BULLETIN D'AVRIL 1959€¦ · Chacun de ces6 volumes de la Série Noire, nos 482 à 487 220 fr....

BULLETIN D'AVRIL 1959SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.

DU Ier AVRIL 1959

N° 76

TiffPUBLICATIONS DU 15 FÉVRIER

AU 15 MARS 1959

Renseignements bibliographiques.

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 janvier au 15 février 1959.

POÉSIE

ARAGON Elsa, poème. 124 p., in-4 couronne. Collectionblanche 500 fr.

20 ex. num. hollande 5.000 fr.

100 ex. num. pur fil lafuma Navarre 2.000 fr.

ROMANS RÉCITS

COLIN Paul. Terre Paradis, 400 p., in-8°soleil. Coll. blanche. 1.000 fr.lOex. num. hollande 9.500 fr.

80 ex: num. purfil lafuma Navarre 3.500 fr.

MOULOUDJI Marcel La Guerre Buissonnière. 280 p., in-16doublecouronne. Collection blanche 850 fr.


SOUNIONES Jacques. Mon Récit, 76 p., format 10 x 18, hors série,couverture2couleurs 350 fr.

TRIOLET Elsa L'âge de Nylon Roses à crédit. 336 p., in-16double couronne. Collection blanche. 900 fr.

20ex. num. purfil lafuma Navarre. 3.000 fr.

TRADUCTIONS

BURNETT W. Richard. Lune pâle, trad. de l'américain par Doris Febvre.296 p., in-16double couronne. Sous couv.hors série, trois couleurs 850 fr.

GOYTISOLO Juan Deuil au Paradis, trad. de l'espagnol, par Mau-rice Edgar Coindreau. Préface de José-MariaCastellet. 320 p., in-16double couronne.Collection « Du Monde Entier» 900 fr.35ex. num. purfil lafuma Navarre 3.500 fr.

BULLETIN D'AVRIL 1959

NAROKOV Nicolas Grandeurs imaginaires. Trad. du russe. 384 p.,in-8° soleil. Collection « Du Monde Entier» 1.200 fr.


NOSSACK Hans Erich. Spirales. Trad. de l'allemand par AndréCceuroy.300 p., in-16 double couronne. Collection« Du Monde Entier » 950 fr.


SIUN LOU Contes anciens à notre manière. Traduit du

chinois et présenté par Li Tche-Houa. 204 p.,in-8° carré sous couv. illustrée en couleurs.

Collection « Connaissance de l'Orient ». Col-

lection U. N. E. S. C. O. d'Œuvres Représen-tatives, dirigée par Etiemble 700 fr.

TANIZAKI Junichiro.. Le Goût das Orties, trad. du japonais parSylvie Regnault Gatier et Kazuo AnzaT. 280 p.Collection « Du Monde Entier» 850 fr.

35 ex. num. purfil lafuma Navarre 2.600 fr.

JOURNAL CORRESPONDANCE

AMIEL H.F. Journal intime de l'année 1866. Texte intégral,publié pour la première fois, avec une intro-duction et des notes par Léon Bopp. 560 p.,in-8° carré, Collection blanche 2.000 fr.

50 ex. num. pur fil lafuma Navarre 6.000 fr.300 ex. num. sur alfa 4.000 fr.

MUSIQUEINITIATION A

MOZART Études de Gérald Abraham Friedrich Biume

Otto Deutsch Hans Engel Karl GeiringerPaul Hamburger Arthur Hutchings HansKeiler H. C. Robbins Landon Jens PeterLarsen Donald Mitchell. Présentées par LAN-DON (H. C. Robbins) et MITCHELL (Donald)traduit de l'anglais par Yassu Gauchère. 480 p.,in-8° soleil. 8 planches hors texte et nombreux

clichés in texte, couverture en 3 couleurs.Hors série 1.850 fr.

BIOGRAPHIE

BRÉCHON Robert Michaux. 240 p., in-16 double couronne, 10 p.illustrées hors texte, couverture ill. en 2 cou-

leurs. CollectionLa Bibliothèque Idéale» 850 fr.

M VERS Rollo Erik Satie, traduit de l'anglais par RobertLe Masle. Collection «Leurs Figures ». 204 p.,in-8° soleil 800 fr.

ETHNOGRAPHIE

ELWIN Verrier Maisons des Jeunes chez les Murias, présentationet adaptation française par le Dr Alfred Bigot,membre de la Société d'Anthropologie deParis, membre correspondant de l'écolefrançaise d'Extrême-Orient. 460 p., in-8° carré,16 planches hors texte. Collection « L'EspèceHumaine» 1.800 fr.


