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1 BULLETIN DE LA SOCIETE D’ETUDE DES SCIENCES NATURELLES D’ELBEUF Elbeuf : 30, 31 mars, 1 er et 2 avril 2016 Musée d’Elbeuf-Fabrique des savoirs Métropole-Rouen-Normandie Résumés des communications du congrès 2016 de l’Association Paléontologique Française Dépôt légal : 1 er trimestre 2016. ISSN 0766-5946

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BULLETIN DE LA SOCIETE D’ETUD E DES

SCIENCES NATURELLES D’ELBEUF

Elbeuf : 30, 31 mars, 1 er et 2 avril 2016 Musée d’Elbeuf-Fabrique des savoirs

Métropole-Rouen-Normandie

Résumés des communications du congrès 2016 de l’Association

Paléontologique Française

Dépôt légal : 1 er trimestre 2016. ISSN 0766-5946

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Administration SESNE en 2016

Président : Jérôme TABOUELLE Vice-président : Dominique VADCARD Secrétaire : Patrice STALLIN Trésorier : Daniel Aubry Membre-conseillers : Jérôme Girard Jany Bécasse Alain Morin

Pierrick Guérin

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SOMMAIRE Liste des participants……………………………………………………………………... p.4 Programme du congrès 2016 de l’APF…………………………………………………. p.5 Sommaire des communications………………………………………………………… p.7 Résumés de thèse pour le prix d’Orbigny……………………………………………… p.31 Sommaire des posters………………………………………………………………….. p.36 Livret d’excursion……………………………………………………………………… p.39 Les opinions exprimées dans les articles qui suivent n’engagent que leurs auteurs.

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S.E.S.N.E Résumés des communications du Congrès de l’Association Paléontologique Française 2016

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Liste des participants

AUDO Denis Université de Rennes I

AMIOT Romain Université Claude Bernard Lyon 1

BARDET Nathalie CNRS-MNHN

BEYRAND Vincent Palacky University, 17. Listopadu

BLIECK Alain CNRS-Université Lille 1

BOUTILLIER Karine Paléospace-Villers sur Mer

BUFFETAUT Eric CNRS-Ecole Normale Supérieure

DE RICQLES Armand Université Pierre et Marie Curie

DE BAST Eric Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique

COLLETE Claude A.G.A

CUVELIER Jessie Université Lille

DUTOUR Yves Musée Aix en Provence

FOLIE Annelise Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique

GUILLEMETTE Didier SESNE

JOURDAIN Marius Etudiant-Rouen

MONNET Claude CNRS-Université de Lille

LAURIN Michel CNRS-MNHN

LONDEIX Laurent Université de Bordeaux

PENNETIER Gérard et Elisabeth APVSM

PICOT Laurent Paléospace-Villers sur Mer

SERVAIS Thomas CNRS – Université de Lille

STAIGRE Jean-Claude SESNE-CNEK

SMITH Thierry Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique

SOLE Floréal Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique

TABOUELLE Jérôme et Sandrine SESNE-Fabrique des savoirs-FFSSN

TABUCE Rodolphe ISEM , Université Montpellier

THOMAS jérôme Université de Bourgogne

TONG Haiyan Mahasahakham University

TORTOSA Thierry Conservateur colline Sainte Victoire

TURINI Eric Musée Aix en Provence

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Programme du congrès 2016 de l’APF Mercredi 30 mars 09h30-10h00 : Accueil et inscription des participants 10h00-10h20 :

TONG Haiyan : Les tortues du Jurassique de Normandie: La collection Lepage. 10h20-10h40 :

BARDET Nathalie : De l'anatomie aux régimes alimentaires : les mosasaures (Reptilia, Squamata) montrent leurs dents. 10h40-11h00 :

TORTOSA Thierry : Nouvelles découvertes de restes de dinosaures datant du Campanien dans le gisement de Grand-Creux 2 (Réserve Naturelle de Sainte-Victoire, Bouches-du-Rhône). 11h00-11h20 :

SERVAIS Thomas : La mise en place de la «Révolution Ordovicienne du Plancton» au Cambrien terminal. 11h20-11h 40 :

BLIECK Alain : Le “Great Eodevonian Biodiversification Event” (GEBE) : le cas des hétérostracés (vertébrés). 11h40-12h00 :

LAURIN Michel : Etude gigantesque et conclusions surprenantes (pour certains) sur la phylogénie des stégocéphales et l'origine des lissamphibiens. 12h00-14h00 : Déjeuner 14h00-14h20 :

AUDO Denis : Candidat au prix d’Orbigny : Paléobiologie des Polychelida (crustacés). 14h20-14h40 :

AMIOT Romain : Environnements sédimentaires et vertébrés du Trias supérieur (Rhétien) de la carrière de Peygros (Var). 14h40-15h00 :

FOLIE Annelise : Les serpents de l'Eocène inférieur de Tadkeshwar (Gujarat, Inde) : un nouveau géant parmi les classiques. 15h30 - 18h00 : Visites des collections, réserves et de l’exposition « La Normandie au temps des dinosaures » Jeudi 31 mars 09h15-09h40 : Accueil et inscription des participants 09h40-10h00 :

SMITH Thierry : Toujours dans l'Ouest de l'Inde : une nouvelle faune de mammifères de l'Eocène inférieur dans la mine de lignite de Tadheshawar. 10h00-10h20 :

SOLE Floréal : Les mammifères mésonychidés européens : phylogénie, écologie, biogéographie et biochronologie T. 10h20-10h40 :

BUFFETAUT Eric : Un nouveau site à vertébrés paléogènes dans les Sables bleutés du Var : implications pour l'âge de cette formation. Pause 10h50-11h10 :

TABUCE Rodolphe : Mars-Avril 1904, l’expédition oubliée du MNHN au Fayoum (Egypte) et révision de Titanohyrax andrewsi (Mammalia, Hyracoidea)

11h10-11h30 : DE BAST Eric : Candidat au prix d’Orbigny : Evolution endémique et renouvellement faunique des mammifères au Paléocène en Europe.

11h30-11h50 : BUFFETAUT Eric : Fusion incomplète du notarium chez le Dodo (Raphus cucullatus).

12h00-14h00 : Déjeuner 14h00-14h20 :

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BEYRAND Vincent : Candidat au prix Depéret : Relation entre conformation de l’endocrâne, comportement et capacité locomotrices chez les oiseaux.

14h20-14h40 : MONNET Claude : Alternances marnes/calcaires (Ordovicien, Norvège): reflet des rythmes du climat

ou de la diagenèse? 14h40-15h00 : STAIGRE Jean-Claude : Les fossiles de la craie dans les cavités souterraines de Normandie. 15h00-15h20 THOMAS Jérôme : e-ReColNat : inventaire des collections paléontologiques Pause 15h30-16h30 : AG APF 16h45-18h00 : Enchères 19h30 : Diner de gala à la Brasserie Alsacienne Vendredi 1er avril 09h30-10h00 : accueil des participants 10h00-11h00 : Remise des prix 11h00-12h00 : Conférence du lauréat du prix Cuvier DE RICQLES Armand : Du Temps biblique au Temps profond: avatars et rémanences du Catastrophisme 12h00-14h00 : Déjeuner 14h00-15h00 : Conférence du lauréat du prix Saporta 2015 COLLETE Claude : Présentation de l'A.G.A 15h00-16h00 : clôture des communications et discussions. Samedi 2 avril Excursion à Villers sur Mer 8h30 : départ d'Elbeuf devant la Fabrique des savoirs 10h : arrivée au Paléospace à Villers-sur-Mer

Accueil au Paléospace par Karine Boutillier et Laurent Picot et visite du musée. 12h : déjeuner au restaurant « La Terrasse du Marais » (le prix du repas n'est pas compris

dans l'inscription à l'excursion et le choix du repas est laissé aux participants). 13h : départ pour les falaises des Vaches Noires et visite guidée par Gérard et Elisabeth

Pennetier (Lauréats du prix Saporta 2016). 16h30 : départ pour Elbeuf. 18h00 : arrivée à Elbeuf

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Sommaire des communications

TONG Haiyan : Les tortues du Jurassique de Normandie: La collection Lepage. P.8 BARDET Nathalie : De l'anatomie aux régimes alimentaires : les mosasaures (Reptilia,

Squamata) montrent leur dent. p.9 TORTOSA Thierry : Nouvelles découvertes de restes de dinosaures datant du Campanien

dans le gisement de Grand-Creux 2 (Réserve Naturelle de Sainte-Victoire, Bouches-du-Rhône). p.10

SERVAIS Thomas : La mise en place de la «Révolution Ordovicienne du Plancton» au Cambrien terminal. p.11 BLIECK Alain : Le “Great Eodevonian Biodiversification Event” (GEBE) : le cas des hétérostracés (vertébrés). p.12 LAURIN Michel : Etude gigantesque et conclusions surprenantes (pour certains) sur la phylogénie des stégocéphales et l'origine des lissamphibiens. p.13 AUDO Denis : Paléobiologie des Polychelida (crustacés). p.14 AMIOT Romain : Environnements sédimentaires et vertébrés du Trias supérieur (Rhétien) de la carrière de Peygros (Var). p.15 FOLIE Annelise : Les serpents de l'Eocène inférieur de Tadkeshwar (Gujarat, Inde) : un nouveau géant parmi les classiques. p.16 SMITH Thierry : Toujours dans l'Ouest de l'Inde : une nouvelle faune de mammifères de l'Eocène inférieur dans la mine de lignite de Tadheshawar. p.17 SOLE Floréal : Les mammifères mésonychidés européens : phylogénie, écologie, biogéographie et biochronologie T. p.18 BUFFETAUT Eric : Un nouveau site à vertébrés paléogènes dans les Sables bleutés du Var : implications pour l'âge de cette formation. p.19 TABUCE Rodolphe : Mars-Avril 1904, l’expédition oubliée du MNHN au Fayoum (Egypte)

et révision de Titanohyrax andrewsi (Mammalia, Hyracoidea). p.21 DE BAST Eric : Evolution endémique et renouvellement faunique des mammifères au Paléocène en Europe. p.22 BUFFETAUT Eric : Fusion incomplète du notarium chez le Dodo (Raphus cucullatus).p.23 BEYRAND Vincent : Relation entre conformation de l’endocrâne, comportement et capacité

locomotrices chez les oiseaux. p.25 MONNET Claude : Alternances marnes/calcaires (Ordovicien, Norvège): reflet des rythmes du climat ou de la diagenèse? p.26 STAIGRE Jean-Claude : Les fossiles de la craie dans les cavités souterraines de Normandie. p.27 THOMAS jérôme : e-ReColNat : inventaire des collections paléontologiques. p.28 DE RIQLES Armand : Du Temps biblique au Temps profond: avatars et rémanences du Catastrophisme. p.29 COLLETE Claude : Présentation de l'A.G.A. p.30

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Les tortues du Jurassique de Normandie: La collection Lepage

Haiyan Tong1, Eric Buffetaut2, Gilles Lepage3, Jean-Jacques Lepage4, Yves Lepage5 et Jérôme Tabouelle6

1 Palaeontological Research and Education Centre, Mahasarakham University, Thailande. [email protected]

2 CNRS (UMR 8538), Laboratoire de Géologie de l'Ecole Normale Supérieure, Paris, France. [email protected]

3 6, rue des Myosotis 14140 LIVAROT

4 19, rue du Vornier 76620 LE HAVRE

5 Sciences et Géologie Normande, Le Havre, France. [email protected] 6 Fabrique des savoirs-Métropole-Rouen-Normandie, Elbeuf, France. [email protected]

Les couches jurassiques le long de la côte de Normandie sont riches en fossiles de reptiles marins. En 1868, Gustave Lennier, le conservateur du Muséum d’Histoire Naturelle du Havre de l’époque, fut le premier à décrire des restes de tortues provenant de ces couches. Dans son ouvrage intitulé ‘Etudes géologiques et paléontologiques sur l’embouchure de la Seine et les falaises de la Haute-Normandie’, Lennier décrivit une carapace de tortue provenant du Kimméridgien de Bléville et créa un nouveau taxon, Emys dollfusii. Il attribua d’autres fragments de carapace de la même provenance à Emys? sp. En 1935, Bergounioux réétudia le spécimen d’Emys dollfusii et l’attribua au nouveau taxon Plesiochelys normandicus, en négligeant le taxon de Lennier. Sur la base d'un plastron isolé, Bergounioux créa Trionyx primaevus par la même occasion. Dans le contexte actuel de la systématique, Emys dollfusii et Trionyx primaevus sont attribuables aux Thalassemydidae. Ces spécimens, avec le quasi totalité de la collection du Muséum d’ Histoire Naturelle du Havre, ont été détruits par les bombardements alliés pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Depuis, d’autres restes de tortues ont été récoltés et une carapace de Tropidemys langii provenant du Kimméridgien inférieur de Bléville a été exposée au muséum du Havre.

