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V Essayons de nous résumer, et de regrouper ces lignes éparse Hegel traça trois catégories géographiques, trois élémen taux qui collaborent avec d'autres pour agir sur l'homme, et créer de différenciations ethniques. Les steppes à la végétation rabougrie, ou les vastes plaines aride les vallées fertiles, irriguées à profusion; le littoral et les îles. Les llanos du Venezuela, les savanes qui élargissent les vallée Mississippi, les immenses pampas et l'Atacama lui-même, perdu dans les Andes — vaste terrasse oîi ondulent les dunes — s'inscrivent rigoureusement dans la première catégorie. Malgré les longs étés, les formidables tempêtes de sable, et l'ef des inondations subites, ces genres de terrains ne sont pas incompati bles avec la vie. Mais ils ne fixent pas l'homme à la terre. Leur flore rudimentaire, faite de graminées et de cypéracées, vigoureusement à la saison des pluies, stimule la vie nomade des ber- gers et les sociétés errantes des pasteurs, qui, montant et démo sans cesse leurs tentes, évoluent rapidement sur ces étendues p se dispersent aux premiers éclats de l'été. Ces régions ne séduisent guère. Elles offrent toujours le même d'une monotonie attristante, dont la couleur seule varie : océan imm bile, sans vagues et sans plages. Elles possèdent la force centrifuge du désert, repoussent, désu sent, dispersent. Elles ne peuvent pas se joindre à l'humanité par lien nuptial des sillons du labour. Elles jouent le rôle d'isolateur eth- nique, comme les cordillères ou la mer, ou bien encore les steppes de Mongolie balayées par les courses folles des hordes turbulentes de tares vagabonds. Mais les sertôes du nord du Brésil, qui à première vue sera comparables à ces régions, ne trouvent pourtant pas leur place da le tableau du penseur germanique. Quand on les traverse en été, on pourrait croire qu'ils correspon- dent parfaitement à la hiver, on pense qu'ils Affreusement stérile Dans la plénitude Mais quand les séch quer de pénibles ex réserves emmag combat féroce, anon des des plaines, la na tège bien au-delà des l'épuisement des d Quand surviennent l transfigure par de fan désolation antérie sommets des monts c tation recouvre les gro l'âpreté des ravins, a telle sorte que les gran par des courbes plus s Les fortes insolations s'annule. De nouveau de l'espace souligne le tes possibles de forme Les horizons se dilat des déserts, devien Et le sertào est alors maître. Puis, tout s'achève. asphyxiante ; le sol co périodes oîi les plu étés, le spasme effr La nature se comp Les sertôes exi ries. Celle qui serait la — servant de média steppes les plus aride En laissant pour l'ins fication comme facteu dans l'économie d Normalement, la nat les repousse. Ce sont les lignes astronomiqu vie. Ces anomalies, do

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Page 1: bandeiras. - EHESScrbc.ehess.fr › docannexe › file › 2238 › p._48_57.pdfV Essayon s d e nou s résumer, e t d e regroupe r ce s ligne s éparses. Hege l traç a troi s catégorie

V

Essayons de nous ré

sum

er, et de regrouper ces lignes é

pars

es.

Hegel tra

ça

trois caté

gorie

s g

éogra

phiq

ues, trois é

lém

ents

fondamen­

tau

x qui collaborent avec d'a

utre

s po

ur agir sur l'h

om

me

, et cré

er des

diffé

rencia

tions

eth

niq

ue

s. Les steppes à la v

égéta

tion

rab

ou

grie

, ou les vastes plaines arides ; les v

allé

es

fertiles, irriguées

à pro

fusio

n; le littoral et les île

s.

Les llanos du Venezuela, les savanes qui é

larg

issent les v

allé

es

du M

ississippi, les imm

enses pa

mp

as et l'A

taca

ma

lui-mêm

e, perdu d

an

s les An

de

s — vaste terrasse oîi o

nd

ule

nt les dunes —

s'inscrivent rigoureusem

ent dans la première c

até

gorie

. M

alg

ré les longs é

tés, les form

idables tempêtes de sable, et l'effroi

des ino

nd

atio

ns subites, ces genres de terrains ne sont pas incom

pati­bles avec la vie.

Mais ils ne fixent pas l'h

om

me à la te

rre.

Leur flore rudimentaire, faite de g

ram

inées

et de cypéra

cées, repousse

vigoureusement à la saison des pluies, stim

ule la vie no

ma

de des ber­

gers et les socié

tés

errantes des pa

steu

rs, qu

i, mo

nta

nt et d

ém

onta

nt

sans cesse leurs tentes, évolu

ent rapidem

ent sur ces éte

ndues

plates — et

se dispersent aux premiers é

cla

ts de l'é

té.

Ces ré

gio

ns

ne séduisent guère. E

lles offrent toujours le mêm

e décor

d'u

ne m

onotonie attristante, dont la couleur seule varie : océan

imm

o­bile, sans vagues et sans plages.

