Burnhaupt-le-Bas, autour du Burn

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Autour du Burn, um der Burn uma Burnhaupt - le - Bas Burnhaupt - le - Bas Autour du Burn, um der Burn uma

description

Collection "Mémoire de vies". Ouvrage de mémoire, d'histoire et de patrimoine sur le village de Burnhaupt-le-Bas, en Alsace. Réalisé à partir de photos, documents et témoignages fournbis par les habitants. Un magnifique ouvrage de 160 pages avec près de 450 photos, couverture cartonnée rigide pelliculée.

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Autour du Burn,um der Burn uma

Burnhaupt-le-BasBurnhaupt-le-Bas

Autour du Burn,um der Burn uma

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SommaireChap. 1 - Un peu d’histoire… 6

La préhistoire

De la préhistoire à la Révolution

Les grands conflits

Chap. 2 - L’évolution du village 18

Le site

L’évolution de la population

L’habitat

Les nouveaux équipements communaux

La municipalité

Chap. 3 - La vie agricole 38

L’organisation de la vie rurale

Les cultures

L’élevage

Les techniques agricoles

Les premiers tracteurs

L’agriculture aujourd’hui

Chap. 4 - La vie au quotidien 56

Une journée il y a cent ans

Les vieilles maisons

Les métiers et les commerces

Les auberges et les bistrots

Le Rachamarkt

Les modes et les costumes

Chap. 5 - Au fil des jours 68

Souvenirs d’école

Les conscrits

Les fêtes et les réjouissances

Chap. 6 - La vie religieuse 110

L’église Saints-Pierre-et-Paul

La chapelle Saint-Wendelin

Les pratiques religieuses

Les curés

Le conseil de fabrique

La chorale

Chap. 7 - La vie associative 124

Le Vélo-Club

Les ensembles musicaux

Le corps des sapeurs-pompiers

Les Majorettes

L’Association de Pêche

Les sociétés d’arboriculture

L’Association Sportive de Burnhaupt-le-Bas

L’Association Sports et Culture de Burnhaupt-le-Bas

Les associations CREP et ECRIN

Le Club Edelweiss

Les Schnooga

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C e Burn, qui a donné son nom à notre village, ce vieux Burn, en aura vu des événements. D’abord simple

source, plus tard abreuvoir et lavoir, au centre du village, il était le point de ralliement des villageois.

Il en a vu passer des gens, génération après génération, mais aussi des drames, des guerres, des invasions.

Témoin muet, il a également entendu les rires et les cris des enfants qui jouaient autour de lui, l’agitation des

fêtes et des mariages, il a connu le bruit des bottes et des chars, des événements heureux ou dramatiques.

Témoin muet, oui. Alors essayons de raconter à sa place, de ressusciter un peu ces événements.

Le passé compose notre présent. Mais la mémoire est fugace, les souvenirs s’estompent. Le conseil des

anciens avait ces dernières années rassemblé en trois recueils des témoignages. Dans la série “Afin que la

mémoire demeure…”, il avait d’abord reconstitué les tragiques événements de la dernière guerre mondiale,

en particulier le destin des “malgré-nous”. Puis il avait réuni des souvenirs personnels ou professionnels, des

anecdotes, des faits marquants du passé de notre village.

Burnhaupt-le-Bas n’a pas de monuments impressionnants, aucun homme célèbre n’y a vu le jour, aucun

événement historique n’a marqué son passé. Et pourtant, de nombreux témoignages de son histoire se sont

accumulés sous différentes formes : documents, photos, récits. Au fil des années, ces témoignages disparais-

sent. Le conseil des anciens, avec l’aide de la municipalité, a voulu sauvegarder cette mémoire collective.

Le présent ouvrage n’est pas un livre d’histoire. S’il est destiné à raviver les souvenirs de ceux qui ont vécu

la période récente, il est aussi essentiellement destiné aux générations futures. Ces dernières années, notre

village a accueilli de nombreux habitants venus d’autres horizons. Ce livre leur permettra de mieux connaî-

tre leur nouveau cadre de vie.

C’est notamment sous forme iconographique que nous avons voulu raconter les années passées, particuliè-

rement le XXe siècle.

Nous remercions toutes les personnes qui ont accepté de fouiller dans les boîtes à chaussures où dormaient

des photos jaunies par le temps, de nous confier des documents, de raconter leur vécu. Un grand merci aussi

à tous ceux qui ont accepté de rédiger les textes, qui ont fait des recherches, qui se sont investis dans ce

travail. Cette recherche n’est pas exhaustive, et il est possible que l’on y trouve des erreurs ou des omissions.

Que le lecteur ne nous en tienne pas rigueur. Nous avons essayé de faire au mieux avec les éléments dont

nous disposions.

Nous espérons que chacun trouvera du plaisir à feuilleter ces pages du passé.

une mémoire pour le futur

Um der Burn uma…

Avant-propos

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Un peu d’histoire...

6

L’histoire et les hommes ont façonné notre cadre de vie.

Celui-ci est en perpétuelle évolution. Avant d’aborder le XXe siècle,

il est bon de revoir quelques faits essentiels.

