CAHIER 44 – JUNG - Du Livre Rouge à La Fleur d'Or

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  Jacques Henri PREVOST Petit Manuel d’Humanité CAHIER 44 – JUNG - Du Livre Rouge à la Fleur d'Or. MANUSCRIT ORIGINAL Tous droits réservés N°00035434  

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  • Jacques Henri PREVOST

    Petit Manuel dHumanit

    CAHIER 44 JUNG - Du Livre Rouge la Fleur d'Or.

    MANUSCRIT ORIGINAL Tous droits rservs

    N 00035434

  • JUNG - Du Livre Rouge la Fleur d'Or.

    Carl Gustav Jung

  • Introduction

    Carl G. Jung naquit le 26 juillet 1875 en Suisse, et mourut le 6 juin 1961. Son pre tait un pasteur luthrien allemand qui lui enseigna le latin, et sa mre assez dpressive tait frue de spiritisme. Aprs une adolescence difficile, voire douloureuse, Carl Jung s'intressa la philosophie, la littrature mdivale, aux sciences naturelles et la religion, puis devint assistant la clinique psychiatrique de luniversit de Zurich et s'y familiarisa avec le milieu psychiatrique. Il rencontra Freud en 1907, mais leurs approches divergentes de la psychologie les fit se sparer en 1910. Carl Jung se maria en 1903 avec Emma Rauschenbach avec laquelle il eut cinq enfants. Elle tait galement psychothrapeute et l'auteur de "Animus-Anima" et de "La lgende du Graal". Pour approfondir ses recherches et prparer son activit de psychiatre, Carl Jung voyagea souvent ce qui lui permit de connatre les tats Unis et la pense indienne, les Indiens d'Arizona et du nouveau Mexique, la Texas et la Nouvelle Orlans, Il se rendit aussi au Maghreb et en Ouganda o il dcouvrit le systme religieux des Hopis, fond sur la prdominance du soleil, puis il visita l'gypte et le Soudan, les tribus du Kenya, l'Inde et y tudia la pense orientale. Chercheur passionn, il crivait beaucoup et on lui doit de nombreux ouvrages en particulier sur "l'inconscient collectif", "le concept d'individuation"," Psychologie et alchimie", puis l'apparition surprenante de la "synchronicit" tudie avec von Pauli et les ouvrages traitant de la symbolique alchimique. Il fonda de son vivant deux centres de recherches, "La socit suisse de psychologie pratique, en 1945" et "l'Institut C.G. Jung, en 1948" Ksnacht o il rsidait.

    Sigmund Freud (pastel IKE)

    Jung rencontra Freud Vienne, et exprima son accord sur l'importance du transfert dans le traitement des dsordres psychiques. Il adhra d'abord aux positions de Freud. Leur relation se consolida partir de 1907 et les deux hommes changrent prs de 360 lettres en huit annes. Cependant, ds leurs premires rencontres, un dsaccord apparut concernant la primaut donne par Freud aux facteurs sexuels. Jung en parla dans son livre "Ma vie" : "J'ai encore un vif souvenir de Freud me disant : "Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la thorie sexuelle. C'est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un dogme, un bastion inbranlable." Je lui demandai : "Un bastion - contre quoi ?" Il me rpondit: "Contre le flot de vase noire de l'occultisme !" Ces mots "bastion" et "dogme" choqurent Jung, car ils lui semblaient rvler une volont personnelle de puissance. Ce choc altra leur amiti. Jung comprit qu'il ne pourrait jamais adopter la position de Freud qui semblait entendre par "occultisme" tout ce que la philosophie, la religion et la parapsychologie

  • naissante pouvaient dire de l'me. Or, c'tait justement cet "occultisme" que Jung voulait comprendre et explorer. Mon me, o es-tu? Mentends-tu? Je parle, je tappelle, es-tu l ? , crit-il en 1913 au bord du lac de Zurich. Les ides de deux hommes divergrent donc progressivement, et Jung devait dire plus tard au Dr Bernhard Baur-Celio : " Mais il est encore une chose que je voudrais vous dire : Ce qu'on appelle exploration de l'inconscient dvoile en fait et en vrit l'antique et intemporelle voie initiatique. ../.. Seul un "chevalier" risquera "la queste et l'aventiure". Rien ne disparat dfinitivement, c'est l'effrayante dcouverte de tous ceux qui ont ouvert cette porte. Mais l'angoisse primordiale est si grande ../.. qu'on n'a rien vu derrire cette porte ../.. Cette porte, toute banale, ouvre sur un troit sentier ../.. que bien peu seulement ont suivi, ../.. qui mne au secret de la mtamorphose et du renouveau. " .

    Mandala

    Pour Jung, le facteur religieux est une composante-mme de l'inconscient qui ne peut se rduire la simple sublimation des pulsions sexuelles. L'inconscient ne se compose pas uniquement du pass refouls, mais il contient les germes de toute activit cratrice. C'est une sorte de matrice, doue d'autonomie et d'action spontane sur le conscient, capable de modifier et renouveler la personnalit entire. En observant silencieusement les rves des patients, Jung dcouvrait en uvre, le processus d'mergence de "l'individuation". Il retrouvait aussi la marque de ce processus et de ces images dans les mythologies et lgendes et dans les religions de toutes les cultures et poques de l'humanit. C'est surtout dans l'alchimie que Jung retrouva une base historique accrditant ses hypothses d'inconscient collectif et d'archtypes. En 1913 Jung prsenta au XVIIe Congrs international de mdecine, Londres, une nouvelle approche qu'il nomma la "psychologie analytique", pour la distinguer de la "psychanalyse de Freud" et de la "psychologie des profondeurs d'Eugne Bleuler". Jung y suggrait de librer la thorie psychanalytique de son "point de vue exclusivement sexuel" en se focalisant sur un nouveau point de vue nergtique dvelopp par Henri Bergson. Jung y fit ensuite une intervention intitule "Contribution au problme des types psychologiques", une nouvelle typologie de la personnalit qui tait une autre faon de se dmarquer de Freud. Cette confrence mit fin la relation entre Jung et Freud, qui y vit une trahison et crivit Jung en octobre 1913 pour entriner leur rupture "../.. Par consquent, je propose que nous abandonnions nos relations personnelles compltement".

  • partir des annes 1926 et 1927, en raison de sa notorit croissante, Jung est affili un groupe d'analystes berlinois, dirig par Robert Sommer et Wladimir Eliasberg, nomm Socit mdicale allemande de psychothrapie (Deutsche Psychoanalystiche Gesellschaft), et qui a pour but de fdrer les perspectives freudiennes, jungienne et adlrienne. Il est nomm membre d'honneur en 1930. En 1939, quoique dmissionnaire, Jung fut nomm prsident de la Socit mdicale gnrale de psychothrapie qui devient ensuite l'Institut Gring. Install en Suisse avant la guerre de 1940, Jung y avait crit un ouvrage attirant l'attention sur la dangerosit de l'Allemagne. Quoique le livre ait t censur, aprs guerre, eten raison de son pass, Jung n'vita pas d'tre suspect de sympathie pour les nazis. On apprit pourtant ensuite que durant la Seconde Guerre mondiale, il avait t recrut sous le nom d' agent 488 par les services secrets allis et qu'il avait activement agi pour faire passer des fuyards juifs vers la Suisse. En 1944, la suite d'un infarctus, il vcut, semble-t-il, une NDE (Near Death Experience), une exprience de mort imminente dont il disait qu'une force invisible l'avait oblig "revenir sur terre". C'est peut tre la suite de ces expriences que Jung dirigea sa pense dans le domaine sotrique. Jung y produisit des uvres majeures dont les deux tomes de "Mysterium conjuntionis", les "Commentaires sur le Mystre de la Fleur d'or", et le fameux "Livre rouge" qui n'tait au dpart qu'un ensemble de six petits cahiers noirs, soigneusement calligraphis et illustrs la main, un recueil personnel et intime non destin tre publi, et qui s'enrichit ensuite superbement en deux parties ("Liber novus" et "Liber secundus"). Ce sont essentiellement toutes ces recherches sotriques qui seront prsentes dans cette tude.

    "Ce n'est pas moi qui me cre moi-mme, bien au contraire. J'adviens moi-mme."(C.G. JUNG)

    La maison avec tour que Jung avait conue et fait construire Ksnacht en Suisse

  • Le moi et l'inconscient

    Jung tudiait la psychologie humaine et plus particulirement linconscient, domaine psychique inaccessible la pense consciente. Il acceptait bien la notion freudienne d'inconscient personnel, un corpus de matriaux et d'lments de la vie du sujet passs ou refouls sous le seuil de la conscience. Jung postulait qu'outre cet inconscient personnel, il existait un autre inconscient, commun l'ensemble des hommes. Le contenu de cet autre inconscient consisterait en diverses conformations psychiques prtablies indpendamment du vcu individuel. Jung pensait que ce second corpus pouvait pathologiquement se doter d'une certaine autonomie. Il rappelait aussi que la vie psychique est une dmarche oriente vers une fin. Pour raliser cette finalit une confrontation consciente avec tous les contenus de l'inconscient lui semblait ncessaire. Chaque individu est videmment un tre particulier mais il est aussi un tre social. Chacun nat avec des possibilits fort diffrencies de vie personnelle et sociale, qui lui donnent sa valeur propre. Jung a donc tudi les techniques de cette diffrenciation personnelle par la prise en compte chez ses patients des rves et des fantasmes qui avaient constitu chez lui les fondements de sa propre exprience. Il a constat qu'en gnral, les conflits engendrs par une tension psychique se rsolvaient par une rgulation consciente et raisonnable, mais qu'une distorsion pathologique pouvait entraner un transfert vers un objet de substitution ou se manifester par des fantasmes ou rves rvlateurs. Jung pensait qu'en tudiant ces manifestations, le psychanalyste pouvait en faire remonter l'lment causal au niveau conscient. Il a dcouvert que c'tait effectivement possible pour les contenus de l'inconscient personnel, mais cela ne l'tait pas pour ceux de l'autre corpus qui tait donc de nature diffrente (comme p .e. le concept de Dieu), partags par des groupes ou collectivits humaines, et il a appel ce second corpus "inconscient collectif".

