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AU PLAISIR DE LIRE Club de lecture Choix de romans sélection 2016 MéDIATHèQUE NELSON MANDELA 13 AVENUE DE L’ÎLE-DE-FRANCE 25000 BESANçON édition : Ville de Besançon. Rédaction : Bibliothèques municipales de Besançon. Conception graphique : Direction de la Communication. Imprimerie : Imprimerie municipale. Tirage : 2 000 exemplaires. N°ISSN : en cours - Septembre 2016. Le cas Eduard Einstein Laurent Seksik Flammarion, 2013 « Les gens prétendent que je suis fou. Je suis le fils d’Einstein ». Dans ce livre il est question d’un physicien génial mais égoïste et mauvais père, d’un enfant schizophrène et d’une mère-courage, de folie et d’asile d’aliénés, de la montée du nazisme, des prémices de la bombe atomique et du maccarthysme. Eduard est le fils d’Albert Einstein. Né en 1910, devenu schizophrène à dix-neuf ans, il est interné à l’hôpital psychiatrique de Zurich où il meurt à cinquante-six ans dans la solitude et le dénuement. L’auteur le fait parler et il nous raconte ses hallucinations, sa violence, sa haine pour son père qui l’a abandonné, ses obsessions et les traitements barbares qu’il subit, électrochocs et camisole de force. Eduard est très conscient de sa situation, il est lucide et intelligent, cultivé, attachant et touchant. Etonnante rencontre également avec Albert Einstein, scientifique de renommée mondiale ; il nous apparaît ici dans une intimité familiale dramatique et nous touche par ses fragilités. Annabel Kathleen Winter Bourgeois, 2013 Etrangeté et exotisme : le charme ambigu et parfois abrupt de ce roman réside dans leur coexistence. En 1968 un enfant nait hermaphrodite. Un hermaphrodite vrai, qui possède les deux sexes. Et cette étrangeté survient au Labrador, dans l’extrême nord-est du Canada, une région au climat rude, où les hommes sont trappeurs et bûcherons et passent le long hiver bien loin de leurs maisons, où leurs femmes font de leur mieux, où l’isolement fait que le poids des traditions est resté plus fort qu’ailleurs. Le père de l’enfant, trappeur et taiseux, décide que ce sera un garçon, qu’il s’appellera Wayne. La chirurgie et la pharmacopée se chargeront de son destin. La mère, citadine un peu décalée dans ce milieu, en est moins sûre, de même que Thomasina, seule autre personne à partager ce secret et qui parfois appelle l’enfant « Annabel », du nom de sa propre fille décédée. Elevé comme un garçon, Wayne manifeste cependant des goûts très différents de ceux des autres garçons du village. Pour fuir l’incompréhension des autres – mais aussi la sienne propre puisqu’il ignore qui il est vraiment, il s’enfuira vers la ville et ce n’est qu’après bien des vicissitudes qu’il finira, avec l’aide de son père, finalement, et de Thomasina la fidèle, par suivre sa voie propre, personnelle et professionnelle. Avec des phrases simples et des mots évocateurs, l’auteur nous transporte au Labrador et nous fait comprendre pourquoi le problème que pose Wayne est encore plus insoluble là qu’ailleurs. Une réussite.

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AU PLAISIR DE LIRE Club de lecture

Choix de romanssélection 2016

Médiathèque NelsoN MaNdela13 aveNue de l’Île-de-FraNCe

25000 BesaNçoN

édition : ville de Besançon. rédaction : Bibliothèques municipales de Besançon.Conception graphique : direction de la Communication. imprimerie : imprimerie municipale.tirage : 2 000 exemplaires. N°issN : en cours - septembre 2016.

Le cas Eduard Einstein Laurent SeksikFlammarion, 2013« les gens prétendent que je suis fou. Je suis le fils d’einstein ».dans ce livre il est question d’un physicien génial mais égoïste et mauvais père, d’un enfant schizophrène et d’une mère-courage, de folie et d’asile d’aliénés, de la montée du nazisme, des prémices de la bombe atomique et du maccarthysme. eduard est le fils d’albert einstein. Né en 1910, devenu schizophrène à dix-neuf ans, il est interné à l’hôpital psychiatrique de Zurich où il meurt à cinquante-six ans dans la solitude et le dénuement. l’auteur le fait parler et il nous raconte ses hallucinations, sa violence, sa haine pour son père qui l’a abandonné, ses obsessions et les traitements barbares qu’il subit, électrochocs et camisole de force. eduard est très conscient de sa situation, il est lucide et intelligent, cultivé, attachant et touchant.etonnante rencontre également avec albert einstein, scientifique de renommée mondiale ; il nous apparaît ici dans une intimité familiale dramatique et nous touche par ses fragilités.

