blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles...

13
A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES Sociologie - Thème 1 – Classes, stratification et mobilité sociales Questionnement 1 : Comment analyser la structure sociale ? Les attentes du programme officiel Notions Indications complémentaires Inégalités économiques Inégalités sociales, Classes sociales, Groupes de statut, Catégories socioprofessionnelles . On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif. On procédera à des comparaisons aux niveaux européen et international en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés. On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post- industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie). Acquis de première : salaire, revenu, profit, revenus de transfert, groupe social. Le plan du cours I. Comment caractériser les inégalités économiques et sociales aujourd’hui ? A. Les inégalités sont-elles uniquement économiques ? 1. Qu’est-ce qu’une inégalité ? 2. Les différentes formes d’inégalités et leur mesure B. L’aspect cumulatif des inégalités 1. Les inégalités économiques se renforcent entre elles 2. Les inégalités économiques et sociales cohabitent et se cumulent II. Des inégalités à la stratification sociale A. Comment la tradition sociologique analyse-t-elle structure sociale et stratification sociale ? 1. La vision de Karl Marx 2. La vision de M. Weber B. Quels sont les prolongements contemporains des analyses sociologiques fondatrices ? 1. Bourdieu : Classes dominantes et classes dominées 2. Un outil pour l’analyse de la structure sociale : la nomenclature des PCS C. Rendre compte de la structure sociale aujourd’hui. 1. Fin ou transformation des classes sociales ? 2. La multiplicité des critères de différenciation sociale Quelques exemples de sujets possibles 1 Dissertation EC – Partie 1 EC – Partie 2 EC – Partie 3 1 Les sujets sont issus des premières sessions du baccalauréat ou des principaux manuels de SES de la classe de Terminale 1

Transcript of blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles...

Page 1: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

Sociologie - Thème 1 – Classes, stratification et mobilité socialesQuestionnement 1 : Comment analyser la structure sociale ?

Les attentes du programme officiel

Notions Indications complémentaires Inégalités économiques Inégalités sociales, Classes sociales, Groupes de statut, Catégories

socioprofessionnelles.

On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif. On procédera à des comparaisons aux niveaux européen et international en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés. On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie).Acquis de première : salaire, revenu, profit, revenus de transfert, groupe social.

Le plan du cours

I. Comment caractériser les inégalités économiques et sociales aujourd’hui ?

A. Les inégalités sont-elles uniquement économiques ?1. Qu’est-ce qu’une inégalité ?2. Les différentes formes d’inégalités et leur mesure

B. L’aspect cumulatif des inégalités1. Les inégalités économiques se renforcent entre elles2. Les inégalités économiques et sociales cohabitent et se cumulent

II. Des inégalités à la stratification sociale

A. Comment la tradition sociologique analyse-t-elle structure sociale et stratification sociale ?1. La vision de Karl Marx2. La vision de M. Weber

B. Quels sont les prolongements contemporains des analyses sociologiques fondatrices ?1. Bourdieu : Classes dominantes et classes dominées2. Un outil pour l’analyse de la structure sociale : la nomenclature des PCS

C. Rendre compte de la structure sociale aujourd’hui.1. Fin ou transformation des classes sociales ?2. La multiplicité des critères de différenciation sociale

Quelques exemples de sujets possibles 1

Dissertation EC – Partie 1 EC – Partie 2 EC – Partie 3- Comment rendre compte

aujourd'hui de la structure sociale en France ? (bac 2013)

- Pourquoi les frontières entre les classes sociales ont-elles tendance à se brouiller ? (bac 2013)

- Dans quelle mesure les classes sociales existent elles aujourd'hui en France ? (bac 2014)

- Comment expliquer le maintien des inégalités dans les pays développés ?

- Montrez que les inégalités économiques et sociales peuvent se cumuler (bac 2013)

- Montrez à partir d'un exemple comment les inégalités économiques peuvent être à l'origine d'inégalités sociales. (bac 2013)

- Montrez le caractère multiforme des inégalités. (bac 2013)

- Quelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013)

- Pourquoi peut-on dire qu'il existe des inégalités sociales entre générations ? (bac 2013)

- Illustrez par un exemple le caractère cumulatif des inégalités économiques et sociales (bac 2014)

- Distinguez classes sociales et groupes de statut dans l'approche wébérienne (bac 2014)

- Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités de patrimoine qu'il met en évidence. (bac 2013)

- Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités qu'il met en évidence. (bac 2013)

- vous mettrez en évidence l'évolution du patrimoine brut des ménages en France entre 1998 et 2010 (bac 2014)

- Vous caractériserez l'évolution des inégalités face au chômage qu'il met en évidence (bac 2014)

- Vous comparerez la situation économique des 18-29 ans aux autres tranches d'âge (bac 2014)

- Vous caractériserez l'évolution de l'équipement en multimédia des ménages par catégorie socioprofessionnelle. (bac 2014)

- Vous montrerez que les inégalités peuvent avoir un caractère cumulatif. (bac 2013)

- À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que les inégalités ont un caractère multiforme. (bac 2014)

- Les classes sociales ont-elles disparu ?