Elles possèdent la force centrifuge du d

ésert, repoussent, d

ésunis­

sent, dispersent. Elles ne peuvent pas se jo

ind

re à l'hum

anité

par le lien n

up

tial des sillons du la

bo

ur. E

lles jou

en

t le rôle

d'iso

late

ur eth­

niq

ue

, comm

e les cordillères ou la mer, ou bien encore les steppes de

Mongolie b

alayées

pa

r les courses folles des hordes turbulentes de tar-tares va

ga

bo

nd

s. M

ais les sertô

es

du no

rd du Bré

sil, qui à prem

ière vue seraient com

parables à ces régio

ns, ne trouvent p

ou

rtan

t pas leur place dans le tableau du penseur g

erm

an

iqu

e.

Qu

an

d on les traverse en été,

on po

urra

it croire qu

'ils correspon­

dent parfaitement à la prem

ière caté

gorie

; mais si on les p

arco

urt en

hiver, on pense qu

'ils font essentiellement partie de la seconde.

Affreusem

ent sté

riles; m

erveilleusement e

xubéra

nts

... D

ans la plé

nitu

de

des séchere

sses, ils sont positivem

ent le désert.

Mais q

ua

nd les s

échere

sses

ne se prolongent pas au po

int de p

rovo

­quer de p

énib

les

exodes, l'ho

mm

e lutte à l'image des a

rbre

s, avec les ré

serv

es e

mm

agasinées

pe

nd

an

t les jou

rs de pro

spérité

, et, dans ce com

bat féro

ce, a

no

nym

e, terriblem

ent obscur, pe

rdu dans les solitu­

des des plaines, la na

ture ne l'a

ba

nd

on

ne pas to

ut à fait. E

lle le pro

­tège bien au-delà

des heures de désespéra

nce

qui a

ccom

pa

gn

en

t l'é

puisem

ent des derniers p

uits.

Qu

an

d surviennent les pluies, la terre

, comm

e no

us l'a

von

s vu, se

transfigure pa

r de fantastiques méta

morp

hoses, co

ntra

stan

t avec la désola

tion a

nté

rieure

. Les vallé

es

sèches se changent en rivières. Les som

mets des m

on

ts chauves deviennent subitement des île

s. La v

égé­

tation recouvre les grottes béante

s en les tapissant de fleurs, dissim

ule l'â

pre

té des ravins, arrondit en collines les am

as de blocs disjoints — de

telle sorte que les grandes chapadas, entre

coupées

de vallons, se lient par des courbes plus suaves aux plateaux é

levés. La te

mpéra

ture

chute. Les fortes insolations disparaissent, la s

échere

sse

an

orm

ale de l'a

ir s'annule. D

e nouveaux ton

s embellissent le paysage : la tra

nsp

are

nce

de l'espace souligne les traits les plus délic

ats

, avec tou

tes les varian­

tes possibles de forme et de couleur.

Les horizons se dilatent. Le firmam

ent, n'a

yan

t plus le bleu intense des d

éserts

, devient plus profond, face à l'explosion de la terre qui revit. E

t le sertào est alors une vallé

e fertile. C

'est u

n imm

ense verger sans m

aître

. P

uis, to

ut s'achève. R

eviennent les jou

rs de tortu

re; l'a

tmo

sph

ère

asphyxiante ; le sol couvert de pierres ; la flore dénudée

; et, dans les pério

des

oîi les pluies ne viennent pas inte

rrom

pre le fil continu des

été

s, le spasm

e effroyable des séchere

sses.

La na

ture se c

om

pla

ît au jeu des antithèses.

Les sertô

es

exigent une division spécia

le dans ce ta

ble

au des c

até

go­

ries. Celle qui serait la plus in

tére

ssante

, la plus expressive de toutes —

servant de média

tion

entre les vallé

es

excessivement fertiles et les

steppes les plus arid

es.

» E

n laissant po

ur l'in

stan

t à d'a

utre

s pages le soin d'é

tudie

r sa signi­fication co

mm

e facteur de diffé

rencia

tion

eth

niq

ue

, voyons son rôle

dans l'é

conom

ie de la te

rre.

No

rma

lem

en

t, la na

ture ne c

rée

pas les déserts

. Elle les co

mb

at, elle

les repousse. Ce sont des lacunes inexplicables, parfois d

éployées

sous les lignes a

stron

om

iqu

es où s

'épanouit l'e

xubéra

nce

maxim

ale de la vie. C

es anomalies, dont l'exem

ple typique est le Sahara —

terme g

éné-

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rique po

ur cette ré

gio

n s

térile

qui se dilate de l'Atla

ntiq

ue à l'o

céati

Indien, pénètre en Egypte et en S

yrie, assume to

us les aspects de

l'énorm

e d

épre

ssio

n africaine ju

squ

'au

x chaleurs extrêmes du plateau

ara

biq

ue de N

edjed et, plus loin en

core

, jusq

u'a

ux sables des beja^

bans en P

erse —, sont si illogiques que le plus g

ran

d des naturalis-tes entrevit l'explication de la genèse de ce S

ah

ara dans l'action

tum

ultu

eu

se d'u

n cataclysme, u

ne irru

ptio

n de l'Atla

ntiq

ue dont les

eaux dém

onté

es

au

raie

nt p

récip

ité leur to

urb

illon irré

sis

tible

de cou­ra

nts sur le n

ord de l'A

friqu

e, p

ou

r le dénuder ra

ge

use

me

nt.

