BT viti n30-juin 2013

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Numéro 30 /Juin 2013 Essai « réevaluer les seuils d’intervention sur tordeuses de la grappe » Nouveaux essais POD mildium® en 2012 : des résultats encourageants Raisonner les apports de matière organique pour entretenir la fertilité des sols Bilan de la journée zéro herbi viti du 17 avril 2013 Qualité de pulvé (papiers hydrosensibles) Trois réseaux de fermes ECOPHYTO en Cha- rentes : 32 exploitations viticoles engagées dans la réduction des phytos VITIFLASH : Pour des préconisations objec- tives et indépendantes Bilan sur la journée technique « Forum taille » à Segonzac Forum Pulvé, une nouvelle édition en 2013 Viticulture

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Essai tordeuses de la grappe essais POD mildium® Raisonner les apports de matière organique pour entretenir la fertilité des sols journée zéro herbi viti Qualité de pulvé (papiers hydrosensibles) Trois réseaux de fermes ECOPHYTO en Cha-rente Bilan « Forum taille » Forum Pulvé 2013

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Bulletin réalisé par la Chambre d’Agriculture de la Charente avec l’appui de la Section viticole des Groupements de Développement Agricole et CETA de Cognac, Hiersac, Jarnac, Rouillac, Segonzac et Malaville.

Numéro 30 /Juin 2013

Essai « réevaluer les seuils d’intervention sur tordeuses de la grappe »

Nouveaux essais POD mildium® en 2012 : des résultats encourageants

Raisonner les apports de matière organique pour entretenir la fertilité des sols

Bilan de la journée zéro herbi viti du 17 avril 2013

Qualité de pulvé (papiers hydrosensibles)

Trois réseaux de fermes ECOPHYTO en Cha-rentes : 32 exploitations viticoles engagées dans la réduction des phytos

VITIFLASH : Pour des préconisations objec- tives et indépendantes

Bilan sur la journée technique « Forum taille » à Segonzac

Forum Pulvé, une nouvelle édition en 2013

Viticulture

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Sommaire

● Composition : Chambre d’Agriculture de la Charente ● Impression : Deplanque ● Crédit photo : Chambres d’Agriculture, sauf mention spéciale ● Directeur de publica-tion : Xavier DESOUCHE ● Dépôt légal : juin 2013● Document non contractuel

Coordonnées Chambre d’Agriculture de la CharenteZE Ma Campagne - 66, impasse Niépce 16016 ANGOULEME CEDEX Tél : 05 45 24 49 49 - Fax : 05 45 24 49 99 [email protected] www.charente.chambagri.fr

Antenne Ouest Charente7 rue du stade 16130 SEGONZAC Tél : 05 45 36 34 00 - Fax : 05 45 36 34 06 [email protected]

Antenne Sud CharenteBP 14 - 35 avenue de l’Aquitaine 16190 MONTMOREAU Tél : 05 45 67 49 79 - Fax : 05 45 25 19 24 [email protected]

Antenne Charente Limousine2 et 4 allée des Freniers 16500 CONFOLENS Tél : 05 45 84 09 28 - Fax : 05 45 84 43 83 [email protected]

Antenne Nord CharenteAvenue Paul Mairat 16230 MANSLE Tél : 05 45 95 25 58 - Fax : 05 45 38 74 07 [email protected]

3 Essai « réevaluer les seuils d’intervention sur tordeuses de la grappe »

10 Nouveaux essais POD mildium® en 2012 : des résultats encourageants

13 Raisonner les apports de matière organique pour entretenir la fertilité des sols

20 Bilan de la journée zéro herbi viti du 17 avril 2013

21 Qualité de pulvé (papiers hydrosensibles)

23 Trois réseaux de fermes ECOPHYTO en Cha- rentes : 32 exploitations viticoles engagées dans la réduction des phytos

25 VITIFLASH : Pour des préconisations objec- tives et indépendantes

26Bilan sur la journée technique « Forum taille » à Segonzac

26 Forum pulvé, une nouvelle édition en 2013

La Chambre d’Agriculture de la Charente est agréée par le Ministère chargé de l’Agriculture pour son activité de Conseil indépendant à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques N° SIRET : 181600016N° Agrément : PC

Article Forum Pulvé page 26 de ce bulletin

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Essai « réevaluer les seuils d’intervention sur tordeuses de la grappe »

Objectifs

Le premier objectif de cet essai est d’optimiser la lutte contre les tordeuses de la grappe afin de déclencher des interventions insecticides raisonnées en fonction de la pression des ravageurs et de gérer de façon combinée la lutte contre la Flavescence dorée et les vers de la grappe.Le second objectif est de répondre aux objectifs du Plan Ecophyto en limitant le nombre d’insecticides appliqués au vignoble et en favorisant le développement de la faune au-xiliaire.Depuis 2011, 2 parcelles sont mises en place sur le vi-gnoble charentais afin de réévaluer les seuils de sensibilité de l’Ugni blanc vis-à-vis des tordeuses Cochylis et Eudé-mis. Les seuils de sensibilité actuellement utilisés sont : ● pour la 1ère génération : 200 glomérules pour 100

grappes● pour la 2ème génération : 10 perforations pour 100

grappes

Protocole d’expérimentation

Le choix des parcelles d’Ugni Blanc a été fait en fonction de la sensibilité vis-à-vis des tordeuses de la grappe.Voir tableau 1 ci-dessousPour chaque parcelle de référence, il a été réalisé : ● un suivi biologique (suivi du vol par piégeage sexuel et

observation pour chaque génération œufs, glomérules, nombre de chenilles et perforations).

● un suivi des données météorologiques issues des sta-tions (DEMETER) les plus proches des sites.

Lieu Tordeuse Type de sol Entretien du solCharente-Maritime Juicq Cochylis Doucins Désherbage total

Charente Lignières-Sonneville Eudémis Argilo-calcaire Enherbement tous les rangs et dés-herbage sous le Rang

● une évaluation de l’impact des dégâts (comptage Botrytis, analyses, microvinification et microdistillation, dégustations). Ainsi, sur la parcelle de référence d’Eudémis, nous avons comparé une « Vendange non traité » avec une modalité « Vendange Saine » (après triage sur grappe sur la parcelle de référence). Une Troisième modalité a été rajoutée en cours d’essai appelé « Vendange traitée » issue de la parcelle voisine de même âge, séparée par une allée de la parcelle de référence.

Dans cet article, nous ne parlerons pas de la Cochylis, car 2012 a été peu marquée par cette tordeuse.

NB : Pour les 2 parcelles, nous avons mis en place des pièges à la fois pour Cochylis et Eudémis. Notons que les vols de Cochylis et Eudémis ont été comme en 2011 inexistants respectivement sur les secteurs de Lignières-Son-neville et Juicq.

Tableau 1 : Caractéristiques des parcelles d'essai

Dégâts de tordeuse de la grappe - source Chambre d'agriculture de l'Hérault (34)

TSAKONAS J.C. ©

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Climatologie Voir graphique 1 ci dessousL’année 2012 a été marquée par des excès. En effet, le printemps a connu une pluviométrie excédentaire en Avril associée à des températures particulièrement fraiches pour la saison (-2.2°C par rapport à la moyenne décennale). Ces conditions climatiques pluvieuses et surtout fraîches ont re-tardé le débourrement (le 3 mai en moyenne sur notre ré-seau) et provoqué une forte hétérogénéité des stades phé-nologiques au sein d’une même parcelle. Le temps frais s’est poursuivi en mai et juin, accentuant ainsi l’hétérogé-néité des stades au moment de la floraison. Pour finir, l’été a été mitigé avec un mois de juillet frais et humide puis un mois d’août chaud et sec avec un épisode « caniculaire ». La pluie est arrivée assez tardivement (fin septembre) à la veille des vendanges ce qui n’a pas empêché le grossisse-ment naturel des baies d’Ugni blanc avec des températures

redevenues correctes dans le mois de septembre. Au final, les vendanges ont débuté avec 15 jours de retard par rap-port à la moyenne (2010-2012) et un mois après par rapport à 2011.