- Montrez que les inégalités sont dues à des facteurs multiples.

- En quoi les inégalités peuvent-elles se cumuler ?

1 Les sujets sont issus des premières sessions du baccalauréat ou des principaux manuels de SES de la classe de Terminale1

Page 2: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

Sensibilisation

Document 1 - Approcher le caractère multiforme des inégalitésVidéo mise en ligne par Médecins du monde autour des débats européens sur l’accès aux soins des migrants http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=3uNO9rTAevoQuestions :

1. Quelle est l’inégalité principale mise en évidence par ce reportage ?2. A quel autre type d’inégalités ce reportage fait-il également référence ?3. Quelle est la caractéristique des populations migrantes par rapport à l’ensemble des inégalités évoquées ?

I. Comment caractériser les inégalités économiques et sociales aujourd’hui ?A. Les inégalités sont-elles uniquement économiques ?

1. Qu’est-ce qu’une inégalité ?Document 2 – Différence ou inégalité ? Manuel Hachette - Doc 2 – page 308 - Question 1, 2

2. Les différentes formes d’inégalités et leur mesure

Les inégalités économiquesDocument 3 – Les inégalités économiques en FranceL’histoire de l’inégalité des salaires n’est pas un long fleuve tranquille. Que l’on utilise des indicateurs comme la part des hauts salaires (décile supérieur, centile supérieur, …) dans la masse salariale totale ou comme le rapport entre le décile le plus élevé et le décile le plus bas de la distribution, on observe une longue phase d’alternance de phases d’élargissement et de compression de la hiérarchie, au gré des ruptures économiques et politiques de l’histoire propre à chaque pays. (…) Le phénomène le plus frappant est que chacune des phases [d’évolution du niveau des inégalités de salaires] a eu tendance à compenser les effets de la précédente, si bien que l’on n’observe aucune tendance claire sur longue période. Par exemple, la part des 10% des salariés les mieux rémunérés (le décile supérieur de la hiérarchie des salaires) a oscillé entre 25-28% de la masse salariale tout au long du 20 ème siècle, sans trend de long terme, ni à la hausse ni à la baisse. Il en va de même des autres indicateurs : la part des 10% les moins bien rémunérés (le décile inférieur) a toujours gravité autour des 4-5%, la part des 1% les mieux payés (le centile supérieur) autour des 6-7%, etc. (…)Cet exposé serait très incomplet si l’on omettait de mentionner le très rapide accroissement des inégalités salariales observé depuis la fin des années 1990. Si l’on compare les différents fractiles de la hiérarchie des revenus, on constate en effet pour la première fois que les gains de pouvoir d’achat ont été répartis de façon extrêmement inégalitaire entre 1998 et 2006. Pour les 90% des foyers les moins riches, la hausse cumulée de pouvoir d’achat sur toute la période a atteint tout juste 10%. Mais si l’on monte à l’intérieur des 10% des foyers les plus riches, on constate des hausses de revenus de plus en plus importantes, dépassant 60% pour les 0.01% des foyers les plus riches, soit 3500 foyers sur 35 millions, qui en 2006 disposaient d’un revenu moyen supérieur à 2 millions d’euros.T. Piketty, « Les inégalités économiques sur longue période », in P. Combemale (dir.), Les grandes questions économiques et sociales, La Découverte, 2013

T. Piketty, « Les inégalités économiques sur longue période », in P. Combemale (dir.), Les grandes questions économiques et sociales, La Découverte, 2013

Source : Insee, « Enquête Patrimoine 2010 » France métropolitaine, 2010

2

Page 3: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

Questions : 1. Quels indicateurs proposent T. Piketty pour analyser les inégalités de salaires ? 2. Quel constat T. Piketty fait-il sur l’évolution des inégalités de salaires ?3. Donnez la signification des chiffres pour la période 1900-1910 et l’année 1997 dans le graphique 1. Le constat posé par T. Piketty dans le texte se

vérifie-t-il ? Comment l’expliquez-vous ?4. A partir du graphique 1, déterminez 5 périodes dans l’évolution des inégalités de revenus en France.5. Donnez la signification des trois valeurs entourées dans le tableau statistique.6. Ce tableau vous paraît-il confirmer la thèse d’une hausse des inégalités au début du 21ème siècle ? Justifiez votre réponse.7. A partir du graphique intitulé « Courbe de Lorenz », donnez la signification du chiffre 14.8. Montrez que ce graphique met en évidence une répartition inégale du patrimoine des français.9. A partir de l’ensemble de ces documents, quelle définition pouvez-vous proposer d’inégalités économiques ?

Document 4 - L’évolution des inégalités de revenu dans les pays richesQuestions :

1. Donnez la signification des valeurs pour la France et l’Allemagne

2. Comment ont évolué les inégalités au sein des pays de l’OCDE sur les 25 dernières années ? Justifiez votre réponse et comparez le cas de la France à celui de l’Allemagne.