L'AIR DU TEMPS

Collection dirigée par PIERRE LAZAREFF.

DAVIS Melton S. Tout Rome a tremblé (L'affaire Montesi), trad.de l'anglais par A. Cubzac. 320 p., in-8° soleil.. 1.000 fr.

MACART René Guerre àtoutfaire. 328 p., in-8°soleil. Couver-ture avec1 dessin de Maurice Henry 950 fr.

LES AMOURS CÉLÈBRESCollection dirigée par PAUL GORDEAUX.

MONTEAUX Jean. Louise de Saxe, ou l'amour qui règne. 192 p. auformat 16,6 X 1 1, couverture illustrée en cou--

leurs, laquée 200 fr.

LE CRIME NE PAIE PAS

Collection dirigée par PAUL GORDEAUX.

DAVID Anne. Les Possédées de Loudun. 192 p. au format16,6 x II,couverture illustrée en couleurs,

laquée 200 fr.

Collection

HISTOIRES VRAIES

Collection dirigée par JACQUES ANTOINE.

n° 5

ANTOINE Jacques L'Homme de Regourdou La Marche des Fac-teurs La Vie par Téléphone. 192 p. au format16,6 xII,couverture illustrée en couleurs,laquée 200fr.

SÉRIE NOIRE

Collection dirigée par MARCEL DUHAMEL.

BROWN.Carter Un Paquet de Blondes. Traduit de l'américainpar J. Hérisson.

DOMINIQUE Antoine. L'Hôtel des Sans-culottes.

GORDON M. G. 6.35 à l'Ombre. Traduit de l'américain parC. Wourgaft.

BAYNES Jack Pas de Mites dans l'Arsenal. Traduit de l'améri-cain par Jean Rosenthal.

MALLEY Louis. Une Lame. Traduit de l'américain par JaneFillion.

JESSUP Richard. Chanteur de Choc. Traduit de l'américain parJane Fillion.

Chacun de ces6 volumes de la Série Noire, nos 482 à 487 220 fr.

BULLETIN D'AVRIL 19-59

B'IBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE

Publication de Mars 1959

CASANOVA

MÉMOIRESTOME II

Années1756-1763

TEXTE, CHRONOLOGIE, NOTES ET VARIANTES

APPENDICES, INDEX

ÉTABLIS ET PRÉSENTÉS

AVEC UN PLAN DE VENISE AU XVIIIe SIÈCLE,

par ROBERT ABIRACHED

Unj volume in- 1double couronne. Reliure pleine peau. Couvre-livre illustré d'un portrait de Jacques Casanova vers 1774 (à

quarante-neuf ans environ), par Alessandro Longki. Jaquette en matière

plastique transparente.Emboîtage sous presse.

Les MÉMOIRES DE CASANOVA seront complets en trois Tomes.


JULES MICHELET

JOURNALTOMEI

(1828-1848)

Texte intégral, établi sur les manuscrits autographes et publié pour la première

fois, avec une introduction, des notes et de nombreux documents inédits

par PAUL VIALLANEIX

Le Journal de Michelet s'étend de 1828 à 1874, du premier voyage hors de Franceà la mort de l'historien. En même temps qu'il le tenait, Michelet composait uneoeuvre immense. En fait, il s'imposait ainsi une discipline de conscience qui luipermettait de ne pas devenir l'esclave de son métier. Il contrôlait sa vie au jour lejour. Il y mettait de l'ordre, choisissant parmi les faits quotidiens ceux qui méri-taient de rester dans sa mémoire.

La lecture du Journal révèle bien l'esprit méthodique de Michelet, entraîné,

mais non subjugué par ses inspirations, capable de tenir à la fois le registre de sesdépenses et celui de ses émotions, administrant avec une égale fermeté sa maison,son œuvre et son génie, consignant actes et impressions comme s'il devait, un jour,en rendre compte.

Tout en dressant ainsi le procès-verbal de son existence, Michelet préparaitquelque nouveau livre, recherchant des idées, les mettant à l'épreuve. Comme ill'avait prévu au moment de le commencer, le Journal recueillit ses pensées aussibien que ses sentiments. S'y accumulèrent des anecdotes, des remarques pitto-resques, des formules notées en vue de l'œuvre future. La vivacité des récits del'Histoire de France, des descriptions de La Mer et de La Montagne tient à l'exacti-tude des détails vrais observés pendant un voyage ou relevés au cours d'une lecture.Le tableau de la vie ouvrière que l'on admire dans Le Peuple est esquissé dans leJournal des voyages à Lyon et en Normandie. On sait que la plupart des livres deMichelet ont été écrits très vite c'est qu'ils avaient longuement mûri dans laretraite du Journal.