Suivi Biologique

Suivi du vol, voir graphique 2 ci-dessous.Le piégeage d’Eudémis montre que le vol de la 1ère géné-ration est de plus faible intensité que 2011 mais plus étalé dans le temps. Il se déroule de début avril jusqu’au 24 juin . Un pic de vol est observé le 2 juin.Pour la deuxième génération, le vol est plutôt de faible in-tensité mais surtout très étalé dans le temps, par rapport à 2011. Il s’est déroulé sur la période du 10/07 au 27/08 avec un pic observé assez tardivement le 11/08. Le vol de 3ème génération s’étale du 28/08 au 31/09 et est toujours de très faible intensité.

Graphique 1 : Evolution de la climatologie d'avril à septembre 2012 (Lignières-Sonneville)

Graphique 2 : Vol d'Eudémis 2012 sur Lignières-Sonneville

1er Vol: 179 papillons (contre 785 en 2011)

2e Vol: 142 papillons(contre 144 en 2011)

3e Vol : 50 papillons (contre 62 en 2011)

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Evolution des dégâts sur la parcelle de Lignières-Sonneville

Voir tableau 2 ci-dessous. Les dégâts en 1ère génération sont de très faible intensité. Nous avons noté peu de glo-mérules et seulement 1 perforation pour 100 grappes.Pour la 2ème génération, les premiers œufs ont été observés fin juillet (2 œufs pour 50 grappes). A partir de cette date, le viticulteur a décidé de réaliser un insecticide type larvicide sur le reste du vignoble. Pour la suite des observations, nous avons donc décidé de distinguer 2 parties :● Partie non traitée (parcelle de référence) ;● Partie traitée (parcelle voisine de même âge) ;A la mi-septembre, nous avons observé, sur la partie non traitée, 14 perforations pour 100 grappes (supérieur au seuil de traitement curatif : 10 perforations pour 100 grappes) correspondant à la 2ème génération. Nous avons aussi re-

marqué des dégâts sur la partie « Traitée » avec 7 % de perforations. De plus cette année, nous avons constaté des dégâts issus de la 3ème génération avec 16 perforations pour 100 grappes pour la partie non traitée contre 11 pour la partie traitée. Au final, à la récolte, on a observé 64 perforations pour 100 grappes sur la partie non traitée et 40 perforations pour la partie traitée.On peut noter que l’intensité du vol n’est pas corrélée aux dégâts. En effet, pour la 2ème et 3ème génération les vols ont été de faible intensité comme en 2011 mais cela n’a pas empêché d’observer des dégâts assez significatifs cette année. Par contre, en 2012 ils ont été plus étalés dans le temps (15 jours de plus pour la 2ème génération par rapport à 2011) avec des captures journalières plus faibles. Ceci a peut-être contribué à l’apparition de dégâts. De plus, la mé-téorologie plus clémente (chaude et sèche) de début août jusqu’au 20 septembre a sûrement favorisé les conditions pour générer les dégâts sur la vigne.

Date Stade phénologique

Nb grappes observées

G1 glomérules

G2 Nb œufs

G2% grappes

G2Nb perfor. %

G2Nb larves

Observations

13 juin 1ères Fleurs 50 1 Vide

19 juin Floraison 50 2 Eudémis

26 juin Fin Floraison 50 6 Eudémis

2 juil. Grain de plomb 50 1 Vide et 1 perforation

9 juil. Grain de pois 50 0 24 juil. Fermeture 25 1 Eudémis

30 juil. Fermeture 50 2 Eudémis14 sept

Fin Véraison

100 29 % 30 Partie non traitée dont 16 perforations 3ème génération

14 sept100 17 % 18

Partie traitée dont 11 perforations 3ème génération

1 oct.Avant Récolte

50 46 % 64 Partie non traitée

1 oct. 50 30 % 40 Partie traitée

Tableau 2 : Evolution des dégâts sur la parcelle de Lignières-Sonneville

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Evaluation de l’impact des dégâts

Evaluation du BotrytisVoir graphique 3 ci-dessous. Rappelons que lors du comptage du 1er octobre, nous avons aussi évalué le nombre de perforations pour 100 grappes qui a généré le développement de Botrytis : 64 % de perforations sur la par-tie non traitée et 40 % sur la partie traitée. Nous constatons à la même date, une différence en termes de fréquence de Botrytis sur grappe entre les 2 modalités, alors qu’en terme d’intensité sur grappe, l’écart reste très faible. Ensuite, au vu d’un important cumul de pluie tombée sur une courte période (87,5 mm en 11 jours) et sur des sols relativement très secs, nous avons préféré attendre une semaine de plus par rapport au viticulteur pour vendan-

ger nos modalités afin d’évaluer la progression du Botrytis sur grappes. On constate que l’on atteint 10 % d’intensité moyenne sur grappe pour la partie « non traitée » contre 5 % pour la partie « traitée » le jour de la récolte (le 8 oc-tobre). Lors de nos observations, nous avons bien constaté que les dégâts issus du Botrytis étaient bien liés aux perfora-tions causées par Eudémis.Nous avons réalisé sur moût le Test Botrytest pour analyser l’activité laccase. Au final, pour les 3 modalités (Saine, Non traitée, Traitée), le test s’est révélé négatif (voir photo 2 ci-dessous). On pourrait en déduire que l’activité laccase était déjà terminée. Nous avons donc réalisé pour les 3 modalités (Saine, Non traitée, Traitée) diverses analyses sur moût (taux de bourbes,..) ainsi qu’une micro-vinification et une micro-dis-tillation finalisées par une dégustation.

Graphique 3 : Evaluation des dégâts de Botrytis sur grappes (avant Récolte)

Photo 2 : Test Botrytest qui s'est révélé négatif sur le moût pour analyser l’activité laccase

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Evaluation de l’impact des dégâts dus aux tordeuses sur la qualité du produit

Evolution du Taux de bourbes sur moût (voir photo 3 ci-dessous)Un suivi de taux de bourbes sur moût a été réalisé pour les 3 modalités afin de voir l’influence du Botrytis sur la produc-tion de bourbes (voir graphique 4 ci-dessous) .

Nous constatons qu’au bout de 2h de décantation, la partie « non traitée » a plus de Bourbes (+10 %) par rapport à la « vendange saine » dû à la présence de Botrytis. En revanche, au bout de 8h, l’écart se resserre pour devenir non significatif.

Photo 3 : Evolution du taux de bourbes sur moût

Graphique 4 : Evolution du taux de bourbes

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Analyses laboratoires avant et après la Fermentation alcoolique

Nous pouvons constater que pour la modalité « Saine », on a 1 degré de moins par rapport aux 2 autres. Ceci s’ex-plique par le fait que nous avons trié la vendange en enle-vant si besoin la partie « Botrytisée » pour avoir des raisins « sains ». De plus, la partie « traitée » a un taux d’azote assimilable plus faible que les 2 autres modalités ce qui marque un problème d’effet « Terroir » car il y a une allée qui sépare les 2 parcelles.

Analyses par chromatographie

Lorsqu’on regarde la chromatographie, les modalités Ven-danges « saines » et « non traitée » ont plus d'ester que la modalité « traitée » car elles ont au départ plus d'azote assimilable dans leur moût. De plus, on sait que moins on a de bourbes, plus on a la présence d’Esters car les bourbes augmentent les Alcools supérieurs et diminuent les Esters.

La vendange traitée semble avoir un niveau analytique neutre. Les 2 profils (vendanges saine et non traitée) ont plus de potentiel aromatique que celui du traité. Enfin, en comparant les incertitudes, on constate qu’il n'y a pas de différence significative entre les modalités « Saine » et « non traitée ».

