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56 NOMINÉS Graça Machel et Nelson Mandela sont mariés. Ils sont les meilleurs amis des enfants du Mozambique et d’Afrique du Sud. Quand c’est nécessaire, ils s’élèvent contre les violations des droits de l’enfant et tous les deux ont des organisations qui travaillent en faveur des droits de l’enfant et aident les enfants dans le besoin. Nelson Mandela G raça Machel n’a jamais connu son père. Il mourut trois semaines avant sa naissance et le deuxième nom de Graça est Despidida, qui veut dire « adieu » en portugais. La famille était déjà pauvre avant, mais après la mort de leur père, la mère de Graça est restée seule avec sept enfants à nourrir : Graça et ses six frères et sœurs. Avant sa mort, son père avait dit que l’enfant qui allait naître devait aller à l’école et à sept ans Graça entra en première à Inhambane. Son institutrice s’appelait Ruth et était une missionnaire américaine. Tous les enfants en avaient peur, ils n’osaient pas lui par- ler. Mais il y avait une excep- tion, la petite Graça ! Elle écrivit une lettre à l’institu- trice pour la remercier de tout ce qu’elle lui avait appris. – Nous n’en croyions pas nos yeux quand Graça s’est levée, a donné la lettre à l’ins- titutrice et lui a dit qu’elle l’aimait. Quel courage ! dit Robben Island Soweto Johannesburg PRETORIA Letabong Le Cap namibie botswana swaziland zimbabwe mozambique Océan Indien Atlantique Afrique du Sud lesotho Pourquoi Nelson Mandela a-t-il été nominé ? Nelson Mandela a été nominé au WCPRC 2005 (Le Prix des Enfants du Monde pour les Droits de l’Enfant) pour le combat de toute une vie afin de libérer les enfants d’Afrique du Sud de l’apartheid et pour son grand soutien aujourd’hui en faveur de leurs droits. Après 27 ans de prison, il est devenu le président de l’Afrique du Sud, le premier à être élu démocratiquement, dans un pays où les enfants de toutes les cou- leurs avaient, pour la première fois, les mêmes droits. Nelson continue à aider les enfants d’Afrique du Sud et à exiger qu’on respecte leurs droits. Il dirige son propre Fonds pour les enfants, le Nelson Mandela Children’s Fund, NMCF, qui assistent les enfants dont les parents sont morts du sida, les enfants des rues, les handicapés et les enfants pauvres. Quand il était président, il donnait la moitié de son salaire aux enfants pauvres et quand il a reçu le Prix Nobel de la paix, il a aussi donné une partie de la somme du prix aux enfants. Nelson ne souhai- te pas seulement que tous les enfants soient aimés, il veut aussi leur offrir un avenir meilleur. Pour cela il donne tout son soutien aux enfants pour qu’ils aient la possibilité de développer leurs talents.

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NOMINÉS

Graça Machel et Nelson Mandela sont mariés. Ils sont lesmeilleurs amis des enfants du Mozambique et d’Afrique

du Sud. Quand c’est nécessaire, ils s’élèvent contreles violations des droits de l’enfant et tous lesdeux ont des organisations qui travaillent enfaveur des droits de l’enfant et aident lesenfants dans le besoin.

Nelson Mandela

Graça Macheln’a jamaisconnu son

père. Il mourut troissemaines avant sanaissance et ledeuxième nom deGraça est Despidida,

qui veut dire « adieu» en portugais. Lafamille était déjà

pauvre avant, mais aprèsla mort de leur père, lamère de Graça est restée

seule avec sept enfants ànourrir : Graça et ses six

frères et sœurs. Avant sa mort, son père

avait dit que l’enfant qui

allait naître devait aller àl’école et à sept ans Graçaentra en première àInhambane. Son institutrices’appelait Ruth et était unemissionnaire américaine.Tous les enfants en avaientpeur, ils n’osaient pas lui par-ler. Mais il y avait une excep-tion, la petite Graça ! Elleécrivit une lettre à l’institu-trice pour la remercier detout ce qu’elle lui avaitappris.

– Nous n’en croyions pasnos yeux quand Graça s’estlevée, a donné la lettre à l’ins-titutrice et lui a dit qu’ellel’aimait. Quel courage ! dit

Robben Island

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Pourquoi Nelson Mandela a-t-il été nominé ?Nelson Mandela a été nominé au WCPRC 2005 (Le Prix des Enfants du Monde pourles Droits de l’Enfant) pour le combat de toute une vie afin de libérer les enfantsd’Afrique du Sud de l’apartheid et pour son grand soutien aujourd’hui en faveur deleurs droits. Après 27 ans de prison, il est devenu le président de l’Afrique du Sud, lepremier à être élu démocratiquement, dans un pays où les enfants de toutes les cou-leurs avaient, pour la première fois, les mêmes droits.

Nelson continue à aider les enfants d’Afrique du Sud et à exiger qu’on respecteleurs droits. Il dirige son propre Fonds pour les enfants, le Nelson Mandela Children’sFund, NMCF, qui assistent les enfants dont les parents sont morts du sida, lesenfants des rues, les handicapés et les enfants pauvres. Quand il était président, ildonnait la moitié de son salaire aux enfants pauvres et quand il a reçu le Prix Nobel dela paix, il a aussi donné une partie de la somme du prix aux enfants. Nelson ne souhai-te pas seulement que tous les enfants soient aimés, il veut aussi leur offrir un avenirmeilleur. Pour cela il donne tout son soutien aux enfants pour qu’ils aient la possibilitéde développer leurs talents.

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& Graça Machel

PHOTO: LOUISE GUBB

Florentina Litsur qui était dansla même classe que Graça.

Les droits des filles Graça reçut une bourse pourétudier à Maputo, la capita-le. Le dimanche elle allait àl’église et trouvait injuste queseuls les garçons aient ledroit d’être porte-parole dugroupe de jeunes de l’église.

– Elle se levait et exigeaitles mêmes droits pour lesfilles au beau milieu de l’égli-se. Personne jamais n’avaitosé faire une chose pareille,dit Manuel Fifteen.

Aujourd’hui les filles et lesgarçons ont les mêmes droitsau Mozambique. Et les fillespeuvent être porte-paroledans l’église ! Manuel penseque c’est l’œuvre de Graça.

Lors de son enfance leMozambique était une colo-nie portugaise et presquetous les Africains étaientpauvres. Ça aussi était injuste

aux yeux de Graça. C’estalors qu’elle se lança dansson combat pour la libéra-tion du pays. LesPortugais voulaientjeter Graça en pri-son et elle a dû fuiren Tanzanie.

Lors d’unemission dans lenord duMozambique,elle rencontraSamora Machel,qui était lechef deslibérateurs etils se marièrenten 1975, l’an-née même où leMozambiquedevint libre.

