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Interviews Juliette Lewis & Korn Album de l’année : Angus & Julia Stone Les 12 meilleurs disques de 2010 ACTUMUSIC.com Best of ACTUS CHRONIQUES CONCERTS BIOGRAPHIES DISCOGRAPHIES ROCK STUFF # 1

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Interviews Juliette Lewis & Korn

Album de l’année : Angus & Julia Stone

Les 12 meilleurs disques de 2010

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ACTUS

CHRONIQUES

CONCERTS

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# 1

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Fanzine n° 1 | Décembre 2010

Best of

Album de l’année p. 2

Interviews p. 4

Coups de gueule p. 2

Regrets éternels p. 11

Concerts p. 8

Disques du mois p. 12

Angus & Julia Stone : « Down the Way » 2

Carton Rouge au Grand Journal de Canal + 2Sexion d’assaut 3

Interview Juliette Lewis – 23/05/2010 4Interview Munky (Korn) – 4/06/10 6

Airbourne – Zénith de Paris – 26/03/10 8Gorillaz – Zénith de Paris – 23/11/10 9Angus & Julia Stone – Cigale – 28/11/10 10

Ronnie James Dio est mort 11Mano, salaud ! 12

Janvier 2010 | Little Caesar – « Redemption » 12Février 2010 | Airbourne – « No guts, no glory » 13Mars 2010 | Jimi Hendrix – « Valleys of Neptune » 14Avril 2010 | Slash – « R & Fn’ R » 14Mai 2010 | The Rolling Stones – « Exile on main street » 15Juin 2010 | Oasis – « Time Flies…1994-2009 » 16Juillet 2010 | Angus & Julia Stone – « Red Berries » 17Août 2010 | Iron Maiden – « The Final Frontier » 17Septembre 2010 | Black Country Communion – « Black Country » 18Octobre 2010 | The Legendary Tiger Man – « Femina » 19Novembre 2010 | The Big 4 – « Live from Sofia Bulgaria » 20Décembre 2010 | Motörhead – « The Wörld is yours » 21

Edito décembre 2010

Le monde est à nous

L’an dernier à la même époque, j’étais un poil remonté contre tout le monde… On nous promettait l’holocauste grippal dans le but à peine dissimulé de nous vendre du vaccin

fabriqué dans l’urgence juste avant les fêtes (en voilà une bonne idée de cadeau !), l’hypocrisie régnait en maître au sommet de l’Etat avec de soi-disant préoccupations écologistes, et nous n’étions toujours pas remis de la mort de Michael Jackson.

Un an plus tard, rien n’a changé ou presque et pourtant c’est avec le cœur léger que j’aborde cette saison hivernale, que s’est-il donc passé entretemps ? Et bien mes amis, c’est de votre faute tout ça. En effet, depuis un an, Actumusic a vu sa fréquentation augmenter de manière significative, nous commençons à trou-ver notre place dans le petit monde du rock n’ roll circus, des artistes de plus en plus nombreux et prestigieux ont accepté de s’exprimer dans nos pages et votre serviteur est à deux doigts d’y croire…

Et puis, quelle belle année du point de vue musical ! Un couple d’anges en provenance du paradis avec escale en Australie nommés Angus and Julia Stone sont venus nous effleurer de leurs ailes, des groupes comme Puggy ou Yamon Yamon nous ont prouvé que la fraîcheur dans le rock existait encore, le grand Slash a de nouveau fait parler la poudre, Iron Maiden a dégainé l’un de leurs meilleurs albums depuis une décennie et nous avons eu le privilège de causer les yeux dans les yeux avec la troublante Juliette Lewis lors de son passage à Paris, un passage dont les murs de la Flèche d’Or transpirent encore.

Une belle année donc, pleine de fureur et de transpiration, d’ac-cords plaqués avec détermination sur des guitares qui semblaient voués à une disparition prématurée il n’y a pas si longtemps sous les coups de boutoirs de la musique électronique et du hip-hop… Fume ! Le « Plastic Beach » de Gorillaz a démontré que les genres n’étaient pas incompatibles et c’est tant mieux.

Et puis, cerise sur le gâteau, nous finissons cette année 2010 dans le boucan avec les parrains d’Actumusic, le groupe qui le premier accepta de nous rencontrer histoire de causer de notre obsession favorite autour d’un verre (forcément), j’ai nommé Motörhead ! Ce sera notre cadeau de Noël pour les remercier d’exister et vous remercier de votre fidélité, une semaine complète consacrée au groupe le plus bruyant de la planète à l’occasion de la sortie simultanée de « The Wörld is yours », leur nouvel album, et du film « Lemmy – The Movie ». Au programme des réjouissances, des interviews croisées du batteur Mikkey Dee et des réalisateurs du film, des chroniques détaillées et quelques petites choses suppémentaires…

Voilà encore une raison de nous réjouir de cette année 2010 qui s’achève, nous avons peut-être perdu en cours de route Ronnie James Dio, Leslie Nielsen et Mano Solo mais Lemmy est toujours là, gardien pas si taciturne des clefs de notre église et toujours prêt à botter des fesses ! Je sais pas pour vous, mais moi, ça me réchauffe de l’intérieur comme une bonne rasade de Jack Daniel’s.

Joyeux Noël à tous, stay (i)tuned !

scRed

PS : One more thing… Pour les accros, nous préparons un petit « best of » en forme de fanzine qui sera téléchargeable gratui-tement pour tous les membres du groupe Actumusic sur Face-book… C’est y pas beau ça ?

Rédacteur en chef : Guillaume « scRed » Lafon Contact : [email protected]

Webmaster/Graphiste : Ludovic Dujardin

Exécuteur des basses oeuvres : Manu, le Nain barbu

Partenariat/Relations presse : Anne-Sophie

Maquettiste : Julie Brignonen

Photographe/Rédactrice : Peggy Cremin

Remerciements : Olivier Garnier (Replica Records), Karine Sancho (Roadrunner

Records), Jennifer Havet (Discograph), Roger Wessier (Hellfest Productions)

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Angus & Julia Stone : « Down the Way »

Like a loving stoneEn voilà deux qui portent bien leur nom !

Angus et Julia Stone, le petit frère et la grande sœur, nous offrent en effet avec « Down the way » un album propice aux longs après-midi d’été que l’on passe allongé dans l’herbe, la tête très haute dans les nuages. Australien de naissance,

leur folk rock pourrait tout aussi bien trouver sa source dans les plaines verdoyantes d’Irlande tout comme sur les plages de Californie. Et à bien y réfléchir, on peut également trouver ce genre de paysages au pays des kangourous… Car la musique de la famille Stone est indissociable des images qu’elle fait naître dans l’ima-ginaire de ceux qui les écoutent. À la manière des grands bardes du rock (Neil Young, Bruce Springsteen,Van Morrison), les chansons d’Angus & Julia Stone font tourner à plein régime notre petit cinéma intime et invitent au voyage autant qu’elles parlent à l’âme.

Treize titres figurent sur ce « Down the way », treize mo-ments de vie d’une sincérité indéniable où la musique délicate et apaisante du duo, faite de guitare acoustique, de piano et d’une batterie qui sait se faire oublier, se mêle aux voix très différentes du frère et de la sœur pour un résultat très proche de la perfection. Certaines chansons sentent d’ailleurs bon le tube radio (« Big jet plane ») quand d’autres vont plutôt avoir un parfum de découverte personnelle, « il faut absolument que tu écoutes ça », comme ce « Yellow brick road » à la Ben Harper, le sublime « I’m not yours » (une chanson de rupture où l’on est enfin du côté de celle qui se barre plutôt que de celui du mec qui se lamente sur son sort, ça change !) ou encore « Hush » et son harmonica à faire pâlir d’envie Admi-ral Freebee. Oui, je le recase encore mon Belge favori, mais il y a une raison à cela… Il fait partie de la même famille musicale que nos deux néo-hippies du bout du monde, une pop indé qui a compris l’importance de créer une ambiance pendant une chanson, de soigner la mélodie et les paro-les, certes, mais surtout de savoir raconter une histoire compréhensible par tous, même ceux qui ne parlent pas anglais et qui, pourtant, garderont de bons souvenirs de leur voyage… En conclusion, « Down the way » par Angus & Julia Stone est un album idéal pour saluer l’arrivée des beaux jours, mais aussi pour profiter de la douceur des nuits d’été… Délicat, paisible et brillant, cet album est une réussite complète et augure du meilleur pour la suite des aventures de la famille Stone.

Carton Rouge au Grand Journal de Canal +

Gorillaz dans la brume

Mercredi 12 mai, Michel Denisot et son équipe recevaient Gorillaz sur le

plateau du Grand Journal pour un concert exceptionnel, exceptionnel car le groupe le plus rare de la pla-nète sélectionne minutieusement ses apparitions en chair et en os.

Deux certitudes sortiront de cet évé-nement.… La première, c’est que la nouvelle incarnation de Gorillaz avec les ex-Clash Paul Simonon à la basse et Mick Jones à la guitare est sans doute la meilleure du grou-pe à ce jour. Damon Albarn pose avec beaucoup d’humilité au milieu de la photo de famille, sagement assis derrière sa guitare pendant qu’il chante « On Melancholy Hill », l’un des meilleurs titres de l’album « Plastic Beach ». Chose étonnante, le morceau sonne mieux en live que sur le disque, faut le faire !

La seconde certitude, c’est que Go-rillaz ne remettra jamais plus les pieds à Canal +. Passons sur les ma-ladresses techniques de la part du

réalisateur de l’émission qui a sa-bordé le prologue de l’interview, une intervention de Murdoc (l’alter-ego maléfique virtuel de Jamie Hewlett) se moquant de Damon Albarn, ou encore sur Michel Denisot appelant le groupe « Godzillaz » (sic !), car le pire était encore à venir.

En effet, comment peut-on être à la tête d’une émission aussi pres-tigieuse, se prétendre journalistes et poser des questions aussi nulles et hors sujets à l’un des meilleurs musiciens du moment ? Savaient-ils seulement qui ils avaient en face d’eux ?

Dès la deuxième question, Elise Chassaing effectue une magni-fique sortie de route en compa-rant le graphisme de Gorillaz avec l’univers de Tim Burton en citant « Mars Attack ». Regard incrédule de Damon Albarn… En gentleman, il évite de relever et se contente

Album de l’année

Coups de gueule

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Sexion d’assaut

Section de blaireauxRegardez bien cette photo.

Ne sont-ils pas mignons, encore au collège à 20 ans passés ? Non, mignons n’est pas le mot que je choisi-rais. Attardés me semble plus juste. Le groupe de rap français Sexion d’assaut, stars des 10-14 ans, s’est ré-cemment illustré dans un registre malheureusement fort banal dans le milieu du hip-hop, à savoir l’homophobie bête et méchante. Comme eux.

L’affaire commence par une interview parue dans Inter-national Hip-Hop, où le groupe déclarait crânement : « Pendant un temps, on a beaucoup attaqué les homo-sexuels parce qu’on est homophobes à cent pour cent et qu’on l’assume. On essaie de ne pas trop insulter certaines catégories de gens qu’on ne comprend pas (sic !) pour ne pas choquer notre public (re-sic !). On ne peut pas se permettre de dire ouvertement que pour nous, le fait d’être homosexuel est une déviance qui n’est pas tolérable. » Ah bon ? Ce n’est pas ce que vous venez de faire les gars ?

Une interdiction d’antenne de NRJ et de Fun Radio plus tard, sans parler de divers annulations de concerts, Sexion d’assaut se voit obligé de faire un semblant de mea culpa, mais on sent que le cœur n’y est pas… Le cerveau

non plus d’ailleurs. Je cite le dénommé Lefa, ouvrez les guillemets avec des pincettes : « Je ne connaissais pas le sens du mot homophobe, depuis je suis allé regarder dans le dictionnaire, et je suis choqué par le mot que j’ai employé ». C’est pas faux, employer des mots qu’on ne connait pas, c’est toujours risqué. Et Lefa d’enfoncer encore un peu plus le clou de la bê-tise qui semble le caractériser : « Reste que pour moi qui ai grandi dans cette culture de la rue, l’homosexualité est loin de nos pratiques. On ne la comprend pas. On vient d’un milieu où il n’y en a pas ». Tiens donc… Per-sonnellement, c’est cette phrase qui me choque le plus. Que des rappeurs illettrés et limités intellectuellement détestent les homosexuels parce qu’ils ont peur de la différence (ou qu’ils refoulent leurs propres penchants), cela se conçoit même si c’est stupide. Par contre, qu’ils rendent la vie impossible aux gays qui vivent dans leur milieu (et il y en a beaucoup) et qui doivent raser les murs pour éviter de se retrouver à l’hôpital, sans parler de ceux qui à force de persécutions finissent par se don-ner la mort de désespoir, ça c’est insupportable.