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Résultats de la dégustation

Vendange saine Vendange non traitée Vendange traitée+ -

Critères Piquant, Bonbon anglais

Oxydé, acétal et éthanal Oxydé, acétal et éthanal

Au final, la vendange saine semble mieux sortir au niveau de la dégustation malgré des problèmes d’oxydation sur l’ensemble des modalités.

Conclusion

2012 a été fortement marquée par l’Eudémis (contrairement à 2011) principalement par la 2ème et surtout 3ème généra-tion. On pourrait l’expliquer par des conditions climatiques favorables de mi-août à mi-septembre (sec et chaud). Un nombre significatif de perforations a été observé, en par-ticulier pour la 3ème génération, qui a été une porte d’en-trée au Botrytis suite aux pluies qui ont débuté la veille des vendanges. A cette époque, aucun traitement n’a pu être réalisé car la date de déclenchement est trop proche de la récolte. De plus, la liste verte limite l’emploi des produits phytosanitaires à la véraison. Enfin, il n’existe pas de réel seuil de traitement pour cette dernière génération. Comme nous étions en conditions expérimentales, nous avons préféré attendre une semaine de plus que le viticul-teur pour vendanger nos modalités afin de voir l’évolution du Botrytis sur grappes et ainsi de comparer 3 modalités (Saine, Non traitée et Traitée).Au final, on constate :● Pas de différence significative au niveau analytique

entre les modalités « Saine » et « Botrytisée »● Au niveau de la dégustation : Modalité « Saine » semble

(+) par rapport aux modalités « Botrytisée » (-) mais il y a eu un problème d’oxydation

Cette année, nous n’avons pas pu conclure sur de réelles différences entre les modalités « Vendange traitée » et « Vendange non traitée » qui pourrait s’expliquer par un problème d’effet « Terroir ». Un point que nous améliore-rons en 2013.Il y aura une poursuite de l’essai en 2013 pour essayer de valider un nouveau seuil de traitement et voir l’impact sur le produit final. Nous tenons à remercier M. Massacré Thierry (Lignières-Sonneville) de nous avoir permis la réalisation de cet essai ainsi que le laboratoire œnologique de la Chambre d’Agri-culture de la Charente pour les analyses.Partenaires Financiers

Marie-Hélène MARTIGNETél : 05 45 36 34 00

[email protected]

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Nouveaux essais POD mildium® en 2012 : des résultats encourageants2012, forte pression parasitaire et moins de 9 traitements fongicides

Depuis 3 ans les Chambres d’agriculture de la Charente Maritime et de la Charente travaillent sur le protocole d’expérimentation POD mildium®. Ce protocole élaboré par l’INRA-UMR Santé et Agroécologie du Vignoble de Bordeaux et l’Irstea de Montpellier s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le mildiou et l’oïdium de la vigne.

Objectifs

L’objectif de ce protocole est de réduire significativement l’usage des produits phytosanitaires par une diminution du nombre de traitements fongicides au cours de la campagne viticole. En effet, POD mildium® vise à adapter à l’échelle de la parcelle le nombre de traitements en se basant sur des indicateurs et en suivant un arbre de décision.

Objectifs principaux

● Réduire de manière significative la charge d’intrants ● Maintenir les objectifs de production Cognac● Limiter à 3 le nombre d’observations à la parcelle ● Gérer mildiou et oïdium en même temps

La méthode

POD Mildium® est basé sur un nombre restreint de trai-tements obligatoires complétés éventuellement par des traitements optionnels.

Les traitements obligatoires ont pour objectif de maîtriser les épidémies « faibles », (voir schéma 1 ci-dessous) alors que les traitements optionnels sont déterminés par des indicateurs. Ces indicateurs : observations à la par-celle, niveau de risque local mildiou et pluies annoncées permettent l’identification de situations à risque. Cumulés, ces traitements représentent au maximum un IFT de 12, soit 12 traitements à pleine doseLe processus POD mildium® se base sur une division de la saison culturale en 7 étapes au cours desquelles vont être réalisés : observations, comptages et traitements obli-gatoires et/ou optionnels.Les 3 comptages permettent de décider ou non de la réa-lisation des traitements optionnels. De plus, 3 évaluations d’efficacité sont réalisées à différents stades pour contrôler la performance du programme de traitement (voir schéma 2 ci-dessous).

Schéma 1 : Les 4 traitements obligatoires POD Mildium®

Schéma 2 : Les 7 étapes du processus

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Les essais en Charentes : 3 parcelles d’essais à Segonzac, Mortagne sur Gironde et Floirac

En Charentes, les essais ont été menés sur 3 parcelles d’Ugni blanc possédant des caractéristiques pédo-clima-tiques différentes, mais des modes de conduite similaires (Guyot double, attachage en arcure, palissage monoplan).Pour chaque parcelle, la modalité POD mildium® est com-parée au programme de traitement libre du viticulteur. Tous les traitements ont été réalisés par le viticulteur avec un appareil pneumatique S21 type voûte charentaise. Dans la pratique, le viticulteur passe tous les trois rangs. Dans le cadre de cet essai, le viticulteur est passé sur les deux mo-dalités (POD Mildium® et Viticulteur) tous les deux rangs. 4 faces sont ainsi traitées par passage.

Les traitements effectués en 2012

Sur les 3 parcelles d’essais, malgré la pression parasitaire 8,7 traitements ont été réalisés : 6 à 7 anti-mildiou et 2 anti-oïdium. En effet, sur le site de Segonzac, le dernier trai-tement obligatoire anti-mildiou n’a pas pu être réalisé. Les produits utilisés dans la modalité mildium sont les produits du viticulteur. Le détail des programmes de traitements des trois sites d’essais est disponible sur demande.Le protocole POD Mildium® reste aujourd’hui confidentiel, le détail du programme et du positionnement des interven-tions ne peut être développé dans ce compte-rendu.

Les résultats sur les 3 parcelles

Performances environnementales Un nombre de traitements très inférieur à celui réalisé par le viticulteur pendant la campagne et une diminution de l’IFT de plus de 40 % sur les 3 parcelles.voir tableau 3 ci-dessous.

Sur les trois sites d’essais les performances environnemen-tales sont importantes en 2012. L’IFT (Indice de Fréquence de Traitement) montre bien que la réduction d’intrants est conséquente. Ainsi, en moyenne, les IFT des modalités POD mildium® sont diminués de plus de 40 % sur les 3 sites. Cela correspond à une diminution des traitements an-ti-mildiou et anti-oïdium. Malgré la forte pression mildiou en 2012, le processus POD mildium a permis de supprimer plus de 3 traitements. De plus, on remarque sur le tableau ci-dessus que le nombre de traitements anti-oïdium a été assez élevé sur les mo-dalités « Viticulteur » et ce sur les trois sites et malgré une pression de la maladie modérée. Cela montre bien que les 2 maladies sont rarement dissociées dans les stratégies classiques de protection de la vigne. Il est clair que la forte pression mildiou a entraîné un nombre de traitements anti-oïdium important. Dans le processus POD mildium®, les stratégies pour les deux maladies sont bien distinctes et les décisions de traitement sont prises séparément pour chaque parasite. Aussi, sur les trois sites, la lutte anti-oï-dium a été restreinte à 2 traitements contre 7 traitements au moins pour les modalités Viticulteurs.Au final, le gain de traitements avoisine en moyenne pour les 3 sites 8.5 interventions phytosanitaires se traduisant par une diminution très importante de l’IFT. Cette conclusion rejoint donc les résultats obtenus les années précédentes, où les diminutions de fongicides étaient déjà établies (voir graphique 5 ci-dessous).