Les enfants de laguerre Samora devint prési-dent du Mozambiqueet Graça ministre de

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Pourquoi Graça Machel a-t-elle été nominée ?Graça Machel a été nominée au WCPRC 2005 (Le Prix des Enfants du Monde pour lesDroits de l’Enfant) pour son long et courageux combat en faveur des droits de l’enfant,principalement au Mozambique. Elle s’est battue pour le droit des filles à aller à l’école.Pendant qu’elle était ministre de l’éducation, le nombre d’élèves au Mozambique a aug-menté de 80%. Aujourd’hui 45% des élèves sont des filles, mais le but de Graça estqu’autant de filles que de garçons aillent à l’école. A la campagne, les filles doivent tra-vailler et sont mariées très tôt. C’est pour cela qu’un groupe de théâtre, créé par Graçaexplique aux parents l’importance d’envoyer les filles à l’école. Elle fait construire desécoles là où il n’y en a pas ou trop peu. Après les grandes inondations de l’année 2000,Graça et son organisation FDC ont acheté de nouveaux livres pour les élèves et beaucoupd’entre eux eurent même une nouvelle maison. Graça et la FDC se battent aussi contretoute forme de violence et agression à l’encontre des enfants. Graça a travaillé au niveau international en faveur des enfants pris dans la guerre et pour abolir le commerce d’enfants.

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➼ l’éducation. Beaucoup d’en-fants purent commencerl’école, mais une nouvelleguerre venait d’éclater.Samora mourut dans unmystérieux accident d’avionen 1986. Graça pense quec’était le régime de l’apar-theid en Afrique du Sud quiétait responsable de l’accident.

Quelques années plus tard,Graça accepta un travail àl’ONU pour pouvoir raconterau monde entier l’expériencedes enfants de la guerre. Ellevoulait surtout aider lesenfants soldats et les enfantsmutilés par les mines anti-personnel.

Même à l’ONU beaucouptrouvaient Graça courageu-se. Lorsqu’il s’agissait desdroits de l’enfant, il n’y avaitpersonne contre qui elle ne seserait pas battue ! Son travaildonna des résultats :Aussitôt la paix revenue auMozambique, l’ONU com-mença à déminer. A présentil n’y a presque plus de mineset il y a de moins en moinsd’enfants blessés.

Il y a dix ans Graça étaitl’une des personnes qui ontcréé l’organisation FDC auMozambique, qui entreautres, protège les enfantscontre les maladies mortelles.

– Nous achetons des vac-cins et faisons tout pour queles enfants ne meurent pas demaladies qui peuvent êtreévitées, dit-elle.

Graça aide aussi les enfantsqui n’ont pas les moyensd’aller à l’école.

– Je sais exactement ce quec’est. Quand j’étais petite j’étaisaussi pauvre qu’eux, dit Graça.

Bientôt, grâce à son action,la moitié des élèves auMozambique seront des filles.Avant, beaucoup de famillesn’avaient les moyens d’en-voyer à l’école que leurs gar-çons. Les filles devaient res-ter à la maison et travailler.

Son salaire aux enfantsGraça Machel s’est mariéeavec Nelson Mandela alorsque celui-ci avait 80 ans. Cefut un heureux mariage :tous les deux adorent lesenfants et se sont battus pourleurs droits la plus grandepartie de leur vie.

Nelson grandit dans lapauvreté. Son père mourut etil vécut chez son oncle quivoulait le marier avec unefille du village.

Mais Nelson ne voulaitpas. Il se sauva à Johannes-burg et ce fut là qu’il rencon-tra l’apartheid, qui veut direséparation. On séparait noirs

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PHOTO: LOUISE GUBB

et blancs et les noirs étaientmaltraités et discriminés.Nelson détestait les injusticeset ne pouvait pas accepterque des gens soient traitésdifféremment à cause de lacouleur de leur peau.

Il ne voulait pas que sesenfants – et tous les autresenfants en Afrique du Sud –soient obligés de vivre sousl’apartheid. Il dit qu’il étaitprêt à mourir pour assureraux enfants un avenirmeilleur. Son combat contrel’apartheid et pour une vie deliberté pour les enfantsd’Afrique du Sud lui valut 27ans de prison !

Nelson avait 72 ans quandil fut libéré. Malgré les mau-vais traitements qu’il avaitsubi, il refusa de se vengercontre ceux qui étaient res-ponsables de l’apartheid. Ilvoulait que noirs et blancsvivent en paix et qu’en-semble ils construisent unmeilleur avenir.

Notre plus grande richesse Quand en 1993 Nelson reçutle prix Nobel de la Paix, il dit :

– Les enfants d’Afrique duSud peuvent jouer ouverte-ment, sans être minés par lafaim ou les maladies ni cou-rir le risque de violences. Les

enfants sont notre plus gran-de richesse.

En 1994 Nelson Mandelafut élu président d’Afriquedu Sud et il fit abolir toutesles lois injustes. A présent ilest permis aux noirs et auxblancs d'être amis et d'avoirles mêmes droits.

Mais Nelson Mandelaveut toujours faire plus pourles enfants. Quand il étaitprésident, il donna la moitiéde son salaire aux enfantspauvres et quand il reçut leprix Nobel de la Paix, ilenvoya une partie du montantdu prix aux enfants des rues.

Aujourd’hui Nelson est

retraité et s’occupe de sonFond pour les enfants,Nelson Mandela Children’sFund, NMCF, qui aide lesenfants dont les parents sontmorts du sida, les enfants desrues, les enfants handicapéset les enfants pauvres.

Rencontrer des enfants etdes jeunes donne la force àNelson.

– Quand je suis avec desenfants et des jeunes pleinsd’énergie, je me sens rechar-gé comme une pile, dit-il. �

Lis la vie extraordinaire deNelson illustrée par la bandedessinée de la page 87.

