Benoit granger cours bla blacar v3 nov2016

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BlaBlaCar, Unicorn du C2C? Benoît Granger Cours Comportements entrepreneuriaux, valeurs et modèles 2016 – 2017 Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France .

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BlaBlaCar, Unicorn du C2C?

Benoît Granger

Cours Comportements entrepreneuriaux, valeurs et modèles

2016 – 2017Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la

Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale -

Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France.

BlaBlaCar - entretien Sept 2015oui, il ya de l’irrationnel dans la passion

d’entreprendre ! (l’épopée…)

Mazzella en 2009étudiant…fin des 90 étudiant aux US découvre les "carpoollanes"

BlaBlaCar, le sommaire

• 1 – chronologie rapide

• 2 - Le modèle économique : du gratuit au payant

• 3 – Quel est le rôle de BlaBla dans cette confiance ?

• 4 – une gestion moderne des biens communs ?

• 5 – prochaine étape : automatisation ?

• 6 – des questions pour des entrepreneurs

1 – chronologie rapide2004-2007 : Lancement

• Ouverture de Covoiturage.fr et premiers développements du service.

• nouvelle version en juillet 2006 avec la cartographie Google Maps, gestion des coordonnées GPS, et les préférences de covoiturage avec les pictos

• CoVoit profite des innovations à mesure qu’elle deviennent grand public

• 2007 : 1ère appli mobile Comuto

Août 2008

• Refonte Web2.0 : « combinaison d'un site de voyage et d'un site communautaire, un "Opodo + FaceBook" «

• Ergonomie améliorée• Système d'avis positif ou négatif à l'issue d'un covoiturage• Affichage du portrait des covoitureurs qui le souhaitent• Système des préférences amélioré• Téléphone gardé confidentiel via une mise en relation

automatisée• Messagerie sécurisée• Choix de l'affichage de son nom• Calculatrice de prix du trajet et des kg de CO2,

2009 : vend des solutions de covoiturage pour de grandes entreprises qui ont des problèmes de transports collectifs et horaires décalés.(Maif, Vinci, Ikea, RATP, Carrefour, ville de Montrouge, etc…)

Mais peu rentable : beaucoup de maintenance des plate-formes

2009 : lance Comuto, application Iphone, le covoiturage par mobile

innovation = la réputation installée, les transactions sont + faciles et rapides

Giorgia Toulouse Gerona

Avril 2010 : 500 000 membres 5 M de covoiturages/an, 10M de pages

vues/mois

• Tout est gratuit : payés par des ventes en marque blanche à des entreprises, qui en outre payent une redevance annuelle pour le maintien - cite Ikea Vinci

• Exemple : pour Lyon : 60 + 30 € de péage X 2

• Toute la confiance est automatisée, sur le modèle des vendeurs e bay

Avril 2011 : 1 M de membres

• Pas de chiffres donnés, mais Infogreffe année 2009 : 140 K de CA ; 110 K de pertes …

• Laure Wagner : « de plus en plus d'annulations de dernière minute et donc d'avis négatifs et de courriels de plainte. " Certains passagers réservent trois covoiturages à la fois le vendredi soir à 18h, 19h et 20h puis attrapent celui qui les arrange »

• http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/covoiturage-fr-prepare-son-passage-au-payant_1334100.html

Juin 2012: 1 M de sièges disponibles 25 M de transactions IRLdébut de l’argumentaire sur les bénéfices collectifs

l’année suivante : le Week End de Noël, BlaBla transport l’équivalent de 200 TGV

Juin 2012 : 1,2 M ratings, c’est ce qui constitue la richesse de BlaBla. La fabrique

de la confiance automatique

Sept 2013 campagne métroporte sur l’argument de vente ; non sur le préalable : confiance dans la transaction

Novembre 2013 : BlaBlaCar et l’argument des biens publics

Slide de BlaBla à une réunion à Bruxelles, fin 2013

Juillet 2014 : l’univers de concurrence change. Uberisation de la SNCF ?

Juillet 2014 : changement d’échelle. Les levées de fonds servent à entrer sur de nouveaux marchés et

l’exploitation reste déficitaire….