Indicateur Stratégie Mortagne Floirac Segonzac Différence moyenne mildium/viti

IFT totalmildium 5.83 10.36 7.4

6.61viticulteur 10.07 19.56 13.78

Nb tt mildioumildium 7 7 6

3.33viticulteur 10 10 10

Nb tt oïdiummildium 2 2 2

5.33viticulteur 7 7 8

Tableau 3 : IFT et nombre de traitements fongicides 2012

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Performances agronomiques Que ce soit pour le mildiou ou pour l’oïdium, les dégâts ont été très limités quelles que soient les modalités et sur les 3 sites. L’état sanitaire est très bon en dépit de la forte pres-sion mildiou, voir tableau 4 ci-dessous.Sur les trois sites, aucune différence importante entre la modalité « POD mildium®» et la modalité « Viticulteur » n’a été observée au niveau des indicateurs « Intensité grappes » pour les deux maladies. La présence de la mala-die est faible, ce qui est très acceptable pour les viticulteurs car cela n’engendre aucune perte de récolte. En effet, les essais ont été récoltés (récolte machine pour les sites de Floirac et Mortagne, vendange manuelle de 30 ceps par modalité pour le site de Segonzac) et on observe très peu de différence entre les modalités au niveau du ren-dement (HL AP/ha). Sur les modalités Pod mildium®, les rendements sont assez proches de ceux observés sur les modalités « Viticulteur ». De la même manière, les para-mètres analytiques des vendanges sont similaires puisque l’on ne relève aucune différence ni sur les TAVp ni sur les AT des moûts prélevés.Voir graphique 6 ci-dessous.

Globalement sur les deux départements les résultats sont très satisfaisants :● Diminution significative des intrants phytosanitaires● Bon état sanitaire à la récolte● Qualité et quantité de vendange satisfaisantes pour les

viticulteurs concernés

Enjeux et perspectives

La phase expérimentale de validation du processus POD mildium® au niveau parcellaire est terminée depuis 2011. Les résultats encourageants observés sur l’ensemble du territoire national depuis 2008 ont permis de conclure quant aux performances de ce processus. En effet, à l’échelle de la parcelle, POD mildium® permet une gestion simultanée des deux maladies oïdium et mildiou qui conduit systéma-tiquement à une diminution des intrants phytosanitaires et ce en conservant une quantité et une qualité de vendange correspondant aux attentes des viticulteurs. Ce processus correspond bien aux exigences du plan Ecophyto 2018 et il est entré depuis 2012 dans une phase de développement. 2012 a permis de tester le processus dans des conditions difficiles avec une pression mildiou importante. La valida-tion du processus dans ces conditions nous incite donc à persévérer et c’est dans ce cadre que les Chambres d’agri-culture de la Charente et de la Charente Maritime vont poursuivre leurs essais en 2013. Aujourd’hui, le principal objectif des essais POD mildium® est d’évaluer les possibi-lités de transfert à la filière viticole.

Anne-Lise MARTINTél : 05 45 36 34 00

[email protected]

Tableau 4 : Évaluations de l'état sanitaire

MORTAGNE FLOIRAC SEGONZACContrôle Stade Date Notation

(en %)mildium viti mildium viti mildium viti

Eva lua t i on E1

Mi-floraison 26-juin Mildiou IG 0,00 0,00 0,00 0,00

Evaluation E2

Début véraison 03-août

Mildiou IG 0,55 0,74 0,14 0,67 1,46 2,44Mildiou FG 5,00 16,00 1,40 3,46 15,99 19,93Oïdium IG 0,15 0,02 0,01 0,00 0,01 0,00Oïdium FG 4,00 0,80 0,50 0,20 0,02 0,00

Evaluation E3

Pré- vendange

20-sept Mildiou IF 1,10 1,99 1,68 0,53 15,66 14,40Oïdium IF 18,10 3,96 11,20 4,92

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 13

Raisonner les apports de matière organique pour entretenir la fertilité des sols

Introduction

Des apports de matières organiques sont régulièrement réalisés afin d'entretenir le potentiel de fertilité des sols viticoles en Charentes. Deux objectifs sont généralement assignés à l'utilisation de ces produits : apport d'éléments minéraux d'un côté, afin de pourvoir aux besoins annuels de la vigne, entretien du taux de matière organique du sol de l'autre. Ces deux objectifs sont-ils aisément conciliables au travers de simples pratiques d'apports ? Quels choix de matière organique opérer et à quelle quantité afin de ré-pondre à ces différents objectifs ? Le raisonnement de la fertilisation avec ce type de produit mérite quelques rappels afin d'en optimiser la pratique.

Rôle et fonction de la matière organique des sols

Les matières organiques jouent un rôle important dans le fonctionnement global du sol, au travers de ses compo-santes physique, chimique et biologique, qui définissent la notion de fertilité. Voir tableau 5 ci-dessous.

Les matières organiques du sol

L’évolution du stock de carbone organique dans les sols ré-sulte de l’équilibre entre les apports de matières organiques végétales au sol et leur minéralisation.

Action BénéficeRôle physique= cohésion

Structure, porosité ● pénétration de l’eau ● stockage de l’eau ● limitation de l’hydromorphie ● limitation du ruissellement ● limitation de l’érosion ● limitation du tassement /compactage ● réchauffement

Rétention en eau ● meilleure alimentation hydrique Rôle biologique= énergisant

Stimulation de l’activité biologique (vers de terre, biomasse microbienne)

● dégradation, minéralisation, réorganisation, humifica-tion

● aération● croissance des racines

Rôle chimique= nutritif

Dégradation, minéralisation ● fournitures d’éléments minéraux (N, P, K, oligo-élé-ments…)

CEC ● stockage et disponibilité des éléments minérauxComplexation ETM (Eléments Trace Métalliques)

● limitation des toxicités (Cu par exemple)

Rétention des micropolluants orga-niques et des pesticides

● qualité de l’eau

Source : Groupe national fertilisation vigne

Tableau 5 : Rôle et fonctionnement de la matière organique des sols

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Nature des constituants organiques

Le terme «matières organiques du sol» regroupe l’en-semble des constituants organiques morts ou vivants, d’origine végétale, animale ou microbienne, transformés ou non, présents dans le sol. Elles représentent en général 1 à 10 % de la masse des sols.Elles se répartissent en trois groupes (1) :● Les Matières Organiques Vivantes (MOV), animale, vé-

gétale, fongique et microbienne, englobent la totalité de la biomasse en activité (racines, vers de terres, micro-flore du sol…).

● Les débris d’origine végétale (résidus végétaux, ex-sudats), animale (déjections, cadavres), fongique et microbienne (cadavres, exsudats) appelés « Matières Organiques fraîches ». Associées aux composés orga-niques intermédiaires issus de l’activité de la biomasse microbienne, appelés produits transitoires (évolution de la matière organique fraîche), elles composent les MO facilement décomposables.

● Des composés organiques stabilisés (« MO stable »), les matières humiques ou humus, provenant de l’évolu-tion des matières précédentes. La partie humus repré-sente 70 à 90 % du total.

Voir schéma 3 ci-dessous.

Schéma 3 : Composition des MO et turnover (Dupargue et Rigalle 2006)

Quantification des principales fractions des MO des sols (sol du bassin parisien)

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 15

Les sols charentais

Les sols viticoles argilo-calcaires présentent régulièrement des teneurs supérieures à 3 % ce qui les classe dans la catégorie des sols bien pourvus en MO. L’apport de matière organique dans un sol argileux vise à stabiliser les argiles, limiter le lessivage et augmenter la CEC.Chaque année, un sol connaît deux types de minéralisa-tion :● la minéralisation primaire M1 des matières organiques

fraîches, résidus de cultures, fumures organiques. Cette minéralisation fournit des quantités très variables d’azote (et autres éléments) selon la quantité de ma-tières organiques apportée au sol.

● la minéralisation secondaire M2 d’une partie du stock d’humus stable (coefficient K2). Cette minéralisation fournit une quantité d’azote (et autres éléments) plus

régulière, et indépendante des apports, qui ne dépend que de l’activité biologique du sol s’attaquant au stock d’humus stable. Pour que ce stock ne s’épuise pas, il faut l’entretenir.