AnnabelKathleen WinterBourgeois, 2013etrangeté et exotisme : le charme ambigu et parfois abrupt de ce roman réside dans leur coexistence.en 1968 un enfant nait hermaphrodite. un hermaphrodite vrai, qui possède les deux sexes. et cette étrangeté survient au labrador, dans l’extrême nord-est du Canada, une région au climat rude, où les hommes sont trappeurs et bûcherons et passent le long hiver bien loin de leurs maisons, où leurs femmes font de leur mieux, où l’isolement fait que le poids des traditions est resté plus fort qu’ailleurs.le père de l’enfant, trappeur et taiseux, décide que ce sera un garçon, qu’il s’appellera Wayne. la chirurgie et la pharmacopée se chargeront de son destin. la mère, citadine un peu décalée dans ce milieu, en est moins sûre, de même que thomasina, seule autre personne à partager ce secret et qui parfois appelle l’enfant « annabel », du nom de sa propre fille décédée.elevé comme un garçon, Wayne manifeste cependant des goûts très différents de ceux des autres garçons du village. Pour fuir l’incompréhension des autres – mais aussi la sienne propre puisqu’il ignore qui il est vraiment, il s’enfuira vers la ville et ce n’est qu’après bien des vicissitudes qu’il finira, avec l’aide de son père, finalement, et de thomasina la fidèle, par suivre sa voie propre, personnelle et professionnelle.avec des phrases simples et des mots évocateurs, l’auteur nous transporte au labrador et nous fait comprendre pourquoi le problème que pose Wayne est encore plus insoluble là qu’ailleurs. une réussite.

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Choix de romans

Rivages de l’Est, en kayak du Danube au BosphoreLodewijk AllaertTransboréal, 2012récit du voyage de trois mois en kayak de Budapest à istanbul par l’auteur et sa compagne. C’est une épopée, en même temps qu’une évidence. C’est un exploit sportif.le kayak est une embarcation fragile, qui peut être un fétu de paille face aux bateaux commerciaux, aux courants, à la houle. C’est une découverte géographique et humaine, une fine observation des rives du danube, de sa faune, de ses habitants.C’est aussi une réflexion philosophique, voir spirituelle, sur l’homme et la nature, la force et la fragilité, l’audace et la persévérance.une leçon qui n’en a pas l’air, à mettre aux programmes scolaires.

Une vie après l’autreKate AtkinsonGrasset, 201511 février 1910 : ursula todd nait et meurt aussitôt.11 février 1910 : ursula todd nait et meurt quelques minutes après.11 février 1910 : ursula todd nait, le cordon ombilical menace de l’étouffer, le médecin arrive à temps pour la sauver.ursula naîtra et mourra de nombreuses fois. Nous la suivrons dans ses vies multiples, toujours accompagnées d’un sentiment de « déjà vu ». ursula prête, à cause d’un détail, à basculer dans une vie suivante où nous la suivons, fascinés et convaincus de la réalité des faits, tant ils sont crédibles et détaillés.des constantes stabilisent ce récit à contretemps, à contre-histoire, tout en allers-retours et sauts vers le futur : la famille britannique et bourgeoise d’ursula, de son tendre père à sa mère douce ou rigide, ses frères, ses sœurs, sa tante izzie qui marche hors du droit chemin, les domestiques, la campagne anglaise, les chiens, les voisins. Cet univers est là, en toile de fond ou en plans variés. Personnages bien campés dont les diverses facettes nous sont données à voir selon la tonalité du chapitre dans lequel ils interviennent. ursula vit plusieurs vies, le lecteur devient multiple, pris dans un récit kaléidoscopique qui l’entraîne comme un manège.Construction machiavélique, humour « very british », documentation impeccable (en particulier concernant le Blitz londonien), le pavé se dévore comme le gâteau multi-étagé d’un pâtissier virtuose.Une vie après l’autre est un roman populaire de la meilleure espèce, qui nous mène par le bout du nez, à la fois frais et diabolique, dont la dernière page ne nous donne qu’une envie, celle de retourner à la première.

Cher lecteur,

vous tenez entre vos mains la toute dernière sélection des coups de cœur du club de lecture de Planoise. la 21e depuis la création du club en 1994 !

Comme chaque automne, vous y découvrirez les petites pépites dénichées par nos participants qui, nous l’espérons, susciteront chez vous des envies de… lecture.

Chaque année, le club s’enrichit de nouveaux membres, alors pourquoi pas vous ?

si vous aussi, vous souhaitez partager vos coups de cœur et coups de gueule littéraires, venez nous rejoindre !

le club se déroule un jeudi par mois, en période scolaire, de 17 h 30 à 19 h 30.

en 2016 et 2017, rendez-vous le jeudi 6 octobre pour le premier club de l’année, puis les 10 novembre, 8 décembre, 12 janvier, 9 février, 9 mars, 13 avril, 11 mai et 8 juin !

excellentes lectures à tous !