Le Journal ne s'écourte que dans les périodes, fréquentes, il est vrai, de grandtravail. Il reprend de l'ampleur dès que Michelet retrouve le loisir de s'y confier.On découvre alors ce qu'est le génie littéraire Michelet vivait la plume à la main.On sera surpris de-l'épaisseur du Journal rédigé au cours de certains voyages. Trans-porté sur de mauvais chemins où le cahotaient d'inconfortables voitures, accueillidans de rudes auberges, Michelet n'interrompait jamais son Journal. La fatigue,de son propre aveu, brisait ses membres mais elle épargnait en lui le don d'écrire,l'art de choisir les mots qui allaient fixer les images de la journée dans leur fraîcheur.

Les Éditions Gallimard sont fières de présenter, pour la première fois, une versionintégrale du Journal de Michelet, dont on ne connaissait, jusqu'à présent, que desfragments épars, souvent tronqués, parfois défigurés.

Ce volume est précédé d'une riche et passionnante étude de Paul Viallaneix,qui a reconstitué et annoté le texte du Journal.

Un vol. de 932 pages, format carré. Coll.Blanche 3.350 fr.500 ex, num. sur AlfaLibert 4.500 fr.

30 ex. num. sur Hollande VanGelder. 9.500 fr.


ÉCHOS PROJETS• Le Livre et la Scène.

Madame de. la pièce que Jean Anouilh a tirée du roman de Louise de Vilmorin,et dont nous avons déjà annoncé les représentations à la Comédie-Française dansle courant de cette annbe, a été donnée en première mondiale le 29 janvier àLondres (Arts-Théâtre-Club).

Les journaux de Paris indiquent que, parmi les vingt-deux auteurs français lesplus joués dans le monde, se trouvent Ionesco, Marcel Aymé, Montherlant, Cocteau,Salacrou, Adamov, Jules Roy, J.-P. Sartre, Félicien Marceau.

Sept ans après la publication du roman en Amérique, on joue à New-York l'adap-tation de Faulkner Requiem pour une Nonne.

• Le Livre et l'Écran.

Le producteur Raoul Lévy vient d'acquérir les droits d'adaptation cinémato-graphique pour Zazie dans le Métro. Le film sera réalisé par René Clément. L'auteurdu roman Raymond Queneau, écrira les dialogues.

L'Association des réalisateurs américains a décerné le prix de la meilleure miseen scène d'un film étranger à René Clair- auteur de Comédies et Commentaires(à paraître en mai)- pour Porte des Lilas.

Pascale Petit vient d'acquérir pour le cinéma les droits du roman de MadeleineAlleins L'Étrangère dans les portes.

0 Conférences.

J.-P. Mayer, qui dirige l'édition des Œuvres Complètes d'Alexis de Tocqueville(le tome IX Correspondance d'Alexis de Tocqueville et d'Arthur de Gobineau,vient de paraître), donnera-du 3 au 23 avril des conférences aux Universités desÉtats-Unis Cleveland (Ohio), Antioch College, Yale University, Philadelphia,Princeton, Harvard, Brandeis à Boston, Darmouth College, etc.

Georges Friedmann, le sociologue bien connu, qui publie ce mois-ci des Problèmesd'Amérique latine, fera une série de conférences à Varsovie, sous les auspices de laSociété polonaise de Sociologie et de l'Université de Varsovie, du 22 mars au 6 avril.

Alain Bosquet, qui vient de nous remettre le manuscrit de son Whitman, pourla Collection « bibliothèque Idéale », fait un séjour de quatre mois aux États-Unis.Sous les auspices de l'Ambassade de France, de l'Alliance Française, de la FondationFord et de la Fondation Whitney, il donnera des conférences dans plusieurs uni-versités et fera un cours de littérature française depuis 1945 à l'Université Brandeisà Boston.

Dès après les premières représentations au théâtre Récamier à Paris de Tueursans gages, Eugène Ionesco, de qui nous avons publié les deux premiers volumesde théâtre et Rhinocéros dans « Le Manteau d'Arlequin », est parti pour les États-Unis,où il donne une série de conférences, notamment à l'Universitéde Bennington(Vermont). A l'occasion de ce même voyage, il participera à un colloque importantavec des gens de théâtre à New-York.

• Anniversaires.

A l'occasion du 400e anniversaire de l'Église Réformée de France et du 450e anni-versaire de la naissance de Calvin, de grandes fêtes s'échelonneront du 26 mai au7 juin 1959, en liaison avec les Protestants de Genève et les Réformés du mondeentier. On pourra lire- ou relire- le Calvin de Merejkowski (Collection « LeursFigures »).