    Reprsentation conique de la structure de la psych selon la

    psychologie analytique.

    1. le Moi 2. le conscient

    3. l'inconscient personnel 4. l'inconscient collectif

    5. la partie de linconscient collectif qui ne peut tre connue,

    dite "inconscient archaque"

    Structuration de l'inconscient selon Jung

  • Rflchissant en thrapeute, Jung imagina que les dsordres psychiques provenaient d'une assimilation de l'inconscient personnel (vcu) ou import (collectif), dans la personnalit, un processus qui a des consquences. Jung distinguait deux profils ractifs typiques: lextraverti tourn vers les autres et lintroverti tourn vers lui-mme. Lorsque le sujet se laisse dominer par son inconscient au dtriment du son tat conscient, il en vient perdre son quilibre psychique. Le conscient dfaillant serait remplac par lactivit automatique de linconscient. Lextraverti ragira de faon active et lintroverti de faon ractive. Selon Jung, trois types de ractions peuvent alors apparaitre : 1. Le conscient peut tre capable de comprendre et dintgrer les contenus de linconscient et la situation va voluer favorablement. 2. Linconscient prend le dessus sur le conscient provoquant un tat psychotique. 3. Un tat intermdiaire s'tablit sans comprhension relle de la situation, ce qui cre un conflit bloquant toute possibilit dvolution. Il est important de reconnatre ce qui vient de l'individuel et du collectif. La diffrenciation rigoureuse de la psych collective est une ncessit pour viter la dissolution de lindividuel dans le collectif, laquelle peut provoquer une identification une entit ou un personnage symbolique, historique ou imaginaire. Jung dsigne sous le nom de "persona" le fragment de la psych collective sur lequel lindividu peut vouloir se calquer en sacrifiant une part de son caractre personnel. Chez les anciens la "persona" dsignait le masque des comdiens. Ce masque de la "persona" dissimule ainsi une partie de la psych collective et lillusion de lindividualit . Le choix du masque nest pas neutre, il correspond une partie du soi imprgne dans linconscient.

    Illustration tire du Livre Rouge de Jung

  • Quand le sujet perd ses structures conscientes, linconscient personnel ou collectif prend la direction de ltre. Lorsquun individu subit la confusion de ses domaines conscients et inconscients, il imagine avoir surmont son conflit moral (du bien et du mal) et avoir domin ses difficults. Il faut, et c'est important, inclure ici diffrentes convictions ou hritages, religieux, politiques, ethniques ou socitaux. Le sujet se sent choisi ou suprieur, ressemblant Dieu, d'une certaine faon . Jung appelle cela linflation psychique . Pour illustrer l'ide, il voque lidentification d'individus leurs poste ou leurs fonction en sen attribuant les qualits. Celui qui sidentifie sa psych collective accepte cette inflation. Il se sent dtenteur de la "vrit". Cela peut provoquer l'orgueil, la mgalomanie, un comportement charismatique ou prophtique. Laccs la psych collective induit un renouveau agrable que l'on voudra conserver, mais les vrais prophtes, dit Jung, sont rares et s'en dfendent. Une autre faon consiste devenir disciple de l'envoy, (La vertu sans le poids du rle). Si le sujet adhre aux contenus inconscients, cela peut produire une paranoa ou une schizophrnie. S'il les rejette totalement, il peut tre exclu de sa communaut. Il convient donc de reconstituer la persona altre. Cela peut parfois se faire de faon rgressive surtout lorsque le sujet a subi la chute de son statut social et qu'il reconstitue ce niveau infrieur lquilibre de sa personnalit. On connait l'exemple rcent et vrai de l'empereur de Chine devenu jardinier du palais. La reconstitution rgressive de la persona peut aussi faire suite un transfert : Le transfert est un moyen inconscient reportant les dsirs inconscients du patient sur le thrapeute. Il faut savoir que la rupture brutale dun transfert peut dclencher une rechute aussi grave que le mal initial.

    Mandala sculpt par Jung dans le jardin de sa maison de Ksnacht

  • Le Moi conscient s'identifie d'abord avec la persona. L'ancien masque du comdien indiquait son rle dans la pice. Le masque issu de la persona veut convaincre les autres et nous-mmes que notre tre est individuel : il n'en est rien, il s'agit d'un simple artifice. L'identification au rle social ou honorifique participe la constitution de la persona. Jung affirme que la persona na pourtant rien de rel, elle nest quun compromis entre lindividu et la socit. Le masque que revt lindividu dissimule la part de psych collective assimile et donne lillusion de lindividualit, mais personne ne peut retrancher arbitrairement de l'inconscient la force agissante et cratrice . Jung souligne que : l'nergie de l'inconscient ne peut tre soustraite celui-ci que trs partiellement ../.. il renferme et constitue lui-mme la source de la libido dont manent les lments psychiques qui font notre vie . La spontanit inconsciente est la marque essentielle de la pense cratrice. L'inconscient a une activit autonome. Jung emploie le terme "d'imago" pour illustrer les images intrapsychiques que suscitent les tres qui entourent un individu, comme de l'influence des parents sur les ractions de l'enfant. l'image inconsciente des parents devient active et dynamique au conscient lorsque ces derniers viennent mourir. Plus le champ de la conscience est limit, plus les manifestations inconscientes lui apparatront extrieures. un niveau suprieur de dveloppement du conscient, ces "imagines" (pluriel d'imago), s'inscriront entre le conscient et l'inconscient. Demeurant autonomes, elles entreront dans le conscient et pourront constituer une source d'inspiration, de prmonitions ou "d'information surnaturelles". En mrissant, ladolescent refoulera les influences reues et les imagines parentales , personnelles et collectives, dans son inconscient dadulte. Ici apparaissent les notions d'anima et d'animus

    Un Mandala peint par Jung

  • L'individuation

    L'homme hrite dimages virtuelles qui, dit Jung, sont comme le sdiment de toutes les expriences vcues par la ligne ancestrale ; elles en sont le rsidu structurel, non les expriences elles-mmes . Le masculin est adapt au fminin. Chez l'adolescent les "imagines parentaux" vont faire place limago de la "femme compagne". Selon Jung, pour caractriser son genre, en devenant adulte lhomme refoule alors tout trait fminin personnel. Il choisirait donc sa compagne en fonction de sa propre fminit inconsciente refoule, "l' imago de la femme" qu'il porte en lui. Cest pourquoi lhomme dans le choix de la femme aime, succombe souvent la tentation de conqurir prcisment la femme qui correspond le mieux sa nature inconsciente. . Ainsi sous le couvert du mariage idal et exclusif, lhomme chercherait la protection de sa mre. Dans l'enfance, elle assurait sa scurit et le protgeait des dangers et des terreurs nocturnes. La sparation d'avec la mre, en tant que rceptacle de lanima du fils, constituerait donc un tournant volutif dans la vie de lindividu. Dans la persona de l'adolescent devenant adulte, son image idale du mle, vient s'intgrer une faiblesse fminine un manque ressenti que Jung appelle lanima (l'me en latin). Lhomme peroit bien que l'anima, cette faiblesse de son conscient, l'empche d'tre le parangon de virilit qu'il affiche. Cela entrane un complexe dinfriorit que sa femme, dit malicieusement Jung, ne manquera pas d'exploiter. Chez la femme: llment de compensation revt un caractre masculin. Jung l'appelle animus, mais il souligne la grande difficult de son tude. Il lui est dj difficile de dcrire compltement lanima, et pour lanimus, il avoue qu'il a bien des difficults pour dcrire quelque chose qui ne lui appartient pas. Lanima et lanimus ne sont pas des notions mtaphysiques mais bien empiriques, qu'il convient donc d'approfondir. .