NB : Le coefficient de Gini se calcule à partir de la courbe de Lorenz, qui elle représente la concentration d’une ressources (revenus, patrimoine) au sein d’une société.

- Plus le coefficient de Gini est proche de 1, plus les inégalités dans la répartition de la ressource analysée sont fortes.

- Plus le coefficient de Gini est proche de 0, plus les inégalités sont faibles.

3

Page 4: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

Les inégalités sociales Document 5 – Quelles sont les différentes formes d’inégalités sociales ?Les inégalités sont nombreuses, même si les plus visibles sont économiques. À ces inégalités économiques se superposent d’autres types d’inégalités sociales affectant n’importe quelle espèce de possessions (richesse, instruction, information, etc.), de qualités (prestige, âge, état de santé, etc.) et de réalisations (diplôme, performance physique, autorité, etc.). En termes clairs, on peut repérer les inégalités de statut entre hommes et femmes (dans le travail ou la politique), les inégalités scolaires et culturelles (selon les milieux sociaux), les inégalités ethniques et raciales (pour l’accès à l’emploi et au logement), sans parler des inégalités face à la santé, à la mortalité, sans oublier les inégalités affectives et enfin physiques, qui sont aussi réelles : les beaux, les affreux, les bien-portants, les handicapés 4. Tout cela pose le fondement même de ce mot « égalité » !Les inégalités sociales [traduisent] un phénomène social de différenciation entre les individus que chaque société interprète à sa manière : « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé » ; dès cet instant, « l’estime publique eut un prix ». Depuis Rousseau, Tocqueville, voire Karl Marx, le thème des inégalités est au centre du débat tant en sociologie qu’en philosophie. Rousseau [se demande] « pourquoi les uns naissent avec une cuillère en or dans la bouche et les autres dans la misère ? » (…) Si, au départ, ces inégalités sont nées suite à des accidents historiques et se sont maintenues par convention, c’est-à-dire par un arbitraire social, Rousseau pense qu’elles peuvent disparaître parce que « ce que la société a fait, la société peut le défaire… »

D’après E. Prieur et E. Jovelin, « État providence, inégalités sociales et travail social en France. Un combat des titans », Pensées plurielles, n°10, 2005Questions :

1. Etablissez la différence entre une inégalité sociale et une inégalité économique2. Donnez des exemples pour les inégalités citées dans la première partie du texte

Document 6 – Les inégalités face à la santé - Manuel Hachette - Doc 4 – page 313 - Question 1 à 4

Document 7 - Les inégalités hommes-femmes - Manuel Hachette - Doc 5 – page 313 - Question 1, 2 et 4

B. L’aspect cumulatif des inégalités1. Les inégalités économiques se renforcent entre elles

Document 8 – Inégalités de revenus, épargne et inégalités de patrimoineLe taux d’épargne progresse en fonction de son revenu : nul, voire négatif dans le premier quartile, il avoisine 20% dans le quartile le plus élevé. A ce phénomène s’ajoute un effet de cycle de vie qui accroît encore la concentration du patrimoine. En effet, le patrimoine moyen croît avec l’âge de la personne de référence pour atteindre un maximum vers 55 ans en 1998.

Les inégalités de patrimoine, rapport du CAE 2001

Question : Complétez le schéma ci-dessous, qui explicite les liens entre inégalités de patrimoine et inégalité de revenus. A partir du schéma, rédigez un paragraphe explicatif.

2. Les inégalités économiques et sociales cohabitent et se cumulent

Document 9 - Le système des inégalités

Source : A. Bihr, R. Pfefferkorn, Repères La Découverte

Questions :1. Entourez en rouge les inégalités économiques.

2. Numérotez les flèches du schéma ci-contre (certaines flèches ont plusieurs légendes, d’autres aucune)

a) Pénibilité du travail, risque d’accident du travailb) Héritagec) Diplôme et qualificationsd) Discriminations à l’embauchee) Relations sociales (capital social)f) Connaissance du système éducatif, ambition scolaireg) Inégalités du partage du travail domestiqueh) Recours aux médecins spécialistesi) Prix du m2 selon quartierj) Recours à des employés domestiquesk) Rapport au corpsl) Capital culturel familialm) Capital culturel scolaire

3. Rédigez un paragraphe explicitant la flèche en pointillé

4

Page 5: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

Exercice 1 – SynthèseComplétez le texte ci-dessous à l’aide du vocabulaire suivant : cumulatif, inégalités, symboliques, économiques, réduction, sociales ou politiques, patrimoine, inégalités sociales