On commémore cette année le centième anniversaire de la naissance de Darwin

qui, juste cinquante ans plus tard, publiait son ouvrage capital De l'Origine desEspèces par voie de Sélection naturelle. Rappelons qu'en 1948 Jean Rostand apublié un Charles Darwin dans la Collection « Leurs Figures ».

• On fête cette année le centenaire de la publication de la Mireille de Mistral, etcelui de la création à l'Opéra de Faust, d'après Goethe. Ces deux commémorations


remettront ainsi au premier plan de l'actualité la belle figure de Gounod qui renditinoubliables, dans le domaine du drame lyrique, ces deux légendes. Paul Landormylui a consacré une importante biographie: Gounod, dans la Collection «LeursFigures ».

• Le Conseil Municipal d'Orléans vient de décider qu'une rue de la ville porterale nom de Max Jacob. Le poète du Cornet à Dés venait souvent de Saint-Benoît-sur-Loire à Orléans, où il séjournait chez des amis.

• Autocritique.

La Chasse, par Jean de La Varende et P.-L. Duchartre.M. H. de Linarès, Conservateur du Musée d'Intérêt National de la Chasse à

Tir et de la Fauconnerie au Château de Gien (Loiret), a bien voulu nous préciserque M. Pierre-Louis Duchartre est non pas Conservateur de ce Musée commenous l'avons annoncé par erreur dans le texte sur la Chasse de notre Bulletin deJanvier, mais Président-Fondateur. Nous remercions M. de Linarès pour ces pré-cisions et le prions de nous excuser.

• Traductions.

• Le 22 février, à Collioure, un hommage solennel a été rendu au grand écrivainet poète Antonio Machado, à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort.Autour de la tombe de Machado étaient réunis de nombreux écrivains espagnolsparmi eux, le jeune romancier Juan Goytisolo, auteur de Jeux de Mains et de Deuil auParadis. Claude Couffon, traducteur de Lorca, était délégué du Comité d'honneurpour cette manifestation. Parmi les hommages envoyés d'Espagne, citons celui deC. J.Cela, l'auteur de La Ruche. On lira à cette occasion le juan de Mairena, deMachado, traduit par Marguerite Léon. A quelques jours d'intervalle, un solennelhommage était également rendu au poète, à la Sorbonne.

Le Portugal traduit de plus en plus de livres français en ce moment. Nousvenons de lui céder, entre aut'es, Science fausses et fausses Sciences, de

Jean Roitand L'Annonce faite à Marie, de Paul Claudel; Les Faux Monnayeurs,d'André Gide.; Réflexion faite, de René Clair Citadelle, d'Antoine de Saint-

Exupéry Léon Morin, prêtre, de Beatrix Beck La Nausée, de Jean-Paul SartreLe Petit Prince, de Saint-Exupéry Le Lion, de Joseph Kessel Le Malheur d'aimer,de Claude Roy La Semaine Sainte, d'Aragon, etc.

Deuil au Paradis de Juan Goytisolo, qui paraît en France ces jours-ci, vient deparaître en Italie chez Feltrinelli, En el Paraiso, et a paru en octobre dernier chezRowohlt (Allemagne), et ce mois-ci chez Mac Gibbon et Kee (Angleterre).

L'Introduction à J.-S. Bach. Essai d'Esthétique musicale, par Boris de Schloezer,est en cours de traduction en Argentine.

• L'Académie des Sciences morales et politiques a élu (par 24 voix sur 25 votants)Salvador de Madariaga au titre d'associé étranger, en remplacement de CharlesMorgan. Nous rappelons quelques-uns de ses ouvrages Anglais, Français, Espa-gnols,-Anarchie ou Hiérarchie,-et Le Cœur de Jade,traduit de l'anglais par AmélieAudiberti.

0 En janvier, Raphaël Matta, surveillant de la réserve de faunes de Bouna, a étéassassiné alors qu'il tentait de s'interposer dans une querelle entre deux villagesindigènes. La réserve de faunes de Bouna est située au nord de la Côte-d'Ivoire,près des frontières de la Haute-Volta et du Ghana. Raphaël Matta, qui exerçaitses fonctions passionnément, et qui disait lui-même avoir signé un pacte d'allianceavec les bêtes de la jungle et voulait avant tout assurer la sécurité de ses éléphants,était aux yeux de ceux qui l'ont connu la personnification vivante pour les uns, duMorel des Racines du Ciel, de Romain Gary, pour les autres, du John Bullit du Lion,de Kessel.

• « Esprit, es-tu là ? », de Michel Chrestien, fut un des grands succès de « L'Air duTemps »en 1958. On lira cette année Humour quand tu nous tiens, du même auteur,qui est consacré à l'humour anglo-saxon. La couverture est illustrée par Siné.