Pour tous renseignements, vous pouvez contacter la médiathèque Nelson Mandela13 avenue de l’Île-de-France25000 Besançontél. : 03 81 87 82 05

accès libre et gratuit

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Le train des orphelinsChristina Baker KlineBelfond, 2015l’auteur s’est inspiré de l’histoire familiale de son mari et d’un fait historique méconnu : la déportation de milliers d’enfants pauvres, abandonnés ou orphelins, que l’on envoyait par trains entiers depuis la côte est des etats-unis vers les états de l’ouest américain. de 1854 à 1929, ce mouvement a concerné plus de deux cent mille enfants. Pris en charge par la Children’s aid society, les enfants étaient relogés dans des familles. Comme aucun moyen de vérification du bien-être des enfants n’existait, les enfants étaient souvent accueillis pour fournir de la main-d’œuvre gratuite... Ce roman, c’est la rencontre entre deux femmes : Molly, 17 ans et vivian, 91 ans, toutes deux orphelines. de nos jours, en guise de travaux d’intérêt général, Molly range le grenier de vivian et à chaque malle ouverte, les souvenirs refont surface. et c’est toute l’histoire de vivian qui nous est livrée : l’immigration de sa famille depuis l’irlande jusqu’aux etats-unis, l’incendie qui détruit sa famille, le train des orphelins dans lequel elle monte, ses différentes maisons d’accueil et la maltraitance qu’elle y subit et enfin sa vie de femme. des retours dans le passé bien menés, deux personnages qui s’apprivoisent, une documentation précise... tous les ingrédients pour une histoire romanesque réussie.

La bibliothèque des cœurs cabossésKatarina BivaldDenoël, 2015un livre qui parle de livres, une héroïne passionnée par la littérature... voici un roman distrayant et plein de bons sentiments pour tous les amoureux des livres.tout débute par un échange de lettres et de livres entre sara, une jeune suédoise de 28 ans et amy, une américaine de 65 ans. Progressivement une amitié va naître entre elles, si bien qu’au bout de deux ans, sara décide de venir rendre visite à amy dans la petite ville de Brooken Wheel. Malheureusement quand sara arrive, amy est décédée. Complètement désemparée, sara finit par se décider à ouvrir une librairie avec tous les livres qu’elle a trouvés chez amy.références littéraires, classement mis en place... tout tourne autour des livres et du plaisir qu’ils peuvent susciter...

En attendant BojanglesOlivier BourdeautFinitude, 2016sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur Mr Bojangles de Nina simone. leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Melle superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.un jour pourtant elle va trop loin. et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue coûte que coûte. l’amour n’a jamais si bien porté son nom.qu’ajouter à ce commentaire parfait en quatrième de couverture ? assurément revenir sur l’illustration de la première de couverture, très dansante, virevoltante, érotique. Pour ces deux êtres emportés par la passion, le monde n’existe plus, leurs corps étant à l’unisson d’une musique que l’on imagine très « tango- tango », mi-Carlos Gardel, mi-astor Piazzola. Plane en contrechamp, la voix bouleversante de Nina simone : « s’il vous plaît, Mr Bojangles ! revenez et dansez, dansez, dansez, s’il vous plaît dansez ! »assurément, ce livre est un petit bijou d’invention poétique dans la continuité des textes de Boris vian. ouvrez vos oreilles tout simplement !

Profession du pèreSorj ChalandonGrasset, 2015« Nous n’étions que nous, ma mère et moi. lorsque le cercueil de mon père est entré dans la pièce, posé sur un chariot, j’ai pensé à une desserte de restaurant. les croque-morts étaient trois. visages gris, vestes noires, cravates mal nouées, pantalons trop courts, chaussettes blanches et chaussures molles. Ni dignes, ni graves, ils ne savaient que faire de leur regard, de leurs mains. J’ai chassé un sourire. Mon père allait être congédié par des videurs de boîte de nuit. »humour très noir comme un vomissement, pour laisser éclater la révolte trop longtemps contenue, la souffrance de l’enfant-jouet d’un père tout-puissant, pervers jusqu’à la moelle. violence physique, violences psychiques à l’infini… Paradoxalement l’adolescent admire ce père dont il croit pouvoir se faire aimer en devançant les exigences de son bourreau... jusqu’à presque commettre l’irréparable. silence de la mère : (peur ou consentement) … ? Ce qui conforte le huis clos où la famille est enfermée, ficelée par la folie démoniaque du père.sorj Chalandon a su capter et transcrire pudiquement toute la subtilité des sentiments de l’adolescent qu’il fût avec une grande virtuosité littéraire.