L’espace des est multidimensionnel. Les inégalités concernent tout à la fois l’accès aux ressources proprement écon omiques (revenu, patrimoine…), aux ressources sociales ou politiques (conditions d’existence, éducation, santé, accès au pouvoir…) et symboliques (titres scolaires, pratiques langagières…). Elles prennent donc des formes multiples et se renouvellent constamment selon les mutations structurelles de la société (sociales, économiques, technologiques, idéologiques…). Les inégalités spécifiquement économiques ont une place particulière car elles constituent souvent une matrice – sans être la seule – sur laquelle se développe une multiplicité d’inégalités sociale s . Par exemple, les inégalités de revenu et de patrimoine donnent naissance à des inégalités d’accès au logement, d’accès à la santé, etc. Les inégalités sont donc interactives. Plus encore, elles sont liées entre elles par des processus cumulatif qui alimentent la polarisation de la structure sociale : les avantages des uns s’additionnent pendant que les désavantages des autres se renforcent mutuellement. Une autre caractéristique des inégalités économiques et sociales est qu’elles ont tendance, comme le démontrent les études sur la mobilité sociale, à se reproduire d’une génération à l’autre.En ce qui concerne l’évolution des inégalités, on observe incontestablement sur le long terme un mouvement de réductio n des inégalités économiques. L’impression est plus contrastée en ce qui concerne les inégalités sociales : sans être exhaustif, on peut dire que si certaines inégalités persistent (inégalité hommes / femmes, inégalité face à la santé…), on assiste clairement à un mouvement d’homogénéisation des modes de vie et à la généralisation de l’accès au système éducatif.

II. Des inégalités à la stratification sociale

Document 10 – La notion de classe socialeLa notion de classe apparaît comme l’une des plus célèbres mais également l’une des plus polémiques de la sociologie. Cette dernière s’est justement constituée comme discipline, au 19ème siècle, à un moment où l’ordre social a été profondément remis en question dans l’ensemble des pays européens. Les fondements de la société traditionnelle ont été ébranlés au point de saper la base de la stratification sociale : les ordres s’effacent progressivement devant les classes.(…) Si l’étude des classes ne s’est jamais réduite à une pure description objective des groupes composant la société, ont été progressivement mis en place, à l’initiative de l’Etat, à l’image des professions et catégories socioprofessionnelles, de l’INSEE, des instruments susceptibles de rendre compte de l’évolution morphologique de la société française. Ils ne dispensent pas pour autant sur les logiques qui conduisent à l’agrégation des personnes dans un groupe, dans lequel celles-ci sont censées se reconnaître. Il est alors nécessaire de se pencher sur les mécanismes qui participent à la construction et à la consolidation des groupes sociaux comme de leur effritement, voire de leur effondrement. Un intérêt particulier doit être accordé aux relations instaurées entre les classes sociales : celles-ci peuvent prendre différentes perspectives au cours du temps (antagonisme, concurrence, coopération…).(…) Les classes sociales, sur le plan historique, font leur apparition à la fin du 18ème siècle, et constituent un des effets de la révolution industrielle qui bouleverse l’ordre social existant. En France, la Révolution met à bas les ordres qui étaient le fondement de la société d’Ancien Régime. La société d’ordres a été progressivement établie au cours de la féodalité et a d’abord distingué les individus chargés de la prière (le clergé), de la guerre (la noblesse) et du travail (les paysans) (…).L’organisation de la société en termes de classes sociales signifie que ce n’est plus un statut juridique garanti par l’Etat ou la religion qui délimite l’appartenance à un groupe social, mais désormais l’activité économique exercée. Cela illustre l’importance prise par le travail dans la vie de l’individu, comme dans son statut social. Dans la mesure où (…) les individus naissent libres et égaux en droits, il ne saurait plus exister entre eux de distinction d’aucune sorte a priori : ce n’est que dans la vie économique et sociale que des différences peuvent émerger.

P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004Questions :

1. Quels étaient les fondements d’une société organisée autour de la notion d’ « ordre » ?2. En vous appuyant sur la phrase soulignée, rappelez la définition d’un groupe social (programme de 1ère).3. A quelle condition passe-t-on d’une analyse en termes de structure sociale à une analyse en termes de stratification sociale ?

A. Comment la tradition sociologique analyse-t-elle structure sociale et stratification sociale ?1. La vision de Karl Marx

