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Traduction non-révisée CADRE DES INDICATEURS DU DEVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE ET LISTE D’INDICATEURS PRELIMINAIRE Version finale révisée Mersie Ejigu mars 2011 Rapport établi pour la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Le présent rapport ne reflète pas nécessairement le point de vue de la Commission économique pour l’Afrique

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CADRE DES INDICATEURS DU DEVELOPPEMENT DURABLE EN

AFRIQUE ET LISTE D’INDICATEURS PRELIMINAIRE

Version finale révisée Mersie Ejigu mars 2011

Rapport établi pour la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Le présent rapport ne reflète pas nécessairement le point de vue de la Commission économique pour l’Afrique

iTraduction non-révisée

Table des matières

Page

Acronymes et abréviations..................................................................................................................... ii Glossaire des principaux termes ............................................................................................................ iii 1. Objet et méthodologie................................................................................................................... 1 2. Rappel et contexte......................................................................................................................... 3

3. Fondement conceptuel des indicateurs du développement durable .............................................. 8 4. Évaluation et mesure du développement durable ......................................................................... 13 5. Indicateurs du développement durable: mettre à profit les connaissances et les pratiques disponibles ........................................................................................................... 15 6. Identification, sélection, organisation, et utilisation des indicateurs du développement durable ................................................................................................................. 25 7. Principaux indicateurs du développement durable pour l’Afrique ............................................... 48 8. Suivi et évaluation des indicateurs du développement durable de l’Afrique................................ 71 9. La voie à suivre ............................................................................................................................. 72 Références.............................................................................................................................................. 75

iiTraduction non-révisée

Acronymes et abréviations

BAD Banque africaine de développement CCNUCC Convention–cadre des Nations Unies sur le changement climatique CEA Commission économique pour l’Afrique CEDEAO Commission économique des États d’Afrique de l’Ouest CER Communauté économique régionale CIPD Conférence internationale sur la population et le développement CMAE Conférence des Ministres africains de l’environnement COMESA Marché commun d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe CRDI Centre de recherche pour le développement international CUA Commission de l’Union africaine DSRP Documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté EIE Évaluation de l’impact sur l’environnement FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FEM Fonds pour l’environnement mondial IDH Indice de développement humain IGAD Autorité intergouvernementale pour le développement MAEP Mécanisme africain d’évaluation par les pairs NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OMD Objectifs du Millénaire pour le développement OMT Organisation mondiale du tourisme ONG Organisation non gouvernementale ONUDI Organisation des Nations Unies pour le développement industriel OUA Organisation de l’Unité africaine PAM Programme alimentaire mondial PIB Produit intérieur brut PNB Produit national brut PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PNUE Programme des Nations Unies pour l’environnement SADC Communauté de développement d’Afrique australe SCN Système de comptabilité nationale UA Union africaine UE Union européenne UICN Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources UMA Union du Maghreb Arabe UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance

iiiTraduction non-révisée

Glossaire des principaux termes

Biens d’équipement: somme des machines, équipements et structures (y compris l’infrastructure), notamment les terrains urbains, qui ne sont pas considérés comme des ressources naturelles (Banque mondiale 2005). Capital humain: somme des connaissances, compétences et savoir faire de la population, notamment l’infrastructure institutionnelle du pays ainsi que le capital social—le degré de confiance au sein de la population d’une société donnée et sa capacité d’œuvrer collectivement pour atteindre des objectifs communs (Banque mondiale 2005). Capital naturel: somme des ressources non renouvelables (pétrole, gaz naturel, charbon et ressources minérales), terres arables, terres de parcours, zones boisées (notamment les zones d’exploitation des produits ligneux et non ligneux), et les zones protégées (Banque mondiale 2005). Développement durable: développement qui « répond aux besoins des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs » (Commission Brundtland 1987). Evaluation de la sécurité environnementale: analyse critique du changement de l’environnement et de ses effets sur le bien-être et le comportement sociéconomique et politique et la coéxistence pacifique de la population dans une zone géographique donnée (communauté, région, nation, corridor de transport ou écosystème). Evaluation stratégique de l’environnement: « processus systématique et continu d’évaluation au stade le plue précoce de la qualité de l’environnement et des conséquences des visions nouvelles et des projets de développement prévus par les initiatives en matière de politiques, de planification ou de programmes visant à assurer la pleine intégration des aspects biophysique, économique, social et politique. » (OECD 2005) Programme: série d’activités organisées avec des objectifs et des investissements définis à réaliser dans le cadre des politiques et plans pertinents d’une communauté, d’un pays ou d’une région (PAES). Sécurité humaine: protection contre des ruptures soudaines et dommageables des conditions de vie habituelles, touchant les foyers, l’emploi ou les communautés (PNUD 1994). Transformation économique: changement de la structure d’une économie au fil du temps, en passant de l’économie de subsistance, à l’industrialisation puis à la société industrielle, voire même post industrielle (Dictionnaire Oxford). Valeur ajoutée: résultat de la transformation des matières premières et des produits agricoles aux fins d’exportation et de consommation locale qui accroît la valeur du produit par rapport à celle qu’il avait au premier stade de sa production (SDIFA). Viabilité de l’environnement: gestion des ressources naturelles et de l’environnement qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Viabilité sociale: on entend par viabilité sociale l’amélioration continue du bien-être humain grâce à l’accès à la santé, à la nutrition, à l’éducation, au logement et à un emploi rémunérateur, et au maintien d’une participation effective à la prise de décisions au profit des différentes générations. (d’après Maler et Munasinghe 1996)

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1. Objet et méthodologie 1.1 Objet La Commission économique pour l’Afrique (CEA) a initié le présent travail sur le cadre des indicateurs du développement durable en application de la décision du Sommet mondial pour le développement social de « favoriser le développement durable en encourageant une intégration équilibrée des aspects économique, social et environnemental du développement durable. » Il fait également suite à la demande de l’Assemblée générale de « prendre des mesures pour assurer l’application et le suivi effectifs des résultats du Sommet mondial pour le développement social » et au chapitre 40 d’Action 21 qui « invite les pays et les organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales de mettre au point des indicateurs du développement durable et d’harmoniser leurs efforts en ce sens afin de mettre en place une base solide pour la prise de décisions à tous les niveaux. » C’est ainsi que la CEA a publié, en 2008, le Rapport sur le développement durable de l’Afrique: Gestion des ressources terrestres pour le développement durable et le Rapport sur le développement durable de l’Afrique: Examen quinquennal de l’application des résultats du Sommet mondial pour le développement durable en Afrique. Comme le précisent les termes de référence, le principal objectif de ce travail consiste à « mettre au point un cadre pour les indicateurs du développement durable pour l’Afrique et d’établir un recueil d’indicateurs » couvrant tous les aspects (économique, social, environnemental et institutionnel) du développement durable afin de:

• Contribuer à une évaluation efficace de l’état du développement durable en Afrique et sensibiliser le public sur les différentes tendances et appuyer les mesures aux plans de la politique et de la gestion qui visent à encourager et renforcer le développement durable dans la région;

• Servir d’instrument pour « évaluer et suivre systématiquement les progrès réalisés en

matière de développement durable à l’échelle régionale » et, plus précisément, « réaliser l’évaluation de la première partie du 4e Rapport sur le développement durable en Afrique » et des rapports suivants pour situer et analyser de manière précise l’état du développement durable dans la région et mettre en lumière la contribution des forêts, de la biodiversité, de la biotechnologie, du tourisme et des montagnes à la croissance et au développement durables de la région, et

• Orienter l’élaboration de cadres similaires par les États membres et les CER afin de

favoriser l’intégration des principes de viabilité à l’élaboration, à l’exécution et au suivi des politiques, stratégies et programmes de développement nationaux et sous régionaux, notamment les stratégies pour la réduction de la pauvreté.

Afin d’atteindre tous ces objectifs, le présent cadre propose de définir le contexte en matière d’institutions et de grandes orientations nécessaire pour la mise au point des indicateurs du développement durable; clarifie la base conceptuelle, définit les liens entre les aspects économique, social, environnemental et institutionnel du développement durable; organise et classe les indicateurs de manière systématique et présentent leurs principales caractéristiques; établit les critères d’identification et de choix; et propose des directives aux fins d’amélioration et de perfectionnement.

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1.2 Méthodologie Les activités ci-après ont été menées tout au long du processus d’élaboration du présent cadre pour les indicateurs du développement durable:

• Examen de la documentation du système des Nations Unies sur le développement durable

et les indicateurs y afférents, notamment la Commission du développement durable et le Département des affaires économiques et sociales, la CEA, la Division de statistique de l’ONU, les indicateurs du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les indicateurs des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les indicateurs du Global environment Outlook du Programmes des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Africa Environment Outlook, la Convention sur la biodiversité, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), IUCN-The World Conservation Union, l’Institut international du développement durable, le Fonds mondial pour la nature (WWF), le World Resources Institute (WRI), l’indice de viabilité environnementale (ESI 2005) établi par les universités Yale et Columbia, l’indicateur de gouvernance de la Banque mondiale (GRICS), le Rapport mondial sur la corruption de Transparency International, l’indice de performance environnementale (ESI 2006), l’indice de vulnérabilité environnementale (EVI3004), l’empreinte écologique (ECOLFOOT), et l’indice du bien-être. Cet examen contribuera à identifier les indicateurs pertinents et appropriés susceptibles d’être adaptés à l’échelle de l’Afrique.

• Entretiens avec les experts de la CEA, de la CUA, de l’Agence de planification et de

coordination du NEPAD de l’UA, de la Banque africaine de développement (BAD) et les auteurs du Rapport sur le développement durable en Afrique.

• Discussions avec des experts réputés dans le cadre de réunions restreintes, de

conversations téléphoniques et au moyen de messages électroniques. • Élaboration du cadre des indicateurs et de la liste initiale des indicateurs du

développement durable pour l’Afrique à partir du cadre. • Examen de la disponibilité des données et des lacunes en la matière, évaluation des

besoins en matière de qualité et de capacités et formulation de recommandations pour produire les données nécessaires.

• Informations en retour fournies par les participants à l’atelier de validation.

Il convient de noter que tout travail sur les indicateurs de développement durable n’est pas de nature ponctuelle. C’est un processus continu qui consiste à examiner et réexaminer les indicateurs au niveau national, sous régional, régional et mondial; à tirer les enseignements voulus, à améliorer et affiner périodiquement les indicateurs aux plans de la couverture et de la qualité. Le schéma ci-dessous présente le processus proposé pour la mise au point du cadre et de la liste des indicateurs du développement durable avec la participation des pays membres et des institutions partenaires de la CEA.

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Cadre des indicateurs du développement durable africain et processus d’élaboration de la liste des indicateurs

Figure 1: Cadre des indicateurs africains du développement durable et processus d’élaboration des indicateurs 2. Rappel et contexte La question de l’évaluation du développement durable et la nature des indicateurs à utiliser à cet effet a suscité d’intenses débats depuis que le rapport Brundtland a mis en avant la notion de développement durable en 1987. Dans sa publication phare intitulée « Our common future » (notre avenir commun), la Commission définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. » Le développement durable est censé atteindre trois objectifs interdépendants: croissance économique, bien-être social et équité et protection de l’environnement de manière intégrée et équilibrée qui nécessite des institutions réactives et opérationnelles, ce qui constitue le quatrième aspect du développement durable. On peut affirmer sans risque de se tromper que la notion de développement durable n’est pas une idée nouvelle, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. Les êtres humains ont cohabité

Note conceptuelle Informations en retour des Institutions partenaires

Note conceptuelle acceptée

Projet révisé de cadre des indicateurs du développement

Information en retour des institutions partenaires

Projet de cadre des indicateurs du développement durable

Projet de liste des indicateurs

Atelier de validation Cadres des indicateurs du développement durable révisé Liste d’indicateurs

Publication et lancement officiel du cadre des indicateurs du développement durable

Essai des indicateurs dans certains pays

Préparation de la deuxième édition du cadre des indicateurs du développement durable et liste des indicateurs (projections sur l’avenir)

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harmonieusement avec la nature pendant des millénaires en dépit de leur dépendance, ou de l’épuisement, des ressources naturelles pour leur survie. En ce qui concerne l’Afrique, on estime que la destruction des espèces et des écosystèmes s’est produite durant la période coloniale et surtout après la seconde guerre mondiale avec la cupidité des entreprises et la mauvaise gestion des ressources naturelles. « Durant les 50 dernières années, les hommes ont modifié l’écosystème plus rapidement et plus profondément que durant toute l’histoire de l’humanité » (Millennium Ecosystem Assessment 2005). Parmi ces changements rapides, on peut citer la perte irrémédiable du couvert végétal, la rareté de l’eau (quantité et qualité), la dégradation des sols et la perte de fertilité et une érosion générale de la base des ressources naturelles dont de nombreux africains dépendent pour leur survie. Conjugués à la pauvreté rampante, à l’accroissement de la population, aux catastrophes naturelles, à la faiblesse de la base technique, ces changements sont également à l’origine de la vulnérabilité au risque climatique. Le changement et la variabilité climatiques compromettent tous les efforts que déploie l’Afrique en vue du développement durable et exacerbent, par la même occasion, les tensions et l’instabilité politiques (ADF VII, 2010). La notion de durabilité suppose que les ressources naturelles utilisées doivent être remplacées par un volume égal (quantité et qualité) pour compenser les pertes. Il est toutefois intéressant de noter les différents aspects relatifs à l’origine de cette notion ou de celle de développement durable qui influent sur l’élaboration des indicateurs. Keiner (2006) a écrit que « la notion de développement durable est apparue en 1713 dans les sciences de la forêt lorsque Carlowitz a préconisé un équilibre entre la croissance des arbres et leur exploitation. » D’autres situent l’origine de cette notion au fondateur de l’écologie, Ernst Haeckel, qui a dit que l’écologie était une science et la base des systèmes sociaux et a souligné que la société devait s’adapter à l’équilibre du monde naturel (Ramphal 1992). L’idée du développement durable pourrait même remonter à l’époque de la Grèce antique lorsque Aristote a écrit que les biens communs (eau, air, forêts, etc.) étaient les moins biens entretenus. Les gens ont tendance à prendre soin des ressources qui leur appartiennent. Le plus souvent, les biens communs deviennent la « propriété de personne », sachant que les gens les exploitent sans se soucier de les remplacer. Dans sa théorie « tragedy of the commons » (tragédie des biens communs), Garett Hardin a attiré l’attention du monde entier en 1968 pour avoir interprété de la meilleure manière qui soit la pensée d’Aristote. Diamond (2005) attribue la chute des grandes civilisation humaines à la mauvaise gestion du bien commun (environnement). Cependant, la mesure dans laquelle un bien commun connaîtra la « tragédie des biens communs » dépend de la culture, des institutions et des modes de gestion. À titre d’exemple, Ostrom (1990) affirme que les utilisateurs des ressources communes ont réussi, dans différents endroits du monde, à les exploiter de manière durable par le biais des institutions locales et d’un système d’auto régulation qui définit clairement les droits et les devoirs des personnes et des groupes. En fait, les institutions africaines ont une longue et prestigieuse histoire en matière de bon fonctionnement, de bonne gouvernance et de régulation, mais elle sont aujourd’hui sérieusement menacées en raison de l’évolution de la situation et des perspectives politiques qui ont abouti à la centralisation du pouvoir. À l’échelle continentale, les problèmes d’environnement et, par conséquent de développement durable, ont été évoqués pour la première fois dans la Convention de Londres de 1900 sur la protection des animaux, oiseaux et poissons sauvages d’Afrique qui vise à prévenir la destruction aveugle de la faune sauvage (PNUE 2003). L’autre accord phare est la Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles qui a été adoptée en 1968, à Alger, par l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Cette convention préconise de « conserver, d’exploiter et de développer les ressources

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naturelles, en particulier la terre, l’eau, la flore et la faune, sur des bases scientifiques » afin de répondre aux besoins de la société (PNUE 2003). La Convention africaine révisée sur la conservation de la nature et des ressources naturelles (Convention de Maputo), qui a été adoptée en 2003, à Maputo, sous les auspices de l’OUA, traite des questions d’envergure continentale, notamment la gestion durable de la terre et l’aménagement du territoire, l’eau, l’air et les ressources biologiques, vise à intégrer les stratégies de conservation et d’amélioration de la gestion de l’environnement aux aspirations liées au développement socioéconomique. À travers son projet d’accord multilatéral sur l’environnement (MEA), la Commission de l’Union africaine a entrepris de mettre au point un guide pratique pour favoriser la ratification de cette Convention. En dépit de ces efforts, les problèmes d’environnement actuels auxquels l’Afrique demeure confrontée prouvent que ces deux conventions essentielles ne sont pas encore appliquées. Outre les enseignements tirés des actions antérieures visant à encourager le développement durable, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), le programme Action 21, le Plan d’action de Johannesburg, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les trois conventions de Rio (biodiversité, désertification et changement climatique) montrent bien que l’Afrique est à même de servir de cadre général pour l’élaboration des indicateurs. L’un des objectifs essentiels du NEPAD consiste à « mettre l’Afrique sur la voie de la croissance et du développement durables » à travers l’élimination de la pauvreté, la consolidation de la paix et la préservation de l’intégrité et de la diversité des écosystèmes, et plus particulièrement ses ressources forestières. Axé sur la « maîtrise et la gestion par l’Afrique », le NEPAD préconise un nouveau partenariat entre l’Afrique et la communauté internationale, ainsi que le renforcement de l’intégration du continent à l’économie et au commerce mondiaux sur la base du « passage du continent de la condition de fournisseur de matières premières à celui de transformateur de ses propres ressources naturelles. » Le NEPAD affirme clairement que les pays africains auront pour mission de rétablir et de maintenir la paix, de prévenir et de gérer les conflits, de renforcer la démocratie et les droits de l’homme à travers les mesures ci-après: i) mettre au point des normes claires en matière de responsabilité, de transparence et de gouvernance participative ; ii) rétablir et maintenir la stabilité macroéconomique ; iii) revitaliser et élargir le système d’éducation, de formation technique et de santé; et iv) renforcer le rôle des femmes dans le développement économique et social. Actuellement, le suivi des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du NEPAD se fait toujours au moyen d’indicateurs classiques compartimentés et sectoriels. En ce qui concerne le côté positif, de nombreux pays africains adhèrent de plus en plus à l’idée du développement durable comme le montre une récente étude de la CEA portant sur 16 pays. Tous ces pays ont entrepris d’élaborer et d’appliquer des stratégies nationales de développement durable, même s’il existe des différences dans l’intérêt accordé aux quatre aspects du développement durable (Division de la sécurité alimentaire et du développement durable - CEA 2010). Les pays appliquent de plus en plus les principes de la gestion rationnelle, de la bonne gouvernance et de la participation et de l’implication de toutes les parties intéressées (Division de la sécurité alimentaire et du développement durable). L’un des enseignements de ce processus est que le renforcement de l’intégration des aspects économique, social et environnemental du développement durable nécessite la mise au point d’indicateurs ou indices précis pour évaluer les progrès réalisés sur la voie du développement durable. Le Rapport sur le développement durable de l’Afrique: gestion des ressources terrestres pour le développement durable, publication phare de la CEA, examine de manière approfondie la notion de développement durable, l’importance des indicateurs, ainsi que le travail accompli en la matière au niveau mondial. Le Rapport sur le développement durable de l’Afrique: examen quinquennal de

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l’application en Afrique des résultats du Sommet mondial pour le développement durable approfondit la question et évalue la manière dont l’accroissement de la population, les activités économiques et les modes de consommation, la faiblesse des politiques et des institutions ont eu des effets négatifs sur l’environnement qui se sont traduits par une dégradation grave et accélérée de l’environnement parallèlement à une faible intégration des questions environnementales à la prise de décisions en matière de développement. Dans sa conclusion, le rapport fait état de sérieuses contraintes et d’obstacles sur la voie du développement durable et du maintien de la croissance économique enregistrée durant ces dernières années en Afrique. Il souligne par ailleurs l’importance vitale des indicateurs du développement durable ainsi que la nécessité de mettre l’accent sur l’évaluation de l’état du développement durable dans les pays lors de l’élaboration des indicateurs. Au niveau mondial, tous les pays africains, en leur qualité de membres de l’Organisation des Nations Unies, sont responsables de l’application d’Action 21, de la Déclaration de principes pour la gestion durable des forêts et du Plan d’action de Johannesburg. Sous le slogan « sauver la terre », Action 21 et les déclarations et plans d’action ultérieurs destinés à le mettre en œuvre appellent à un changement radical de l’ordre des priorités des pouvoirs publics et des citoyens dans la manière de mener leurs activités quotidiennes, notamment le mode de vie, la nourriture, les déplacements et la communication de telle sorte à protéger l’environnement et assurer une exploitation durable et responsable des ressources naturelles. La Commission du développement durable de l’ONU, qui a été instituée pour assurer le suivi de l’application d’Action 21, a mis au point une liste détaillée d’indicateurs qui constitue à la fois le socle et l’échafaudage du cadre et de la liste des indicateurs du développement durable présentés dans le présent document. Outre Action 21, les trois conventions phares relatives à l’environnement mondial, à savoir la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, la Convention sur le changement climatique et la Convention sur la lutte contre la désertification, en plus de la Déclaration du Millénaire et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), que tous les pays africains ont signés, influent largement sur la forme et le contenu du travail sur les indicateurs. De nombreux pays africains ont signé la Convention de Stockholm sur les polluants organique persistants, la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières des déchets dangereux et de leur élimination, ainsi que la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone et le Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d’ozone, autant d’instruments qui ont servi à l’élaboration du cadre envisagé. La Convention sur la biodiversité vise à préserver la diversité biologique, à assurer l’exploitation rationnelle de ses composantes et à favoriser le partage juste et équitable des avantages de cette exploitation. La plupart des pays africains ont élaboré des stratégies et des plans d’action nationaux dans le domaine de la biodiversité pour contribuer à appliquer la Convention à l’échelle nationale. Toutefois, ces stratégies et plans d’action demeurent dans une grande mesure non appliqués (Ejigu 2001). En 2002, la Conférence des parties de la Convention sur la biodiversité a fixé des objectifs en matière de biodiversité à réaliser à l’horizon 2010 (biomes, habitats et écosystèmes; espèces et populations; et diversité génétique aux niveaux mondial, régional et national (Secrétariat de la Convention). Les objectifs consistent à i) réduire les principales menaces à la biodiversité, notamment les invasions d’espèces étrangères, le changement climatique, la pollution et la modification des habitats; ii) maintenir l’intégrité des écosystèmes pour renforcer le bien-être humain et écologique, et iii) protéger le savoir, les innovations et les pratiques traditionnels. Au Sommet sur la biodiversité qui s’est tenu récemment à Nagoya (octobre 2010), les Parties ont fixé des objectifs précis, consistant notamment à : i) « réduire d’au moins 50% et, si possible, rapprocher de zéro le taux de perte des habitats naturels,