Le calcaire a un effet stabilisant pour l’humus, le mettant à l’abri de la biodégradation, voir tableau 6 ci-dessous.L’agriculteur se pose alors quatre questions :● quelle quantité d’humus stable est minéralisée par hec-

tare et par an ?● quelle quantité d’azote est fournie par la minéralisation

M2 de cet humus ?● quelle quantité de matière organique apporter chaque

année pour remplacer cet humus détruit ?● quelle quantité de MO apporter afin de pourvoir aux be-

soins en éléments minéraux ?

Types de sols K2 = Taux annuel de minéralisation (perte d’humus) Non calcaire ou calcaire < 15 %

Sableux Sableux-argileux Limoneux Argileux

2,5 %1,5 à 1,2 % 1,5 à 1,2 % 1,0 %

Calcaire 15 % < CaCO3 < 50 % CaCO3 > 50 %

0,8 à 0,6 %0,5 à 0,4 %

1 Estimer la quantité d'humus présent dans le sol

2 Estimer les pertes en humus par miné-ralisation

3 Estimer les gains en humus par resti-tution

4 Estimer la quantité d'humus pour équili-brer le taux de MO

5 Besoin en humus = perte-gain+redressement

Le stock d'humus Les pertes Les gains Le besoinSurface 10 000 m2

Profondeur 30 cm K2 = 0,7% 2 T de bois de tailleDensité sol= 1,45 t/m3 "Coefficient isohu-

mique K1 25 % = 500 kg"

Taux cailloux : 20 %"Masse de terre fine = 3480 T"

"Humus restitué par l'herbe + feuilles = 500 kg"

Taux de MO mesuré 3 %"Quantité d'humus présente : 104 T"

"Humus minéralisé /an = 0,73 T"

"Humus restitué 1 T"

Pas nécessaire "non démontré (les restitutions com-pensent les pertes)"

Schéma simplifié du raisonnement de la dose à apporter

Tableau 6 : Coefficient de minéralisation de l’humus K2 selon les types de sols

1 4 532

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 201316

Théoriquement, un sol calcaire enherbé, auquel sont restitués les sarments, se situe à un niveau d’équilibre et ne néces-siterait pas d’apport d’humus exogène.

Norme Amendement organiqueNF U44-51

Engrais organiqueNF U44-001

Caractéristiques(additivité des critères)

● MS ≥ 30 % MB● N ou P2O5 ou K2O < 3 % MB● N + P2O5 + K2O < 7 % MB● C/N > 8● N organique ( N-NO3 + N-NH4 +

N-uréique) < 33 % N total● MO ≥ 20 ou 25 % ou 15 % de

MB

Classe V : engrais organiques azotés d’ori-gine animale ou végétaleN > 3 % MB(sang séché, corne broyée, poudre de plumes de soie, cuir…)Classe VI : engrais organiques NPK d’ori-gine animale ou végétaleN ou P2O5 ou K2O ≥ 3 % MBN> 1 % d’azote organiqueN+P2O5+K2O≥7 % MB(Guanos, fientes de volaille déshydratée, fiente de volaille avec litière…)

Dénominations Fumiers, compost vert, compost de matières végétales et animales, compost de champignonnière…

Réglementation pour les amendements et engrais organiques

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 17

Les indicateurs estimant le comportement des produits organiques

Le rapport C/N (carbone organique/azote organique)Schématiquement, plus le C/N est faible, plus le produit se dégradera rapidement dans le sol. Au cours du processus de compostage, le rapport C/N a tendance à diminuer. Ré-glementairement, les amendements organiques ont des C/N > 8. La plupart des amendements ont des C/N de l’ordre de 12-15. Les engrais organiques ou organo-miné-raux ont des C/N < 8. Voir tableau 7 ci-dessous.Il existe différentes matières organiques dans les produits organiques : une fraction soluble rapidement minéralisable et une partie plus stable qui entre dans le pool humus du sol. Si la connaissance de la teneur en MO d’un produit est importante, elle n’est pas suffisante pour savoir de quel type de MO il s’agit. D’autres indicateurs permettent de mieux appréhender la part de MO du produit qui se minéra-lise rapidement et celle qui se transforme en humus.Le rendement en humus est représenté par le coefficient isohumique d’un produit (k1). Il estime la quantité de MO « stables » apportée par un produit donné. La mesure de cet indicateur rend compte de la proportion de la matière sèche du produit qui entre dans le pool humique du sol. Il dépend des différents facteurs (type de sol, conditions cli-matiques, entretien du sol…). Afin de faciliter l’estimation du rendement humus, de nou-veaux indicateurs ont donc été développés depuis quelques années. Il s’agit de :ISB* : Indice de Stabilité Biologique

CBM*: Caractérisation Biochimique de la Matière ISMO* : Indicateur de Stabilité de la Matière OrganiqueCet indicateur repose sur le fractionnement biochimique de la MO. Cette technique consiste à fractionner les MO d’un produit en différentes classes plus ou moins facile-ment dégradables. Ces différentes classes sont obtenues en soumettant un produit organique à différents solvants du moins agressif au plus agressif. Les MO dégradées par les solvants les moins agressifs seront facilement dégradées en milieu naturel (fraction soluble, hemicellulose) alors que celles qui ne sont dégradées que par des solvants plus puissants seront plus difficilement dégradées dans le milieu naturel (celluloses, lignines).L’ISMO*, repose en partie sur le fractionnement biochi-mique de la MO, mais intègre également la minéralisation du carbone après 3 jours d’incubation. Ce nouvel indicateur a été intégré à la norme NF U44-051.

Les minéralisations du carbone et de l’azote sont intimement liées dans le sol.

Lors d’un apport de matière organique, donc de carbone, la microflore minéralisatrice se développe pour la dégra-der. La quantité de microorganismes qui se développent est proportionnelle à la quantité de carbone facilement minéra-lisable apportée (= fractions solubles et hémicelluloses) et la quantité d’azote disponible dans le milieu. Si les compo-sés rapidement minéralisables du produit apporté contien-nent peu d’azote, la microflore du sol consomme une partie de l’azote disponible dans le sol pour se développer (= or-ganisation de l’azote minéral). L’azote ainsi réorganisé est donc temporairement indisponible pour la plante.

Produit Rapport C/NFumier bovin très décomposé 11-14Fumier de poulets 9-11Lisiers de bovins 8-10Lisiers de porcs 4-6Fientes de poules pondeuses 6-7Bois de taille 92Marc de raisin 21Paille de blé 103Ecorce de pin 250

Tableau 7 : des rapports C/N de quelques produits organiques (CA Picardie ; Delas 2001)

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 201318

L’effet d’un produit sur l’activité biologique du sol dépend donc des éléments suivants :● du % de carbone facilement minéralisable,● du % d’azote facilement minéralisable,● de la dose à laquelle il est apporté, qui détermine la

quantité de carbone que les microorganismes doivent dégrader.