Bien que ne se vo

ula

nt q

u'u

ne hypothèse b

rillan

te, cette expU

cation de H

um

bo

ldt possède une signification plus é

levée.

Ap

rès que le feu central perdit sa p

répondéra

nce

et que les chmats

se normaU

sèrent, de l'extrême n

ord à l'extrêm

e sud

, la vie végéta

tive

progressa vers la ligne équin

oxia

le, à p

artir des p

ôle

s in

habité

s. S

ous cette ligne se tro

uve

nt les zones florissantes p

ar excellence, les terres

où les arbustes des au

tres ré

gio

ns

deviennent des arb

res, où le ré

gim

e

n'oscille qu

'en

tre deux saisons et déte

rmin

e une u

nifo

rmité

favorable à l'é

volu

tion

des organismes sim

ples, dépendant directem

ent des varia­tions du m

iUeu. La fa

taU

té a

stron

om

iqu

e de l'incUnaison de l'é

clip

ti-q

ue

, qui place la Te

rre dans des conditions biologiques infé

rieure

s à

celles des autres pla

tes, se fait peu ressentir dans ces parages où une

seule mo

nta

gn

e peut synth

étis

er, de la base à son so

mm

et, to

us les cli­

ma

ts du mo

nd

e.

Cependant, ces ré

gio

ns

sont travers

ées

par l'équate

ur therm

ique, dont le tra

fort irréguher, fait de vives inflexions, p

ertu

rbe la frontière

idéale

qui sépare

les deux hémisphères, et s'in

terro

mp

t en des points singuliers où la vie est im

possible ; allant des déserts

aux forêts ; du S

ah

ara qui le tire vers le n

ord ju

squ

'à l'Ind

e op

ule

nte

, après avoir tou­ché la p

oin

te de l'Ara

bie si p

au

vre ; raya

nt le P

acifique d'u

n long trait —

d'u

n collier com

posé

de quelques rares îles d

éserte

s et d

énudées

—,

et ab

ord

an

t ensuite, da

ns son lent glissem

ent vers le sud, l'extraordi­naire H

ilae de l'Am

azo

nie

. D

e l'extrême a

ridité

à l'exubéra

nce

extrê

me

... C

'est que la m

orp

ho

log

ie de la Te

rre viole les lois généra

les

des cli­m

ats. M

ais, ch

aq

ue fois que le faciès g

éogra

phiq

ue

ne les combat pas

ab

solu

me

nt, la n

atu

re réagit. P

ar une lutte so

urd

e — d

on

t les effets sont si obscurs q

u'ils ne se laissent m

êm

e pas écla

irer p

ar l'é

tude

des cycles historiques —

, mais une lutte é

mouvante

, po

ur qui parvient à

l'entrevoir à travers les siècles inn

om

bra

ble

s, une lutte sans cesse frei­née

pa

r des agents con

traire

s, mais tenace et incoercible, inscrite dans

une évolu

tion

que rien n'a

rrête

, la Terre, com

me un organism

e, se trans­m

ue pa

r intussusception '^ indiffé

rente

aux élém

ents

qui troublent sa surface.

m

De sorte que si de larges d

épre

ssio

ns, com

me celles de l'A

ustra

lie,

sont éte

rnelle

ment c

ondam

nées

à rester sté

riles, les d

éserts

, sur d'autres points du globe, disparaissent.

Leur tem

péra

ture

si élevée

finit par leur donner un minim

um de pres­

sion, qui attire la chute des pluies ; les sables mo

uva

nts, ra

yés

pa

r les vents, après avoir longtem

ps refu

de donner prise aux plantes les plus h

um

ble

s, s'imm

obilisent peu à pe

u, prisonniers des radicelles des

gra

minées

; le sol ingrat et la roche aride se retirent sous l'action imper­

ceptible des lichens, qui pré

pare

nt la venue des lé

cid

ées

fragiles ; enfin, les plateaux d

énudés, lhanos et p

am

pa

s à la végéta

tion

rare

, les sava­nes et les steppes plus vivaces de l'A

sie centrale surgissent dans un cres­ce

nd

o,

et re

flète

nt

les p

ha

ses

successives d

e m

erve

illeu

ses

transfigurations. O

r, les sertô

es

du No

rd, quoique m

oins sté

riles

que les déserts

, repré

­sentent peut-être le singulier point de d

épart d

'un

e évolu

tion ré

gre

ssive.