Document 11 – « Classe en soi », « Classe pour soi », classes en lutteKarl Marx est certainement l’auteur auquel la notion de classe sociale est spontanément attachée. (…) Il lui confère une place centrale dans l’évolution sociale, comme dans les conflits qui traversent irrémédiablement les sociétés humaines. La formule de K. Marx et F. Engels extraite du Manifeste du Parti communiste (1848) : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes », rend bien compte de l’importance accordée aux classes sociales dans les processus historiques et sociaux. (…) L’évolution des sociétés humaines oppose ainsi, dans un conflit majeur, deux groupes sociaux antagonistes : patriciens et plébéiens dans la société antique, seigneurs et serfs dans la société féodale, bourgeoisie et prolétariat dans la société capitaliste. Le critère objectif défini par Marx (…) est la place occupée dans le processus de production : les propriétaires des moyens de production s’opposent aux non propriétaires, tels les salariés dans les sociétés industrielles contraints de vendre leur force de travail pour survivre. Si le critère économique conduit Marx a adopté une approche réaliste des classes sociales (les classes existent dans la réalité, et le sociologue ne fait qu’en rendre compte), un reproche classique de réductionnisme extrême a été adressé au marxisme, l’économique paraît primer sur les autres domaines de la vie sociale.Marx complète (…) son analyse en accordant une importance au critère subjectif, le sentiment d’appartenance à la classe sociale. (…) Marx est ainsi conduit à formuler une distinction entre la classe en soi et la classe pour soi. Une classe en soi existe à partir du moment où un ensemble de personnes occupent la même position dans le processus de production (…) alors qu’une classe pour soi exige une conscience de classe, c’est-à-dire l’apparition d’intérêt commun à défendre contre d’autres classes. Le passage de l’une à l’autre, [de la classe en soi à la classe pour soi], ne peut s’effectuer que par la médiation de la lutte qui fait naître, chez les classes dominées, une prise de conscience progressive de leur exploitation (…). En dépit de la concurrence qui met aux prises les ouvriers entre eux dans la société industrielle, et notamment l’usage de l’armée de réserve industrielle formée des travailleurs privés d’emploi, Marx fonde ses espoirs sur la formation du groupe ouvrier. La naissance et le développement de la fabrique conduit à regrouper ensemble, sur un même lieu de travail (l’usine) et de vie (la cité ouvrière), une population toujours plus nombreuse. Cette force lui semble en mesure de faire triompher à terme, le prolétariat qui prend, peu à peu (avec l’aide du développement du syndicalisme ouvrier), conscience de lui-même. Le mode de production capitaliste lui paraît donc condamner également les autres classes – notamment la petite bourgeoisie (artisan, commerçant…) – et ne laisse place qu’à un affrontement binaire entre bourgeoisie et prolétariat. La polarisation semble s’imposer inéluctablement et conduire à un antagonisme qui ne cessera qu’avec la transformation complète (la révolution, puis le communisme) du système historique formé par le capitalisme.

P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004Questions :

1. Pourquoi l’analyse marxiste est-elle qualifiée de réaliste ?2. Quel est le critère qui permet de distinguer les classes sociales entre elles selon Marx ? 3. Comment peut-on qualifier les relations entre les classes sociales dans l’analyse marxiste ?4. L’analyse de Marx est-elle uniquement fondée sur le critère objectif de la position occupée dans le processus de production ?5. Expliquez la phrase soulignée

5

Page 6: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

Document 12 – Les paysans parcellaire de 1848 forment-ils ou non une classe sociale ?Les paysans parcellaires constituent une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques. Cet isolement est encore aggravé par le mauvais état des moyens de communication en France et par la pauvreté des paysans. Leur terrain de production, la parcelle, ne permet, dans la culture, aucune division du travail, aucune utilisation des méthodes scientifiques, par conséquent, aucune diversité du développement, aucune diversité de talents, aucune richesse de rapports sociaux. Chacune des familles paysannes se suffit presque complètement à elle-même, produit directement elle-même la plus grande partie de ce qu’elle consomme et se procure ainsi ses moyens de subsistance bien plus par un échange avec la nature que par un commerce avec la société. La parcelle, le paysan et sa famille ; à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Quelques dizaines de ces familles forment un village et quelques dizaines de villages un département.Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près de la même façon qu’un sac rempli de pommes de terre forme un sac de pommes de terre. Dans la mesure où des millions de familles paysannes vivent dans des conditions économiques d’existence qui séparent leur mode de vie, leurs intérêts et leur formation de ceux des autres classes et les font se confronter à ces dernières en ennemies, elles constituent une classe. Mais elles ne constituent pas une classe dans la mesure où il n’existe entre les paysans parcellaires qu’un lien local et où la similitude de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communauté, aucune liaison nationale ni aucune organisation politique. C’est pourquoi ils sont incapables de défendre leurs intérêts de classe en leur propre nom, soit par l’intermédiaire d’un Parlement, soit par l’intermédiaire d’une Convention. Ils ne peuvent se représenter eux-mêmes, ils doivent se faire représenter. Leurs représentants doivent en même temps leur apparaître comme leurs maîtres, comme une autorité supérieure, comme une puissance gouvernementale absolue, qui les protège contre les autres classes et leur envoie d’en haut la pluie et le beau temps. L’influence politique des paysans parcellaires trouve, par conséquent, son ultime expression dans la subordination de la société au pouvoir exécutif.

Source : Karl Marx, Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, traduction revue par Gérard Cornillet, Messidor/Éditions socialesQuestion : Rédigez un court paragraphe vous permettant d’illustrer la distinction classes en soi / classes pour soi à partir des paysans parcellaires.