Situé à la limite du Sundgau, au débouché de

la trouée de Belfort et de la vallée de la Doller,

Burnhaupt a été colonisé dans un lointain passé.

Nœud de communication entre la Bourgogne et

la plaine d’Alsace, au carrefour de routes joignant

Mulhouse, Altkirch, Dannemarie, Masevaux, Thann

et Cernay, le site a attiré depuis longtemps les

populations à la recherche d’un

point de chute. Les nombreu ses

sources de la région, une terre

fertile, ont favorisé le choix de

ce lieu d’implantation.

Si le nom de Burnhaupt, Brunnhobetum, n’apparaît

qu’en l’an 823 dans les documents, il est certain

que les lieux étaient habités beaucoup plus tôt. Les

fouilles archéologiques ont mis au jour des traces

d’habitat très ancien, et les vestiges de voies romai­

nes de la région montrent l’importance du site de

Burnhaupt.

Les fouilles réalisées par Joseph Lack et Christian

Jeunesse ont démontré que le site était déjà occupé

au néolithique. Environ 5 000 ans av. J.­C., au lieu­

dit Ochsenmattenstraeng, il existait une implanta­

tion, les tessons de poterie du type ”rubané” en

attestent. De l’époque 4 400 à 4 200 av. J.­C., on

a retrouvé des fragments de poteries, de haches

et de meules au Spechbachstraeng et au lieu­dit

Oberlach. L’Ochsenmattenstraeng a fourni également

La préhistoire

Reproduction d’un vase décoré à la cordelette reconstituée d’après le résultat des fouilles Ochsenmattenstraeng. © “20 ans de découvertes archéologi-ques à Burnhaupt-le-Bas”, APRAA.

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Burnhaupt-le-Bas Autour du Burn, um der Burn uma

des éléments de poterie dite ”cordée” datés de 2 800

à 2 400 avant notre ère. Au lieu­dit Roden, les vesti­

ges signalent l’existence d’un village au néolithique

moyen (4 500 à 4 200 av. J.­C.), et la présence d’une

nécropole de la fin de l’âge du bronze (vers 1 200

av. J.­C.). Enfin, au Hagendorn, des restes de briques

et de tuiles ainsi que de céramiques permettent de

penser qu’à cet endroit se trouvait un bâtiment,

sans doute une exploitation agricole, à l’époque

gallo­romaine (52 av. J.­C. à 400 ap. J.­C.).

Mais cette situation, qui a donc attiré nos ancê­

tres à la recherche d’un lieu d’implantation,

a eu également comme conséquence de situer notre

village sur le passage des belligérants lors des nom­

breuses guerres qui ont ravagé la région.

Successivement propriété des ducs d’Alsace, des

abbayes de Murbach et de Masevaux, des comtes de

Ferrette et de la seigneurie de Thann, Burnhaupt se

retrouve dans le domaine des Habsbourg en 1324.

De la préhistoire à la Révolution

Extrait d’une carte de 1594.

Pendant les fouilles.

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Communauté importante, le village est le siège

d’une prévôté, Vogtei, et d’une mairie, Meyertum.

À plusieurs reprises le village est saccagé, pillé, voire

détruit par les guerres : les ”Anglais” pendant la guerre

de Cent Ans, les Bourguignons en 1428, les Armagnacs

en 1444, les Suisses en 1468. Les épidémies aussi

déciment les populations, plusieurs villages proches

de Burnhaupt disparaissent : Neudorf, Eulensegen,

Ernweiler, Klein­Ensisheim. La guerre des Paysans en

1525, plusieurs épidémies de peste au début du XVIIe

siècle, de nombreux incendies, font leurs ravages.

La guerre de Trente Ans, 1618­1648, est sans doute l’évé­

nement le plus douloureux que subirent nos ancêtres,

à la fin du conflit on ne recense plus que 44 chefs de

famille, en 1659. On compte aussi le cheptel : 48 che­

vaux, 32 bœufs, 51 vaches, 0 mouton, 179 cochons.

C’est à cette époque qu’arrivent dans la région de

nombreux immigrants pour repeupler nos villages et

cultiver les terres laissées à l’abandon. Ils viennent

pour la plupart des cantons catholiques de Suisse

(Lucerne, Argovie, Soleure, …), également de l’Alle­

magne du Sud (Souabe, Bade, Bavière).

Au recensement de 1698, on totalise 68 chefs de

famille, 34 chevaux, 78 bœufs et 106 vaches.

Alors que l’on trouve les patronymes : Bitsch,

Kirscher, Gensbittel, Hirth, Wetzel, Sutter (Seiter),

Neff, Hurst, Schwebelen, Schnebelen, Sester, Deiber

dans les plus anciens écrits, on voit apparaître dans

la deuxième moitié du XVIIe siècle des noms nou­

veaux : Hegy, Maurer, Sender, Silbermann, Boeglen,

Tschaen, Kuenemann, Rudler, Bisantz, Weiss,

Hibschherr, Strich, Haas, Beth, Keck, Laperel, Gida,

Greder, Stemmelen, Hugart...