« L'Air du Temps » publiera également les souvenirs de Bernard Gavoty intitulésLa Musique adoucit les Mœurs ?1 Critique du Figaro sous le pseudonyme de Clarendon,Bernard Gavoty a trouvé son titre récemment, alors qu'un pianiste qu'il venaitde critiquer lui cherchait une rude querelle.

Romain Gary, auteur du Grand Vestiaire, des Couleurs du Jour, d'Éducationeuropéenne et des Racines du Ciel (Prix Goncourt 1956), nous a remis le manuscritde son nouveau roman La Promesse de l'Aube.

On prête à Hemingway l'intention de se rendre cette année en Pologne, où il afondé un prix de mille dollars, auquel ilajoutera le montant de ses droits d'auteur enPologne pour Les Vertes Collines d'Afrique. Ce prix devra récompenser l'auteur dumeilleur roman polonais de l'année.

C'est d'ailleurs Hemingway qui arrive en tête des auteurs étrangers retenuscomme les plus importants au cours d'une enquête faite par l'hebdomadaire Poli-tika auprès des écrivains et intellectuels polonais. Viennent ensuite Faulknerpour Les Palmiers sauvages, Thornton Wilder pour Les Ides de Mars et Pasternakpour Le Docteur Jivago.

M. Pierre Moinot, Conseiller à la Cour des Comptes, auteur de Armes etBagages, La Chasse royale, et La Blessure, est nommé Conseiller Technique aucabinet de M. André Malraux, Ministre d'État chargé des Affaires culturelles.

• Gabriel Audisio, auteur de Jeunesse de la Méditerranée, vient d'être reçu àl'Académie des Sciences d'outre-mer, où il avait été élu le 4 juillet.

• Le 17 février, M. François Mauriac a remis à Edmond Fleg la cravate de comman-deur dans l'Ordre des Arts et des Lettres, à l'hôtel de Massa à Paris.

• L'Académie des Sciences a désigné, le 23 février, le successeur de M. Caullery,mort l'an dernier. Elle a élu, au quatrième tour, M. Fauré-Frémiet par 35 voix,contre 27 voix à M. Étienne Wolff, Professeur d'Embryologie expérimentale auCollège de France, auteur des Changements de Sexe et de La Science des Monstres.

Une maison de couture parisienne, Virginie, a choisi le titre de Marcel ProustA l'Ombre des Jeunes Filles en Fleurs, pour présenter sa collection de printemps1959.

Nathalie Sarraute, auteur de Martereau, de L'Ère du Soupçon, et de Portraitd'un Inconnu, vient de remettre le manuscrit de son prochain roman intituléLe Planetarium.

# Parmi les « 50 Livres de l'Année 1958 », «comme honorant l'édition françaiseaussi bien par l'esprit créateur dont ils témoignent que par le soin et l'art apportésà leur réalisation matérielle », le jury, que préside M. Maximilien Vox, a distinguéLa Semaine sainte, d'Aragon, imprimée et reliée dans la Collection « Soleil »,Récits, Romans, Soties de Gide, dans la Bibliothèque de la Pléiade, enfinLa Chasse, présentée par Jean de La Varende et P.-L. Duchartre, dans « La GaleriePittoresque ».

• Dans son « Journal » hebdomadaire (que publie Carrefour), en date du 5 févrierdernier, André Maurois note que les hommes, le plus souvent, plutôt que ce qui est,voient ce qu'ils croient voir, ou ce qu'ils veulent voir. Il cite en exemple leportrait de La Fayette vieux, vu par Vigny et par Stendhal. De Vigny dans sesMémoires inédits (page 87) « Cet homme de grande taille, maigre et traînant ungros ventre. son visage pâle et insignifiant. un sourire niais. ganache et Basile àface blême.»De Stendhal, au contraire «Je sentis que M. de La Fayette était toutsimplement un héros de Plutarque. Je reconnus sur-le-champ sa grandeur.»(Souvenirs d'Égotisme,« Bibliothèque de la Pléiade », p, 1452).

• Marcel Sauvage, le poète d'Œuvre d'Or, de La Fleur coupée, consacre actuelle-ment une série d'émissions le jeudi, sur France Il à I h. 44, sur le thème« Humour, sixième sens de l'homme. Curiosité poétique et autres ».

LANOUVELLE

Revue Française

PAGES DE JOURNAL

Parmi les savants qui méritent le nom d'écrivains, ily a ceux qui s'étudient à bien écrire (Cuvier, Termier,

Nicolle) et ceux qui trouvent le style sans le chercher,sans le vouloir, par la seule vertu de la pensée ou del'émotion (Pasteur).