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notamment les forêts » ; ii) conserver « 17% des zones terrestres et des plans d’eau et 10% des zones marines et côtières » ; iii) (à l’intention des pouvoirs publics) « restaurer au moins 15% des zones dégradées » et iv) prendre des mesures spéciales pour réduire les pressions sur les récifs de corail. Chaque pays s’engage à fixer des objectifs nationaux en fonction du Plan stratégique et de ses priorités et capacités nationales. Les progrès accomplis sur la voie de ces objectifs et le suivi des tendances de l’état de l’environnement en Afrique sont évalués périodiquement dans les revues « Global Biodiversity Outlook » et « Africa Environment Outlook ». Pratiquement tous les pays africains ont élaboré des plans d’action nationaux de lutte contre la désertification, dans le cadre de la Convention sur la lutte contre le désertification, avec pour objectif essentiel la lutte contre la désertification et l’atténuation des effets de la sécheresse, en particulier en Afrique, à travers la remise en état, la conservation et la gestion durable des terres et des ressources pour améliorer le bien-être de la population et des écosystèmes (Assemblée générale de l’ONU 1994). Les Parties à la Convention ont établi un plan stratégique de dix ans (2008-2018) qui préconise des politiques et pratiques durables pour la gestion des terres et de l’eau, une meilleure préparation et des mesures d’adaptation pour réduire la vulnérabilité des populations et des écosystèmes à la sécheresse et à la variabilité climatique. On a constaté un engagement politique et une unité de vue conséquents dans l’examen des questions liées au changement climatique dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, notamment avant et après la Conférence de Copenhague. L’objectif premier de cette Convention, qui a été publiée en même temps que le programme Action 21 en 1992, consiste à « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui permet de prévenir les interventions dangereuses de l’homme dans le changement climatique » (Assemblée générale des Nations Unies 1992). L’Afrique affiche le plus faible taux d’émissions par habitant mais demeure la région du monde la plus vulnérable au risque climatique. En raison de la forte dépendance des économies africaines à l’égard des ressources naturelles, les effets du changement climatique touchent tous les secteurs et toutes les régions. D’après certaines projections, « dans certains pays africains, le rendement de l’agriculture pluviale pourrait diminuer de 50% d’ici 2020 » (IPPC 2007) et « entre 75 et 250 millions de personnes seront exposées à un stress hydrique croissant du au changement climatique » (IPCC 2008). Le changement et la variabilité du climat constituent un énorme problème pour l’Afrique s’agissant de ses aspirations en matière de développement durable. La position africaine commune sur le changement climatique, matérialisée par la Déclaration de Nairobi sur le processus africain de lutte contre le changement climatique, qui constitue l’un des piliers de l’élaboration des indicateurs du développement durable, vise notamment à: i) « intégrer les mesures d’adaptation au changement climatique aux plans, politiques et stratégies aux niveaux national et régional; » ii) « assurer une adaptation efficace au changement climatique dans les domaines de l’eau, de l’agriculture, de la santé, de l’infrastructure, de la biodiversité et des écosystèmes, des forêts, de la gestion urbaine, du tourisme, de la sécurité alimentaire et énergétique et de la gestion des ressources marines et côtières; » et iii) « mettre l’Afrique sur la voie du développement à faibles émissions de carbone. » Les pays africains ont adhéré, dès le départ, aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés par l’Assemblée du Millénaire dans sa Déclaration du Millénaire adoptée en 2000 qui constitue un cadre accepté à l’échelle mondiale pour la réduction de la pauvreté et le bien-être social et environnemental. Pendant près d’une décennie, les stratégies nationales de réduction de la pauvreté ont remplacé les plans de développement à moyen terme en tant qu’instruments d’orientation et de gestion du développement économique et social de nombreux pays africains. Ces stratégies de réduction de la pauvreté ont intégré les objectifs particuliers des OMD, notamment l’élimination de la pauvreté

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extrême et de la faim; l’éducation primaire pour tous, l’égalité entre hommes et femmes et la viabilité de l’environnement. Autant de thèmes que le présent cadre doit prendre en compte et refléter. Toutefois, en ce qui concerne la croissance économique et les questions environnementales, la mise ne œuvre de ces stratégies a été limitée, ce qui a amené certains pays à lancer des plans de développement et de reconstruction quinquennaux. La présente étude sur les indicateurs du développement durable en Afrique s’appuiera sur ces efforts tout en veillant à ce que les indicateurs correspondent aux conditions macroéconomiques et sectorielles particulières et aux préoccupations du continent en matière de politiques et d’institutions. La plupart des pays africains ont les mêmes problèmes : i) forte dépendance des ressources naturelles pour la subsistance et l’exportation; ii) pauvreté rampante et insécurité alimentaire; iii) dégradation des sols et des terres et perte de biodiversité; iv) conflits armés; v) faible taux d’alphabétisation; vi) forte prévalence du VIH/sida et du paludisme; vii) forte vulnérabilité à la sécheresse et aux variations climatiques; viii) faible productivité technique; et ix) fragilité du processus démocratique. Cette similitude des conditions économiques, sociales; politiques et techniques dans les différents pays africains pourrait faciliter l’élaboration des indicateurs du développement durable à l’échelle du continent et leur utilisation efficace au niveau national. Tout en prévoyant une marge suffisante pour les variations en fonction des différentes situations et politiques en matière de développement, le cadre des indicateurs du développement durable vise à combler les lacunes en mettant au point un ensemble complet d’indicateurs qui couvrent tous les aspects du développement durable tout en mettant en relief les liens d’interdépendance. 3. Fondement conceptuel des indicateurs du développement durable Il ne fait pas de doute qu’avec son rapport « Our Common Future, » la Commission Brundtland a popularisé la notion de développement durable et l’a fait accepter en tant que paradigme du développement. La principale réponse mondiale à l’appel de la Commission a été la tenue, en 1992, soit cinq années plus tard, de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Sommet de Rio). La Déclaration finale et le programme d’action (Agenda 21), ainsi que les Conventions historiques (biodiversité et changement climatique) ont inauguré une nouvelle ère pour l’assimilation et la mise en œuvre du développement durable. Le Sommet mondial pour le développement durable de 2002, s’appuyant sur les résultats de la première décennie d’Action 21, a jeté de nouvelles bases pour la poursuite du développement durable. Depuis que la notion de développement durable est apparue sur la scène mondiale, de nombreux efforts ont été déployés pour la définir et redéfinir, et même pour aboutir à un autre paradigme de développement, mais sans succès. Des efforts considérables ont également été faits pour décrire le développement durable et mettre en valeur le caractère intégré et équilibré des trois piliers que sont la croissance économique, le bien-être social et la protection de l’environnement. Cependant, la nature dynamique et multiforme des liens d’interdépendance a compliqué la tâche, même si beaucoup ont fini par utiliser la pyramide ci-dessous au lieu de la triple hélice appliquée dans certains cas.

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Croissance économique Bien-être social

Protection de l’environnement

Figure 2: Pyramide du développement durable et ses trois piliers

La pyramide montre que les trois piliers du développement durable, à savoir la croissance économique, le bien-être social et la protection de l’environnement ont une égale importance. Ils sont indissociables et doivent être appréhendés de manière intégrée et équilibrée. Ce caractère indissociable suppose un compromis inévitable (le plus souvent à court terme) entre la croissance économique, la protection de l’environnement et le bien-être social qui doit être géré de manière prudente. En fait, le développement durable est un processus continu d’intégration, d’équilibre, de négociation et de gestion des compromis. Il n’a pas de fin comme le montrent les deux flèches sur les côtés de la pyramide. Au centre de la pyramide on trouve la gouvernance qui représente les « institutions » ajoutée plus tard par la Commission du développement durable en tant que quatrième aspect du développement durable. À la base du volet économique du développement durable on retrouve la définition du revenu de Hicks et la notion d’exploitation optimale et efficace des ressources rares pour répondre aux besoins de la population.1 Ainsi, la théorie économique est passée de la notion de répartition efficace à celle de l’utilisation efficace des ressources et trois formes de richesse sont apparues, à savoir le capital naturel, le capital humain et le capital produit (Banque mondiale 2005). En expliquant ces trois formes de richesse, les auteurs affirment que le « capital humain » ou « intangibles » constitue la part la plus importante de la richesse (Banque mondiale 2005). Le capital intangible comprend la valeur des institutions évaluée par la primauté du droit, les compétences et le savoir faire de la main d’œuvre, la liberté dont disposent les gens pour travailler sans aucune menace, l’accès à un système judiciaire efficace, des droits de propriété équitables et clairs, le degré de confiance entre les membres de la société et leur capacité à travailler ensemble pour des objectifs communs (Banque mondiale 2005). Dans les pays moins développés, les auteurs soulignent également que le capital naturel représente un quart de la richesse totale. On voit donc bien l’importance capitale de la conservation et de l’exploitation durables des écosystèmes et des ressources naturelles, non seulement comme moyen, mais aussi comme un objectif du progrès économique et social durable. Ainsi, certains modèles de croissance économique ont également été modifiés pour prendre en compte les changements environnementaux et sociaux induits que les modèles de croissance économique

1Le revenu de Hicks fait référence à la définition de Hicks (1946) qui affirme que le revenu est « la valeur maximale qu’une personne peut consommer en une semaine tout en espérant maintenir à la fin de la semaine le niveau de bien-être qu’elle avait au début. » La notion de « bien-être » a été interprétée comme signifiant que la consommation doit être assurée dans le temps et que le revenu sera équivalent à la consommation durable maximale. (Voir Brekke, 1997)

Gouvernance

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classiques considéraient comme non quantifiables et, par conséquent, sans valeur. Des efforts considérables ont été déployés et se poursuivent encore pour évaluer le coût social et environnemental de l’investissement et de la croissance de la production. L’évaluation de la production et de la demande totales (estimation du PIB), qui se fondait habituellement sur une notion de flux (un arbre n’a de valeur que lorsqu’il est coupé et intégré au processus de production) recouvre à présent la notion de stock qui valorise les forêts, les terres fertiles, la biodiversité et les ressources en eau douce et évalue les changements au niveau de ces différentes ressources, autrement dit leur dégradation ou leur amélioration en quantité et en qualité. L’aspect social du développement durable concerne la composante humaine (capital humain) en particulier la préservation des différentes cultures, de la diversité, du pluralisme et de la participation effective de la base à la prise de décisions (Maler et Munasinge 1996). L’équité au sein et entre les différentes générations demeure un aspect essentiel de la dimension sociale de la durabilité. La durabilité sociale est évaluée en vérifiant si tous les citoyens d’une société donnée ont accès à des normes minimales en matière de subsistance, de sécurité, de droits de l’homme, de satisfaction des besoins essentiels et d’avantages, notamment l’accès à des services de santé et d’éducation abordables à l’endroit et au moment voulus. La dimension sociale du développement durable comprend également la possibilité pour les citoyens de bénéficier d’un emploi rémunérateur, d’apporter une contribution productive à la société et de recevoir en retour une compensation juste et équitable (Reed 1996). Sen approfondie la question en affirmant que « le développement durable ne consiste pas seulement à maintenir nos niveaux de vie, mais plutôt nos libertés, notamment la liberté…pour nous et la prochaine génération d’accéder à un niveau de vie au moins égal au notre, la liberté de choisir la taille de sa famille et …accorder de l’importance aux objectifs autres que nos propres niveaux de vie (par exemple la préservation de certaines espèces) » (Sen 2001). La dimension environnementale consiste à maintenir la stabilité des systèmes biophysiques à travers la conservation et l’exploitation et la gestion durables des ressources naturelles. La question centrale ici concerne la préservation de « l’élasticité et de la capacité dynamique de ces systèmes de s’adapter au changement, plutôt que la conservation d’un état statique idéal » (Munasinghe 1996). « L’environnement », longtemps appréhendé par beaucoup dans son acception la plus étriquée (conservation des arbres et des principaux mammifères), est désormais de plus en plus considéré comme un domaine qui recouvre la totalité des ressources biophysiques et des services et fonctions des écosystèmes, des conditions et facteurs externes qui touchent au développement et à la survie de toutes les espèces, notamment les êtres humains. Il concerne également la relation entre les êtres humains et la nature et la manière dont ils influent l’un sur l’autre. L’intérêt croissant accordé à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique en tant qu’objectif politique mondial; la conservation de la biodiversité en tant que dimension du développement; et l’importance que les organisations en charge de la conservation commencent à accorder à certaines questions comme la réduction de la pauvreté, annoncent le passage de la conservation des espèces à la préservation de l’intégrité et de la diversité des écosystèmes, l’homme étant au centre de toutes les préoccupations. En fait, la notion de biodiversité a permis aux décideurs de prendre en charge de manière intégrée les questions de l’amélioration des moyens de subsistance et la conservation des espèces, des gènes et des écosystèmes. Les avantages économiques, sociaux, culturels, pédagogiques, ludiques et écologiques de la biodiversité sont largement reconnus et des efforts sont déployés au niveau mondial pour leur conférer une valeur monétaire. L’environnement est également de plus en plus reconnu en tant que facteur essentiel de la sécurité et de la stabilité nationales et, par conséquent, sa gestion est considérée comme une stratégie de règlement des conflits et de consolidation de la paix. L’initiative du NEPAD en matière d’environnement

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recouvre les aspects ci-après: lutte contre la désertification, conservation des zones humides, contrôle des espèces étrangères invasives, gestion du littoral, lutte contre le réchauffement planétaire, mise en place de zones de conservation transfrontalières, gouvernance environnementale et questions connexes liées aux institutions, aux politiques, aux aspects juridiques, à la planification, à la formation, au financement et au renforcement des capacités (UA 2001). Les principaux problèmes environnementaux qui limitent l’intégrité et la stabilité des systèmes biophysiques sont la pollution, le déboisement, la dégradation des sols et, de manière générale, la perte de la biodiversité. La dégradation de l’environnement menace tous les aspects du bien-être humain (PNUE 2007), notamment les moyens de subsistance, la santé humaine, la migration, l’insécurité et les conflits. S’il est vrai que l’intégration des « institutions », en tant que quatrième dimension du développement durable, par la Commission spécialisée de l’ONU constitue un jalon important dans la théorisation et la mise en œuvre du développement durable, il reste que, dans le contexte africain, le terme « gouvernance » serait plus approprié. La gouvernance est souvent considérée comme le ciment qui lie les piliers économique, social et environnemental et permet de traduire le développement durable dans les faits. C’est aussi l’un des domaines essentiels du NEPAD qui recouvre les cinq aspects ci-après: gouvernance politique, environnementale, démocratique et gouvernance d’entreprise. La gouvernance est une vaste notion qui recouvre les institutions, les politiques, les coutumes, les réseaux relationnels, les lois et les structures qui régissent et régulent la communauté et les biens communs, la primauté du droit, la participation effective au développement, la transparence et l’obligation de rendre compte dans tous les processus, le respect des citoyens et de leurs droits, la légitimité de l’État, l’accès aux connaissances, à l’information et à l’éducation et l’émancipation politique des citoyens pour renforcer la durabilité. Les politiques et les institutions identifient ceux qui ont accès aux ressources naturelles et les autres et définissent comment et quand ces ressources sont exploitées, gérées et protégées. Les droits des personnes, des groupes et des organisations en ce qui concerne une ressource donnée peuvent varier et être inégaux, mais ils doivent être institutionnalisés si l’ont veut que les ressources naturelles soient exploitées de manière durable. La mauvaise gouvernance et la gestion irrationnelle accélèrent la dégradation de l’environnement, engendre l’inefficacité et des pertes de productivité, aggravent la marginalisation sociale et favorisent l’accumulation des griefs qui risquent d’entraîner des conflits armés. Le NEPAD met en cause « les défaillances dans la conduite des affaires publiques, la corruption et la mauvaise gouvernance » pour justifier le marasme socioéconomique de l’Afrique et souligne « qu’il ne saurait y avoir de développement en l’absence d’une véritable démocratie, du respect des droits de l’homme, de la paix et de la bonne gouvernance. » Il préconise donc une gouvernance économique, politique, démocratique et d’entreprise rationnelle, notamment l’institutionnalisation des engagements pris à différents niveaux. Dans le cadre de l’élaboration des indicateurs, la Commission du développement durable a intégré certaines questions comme la prise de décisions intégrée, le renforcement des capacités; la science et la technique; la sensibilisation et l’information du public; les conventions et la coopération internationales; le rôle de la société civile; et les cadres législatifs en tant qu’indicateurs institutionnels. Cependant, le présent cadre africain des indicateurs du développement durable va au delà de ces questions et recouvre des aspects plus larges de la gouvernance, de la paix et de la sécurité liés au développement pour tenir compte des aspirations et préoccupations de la région exprimée par le NEPAD. En bref, le développement durable est une processus de croissance et d’amélioration continues des niveaux de vie, de la qualité de la vie, de la productivité, du bien-être de la population aux plans de l’éduction, de la culture et de la politique, parallèlement à la préservation des ressources environnementales tant du point de vue de la quantité qu’à celui de la qualité. On peut donc

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l’appréhender comme une amélioration du bien-être économique, social et environnemental; une bonne gouvernance; un développement des capacités humaines; la libération de la faim, des privations et des menaces personnelles; la création de conditions propices permettant aux citoyens d’être créatifs, d’utiliser leur ingéniosité et de se libérer de toute forme d’insécurité découlant de la marginalisation sociale, du stress environnemental, de la pollution, de la sécheresse et de la désertification. Pour le décideur politique, le développement durable signifie que les gains économiques doivent être appréhendés en fonction du bien-être socioculturel de la population et de la préservation de l’intégrité et de la diversité de la nature et de ses ressources. De même, il faut considérer les gains sociaux et la conservation de l’environnement en fonction des avantages et des coûts économiques. La notion de développement durable n’a pas été épargnée par les problèmes. En dépit de son élégance conceptuelle et de son attrait politique, elle a été taxée d’opaque, excessivement théorique, trop agrégative, très anthropocentrique et insouciante de la perte de liberté pour l’homme due à la protection excessive de l’environnement (Sen 2001). Certains l’ont même considérée comme un luxe pour l’Afrique, un continent aux prises avec des problèmes de survie, comme la famine, les réfugiés et les conflits armés. Pourtant, le développement durable n’est rien de plus qu’un mouvement continu vers un processus de développement, d’amélioration, de changement et de transformation intégré et équilibré à court, moyen et long terme à tous les niveaux de la société. Le développement durable n’a pas de fin. Il impose d’agir sur le court, le moyen et le long terme de manière synchronisée, de sorte que les activités à moyen terme s’appuient sur les activités à court terme et les actions à long terme complètent les interventions à court et moyen termes. Il intègre également une approche flexible qui permet de commencer par l’un ou l’autre problème essentiel de développement, notamment la réduction de la pauvreté, la préparation aux catastrophes, l’accumulation de devises, ou le développement de l’agriculture, de l’industrie et des industries extractives. La lutte contre les modes de consommation et de production intenables et la transformation des comportements économique et sociaux, notamment les pratiques agricoles extensives et la dépendance excessive de l’aide alimentaire pourraient également servir de bons points de départ du processus de développement durable. Ce qu’il faudrait, c’est de renforcer chaque point d’entrée par des programmes d’investissement robustes pour favoriser la croissance économique, la transformation technique, l’amélioration du bien-être social, la diversification des échanges commerciaux, le tourisme durable et le maintien des services et des fonctions des écosystèmes. En fait, la généralisation et la mise en œuvre sur le terrain du développement durable est un impératif politique, économique, social et environnemental pour l’Afrique. Les potentialités pour la croissance et la transformation économiques socialement et écologiquement durables existent bel et bien. Les indicateurs contribuent à détecter et évaluer les changements à tous les niveaux du développement durable, à mesurer leur influence réciproque, ainsi que les liens de causalité. Ces indicateurs doivent refléter les progrès, ou les reculs, en matière de développement durable du point de vue des résultats et de processus pour encourager les mesures de politique générale et les efforts concertés de tous les secteurs de la société. Les indicateurs du développement durable facilitent l’analyse des causes de l’absence de durabilité, notamment les politiques et les comportements humains afin d’aboutir à des mesures visant à lever les contraintes et ouvrir la voie à un développement équilibré et intégré. L’une des études sur ces indicateurs (Holdren et al., 1992) est arrivée à la conclusion suivante: « …la liste de ce que l’on ne sait pas et de ce que l’on doit savoir pour remédier de manière complète et rigoureuse à l’absence de durabilité est très longue. Dans le même temps, il y a un grand risque de

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tomber dans le piège du scientifique en préconisant une recherche approfondie sans avoir suffisamment mis en valeur ce que l’on sait déjà et les conséquences qui en découlent. » Aussi, il faudrait évaluer systématiquement et périodiquement les progrès, ou les reculs, en matière de développement durable pour produire suffisamment de connaissances afin de faciliter la prise de décisions. Le présent cadre des indicateurs du développement durable envisage l’évaluation (économique, sociale, environnementale et au plan de la gouvernance) comme un instrument à double usage pour: i) comprendre les conditions particulières de l’Afrique et ses problèmes de développement à partir desquels les indicateurs seront mis au point et ii) utiliser efficacement les indicateurs pour déterminer la position de la région sur la voie du développement durable. 4. Évaluation et mesure du développement durable L’évaluation du développement durable fait partie intégrante de l’élaboration des indicateurs du développement durable. Elle facilite la détermination des conditions initiales du développement durable, mesure les changements dans le temps et l’espace, identifie les moteurs du changement (déclencheurs et amplificateurs), recense les actions et les réactions (réponses), ou effet d’entraînement, et intègre tous les acteurs au processus. En fait, l’un des évènements majeurs de la période qui a suivi la CNUED a été l’évolution de la notion « d’évaluation », tant au niveau théorique que pratique, en passant d’un outil pour « détecter les défauts » (inspection) à un instrument qui facilite la prise de décisions, l’apprentissage et la réflexion. D’abord fondée sur l’évaluation technique et quantitative des résultats (produits et impacts), elle a évolué vers des évaluations qualitatives participatives (processus). Ces efforts ont été renforcés par un engagement croissant à créer une culture de l’évaluation et à institutionnaliser les évaluations en tant que parties intégrantes de l’élaboration des politiques et de la planification. En plus de l’analyse des coûts et des avantages, les responsables du développement disposent d’un éventail d’outils d’évaluation parmi lesquels: l’évaluation de l’impact sur l’environnement, l’évaluation stratégique de l’environnement, l’évaluation de la sécurité de l’environnement; l’évaluation du risque environnemental, l’évaluation de la pauvreté, les évaluations de la biodiversité, l’évaluation de la vulnérabilité, l’évaluation de l’écosystème du Millénaire et l’évaluation durable. Tous ces instruments visent un même objectif: soutenir les politiques et programmes de développement en temps voulu pour favoriser et réaliser le développement durable, ce qui correspond à l’objectif des indicateurs de développement durable. L’évaluation de l’écosystème du Millénaire2 est peut-être la plus grande et la plus importante entreprise couvrant l’ensemble de la planète. Elle a permis d’avoir une idée générale de l’état des différents écosystèmes, des causes de leur dégradation et de ses conséquences sur le bien-être humain et le développement économique, ainsi que sur les options possibles pour préserver l’intégrité et la diversité des écosystèmes et de leurs contributions au développement durable et à la satisfaction des besoins de la population. Elle a été effectuée avec la participation des pouvoirs publics, du secteur privé, des organisations non gouvernementales et des scientifiques et a considérablement influé sur la coopération internationale pour le développement et sur les relations entre pays. 2 Évaluation de l’écosystème du Millénaire - Ecosystèmes et bien-être humain: le cadre d’évaluation propose la définition suivante : i) écosystème – unité fonctionnelle dynamique et complexe de la flore, de la faune et des micro organismes dans les différents paysages; ii) services des écosystèmes – alimentation, habitat, régulation du climat, filtrage des polluants, recyclage des nutriments, services culturels; iii) bien-être des écosystèmes – intégrité et diversité de la nature, survie de l’espèce humaine.