    Image tire du Livre rouge de JUNG Le pre, avec sa fonction protectrice, constitue le rceptacle de la persona de lenfant. Il rend socialement lgitime ltre grandissant tandis la mre assure la prennit dappartenance au groupe., d'o les dgts que provoque la carence dun pre ou dune mre. On a vu que l'anima, (l'animus chez la femme) s'opposait la persona. Tout ce qui est inconscient est projet . Chez l'homme, l'anima est projete sur une femme, qui se voit attribuer toute une srie de qualits qui en ralit appartiennent au sujet. Les femmes sont des tres part , dit Jung. Elles disposeraient dun conscient diffrent de lhomme, et leur animus serait la source dopinions trs solides, et de fermes aprioris. Chez la femme, dit-il, les choses se prsentent sous un jour diffrent , l'animus est quelque chose comme une assemble ../.. de porteurs de l'autorit ../.. qui mettent des jugements "raisonnables" inattaquables . L'animus est une manire de condensation de toutes les expriences accumules par la ligne ancestrale au contact de l'homme ../.. mais pas seulement cela, l'animus est aussi un tre crateur, une matrice../. . Et si chez lhomme lanima apparat sous les traits idalis dune femme, d'une

  • Circ ou d'une Calypso, chez la femme lanimus apparat sous les traits dune pluralit de porteurs de lautorit qui tiennent des raisonnements inattaquables. Alors que l'anima est la source d'humeurs, l'animus est la source d'opinions. Une femme possde par son animus est en grand danger de perdre sa fminit tout l'anima de l'homme risque de le rendre effmin. L'animus sera tout aussi frquemment projet que l'anima. Les hommes sur lesquels lanimus est le plus susceptible de se projeter seront les plus aptes servir de rceptacle. Les opinions de lanimus seront toujours de nature collective, donc, aux yeux de lhomme, quelque chose de suprmement irritant. Toute amusante qu'elle soit, la partialit de Jung est ici, me semble-t-il, assez rvlatrice de ses problmes conjugaux.

    Mandala de l'anima Mandala de l'animus

    L'individuation, (de in-divis, celui qui nest pas divis, celui qui est en processus de re-conjonction des opposs spars), permet l'tre humain de devenir rellement ce qu'il est au plus profond de lui-mme, c'est dire de la ralisation du Soi. Jung disait que : L'individuation n'a d'autre but que de librer le Soi des fausses enveloppes de la persona, et de la force suggestive des images inconscientes . Ce processus spontan se droule gnralement de manire souterraine. Il commence par la ncessaire diffrenciation entre le Moi et l'inconscient. Il passe donc par la confrontation entre ces deux composantes de la psych et doit aboutir ce que le conscient devienne son principe directeur en se positionnant au centre de sa personnalit globale. L'homme qui a conscience de ce qu'est son principe directeur sait avec quelle autorit indiscutable ce principe dispose de notre vie. . Si les contenus collectifs demeurent inconscients, l'individu, emptr dans les mille liens qui le rattachent aux autres individus chez qui ils sont galement inconscients, demeure inconsciemment confondu avec eux. Il ne s'est pas diffrenci. Il ne s'est pas individu. Il n'est pas un individu. . Ce qu'il faut entendre par le centre de la personnalit ../.. n'est peut-tre pas aisment comprhensible../.. Imaginons-nous le conscient avec son centre qui est le Moi dans sa confrontation avec l'inconscient; cette confrontation entrane un processus d'assimilation de l'inconscient. Nous pouvons nous reprsenter cette assimilation comme une manire de rapprochement entre le conscient et l'inconscient la suite duquel le centre de la personnalit globale ne concidera plus avec le Moi, mais sera figur par un point qui se trouvera mi-chemin mi-chemin entre le conscient et l'inconscient. . Selon Jung, l'individuation se confond ave l'idal chrtien originel du Royaume des Cieux "qui est en nous." L'ide de base sur laquelle s'est difi cet idal est que l'action et le comportement justes ne peuvent rsulter que de la droiture d'esprit et d'un tat d'me sain, et qu'il ne saurait y avoir de gurison et d'amlioration du monde qui ne prennent leur point de dpart dans l'individu .

  • Allgorie de l'anima

  • MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - Le mystre de la conjonction ( des extrmes) -

    AVERTISSEMENT

    JUNG pensait fermement que les alchimistes avaient dcouvert empiriquement et bien avant les psychiatres modernes les problmes poss dans la psych humaine par les dsquilibres ventuellement advenus entre les conscient et l'inconscient. Il a publi l'tat de ses recherches dans des traits normes et trs documents, dont je vais m'efforcer de vous faire partager l'esprit. Je dois nanmoins informer le lecteur qu'il est trs difficile de condenser en quelques lignes un travail de cette importance. Qu'ils veuillent bien excuser les ventuels manques ou omissions, sachant que chacun des paragraphes qui suivent reprsentent cinquante cent pages du texte de JUNG.

    Mysterium conjunctionis Tome 1 - (Les symboles) Le Mystre de la conjonction des opposs.

    Ce serait une impardonnable erreur, disait Jung, de ne voir dans le courant de pense alchimique, ../.. que des oprations de cornues et de fourneaux. Certes, l'alchimie a aussi ce ct, et c'est dans cet aspect qu'elle constitua les dbuts ttonnants de la chimie exacte. Mais l'alchimie a aussi un ct vie de l'esprit qu'il faut se garder de sous-estimer, un ct psychologique dont on est loin d'avoir tir tout ce qu'il y a en tirer. Il existe une "Philosophie alchimique", prcurseur titubant de la psychologie la plus moderne. Dans l'ombre de l'inconscient est cach un trsor, le "Trsor difficile atteindre", caractris tantt par une perle brillante, tantt, comme dit Paracelse, par un "Mysterium", ce qui indique quelque chose de fascinant par excellence. Ce sont les possibilits d'une vie et d'un progrs spirituels ou symboliques qui constituent le but dernier, mais inconscient, de la rgression. . Jung a prsent l'important ouvrage qu'il a consacr au rapprochement de la psychologie moderne avec l'alchimie mdivale comme une srie d'tudes sur la sparation et la runion des oprations psychiques dans l'alchimie. Il y a travaill pendant dix ans avec sa collaboratrice , Mme M. L. von Franz. Le livre commence par la prsentation des composants de la conjonction et de la dualit alchimique des opposs, des symboles qui lexpriment et de leur signification psychologique. L'essentiel de l'art alchimique, dit Jung, consiste en la sparation et la dissolution d'une part, la runion et la coagulation d'autre part (Solve et coagula). . La situation est analogue dans la psychologie et dans l'alchimie. On est en prsence d'un tat initial dans lequel des tendances ou forces opposes sont en lutte, et l'on doit ensuite engager un processus capable de ramener ces lments l'unit. Il faut runir les deux poux, (sponsus et sponsa). Dans les deux cas, d'ailleurs, la situation de dpart est obscure, et il convient d'en dcouvrir d'abord la nature, la (Materia prima). La suite, qui n'est pas plus facile, consistera confronter les opposs en visant en raliser l'union durable.

    MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - C. J JUNG

    Exemple de la complexit d'interprtation du texte.

    Extrait du tome 1 -chapitre 3 " l'Orpheline et la Veuve" - Albin Michel - 1956 Sache que tu possdes un corps qui perce les corps, une nature qui contient la nature, une nature qui se rjouit de la nature. qui est appele coup sr "tyriaque" des philosophes, car, comme la vipre, lorsqu'elle conoit, coupe la tte du mle dans l'ardeur de son plaisir, meurt en enfantant et se trouve coupe par le milieu. Ainsi l'humidit lunaire concevant la lumire solaire qui lui convient, tue le soleil et meurt elle-mme, en enfantant la progniture des philosophes; et les deux parents, en mourant, transmettent leur me leur fils et prissent. Et les parents sont la nourriture de leur fils. . - NDLR- Le thyriaque est un anti-poison essentiellement base d'opium.

  • Jung cite des couples d'opposs, chaleur/froid, humidit/scheresse, vie/mort, esprit/me, licorne/cerf, etc, qui se prsentent souvent dans une structure quaternaire (les quatre lments, les quatre ges de l'homme), sorte de croix symbolique. La signification du Mercure (spititus mercurii), en fait le principe unificateur synthtisant l'union des couples dopposs dans ce "quaternio", en relation avec un arrire-plan chrtien. La double quaternit, l'octoade, combinant la croix simple la croix dite de St Andr, reprsente la totalit, la fois cleste et terrestre, spirituelle et corporelle, qui se trouve dans l'inconscient. C'est, n'en pas douter dit Jung, le microcosme, l'Adam mystique, l'homme primordial. C'est pourquoi, dit-il encore, dans le Gnosticisme, non seulement le "Pre de Tout" est dcrit comme ni masculin ni fminin mais qu'il est aussi appel le "fond" ou "l'abme". En sa forme physique (materia prima), le Mercure serait donc l'homme primordial dissous dans le monde matriel, et en sa forme sublime, la totalit restaure de cet "Anthropos" triomphant. . Dans la littrature alchimique, on trouve les symboles de "l'Orphelin et de la Veuve". Selon Herms Trismgiste, le terme "Orphelin" dsignerait la pierre philosophale, ainsi qualifie en raison de sa singularit. La "Veuve" serait alors la matria prima, la mre de la pierre, le principe alchimique fminin, Sponsa l'pouse, qui est aussi la Lune obscure, au rle toujours nfaste ou destructeur. Elle est le symbole alchimique paradoxal de la lumire qui luit dans la nuit, mais qui blesse aussi le Soleil, rle ralis dans l'clipse. Dans la tradition chrtienne, constamment prsente chez Jung, la Veuve est l'glise et l'obscurcissement du Soleil, (le Lion, le Soleil intrieur), montre qu'il s'avilit cause de la chair. Chez les Manichens, la roue hydraulique invente par le Fils du Pre vivant, le Rdempteur, pour racheter les mes de hommes, correspond la "Rota" des alchimistes, et Mani, l'esclave, tait bien le Fils de la Veuve puisque rachet quatre ans par une riche veuve, il ne connut jamais ses parents.