2015 : 20 M de membres en Europe…Expansion

• Avril 2015 achete Carpooling en Allemagne crée par Daimler

• Puis des plate-formes en Europe de l’Est

• Même date : Mexique

• Russie, Ukraine

• Accord avec Axa sur une garantie de bonne fin des voyages

• Levée automne 15 : valorise à >1Ma$

Wired mai 2015

Pour réussir en Russie et Ukraine, prennent un actionnaire russe…

Ca y est ! C’est une licorne !TechCrunch, Sept 2015)

Automne 2016 = 35 M membres…

• Mexique, Inde…

• 22 pays, 3 continents, 500 salariés…

• Les critères pour l’international = prix de l’essence, état des transports collectifs, etc..

• Un seul objectif = prendre « le » marché ! (the winner takes all?)

• Mais touche des comportements comparables = intérêt bien compris + échange

2 - Le modèle économique du gratuit au payant

Modèle économique le gratuit ! ?

• Qui paye quoi ?

• Mazzella dira plus tard les amis, les proches, les … ont aidé; et « faut être économe »

• Les clients sont les grandes compagnies qui ont besoin de solutions sur mesure de covoiturage

• Pour les individus, c’est gratuit

Intuition majeure

– covoiturer demande de la e-confiance

– E confiance ne s’acquiert qu’avec une e réputation

– Donc il faut de nombreuses transactions réussies sur la plate-forme

– Car il s’agit d’une place de marché, donc elle doit rester liquide !

La réussite = le Big Data avant qu’on en parle :

• + augmentation du prix du pétrole

• + moins de pétrole consommé

• + d’occupation des voitures donc taux d’utilisation et amortissements meilleurs

• Etc…

• Plus ou moins de bonne foi !

• BlaBla provoque des nouvelles transactions qui n’auraient pas eu lieu sans covoit !

Août 2011 : d’autres levées de fonds avec des BA

2012 car pooling (All) leader en Europesera racheté par BBC

Des formules qui tâtonnent : exemple : des « S’miles récompenses »

Passage au payant : critiques violentes

• Très minoritaires, mais typiques d’une incompréhension = rester cool, amical, bénévole, altruiste, échange, coopération, etc…

• Alors que le succès attire « les relous » : 35% de rendez vous qui ne se passent pas bien

• D’où : caler la pratique sur « les relous » pour que les autres soient en sécurité

• (attention : c’est la définition du passage de Bisounours à industrialiser !)

Critiques juillet 2013 sur Rue89

les changements modifient aussi les relations « amicales »…

La critique : Emilie le virage de 2012(vers un altruisme rationnel?)

• « Avec mes passagers, j’installe une relation conviviale dès le premier contact téléphonique, en négociant les conditions du voyage au plus juste et au plus agréable : flexibilité du coût, de l’itinéraire, et même de la playlist.

• « Ainsi à l’été 2012, la métamorphose est fulgurante : il est dorénavant impossible d’être en contact direct avec un usager, tout passe par le système de réservation et ses sbires, qui contrôlent et modèrent les forums. Le moindre échange de coordonnées est interdit (numéro de téléphone, e-mail, etc.).

• « Et si tu n’as pas de carte de crédit homologuée (Visa, Mastercard), eh bien, tu sors, tu n’as plus le droit de faire partie de la communauté ».

Réponse de BlaBLaCar sur Rue89

• « Le nouveau modèle économique est plus carré. Avant, il fallait contacter tous les conducteurs, qui étaient submergés. Désormais, tout se fait en ligne. On enregistrait 35% de décommandes en moyenne ; en payant, les usagers prennent un engagement : ce taux est passé à 4%. On n’a pas le numéro du téléphone du conducteur, certes, mais on peut envoyer un SMS par mail. C’est le trajet qui est sympa, pas la période où on arrange le covoiturage. Quant à la commission, ça paye la TVA, les frais de SMS, les frais bancaires, et l’équipe de 85 salariés. »

Juin 14 : autre critique radicalehttp://blogs.mediapart.fr/blog/evenstrood/200614/blablacar-le-

covoiturage-tue-par-la-finance-et-l-appat-du-gain

3 arguments et recours à la morale + utopie fondatrice

• « le site Blablacar, le site N°1 du covoiturage en France qui a réussi en l’espace de 5 ans à créer un esprit communautaire et humaniste autour du covoiturage et à le détruire,

• (Covoit) « un volet économique (réduction du coût du voyage), à un volet écologique (ne pas prendre de multiples voitures pour un seul et même voyage) à un volet social (échange et liens entre les personnes).

• … « l’esprit hippie s’est vu cadenassé par des développements de fonctionnalités toutes plus sécuritaires les unes que les autres et la tenue de discours de peur digne des partis extrémistes pour forcer le passage à son mode payant.