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L’évaluation de l’impact environnemental est le plus ancien instrument d’évaluation de l’environnement qui a été mis au point à la fin des années 60 par l’ Environment Protection Agency des États-Unis. C’est un processus très structuré pour identifier, prévoir, évaluer et atténuer les conséquences environnementales et sociales des projets ou activités envisagés. De nos jours, les évaluations portent sur l’impact social et sont souvent qualifiées d’évaluations de l’impact environnemental et social. La mise au point de l’évaluation stratégique de l’environnement durant les quinze dernières années représente une étape importante dans la recherche d’un système pour l’évaluation des activités de développement. Cet instrument est un processus d’intégration systématique des préoccupations en matière d’environnement aux politiques, plans et programmes à l’aide d’un ensemble d’outils, au lieu d’une méthode unique, fixe et prescriptive, comme c’est le cas pour l’évaluation de l’impact environnemental. L’objectif premier de cette évaluation stratégique consiste à évaluer les conséquences environnementales des politiques, plans ou programmes proposés et, inversement, les contraintes imposées au développement par les considérations liées à l’environnement afin d’influer sur ces politiques et programmes pour intégrer les préoccupations d’ordre environnemental au stade le plus précoce et le plus approprié de la prise de décisions. Même s’il est encore aux tous premiers stades de son application en Afrique, cet instrument favorise l’adoption d’approches flexibles, adaptatives et diversifiées correspondant au niveau et à la portée de la prise de décisions, aux différents secteurs et aux conséquences sur l’environnement et contribue à renforcer l’engagement des parties intéressées pour une meilleure gouvernance. La combinaison des méthodes respectives de l’évaluation de l’impact environnemental et social et de l’évaluation stratégique de l’environnement (connue sous l’appellation d’évaluation environnementale) permet pratiquement de traiter les questions de développement durable de manière détaillée. Ce n’est toutefois pas un instrument parfait. Au nombre des lacunes des méthodes actuelles d’évaluation de l’environnement, on peut citer notamment: l’absence de prise de conscience et le manque d’appui politique; la faiblesse des connaissances; l’intérêt excessif pour les préoccupations d’ordre biophysique, l’orientation technique et le caractère arbitraire; la complexité excessive des problèmes à résoudre (polluants visibles et invisibles, court et long terme, impacts sur les communautés et à l’échelle nationale); et inefficacité (perte de biodiversité, inégalité des revenus, pauvreté, changement climatique, appauvrissement de la couche d’ozone, pertes et pollution des aquifères, etc.) qui rend la remise en état trop coûteuse (Gibson 2005). Les méthodes et les processus respectifs de l’évaluation de l’impact environnemental, de l’évaluation de l’impact social et environnemental et de l’évaluation stratégique de l’environnement ont été remplacés par certains instruments comme l’évaluation du risque environnemental qui permet d’estimer la probabilité de changements inattendus et progressifs qui touchent les espèces et les écosystèmes, notamment les sécheresses graves, le déboisement, les inondations, etc.); l’évaluation de la sécurité environnementale qui examine le lien entre le changement environnemental, les griefs et l’instabilité politique ou les conflits; l’évaluation du risque climatique qui mesure le risque encouru par la population et les écosystèmes par suite du changement et de la variabilité climatiques; l’évaluation de la vulnérabilité, etc. représentent autant de contributions à l’évaluation des progrès accomplis sur la voie du développement durable. Presque tous les pays qui ont mis en œuvre des stratégies nationales de réduction de la pauvreté effectuent des évaluations périodiques de la pauvreté. Ces évaluations ont contribué à améliorer l’ordre des priorités, le contenu des programmes et la contribution des DSRP au développement durable. En dépit des améliorations apportées aux méthodes d’évaluation de l’environnement et de l’affinement des évaluations de la pauvreté et de la vulnérabilité, le besoin de détecter avec précision et de manière intégrée les changements dans les domaines économique, social et environnemental a donné une

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nouvelle forme à l’évaluation de la durabilité. Ces améliorations se sont également avérées insuffisants et inefficaces, sachant que les clivages sociaux, la marginalisation économique, la pauvreté, la vulnérabilité au risque climatique demeurent inchangés (Gibson 2005). Les évaluations de la vulnérabilité visent à analyser le contexte politique, économique, social et environnemental (engagement pour la durabilité), à faire participer les principaux acteurs de manière transparente et engagée, concentrer l’attention sur les réalisations les plus importantes et, surtout, renforcer la maîtrise nationale des processus et des résultats. Cependant, l’évaluation de la durabilité demeure une tâche complexe qui doit être menée à un stade très précoce du processus de conceptualisation et de mise au point. L’évaluation consiste à mesurer de manière intégrée les changements intervenus au niveau de l’objet à évaluer, dans ce cas le développement durable ou ses quatre aspects (économie, société, environnement et gouvernance). Il existe une relation à double sens entre les indicateurs et l’évaluation: les indicateurs servent à effectuer des évaluations et ces dernières contribuent à produire des indicateurs et influent sur la nature et la forme des indicateurs. Cependant; l’élaboration des indicateurs a vu sa portée élargie, par exemple au niveau technique pour: a) évaluer – établir des références et identifier les problèmes; b) établir des priorités, formuler des plans et programmes – définition des buts et objectifs, élaboration des plans et programmes – mettre au point; c) définir les relations (matrices des intrants et extrants), gagnant-gagnants, compromis; et d) suivre la mise en œuvre—suivi, apprentissage et amélioration. Mais, avant tout, pourquoi avons-nous besoin des indicateurs? 5. Indicateurs du développement durable: mettre à profit les connaissances et les pratiques disponibles

5.1 Qu’est-ce que des indicateurs du développement durable et en quoi diffèrent-ils des indicateurs classiques?

Les indicateurs du développement durables montrent de manière intégrée l’état du bien-être économique, social et environnemental et les changements intervenus dans un secteur, un système, une institution, une communauté, un pays, une région ou un continent. Présentés souvent sous forme de données tabulaires, de graphiques, de textes et de cartes, les indicateurs fournissent des références et contribuent à évaluer les résultats, c’est à dire la situation actuelle d’un pays, d’un secteur ou d’une institution par rapport à celle qui était la leur quelques mois ou quelques années auparavant, à déterminer le sens de la progression; à mesurer le degré de durabilité (intégration des objectifs économiques, sociaux et environnementaux), à situer l’état d’avancement de la réalisation des buts et objectifs visés par un secteur ou un pays donné, à identifier les faiblesses et à décider des mesures à prendre. Les indicateurs facilitent également la définition des objectifs, le suivi de l’application des plans et programmes, la prise de mesures appropriées en matière d’orientation et de gestion, les comparaisons entre les différents secteurs, pays ou régions, ainsi que la recherche et l’analyse des politiques en contribuant à identifier les problèmes. Pour les décideurs politiques, les indicateurs constituent un instrument de communication très pratique pour évaluer et exprimer l’efficacité relative (ou la nécessité) des politiques, ainsi que les résultats obtenus par les dirigeants politiques élus (responsabilité politique). Les indicateurs numériques fournissent souvent aux décideurs les informations les plus utiles et les plus compréhensibles. En Afrique et dans d’autres pays en développement où les données sont rares, les informations qualitatives sont indispensables pour comprendre la situation d’un secteur ou d’une communauté et suivre les progrès accomplis. Étant donné que le développement durable est la recherche d’un développement intégré et équilibré dans tous les secteurs, pour toutes les générations et en tous lieux, les indicateurs prennent un caractère

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intersectoriel et multiforme, de sorte que les progrès ou les reculs d’un secteur donné sont exprimés en relation avec les changements dans d’autres secteurs. Parmi ce type d’indicateurs, on peut citer la croissance économique évaluée à travers les changements du PIB ajustés en fonction de la dégradation de l’environnement et de l’inégalité des revenus au lieu du PIB ordinaire; le passage du carburant avec plomb au carburant sans plomb; le ratio de l’énergie renouvelable utilisée à un taux renouvelable par rapport à l’énergie non renouvelable, au lieu de la consommation totale d’énergie d’un pays donné; et le pourcentage de terres agricoles en hectares gérés de manière durable au lieu de la surface totale cultivée. Les indicateurs du développement durable diffèrent des indicateurs classiques du progrès économique, social et environnemental en ce qu’ils doivent signaler les forces et les faiblesses des liens entre la croissance économique, le bien-être social et la protection de l’environnement. Ainsi, le PIB est universellement utilisé pour évaluer la croissance économique, mais on ne peut pas le considérer comme un indicateur du développement durable, étant donné qu’il considère, entre autres, l’érosion du capital naturel ou la dégradation des ressources de l’environnement résultant de l’activité économique comme un revenu. En d’autres termes, dans le calcul classique de PIB, un arbre en place n’aura de valeur qu’une fois coupé et intégré au processus de production (ou lorsqu’il génère une activité économique). Par ailleurs, étant donné que le PIB prend en compte toutes les transactions monétaires, les activités qui déprécient le capital humain et la qualité de la vie comme la délinquance, le divorce et les catastrophes naturelles, sont considérés comme des gains économiques. Le PIB augmente également avec les activités qui polluent l’atmosphère ou les océans et les récifs de corail et les dépenses engagées par la société pour la remise en état. Au lieu du PIB, on peut considérer comme indicateur du développement durable l’indicateur du progrès véritable qui permet d’ajuster le PIB en fonction des changements (dégradation ou amélioration) du capital humain et naturel. Les indicateurs du développement durable permettent d’évaluer les intrants, les processus, les produits et les résultats. Les indicateurs des intrants évaluent les ressources (humaines, matérielles et financières) consacrées à un programme ou une intervention donnés, par exemple, le budget prévu, le nombre de travailleurs requis, la quantité d’engrais utilisée, etc. Les indicateurs des résultats mesurent la quantité de biens et services produits, mis sur le marché et consommés. Étant donné que le développement durable est un processus d’interaction entre les facteurs économiques, sociaux, écologiques et institutionnel ou politiques, les indicateurs des processus jouent un rôle déterminant dans l’évaluation des progrès accomplis en matière de durabilité et/ou d’efficacité des services et des biens des programmes. On peut citer, à titre d’exemple, le degré de participation au développement: identification des problèmes, établissement des priorités, conception et mise au point d’une stratégie à long terme, égalité entre les hommes et les femmes, capacités institutionnelles et application des politiques; et le degré d’appropriation au niveau local. Les indicateurs du développement durable permettent également d’évaluer les facteurs de pression, l’état ou la situation, les réactions, les effets ou impacts et les mesures d’atténuation. À titre d’exemple, dans le domaine de l’eau potable, les indicateurs du développement durable concernent: les ponctions sectorielles (pourcentage, m3)—mesure du facteur de pression; la consommation d’eau par habitant (m3) – mesure de l’état ou de la situation; quantité d’eau disponible par habitant (m3) – mesure des effets ou de l’impact; et augmentation de la proportion de la population ayant accès à l’eau potable (pourcentage) – mesure d’atténuation. Les indicateurs du développement durable prennent en compte les besoins des différents secteurs et des décideurs, notamment dans les institutions politiques, les université et les centres de recherche, des communautés et de leurs organisations, du secteur privé pour les décisions d’investissement, des

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médias et de la communauté internationale du développement. À titre d’exemple, les indicateurs destinés aux décideurs peuvent servir à identifier les domaines qui posent problème et les maillons faibles, à établir des références et des objectifs en matière de politiques, à suivre la mise en œuvre et à organiser les campagnes politiques. Toutefois, pour pouvoir être exploitées pour la prise de décisions, les données relatives aux indicateurs doivent être précises, fiables et collectées le plus souvent possible pour faciliter la prise de décisions à tous les niveaux possibles et en tous lieux. Dans certains domaines, la qualité et la précision des données statistiques peuvent être plus importantes pour les décideurs que la quantité ou la portée. Dans d’autres cas, il se peut qu’il faille utiliser les indicateurs qualitatifs ou que la portée des données statistiques moins précises ait davantage de valeur. Les informations ou données devraient être disponibles au moment voulu. En Afrique, où les offices nationaux de statistiques sont peu performants et l’infrastructure économique et sociale limitée, la qualité et la portée des données de base sont nécessairement faibles. Les processus de prise de décisions devaient donc tenir compte de l’imprécision des données et des dispositions doivent être prises en conséquence. En fait, il existe une relation étroite entre la conformité et la fiabilité des données et le niveau de développement technique du pays concerné. Le type, la qualité et la série d’indicateurs utilisés varient selon que les pays sont développés ou en voie de développement.

5.2 Évaluation de la performance et suivi du développement durable: principales nouveautés aux niveau mondial et régional

Plusieurs institutions ont lancé des programmes pour évaluer la performance et le développement durable, notamment à l’échelle nationale, parmi lesquels on peut citer:

• L’indicateur du progrès véritable (IPV) – mis au point par la Banque mondiale, cet indicateur évalue la durabilité du bien-être économique général d’un pays en ajustant le PIB en fonction des coûts sociaux (délinquance, accidents de la route, transport en commun, éclatement de la famille, perte du temps de loisirs, sous emploi) et les coûts environnement (réduction de la pollution domestique, pollution de l’eau et de l’air, nuisances sonores, pertes de zones humides, perte de terres agricoles, érosion des ressources non renouvelables, dégâts écologiques à long terme, appauvrissement de la couche d’ozone et perte des forêts anciennes). L’IPV n’a pas encore été accepté et appliqué à l’échelle mondiale (Banque mondiale 2005).

• Épargne intérieure véritable (EIV). L’épargne et l’investissement évalués de manière

classique se fondent sur le revenu en tenant compte de la dépréciation du capital physique à l’exclusion du capital naturel et humain. Mis au point par la Banque mondiale, cet indicateur vise à détecter les changements dans toutes les formes de capital: capital physique (produit en appliquant les compétences et le savoir humains au capital naturel); capital humain (ensemble des potentialités – capacités productives héritées ou acquises) et capital naturel (ressources naturelles et services de l’écosystème) (Banque mondiale 2005).

• Empreint écologique: mesure la durabilité en calculant les besoins de la consommation

humaine de la surface terrestre en additionnant les quantités d’énergie et de ressources renouvelables, à l’exclusion des minéraux, consommées par une société donnée (du niveau national à celui de la communauté, du ménage, du secteur ou de l’entreprise). Cette consommation est ensuite convertie en une unité de surface commune: superficie des

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terres productives et de l’espace marin nécessaires pour fournir ces ressources et absorber le dioxyde de carbone émis par les combustibles fossiles. (Réseau d’empreinte mondial).

• Indice du développement humain (IDH)—Mis au point par le PNUD, cet indice évalue le

progrès à l’échelle nationale au moyen de trois indicateurs socioéconomiques, à savoir la longévité, les connaissances et le niveau de vie. Il est souvent utilisé comme substitut au PIB, même s’il n’est pas encore accepté par l’ensemble de la communauté scientifique et intégré au niveau national. Il nécessite d’importants investissements dans les offices nationaux de statistiques pour leur permettre de produire les données requises pour établir l’indice.

• Indice de la durabilité environnementale. Élaboré par le Yale University Center for

Environmental Law and Policy (centre du droit et des politiques de l’environnement de l’université de Yale) et le Center for International Earth Science Information Network (centre pour le réseau d’information sur les sciences de la terre) de l’université de Columbia, il sert à estimer la durabilité de l’environnement à travers la capacité des pays à protéger l’environnement en mesurant « les réserves en ressources naturelles, les niveaux de pollution passés et présents, les mesures prises pour gérer l’environnement et la capacité de la société d’améliorer sa performance dans le domaine de l’environnement. » L’évaluation s’articule autour des cinq thèmes ci-après: systèmes d’environnement, réduction de la pression sur l’environnement, capacité de la société et des institutions à relever les défis liés à l’environnement et intendance planétaire.

• Indicateurs de recherche sur la gouvernance (Governance Research Indicators Country

Snapshot) (GRICS). Mis au point par la Banque mondiale, cet indicateur évalue la manière dont les « gouvernements » sont choisis, suivis et remplacés; la capacité du gouvernement à élaborer et appliquer efficacement des politiques rationnelles; et le respect des citoyens et l’état des institutions qui régissent les relations économiques et sociales en s’appuyant sur six aspects de la gouvernance: liberté d’expression et responsabilité; stabilité politique et absence de violence; efficacité des pouvoirs publics, qualité de la réglementation; primauté du droit; et lutte contre la corruption (Banque mondiale 2009).

• Critères pour un tourisme mondial durable. Cet indice, qui a été élaboré par l’OMT et le

Partenariat pour les critères pour un tourisme mondial durable, propose un cadre pour orienter les nouvelles pratiques en matière de tourisme durable et aide les entreprises, les consommateurs, les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les établissements d’enseignement supérieur à faire en sorte que le tourisme soit profitable aux communautés locales et à l’environnement au lieu de leur être préjudiciable.

D’autres efforts ont également été déployés par différentes organisations pour élaborer des outils pour suivre les progrès, ou les reculs, enregistrés en matière de développement durable, parmi lesquels on peut citer:

• Le baromètre de la durabilité. Mis au point par l’UICN - Union mondiale pour la nature et le CRDI, cet instrument se fonde sur le principe selon lequel la croissance économique et le bien-être social et environnemental sont indissociables et font partie intégrante de ce que les auteurs appellent « l’œuf » du développement durable. Il comprend notamment une échelle pour mesurer les résultats qui comporte trois mentions (souhaitable,

19Traduction non-révisée

acceptable, inacceptable) pour vérifier que l’écosystème et le bien-être humain se soutiennent mutuellement.

• Tableau de bord de la durabilité: tirant son nom d’un équipement pour automobiles et

présenté sous formes visuelle, cet instrument illustre les relations complexes entre les questions économiques, sociales et environnementales en indiquant les résultats (progrès ou recul) en matière de durabilité. Ce tableau de bord présente également l’ensemble des indicateurs des Objectifs du Millénaire pour le développement et assure les fonctions ci-après: évaluation des résultats au moyen d’indicateurs individuels et d’indices généraux; comparaison entre pays à l’aide de courbes de distribution et de cartes; comparaison avec des groupes de pays; et analyse de liaison et diagrammes.

• Comptabilité des ressources naturelles et bilan matières/bilan énergétique. La comptabilité

des ressources naturelles mesure les échanges physiques entre l’économie et l’environnement et les changements des stocks de matières premières, comme les minéraux ou le bois, le bilan matières/bilan énergétique enregistre les flux de matières et d’énergie entre l’environnement et l’économie et le retour à l’environnement sous forme de pollution et de déchets.

On peut également évaluer les progrès en matière de durabilité au moyen de rapports périodiques sur les tendances, les changements et l’interaction entre les volets économique, social et environnemental du développement durable. Le présent cadre des indicateurs du développement durable s’appuiera sur les trois grandes publications mondiales ci-après: Global Environnement Outlook, African Environment Outlook, et Global Biodiversity Outlook.

• La revue African Environment Outlook est une publication phare de l’AMCEN, avec l’appui du PNUE son institution de tutelle. Publiée pour la première fois en 2002, elle est devenue la source de données détaillées sur l’environnement et le développement en Afrique la plus fiable, la plus influente et la plus sûre. Paraissant tous les quatre ans, elle mesure l’état de l’environnement, des tendances, des menaces, des opportunités et questions nouvelles au niveau national, sous régional et régional. « Quelques 22 pays et cinq sous régions ont présenté leur rapport sur les perspectives en matière d’environnement en utilisant la méthode de l’African Environment Outlook » (PNUE 2006). Grâce à sa liste complète de thèmes, de questions prioritaires, d’indicateurs avancés, de type d’indicateurs, et à sa bibliographie, cette revue est une référence fiable pour le présent travail sur les indicateurs du développement durable.

• Global Environment Outlook. Publication phare du PNUE, cette revue est un rapport

détaillé sur l’état de l’environnement mondial, les tendances, les défis et la voie à suivre pour améliorer la gestion de l’environnement. Lancée juste après la publication d’Action 21, elle en est à sa cinquième année d’existence et le cinquième numéro devrait paraître en 2012. L’une des caractéristiques qui distingue cette revue est qu’elle utilise un large éventail de données et une méthode fortement axée sur la participation et la consultation en faisant appel à des scientifiques de renom, à des experts de l’environnement et à des décideurs politiques de premier plan dans le cadre d’un réseau bien coordonné de centres de collaboration.

20Traduction non-révisée

• Global Biodiversity Outlook. Cette revue est la principale publication de la Convention sur la diversité biologique qui en est à son troisième numéro. S’appuyant sur de nombreuses sources d’information, elle présente l’état et les tendances de la biodiversité et de l’application de la Convention et propose des stratégies pour lever les obstacles qui entravent la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, ainsi que le partage équitable des avantages de l’exploitation des ressources génétiques.

• Performance Review and Assessment of the Implementation System. Élaboré par la

Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, cet instrument sert à suivre et évaluer l’application de son Plan et du cadre stratégiques décennaux. Il comprend 18 indicateurs de performance et 11 indicateurs d’impact. Même s’ils demandent à être affinés, les indicateurs d’impact indiquent les conditions de subsistance des populations touchées, l’état des écosystèmes et les avantages au niveau mondial découlant de l’application du Plan stratégique décennal.

Ces mesures et rapports sur les résultats constituent des sources d’information et des indicateurs de grande valeur. Leur contribution à la mise au point du présent cadre des indicateurs du développement durable varie en fonction du degré de pertinence pour l’Afrique, de la disponibilité des données, du niveau d’agrégation et de la facilité d’utilisation. African Environment Outlook est la source d’information la plus pertinente et la plus importante pour ce travail, mais les deux autres publications (Global Environment Outlook et Global Biodiversity Outlook) ont également apporté une contribution non négligeable. Depuis sa première publication au début des années 90, l’approche globale de l’indice du développement humain a eu un effet marquant sur la vision du progrès social des praticiens du développement, des chercheurs et des universitaires. De même, ECOFOOT a largement influé sur la manière dont les citoyens considèrent leur mode de consommation par rapport aux ressources de la terre. Il ne fait pas de doute que l’indicateur de la durabilité environnementale et les indicateurs de recherche sur la gouvernance (GRICS) ont joué un rôle important dans la sensibilisation à l’échelle mondiale et la comparaison entre les différents pays. Cependant, ces indicateurs n’ont pas été très utiles pour la prise de décisions en matière de développement à l’échelle nationale. « Au lieu de présenter un aperçu global du développement durable, nombre de ces indicateurs sont axés sur l’aspect environnemental du développement durable et de gestion des ressources, par exemple l’empreinte écologique » (Commission du développement durable 2007). Le présent travail sur les indicateurs du développement durable vise à mettre au point un cadre d’indicateurs à la fois pertinent et convivial.

5.3 Caractéristiques des bons indicateurs La question de savoir quels sont les bons indicateurs, ou indicateurs rationnels, du développement durable a été largement débattue. Cependant, on s’accorde de plus en plus sur les caractéristiques communes à tous les bons indicateurs, à savoir la pertinence, la fiabilité, la cohérence, la rentabilité et la disponibilité. Ainsi, dans sa publication intitulée « Indicateurs du développement durable: directives et méthodologies d’octobre 2007 » troisième édition, la Commission du développement durable a présente neuf caractéristiques d’un indicateur de qualité:

• Portée essentiellement nationale ; • Capables d’évaluer les progrès en matière de développement durable ;

21Traduction non-révisée

• Limités en nombre, mais non exhaustifs et adaptables aux besoins futurs ; • Pouvant couvrir Action 21 et tous les aspects du développement durable ; • Compréhensibles, clairs et sans ambiguïté ; • Conçus de manière rationnelle; • Exprimant, autant que possible, un consensus international ; • Faciles à élaborer par les autorités des différents pays ; et • Fondés sur des données d’un bon rapport coût/efficacité et de qualité reconnue.