    Image alchimique du meurtre du Soleil

    Pour unifier les opposs, l'alchimie doit les contempler simultanment et les rapprocher, ce qui est paradoxal. La tche premire de lalchimie visait mettre en harmonie larrire-plan fminin et maternel de la psych masculine avec lesprit. Le but tait deffacer le pch originel, ce que tout son art tendait raliser. Jung prsente ensuite la doctrine alchimique des "scintillae" les "tincelles de l'me". Ce terme dtincelle de l'me, ou "scintilla", a t utilis par Matre Eckhart, Hraclite et Simon le Mage, ainsi que dans les textes alchimiques qui la dcrivent comme 'larchaeus', le centre ign de la terre, (mle et femelle la fois). Les tincelles de l'me du Monde taient dj dans la chaos, dans la prima materia au commencement du monde. . On parle ici de l'me du monde, mais le texte affirme que ces tincelles sont multiples. On entre alors dans un dveloppement fort intressant. Les alchimistes considrent que l'opposition existant entre le masculin et le fminin est majeure. Jung la compare au conflit incestueux dcrit par Freud, en rfrence au pch originel et lopposition de nature entre la matire et lesprit. Le but de lalchimie est lunification, celui du second est la discrimination. Le mythe alchimique du roi des mers exprime son double projet : dcouvrir lor cach dans la matire et faire renatre la lumire, et donc, par la connaissance, de dlivrer l'me du corps pneumatique hors la corruption de la chair. La volont chrtienne est de restaurer ltat originel dinnocence par l'asctisme, la vie

  • monastique et, plus tard, par le clibat des prtres, Elle est donc tout l'oppos de lesprit alchimique. Par l'image symbolique du mariage (purement mystique) de "sponsus" (le Christ) et "sponsa" (lglise), le Christianisme propose une solution purement spirituelle. L'alchimie lui oppose le mariage alchimique, (physique par nature), la conjonction du Soleil et de la Lune, (une solution conceptuellement presqu'incestueuse). Jung explique que ces deux tentatives choueront parce que lopposition des sexes doit tre rsolue dans lme de lhomme. Mais qu'entend ici Jung par l'me de l'homme ?

    MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - C. J JUNG

    Extrait du tome 1 - " la personnification des opposs" - Albin Michel - 1956 Il n'y a rien d'tonnant en soi ce que l'inconscient se manifeste sous la forme de projections et de symboles, puisque c'est la seule manire dont il puisse tre peru. Mais il n'en va pas de mme, semble-t-il, de la conscience. La conscience, en tant que quintessence de ce qui est clairement saisi, parat tre dpourvue de tout ce qui est requis pour une projection. Celle ci n'est pas, bien entendu, un phnomne arbitraire, mais c'est un vnement qui s'impose "de l'extrieur" la conscience, une apparence de l'objet o le sujet ne discerne pas qu'il est lui-mme la source lumineuse dont la clart fait briller le rflecteur qu'est la projection. .

    Extrait du livre de Jung "Commentaires sur le mystre de la fleur d'or" - Albin Michel - Fragment de l'avant propos de Michel Cazenave.

    Il est un thme, particulirement, sur lequel je voudrais insister, qui est la notion d'me. A passer ct, on passerait tout autant ct ../.. du nud central de toute l'exprience et de toute l'uvre de JUNG. L'me, pour lui, on le sait, dsigne la "globalit" de la psych humaine, c'est--dire dans une conjonction majeure des opposs, de l'inconscient et de la conscience. Ce qui revient dire qu'elle est le tiers inclus en mme temps qu'elle maintient les sparations opres. .

    Les personnages alchimiques de ce drame sont l'Homme et la Femme, le Roi et la Reine, le Soleil et la Lune (sol et luna). Le Moi peroit le Soleil comme une entit bnfique et gnratrice, qualits projetes sur lhomme et lunivers. L'alchimie en fait un lment unique, source souveraine du pouvoir, partir duquel on peut produire de lor. Il a aussi un ct sombre, parfois nuisible. Son image est le symbole du drame matriel et psychologique qu'est le retour la matire originelle, la prima materia. La mort du Soleil est donc ncessaire au retour linnocence. On constate ici encore la diffrence entre la dynamique alchimique ascendante (montant des tnbres matrielles vers la lumire spirituelle) et la descente chrtienne du royaume cleste vers la terre. Les projections alchimiques refltent l'opposition conscient/inconscient, symbolise par le Soleil et la Lune. Le Soleil est vu comme une projection du Moi, la condition indispensable la conscience. Jung distingue le concept du soi, atman supra personnel, totalit du conscient et de linconscient, et le moi, atman personnel, point de rfrence central de linconscient (ou "miroir" de linconscient). Le soufre alchimique (sulfur), source et fin de tout vivant, serait la prima materia du Soleil et le compagnon de la Lune. Sa nature psychique est double: igne et corrosive, gurisseuse et purificatrice, corporelle et spirituelle, terrestre et occulte. Il consume et purifie. On lidentifie au diable et dautre part au Christ. Ill est synonyme de la mystrieuse substance de transmutation. On retrouve le concept jungien du Soi dfini comme la totalit humaine, plus grand que le moi conscient et contenant ce moi, lombre personnelle et linconscient collectif. Les alchimistes mettent en vidence lexistence psychique de lombre, oppose et compensatrice du conscient, image positive et structure cache de la psych. Le soufre symboliserait le dynamisme impulsif issu de lombre et de "lanthropos" prsents dans linconscient.

  • MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - C. J JUNG

    Extrait du tome 1 - " luna" - Albin Michel - 1956

    L'homme ne peut reconnatre son anima que sous une forme projete : Il en va de mme de la femme et de son soleil obscur. Si son eros est en ordre, son soleil ne sera pas alors trop sombre et le porteur de la projection signifiera peut-mme une compensation utile, mais si elle n'est pas d'accord avec son eros ../.. l'obscurit de son soleil correspond une personne masculine possde par l'anima scrtant une esprit infrieur aussi grisant qu'un fort alcool. .. /.. Le soleil obscur de la psychologie fminine est en rapport avec l'imago paternelle puisque le pre est bien le premier porteur de l'image de l'animus. Il donne un contenu et une forme cette image virtuelle car il est, grce son logos, la source de "l'esprit" pour sa fille. ../.. L'esprit qui est profitable la femme n'est pas un pur intellect, mais plus que cela : C'est une attitude, un esprit dans lequel on vit. .

    Contrepartie du soleil et deuxime terme de la conjonction, la lune alchimique est froide, humide, sombre, fminine, corporelle et passive. Jung expose son rle dans le mystre des transformations, la lumire des textes alchimiques. La Lune est la sur ou la fiance, la mre ou l'pouse du Soleil. Elle est aussi le vase du soleil et le rceptacle de toutes choses (et en particulier du Soleil), parce qu'elle reoit et verse la puissance du ciel. . Elle permet la conception de la semence du Soleil, dan la quintessence, dans le ventre et la matrice de la nature. Si le Soleil engendre l'or, la Lune est aussi "l'argent" qui est un symbole de l'arcane "Lune". La croyance en l'influence de la lune sur la germination conduit l'trange conception alchimique que la lune serait elle mme une plante, une sorte de mandragore. Chez la femme, la lune correspond la conscience et la soleil l'inconscient, en relation avec la prsence du genre oppos dans l'inconscient (anima chez l'homme, animus chez la femme). La Lune apparat dans une position dsavantageuse par rapport au Soleil ce qui souligne ses aspects nfastes. Selon Jung, cette caractrisation de la Lune montre que les alchimistes concevaient lunion du Soleil (le conscient) et de la Lune (linconscient) comme dangereuse et produisant des animaux symboliques venimeux, des prdateurs, ou des oiseaux de proie. Il compare le rle alchimique de la Lune celui de la Vierge Marie et de lglise car, de par sa position entre les choses clestes ternelles et la sphre terrestre et sublunaire, elle partage les souffrance de la Terre. La symbolique alchimique associe souvent le Chien l'image de la Lune, comme le Lion celle du Soleil. Les figurations animales rvlent la volont alchimique de souligner l'existence d'apptits sensuels dans la psych humaine.

    L'tude dtaille des proprit du sel clt le 1er tome du "Mysterium connjunctionis". Dans l'alchimie, le sel est associ au symbolisme lunaire. Cet lment trs important est le symbole de la puissance arcane. L'amertume du sel et de la mer connote la corruption et l'imperfection

  • de la partie de l'univers qui demeure dans le chaos. De mme que l'esprit du chaos est indispensable lordre alchimique, linconscient est essentiel au fonctionnement quilibr de lesprit humain. Dans la pense alchimique lme slve jusqu'au le royaume de lesprit mais ne trouve pas le salut avant de redescendre dans le centre de la terre. Cette monte et cette descente reprsentent la ralisation des opposs psychiques, qui entrane leur intgration et laccomplissement total de la personnalit. La monte et la descente travers les sphres plantaires est interprt comme la runion des nergies infrieures et suprieures. Dans le Gnosticisme chrtien cette transformation symbolique commence par une descente puis s'opre par lascension qui sensuit (la rsurrection ). Dans la thorie alchimique le processus se droule donc en sens contraire. Le sel alchimique est gnralement associ lme. C'est une substance transcendante qui coagule et transforme bien dautres substances. Comme lme du monde, il pntre toutes les substances. Il est aussi associ la figure du Christ (galement identifi lme du monde, la substance cratrice). Cette dualit de lamertume et de la sagesse dans la signification du sel pourrait exprimer le conflit interne de la psych. Pour Jung, il semble que les alchimistes aient eu une bien meilleure comprhension de cette symbolique conflictuelle que ne lont eue plus tard les Chrtiens ; ils ont reconnu le ct sombre de la psych et du monde tandis que lEglise continue d'exiger une sorte daveuglement li son dogme, en dniant lombre sa place dans lordre du monde.

