Concours photo 2013

de l'académie de Créteil

Avec la participation de nos partenaires :

BNF, Clémi, CRDP, Jeu de Paume

"Espaces"

Dossier pédagogique

Ce dossier est destiné aux professeurs de toutes les disciplines, aux responsables des activités photo dans les établissements scolaires. Il a vocation à leur fournir une aide en présentant des exemples d’œuvres de « Maîtres », ou d’anonymes, dans l’histoire de la photographie.

Les lauréats du concours 2011-2012 sur le thème : Traces

DAAC Créteil

Michael Kenna, Allée d'Honneur / Allée d'honneur, Courances, France, 1995

Espaces L’espace, donnée physique

L'espace est, dans une dimension, l'écart entre les choses, et le lieu où peut se situer quelque chose ; il peut alors être très vide, ou très (trop) plein, fermé, voire étouffant. Dans deux dimensions il est une surface, une étendue. Dans trois dimensions il est un volume ; au-delà il est atmosphère, infini, extra-terrestre.

Shoji Ueda, Autoportraits en famille, 1943

Andeas Gursky, May Day IV, 1999

Auguste Dormeuil recherche dans l’espace intersidéral les constellations d’étoiles, la veille des grands événements historiques.

Andeas Gursky, Ruhrtal, 1989

Auguste Dormeuil, The day before Guernica, avril 1937, 2005

Les philosophes et les scientifiques se demandent si l'espace est bien réel, objectif, ou s'il est le fruit de notre esprit, une construction donc ; pour Kant "l'espace est une catégorie fonda-mentale de notre entendement" appliquée à notre expérience du monde réel. Voir l'espace c'est interpréter des informations visuelles, le construire ; l'espace n'est pas vu directement. L'espace est le lieu du déplacement, du mouvement en tous sens, de la liberté, à la différence du temps, qui est irréversible. C'est une donnée physique. La photographie, dès le 19ème siècle, a voulu en montrer les possibilités, accompagnant ses propres expérimentations techniques : suivre le galop d'un cheval, le vol d'un oiseau, la marche humaine, expériences de traversées de l'espace/temps.

L’espace représenté Dans l'image, la photographie notamment, l'espace comprend deux dimensions réelles (hauteur, largeur) et une troisième, imaginaire, la profondeur. Le « champ » est cet espace imaginaire à trois dimensions, espace profond représenté sur une surface plane. La profon-deur du champ peut être particulièrement montrée, mise en scène, pour raconter une his-toire.

Eadweard Muybridge, Galopping horse, 1878

Souvent d'ailleurs le désir de raconter une histoire organise une mise en scène ou une mise en espace codifiée. C'est le cas en peinture dans la longue série des Annonciations. La mise en place dans l'espace permet de raconter une histoire, de faire se rencontrer des personnages, d'introduire du temps, du déplacement, de la narration.

Henri Cartier-Bresson, Écluse à Bougival, 1955

Alessandro Baldovinetti, Annonciation, 1447 Lorenzo di Credi, Annonciation, 1475

La présence de l’espace dans l'image, dans la photographie, se manifeste dans le for-mat de cette image, dans son encadrement, dans la scénographie de l’accrochage lors d’une exposition, ou dans un espace public. Le format carré est moins fréquent que le format rectangle, horizontal ou vertical. Le format « portrait » resserre la vision, l'espace y est centripète ; le format « paysage » correspondrait à notre vision, l'espace y est centrifuge.

L’espace est un cadre pour la représentation ; il suppose un point de vue, une position de regardeur. Le point de vue d'où l'on regarde dans l'espace est important ; où s'est placé le photographe par rapport à son sujet ? A quelle hauteur par exemple a-t-il vou-lu positionner l'horizon ? On peut comparer ces deux choix de Gustave Le Gray face au paysage marin.

Accrochage d'une exposition de photo à Arles en 2008, ateliers de mécanique

Gustave Le Gray (1820-1884), The Great Way, 1857 Gustave Le Gray, Ciel chargé. Mer Méditerranée, 1857

Comment un portraitiste choisit-il de cadrer son sujet ? Quelle échelle de plan sera préférée ? En pied, à mi-corps, à l'épaule ? De face, de profil, de trois-quarts ? Comment le sujet est-il po-sitionné dans l'espace, quelle portion en occupe-t-il ?