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De quelques amoureux des livres etc…Philippe ClaudelFinitude, 2015le titre est tellement à rallonge (une page) que le lecteur doit tout lire, et surtout ne pas faire le tri. les chapitres passent et ne se ressemblent pas. Biographies fictives de plusieurs de ces anonymes amoureux fous de littérature, morts en avalant leurs histoires ou en les inventant. le tout étayé d’anecdotes dans un florilège où se côtoient drames, fantaisie, inventions littéraires cocasses, tristes. il y en a pour tous les goûts.& tous ces écrivains, ratés ambitieux, dépressifs dont les histoires sont impossibles à situer tant la diversité des portraits est anachronique. singularité des situations loufoques, désopilantes, extravagantes, voire sarcastiques, ironiques qui ne dépassent pas une ligne parfois, et qui ressuscitent les envies refoulées d’écrire un jour « le roman ».Peut-être l’aurez-vous deviné, tous les chapitres commencent par &… le premier et le dernier chapitre résument l’ensemble du livre. amusez-vous sans retenue !

D’après une histoire vraieDelphine de ViganLattès, 2015tout simplement brillantissime : une atmosphère oppressante, une intrigue envoûtante, un rythme effréné... le lecteur est totalement happé dès les premières pages. delphine se raconte : après son précédent roman très intimiste, elle peine à écrire quelque chose de nouveau. Plus les jours passent, plus elle sombre dans l’angoisse de la page blanche.en parallèle, elle rencontre l., une jeune femme qui va progressivement s’immiscer dans sa vie. Cette relation amicale devient très vite exclusive. Mais qui est réellement l. ? Pourquoi prend-elle possession de la vie de delphine ? quel est son but ?et le lecteur ne cesse de s’interroger : quelle est la part de fiction ? quelle est la part de réalité ? un vrai régal, un livre troublant jusqu’à la dernière page.

Le livre des BaltimoreJoël DickerDe Fallois, 2015Être happé par une écriture fraîche, ensoleillée, de la première à la dernière page ; quelque chose entre Les Trois Mousquetaires et Le club des cinq ! Car les aventures des membres de la famille Goldman sont palpitantes et fort bien troussées. une famille à deux branches : l’une richissime, les Baltimore, l’autre beaucoup plus banale, les Monclair. Marcus, le narrateur est le fils unique des Monclair. la différence de fortune n’empêche pas toute la famille de se retrouver chaque année pour « thanksgiving » et chaque été

en vacances dans la superbe villa des Baltimore où Marcus retrouve ses cousins hillel et Woody. les enfants sont soudés par une amitié fusionnelle dans leurs jeux, dans leurs amitiés… ou leurs détestations. une enfance américaine choyée. une enfance de « Bisounours ». Mais tout n’est pas aussi simple. Marcus, devenu adulte et écrivain à succès, questionne le passé. Car il y eut un « drame » dans la famille et c’est ce drame qui va tenir le lecteur en alerte. entre non-dits et quiproquos, rivalités amoureuses, argent, il y a de l’explosion dans l’air ! et au bout du compte le drame n’est pas celui que l’on attendait !« dans vingt ans, les gens ne liront plus. C’est comme ça. ils seront trop occupés à faire les zozos sur leurs téléphones portables ? vous savez, Goldman, l’édition c’est fini. les enfants de vos enfants regarderont les livres avec la même curiosité que nous regardons les hiéroglyphes des pharaons. ils vous diront : « Grand-Père, à quoi servaient les livres ? » et vous leur répondrez : « À rêver. ou à couper des arbres, je ne sais plus. »Maintenant rêvez !...

Le liseur du 6h27 Jean-Paul DidierlaurentAu diable Vauvert, 2014Certains livres ont la grâce dès la première page, et c’est vraiment une chance de lire Le liseur du 6h27. Guylain vignolles dont la contrepèterie « vilain Guignol » le poursuivra une bonne partie de sa vie, mène une vie terne dans son petit studio avec seul compagnon un poisson rouge qu’il prénomme « rouget de l’isle ». amoureux des livres, il travaille dans une usine où la Zestor broie du papier et notamment tous les invendus des maisons d’édition. il décrit la terrible machine avec une grande précision et l’on ressent avec lui toute l’horreur de la situation, lui qui aime tant les livres.de la Zestor s’échappent quelques pages qu’il cache à l’intérieur de sa combinaison de travail. Ces quelques pages prises au hasard, feront le bonheur des voyageurs du rer de 6h27. sollicité par deux passagères d’un certain âge, il ira lire dans une maison de retraite le samedi matin. seulement certaines pages très coquines rencontreront un grand succès parmi les pensionnaires. le passage est très drôle.Par hasard dans le rer, il trouve une clé usB et découvre le journal intime d’une mystérieuse « dame pipi » qui manie l’écriture aussi bien que la chasse d’eau. Ces observations délirantes, notées au jour le jour, nous offrent une grande partie d’anthologie de nos comportements. il part à la recherche de l’auteur aidé de son ami, un accidenté du travail, et il finit par découvrir la « dame ».livre rempli d’humanité grâce aux personnages cabossés par la vie mais qui espèrent toujours. Beaucoup de tendresse et d’humour, ce qui ne gâche rien. C’est un joli conte moderne plein de fantaisie.