    Remarquez la couronne sur le vase

  • Mysterium conjunctionis tome 2 - (L'union du Roi et de la Reine) Le Mystre de la conjonction des opposs.

    Le symbole du Roi, du couple royal et de la royaut expriment souvent une figure archtypique, y compris dans l'image chrtienne du Christ Roi. C'est du Roi que dcoulent la vie et la prosprit des sujets. Le symbole de la Trinit peut y tre associ. Dans la littrature alchimique la plus recule, le Roi est identifi au Soleil, au Dieu Pre, ou mme lOr philosophique (qui se rvle lorsque lme se libre du corps). Les textes ultrieurs le prsentent comme un facteur de perfectionnement par sa naissance ou sa renaissance, ce qui sous-entend sa mort pralable. Comme la psych masculine dont il est l'image, le Roi a un cot obscur qui affaiblit son rayonnement. Le roi doit tre sacrifi et mourir. Il ressuscitera avec une force nouvelle. C'est par la mort que l'identification au Dieu Pre est dfinitivement confirme. Lide de l'puisement du Roi dans le pch, puis de sa mort est fort ancienne. On la retrouve aussi dans le mythe du Graal. Finalement son coeur se dissout en eau. Dans les crits anciens, la dissolution dans l'eau (aqua permanens), tait dj considre comme un phnomne spirituel plus que physique, union psychique des deux opposs. Dans les textes ultrieurs, la renaissance conduit un tat moral et spirituel suprieur au del d'une transformation simplement physique. Afin de pntrer dans le royaume de Dieu, le Roi doit retourner ltat initial et chaotique de "massa confusa", o tous les lments sont en conflit. L'alchimie dpeint la mtamorphose du Roi qui passe d'un tat imparfait une nature saine, parfaite, intgrale et incorruptible. La sparation a lieu dans lisolement. Une phase de mort et de dcomposition complte prcde la renaissance. Ce paradoxe comme de nombreux autres caractrisent la pense alchimique, attache au principe de la bipolarit des choses. Psychologiquement le vieux Roi est identifi la conscience, et son anima redevient cratrice quand il se renouvelle. La psychologie n'est pas contrainte comme l'alchimie d'expliquer les phnomnes psychiques en termes thologiques; elle peut donc faire entrer les figurations religieuses dans le domaine des lments psychiques sans toucher leur contenu thologique.

    MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - C. J JUNG

    Extrait du tome 2- " la mtamorphose du Roi" - Albin Michel - 1982 Allegoria Merlini (cite parJung)

    Le Roi demanda tre plac dans une chambre chaude o il pourrait, en transpirant, liminer l'eau (qu'il avait demande). Cependant, lorsque ses serviteurs ouvrirent la porte e la chambre, il gisait comme mort. On appela les mdecins gyptiens et alexandrins ../.. Les gyptiens dchirrent alors le Roi en tout petits morceaux, broyrent ceux-ci, les mlangrent avec leurs mdecines "humidifiantes" ../.. et remirent le Roi dan la chambre chaude, comme auparavant. Au bout de quelques temps, ils le sortirent n'ayant plus qu'un faible reste de vie. Voyant cela, les spectateurs clatrent en lamentations. Hlas ! le Roi est mort ! Les mdecins les rassurrent disant qu'il tait simplement endormi ../.. Quand ils le sortirent une nouvelle fois, il tait rellement mort. Mais les mdecins dirent. Nous l'avons tu afin qu'il devienne meilleur et le plus fort dans le monde aprs sa rsurrection ../... Aprs cela, les Alexandrins tuent leur tour le Roi, dcoupent le corps qu'ils traitent avec des sels et de l'huile, passent le tout au feu, le fondent puis filtrent le liquide. Et le Roi revient la vie de nouveau, encore plus ardent au combat. .

  • Au premiers temps du Christianisme, la figure du Christ refltait l'archtype primordial de l'homme intrieur. Mais, pour les Gnostiques, "lAnthroposs", est l'homme accompli, non pas le rdempteur. La finalit des preuves dcrites dans l'alchimie diffre de celles de la passion du Christ. Le but du sacrifice alchimique, c'est la propre rdemption du Soi, symbole d'un combat psychique pour atteindre la totalit. Jung fait souvent rfrence l'arrire plan chrtien de la culture occidentale. Il tudie videmment les croyances de lalchimie et du Christianisme dans les aspects de la psychologie mdicale et du conflit entre conscient et inconscient. Il tablit que certains patients ont des besoins spirituels qui impliquent lanalyste au plan thologique. Jung voit, dans la renaissance du Roi, le symbole de lintgration de la psych conscutive lacceptation consciente des contenus inconscients, or, le symbole fminin de la Lune/mre renvoie la Vierge/mre dans le domaine psychologique inconscient des Chrtiens. Il envisage les croyances alchimiques et chrtiennes avec un regard de psychologue thrapeute, concernant le conflit entre le conscient et l'inconscient. La comprhension en profondeur du symbolisme archtypique contenu dans le dogme chrtien est fort utile lorsque le patient montre un intrt vident pour les problmes religieux ; ses besoins spirituels exigent alors que lanalyste simplique dans des questions purement thologiques. Jung voque aussi l'ide tonnante d'un Christ symboliquement androgyne, unissant en sa personne, (en son me), comme Adam, le masculin et le fminin, en une unit indissoluble. Comme la mort et la renaissance du Roi, la figure du Christ reprsente alors la runion du conscient et de linconscient, dans laquelle une totalit unifie est constitue. Les faits montrent, dit Jung, que l'union de lments antagonistes est une exprience irrationnelle que l'on peut tranquillement qualifier de mystique, condition d'entendre par ce terme une exprience que l'on est en droit de rduire rien d'autre et laquelle on ne doit en aucune manire refuser l'authenticit. .

    MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - C. J JUNG Extrait du tome 2- " le rotundum, tte et cerveau" - Albin Michel - 1982

    Le concept de psychisme n'existait pas au Moyen ge, dans le sens o nous l'employons aujourd'hui. Disons mme qu'il n'est pas ais l'homme cultiv de notre poque de comprendre la ralit du psychisme ou la ralit de l'me. Il n'y a donc rien d'tonnant ce que le Moyen ge ait prouv des difficults plus grandes encore concevoir quelque chose d'intermdiaire entre "l'esse in re" (tre en ralit),et "l'esse in intellectu solo" (tre dans l'intellect seul). La solution tait l'tre " mtaphysique". L'alchimiste se trouvait donc en quelque sorte dans l'obligation de formuler ses donnes quasi chimiques en termes mtaphysiques. .

    Tout comme le conscient et l'inconscient apparaissent opposs l'un l'autre, mais s'unissent en fait dans l'humain, les figures du Roi et de la Reine constituent une espce d'unit. La Reine correspond l'anima et le Roi l'esprit, celui-ci dominant toutefois le conscient. Laspect ngatif de la reine (lanima/inconscient) n'apparat qu' travers linfluence quelle exerce sur le sujet conscient, en soutenant et renforant le Moi au dtriment de la persona. Il en est de mme des figures mythiques dAdam et Eve quand elles expriment la relation des opposs. Adam est larcane, (la substance mystrieuse et transformatrice), "la materia prima", l'argile originelle. Il est l'homme intrieur primordial, que la kabbale appelle "Adam Kadmon". Chez les Gnostiques, dit Jung, il symbolise la relation amoureuse entre le "nos" et la "physis". Symbole du Soi, il reprsente la totalit de la psych, manifestant par l mme la divinit cache. La tradition judaque en fait la premire des huit incarnations du vrai prophte, la dernire tant le Christ. Mystre du monde, Adam aurait reu de Dieu la parfaite connaissance des choses naturelles. Nanmoins, sa nature est double. D'une part crature parfaite, plus rayonnante que le Soleil, il est aussi de nature obscure et terrestre, d'o son nom (adamah = la terre). C'est aussi le vieil Adam qui runit les aspects purs et impurs de lunivers. Il doit se renouveler, mais, dit Jung, tandis que dans les mythes et doctrines la ralisation parfaite de l'unit psychique parait tre une fin accessible, cette union psychique idale nest jamais atteinte dans le domaine du rel. Il existe diverses reprsentations symboliques de la

  • tte et du cerveau dans les symbolismes alchimiques et chrtiens. Dans lalchimie, la substance arcane, le corps rond, le cerveau, le sige de forces infernales aussi bien que divines, est associ lor. Et dans le Cantique des cantiques, le noir visage de la Sulamite se dore comme le Soleil et sa sombre chevelure luit comme la Lune lorsqu'elle rencontre le Bien Aim, signifiant ici la fusion du sponsus et de la sponsa en un tat parfait, une figure unique, l'enfant du Soleil et de la Lune.