Claude Bernard, entre les deux.

Certains écrits scientifiques sont littérairement irrem-

plaçables parce qu'ils expriment des sentiments propresà l'homme de science et qu'il a seul qualité pour expri-mer émotion devant la vérité neuve, impatience de

la communiquer à autrui, irritation de la voir méconnue,etc.

On y trouve aussi parfois une émotion particulière,liée à l'objet même de l'étude émotion « corpusculaire»

(Jean Perrin), astronomique (Laplace, Arago), biolo-

gique (Carrel).

Journal, essais, maximes. Méthodes différentesd'autoextraction.

Le plaisir du chercheur retrousser les jupes de lanature.

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Dans un texte plusieurs fois réimprimé, s'il n'a pas

été revu par l'auteur, fourmillent les fautes d'impres-sion. Comme dans une espèce les mutations, par défautde sélection naturelle.

Tension de vie, possibilité de plaisir.

Tout plaisir est dégradation de la vie.

Comme l'intelligence, la sottise peut n'être que reflet.

Le faux génie soutient mieux que le vrai.

Dans un vieux livre du philosophe Caro, je trouve un

curieux chapitre sur l'Examen de conscience nocturne,

par Francisque Bouillier. Il en ressort que ce Bouillier

fut, à certains égards, un précurseur de Freud, puisqu'il

tient le rêveur pour un peu responsable de ses rêves

« Les caractères et les passions de la veille s'y peignent

comme dans un miroir qui ne ment pas. On dirait quenous n'avons plus honte de nos vices ou de nos travers en

cet état, et que nous abdiquons, avec cette honte, la

mauvaise foi envers nous-mêmes, si fréquente dans laveille.»

L'homme endormi, dit-il encore, sert à mieux con-

naître l'homme éveillé; du rêve se peuvent tirer des

indices pour la médecine de l'âme, ainsi que pour la

connaissance et le gouvernement de soi-même.

Non moins frappant est le commentaire de Caro

« Il peut arriver qu'au-dessous de la nature morale il

existe une autre nature, très différente, une nature pri-

mitive si l'on veut, domptée mais à grand peine, fré-missante encore et prête à se réveiller dès que la disci-pline se relâche, un ensemble d'instincts mauvais tenusen bride dans l'ordinaire de la vie sous le contrôle de la

raison, sous la discipline des mœurs et de l'opinion,

et qui, dès que ces obstacles sont affaiblis (ce qui arrive

PAGES DE JOURNAL

dans le sommeil), s'échappent comme à travers des bar-

rières renversées et prennent alors je ne sais quelleinsolente revanche. Il ne suffit pas de dire que le rêve

exprime notre vie habituelle il exprime aussi biensouvent ce fonds de rêveries à demi inconscientes ou de

désirs comprimés par la réalité, qui se meuvent obscuré-ment sous la surface de notre existence officielle, classée,

définie. Le rêve représente alors au dormeur non pas

ce qu'il est ou ce qu'il a été, mais ce qu'il voudrait être, ce

qu'il regrette de n'avoir pu être par la faute des circons-tances. Nous sommes dépossédés dans le rêve de ce

pouvoir d'inhibition ou d'arrêt, pouvoir si utile dans lavie ordinaire. et qui, paralysé dans le rêve, livre le pas-

sage aux fantaisies les plus désordonnées.» (Mélanges et

Portraits, 1888.)Inconscient, inhibition, désirs comprimés nous ne

sommes pas loin du freudisme.

Dans les domaines où je puis être partial sans consé-

quence, je me rattrape de l'effort d'objectivité que jem'impose dans les autres.

Mensonge idéologique. Je ne méprise pas le savant qui

fausse ou tait la vérité par soumission à une doctrine,

mais il est une qualité de respect que je ne pourrai plus

désormais lui porter.

Il m'a fallu apprendre à me méfier de ceux que

j'estime, et je n'eusse point cru avoir à apprendre cela.

Beaucoup de choses, pour moi, sont changées, je

l'avoue, depuis qu'un nombre grandissant d'hommes de

pensée m'apparaissent soumis à un autre impératif quecelui du vrai.

I^e sérieux n'est qu'un futile plus considéré.

Dans la crédulité entre une bonne part de civilité. Ces

histoires de sorciers, de sourciers, de voyants, ne sont-elles


pas rapportées par des personnes de bon aloi et de bonne

compagnie ?

Nier tout cela, en bloc, c'est offenser trop d'honorablestémoignages.

Tout fait est plus grand qu'on ne croit.

Depuis que la science est largement diffusée dans lepublic, il commence à y avoir un « café du commerce »de la science.