À titre d’exemple, le rapport sur le développement durable de la CEA utilise les critères ci-après:

• Facilité d’évaluation ; • Disponibilité ; • Utilité ; • Sensibilité ; • Facilité d’utilisation ; • Fiabilité ; • Validité ; • Pertinence au plan de politiques et rentabilité.

On peut ajouter à cette liste les caractéristiques ci-après3 de ce que l’on considère comme de bons indicateurs :

• Représentent ou couvrent les parties les plus importantes du secteur ou problème considéré ;

• Indiquent les tendances à terme et les différences entre les lieux et les groupes humains ; • Intersectoriels: l’indicateur reflète les progrès, ou le recul, en matière de croissance

économique dans le contexte des changements environnementaux et sociaux ou la protection de l’environnement et les changements sociaux dans le contexte des facteurs économiques ;

• Cohérents: pleinement intégrés, adaptés et/ou choisis par les organisations nationales en

fonction de la situation. 3 Voir http://www.sustainablemeasures.com/Indicators/index.html

22Traduction non-révisée

Il est évident que tous les critères susmentionnés sont importants. Pour les besoins de la présente étude, on utilisera les critères ci-après:

• Pertinence par rapport au développement durable (indique l’état, évalue les progrès, la planification et la gestion et reflète les progrès, ou le recul, en matière de croissance économique dans le contexte des changements environnementaux et sociaux ou la protection de l’environnement et les changements sociaux dans le contexte des facteurs économiques;

• Efficacité – fournit des données essentielles représentant ou couvrant tous les aspects du

des questions, secteurs ou problème de développement durable; • Fiabilité – confiance dans les données fournies; • Compréhensibles pour les profanes, clairs, sans ambiguïté et rationnels au plan théorique; • Disponibilité– accessibles à l’endroit et au moment voulus et fondés sur des données

facile à obtenir permettant la collecte d’informations complémentaires pour combler les éventuelles lacunes en temps opportun et à un coût raisonnable;

• Indication des tendances à terme et des différences entre les lieux et les groupes humains;

et • Cohérents avec les pratiques actuelles des institutions multinationales de développement

et de financement et celles de nombreux pays 5.4 Sources des indicateurs: données qualitatives Où pouvons-nous trouver ces indicateurs? C’est l’une des questions essentielles qui se posent lors de l’élaboration des indicateurs. Les données de base constituent la source de la plupart des indicateurs et sont généralement obtenues comme suit:

• Documents administratifs – les autorités nationales et locales (municipalités), ministères de l’agriculture, de l’environnement, de la santé du transport et de l’énergie; services des douanes, banques commerciales et centrales pour les importations et les exportations.

• Enquêtes de terrain et/ou recensements – généralement organisés par un service de

statistiques. Par exemple, les recensements de la population, les enquêtes sur le revenu et les dépenses des ménages, les enquêtes sur la production agricole, les enquêtes industrielles, etc. constituent autant de sources importantes d’indicateurs. Les enquêtes et les recensements réalisés par les offices centraux de statistiques s’appuient, dans la plupart des cas, sur une méthodologie scientifique rationnelle et universellement reconnue qui assure la fiabilité des données. Il est également possible d’obtenir ce type de données à partir de séries chronologiques à mesure que les offices centraux de statistiques effectuent des enquêtes périodiques.

• Organismes de cartographie et de télédétection – fournissent des cartes et des images

prises par satellite.

23Traduction non-révisée

• Organisations internationales – données climatiques, termes de l’échange, investissement direct étranger.

• Études d’évaluation et recherche de terrain – même si elles sont, le plus souvent

ponctuelles, les études effectuées par des chercheur individuels, des instituions universitaires, des centres de recherche, des organisations de la société civile et, dans certains cas, le secteur privé, sont d’importantes sources de données.

Il va de soi que les chiffres sont des outils efficaces pour transmettre des messages et relater un évènement. C’est ainsi que des chiffres placés sur des tableaux et des graphiques peuvent raconter, en un clin d’œil, une histoire s’étalant sur plusieurs générations. Toutefois, en Afrique où les données statistiques sont rares, il est courant de tomber sur des secteurs et des institutions dont les activités de suivi de la planification et des programmes sont paralysées par l’absence de données. L’une des règles empiriques de l’élaboration des indicateurs consiste à ne jamais renoncer. Il faut tout faire pour compléter les indicateurs qualitatifs par des indicateurs généraux et des indicateurs qualitatifs. Ces derniers sont aussi importants que les indicateurs quantitatifs. Ainsi, la planification participative, l’élaboration, le suivi et l’évaluation des politiques et, en général, la prise de décisions en matière de développement dans le cadre de laquelle les boucles de rétroaction sont maintenue en état de fonctionner, sont des indicateurs vitaux. Comme on l’a vu plus haut, le développement durable est un processus continu qui vise à i) améliorer la croissance, le niveau de vie, la qualité de la vie, la productivité et le bien-être de la population dans les domaines de l’éducation, de la culture, et de la politique; et ii) à assurer l’équité au sein et entre les générations, rechercher des stratégies mutuellement bénéfiques, à renforcer les partenariats, à faire des compromis prudents, notamment en sacrifiant les intérêts à court terme au profit d’avantages à long terme plus importants, tout en maintenant et en améliorant la quantité et la qualité des ressources de l’environnement. D’aucuns prétendent que la mesure effective du développement durable, aussi complexe qu’elle puisse être, peut être inutile et qu’il faut plutôt suivre les progrès accomplis en la matière à l’aide d’indicateurs généraux. 5.5 Utilisation du cadre et des indicateurs élaborés au niveau mondial Durant les deux décennies écoulées, le système des Nations Unies et d’autres organisations ont beaucoup travaillé sur le développement durable à l’échelle mondiale. Le chapitre 40 d’Action 21 encourage les pays, les organisations gouvernementales et non gouvernementales à élaborer et identifier des indicateurs du développement durable, à harmoniser leurs efforts aux niveaux régional et mondial et à fonder la prise de décisions en matière de développement sur des données précises et fiables et des informations rationnelles. La Commission du développement durable de l’ONU, qui est l’institution la plus autorisée s’agissant des questions du développement durable, a publié en 2007, la troisième édition du document intitulé « Indicateurs du développement durable: directives et méthodologies »; Cette dernière série d’indicateurs est le résultat « des essais, de l’application et de l’utilisation à grande échelle des deux précédentes séries d’indicateurs du développement durable dans de nombreux pays » (Commission du développement durable de l’ONU 2007). Ce document identifie les quatre cadres suivants:

• Impulsion-état-impact-réaction. Ce cadre montre les relations de cause à effet, la manière dont les différents facteurs influent les uns sur les autres et facilite le choix des facteurs à prendre en compte et des indicateurs à utiliser. Les indicateurs de la pression ou de

24Traduction non-révisée

l’impulsion montrent les processus ou les activités qui influent de manière positive ou négative sur le développement durable comme, par exemple, le changement climatique ou les droits de propriété, alors que les indicateurs de l’état reflètent l’état de la pauvreté, des forêts, des récifs de corail, etc.. Les indicateurs de réaction montrent comment les autorités, les communautés et les citoyens réagissent aux facteurs de pression et, surtout, comment ils se comportent face aux conséquences négatives et aux évènements positifs et aux décisions qu’ils ont prises. La Commission du développement durable a mis fin à l’utilisation de ce cadre car « il ne permet pas de prendre en compte les relations d’interdépendance complexes entre les différentes questions; le classement des indicateurs (impulsion, état et réaction) est souvent ambiguë; il comporte des incertitudes en ce qui concerne les liens de causalité; et il ne met pas suffisamment en valeur les relations entre les indicateurs et les questions de politique générale » (UNCSD 2007).

• Cadres fondés sur les questions ou les thèmes. Mis au point depuis quelques années et très

largement utilisés, ces cadres consistent à classer et grouper les indicateurs en fonction de différentes questions ou thèmes liés au développement durable en tenant compte de la pertinence au plan des politiques. Ils contribuent à « lier les indicateurs aux processus et objectifs en matière de politique » (ONU 2007); à transmettre « un message clair et direct aux décideurs et à faciliter la communication avec le public et sa sensibilisation », à suivre les progrès en matière de développement durable et sont « suffisamment flexibles pour ajuster les nouvelles priorités et les objectifs en matière de politiques au fil du temps ». (ONU 2007).

• Cadres fondés sur le capital. Ces cadres sont conçus pour « calculer la richesse nationale

en tant que fonction de la somme des différents types de capital et de leurs interactions, notamment le capital financier et les biens d’équipement produits, ainsi que les capitaux naturel, humain, social et institutionnel » (ONU 2007). Ces cadres facilitent permettent de déterminer facilement la manière dont se déroule le développement et sa durabilité, de recenser les ressources disponibles et la manière dont elles doivent être gérées. Cependant, ces cadres ne sont peut-être pas tout à fait adaptés à l’Afrique où les données sont insuffisantes, « étant donné qu’ils exigent que toutes les formes de capital soient exprimées dans les mêmes termes, en général des termes monétaires » (ONU 2007).

• Cadres de comptabilité. Ils servent à calculer le total des biens et services produits par un

pays, par exemple le produit intérieur brut, à partir des données obtenues des sources primaires, des enquêtes (production agricole, dépenses des ménages). La Commission de statistique de l’ONU, institution mondiale spécialisée reconnue qui a mis au point le Système de comptabilité nationale (SCN) pour estimer le PIB, le PNB, l’épargne et l’investissement nationaux, vient d’élaborer le Système de comptabilité intégrée environnementale et économique (SCEE).

Le SCEE prend en compte l’érosion de l’environnement lors de l’estimation de la production et de la demande et comprend les comptes exprimés en termes monétaires et physiques. Il permet également de « mettre en place une base de données commune à partir de laquelle on peut produire de manière constante, quelques uns des indicateurs du développement durable les plus communs dans les domaines économique et environnemental » (Commission du développement durable 2007). « Plusieurs pays utilisent ce système qui va être proposé en tant que norme statistique internationale » (Commission du développement durable2007). En Afrique, notamment en Tanzanie, en Ouganda, en Afrique du Sud, en Éthiopie et en Namibie, on a commencé à évaluer les services et les fonctions de l’écosystème et à

25Traduction non-révisée

estimer les pertes des forêts, de la biodiversité et de la fertilité des sols comme point de départ de « l’écologisation » du PIB, même si ce n’est pas encore à l’échelle du gouvernement.

S’il est vrai que le travail de la Commission du développement durable est le résultat de plusieurs années de débats, de recherche sur le terrain, de mise à l’essai des indicateurs élaborés antérieurement, la question essentielle qui reste posée est de savoir si l’approche thématique susmentionnée est le meilleur moyen de mettre en lumière le lien entre les différents secteurs, notamment celle de la poursuite intégrée du développement durable, du bien être social et de la protection de l’environnement dans le contexte africain. Dans les chapitres précédents, on a jeté les bases pour la production d’indicateurs à même de refléter les relations entre les différents secteurs à travers la combinaison de plusieurs cadres modifiés fondés respectivement sur le rapport impulsion-état-impact-réaction ou sur des questions ou thèmes précis. Bien entendu, l’Afrique n’a pas à se lancer dans un processus coûteux pour élaborer des indicateurs. Il s’agit plutôt de: a) procéder à une analyse approfondie de la situation, des problèmes, des besoins et des aspirations en matière de développement durable; b) d’identifier et d’adapter les indicateurs pertinents mis au point par le système des Nations Unies et d’autres organisations internationales ; c) élaborer de nouveaux indicateurs en cas de besoin; d) établir une liste d’indicateurs du développement durable pour l’Afrique; e) tester ces indicateurs au niveau régional et les affiner en fonction des enseignements tirés; et f) favoriser et appuyer la mise au point de tels indicateurs à tous les niveaux. 6. Identification, sélection, organisation, et utilisation des indicateurs du développement durable Il n’existe pas encore d’indicateur du développement durable unique, de sorte que l’identification, la sélection et l’organisation des indicateurs du développement durable pose d’énormes problèmes et a fait l’objet d’intenses débats durant les deux dernières décennies. Cela dit, la Commission du développement durable et les secrétariats des conventions multilatérales déploient des efforts louables pour élaborer et affiner des indicateurs dans leurs domaines respectifs que l’Afrique pourrait mettre à profit. À titre d’exemple, la Commission du développement durable a mis au point des indicateurs d’impact fortement axés sur le développement durable pour évaluer la dégradation des sols qui seront utilisés pour élaborer des indicateurs détaillés relatifs au thème « terre ». La Convention sur la diversité biologique a affiné son cadre des indicateurs et mis au point un programme pour aider les pays à élaborer des systèmes de suivi et des indicateurs aux niveaux national et sous régional. Examen de la complémentarité des indicateurs et de la nécessité de leur efficacité en tant que suite, étant donné que chacun d’eux a ses limités. On s’accorde cependant à reconnaître que les principaux processus ci-après sont à prendre en compte :

• Assurer une synergie effective des notions et des indicateurs ; • Définir clairement les indicateurs à utiliser pour ; • Elaborer des cadres conceptuels ; • Sélectionner les indicateurs et déterminer les thèmes, les sous thèmes, ainsi que les

indicateurs essentiels et les autres.

26Traduction non-révisée

6.1 Assurer une synergie effective entre les notions et les indicateurs. L’identification et la sélection des indicateurs nécessitent des connaissances solides en matière de développement durable: l’assimilation de la notion d’indicateurs durables et de durabilité, le type d’indicateurs à utiliser, les sources d’indicateurs et l’objet de l’évaluation et des mesures. En fait, le type, le nombre et la combinaison des indicateurs sont dictés par la notion et les pratiques du développement durable. De toute évidence, des efforts considérables ont été déployés pour transformer la notion de développement durable en actions concrètes et évaluer les changements intervenus dans ce processus intégré. Cependant, on continue d’organiser de nombreux indicateurs du développement durable en fonction des secteurs ou des thèmes, ce qui aboutit à une compartimentation et à une rupture entre la notion de développement durable et le jeu d’indicateurs utilisé. Dans certains cas, la sélection des indicateurs se fait en fonction de considérations pratiques et de la disponibilité et des indicateurs du développement ordinaire sont utilisés comme indicateurs du développement durable. C’est ainsi que la méthode classique des flux utilisée pour calculer le PIB sert d’indicateur du développement durable; avant même que l’approche postérieure à Action 21 préconise la combinaison des méthodes des flux et des stocks, cette dernière servant à mesurer les changements dans le stock du capital naturel (par exemple l’augmentation ou la diminution du couvert forestier (déforestation). Compte tenu de l’absence de données sur la valeur ajoutée totale des biens et services (PIB) estimée au moyen de la méthode de comptabilité du développement durable (verte), nombreux sont ceux qui se hâtent de conclure que les chiffres classiques du PIB constituent de bons indicateurs supplétifs, et justifient ainsi leur utilisation, ce qui a amené les dirigeants politiques à penser que les taux de croissance du PIB constituaient des progrès en matière de développement. C’est ce qui a, peut-être, compromis les efforts visant à introduire et appliquer à grande échelle la méthode de comptabilité écologique, en dépit de la nouvelle notion apparue sur la scène mondiale juste après l’adoption d’Action 21. 6.2 Définir clairement à quoi doivent servir les indicateurs. On peut utiliser les indicateurs pour:

• Evaluer les progrès accomplis en matière de développement durable en mesurant les changements de la situation économique, sociale, environnementale et au plan de la gouvernance du pays, ainsi que les contraintes et les opportunités, les politiques, les plans et programmes en matière de développement et les liens d’interdépendance, les compromis et/ou les complémentarités entre les facteurs économiques, sociaux, environnementaux et de gouvernance, afin d’établir des références et diagnostiquer les problèmes.

• Appuyer les politiques et les réformes juridiques et institutionnelles pour favoriser le

développement durable ou éliminer les sources des modes de consommation et de production non durables.

• Formuler des plans, stratégies, et programmes à court, moyen et long terme—en

définissant les priorités, les objectifs et les échéances, notamment des stratégies de réduction de la pauvreté et des stratégies sectorielles, en particulier le développement

27Traduction non-révisée

agricole et industriel durable, l’éducation et la santé, les pratiques durables dans l’industrie extractive, le tourisme, etc.

• Gérer le développement - définir les relations (matrices des intrants et extrants), les

avantages mutuels et les compromis; analyser les coûts et avantages économiques et financiers, établir des normes relatives aux relations

• Améliorer la gouvernance, notamment le renforcement de la décentralisation et de la

participation des citoyens et la démocratisation • Communication publique– faire connaître les réalisations, ainsi que les succès et les

échecs à l’échelle nationale et à celle des communautés. • Suivi et évaluation– surveillance, apprentissage et amélioration au moyen des indicateurs

quantitatifs et généraux • Faire état des résultat de la mise en œuvre des engagements mondiaux auxquels le pays a

souscrit, notamment les objectifs du Millénaire pour le développement, les accords multilatéraux sur l’environnement, la santé et l’éducation pour tous, le respect des droits de l’homme, la réduction de la pollution, la préservation de l’intégrité et de la diversité des écosystèmes, etc.

La liste susmentionnée énumère les utilisations possibles des indicateurs, mais il faut savoir qu’un indicateur peut servir plusieurs objectifs. Ainsi, les indicateurs de portée nationale, comme le PIB ajusté en fonction des pertes environnementales et de l’inégalité des revenus, peuvent être utilisés à toutes les fins citées plus haut. Les indicateurs de la dégradation des forêts, des pertes de fertilité ou d’amélioration des sols, de l’utilisation des engrais, etc. sont tout à fait appropriés au niveau local ou communautés. 6.3 Élaboration de cadres conceptuels. Les cadres facilitent la prise de décisions pour l’identification et le choix des indicateurs, notamment la direction des efforts, ce qu’il faut évaluer, les attentes et la manière d’utiliser les indicateurs. Ces cadres conceptuels montrent comment une institution ou un pays envisage le développement durable, et ses principaux aspects, les liens d’interdépendance et l’interaction entre les différents volets et la manière de classer les thèmes par ordre de priorité et de les évaluer. La nature du cadre à élaborer et utiliser doit, avant tout, refléter les réalités économiques, sociales et environnementales, notamment les données techniques, les menaces et les opportunités de croissance. Dans ces conditions, il faudra élaborer un cadre des indicateurs du développement durable qui constitue la synthèse des cadres cités plus haut. Ainsi, le cadre fondé sur l’impulsion, la situation, la réaction est pertinent et efficace et facilite la compréhension de la relation de cause à effet, contribue à situer l’impact de la gouvernance et indique aux décideurs la direction dans laquelle ils doivent axer leurs efforts. Le schéma ci-dessous illustre le cadre conceptuel fondé sur la pression, la réaction, l’effet et l’atténuation, qui est proposé pour élaborer les indicateurs africains du développement durable en association avec la méthode thématique. Il s’agit d’une version modifiée du cadre fondé sur l’impulsion, la situation, l’impact et la réaction utilisé initialement par la Commission du développement durable.

28Traduction non-révisée

Le cadre conceptuel présenté ci-dessous s’appuie sur le principe selon lequel dans les économies fortement dépendantes des ressources naturelles, ce qui est le cas de la plupart des pays africains, la manière dont les ressources naturelles sont utilisées et gérées aux fins de subsistance est influencée par les facteurs de pression, en l’occurrence le changement climatique, l’accroissement de la population, les droits de propriété, les marchés, les connaissances, la technologie et l’infrastructure économique et sociale Les consommateurs de ressources naturelles et les décideurs réagissent à ces facteurs de pression en adoptant différentes stratégies aux niveau des ménages et des communautés et au niveau national portant sur les changements dans l’exploitation des terres; l’empiètement sur les terres marginales; la dégradation des forêts et des zones humides, la réduction de la superficie des terres de parcours et, parfois, le déplacement des établissements humains. Dans une situation marquée par la faiblesse des connaissances, des capacités techniques et de la gouvernance, les mesures de riposte entraînent, le plus souvent, une perte de moyens de subsistance, une augmentation de la pauvreté, l’érosion de la légitimité de l’État qui est considéré comme n’ayant pas réussi à fournir à la société les biens et services dont elle a besoin, l’aggravation de l’insécurité, la migration massive (le plus souvent forcée) et les troubles à l’ordre public. C’est à ce niveau que les gouvernements rationnels envisagent de prendre des mesures d’atténuation comprenant notamment l’élaboration de stratégies de développement durable, d’instruments, d’une politique d’investissement, le renforcement des connaissances, de l’éducation et de la santé et de renforcer les capacités humaines et institutionnelles qui influeront sur la manière d’exploiter les ressources naturelles.