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La guerre en faceMartha Gellhorn Belles lettres, 2015Née en 1908, à saint louis Mississipi, Martha Gellhorn fut une remarquable journaliste. Correspondante de guerre, elle couvrit chaque conflit qui éclata à travers le monde sur une période de soixante ans. de la guerre d’espagne à l’invasion américaine du Panama au milieu des années 1990, elle rendit compte avec une grande lucidité des affrontements entre les différents belligérants. elle regarda les guerres « de face » mais aussi « de dos », constatant les monstrueux dégâts (que l’on dit maintenant « collatéraux ») subits par les populations où qu’elles soient.Martha Gellhorn atteinte d’un cancer se suicida en 1998 à l’âge de quatre-vingt-dix ans.un livre d’une grande force littéraire et historique.

BaumesValentine Goby Actes Sud, 2014l’écriture douce et parfumée de valentine Goby nous fait pénétrer dans la ville de Grasse. envahie par des odeurs d’usine qui imprègnent son père lorsqu’il rentre à la maison, elle étouffe littéralement sous les émanations d’essences pures qui finissent par la rendre malade et qui posent une barrière entre son père et elle. ecriture saisissante qui pénètre le lecteur autant que le parfum avec beaucoup de délicatesse et de raffinement.L’Air du temps de Nina ricci est le seul qu’elle tolère, c’est celui de sa mère à laquelle elle est très attachée, son « corridor olfactif ». Pour échapper à ce monde de fragrances imposées, elle choisira à treize ans un parfum personnel « Paris » d’Yves saint laurent.« son père traque les plantes odoriférantes à travers le monde ». il lui fait découvrir des racines et des fleurs d’une rareté que seul un parfumeur très aguerri peut détecter. limpide et concise dans son récit au travers de la magie des pétales, on respire avec elle toutes les odeurs qui s’échappent lentement des boutons de roses qui s’ouvrent le matin au soleil, et autres essences qui serviront à la fabrication des parfums.elle nous emmène au travers de ses nombreux voyages dans des pays asiatiques dont l’air est saturé d’odeurs de fleurs qui exhalent de prodigieuses senteurs. Certaines plantes et racines, merveilleuses combinaisons, seront macérées de nombreuses années avant de terminer dans un flacon de marque prestigieuse.elle ira jusqu’à porter un parfum, Poème, que ne supporte pas son père afin de lui prouver son indépendance.

L’île des oubliésVictoria HislopLes Escales, 2015L’île des oubliés, c’est l’île de spinalonga, située au nord-est de la Crète. Cette île est connue pour avoir été une léproserie de 1903 à 1957, c’est à dire un refuge obligé rassemblant tous les lépreux vivant épars dans les diverses régions de la Crète. les malades y étaient envoyés pour être isolés de la population et éviter ainsi tout risque de contamination.Prisonniers sur cette île et coupés du monde, leurs conditions de vie étaient très difficiles. très courageux les lépreux améliorent pourtant leur quotidien : mise en service d’un système d’irrigation, développement de jardins et de vergers, d’élevages, de petits commerces...C’est dans ce cadre que victoria hislop déroule - sur trois générations - l’histoire d’une famille modeste touchée par la maladie.

BravoRégis Jauffret Seuil, 2015Ce livre est un tour de force et l’auteur possède les moyens de ses ambitions littéraires. humour très noir ! quatorze nouvelles où les rapports humains sont passés à la moulinette, comme un asthmatique recherche l’air pour respirer.l’écrivain ne s’embarrasse pas de détails sordides détournés pour évoquer la déchéance d’une certaine vieillesse, il enfonce le clou sur toute une galerie de portraits étonnamment forts d’hommes et de femmes. ecrire sur ces individus dénués de tout sentiment tient de l’exploit. et c’est là que tout le talent de Jauffret intervient. Petitesse des relations vis-à-vis de leurs enfants, humiliation de tout être qui les entoure, acuité malveillante, les varices ne sont pas que dans les jambes mais aussi dans le cerveau. Chacun décrit son monde grimaçant avec l’expérience de la vie qui précède la décrépitude. ils n’y vont pas avec le dos de la cuiller et l’étrange traversée à laquelle nous conduit Jauffret, nous interpelle. Ces « petits vieux », comme on les appelait autrefois, sont devenus féroces et leur attitude, leur hargne récurrente, ce concentré d’acide n’ont pour autre but que d’atteindre la jeunesse et par ce biais lui faire comprendre que si le monde ne change pas, leur enfants deviendront comme eux. ils souhaiteront leur mort pour hériter. seulement avec les progrès de la médecine, ils mourront beaucoup trop tard pour laisser derrière eux un quelconque pécule : la vieillesse aura tout pris.