D’autant plus que le public de Sexion d’assaut est un public très jeune, fortement influençable et facilement manipulable, ce qui rend l’affaire encore plus grave. Le seul aspect rassurant de cette histoire, c’est que devant la banalité de la musique de ce groupe et l’extrêmement faible espérance de vie de leur carrière, leur message de haine a des chances de ne pas faire long feu. Il n’en reste pas moins que leur état d’esprit a tendance à se généraliser dans l’indifférence la plus noire ces derniers temps et qu’il faudra plus que les gays décomplexés de Secret Story pour transmettre à la jeunesse l’idée que l’homosexualité n’est pas une maladie.

Allez les enfants, balancez-moi cette musique par la fenêtre, histoire qu’elle retourne dans la rue (et plus précisément dans le caniveau) dont elle est issue et écoutez plutôt les œuvres de Little Richards, des Com-munards ou encore de Queen, vous y gagnerez plus que largement au change, autant en tolérance qu’en qualité ! Act Up !

de dire qu’il adore le cinéma de Burton. Mlle Chassaing connait-elle le travail de Jamie Hewlett, auteur des personnages de Gorillaz et papa de la célèbre Tank Girl ? J’en doute fortement. Une interview, ça se prépare jeune fille !

En grand professionnel, Michel De-nisot sent la gêne de son invité et enchaîne sur une série de citations attribuée à Albarn afin de le faire réagir sur un autre sujet et là, re-bi-de ! Le chanteur esquisse un sourire et déclare ne pas se souvenir de ces déclarations ! C’est le moment que

choisit Ariane Massenet pour nous sortir la question d’intérêt général, à savoir la passion que voue Paris Hilton à Damon Albarn. Visiblement épuisé par tant de platitude, ce der-nier ne prend même pas la peine de répondre et regarde ailleurs. Au moins, Massenet ne lui aura pas demandé de chanter « Clint Eas-twood » a cappella, c’est déjà ça.

Au final, Gorillaz était censé chanter deux titres à la fin de l’émission, ils n’en feront qu’un (« Rhinestone Eyes »), il ne faut pas en chercher la raison bien loin. Voici donc quelques

pistes pour ces pseudo-journalistes payés une fortune pour brasser du vent : essayer de parler du rapport de Damon Albarn avec les légendes du rock que sont Paul Simonon et Mick Jones, comment explique-t-il le succès de Gorillaz par rapport à celui de Blur, le fait qu’une icône de la pop comme lui ait choisi de vivre caché derrière un cartoon pour enregistrer ses meilleures chansons, etc.

Manifestement, lorsque le Grand Journal est à Cannes, il se croit en vacances… Moi, j’appelle ça du gâ-chis. Carton rouge !

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Interview Juliette Lewis 23/05/2010C’est dans « l’atelier » du Mama Shelter (l’hôtel parisien revu et corrigé par Philippe Starck) que j’attends patiem-ment l’arrivée de Juliette Lewis. Une équipe de tournage mandatée par un célèbre opérateur téléphonique me tient compagnie en pestant sur le travail dominical, visiblement insensible à la qualité de la rencontre qu’il s’apprêtent à faire... Je me marre intérieurement en repassant dans ma tête les images du concert de la veille, la chaleur de la salle qui vous trempait jusqu’aux os dès la moitié de la premiè-re chanson, une chaleur à la mesure du brasier qui coule dans les veines de la chanteuse. Elle arrive enfin, détendue et souriante, habillée comme une lycéenne et à peine ma-quillée, aussi simple et directe que l’est sa musique, vraie quoi... Silence sur le plateau, moteur, ACTION !

Actumusic : Bonjour Juliette ! Tu es venue donner un concert à l’Alhambra il y a à peine six mois et te voilà déjà de retour pour une série de quatre concerts à la Flèche d’Or, comment cela s’est-il décidé et as-tu un lien particulier avec Paris ?

Juliette Lewis : En fait j’aimerais bien avoir un lien encore plus fort avec cette ville ! Normalement lors-que je suis en tournée, je ne reste qu’un soir dans une ville et cette fois-ci mon label Roadrunner a pensé que cela pourrait être une bonne idée de rester plusieurs jours, ce qui était en effet une bonne idée ! C’est une expérience que j’ai très envie de tenter à nouveau dans d’autres villes que j’adore en Allemagne, en Espagne ou en Angleterre car là, c’était la première fois ! Lorsque l’on fait ce genre de chose, on ne sait jamais à l’avance si le public va vous suivre chaque soir…

A : C’était le cas !

J.L : Oui en effet ! La salle était pleine à chaque fois ! C’est une petite salle d’environ 400 places et le public a rendu le concert plus excitant soir après soir en répon-dant présent et en partageant leur chaleur avec nous… C’était comme une séance de bikram yoga version rock n’roll, il faisait tellement chaud !

A : Voir Juliette Lewis en concert est une expérience très physique, pleine de sueur et d’énergie, le genre d’expé-rience que l’on aimerait bien ramener chez soi après le show. Y’a-t-il un album live ou un DVD de prévu pour cette tournée ?

J.L : Oui, j’ai vraiment envie de sortir un DVD live de ces concerts mais c’est très difficile parce que cela coûte beaucoup d’argent pour le faire correctement et crois-le ou pas, je ne suis qu’une petite artiste indépendante ! De plus, lorsque l’on enregistre un concert dans cette optique, on espère toujours que ce sera LE concert. Nous avons tenté le coup en Angleterre récemment, les images étaient

assez réussies mais j’étais malade ce jour-là, j’avais dormi trois heures, j’étais complètement jet-laggée et du coup le résultat ne me satisfaisait pas. Cela me rend dingue parce qu’il se passe un vrai truc avec ce groupe et que je tiens vraiment à ce projet… Depuis « Terra Incognita », ma musique a pris une autre dimension, ce n’est plus le rock à guitares basique des Licks, cela se rapproche plus de mon idée de la musique en général.

A : Tout est dans le titre d’ailleurs, « Terra Incognita » veut dire littéralement « terre inconnue », est-ce cela que tu fais, explorer des terres musicales inconnues pour toi jusqu’à aujourd’hui ?

J.L : Exactement ! À la seconde où je me sens trop confor-tablement installée dans ce que je fais je ne me sens pas bien, je m’ennuie très vite ! J’ai besoin de me fixer des challenges, tout comme avec mes rôles au cinéma. Ce qu’il y a, c’est qu’au cinéma je ne contrôle pas grand-chose, c’est le boulot du réalisateur ou du scénariste alors que pour ma musique, tout repose sur moi, personne ne va me donner de coups de pied aux fesses pour que les choses avancent ! Pour le nouvel album, je me suis re-mise à composer au piano alors que je n’avais pas touché à cet instrument depuis mes 9 ans ! Il y a un sentiment de fragilité, de vulnérabilité qui s’exprime lorsque l’on chante une chanson au piano que je n’avais pas ressentie depuis longtemps et qui m’a permis d’aller autre part… Et puis j’avais envie d’entendre les guitares d’une autre manière, ce qui a été possible grâce à mon ami Chris Watson qui joue dans le groupe ainsi qu’Omar Rodriguez Lopez qui est un des seuls guitaristes actuels à explorer des sonorités nouvelles et complètement dingues !

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A : Est-ce toi qui a été chercher Omar Rodriguez Lopez pour ce disque ou est-ce lui qui voulait travailler avec toi ?

J.L : On s’est rencontrés au festival rock Fuji au Japon et je savais que c’était un mec à part…

A : Ce mec parle aux esprits tout de même !

J.L : (rires) Oui en effet ! Il compose des rythmes étranges et incohérents, c’est les dieux qui l’inspirent ! Je savais qu’il était un génie musical et j’étais très intimidée à l’idée de la contacter mais mon manager m’a convaincue de le faire et il a accepté immédiatement. Je savais que j’avais besoin d’un producteur très particulier pour ce disque, car la plupart des autres producteurs m’avaient collé une étiquette de rockeuse à guitares et n’allaient pas m’aider à sortir l’album que je voulais. Omar m’a aidée à décoller cette étiquette, à matérialiser ma vision musicale. J’ai toujours eu besoin d’un intermédiaire pour exprimer ma musique et il a joué ce rôle à la perfection. Il a compris mon langage car nous parlons musique de la même fa-çon, d’une manière très cinématographique, par images. Si je lui disais que je voulais plus d’espace à tel endroit, des étoiles scintillantes à tel autre ou que l’on sente le danger dans le lointain pendant un morceau, il arrivait à le concrétiser. Par exemple, sur « Romeo », il est parvenu à interpréter les paroles de la chanson et à recréer un rayon de lune avec sa guitare, c’était génial !

A : Ton premier enregistrement se trouve sur la bande originale du film « Tueurs Nés », aux côtés d’autres titres que l’on associe à ton personnage, comme « Rock n’ roll nigger » de Patti Smith ou encore « Shitlist » de L7. Je dis cela parce qu’il y a quelques temps, tu avais lancé un concours sur internet pour que tes fans choisissent une reprise à jouer sur scène et ces titres revenaient souvent dans les réponses… Quelle chanson avait ga-gné le concours à l’époque ?

J.L : Aucune en particulier en fait ! C’est quelque chose que je fais de temps en temps pour impliquer mon public dans mon travail… Il y a eu des millions de ré-ponses, c’était impossible de choisir !

A : Pas même le « No Fun » des Stooges ou le « Waiting for the man » du Velvet Underground que tu as joué sur scène cette semaine ?

J.L : Non, même pas ! « No Fun » est une chanson que j’avais envie de reprendre depuis très longtemps, tout comme « Waiting for the man ». Ce sont des chansons très simples, avec un riff qui ne change pas, contraire-ment à pas mal de mes propres chansons et j’aime le groove qu’elles véhiculent. C’est cette simplicité que j’aime chez Iggy pop ou Lou Reed, il n’y a qu’un riff qui met tout le monde d’accord, ce sont des hymnes de ralliement, ils rassemblent les gens.

A : En parlant des fans, tu es très active sur des sites internet comme Myspace ou Facebook, cela t’arrive-t-il de répondre personnellement à certains messages ?

J.L : Je n’ai pas le temps ! Je me sers d’internet pour par-tager des informations, des nouvelles chansons, des trucs marrants aussi comme des vidéos ou des photos mais je ne m’y implique pas comme certains s’immergent dans des jeux vidéo par exemple… Pour moi, c’est avant tout un lien direct avec mon public, une manière d’anticiper ce qui se passe en live. C’est pour cela que j’ai commencé une carrière dans la musique, interagir avec les gens, se retrouver ensem-ble et partager un moment particulier, cela remonte à la nuit des temps ! C’est une expérience presque mystique, une sorte de communion… Je sais que lorsque je vois un groupe en live et que cet échange d’énergie intervient, cela me donne la pêche pour une semaine au moins !

A : C’est vrai qu’il y a beaucoup d’échange entre toi et le public…

J.L : Bien sûr ! J’aime donner de l’émotion et en retour le public m’en offre autant ! C’est quelque chose que je n’aurai pas le temps de construire par internet, cela se passe en vrai ! Pour moi, l’utilisation d’internet doit avoir un but artistique précis et je suis très reconnaissante envers mon frère Lightfield qui m’aide à gérer tout ça… Grâce à internet, j’ai pu rencontrer d’autres artistes, des photographes, faire venir des gens à mes concerts, c’est vraiment comme cela que je m’en sers.

A : Tu parlais de Lightfield (ndlr : Lightfield Lewis, le frère de Juliette) qui a réalisé le clip de « Uh Huh », est-ce qu’il y aura d’autres collaborations artistiques entre vous ? J’avoue être un grand fan de son projet « Light-field’s home video »…

J.L : (rires) Ah il faut que tu lui dises alors ! C’est mon frère et donc j’ai des rapports très personnels avec lui, ce n’est pas évident d’en parler ! Il n’a toujours pas fini ce film d’ailleurs…

A : C’est un peu l’idée, c’est un « work in progress » !

J.L : Il va bien falloir qu’il le finisse un jour tout de même ! C’est un artiste visuel très brillant et un excel-lent réalisateur en tous cas… On a enfin pu travailler ensemble sur le clip de « Uh Huh », c’est une chanson qu’il aimait beaucoup, la seule vraie chanson pop de mon album avec un refrain assez accrocheur et il voulait vraiment faire de ce clip quelque chose de spécial. Pour répondre à ta question, nous travaillons actuellement sur un nouveau clip pour le titre « Terra Incognita »… J’aime énormément travailler avec lui parce que je lui fais entièrement confiance et je le laisse tout gérer !

A : À propos de « Uh Huh », tu plaisantes souvent sur scène en parlant du garçon qui t’a inspiré la chanson… Il est au courant ?