To

ut à l'h

eu

re, d

an

s une rétro

spectio

n où la fantaisie s'insurgeait

certes contre la gra

vité

de la science, no

us les avons im

agin

és

en train

d'ém

erg

er, g

éolo

giq

uem

ent m

od

ern

es, d

'un

e vaste mer te

rtiaire

. S

i l'on excepte cette hypothèse peu solide, il n

'en dem

eure pas moins

certain qu

'un ensem

ble complexe de circonstances ne les disposa point

à un régim

e clim

atique con

tinu

, favorable à un

e flore plus vivace. N

ou

s avons déjà ébauché

certaines de ces circonstances. M

ais n

ou

s avons

oublié

un

facteur géolo

giq

ue

rem

arq

ua

ble

— l'h

om

me

. D

e fait, il n'e

st pas rare que celui-ci ré

agisse

bru

tale

me

nt co

ntre la

terre, et, no

tam

me

nt p

arm

i no

us, il jo

ua

, tou

t au long de l'Histo

ire,

le rôle

d'u

n terrible cré

ate

ur de d

éserts

. T

ou

t com

mença

pa

r un d

ésastre

ux h

érita

ge

indigène. D

an

s l'ag

ricultu

re primitive des aborigènes existait un in

strum

en

t fondam

ental — le feu.

Les arbres éta

ient ta

illés

par les djis effilé

s de diorite ; une fois s

échées,

les branches en tas — les c

aiç

ara

s —

éta

ient d

évoré

es

pa

r les flamm

es, dans des n

uées

de fum

ée

aig

uillo

nnées

pa

r le vent. Les indigènes déli­

mitaient a

lors, au m

oyen des clô

ture

s de tro

ncs c

alcin

és

des ca

iça

ras,

la zone de cendre où la forêt avait naguère été exubéra

nte

. Ils culti­vaient cette zo

ne

. La saison suivante, ils renouvelaient la mêm

e opé­

ratio

n, ju

squ

'à ce que cette parcelle de terre

, complètem

ent épuisée,

inutilisable, fût abandonnée

en caapuera — «

forêt éte

inte

», com

me

le dénonce

l'éty

molo

gie

tupi —, et d

oré

navant elle gisait là

, irrém

é­

diablement s

térile

, car — fait digne d

'atte

ntio

n — les fam

illes de végé­

taux qui surgissaient pa

r la suite da

ns les te

rrain

s calcin

és é

taie

nt

tou

jou

rs des arbustes à la con

form

atio

n rab

ou

grie

, tota

lem

en

t diffé

­rents de ceux de la forêt prim

itive. L'a

bo

rigè

ne co

ntin

ua

it à cré

er de

51

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nouvelles plantation

s, de nou

veaux d

éboise

ments, de n

ouveau

x incen dies, é

larg

issait le cercle des dom

mages par de nouvelles ca

apuera

s qu

'il laissait un

e fois encore pou

r recomm

encer ailleu

rs, multipliai!

ainsi les espaces stérile

s et arides qu

i, incapables de ré

agir

contre les

élé

ments

exté

rieurs, aggravaien

t au fur et à mesu

re qu'ils s'é

tendaie

nt

la rigueur mêm

e de ce climat qu

i les tourm

entait, et, tissé

s de m

échante

végéta

tion, n

oyés

de mau

vaises herbes, ré

pandaie

nt ici l'aspect m

ala­dif de la ca

ata

nduva

sinistre, et là, la sau

vagerie de la caatin

ga

blan­châtre

. ^ V

int ensuite le colonisateu

r, qui reprit le m

ême p

rocédé. 11 l'aggrava

encore en adoptan

t au centre du pays, loin de l'é

troite

bande côtière

où la cann

e à sucre éta

it cultiv

ée, la pratiqu

e exclusive de l'éle

vage.