La collection Lepage comprend plusieurs spécimens de tortues provenant du

Kimméridgien du Cap de la Hève, résultat de plus de trente années de recherches sur le terrain. Il s’agit de trois taxons répartis dans deux familles: Thalassemydidae et Plesiochelyidae. Trois spécimens, dont un associé à un crâne partiel, sont attribués aux Thalassemydidae. Ces spécimens possèdent des caractéristiques du genre Thalassemys, par exemple la présence de fontanelles costopériphériques à l’âge adulte, la partie antérieure de la première neurale élargie et la présence de fontanelles centrales et latérales sur le plastron. La famille des Plesiochelyidae est représentée par deux taxons. Tropidemys langii comprend une dossière partielle en forme de toit, avec de larges plaques neurales et larges écussons vertébraux. Une carapace non dégagée appartient à ?Plesiochelys. Cette collection est l’une des plus importantes concernant les tortues marines jurassiques de Normandie. Leur étude, notamment le crâne de Thalassemys, signalé pour la première fois, permettra de mieux comprendre les relations de parenté des tortues jurassiques vivant dans un environnement marin-littoral et la répartition paléogéographique du groupe.

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De l'anatomie aux régimes alimentaires : Les mosasaures (Reptilia, Squamata) montrent leurs dents

Nathalie Bardet

CR2P CNRS-MNHN-UMPC, Muséum National d’Histoire Naturelle, CP38, 57 rue Cuvier, 75005 Paris, France.

Les Mosasauridae sont un clade florissant de squamates marins connus du

Cénomanien à la fin du Maastrichtien et caractérisés par une distribution cosmopolite ainsi qu’une grande diversité tant taxonomique qu’écologique. Cette diversité écologique est appréhendable notamment par l’étude morphologique de leur dentition qui donne accès à leurs régimes alimentaires et potentiellement aux niches écologiques qu’ils occupaient.

Les gisements Maastrichtien-Yprésien des Phosphates du Maroc sont parmi les plus riches au monde en restes de vertébrés fossiles et, parmi les clades d’amniotes marins représentés dans les niveaux maastrichtiens, les Mosasauridae sont les plus abondants en nombres de spécimens et les plus diversifiés taxonomiquement et écologiquement. Les assemblages marocains comprennent au moins 7 genres et 10 espèces représentant un large éventail de tailles et de morphologies qui illustrent plusieurs régimes alimentaires et tendances écologiques (Bardet et al., 2015).

Ces espèces de Mosasauridae présentent des morphologies dentaires très caractéristiques et diagnostiques qui, suivants des critères anatomiques bien précis, peuvent être replacées dans une guilde morphologique triangulaire de partitionnement des ressources alimentaires telles que définies par Massare (1987) et indiquant des adaptations pour le perçage, le broyage ou la coupe.

Les prédateurs de taille moyenne à grande (7-13 mètres) se répartissent de manière préférentielle le long de l’axe « Broyeur-Coupeur ». Une nouvelle guilde « Broyeur-Coupeur », incorporant plusieurs espèces de Prognathodon et jusqu’alors inconnue chez les amniotes marins du Mésozoïque, a été définie. Les mosasaures de taille plus modeste (3-6 mètres) se répartissent près des poles strictement « Coupeur » et « Broyeur ». Il est intéressant de noter l’absence de Mosasauridae le long de l’axe « Perceur-Broyeur », ce qui semblerait impliquer que les niches écologiques correspondantes étaient occupées par d'autres vertébrés marins tels que les sélaciens et les plésiosaures.

Références :

BARDET N., HOUSSAYE A., VINCENT P., PEREDA SUBERBIOLA X., AMAGHZAZ M., JOURANI & MESLOUH S. (2015). Mosasaurids (Squamata) from the Maastrichtian Phosphates of Morocco: biodiversity, palaeobiogeography and palaeoecology based on tooth morphoguilds. Gondwana Research Special Issue (Gondwanan Mesozoic Biotas and Bioevents) 27 : 1068–1078.

MASSARE J.A. (1987). Tooth morphology and prey preference of Mesozoic marine reptiles.

Journal of Vertebrate Paleontology 7 : 121–137.

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Nouvelles découvertes de restes de dinosaures datant du Campanien dans le gisement de Grand-Creux 2 (Réserve Naturelle de Sainte-Victoire, Bouches-du-Rhône)

Thierry Tortosa1 & Yves Dutour2

1 Réserve Naturelle de Sainte-Victoire, Conseil Département des Bouches-du-Rhône, Hôtel du Département, 52 avenue de Saint-Just, 13256 Marseille Cedex 20 ([email protected]). 2 Muséum d'Histoire Naturelle d'Aix-en-Provence, Route d’Eguilles, 7 rue des Robiniers, 13090 Aix-en- Provence.

Le gisement de Roques-Hautes (Beaurecueil, Bouches-du-Rhône) est mondialement

connu, depuis le début du 20ème siècle (de Lapparent, 1947), pour sa richesse en œufs de dinosaures fossilisés datant du Campanien supérieur (Crétacé terminal). C’est à la fin des années 1980 que ce gisement livra les premiers ossements de vertébrés, incluant le petit théropode Variraptor mechinorum (Le Loeuff et al., 1992). Ce gisement devint protégé avec la création de la Réserve Naturelle de Sainte-Victoire (RNSV) en 1994, ce qui limita substantiellement la recherche scientifique durant presque deux décennies. Il fallut attendre les années 2010 et 2011 pour que la RNSV soit fouillée de nouveau par l’équipe du Muséum d’Histoire Naturelle d’Aix-en-Provence (MHNA) sur une nouvelle zone (Grand-Creux 2). Ces fouilles livrèrent une centaine d’œufs complets et de nouveaux restes de dinosaures, dont ceux de l’ornithopode Rhabdodon et d’un titanosaure indéterminé. Enfin, dans le cadre du nouveau plan de gestion de la RNSV, une campagne de fouille fut menée durant un mois en 2015 sur le site même site de Grand-Creux 2. Elle fut conduite par l’équipe de la RNSV en collaboration avec celle du MHNA et mit au jour une nouvelle centaine d’œufs et horizon exceptionnellement riche en ossements.

Cette étude présente les résultats cette fouille menée en juin 2015 mettant au jour plusieurs

individus de Rhabdodon (dont un individu partiellement conservés et en connexion anatomique), des dents de théropodes (cf. Arcovenator et cf. Variraptor) et quelques os énigmatiques ( ? Aves). Les découvertes de Rhabdodon sont remarquables car elles incluent : 1) des éléments de squelettes inédits (série de vertèbres cervicales, éléments d’une main et une jambe complète), 2) des ischions de trois individus suggérant un dimorphisme marqué et 3) des os de tailles relativement réduites (individus de 2 à 4 mètres de longueur). Cette découverte et celles effectuées en Provence dans les terrains d’âge campanien, apportent des éléments importants pour mieux cerner la variabilité (intragénérique, ontogénétique et sexuelle) de ce taxon dans un environnement insulaire.

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La mise en place de la «Révolution Ordovicienne du Plancton» au Cambrien terminal

Thomas Servais, Taniel Danelian, Hendrik Nowak, Vincent Perrier

UMR 8198 Evo-Eco-Paléo CNRS – Université de Lille ([email protected], Taniel.Danelian@univ lille1.fr, [email protected]) UMR 5276 LGLTPE CNRS – Université de Lyon1 ([email protected])

La «Grande Biodiversification Ordovicienne» correspond à la diversification marine la

plus importante de l’histoire de la Terre. Il est maintenant clair que cette radiation adaptative a déjà commencé au Cambrien pour certains organismes marins tandis que pour d'autres elle a perduré au-delà de la fin de l'Ordovicien. La «Grande Biodiversification Ordovicienne» fait ainsi partie d’une radiation plus longue, qui démarre à la fin du Protérozoïque, qui couvre tout le Paléozoïque inférieur incluant l’«Explosion Cambrienne».

Il avait été signalé qu’une diversification importante de divers groupes du plancton est observée dans l'intervalle de temps couvrant la limite Cambro-Ordovicien et conduisant par la suite à la «Révolution Ordovicienne du Plancton». Les causes possibles de cette «révolution du plancton» sont actuellement discutées et comprennent des changements du paléoclimat et de la paléogéographie, couplé à une activité tectonique et volcanique accrue, conduisant à une modification de l’apport en nutriments. Dans ce contexte, l'excursion isotopique du δ13Ccarb du Steptoen (SPICE) à la fin du Cambrien (étage Paibien, série Furongien) a été associée à une augmentation importante de l’oxygène atmosphérique (passant de 10-18% à environ 20-29%) et à une augmentation de la disponibilité des nutriments océaniques.

Dans la présente étude, nous analysons la diversification des groups planctoniques à la fin du Cambrien et à l'Ordovicien inférieur, en particulier par rapport à l'événement du SPICE. Nos analyses comprennent l'évolution des diversités du phytoplancton (représenté par les acritarches), divers groupes de zooplancton (par exemple : radiolaires, graptolites, chitinozoaires) et le passage à un mode de vie planctonique de groupes fossiles qui faisaient partie du benthos cambrien (par exemple, les arthropodes, les mollusques) et qui ont occupé plus tard des niches pélagiques. En outre, nous analysons les données indiquant la mise en place de la planctotrophie chez les larves d’invertébrés à la fin du Cambrien.

Notre étude a permis de mettre en évidence qu’aucune des diversifications observées chez les différents organismes planctoniques ne semble être liée directement à l'événement SPICE. Cependant, une impulsion d'oxygénation à long terme (10-20 millions d'années) liée à l'événement SPICE aurait alimenté l'explosion de la diversité du phytoplancton observée au Cambrien terminal conduisant à modifier complètement les structures trophiques et permettant une augmentation de la diversité marine au cours de l'Ordovicien.

Nowak H., Servais T., Monnet C., Molyneux S.G.& Vandenbroucke T. 2015. Phytoplankton dynamics from the Cambrian Explosion to the onset of the Great Ordovician Biodiversification Event. Earth-Science Reviews 151, 117-131.

Servais, T., Perrier, V., Danelian, T., Klug, C., Martin, R., Munnecke, A., Nowak, H., Nützel, A., Vandenbroucke, T.R.A., Williams, M. & Rasmussen, C.M.O. 2016. The onset of the ‘Ordovician Plankton Revolution’ in the late Cambrian. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology (sous presse).

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Le “Great Eodevonian Biodiversification Event” (GEBE) : le cas des hétérostracés

(vertébrés).

Alain Blieck Université de Lille – Sciences et technologies, Campus de Villeneuve d’Ascq (Annappes), bâtiment SN5,

UMR 8198 Evo-Eco-Paléo du CNRS, F-59655 Villeneuve d’Ascq cedex (France); [email protected] Les Pteraspidomorphi sont des vertébrés agnathes ordoviciens à dévoniens. Leur tête était

couverte d’une armure d’os dermique composée de plusieurs plaques tandis que le tronc et la nageoire caudale étaient couverts d’écailles, le tout étant caractérisé par la présence d’os acellulaire, l’aspidine. Ils n’avaient ni nageoires paires ni nageoires impaires à l’exception de la caudale. Quatre clades ont été définis : Arandaspida, Astraspida, Eriptychiida et Heterostraci. Ici sont concernés les hétérostracés, connus du Silurien inférieur au Frasnien (Dévonien supérieur), majoritairement dans des terrains issus des paléocontinents Laurentia, Avalonia et Baltica au Silurien, Continent des Vieux Grès Rouges (CVGR) et Siberia au Dévonien. Les hétérostracés ont une seule paire d’orifices branchiaux externes et un os dermique en nid d’abeille. Plus de 300 espèces ont été décrites. Elles ont occupé tous les environnements des plates-formes marines du Silurien et divers environnements autour du CVGR au Dévonien, depuis les environnements marins peu profonds jusqu’aux environnements qualifiés d’intermédiaires (côtiers, estuariens, “saumâtres”). C’est sur la base de la composition de leur carapace osseuse qu’ont été définis deux taxa principaux, les Cyathaspidiformes (incl. les amphiaspides) et les Pteraspidiformes (incl. les psammostéides) et une série de groupes problématiques : traquairaspides, cardipeltides, corvaspides, cténaspides, Nahanniaspis et diverses formes tessérées (tesséraspides, Lepidaspis…). Les données publiées depuis quelques années sur ce groupe concernent des espèces datées du Silurien supérieur au Dévonien moyen. Elles sont en accord avec diverses courbes de diversité qui ont été publiées à propos des vertébrés inférieurs en général et des hétérostracés en particulier : les Cyathaspidiformes, les amphiaspides et les Pteraspidiformes (excl. psammostéides) montrent un pic de diversité au Lochkovien ainsi qu’un second pic au Praguien pour les ptéraspides ; les hétérostracés montrent un pic au Lochkovien supérieur dans l’Arctique (archipel de Severnaya Zemlya et Spitsberg) et au Lochkovien ‘moyen’ dans le nord de la France. Ceci correspond bien au pic de biodiversité du Lochkovien démontré pour les hétérostracés et pour tous les agnathes (ostracodermes) au niveau global. Ce pic est une des composantes du pic de biodiversité du Dévonien inférieur, reconnu au niveau générique pour les organismes marins (métazoaires sans les tétrapodes), résultant à la fois d’un fort taux de diversification et d’un faible taux d’extinction. Ce pic éodévonien marque le début de la “Devonian Nekton Revolution” des organismes démersaux (les hétérostracés tels que les amphiaspides et Drepanaspis) et des organismes nectoniques (les hétérostracés tels que les poraspides, Torpedaspis…). J’ai baptisé ce pic “The Great Eodevonian Biodiversification Event” (GEBE). Une tentative a été menée pour mettre en relation les facteurs abiotiques (température des eaux marines, de l’atmosphère, taux d’oxygénation des eaux, températures continentales) et certains facteurs biotiques (compétition avec les gnathostomes, relations proies/prédateurs, déploiement dans la colonne d’eau, occupation de nouvelles niches faisant suite à une période d’extinction, prise en compte de certains biais comme celui de l’enregistrement fossile et sédimentaire, augmentation de la diversité du plancton marin, de la productivité primaire des océans, etc.) possiblement responsables de ce GEBE. Je n’ai pour l’instant pas de scénario plausible à proposer, ce sujet ne faisant apparemment pas l’objet de recherches concertées.