« C’était comme une séance de bikram yoga version rock n’ roll, il faisait tellement chaud ! »

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J.L : Oui, il est au courant ! Et ça le fait bien marrer ! Il ne s’est rien passé entre nous mais cela a donné une jolie histoire à chanter… Parfois on est inspiré par une situation et on l’embellit pour écrire une chanson, mais cela n’a jamais été une véritable histoire d’amour. Il est d’ailleurs venu au concert une fois, à sa place je me sentirai flatté tu ne crois pas ?

A : Lorsque tu as commencé cette carrière de chanteuse de rock n’ roll, étais-ce quelque chose de planifié depuis le début, avant même ta carrière d’actrice ?

J.L : Je pense que lorsqu’on a plusieurs passions dans la vie, n’en accomplir qu’une seule fait de vous quelqu’un d’à moitié complet… Par contre, je ne fais passer aucune de mes activités avant l’autre ! Je continue à tourner des films, j’ai besoin de travailler avec des réalisateurs, de faire ce métier d’actrice tout en faisant des tournées avec mon groupe. La musique est plus personnelle cependant, cela suppose que je devienne un leader, c’est quelque chose qui m’intimidait au départ mais au moment de fêter mes 30 ans j’ai eu comme une épipha-nie, je me suis dit « Juliette, tu ne fais pas tout ce que tu as envie de faire, tu n’es pas aussi courageuse que tu devrais l’être ! ». pour tout dire, je devenais un peu complaisante…

A : Mais tu aimes prendre des risques !

J.L : Et comment ! Il le faut sinon où est l’intérêt ? J’ai donc commencé très simplement par trouver des gens avec qui écrire des chansons, tout tournait autour des chansons au départ, des morceaux très simples et directs comme « Shelter your needs », « 20 year old lover » ou « Got love to kill » et cela a donné naissance à mon premier E.P. « Like a bolt of lightning »…

A : Ces chansons très directes étaient la marque de fa-brique des Licks, comme « So amazing » qui portait bien son nom d’ailleurs… Tu ne la joue plus sur scène ?

J.L : (rires) Ah oui, celle-là ! Pour moi, cette chanson re-présente Todd, Todd Morse qui était le guitariste et l’âme des Licks avec moi-même, elle symbolise vraiment notre collaboration… Beaucoup de gens sont passés par ce groupe mais Todd était vraiment le cœur des Licks et il l’a été pendant cinq ans… Cette chanson ressemble tellement à Todd, une sorte de punk rock à l’ancienne, c’est vraiment lui ce genre de riffs, c’est ce qu’il faisait déjà avec son ancien groupe H2O ! « So amazing » a été notre première chanson écrite en tournée, car on ne s’arrête jamais de composer même pendant ces moments-là, on ne le doit pas d’ailleurs ! Une fois que l’on a creusé pour trouver un trésor, il faut continuer pour en trouver d’autres ! C’était comme si j’avais eu soif de cette vie depuis si longtemps que je n’en avais jamais assez, le genre de soif qui ne s’apaise pas et c’est toujours comme ça aujourd’hui !

Interview Munky (Korn) 14/06/10

Munky TalksActumusic : Cela fait trois ans que votre dernier al-bum « Untitled » est sorti, c’est l’un des plus grand laps de temps entre deux albums de votre carrière, qu’est-ce qui vous a pris autant de temps ?

Munky : Nous avons eu un rythme de travail tel-lement intense pendant toutes ces années, je crois que le groupe avait besoin de faire une pause…

A : Des vacances en fait !

M : Exactement ! De plus, Jonathan (Davis, ndlr) était très impliqué dans sa tournée solo donc nous en avons profité pour rester un peu à la maison… De mon côté, j’ai pu enregistrer un album solo éga-lement.

A : Avec ton groupe « Fear and the nervous system » si j’ai bonne mémoire… Comment cela va-t-il sonner ?

M : Voyons… Disons que ce sera un son rock gothic industriel ! Très sombre en tous cas…A : Cela semble difficile à définir !

M : C’est le problème lorsque l’on essaye de placer la musique dans certaines catégories. En plus,comme c’est mon projet, je n’ai pas vraiment le recul nécessaire pour trouver une définition précise du son de « Fear and the nervous system ». Disons que ce sera un disque de rock gothique avec une ambiance New Wave !

A : C’est amusant que tu parles de cette histoire de ca-tégories car aux débuts de Korn, les journalistes avaient beaucoup de mal à mettre un nom sur votre musique, cela a fini par donner des trucs comme « emocore » ou « nu metal »…

M : Oui, ça craignait un peu d’ailleurs !

A : As-tu été surpris par cette difficulté à définir votre musique ?

M : Au départ, je trouvais cela assez flatteur et puis cela a fini par devenir frustrant. J’ai toujours considéré Korn comme un groupe de métal, un point c’est tout ! Quoi qu’on en dise, cela reste du métal pour moi…

A : Votre nouvel album qui sort le mois prochain se nomme « Korn III : Remember who you are »… À quoi correspond le « 3 » dans le titre ?

M : C’est très simple, c’est le troisième album que nous

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faisons avec Ross (Robinson, ndlr) à la production. Nous avons été séparé pendant si longtemps, c’était une ma-nière de marquer le coup. Quant au titre « Remember who you are », il vient du fait que Ross nous a rappelé qui nous étions vraiment pendant le processus d’enregis-trement de l’album, pourquoi nous faisions ce que nous faisions. Nous voulons envoyer un message d’espoir, essayer d’aider les gens qui traversent des périodes difficiles avec notre musique parce que c’est ce que la musique a fait pour nous. Jonathan et moi en parlions récemment, c’est assez effrayant de penser à ce que nous serions aujourd’hui si il n’y avait pas eu notre groupe, en prison, à l’hôpital ou peut être même morts !

A : C’est un sentiment partagé par beaucoup de vos fans qui disent la même chose à propos de l’influence de votre musique sur leur vie…

M : Oui… J’ai rencontré tellement de gens qui m’ont remercié pour ce que Korn a fait pour eux durant des périodes difficiles, j’en suis très flatté et fier car je pense que ces gens ont vraiment compris le message de nos chansons. C’est très gratifiant pour nous, cela prouve que ce que l’on fait a de l’importance, que cela sert à quelque chose. Si nous avons pu aider ne serait-ce qu’une seule personne par notre musique, cela signifie que nous faisons vraiment ce que nous devons faire. On en avait pas vraiment conscience avant, c’est Ross qui nous a montré la voie…

A : Qui a eu l’idée de rappeler Ross Robinson ?

M : En fait, nous sommes de bons amis depuis de nom-breuses années et nous avions commencé à en parler comme ça, entre potes, en prenant des nouvelles… Et puis un jour, il m’a demandé le numéro de téléphone de Jonathan. Quelques heures plus tard, Jon me rappelait et là je me suis dit : « Merde ! Ross a dû lui prendre la tête et il m’appelle pour m’engueuler ! » alors qu’en fait il était tout excité ! Il avait parlé à Ross pendant deux heures et m’a demandé directement si ça me brancherait qu’il pro-duise notre prochain album ! J’ai répondu « Fuck Yeah ! » sans hésitation ! C’était comme des retrouvailles avec un vieil ami, la flamme s’est rallumée immédiatement ! On en a parlé à notre management et comme nous n’avions plus de label à ce moment là, nous avons commencé à travailler sans pression, sur notre propre argent, en pre-nant notre temps. On l’a fait à l’ancienne, tous ensemble dans la même pièce, sans Pro Tools, sans Quicktracks, juste un magnétophone qui enregistrait nos répétitions et les morceaux qui prenaient forme naturellement.

A : Il semblerait que Ross ait mis beaucoup de pression sur votre nouveau batteur Ray (Luzier, ndlr)…

M : (rires) Ouais… Il lui a fait la misère ! Cela vient du fait que les membres originaux de Korn viennent de Bakersfield, tout comme Ross qui est né dans une petite ville juste à côté de Bakersfield. On a tous grandi dans cette ambiance de ville morte, pleins de frustration et de colère, et c’est quelque chose que Ross voulait faire com-prendre à Ray, le lui faire partager. Pour devenir vraiment

le nouveau batteur de Korn, Ray ne devait pas seulement jouer nos morceaux, il devait comprendre comment le groupe s’était formé, sur quelle base et pourquoi on en était là aujourd’hui. Ross a beaucoup chahuté Ray, il lui demandait chaque jour « pourquoi est-tu là ? », il le bombardait avec ses baguettes, etc. Tout ça pour arriver à faire sortir la vérité de lui, une vraie colère, afin qu’il comprenne bien l’essence d’un groupe comme Korn.

A : Donc aujourd’hui, Ray Luzier est un membre à part entière de Korn, pas juste un simple batteur provi-soire ?

M : Absolument.

A : Tu t’es chargé de toutes les parties guitare du nouvel album, comme tu l’avais fait sur « See you on the other side » et « Untitled ». Cela ne te manque-t-il pas de travailler avec un autre guitariste comme tu le faisais avec Head ?

M : Sur « See you on the other side », j’ai un peu flippé, j’avais l’impression que cela allait être énormément de travail mais au final, comme j’adore être en studio, tout s’est bien passé. Et puis travailler avec Ross m’apporte beaucoup, comme il est également guitariste, c’est un peu comme si il y avait effectivement un deuxième gui-tariste avec moi sur « Remember who you are » ! Il fait vraiment partie du groupe, il s’impli-que autant que les autres membres, il est très présent, il m’apporte des idées de rythmiques, de mélodies, il y a une telle complicité que je me demande comment j’ai pu faire les deux albums précédents sans lui ! C’est bien de l’avoir avec nous car j’ai une confiance totale en lui, j’accorde beaucoup d’importance à ses opi-nions et j’ai un profond respect pour le mec, en tant que musicien mais aussi d’un point de vue personnel.

A : En fait, je te posais cette question parce que le guitariste Shane Gibson t’accompagne toujours pendant les tour-nées de Korn pour jouer les anciens morceaux qui néces-sitent deux guitares… Avez-vous considéré à un moment qu’il pourrait intégrer officiellement le groupe ?

M : Non. Mais je vois où tu veux en venir… (Silence) Ok, honnêtement ? Personne ne remplacera jamais Brian (« Head » Welch, ndlr). Le jour où il sera prêt à revenir parmi nous, je veux dire VRAIMENT prêt, je lui dirai « bienvenue à bord, voilà ta place, on passe un coup de balai et on est reparti ! ». D’ici là, personne ne prendra cette place, ça n’arrivera pas.

A : Y aura-t-il un autre « Family Values Tour » ou bien en avez-vous fini avec ça ?

M : En fait, on pensait rassembler tous les participants

« Si nous avons pu aider ne serait-ce qu’une seule personne par notre musique, cela signifie que nous faisons vraiment ce que nous devons faire »

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originaux de cette tournée, Ice Cube, Rammstein, Limp Bizkit, Orgy et nous mêmes, et appeler la nouvelle tour-née « Family Reunion Tour»…A : Ce serait génial !

M : Oui, mais pour l’instant nous n’en sommes qu’au stade des discussions… Mais bon, au moins on en dis-cute ! L’histoire n’est pas enterrée donc peut-être que dans un futur proche, cela se fera. Ce serait d’ailleurs un moment idéal pour Brian de s’embarquer à nouveau avec nous dans l’aventure, si il le veut…

A : Ce serait sympa de venir faire un tour en Europe à cette occasion…

M : Ah oui ! Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui at-tendent notre venue mais c’est vraiment une histoire de logistique, de coûts… En même temps, je comprends parfaitement que lorsque l’on a envie de voir un groupe en live, on en a rien à foutre de ce que ça coûte de le faire venir ! C’est normal. Mais de notre côté, nous devons tenir compte de tout ça… Si on vient faire un concert et que finalement cela ne nous ramène que des dettes, ce n’est pas un bon business et on ne peut pas se le permettre…

A : De toutes façons, nous vous verrons en septembre prochain à Bercy en première partie d’Ozzy Osbourne. Quel genre de concert ce sera, combien de temps joue-

rez-vous, combien de titres ?M : Ce sera un vrai concert d’une heure, pas une premiè-re partie vite expédiée… Je pense que nous pourrons caser entre douze et quinze chansons pendant le set.

A : Vous pourriez remplir Bercy à vous tout seul, vous y avez pensé ?

M : Peut-être pas, les temps changent… On y réfléchira suivant l’accueil du nouvel album, l’été prochain.

A : En tous cas, cet album va plaire aux fans je pense. Il y a beaucoup d’attentes de leur part…

M : Nous avons fait de notre mieux. C’est ce que nous nous sommes dit avec Ross à la fin de l’enregistrement, nous avons fait un album qui nous plait. Si ce n’était pas le cas, nous serions encore en train de travailler dessus, tu peux me croire ! Mais là, nous avions tous le sourire en écoutant le mix final et le sentiment d’avoir accompli quelque chose. C’est le plus important !