2. La vision de M. WeberDocument 13 – Une analyse tridimensionnelle de la structure socialeUne analyse en termes de stratification sociales qui refuse les postulats de Marx est proposée par M. Weber dans Economie et Société (1920). L’approche de Weber ne se réduit pas aux classes sociales, qui ne constituent pour lui que l’un des éléments de la stratification sociale. Sa classification retient trois sphères d’activité sociale conduisant, chacune, à l’établissement d’une hiérarchie spécifique : la classe correspond à l’ordre économique, le statut à l’ordre social et le parti à l’ordre politique.La classe sociale, comme d’ailleurs les autres éléments, est abordée d’un point de vue nominaliste : autrement dit, si elle n’existe pas nécessairement en tant que groupe sociale « réel » (l’existence d’une loi historique conduisant à un affrontement inéluctable est ainsi étranger à M. Weber), le sociologue peut se servir de ce concept pour rendre compte d’une dimension de la réalité. Les classes sociales rassemblent des individus ayant en commun une situation de classes mesurablesPar l’accès différencié à un ensemble de biens (classe de possession), la possession ou non des moyens de production (classe de production). La classe sociale regroupe chez Weber les deux dimensions précédentes et se conjugue à l’évolution des positions occupées par un individu au fil du temps, notamment en comparaison avec celles de ses ascendants et de ses descendants : Weber s’intéresse ici implicitement au phénomène de mobilité sociale. Le statut social de l’individu peut également être fondé sur le prestige attribué à tel ou tel groupe [on parle alors de groupe de statut]. Comme le souligne Weber la considération sociale n’est pas étroitement liée à la position économique : dans certaines sociétés, la possession d’un niveau d’instruction élevé (prêtre, professeur...), d’un honneur, en raison de la naissance (un titre de noblesse), l’exercice d’une profession prestigieuse (savant, artiste…) sont valorisés et peuvent contribuer à rapprocher des individus, à leur faire prendre conscience de leur appartenance à un même ensemble : une certaine homogamie peut renforcer leur cohésion. Au sein de l’ordre politique, une adhésion à un groupement (le parti) peut permettre à l’individu d’obtenir certaines gratifications matérielles ou symboliques (poste, estime de soi…) et dans certaines situations, la possibilité d’y faire carrière et d’avoir accès aux ressources publiques (un « contact » au gouvernement, la possibilité de se faire entendre par un professionnel de la politique)Weber insiste, à la différence de Marx, sur le fait que les différents ordres possèdent leur propre autonomie et, qu’a priori, aucun d’entre eux ne saurait triompher des autres.

P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004Questions :

1. Quelles sont les trois dimensions de l’analyse de la stratification sociale selon Weber ?2. Pourquoi peut-on qualifier l’approche de Weber de nominaliste ?3. En vous appuyant sur le texte et le document 4 p. 207 de votre manuel, complétez le schéma suivant :

4. Placez sur chaque échelle hiérarchique du schéma précédent les individus suivants : Barak Obama, Zinedine Zidane, Bill Gates, Liliane Bettencourt, un médecin, un ouvrier vainqueur du loto, un docteur en sociologie, un titulaire du RSA, un trader.

5. L’analyse de Weber vous paraît-elle fonder sur un conflit de classes ?

Document 14 – La distinction entre classes sociales et groupes de statut chez WeberContrairement à la situation de classe déterminée de façon purement économique, nous appelons « situation statutaire » ce tout spécifique du destin de l’homme déterminé par une estimation particulière, positive ou négative du prestige (…) En simplifiant beaucoup, on pourrait dire que les classes sont stratifiées selon le rapport à la production et à l’acquisition de biens, tandis que les groupes de statut le sont en fonction de leurs principes de consommation représentés par les « styles de vie » particuliers. (…)Le prestige lié à l’ordre social s’exprime avant tout par un style de vie particulier attendu par tous ceux qui désirent « faire partie du cercle ». La stratification statutaire basée sir des styles de vie conventionnels se développe actuellement de façon caractéristique aux Etats-Unis à partir de la démocratie traditionnelle. Par exemple, celui qui habite une certaine rue (the street) est considéré comme appartenant à la société ; il a des relations, il reçoit et il est invité. Plus, cette

6

Page 7: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

différenciation engage de façon telle qu’on est absolument obligé de se soumettre à la mode qui prévaut à un moment donné dans une société. Cette soumission traduit le désir d’un individu donné d’être traité comme un « gentleman », elle garantit, au moins à première vue qu’il sera traité comme tel.

M. Weber, « Classe, Statut, parti », in Economie et Société, 1922Questions :

1. Comment se caractérise un style de vie chez Weber ?2. Quelle définition pouvez-vous propose de la notion de groupe de statut ?

7

Page 8: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

B. Quels sont les prolongements contemporains des analyses sociologiques fondatrices ?1. Bourdieu : Classes dominantes et classes dominées

Document 13 – L’espace social chez P. BourdieuPierre Bourdieu propose une analyse des classes sociales qui souhaite intégrer et dépasser les apports de Marx et de Weber. Il distingue ainsi le volume et la structure des capitaux possédés par un agent social. Le volume correspond sur le graphique à l’axe vertical et renvoie à la hiérarchie sociale objective entre agents et groupes d’agents : les professions libérales possèdent incontestablement davantage de capitaux que les salariés agricoles. La structure qui se lit horizontalement distingue les agents sociaux à partir du type de ressources sociales possédées. Bourdieu distingue ainsi trois types de capitaux :

- Le capital économique : il réunit l’ensemble des revenus et du patrimoine (…)- Le capital culturel : il existe sous trois formes : institutionnalisé (un diplôme universitaire (…)) ; objectivé (une collection de peinture, de disques,

de bandes dessinées… des meubles de style, une bibliothèque) ; intériorisé (l’intérêt que l’on manifeste pour l’art ou la culture sous toutes ses formes est étroitement lié à la possession d’un code culturel transmis le plus souvent par la famille d’origine et/ou par l’école).

