BROTHERS - · PDF fileness» d’Otis Redding ou de «When A Man Loves A...

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Duane et Gregg Allman naissent à Nashville,respectivement en 1946 et 1948. Ils pas-sent leur enfance à Daytona Beach en Flo-

ride. La carrière de Gregg commence à l’âge dedouze ans, lorsqu’il s’achète une guitare avec lesvingt dollars qu’il vient de gagner. Il prend quelquesleçons et montre les accords assimilés à son frèreDuane. Celui-ci, acceptant le challenge, révèle uneferveur toute spéciale dans l’apprentissage de l’ins-trument. A quinze ans, il laisse tomber le lycée pourla pratique de la guitare. La nuit, il joue avec desgroupes dans différents clubs. Au début, il apprenden écoutant les disques de Robert Johnson, Elmo-re James, B.B. King, T-Bone Walker, Chuck Berry.Mais il n’essaie pas de les copier. Il absorbe leur jeu,s’imprègne de la structure, des variations mélo-diques. Gregg est également féru de blues tradi-tionnel et de rhythm’n’blues. Il travaille son chanten écoutant Ray Charles, Bobby Blue Bland et sur-tout Little Milton Campbell qui reste l’un de ses pré-férés. Tous les deux commencent à se produiredans les boîtes de Daytona comme Le Martinique.

ALLMAN JOYS

En 1965, ils forment les Allman Joys avec le bas-siste Bob Keller et le batteur Maynard Portwood.Lorsque Gregg sort diplomé de la Seabreeze HighSchool en juin, leur mère leur trouve un agent àAtlanta qui décide de s’occuper d’eux. Le groupecommence alors le circuit classique des clubs dusud de la région. Pour trouver du travail dans cegenre d’endroit, dans les années 60, une formationse doit d’interpréter les tubes du top 40. Ce qu’ilsfont avec brio. Très versatiles, ils font aussi bien duR&B que du rock anglais. Leurs versions de stan-dards du blues comme «Spoonful» de Willie Dixonet «Crossroads» de Robert Johnson sont impec-cables et sans excès. La version qu’ils donnent du«Shapes Of Things» des Yardbirds témoigne deleur maîtrise du british beat. Avec l’expérience, leurtalent croît, la complexité des arrangements devient

évidente. Les frères Allman ont cette indiscutableaura qui les fait apprécier de leurs pairs. JohnnySandlin, qui jouera avec eux un an plus tard au seinde Hourglass, conte l’émerveillement que le duoprovoque parmi les autres membres : «Les AllmanJoys ont le meilleur guitariste et le meilleur chanteurque j’ai jamais entendus. Et en plus ils sont frères !»De plus, en ce milieu des années 1960, Duane etGregg sont parmi les premiers à avoir les cheveuxlongs. Et ça se remarque. Sur scène, sous les pro-jecteurs, ils rayonnent de mille feux. Cela sembleirréel. La puissante voix de Gregg, écorchée etplaintive, gorgée de blues, rend ces accents dou-loureusement palpables. Ses versions, bien ren-dues et magnifiques, de « Try A Little Tender-ness» d’Otis Redding ou de «When A Man LovesA Woman» de Percy Sledge, stupéfient et trans-portent l’auditoire. Bien que Duane se concentre

joliment sur sa guitare, il aide son frère pour les har-monies vocales. Leurs versions de « I’ve BeenTrying » de Curtis Mayfield et de « You’ve LostThat Loving Feeling » des Righteous Brothers(pourtant pas faciles), sont alors les points forts deleur performance en public. Les Allman Joys tour-nent depuis un an quand John D. Loudermilk(«Tobacco Road») les remarque au Briar Patch àNashville. Convaincu de leurs talents, il les présen-te à Buddy Killen de Dial. C’est la première expé-rience de Loudermilk en matière de production.