Le grand savant Lucien Cuénot me racontait, un jour,

l'aventure de ce zoologiste passionné qui, ayant perdu laraison, avait inventé, pour le décrire avec une extraordi-

naire minutie, l'animal dont il avait besoin pour illustrerses théories.

Le délire avait créé la preuve.

Le chercheur qui insiste sur l'importance de ce qu'il a

trouvé, on le juge indiscret. S'il n'insiste pas, on dit qu'il

n'en a pas saisi l'importance.

P,ENAN « Les réformes ne triomphent jamais direc-

tement. C'est une tempête qui entraîre à reculons

ceux qui kessaient de lui faire face. » (L'avenir de lascience.)

Valéry « Nous entrons dans l'avenir à reculons.»

Je crois qu'il est peu de gens à qui l'on demande, ainsi

qu'à moi, de se prononcer sur des choses aussi diffé-

rentes que l'existence de Dieu, les miracles de Lourdes,

l'élevage des grenouilles, les dangers de la désintégration

atomique, le style de Chardonne, les canards du Profes-

seur Benoit, l'efficacité de la psychanalyse, la transmis-

sion de l'acquis, l'avenir de la cybernétique, les voyagesintersidéraux, le surhomme, les tables tournantes, les

changements de sexe, l'astrologie, la parthénogenèse,

PAGES DE JOURNAL

les risques du métissage, le mécanisme de l'évolution,l'éducation des enfants, etc.

Sans compter ceux qui m'interrogent sur le régime desperroquets, la croissance des tortues, la mue des faucons,

les mœurs nuptiales de l'escargot.

Il est facile de dire ce qu'on veut dire le difficile,quelquefois, est d'avoir un « vouloir dire ».

Ce qui, avec les marxistes, rend la discussion labo-

rieuse, c'est que, pour eux, aucun problème n'est siétroit qu'on en puisse débattre sans soulever tout

l'ensemble. Même s'ils avaient raison sur le tout, jepense que les cas sont nombreux où il faut oublier ce

tout pour rechercher une solution partielle.

Je ne serais pas loin de penser que les marxistes pos-sèdent en gros la vérité sociale, mais ils en profitentun peu trop pour malmener la vérité tout court.

Les gens veulent qu'on s'incommode pour eux ils

aiment mieux être redoutés qu'aimés. Je suis toujourssurpris du contentement qu'ils éprouvent à nous extor-quer ce qu'ils savent nous être désagréable.

J'aime qu'un écrivain m'apprenne autre chose queson talent.

Mes exclusions ne sont ni indifférence ni dédain.

J'ai ôté de ma vie presque tout, et il m'en reste encorebien plus que je n'en puis utiliser.

Des contradictions dans ma pensée ?Bien sûr, mais beaucoup moins que dans le réel.

Ce n'est pas parce qu'il n'y a rien à dire les yeux grandsouverts qu'il faut réciter des contes à dormir debout.


Toute doctrine est sauvée par ses impuretés.

On finirait par trouver qu'il est plus répréhensible depunir certaines fautes que de les commettre.

X. avait-il du goût ?

Je ne sais, mais il avait le goût qui devait devenir

le goût.

Style tâcher de garder malgré les scrupulesl'aisance de la démarche.

Un bon partisan ne se contente pas de manifesterl'indignation qui est dans son rôle il l'éprouve tout debon.

Opter entre l'absurdité de ce qu'on voit et l'absurditéde ce qu'on y ajouterait pour le rendre un peu moinsabsurde.

Qui pense comme moi est vide pour moi.

Mes illogismes me rassurent je suis encore en vie.

Pourquoi travailles-tu ?

Pour finir un chapitre.

Et pourquoi ce chapitre ?Pour achever un livre.

Et pourquoi ce livre ?Pour augmenter mon œuvre.

Et pourquoi ton œuvre ?J'hésite déjà à répondre. A proportion que la ques-

tion s'évase, elle embarrasse davantage.

J'ai d'autant plus peur de la science que je ne croisqu'en elle.

PAGES DE JOURNAL

La science disait X. aura toujours le derniermot. Si l'homme répugne à être modifié par la chimie,on inventera une drogue qui saura le réconcilier avecla chimie.

L'homme a bien des excuses à déraisonner c'est la

nature qui l'y invite.

Il est des problèmes qui nous passionnent au point quenous aimerions de les voir résolus même par autrui.

L'homme a une trace de vertu originelle.

Il n'est pas rare que, lisant l'ouvrage d'un adversaire,je déplore sincèrement qu'il n'ait rien de meilleur àm'offrir.

Hélas, il ne suffit pas de ne pas penser comme moi

pour en savoir plus que moi.