    La conjonction alchimique, dit Jung, est sans aucun doute l'image primitive de ce que nous appelons aujourd'hui "combinaison chimique". Mais les anciens adeptes lui donnaient un autre sens. Quand ils parlaient d'une union des deux natures, au sujet d'un alliage de mtaux ou d'un amalgame, ils pensaient une aventure amoureuse engendrant un "compos spirituel". La conjonction alchimique exprimait une conception universelle du monde tant intrieur quextrieur de lhomme. La description alchimique du commencement du monde peut aussi reprsenter ltat primitif de la conscience au seuil de sa diffrentiation en affects reprsents par les quatre lments. Chaque archtype y reprsente un aspect du Moi, centre premier symbolis dans lalchimie par la pierre ou le Microcosme. Le symbolisme alchimique de la mort volontaire et de la runion des opposs correspond au processus dindividuation en psychothrapie. La dissolution et la sparation des composants figurant ici une dissociation de la personnalit qui est perue comme une sorte de mort. Ltape suivante de lindividuation, la runion de lesprit et du corps, est symbolise par la figure des noces alchimiques. L'homme qui vient connatre cette totalit doit traduire cette improbable runion dans la ralit par la connaissance de soi qui permet de savoir quon est plutt que qui on est. De ce savoir surgira la connaissance de Dieu, des autres tres et de lunivers. Pour y accder, lalchimiste prpare le "caelum" permettant d'obtenir la "quintessence", une substance suppose signifier le royaume du ciel sur terre. L'alchimiste imaginait librement cette magique et mystrieuse procdure chimique. La prparation du "caelum "figurait la projection de contenus psychiques sur des substances chimiques. La finalit de ce rite tait la recration du principe de vie, ce qui, en psychologie correspond au processus dindividuation. La mditation alchimique, une confrontation avec lombre, n'est pas philosophique ou religieuse. Elle correspond la mise en relation psychique avec linconscient. La conception alchimique de la connaissance de soi correspond sa dfinition en psychologie. On y parvient au moyen dune union des contraires do jaillit un troisime terme au-del des opposs.

  • MYSTERIUM CONJUNCTIONIS - C. J JUNG

    Extrait du tome 2- " La vision alchimique de l'union des opposs." - Albin Michel - 1982 Physica Trismegisti, de Dorn (cite parJung)

    Au commencement, Dieu a cr Un monde. Il l'a divis en le nombre Deux : le ciel et la terre. l'intrieur est cach un troisime principe mdiateur, l'unit originelle qui participe des extrmes. Ceux ci ne peuvent rien tre sans le troisime, et ce dernier ne peut rien tre sans les deux autres. Ce troisime principe est l'unit originelle du monde, "le vinculum sacrati matrimonii" (le lien du mariage sacr). Mais la division en deux tait ncessaire "pour faire passer le monde unique de l'tat de potentialit dance lui de ralit". La ralit consiste en une multiplicit de choses. Mais Un n'est pas encore un nombre. Deux est le premier nombre avec lequel commence la pluralit et donc la ralit. .

    Jung cite Dorn qui disait que l'esprit ( animus) qui doit s'unir l'me dans l'unio mentalis l'appelait spiraculum tern (souffle de vie ternelle, signifiant ainsi qu'il tait une fentre sur l'ternit, tandis que l'me, organe de cet esprit, avait de son ct le corps pour instrument. Les alchimistes avaient vu dans cette union mentale domine par l'esprit, un premier degr de la conjonction, qui en compte videmment plusieurs. Ils l'appelaient monoculus (homme un seule jambe), et symbolisaient la seconde tape par l'image des "noces chymiques" que l'on retrouve chez Christian Rozenkreutz. Elles s'accomplissaient dans l'athanor (ou fourneau cosmique), un processus qui se prparait religieusement. Le second degr de la conjonction, disait Dorn, consiste en ce que l'unio mentalis (union domine par l'esprit) est de nouveau unie au corps, et ce n'est qu' partir de l que peut tre atteinte la conjonction parfaite, l'union avec "l'unus mundus", qui signifie le retour au premier jour de la cration quand le monde potentiel participait encore au Un divin. Voila "l'unus mundus de Dorn. La pense qu'il exprime est celle d'une conjonction universelle. Jung traduit cela par une identification de l'Atman personnel avec l'Atman supra-personnel, et du Tao individuel avec le Tao universel. La ralisation d'une totalit devenue consciente qui peut paratre insurmontable la psychologie moderne, semblait alors magiquement accessible aux adeptes se projetant dans une morale et une mtaphysique diffrentes (univers anthropocentrique). Les alchimistes symbolisaient la dernire tape de la conjonction par la production de la "pierre", (achvement du second degr), cette union finale recrant le monde indiffrenci davant la cration. Il s'agit pour nous de l'union de l'inconscient libr intgr avec l'inconscient collectif, une conception trangre lesprit occidental. De mme que l'on n'a jamais produit la merveilleuse "pierre philosophale", on n'attendra probablement jamais une relle totalit psychique. Probablement dsireux d'appuyer historiquement ses propres thories, Jung voulait dsigner la psychologie comme le successeur philosophique de lalchimie en montrant que les deux coles travaillaient lunion harmonieuse des opposs. Il ajoutait cette dmarche l'tude du Taosme et de la vieille alchimie chinoise entreprise vingt ans plus tt, et nous exposons cet autre aspect de son travail dans le prochain chapitre.

  • Le grand mandala cosmique, premier mandala dessin par JUNG, dcorait le mur de son bureau dans sa tour de Ksnacht.

  • Le Mystre de la Fleur d'Or

    Le "Commentaire sur le Mystre de la Fleur d'Or" ne constitue pas le couronnement de la part sotrique de l'uvre de Jung, mais pourrait bien en tre l'un des fondements. C'est en effet en 1928 que Richard Wilhem, un missionnaire protestant en Chine, demanda son ami de faire un commentaire psychologique sur une traduction du Yi King qu'il se proposait de publier. Le psychiatre se passionna pour le trait qui confortait sa propre rflexion, et il entreprit aussitt de le mettra la porte des esprits occidentaux. Il tudiait depuis quinze ans les processus de l'inconscient collectif et ne trouvait pas de comparaisons historiques valables pour paules ses thses. Les seuls analogies gnostiques qui auraient pu l'aider n'avaient gure laiss de traces que dans les lointains et douteux rapports des hrsiologues chrtiens. Le texte de Wilhem l'aida sortir de cet embarras. Il n'y vit au dbut qu'un texte taoste. Quand il en dcouvrit plus tard le caractre alchimique, il perut que l'alchimie mdivale constituait le chanon qu'il cherchait entre la Gnose et sa propre approche moderne de l'inconscient collectif. Jung ressentait profondment l'tranget de ce texte chinois, mais il ne s'agissait pas pour lui, de substituer une approche orientale empirique la stricte mthode occidentale de recherche scientifique de la connaissance. Il pensait puril de tourner le dos la science et de se borner imiter pitoyablement les mthodes supposes mener l'extase orientale. La Thosophie lui paraissait exemplaire de cette mprise. La mthode ne devrait tre qu'un chemin car tout dpend de celui qui l'utilise. Avouons simplement, disait-il, que nous comprenons mal l'immense porte psychologique du dtachement du Monde profess dans le Yi King, ce livre qui fonde la trame millnaire de la pense et de la sagesse chinoise. L'intellect devient un ennemi de l'me quand il veut capter le lumineux hritage de l'esprit. Et il en demeure incapable puisque l'esprit vivant intgre toujours le coeur et que c'est unitairement qu'il aspire au dpassement des limitations humaines.

  • Jung appelle "l'inconscient collectif" le substrat commun que la psych possde au-del des distinctions culturelles ou sociales, de mme que le corps humain rvle une anatomie commune par de-l toutes les diffrences ethniques Cette psych inconsciente ne contient aucun contenu susceptible de devenir conscient, mais des dispositions instinctives communes toute l'humanit. Elles suffisent pour rpondre aux besoins d'une nature relativement constante. Plus la conscience et la volont deviennent autonomes, plus cet inconscient se trouve renvoy l'arrire plan. Finalement, la psych peut en arriver une sorte de libert promthenne engendrant parfois un dsquilibre dangereux. C'est un peu le sens des paroles du Yi King: "Lorsque le Yang atteint sa plus grande puissance, la force obscure du Ying crot l'intrieur de lui, car midi la nuit commence, le Yang se brise et devient Ying". La tradition chinoise n'a jamais spar violemment les opposs mais conseillait au contraire de les concilier. C'est la "nirdvandra" des Hindous, la voie libre d'opposs. Que faire pour prendre cette libre voie? Un vieil adepte prtendait que "Si l'homme de travers utilise le moyen juste, le moyen juste opre de travers". En tant que mdecin, disait Jung, autant que j'ai pu m'en rendre compte, les malades qui ralisaient ces progrs librateurs ne faisaient rien; ils laissaient simplement les choses advenir. Le "laisser advenir", l'action non agissante est ainsi devenue pour Jung, la cl qui ouvre les portes menant la voie. "Dans le domaine psychique, disait-il, il faut pouvoir laisser advenir". C'est un art vritable, souvent incompris. L'encombrant conscient des Europens ne cesse d'intervenir, de nier, de corriger, et la tentation d'agir est chez eux, constante. Il vaut mieux accueillir tout ce qui arrive avec l'largissement de la conscience que cette acceptation apporte. Et il est infiniment plus simple d'imiter cette voie chinoise du "laisser advenir" en effectuant le retournement d'attitude qui convient.