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Etude gigantesque et conclusions surprenantes (pour certains) sur la phylogénie des stégocéphales et l'origine des lissamphibiens

David Marjanovic1 et Michel Laurin2

1, Science Programme “Evolution and Geoprocesses”, Museum für Naturkunde, Leibniz Institute for

Evolutionary and Biodiversity Research, Humboldt-Universität zu Berlin, Berlin, Allemagne. E-mail: [email protected]

2, UMR 7207, CNRS/MNHN/UPMC, Centre de Recherches sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironments. Muséum national d’Histoire naturelle, Département Histoire de la Terre, Bâtiment de Géologie. Case Postale 48. 57 rue Cuvier, 75005 Paris, France. E-mail: [email protected] L’origine des lissamphibiens (amphibiens actuels, incluant anoures, urodèles et gymnophiones) est

un sujet discuté depuis le 19ème siècle. Pendant une bonne partie du 19ème siècle et la plus grande partie du 20ème siècle, deux théories ont prévalu: soit une origine au sein des temnospondyles (HT, pour “hypothèse temnospondyle), soit une origine polyphylétique (HP) à la fois parmi les temnospondyles (pour les anoures, et dans certaines variantes, les urodèles) et parmi les lépospondyles (pour les gymnophiones, et dans la plupart des variantes anciennes, les urodèles). Vers la fin du 20ème siècle, une troisième hypothèse fut proposée: une origine à partir des seuls lépospondyles (HL). Depuis l’avènement de la cladistique, plusieurs matrices furent publiées, soutenant, au moins dans leurs versions initiales, ces trois hypothèese.

La matrice la plus fréquemment citée (selon les citations Google Scholar) est celle de Ruta et

Coates (publiée en 2003, puis mise à jour en 2007), censée soutenir l’hypothèse temnospondyle. Depuis une dizaine d’années, nous retravaillons cette matrice, en vérifiant les scores des cellules, en fusionnant les caractères redondants (fortement inter-dépendant), et en ajoutant des taxons pertinents. Nous avons récemment réanalysé plusieurs versions de cette matrice, dont la version originale, qui ne soutenait HT que marginalement (un seul pas suffit à retrouver HL), contrairement à ce qui est indiqué dans les études originales. Les versions recodées (avec ou sans les taxons supplémentaires) soutiennent toutes HL, bien que des tests statistiques (Kishino-Hasegawa, Templeton et winning sites) ne trouvent pas de différences significatives entre ces deux hypothèses; seule HP peut être réfutée, dans certaines comparaisons. Notre étude fournit également un éclairage nouveau sur la position systématique de divers taxons qui ont longtempsété considérés comme étroitement apparentés aux amniotes (seymouriamorphes, chroniosuchiens et embolomères), mais qui semblent plutôt être des tétrapodes-souches.

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Paléobiologie des Polychelida (crustacés).

Denis Audo1, 2*, Clément Jauvion3, 4, Joachim T. Haug5, Carolin Haug5, Carsten H.G. Müller6, Steffen Harzsch6, Günther Schweigert7, Alessandro Garassino8, Jean Vannier3,

Sylvain Charbonnier2.

1, EA 7316, Université de Rennes 1, Rennes, France. 2, UMR 7207, CR2P, MNHN-UPMC-CNRS, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, France. 3, UMR 5276 CNRS, LGL-TPE, Université Claude Bernard Lyon 1, Villeurbanne, France. 4, École normale supérieure de Lyon, Lyon, France. 5, Department Biologie II und GeoBio-Center, Ludwig-Maximilians-Universität, Munich, Allemagne. 6, Zoologisches Institut und Museum, Ernst-Moritz-Arndt-Universität, Greifswald, Allemagne. 7, Staatliches Museum für Naturkunde Stuttgart, Stuttgart, Allemagne. 8, Sezione di Paleontologia degli Invertebrati, Museo di Storia Naturale di Milano, Milan, Italie.

*auteur correspondant : [email protected] Les Polychelida (Décapodes) sont de curieux crustacés fossiles qui ont été découverts dans

le registre fossilifère, dans des gisements à conservation exceptionnelle (Konservat-Lagerstätten), bien avant d’être découverts en milieu marin profond. Les espèces fossiles de Polychelida (principalement jurassiques) diffèrent nettement des espèces actuelles : leurs yeux sont bien développés, leur morphologie plus variable et elles sont retrouvées régulièrement associées à des espèces témoignant de paléoenvironnements peu profonds. Leurs modes de vie semblent donc assez différents de celui des espèces actuelles. Pour comprendre la paléoécologie des espèces fossiles et sa diversité, plusieurs études ont été réalisées : sur les yeux de plusieurs espèces et la morphologie de quatre espèces : Knebelia, Rosenfeldia, Tethyseryon et Voulteryon. Nous avons également étudié l’anatomie de Voulteryon par tomographie à rayons-X. Ces études montrent que les Polychelida fossiles présentent une diversité de paléoécologie bien plus importante que les espèces actuelles.

Ainsi, la morphologie des yeux des Polychelida fossiles montre qu’ils étaient fonctionnels

et suggère qu’ils étaient adaptés à des intensités lumineuses variées. Ainsi, les yeux de Rosenfeldia sont typiques d’espèces vivant à faible profondeur. Avec leurs exosquelettes fins, cette espèce et Knebelia nageaient probablement bien. Tethyseryon présente une série ontogénétique presque complète, montrant que les juvéniles et adultes vivaient dans le même milieu. Voulteryon, provenant du Lagerstätte bathyal de La Voulte semble s’être reproduit dans un paléoenvironnement profond. En conclusion, la grande diversité fossile des Polychelida fossiles correspond donc à une grande diversité paléoécologique probablement perdue suite à une phase d’extinction fin-Jurassique.

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Environnements sédimentaires et vertébrés du Trias supérieur (Rhétien) de la carrière de Peygros (Var)

Romain Amiot1, Nicolas Séon1, Nathalie Bardet2, Eric Buffetaut3, Gilles Cuny1,

Uthumporn Deesri4, Stephen Giner5, Jeremy Martin1 et Guillaume Suan1 1 Univ Lyon, Université Lyon 1, ENS-Lyon, CNRS, UMR 5276 LGL-TPE, F-69622, Villeurbanne, France. 2 CR2P CNRS-MNHN-UMPC, Muséum National d’Histoire Naturelle, CP38, 57 rue Cuvier, 75005 Paris, France. 3 CNRS (UMR 8538), Laboratoire de Géologie de l’École Normale Supérieure, PSL Research University, Paris, France 4 Biology Department, Faculty of Science, Mahasarakham University, Khamrieng, Kantharawichai District, Maha Sarakham, 44150, Thailand. 5 Muséum d'histoire naturelle de Toulon et du Var, 737 chemin du Jonquet, Jardin du Las, 83200 Toulon.

La carrière de Peygros dans le Var offre une très belle succession sédimentaire d’âge

Rhétien que notre équipe a commencé à étudier en détail l’année dernière, avec l'aimable autorisation de Mme Isabelle Raignault (Société Rio Tinto). La succession est constituée d’intercalations de marnes sombres et de bancs calcaires biodétritiques (débris de bivalves, entroques de crinoïdes) massifs, assez grossiers (calcilutites à calcarénites) et bioturbés, montrant à plusieurs niveaux des restes de coraux et des accumulations de coquilles de brachiopodes. La présence d’invertébrés sténohalins (échinodermes, brachiopodes, coraux), de terriers appartenant à l’ichnogenre Thalassinoides et de structures mamelonnées à granoclassement normal suggère un milieu de dépôt marin côtier (= rampe carbonatée) à salinité « normale » et soumis à l’influence des vagues de tempête. L’assemblage faunique de vertébrés récoltés jusqu’à présent, avec l'aide de bénévoles, est caractéristique du Rhétien et inclut plusieurs requins (Lissodus minimus, Synechodus rhaeticus, Pseudocetorhinus rhaeticus, Duffinselache holwellensis, Pseudodalatias sp.), une épine dorsale de chimère qui pourrait appartenir à Agkistracanthus, des actinoptérygiens (Severnichthys acuminatus, Sargodon tomicus, Gyrolepis sp., Semionotiformes indet.), un crâne incomplet de coelacanthe ainsi que plusieurs reptiles marins : des dents et un ostéoderme du placodonte Psephoderma alpinum, des restes de plésiosaures ainsi que des vertèbres d’ichthyosaure Shastasauridae.

Cette faune présente quelques caractéristiques remarquables par rapport aux faunes

rhétiennes trouvées dans la partie Nord de la France, notamment l’absence apparente de Rhomphaiodon minor, un requin synéchodonte normalement très abondant dans les faunes européennes de cet âge, ainsi que la présence d'une chimère. La seule autre chimère rhétienne trouvée en France provient du site de Courmettes dans les Alpes maritimes, mais n’a pour l’instant jamais été publiée. Il est probable que ces différences soient liées à un environnement marin plus marqué, le Sud de la France appartenant à l’époque au domaine téthysien. Une telle hypothèse semble confirmée par la présence de reptiles marins relativement diversifiés et abondants ainsi que par la composition des assemblages d’invertébrés. Cependant, la présence d’un coelacanthe représente une anomalie, les coelacanthes du Trias supérieur semblant plutôt inféodés à des milieux à salinité réduite.

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Les serpents de l’Eocène inférieur de Tadkeshwar (Gujarat, Inde): un nouveau géant parmi les classiques

Annelise Folie1, Kishor Kumar2, Rajendra S. Rana3, Floréal Solé4, Ashok Sahni5, Kenneth

D. Rose6, Thierry Smith4

1 Service scientifique du Patrimoine, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, 29 rue Vautier, B- 1000 Bruxelles, Belgique; e-mail : [email protected] 2 Wadia Institute of Himalayan Geology, 33 General Mahadeo Singh Road, Dehradun 248001 Uttarakhand, India; e-mail : [email protected] 3 Department of Geology, H.N.B. Garhwal University, Srinagar 246175, Uttarakhand, India; e-mail : [email protected] 4 Direction Terre et Histoire de la Vie, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, 29 rue Vautier, B- 1000 Bruxelles, Belgique; e-mail : [email protected]; [email protected] 5 Centre of Advanced Study in Geology, Panjab University, Chandigarh 160014, Punjab, India; e-mail : [email protected] 6 Center for Functional Anatomy and Evolution, Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, Maryland 21205, USA; e-mail : [email protected]

La Formation de Cambay dans la mine de lignite de Vastan, au Gujarat (ouest de l’Inde) a

livré une faune très diversifiée de serpents de l’Eocène inférieur. Parmi ceux-ci se trouvent les plus anciens cénophidiens colubroïdes. Récemment, un nouvel assemblage de serpents a été découvert dans la mine de Tadkeshwar, située à 10 km au Sud-Ouest de Vastan. Comme à Vastan, les spécimens de Tadkeshwar sont uniquement représentés par des vertèbres isolées. Plusieurs espèces sont communes avec Vastan comme le petit Madtsoiidae gen. et sp. indet. qui présente une carène hémale, le serpent aquatique palaeophiidé Palaeophis sp., le Boidae indet., ainsi que Thaumastophis missiaeni (Caenophidia incertae sedis). Cependant, les serpents les plus abondants à Tadkeshwar sont les madtsoiidés.

Parmi eux, un nouveau taxon géant dont la plus grande vertèbre mesure 43 mm de large

présente une morphologie similaire aux genres Madtsoia et Gigantophis. Il diffère toutefois de ces derniers par la présence d’une vertèbre comprimée dorso-ventralement présentant des cotyles et condyles de forme très ovale ainsi que par la présence d’une forte échancrure sur le bord postérieur de l’arc neural. L’axe principal des prézygapophyses est transverse en vue dorsale et en vue antérieure les parapophyses sont très développées et s’étendent latéralement au-delà des extrémités distales des prézygapophyses. La carène hémale est absente. Alors que la composition de la faune de Tadkeshwar, comme celle de Vastan, n’est pas sans rappeler celle de l’Eocène inférieur d’Europe, la présence de ce madtsoiidé géant suggère une origine paléogéographique gondwanienne. En effet, de tels madtsoiidés ne sont connus que du Crétacé Supérieur et du Paléogène inférieur d’Amérique du Sud, d’Afrique et du sous-continent Indien ainsi que du Paléogène supérieur et du Néogène d’Australie.