PHOTO: GIACOMO PIROZZI / PICTURENET AFRICA

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« Graça Machel est la femme la pluscourageuse du monde. Elle n’a peurde personne et elle aide toujours lesenfants. Surtout ceux qui ont desproblèmes, comme les enfants desrues et les mères célibataires. J’ai ludans les journaux que Mandela estaussi généreux. Il a beaucoup aidél’Afrique du Sud. » Faustino Quissico, 10 ans, Maputo

Graça et M

« Mama Graça nous a montéle chemin. Elle est la preuveque les filles peuvent agirexactement comme les gar-çons. Je lui dois ce que je suisdevenue aujourd’hui. » Anabela Nkalinga, 14 ans,Chaukwe

« J’aime Mandela. Nousavons notre anniversaire lemême jour. Une fois je lui aienvoyé une carte d’anniver-saire et je lui ai demandé s’ilvoulait bien être mon autrepapa. »Kefiloe Oliphant, 10 ans, Soweto

« Mandela a montré que tout estpossible. Il a été prisonnier et il estdevenu président. Il a eu des pro-blèmes et il a trouvé une femmecharmante. C’est formidable queGraça Machel, sa nouvelle femme,l’ait rendu si heureux. »Ntando Mhlanga, 11 ans, Soweto

« Graça Machel aime vraiment lesenfants. Elle construit des écoles etles protège contre le sida. Elle estaussi très élégante. Une fois elle estvenue dans notre école. Elle était sigaie et elle dansait pendant que nouschantions. » Lina Massaveé, 13 ans, Changalane

Nous

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« Graça Machel aime les enfants et les enfants l’aiment. C’est bien qu’ellesoit mariée avec Nelson Mandela. Ils aident toujours ceux qui sont endifficulté. Maintenant ils peuventaussi s’entraider. » Ilda Rodrigues, 13 ans,, Maputo

« Quand Graça s’estmariée avec NelsonMandela en Afriquedu Sud, j’ai eu peurqu’elle ne revienneplus au Mozam-bique. Mais elle nenous a pas oubliés etelle revient toujourspour voir commentnous nous débrouil-lons. » Guida Coutinho, 14 ans,Chaukwe

Mandela

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« Nelson Mandela a un cœurd’or. Il aime les enfants han-dicapés et il a montré queles gens peuvent changer. Ila été 27 ans en prison, maisrefuse de se venger. Il veutla paix et démontrer que lesnoirs et les blancs peuventvivre ensemble. C’est mer-veilleux ! » Phumeza Qwasha, 14 ans, han-dicapée, Alexandra

« Pour moi Nelson Mandela est un héros. Il pense le meilleur desgens et il fait confiance aux enfants. Il sait que lesenfants ont du talent etqu’ils peuvent réussir si onleur donne leur chance.Nous avons de la chance de l’avoir. » Abae Selaocoe, 12 ans,Sebokeng

« Je souhaite bonne chance àMama Graça et à NelsonMandela. Ils ont aidé beau-coup d’enfants à aller à l’éco-le. Mama Graça est une vraiehéroïne. Elle répand la joieautour d'elle. » John Zacksom, 9 ans, Maputo

« Tout est fantastique avec Mandela.J’aimerais me réveiller un beau matinavec sa générosité. Je pourrais alorsrendre tout le monde heureux. Je suisvraiment fière de lui. Gabatshwane Gumede, 11 ans, Letabong

« Mandela s’est battu pour nos droitset a sauvé notre pays. Ce serait trèsdur pour nous aujourd’hui s’il nel’avait pas fait. Si je le rencontrais, jelui dirais : C’est chouette de te ren-contrer – et merci pour notre liberté ! » Zanele Gama, 12 ans, Soweto

« Graça Machel a encoura-gé les gens à s’améliorer.Dans notre village, il y a unhomme qui suit ses traces.Il va se procurer une téléet tout le monde pourra laregarder. » Leoildo Maeome, 14 ans,Chaukwe

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Lson amie. Quand sonmari n’est pas à la mai-

son. Leoa et son amie ontpeur de lui. Il se met très encolère quand elles parlentd’école. Son idée est que lesfilles doivent rester à la mai-

son et travailler. Le cauchemar de Leoa est

qu’on la marie de force. Ellene veut pas non plus arrêterl’école et aller travailler.Mais les parents de Leoasont pauvres et elle avaitpeur qu’ils acceptent la pro-

position de l’inconnu. Leoa priait et suppliait.

Elle a parlé à ses parents deson rêve d’aller au lycée et de

pouvoir trouver un travail.La mère de Leoa n’est jamaisallée à l’école et ne sait ni lireni écrire. Son père n’a faitque quelques années d'écolemais ils ont compris. Ils ontdit à l’inconnu que Leoa étaitbien trop jeune pour semarier.

Leoa a poussé un soupir desoulagement. Elle s’est sentielibre. Elle pouvait continuerà aller à l’école.

Chez Graça MachelLeoa vit à Metuge, un villagedans le nord duMozambique. Parce quebeaucoup de parents sontpauvres dans cette régionpresque aucune fille au-des-

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va à l’école de GrA échappé au mariage forcé

LeoaLeoa Abdul, 14Vit : Dans le village deMetuge, dans le nord duMozambique. A travaillé comme : Bonned’enfants quand j’avaissept ans, loin de chez moi. Tâches : Aller chercherl’eau, faire le ménage, lavaisselle, le petit-déjeuner,aller à l’école, travaillerdans les champs et fairemes devoirs. Le pire cauchemar : unmariage forcé. Appelle son école : GraçaMachel.Héroïne : Graça Machel.Hjältinna: Graça Machel.

Un soir, un homme s’est présenté à la mai-son de Leoa Abdul. Elle ne l’avait jamais vu

auparavant, mais elle savait exactement ce qu’ilvoulait. Deux ans plutôt, un autre inconnu s’étaitprésenté chez son amie et avait demandé s’il pou-vait l’épouser. Les parents de l’amie avaientaccepté et on l’a mariée contre sa volonté.

- C’était affreux. Elle n’avait que 12 ans.Maintenant elle a un enfant et n’a pas le droitd’aller à l’école à cause de son mari, raconte Leoa.

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Leoa a toujours beaucoup àfaire à la maison.

’après-midi, Leoa va voir

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sus de 12 ans n’allait à l’éco-le. Quand Graça Machel aappris cela, elle a décidé defait construire quatre nou-velles écoles. Comme ça per-sonne, n’aurait plus pu direque les locaux étaient troppetits et qu’il n’y avait placeque pour les garçons.

Graça Machel, elle-mêmea grandi dans une famillepauvre. Si on ne l’avait pasaidée, elle non plus n’auraitpu terminer l’école. Elle saitce que c’est que de se faire dusouci à l’idée qu’on l’oblige àse marier ou à travailler.C’est pour cette raison qu’el-le a si volontiers aidé Leoa etles autres filles de Metuge.

Mais les nouvelles écoles

ne suffisaient pas. Beaucoupde parents n’étaient pas per-suadés que les filles devaientaller à l’école. Alors Graça acréé un groupe de théâtre quijouait des pièces pour expli-quer l’importance, particu-lièrement pour les filles, d’al-ler à l’école.

Pour Juliana Adolfo, lameilleure amie de Leoa cela afait toute la différence. Elleavait rabâché à ses parentsqu’elle voulait commencerl’école, mais ils répondaientqu’ils n’avaient pas lesmoyens. Après avoir vu lapièce, ils ont changé d’avis. Etle rêve de Juliana s’est réalisé.