Le comportement d’un amendement peut être estimé au la-boratoire, après mélange à un échantillon de terre, en me-surant la quantité de carbone et d’azote minéralisé après mise à l’étuve en conditions contrôlées. Pour l’azote, cette méthode permet de voir si le produit fournira de l’azote au sol ou s’il en consommera (= immobilisation) lors de sa dé-gradation.Les figures 1 et 2 illustrent les 3 comportements type d’amendements organiques vis-à-vis de la minéralisation du carbone et de l’azote.Concernant le carbone, la plupart des amendements ont un comportement comparable aux types 1 et 2. Quelques temps après leur apport au sol (variable selon les condi-tions de sol (température, humidité, teneur en argile…), les matières organiques facilement dégradables sont mi-néralisées par la microflore. Si ces composés facilement minéralisables contiennent à la fois du carbone et de l’azote (amendement type 1), la minéralisation de ce dernier sera suffisante pour alimenter les micro-organismes du sol. Dans le cas contraire (composés facilement minéralisables riches en carbone et pauvres en azote, amendement type 2), les micro-organismes puisent dans le stock d’azote minéral disponible dans le sol. Ces deux types d’amen-dements ont un effet positif sur l’augmentation de l’activité biologique du sol, grâce au carbone facilement dégradable qu’ils apportent, mais avec des impacts sur l’azote du sol très différents. Une part importante du carbone apporté par

ces produits n’est pas minéralisée au bout de 90 jours d’in-cubation (environ 60 % pour les types 1 et 2), et entre dans le pool humus du sol.Le type 3 a un comportement très différent des deux autres. La minéralisation du carbone de ce type de produit est très faible, durant tout le temps de l’incubation. Ce type de pro-duit participe très peu à l’augmentation de l’activité biolo-gique du sol. L’effet azote est également presque nul : ni libération, ni immobilisation de l’azote. Par contre, le produit n’étant pratiquement pas minéralisé, la quasi-totalité de la matière organique apportée entre dans le pool humifère du sol.Dans les produits compostés, la fraction de l’azote orga-nique minéralisée la première année est faible (variable de 10 à 30 %). Le reste est soit minéralisé les années suivantes (= arrière effet du produit), soit intégré dans le pool humi-fère du sol, soit « consommé »par les microorganismes du sol pour leur développement. L’arrière effet d’un produit très « stable » est supérieur à son effet direct : la fertilisation avec les produits organiques doit donc être raisonnée sur plusieurs années. Cet arrière effet est plus important si les apports sont réguliers (tous les ans ou 2 ans) que s’ils sont très espacés (tous les 4 ans).

Comportement des engrais organiques d’origine animale

Ces produits ont une dynamique de minéralisation du car-bone et de l’azote relativement rapide. La quantité d’azote minéralisé dans un sol ayant reçu un apport de ce genre de produit est supérieure à la quantité d’azote nécessaire pour minéraliser le carbone qu’il apporte. Ces produits apportent donc de l’azote disponible dans le sol. Compte tenu de la dynamique de minéralisation du carbone, ces produits ont également un impact positif sur l’activité biologique du sol.

Figure n° 1 : Courbes de minéralisation du carbone de différents produits organiques

Figure n° 2 : Courbes de minéralisation de l’azote de différents produits organiques

01020304050607080

0 8 15 22 29 36 43 50 90

% C

min

éral

isé

Courbes de minéralisation du C en fonction de la durée d'incubation (en jours)

Eng organique origine animale Amendement1

Amendement2 Amendement3

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 19

Cet impact sera d’autant plus fort que la quantité de car-bone apportée est élevée.Cas des fientes de poulesDans les produits organiques, une partie de l’azote peut être sous forme minérale (nitrate et ammoniaque). Cette proportion minérale peut être très conséquente dans les fientes de volailles : l’azote minéral essentiellement am-moniacal représente environ 70 % de l’azote total.Les apports de matières organiques avec les fientes de volailles varient de 127 kg/tonne de produit brut pour les fientes à 20 % de Matière Sèche à 472 kg/tonne de produit brut pour les fientes à 80 % de Matière Sèche. Il importe donc de demander les caractéristiques du produit épandu à son distributeur.Le coefficient iso-humique K1, faible (5 à 10 %), indique un très faible apport potentiel en matières organiques stables dans le sol. Le C/N varie de 6 à 8.Bien que la teneur en azote total des fientes brutes soit infé-rieure à 3 %, il faut plutôt considérer les fientes de volailles

comme un engrais organique azoté.Les fientes de volailles ont un effet alcalinisant sur le sol. La teneur en azote ammoniacal élevée dans les effluents d’élevage entraîne un risque de perte élevé après épan-dage par volatilisation. Idéalement, ce type de produit de-vrait être épandu au plus près du débourrement de la vigne et incorporé rapidement au sol (voir tableau 8 ci-dessous).

Tableau 8 : Caractéristiques agronomiques des diffé-rents types de produits

Conclusion

Les apports de matière organique dans le but de satisfaire les besoins de la vigne en éléments minéraux sont cou-rants. Le plus souvent, en terrains argilo-calcaires, les MO apportées sont d’origine animale, mais la nature des pro-duits peut être très disparate d’un produit à l’autre, et l’effet obtenu risque de ne pas être celui escompté. L’utilisation de ces produits doit être raisonnée au cas par cas afin d’en optimiser l’efficacité et bien souvent un com-plément de fertilisation minérale azotée peut s’avérer né-cessaire.

Bibliographie

Catalogue des engrais et amendements utilisables en viticulture biologique en Languedoc-Roussillon - Nicolas CONSTANT

La fertilité des sols : L’importance de la matière organique - HUBER Gérald, SCHAUB Christiane, Service Environnement-Innovation - Décembre 2011 Chambre d’agriculture du Bas Rhin

Les produits utilisables en agriculture en Languedoc Roussillon Tome 1

Chambre d'agriculture CRA PACA. Agriculture biologique • Les Fiches "Ma-tières organiques"

Fertilisation de la Vigne (IFV): La Matière organique - Groupe de travail national Vigne

% MS Teneur en azote total (en kg/T produit)

Fientes humides 25 15Fientes pré-séchées sur tapis

40 22

Fientes séchées en fosse profonde

80 30

Fientes séchées sous hangar

80 40

Laurent DUQUESNETél : 05 45 36 34 03

[email protected]

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 201320

Tester de nouveaux itinéraires pour une alternative à l’utili-sation des désherbants, tel est l’objectif du projet 0 HERBI-VITI impulsé par l’IFV Midi Pyrenées et dont la restitution a eu lieu le 17 avril à Lignières Sonneville. 7 sites vitrines sont suivis sur le grand Sud-Ouest. La Chambre d’agriculture de la Charente, dans le cadre des actions conduites sur le bassin versant du Né, s’est direc-tement impliquée au travers de la mise en place et du suivi de 2 sites :● chez Yann SIMON à Lignières Sonneville (aire du cap-

tage de Grand Font) ● et chez Pierre TEXIER (captage de Fondchaude). Ces 2 viticulteurs ne sont pas novices de la démarche : l’enherbement des inter-rang y est prépondérant et par le passé ils ont expérimenté diverses approches en matière d’entretien des sols notamment au travers de la recherche du type de couvert idéal et du recours aux désherbants à minima. Divers enherbements ont donc été testés en implantation sous le rang avec pour critère de choix principal, la sé-lection d’espèces faiblement concurrentielles, graminées seules ou associées à une légumineuse.La première difficulté réside dans la mécanisation des opé-rations de semis sous les rangs de vigne. Yann SIMON a adapté un distributeur Delimbe. D’autres solutions existent à partir de semoir modifié, mais aucun matériel développé en spécifique n’existe pour l’instant sur le marché. Pour l’entretien du couvert, les 2 viticulteurs ont tous deux opté, après différents tests, pour une tondeuse Berti équi-pée de satellites de tonte de 60 cm de diamètre. Le matériel donne satisfaction mais à l’utilisation des idées d’amélio-ration ont été déjà formulées. La difficulté majeure réside dans l’impossibilité de tondre à ras de cep ou de piquet du

fait de l’effacement du matériel. En cela, des systèmes type Rotofil conviendraient davantage.Pour les résultats économiques, les opérations de tonte à faible vitesse occasionnent certes un net surcoût, mais per-mettent aussi des gains de temps de travaux à mettre en rapport avec l’abandon des opérations de désherbage.Alors, la technique a-elle démontré son intérêt ? Pas tout à fait au vu des résultats agronomiques. Comme l’on s’y attendait, l’effet dépressif est marqué après les campagnes 2011 et 2012 atypiques, mais les 2 viticulteurs n’ont pas souhaité modifier leur itinéraire technique comme cela a pu être engagé sur les autres sites vitrines avec la remise en culture d’un inter-rang.Néanmoins, afin de bénéficier des atouts de l’enherbement sans en subir les contraintes, de nouvelles idées sont lan-cées : désherbage d’une faible largeur sous le rang, par exemple en combinant satellites de tonte + cultivateur pour l’inter-rang travaillé et avec tondeuse pour l’inter-rang en-herbé avec pour avantage des débits de chantier amélio-rés. Nul doute aussi qu’il faille continuer à expérimenter dif-férents couverts seuls ou en mélange. Bref les idées sont lancées et il est intéressant de pouvoir continuer à travailler ainsi en réseau, afin de bénéficier des différentes exper-tises régionales.