29Traduction non-révisée

Diagramme 4 : Cadre conceptuel indiquant les conséquences économiques, sociales et environnementales de l’exploitation des ressources naturelles sous l’effet des facteurs de pression

Le cadre montre également comment la gouvernance (participation des citoyens, politiques, institutions, capacités de réalisation de l’État, etc.) influe sur les facteurs de pression, la manière dont les citoyens, les communautés et l’État réagissent à ces facteurs et la mesure dans laquelle les mesures de riposte se répercutent sur les moyens de subsistance et la formation sociale, ainsi que les mesures d’atténuation requises. Dans des conditions marquées par la faiblesse de la gouvernance et de l’État, la manière dont les citoyens et la communauté réagissent aux facteurs de pression entraîne souvent une perte de moyens de subsistance, l’érosion de capacités de riposte, des privations sociales et économiques et des déplacements de population. En revanche, une direction politiques forte et des États capables peuvent intervenir en temps opportun pour inverser la tendance et renforcer le développement durable.

a) Indicateurs du développement durable montrant les changements dans les facteurs de pression. Le deuxième encadré ci-dessus montre les facteurs de pression, parmi lesquels: le changement climatique, les facteurs biophysiques, l’accroissement de la population, les droits de propriété et les institutions et les techniques qui influent sur l’exploitation et la gestion des ressources

Changement climatique Accroissement de la population Droits de propriété Marchés Connaissances Technologie Infrastructure

Faible taux d’investissement/ changement dans l’exploitation des terres/ empiètement sur les terres marginales/ dégradation des forêts et des zones humides, / réduction de la superficie des terres de parcours/ déplacement des établissements humains, innovation (gestion de l’agriculture et des ressources naturelles

Stratégies de développement durable, instruments, Politique d’investissement, connaissances, Technologie, Éducation / santé; Capacités (humaines, institutionnelles)

Perte de moyens de subsistance, pauvreté Désespoir Erosion de légitimité de l’État; insécurité humaine ; Migration massive (le plus souvent forcée)

Capital humain et social: culture; Capital naturel: terres, forêts, air eau, minéraux ressources, énergétiques

Gouvernance Participation,

Politiques, institutions

Efficacité de l’Etat

Facteurs de pression

Réactions (négatives/positive)

Atténuation/amélioration

Effets/impacts

30Traduction non-révisée

(terres, forêts, eau, etc.). L’environnement physique (topographie, gradient et longueur des pentes et climat) ont un effet direct, indépendant de la volonté de l’homme, sur le comportement des consommateurs de ressources naturelles. Les changements démographiques par rapport aux ressources naturelles, les droits de propriété et les institutions juridiques, le niveau de connaissances et de technologie (notamment le savoir autochtone) et le développement des marchés influent également sur la prise de conscience, les mesures incitatives, les contraintes dans l’exploitation des ressources, la productivité et les relations sociales.

b) Indicateurs du développement durable relatifs aux mesures de riposte. On s’accorde à

reconnaître que la dégradation de l’environnement découle des décisions individuelles et/ou collectives prises en réaction aux changements réels ou supposés de la vulnérabilité au risque climatique, de l’environnement biophysique, de la taille de la population, de la technologie, des institutions, de la situation du marché et de la politique publique. Les mesures individuelles peuvent se traduire par des changements du mode d’exploitation des terres et des pratiques de gestion et d’investissement. Les mesures à l’échelle communautaire peuvent consister à modifier la superficie des terres de parcours, les règles régissant l’utilisation et le transfert des ressources communes, ainsi que la répartition des bénéfices. Ces changements dans l’état des ressources influent sur la productivité, les moyens de subsistance et les structures sociales.

c) Indicateurs du développement durable relatifs aux effets ou impacts. Les effets ou impacts des mesures de riposte indiquées plus haut reflètent les conséquences des changements dans l’exploitation des ressources naturelles (mauvaise gestion, comportement et pratique entraînant la dégradation), l’évolution des établissements humains et l’érosion des capacités de riposte. Comme c’est le cas dans un scénario « malthusien » classique, ces ripostes se traduisent par la perte de moyens de subsistance, la pauvreté, l’insécurité humaine, une vulnérabilité accrue au risque climatique et aux catastrophes naturelles, une hausse du chômage réel ou déguisé et une plus grande exposition aux risques liés à la consommation qui entraîne des famines massives périodiques et, en fin de compte, l’affaiblissement de la légitimité de l’État. L’aggravation de l’insécurité humaine est la conséquence cumulée de l’insécurité alimentaire, sanitaire, politique, économique, environnementale et communautaire (PNUD 1994) et découle généralement d’une compétition acharnée pour des ressources rares qui entraîne, à son tour, la perte des moyens de subsistance, la baisse des niveaux de consommation, l’érosion des capacités de riposte et des mouvements de population de grande ampleur.

d) Indicateurs du développement durable relatifs aux mesures d’atténuation. Une fois que les citoyens et les communautés auront épuisé leurs capacités de riposte, c’est à l’État qu’il incombe en premier lieu de modifier le cours des évènements en prenant des mesures d’atténuation. Ces mesures peuvent consister à élaborer des politiques et stratégies de développement durable, des instruments et des politiques d’investissement, à améliorer les connaissances, l’éducation et la santé, à renforcer les capacités humaines et institutionnelles et à consolider la coopération internationale pour le développement.

e) Indicateurs du développement durable relatifs aux changements dans les politiques,

les institutions et la gouvernance de manière générale. Les indicateurs du développement durable ont des fonctions multiples: élaboration des politiques, préparation de plans et programmes; établissement des priorités de développement; suivi de l’application des politiques, plans et programmes ; mise en œuvre des engagements internationaux; comparaisons entre pays; évaluation de la responsabilité politique, etc. En fait, il existe une relation à double sens entre l’élaboration des politiques et les indicateurs. Les politiques définissent le type d’indicateurs à mettre au point et les indicateurs renseignent sur le succès et les échecs des politiques. On s’accorde également à reconnaître

31Traduction non-révisée

que la gestion et l’exploitation rationnelles tut autant que la mauvaise gestion et la surexploitation des ressources naturelles et leur dégradation inévitable découlent des décisions individuelles et/ou collectives prises en réponse aux changements de la politique publique ou à son absence. La gouvernance, ou politique publique, joue donc un rôle essentiel dans l’encouragement des investissements dans la terre, le renforcement des institutions pour innover et créer de nouvelles techniques et l’instauration des conditions nécessaires pour favoriser les stratégies de subsistance conformes à l’objectif de développement durable.

f) Indicateurs du développement durable reflétant les changements dans le capital-

richesse. Les mesures d’atténuation prises pour modifier la qualité et la quantité du capital humain et naturel et le capital produit sont reflétée par des indicateurs composites, par exemple l’indicateur du progrès véritable ou du PIB ajusté en fonction des pertes environnementales et de l’inégalité des revenus. D’autres indicateurs composites, notamment l’ECOFOOT (empreinte écologique), l’indice de la durabilité environnementale et l’indice de la performance environnementale relèvent de cette catégorie.

6.4 Sélection et définition des thèmes, sous thèmes, indicateurs de base et autres indicateurs

Deux facteurs influent sur le choix et la définition des thèmes et des indicateurs/. Il s’agit des réalités économiques, sociales, environnementales et en matière de gouvernance, des engagements mondiaux et régionaux et des actions planifiées d’une part, et de la notion et de l’agenda du développement durable, de l’autre. La situation socioéconomique et environnementale générale de l’Afrique peut être décrite comme suit: prédominance d’une agriculture de subsistance faiblement mécanisée; faible niveau d’industrialisation; taux d’accroissement démographique et d’urbanisation élevés, forte vulnérabilité au risque climatique, large dépendance de l’énergie de la biomasse; accès limité aux services d’éduction et de santé; grave dégradation de l’environnement; rareté croissante de l’eau ; fragilité de la démocratie; et faible réactivité institutionnelle et technique. On entend dire un peu partout que l’Afrique est la région la plus pauvre du monde avec près de 40% de la population vivant en deçà du seuil de pauvreté et un tiers souffrant de sous alimentation. L’Afrique est également confrontée au problème de « la non diversification des exportations, aux contraintes qui pèsent sur l’offre, au faible niveau d’intégration sous régionale et continentale et aux pénuries alimentaires rampantes » (CEA et UA 2009) C’est dans ce contexte que le NEPAD vise à « éliminer la pauvreté en Afrique et à mettre les pays africains, individuellement et collectivement, sur la voie d’une croissance et d’un développement durables pour mettre un terme à la marginalisation de l’Afrique dans le processus de mondialisation » (OUA/UA 2001). C’est aussi dans ce contexte qu’il faut élaborer le programme et les indicateurs de développement durable de l’Afrique.’’ Si le développement durable consiste à œuvrer de manière intégrée et équilibrée en faveur de la croissance économique, du bien-être social et de la protection de l’environnement, les thèmes et les indicateurs de base seront les changements dans les ressources, les facteurs de pression, les mesures de riposte, les effets/impacts ou les mesures d’atténuation qui reflètent l’interaction entre les trois dimensions du développement durable. Cette définition peut être illustrée, comme l’a fait Segnestam (2000) par le schéma ci-après:

32Traduction non-révisée

Diagramme 4 : Indicateurs du développement durable, durabilité socioéconomique, indicateurs de la durabilité économico-environnementale et socio-environnementale. Les thèmes et indicateurs de base du développement durable de l’Afrique sont indiqués en vert foncé à l’endroit où les trois dimensions du développement durable se recoupent et reflètent en même temps les préoccupations prioritaires ou aspirations de la région, telles qu’indiquées par le NEPAD et les Conventions mondiales signées par les pays africains. Les 20 thèmes ci-après ont été choisis en fonction des opportunités et des problèmes de développement actuels de l’Afrique et des critères proposés indiqués plus haut, notamment:

• La pertinence ; • L’efficacité ; • La facilité d’assimilation ; • La conformité avec les pratiques actuelles des institutions de développement et de

financement multilatérales. Thèmes : • Transformation économique et

macroéconomie • Pauvreté • Gouvernance • Alimentation et agriculture • Santé et nutrition • Équité sociale (femmes, jeunes,

groupes vulnérables) • Éducation, formation et culture • Démographie • Terres • Forêts • Eau douce

• Biodiversité • Énergie • Infrastructure, science et

technologie • Risques naturels et anthropiques • Changement et variabilité

climatiques • Paix et sécurité • Océans, mers et zones côtières • Modes de consommation et de

production durables • Partenariat mondial pour le

développement

Indicateurs de base du développement durable

Durabilité socioéconomique

Économico-environnementale Socio-environnementale

Croissance économique Bien-être social

Protection de l’environnement

Indicateurs de base du développement durable

33Traduction non-révisée

Le tableau ci-dessous présente une liste des principaux thèmes du développement durable qui reflètent les opportunités et les problèmes actuels de l’Afrique. Il indique également les relations entre ces thèmes, les trois dimensions du développement durable et les engagements régionaux et mondiaux auxquels les pays africains ont souscrit.

34Traduction non-révisée

Tableau 2 : Principaux thèmes pour l’Afrique et situation Principaux aspects du

développement durable Thèmes Croissance

économique Bien-être social

Protection de l’environnement

Engagements nationaux, régionaux et mondiaux

Thème de la Commission du développement durable

Transformation économique et macroéconomie

Plans de développement nationaux, NEPAD,

modifié

Pauvreté OMD, NEPAD Gouvernance MAEP, NEPAD, OMD, Alimentation et agriculture

OMD, NEPAD, Programme africain général pour le développement de l’agriculture

X

Santé et nutrition OMD, NEPAD Équité sociale (femmes, jeunes, groupes vulnérable)

Plate-forme de Beijing Chartes de la femme et de l’enfant de l’UA

X

Éducation, formation et culture

OMD, NEPAD

Démographie CIPD, OMD, NEPAD Terres Convention des Nations

Unies sur la lutte contre la désertification, AEO

Forêts NEPAD, Convention africaine sur la nature et les ressources naturelles, Convention sur la diversité biologique, Convention des nations Unies sur la lutte contre la désertification, IPF

Eau douce Vision africaine sur l’eau, Convention sur la diversité biologique, Ramsar

Biodiversité Convention sur la diversité biologique, Convention africaine sur la nature et les ressources naturelles, AEO

Énergie NEPAD X Risques naturels et anthropiques

Stratégie UA/NEPAD de réduction des risques de catastrophe

Changement et variabilité climatiques

CCNUCC, OMD position africaine commune sur le changement climatique

Infrastructure, NEPAD, Plan d’action de X

35Traduction non-révisée

science et technologie

Johannesburg

Océans, mers et zones côtières

Convention sur la diversité biologique, NEPAD, Charte africaine du transport maritime de Durban, Conventions d’Abidjan et de Nairobi

Modes de consommation et de production durables

Plan d’action de Johannesburg, cadre décennal africain pour les programmes relatifs aux modes de consommation durables, Conventions sur les substances et les déchets chimiques

Paix et sécurité

NEPAD

X

Partenariat mondial pour le développement

NEPAD, OMD OMC, Accords ACP, Consensus de Monterrey, Déclaration de Paris, Action 21 et Plan d’action de Johannesburg

On trouvera ci-après l’explication et la justification du choix des principaux thèmes. a) Transformation économique et macroéconomie. Ce thème fait suite à l’appel du NEPAD visant

à transformer les économies des pays africains en les faisant passer de la condition de producteurs et d’exportateurs de matières premières à celui de transformateurs, à renforcer la valeur ajoutée, à diversifier les exportations et à mettre en place des capacités de production industrielles pour alimenter le secteur de l’agriculture en intrants techniques (engrais, machines et équipement, produits chimiques agricoles, etc.). Actuellement, l’Afrique ne participe qu’à hauteur de 2,7% au commerce mondial (2007), elle demeure, pour l’essentiel, un exportateur de produits de base et le pétrole brut et les minéraux représentent près de 70% des exportations totales, tandis que l’agriculture et les produits manufacturés constituent les 30% restants (CEA 2009). Le rapport de la CEA souligne également que « les importations de l’Afrique représentaient 2,5% du total mondial en 2007 et qu’elles ont augmenté de 24% durant la même année ». Plus inquiétante encore est la structure des importations qui sont constituées essentiellement de produits manufacturés (68% du total), de combustibles et de produits miniers (15,4%) et de produits agricoles (4%) (CEA 2009). Sur les dix premiers exportateurs africains (81,5% des exportations totales du continent en 2007), 60% sont des exportateurs de pétrole (CEA 2009). L’absence de diversification des exportations, la faiblesse de la participation au commerce mondial et la prédominance des produits manufacturés dans la facture des importations montrent à l’évidence qu’il est indispensable de revoir les stratégies et les priorités des politiques de développement du continent, notamment les domaines ciblés par le NEPAD, afin de répondre à

36Traduction non-révisée

l’appel de ce dernier pour la « transformation ». Pour ce faire, il faut accorder la priorité à l’industrialisation et œuvrer à transformer les ressources naturelles pour répondre aux besoins de la population en produits manufacturés. La transformation suppose également l’élargissement du marché et le renforcement des investissements à travers l’intégration régionale et la diversification des exportations en augmentant la part des produits transformés dans les exportations totales. Le passage d’une agriculture de subsistance extensive à des processus de production intensive dépendra, dans une grande mesure, du secteur de l’industrie. L’industrialisation ne consiste pas à développer les industries manufacturières, mais à transformer une activité économique ou un secteur, comme celui de l’agriculture, pour passer des méthodes de production de subsistance traditionnelles à un système de production de biens et services moderne, efficace, à forte valeur ajoutée et non nocif pour l’environnement. Elle suppose également le développement et le renforcement des liens en amont et en aval et les liens latéraux de l’agriculture et des autres secteurs productifs. Il n’existe pas de précédent historique d’un pays qui s’est sorti de la pauvreté avant de s’industrialiser. S’il est vrai que les stratégies de développement visant à réduire la pauvreté sont importantes, la croissance durable, la transformation technique, le bien-être social et même la protection de l’environnement, dépendent d’un solide programme d’industrialisation. Une étude réalisée en 2006 par la CEA a constaté que les stratégies de réduction de la pauvreté avaient permis « d’améliorer la prise en charge de la pauvreté, la participation active des parties intéressées, l’intérêt accordé aux questions de gouvernance et de mettre en place un cadre plus approprié pour gérer l’aide et assurer la cohérence avec le NEPAD,…mais qu’elles comportaient des lacunes en ce qui concerne la croissance économique et l’emploi » (CEA 2010). En ce qui concerne l’élaboration de ces stratégies, « on n’a pas accordé suffisamment d’attention aux processus nationaux à plus grande échelle et aux organisation politiques, notamment les parlements, en se préoccupant, dans une grande mesure, de rechercher l’assentiment du FMI et de la Banque mondiale » (CEA 2010). Avec l’avènement des technologies vertes moins nocives pour l’environnement, l’Afrique a une occasion unique de réaliser une industrialisation fondée sur des technologies propres et d’éviter les problèmes d’environnement auxquels les pays développés ont été confrontés. Certains pays africains sont déjà sur la voie de l’industrialisation grâce à des plans de développement bien conçus qui ont intégré, ou remplacé, les stratégies de réduction de la pauvreté en tant qu’instruments essentiels d’orientation et de gestion des économies nationales. La création de richesses et la transformation économique consistent à renforcer le capital produit, le capital humain et le capital naturel (couvert végétal, forêts, terres arables, fertilité des sols, ressources en eau et services et fonctions de l’écosystème) qui demeure une source de subsistance primordiale pour une majorité d’africains).

b) Pauvreté. La réduction de la pauvreté est un objectif vital au niveaux mondial (et l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement), régional (NEPAD) et national (stratégies nationales de réduction de la pauvreté). « Les taux de pauvreté demeurent élevés dans le centre, l’Est, le Sud et l’Ouest du continent, en dépit des taux de croissance impressionnants enregistrés ces dernières années » (ONU 2008). La « Pauvreté » est aussi l’un des thèmes des indicateurs du développement durable et des directives et méthodologies de la Commission du développement durable (2007). Les directives classent la pauvreté comme suit: revenu (proportion de la population vivant en deçà du seuil

37Traduction non-révisée

national de pauvreté, soit un dollar É.-U. par jour); inégalité des revenus (ratio ou part du revenu national du plus fort au plus faible quintile); assainissement (proportion de la population disposant d’une installation sanitaire améliorée); eau potable (proportion de la population disposant d’une source d’eau améliorée); accès à l’énergie (part des ménages sans électricité ou autres services énergétiques modernes et pourcentage de la population utilisant les combustibles solides pour la cuisine); et conditions de vie (proportion de la population urbaine vivant dans des bidonvilles). Dans le cas de l’Afrique, où la pauvreté est essentiellement rurale et où la majorité de la population tire sa subsistance de petits lopins de terre morcelés, la pauvreté semble étroitement liée, non seulement à la disponibilité et à la productivité de la terre, mais aussi à la capacité des ménages à faire face aux risques environnementaux (notamment le risque climatique); au maintien des services de l’écosystème pour appuyer les systèmes agricoles de subsistance et aux sources de l’insécurité individuelle (notamment l’accès limité à la justice). « Un ménage rural éthiopien sur cinq dispose de moins de 0,8 hectare par personne » ce qui ne permet de produire qu’à peine plus de la moitié des besoins calorifiques quotidiens d’une personne, compte tenu des techniques actuellement utilisées pour la production de céréales dans ce pays. (Teklu et al., 2003). La cartographie de la pauvreté montre qu’elle est plus marquée dans les villages caractérisés par une topographie et des sols de mauvaise qualité, une pluviométrie faible et irrégulière, une forte densité de la population et un accès limité au marché (Elizabeth 1997). Il faut ajouter à cela la manière dont les pauvres voient leur avenir. De fait, la manière d’envisager l’avenir et d’appréhender les vulnérabilités aux catastrophes et aux risques naturels et anthropiques à court et à long terme est aussi importante que leur état de pauvreté actuel. On peut définir la « vulnérabilité » d’une personne comme étant « le risque de devenir pauvre ou de le rester » (Christiaensen et Subbarao 2004). L’agression de l’environnement et la dégradation des sols aggravent aussi bien la vulnérabilité réelle, ou ressentie, à la pauvreté et à la famine aux niveaux individuel et communautaire. À titre d’exemple, « durant la grave famine éthiopienne de 1984/1985, les ménages qui ont déclaré avoir souffert le plus durement ont continué à enregistrer une baisse de croissance annuelle par habitant de deux à trois pour cent entre 1989 et 1997 par rapport à ceux qui ont le moins souffert de la famine » (Banque mondiale 2005). Ainsi, les indicateurs du développement durable concernant la pauvreté doivent rendre compte aussi bien de l’état réel de la pauvreté rurale (perte de fertilité des sols et accès aux terres productives) que de la manière dont la population envisage l’avenir (capacités de réaction renforcées aux niveau individuel, communautaire et étatique). La présente étude préconise d’intégrer la fertilité des sols, les pertes de biodiversité, la dégradation de l’intégrité et de la diversité de l’écosystème en tant qu’indicateurs de la pauvreté. Il s’agit pour les Ministres des finances de faire état des succès en matière de réduction de la pauvreté parallèlement aux changements de la fertilité des sols et de la biodiversité.

c) Gouvernance. On entend ici par gouvernance les politiques et les institutions ; la primauté du droit,

l’autonomisation politique de la population, le respect des droits de l’homme, l’accès à la justice, la transparence et l’obligation de rendre compte, l’efficacité et l’efficience du secteur public, la légitimité de l’État, l’accès aux connaissances et à l’information, les lois et les structures qui régissent et réglementent la vie communautaire, notamment la gestion et l’utilisation des biens communs, et les attitudes et valeurs qui renforcent la responsabilité, la solidarité et la tolérance. Comme on l’a vu auparavant, la gouvernance est le quatrième pilier du développement durable et influe sur le bien-être sociétal, économique, social et environnemental à travers l’espace et les générations. Elle englobe la gouvernance économique, politique, démocratique et d’entreprise dont

38Traduction non-révisée

fait état le NEPAD et a inclus la gouvernance environnementale, la capacité de l’État à sérier les besoins de la société et à les satisfaire, à appliquer les politiques et à négocier les accords économiques et commerciaux bilatéraux. On peut résumer les principales caractéristiques de la gouvernance comme suit:

• Obligation de rendre compte à tous les niveaux ; • Responsabilité, notamment pour la préservation de l’intégrité et de la diversité de

l’écosystème et la gestion durable des biens communs ; • Transparence, notamment l’accès sans contrainte et en temps voulu aux connaissances et à

l’information ; • Participation ; • Réactivité (aux besoins de la population et à leurs valeurs culturelles) ; • efficacité (capacité à appliquer les politiques et la réglementation) ; • Sécurité juridique des droits de propriété ; • Primauté du droit ; • Accès équitable à la justice ; • Stabilité institutionnelle ; • Réactivité au développement durable, notamment la capacité à formuler des politiques, à

dégager les ressources financières et humaines nécessaires et à agir pour préserver l’intégrité et la diversité de la nature.