- Le capital social comprend l’étendue de la surface sociale (réseaux, relations…) mobilisable par un agent. (…)P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004

Ce double principe de différenciation est utilisé par Bourdieu à deux fins : rendre compte de la genèse des dispositions en matière de comportements, de consommations et de goûts esthétiques et esquisser une configuration contemporaine des classes sociales. Dans La Distinction (1979), la structure sociale pourrait être schématisée comme suit :

- les classes supérieures sont différenciées autant par le volume de capital global que par les positions de pouvoir. Sont distinguées « fractions dominées » (cadres du public et professeurs) et « fraction dominante » (professions libérales, patronat, cadres du privé) avec à son sommet la « Noblesse d’Etat » ;

- comme de nombreux sociologues, Bourdieu oppose classes moyennes traditionnelles et classes moyennes salariées. Parmi ces dernières, il distingue une « petite bourgeoisie d’exécution » (cadres moyens des entreprises, certaines couches d’employés) et une « petite bourgeoisie nouvelle » (professions intermédiaires de l’appareil d’Etat, de la santé, du système éducatif et de la culture)

- les classes populaires, enfin, regroupant les ouvriers, les personnels de service et une partie des employés. Ce qui rassemble ces catégories est autant leur faible capital économique que leur situation dominée dans l’ordre culturel et la sphère politique.

Serge Bosc, Stratification et classes sociales Cursus, Armand Colin, 2011

Questions :

8

Page 9: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

1. Quelles sont les trois formes de capitaux mises en évidence par P. Bourdieu ?2. Comment Bourdieu distingue-t-il un professeur du supérieur d'un chef d'entreprise ?3. Combien Bourdieu dénombre‐t‐il de classes sociales. Nommez-les.4. Pourquoi peut-on dire que les travaux de Pierre Bourdieu sont une synthèse de l'approche de Marx et de Weber ?

2. Un outil pour l’analyse de la structure sociale : la nomenclature des PCS Cf. TD : Les professions et catégories socioprofessionnelles

C. Rendre compte de la structure sociale aujourd’hui.1. Fin ou transformation des classes sociales ?

Document 14 – La thèse de la moyennisationHenri Mendras et plusieurs sociologues français [...] critiquent la représentation pyramidale traditionnelle de la société telle qu'elle découle de l'analyse marxiste. En effet, cette dernière est inadaptée à la société française actuelle, car elle ne prend pas en compte l'importance des classes moyennes dans les processus de changements sociaux. Plutôt que des classes, il y aurait des ensembles qui s'agenceraient pour former la société. Cela évoque l'image d'une constellation. [...] Cette perception introduit une dynamique : "Les groupes sont des galaxies qui grossissent ou réduisent, qui deviennent brillantes, s'illuminent et illuminent leurs voisins, ou au contraire s'affaiblissent et peuvent s'éteindre. Et ces galaxies s'organisent en deux constellations principales : populaire et centrale, et quelques constellations de moindre importance : les indépendants, les techniciens, l'élite dirigeante, les pauvres, etc." Fondamentalement, deux mouvements remettent en question la vision d'une société divisée en classes sociales. D'un côté, le sentiment d'appartenance à une classe sociale s'affaiblit puisque de moins en moins de gens se disaient appartenir à la classe ouvrière ou à la bourgeoisie, et ceux qui se situaient dans la classe moyenne deviennent plus nombreux, jusqu'à être majoritaires dans l'ensemble de la population. D'un autre côté, les catégories sociales intermédiaires se multiplient.Ces deux éléments aboutissent à l'effacement de la classe moyenne elle-même, puisque, n'étant plus intermédiaire entre deux classes fortes et antagonistes, elle perd sa caractéristique propre d'être "moyenne". Comme chez Marx, il y a un mouvement d'absorption, mais sa nature est radicalement différente : ce n'est pas le prolétariat qui absorbe les classes moyennes mais l'inverse. Or, le gonflement de cette constellation centrale annonce sa disparition [...] : il n'y a plus de "classe moyenne", puisque personne ne s'intercale entre le peuple et la bourgeoisie. On assisterait donc à une moyennisation de la société.

Patrice Bonnewitz, Classes sociales et inégalités, Bréal, coll. Thèmes et débats, 2004

Le modèle de la toupie selon Mendras.

Selon l’auteur, la constellation populaire rassemblerait 50% de la population et la constellation centrale 25% ; l’élite 3% et

la pauvreté 7%

Questions : 1. Pourquoi certains sociologues parlent-ils de moyennisation de la société ?2. Quelles sont les causes principales de cette moyennisation selon vous ?3. Quel est d’après-vous la manifestation principale de cette moyennisation ?