Zéro herbi vitiBilan de la journée zéro herbi viti du 17 avril 2013

Laurent DUQUESNETél : 05 45 36 34 03

[email protected]

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 21

Qualité de pulvé (papiers hydrosensibles)

Quelques points clés pour une pulvérisation optimale

Votre pulvérisateur comporte des pièces d’usure (buses, manomètres, flexibles, joints, courroies,…), il est primordial de le contrôler chaque année avant le début de la cam-pagne et il est fortement recommandé de l’inspecter régu-lièrement au cours de la campagne de traitement. De plus, depuis le 1er janvier 2009 le contrôle technique des pulvéri-sateurs est obligatoire tous les 5 ans.● Vérifier que votre prise de force tourne réellement à 540

tours par minute.● Traiter avec une vitesse d’avancement raisonnable

comprise entre 5 et 6 km/h.● Régler correctement votre pression d’alimentation c'est-

à-dire de 1.5 à 3 bars pour les appareils pneumatiques et de 6 à 15 bars pour les appareils à jets portés (buses à turbulence).

● Le volume de bouillie pulvérisé à l’hectare doit se situer entre 80 et 150 l/ha pour un appareil pneumatique et 150 à 250 l/ha pour un pulvérisateur à jet porté.

● Toujours veiller à appliquer les produits phytosani-taires dans les meilleures conditions climatiques pos-sibles. Intervenir idéalement par vent nul ou faible (idéalement inférieur à 10 km/h et de toute façon ré-glementairement inférieur à 19 km/h), avec des tem-pératures modérées (entre 15 et 20°C), et lorsque l’hygrométrie avoisine les 70 à 80 % (minimum 50 %).

● La cible ne doit pas être trop éloignée, afin d’éviter la dérive de la bouillie et de favoriser sa pénétration dans le feuillage. De plus si sur votre exploitation les écarte-ments entre les rangs sont différents (par exemple 2,5 mètres et 3 mètres), le réglage du pulvérisateur doit être modifié à chaque changement de configuration.

● Penser également à bien s’assurer que le brassage de la cuve de bouillie est bien efficace.

● Après chaque traitement bien vidanger et rincer la cuve de l’appareil. N’oubliez pas de démonter et de nettoyer régulièrement les filtres de l’appareil. Les organes de ventilation doivent être fréquemment nettoyés sur les appareils à jets portés.

Comment vérifier que mon pulvérisateur est réglé correctement ?

Le moyen le plus efficace de vérifier la qualité de sa pulvé-risation est d’avoir recours à l’utilisation de papiers hydro sensibles. Ces petits papiers de forme rectangulaire sont imprégnés d’une substance qui vire au bleu au contact de l’eau (il convient de les manipuler avec des gants). En si-mulant un traitement avec de l’eau claire, ces papiers vont permettre d’observer le nombre, la taille et la répartition des gouttelettes, ainsi que la pénétration de ces dernières au cœur du feuillage et sur les grappes. Le protocole recom-mande d’équiper au minimum 5 ceps par rang traité avec plu-sieurs papiers agrafés à différents niveaux dans le feuillage et sur les grappes (voir schéma et photo 4 ci-dessous).

Suite au millésime 2012 qui s’est caractérisé par une forte pression Mildiou, il nous paraissait important de faire quelques rappels sur certains fondamentaux de la pulvérisation. En effet, il est impossible de parler de perfor-mance économique et environnementale pour une exploitation sans être certain de la qualité de sa pulvérisation.

Schéma et photos 4 : pose de papiers hydro sensibles.

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 201322

Les papiers sont agrafés par paires sur les feuilles de vignes, un sur la face supérieure et l’autre sur la face in-férieure. Une autre méthode consiste également à prendre la feuille de vigne en sandwich avec le même papier hydro sensible et à l’agrafer.On peut considérer que le résultat est bon lorsque :● les gouttelettes ont une taille comprise entre 150 et 350

microns. Si les gouttes sont trop fines elles peuvent être soit emportées loin de la cible par phénomène de dérive, soit s’évaporer avant de rentrer en contact avec la vigne. Si les gouttes sont trop grosses, elles induisent un phé-nomène de ruissellement et tombent au sol entraînant

une perte de produit et une pollution environnementale. En cas de résultat insatisfaisant il faut vérifier la compa-tibilité entre les pressions de travail et le type de buse utilisé ou envisager un changement de buse.

● Le nombre de gouttelettes est compris entre 30 et 50 au cm². Si le nombre d’impacts est insuffisant ou trop im-portant, corriger la vitesse d’avancement ou la pression d’alimentation.

● Les gouttelettes touchent l’ensemble des papiers hydro sensibles. Lorsque la distribution de la bouillie n’est pas homogène, vérifier l’orientation des diffuseurs ou l’ou-verture de certains d’entre eux.

Analyse des papiers avec quelques exemples :

Bonne couverture de pulvérisation :

Couverture très insuffisante :

Couverture trop importante, risque de ruissellement :

Pour tout renseignement ou contrôle technique de votre matériel de pulvérisation, vous pouvez contacter notre conseiller machinisme : Matthieu SABOURET Tél : 05 45 24 49 43.

Laurent DUCHÊNETél : 05 45 36 34 00

[email protected]

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 23

Trois réseaux de fermes ECOPHYTO en Charentes : 32 exploitations viticoles engagées dans la réduction des phytos

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, le plan Ecophyto 2018 a été mis en place. Ce plan, redéfini en 2012 a pour objectif de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Aujourd’hui 32 exploitations viticoles de la ré-gion sont engagées dans le réseau DEPHY et permettent d’évaluer la faisabilité de la réduction des intrants mais surtout de valoriser des pratiques performantes et économes

La région Cognac bien représentée

Sur les deux Charentes, 3 réseaux viticoles ont été créés, celui de la Chambre d’agriculture de la Charente en 2011 et deux autres en 2012, ceux de la coopérative Charente Alliance et de la Chambre d’agriculture de la Charente-Ma-ritime. Les exploitations viticoles engagées volontairement

dans les réseaux sont très différentes au niveau de leur orientation agricole, leur taille, leur production et leur situa-tion géographique. Ces réseaux ont pour but de parfaire et d’expérimenter les méthodes les plus économes en pro-duits phytosanitaires adaptées aux objectifs de la produc-tion du vignoble Charentais. Au final, un maximum de viti-culteurs de la région doit pouvoir s’identifier techniquement, économiquement et socialement à l’une des exploitations.