    L'unification des opposs un niveau suprieur n'est pas, selon Jung, une affaire rationnelle ni une question de volont, mais un processus psychique de dveloppement qui s'exprime par des symboles. Ces productions de l'imagination (souvent des penses), peuvent aussi se traduire par des dessins, essentiellement sous formes de "mandalas", des cercles plus ou moins magiques. Ce sont des images en forme de fleurs, de croix, ou de roues, souvent caractrises par le chiffre quatre ou la croix. Dans le mystre de la fleur d'or du grand Tao, la fleur est la lumire et la lumire est le Tao. La fleur peut tre reprsente vue d'en haut comme un ornement, ou latralement comme une fleur sur une plante. Les mandalas la reprsentent donc avec une structure concentrique de luminosit croissante de la priphrie obscure jusqu'au centre, la bulle germinale, la lumire blanche centrale, le "visage", le point crateur. C'est tout l'ensemble allant de l'obscurit la lumire qui reprsente le Tao. Le symbolisme de cette progression est vident : l'obscur enfante le lumineux, l'inconscient devient conscient sous l'effet d'un processus de vie et de croissance. Ainsi nat, dit Jung, l'unification de la conscience et de la vie. La nature humaine et la conscience (sing) sont symbolises par la lumire dont l'intensit va croissant. Leur caractre est Yang. A la vie (ming) correspond l'extension

  • progressive de l'image. Son caractre est Yin. Le mandala runit les deux dans une vidente harmonie. Il faut ici noter que dans la culture orientale, la progressions se fait toujours partir du centre. Le Tao est donc mouvement. D'ailleurs le graphisme qui sert l'crire runit deux caractres, le premier signifiant la "Tte", et le second, le verbe "aller", le tout pouvant tre interprt comme le "chemin conscient". Remarquons aussi que la forme circulaire exprime l'ide de circulation. la roue tourne, le soleil est vivifi, dit Jung, le Tao commence oprer, l'action s'inverse en non-agir et le centre soumet les puissances priphriques.

    Noter la prsence d'un cercle protecteur dans de nombreux mandalas.

    Lors de la rencontre avec le conscient, l'action de l'inconscient collectif peut entraner la dissolution de la conscience. Cela explique la prsence d'un cercle protecteur dans le mandala. Les contenus inconscients activs sont assimils par le conscient en prenant la forme dides. Il est fort dangereux de nier lexistence de linconscient, tant pour lindividu conduit la nvrose, que pour les nations ainsi menes aux pires psychoses collectives. les concepts danimus et danima de Jung diffrent des homologues prsents par Wilhelm. Le conscient que Wilhelm traduit par "animus", rendu par le caractre "houen", est le principe masculin (Yang), une me de souffle suprieure qui slve aprs la mort, en devenant "chen", esprit ou dieu. Il appelle "anima", "po" le principe fminin (Yin) qui descend aprs la mort, devenant "kouei", gnie ou parfois fantme. Cette sparation post mortem montre que la philosophie chinoise reconnaissait deux facteurs distincts mais unis dans la psych humaine. "Bien qu' l'origine, ils soient une seule chose dans une essence unique, oprante et vritable, ils sont deux dans la rsidence du crateur". Pour clarifier les choses, Jung, embarrass, propose se substituer le terme Logos celui de cet animus masculin qui illustre les caractristiques universelles et impersonnelles de la psych masculine contrastant nettement avec lanima feminin. Pour l'animus de la psych fminine, il utiliserait le mot "Eros". Le "Logos" signifierait la diffrentiation, la clarification, la discrimination et la sparation, et lEros, lentrelacement et la relation. Le Tao tout entier crot partir de l'individu. La confusion primitive dindiffrenciation entre le sujet et lobjet ne peut tre rsolue tant que l'on conserve une identification avec ses parents, ses affect et prjugs, et sa rsolution exige que lon tienne compte autant des exigences de linconscient que du conscient. La conscience occidentale n'est en aucune manire universelle, elle est historiquement, religieusement et gographiquement conditionne. Jung voudrait donc que ses recherches sur la psych contribuent jeter un pont de comprhension intrieure et spirituelle entre l'Orient et l'Occident.

  • Mandala de la synchronicit

    Dans un discours prononc la mmoire de son ami Wilhelm ainsi que dans la prface de l'dition anglaise de son livre, et parlant des oracles du Yi King, Jung aborda un sujet qui lui est cher et qu'il appelle "Principe de synchronicit". C'est un thme qu'il a par ailleurs approfondi avec son ami Wolfgang von Pauli, physicien autrichien spcialiste en mcanique quantique et prix Nobel de physique. Paoli et Jung souhaitaient explorer les ponts entre la physique fondamentale et la psychologie. En 1952, ils produisirent en commun un ouvrage intitul "Synchronicit comme principe de connexions a-causales", livre dans lequel ils schmatisaient les quatre lois fondamentales de l'unus mundus (l'unique monde). En dpit de l'loignement de leurs disciplines, ils parvinrent cette dclaration commune : La psych et la matire sont rgies par des principes communs, neutres, qui ne sont pas, en soi, identifiables. . La synchronicit est alors dtermine comme ce qui manque pour aboutir une comprhension unitaire de la psych et de la physis. Jung a dfini la synchonicit sur deux plans en distinguant d'abord les phnomnes reprs dans sa pratique parce qu'ils taient porteurs de sens pour les sujets concerns. L'autre plan considr tait celui de la concidence d'un tat psychique avec un tat loign dans le temps. Dans les deux cas, aucune relation causale ne pouvait tre trouve. Jung avait donc avanc ds 1897 que "l'me peut tre conue comme une intelligence indpendante du temps et de l'espace". La notion de synchronicit est manifeste, y compris sur le plan psychique, quand deux vnements apparaissent clairement lis entre eux, mais de de faon acausale (sans qu'aucun soit conscutif l'autre). Au fil des dveloppements de Jung, ceci aboutit au "Principe de Mach" qui nonce que "La totalit de l'univers est prsente chacun de ses endroits et chacun de ses moments". Bien moins qu'une abstraction, le temps serait donc plutt un "continuum concret" renfermant des conditions fondamentales pouvant se manifester simultanment dans un paralllisme acausal..

  • La Fleur d'Or peinte par Jung en 1929 (d'aprs un dessin de l'une de ses patientes)

  • Le Livre Rouge

    En 1913, un peu avant la premire guerre mondiale, Jung, dj bien connu comme psychiatre, connat une priode dpressive. g d'environ 38 ans, sa vie et ses recherches sont marques par le doute et la qute de sens. Cest au cours de cette priode difficile, quil commence rdiger son Livre Rouge. Le Livre Rouge rassemble les notes et les dessins les plus intimes que C. G. Jung aient raliss. Il tmoigne des tensions qui lhabitent lpoque et documente sa confrontation avec linconscient, qui saccompagnera parfois de rves terrifiants et dexpriences personnelles douloureuses. Pendant seize ans, il consignera ces rves et ces fantasmes dans un volume quil illustrera lui-mme. Ce qui s'est alors pass t interprt de diverses faons, comme une maladie crative, une descente aux enfers, un combat avec la folie, une sublimation narcissique, une transcendance, une crise de la quarantaine ou une perturbation interne refltant les souffrance engendre par la guerre. Quoi qu'il en soit, il apparait que Jung se soit alors gar dans le chaos de sa propre psych. Il tait hant par de sombres visions et entendait des voix intrieures l'interpeller. Il s'inquitait de ces vivions parfois horribles et se sentait selon ses propres termes, "menac par une psychose ou gagn par la schizophrnie." Il dira plus tard de cette priode de sa vie, de ce qu'il appelait "confrontation avec l'inconscient", qu'il se sentait comme drogu la mescaline. Il a dcrit ses visions comme provenant d'un "flux incessant" qu'il comparait une chute continue de pierres sur sa tte, d'orages, de lave en fusion. "J'ai eu souvent m'accrocher la table", rappelait-il, "pour ne pas m'effondrer."

    Illustrations tires du Red Book

    Le Livre Rouge est de journal de bord de la traverse entreprise par Jung dans les profondeurs de sa psych, le compte-rendu extraordinaire de sa "confrontation personnelle avec l'inconscient". Cette phase cruciale de sa vie, durant laquelle il nota tous ses rves et ses visions, allait aboutir ce qui sera l'essence mme de son uvre. L'exploration extrme des profondeurs et le dbat avec l'inconscient seront pour lui la source d'inspiration fondamentale de sa volont d'essayer de dchiffrer la complexit de la psych, ainsi qu'un puissant moteur pour la ralisation de ce projet. S'il avait t un patient psychiatrique ordinaire, Jung aurait t pouss ignorer ce qui se passait dans sa tte, mais, en tant que psychiatre, il a plutt tent de faire tomber le mur sparant son moi rationnel de son psychisme. Pendant environ six ans, Jung a voulu empcher son esprit conscient de bloquer ce que son inconscient voulait lui montrer. Entre les rendez-vous avec ses patients, aprs le dner avec sa femme et ses enfants, quand il avait un peu de libert, Jung s'asseyait dans son bureau et laissait survenir en lui les penses et hallucinations, (qu'il appelait "imaginations actives"), afin, disait-il, "de saisir les fantasmes qui s'agitaient en ses profondeurs". Il crivit plus tard dans son livre Souvenirs, rves et penses : "Je savais que je devais me laisser sombrer avec elles vers le bas". Ce qu'il crivait alors n'avait plus le dtachement ni l'impartialit habituelle de ses rigoureux essais universitaires sur la psychiatrie. Ces crits devenaient une sorte de jeu fantasmagorique men par le dsir qu'avait Jung tout la fois de tracer une voie hors de son marcage intrieur, mais aussi d'en ramener une partie des richesses dcouvertes.