En Afrique, la gouvernance se distingue par l’autorité exercée par les institutions traditionnelles, notamment la famille, qui a joué un rôle vital et efficace dans la gestion des biens communs et leur exploitation, ainsi que le règlement des différends. Si l’autorité de l’État repose sur la structure et la capacité d’exécution de son système juridique, ces institutions traditionnelles disposent de l’autorité morale et d’une réputation d’efficacité. Ainsi, le respect et l’utilisation efficace des mécanismes traditionnels de gestion des ressources et de règlement des différends est un aspect important de la bonne gouvernance.

d) Alimentation et agriculture. En dépit de son énorme potentiel de ressources naturelles, l’Afrique est confrontée à une insécurité, voire une crise, alimentaire chronique. La quantité et la qualité des denrées produites, la manière dont elles sont produites, commercialisées, préparées et consommées est étroitement liée au bien-être économique, social et environnemental de la société et en constitue le reflet. La plus grande partie des denrées provient de l’agriculture de subsistance qui se caractérise par une faible productivité, une grande vulnérabilité au risque climatique, une faible technicité, le morcellement des terres et une forte sensibilité à l’érosion des sols et de l’eau. De nos jours, « les pays africains sont, pour la plupart, des importateurs nets de produits alimentaires et la hausse des prix s’est traduite par une détérioration des termes de l’échange et une dépendance accrue de l’aide alimentaire pour un grand nombre d’entre eux » (CEA 2009). L’un des objectifs essentiels du

39Traduction non-révisée

NEPAD est « d’assurer la sécurité alimentaire pour tous et de renforcer l’accès des pauvres à une alimentation et une nutrition suffisantes. » Étant donné que les ménages pauvres dépensent plus de 60% de leur revenu pour la nourriture (CEA 2009), la sécurité alimentaire suppose une transformation structurelle, non seulement du secteur agricole, mais aussi de celui de l’industrie (transformation et fourniture d’intrants agricoles), de l’infrastructure économique (transport, réseau routier, commercialisation, etc.), de l’infrastructure sociale (éducation, vulgarisation, services de santé) et de la culture alimentaire. Il convient de faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique, qui est due à des facteurs structurels, notamment la pauvreté et la dégradation de l’environnement, et l’insécurité alimentaire transitoire, qui découle des catastrophes naturelles ou d’autres chocs subis par le système de la production alimentaire. L’état de la sécurité alimentaire des ménages, qui est un indicateur essentiel du développement durable, est le résultat d’interactions complexes entre la pauvreté, l’emploi, les biens, le statut social, la faim, la malnutrition et de nombreuses stratégies de survie souvent changeantes. La sécurité alimentaire est la condition préalable à la réalisation du développement durable. On s’accorde de plus en plus à reconnaître à travers le monde qu’il faut améliorer de manière stratégique et durable la sécurité alimentaire et plusieurs initiatives en ce sens ont été lancées par l’Union africaine, l’Organisation des Nations Unies et les organisations intergouvernementales régionales et sous régionales. Toutefois, les stratégies nationales d’investissement dans l’agriculture diffèrent et certains pays mettent l’accent sur l’agriculture commerciale et la mécanisation qui menacent les forêts naturelles restantes et expose le sol à une utilisation massive de fertilisants importés, alors que l’on se rend de plus en plus compte que les systèmes de production agricole durables à petite échelle et l’utilisation limitée des fertilisants chimiques et des pesticides constituent le moyen le plus rapide d’augmenter la productivité, de réduire la pauvreté et d’assurer la sécurité alimentaire.

e) Terres. Elles sont la plus importante ressource naturelles du continent qui revêt une importance sociale, culturelle et historique considérable. La terre est la principale ressource qui sert aux cultures et au pâturage et fournit l’énergie des ménages. Cependant, durant les décennies écoulées, la surface agricole utile s’est rétrécie sous l’effet du changement climatique et des phénomènes extrêmes comme la sécheresse ; la perte du couvert végétal ; la distorsion des droits de propriété et des pratiques foncières ; des pratiques d’exploitation et de gestion intenables et des établissements humains non planifiés. La dégradation des terres en Afrique se caractérise par une érosion croissante des sols, l’extraction des nutriments du sol ; la baisse de fertilité, la pollution agrochimique et la tendance continue à la désertification. Dans les plaines arides et semi arides où prédomine le pastoralisme itinérant extensif, les communautés pastorales voient leurs terres de parcours rétrécir par suite de la conversion de larges étendues en surfaces agricoles irriguées et de l’empiètement des agriculteurs sédentaires environnants sur les zones de pâturage habituelles des éleveurs. Dans ces zones, les conflits au sujet des rares terres de parcours de l’eau sont de plus en plus fréquents. Même si elle n’est pas pratiquée à grande échelle, l’agriculture irriguée a également été mal gérée, ce qui a aggravé les problèmes d’inondation, d’envasement et de salinisation. Les ressources forestières et naturelles de l’Afrique, qui faisaient la fierté de l’Afrique, sont menacées par des pratiques culturales intenables, et souvent illégales, l’insécurité foncière, l’empiètement des populations et les conflits liés à l’utilisation des terres. Ces problèmes sont aggravés par la tendance récente à la commercialisation de l’agriculture africaine à travers des concessions à grande échelle,

40Traduction non-révisée

qui ont des effets environnementaux et sociaux considérables en raison de la faiblesse des politiques et des institutions, de la dispersion des petits paysans, de la pratique de la monoculture, qui favorise l’utilisation abusive d’engrais et de produits chimiques, de la pollution des sols et de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

f) Forêts. Les forêts occupent une place particulièrement importante dans le bien-être économique,

social et culturel de l’Afrique. Elles constituent des sources vitales pour la production de nourriture, d’énergie et de matériaux de construction, la création d’emploi, le commerce local et international et le renforcement de l’identité culturelle. Elles fournissent également des services essentiels pour l’environnement, notamment la lutte contre l’érosion des sols et de l’eau, la dégradation de l’environnement, le régulation de la variabilité climatique, la conservation des lacs, des zones humides et des systèmes d’eau douce. Les forêts représentent, en moyenne, 6% du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique, soit le taux le plus élevé du monde (PNUE 2003). Dans les parties occidentale, centrale et orientale du continent qui bénéficient d’un couvert forestier considérable, la contribution de la forêt au bien-être économique et social de la population est très importante. En Afrique centrale, le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale pluviale du monde (PNUE 2006) dont l’écosystème fournit des services et des fonctions d’importance vitale, notamment la régulation du cycle hydrologique de nombreux pays africains. La surface couverte par les forêts a diminué de 3% dans les parties centrale, orientale, australe et occidentale du continent et l’augmentation de la proportion de la population ayant accès à l’eau potable et à l’assainissement est bien en deçà du taux requis pour atteindre les objectifs fixés pour 2015 (CEA et UA 2009). Le secteur forestier africain est aujourd’hui sérieusement menacé par la confusion dans les droits de propriété, la faiblesse des institutions, la mauvaise gestion, l’absence de prise de conscience, l’indigence des connaissances scientifiques et le caractère non prioritaire (intérêt virtuel) du reboisement. Même lorsque le reboisement a été correctement effectué, on a parfois planté des espèces exotiques (pins et eucalyptus) pour remplacer le couvert forestier local. La gestion et la conservation durables des forêts constituent donc de véritables piliers du développement durable en Afrique.

g) Éducation, formation, et culture. Le terme éducation recouvre les cycles primaire, secondaire et supérieur et l’enseignement extra scolaire (cours pour adultes et éducation communautaire), l’accès à un enseignement de qualité et l’utilisation rationnelle des cadres, notamment ceux de la diaspora. La formation, quant à elle, désigne toutes les activités de formation professionnelle et perfectionnement. La notion de culture renvoie aux attitudes, valeurs (individuelles, familiales et communautaires), objectifs et pratiques (art, musique, langue et littérature orale) qui caractérisent l’Afrique, notamment les mécanismes complexes d’adaptation aux catastrophes; les réseaux sociaux et le système de la famille élargie; les institutions traditionnelles pour le règlement des conflits et la gestion des biens communs (forêts, pâturages et terres) L’éducation, la formation et la culture influent sur le bien-être économique, social et environnemental, ainsi que sur la gouvernance dans toutes les sociétés. « Combler le fossé dans le domaine de l’éducation » est l’un des principaux objectifs du NEPAD. L’éducation est reconnue comme étant un droit fondamental et un instrument efficace pour favoriser et réaliser le développement durable. Pour l’Afrique, où le progrès sur la voie du développement durable consiste à sortir de la pauvreté, à accélérer la croissance économique et la

41Traduction non-révisée

transformation technologique, à inverser le processus de dégradation de l’environnement et à préserver l’intégrité de l’écosystème, etc., l’éducation revêt une importance capitale. Elle contribue à améliorer le bien-être social de la nation, notamment la santé, à élargir l’assiette fiscale et à l’évènement d’une société plus dynamique. NEPAD vise à « scolariser tous les enfants dans le cycle primaire d’ici à 2015. » En dépit des progrès accomplis depuis l’indépendance, les taux de scolarisation dans tous les cycles demeurent les plus faibles du monde. Près de 40% des africains de plus de 15 ans et 50% des femmes de plus de 25 ans sont illettrés. Le taux de scolarisation dans le cycle supérieur, essentiel pour la transformation des économies africaines, qui était de 1% au début des années 60, ne dépasse pas 5% (Bloom, Canning, and Chan 2005).

« Inverser le processus de fuite des cerveaux » est l’un des Objectifs du NEPAD. La fuite des cerveaux (scientifiques, ingénieurs, médecins et spécialistes des sciences sociales) est l’un des plus graves problèmes auxquels l’Afrique est confrontée. « La part de l’Afrique dans la production scientifique mondiale est tombée de 0,5% à 0,3% et le continent ne compte que 20 000 scientifiques, soit 3,6% du nombre total mondial » (CEA 2000). La CEA précise également que « l’Afrique a perdu 60 000 cadres (médecins, maître de conférence, ingénieurs, etc.) entre 1985 et 1990 et continue à en perdre 20 000 par an » (CEA 2000). La fuite des cerveaux engendre d’énormes pertes économiques, financières, matérielles et sociales. La perte de spécialistes, qui ont été formés pendant deux décennies ou plus, représente non seulement une perte d’investissement considérable dans l’enseignement supérieur, mais aussi une menace pour les systèmes économiques et sociaux. Elle détruit les espoirs de la population et annihile l’effet multiplicateur de la formation, sachant que les cadres moins qualifiés qui restent dans le pays prennent en main la formation de la génération suivante. En outre, « pour combler le vide laissé par la fuite des cerveaux, l’Afrique emploie 150 000 cadres expatriés qui lui coûtent 4 milliards de dollars des États-Unis par an » (CEA 2000).

h) Santé et nutrition. Le terme santé est utilisé ici conformément à la définition de l’OMS, c’est à

dire un état de bien-être physique et mental total. Le principe I de la Déclaration de Rio souligne que « l’être humain est au centre des préoccupations en matière de développement durable. Il a droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature » (PNUE 1992). La santé est à la fois un moyen et une fin du développement. C’est une question intersectorielle qui touche à tous les aspects du développement durable. Le mauvais état de santé de la population, la malnutrition, la pauvreté, les modes de consommation malsains, la pollution et la dégradation de l’environnement sont autant de signes d’un développement non durable. L’Afrique est aujourd’hui confrontée à de gigantesques défis: l’espérance de vie moyenne est de 46 ans seulement. Le VIH/sida et le paludisme sont les deux principales causes de mortalité (OMS 2005). D’après l’OMS, on compte environ 5 500 décès par jour dus au sida. Sur les 850 000 décès dus au paludisme enregistrés dans le monde en 2008, 85% se sont produits en Afrique.

i) Equité sociale. On entend généralement par équité sociale un accès juste et équitable aux ressources, à l’emploi, à l’éducation et aux services de santé; la pleine participation à la vie politique et culturelle de la communauté; la jouissance et l’exercice des libertés fondamentales; ainsi qu’un accès juste et équitable aux moyens de subsistance (nourriture, énergie et emploi) et à la justice. Étant donné que certains de ces aspects ont été abordés dans le cadre d’autres thèmes, l’équité sociale concerne essentiellement l’équité entre les hommes et les femmes (participation et

42Traduction non-révisée

autonomisation des femmes), l’équité entre les générations (communication effective avec les jeunes et participation de ces derniers) et les groupes vulnérables. En Afrique, la place des femmes et des jeunes, aussi bien en tant que moteurs et bénéficiaires du développement durable est importante. La participation effective de ces deux groupes (équité sociale) est donc une question intersectorielle qui influe sur tous les aspects du développement durable. En dépit des progrès visibles dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la lutte contre le VIH/sida, de l’emploi et de la participation à la prise de décisions politique, « les femmes africaines souffrent encore des pires formes de marginalisation et d’exclusion des bienfaits de la récente reprise de la croissance en Afrique » (CEA et UA 2009).

j) Energie. La situation de l’Afrique dans ce domaine se caractérise par une production et une consommation limitées et une forte dépendance à l’égard de l’énergie classique de la biomasse, alors que le continent regorge de richesses énergétiques inexploitées. L’Afrique consomme 5,7% de l’énergie consommée dans le monde, alors même qu’elle dispose de l’un des plus gros potentiels techniques pour le production d’énergie renouvelable avec ses énormes ressources solaires, éoliennes et de la biomasse. Le potentiel hydroélectrique et géothermique demeure pratiquement inexploité (à peine 7% pour l’hydroélectricité et 0,6% pour la géothermie). En raison de sa proximité avec l’équateur, la moyenne d’ensoleillement annuel de l’Afrique est la plus forte du monde. Un éventuel indicateur du développement durable dans le domaine de l’énergie mesurerait à la fois le flux (utilisation des énergies durables) et le stock (potentiel technique).

La production et l’utilisation de l’énergie de la biomasse et de l’éléctricité se caractérisent par d’importants gaspillages. L’intensité énergétique, qui mesure l’efficacité énergétique de l’économie d’un pays, autrement dit la quantité d’énergie utilisée par unité de production (PIB) est généralement élevée en Afrique. La pollution intérieure due à l’utilisation de la biomasse traditionnelle constitue également un sérieux problème de santé. L’énergie de la biomasse traditionnelle, utilisée sous forme de bois massif, de brindilles et d’excréments de bovins représente plus de 97% de l’énergie consommée par les ménages. Cette surexploitation de la biomasse forestière a contribué à la déforestation et à la perte de la diversité biologique. Pour l’Afrique, l’énergie est une question économique, sociale et environnementale. Ainsi, un meilleur accès aux sources d’énergie modernes dans les zones rurales aura un effet immédiat sur le bien-être des enfants, étant donné que les mères utiliseront le temps auparavant consacré à la collecte du bois pour prendre soin de leur progéniture.

k) Démographie: La population est à la fois la plus importante ressource de l’Afrique et la principale bénéficiaire du développement. Les taux d’accroissement de la population, la pyramide des âges, la fécondité, la mortalité et la migration influent sur le bien-être sociétal, économique, social et environnemental. La population de l’Afrique a atteint le milliard d’habitants en 2009 (FNUAP 2009) et s’accroît à un rythme de 2,3% par an. Plus de 70%, soit près de 700 millions de personnes, ont moins de trente ans (FNUAP 2009). Cette masse de jeunes pose d’énormes problèmes socioéconomiques, notamment dans l’éducation, la santé, l’emploi et le logement, mais constitue également, si elle est bien prise en main, un réservoir considérable pour l’innovation, la croissance économique et la transformation technologique. Le fort taux d’accroissement de la population conjugué à un important flux migratoire vers les zones urbaines, font que l’Afrique affiche actuellement le plus fort taux d’urbanisation au monde.

43Traduction non-révisée

De nombreuses villes africaines, mal conçues et faiblement équipées peinent à satisfaire la demande de plus en forte pour les services. Une partie importante de la population urbaine vit dans des habitations de fortune, souvent sans système d’assainissement et sans accès à l’eau potable en plus des problèmes de santé de plus en plus graves.

l) Biodiversité. Le terme « biodiversité » est un diminutif de la diversité biologique que la

Convention sur la diversité biologique définit ainsi: « variabilité des organismes vivants de toutes origines, notamment les écosystèmes terrestres, marins et autres systèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; y compris la diversité au sein des espèces et entre elles et entre les écosystèmes ». Plus simplement, la biodiversité désigne le nombre, la variété et la variabilité de tous les organismes vivants (espèces), leurs gènes et leurs écosystèmes. La notion de biodiversité inclue également les forêts mais, compte tenu du rôle vital que jouent les forêts dans la vie et la formation sociale en Afrique, on jugé qu’il fallait accorder un intérêt particulier aux forêts et aux écosystèmes forestiers.

L’évaluation de l’écosystème du Millénaire définit l’écosystème comme « un complexe dynamique de communautés végétales et animales et de micro-organismes et un environnement non vivant qui interagissent en tant qu’unité fonctionnelle. Les êtres humains font partie intégrante des écosystèmes » (Évaluation de l’écosystème du Millénaire 2003). Durant les années écoulées, la conservation de la nature a évolué, en passant de la notion de conservation des espèces à celle d’exploitation durable de la biodiversité et de préservation de l’intégrité et de la diversité des écosystèmes. Les écosystèmes assurent les services et les fonctions ci-après: fourniture de nourriture et d’eau; maintien du cycle hydrologique, fonction de régulation des inondations et des maladies; fonctions culturelles, notamment les bienfaits spirituels et ludiques; et fonction d’appui, notamment le recyclage des nutriments. À l’heure actuelle, « la principale cause de la perte de biodiversité en Afrique est la perte des habitats qui se poursuivra probablement durant le premier tiers du XXIè siècle » (PNUE 2006). La biodiversité a, de tout temps, caractérisé l’histoire, la culture et l’organisation sociale de l’Afrique. « les paysages agricoles entretenus par les agriculteurs et les éleveurs en appliquant les pratiques adaptées aux conditions locales permettent à la fois de maintenir une grande diversité génétique végétale et animale et de favoriser le maintien d’une biodiversité sauvage distincte » (secrétariat de la Convention sur la diversité biologique 2010). Cependant, la cupidité des entreprises d’une part, et la forte croissance démographique, ainsi que l’échec des politiques durant, et surtout après, la période coloniale, de l’autre, ont modifié considérablement les pratiques traditionnelles de gestion des forêts et le tissu socioéconomique rural. « la superficie du couvert forestier a diminué de 3% dans les parties centrale, orientale, australe et occidentale de l’Afrique » (CEA et UA 2009). En outre, « entre 2000 et 2010, les forêts d’Afrique et d’Amérique du Sud ont enregistré les plus fortes pertes nettes » (Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique 2010). La réduction de la déforestation et des pertes de biodiversité a des effets positifs sur la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la disponibilité de l’énergie, la transformation économique, le bien-être social et permet d’atténuer l’ampleur du changement climatique en renforçant la capacité d’adaptation des sociétés humaines et des écosystèmes.

m) Eau douce. Ce terme désigne toutes les eaux de surface (rivières, torrents, lacs et zones humides) et les eaux souterraines. La quantité, la qualité et la disponibilité de l’eau douce influent sur le bien-être économique, social et écologique de toute société. Si l’Afrique peut s’enorgueillir de posséder d’abondantes ressources en eau douce et de grands fleuves et lacs (Congo, Nil, Zambèze et Niger et lac Victoria), elle demeure le deuxième continent le plus sec du monde après l’Australie. La rareté

44Traduction non-révisée

de l’eau constitue dores et déjà une contrainte majeure au développement. L’eau douce est inégalement répartie, sachant que près d’un tiers des ressources hydriques se trouvent dans le bassin du Congo qui abrite moins d’un dixième de la population du continent. Un nombre croissant de fleuves et de lacs d’eau douce commencent à s’assécher prématurément à cause du changement climatique (sécheresses récurrentes et augmentation de la température) et la salinisation consécutive à l’érosion des sols. Enfin, l’accroissement rapide de la population et le déplacement des établissements humains, notamment à cause des guerres et de l’instabilité politique et des phénomènes climatiques extrêmes, se sont traduit par une exploitation accrue des ressources disponibles.

On estime qu’un pays a besoin d’au moins 2 400 m3 d’eau renouvelable par habitant pour son développement industriel, mais de nombreux pays, notamment ceux de la Corne de l’Afrique ne disposent pas de cette quantité. Cette pénurie d’eau aura de sérieuses répercussions sur la production alimentaire, le maintien des écosystèmes, la consommation humaine et domestique et le développement. Bien évidemment, la disponibilité de l’eau n’est qu’un moyen. Par contre, sa gestion efficace revêt une importance capitale. En effet, il existe des pays de par le monde qui disposent de ressources beaucoup moins abondantes qui ont réussi à assurer un approvisionnement suffisant pour répondre aux besoins de leur population et de leur développement, grâce à une bonne gestion de leur potentiel.

n) Changement et variabilité climatiques. La forte dépendance des ressources naturelles, dans un

contexte marqué par une pauvreté rampante et de faibles capacités techniques et institutionnelles, a fait de l’Afrique le continent le plus vulnérable au changement climatique. Les effets du changement et de la variabilité climatiques touchent tous secteurs et toutes les régions. Le secteur agricole, qui constitue la première source de subsistance pour de nombreux pays africains, est sensible au changement et à la variabilité climatiques. En venant s’ajouter aux problèmes que constituent la faible fertilité des sols, les ravageurs, les maladies des plantes et l’accès limité à la technologie, aux marchés et à l’infrastructure, le changement et la variabilité climatiques ont des effets négatifs sur la vie quotidienne de la population, notamment en ce qui concerne le choix et la période des cultures, la nature des élevages, le lieu de résidence, l’habitat, le bien-être général, les attitudes et les espérances. Durant les années de bonne pluviométrie, la prospérité est au rendez-vous mais, durant les cycles de sécheresse, la population doit faire face à l’adversité, aux privations, à la frustration, à la famine et, parfois même, opter pour le déplacement. Le changement et la variabilité climatiques se manifestent à travers divers phénomènes, notamment des sécheresses aussi graves que fréquentes, des inondations, des changements de la pluviométrie, des hausses de températures, des pénuries d’eau croissantes, une réduction de la nappe phréatique, l’assèchement des rivières et des puits, la disparition des lacs, les pertes de zones humides et la recrudescence ainsi que l’apparition et la réapparition des maladies, en particulier le paludisme et les maladies à transmission hydrique et l’aggravation des déficits de la balance des paiements, étant donnée que la plus grande partie des exportations est constituée de produits agricoles. Dans les pays côtiers, la hausse du niveau de la mer risque d’entraîner la disparition des masses terrestres, le déplacement des populations et une diminution des quantités d’eau douce disponibles provoquée par la salinisation des nappes et des estuaires. Outre ses effets sur l’environnement et l’économie, le changement climatique a des conséquences négatives sur la structure et les relations sociales, la culture et la sécurité humaine. Il convient de noter que, même si les émissions de carbone de l’Afrique sont faibles par rapport à celles du reste du monde, l’intensité de carbone des économies africaine est plutôt forte. L’Afrique

45Traduction non-révisée

se doit donc de la réduire et, ce faisant faciliter la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Les indicateurs du développement durable relatifs au changement et à la variabilité climatiques comprendront donc les effets économiques, sociaux et environnementaux ainsi que les progrès accomplis en matière d’adaptation et d’atténuation.

o) Risques naturels et anthropiques. Outre les catastrophes naturelles à progression lente, comme la

sécheresse, plusieurs pays africains sont menacés par les inondations, les séismes, les éruptions volcaniques, les tornades, les tempêtes et les cyclones. Tous ces risques naturels se répercutent sur le bien-être économique, l’organisation sociale, la nature des établissements humains et le bien-être environnemental de nombreux africains.

p) Infrastructure, science et technologie. Il s’agit là d’un domaine prioritaire essentiel du NEPAD.

L’infrastructure et les marchés désignent la disponibilité et l’accessibilité des services de transport et de communication essentiels qui permettent à la population de se déplacer d’un point à un autre pour leur travail, mener une vie productive et satisfaire leurs besoins quotidiens fondamentaux, notamment le logement, l’eau, l’éducation et les services de santé. Il s’agit aussi de la possibilité d’accéder aux marchés pour vendre ou acheter des produits, à la technologie, aux résultats de la recherche, aux réseaux et aux moyens de partager les connaissances et les expériences. L’existence de marchés opérationnels et faciles d’accès influent sur les moyens de subsistance, les relations sociales et le bien-être, ainsi que les rapports aux ressources naturelles. Dans plusieurs pays africains, la population doit parcourir de longues distances pour se rendre au marché dans un environnement marqué par la faiblesse de l’infrastructure, un cadre juridique et réglementaire inefficace et un accès limité ou inexistant aux moyens financiers et autres formes d’appui.