A : En effet… Merci beaucoup Munky, et à très bientôt en France !

M : Merci à toi. Je compte bien profiter de mon séjour à Paris pour écumer les musées, me cultiver un peu et surtout boire du bon vin et manger du fromage !

Concert Airbourne Zénith de Paris 26/03/10

Debouts !Salut lecteur, moi c’est l’Embrouille, Didier l’Embrouille, tu m’remets ? Le plus grand fan de Dick du mon-de, ça y est t’imprimes ?

La semaine dernière, mon pote scRed vient m’voir et y m’dit « dis donc Didier, depuis que Dick s’est recyclé dans la musique de cham-bre, t’as pas dû quitter la tienne depuis un bail pour écouter un vrai concert de rock n’ roll, ça te dirait de venir avec moi voir Airbourne au Zénith ? » Normalement, un mec me dit ça, j’y casse sa tête ! Mais bon, il avait pas tort dans le fond, ça faisait des mois que j’avais pas quit-té le Rancy-sur-Yvette alors du coup j’ai dit oui. J’enfourche ma meule et une heure plus tard me v’la dans la

salle pendant que la première partie du concert commence...

Et là, parole, j’ai jamais vu une pa-reille bande de grosses tapettes !!! Taking Dawn qu’y s’appellent les mecs... Hé les gars, jouer ou courir y faut choisir ! Déjà que le disque était pas génial (du mauvais Mötley Crüe à la sauce Skid Row), en concert c’est encore pire ! Le groupe joue faux, chante faux , une vraie torture !

Pas grave j’me dit, le temps d’aller chopper une bière et je m’installe dans les gradins histoire d’attendre les kangourous d’Airbourne.

Les v‘la tiens, sur la musique d’intro de Terminator, ça assure, j’adore comme dirait mon pote Mongo Fury. « Raise the Flag » que ça s’appelle leur premier morceau, tiré de leur dernier album « No guts no glory », le son est mortel, les decibels cra-

Concerts

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chent et moi j’me lève de mon siège parce que du rock comme ça, ben ça s’écoute debout ! Et là un mec me tape sur l’épaule et m’dit « tu peux pas t’asseoir ou aller dans la fosse, je vois rien ! » Oh putain... J’y dit « Hé binocleux, tu t’es cru à un concert d’André Rieux ? Si tu veux rester assis, moi j’vais t’offrir un joli fauteuil avec des roulettes, comme ça en plus d’être handicapé mental, tu s’ras handicapé moteur, ça seras comme qui dirait une promotion ! » C’est le public parisien ça, c’est pas un balais qu’y ont dans l’cul, c’est carrément le balayeur !

Pendant ce temps là, Airbourne continue sa destruction de tympans en règle devant un public de plus en

plus déchaîné. Quasiment tout leur premier album y passe avec des ef-fets spéciaux pas tristes, genre sur « Cheap wine & cheaper women », le chanteur Joel O’Keeffe s’enfile une demi-bouteille de piquette cul sec juste pour rester dans le thème, ou s’éclate des cannettes de bière sur la tête histoire d’arroser les pre-miers rangs, impressionnant ! L’a pas peur de son public d’ailleurs, tellement qu’il s’amuse à faire le tour du Zénith en passant par le fosse et les gradins pour se retrou-ver perché sur la table de l’ingé son pendant le solo de « Girls in black »... Fallait voir la tronche du roadie derrière lui !

Les meilleurs titres du dernier

album s’enchaînent, de « Born to Kill » à « Blonde, bad and beau-tiful » en passant par « Get busy livin’ » et « No way but the hard way » sans la moindre fausse note malgré la vivacité des mecs d’Air-bourne sur la scène, une scène im-bibée de bière, de vinasse et de sueur, faut l’faire ! Deux rappels achèvent la foule déjà à genoux, avec « Running Wild », « Stand up for Rock n’ Roll » (dont le titre est pourtant clair!) et « Blackjack ».

Bon ben voilà, qu’on se le dise, dorénavant Didier l’Embrouille est le plus grand fan d’Airbourne du monde et la première tapette qui vient me dire qu’ils ont tout piqué à AC/DC, j’y casse sa tête !

Concert Gorillaz Zénith de Paris – 23/11/10

Damon Days

Comment décrire Gorillaz sur scène ? Sacrée colle ! Le groupe de Damon Albarn ne supporte aucune étiquette et génère plutôt les superlatifs… Originalité éblouissan-te, créativité unique, inspiration débridée, je vous laisse choisir. Gorillaz navigue depuis sa « Plastic Beach » vers un horizon musical apparemment infini, transcen-dant les genres (pop, électronique, rock, hip-hop) avec pour seule feuille de route la composition de chansons brillantes se payant le luxe de raconter une histoire co-hérente entre elles… Cela fonctionne admirablement sur album, qu’en est-il de la transposition en concert ?

Dès les premières notes de « Welcome to the Plastic Beach », il est clair que l’on va assister à un spectacle unique en son genre. Sur l’écran géant qui surplombe la scène apparaît Snoop Doggy Dogg habillé en amiral, un sourire narquois au coin des lèvres, qui introduit le spectacle accompagné du groupe, que dis-je de l’orches-tre qui joue sa partie en live. On ne sait pas où donner de la tête, entre les cuivres revêtus des hoodies rayés rouge et noir de 2-D qui dansent en rythme, Mick Jones

et Paul Simonon de The Clash qui s’éclatent visiblement dans leur costume d’officier de marine ou bien le héros de la soirée, Damon Albarn, qui sautille d’un bout à l’autre de la scène.

Longtemps dissimulé derrière Noodle, Murdoc, 2-D et Russel, les personnages imaginés par Jamie « Tank Girl » Hewlett, Damon Albarn jouit de sa liberté retrouvée et occupe l’espace tout en mettant un point d’honneur à mettre en valeur les invités présents sur la majorité des chansons de Gorillaz. Et quels invités ! Bobby Womack enflamme la salle sur « Stylo », Neneh Cherry fait mon-ter la température d’un cran avec « Kids with guns », De La Soul dynamite « Superfast Jellyfish » et Rosie Wilson transforme le Zénith en boîte de nuit géante avec les classique « 19/2000 » et « Dare ».

Chaque titre est accompagné d’un film projeté en direct sur l’écran géant, complétant le spectacle se déroulant sur scène à la perfection, qu’il s’agisse du clip de la chanson (« Tomorrow comes today », « Dirty Harry ») ou de petits courts-métrages d’animation inédits (« On melancholy hill », « Rhinestone eyes ») mettant en scène les personnages virtuels de Gorillaz ainsi qu’une petite nouvelle, une androïde sexy désignée sous le nom de « Girl in the Cat Mask » qui joue de la mitrailleuse aussi facilement qu’elle manie l’éventail.

Comment je sais tout ça ? Rien de plus simple, j’ai lu son histoire dans le programme de la soirée, un li-vret sublime et indispensable composé d’illustrations luxueuses de Jamie Hewlett et de détails hilarants sur la genèse de l’aventure « Plastic Beach ». Avec Gorillaz, rien n’est laissé au hasard et le terme « multimédia » prend tout son sens.

Après un tour d’horizon des meilleurs titres de « Plastic Beach » et quelques incursions bienvenues au cœur de « Demon Days » et « Gorillaz », les deux premiers albums

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du groupe, Bobby Womack remonte sur scène pour in-terpréter une version d’une force émotionnelle rare de « Cloud of the Unknowing » pendant que derrière lui des images d’archive d’une guerre anonyme montrent des avi-ons s’écrasant en mer et des porte-avions en flammes… La salle se fige, se recueille, goûte cet instant comme si la mort frôlait de son voile chaque spectateur. Hallucinant.

Puis enfin, Gorillaz assène ses chefs d’œuvres, « Feel Good Inc. » et « Clint Eastwood » avant de conclure en

douceur sur le tandem « Don’t get lost in heaven/Demon Days » et de libérer un public encore sous le choc de ce qui vient de se produire. Ce soir, le Zénith de Paris a participé à l’un des spectacles les plus brillants auquel on puisse assister en 2010, un groupe unique composé de talents immenses et complémentaires, une sorte de « Sgt.Pepper’s Lonely Heart Club Band » des temps mo-dernes… On ne peut qu’être impatient de connaître la suite des aventures de Damon Albarn et de son groupe de moins en moins virtuel.

Angus & Julia Stone à la Cigale 28/11/10

Freaks Brother & Sister

Pour la petite histoire, je voudrais ici solennellement remercier monsieur et madame Stone… C’est décidé-ment un beau cadeau qu’ils nous ont fait avec Angus et Julia, et je ne suis d’ailleurs pas le seul à le penser puis-que ce soir, la Cigale est pleine à cra-quer de gens venus d’horizons divers pour applaudir les deux australiens, encore inconnus il y a un an à peine et qui se payent le luxe aujourd’hui d’afficher complet à chacun de leur passage dans la capitale !

Mais ne nous précipitons pas… Il serait injuste, une fois n’est pas coutume, de passer sous silence le groupe qui assure la première par-tie du spectacle. J’ai l’habitude de râler sur les premières parties, des groupes trop souvent mis en avant par la maison de disque histoire de donner un coup d’accélérateur à leur carrière et qui, il faut bien l’avouer, ennuient plus souvent qu’ils ne chauffent la salle.

Mais ce soir, nous avions affaire à une exception. Moddi est un groupe norvégien emmené par le chanteur/accordéoniste Pål Moddi Knutsen, un jeune homme au charisme évi-

dent et au talent en devenir. Une petite demi-heure lui aura suffi pour conquérir le public avec sa folk at-mosphérique, nourrie d’influences scandinaves dans l’instrumentation comme dans les déraillements vo-caux chers à une certaine Björk… Le premier EP du groupe s’intitule « Rubbles » et croyez-moi, on risque d’en entendre encore parler !

Une belle découverte donc, qui ne doit cependant pas nous faire oublier pourquoi nous sommes là…

Et ça tombe bien, Angus & Julia Stone montent justement sur la scè-ne décorée pour l’occasion comme un appartement kitsch avec papier peint, cadres sur le mur et guirlan-des lumineuses, elle drapée dans une robe de dentelle blanche et lui hirsute, le cheveu fou et la barbe lui dévorant le visage, dans la plus pure image des freaks en prove-nance directe d’une communauté oubliée depuis la fin des sixties. Un look pareil, ça ne s’invente pas, ça se vit tout comme le frère et la sœur vivent cette musique pleine de grâ-ce et d’élégance qui est la leur.

Histoire de se mettre en condition, le couple entame « Santa Monica Dream » et la salle retient son souf-fle… Si une mouche se décidait à voler à ce moment précis, on l’en-tendrait depuis l’extérieur ! Le re-cueillement est total et le public res-pire littéralement la mélodie simple et aérienne portée par la voix à la fois forte et fragile de Julia Stone. C’est d’ailleurs elle qui focalise toute l’attention, la grande sœur qui couve son frère d’un regard bienveillant, elle qui passe de la guitare au piano, qui joue un solo de trompette d’une seule main sur « Private Lawns », et qui prend tout le monde par surprise en reprenant seule le « You’re the one

that I want » de Grease, en évitant de justesse le fou rire lorsqu’un specta-teur audacieux lui répond que c’est réciproque !

Il est étonnant de constater que la douce tristesse et la mélancolie qui habitent les albums d’Angus & Ju-lia Stone disparait sur scène pour céder la place à une joie simple et vraie, sur ces titres comme « Yellow Brick Road », « Black Crow » ou en-core « For you ». Et si la setlist fait la part belle au dernier album du duo australien, avec les hits en puis-sance que sont « Big Jet Plane » ou encore « And the Boys », ils n’en n’oublient pas pour autant de chan-ter quelques perles issues de leurs albums solo respectifs, « The Milky Way » pour Angus et « Where does the love go » pour Julia…

C’est d’ailleurs sur ce titre qu’An-gus & Julia Stone concluent leur prestation avant de revenir un bref instant pour une reprise chargée d’émotion de « Over the Rainbow », laissant le public abasourdi par tant de délicatesse et de classe, comme dans un rêve.

Je sors de la Cigale et quelques flocons de neige accompagnent ma route jusqu’au métro, comme un rap-pel de la légèreté de la musique que je viens d’entendre et je suis bien emmerdé, au fond de moi. Comment décrire avec des mots ce qui s’appa-rente plus à de l’émotion pure ? Je relis cette chronique et le résultat est bien loin de me satisfaire mais tant pis. Angus & Julia Stone reviennent nous voie en avril prochain au Trianon si toutefois ils ne décident pas d’aller s’exiler dans le bush histoire de faire une pause dans leur vie de plus en plus mouvementée, peut-être d’ici là aurais-je trouvé l’inspiration… Seule certitude, eux n’en manqueront pas.