Nadar, Portrait de Sarah Bernardt, 1864 Nadar, Portrait de Sarah Bernardt, 1859

Juliet Cameron, Portrait de Virginia Woolf, 1867

Quand le sujet photographié regarde l'objectif du photographe, un champ/contre-champ s'établit. L'espace du regardeur et celui du regardé communiquent. Quand le sujet est vu de dos, il renvoie au loin le regard du spectateur, creuse l'espace et redouble ainsi la position du sujet regardant.

Olivier Metzger, Série Smile forever, 2012

Elina Brotherus, Wanderer 3, 2004

La photographie peut jouer sur les oppositions petit-grand, près-loin ; la netteté de ce qui est vu désigne le véritable sujet de la photo, le flou renvoie à la perspective atmosphérique.

Duane Michals, Things are queer, 1972

Eliott Erwitt, Dog legs New York, 1974

Raymond Depardon choisit dans sa série sur la France de tirer de très grands formats, photogra-phiés à la chambre, et assumant la netteté dans les moindres détails jusqu'au fond des images.

L’espace cadré Ce qui est cadré dans le champ de l'image renvoie à un hors champ, absent, mais toujours néces-sairement postulé présent, et rappelé quelquefois par des effets de miroir, de regard, des ombres portées.

Raymond Depardon, La France de Raymond Depardon, 2011

Frielander, Newark New Jersey, 1962

Le regard cadre, et il se situe dans l'espace, en haut, en bas, frontal, latéral ; il existe une rhétorique du point de vue, déjà présente dans la peinture, par la plongée et la contre-plongée.

Lisette Model, Metropole Cafe, vers 1946

André Kertesz, Square Jolivet, Paris, 1927

Le cadre peut être tout particulièrement exhibé quand il est redoublé dans la photo. Frontal, en champ/contre-champ, certains objets, certaines situations dans l’espace deviennent à leur tour des images dans l’image.

Elliott Erwitt, Pittsburg, 1950

Philip-Lorca diCorcia, Indecisive moment, 2012

L’espace est une affaire de regard mais aussi du corps tout entier ; si le corps humain se meut dans des espaces, le corps du photographe est davantage sollicité dans l’usage de l’appareil numé-rique que son seul regard : en effet l’appareil photographique, parfois intégré dans le téléphone mobile, présente un écran à la place d’un viseur ; l’œil n’est plus véritablement le centre de l’espace de la photographie. Photographie argentique ou numérique, l’espace de la vision communique avec les autres espaces sensoriels, tactile, olfactif, sonore, gustatif. La photographie peut faire ressentir des matières, des odeurs, des textures. Les espaces Quelque soit son mode de capture, l'espace est surtout l'espace de nos représentations : c’est pour-quoi on parle d’espaces pluriels. Espace privé, domestique, distingué de l’espace public, espace so-cial, politique, vécu, habité.

Martin Parr, Bored couple, 2011 (série)

Gérard Cambon, Bistrots des chefs , 2008 (série)

Des photographes inventorient les espaces industriels, rendent compte et dénoncent les espaces sociaux déshérités.

Bernd et Hilla Becher, Haut-fourneau, Esch-Alzette, Terre rouge, Luxembourg, 1979

Bruno Serralongue, Abris # 1, Calais, juillet 2006 (série Abris)

Les espaces sociaux réels peuvent être retravaillés par les photographes qui relèvent des signes caractéristiques d'un lieu et assemblent des éléments en une sorte de science-fiction à peine visible.

Paul Graham, Beyong caring, 1986

Vincent Debanne, Stategic Places, 2003

Espace imaginaire Les espaces personnels ou privés, et les espaces sociaux laissent ainsi place à l’imaginaire des artistes ; ils peuvent être totalement oniriques ou mis en scène, dans un jeu d’éléments variés.