A présent Juliana et Leoavont à l’école ensemble,

chaque jour. Mais elles nedisent pas qu’elles vont àl’école. Elles disent qu’ellesvont chez Graça Machel.C’est ainsi qu’on appelle lesécoles de Metuge, bienqu’elles aient d’autres noms.

Ça faisait malIl en a fallu de peu queLeoa n’aille jamaisà l'école. Elle a commencéà travaillerà sept anscommebonned’enfantsdans unefamille àPemba, une ville

située aussi dans le nord duMozambique où on parlemacua, la langue de Leoa. Et quand la famille s’esttransférée à Maputo ils ontemmené Leoa.

Leoa était inconsolable.La famille habitait une gran-de maison avec beaucoupd’autres enfants. Mais

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GraçaIl y a dix ans, seul un petit nombre de filles allaient à l’école à Metuge. Si tu avais jetéun coup d’œil dans une classe moyenne, tu aurais probablement vu 40 élèves : 30 gar-çons et 10 filles. Seulement la moitié d’entre elles, c’est-à-dire, cinq filles, terminaientl’école primaire.

Si tu regardais aujourd’hui dans la même classe, tu verrais à peu près 23 garçons et17 filles.

Regarde toutes ces filles !

Leoa et sa meilleure amie Julianasur le chemin de l’école.

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personne ne parlait macua etLeoa ne comprenait pas unmot de ce qui se disait.

– Le pire c’était que j’étais laseule à ne pas aller à l’école.Les autres se moquaient demoi et moi je trouvais quec’était tellement beau et distingué quand ils parlaientportugais. Ils l’avaient

appris à l’école, raconte Leoa.Leoa ne faisait que pleurer

et se souvient que ça faisaittellement mal de voir lesautres partir en courant pourl’école avec leurs livres sousle bras. Elle a demandé à lafemme pour laquelle elle tra-vaillait si elle pouvait, elleaussi aller à l’école. « Tu es

ici pour garder les enfants,pas pour lire des livres », arépondu la femme.

Quand les parents de Leoaont su que la famille s’étaittransférée à Maputo etavaient emmené Leoa, ilsl’ont fait revenir à Metuge.La mère de Leoa a dit qu’ellepourrait apprendre à lire et à

écrire. Jamais Leoa n’a étéaussi heureuse !

– Le premier jour d’école,je me suis réveillée bien avantle lever du soleil. Quandmaman et papa se sont levés,j’étais déjà debout, touthabillée, près de la porte àattendre avec un livre sous lebras, dit-elle en riant.

Graça résout leproblèmedes devoirsDe nombreuses filles au

Mozambique travaillentvraiment beaucoup. Leoa selève à cinq heures du matinet va chercher l’eau. Puis ellenettoie la maison, lave la vais-selle du jour et s’il y a desprovisions, elle prépare lepetit-déjeuner pour toute lafamille. Après cela, elle fait satoilette et va à l’école. C’estassez loin, une heure au moins.Qui plus est, Leoa doit trou-ver le temps pour aider samère aux champs et pour sesdevoirs. Les garçons ne doi-vent rien faire à la maison.

– Après l’école, ils font cequ’ils veulent. Le plus souvent,ils jouent au foot, dit Leoa.

Parfois les filles travaillenttant qu’elles n’ont pas letemps pour leurs devoirs.Aussitôt qu’elles sont à lamaison, elles doivent faireplein de choses. Quand fina-lement elles ont le temps pourfaire les devoirs, elles sont sifatiguées que souvent elless’endorment sur les livres.

C’est Graça Machel qui arésolu ce problème. Elle acréé une activité après-écoleoù les filles se rassemblentpour faire leurs devoirs etsuivre divers cours. Leona etJuliana à présent, jouent aufoot et font du théâtre.

Leoa Abdul à propos de Graça Machel :« Graça Machel est mon héroïne. Elle s’intéresseà nous les filles et vient voir comment ça va àl’école. Elle fait vraiment du bon travail – et j’es-père qu’elle continuera. Le mieux c’est qu’ellearrive à expliquer aux gens pourquoi il estimportant que les filles aillent àl’école. Sans elle, je ne pourraispeut-être même pas écriremon nom. »

Leoa Abdul, qui a travaillécomme bonne d’enfants, loin de chez elle, quand elle avait sept ans.

Leoa et sa petite sœur Gilda, 12 ans, aident grand-mère à éplucher le manioc pour le repas du soir.

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A écrit un poèmeAujourd’hui Leoa et sonamie Juliana ont 16 ans etparlent déjà couramment leportugais. C’est aussi beauet élégant que les enfants deMaputo ! Leoa empruntedes livres de poèmes à labibliothèque et il y a deuxsemaines, elle a écrit son

premier poème – en portu-gais ! Ça parle de l’école etd’enfants heureux. CarLeoa pense qu’il n’y a pasde plus beau son au mondeque le rire de ses camarades.

Mais Leoa ne croit pasqu’elle sera poète. Elle n’estpas sûre qu’on puisse envivre. Elle veut un travail où

l’on gagne bien. Elle aime-rait être technicienne. Passeulement pour pouvoiraider sa famille, mais égale-ment parce qu’elle ne veut

Un arbreplein de bras Dans le village de Leoa il y ad’énormes baobabs. Ils peu-vent vivre plus de mille ans.Certains disent que les bao-babs sont magiques et quedes esprits vivent dans leurstroncs. C’est pourquoi il nefaut jamais abattre un bao-bab ni même casser une deses branches.

Il y a un baobab près de lamaison de Leoa. Il est si vieuxque Leoa se dit qu’il a dû voirbien des choses. Toutes lesréunions importantes du villa-ge se tiennent sous lesbranches de l’arbre. Carl’arbre se rappellera peut-être de ce qui s’est dit et per-sonne au village ne pourras’en moquer.

Combien pourenlacer l’arbre ?Gagne le T-shirt du prix !Parfois Leoa et ses copainsveulent seulement jouersous l’arbre. Devine com-bien de copains il faut pourentourer l’épais tronc dubaobab avec les bras ?

Parmi les réponsesjustes, on tirera au sort100 T-shirts.

Réponds à l’aide du formulaire que tu trouve-ras sur www.childrensworld.org [email protected],fax +46 159 108 60 ouBarnens Värld, Box 150,647 24 Mariefred, Suède.Indique ton nom, tonadresse et ton âge.

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Il a fallu plusieurs heures àSifa Made et Rosinha José,

12 ans toutes les deux, pourfaire leurs masques faciaux.

D’abord elles ont cherchéun bon arbre musiro. Ensuite,

elles en ont arraché unebranche épaisse qu’elles ontmoulue jusqu’à en faire unepoudre fine. Pour finir, ellesont mélangé la poudre à l’eauet se sont passé la crèmeainsi obtenue, sur le visage. Il faut la garder ainsi au moinsdeux jours. Embêtant ! Maisquand les filles se l’enlèventen se rinçant le visage, elles

auront la peau la plus doucequ’on puisse s’imaginer.