Faire autrement ? Pourquoi ça ne marche pas !?

• (condamné à devenir profitable) « Le fonds d’investissements ISAI, dédié au marché de l’innovation sur Internet, s’est emparé de la success-story Blablacar pour entrer en tant qu’actionnaire majoritaire. …

• La solution ? « L’adhésion est aujourd’hui une méthode équitable qui permettrait à chacun d’accéder à une plateforme de covoiturage ouverte tout en étant contrôlée.

• « Le covoiturage, c’est plus qu’un simple voyage, c’est la confiance dans l’autre, le vivre ensemble, c’est tout cela que j’ai pu avoir lors de mes nombreux covoiturages et qui aujourd’hui, n’existe plus.

• « Imaginez-vous 7 millions d’inscrits pour 2€/an, cela fait 14 millions d’euros de budget annuel pour tenir un site de covoiturage, n’est-ce pas assez ?

Noël Mamère : « le capitalisme récupère tout »

• http://www.reporterre.net/spip.php?article6400

• « Des sites internet comme Blabacar [un site de covoiturage] ou Airbnb [un site de location saisonnière entre particuliers] sont devenus payants alors qu’ils étaient gratuits au début. Comme quoi le capitalisme récupère tout », a observé Noël Mamère.

3 – le modèle économique :industrialiser la e-confiance

Or la demande implicite est celle de tiers de confiance (puissance des

ratings)• Sondage BlaBla en ligne Déc 2012 auprès

d’usagers• 630 réponses : ~analogues à la moyenne• Sur motivations et mécanismes de confiance

• La divergence entre « service amical » et « confiance industrialisée »

• (attention : réponses non extensibles au grand public : les profils des membres de BlaBla montrent qu’ils pratiquent beaucoup + que la moyenne des consos collaboratives)

1 - Quelle confiance accordez-vous à …

2 – comparer avec la confiance accordée à un membre de BlaBla

(attention aux interprétations = le mot confiance n’est pas univoque)

Même « confiance » dans un étranger avec rating que dans un proche

L’efficacité des ratings(ou des notes) dans les commentaires visibles par les membres sur le site est la clé du succès

3 – D’où : quel est le rôle de BlaBladans cette confiance ?

75% = on veut être rassurés

4 – les membres ont des motivations assez rationnelles : en tête, faire des économies !

84% = on veut faire des économies !

Blabla trustman & Online trust

• Les dirigeants théorisent les “6 piliers” qui deviennent les lignes directrices des implantations nouvelles

• Blablacar – the six pillars of online trust, 0813

• http://www.betrustman.com/

Conf LeWeb London, June 2013

• Présentation de l’étude Trustman et les 6 clés du succès

• http://magazine.ouishare.net/2013/01/blablacar-online-trust-study/

• V suite

D R E A

• D for Declared : The users declare their information in a basic way. name, photo, and preferences (…)

• R for Rated : This is the possibility for network members to rate one another. (…) significantly increase the level of trust within the community and the credibility of the service.

• E for Engaged : This is the commitment that one stakeholder expose to the others, in order to reassure both parties (…) often achieved via a pre-payment system…. The platform, a trusted third party).

• A for Active : 2 different angles: • Active refers to the activity of the members themselves: are they

often connected to the site? Do they respond to all their messages? …; Activity refers to the “context” in which the information is generated. Reviews are only valuable if they are associated with an activity…

M S

• M for Moderated : (…) two main components.• The verification of the information declared by

members; …The acceptance of textual and visual content by the team who manages the network… For example BlaBlaCar verifies its members’ email address, bank account details, phone number and mailing address.

• S for Social : Finally, … one create… an “automated, trusted third party.” Users’ digital presence on Facebook, Twitter, LinkedIn etc., is further proof of their existence in real life.

BlaBla emblème du collaboratif ?