Document 15 – A quelle classe pense-t-on appartenir ? Manuel Hachette - Doc 4 – page 215 - Question 1 à 3

Document 16 – Le retour des classes socialesDans les démocraties développées, la disparition des classes sociales semblerait un acquis et une évidence sur laquelle il est incongru de revenir. Cette question serait tranchée. […] Pour conclure à l’existence ou à la disparition des classes sociales, la mesure des inégalités économiques et sociales est stratégique : elle est la seule démarche permettant de diagnostiquer leur stabilité, leur diminution ou leur amplification, ainsi que leur structuration. [...] Si certains critères mettent en évidence un recul de la réalité des classes, soit dans la période 1965-1980, soit pour les générations de l’entre-deux-guerres jusqu’aux premières générations du baby-boom, nous assistons depuis lors à une pause, voire à un regain de certaines inégalités. Le passage de la croissance rapide à la stagnation (ou croissance molle) a eu, en soi, un impact inégalitaire : la croissance permet de projeter un rattrapage à l’horizon de la vie ou d’une génération à l’autre, alors que la stagnation offre une vision d’immobilité. [...] Un certain nombre d’arguments permet donc de parler de maintien, voire de retour, des classes sociales. Pour autant, dans ce diagnostic, un élément demeure manquant : celui concernant les identités collectives, autrement dit la conscience de classe. [...] L’identité collective telle que l’on pourrait la définir se révèle à tout un ensemble de critères : le sentiment d’appartenir à une classe sociale, la mobilisation animée par des syndicats spécifiques, l’unité d’action politique au travers de partis structurés sont, sans aucun doute, les points centraux de l’analyse. Il est indubitable qu’entre 1949, où 40 % des salariés étaient syndiqués et aujourd’hui, où ils ne sont plus que 10 %, une perte de mobilisation est évidente. Au long des Trente glorieuses, le PCF a représenté de 20 à 25 % des votes, contribuant à une activation permanente de la classe ouvrière. A 30 ans de distance, tout cela évoque un monde englouti. [...] Objectivement visibles mais subjectivement désarticulées, les classes sociales sont porteuses d’un avenir plus ouvert qu’on ne le conçoit généralement.

Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », Revue de l'OFCE, n°79, octobre 2001Questions :

1. Pourquoi Louis Chauvel ne remet-il pas complètement en cause la thèse de la moyennisation ?2. Pourquoi peut-on parler d'un retour des classes sociales ?3. Reformulez la phrase soulignée en utilisant le vocabulaire marxiste

9

Page 10: blog.ac-versailles.frblog.ac-versailles.fr/sesaoulmi/public/TES_-_2014-2015... · Web viewQuelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ? (bac 2013) Pourquoi

A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales Terminale ES

2. La multiplicité des critères de différenciation sociale

Une différenciation selon statut professionnelDocument 17 – CSP, statut professionnel et style de vie ? Manuel Hachette - Doc 1 – page 216 - Question 1 à 4

Une différenciation selon l’âge et la générationDocument 18 – Vers une lutte des âges ?Pour L. Chauvel, la solidarité intergénérationnelle est mise à mal. Durant les Trente glorieuses, le «système de l'escabeau » assure la dynamique sociale suivant le principe suivant : les nouveaux arrivants sur le marché du travail sont payés à un salaire supérieur à celui auquel étaient embauchés leurs aînés. Ils gagnent moins que leurs pères toujours actifs, mais leur progression salariale fait qu'en fin de carrière, ils ont un salaire beaucoup plus élevé que la génération précédente. Cette dynamique est doublement intégratrice au niveau de l'entreprise (respect mutuel intergénérationnel) et au niveau familial (potentialité d'autonomie plus forte chez les jeunes).Mais si pendant les Trente glorieuses la génération n'était pas un facteur de discrimination, elle le devient à partir des années 1980. L. Chauvel montre en effet que la loi du progrès générationnel de long terme est devenue obsolète : les actifs qui entrent sur le marché du travail au début des années1980 sont confrontés à des rémunérations plus faibles et à une précarité accrue par rapport à leurs aînés. On peut donc se poser la question de l'existence d'une nouvelle « gérontocratie » et d'une « lutte des âges » qui se substituerait à une lutte des classes.

A. Beitone et alii, Sciences sociales, Sirey, coll. Aide-mémoire, 4e édition, 2004Questions :

1. Pourquoi, pendant les Trente Glorieuses, peut-on parler de système de l'escabeau ?2. Pourquoi peut-on dire qu'il y a une lutte des âges aujourd'hui ?

Document 19 – Les différences en fonction de l’âge : l’exemple du vote Manuel Hachette - Doc 4 – page 216 - Question 1 à 3

Une différenciation selon le sexeDocument 20 – Les inégalités hommes/femmes Manuel Hachette - Doc 2 – page 215 - Question 1 à 3

10