Ça épate tout le monde, saufune personne : le directeurCarlos Nampava. Ces crèmesle préoccupent. Surtout siles filles se badigeonnent lecorps avec le musiro. C’est lesigne qu’elles ont grandi etqu’on peut les marier.

Pour le directeur

qu’est Carlos, cela signifiequ’une fille de plus ne termi-nera jamais l’école. Pas éton-nant dès lors qu’il n’aime pasces crèmes !

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Pas de biseau directeur

➼ être à la charge de personne.Pour se marier avec celuiqu’on a choisi, il faut êtreindépendante et avoir del’argent à soi.

– Je veux me marier avecun homme gentil et que j’ai-me, pas avec quelqu’un quipasse devant notre porte, ditLeoa.

Mais avant tout, elle finiral’école. A Metuge il n’y a pasde lycée. Après la septième,on doit aller en ville. La

famille de Leoa n’en a pas lesmoyens, mais chaque annéel’organisation de Graça laFDC distribue sept boursesaux élèves de septième, lesplus méritantes.

Leoa pense pouvoir décro-cher une de ces bourses. Elletravaille dur et parfois, lanuit quand les autres dor-ment, elle étudie. Pour êtretout à fait sûre que rien ne luia échappé. Elle se lève tousles matins à cinq heures pour

aller à l’école ou à GraçaMachel, comme Leoa et sesamies appellent leur école. �

Pendant deux jours Sifa et Rosinha se promènent avec la crème de musiro sur le visage pour avoir une peau belle et lisse.

Le bois de musiro moulu est bon pour la peau.

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J’espère que Graça viendra !José Louis Bila a onze ans et il vit depuislongtemps dans les rues de Maputo. Il ne sesouvient pas combien d’années se sont pas-sées depuis qu’il s’est sauvé de la maison. Tout a commencé par le divorce de ses parents etle remariage de son père.

– Ma belle-mère ne m’aimait pas. Elle me battaitpresque tous les jours, raconte José.

Après un temps dans la rue, José a été reçu dansun centre pour enfants des rues. Mais c’était pireencore. On le battait encore plus et il s’est sauvé.Ses amis savent très bien de quoi il parle. Euxaussi se sont sauvés de leur centre.

A présent, six enfants vivent au pied d’un mur, le long d’une des rues de Maputo où la circulationest la plus forte. José a entendu parler de GraçaMachel et de sa gentillesse envers les enfants.

– Mon rêve est qu’elle passe par ici. Elle m’aide-rait sûrement, dit José.

Fernando, José Louis et Alice sont troisenfants qui ont été battus et victimesd’abus. Graça Machel et son organisationFDC protestent avec force contre la vio-lence et les abus dont les enfants sont vic-times et se battent pour y mettre fin.

Une fois mon profs’est tellement mis encolère qu’il a pris un

bâton et m’a frappé sur lesmains, raconte FernandoMachiane, 13 ans et qui vità Maputo.

Fernando avait bavardéavait son voisin de banc et leprof était furieux. Il frappaitet frappait. A la fin il a man-qué son coup et m’a frappésur le bras. Ça a fait trèsmal. Fernando ne pouvaitplus bouger son bras droitet on l’a transporté à l’hôpital.

Un médecin a examinéson bras et a constaté qu’il

était cassé. Quand il estrevenu à l’école avec le brasdans le plâtre, le professeurlui a demandé pardon. Iln’avait pas voulu frapperaussi fort, dit-il. MaisFernando a encore peur delui et il n’a qu’une envie,c’est de quitter l’école.

Les copains de Fernando,Helder, Rafael et Ernesto,qui sont en classe parallèle,ont pitié de Fernando. Leurmaîtresse ne les bat pas. Ellese contente de crier, les ren-voie de la classe et les laisse.Les garçons préfèrent ça.

Mais chez eux les quatregarçons sont battus. Il suffit

qu’ils oublient quelquechose, comme faire la vais-selle ou qu’ils cassentquelque chose.

– C’est bête. Les adultesdevraient simplement nousdire quand nous faisons unefaute. Il n’est pas nécessairede nous battre pour nous lefaire comprendre, ditFernando et tous sont d’ac-cord avec lui.

Ils aimeraient que tous lesprofs respectent sérieuse-ment la loi contre les châti-ments corporels et ils aime-raient qu’il y ait une loiinterdisant aux parents debattre leurs enfants. �

La mère d’Alice a un petit res-taurant à Maputo. Tous lesaprès-midi un homme venaitmanger chez elle. Alice le trou-vait gentil. Il prenait toujours letemps de lui parler. Parfois il l’ai-dait à faire ses devoirs.

Alors Alice n’a pas trouvéétrange qu’il lui demande d’allerfaire une promenade avec lui.Mais l’homme avait une horriblearrière-pensée. Il a enlevé Aliceet l’a emmenée à Johannesburg,en Afrique du Sud. Là-bas elle atravaillé comme esclave et a étévendue à d’autres hommes.

La mère d’Alice était folle d’in-quiétude. Elle est allée au bureaude Graça pour lui demander del’aider. Graça a téléphoné à lapolice et leur a dit qu’ilsdevaient intervenir. Trois moisaprès, l’homme est revenu àMaputo avec l’intention d’enle-

ver d’autres filles.Mais la police étaitprête. L’homme a été arrê-té et a été condam-

né à la prison – etAlice est retour-née à la maison,chez sa mère.

Graça a contribué à sauver Alice

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Le prof a cassé lebras de Fernando

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Gildo ZefaniasChichongue, 14 ans,se réveille en sursaut.

C’est l’eau se dit-il. L’eauarrive ! Mais le plancher esttout sec. Gildo se redressesur le lit et pousse un grandsoupir. Presque chaque nuit,le même cauchemar, bienqu’il y ait déjà cinq ans queson village a été inondé.

En février 2000, il a plupresque tous les jours auMozambique. Le résultatc’est que le fleuve a débordé.En même temps le cyclonedes tropiques, Eline, quivenait de l’Océan Indien, sepréparait à déferler sur lepays. Très vite dans le villagede Chaukwe, la maison etl’école de Gildo, ont étéinondées.

– L’eau est arrivée si vite.Nous n’avons rien puemporter. Tour le monde aété pris de panique, raconteGildo.

Gildo et sa famille n’ont

pas eu de place dansles voitures quiévacuaient lesgens du villa-ge.

Ils durentmarcherdans l’eaujusqu’ausommetd’une collineà 25 km duvillage. Là-hautl’eau n’était pasarrivée.

– Nous sommes restés surla colline un mois avantd’oser revenir au village, ditGildo.