• C2C = oui ! Il s’agit bien d’échanges entre particuliers, non avec des pros

• Le revendique mais sans insister…

• Coïncide avec une tendance lourde : la découverte de l’efficacité de la e-confiance : études à partir de 2008

Une étude fondatrice 2008(même si son objectif n’est pas le C2C; plutôt définir les

« influenceurs » utiles aux grande compagnies)

2009 : découverte ! Les internautes ont « confiance » dans des étrangers sur le Web…

Confirmé par des enquêtes ; exemple Ipsos Cetelem 2012

La e-confiance industrialisée est le carburant du C2C

• Origines : voir 2008 : « When did we starttrusting strangers? » (Universal McCann, 17000 personnes, 27 pays) http://fr.slideshare.net/mickstravellin/universal-mccanns-when-did-we-start-trusting-strangers-presentation

• Suites : Edelman, Trust Barometer• http://www.edelman.com/insights/intellectual-property/2014-edelman-

trust-barometer/

Puis Baro C2C

• Le baromètre C2C :

• http://fr.slideshare.net/PriceMinister/bj10599-barometre-cto-cvague-9prsentation-du-15-octobre-2014

De la confiance ? Tout le monde en veut ! Même les entreprises oldschool (Sept15)

Mais quelle confiance ? Ici : avoir confiance dans le gvt ?Chez BlaBLa : confiance entre consommateurs grâce à un tiers de confiance ?Mais une confiance limitée à une unique fonction…

4 – une gestion moderne des biens communs ?

• BlaBla revendique « + de personnes dans une voiture = - de pollution »

(mais + d’offre = + de voitures ! !)

• BlaBla V/ les cars libéralisés de Macron = des voyages porte à porte sans nouvelles fabrications de voitures ; donc meilleurs pour la planète

• BlaBla = il n’y a pas de « travailleurs isolés exploités » il n’y a que des amateurs partageant des coûts ! V/ Uber exploiteur

Une idéologie forte ; un univers (le partage) qui concerne de nombreuses activités

• 2012 : 7,5 M€

• Tableau dans les locaux de l’entreprise : sharing, c’est plein de secteurs et d’activités différentes !

Idéologie ? le succès monte à la tête !(discussion avec Laure Wagner, directrice la Comm de BBC sur FB)

D’autres services proches ?Covoiturage régulier avec GPS

ultra-local,avec abonnements

etc..

Une 3ème génération : garantir le retour le soir !

• 10 millions de trajets chaque jour en France

• La moitié en collectif, la moitié en individuel

• V analyses Ademe : 4 personnes qui veulent bien covoiturer comme conducteur et une comme passager !

• La génération Covoiturage.fr = génération d’avant, avec plein de négos, y compris d’argent

Offre géocar pour du covoiturage aller retour

3ème géné : modèle du transport en commun

• Récupérer les adresses des salariés d’une entreprise

• Géocodées : d’où apparaissent les circuits logiques des gens

• D’où : relier les gens vers le bureau

• Et les gens soit conducteurs soit passagers

• C’est du transport collectif car on ne s’adresse pas aux 5 ou 10% des volontaires, mais à tosules salariés ! Ensuite, c’est à eux de décider !

Un secteur, la mobilité, bouleversé par les nouveaux entrants

• Google investit dans Uber, dans SideCar et RelayRides

• Renault s'associe à Bolloré (voitures électriques, service à la demande Autolib)

• BMW espionne Autolib

• Daimler investit dans Carpooling (sera racheté par BlaBla)

• la SNCF rachète 123enVoiture, puis un autre opérateur

Et connecter de nouveaux services ?(Annonce de décembre 2015)

Banque = data fiables

• La logique du co-branding : BlaBlaCar SAIT si une personne est fiable, tient ses engagements, se comporte comme ceci, comme cela…

• Une mine d’or sur les critères de la banque de détail !

• Ya t il échange d’infos ?

5 – prochaine étapeautomatisation ?

• La question = quelles sont les fonctions remplies par BlaBla qui peuvent l’être avec

– des coûts de transaction moindres ?

– Une meilleure productivité (production) ?

• Réponse Google + Elon Musk : « le coût est entre le volant et le siège », ou bien c’est « the other guy » (le conducteur)

• Mais que deveint cette « communauté » ? ?

Octobre 2014

6 – des questions pour des entrepreneurs

• Qui crée de la valeur ?• Quel statut des transactions ?• Exploiter les données personnelles de millions de

« membres » qui se déplacent?• Quel est le « service public implicite » ? (la foule ne

peut s’organiser seule)• Uberiser, c’est prendre la valeur le long d’une filière et

non d’une entreprise. Légitime ? Position du coucou (qui squatte le nid des autres) = usage donc pas d’immos !

• Quel avenir pour l’ « altruisme rationnel » ? Voir Finance participative et autres éco collab

En plus des transports, quels secteurs touchés par l’échange non-professionnel ?

(schéma Jeremiah Owjang Crowd Companies, conf LeWeb, 1214)