  • En effet, Jung enregistrait tout ce qu'il percevait. Il d'abord tout not dans une srie de six petits cahiers noirs. Il a ensuite analys ses phantasmes et les a explicits en les reportant dans un style prophtique et solennel dans un grand livre reli en cuir rouge. Le livre dtaille sans pudeur ni honte le long voyage psychdlique parcouru dans son propre esprit, une progression vaguement homrique faite de rencontres avec des gens tranges qui se droulent dans un curieux dcor onirique. crit en allemand, il comprend 205 grandes pages pleines de calligraphies labore et d'images peintes qui sont en fait des tableaux extraordinairement dtaills et trs richement colors. L'ouvrage final ressemble tonnement un manuscrit du 15e ou 16e sicle. Il a fallu d'innombrables heures de travail pour recopier le texte original l'encre de Chine en criture gothique sur du parchemin, et l'enluminer de lettrines et de cabochons, en insrant les gouaches entre les pages. Jung a travaill sur son livre, qu'il appelait simplement "le Livre Rouge" pendant seize annes, c'est dire bien longtemps aprs la fin de sa crise existentielle, mais il ne l'a jamais termin. En 1930, il dcida soudain de l'interrompre au milieu mme d'une phrase. Cependant, il s'en inquitait souvent, se demandant si sa publication ventuelle serait comme ayant un caractre scientifique par ses pairs ou bien s'il valait mieux l'oublier dans un tiroir. Jung demeurait pourtant sans quivoque cet gard. "Toutes mes uvres, toute mon activit cratrice, on s'en souviendra plus tard, est venue de ces fantasmes initiaux et de ces rves". En fait, Jung a gard le Livre rouge soigneusement enferm dans un placard de sa maison de Ksnacht dans la banlieue de Zurich. Quand il est mort en 1961, il n'avait pas laiss d'instructions prcises sur ce qu'il fallait en faire.

    L'dition franaise du Livre rouge expos au muse Guimet en 1971

  • ll se pourrait au Jung ait trouv l'une de ses sources d'inspiration dans le Livre rouge de HERGEST dont le manuscrit conserv Oxford,

    est le premier texte voquant le Graal.

    2 pages du Livre Rouge de Hergest Images reproduites avec l'aimable autorisation de

    "The Principal and Fellows of Jesus College, Oxford" (Document rfrenc sous l'index "Jesus College MS 111")

    Reproduction interdite par le Jesus College

    Liber novus & Liber secundus

    Le Livre Rouge comprend plusieurs parties qui s'enchanent : "Le "Liber Novus" dvoile la crise vcue par Jung qui craignait mme la folie. Apparait ensuite le personnage d'Elie qui deviendra Philmon. Dans le "Liber Secundus", son cheminement intrieur semble se complexifier et s'apaiser. Dieu rapparait, Jung revient vers le christianisme et les religions, et commence donner un sens nouveau sa vie. Il retrouve progressivement la voie de son unification. Il y a de trs nombreuses illustrations dans le Livre Rouge, sous de multiples formes et formats. Jung crit et peint difficilement sur des parchemins et au dbut, dans le Liber Novus, ses dessins sont un peu maladroits et de petits formats. Dans le Liber Secundus, la seconde partie du Livre Rouge, les illustrations sont plus nombreuses, les dessins deviennent ralistes et s'agrandissent en pleine page. Certaines images illustrent ou reformulent les ides du texte, mais d'autres en sont loignes ou sans rapport vident avec lui. C'est que Jung choisissait alors de laisser venir a lui l'inspiration artistique du moment. Dix-huit pages prsentent de beaux mandalas en couleurs, inspirs de ceux du Tibet, avec des thmes plus ou moins "gnostiques", et des caractres runiques. la fin du livre second, Jung crit: "Il faut que je reprenne les choses un moment du Moyen-ge, lintrieur de moi-mme () "Je dois repartir aux dbuts, ce moment o les moines ermites ont disparu". Il dit aussi :"Les annes durant lesquelles j'tais l'coute des images intrieures constiturent l'poque la plus importante de ma vie, au cours de laquelle toutes les choses essentielles se dcidrent. Car c'est l que celles-ci prirent leur essor et les dtails qui suivirent ne furent que des complments, des illustrations et des claircissements. Toute mon activit ultrieure consista laborer ce qui avait jailli de l'inconscient au long de ces annes et qui tout d'abord m'inonda". Ce fut la matire premire pour l'uvre d'une vie.

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  • Illustrations tires du Red Book

    Illustration tire des "Sept Sermons aux morts" de JUNG

    Jung lui-mme a longtemps hsit publier son livre. Il en a retravaill occasionnellement le texte, comme s'il envisageait une parution, et il a aussi consult des amis ou des proches ce sujet, mais il n'en n'a rien fait et n'a pas laiss d'instructions avant sa mort, se bornant demander que le Livre Rouge, son manuscrit si somptueusement calligraphi et orn, demeure dans la famille. Les hritiers ont protg le "trsor familial" dans un coffre-fort, sans mme en autoriser la consultation. C'est finalement l'universitaire britannique Sonu Shamdasani qui a su convaincre les hritiers que le risque d'une dition non-autorise existait et qu'il conseillait d'autoriser d'en faire une dition soigne, respectueusement traduite et annote. Cette ide a finalement t accepte par la famille de Jung, d'o la parution en 2009 des versions allemande et anglaise. Une dition franaise est maintenant disponible. Le Livre Rouge (Liber Novus) demeure une pice majeure de l'uvre de Carl Gustav Jung, labore entre 1914 et 1930. Une troisime partie du Livre rouge, reprise d'un manuscrit non calligraphi a t retrouve dans les archives de Jung. Il y dialoguait avec les morts. Cela permit de redcouvrir l'un des textes les plus tranges de Jung, "les Sept Sermons aux Morts" qui a t intgre l'dition sous le sous-titre "preuves". L'exemplaire original du Livre Rouge a t expos au muse Guimet, en 1971, dans le cadre de "l'exposition Le Livre Rouge de C.G. Jung". Tous ces textes et illustrations autorisent un nouveau regard le cheminement et le travail et du psychanalyste qui tait aussi un artiste de talent. Jung a galement peint sur un parchemin distinct un grand mandala superbe et complexe qu'il a intitul "Systme du Monde dans sa Totalit" et qui symbolise l'ordre gnral du monde dans ses diffrentes fonctions et tensions opposes, reprsentant la fois le microcosme de la psych humaine et son insertion

  • dans le macrocosme cosmique. Mais Jung n'tait pas que peintre et dessinateur. Il y avait plusieurs de ses sculptures de pierre dans le jardin de sa maison de Ksnacht dont les murs de la tour tait dcore de tableaux tirs de son livre

    Aspects du Livre rouge - Liber Novus - versions anglaise et franaise

    Citations de Carl Jung

  • Citations de Carl Jung

    Il est bien difficile d'tre simple. Sans motions, il est impossible de transformer

    les tnbres en lumire et l'apathie en mouvement Qui regarde dehors rve. Qui regarde l'intrieur se rveille. Ce n'est pas en regardant la lumire qu'on devient lumineux,

    mais en plongeant dans son obscurit. La clart ne nat pas de ce qu'on imagine le clair , mais de ce qu'on prend conscience de l'obscur.

    Les gens feront n'importe quoi, peu importe l'absurdit, afin d'viter de faire face leur propre me

    La chose la plus terrifiante, c'est de s'accepter soi-mme. Soyez ce que vous avez toujours t.

    Il ne s'agit pas d'atteindre la perfection, mais la totalit. En chacun de nous existe un autre tre

    que nous ne connaissons pas. Il nous parle travers le rve et nous fait savoir

    qu'il nous voit bien diffrent de ce que nous croyons tre

    Les rves En fait, les rves sont des produits de l'me inconsciente;

    ils sont spontans, sans parti pris, soustraits l'arbitraire de la conscience. Ils sont pure nature, et, par consquence,

    d'une vrit naturelle et sans fard; c'est pourquoi ils jouissent d'un privilge sans gal

    pour nous restituer une attitude conforme la nature fondamentale de l'homme,

    si notre conscience s'est loigne de ses assises et embourbe dans quelque ornire ou quelque impossibilit.

    -

    Mditer ses rves, c'est faire un retour sur soi-mme. Au cours de ces rflexions,

    la conscience du moi ne mdite pas sur elle seule; elle s'arrte aux donnes objectives du rve

    comme une communication ou un message provenant de l'me inconsciente et unique de l'humanit.

    On mdite sur le Soi et non sur le Moi, sur ce soi tranger qui nous est essentiel, qui constitue notre socle

    et qui, dans le pass, a engendr le moi; il nous est devenu tranger, car nous nous le sommes alin

    en suivant les errements de notre conscience." -

    C-G Jung