L’assemblage de serpents de Tadkeshwar indique donc que les taxons laurasiens d’affinités

européennes étaient encore mélangés avec des taxons reliques du Gondwana à l’Eocène inférieur, peu avant la collision Inde-Asie. Le travail de terrain est soutenu par la National Geographic Society, la Fondation Leakey et le Wadia Institute of Himalayan Geology. Ce résumé est une contribution au projet BR/121/A3/PalEurAfrica financé par la Politique Scientifique Belge.

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Toujours dans l’Ouest de l’Inde: une nouvelle faune de mammifères de l’Eocène inférieur dans la mine de lignite de Tadkeshwar

Thierry Smith1, Kishor Kumar2, Rajendra S. Rana3, Floréal Solé1, Annelise Folie4, Ashok

Sahni5, Kenneth D. Rose6

1 Direction Terre et Histoire de la Vie, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, 29 rue Vautier, B-1000 Bruxelles, Belgique; e-mail : [email protected]; [email protected] 2 Wadia Institute of Himalayan Geology, 33 General Mahadeo Singh Road, Dehradun 248001 Uttarakhand, India; e-mail : [email protected] 3 Department of Geology, H.N.B. Garhwal University, Srinagar 246175, Uttarakhand, India; e-mail : [email protected] 4 Service scientifique du Patrimoine, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, 29 rue Vautier, B-1000 Bruxelles, Belgique; e-mail : [email protected] 5 Centre of Advanced Study in Geology, Panjab University, Chandigarh 160014, Punjab, India, e-mail : [email protected] 6 Center for Functional Anatomy and Evolution, Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, Maryland 21205, USA; e-mail : [email protected] Les mines de lignite de Vastan et Mangrol au Gujarat (ouest de l’Inde) ont livré une riche faune de vertébrés de l’Yprésien dont une proportion importante de mammifères de petite à moyenne taille d’affinité européenne. Nous présentons ici un nouvel assemblage contemporain issu de la mine voisine de Tadkeshwar. Deux couches fossilifères y ont été découvertes. La première est représentée par un chenal de sables argileux gris situé quelques mètres au-dessus du niveau de lignite inférieur de la mine. La seconde est représentée par un niveau lenticulaire de silts argileux foncés, ligniteux et riche en restes organiques, situé juste sous le niveau de lignite supérieur. Cette dernière couche est sédimentologiquement semblable aux célèbres lentilles fossilifères de Vastan. Ces deux niveaux à fossiles ont livrées une faune de mammifères similaire à celle de Vastan avec la présence du cambaytheriidé Cambaytherium thewissi, groupe frère des périssodactyles, des primates adapoïdes Marcgodinotius indicus et Asiadapis cambayensis, et du hyaenodontidé Indohyaenodon raoi. La présence de ces espèces dans les deux mines et dans différentes couches stratigraphiques suggère que les dépôts entre les deux niveaux à lignites représentent un seul et même âge à mammifères. Hormis les espèces classiques mentionnées ci-dessus, deux nouvelles espèces sont présentes. Un nouveau petit cambaytheriidé abondant est décrit sur base de mâchoires supérieures et inférieures, de nombreuses dents isolées et d’os postcrâniens. Un nouveau tillodonte esthonychidé est nommé sur base d’un dentaire avec m3 et d’incisives et molaires inférieures et supérieures isolées. Cette nouvelle faune de Tadkeshwar recèle également les premiers grands vertébrés de l’Eocène inférieur de l’Inde tels qu’un mammifère pantodonte appartenant probablement aux coryphodontidés, un crocodiliforme dyrosauridé et un serpent madtsoiidé géant. Parmi les vertébrés de Tadkeshwar plusieurs taxons sont d’affinité gondwanienne indiquant que l’Eocène inférieur était une période cruciale en Inde durant laquelle des taxons laurasiens d’affinité européenne coexistèrent avec des taxons reliques du Gondwana avant la collision avec l’Asie. Le travail de terrain est financé par la National Geographic Society, la Fondation Leakey et le Wadia Institute of Himalayan Geology. Ce résumé est une contribution au projet BR/121/A3/PalEurafrica financé par la Politique Scientifique Belge.

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Les mammifères mésonychidés européens : phylogénie, écologie, biogéographie et biochronologie

Floréal Solé1, Marc Godinot2, Yves Laurent3,4, Alain Galoyer5,Thierry Smith1

1 Direction Terre et Histoire de la Vie, Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Rue Vautier 29, B-

1000 Brussels, Belgique ; e-mail : [email protected]; [email protected] 2 Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) - Sorbonne Universités - CR2P (CNRS, MNHN, UPMC-Paris 6),

Muséum National d’Histoire Naturelle, département Histoire de la Terre, 57 rue Cuvier, CP38, F- 75005, Paris, France; e-mail : [email protected]

3 Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse, 35 allées Jules Guesde, F-31000 Toulouse, France 4 Association Paléontologique du Sud-Ouest (APSO), 13 chemin des Telles, F-31360 Roquefort-sur-

Garonne, France; e-mail : [email protected] 5 91 rue de Paris, 92190, Meudon, France En 2014 et 2015, nous avons passé en revue l’ensemble des fossiles de mésonychidés

découverts en Europe. Les mésonychidés y sont uniquement représentés par les genres Dissacus et Pachyaena. Ils nous sont connus par des fossiles provenant de localités thanétiennes et yprésiennes (de MP6 à MP10). Notre étude nous permet notamment de décrire deux nouvelles espèces de Dissacus, ce à partir de fossiles trouvés à Palette (Yprésien, ≈MP7 ; France) et à La Borie (Yprésien, ≈MP8 + 9 ; France).

L'évolution des mésonychidés européens peut être séparée en trois phases : (1) Dissacus apparaît en Europe au cours du Thanétien (≈ 57-58 millions d'années), probablement suite à une dispersion depuis l'Amérique du Nord; l’espèce D. europaeus a survécu au réchauffement climatique marquant le début de l’Eocène, le Paleocene-Eocene Thermal Maximum (≈ 56 Ma), mais semble avoir connu à cette époque une période de nanisme ; (2) Pachyaena, un mésonychidé de grande taille, a migré vers l'Europe peu de temps après la limite Paléocène-Eocène (≈ 55,5 Ma) depuis l’Amérique du Nord. Cependant, il est resté cantonné au nord-ouest de l’Europe (nord de la France, Belgique, Angleterre), tandis qu’à cette période-là, le genre Dissacus n’est représenté que dans le sud-ouest de l’Europe (sud de la France, Espagne) ; (3) Pachyaena a rapidement disparu des environnements européens ; Dissacus l’a alors remplacé dans le nord-ouest de l’Europe (≈ 54-52 Ma).

Les données fournies par les mésonychidés soutiennent donc clairement l'existence d'un

changement faunique dans le nord-ouest de l’Europe au cours de l’Yprésien (≈ 54-52 Ma), lié à un remplacement par des espèces provenant de la zone sud-ouest. En outre, la persistance de Dissacus montre que la taille n'a pas été un facteur sélectif lors du changement faunique.

Dissacus a évolué de manière endémique en Europe et a atteint de très grandes tailles (près de 60 kg), en particulier dans le sud de la France et dans le nord de l'Espagne. Ce genre est connu, en Europe, jusqu'à la toute fin de l'Éocène inférieur (≈ 49-50 Ma) ; il est intéressant de remarquer qu'il a disparu plus tôt dans les milieux nord-américains (vers 52,5-53,0 Ma). La persistance de Dissacus en Europe est peut-être due au faible nombre de concurrents écologiques présents les écosystèmes européens par rapport à l’Amérique du Nord.

Finalement, nous avons effectué des analyses phylogénétiques afin d'identifier les relations

de parenté des espèces européennes au sein des mésonychidés. Il semble que les mésonychidés aient connu deux événements radiatifs : le premier – diversification de Dissacus – pendant le Paléocène, le second au cours de l'Éocène inférieur – apparition des mésonychidés plus spécialisés tels que Pachyaena et Mesonyx.

Ce résumé est une contribution au projet BR/121/A3/PalEurafrica financé par la Politique Scientifique Belge.

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Un nouveau site à vertébrés paléogènes dans les Sables bleutés du Var : implications pour l'âge de cette formation

Eric Buffetaut1,7, Stephen Giner2, André Amoros3, Delphine Angst4, Julien Claude5, Jeremy

Martin6, Rodolphe Tabuce5 & Haiyan Tong7 1 CNRS (UMR 8538), Laboratoire de Géologie de l'Ecole Normale Supérieure, PSL Research University, 75231 Paris Cedex 05, France. [email protected]

2 Muséum d'histoire naturelle de Toulon et du Var, 737 chemin du Jonquet, 83200 Toulon, France. [email protected] 3 Pourcieux 83470, France

4 Palaeobiology Research Group, Biological Sciences Department, University of Cape Town, Cape Town 7701, Afrique du Sud. [email protected]

5 Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier, UMR 5554 UM/CNRS/IRD/EPHE, 34095 Montpellier, France. [email protected] ; [email protected] 6 Université Lyon 1, ENS-Lyon, CNRS, UMR 5276 LGL-TPE, F-69622, Villeurbanne, France. [email protected]

7 Palaeontological Research and Education Centre, Mahasarakham University, Mahasarakham 44150, Thaïlande. [email protected] L'âge des Sables bleutés du Var, une formation détritique que l'on rencontre dans divers fossés d'effondrement du Nord de ce département, a fait l'objet d'une vive controverse dans les années 1970. Alors que certains auteurs (F. Touraine, R. Rey) les attribuaient à l'Oligocène inférieur d'après des mollusques continentaux, d'autres (notamment L. Ginsburg, D. Russell, M. Godinot) y voyaient de l'Eocène inférieur, sur la base de la faune de vertébrés de Rians (La Neuve), qui est indiscutablement de cet âge. Des scénarios de remaniement des restes de vertébrés furent évoqués par les tenants d'un âge oligocène. Le débat a été relancé récemment, J.C. Plaziat ayant repris divers arguments en faveur de l'Oligocène, alors que J. Philip soutient un âge éocène. Nous présentons ici un nouveau site à vertébrés découvert par l'un de nous (A.A.) dans les Sables bleutés près du village d'Esparron (Var). Les restes, fragmentaires, ont été pour la plupart récoltés en surface sur une pente argileuse, mais la gangue qui entoure encore certains d'entre eux indique clairement qu'ils proviennent d'un niveau de Sables bleutés qui affleure en haut du site. Un second affleurement fossilifère a été découvert à proximité. La liste faunique est la suivante: - Testudines: nombreux fragments de plaques osseuses indiquant deux taxons. Des plaques ornementées de crêtes vermiculées sont attribuées à des Trionychidae indet. Un épiplastron portant deux sillons dans une position rappelant Neochelys est attribué à un représentant des Erymnochelyinae (Pleurodires, Podocnemididae). Cette sous-famille est abondamment représentée dans l'Eocène d'Europe, sa présence à l'Oligocène est incertaine. - Crocodylia: dents isolées, un fragment de vertèbre et débris de plaques dermiques. La vertèbre, de type platycoele, ainsi qu'un fragment de plaque dermique, évoqueraient certains crocodiliens archaïques connus dans l'Eocène européen mais absents à l'Oligocène. - Aves (?): fragments d'os creux de petite taille. - Mammalia: fragment de dent. La taille du spécimen, l'épaisseur et la structure de l'émail indiquent un placentaire de grande taille. Le type d'émail permet d'exclure Rhinocerotidae, Hyracodontidae, Amynodontidae, et Elephantiformes, sans qu'il soit possible d'aller plus loin dans l'identification. Même si beaucoup sont trop fragmentaires pour être identifiés avec une précision suffisante, certains des restes de vertébrés découverts à Esparron suggèrent donc un âge éocène plutôt qu'oligocène. Cette conclusion est en accord avec ce qu'indiquent toutes les

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découvertes de tétrapodes fossiles réalisées jusqu'ici dans les Sables bleutés et formations associées dans plusieurs fossés du Haut-Var (Bauduen, Rians, Salernes). L'hypothèse du remaniement local de restes de vertébrés éocènes dans des sédiments oligocènes, déjà peu plausible au vu de l'état de conservation de certains spécimens (Rians), le devient encore moins à mesure que de nouveaux assemblages de vertébrés indiquant un âge éocène sont découverts dans les Sables bleutés.

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Mars-Avril 1904, l’expédition oubliée du MNHN au Fayoum (Egypte) et révision de Titanohyrax andrewsi (Mammalia, Hyracoidea)

Rodolphe TABUCE, Institut des Sciences de l'Évolution (UM, CNRS, IRD, EPHE),

Université Montpellier - [email protected]

Récemment découverte dans les collections du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, une mandibule de Titanohyrax andrewsi de l’Oligocène du Fayoum (Egypte) suscite un double intérêt.