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Regrets éternelsRonnie James Dio est mort

Heaven or hell ?

Il y a beaucoup de figures marquantes dans l’histoire du heavy metal, des personnages grandiloquents comme Ozzy Osbourne ou les mecs de Kiss, des excessifs à la Lemmy, des pas fréquentables comme le furent un certain gang de gunners de Los Angeles bref, on en trouve pour tous les goûts et surtout de toutes les couleurs…

Dans cette galerie de monstres dignes du Muppet Show, il y a pourtant quelques gentlemen et le plus grand d’entre eux s’appelait Ronnie James Dio.

Dio nous a quitté cette nuit à 67 ans, vaincu par une saloperie de crabe qui lui bouffait l’estomac depuis plusieurs mois, entouré par sa femme et ses amis dans un hôpital de Houston au Texas.

Mikkey Dee (Motörhead) m’avait confié que pour lui, Ronnie James Dio était « le mec le plus gentil de tout le rock business ! » Une gentillesse complétée par un sens de l’humour et une capacité d’autodérision sans limites puisqu’il jouait encore récemment son propre rôle en tant que poster (!) dans le film de Jack Black « The Pick of Destiny ». Jack Black et son groupe Tena-cious D qui lui avaient d’ailleurs déjà rendu hommage dans leur premier album avec une chanson au titre sans ambiguïtés, « Dio ».

Au début de sa carrière, Ronnie James Dio était chan-teur pour divers groupe, dont le fameux Butterfly Ball de Roger Glover (« Love is all », c’est lui !) et Elf avant d’être repéré par Ritchie Blackmore (Deep Purple) avec qui il fondera le groupe Rainbow. Quatre albums (dont le culte « On Stage » en 1977) plus tard, Dio décide de voler de ses propres ailes sombres et rejoint les mythiques Black Sabbath qu’Ozzy Osbourne vient de quitter.

Le résultat de cette prestigieuse collaboration prendra à nouveau la forme de quatre albums, qui compren-dront trois des meilleurs du Sab’ (« Heaven an Hell » - 1980, « Mob Rules » - 1981, « Dehumanizer » - 1992), excusez du peu. Ses costumes de scène mystiques et élégants ainsi que son attitude plus sobre que celle de son maléfique prédécesseur et sa voix unique ga-gnent très vite le cœur des fans…

Après une embrouille avec le très caractériel Tony Iommi, il quitte Black Sabbath pour former le groupe qui occupera la majeure partie de sa carrière (de 1982 à aujourd’hui), le bien nommé Dio avec qui il enre-gistrera pas moins de dix albums dont les excellents « Holy Diver » (1982), »Dream Evil » (1987), ou encore « Killing the Dragon » (2002).

Récemment, Dio s’était réconcilié avec Iommi et ils avaient ensemble sorti un album tout droit puisé au cœur des flammes de l’enfer, « The Devil you know » sous le nom de Heaven & Hell (une référence au premier album enregistré par Dio avec Black Sabbath, le nouveau groupe reprenant la formation du Sab’ de l’époque).

Adoré et respecté par le public, la critique et le bu-siness du rock en général (ce qui, en soi, reste un exploit), celui qui a popularisé le « signe de la bête » pendant les concerts de metal va enfin savoir si une vie passée dans l’ombre du grand fourchu lui vaudra tout de même une place au paradis, s’il existe.

Et s’il existe, nul doute que le taulier aura suffisam-ment d’humour pour y accepter ce rocker au cœur énorme qu’était Ronnie James Dio.

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Mano, salaud !

Et ben voilà, fallait que ça arrive... Depuis le temps que tu nous la pro-mettais, ta mort. Depuis le temps que tu nous chantais ton départ, que tu nous chialais ton lent pour-rissement, et bien c’est fait. Espèce d’enfoiré, tu l’a bien choisi ton mo-ment pour nous laisser tout seuls... Est-ce que c’est ton pays qui com-mençait à te dégoûter de la vie ? Toi qui nous parlait de ce qui se passe de Barbès jusqu’à Place de Clichy, tu n’as pas dû l’encaisser avec le souri-re cette histoire d’identité nationale. Tout comme ces sans-papiers ex-plusés, ces sans-abris oubliés, tous les sans-quelque chose en fait...

La première fois que j’ai entendu ta voix, j’habitais depuis peu chez une jolie blonde aussi hippie qu’on peut l’être, dans un appartement greno-blois où tout se trouvait au niveau du sol... C’est donc allongé sur un coussin indien que j’ai entendu « La Marmaille Nue » pour la première fois, conditions idéales s’il en est. Et chose incroyable, j’en ai oublié le temps d’une écoute les doux yeux de ma partenaire pour t’écouter me raconter tes histoires de misères, de chagrins, de colères et de mort.

Loin de casser l’ambiance, et en cela la très chère blondinette savait par-faitement ce qu’elle faisait, tes mots ont rempli la pièce et mon coeur d’images familières et pourtant in-connues, d’un sentiment d’intimité très fort, comme si par ta bouche s’exprimaient des vérités enfouies au plus profond de moi. J’ai été ému, ravi, troublé, en un mot transporté... Moi qui n’avait jamais rien attendu de la chanson française depuis la

mort de Léo Ferré, je me suis vu obligé de réviser mes opinions.

La suite, tu la connais. Chaque album de toi qui sortait amenait son lot d’histoires de paumés ma-gnifiques, d’errances sublimes, de cris de rage et d’injustice face à ta vie qui foutait le camp, à celle des autres autour de toi, toxicos, séro-pos, marginaux de tous poils qui ne valait guère mieux. Mais c’était ta vie, leurs vies, la vie quoi...

Ta vie, tu l’avais commencée sous le signe de la révolte. Fils du dessina-teur Cabu, l’une des dents les plus dures de Charlie Hebdo et d’Isabel-le Monin, fondatrice du magazine écolo « La gueule ouverte », tu n’a jamais cessé de l’ouvrir, ta gueule, et de te montrer digne de l’héritage familial. D’abord punk au sein des Chihuahuas, tu as vite senti que ta sensibilité s’exprimerait mieux dans un cadre moins agressif, sans être moins violent pour autant... Alors la chanson. Réaliste, engagée, écor-chée, vraie.

Pour lieu de prédilection tu avais choisi « la p’tite scène » du Tourtour,

un rade confidentiel vers les Halles à Paris, un endroit à taille humaine qui te ressemblait. Depuis ces plan-ches couvertes de ta sueur et de tes larmes, tu nous a offert quelques disques inoubliables, « Je sais pas trop », « Internationale Shalalala » entre autres. Et puis grâce aux nou-veaux traitements contre le SIDA, tu as pu gagner un peu de temps sur la fatalité, faire s’éloigner la fau-cheuse quelques années de plus et remplacer parfois toute ta tristesse par une joie sincère, sans jamais oublier cette colère qui te faisait tenir debout.

En 1997 dans ta chanson « Je suis venu vous dire », tu nous avais donné un mode d’emploi pour ce moment de merde que nous vivons aujourd’hui, tu disais « Mes amis, ne pleurez pas. Le combat continue sans moi. Tant que quelqu’un écou-tera ma voix, je serai vivant dans votre monde à la con ».

Ainsi soit-il Emmanuel dit « Mano » Solo, bonne route vers un ailleurs moins moche. Pendant ce temps là, moi je reste collé sur le pavé avec un sacré coeur gros comme toi...

Janvier 2010

Little Caesar – Redemption

On the road againFaites chauffer le moteur et ressortez les couleurs de votre club de motards préféré, Little Caesar est de retour ! Qui ? Comment, vous n’avez jamais entendu parler de ce gang

de tatoués ? Vous connaissez certainement Ron Young, leur chanteur, sans le savoir... Il s’agit de l’un des bikers qui se prend une avoine par Arnold Schwarzenegger au début de Terminator 2 ! Et oui, le monde est petit.

Outre cette participation prestigieuse à l’un des meilleurs films fantastiques de tous les temps, Ron Young est donc également la voix de Little Caesar, responsables en 1990 d’un album éponyme à la limite de la perfection. Du rock de biker comme on dit, mêlant blues et hard rock sur un fond de soul torride (leur reprise du « Chains of Fools » d’Aretha Franklin reste une référence du genre), « Little

Disques du mois

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Février 2010

Airbourne « No guts, no glory »

The Airbourne Supremacy

Voilà une année qui commence bien ! À peine deux ans après la sortie de leur fabuleux et déjà culte « Running Wild », Airbourne nous revient avec un album au titre sans ambiguïté, « No guts, no glory » ! On se demande même quand ils ont trouvé le temps de l’enregistrer tant ces deux années ont été bien remplies, surtout pour un groupe aussi jeune. Pensez-donc, un premier véritable album qui a mis tout le monde à genoux, une tournée mondiale sold out, un clip en compagnie de Lemmy Kilmister soi-même, j’en connais un pa-quet qui auraient eu la grosse tête...

Airbourne ne se pose pas tant de ques-tions. La pochette de l’album le prouve d’ailleurs d’une manière plus que clai-re, on est là pour s’éclater ! Construite comme une affiche de film hollywoodien (Indiana Jones au hasard...), elle est tellement kitsch et mégalo qu’on ne peut pas penser une seconde que ces mecs se prennent au sérieux ! De la blonde pulpeuse recouverte de dollars et de shots jusqu’à Lemmy (encore lui) au volant d’un camion lancé à la poursuite d’une tor-nade blanche, le tableau est tout simplement délirant !

Pour le reste, Airbourne ne fait pas dans la dentelle et nous emmène encore un peu plus loin dans son travail de remise au goût du jour du bon vieux hard rock des familles à tendance AC/DC. Sauf que cette fois-ci, le groupe se penche plutôt sur la première partie de la carrière de la bande à Angus Young, avec des riffs qui

fleurent bon les « High Voltage » et autres « Let there be rock ». Un titre comme « Chewing the fat » fait immédia-tement penser à « Dog eat dog » quand « It ain’t over til it’s over » nous revoie à « Beatin’ around the bush » sans la moindre hésitation.

Le truc, c’est que si AC/DC pouvait encore nous offrir une musique aussi fraîche et nerveuse, nous serions tous au paradis ! Loin de moi l’idée de dénigrer la légende, mais il faut reconnaître qu’Airbourne, tout en pratiquant un rock calqué au solo près sur le modèle de leurs idoles réussit l’exploit de nous donner à ronger un os infini-ment meilleur que n’importe lequel des derniers albums

d’AC/DC depuis, soyons généreux, « The Razor’s Edge ».

Sur « No guts, no glory », Airbourne nous propose donc des morceaux tantôt rapides et entraînants (« Born to kill », « Armed and Dangerous », « Get busy livin’ »), tantôt très rapides et très entraî-nants (« Raise the flag », « It ain’t over til it’s over », « Back on the bottle »), tantôt les deux à la fois ! Les thèmes restent fidèles à leur éthique personnelle, du sexe (« Blonde, bad and beautiful »),

de la picole et du rock n’ roll (« No way but the hard way »). Simplissime comme recette, certes, mais on a encore rien trouvé de mieux qu’une ligne droite, fût-elle blanche, pour aller d’un point à un autre !

Du coup, on tape du pied avec bonheur en oubliant les similitudes pourtant criantes et on bannit de son voca-bulaire le mot « plagiat » ! En treize petites bombes, Air-bourne nous livre une partition quasi parfaite sans rien inventer de bien nouveau par rapport à leur précédent opus mais qu’importe ? On a bien reproché à d’autres australiens de toujours enregistrer le même album... Album du mois, vous en doutiez encore ?

Caesar » s’écoute sur la route, sans casque, avec un paquet de mouches écrasées sur les dents tant il est impossible de ne pas afficher un sourire béat à l’écoute de cette musique éprise de liberté.

L’histoire paraissait belle, mais malheureu-sement leur second album (« Influence » - 1992) ne rencontra pas son public. Il faut dire qu’il ne cassait pas trois pattes à un canard non plus ! Résultat, on pensait le groupe disparu des highways pour toujours, un beau souvenir envolé dans un nuage de poussière du désert californien...

Or , surprise, voilà que Little Caesar nous revient en 2009 avec un album au titre évocateur, « Redemption », titre fort judicieusement choisi tant le résultat est à la hauteur des attentes. Comme si les quelques vingt ans depuis « Little Caesar » n’avaient jamais existé, Ron Young et sa bande nous offrent le petit frère de leur premier album, construit sur la même structure. Dix titres, deux ballades (« Redemp-

tion » et l’excellent « That was yesterday » fort à propos) et deux reprises mixées dans un medley hallucinant (« Every picture tells a story » de Rod Stewart enchaîné au « Happy » des Rolling Stones), le tout bien au chaud dans un écrin de rocks sauvages aussi rutilants que les chromes d’une Triumph, inspirés par les Stones (encore eux) ou Creedence Clearwater Revival ( « Same Old Story »).