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Enfants du diableLiliana Lazar Cadre Rouge, 2016Bucarest, fin des années 70. la politique démographique menée par Ceausescu interdit l’avortement et la contraception pour les femmes ayant moins de quatre enfants. elena, célibataire, sage-femme de métier rêve plus que tout de devenir mère. elle recueille illégalement un enfant abandonné et demande sa mutation à la campagne à Prigor pour travailler dans un orphelinat.À travers l’histoire d’elena et de son enfant, liliana lazar nous dépeint l’histoire de la roumanie sous Ceausescu : les conditions de vie de la population, l’accident de tchernobyl et l’enfer des orphelinats où sont recueillis les « enfants du diable », les enfants non désirés abandonnés par leurs géniteurs.un roman choc, bien documenté et une fin percutante.

Des mille et une façons de quitter la Moldavie Vladimir Lortchenkov Mirobole, 2014humour concis et très noir pour le premier livre de lorchenkov qui nous offre un portrait coloré et acerbe des Moldaves. dans ce tout petit pays situé entre la roumanie et l’ukraine, partagé entre l’ère soviétique et la modernité européenne, tout le monde rêve de jours meilleurs et tente de réaliser cette évasion coûte que coûte.dans le petit village de larga, chacun y va de son imagination pour atteindre l’eldorado italien. lortchenko nous offre une peinture au vitriol de ses compatriotes, personnages corrompus, politiques véreux. en europe aucun dirigeant n’invite le président moldave tant ils craignent qu’il demande l’asile politique. roman caricatural sans aucun doute, qui nous fait rire sans retenue, mais la satire qui en découle laisse un goût amer de burlesque et de tragi-comédie, comme cette équipe de curling qui se crée afin d’obtenir un visa pour les Jeux olympiques. les ventes d’organes, et toutes les combines nauséeuses qui s’installent autour, font beaucoup rire le lecteur, mais le contexte misérable fait prendre conscience que le marché juteux s’effectue sur de pauvre gens, qui n’ont plus que cela pour vivre (si on peut appeler vivre cette façon de voir les choses).rechercher où se trouve la Moldavie, appréhender son histoire, cet ensemble nous permet de mieux comprendre pourquoi l’auteur a voulu nous faire connaître son pays. Politiquement il n’est pas encore sorti de sa disparité culturelle, et cela ne fait que commencer.

Il faut tuer Lewis WinterMalcolm Mackay Liana Lévi, 2013Plongée dans le métier de tueur à gages. À nouveau, Mackay, d’un ton froid et distancié, nous entraîne minute par minute aux trousses de Calum Maclean, tueur à gages, un des meilleurs de la ville, successeur de Frank. l’exploit de Mackay est de ne rien nous cacher du crime en nous maintenant sur le fil du rasoir, en nous faisant participer à l’action de l’intérieur, en banalisant le métier de tueur et nous rendant compte des raisons de ses actes et de ses états d’âme, après tout, proches des nôtres.un ton, une personnalité, un nom : Malcolm Mackay, auteur écossais d’une trilogie qui se termine par le roman intitulé Ne reste que la violence, dans lequel Calum prend la décision de quitter « l’organisation ».

Villa des femmesCharif MajdalaniCadre rouge, 2015l’auteure part de l’histoire intime d’une grande famille de négociants en tissus, les hayeks, pour nous raconter l’histoire du liban de la fin des années 50 jusqu’en 1975. le narrateur, Noula, gardien et chauffeur des hayeks sera le témoin de la grandeur puis de la décadence de cette famille à la mort du patriarche. Même si la guerre sévit alors, les femmes de la maison décident de rester sur place livrées à leur sort au milieu des combats et vont, malgré des rancœurs familiales, revendiquer leurs droits avec force, intelligence et courage.