Un philosophe verra plus volontiers de la bonne philo-sophie dans le jeu d'un pitre que dans l'œuvre d'unautre philosophe.

Concision par impatience. On a hâte de remettre lestylo dans la poche.

Affinités cachées entre deux écrivains que prise un

même lecteur. Comme entre deux plantes, d'aspect

différent, qu'exploite une même chenille.

Je suis un sage sans sagesse.

Qu'il y a donc longtemps que, touchant la compré-hension des grands problèmes, je n'ai trouvé, ni en moini ailleurs, de quoi me rouvrir l'appétit.


Déception, sans étonnement, après lecture.

Encore un qui n'en sait pas plus que moi sur les seuleschoses qu'il importerait de savoir 1

Touchant les grandes -énigmes philosophiques, j'ai

acquis une sorte de réflexe négatif. De plus en plus, jem'abstiens d'y revenir comme l'animal qui, une fois

pour toutes, se tient tranquille parce qu'il s'est tropcogné à la vitre.

Lettres fastidieuses l'une me force à chercher une

référence bibliographique une autre, à tourner uneformule courtoise de refus, etc.

J'en suis presque reconnaissant à cette bonne lettre

d'injures qui, elle, du moins, ne m'oblige à rien.

Tant mieux si ma vérité peut aider un autre à s'enfaire une autre.

Trop de bonne foi manque d'aptitude à la régula-tion interne.

On ne lutte pas suffisamment pour maintenir la cons-tance de son opinion.

Quand j'étais jeune, je plaignais les vieux. Mainte-

nant que vieux, ce sont les jeunes que je plains.

La folie, nous enseignent les psychiatres, est souvent

liée à l'incapacité d'amour.

Essayer d'être le moins fou qu'il nous est possible.

Mensonges partisans.Si un médecin veut combattre, il ôte son brassard

à croix rouge.Si un homme de science veut mentir.

PAGES DE JOURNAL

Se méfier de l'argument de continuité. Si vous m'ac-cordez le droit d'en user, je me charge de vous prouver

que vous n'êtes pas vivant.

Incapable d'un contentement immobile. Que faire del'obtenu ?

Louange par kilo d'animal.

Plus on prend de la masse, plus forte la dose qu'onréclame.

Les très grandes questions sont celles sur qui le premiervenu n'a pas, plus qu'un autre, chances de déraisonner.

Inconvénient du faux savoir comme du faux aliment.

Il bloque les valences disponibles pour des nourrituresvalables.

La complexité ahurissante de la science les radia-

tions, les ondes, les électrons, les gènes, les hormones,le système sympathique, le DNA, l'inconscient. Ons'étonne que les gens gardent leur tête.

Au fait, ils ne la gardent pas.

La souffrance engendre l'idéologie, qui ensuite pri-mera sur elle.

Liberté de l'esprit, respect de l'homme, amour du

vrai. Qu'on n'attende pas de moi que, près de m'ache-ver, je renie les quelques idées dont j'ai vécu.

Seules me pourraient faire envie des choses que jen'ai aucunement envie de faire.

Lorsqu'on connaît profondément quelqu'un, on n'estguère en peine de savoir où seraient ses véritables

LA NOTJVEIXE REVUE FRANÇAISE

devoirs, ceux qui, pour lui, représenteraient privationou surpassement.

Ce ne sont pas ceux-là que d'ordinaire il se choisit.

Pétitions, appels.

Il est pénible d'avoir à refuser de signer ce que l'onpense plus sincèrement que la plupart des gens avecqui on le signerait.

La meilleure science n'est pas forcément du côté de

la plus grande efficacité. Jusqu'à la découverte des anti-

biotiques, ou en tout cas jusqu'à Pasteur, il est probable

que les guérisseurs guérissaient mieux que les médecins.

Je n'ai besoin de rien, mais rien ne me suffirait.

Il est des moments où, pour continuer de vivre, on

ne peut que faire appel à ce qu'on est de pire.

Quel chercheur ne souhaiterait de durer ne fût-ce

que pour voir comment grandiront les petites véritésqu'il a mises au jour ?

La vanité ne prend pas une ride.

Je n'entends la parole que de quelques-uns. Tout le

reste est pour moi bruit de fond.

J'ai fini par acquérir durablement le sentiment de

l'éphémère.

Nous envions parfois à autrui l'importance qu'il

parvient à donner à ce qui lui arrive.

Le plaisir de goûter la nature est l'un des seuls aux-quels toujours nous nous sentions avoir droit.

BULLETIN D'AVRIL 1959€¦ · Chacun de ces6 volumes de la Série Noire, nos 482 à 487 220 fr....

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