Carte 1 : Les 3 réseaux ECOPHYTO

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 201324

Des objectifs de réduction réalistes

Un point zéro a été réalisé sur chaque exploitation, per-mettant ainsi de calculer un IFT de base et surtout de com-prendre les pratiques de chacun. Ce point zéro intègre les données de plusieurs millésimes et doit représenter les pra-tiques initiales des exploitations du réseau. A partir de ce point, les techniciens ont accompagné les viticulteurs dans le but d’évaluer la réduction envisageable pour chaque si-tuation. Au final sur les trois réseaux, les objectifs de ré-duction tournent autour de 30% par rapport à la référence régionale 2006 (Indice de Fréquence de Traitement Total 18.1).Voir graphisme 7 ci-dessousSur l’ensemble des réseaux l’effort de réduction passe d’abord par une meilleure compréhension des pratiques déjà mises en place et du contexte dans lequel l’exploita-tion viticole évolue. C’est pourquoi au niveau des différents types d’interventions (fongicides, herbicides ou insecti-cides) les réductions visées sont très variables. Aussi, les réductions des IFT insecticides restent assez faibles car plusieurs exploitations se situent en zone de lutte contre la cicadelle de la flavescence dorée contraignant ainsi les viticulteurs à des traitements obligatoires. Au niveau des herbicides, l’ensemble des réseaux charentais ont choisi de réduire significativement leur usage. Les objectifs de ré-duction vont de 40% à 55% en moyenne sur les 3 réseaux. Les nombreuses actions menées sur l’ensemble de la ré-gion dans le cadre de la préservation de la qualité de l’eau (PAT Bassin versant du Né, programmes Ressources etc.) sont venues appuyer ces objectifs de diminution consé-quents.

Voir graphique 8 ci-dessous.

Evoluer et progresser, quels leviers mis en place sur les réseaux ?

Si les leviers d’actions sont multiples, ils ne sont pas toujours pour autant tous transférables à l’ensemble des systèmes viticoles. La particularité de ces réseaux est bien entendu la diversité des solutions et des alternatives envisageables. Les leviers d’efficience sont souvent les premiers à être ac-tionnés par les viticulteurs, ils permettent de modifier en douceur les pratiques déjà mises en place sur les exploita-tions. Ainsi, la majorité des membres des réseaux ont fait le choix d’adapter les doses de produits phytosanitaires en fonction de la pression et du volume de végétation en uti-lisant l’outil Optidose® développé par l’IFV. Au niveau de l’usage des herbicides beaucoup ont décidé de se limiter au désherbage sous le rang en raisonnant davantage les applications en fonction de la pression réelle qu’exerce la flore adventice. Pour finir, l’un des leviers d’efficience ac-cessible à tous et qui constitue la base du raisonnement des opérations phytosanitaires est bien entendu la pulvé-risation. Chaque réseau s’efforce ainsi d’informer et de sensibiliser ses membres à cette thématique. Nombreuses sont les actions menées sur ce thème : forum pulvé, pré-sentation d’essais, réunion de groupes… Mais le travail à faire est encore long et en 2013 l’accent sera encore porté sur le réglage du pulvérisateur et l’évaluation de la qualité de pulvérisation par des tests en végétation.Les leviers de substitution quant à eux engagent davantage les viticulteurs dans des changements de pratiques plus ra-dicaux et concernent moins d’un tiers des exploitants. Le

Graphique 7 : Réduction IFT total sur les 3 réseaux charentais

Graphique 8 : Pourcentage de réduction par type d’in-tervention phytosanitaire

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Bulletin technique viticulture n° 30 - Juin 2013 25

travail mécanique sous le rang est le levier le plus repré-senté et a permis de diminuer la quantité d’herbicide utilisé de manière significative depuis la mise en place des ré-seaux. On retrouve dans cette catégorie la substitution des traitements insecticides contre les tordeuses de la grappe par l’installation de la confusion sexuelle. Cependant cette stratégie est limitée au vu de l’augmentation du périmètre de lutte obligatoire flavescence dorée. Concernant l’alter-

native à l’utilisation de produits fongicides chimiques, des essais sont menés en parallèle sur les 3 réseaux afin de tester des produits à base de substances d’origine natu-relle. Ces alternatives ne rentrent pas encore dans les iti-néraires pratiqués mais suscite beaucoup d’intérêt auprès des viticulteurs et offrent des perspectives intéressantes en terme de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires classiques.

Le bulletin viticole des chambres d’agriculture de Charente et de Cha-rente-Maritime est rédigé chaque semaine en campagne par les tech-niciens des deux chambres. Ce flash hebdomadaire est disponible sur l’en-semble du bassin viticole charentais et offre tout au long de la campagne des informations essentielles et perti-nentes sur le vignoble.En fonction du cycle de la vigne et de l’actualité viticole, 25 à 30 numé-ros sont rédigés par an. Vitiflash est établi grâce aux réseaux suivis avec différents partenaires régionaux et sur la base du Bulletin de santé du

Végétal. Il apporte un appui au rai-sonnement de vos pratiques phytosa-nitaires grâce à l’analyse de données météorologiques, d’observations de terrain et de données issues de la mo-délisation. Au cours de la campagne, l’information complète de ce bulletin permet d’optimiser les traitements et de sécuriser ces choix d’interventions. Les thèmes abordés sont nombreux : maladies cryptogamiques, ravageurs, entretien du sol, informations régle-mentaires et actualités régionales.Pour vous abonner :

www.charente.chambagri.fr

L’équipe viticole en Charente :

Anne-Lise MARTIN

Laurent DUQUESNELaurent DUCHENE

Marie-Hélène MARTIGNEFrédéric JOSEPH

7, rue du Stade16130 SegonzacTél. 05.45.36.34.00Fax. [email protected]

L’équipe viticole en Charente-Maritime :Valérie BAUMANNCyril MICHAUDLaetitia CAILLAUD Magdalena GIRARD3, boulevard de Vladimir

17100 SaintesTél. 05.46.93.71.05Fax. [email protected]

Michel GIRARD 9, boulevard René Gautret17500 JonzacTél. 05.46.48.10.79Fax. [email protected]

Lionel DUMAS-LATTAQUE12, boulevard Lair17400 St Jean d'AngélyTél. 05.46.32.20.51Fax. [email protected]

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Année 2013

VITIFLASH : Pour des préconisations objectives et indépendantes

Anne-Lise MARTINTél : 05 45 36 34 00

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Bilan sur la journée technique « Forum taille » à Segonzac

Forum pulvé, une nouvelle édition en 2013

La Section viticole en collaboration avec la Chambre d’agri-culture a organisé jeudi 14 février à la salle des distilleries une journée sur le thème de la taille et des maladies du bois.Durant la matinée, une centaine de personnes a pu assister à différentes interventions techniques portant sur les fon-damentaux de la taille, les maladies du bois et le choix du matériel.De nombreux échanges ont eu lieu entre l’assistance et les intervenants, la question des maladies du bois a largement nourrit le débat.Une fois la partie « théorique » terminée, les participants ont pu découvrir les différents constructeurs de sécateurs entre autre.Après le déjeuner, les visiteurs avaient rendez-vous sur deux parcelles à Segonzac pour assister à des démonstra-tions de prétailleuses.

Ce forum taille a atteint son objectif : informer les profes-sionnels sur un plan technique et les sensibiliser sur les questions d’actualité.

Antenne Ouest Charente Tél : 05 45 36 34 00

[email protected]

Les « forums pulvé » de 2009 et 2011 ayant rencontré un franc succès, la Section viticole des groupements viticoles du Cognac, les Chambres d’agriculture des Charentes, l’IFV et la MSA ont décidé de renouveler l’opération et six nouveaux matériels de pulvérisation ont été sélectionnés pour participer à cette nouvelle édition. Plusieurs tests seront réalisés afin d’évaluer les matériels : diagnostic statique (contrôle des débits, puissance absor-bée, rayon de braquage…), tests en végétation (dosage des quantités déposées) et analyse critique réalisée par un jury de viticulteurs. Cette année, pour aller plus loin dans l’évaluation environnementale des pulvérisateurs, des me-sures de dérive au sol seront réalisés. Les appareils testés ainsi que l’ensemble des résultats obtenus seront présen-tés à l’occasion d’une journée ouverte à tous le mardi 10 septembre 2013 aux domaines Rémy Martin situés sur la commune de Juillac-Le-Coq (Charente).

Pour plus d’informations sur cette journée, vous pouvez contacter la Chambre d’Agriculture de Charente.

Antenne Ouest Charente, Tél : 05 45 36 34 00

[email protected]

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