Dès l'au

be du xvii= siècle, s'ouvriren

t dans les s

ertô

es

où l'on avait m

ultip

lié abusivem

ent les sesm

aria

s, des cham

ps imm

enses, unis et sans clô

ture

, qui s'é

larg

issaie

nt à travers les plain

es. L

e feu ouvrait tou

s ces cham

ps, un feu librement a

llum

é, sans coupe-feu, qu

i s'emparait de vastes espaces, en s'offran

t aux violentes rafa­

les du nord-est. Son meilleur a

llié fut alors le se

rtan

ista, cupide et brave,

parti à la recherch

e de l'indigèn

e et de l'or. Noyé

dans les profon

ds replis d'u

ne flore e

xubéra

nte

, qui en

travait ses regards et dissimulait

sous son ombre dangereuse les pièges du ta

puia

et les tanières du redou­table c

anguçu, le se

rtanista

frappa la forêt, la dila

céra

de flamm

es, afin de lib

ére

r l'h

orizon et de dévo

iler les m

ontagn

es dre

ssées

sur les ch

amps d

éfric

hés, qu

i pourraien

t l'orienter et jalon

ner la m

arche des

bandeiras. Il attaqu

a la terre à fond, la scarifia en exploitation

s à ciel ouvert ; il la ren

dit stérile

en la couvran

t des pierrailles dégorg

ées

des mines

d'or ; il la blessa à coups de pioch

e ; il la dégra

da

en l'abandon

nan

t à l'é

rosio

n des eau

x sauvages des torren

ts ; et il laissa, ici et là, par­tou

t, à jamais sté

riles, illu

min

ant les solitu

des de l'inten

se coloration ro

ugeâtre

des argiles rem

uées, n

e permettan

t pas à la plante la plus

men

ue de pou

sser, les grandes ca

tas in

cultes, vides et tristes, avec leur

physion

omie expressive d'im

men

ses cité

s m

ortes, en ruin

es... O

r, ces pratiques sauvages traversèrent tou

te notre histoire. A

u cœur

mêm

e de notre siècle, au dire des vieux h

abitants des h

ameau

x qui bor­den

t le Sâo F

rancisco, les explorateu

rs qui s'a

vançaie

nt en 1830 à par­

tir de la rive gauch

e de ce fleuve, avec les indispen

sables provisions

d'eau dans leu

rs besaces de cuir, en

voyaient en avan

t-garde le mêm

e rabatteu

r sinistre pour é

cla

irer

leur route, ou

vrir la voie et dévaste

r

la terre. Du

rant de longs m

ois, on put voir vers le cou

chan

t, péné­

trant au plu

s profond des n

uits, le reflet e

mbra

sé des feux de forêts.

Qu

e l'on imagin

e les résu

ltats

d'un tel p

rocédé, ré

pété

au cours des

siècles...

Le gou

vernem

ent colonial lui-m

ême p

révut ces effets. D

ès 1713, plu­sieurs d

écre

ts successifs essayèrent d'y m

ettre fin. E

t quan

d s'acheva

ja séchere

sse lé

gendaire

de 1791-1792, la gra

nde s

écheresse, com

me

disent encore les vieux se

rtan

ejo

s, qui d

évasta

tout le N

ord, de l'Éta

t de B

ahia au Cearâ

, le gouvernement de la m

étropole, sem

ble-t-il, l'attri­bua au

x inconvénie

nts

ci-dessus mentio

nnés, et n

e vit comm

e moyen

d'y rem

édie

r qu

'un

e sévère prohibition des d

éboise

ments.

Le gouvernem

ent colonial fut longtemps p

réoccu

par ce problème.

Les lettres royales le m

ontren

t : celle du 17 mars 1796, qu

i nom

me

un juge con

servateur des forêts; ou celle du 11 ju

in 1799, décré

tant

«que

l'on réprim

e l'am

bition indiscrète et d

éso

rdonnée

des habitan

ts (de B

ahia et du P

ernam

bouc), qu

i ont ra

vagé

par le fer et le feu de pré

cieuse

s forêts... qui jadis abon

daient et se trou

vent au

jourd'h

ui élo

i­gnées

les un

es des autres par des distan

ces consid

éra

ble

s, etc. ». C

e sont là de p

récie

ux

écrits, qu

i concern

ent directem

ent la rég

ion

dont n

ous n

'avons offert qu

'un

e pâle

description.

Il en existe d'autres, tou

t aussi élo

quents.

Qu

and on d

échiffre

les vieux carnets de rou

te des premiers explora­

teurs du Nord, ces au

dacieux ca

atin

gueiro

s comparables au

x bandei-

rante

s du Su

d, on remarqu

e constam

men

t des allusion

s incisives à la bru

talité

des paysages traversé

s, lorsque ces explorateu

rs, sillonn

ant

les vastes chapadas à la recherche des m

ines d'argent de M

elchior M

âr-cia, passaien

t presque tou

s à la frontière du s

ertâ

o de C

anu

dos, et fai­saient escale à M

onte-S

anto, qu

i n'é

tait alors qu

e le Pico

-ara

ssa des

tapuia

s. Et ils parlen

t des « cham

ps froids (il s'agit certainem

ent d'u

ne

froideur noctu

rne, qu

i succède à l'inten

se irradiation du sol dénudé)

couvran

t des lieues et des lieues de caatin

ga

sans eau ni ca

rava

tà qu

i la con

tienn

e et avec des racines d

'um

bu

et de mandaca

ru pou

r nou

rrir les g

ens»

dans le travail p

énib

le de d

ébro

ussa

iller

les sentiers*.