Premièrement, ce spécimen est une fenêtre ouverte sur les premiers travaux paléontologiques menés au Fayoum au tout début du XXème siècle. Rappelons qu’à cette époque la faune mammalienne du Fayoum, qui documente pour la première fois le Tertiaire africain, fascine bon nombre de paléontologues. En effet, les plus anciens primates anthropoïdes, proboscidiens, siréniens, hyracoïdes, des créodontes et cétacés, ou encore l’extraordinaire Arsinoitherium sont alors découverts au Fayoum. A l’échelle du continent Arabo-Africain, le Fayoum reste aujourd’hui encore la référence pour l’Eocène supérieur et Oligocène. C’est dans ce contexte bien particulier que certains grands musées occidentaux organisent, entre 1901 et 1907, des expéditions paléontologiques au Fayoum. Celle de l’American Museum of Natural History de New York fut d’ailleurs grandement médiatisée par Henry F. Osborn et officiellement soutenue par le président Theodore Roosevelt.

A ce jour, rien n’indiquait que le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris n’avait participé à cette « course au Fayoum ». C’est pourtant ce que révèlent des archives du Muséum : durant l’hiver 1903, alors que le Geological Survey du Caire et le British Museum de Londres semblent avoir le monopole des fouilles au Fayoum, Albert Gaudry et Marcellin Boule organisent une expédition financée par Edmond de Rothschild. Cette mission, menée par le géologue français René Fourtau de l’Institut Egyptien du Caire, durera une quinzaine de jours et permettra la découverte de 80 spécimens de vertébrés. Parmi ceux-ci figure une mandibule de Titanohyrax andrewsi parfaitement préservée. Ce spécimen, arrivé à Paris en mai 1904, est resté inédit jusqu’à ce jour. Ceci est d’autant plus remarquable que c’est seulement en 1906 que Charles Andrews du British Museum va décrire les premiers spécimens de Titanohyrax andrewsi (alors attribués à Megalohyrax minor).

Deuxièmement, d’un point de vue plus purement paléontologique, cette mandibule a un fort intérêt systématique car le genre Titanohyrax, bien que très emblématique de la mégafaune du Fayoum, reste très mal connu. Seuls 5 spécimens fragmentaires sont recensés pour Titanohyrax andrewsi. La nouvelle mandibule documente un jeune individu adulte. Ses prémolaires et molaires, parfaitement préservées, offrent de nombreux caractères inédits et permettent une révision de T. andrewsi. Un très fort dimorphisme sexuel, affectant la masse corporelle, est proposé. Toutefois, l’existence de deux espèces n’est pas à exclure car l’âge et la provenance exacte des spécimens documentant T. andrewsi restent inconnus. Enfin, le registre fossile et la phylogénie du genre Titanohyrax sont discutés.

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Evolution endémique et renouvellement faunique des mammifères au Paléocène en Europe

Eric De Bast1, Thierry Smith1

1 Direction Terre et Histoire de la Vie, Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Rue Vautier 29, B- 1000 Brussels, Belgique ; e-mail : [email protected]; [email protected] Encore récemment, les mammifères qui parcouraient l’Europe durant le Paléocène

restaient connus essentiellement par les faunes de Cernay-Berru (France) et Walbeck (Allemagne), considérées à peu près équivalentes en âge sur base de leur composition similaire. La faune de Hainin (Belgique), nettement plus ancienne, n’a été que peu étudiée dans les années qui suivirent sa découverte (fin 1970-début 1980), avant de pratiquement sombrer dans l’oubli pendant une longue et difficile préparation technique. Durant les dix dernières années, plusieurs évènements ont changé notre perception de cette faune mammalienne au Paléocène. Tout d’abord, la faune de Hainin (Danien) a enfin fait l’objet d’une étude complète et approfondie. D’autre part, la nouvelle faune de Rivecourt (France, Thanétien terminal) a été découverte et étudiée. Finalement, quelques spécimens de mammifères provenant des niveaux marins de Maret (Belgique, Sélandien moyen) permettent la révision de la datation de la faune de Walbeck, et des spécimens de Templeuve (France, Thanétien inférieur) comblent partiellement la période entre Walbeck et Cernay. Pour la première fois, il devient donc possible d’étudier la succession des faunes au cours du Paléocène en Europe.

La faune de Hainin comporte 19 morphotypes, décrits en 14 espèces et 5 taxons en nomenclature ouverte. Cette faune est caractérisée par l’abondance de taxons de très petite taille, et la très faible abondance de condylarthres et de plésiadapiformes. La microfaune de Maret présente des taxons nettement plus proches de ceux de Walbeck que de ceux de Cernay, suggérant un âge Sélandien pour Walbeck, jusqu’il y a peu considéré Thanétien. La faune de Rivecourt, enfin, contient 12 espèces identifiées, dont 4 nouvelles espèces, 6 espèces déjà connues, et 2 taxons en nomenclature ouverte.

L’évolution de la composition des faunes dans leur ensemble montre une diversification marquée des ‘condylarthres’ et des ‘plésiadapiformes’ au cours du Paléocène. Parallèlement, les taxons appartenant à des groupes très primitifs (‘Cimolesta’) et les ‘insectivores’ au sens large déclinent au cours du Paléocène.

La biochronologie du Paléocène européen est révisée grâce à l’ajout des faunes de Hainin et Rivecourt, et la modification de l’estimation de l’âge de la faune de Walbeck. La faune de Hainin est suggérée représenter le premier ELMA (European Land Mammal Age), correspondant au MP1-3. La faune de Walbeck représente le second ELMA, et correspond au MP3-4. La microfaune de Templeuve correspond au MP5. Le Cernaysien (Thanétien supérieur) était reconnu précédemment, et correspondait au MP6. Cependant, l’introduction d’un nouvel ELMA représenté par Rivecourt, et correspondant au MP6b, résulte en une réattribution de Cernay au MP6a.

Finalement, l’existence d’une importante dispersion autour de la limite Danien-Sélandien est prouvée par l’arrivée, depuis l’Amérique du Nord, de taxons comme Arctocyon et Plesiadapis. Le timing des migrations accompagnant la limite P-E a aussi été revu, et il est montré que les rongeurs et les carnivores arrivent avant la limite P-E en Europe, tout comme en Amérique du Nord.

Ce résumé est une contribution au projet BR/121/A3/PalEurafrica financé par la Politique Scientifique Belge.

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Fusion incomplète du notarium chez le Dodo (Raphus cucullatus)

Eric Buffetaut

- CNRS, UMR 8538, Laboratoire de Géologie de l'Ecole Normale Supérieure, 75231 Paris Cedex 05.

- Palaeontological Research and Education Centre, Mahasarakham University, Mahasarakham 44150, Thaïlande., [email protected]

Comme de très nombreux oiseaux, le Dodo (Raphus cucullatus) possédait un notarium, c'est à dire un groupe de vertèbres thoraciques soudées (Rydzewski, 1935; Storer, 1982). Ce fait fut mis en évidence par Owen dès 1866, à partir de spécimens trouvés dans le célèbre gisement de la Mare aux Songes, dans le Sud-Est de l'île Maurice. D'après lui, le notarium du Dodo se compose de trois vertèbres fusionnées au niveau des arcs neuraux, des centres vertébraux et des hypapophyses. Les vertèbres en question auraient été séparées du synsacrum par une vertèbre libre, ce qui correspond à la situation la plus fréquente chez les pigeons (Storer, 1982). Parmi les restes de Dodo provenant de la Mare aux Songes et appartenant à la collection du naturaliste mauricien Paul Carié, récemment donnée au musée d'Elbeuf-sur-Seine par ses descendants (Buffetaut & Angst, 2015), figure un notarium qui diffère quelque peu de ceux décrits et figurés par Owen en 1866. En effet, contrairement à ces derniers qui montrent une fusion complète des trois vertèbres, sans trace de sutures entre les différents éléments, ce spécimen présente une fusion incomplète de la vertèbre la plus antérieure avec celle qui la suit. Si la fusion est bien avancée au niveau des épines neurales, qui forment une crista dorsalis notarii, et des zygapophyses, il n'en est pas de même des centrums. Le centrum de la vertèbre la plus antérieure est séparé de celui de la deuxième vertèbre par une fissure qui les sépare complètement. Les hypapophyses sont trop incomplètes pour qu'on puisse déterminer si elles se rejoignaient à leurs extrémités. Les différences de coossification observables entre les notarium de la collection Carié et ceux décrits et figurés par Owen ne paraissent pas pouvoir être dues à des différences d'âge individuel, car les trois spécimens montrent des dimensions sensiblement identiques. On peut donc supposer qu'il s'agit de variation individuelle. Une variabilité dans le degré de fusion des vertèbres composant le notarium a été signalée chez certains oiseaux, notamment la poule (Gallus gallus) – dans ce dernier cas cette variabilité a été mise en relation avec la domestication (Rydzewski, 1935), ce qui ne peut évidemment pas s'appliquer au Dodo. L'existence d'un notarium chez les oiseaux, qui provoque une rigidification de la colonne vertébrale, a souvent été mise en relation avec l'adaptation au vol (la présence d'une structure similaire chez les ptérosaures va dans ce sens). Chez les pigeons, il a été suggéré que la fonction du notarium pouvait être en relation avec le choc au moment de l'atterissage (Storer, 1982). Chez un oiseau incapable de voler comme le Dodo, on ne peut évidemment pas supposer une telle fonction. Il est vraisemblable que le notarium de Raphus cucullatus est simplement un héritage d'ancêtres volants. La variabilité observée, qui fait que chez certains individus la fusion des vertèbres était incomplète (et donc la rigidité du notarium moindre) peut avoir été favorisée par une moindre pression de sélection sur cette structure chez un oiseau non-volant. Buffetaut, E. & Angst, D. 2015. Le monde perdu de l'île Maurice. Pour la Science, 453, 70-75.

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Owen, R. 1866. Memoir of the Dodo (Didus ineptus Linn.). Taylor & Francis, London. Rydzewski, W. 1935. Etudes sur le notarium chez les oiseaux. Acta Ornithologica Musei Zoologici Polonici, 1, 403-427. Storer, R.W. 1982. Fused thoracic vertebrae in birds: their occurrence and possible significance. Journal of the Yamashina Institute of Ornithology, 14, 86-95.

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Relation entre conformation de l’endocrâne, comportement et capacité locomotrices chez les oiseaux

Beyrand V. 1,2, Tafforeau P. 2, Janáček J. 3, Jirák D. 4, Bureš S. 1

1Department of Zoology, Laboratory of Ornithology, Palacky University, 17. Listopadu 50, 77146 Olomouc, Czech Republic 2European Synchrotron Radiation Facility, ID19, 71 avenue des martyrs, 3800, Grenoble, France 3Department of Biomathematics, 3Institute of Physiology of the Czech Academy of Sciences, Vídeňská 1083, 14220 Praha 4, Czech Republic 4Institute for Clinical and Experimental Medicine, Vídeňská 1958/9, 14021 Praha 4, Czech Republic

Les oiseaux évoluent depuis environ 120 millions d’années et se sont adaptés à une grande

variété de conditions écologiques. L’un de ces traits adaptatifs les plus intéressants est le vol. Un vol contrôlé requiert de gérer un grand nombre de capacités cognitives, de manière à intégrer de manière optimale la grande quantité d’informations nécessaires pour contrôler capacités motrices complexes. Les différences de contrôle de ces capacités en fonction des besoins des espèces sont reflétées par la taille des composants neuroanatomiques, et qui influent sur la taille et la forme du cerveau.

Par conséquent, étudier l’évolution du cerveau dans la lignée avienne pourrait aider à améliorer notre compréhension des mécanismes qui ont menés à l’apparition du vol et de son évolution chez les oiseaux. Comprendre la relation entre la forme du cerveau et le comportement chez les espèces actuelles peut permettre des corrélations avec ce qui est observable chez les fossiles. Cependant, les cerveaux ne sont pas préservés chez les fossiles. C’est pourquoi il est intéressant d’étudier les endocrânes de ces fossiles, et d’utiliser les résultats pour comprendre les transformations morphologiques subies par le cerveau des oiseaux au cours de leur évolution.

L’échantillon utilisé pour cette analyse contient 183 espèces, sélectionnées pour la grande diversité de comportements qu’ils peuvent présenter. Une analyse de géométrie morphométrique est appliquée aux endocrânes de ces animaux dans le but d’observer une possible relation entre le comportement et la forme de l’endocrâne.

Les résultats tendent à montrer une relation plus forte entre le comportement et la forme de l’endocrâne, plutôt qu’un lien avec la phylogénie. Ce qui ressort principalement est un lien entre la forme du cerveau et les comportements alimentaires/locomoteurs. Bien entendu, il existe pour certains groupes un faible signal phylogénétique, pouvant s’expliquer par le fait que la divergence entre certaines familles est apparue trop récemment pour affecter leur évolution neuromorphologique.

Keywords: Oiseaux, cerveaux, endocrâne, forme, comportement, morphométrie

géométrique Remerciements: Les auteurs souhaitent remercier le financement du GACR No.

P302/12/1207

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Alternances marnes/calcaires (Ordovicien, Norvège): reflet des rythmes du climat ou de la diagenèse?

