dire, Dorothée, y’a des fois où tu marches comme

dans un tunnel sombre, avec des murs humides, sans voir le bout du tunnel. Et tu marches, tu

marches, et tu sais pas où tu vas. Et pis tu prends des trucs et d’un coup, t’aperçois la lumière, là-

bas, que tu te dis que tu peux même la toucher, la lumière, tellement elle est dense. Et là, t’as

souvent des révélations immenses, comme celle-ci, tiens-toi bien : (elle s’arrête net, le regard vide)

Dorothée : Alors ? J’attends la révélation.

Kate : (s’ébrouant, ayant tout oublié) Quelle révélation ?

Dorothée : Eh bien quoi ? Celle donc vous alliez me parler !

Kate : (ayant tout oublié de son délire) Toi, tu dois fumer aussi !

Dorothée : (caustique) Et vous, vous avez dû trop souvent toucher la lumière !

Page 28: Ce texte est protégé par les droits d’auteur. · Kate Looselet: « Baba cool », focalisée sur l’horoscope, veut savoir comment avoir un job cool Jean-Yves Prudhomme : Paumé,

« MEUF », auteur : Régis Rodriguez pour Scène Envie 2011-2012 – Version 2.0 page 28 / 28

(Ceci est un peu plus de la moitié du texte …

Il ne s’agit pas de vous faire languir,

Mais de protéger son travail !)

L’auteur peut vous adresser gratuitement la suite !

N’hésitez pas à le contacter… Il ne mord pas,

il est très sympa, propre sur lui, aimable et souriant,

et il aime bien discuter avec d’autres gens passionnés !

Merci de contacter Régis Rodriguez au 06 11 44 17 83 ou par mail à [email protected] )