À l’instar de l’infrastructure, la science et la technologie sont non seulement vitales pour le développement durable, mais elles doivent prendre le pas sur les autres secteurs. Au sens de la présente étude, on entend par science et technologie une meilleure assimilation de la science, la capacité d’identifier, de choisir, d’adapter et de développer la technologie.

q) Océans, mers, et côtes. L’Afrique dispose d’un riche environnement marin comprenant les océans

atlantique et indien, la mer méditerranée et la mer rouge. La biodiversité de la zone côtière, notamment les prairies marines et les zones humides, que l’on retrouve le long de nombreuses côtes, constituent d’importantes sources de subsistance pour de nombreux africains. Elle abrite également des habitats pour les animaux marins et des sanctuaires pour certaines espèces qui représentent d’importantes sources de devises (tourisme) et fournissent des services et fonctions liés à l’écosystème. On a également découvert des réserves considérables de pétrole au large des côtes, comme c’est le cas dans le delta du Niger, tandis que les dunes de sable et les sédiments des fonds marins de la côte atlantique de l’Afrique du Sud et de la Namibie contiennent des alluvions diamantifères et les côtes du Mozambique sont riches en titane et en zirconium (AMCEN 2009). Les zones côtières africaines connaissent également une croissance urbaine et industrielle rapides (AMCEN 2009), de sorte que la pollution des océans et des villes a pris des proportions critiques.

r) Paix et sécurité. La paix est le bien le plus précieux pour toutes les sociétés. Le développement

durable est plus facile à atteindre dans un climat de stabilité politique, de paix et de sécurité, mais il contribue également à instaurer la paix et la stabilité. Dans de nombreux pays africains, les conflits armés demeurent un obstacle majeur au développement. S’il est vrai que l’Afrique a fait des progrès considérables dans la réduction des conflits frontaliers, les conflits et les tensions internes et les guerres civiles n’ont pas disparu. Les conflits actuels sont, dans la plupart des cas, des conflits internes qui tendent à déborder sur d’autres pays avec comme conséquences un grand nombre de

46Traduction non-révisée

réfugiés et de personnes déplacées dans leur propre pays. L’insécurité, l’instabilité politique et les conflits ne peuvent être dissociés du processus de gestion de la compétition pour des ressources rares, notamment les terres agricoles, les terres de parcours et l’eau. Il suffit de rappeler ici les cas des terres agricoles (Burundi, Zimbabwe et Soudan); les terres de parcours (Nord et Sud de l’Éthiopie et Karamoja dans la région de l’élevage de bétail de l’Ouganda); de l’eau (Afrique australe, notamment pour les ressources transfrontalières); les forêts et le bois (ceinture forestière supérieure en Guinée); les ressources minérales, notamment les diamants, l’or et le pétrole (Nigéria, Angola et RDC). Par ailleurs, les catastrophes naturelles ont entraîné des déplacements de populations et des conflits dans la Corne de l’Afrique, au Sahel et en Afrique australe.

Le Rapport sur le développement humain de 1994 cite le bien-être économique, sanitaire, personnel et communautaire, la liberté politique, l’accès à la nourriture et à l’énergie et l’insécurité environnementale comme étant des éléments essentiels de la sécurité. La notion de sécurité a ainsi été étendue aux personnes et aux communautés, même si aujourd’hui encore, la sécurité nationale est prédominante dans de nombreuses discussions débats de politique générale. Dans le même temps, la paix a été liée à des considérations plus tangibles, notamment l’absence de famine, de menaces pour les moyens de subsistance et la protection contre les pertes importantes de revenu, la vulnérabilité physique, le déplacement, l’insécurité sanitaire, la marginalisation sociale et politique et l’insécurité environnementale des personnes et des communautés. De fait, la paix et le développement sont les deux faces d’une même médaille. La paix et la sécurité influent sur le bien-être économique, social et environnemental de citoyens et méritent d’être considérées comme des indicateurs du développement durable.

s) Modes de consommation et de production durables. On peut réaliser l’intégration et l’équilibre

de la politique économique, sociale et environnementale soit en prenant en compte les limites imposées par « l’environnement » et les possibilités qu’il offre (approche axée sur l’offre), soit en s’appuyant sur la destination finale des biens et services (approche axée sur la demande). La consommation durable est une notion essentielle de l’approche axée sur la demande. La consommation personnelle et publique concerne l’utilisation des ressources pour satisfaire les besoins quotidiens essentiels, à savoir la nourriture, la boisson, l’habillement, les déplacements, les loisirs, le logement, etc. d’une part, et la sécurité et la défense nationales, de l’autre. Les modes de consommation expriment notre façon de vivre et notre comportement. Les pays développés et les nantis d’Afrique ont tendance à « sur consommer » pendant que la majorité de la population est mal nourrie, analphabète et exposée aux maladies facilement évitables. Les modes de consommation et de production durables encouragent une utilisation plus efficace des ressources naturelles et la modification des comportements pour réduire le gaspillage.

L’urbanisation a une grande influence sur ce que l’on consomme, la manière dont on le fait et la gestion des conséquences de cette consommation (déchets). Près de 347 millions de personnes (38% des africains) vivaient dans les zones urbaines en 2005, de sorte que l’Afrique est le continent le plus urbanisé du monde (PNUE 2007). Elle a également le taux d’urbanisation le plus élevé, sachant que la population des zones urbaines double tous les 20 ans (PNUE 2007). L’urbanisation rapide et les modes de consommation non durables dans un environnement marqué par une faible assimilation des techniques ont des conséquences considérables sur le bien-être sociétal, économique, social et environnemental. La fragilité de l’environnement africain, l’urbanisation rapide et la consommation croissant d’énergie, d’eau et d’autres ressources constituent des contraintes majeures qui entravent la progression sur la voie du développement durable. Ainsi, si la tendance à augmenter la production

47Traduction non-révisée

alimentaire pour satisfaire la demande croissante est positive en soi, il reste qu’en l’absence de techniques et de pratiques de gestion modernes, on s’est contenté d’étendre les cultures sur les terres marginales, notamment les coteaux abrupts et les terres de parcours. Les changements dans les modes d’exploitation des terres ont limité l’accès à l’eau et entraîné l’érosion des sols et une réduction des ressources en eau, et favorisé le surpâturage, la détérioration des terres de parcours, la déforestation et les conflits armés dans certaines régions. Dans le secteur de l’industrie, le projet de transformation économique nécessite une industrialisation accélérée, avec ce que cela suppose comme augmentation des émissions de substances nocives et de déchets toxiques dans les zones urbaines qui dégradent l’environnement, raccourcissent l’espérance de vie et menacent l’intégrité et la diversité des écosystèmes. Le tourisme est l’un des secteurs dont la croissance est la plus rapide dans les pays en développement, notamment en Afrique. D’après l’OMT, entre 1990 et 2007, les recettes provenant du tourisme international des pays en développement ont augmenté de 506%, contre 170% dans les pays à revenu élevé. En 2007, l’Afrique a accueilli 5% de l’ensemble des touristes internationaux et engrangé 3% des recettes totales. Compte tenu de son étendue et de la diversité de ses ressources touristiques, l’Afrique devrait voir sa part dans le tourisme mondial augmenter considérablement. S’il est vrai que la contribution du tourisme à l’amélioration des recettes en devises, au développement de l’économie locale et à la conservation du patrimoine naturel et culturel n’est pas négligeable, la croissance rapide de cette activité risque, par contre, d’exercer une forte pression sur ce qui reste des habitats biologiquement diversifiés et des cultures autochtones qui constituent justement les principales attractions touristiques. Le tourisme durable, qui est une notion de plus en plus répandue, y compris dans la pratique, doit être largement diffusée pour encourager le tourisme de masse en Afrique à travers les mesures ci-après: amélioration de la gestion des déchets (réduction des quantités, réutilisation, recyclage); la réduction de la consommation d’eau et d’énergie; réduction de la pollution (limitation de l’utilisation des produits chimiques dangereux); achat de produits non nocifs pour l’environnement; et réduction des émissions de carbone. Le présent cadre des indicateurs du développement durable a pour but de rendre compte des comportements et des tendances durables et non durables en matière de consommation afin d’encourager les mesures visant à assurer la durabilité là où elle n’existait pas. De fait, la consommation sociétale et la production agricole et industrielle pourraient être considérablement renforcées tout en protégeant l’environnement et les valeurs sociales.

t) Partenarial mondial pour le développement. La relation de l’Afrique avec le reste du monde

influe positivement ou négativement sur le bien-être économique, social et environnemental de la région. Premièrement, l’Afrique a signé, entre autres, les OMD, la Convention sur la diversité biologique, la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, la Convention sur la lutte contre la désertification et la Convention de Bâle. Elle doit remplir ses obligations au titre de ces conventions en élaborant des programmes nationaux rationnels et en établissant des partenariats avec le reste du monde. Deuxièmement, la mondialisation touche tous les secteurs économiques et agit comme un couteau à double tranchant. Elle crée des opportunités de marché, facilite l’accès à l’information et à la technologie mais, dans le même temps, l’Afrique risque de subir les conséquences du libre-échange qui accompagne la mondialisation en raison de la faiblesse de sa base productive et de son infrastructure. Troisièmement, les exportations des matières premières sont généralement exonérées de droits, mais les exportations de produits finis et semi finis sous soumises à différentes barrières tarifaires et non tarifaires. Quatrièmement, la capacité des pays africains à négocier avec les pays industrialisés, à établir des partenariats mutuellement bénéfiques et à tirer profit du mouvement mondial reste limitées. En fait, l’Afrique est le dernier

48Traduction non-révisée

bénéficiaire des possibilités de financement apparues durant la période qui a suivi la CNUED. Enfin, en raison de sa position géographique, de son faible niveau de développement technique et de sa forte dépendance des ressources naturelles, l’Afrique est très vulnérable aux risques climatiques induits par les émissions mondiales de dioxyde de carbone produites en dehors du continent.

7. Principaux indicateurs du développement durable pour l’Afrique Les thèmes du développement durable examinés plus haut seront ventilés en sous thèmes et questions qui serviront à mettre au point les indicateurs. Les principaux indicateurs du développement durable reflètent les changements dans les thèmes identifiés ci-dessus et illustrent l’interaction entre les trois piliers du développement durable. À l’aide d’une matrice d’évaluation des indicateurs, il faudra évaluer les forces et les faiblesses de chaque indicateur en fonction des critères susmentionnés:

a) L’indicateur est-il adapté au développement durable? Permet-il de rendre compte de la situation, de contribuer à évaluer les progrès, à formuler des plans et à gérer le développement durable? Rend-il compte de la croissance ou de la régression économiques dans le contexte des changements environnementaux et sociaux ou de la protection de l’environnement et des changements sociaux dans le contexte des facteurs économiques?

b) Est-il efficace ? Ou fournit-il des données essentielles représentant ou couvrant tous les aspects de la question, du secteur ou du problème de développement durable?

c) Est-il fiable? Faisons-nous confiance aux données qu’il fournit?

d) Est-il facilement assimilable par les profanes? Est-il clair, non ambigu et théoriquement rationnel?

e) Est-il disponible au moment et à l’endroit voulus? Est-il fondé sur des données facilement accessibles permettant de collecter des informations complémentaires pour combler les lacunes, le cas échéant, en temps voulu et à un coût abordable?

f) Indique-t-il les tendances au fil du temps ainsi que les différences entre les endroits et les groupes de population? Et

g) Est-il conforme aux pratiques actuelles des institutions multilatérales de développement et de financement et celle de nombreux pays et facilite-t-il la comparaison? Tous les indicateurs du développement durable, ainsi que les thèmes, sous thèmes, et indicateurs particuliers doivent être évalués en fonction de ces sept critères. L’analyse ci-dessus des vingt thèmes du développement durables choisis a suffisamment expliqué que chaque thème correspondait aux critères applicables. La présente section est consacrée au développement des sous thèmes et à la relation entre la pression, l’impact et la riposte à partir desquels on élaborera les indicateurs.

49Traduction non-révisée

Tableau 3 : Thèmes, sous-thèmes, pression-impact-atténuation et indicateurs de base

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse (négative et positive)

Impact Atténuation Indicateurs de base

Transformation économique et macroéconomie

. Richesse totale (naturelle, humaine et produite)

. Production et demande globales ; taux et structure des investissements ; taux et sources d’épargne)

. Valeur ajoutée (part des produits transformés et manufacturés dans la production globale)

. Exportations et importations (volume et structure) et balance des paiements

. Dette extérieure

. Financement du

développement

. Emploi

. Intégration économique régionale

. Faible niveau et accès limité à la technologie

. Connaissances limitées

. Insuffisance de capitaux d’investissement

. Faiblesse de la politique et des institutions

. Classe d’entrepreneurs embryonnaire (esprit d’entreprise limité)

. Investissements directs étrangers limités (IDE)

. Extraction des ressources naturelles

. Pratiques agricoles

extensives . Exportations axées

sur les matières premières et les produits agricoles

. Faible apport des

intrants agricoles . Dépendance des

importations proportionnellement importantes de biens de consommation

. Dégradation de l’environnement

. Perte de change . Cercle vicieux de

faible apport technologique

. Chômage déclaré

et non déclaré

. Stratégie d’industrialisation – transformation des matières premières

. Production nationale

des intrants agricoles essentiels et de matériaux de construction

. Intégration régionale . Instauration d’un

climat propice aux IDE

. Part du capital produit et du capital naturel dans la richesse totale

. Produit intérieur brut par

habitant . Produit intérieur brut ajusté

à la déforestation et à la perte de biodiversité

. Part de l’industrie dans la

production globale . Part des investissements

dans le PIB . Taux d’épargne intérieure . Part des produits

manufacturés dans les exportations totales

. Structure des importations . Part des importations

d’équipements et de machines industriels dans les importations totales

. Structure de l’emploi (%) . Productivité et coûts

unitaires de la main d’œuvre

50Traduction non-révisée

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base Pauvreté . Pauvreté monétaire

. Inégalité des revenus

. Accès à la terre

. Niveau de vie (accès aux

services de base : logement, eau, assainissement, santé, éducation)

. Perceptions

. Droits de propriété . Faible niveau

d’instruction . Possibilités d’emploi

réduites ou inexistantes . Faiblesse de la politique

et des institutions . Terres improductives . Vulnérabilité aux

changements climatiques

. Famine . Bidonvilles urbains . Dépendance de

l’aide alimentaire

. Famine et misère . Marginalisation

économique et sociale

. Doléances sociales

et économiques généralisées

. Main d’œuvre non

productive importante

. Croissance économique équitable

. Investissement et

financement en faveur des pauvres

. Création d’emplois . Amélioration de

l’accès à l’éducation

. Proportion de la population vivant en dessous du seuil national de pauvreté

. Ratio de la part du revenu national du quintile le plus élevé au quintile le plus bas

. Population dépendante de l’aide alimentaire

. Taux de chômage officiel et réel

. Proportion de la population

urbaine vivant dans des taudis

. Pourcentage de la population ayant accès à la terre et aux capitaux

Gouvernance . Engagement politique et

gouvernance

. Gouvernance économique

. Gouvernance sociale

. Gouvernance environnementale

. Gouvernance d’entreprise

. Perceptions

. Faiblesse des institutions démocratiques

. Capacité limitée des

pouvoirs publics à mettre en œuvre les politiques

. Absence de la primauté

du droit . Participation

insuffisante du public

. Affaiblissement de la légitimité de l’État

. Développement non

durable . Montée des

doléances économiques et sociales

. Corruption

rampante . Flux

. Cercle vicieux de la pauvreté et du sous-développement

. Doléances

économiques et sociales

. Injustice

. Gouvernance politique participative

. Gouvernance

économique responsable

. Gouvernance

socialement et écologiquement responsable

. Universalité - participation (grand public et société civile)

. Efficacité du

développement . Capacité de négociation

internationale . Degré de responsabilité . Degré de transparence . Primauté du droit

51Traduction non-révisée

. Non respect des droits de l’homme

. Accès limité à la justice . Neutralisation des

institutions traditionnelles de résolution des conflits

d’investissements directs étrangers limité

. Nombre d’affaires judiciaires liées au foncier

. Corruption - pourcentage

de personnes ayant versé des pots de vin

. Droits de propriété

clairement définis et juridiquement garantis

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base Alimentation et agriculture

. Production alimentaire

. Accès à la nourriture

. Accès à la terre

. Productivité et intrants agricoles

. Irrigation

. Commercialisation des

produits agricoles

. Propriété et sécurité foncières

. Indépendance alimentaire

. Biosécurité

. Changement et variabilité climatiques

. Facteurs biophysiques

. Prix des denrées

alimentaires

. Ravageurs et maladies

. Sécheresse récurrente

. Guerre et conflits civils

. Accès à la technologie

. Infrastructure et

marchés

. Baisse des niveaux de consommation

. Ajustement de la

capacité d’adaptation

. Recours accru à

l’aide alimentaire

. Importation de produits alimentaires

. Pénurie alimentaire

. Aggravation de la

pauvreté et de la dépendance

. Déplacements de

population et migrations forcées

. Recours accru à

l’aide alimentaire et distorsion des priorités de développement

. Dégradation de

l’environnement

. Formulation et mise en œuvre des stratégies et plans nationaux en matière de sécurité alimentaire

. Objectifs de

production et de transformation des produits alimentaires

. Investissements

agricoles

. Production alimentaire par source

. Pourcentage du revenu

consacré à la nourriture . Part des produits

alimentaires dans les importations totales

. Part des investissements

agricoles dans le total des investissements

. Niveau d’utilisation des

pesticides et des engrais non organiques

Terre . Utilisation et statut des

terres

. Accès à la terre et régime foncier

. Changement d’affectation des terres (%/a, ha/a)

. Systèmes de production (ha)

. Dégradation des sols (ha)

. Pratiques rationnelles de gestion des terres

. Rendements

agricoles potentiels

. Superficie arable et de cultures permanentes

. Changement d’affectation

des terres

52Traduction non-révisée

. Dégradation des sols (dégradation chimique et physique)

. Désertification

(kcal/ha, t/ha) . Dégradation des sols . Efficacité de l’utilisation

des engrais . Utilisation des produits

chimiques Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base

Forêts . Couvert et statut forestiers

. Remise en état des forêts

. Gestion durable des

forêts

. Déforestation (%/a, ha/a, %/ naturelle)

. Fragmentation des forêts (%, ha)

. Plans d’action pour l’aménagement durable des forêts (A/N)

. Couvert forestier (ha/type) . Dégradation des forêts . Zone forestière en voie

d’aménagement durable

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base Eau douce

. Disponibilité de l’eau (quantité des eaux de surface et souterraines)

. Qualité de l’eau . Utilisation de l’eau

. Gestion des ressources

en eau

. Pêcheries

. Prélèvements d’eau par secteur (%, m3)

. Intensité de l’utilisation de l’eau

. Population rurale ayant accès à l’eau potable (%)

. Disponibilité de l’eau par habitant (m3)

. Proportion des

ressources en eau totales utilisées

. Intensité d’utilisation de

l’eau par activité économique

Biodiversité

. Densité de la biomasse . Intégrité et diversité des

écosystèmes . Abondance et diversité

des espèces . Ressources génétiques

. Croissance démographique

. Pratiques agricoles

extensives . Espèces

envahissantes . Perte du couvert

. Dégradation des sols et des forêts

. Extinction des

espèces locales

. Écorégions nécessaires à la conservation (ha)

. Parcs nationaux et zones protégées (%, ha)

. Taux de la biodiversité

. Proportion des terres protégées, total et par région écologique

. Parcs nationaux et zones

protégées soumis gérés efficacement

. Fragmentation des habitats

53Traduction non-révisée

. Conservation et gestion des zones humides

végétal . État de conservation

(ha)

. Concessions de terres accordées dans des zones de prestige

. Espèces (abondance,

répartition et menaces) . Préservation de la

diversité génétique Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base

Changement et variabilité climatiques

. Variabilité climatique

. Vulnérabilité au risque climatique

. Qualité de l’air

. Base économique réduite

. Dépendance des

ressources naturelles . Masse terrestre

importante exposée à la désertification et à la sécheresse

. Élévations de la température

. Régime et

répartition de la pluviométrie

. Productivité

agricole . Élévation du

niveau de la mer

. Famine . Déplacement de

populations . Émissions de gaz

à effet de serre par habitant (Tonnes de carbone)

. Intégration du changement et de la variabilité climatiques à la politique de développement

. Adaptation au

changement climatique

. Atténuation de

l’impact du changement climatique

. Technologie . Connaissances

. Évolution et tendances de la température et de la pluviométrie

. Pourcentage de la

population sous la menace des événements météorologiques extrêmes

. Émissions de dioxyde de

carbone (Tonnes par activité)

. Intensité de carbone

. Pollution de l’air en milieu

urbain . Pollution de l’air intérieur

due aux combustibles traditionnels de la biomasse

Santé et nutrition . Mortalité . Morbidité

. Fourniture des soins de

santé (accès)

. Accès limité aux services et aux professionnels de la santé

. Urbanisation rapide

. Dépendance accrue de la médecine traditionnelle / spirituelle

. Affaiblissement de

l’état de santé de la

. Augmentation du taux de mortalité

. Affaiblissement

des capacités des ressources humaines

. Élaboration et mise en œuvre des stratégies et plans d’action nationaux en matière de santé

. Amélioration de

. Taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans

. Espérance de vie à la

naissance

54Traduction non-révisée

. État nutritionnel . État de santé et risques,

notamment la pollution de l’air

. Assainissement

. Médecine traditionnelle

. Pauvreté . Croissance

démographique

. Changement climatique

. Manque

d’informations sanitaires

population . Automédication

. Dépendance

excessive des médicaments (importés) à bas prix

. Baisse de la productivité

. Apparition et

prolifération de nouvelles maladies

. Aggravation de la

malnutrition et retard de croissance chez les enfants

l’accès aux services de santé abordables, à l’eau potable et à l’assainissement

. Extension des

services d’éducation sanitaire et de planification familiale

. Pourcentage de la population ayant accès aux soins de santé primaires

. Morbidité due aux

maladies graves (VIH/sida, paludisme, tuberculose)

. État nutritionnel (apport

calorique par habitant)

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base Démographie (dynamique de la population)

. Croissance démographique

. Âge et structure de la

population . Densité de population

. Répartition des

établissements humains

. Mobilité

. Taux de fécondité

. Répartition de la population (rurale, urbaine)

. Population pauvre (%)

. Évolution démographique selon les projections (#)

. Taux d’accroissement démographique

. Ratio de dépendance . Indice synthétique de

fécondité . Rapport population

urbaine /population rurale

. Exode rural Éducation, formation et culture

. Niveau et couverture éducatifs

. Qualité de l’éducation

. Accès (équitable et

abordable)

. Alphabétisation

. Formation professionnelle (disponibilité et accès)

. Nombre d’établissements scolaires limité

. Faible rémunération

des enseignants . Culture et tradition

défavorables aux femmes

. Urbanisation rapide . Pauvreté et

. Prolifération des écoles de fortune

. Intensification de

la migration

. Mauvaise qualité de l’éducation

. Fort taux

d’analphabétisme . Taux d’abandon

scolaire élevé . Pauvreté . Progression du

travail des

. Stratégies efficaces pour la réforme du système éducatif

. Augmentation du

budget consacré à l’éducation

. Développement de

l’enseignement pour adultes

. Décentralisation de

. Taux de scolarisation bruts et nets dans l’enseignement primaire

. Taux brut à la dernière

année de l’enseignement primaire

. Niveau de scolarisation

dans le secondaire et le tertiaire

. Taux d’alphabétisation

55Traduction non-révisée

. Fuite / retour des cerveaux

. Savoir autochtone

. Préservation de la

culture

malnutrition

enfants . Augmentation de

la criminalité

l’éducation et amélioration du contrôle de qualité

. Pourcentage d’élèves ayant accès aux laboratoires scientifiques

. Nombre de médecins,

d’ingénieurs et de scientifiques installés à l’étranger

Équité sociale (femmes, jeunes, groupes vulnérables)

. Femmes

. Jeunes

. Protection sociale

. Participation au développement

. Proportion de femmes salariées hors du secteur agricole

. Emploi des jeunes

Énergie

. Production énergétique

. Consommation énergétique

. Rendement énergétique

. Énergie de la biomasse

. Accès à l’électricité

. Énergie renouvelable

. Population dépendant de l’énergie de la biomasse

. Production hydroélectrique (total kJ)

. Rendement des barrages (kW/ha)

. Pourcentage de la population dépendant de l’énergie de la biomasse

. Rendement énergétique

. Intensité énergétique

. Pourcentage de la population ayant accès à l’électricité

. Part de la production

d’énergie renouvelable moderne dans l’énergie totale

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base Infrastructure, science et technologie

. Routes

. Chemins de fer . Services aériens

. Réseau routier (km)

. Répartition de l’infrastructure (électricité, barrages routes, hôpitaux,

. PIB en infrastructure (%)

. Routes praticables en tout temps en kilomètres par habitant

. Nombre de lignes

56Traduction non-révisée

. Technologies de l’information et de la communication

. Recherche et

développement

. Innovation et propriété intellectuelle

. Accès aux marchés

écoles) téléphoniques fixes pour 100 habitants

. Nombre d’abonnés à la

téléphonie mobile (sur 100 habitants)

. Nombre d’utilisateurs de

l’Internet (sur 100 habitants)

. Montant brut des dépenses

pour la recherche-développement en pourcentage du PIB

Océans, mers et côtes

. Gestion de l’écosystème côtier

. Environnement marin /

pollution

. Population des zones côtières (nombre)

. Proportion des stocks

de poissons dans des limites biologiques sûres

. Mangroves et surface corallienne (ha)

. Zones polluées dans les régions côtières (ha).