On le voit, les plantes que nos se

rtanejo

s utilisent aujou

rd'hu

i avaient déjà à cette é

poque

un

e réputa

tion

proverbiale. C

'est que le m

al est ancien

. S'allian

t avec les élém

ents

météo

rolo

gi­

ques — le ven

t du nord-est et la succion des strates, les canicules et

les éro

sions é

olie

nnes, ou les tem

pêtes subites —

, l'hom

me ajou

ta un

e com

posante n

éfa

ste au

x forces de ce climat d

évasta

teur. S'il n

e cré

a

pas ce climat, il le tran

sforma et en aggrava les effets. L

a hach

e du ca

atin

gueiro

fut un p

récie

ux

auxiliaire au

x dégra

datio

ns

des tourm

en­

tes, un co

mplém

ent au

x insolation

s et aux in

cendies.

Il a peut-être e

ngendré

le dése

rt. Mais il peu

t encore l'a

néantir, et

corriger le passé

. La tâ

che

n'est pas in

surm

ontable. U

ne com

paraison h

istorique n

ous le m

ontrera.

oj

* Lettre de Pedro B

arbosa Leal au comte de S

abugosa.

Page 4: bandeiras. - EHESScrbc.ehess.fr › docannexe › file › 2238 › p._48_57.pdfV Essayon s d e nou s résumer, e t d e regroupe r ce s ligne s éparses. Hege l traç a troi s catégorie

Qui traverse les h

autes plaines de T

unisie entre Beja et B

izerte, à l'o

rée

du S

ahara, et franchit en tem

ps norm

al le cours capricieux'et

sinueux des oueds, rencontre encore au

jourd

'hu

i, au déb

ouch

é des val­

lées, les restes d

'antiq

ues con

struction

s romain

es. Ces vieilles m

urail-les é

croulé

es, in

crusté

es

de pierres carrées

et de blocs roulé

s, recouvertes en p

artie par la lie des pluies de vingt siècles, sont les legs des grands

colonisateu

rs, et dén

oncen

t aussi bien leur activ

ité intelligente que la

nég

ligen

ce b

arbare des A

rabes qui les on

t rem

pla

cés.

Ap

rès avoir détr

uit C

arthage, les R

omain

s s'éta

ient c

onsa

crés

à la tâ

che

infiniment plus sé

rie

use

de vaincre la natu

re hostile. Et ils lais­

sèrent dan

s ces lieux un

e des plus belles traces de leur expansion his­toriq

ue...

Ils comp

rirent exactem

ent le vice originel de cette régio

n, dont la

stérilité

est due moins à la r

areté

des pluies qu

'à leur mauvaise distri­

bution, déterm

inée

par le relief topographique. Ils corrigèrent ce défa

ut.

Le rég

ime

torrentiel qui sév

it sur ces terres, d'u

ne extrêm

e inte

nsité

pendant certaines saisons, responsable de niveaux p

luvio

métriq

ues

plus élev

és q

ue ceux d

'autres pays fertiles et e

xubérants, é

tait, com

me dans

les sertô

es

de notre p

ays, non seulem

ent inutile, mais aussi n

éfa

ste.

Les eaux tom

baien

t sur la terre dénudée, d

éracin

aie

nt la v

égéta

tion

qui ne p

ouvait pas se cram

pon

ner au sol durci ; elles tourbillonnaient

pen

dan

t plusieurs semaines d

ans les ruisseaux qui d

ébordaie

nt, inon­

daient les plaines ; et disparaissaient aussitô

t dans la Méd

iterranée, après

avoir dériv

é le long des escarp

emen

ts, par le n

ord et par le levant, en

laissant le sol plus dén

udé

et plus stérile

encore, à la suite de cette éphé­

mère reviviscence. A

lors le dése

rt

semblait progresser vers le sud, dom

i­ner tou

tes ces terres et dépasse

r les derniers accidents de terrain qui

n'em

pêch

aient pas le passage du

simou

n.