Chloé E.A. Amberg 1, Tim Collart 2, Wout Salenbien 2,3, Lisa M. Egger 4,5, Axel Munnecke

4, Arne T. Nielsen 6, Claude Monnet 1,*, Øyvind Hammer 7, Thijs R.A. Vandenbroucke 1,2

1 UMR CNRS 8198 Evo-Eco-Paleo, Université de Lille (Sciences et Technologies), Avenue Paul Langevin, 59655 Villeneuve d’Ascq cedex, France. 2 Department of Geology (WE13), Ghent University, Krijgslaan 281-S8, B-9000 Ghent, Belgium. 3 Nicholas School of Environment, Duke University, Environment Hall, 9 Circuit drive, Box 90328, Durham, NC 277708, USA. 4 FG Paläoumwelt, GeoZentrum Nordbayern, Friedrich-Alexander University of Erlangen-Nuremberg, Loewenichstr. 28, D-91054 Erlangen, Germany. 5 Paleoenvironmental Dynamics Group Institute of Earth Sciences, University of Heidelberg, Im Neuenheimer Feld 234, D-69120 Heidelberg, Germany. 6 Natural History Museum of Denmark (Geological Museum), University of Copenhagen, Øster Voldgade 5–7, DK-1350 Copenhagen, Denmark. 7 Natural History Museum, University of Oslo, Sars gate 1, 0318 Oslo, Norway.

La région d’Oslo-Asker (Norvège) se caractérise à l’Ordovicien par des alternances à

grande échelle de marnes et calcaires. Ces rythmes dans la sédimentation sont très répandus durant tout le Phanérozoïque, particulièrement au niveau des mers épicontinentales. Cependant, leur origine reste controversée, notamment entre être le reflet de facteurs influençant directement la sédimentation ou être le reflet d’une diagenèse différentielle. Dans le cadre de ces dépôts ordoviciens, les alternances marnes/calcaires ont été interprétées comme issues des variations du niveau marin sous influence glacio-eustatique. La compréhension de la formation rythmique de ces sédiments permettrait en plus de supporter ou infirmer l’hypothèse d’une période glaciaire («icehouse») prolongée au Paléozoïque inférieur. L’objectif de cette étude est de tester cette hypothèse sur les formations de quatre sections (Huk, Nakkholmen, Bygdøy, et Hovedøya) de l’Ordovicien moyen et supérieur, à l’aide d’une analyse banc-par-banc du contenu fossilifère (chitinozoaires) et géochimique: est-ce que les couplets marnes/calcaires reflètent un signal originellement cyclique? Le contenu paléontologique en chitinozoaires (reconnus sensibles aux conditions climatiques) entre marnes et calcaires est évaluée par diverses méthodes multivariées et statistiques (HCA, DCA, ANOVA, ANOSIM, et PERMANOVA). Les résultats concordent tous vers une absence de différence dans les listes taxonomiques des marnes et calcaires. Les données géochimiques sont évaluées par modélisation linéaire des éléments insolubles (e.g., Al2O3, TiO2) entre marnes et calcaires et comparaison statistique des caractéristiques de ces modèles. Les résultats montrent une absence de différence entre marnes et calcaires. Les données palynologiques et géochimiques sont donc concordantes et ne reflètent pas de signal cyclique originel. Ainsi, ces résultats suggèrent que les alternances marnes/calcaires de l’Ordovicien de Norvège seraient conditionnées par une diagenèse différentielle plutôt qu’une origine climatique.

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Des fossiles de la craie dans les cavités souterraines de Normandie

Jean Claude Staigre

Société d’Etude des Sciences Naturelles d’Elbeuf et Centre Normand d’Etude du Karst La Normandie est une région qui a été très bien étudiée du point de vue géologique et

paléontologique. Si les découvertes extraordinaires, en particulier de reptiles marins ou terrestres, ont été faites surtout dans le Jurassique, il n’en n’est pas moins vrai que le crétacé a lui aussi livré une faune importante de céphalopodes, d’échinodermes ou d’autres animaux marins.

Cependant, il est à noter que la plupart de ces trouvailles ont été faites sur des affleurements en milieu littoral ou dans les vallées, ainsi que dans des carrières à ciel ouvert et que le milieu souterrain a été généralement négligé.

L’observation de fossiles dans les carrières souterraines et dans les conduits karstiques offre pourtant plusieurs intérêts. Outre l’état de conservation souvent assez bon des spécimens, le milieu hypogé offre uniquement des fossiles en place, ce qui permet grâce à l’apport de la stratigraphie événementielle de bien identifier les niveaux auxquels ils appartiennent.

Les grottes et les carrières souterraines de la craie normande recèlent bien des richesses pour qui sait les parcourir avec un œil attentif. Cette petite étude est avant tout destinée aux spéléologues, afin qu’ils puissent mieux comprendre le milieu dans lequel ils évoluent et les inciter à communiquer leurs découvertes, étant entendu que chaque fossile n’a d’intérêt que si il reste en place.

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e-ReColNat : inventaire des collections paléontologiques

Jérôme Thomas

UMR uB-CNRS 6282 Biogéosciences, [email protected]

Le programme e-ReColNat est coordonné par un consortium regroupant le Muséum

National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN), les universités de Bourgogne, de Clermont-Ferrand et de Montpellier, l’Institut National de Recherche en Agronomie (INRA), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), l’association Tela Botanica, la société Agoralogie, le point nodal GBIF-France (Global Biodiversity Information Facility) et le Centre National pour la Recherche Scientifique (CNRS). Il est lauréat des Programmes d’Investissements d’Avenir (PIA) pour les Infrastructures en biotechnologie et santé.

Nous estimons à plus de 100 millions le nombre de spécimens conservés dans les

différentes collections naturalistes françaises (muséums, musées et universités), il était important de mettre en place un Réseau des Collections Naturalistes (ReColNat) afin de coordonner les inventaires et offrir une réponse globale pour la valorisation internationale de ces collections. Ce réseau devrait prochainement prendre la forme d’une infrastructure de recherche (IR).

Ce programme hérite des expériences acquises antérieurement (par exemple la

documentation participative des spécimens, l’informatisation et la numérisation des référentiels paléontologiques). E-ReColNat sera la couche informatique de ReColNat et aura pour vocation d’extraire et mettre à disposition ces données naturalistes par 1) une numérisation massive et une documentation par la science participative (web 2.0), 2) l’informatisation et la numérisation des spécimens de référence en paléontologie et 3) le moissonnage des données.

Le laboratoire Biogéosciences de l’université de Bourgogne coordonne nationalement la

vérification et l’informatisation des données, la photographie et le traitement des photos des spécimens types et figurés repérés dans les établissements détenteurs. Le versement massif de données est en cours de validation et permettra à des établissements de verser l’intégralité de leurs inventaires paléontologiques et non uniquement les types et figurés.

Ces informations seront accessibles sur un seul et même portail national

(www.recolnat.org). Ce système permettra de centraliser les données issues des différents partenaires en utilisant des standards internationaux de données naturalistes (Darwin Core) afin de favoriser la qualité, le partage et la stabilité des données. Le portail héberge des outils consultatifs ainsi que des outils participatifs. Ces outils participatifs de type Herbonautes pourront compléter les inventaires en permettant aux experts naturalistes de documenter les spécimens (apport précieux quand on connaît la baisse drastique de l’expertise locale et nationale pour certains groupes). Les établissements détenteurs pourront moissonnés ces nouvelles données afin de compléter leurs inventaires.

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Du Temps biblique au Temps profond: avatars et rémanences du Catastrophisme

Armand De Ricqles prix Cuvier

Il est difficile de préciser ce que pensait intimement Georges Cuvier sur la question de la durée des temps géologiques, un problème qu’il évacuait comme se situant « en dehors des faits », dans une attitude « pré-positiviste ». S’il a été vu par le public comme ouvrant, presque par magie, « le sombre abîme du Temps », et si certains de ses textes techniques laissent à penser qu’il a effectivement perçu, sans doute sous l’influence d’Alexandre Brongiart, la longue durée des temps géologiques, son insistance constante sur le Catastrophisme absolu dans ses textes les plus connus suggère plutôt qu’il était et est resté un adepte du « temps court ». Cette interprétation est indirectement renforcée par certaines circonstances et prises de position.

La descendance intellectuelle de Cuvier a joué un rôle fondamental dans l’établissement

de la chronologie « classique » des temps géologiques, dans une optique de techniques de datations relatives pouvant laisser une place au catastrophisme.

L’anticatastrophisme de Lyell, qui va dominer la Géologie pendant cent cinquante ans,

véhicule, en fait, une série de propositions distinctes dont la généralité et la valeur n’ont été critiquées, aux plans épistémologique et factuel, que depuis une quarantaine d’années. La notion post-Darwinienne de « Temps profond » s’est lentement imposée dans les esprits mais c’est la mise en œuvre, au XXème siècle, des techniques de datations absolues qui a été cruciale pour objectiver la profondeur du « Temps profond ». Dans ce cadre temporel désormais objectivement précisé, l’occurrence « d’évènements » divers, de nature et d’intensité variées et constituants des « épisodes » bien délimités redonne sens à un « Néocatastrophisme de constat » dont l’étude constitue un chapitre particulièrement stimulant de la Paléontologie contemporaine.

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Association Géologique Auboise (A.G.A.) Claude Colleté prix Saporta 2015 Association régie par la loi du 1er juillet 1901 réunissant des amateurs de géologie de tous

les âges, de toutes origines et de tous les horizons (débutants, amateurs éclairés, spécialistes …), l’Association Géologique Auboise est née en janvier 1971, elle compte actuellement 100 membres.

Le but de l'A.G.A. est statutairement "la mise en commun de toutes nos ressources, promouvoir l'intérêt de la géologie dans le département de l'Aube et perfectionner les connaissances".

Pour l'atteindre, sont organisées des sorties sur le terrain 6 à 10 fois par an, des séances d'initiation ou de travail sur les fossiles, les minéraux ou des thèmes généraux, des expositions, des animations avec les jeunes, des projections, des conférences … (programme annuel disponible sur le site Internet)

Une des originalités de l'A.G.A. est d'avoir des actions envers les jeunes, les scolaires, les débutants, les amateurs curieux, les collectionneurs avertis, et de travailler avec les spécialistes universitaires, du CNRS, des muséums … Soit d'être capable d'intervenir de la vulgarisation jusqu'à des travaux de recherche spécialisés sur les terrains et les fossiles du département de l'Aube. Cette particularité se retrouve dans les expositions montées depuis 1978, soit pointues, soit généralistes, et dans les publications qui peuvent être grand public comme "La craie et ses fossiles avec un guide simple pour apprendre à reconnaître les principaux groupes de fossiles", "Ammonites, belles, diverses, disparues …", ou pour connaisseurs avertis avec "La géologie du département de l'Aube, essai de synthèse avec carte géologique", "Les fossiles de l'Albien de l'Aube", ou très spécialisées avec "Les Phylloceratacaea albiens du département de l'Aube", « intérêt des brachiopodes jurassiques en paléobathymétrie », « les ammonites de l’Hauterivien de l’Aube : systématique et évolution »… (liste complète des travaux édités depuis 1977 sur le site Internet - certains sont disponibles à la vente). Depuis 1995, René Jaffré a entrepris la création de fiches d’aide à la détermination des ammonites jurassiques et crétacées en direction des amateurs. Le tome 1 (50 fiches) est paru en 2007, le tome 2 en 2014, et le tome 3 sera édité au dernier trimestre 2016.

En 1999, l'A.G.A. a été primée par l'Association des Géologues du Bassin de Paris avec l'attribution du prix Charles POMEROL.

L'A.G.A. se démarque de bon nombre d'associations d'amateurs en interdisant la vente de fossiles et de minéraux à ses membres, et en n'organisant aucune bourse.

Claude Colleté 11 rue du 11 novembre 10300 Sainte-Savine Président : Jean-Baptiste Andry 8 rue de l’Eglise 10700 Nozay Adresse électronique : [email protected]

Site internet : http://www.assogeolaube.fr

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Résumés des thèses pour le prix d’Orbigny

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Les Polychelida, un groupe de crustacés énigmatiques. Systématique, histoire évolutive, paléoécologie et paléoenvironnements.

Denis Audo

Les Polychelida sont des crustacés décapodes dont la particularité la plus marquante est d’avoir de quatre à cinq paires de pinces. La première paire, plus grande que les autres, peut être très allongée chez certaines espèces. Ils sont également reconnaissables à leur carapace aplatie dorsoventralement. Les Polychelida sont connus dès le Trias supérieur. Ils sont très diversifiés au Jurassique et sont abondants dans les célèbres gisements du Jurassique supérieur de Bavière (ex. Solnhofen). Cette importante diversification n’est observée qu’en Europe occidentale. Dans les sédiments du Crétacé, leur présence est anecdotique. Bien qu’ils paraissent absents au Cénozoïque, ils vivent toujours dans la nature actuelle mais à très grande profondeur (jusqu’à 5000 m). Pour cette raison, leur mode de vie reste méconnu.

La première espèce de Polychelida est décrite en 1817. Par la suite, de nombreuses études descriptives s’accumulent. Cependant, aucune synthèse n’est proposée sur la classification du groupe jusqu’aux travaux d’Oppel (1862) puis de Van Straelen (1925) qui n’apportent des clarifications systématiques que sur les taxons du Jurassique d’Europe. En l’absence de révision plus récente et de reconsidération du système descriptif, la vision d’ensemble du groupe est brouillée et sa diversification est difficilement appréciable.