. Zones marines/côtières protégées (ha)

. Pourcentage de la population totale vivant dans les zones côtières

. Zone marine menacée par

la pollution . Proportion des zones

marines protégées Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base

Risques naturels et anthropiques

. Vulnérabilité aux risques naturels et anthropiques

. Préparation aux

catastrophes et prévention

. Fréquence des catastrophes naturelles

. Population touchée par les catastrophes naturelles (nombre)

. Pertes économiques et humaines dues aux catastrophes naturelles (dollars É.-U., nombre)

. Préparation aux catastrophes et prévention

. Pourcentage de la population vivant dans des zones à risque

. Zones vulnérables aux

catastrophes naturelles (ha)

. Pertes humaines et

économiques dues aux catastrophes

Paix et sécurité . Paix externe

. Tensions et doléances politiques

. Instabilité politique

. Déplacement interne

. Améliorer l'accès aux ressources

. Sécurité des personnes

57Traduction non-révisée

. Paix interne . Sécurité humaine

. Sécurité

environnementale

. Mécanismes de gestion des conflits

. Immigration

. Doléances sociales et tensions ethniques

. Atteinte à

l’environnement . Inégalité de l’accès

aux ressources (perçue ou réelle)

. Instabilité sociale (négociations collectives, troubles à l’ordre public, grèves)

. Instabilité

économique (chômage, pénuries alimentaires)

. Investissements directs étrangers limités ou inexistants

. Perturbation du

réseau social . Perturbation des

activités économiques

. Perspectives

économiques réduites

. Réfugiés et

augmentation des demandes d’asile politique

. Favoriser la paix et la sécurité

. Encourager le

dialogue politique et économique

. Favoriser

l’intégration politique et économique

. Éliminer la

pauvreté et la famine

. Améliorer la

transparence et la démocratisation

. Revitaliser les . mécanismes

traditionnels de règlement des conflits

. Sécurité communautaire . Tensions et conflits

frontaliers . Rébellion armée . Conflits civils . Mécanismes de gestion

des conflits (nationaux et locaux)

. Capacité de l’État à

satisfaire les besoins sociaux

. Accès à la justice (temps

consacré aux procédures judicaires)

Thème Sous-thèmes / questions Pression/contraintes Réponse Impact Atténuation Indicateurs de base Modes de consommation et de production durables

. Consommation matérielle

. Production et gestion des

déchets

. Services et sécurité des transports

. Passation de marchés

publics

. Production de déchets dangereux

. Traitement et élimination

des déchets . Répartition des passagers

par mode de transport . Passage au carburant sans

plomb

58Traduction non-révisée

Partenariat mondial pour le développement

. Volume et termes de l'échange

. Financement externe

. Accords multilatéraux

sur l’environnement et l’économie

. Coopération Sud-Sud

. Déficit du compte courant en pourcentage du PIB

. Montant net de l’aide

publique au développement en pourcentage du RNB

. Investissements directs

étrangers (flux) . Progrès réalisés dans la

mise en œuvre des conventions et accords multilatéraux

59Traduction non-révisée

Tableau 5 : Évaluation des indicateurs de base du développement durable en fonction des critères élaborés S – solide ; M – moyen F – faible

Thème/ Sous-thème/ Indicateurs de base du développement durable

Critères de sélection

Pertinent

Efficace

Fiable

Facile à comprendre

Disponible

Indique les tendances

Cohérent

Transformation économique / production de richesse Richesse totale (naturelle, humaine et produite)

Part des capitaux produits dans la richesse totale

S

S

S

S

F

F

M

Produit intérieur brut par habitant S S S S S S S Produit intérieur brut ajusté en fonction de la déforestation et de la perte de biodiversité

S

S

S

S

F

S

M

Part des investissements dans le PIB S S S S S S S

Performance macroéconomique

Taux d’épargne nationale S S S S S S S Part de l’industrie dans la production globale

S S S S S S S

Part des produits transformés (manufacturés) dans les exportations totales

S S S S S S S

Valeur ajoutée

Productivité de la population active et coûts unitaires de main d’œuvre

S S S S F S S

Commerce extérieur Exportations et importations (volume et structure)

S S S S S S S

Dépendance de l’aide extérieure S S S S S S S Financement du développement

Ratio dette extérieure / PIB S S S S S S S

Intégration économique régionale

Part des projets transfrontaliers dans le budget de développement total

S S S S S S S

60Traduction non-révisée

Pauvreté

Pauvreté monétaire Proportion de la population

vivant en dessous du seuil national de pauvreté

S S S S S S S

Inégalité des revenus

Ratio de la part du revenu national du quintile le plus élevé au quintile le plus bas

S S S S F S S

Accès à la terre Population agricole sans terre S S S S S S S Taux de chômage déclaré et non déclaré

S S S S S S S Conditions de vie

Proportion de la population urbaine vivant dans des taudis

S S S S S S S

Perceptions Pourcentage de pauvres qui espèrent un avenir meilleur

S

S

S

S

F

S

F

Dépendance de l’aide alimentaire

Population dépendante de l’aide alimentaire

S S S S S S S

Gouvernance

Gouvernance politique Universalité - participation

(grand public et société civile)

S

S

S

S

F

S

S Efficacité du développement S S S S F S S Corruption - pourcentage de personnes ayant versé des pots de vin

S

S

S

S

F

S

S

Gouvernance économique

Droits de propriété clairement définis et juridiquement garantis

S

S

S

S

F

S

S

Degré de responsabilité Degré de transparence

S

S

S

S

F

S

S

Gouvernance sociale

Primauté du droit

61Traduction non-révisée

S S S S F S S Lois et règlements environnementaux effectivement appliqués

S

S

S

S

F

S

S

Mise en œuvre des accords environnementaux multilatéraux

S

S

S

S

F

S

S

Gouvernance environnementale

Nombre d’affaires judiciaires liées au foncier

S

S

S

S

F

S

S

Capacité à attirer les IDE respectueux du développement durable

S

S

S

S

F

S

S

Gouvernance d’entreprise

Capacité à mettre en œuvre la responsabilité d’entreprise, sociale et environnementale

S

S

S

S

F

S

S

Alimentation et agriculture

. Production

alimentaire . Production alimentaire par

source

S

S

S

S

F

S

S . Accès à la

nourriture . Pourcentage du revenu

consacré à la nourriture . Part des produits

alimentaires dans les importations totales

S

S

S

S

F

S

S

. Accès à la terre S S S S F S S

. Productivité et intrants agricoles

. Niveau d’utilisation des pesticides et des engrais non organiques

S

S

S

S

F

S

S

. Accès aux marchés S

S

S

S

F

S

S

. Commercialisation des produits agricoles . Disponibilité des moyens

de transport abordables

S

S

S

S

F

S

S

62Traduction non-révisée

Terre

. Régime foncier et sécurité

. Zones arables et de culture permanente

S

S

S

S

F

S

S

. Utilisation et statut des terres

. Changement d’affectation

des terres

S

S

S

S

F

S

S

. Accès à la terre et régime foncier

. Surface cultivée par ménage

S

S

S

S

S

S

S

. Dégradation des sols (chimique et physique)

S

S

S

S

F

S

S

. Efficacité de l’utilisation des engrais

S

S

S

S

F

S

S

. Dégradation des sols (dégradation chimique et physique)

. Utilisation de produits chimiques agricoles

S

S

S

S

F

S

S

. Désertification Forêts

. Couvert forestier

. Couvert forestier (ha/type)

S

S

S

S

F

S

S

. Remise en état des forêts

. Dégradation des forêts

S

S

S

S

F

S

S

. Gestion forestière . Superficie forestière sous aménagement durable

S

S

S

S

F

S

S

63Traduction non-révisée

Eau douce

. Disponibilité de l’eau (quantité)

. Disponibilité de l’eau par habitant (m3)

S

S

S

S

F

S

S

. Qualité de l’eau

S

S

S

S

F

S

S

. Proportion des ressources totales en eau utilisées

S

S

S

S

F

S

S

. Utilisation de l’eau

. Intensité de l’utilisation de l’eau par activité économique

S

S

S

S

F

S

S

Biodiversité

. Densité de la

biomasse . Proportion totale des terres

protégées et par région écologique

S

S

S

S

F

S

S

. Parcs nationaux et zones protégées gérés efficacement

S

S

S

S

F

S

S

. Intégrité et diversité des écosystèmes

. Fragmentation des habitats S

S

S

S

F

S

S

. Abondance et diversité des espèces

. Concessions foncières accordées dans des zones prestigieuses

. Espèces (abondance, répartition et menaces)

S

S

S

S

F

S

S

. Ressources génétiques

. Préservation de la diversité génétique

S

S

S

S

F

S

S

64Traduction non-révisée

Changement et variabilité climatiques

. Variabilité

climatique

. Évolution et tendances des températures et de la pluviométrie

S

S

S

S

F

S

S

. Vulnérabilité au risque climatique

. Pourcentage de la population exposée aux phénomènes météorologiques extrêmes

S

S

S

S

F

S

S

. Émissions de dioxyde de carbone (tonnes de carbone par activité)

S

S

S

S

F

S

S

. Intensité de carbone

S

S

S

S

F

S

S

. Pollution de l’air en milieu

urbain

S

S

S

S

F

S

S

. Qualité de l’air

. Pollution de l’air intérieur due aux combustibles traditionnels de la biomasse

S

S

S

S

F

S

S

Santé et nutrition

. Taux de mortalité des

enfants de moins de cinq ans

S

S

S

S

F

S

S

. Mortalité

. Espérance de vie à la naissance

S S S S F S S

. Fourniture de soins de santé (accessibilité)

. Pourcentage de la population ayant accès aux soins de santé primaires

S

S

S

S

F

S

S

. État nutritionnel État nutritionnel (apport

65Traduction non-révisée

calorique par habitant) S S S S F S S . État de santé et

risques Morbidité due aux principales maladies (VIH/Sida, paludisme, tuberculose

S

S

S

S

F

S

S

Démographie (dynamique de la population)

Taux d’accroissement de la population

S

S

S

S

S

S

S

. Croissance démographique

Taux de fécondité

S

S

S

S

S

S

S

. Pyramide des âges

Indice de dépendance

S

S

S

S

S

S

S

. Établissements humains

Rapport population urbaine/population rurale

S

S

S

S

S

S

S

. Migration Exode rural

S

S

S

S

S

S

S

Éducation, formation, culture

Taux de scolarisation brut et net dans l’enseignement primaire

S

S

S

S

S

S

S

Taux brut à la dernière année de l’enseignement primaire

S

S

S

S

S

S

S

. Niveau d’éducation

Niveau de scolarisation dans le secondaire et le tertiaire

S

S

S

S

S

S

S

66Traduction non-révisée

. Alphabétisation

Taux d’alphabétisation (%) S

S

S

S

S

S

S

. Fuite/retour des cerveaux

Nombre de médecins, d’ingénieurs et de scientifiques installés à l’étranger

S

S

S

S

F

S

M

Équité sociale (femmes, jeunes, groupes vulnérables)

. Femmes

Pourcentage de femmes salariées en dehors du secteur agricole

S

S

S

S

F

S

S

. Jeunes Taux d’emploi des jeunes S

S

S

S

F

S

S

. Sécurité sociale

Énergie

. Production

d’énergie Énergie totale produite

S

S

S

S

S

S

S

. Consommation d’énergie

Rendement énergétique S

S

S

S

F

S

S

. Énergie de la biomasse

Pourcentage de la population dépendant de l’énergie de la biomasse

S

S

S

S

F

S

S

. Accès à l’électricité

Pourcentage de la population ayant accès à l’électricité

S

S

S

S

S

S

S

. Énergie renouvelable

Part de l’énergie renouvelable moderne dans la production totale

S

S

S

S

F

S

S

67Traduction non-révisée

Infrastructure, science et technologie

. Routes

Routes praticables en tout temps en kilomètres par habitant

S

S

S

S

S

S

S

Nombre de lignes téléphoniques fixes pour 100 habitants

S

S

S

S

S

S

S

Nombre d’abonnés à la téléphonie mobile sur 100 habitants

. Technologies de l’information et de la communication

Nombre d’utilisateurs d’Internet sur 100 habitants

. Recherche - développement

Montant brut des dépenses pour la recherche-développement en pourcentage du PIB

S

S

S

S

M

S

S

Océans, mers et côtes . Zones côtières

Pourcentage de la population totale vivant dans les zones côtières

S

S

S

S

M

S

S

. Pêcheries

. Environnement marin / pollution

. Zone marine menacée par la pollution

S

S

S

S

F

S

M

. Proportion de zones marines protégées

S

S

S

S

S

S

S

68Traduction non-révisée

Risques naturels et anthropiques . Vulnérabilité aux

risques naturels . Pourcentage de la

population vivant dans des zones à risque

S

S

S

S

M

S

S

. Préparation aux catastrophes et prévention

. Zones vulnérables aux catastrophes naturelles (ha)

S

S

S

S

M

S

S

. Pertes humaines et économiques dues aux catastrophes

S

S

S

S

S

S

S

Paix et sécurité

. Paix externe . Tensions et conflits

frontaliers

S

S

S

S

S

S

S Manifestations

S

S

S

S

S

S

S

Grèves

S

S

S

S

F

S

S

. Paix interne

Conflits civils

S

S

S

S

F

S

S

. Sécurité des personnes S

S

S

S

F

S

F

. Sécurité humaine

. Sécurité communautaire S

S

S

S

F

S

F

. Mécanismes de gestion des conflits (nationaux et locaux)

S

S

S

S

F

S

F

. Mécanismes de gestion des conflits

. Capacité de l’État à satisfaire les besoins

S

S

S

S

F

S

F

69Traduction non-révisée

sociaux

. Accès à la justice

Temps consacré aux procédures judiciaires

S

S

S

S

F

S

F

Modes de consommation et de production durables . Consommation

matérielle

. Traitement et élimination des déchets

S

S

S

S

F

S

S . Production et gestion des déchets . Production de déchets

dangereux S

S

S

S

F

S

F

. Répartition des passagers par mode de transport

. Transport

. Passage au carburant sans plomb

. . . . . . .

. Marchés publics

Partenariat mondial pour le développement

. Commerce

Déficit du compte courant en pourcentage du PIB

S

S

S

S

S

S

S

. Financement extérieur

Montant net de l’aide publique au développement en pourcentage du RNB

S

S

S

S

S

S

S

. Investissements directs étrangers (flux)

Flux des investissements directs étrangers par secteur

S

S

S

S

S

S

S

70Traduction non-révisée

. Accords multilatéraux sur l’environnement

. Progrès réalisés dans la mise en œuvre des conventions et accords multilatéraux

71Traduction non-révisée

8. Suivi et évaluation des indicateurs du développement durable de l’Afrique Le suivi continu des progrès sur la voie du développement durable est essentiel pour l’élaboration des indicateurs. En raison du manque de données et de certaines autres contraintes, l’adaptation du tableau de bord ou du baromètre de la durabilité est peu probable. Les Africains doivent plutôt mettre en place ce qu'on pourrait appeler le « Dispositif africain de surveillance de la durabilité ». Le Dispositif africain de surveillance de la durabilité (ASM) s’appuiera sur un ensemble d’indicateurs qualitatifs et généraux intégrés au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Cet ensemble d’indicateurs pourrait initialement s’inspirer des considérations ci-après:

a. La richesse est-elle créée, préservée et répartie équitablement ? b. Les services et fonctions écosystèmes sont-ils préservés ?

• Émissions de gaz à effet de serre • Proportion et diversité de l’écosystème naturel, modifié, cultivé ou construit • Degré de conversion et de modification des changements de la fertilité des terres intérieures,

risque d’inondation • Ampleur et intensité de la pollution marine et de la dégradation de l’habitat

c. La biodiversité est-elle conservée ?

• La biodiversité du pays est-elle exploitée de manière rationnelle ? • Pourcentage du couvert forestier • Pourcentage des zones protégées • Abondance des principales espèces sélectionnées

d. La quantité / productivité des ressources est-elle maintenue ?

• Superficies des terres arables et cultivées • Changements de la fertilité des sols, risques d’inondations • Étendue et gravité de la dégradation des terres • L’efficacité économique a-t-elle été améliorée ? • Amélioration de la productivité du travail • La pauvreté et les inégalités ont-elles été réduites ? • Pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté

72 Traduction non-révisée

• Indice de Gini des inégalités de revenus

e. La pollution est-elle prévenue ?

• Production de déchets dangereux • La santé humaine a-elle été améliorée ? • Population ayant accès à l’eau potable

f. La culture est-elle préservée ?

• Les liens entre l’esprit et la nature sont maintenus • Les savoirs et les systèmes autochtones bénéficient d’une attention particulière

g. Le pays respecte-t-il ses engagements internationaux ?

• NEPAD • OMD • Accords multilatéraux sur l’environnement • Action 21 • Plan d’action de Johannesburg

h. Partenariat mondial pour le développement

• NEPAD • OMD • Accords multilatéraux sur l’environnement • Action 21 • Plan d’action de Johannesburg • Engagements liés au financement et au commerce

9. La voie à suivre Le présent cadre des indicateurs de développement durable et la liste des indicateurs constituent la première étape d’un long processus. L'amélioration constante de la couverture et de la qualité des indicateurs à travers des tests répétés au niveau des pays est nécessaire au renforcement de leur capacité à orienter les politiques et à suivre les progrès dans le domaine du développement durable. Ce n'est que

73 Traduction non-révisée

lorsque l’ensemble des indicateurs aura été intégré et utilisé efficacement à l’échelle des pays que le travail accompli en ce sens aura porté ses fruits. Il est toutefois utile de souligner que la mise au point des indicateurs du développement durable est un processus permanent. Plus un pays progresse sur la voie du développement économique et social, plus il aura besoin d’indicateurs détaillés. La réalité africaine actuelle impose de prendre sérieusement en compte les principes ci-après :

a) Pragmatisme. La mise au point des indicateurs de développement durable, aussi vaste et complexe qu’elle soit, requiert du pragmatisme dans l’indentification, la sélection et l’utilisation des indicateurs. Ne jamais s’enliser est un principe clé en la matière. Il faut se concentrer sur les politiques et stratégies essentielles et des indicateurs simples et clairs. Il faut mettre à profit ce qui est disponible, tout en notant les lacunes pour élaborer une stratégie permettant de les corriger.

b) Élaboration d’une stratégie pour améliorer et affiner en permanence les indicateurs

et les institutionnaliser. Une fois les indicateurs élaborés, il faut prendre les mesures nécessaires pour les appliquer partiellement ou intégralement à l’échelle du pays, du secteur ou de l’écosystème. Il faut également prévoir un mécanisme institutionnel pour assurer une application progressive, ainsi qu’un suivi, une mise à jour et une amélioration continus.

c) Mise en place d’un processus participatif pour l’élaboration et la mise en œuvre. Les

ateliers, à l’instar de l’atelier de validation envisagé, sont des mécanismes permettant de susciter un intérêt pour les indicateurs et d’obtenir des informations en retour.

d) Sensibilisation permanente. Il convient d’élargir et de renforcer la sensibilisation des

dirigeants politique et de la population sur le développement durable et la durabilité. Un travail considérable a été accompli pour définir et vulgariser le développement durable en accolant l’épithète « durable » à presque toutes les activités de développement sans en saisir pleinement la portée, de sort que l’on a négligé les piliers environnemental et social du développement durable, comme en témoignent la dégradation accélérée de l'environnement et le dénuement social alors que l'Afrique affiche fièrement son fort taux de croissance économique en dépit de la crise financière mondiale (CEA 2009). Par ailleurs, nonobstant plus d'une décennie d'expérience, «très peu de pays ont essayé d'intégrer les questions de développement durable à leurs DSRP» (CEA 2008). Pour ce faire, il faudrait engager un processus de sensibilisation efficace et permanent sur le développement aux niveaux communautaire, décisionnel et législatif.

e) Création d’une culture pluridisciplinaire: transcendance des intérêts sectoriels.

L’approche pluridisciplinaire est l’une des principales caractéristiques du développement durable. Elle exige des décideurs qu’ils appréhendent les programmes économiques du point de vue social et environnemental, et les programmes sociaux et environnementaux du point de vue économique. Il s’agit également de gérer les compromis, en particulier à court et moyen terme, en privilégiant l’intérêt de la société par rapport aux avantages institutionnels ou sectoriels. Bien que cela ne soit pas une tâche facile, il faut encourager systématiquement la culture de la responsabilité collective et de l’expertise pluridisciplinaire, ainsi que la culture du « nous » au lieu du « je » qui conditionne, dans une grande mesure, l’utilisation optimale des indicateurs du développement durable.

f) Évaluation des progrès dans le domaine du développement durable en fonction de la

demande. Le fait de s’attaquer aux causes des comportements et des pratiques non durables, notamment les modes de consommation et de production, constitue une étape importante dans la

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promotion du développement durable. C’est la raison pour laquelle les modes de consommation et de production sont considérés comme des thèmes et des indicateurs fondamentaux du développement durable permettant d’aider l’Afrique à élaborer, planifier et mettre en œuvre les activités d’investissement et d’exploitation de manière à minimiser les risques et à renforcer la responsabilité des citoyens, des différents secteurs, de l’État, ainsi que la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.

g) Appropriation nationale et assimilation des indicateurs du développement durable:

Bien que le travail effectué aux niveaux mondial et régional par l’Organisation des Nations Unies et/ou d'autres institutions constitue un riche réservoir de connaissances et un tremplin pour l’élaboration des indicateurs du développement durable à l’échelle des pays, la décision finale relative au choix des indicateurs à utiliser et la manière de les organiser revient aux autorités nationales. L’élaboration et l’amélioration continue des indicateurs, leur utilisation effective et, bien entendu, l'intégration effective de tous les aspects du développement durable dépendent de l'engagement des intervenants sur le terrain. La participation des experts, des décideurs, des groupes de la société civile et des bénéficiaires contribuera à renforcer l'appropriation nationale des indicateurs, condition préalable à leur institutionnalisation, et la consécration de la responsabilité collective en ce qui concerne le suivi des progrès en matière de développement durable.

h) Mise en place des capacités d’identification, de sélection, d’utilisation et

d’amélioration continue des indicateurs. Il faut accorder la priorité au renforcement des capacités des offices nationaux de statistiques et envisager d’élargir l’éventail des parties intéressées intervenant dans la prise de décisions, l’évaluation, la planification et la mise au point des programmes aux niveaux des ressources humaines, des institutions et des secteurs exécutif et législatif.

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