Les R

omain

s firent reculer le dése

rt. Ils enchaînèrent les torren

ts; ils endiguèrent les courants plus forts ; et ce rég

ime

bru

tal, à force d'être

comb

attu et réprim

é avec té

nacité

, fut vaincu et soumis entièrem

ent à un r

ése

au

de barrages. A

yant ren

oncé

à un projet d'irrigation

s systé

­m

atiqu

es, qu

'il aurait été trop difficile de m

ettre en place, ils réussi­

rent à faire séjo

urner

les eaux plus longtem

ps sur la terre. L

es ravins qui se d

écoupaie

nt en ganglions stagn

ants furent p

arta

gés

en retenues clô

turées

par des m

urailles fermant les v

allé

es, et les ou

eds ainsi blo­qués

pu

rent enfler leurs flots entre les m

onts, conserver longtem

ps de gran

des m

asses liquides jusq

u'alors p

erdu

es, ou bien, au mom

ent du

débordem

ent, les hisser vers des can

aux la

téraux

qui les déversa

ient

sur des zones voisines plu

s basses où s'ouvraien

t des saig

nées

et aes biefs, rayon

nan

t de tous c

ôté

s et ab

reuvan

t le sol. De telle sorte q

ue

ce système de reten

ues, en

tre autres avan

tages, prése

nta

it celui d'u

ne

irrigation générale

. En ou

tre, ainsi exposé

es

à l'évaporatio

n, tou

tes ces surfaces liquides, n

omb

reuses et é

parse

s —

qui ne se résum

aien

t pas à un seul Q

uix

adâ

m

onu

men

tal et inutile —, finirent p

ar agir sur le clim

at, en l'am

éhorant. E

nfin la Tu

nisie, oîi avaient d

ébarqué

les plus beaux enfants de la Phénic

ie, m

ais qui se réduisa

it jusq

ue-là

à un littoral peu

plé

de trafiquants ou de Num

ides errants, dont les tentes aux fa

îtes

arrond

is illuminaient les airs de leur b

lanch

eur com

me des

quilles échouées

— la T

unisie fut transfig

urée

et devint le territoire classique de l'agriculture an

tiqu

e. Elle fut le cellier de l'Italie et le four­

nisseur de blé, presque exclu

sif, des Rom

ains.

Les F

rançais, aujourd'hui, copient en grande partie leurs p

rocéd

és, sans avoir besoin d

'élever

des murailles m

onumentales et o

néreuse

s. Ils bloquent par des estacades sem

blables à des palan

qu

es, entre des mu

rs de pier­res sèches et de terre, les ou

eds don

t la conform

ation s'y prête le plu

s, et ils entaillent sur la p

artie supérie

ure

de leurs rivages, tout au long

des chaîn

es

de mon

tagnes qui les flan

qu

ent, des con

du

its qui dériv

ent

l'eau vers les terrains avoisin

ants, p

ar des rése

aux

d'irrigation

. A

insi les eaux sauvages s'arrêtent cou

rt, s'apaisen

t sans acquérir

la force a

ccum

ulée

des inondations violentes, et se dispersent enfin, amor­

ties par des m

illiers de valvules, à travers les dériv

atio

ns e

ntr

ecroisé

es.

Et ces p

arages historiq

ues, lib

érés

de l'apath

ie du mu

sulm

an inerte,

se méta

morp

hosen

t en repren

ant leur physionom

ie antiq

ue. L

a Fran

ce sauve les restes de l'h

érita

ge

somptueux de la civiU

sation romain

e, après ce d

éclin de plusieurs siècles.

Or, q

uan

d on tracera, mêm

e sans grand

e précisio

n, la carte h

ypso-

métriq

ue

des sertô

es

du nord du B

résil, on verra qu

'ils se prêtent à une ten

tative iden

tiqu

e, don

t les résu

ltats

ne seraient pas moin

s efficaces. L

'idée

n'est pas nouvelle. E

lle a été su

ggérée

depuis longtem

ps, lors

des mém

ora

bles

séances

de l'Institu

t Polytech

niq

ue de R

io, en 1877, par l'esprit brillant du conseiller B

eaurepaire Roh

an, peut-être fra

ppé

par les ressemblances q

ue nous venons de m

ention

ner,

_ Des discussions alors e

ngagées, où s'affrontèrent les m

eilleurs scien­tifiques de l'é

poque

— esprits qui allaient de la solide ex

périen

ce de

Cap

anem

a^" à la rare intelligence d

'André R

ebouças

' — ce fut la

seule prop

osition pratiq

ue, r

éalisa

ble

et vraimen

t utile, qui restâ

t.

Page 5: bandeiras. - EHESScrbc.ehess.fr › docannexe › file › 2238 › p._48_57.pdfV Essayon s d e nou s résumer, e t d e regroupe r ce s ligne s éparses. Hege l traç a troi s catégorie

On im

agina à cette occasion de luxueuses citernes de maçonnerie

• des m

yriades de puits arté

sie

ns, p

erfo

ran

t les chapadas, ou des entre! p

ots d

ém

esuré

s p

ou

r les réserv

es a

ccum

ulées

; de vastes barrages, tel-les des m

ers Caspiennes artificielles; et enfin, co

mm

e po

ur m

ieux cara

cté

riser la d

éro

ute

complète des in

génie

urs

devant l'énorm

ité du

pro

blè

me

, de

stu

péfia

nts

alambics

po

ur

distiller les

eaux de

l'Atla

ntiq

ue !.,.

Le pro

jet le plus m

od

este

, po

urta

nt, fruit direct de l'enseignem

ent h

istoriq

ue

, suggéré

pa

r l'exemple le plus é

lém

enta

ire, su

pp

lan

ta ces vastes desseins. C

ar, s'il est le plus p

ratiq

ue

, il est aussi, bien évidem

­m

en

t, le plus logique.