Dora Maar, Pierre Kiefer, étude publicitaire pour Pétrole Hahn, vers 1934

Lisette Model, Reflections, New York, vers 1939-1945

Grégoire Alexandre crée des espaces lumineux, qui rappellent les lumières des studios, né-cessaires à la prise de vue, par exemple dans la photographie de mode. Georges Rousse investit des lieux pour les transformer en espace pictural et y construire une œuvre éphémère, unique, que seule la photographie restitue. Plusieurs espaces sont convo-qués : l’espace réel dans lequel l’artiste intervient, l’espace fictif créé par l’artiste, auxquels s’en superpose un nouveau qui mélange les deux premiers, au moment de la prise de vue. Une projection est d’abord faite dans le lieu, qui permet le traçage de la forme choisie. Cer-tains éléments seront peints, d’autres découpés et rajoutés.

Grégoire Alexandre, exposition aux Trinitaires à Arles, 2012

Georges Rousse, Vitry, 2007

Philippe Ramette met en scène son propre corps dans l’espace du paysage urbain ou sau-vage, au prix de laborieuses machineries et sans truquage de l’image.

Espace absent ... Mais l’espace est peut-être une composante dont on peut se passer. Peut-on ne pas repré-senter l'espace ? L'espace peut-il être absent ? L’espace peut être abstrait, rendant difficile au regard d’y trouver des repères.

Catherine Paulin, DAAC Créteil, 2012

Philippe Ramette, Contemplation irrationnelle, 2003 Le Balcon II, Hong Kong, 2001

Man Ray, Rayogramme, 1925 Alain Fleisher, Voyages parallèles, série, 1990

Règlement du concours photo de l’académie de Créteil Ouvert à toutes les académies

Le concours photo propose de s’interroger et de s’exprimer, par la photo et un texte d’accom-pagnement, sur un thème qui touche aux fondements de la photographie – aussi bien esthé-

tique que journalistique. Cette année les élèves travailleront sur le thème :

«Espaces »

Trois catégories sont établies : école élémentaire, collège, lycée Inscriptions jusqu’au 16 décembre 2012

L'inscription au concours se fait par mail à ce.daac@ac-creteil.fr Au moyen du formulaire d’inscription

Une confirmation d’inscription sera envoyée.

• Les photos au format numérique en JPG, PNG ou GIF ne devront pas dépasser un poids de 2 Mo. Un maximum de deux photos peut être envoyé par classe. L’adresse d’en-voi est : ce.daac@ac-creteil.fr jusqu’au 2 avril 2013 • Les photos auront un titre qui sera aussi le nom du fichier, éventuellement abrégé : « Le chat noir.jpg ».

En aucun cas, la photo ne devra être intégrée à un document PDF

• Un texte de présentation, à l’aide de la fiche modèle disponible sur le site de la DAAC, au format Word ou ODT, accompagnera les photos ; il devra comprendre 3 parties : - une description de la démarche pédagogique rédigée par l'(es) enseignant(es) - un texte d'intention / réflexion rédigé par les élèves photographes (ou par la classe). - un texte de description du processus de choix de la photo (par les élèves). Les fautes d’orthographe devront être corrigées avant l’envoi.

• Si le ou les auteurs choisissent de travailler autrement qu'au format numérique, les ti-rages sur papier, qui ne devront pas excéder le format A4 seront envoyés, avec les textes d’accompagnement, à l'adresse suivante : Catherine Paulin - Rectorat DAAC - 4 rue Georges Enesco 94010 Créteil Cédex

Les participants s’engagent : ¤ à respecter le droit des personnes photographiées, ¤ à obtenir en conséquence leur accord pour l’affichage et l’exposition des images envoyées au concours, ¤ à informer le chef d’établissement de leur participation au concours, ¤ à accepter que les photos et les textes soient mis en ligne sur les sites des organisateurs.

Tout participant concourt sous son nom dans le cadre de sa classe, club ou atelier et celui de son établissement sous la responsabilité d'un adulte de l'établissement. Les candida-tures individuelles ne seront pas retenues.

Le jury, composé de professionnels, de représentants des partenaires et de personnels de l’Académie, se réunira le 14 mai.

Une présentation des travaux avec l'accueil des lauréats aura lieu le 5 juin 2013 à 14 h au Jeu de Paume à Paris.

Les professeurs prépareront leurs élèves à une présentation réfléchie de leur travail.

Renseignements : A la DAAC Catherine Paulin 01 57 02 66 68 catherine.paulin@ac-creteil.fr Sur le site de la DAAC, lire le texte d’intention : http://acl.ac-creteil.fr/actualite/actualite.htm