La voix de Ron Young est toujours aussi rocailleuse et chaude, comme quoi c’est vraiment des conneries ce qu’on raconte sur le Jack Daniel’s et le groupe derrière lui est au taquet malgré les changements de line-up . Seul petit bémol à l’affaire, le disque est introuvable en France, vous serez obligés de le commander par internet ou de l’acheter sur iTunes, tout comme le reste de la discogra-phie du groupe par ailleurs. Un scandale ! Au lieu d’impor-ter à grand frais les premiers albums de Michael Bolton, nos disquaires feraient mieux d’écouter ce « Redemption » histoire de hâter la leur... Y’a urgence !

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Mars 2010

Jimi Hendrix « Valleys of Neptune »

Vallée de l’âme

Rarement dans l’histoire du rock un musicien aura rassemblé autour de son nom et de sa musique un tel sentiment d’unanimité comme le fit Jimi Hendrix. Je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui m’ait un jour dit « Hendrix c’est nul, qu’il retourne branlotter son manche chez les hippies ! » Oui, les hippies aimaient Hendrix, son univers psy-chédélique et ses fringues incroya-bles... Mais pas que ! Les hardos adorent Hendrix pour la folie de son jeu de guitare, sa liberté totale et ses coupes de cheveux de malade ! Les bluesmen aussi adorent Hen-drix, car ils l’ont immédiatement reconnu comme l’un des leurs... Et

puis les amateurs de jazz, les folk-eux , ma mère, tout le monde aime Jimi Hendrix !!!

Et c’est bien normal... Ce mec était d’un autre monde, de cet « Elec-tric Ladyland » (le veinard) que l’on imagine toujours réchauffé par les premiers rayons du soleil levant, un lieu dont on fait l’Experience une fois et dont on revient changé à ja-mais. Comme l’ont été tous les gens qui ont approché l’homme, travaillé avec lui ou simplement partagé un verre, un pétard, un plumard... Et lorsque l’on écoute ces gens parler de Jimi, à la différence de beaucoup d’étoiles filantes de cette période (Janis Joplin ou Jim Mor-rison par exemple) dépeintes par leur entourage comme des bateaux ivres plus ou moins pathétiques, on se rend compte que les souvenirs laissés par Hendrix sont à l’opposé. Il était lumineux, contagieux d’en-thousiasme, jouisseur sans jamais tomber dans la caricature et surtout bosseur comme personne.

Un qui était bien placé pour le savoir c’est Eddie Kramer, son producteur, que Jimi n’hésitait pas à réveiller à trois plombes du matin parce « qu’il avait une idée » ! Comme le guita-riste s’était amménagé son propre studio avec la majeure partie de ses recettes, sa créativité n’était jamais bridée par les horaires de bureau... C’est un peu grâce à cela que nous nous retrouvons aujourd’hui avec

une masse d’enregistrement plus ou moins inédits, les bootleggers ayant déjà pillé une partie de ces trésors pour les sortir sur des disques au son indigne du Voodoo Child.

Prenez ce « Valleys of Neptune » par exemple. Les trois quarts des titres nous sont déjà bien connus et pour le reste, il s’agit souvent de morceaux qui verront leur nom changer avec le temps (« Lullaby for the summer » deviendra « Ezy Rider », « Ships pas-sing through the night » se transfor-mera en « Night Bird Flying », etc.) Aucune importance. Ce qui compte, c’est le son fantastique qu’Eddie Kra-mer a su ressuciter sur ces enregis-trements, du « Valleys of Neptune », seul véritable inédit du lot à « Blee-ding Heart » (version speedée pour-vue d’un solo qui vous donne envie... qui vous donne envie !) en passant par de nouveaux regards sur « Hear my train coming », « Stone Free » ou encore l’éternel « Red House » sans oublier une version enfin présentable du « Sunshine of your love » que Jimi aimait particulièrement triturer dans tous les sens, avouant par là même une admiration sans bornes pour Eric Clapton qui le lui rendait bien !

Certains esprits chagrins hurleront sûrement au pillage de tombeau pour des raisons bassement mer-cantiles... Qu’ils hurlent ! Ils feront toujours moins de boucan que ce disque balancé à fond les watts sur ma stéréo ! Disque du mois, je di-rais même plus, du mwah-wah !

Avril 2010

Slash – « R & Fn’ R »

Le gibus s’lâche !Je me dois d’allumer un cierge ce soir en l’honneur du Dieu du rock n’ roll car oui, mea culpa, je n’y croyais pas... Après le Snakepit, après Velvet Revolver, après les albums anecdotiques de Duff McKagan, après surtout le « Chinese Democracy’s lonely heart club band », j’avais fait mon deuil de Guns n’ Roses. Ces mecs étaient apparus de nulle part avec une paire de disques comme on en a plus fait depuis (« Appetite for Destruction/ Gn’R Lies »), avaient eu leur moment de gloire en deux volumes qui commençait déjà à sentir le roussi (« Use your Illusion ») et s’étaient dissous dans la nature à la manière d’un rêve après la première clope du matin...

Depuis, chacun de son côté (et pas toujours très loin des autres) avait tenté de ranimer la flamme au bout du canon mais sans succès, un truc manquait... Certes, quelques bonnes chansons furent enregistrées (surtout par Slash il faut bien l’avouer) mais rien qui donne vrai-ment envie d’y revenir. Jusqu’à aujourd’hui.

Aujourd’hui Slash nous balance « R & Fn’ R », compre-nez « Rock and Fucking Roll », un concept album long-temps surnommé « Slash & Friends » et pour cause... Le guitariste au chapeau a fait appel à sa bande de potes (des petits nouveaux du genre Lemmy Kilmister, Iggy Pop, Ian Astbury, Ozzy Osbourne ou encore Dave Grohl...) qui apparaissent en invités sur chacun des morceaux de ce joyeux bordel qu’il faut bien appeller un album, faute de mieux.

Cela aurait pu n’être qu’une simple compilation de curiosités, c’est même ce que vous pourrez lire chez

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la plupart de mes collègues et pourtant il n’en est rien ! La magie du truc ne se situe pas dans le son de Slash, étant donné qu’il n’en a jamais changé (même pas avec Michael Jackson, c’est dire !), ni dans la brochette de cadors du rock qu’il a recruté pour l’occasion. Le secret réside dans cette écriture qui lui faisait défaut depuis ce di-vorce jamais vraiment digéré avec Axl Rose, car « R & Fn’ R » n’est rien d’autre qu’une collection de « putain de bonnes chansons » comme dirait Lemmy !

Et ça commence avec la voix de The Cult, Ian Astbury, sur un riff maison qui sent bon les éclaboussures de Jack Daniel’s et la crasse des clubs de Los Angeles... Astbury invoque le fantôme de la fin des années 80 (« Ghost ») qui se planquait dans no-tre âme depuis tout ce temps, c’était donc ça ! Une fois l’ectoplasme en liberté, le voilà qui rejoint l’un de ses prêtres favori, le prince des ténèbres Ozzy en personne pour un « Crucify the Dead » d’une logique implacable, quand on y réfléchit...

Et puis sans prévenir, LA bonne surprise de l’album nous déboule dans les oreilles précédée des gémis-sements lascifs de Fergie (Black Eyed Peas) qui avait

déjà prouvé qu’elle avait le rock dans le sang avec sa reprise récente de « Paradise City ». Cette fois-ci, le brûlot s’appelle « Beautiful Dangerous » et fait des clins d’oeil très appuyés en direction d’un certain « Mr Brownstone »... Et c’est pas fini ! Myles Kennedy (la probable future voix de Velvet Revolver) nous as-

sène un « Back to Cali » où le blues n’a jamais autant mérité son nom de musique du diable (« the angel city where the devil prays... ») suivi d’une « Promise » que s’empresse de tenir Chris Cornell et d’un « Doctor Alibi » hilarant où Lemmy Kilmister règle ses comptes avec tous les médecins qui l’ont enterré un peu vite, tout simple-ment jouissif !!!

Bon, certes il y a du déchet, sur qua-torze titres c’était couru d’avance... On se serait bien passé de Kid Rock ou de Rocco Deluca par exemple !

Mais qu’importe. Depuis quand n’avait-on pas en-tendu une ballade du calibre de « Gotten » par Adam Levine (Maroon 5) avec ses accents « I remember you » de Skid Row ? Allez, ne boudons pas notre plai-sir, ce disque est une merveille d’autant plus géniale qu’on s’attendait à un plantage en règle de Slash sur ce coup-là... Disque du mois et même de l’année jusqu’à présent !

Mai 2010

The Rolling Stones « Exile on main street »

Pierres Philosophales

« Exile on main street » est un petit miracle… Mick Jagger lui-même avoue ne pas très bien se souve-nir de l’enregistrement de certains morceaux, tellement l’ambiance qui régnait à la villa Nellcote pen-dant cet été 1971 tenait plus de

l’orgie romaine que du travail de studio !

Sex, drugs & rock n’ roll, tel est le mantra popularisé par « Exile… » dès sa sortie, enfonçant le clou déjà planté par « Sticky Fingers » un an plus tôt et enterrant officiellement d’autres slogans comme « Peace and love » ou encore « Make love, not war ».

D’amour ici, il n’est plus question ou si peu. Lorsque la voix venimeuse de Jagger en parle désormais, c’est le vice qui s’exprime ! Les drogues ne servent plus à ouvrir l’esprit mais à le protéger des horreurs du quoti-diens, quant au rock n’ roll il amorce un virage sombre qui le conduira très vite à un autre cri du cœur, « No Future » ! « Exile on main Street » premier album punk de l’histoire ? Et pourquoi pas ! Il marque en tous cas l’apogée de la carrière des Rol-ling Stones, qui se permettent en 18 titres de montrer aux américains comment on fait pour jouer leur propre musique mieux qu’eux ! Blues, country, gospel, rock n’ roll,

tout y passe dans un joyeux bordel au parfum de chef d’œuvre…

18 titres ai-je dit ? Fume ! Les Stones avaient matière à sortir un triple album comme en témoignent les nombreux bootlegs datant de cette époque, rendus aujourd’hui obsolètes au grand dam des col-lectionneurs acharnés par la sortie de la très attendue réédition de ce monument du rock n’ roll !

C’est un peu comme si on nous annonçait qu’il existait deux faces supplémentaires au « Sergent Pep-per’s lonely heart club band » des Beatles ou au « Blonde on blonde » de Dylan pour vous donner une idée du séisme qui se prépare… Et de fait, les murs tremblent pourvu qu’on pousse un peu le volume en écoutant le très funky « Pass the wine », le blues langoureux d’« I’m not Signifying » ou les envolées country-rock de « Plundered my soul » ou « Dancing in the light ».

Et que dire de l’inquiétant « So Di-vine (Aladdin story) » avec son riff

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Fanzine n° 1 | Décembre 2010

emprunté à « Paint it black » ? Magi-que, tout simplement, tout comme les prises alternatives des vieilles connaissances que sont « Loving Cup », « Soul Survivor » et « Good time woman », ce dernier titre étant une version primitive de « Tumbling Dice ».

Un mot tout de même sur la remaste-risation de l’album original qui tient toutes ses promesses, avec des gui-

tares plus brillantes que jamais met-tant en relief le travail incroyable de Mick Taylor et une batterie agressive et sèche rendant hommage au jeu de Charlie « métronome » Watts. Quant à la voix de Mick Jagger, elle s’insi-nue dans vos oreilles tantôt miau-lante, tantôt violente et emporte avec elle un parfum de souffre et de sueur caractéristique de ce disque, tout simplement le meilleur album du meilleur groupe de rock du monde

au moment de son enregistrement.

Album du mois (du siècle ?) sans se poser de question, le cadeau idéal pour tous ceux qui pensent que The Rolling Stones se limitent à « Satis-faction » et « Start me up » ! « Exile on main street » est une porte ouver-te vers un monde plus sombre certes mais beaucoup plus excitant et avec cette nouvelle édition, d’un monde encore plus vaste.

Juin 2010

Oasis « Time Flies…1994-2009 »

Mirage

Une troisième compilation d’Oasis en trois ans ? Fallait oser… Cela en dit long sur l’état de panique qui règne au sein de la maison de disques des frères Gallagher qui n’ont de frères que le nom de famille désormais. Après le split retentissant du groupe au festival Rock en Seine l’an passé (à quelques minutes de monter sur scène, fait unique dans l’histoire du rock !), on pouvait s’attendre à une telle débauche d’albums sparadraps destinés à sauver les meubles mais là, la ficelle est un peu grosse !