La terre qui pencheCarole MartinezGallimard, 2015Carole Martinez nous emmène avec son talent de conteuse, loin très loin dans cette « terre qui penche » au bas de laquelle coule la loue, rivière sensuelle avec toutes ses légendes. rebelle, ses flots tuent tout sur leur passage. l’histoire, pas toujours simple à comprendre se déroule au travers de deux âmes : celle de Blanche, petite fille rebelle, et celle de sa vieille âme six cents ans après. elle suit les petits pas de Blanche, enfant aux cheveux roux, rebelle, insoumise, qui voulait apprendre à lire et écrire, et ne savait tracer que le « B ». l’enfant vit au château de son père, entourée des bâtardes, dans une violence inouïe. À l’âge de douze ans, elle est promise à aymon, fils d’un riche seigneur. Mariage arrangé, avec ce très jeune garçon simple d’esprit qui vit dans les nuages et grimpe aux arbres. Blanche est toujours accompagnée de Bouc, mi-ogre, mi-animal grand prédateur d’enfants. dans les bois dansent des petites filles, celles de la cuisinière, mais ce ne sont que leurs fantômes. Bouc est passé par là.

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récit initiatique où l’héroïne galope sur son beau cheval. au Moyen age, le diable côtoie le merveilleux, car les croyances maléfiques de l’époque sont terribles. Même les animaux étaient condamnés au bûcher. le sort du cheval est lié à Blanche tout au long du livre.Maladies et combats se mêlent aux légendes, dérèglements climatiques, faim et peste dévastent tout. Blanche éprouvera une haine pour les hommes à l’exception d’éloi le charpentier.récit magique qui passe de l’enfance à l’adolescence avec beaucoup de violence.

Les gens dans l’enveloppe Isabelle Monnin Lattès, 2015isabelle Monnin achète une enveloppe remplie de photos d’inconnus habitant vers Clerval, dans un passé pas si lointain. l’auteure va reconstituer, d’après son imaginaire, la vie de ces personnages figés sur des polaroïds aux couleurs passées. elle leur donne vie et nous transmet, après bien des hésitations, l’histoire fictive. À nous lecteurs(trices) de la suivre dans les contrées lointaines de la famille inventée. imagination féconde de la part d’isabelle Monnin qui devine des drames à travers la tristesse des personnages. une petite fille qu’elle appelle laurence retient son attention car elle perçoit dans les clichés l’absence d’une mère. on suit de manière progressive l’imagination de l’auteure qui constitue la première partie du livre.la seconde partie est consacrée à la recherche des personnages réels, recherche faite à la façon d’une journaliste. on découvre alors avec étonnement et appréhension que fiction et réalité se confondent. après la découverte des vrais personnages que devons-nous ressentir ? un constat d’échec à vouloir trop rechercher le passé, ou se dire que finalement la vie est un roman. tout peut arriver à Clerval dans le doubs : la preuve en est donnée au travers de cette pépite documentaire-fiction. Conclusion très personnelle d’un auteur inconnu : « Faites la paix avec le passé pour vivre pleinement le présent ».

Le grand marinCatherine Poulain L’Olivier, 2016« … Je suis sortie sur le pont. le vent claque dans les câbles. la mer vient s’écraser sur le pont. l’odeur du grand large. humer l’air comme un cheval, jusqu’à l’étourdissement. le corps durci par le froid. la vague est en moi. J’ai retrouvé la cadence, le rythme des poussées profondes qui passent de la mer au bateau, du bateau vers moi. elles remontent dans mes jambes, roulent dans mes reins. l’amour peut-être. etre le cheval et celui qui le chevauche. la pêche va reprendre dès demain. dès demain… »lili a parcouru un long chemin pour atteindre cet ineffable moment de bonheur… embarquée, seule femme à bord du rebel, elle tient la dragée haute à ses compagnons d’équipage, de rudes marins boucanés par le froid et les embruns. elle en bave, lili, pour leur montrer qu’elle est à la hauteur. ils respectent leur « moineau », frêle gamine aux mains larges comme des battoirs, mais une fois à terre, elle trinque comme eux, qui « repeignent en rouge » le petit port de Kodiak (alaska), qui boivent et reboivent aussi bien qu’à amsterdam !il y a dans ce livre l’âpreté, la concision, le rythme rageur, la tendresse, la poésie de la chanson du grand Brel, pour le plus grand bonheur des amateurs de livres d’aventures. Ce livre est digne de figurer sur la liste des « ecrivains voyageurs »!

Mademoiselle solitudeBill PronziniDenoël, 2013Jim Messanger est un comptable à la vie sans beaucoup d’intérêt. il s’ennuie et son seul plaisir est de manger toujours dans le même restaurant. il remarque une jeune femme qui s’assied régulièrement à la même place et prend toujours le même menu. il tente d’engager la conversation mais reçoit une fin de non-recevoir sans appel. intrigué, il la suit, repère son adresse et lorsqu’il découvre son suicide, il décide de mener son enquête. il part à la recherche de la famille de la jeune femme. le seul élément qu’il découvre le mène aux abords du désert du Nevada où les habitants agriculteurs ou éleveurs de chevaux reçoivent les étrangers à coup de fusil. dans cette amérique rurale, Jim ira de surprise en surprise, avec une intrigue puissante, remplie d’humanisme, où le réel l’emporte toujours sur un lourd secret. tout s’emboîte, les histoires de famille se détricotent, et les femmes tiennent la dragée haute aux joueurs, buveurs de bière. dans la recherche de l’histoire de son inconnue, voyageant dans une atmosphère trouble, le lecteur le suit dans un dénouement où la tension va crescendo.Pour un roman policier, c’est une lecture douce, empreinte d’une certaine émotion, mais qui reste un thriller de haut vol. le secret qu’il finira par découvrir va faire de lui, le petit comptable sans ambition, un autre homme.