EARLY ALLMAN

En 1966 Dial presse quelques centaines d’exem-plaires de leur délirante et psychédélique reprise de«Spoonful», digne des meilleurs groupes punk decette époque. La face B, « You Deserve EachOther », est une agréable ballade musclée. Cesimple, destiné au marché régional, est de ce faitextrêmement rare aujourd’hui. Fort de cet essai, ilsretournent en studio avec le compositeur John Hur-ley qui vient de signer un tube pour Dusty Spring-field, «Son Of A Preacher Man». Buddy Killen necroit pas trop dans les frères Allman et il leurconseille plutôt de se trouver un boulot. Néanmoinsles séances ont bien lieu aux studios Dial et ellessont produites par John Loudermilk et John Hur-ley. Ces derniers en sont plus au stade d’expéri-mentation et leur travail laisse quelque peu à dési-rer mais ils encouragent les créations originales.Gregg en 1966, âgé de dix-huit ans, commence àpeine à composer. Avec des auteurs patentés, ilcosigne sept des douze chansons qui figurent surl’album «Early Allman». Ce disque, qui sent bonle rock des mid-sixties, est plutôt sympathique.Quelques chansons comme «Gotta Get Away»,«Spoonful», «Changing Of The Guard» se déta-chent du lot. Gregg Allman est le plus en vedette etsa voix rugueuse s’impose au fil des titres « OhJohn», «Street Singer», «You’ll Learn Some-day», le standard «Old Man River », «Bell Bot-tom Britches », « Stalling For Time », « DoctorFone Bone », « The Forest For The Trees » et«Northern Boundary». De son côté, Duane restediscret. C’est une musique aux accents noir etblanc, déjà, qui dégage du charme même si on res-sent une légère frustration. A la fin de 1966, les All-man Joys se séparent et Duane et Gregg conti-nuent avec le batteur Johnny Sandlin et le pianis-te-guitariste Paul Hornsby. Ces derniers ont fait par-tie des Five Men-its qui tournent dans les mêmesclubs que les Allman Joys, avec un répertoire qua-siment identique : soul et R&B. Aidé du bassisteMabron McKinney, ils forment un nouveau groupebaptisé Almanac. Ils sont à peine ensemble depuisplus d’un mois, lorsque Bill McEuen, manager duNitty Gritty Dirt Band les entend dans un club deSaint-Louis. Il est impressionné par ce style qu’ilqualifie de white soul et par Duane Allman qui faitcorps avec. Pour Bill, écouter Duane interprétercette musique lui rappelle John Lee Hooker ou JimiHendrix. Il ne joue pas seulement de simples notes,mais construit une véritable trame à travers laquel-le il s’exprime, vit et se raconte. Cela lui permet departager sa passion avec le public. De plus, il a unegamme incroyablement étendue qui va du blues àla Jimi Hendrix aux standards du rhythm’n’blues.

HOURGLASS

Bill McEuen pense également que Gregg est trèsdoué, sa voix puissante et chaude est capable dechanter tout aussi bien du rock, du blues ou ducountry. Il leur propose de les manager s’ils partentavec lui à Los Angeles. Ce que fait le groupe en1967. Ils emménagent dans la maison du Nitty Grit-ty Dirt Band à Hollywood Hills. Gregg sympathiseavec Jackson Browne. Durant les semaines qui sui-vent, ils se renomment Hourglass pendant sesséances d’enregistrement pour Liberty. Celasemble à peine croyable, pour les frères Allman,intenses personnages, vrais et sans concession,d’être sur ce label qui ne dispose alors que dechanteurs ou groupes policés (Bobby Vee, VikkiCarr, Sunshine Company). Chez Liberty par contreon soigne l’image au détriment des compositionset on n’encourage nullement les frères à écrire leurschansons, se focalisant sur le beau blond qu’estGregg et sur son puissant organe vocal. Liberty leurenvoie plein de maquettes et leur fournit même desSimple des Allman Joys, «Spoonful», en 1966.

En 1969, le R&B fortement imprégné de feeling blanc sur-git avec brillance et une fougue dévastatrice. Il se nomme Allman Brothers Band. Des titres comme «It’s Not My Cross ToBear», «Trouble No More», «Dreams», «Whipping Post», «InMemory Of Elizabeth Reed», «Statesboro Blues», «Ain’t Wastin’Time No More» ou «Melissa», tout droit sortis de leurs premiers

albums, révèlent non seule-ment un guitariste hors pair,Duane Allman, mais aussi

la voix rugueusesuintant le bluesde son frère Gregg.Dicky Betts, guita-riste non moins

inventif, complète ce trio de tête. A euxtrois, ils mènent les Allman, respon-sables du renouveau d’un style qui mixe

pop et R&B, trempé d’accents sudistes. Le thème «Dreams», auxintonations bluesy intemporelles, au rythme lancinant, pro-pulse le comboaux confins du firmament. L’All-man BrothersBand a vendu sonâme au blues. Leprix à payer n’ensera que plus éle-vé, mais les su-perbes albums jalonnant leurcourte existenceprocurent joie,bonheur, extaseet souffrance.

Le Rock du SudLe Rock du Sud

Duane et Gregg Allman.

ALLMANBROTHERS BAND

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