Malgré tout, force est de consta-ter que « Time Flies… » est de très loin le meilleur « Best Of » d’Oasis paru à ce jour et qu’à ce titre, il aurait été dommage qu’il reste dans les cartons et ce pour plusieurs raisons.

La première concerne la playlist de l’album. En effet, construite comme une setlist de concert, elle pose le décor d’entrée de jeu en assénant coup sur coup les qua-tre plus grands singles du groupe (« Supersonic »/« Roll with it »/« Live Forever »/« Won-derwall ») histoire de nous rappeler à qui l’on a affaire, rien moins que le plus grand groupe de rock anglais des quinze dernières années.

Les frasques d’Oasis ont tendance à faire oublier ce fait pourtant évident à l’écoute de leur musique, ces mecs écrivaient de fokin’ (accent de Manchester oblige) bonnes chansons ! « Wonderwall » restera

dans l’histoire comme l’un des meilleurs singles ja-mais enregistré depuis « Hey Jude » au moins, ce qui n’est pas peu dire.

La suite de l’album intercale intelligemment des titres récents (« Stop crying your heart out », « Songbird », « Lord don’t slow me down »…) au milieu des perles du début de la carrière d’Oasis (« Cigarettes & Alco-hol », « Don’t look back in anger », « Shakermaker ») afin de les mettre en valeur et donne un sentiment d’unité à l’ensemble tout simplement ébouriffant !

Des titres comme « Some might say », « The impor-tance of being idle » ou « D’you know what I mean » retrouvent ici une seconde jeunesse soutenus par les mélodies imparables de « Whatever » ou « All around

the world », petites merveilles de production et d’écriture qui vous prennent par surprise tant la tentation de considérer Oasis comme une bande de bovins an-glais abreuvés à la bière et aux bagarres de rue peut être grande et fausser le jugement.

Mais la cerise sur le pudding, le vrai grand intérêt de ce « Time Flies… » réside dans le troi-sième CD, un live de la tournée « Dig Out your Soul » retrans-crivant parfaitement l’ambiance des concerts des mancuniens où figurent la plupart des titres présents sur les deux autres CD

mais également quelques-uns des chefs d’œuvre cachés d’Oasis comme « Slide Away », « Half the world away » ou encore le sublime « Champagne Supernova ».

Un très beau voyage au cœur de ce que l’on appelait jadis la « britpop » donc, qui amène un sentiment étonnant et inattendu : des regrets. Disque du mois, cheers lads !

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Juillet 2010

Angus & Julia Stone « Red Berries »

Nectar

Il s’en était fallu de peu que l’album « Down the Way » d’Angus & Julia Stone se soit vu décerner le label envié de disque du mois sur Actu-music lors de sa sortie, supplanté par le météore Slash au tout dernier moment...

Voici donc l’occasion de me rattraper auprès de la fratrie australienne et également de souligner une grande première dans l’histoire du rock, à savoir la publication d’un nouvel al-bum en bonus d’une réédition à peine quelques mois après la sortie de l’al-bum faisant l’objet de cette réédition. J’ai beau chercher, je ne trouve pas !

Car c’est bien de « Down the Way » dont il est question une fois de plus. Je ne vais pas me répéter, pour lire tout le bien que je pense de ce dis-que, vous pourrez vous reporter à sa chronique ici même. « Down the Way » est donc réédité en format luxueux, sous la forme d’un petit livre à couverture en tissu rose saumon, avec les traditionnels rubans en guise de marque-page et le livret original toujours aussi so-bre et élégant. Mais à la différence de toutes les éditions « Deluxe » très à la mode en ce moment qui proposent une poignée de titres bonus du groupe en question, gé-néralement moins bons que le reste de l’album, c’est bel et bien un nou-veau disque intitulé « Red Berries » qui accompagne cette version col-lector de « Down the Way » ! Et quel disque ! Loin d’être une compilation de ti-tres écartés au moment de la com-position de « Down the Way », « Red Berries » est un album à part entière, étourdissant de beauté et de qualité. Dix titres superbement écrits, oscillants entre un folk lu-mineux (« Take you away »), une country langoureuse évoquant l’im-mensité de l’outback australien et l’écrasante chaleur qui y règne (« Lonely Hands ») et même quelques incursions reggae parfaitement maîtrisées (« Johnny and June », « All the colours »).

On se laisse bercer par la voix fra-gile de Julia Stone, toujours à la limite d’un dérapage qui ne survient jamais, évoquant Ani Difrancosur un titre comme « This Way » tan-dis que son frère Angus pose son timbre apaisant et limpide sur le morceau titre « Red Berries » avec une aisance tout simplement bluf-fante, tout comme il part chasser sur les terres de Neil Young sans le moindre complexe (« Little Bird »), guitare en avant et fleur au fusil. Dans cet océan de grâce, les rares moments où le tempo s’accélère un tant soit peu se remarquent d’autant mieux, à l’image de ce « I’ll wait » démarrant comme un bon vieux dixie et ralentissant sur les refrains, un petite curiosité pas dénuée d’in-térêt. L’album se clôt sur une ballade aé-rienne (pour ne pas changer) inti-tulée « Change ». On prie de toutes nos forces pour qu’Angus & Julia Stone bannissent ce mot de leur vocabulaire et qu’ils restent tels qu’ils sont, un groupe à la fraîcheur bienfaisante et à la créativité en pleine explosion ! Disque du mois, pour les deux al-bums, en attendant que les autres petites merveilles que sont « Heart full of Wine » et « A book like this » (les premiers disques du tandem australien) soient enfin réédités par chez nous...

Août 2010

Iron Maiden « The Final Frontier »

2010, l’Eddissée de l’espace

Espace, frontière de l’in-fini vers laquelle voyage le vaisseau HMS Iron Maiden. Sa mission depuis 35 ans, explorer de nouveaux mondes musicaux étranges, découvrir de nouvelles sonorités, et au mépris du danger, avancer vers l’inconnu.

– « Kirk à Enterprise ! Mr Spock, entendez-vous le même signal audionumérique que moi ?

– Oui Capitaine. Il provient d’un vaisseau non-répertorié qui a pénétré dans notre atmosphère il y a environ 70 minutes terrestres. Je sais que ma condition de vulcain me l’interdit, mais si je peux me permettre cette expres-sion, ça envoie Capitaine !

– Des traces de vie à l’intérieur de l’astronef Mr Spock ?

– Oui Capitaine. Six humanoïdes et une créature indéfi-nissable de grande taille qui semble confinée dans une pièce hermétiquement close à l’arrière de l’appareil. J’ai d’ailleurs pensé que c’était elle qui s’exprimait au début de la première transmission dans une sorte de gron-dement sourd accompagné de multiples percussions

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très agressives. Et puis une voix humaine s’est élevée, d’une grande pureté, et a commencé à s’exprimer dans notre langue en chantant quelque chose à propos de "The Final Frontier"

– Cette expression ne me rappelle rien Mr Spock. Qu’a-t-elle dit ensuite ?

– J’y viens Capitaine. Les mots de l’humain étaient accompagnés d’une mélodie incroyablement harmo-nieuse et soulignée par plusieurs solos de guitare électrique d’une grande intensité. Puis, il a commencé à conter l’histoire tragique d’une cité perdue nommée « El Dorado » en s’appuyant sur un rythme de basse extrêmement puissant. J’ai honte Capitaine, mais j’avoue avoir commencé à taper du pied à ce moment précis.

– Avez-vous noté les coordonnées galactiques de cette cité perdue ?

– Non Capitaine. Le message avait alors commencé à prendre une tournure plus martiale où le chanteur im-plorait une certaine "Mother of Mercy" au travers d’une métaphore aussi habile qu’entraînante sur les terribles conséquences de la guerre.

– Bon dieu Spock ! Ils ont besoin d’aide, ils sont atta-qués !

– Je ne crois pas Capitaine, car juste après cette trans-mission, ils ont évoqué leur désir de rentrer chez eux, "Coming Home" comme vous dites, sur un air beaucoup plus mélancolique agrémenté d’une performance à la guitare d’une grande émotion que même moi ai per-çue. Et puis sans transition, ils se sont lancés dans une description très rythmée d’un homme qu’ils nommaient "The Alchemist", peut-être lié à un lieu dont ils parlèrent ensuite, une certaine "Isle of Avalon" au sujet de laquelle ils s’exprimèrent longuement en changeant de rythme à plusieurs reprises, passant d’une mélopée hypnotique

à une série d’explosions de décibels entrecoupées de nouveaux solos de guitare tout à fait éblouissants !

– Spock, ressaisissez-vous, vous êtes probablement sous l’influence d’une sorte de suggestion extérieure !

– Négatif Capitaine, je me sens parfaitement bien. D’ailleurs j’ai très envie de me laisser pousser les che-veux afin de pouvoir les faire tournoyer en réécoutant la transmission "Starblind" dont les refrains m’évoquent irrésistiblement les mots "Infinite Dreams" sans savoir pourquoi. Et ce n’est pas tout. Le message suivant intitulé "The Talisman" nous a conté pendant plus de neuf minutes l’épopée de quelque tribu primitive en commençant par une introduction sublime en acousti-que, suivie par un riff imparable soulignant les vocaux héroïques du chanteur

– Mr Tchekov ! Ramenez-moi immédiatement à bord de l’Enterprise, c’est un cas de force majeure !

– Négatif Capitaine. Mr Tchekov est parti se faire tatouer par le docteur McCoy à l’infirmerie après avoir entendu "Where the wild wind blows", un morceau de bravoure de plus de onze minutes alternant plusieurs riffs en soufflant le chaud et le froid, probablement la plus belle mélodie émise par le vaisseau inconnu. J’ai cru réentendre le vent caresser les montagnes de Vulcain au moment où les orages menaçaient d’éclater.

– Spock ! Vous n’êtes plus vous-même !

– Au contraire Capitaine, je suis plus heureux que jamais de posséder une paire d’oreilles comme les miennes ! Et je peux vous dire que cette musique mériterait sans le moindre doute le label "Disque du mois" si nous étions encore au XXIe siècle. Up the Irons, si j’ose dire ! »

Fin de la transmission – Journal de bord du Capitaine – Août 2265

Septembre 2010

Black Country Communion « Black Country »

Retour de marteauVoilà des années que l’on pleure en espérant le retour de Led Zeppelin, un espoir vain tant Robert Plant semble décidé à tourner la page, préférant se consacrer à ses albums solos relati-vement insipides (dont le dernier en date, « Band of Joy », ne déroge pas à la règle). Haut les cœurs cependant, l’esprit du marteau des Dieux n’est pas mort ! Il sommeillait quelque

part, comme un feu de tourbe sou-terrain, attendant son heure pour être brandi de nouveau par des descen-dants dignes de sa puissance, et cette heure est arrivée.

Black Country Communion dispose en effet de toutes les armes pour prétendre à la succession, un gui-tariste virtuose vouant un culte à Jimmy Page en la personne de Joe Bonamassa, la « voix du rock » Glenn Hugues derrière le micro, Derek She-rinian (Dream Theater) aux claviers et cerise sur le dirigeable, Jason Bon-ham (le fils de John, ancien batteur de Led Zeppelin) derrière les fûts. Casting de rêve s’il en est, vous en conviendrez !

Alors, Black Country Communion, est-ce que ça sonne ? Mieux que cela, ça résonne ! L’album débute avec le morceau qui a donné son nom au groupe, « Black Country », sur un riff

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de basse ultra agressif épaulé par une cavalcade de guitare digne d’« Immi-grant Song ». Le ton est donné, Glenn Hugues clame « I’m a messenger » d’une voix rageuse histoire de rappe-ler qui est le patron pendant que Joe Bonamassa ouvre les vannes et lâche un solo étourdissant aux intonations familières.

Car la filiation est parfaitement assu-mée Black Country Communion a décidé de nous offrir l’album que Led Zeppelin aurait dû enregistrer avant de s’écraser en plein vol, ni plus ni moins. Des titres comme « Down Again », « No Time », « Sista Jane » ou « Beg-garman » appliquent la méthode mise au point par le tandem Page/Plant une

quarantaine d’années auparavant, des riffs lourds et efficaces, une voix haut perchée et puissante, des solos acérés et une force de frappe énorme pour lier le tout.

Cependant, loin de sentir le plagiat, la musique de Black Country Com-munion témoigne au contraire d’une grande indépendance par rapport à leur modèle de référence. Si l’esprit du Zeppelin est omniprésent, chaque composition possède sa propre iden-tité et son originalité, surtout lorsque Joe Bonamassa remplace Glenn Hu-gues derrière le micro sur l’impres-sionnant « Song of Yesterday » ou « The Revolution in me », véritable rouleau compresseur de blues plombé

qui vire au rock progressif en cours de route.