L’eau s’était retirée – etpresque tout avec. Lesmasses d’eau avaient toutdétruit. L’école, qui étaitvieille et délabrée, s’étaitécroulée et le directeur a ditque les enfants devraient res-ter chez eux.

Très embêtant se disaitGildo. Ce qu’il regrettait le

plus, c’était que ses livresavaient été détruits.

– Tout était sens dessusdessous et j’avais peur de neplus pouvoir retourner àl’école, dit-il

Mais l’histoire de Gildoeut une fin heureuse : l’orga-nisation de Graça Machel

construisit de nouvellesécoles à Chaukwe, elle offritaux enfants de nouveauxlivres et une bibliothèque.

Gildo est d’accord. La ter-rible inondation a vraimenteu une fin heureuse. �

L’inondation a tout détruit

Quand l’eau s’est engouffrée àChaukwe, Carlito Sitoi, 13 ans,

était seul à la maison. C’était si affreuxqu’il préfère ne pas en parler. Parchance, il fut sauvé par un voisin quivint le chercher avec un camion.Carlito fit le voyage sur la plateforme.

– J’étais tellement inquiet pour mesfrères et pour ma mère. Beaucoup

n’ont pas eu le temps de se sauver etse sont noyés, dit-il.

Mais la famille de Carlito s’en esttirée. Carlito était heureux et malheu-reux tout à la fois. Tous ceux de safamille étaient saufs, mais leur maisonavait été emportée par le courant.

Ils n’avaient pas les moyens deconstruire une nouvelle maison et

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L’école de Gildo est une des quatre écoles que Graça Machela fait construire à Chaukwe après l’inondation.

Carlito tisse un tapis pour sanouvelle maison.

Merci pour la maison !

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Il n’y a pas si longtemps,Changelane était un villa-ge fantôme. Personne n’y

habitait et la terre avaitséché. Mais il n’en n’avaitpas toujours été ainsi. C’étaitla guerre qui avait obligé lesgens à fuir le village et lesdégats dans l’environnementqui avaient changé le climat.Quand la sécheresse fut tropgrande pour la culture, les

habitants abattirent les arbreset en firent du bois de chauf-fage qu’il vendirent en ville.Il ne resta plus que le sable.

Quand Salvador RaulBasket, 13 ans est né, la guerreau Mozambique était sur lepoint de se terminer. Sesparents s’étaient cachés dansles montagnes et ils décidèrentde retourner au village. Ilsétaient inquiets. Tous les arbresavaient été abattus et la terreétait trop pauvre pour pou-voir être cultivée. Comment

allaient-ils survivre ?– Il n’y a qu’une personne

à qui on peut toujours faireconfiance, dit Salvador etc’est Graça Machel. Elle étaitla seule à pouvoir nous aider.

Mama Graça, comme l’ap-pellent les enfants deChangelane, fit planter denouveaux arbres dans le vil-lage ainsi qu’une ferme pourl’élevage de poulets où lesparents pouvaient travailler.Quand les autres réfugiés ontappris cela, ils voulurentaussi revenir.

Il n’y avait qu’un problème :l’école était trop petite. Uneseule classe aurait dû conte-nir 663 élèves. Impossible.Les plus petits durent aller àl’école dans un autre village.

Mais elle se trouvait à 14 kmet les enfants ne rentraientpas avant dix heures du soir.Ceux qui ne pouvaient y aller,devaient rester à la maison.

Une fois de plus MamaGraça vint au secours desenfants en faisant construirecinq nouvelles écoles pourSalvador et ses camarades. �

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Carlito dut vivre sous unepetite tente construite avecdes bouts de bois et de sacsen plastique. Il y resta jus-qu’au printemps dernierquand Graça Machel fitconstruire 206 maisons pourles familles les plus pauvres.

Carlito et sa mère eurentune maison de deux pièces.Puisque ces frères aînés ontdéjà quitté la maison, Carlitoa maintenant sa chambre.

– Nous sommes très heu-reux, dit sa mère en embras-sant Carlito, qui est en trainde tisser un tapis pour sanouvelle chambre.

«On fait confianceà maman Graça ! »

Salvador Raul Basket.

Les maisons que Graça a faitconstruire pour ceux dont lamaison a été détruite par lesinondations.

Prêt à lancer le ballon faitmaison !

Rencontre ! La cour d’écoled’une des cinq écoles que GraçaMachel a fait construire pour lesenfants de Changelane.

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Le plus beau cadLIBERTE ET E

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Je m’appelle Peliswa Gzaza etj’ai 12 ans. J’habite à Khayelit-sha, à la périphérie de la Villedu Cap en Afrique du Sud.

Ma mère dit qu’aujourd’huile VIH/Sida est comme unnouvel apartheid. Au début,je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire, alors je lui ai demandé ainsi qu'àGogo (ma grand-mère) dem’expliquer ce qu’était l’apartheid. C’est une longuehistoire. Vous savez, dans mavie il n’y a pas d’apartheid etil n’y a rien que je n’aie pas ledroit de faire simplementparce que je suis noire.

L’HISTOIRE DE GRAND-MÈREMa Gogo dit qu’elle est arrivéeà la ville du Cap il y a trèslongtemps. Elle venait deTranskei, sa ‘patrie’ pauvre,comme le régime de l’apar-

theid appelait la région où onobligeait les noirs à vivre. Ence temps-là, tous les noirsdevaient avoir un passeportpour quitter la ‘patrie’. Lepasseport leur permettait deséjourner dans la région réser-vée aux blancs. Ma Gogon’avait pas de passeport, maisun jour, elle a quand mêmepris le bus pour la Ville duCap et a trouvé du travailchez une femme blanche.Voici ce qu’elle raconte :

‘Chaque matin, à sixheures, je partais du bidonvil-le où je vivais, car après huitheures, ils contrôlaient tousles passeports dans les auto-bus. Si tu n’avais pas de passe-port, ils te battaient et t’em-prisonnaient. Puis ils te rame-naient à Transkei pour t’ylaisser mourir de faim.

Les week-ends je ne sortaisjamais par peur d’être arrêtée.

Comme un chien Un jour j’ai vu par la fenêtrel’inspecteur des passeportsqui passait dans la rue. Ilallait de maison en maison etcontrôlait les passeports desbonnes. J’ai téléphoné àMadame, la femme pourlaquelle je travaillais. Elle m’adit de me cacher dans un pla-card jusqu’à ce qu’elle rentre.Puis elle est arrivée et je l’ai

Racisme légalLe racisme a existé et existedans le monde entier. Mais au cours du XX siècle il étaitplus important en Afrique duSud que partout ailleurs. Le racisme commença tôt en Afrique du Sud, mais en 1948 il fut légalisé et fut appelé apartheid.