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Le chant de la Tamassee Ron RashSeuil, 2016lorsque ruth, la fille aînée est emportée dans les eaux de la tamassee, rivière qui longe une petite ville du même nom. son corps reste coincé dans un ressort hydraulique, empêchant les sauveteurs de la sortir de la rivière. l’évènement va entrainer questionnements et dilemmes dans la ville. en effet, la tamassee est une des rares rivières sauvages des etats-unis. de ce fait, elle est protégée par des lois fédérales qui interdisent toutes modifications des rives par l’homme. la famille Kowalsky demande pourtant la construction d’un barrage temporaire afin de récupérer le corps. Ce souhait va mettre à mal tous les habitants de la petite ville américaine, militants écologistes, politiques, journalistes et même nous, lecteurs : chacun doit faire face à un dilemme. Comment ignorer la douleur des parents ? Comment accepter de dénaturer un des rares sites encore sauvage ? difficile de rester insensible devant toutes ces questions.Nous suivons les débats à travers Maggie, photographe originaire de tamassee. Pour couvrir cet évènement, elle doit revenir dans sa ville de naissance, ville qu’elle a fuie à la fin de ses études. les débats autour de la tamassee vont doucement se cristalliser sur sa propre histoire. Le chant de la Tamassee est le second roman de l’américain ron rash, écrit en 2004. il aborde avec justesse les thèmes de la culpabilité, du deuil et du pardon.

Une terre d’ombre Ron RashSeuil, 2014dans les montagnes de Caroline du sud. un homme vient reconnaitre les lieux prévus pour la construction d’un barrage. loin de l’hostilité attendue, le vieil homme qu’il interroge répond : « Jamais vous ne pourrez engloutir ce vallon assez profondément… C’est un endroit où il n’arrive que des malheurs… ».et on entre dans le « film » : la vallée maudite encaissée entre deux falaises et noyée dans l’ombre… tout naturellement apparaissent les personnages : hank, revenu de la guerre une main amputée, laurel, sa sœur, affligée d’une tache de naissance qui fait d’elle une « sorcière » pour les villageois superstitieux et incultes des environs, Walter, l’étranger, le musicien, « la seule chance pour laurel d’avoir un peu de bonheur dans la vie… ».Mais si les duretés de la nature peuvent être surmontées avec beaucoup de courage, les séquelles de la guerre réveillent toutes les mesquineries humaines et rendent le drame final inévitable.

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Ron Rash, un auteur à découvrir sans plus attendre

Le monde à l’endroit Ron RashSeuil, 2012« travis tomba sur les pieds de marijuana en pêchant dans Caney Creek ». C’est au fond de cette vallée au pied des appalaches que la vie de ce garçon de dix-sept ans, rebelle et bravache, bascule. dans cette nature à la fois fraîche, sauvage et grandiose, pour sauver sa peau, travis va côtoyer des femmes et des hommes au passé violent autant que mystérieux. travis ne devra sa survie qu’à léonard, professeur radié de l’enseignement pour trucage aux examens. léonard, qui habite une vieille caravane au fond d’une clairière est un dealer et accessoirement un tireur d’élite redouté.homme fin et cultivé, il remarque l’intelligence vive de travis, le sort de son ignorance tout en le protégeant. travis peut passer ainsi du « monde à l’envers » au « monde à l’endroit », pour échapper enfin à la traque en filant vers le Nord.Ce n’est pas un polar mais une histoire très noire sur un fond lointain mais encore si proche de la Guerre de sécession.

Serena Ron RashLe Masque, 2011serena est une histoire ambitieuse décrivant l’amérique des campagnes en pleine crise économique des années 30. Pemberton est un riche exploitant forestier marié récemment à serena, une jeune femme aussi belle que mystérieuse. ils vont lutter pour préserver l’exploitation menacée par un projet de parc naturel. l’intérêt du roman réside surtout dans la puissance des personnages. Pemberton est implacable et ne songe qu’à s’enrichir, quant à serena, belle, intelligente, sans pitié, elle est capable d’une haine farouche pour arriver à ses fins.intrigue bien construite, descriptions jamais ennuyeuses, ce roman a du souffle et de la puissance. a découvrir absolument.