Récemment, deux analyses phylogénétiques ont permis de retracer des relations de parenté au sein des Polychelida. Néanmoins elles présentent le défaut d’inclure trop peu de taxons fossiles (4 à 6 espèces fossiles pour 62 connues). Afin d’améliorer notre compréhension de la diversification des Polychelida fossiles, ma thèse s’articule autour de quatre objectifs : (1) clarifier la systématique du groupe en révisant toutes les espèces à partir du matériel type et de spécimens inédits ; (2) proposer une analyse phylogénétique incluant de nombreux taxons fossiles ; (3) apporter des données inédites sur la paléobiologie, la paléoécologie et les paléoenvironnements ; (4) esquisser l’histoire évolutive du groupe.

Mon étude systématique se veut la plus exhaustive possible. Elle se fonde sur 560 spécimens répartis initialement dans 76 espèces, 17 genres, 5 familles et 1 superfamille. La révision du matériel ancien et l’étude du matériel inédit m’ont amené à décrire 8 nouvelles espèces, 10 nouveaux genres, 2 nouvelles sous-familles, 2 nouvelles familles et 1 nouvelle superfamille. Par ailleurs, 20 espèces ont été mises en synonymie et 2 ont été exclues des Polychelida. Ainsi, je reconnais l’existence de 62 espèces fossiles réparties dans 27 genres, 7 familles et 2 superfamilles. Ce résultat est exploité dans une analyse phylogénétique incluant 37 espèces fossiles et 4 espèces actuelles. Il s’agit de l’analyse la plus complète jamais réalisée à ce jour sur les Polychelida.

Par ailleurs, j’ai pu mettre en évidence l’existence d’un dimorphisme sexuel chez certaines espèces qui s’exprime par exemple au niveau de la première paire de pinces. J’ai pu distinguer des modes de vie variés avec des espèces nageuses et d’autres fouisseuses.

J’ai également pu esquisser l’histoire évolutive des Polychelida en soulignant l’importance des modifications ontogénétiques. Enfin, j’ai identifié plusieurs phases d’extinction dont la plus importante se situe à la fin du Jurassique. De plus, j’ai démontré que les Polychelida vivaient au départ dans des milieux profonds (ex. bassins) puis, qu’à plusieurs reprises, ils ont colonisé des milieux peu profonds (ex. plates-formes).

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Candidature au prix d’Orbigny 2016 Eric De Bast

Titre de la thèse: Endemic evolution and faunal turnover of European Paleocene mammals, 2011-

2015. Titre de Docteur en Sciences obtenu le 08.01.2015 à l’Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve. Directeurs de thèse: T. Smith (IRSNB) et R. Rezsohazy (UCL).

Résumé de la thèse:

Avant que ce travail commence, la connaissance des mammifères paléocènes d’Europe était presque exclusivement réduite à deux faunes considérées d’âge à peu près équivalent : celle, bien documentée, de Cernay-Berru (France), et celle de Walbeck (Allemagne), moins bien connue. Récemment, la totalité de la faune du Paléocène inférieur de Hainin (Belgique) est devenue disponible pour étude après une longue préparation technique. L’époque Paléocène fut complétée par la découverte de quelques dents de mammifères du Paléocène moyen de Maret (Belgique), du Paléocène supérieur de Templeuve (France) et grâce à la nouvelle faune du Paléocène terminal de Rivecourt (France). Il était donc possible pour la première fois d’étudier l’évolution de la diversité des mammifères au cours du Paléocène.

Premièrement, l’étude de la faune de mammifères de Hainin a permis la caractérisation et la comparaison de 19 morphotypes, dont 7 ont été décrits comme nouvelles espèces au cours de la thèse, et 4 sont trop fragmentaires pour justifier la description d’un nouveau taxon. De plus, 5 espèces décrites précédemment sur base de matériel de Hainin ont été étudiées plus complètement, notamment grâce à l’identification de matériel supplémentaire. Dans l’ensemble, la faune est dominée par de petits taxons insectivores, et montre une très faible diversité en ‘condylarthres’ et en ‘plésiadapiformes’, deux groupes habituellement abondants dans les faunes paléocènes, en Europe comme sur les autres continents. Deuxièmement, les mammifères de Maret sont similaires à ceux de Walbeck et suggèrent donc une corrélation de Walbeck avec le Sélandien (Paléocène moyen), soit bien plus ancienne que Cernay-Berru. Troisièmement, enfin, 12 espèces de mammifères de Rivecourt ont été identifiées et comparées. L’assemblage est caractérisé par la cooccurrence de taxons typiquement paléocènes, de taxons marqueurs de la limite P-E et des premiers mammifères modernes en Europe : un rongeur et un carnivore.

L’évolution de la composition des faunes dans leur ensemble montre une diversification marquée des ‘condylarthres’ et des ‘plésiadapiformes’ au cours du Paléocène. De pratiquement absents au Paléocène inférieur (Hainin), ils passent à très largement dominants à la fin du Paléocène (Rivecourt).

La biochronologie du Paléocène européen est révisée grâce à l’ajout des faunes de Hainin et Rivecourt, et la modification de l’estimation de l’âge de la faune de Walbeck. De nouveaux ELMAs (European Land Mammal Ages) sont caractérisés, et de nouvelles subdivisions correspondantes des niveaux repères MP sont proposées. La faune de Hainin, d’âge Danien, est suggérée représenter le premier ELMA, correspondant au MP1-2. La faune de Walbeck représente le second ELMA, et correspond au MP3-4. La faune de Templeuve, datant du Thanétien inférieur, et caractérisée par des Toliapinidae primitifs, correspond au MP5. Le Cernaysien (Thanétien supérieur) était reconnu précédemment, et correspondait au MP6. Cependant, la nouvelle définition de l’ELMA ‘Rivecourtien’, correspondant au MP6b, résulte en une réattribution de Cernay au MP6a.

Finalement, l’existence d’une importante dispersion autour de la limite Danien-Sélandien a été prouvée par l’arrivée de taxons comme Arctocyon et Plesiadapis, venus depuis l’Amérique du Nord vers l’Europe. Le timing des migrations accompagnant la limite P-E a aussi été revu, et il est montré que les rongeurs et les carnivores arrivent avant la limite P-E en Europe, tout comme en Amérique du Nord.

Articles full-paper: Smith, T., De Bast, E. and Sigé, B., 2010. Euarchontan affinity of Paleocene Afro-European

adapisoriculid mammals and their origin in the late Cretaceous Deccan Traps of India. Naturwissenschaften 97:417-433. IF2010=2,250

De Bast, E., Sigé, B. and Smith, T. 2012. Diversity of the adapisoriculid mammals from the early Palaeocene of Hainin, Belgium. Acta Palaeontologica Polonica 57:35-52. IF2012=1,577

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De Bast, E. and Smith, T. 2013. Reassessment of the small arctocyonid’ Prolatidens waudruae from the early Paleocene of Belgium, and its phylogenetic relationships with ungulate-like mammals. Journal of Vertebrate Paleontology 33: 964-976. IF2013=2,037

De Bast, E., Steurbaut, E. and Smith, T. 2013. New mammals from the marine Selandian of Maret, Belgium, and their implications for the age of the Paleocene continental deposits of Walbeck, Germany. Geologica Belgica 16:236-244. IF2013=0,636

Mayr, G., Li, C.-S., De Bast, E., Yang, J. and Smith, T. 2013. A Strigogyps-like bird from the middle Paleocene of China with an unusual grasping foot. Journal of Vertebrate Paleontology 33:895-901. IF2013=2,037

Missiaen, P., Solé, F., De Bast, E., Yang, J., Li, C.-S. and Smith, T. 2013. A new species of Archaeoryctes from the Middle Paleocene of China and the phylogenetic diversification of Didymoconidae. Geologica Belgica 16:245-253. IF2013=0,636

Solé, F., Smith, R., Coillot, T., De Bast, E. and Smith, T. 2014. Dental and tarsal anatomy of “Miacis” latouri and a phylogenetic analysis of the earliest carnivoraforms (Mammalia, Carnivoramorpha). Journal of Vertebrate Paleontology 34:1-21. IF2014=1,979

Smith, T., Quesnel, F., De Plöeg, G., De Franceschi, D., Métais, G., De Bast, E., Solé, F., Folie, A., Boura, A., Claude, J., Dupuis, C., Gagnaison, C., Iakovleva, A., Martin, J., Maubert, F., Prieur, J., Roche, E., Storme, J.-Y., Thomas, R., Tong, H., Yans, J. and Buffetaut, E. 2014. First Clarkforkian Equivalent Land Mammal Age in the Latest Paleocene Basal Sparnacian Facies of Europe: Fauna, Flora, Paleoenvironment and (Bio)stratigraphy. PLoS One 9(1), e86229, p. 1-19. IF2014=3,234

Solé F., Smith T., De Bast E., Codrea V., and Gheerbrant E. In press. New carnivoraforms from the latest paleocene of europe and their bearing on the origin and radiation of carnivoraformes (carnivoramorpha, mammalia) Journal of Vertebrate Paleontology IF2014=1,979

De Bast, E. and Smith, T. Submitted. The oldest Cenozoic reference mammal fauna of Europe: implication of the early Palaeocene Hainin fauna (Belgium) in mammalian evolution and dispersals during the Palaeocene. Journal of Systematic Palaeontology. IF2014=3,727 Communications en congrès:

De Bast, E., Sigé, B. and Smith, T. 2009. New adapisoriculid mammals from the early Paleocene locality of Hainin (Belgium). 69th Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, September 22-27, Bristol (UK), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and abstracts 2009, p. 86

Smith, T., De Bast, E. and Sigé, B. 2009. Adapisoriculid mammals from the Paleocene of Hainin (Belgium) shed light on the phylogenetic affinities of the enigmatic arboreal cretaceous Deccanolestes from the Deccan traps of India. 69th Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, September 22-27, Bristol (UK), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and abstracts 2009, p. 183

De Bast, E., Sigé, B. and Smith, T. 2010. New data on the small arctocyonid Prolatidens waudruae from the early Paleocene of Hainin, Belgium, and its relationships with North American oxyclaenines. 70th Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, October 9-13, Pittsburg (USA), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and abstracts 2010, p. 79

Smith, T., De Ploëg, G., Métais, G., De Bast, E. and Solé, F. 2010. First modern mammals from the latest Paleocene of Europe. 70th Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, October 9-13, Pittsburg (USA), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and abstracts 2010, p. 168

De Bast, E., Sigé, B. and Smith, T. 2011. Presence of a pentacodontid mammal in the European Paleocene. 71st Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, November 1-8, Las Vegas (USA), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and Abstracts 2011, p. 97

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De Bast, E. and Smith, T. 2012. New mammal specimens from the marine Selandian of Maret, Belgium, and their implications in the age estimation of the continental deposits of Walbeck, Germany. 4th International Geologica Belgica Meeting, Moving plates and melting icecaps, Processes and Forcing Factors in Geology, September 11-14, Brussels (Belgium), Abstract book: p.107.

De Bast, E. and Smith, T. 2012. Diversity of the mammals from Hainin, Belgium, the oldest Paleocene mammal fauna of Europe. 72d Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, October 16-22, Raleigh (USA), Journal of Vertebrate Paleontology , Program and abstracts 2012, p. 84

Solé, F., Smith, R., Coillot, T., De Bast, E. and Smith, T. 2012. Referral of Miacis Latouri to new genus, and a phylogenetic analysis of the earliest “Miacids” (Carnivoramorpha). 72d Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, October 16-22, Raleigh (USA), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and abstracts 2012, p. 118

De Bast E. & Smith T., 2014. Intercontinental dispersal of mammals during the Paleocene new data from Europe. 74th Annual Meeting of the Society of Vertebrate Paleontology, October 16-22, Berlin (Germany), Journal of Vertebrate Paleontology, Program and abstracts 2014, p. 118.

Solé F., Smith T., De Bast E., Codrea, V. and Gheerbrant E. 2015. Les premiers carnivoraformes du Paléocène d’Europe : implications concernant l’origine et la radiation des carnivores (Carnivoramorpha, Mammalia) en Laurasie. Réunion Annuelle de l'Association Paléontologique Française, May 6-9, Basel (Switzerland).

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Sommaire des posters

Denis Audo, Alessandro Garassino, Matúš Hyžný, Sylvain Charbonnier : Crevettes du crétacé du Liban déguisées en coquille de gastéropode. p.35

Jessie Cuvelier , Alain Blieck , Thierry Oudoire et Daniel Vachard : Les collections publiques lilloises de

géologie, minéralogie et paléontologie : 10 catalogues publiés après 17 ans d'inventaire ; et ce n'est pas fini... p.36

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Crevettes du crétacé du Liban déguisées en coquille de gastéropode.