L'apartheidApartheid signifie « séparation » en afrikaans.Noirs et blancs devaientvivre séparés. L'apartheidétait un racisme légal et le gouvernement, les lois et les tribunaux le soutenaient.

Le plus beau cadeau de Nelson Mandela auxenfants d'Afrique du Sud est son long combatpour leur liberté et pour l'égalité des droits.Combat qui lui a valu 27 ans de prison.

L'histoire de Peliswa témoigne de ce quec'était avant, quand sévissait l'apartheid enAfrique du Sud et que les enfants noirs étaientmaltraités, allaient dans des écoles moinsbonnes et étaient séparés de leurs parents.

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Unions interditesNoirs et blancs n’avaient pas le droit de se marier entre eux. Si un enfant naissait d'une unionmixte, l’enfant était appelé « decouleur » et il devait vivre avec le parent noir. Si la police découvrait que les parents vivaient ensemble, ils étaientjugés et parfois emprisonnés.

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adeau de Mandela aux enfantsEGALITE DES DROITS

Mauvaises écoles pour les noirsLes écoles des quartiers « noirs » étaient très pauvres.

Les enfants s'entassaient sur les bancs et il y avaitsouvent 60 enfants dans la même classe ou à l'exté-

rieur, sous un arbre. Les enfants noirs n'étaient pasacceptés dans les écoles des blancs. Les écoles pour

noirs étaient mal équipées et l'enseignement consistait à les préparer à devenir des travailleurs au service desblancs. En 1975 le gouvernement a investi 42 rands pour l'instruction de chaque enfant noir, mais 15 foisautant, 664 rands, pour l'instruction de chaque enfant blanc.

entendue dire à l’inspecteurqu’il n’y avait qu’un chien à lamaison.

Voilà, comment c’était en cetemps-là. Nous, les bonnesnoires, nous étions les chiensdes blancs. Nous portionsleurs enfants sur nos dos etnous les élevions, alors quenos propres enfants devaientrester à la ‘patrie.’’

L’HISTOIRE DE MAMAN Ma mère a grandi à Transkeichez la mère de Gogo, monarrière-grand-mère. La mèrede Gogo est morte alors queGogo travaillait pour lesnoirs. Alors ma mère est alléevivre chez des voisins àTranskei. Elle ne rencontraitGogo qu’à Noël. Et Gogo luiapportait les vieux vêtementsdes enfants des blancs.

Voici l’histoire de ma mère

et comment elle vivait quandelle était petite à Transkei :

‘J’avais toujours été prochede ma mère, comme toi et moisommes proches l’une del’autre. Elle me manquait etquand ma propre Gogo estmorte, je me suis sentie orphe-line. Je savais que ma mères’occupait des enfants blancstrès loin. Quand j’ai eu 11 anselle est venue me chercher etdepuis j’ai vécu avec elle, dansle bidonville.

Un jour je suis allée avecmaman à son travail pour l’aider à nettoyer l’argenteriede Madame. Quand noussommes arrivées à Mowbray,la gare des trains chez lesblancs, j’ai vupartout des écri-teaux quidisaient‘Pour

blancs seulement’. Il y enavait sur les autobus, lesportes, les magasins, lesbanques, partout quoi. Jetrouvais ça bizarre que lesblancs ne veuillent pas quenous nous asseyions sur leursbancs. Maman m’a dit qu’ilne fallait pas refuser de seplier à ces interdictions, sinonla police et les autres blancsnous battraient. Maman m’ainterdit aussi de boire dans lestasses à la cuisine de Madame.Elle disait que sinon on lamettrait à la porte. Je buvaisalors dans un pot de confitureque maman m’avait lavé.

Adolescente en colère C’est à cette époque que

ma mère a entenduparler de Nelson

Mandela pour lapremière fois.

Ce garçon devait travailler dur aux champs où les noirs étaient obligés de vivre.Mais il ne pouvait aller librement dans les régions réservées au blancs.

Ma Gogo

Somlayi

Ma maman,Nomonde

Maisons illégalesL'Afrique du Sud fut partagée en quartiersnoirs et quartiers blancs. Des millions d'enfants furent obligés de quitter leur maisonavec leur famille parce qu'ils habitaient dansun quartier « blanc » et de s'installer dans unquartier « noir » où il n'y avait pas de travail. Les parents durent confier leurs enfants à leurfamille et aller chercher du travail très loin, dansles maisons des blancs, à la campagne ou enfabrique. Beaucoup d'enfants noirs ne voyaientleurs parents qu'à Noël.

Mon cousinBabalwa

C'est moi, Pelizwa

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Elle a vu une photo qui mon-trait des hommes noirs quifuyaient d’une baraque demineurs. Gogo m’a expliquéque la police était allée lesbattre parce qu’ils avaientprotesté contre les lois del’apartheid sur le passeport.

Les hommes se sau-vaient en sautant

par les fenêtres.Gogo m’a ditque mon grand-

père tra-vaillait

dans la mine et que c’étaitpour ça qu’on ne le voyaitjamais. Ces baraques demineurs c’était comme desprisons pour esclaves. Gogom’a dit aussi que Mandelaétait le président de l’organi-

sation anti-apartheid qui dirigeait les manifestants.

Ma mère m’a expliquéqu’au cours de son enfance,elle a souffert de toutes leshorreurs que l’apartheid acommises envers les enfants.Arrivée à l’adolescence, elleavait en elle une grande colè-re. En 1976 elle a manifestéavec des milliers d’autresenfants contre la mauvaisequalité de l’enseignement pourles noirs. Leurs écoles étaienttrès pauvres et surpeuplées

Enfants au travailDes milliers d’enfants travaillaient dans les fermes et les fabriquesdes blancs. Ils étaientmal nourris, mal payés et ils n'allaient jamais àl'école.

Le passeport ou la prisonQuand les parents des enfantstravaillaient dans les quartiersblancs ils devaient avoir un passeport dans leur proprepays. On les appelait dompas, « passeport stupide. » Si on lessurprenait sans passeport, ilsfinissaient en prison ou on lesrenvoyait dans leur quartier « noir» et ils perdaient leur travail.

Il y avait une grande pauvreté dans les régions "pour les noirs", tandis que dans celles réservées auxblancs, les maisons avaient l'eau courante et des toilettes, il y avait des voitures et de bons moyensde transport, suffisamment de produits alimentaires et autres, de bonnes écoles et des places de jeu.

Nelson Mandela montre son “passeport”. Les noirsd’Afrique du Sud devaientavoir un “passeport” s'ils setrouvaient dans un quartierblanc.

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d’enfants qui étaient obligésde suivre les cours en afri-kaans, la langue des blancs.