En ré

alité

, l'on doit classer p

arm

i les aspects les plus déte

rmin

ants

, en ta

nt que facteurs a

ppré

cia

ble

s, la structure et la co

nfo

rma

tion du

sol. Quelle q

ue soit l'im

po

rtan

ce des causes complexes et plus é

loi­

gnées

que nous avons ébauchées p

récédem

ment, l'influence de ces der­

niers élé

ments

est manifeste, q

ua

nd o

n considère que la capacité

d'absorption ou d

'ém

issio

n des terrains e

xposés, l'inclinaison des strates

qui les en

treco

up

en

t, et la rudesse des rehefs top

og

rap

hiq

ue

s, accen­tu

en

t, pa

r la mêm

e occasion, l'embrasem

ent des été

s et les graves dom

­m

ages des torre

nts. S

i bien qu

e, ne sortant des longues insolations que

po

ur subir des in

on

da

tion

s sou

da

ine

s, la terre

, mal p

roté

gée

par une végéta

tion

fragile, que le soleil brûle et que les eaux déra

cin

ent, se laisse

peu à peu envahir pa

r un clim

at franchement d

ésertiq

ue.

Les violents orages qu

i éte

ignent l'incendie latent des s

échere

sses,

malg

ré la reviviscence q

u'ils occasionnent, p

répare

nt en quelque sorte

la régio

n à de plus grandes vicissitudes. Ils la d

énudent sans m

énage­

me

nt, et la d

épouille

nt to

ujo

urs p

lus, en l'offrant aux é

tés

à venir; ils la sillonnent et l'e

nca

dre

nt de co

nto

urs rugueux ; ils la flagellent

et la rendent sté

rile ; et q

ua

nd ils disparaissent, ils la laissent encore

plus nu

e qu

'ava

nt les brûlures des soleils. C

e régim

e c

onnaît de d

éplo

­rables

intermittences,

qui font

songer à

un

cercle vicieux

de ca

tastro

ph

es*.

Ainsi la seule m

esure que l'on peut a

do

pte

r est-elle de corriger ces dispositions naturelles. S

i l'on excepte les causes d

éte

rmin

ante

s du

fléau

* «... Il est im

po

rtant d

e men

tion

ner la forte d

écliv

ité vers la m

er qui existe dans les ^

^f.^

d

u s

ertâo

cou

lent ses rivières... D

ès qu

'un

e plu

ie tom

be sur ces p

lateaux p

ierreux a

végéta

tion

rare, les eaux ro

ulen

t aussitô

t par d

es sillon

s ou

des ravin

es, en p

rod

uisan

t vérita

ble

s avalanches qui d

étru

isent to

ut sur leur p

assage... » J. Y

offily —

No

tes sur le Paraib^"

qui proviennent de lois astronomiques ou g

éogra

phiq

ues

inaccessibles à l'intervention h

um

ain

e, ces dernières dispositions sont les seules sus­

ceptibles de modifications a

ppré

cia

ble

s.

Le pro

cédé

que no

us venons d

'ind

iqu

er dans un bref rappel histori­

que nous dispense, pa

r sa sim

phcité

me

, d'exposer d'inutiles déta

ils

techniques. La F

ran

ce le copie au

jou

rd'h

ui, sans m

odification, en faisant revi­vre le tra

de ces antiques con

structio

ns.

Si l'o

n bloquait des vallé

es

intelligemm

ent choisies, en des po

ints

peu distants les uns des autres, trois conséquences in

évita

ble

s en d

écou­

leraient : on atté

nuera

it consid

éra

ble

ment le drainage violent du sol

et ses déplo

rable

s effets ; on form

erait au bo

rd de ces vallé

es, entre

les mailles d

'un ré

seau

de dériv

atio

ns, de fé

condes

zones de culture ; et on fixerait l'in

sta

bilité

du chmat dans une situation d

'équilib

re, dans

la mesure où ce grand n

om

bre de petits ré

serv

oirs

unifo

rmém

ent dis­

tribués

constituerait une vaste surface d'é

vapora

tion

et finirait na

tu­

rellement, au cours des tem

ps, par exercer l'influence modéra

trice

d'u

ne

vraie mer in

térie

ure

, d'u

ne im

po

rtan

ce extrême.

Aucun a

utre rem

ède n'e

st concevable. Les citernes, les puits arté

­siens, ou les lacs tro

p rares et trop e

spacés, com

me celui de Q

uixadâ,

n'ont qu

'un

e valeur locale, difficile à appré

cie

r. Ils visent essentielle­m

ent à atté

nuer l'u

ltime c

onséquence

de la séchere

sse

— la soif ; o

r, ce qu'il faut co

mb

attre dans les s

ertô

es

du No

rd, c'e

st le désert.

Le ma

rtyre de l'ho

mm

e dans ces régio

ns

n'est que le reflet d'u

ne

torture plus grave, plus pro

fon

de

, qui tou

che l'é

conom

ie g

énéra

le de

la vie. Il n

aît du m

artyre s

écula

ire de la T

erre

...