Denis Audo1,2* , Alessandro Garassino3, Matúš Hyžný4, Sylvain Charbonnier2. 1, EA 7316, Université de Rennes 1, Rennes. 2, UMR 7207, CR2P, MNHN-UPMC-CNRS, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. 3, Sezione di Paleontologia degli Invertebrati, Museo di Storia Naturale di Milano, Milan, Italie. 4, Geologisch-paläontologische Abteilung, Naturhistorisches Museum Wien, Vienne, Autriche. *auteur correspondant : [email protected] De nombreux crustacés se camouflent pour échapper aux prédateurs visuels. Ainsi, les

crustacés actuels présentent plusieurs adaptations réduisant leur visibilité. Le camouflage : un corps transparent ou dont la couleur et le motif correspondent à l’environnement. Le mimétisme, où le corps de l’animal ressemble à une espèce dangereuse ou un objet indigeste. Généralement, la préservation des crustacés dans le registre fossilifère rend délicate la reconnaissance de ce type d’adaptations. En effet, la transparence, les couleurs et le motif des organismes sont très rarement préservés à l’état fossile. Une mission réalisée il y a quelques années dans les célèbres gisements à conservation exceptionnelle (Konservat-Lagerstätten) du Crétacé du Liban nous a permis de découvrir une crevette ressemblant étrangement à une coquille de gastéropode. L’étude de cette espèce nous a permis de la décrire comme une nouvelle espèce de glyphocranidé dans un nouveau genre (Décapode, Caridé). Un seul genre actuel de caridé est connu pour utiliser une stratégie similaire : Vercoia Baker, 1904, un crangonidé. Les deux espèces ne sont pas proches phylogénétiquement : elles sont assignées à des familles différentes comportant de nombreuses autres espèces ne présentant pas de tel mimétisme. Ainsi, ressembler à de vielles coquilles de gastéropodes est une adaptation apparue au moins deux fois de manière indépendante chez les crevettes caridés.

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Les collections publiques lilloises de géologie, minéralogie et paléontologie : 10 catalogues

publiés après 17 ans d'inventaire ; et ce n'est pas fini...

Jessie Cuvelier 1, Alain Blieck 1, Thierry Oudoire 2 et Daniel Vachard 1 1 Université de Lille – Sciences et technologies, Campus de Villeneuve d’Ascq (Annappes),bâtiment SN5, UMR

8198 Evo-Eco-Paléo du CNRS, F-59655 Villeneuve d’Ascq cedex (France); [email protected] ; [email protected] ; [email protected]

2 Musée d’Histoire Naturelle de Lille, 19 rue de Bruxelles, 59000 Lille (France) ; [email protected]

L’Université de Lille - Sciences et technologies, à Villeneuve d'Ascq (59) et le Musée d'Histoire Naturelle de Lille, situé dans le centre-ville, sont les hauts-lieux d’une recherche scientifique lilloise en géosciences qui s’est déroulée sur plus d’un siècle et demi. L'histoire de ces deux collections est commune et indissociable, depuis la création de la chaire de minéralogie et géologie, à la Faculté des Sciences en 1864, jusque dans les années 1960 : les professeurs constituaient des collections dans le cadre de leurs recherches, complétées lors des excursions de terrain organisées pour les étudiants et les amateurs de la Société géologique du Nord, classaient ces échantillons dans des salles de réserve, et les mettaient en valeur en ouvrant des musées (Musée de Géologie en 1902 et Musée houiller en 1907). Après la séparation de ces deux entités, une grande partie des collections, restée in situ, constitue le fonds ancien des collections géologiques du Musée d'Histoire Naturelle, sous la responsabilité de la Ville de Lille, enrichies par des achats et des dons. Pendant ce temps, l'université, déménagée à Villeneuve d'Ascq, a vu ses thématiques de recherche évoluer pour s'adapter à de nouvelles demandes en se dotant de récentes collections de recherche comme celles de micropaléontologie. Aujourd'hui, l'Université de Lille - Sciences et technologies - possède une collection de recherche d'environ 50 000 spécimens, avec notamment l'une des plus importantes collections de paléobotanique de France, les collections géologiques, minéralogiques et paléontologiques du Musée d'Histoire Naturelle de Lille constituent un ensemble varié d’environ 180 000 échantillons. Depuis 1999, avec le soutien financier de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Nord et du Pas-de-Calais, et celui du Ministère de la Recherche, le musée réalise l'inventaire de ses collections. En 2009, l'arrivée d'un nouvel ingénieur nommé par le Centre National de la Recherche Scientifique a relancé la gestion informatisée des collections de recherche de paléontologie du laboratoire de l'université. Ces actions ont permis de retisser des liens étroits entre ces deux institutions et de publier régulièrement des catalogues dans les Annales de la Société Géologique du Nord, société régionale en pleine activité. Les premiers catalogues ont été établis pour le musée en 1999 et pour l'université en 2013. Ils concernent essentiellement les types et figurés, sur lesquels ces catalogues raisonnés donnent des informations exhaustives (taxonomie, stratigraphie, géographie, etc.). Ils portent sur différents groupes fossiles, comme les trilobites, les vertébrés, les bivalves, les euryptérides et les diplostracés, ainsi que sur la minéralogie. Plusieurs ensembles au sein des collections comme les types et figurés de paléobotanique, les ostracodes et les foraminifères sont en cours d'inventaire et devraient prochainement faire l'objet de nouveaux catalogues. En plus de la parution des catalogues et l’inscription des échantillons dans des bases de données en ligne (Trans'Tyfipal), l’entrée en jeu de réseaux sociaux professionnels, comme ResearchGate et Academia.edu, où ces catalogues sont déposés, permettra de faire connaître au monde entier ces perles de notre culture nordiste et d’intéresser à leur sort un nombre croissant de collègues.

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EXCURSION AUX VACHES NOIRES (VILLERS-SUR-MER, CALVA DOS)

2 Avril 2016

Programme de l'excursion : 8h30 : départ d'Elbeuf. 10h : arrivée au Paléospace à Villers-sur-Mer Accueil au Paléospace par Karine Boutillier et Laurent Picot et viste du musée. 12h : déjeuner au restaurant « La Terrasse du Marais » (le prix du repas n'est pas compris

dans l'inscription à l'excursion et le choix du repas est laissé aux participants). 13h : départ pour les falaises des Vaches Noires et visite guidée par Gérard et Elisabeth

Pennetier (lauréats du prix Saporta 2016). 16h30 : départ pour Elbeuf. 18h : arrivée à Elbeuf

N.B.: les participants souhaitant rentrer à Paris depuis la gare de Deauville, sans passer par Elbeuf, sont priés de s'adresser à Jérôme Tabouelle.

Les falaises des Vaches Noires (photo Buffetaut). L'exposition permanente du Paléospace (Calvados Tourisme).

Les falaises des Vaches Noires

Les falaises des Vaches Noires, sur la côte du Calvados entre Villers-sur-Mer et Houlgate, sont connues pour leur richesse en fossiles depuis au moins le 18e siècle. Elles présentent une succession de strates du Jurassique moyen et supérieur, surmontées de couches remontant à la partie moyenne du Crétacé, sans égale en France. Le nom de « Vaches Noires » vient de la présence sur l'estran de blocs éboulés couverts d'algues de couleur sombre évoquant, depuis la mer, un troupeau de bovins (pour mémoire, la vache est un élément important de la zoologie normande).

Historique Il est fait mention de fossiles provenant des Vaches Noires dès 1767, dans le catalogue

de la collection Davila par Romé de Lisle. En 1776, l'abbé Dicquemare, du Havre, décrit des ossements fossiles provenant des Vaches Noires, qu'il identifie correctement comme des restes d'animaux et non comme des jeux de la nature.

En 1808, Cuvier décrit divers ossements fossiles des Vaches Noires sous le nom de « crocodiles de Honfleur ». Il s'agit en effet pour certains de restes de crocodiliens marins

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(Thalattosuchia), mais certaines vertèbres opisthocoeles se révéleront avoir appartenu à des dinosaures théropodes.

Au cours du 19e siècle, les falaises des Vaches Noires et leurs abondants fossiles suscitent l'intérêt de nombreux géologues et paléontologues. En 1822, Henry De la Beche montre que les marnes grises des Vaches Noires sont plus anciennes que celles visibles au cap de la Hève, corrigeant ainsi une erreur de Cuvier. Arcisse de Caumont, en 1828, établit une corrélation qui se révèlera correcte entre l'Argile de Dives et l'Oxford Clay d'Angleterre. Dès 1860, Edmond Hébert précise la succession des couches jurassiques dans les falaises. Ses travaux sont poursuivis par ceux d'Henri Douvillé, Jean Raspail et Robert Douvillé, qui établissent la succession des zones d'ammonites dans le Callovien et l'Oxfordien des Vaches Noires. Les restes de vertébrés assez abondants dans ces niveaux font l'objet de divereses études, dont notamment celle de Jean Piveteau (1923) sur un crâne de théropode, qui sera plus tard nommé en son honneur Piveteausaurus divesensis.

A la faveur du développement du tourisme balnéaire au cours du 19e siècle, les falaises deviennent un lieu d'excursion pour les nombreux touristes qui viennent passer leurs vacances à Villers-sur-Mer et à Houlgate. Certains romanciers, parmi lesquels Gustave Flaubert et George Sand, font allusion aux Vaches Noires et à leurs fossiles dans leurs œuvres. De nombreux paléontologues amateurs constituent des collections de fossiles provenant des falaises. L'un d'entre eux, le photographe Fernand Postel, lègue sa collection à la ville de Villers en 1917. A partir de là se constitue, grâce à l'impulsion du secrétaire de mairie et collectionneur Toussaint Quéromain, un musée paléontologique municipal, d'abord hébergé à l'hôtel de ville. Cette collection constitue le noyau de l'actuel Paléospace. Dans les années 1930, le géologue canneais Alexandre Bigot s'intéresse aux falaises, sur lesquelles il publie une notice destinée au grand public. Plus récemment, d'autres géologues de l'université de Caen, notamment Michel Rioult et Olivier Dugué, ont poursuivi les recherches sur la biostratigraphie des Vaches Noires, tandis que leurs fossiles, tant invertébrés que vertébrés, souvent récoltés par des amateurs, faisaient l'objet de nombreuses études.

Le nouveau musée paléontologique de Villers-sur-Mer, le Paléospace, ouvre ses portes en 2011 dans un bâtiment spécialement construit à cet effet, en bordure du marais de Villers-sur-Mer, à la faune ornithologique intéressante. Il présente de nombreux fossiles provenant des Vaches Noires, ainsi qu'une salle consacrée aux dinosaures de Normandie.

Esquisse géologique Les falaises des Vaches Noires s'étendent sur environ 5 kilomètres le long de la côte

du Calvados entre Villers-sur-Mer et Houlgate. Elles montrent une succession de couches marines, principalement marneuses mais comportant aussi des niveaux calcaires et oolitiques, du Callovien supérieur et de l'Oxfordien inférieur et moyen (voir coupe). Ces sédiments se sont déposés dans la partie occidentale du bassin anglo-parisien, non loin du massif armoricain, qui a constitué une source de matérieux terrigènes. De l'avis de W.J. Arkell, il s'agit d'une des meilleures coupes au monde pour cette partie du Jurassique. Les niveaux jurassiques sont surmontés de couches d'âge albien et cénomanien, (sables glauconieux et craie) qui ont moins attiré l'attention que le Jurassique mais n'en sont pas moins fossilifères.

Les couches jurassiques sont très riches en fossiles (céphalopodes, lamellibranches, brachiopodes, crustacés, échinodermes, spongiaires, coraux...). Les vertébrés sont représentés surtout par des formes marines (poissons, crocodiles marins, ichthyosaures, sauroptérygiens), mais on y rencontre à l'occasion des restes de dinosaures, provenant de cadavres flottés, parmi lesquels les théropodes sont de loin les plus abondants.

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Les couches jurassiques sont très découpées par l'érosion et les éboulements, et la falaise est d'accès relativement difficile. Le site est protégé et l'extraction de fossiles dans la falaise est interdit, mais la récolte de spécimens à son pied est autorisée. Le niveau le plus riche en restes de vertébrés est constitué par les Marnes de Dives, d'âge callovien, qui forment la base de la falaise. Elles sont hélas assez peu accessibles actuellement, étant largement recouvertes par le sable de la plage.

Indications bibliographiques Pour plus d'information, on pourra consulter :

− Les falaises des Vaches Noires, un gisement emblématique du Jurassique à Villers-sur-Mer, Normandie, hors-série n°IV de la revue Fossiles, 114 p., 2013 (recueil d'articles sur la géologie et la paléontologie des Vaches Noires par divers spécialistes, avec une abondante bibliographie).

− Les falaises des Vaches Noires, de Cuvier au Paléospace, par Barbara Merle,

Editions des Falaises et Paléospace, 128 p., 2011.

− Falaises des Vaches Noires, par François Collin, Françoise Hébert et Thierry Rebours, Editions Charles Corlet, 63 p., 2005.

On trouvera de nombreux articles consacrés aux Vaches Noires, au format PDF, dans la

Bibliographie scientifique normande du site Sciences et Géologie Normandes : http://www.s-g-n.eg2.fr/ Carte géologique simplifiée des Vaches Noires (d'après Lebrun, 2013).

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Coupe stratigraphique synthétique des falaises des Vaches Noires (d'après Dugué, in Lebrun & Courville, 2013).

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Dépôt légal : 1 er trimestre 2016. ISSN 0766-5946