En 1648, à la suite du traité de Westphalie, la sei­

gneurie de Thann passe à la France, elle est attribuée

par Louis XIV à Mazarin et par succession échoit à

la famille Grimaldi de Monaco, comte de Ferrette et

seigneur de Thann. Cette situation dure jusqu’à la

Révolution de 1789.

Pendant les guerres napoléoniennes, plusieurs

Burnhauptois trouvent la mort sur les champs de

bataille loin de leur village natal : en Italie, en Espagne,

en Belgique, …

Au XVIIIe siècle, quelques familles cèdent à l’appel

de l’aventure et rejoignent les ”États de l’Amérique”

où certains vont faire souche.

La guerre de 1870­1871 marque le début d’une nou­

velle situation. Une vingtaine de Burnhauptois qui

faisaient leur service militaire dans l’armée françai­

se sont fait prisonniers par les Allemands. Après la

défaite de 1871, l’Alsace est incorporée à l’Empire

allemand. De nombreux Alsaciens n’acceptent pas

cette situation et préfèrent quitter leur pays natal et

rejoindre le territoire français. On ignore le nombre

d’optants de Burnhaupt­le­Bas, toutefois il est cer­

tain que quelques­uns se rendent dans le Territoire

de Belfort pour signer le document de demande de la

nationalité française pour marquer leur attachement

à la France, mais reviennent ensuite au village.

Les grands conflits

Restaurant Au Sapin, Gnaedig, puis Mutz, rue Principale.

Burnhaupt-le-Bas Autour du Burn, um der Burn uma

L’annexion par l’Allemagne (1871-1918)

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À partir de 1871, la région se retrouve donc sous

la domination de l’Empire allemand : c’est l’arrivée

des fonctionnaires allemands, l’enseignement en

allemand, mais aussi l’incorporation (déjà !) des

jeunes Alsaciens dans l’armée allemande. Et, en

août 1914, la Première Guerre mondiale éclate.

Après la défaite de 1871, beaucoup d’Alsaciens optèrent pour la nationalité française. Pour certains, ce fut un départ définitif vers la France ”de l’intérieur”, pour d’autres, un acte symbolique.

L’auberge Weiss-Kroener, À l’Agneau, en 1913.

D’autres Alsaciens durent faire leur service militaire dans l’armée allemande,

tel Ignace Sother.

Thiébaut Tschaen en uniforme allemand.

La rue Principale en 1913 avec, à gauche, l’auberge Spenlinhauer, devenue Weiss-Kroener, À l’Agneau.

Un peu d’histoire…

Dès le début du conflit, les troupes françaises,

venant du Territoire de Belfort, bousculent les trou­

pes allemandes, avancent jusqu’à Mulhouse puis

sont obligées de se replier.

Après des combats meurtriers du 4 décembre 1914

au 10 janvier 1915, Burnhaupt­le­Bas est en ruines.

Le village a été pris et repris à plusieurs reprises

par les deux adversaires. Le 1er janvier 1915, toute

la popu lation est évacuée vers Heimsbrunn et

Morsch willer, certaines familles doivent s’installer

dans le Bas­Rhin voire en Allemagne. Les exilés ne

savent pas que leur absence va durer cinq longues

années.

Quelques hommes du village, pour éviter d’être

enrôlés dans l’armée allemande, profitent des

combats pour rejoindre les troupes françaises,

plusieurs s’engagent dans l’armée.

L’auberge Braun ou Zur Sonne

en 1913, devenue Au Raisin.

La population de

Burnhaupt doit évacuer le village

le 1er janvier 1915.

Au début de la guerre, les militaires, tant français qu’allemands, réquisitionnèrent ce dont ils avaient besoin. Ci-contre la liste établie par Eugène Weiss père qui énumère les biens confisqués et leur valeur : un cheval pour 600 marks, 5 poules et une oie pour 14 marks, ...

Groupe de soldats alsaciens dans l’armée allemande.

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La rue Mecken, maintenant rue de la Mairie, en 1913.

La Première Guerre mondiale (1914-1918)

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Les Allemands réquisitionnent les cloches de l’église,

elles sont transportées à Francfort pour servir à la

fabri cation de canons.

Le front se stabilise dans notre secteur : les Français se

sont enterrés dans leurs abris en lisière du Buchwald,

les Allemands fortifient plusieurs maisons du village

abandonné par ses habitants. Un réseau de tranchées

court d’un bunker à l’autre. Tout autour du village, de

nombreux bunkers avec emplacements de tir, abris

pour les munitions, cantonnements, poste de secours,

Quelques Burnhauptois, dont Édouard Mehrung, profitèrent de l’offensive

française au début de la guerre pour

rejoindre les rangs français.

Les cloches de Burnhaupt-le-Bas stockées à Francfort avant d’être fondues.

Eugène Neff déserta de l’armée

allemande pour rejoindre l’armée

française. Plus tard, il fut

sous-préfet d’Altkirch.

Un peu d’histoire…

Tableau peint par un soldat allemand, M. Kuhl, illustrant l’incendie de l’église paroissiale le 15 juillet 1915.

Les habitants de Burnhaupt sont évacués pendant la guerre.

Il leur faut un laissez-passer pour s’occuper de leurs champs.