Toujours produit par le « Caveman » Kevin Shirley, jamais très loin lors-que Joe Bonamassa enregistre quel-que chose, « Black Country » ressus-cite l’âme du Zeppelin grâce à un son authentique, qui sent l’odeur des lam-pes des amplis encore chaudes et la sueur collée aux cordes de guitare. On a vraiment de hâte de voir ce que cela donne sur scène, en attendant nous avons notre disque du mois sans la moindre hésitation et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, vous pourrez retrouver dès la semaine prochaine une interview exclusive de Glenn Hugues dans ces pages !

Octobre 2010

The Legendary Tiger Man « Femina »

Tigresses

C’est un scandale Alors que le Portugal est si près de chez nous, pourquoi doit-on attendre autant pour voir débarquer dans les bacs les dernières merveilles enre-gistrées par Paulo Furtado, que ce soit avec son groupe Wraygunn ou en tant que son alter-ego The Legendary Tiger Man ? Mystère.

Enfin bon, ne boudons pas notre plaisir puisque le voici enfin, ce « Femina » d’ores et déjà entouré d’une aura sulfureuse grâce à sa pochette signée Jean-Baptiste Mondino où Paulo Furtado rend hom-mage à Serge Gainsbourg en parodiant celle de « Love on the Beat ». Le ton est donné, comme d’habitude avec le Tiger Man, on va nager dans un univers empreint de sexualité moite, plein de soupirs langoureux et de guitares sensuel-les, chic alors !

D’autant plus que le concept de l’album (une série de duos où la part belle est laissée aux voix féminines) colle parfaitement au thème. Paulo Furtado, chanteur unique situé quelque part entre Elvis Presley et Joe Strummer, nous offre ici une collection de chansons langoureuses aux guitares bourrées de reverb torride, où les percussions se font discrètes afin de renforcer l’aspect intime des voix, obtenant ainsi un résultat saisissant d’érotisme.

Le choix des chanteuses n’est d’ailleurs pas innocent, ainsi la voix d’Asia Argento sur « Life ain’t enough for you » et « My stomach is the most violent of all Italy » (!) est indissociable de sa personne vénéneuse et terriblement

excitante. On imagine parfaitement la belle à demi-nue, susurrant ces paroles provocantes peau contre peau avec le Tiger Man dans une cabine de studio transformée pour l’occasion en peep-show.

Même chose pour Maria « Butch, l’aventure commen-ce » De Medeiros sur « These boots are made for wal-kin’ » de Nancy Sinatra. L’actrice de Quentin Tarantino déploie des trésors de suggestion sur un titre pourtant bien innocent que le duo transforme en un long corps à corps aussi chaud qu’un après-midi d’été sur une plage

de Porto. Peaches quant à elle reste dans son rôle de prédilection, une sexualité agressive et dominatrice sur « She’s a Hellcat », un titre composé pour elle qui lui va comme un gant.

Autre grand moment de transpiration, la reprise du « Lonesome Town » de Ricky Nelson par Rita Redshoes où la voix de la chanteuse n’est accompagnée que d’une guitare garage surf et une ligne de basse monotone et terriblement enivrante, on crève de chaud ici décidément, je crois

que je vais enlever le haut !

Mais tout ne se résume pas à des draps froissés et des oreillers déchirés par des morsures répétées sur ce dis-que, on y trouve également du blues classique (« The sad-dest thing to say » par Lisa Kekaula) ou déjanté (« Light me up twice » avec Claudia Efe, au texte à faire pâlir d’horreur les défenseurs des bonnes moeurs) sans oublier l’extraor-dinaire ballade « I just wanna know (what we’re gonna do) interprétée par la chanteuse brésilienne Cibelle.

Au final, « Femina » est un album complet, à écouter à deux (ou plus si c’est votre truc) qui renforce The Legendary Tiger Man dans son image de dieu Pan d’un rock n’ roll psycho surf garage (rayez la mention inutile) totalement addictif et indispensable. Disque du mois avec du retard !

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Novembre 2010

The Big 4 « Live from Sofia Bulgaria »

Carré d’as

Certains d’entre vous ont peut-être déjà vu ce film puisqu’il fit l’objet d’une diffusion évènementielle en direct dans les cinémas du monde entier au mois de juin dernier. Pour les hardos français, ce fût même une épreuve d’endurance puis-que la retransmission avait lieu au Grand Rex à Paris à peine 48h après le marathon du Hellfest, fallait en vouloir ! Pour ceux qui ont raté le coche, petite séance de rattrapage en compagnie des quatre grand du trash metal , Anthrax, Megadeth, Slayer et bien sûr Metallica.

Cette appellation « Big 4 » est d’ailleurs un peu exagérée Quid d’Exodus, Testament, Sepultura voi-re même Heathen ou Pantera ? Bref, la légende a été écrite comme ça, on y peut rien. Et elle raconte (la lé-gende) qu’on début des années 80, une poignée de groupes fans de la New Wave of British Heavy Metal et influencés par le punk décidèrent de fusionner leurs deux musiques de prédilection pour donner naissance à un nouveau genre, une musique rapide et agressive, crade et ex-trême pour l’époque, le trash.

Le premier des groupes à monter sur scène devant le public bulgare est Anthrax, certainement le plus

fun de la bande. Le groupe de Scott Ian et Joey Belladonna s’en donne à c�ur joie, ravi de pouvoir profiter du public immense venu surtout pour applaudir Metallica. La musique d’Anthrax est certainement celle qui conserve le plus de séquelles de ses racines punk si l’on excepte le style vocal de Belladonna, une voix aigüe et lyrique plus proche du heavy metal traditionnel. Pour preuve, sur les dix titres joués par Anthrax on trouve deux reprises, l’une de Black Sabbath (« Heaven and Hell ») et l’autre de nos Trust nationaux, le fameux « Antisocial » revisité à l’américaine qui conserve toute son efficacité même dans la langue de Shakespeare !

Comment reconnaître un mec qui a la poisse ? C’est très simple, c’est un gars qui s’est fait virer d’un groupe qui deviendra plus tard l’un des plus grands de la planète et qui, lorsqu’il monte sur scène, déclenche un tor-rent de pluie ! Pauvre Dave Mus-taine Au moment où Megadeth en-tame son set, le ciel Bulgare décide de doucher les ardeurs du public en lui infligeant un véritable déluge. Cela n’entame en rien la détermina-tion du blondinet et de ses acolytes qui livrent une partition parfaite, composée des grands classiques du groupe de « Holy Wars » à « Peace Sells » en passant par « Symphony of destruction », « Wake up dead » et une version pleine d’émotion de « A tout le monde ». L’accueil des fans est chaleureux et récompense des années de frustration et de per-sévérance au service du trash metal complexe pratiqué par Megadeth, et ce n’est que justice.

Comme par hasard, le ciel manifeste beaucoup plus de clémence à l’en-droit des brutes épaisses (dans tous les sens du terme) de Slayer, com-me si les nuages étaient effrayés par la puissance de feu du groupe de Kerry King et Tommy Araya. Des quatre groupes présents, Slayer est de très loin le plus brutal et le démontre avec un set ultra agressif passant en revue ses titres deve-nus mythiques, « Seasons in the Abyss », « Angel of Death », « South of Heaven » et bien sûr « Raining Blood ». La machine de guerre n’a perdu aucun boulon et distille son

trash metal infernal à grands coups de riffs assassins et lourds comme le plomb devant une foule conquise par les solos dissonants et les ca-valcades de batterie assurées par un Dave Lombardo au top de sa forme.

Vient enfin le moment tant attendu par le public de Sofia. Metallica sait qu’ils doivent mettre le paquet pour pouvoir rivaliser avec le déluge de décibels déployé par leurs prédé-cesseurs, et le spectacle des ani-mations sur le fond de scène n’a pas d’autre fonction. Nous sommes en présence des rois de la soirée, cela ne fait pas le moindre doute ! Chroniquer le concert de Metallica pourrait être un peu redondant, tant l’exercice a déjà été pratiqué dans ces pages à de nombreuses reprises, disons simplement que le World Magnetic Tour n’a rien perdu de sa superbe depuis les concerts de Bercy et des arènes de Nîmes.

Les Four Horsemen ont choisi un set volontairement agressif avec des titres comme « Creeping Death », « Fuel », « Blackened » ou encore « Hit the lights », tout en saupou-drant le tout d’accalmies bienve-nues (« Fade to Black », « Welcome Home (Sanitarium) », « One », « No-thing Else Matters ») sans oublier les grands classiques que sont « Master of Puppets », « Harves-ter of Sorrow » ou encore « Seek and Destroy » qui conclut tradition-nellement leurs concerts sur cette tournée. Mais le moment le plus marquant du spectacle restera la re-prise de « Am I evil ? » de Diamond Head, exécutée en compagnie des autres membres du Big 4. Voir Dave Mustaine étreindre Lars Ulrich et jouer à ses côtés sur la même scène à quelque chose d’historique et d’at-tendrissant et rien que pour cela, le jeu en valait la chandelle.

Ajoutez à cela un coffret de taille réduite comportant une série de tirages photo grand luxe, un poster, un superbe médiator collector et l’intégralité des concerts en DVD et en CD audio, et vous comprendrez pourquoi ce « Big 4 : Live from So-fia Bulgaria » mérite amplement le titre de disque du mois ! Am I evil ? Yes I am !

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Décembre 2010

Motörhead « The Wörld is yours »

Le monde de Lemmy

Ce qu’il y a de rassurant chez Motörhead, c’est cette capacité qu’ils ont à remettre le couvert tous les deux ans environ, sans se prendre la tête et sans se poser de questions. Quand AC/DC met huit ans à nous pondre un album plus ou moins identique au précédent, Mo-törhead ne dévie pas de sa route et offre à ses fans sa ration de rock n’ roll en fusion avec une régularité de double pédale de grosse caisse, et ce malgré les aléas de la vie qui les frappent comme tout le monde.

En l’occurrence, la réalisation de « The Wörld is yours » n’aura pas été aussi simple que cela puisque pour la première fois de sa carrière, chaque membre du groupe a été contraint d’enregistrer ses parties séparément, Lemmy à Los Angeles, Mikkey Dee entre la Californie et la Suède et Phil Campbell au Pays de Galles où il était immobilisé à cause des problèmes de santé puis du décès de son père.

Des circonstances dramatiques qui auraient pu donner à cet album une tonalité encore plus sombre que d’ha-bitude, or il n’en est rien ! C’est plutôt la colère, l’énergie et la révolte qui transpirent de ces dix titres, dix missiles pointés en direction de ce qui énerve toujours Lemmy à 64 ans passés à savoir les politiciens, les religieux et les cons en général.

Quatrième album de suite produit par le génial Came-ron Webb, « The Wörld is yours » s’insère parfaitement dans la continuité d’ « Inferno », « Kiss of Death » et « MotöriZer » avec un son énorme mettant en avant la guitare et la voix de Lemmy sans en faire des tonnes avec la basse, un élément qui caractérisait les anciens albums de Motörhead et qui marque une véritable évo-lution dans la musique du groupe. Oui, vous avez bien lu, Motörhead évolue !

Malgré tout, rassurez-vous, nous parlons toujours de rock n’ roll pur et (très) dur, nous en parlons même plus que d’habitude car on trouve sur cet album quelques titres à la construction ultra classique évoquant le rock n’ roll originel, joué à la manière de Motörhead à savoir

tous les potards à fond ! C’est le cas de « Rock n’ roll music » et son riff évoquant le « High Voltage » d’AC/DC, derrière lequel se cachent des paroles bien senties (« Rock n’ roll music is the true religion », on applaudit !), de « Get back in line » ou encore de ce « Bye bye Bitch », petit frère du fameux « Going to Brazil » qui fait toujours partie du répertoire de scène de la bande à Lemmy.

Des titres comme « I know how to die » ou « Devils in my hand » renouent avec le son traditionnel de Motörhead, sorte de rouleau compresseur inexorable recrachant ses décibels à la face du monde, un monde qui n’a plus nulle part où se cacher devant ces assauts répétés, de toutes façons il l’a bien cherché Pourfen-dant les injustices et la bêtise humaine, Motörhead va même hausser le ton sur « Brotherhood of men » (façon de parler puisque Lemmy éructe sa rage une octave plus bas que d’ordinaire) ou « Waiting for the snake », des morceaux qui expliquent à eux-seuls toute l’influence que le groupe a pu avoir sur le trash et le death metal.

C’est donc officiel, Motörhead a déclaré la guerre au reste de la planète, il ne tient qu’à nous de les prendre au mot et de reprendre ce qui nous appartient, ce mon-de qui n’est pourri que parce que nous l’avons laissé entre de mauvaises mains Disque du mois, comme chaque album de Motörhead à l’avenir, on ne discute pas, c’est comme ça.