‘Nous avons fabriqué desbombes à l’essence’ meraconte maman. ‘Nous étionstellement en colère, que nousavons décidé de nous battreavec tout ce que nous avions,pour en finir avec l’apartheid.Tôt le matin, le 16 juin 1976mes amis et moi avons fabri-qué des bombes derrièrenotre hangar. Nous avonsutilisé du sable, de l’essence,des allumettes et un morceaude tissu que nous avonsenfoncé dans une grandebouteille de coca cola.

L’HISTOIRE DE MA COUSINEMa cousine Babalwa estbeaucoup plus âgée que moi.Sa mère était membre del’ANC et laissait souvent

Partout l'apartheid Une loi de 1953 rendit illégall'utilisation des autobus, des parcs, des bancspublics, toilettes, entrée des magasins, hôtels et restaurants et tout ce quiétait réservé aux blancs. On lisait partout « Pourblancs seulement. »

Les enfants au travail aspergent les cultures sans protection contre les insecticides.

Nelson Mandela brûle son“passeport” pour protester

Cette fille blanchepouvait s’asseoirsur le banc, maispas la femmenoire qui s’occu-pait d'elle.

Les parents emprisonnésLes parents noirs en Afrique du Sudétaient très en colère contre ces injus-tices. C'était impossible pour eux de s'occuper convenablement de leursenfants. Dans les quartiers noirs, il n'yavait que très peu d'hôpitaux, des maisons insalubres, de mauvaises écoles et pas de places de jeu. Lesparents se rassemblèrent en groupesanti-apartheid pour protester contre les lois de l'apartheid. Des milliers d'enfants perdirent leurs parents, tués ou emprisonnés pour leur combat.

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Enfants en prisonDes milliers d'enfants seretrouvèrent à la rue parcequ'ils n'avaient plus demaison. Dans les bandesdes rues, les enfants serecréaient « une famille »sans les adultes. Ilsdevaient voler pour seprocurer de la nourritureet beaucoup furent emprisonnés pour vol.

Une plage pour blancs seulement.

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Babalwa et ses frères et sœursseuls à la maison quand elleallait à des réunions clandes-tines, puisque l’ANC étaitinterdite. Babalwa raconte :

‘Quand maman allait àJohannesburg pour desréunions, elle nous disait quenous ne devions ouvrir laporte à personne. Nousavions peur parce que noussavions que beaucoup de gensdisparaissaient après avoir étéarrêtés par la police. Qu’est-ce qui se passerait s’ilsvenaient et demandaient où

était maman ? Et si nous ne leleur disions pas, est-ce qu’ilsnous mettraient en prison ?Nous connaissions beaucoupd’enfants qu’on avait battuset jetés en prison parce qu’ilsn’obéissaient pas aux ordres

de la police. La mèrede mon amieThanzi n’est pasrevenue d’unede ces réunions.Ils ont dit qu’elleétait en prison.

Mais nousn’en avons

plus jamais entendu parler etThanzi est venue vivre cheznous. Maman m’a dit qu’elleétait une des enfants de lafamille et que nous devionsprendre soin d’elle puisqu’elleavait perdu sa mère. Elle aajouté que l’apartheid avaitfait beaucoup d’orphelins.

Trompés sur Mandela Ma cousine Babalwa aimebien raconter cette histoire :

‘Je me souviens d’un jour de1981, j’avais alors six ans etj’étais à la crèche. J’avais

Parents en exilLes organisations politiquesfurent interdites, parmi ellesl'ANC de Mandela. Des cen-taines de parents noirs quittè-rent le pays et des milliersfurent emprisonnés. Beaucoupd'adultes passaient d'un endroit à l'autre pour échapperà la police. Le résultat fut qu'ungrand nombre d'enfants furentpris en charge par une grand-mère alors que les parents sebattaient contre l'apartheid.

Il y avait souvent jusqu’à 60enfants dans une classed’une mauvaise école pourenfants noirs. Le gouverne-ment donnait 15 fois plusd’argent pour la scolaritéd’un enfant blanc que pourcelle d'un enfant noir.

Les écoles protestentLe 16 juin 1976 les élèves noirsprotestèrent contre le piètre enseignement du régime de l'apartheid. La police répondit parles gaz lacrymogènes et des coupsde feu. Hector Pieterson, 13 ans,fut tué. Aujourd'hui, le 16 juin est unjour de congé en Afrique du Sud, ensouvenir de tous ces jeunes gensqui perdirent la vie dans leur luttecontre l'apartheid.

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sûrement été influencée par letravail politique de ma grand-mère, car un matin nous avonsrefusé de manger. L’éducatricea dit : ‘Pourquoi est-ce quevous ne mangez pas ?’ Nousavons répondu : ‘Nous faisonsla grève de la faim, parce queMandela n’est pas libre etnous voulons Mandela. C’estpour ça que nous protestons.Nous nous sommes mis àdanser et à chanter des chantsde liberté que nous avionsappris dans la rue. L’éducatricea hoché de la tête. Puis elle estsortie et est revenue avec unhomme qui passait dans la rue.‘Le voilà votre Mandela’ Nousavons crié de joie et et avonscommencé à manger. C’estseulement à l’âge de neuf ansque j’ai compris qu’elle nousavait trompés et que Mandelaétait toujours en prison.

MON HISTOIRE Je ne me suis pas révoltée, nicachée, ni perdu ma mèredans l’apartheid. Quand jesuis née Mandela avait étélibéré et l’ANC n’était plusinterdite. Je peux grandir etbénéficier de la liberté pourlaquelle mes parents etMandela se sont battus.

Nouvel apartheidPourquoi est-ce que ma mèredit que le VIH/Sida est le nou-vel apartheid ? Je l’ai écritpour que vous puissiez touslire pourquoi :

Le SIDA fait des orphelins. Le SIDA fait peur à tous, carnos familles et nos amis tombentmalades et parfois meurent. Le SIDA nous appauvrit,

puisque les soutiens de famille meurent. Le SIDA nous rend forts, car nous nous unissons pour le combattre. Le SIDA nous rassemble, carnous devons aider nos malades.Le SIDA nous apprend comment prendre soin desmembres malades de notrefamille. Quand j’avais sept ans, mongrand frère est tombé malade

du sida. Ma mère travaillaitcomme bonne et devait allerau travail chaque jour. C’estdonc moi qui donnais lesmédicaments à mon frère etqui le faisait manger. Chaquesoir je racontais à mamancomment il allait.

Je fais à présent partie de‘Rise and Shine’, que nousavons créé pour soutenir lesautres enfants atteints du sidaou qui ont des parents atteintsdu sida.

Nelson Mandela est aussimon idole à cause du VIH/-SIDA. Il parle en faveur de l’ai-de aux enfants et aux famillesqui sont atteints par le virus.Puisqu’il est si connu, tousécoutent quand il parle. �

Hector Pieterson a reçu à titre posthume (après sa mort)Le Prix Honoraire des Enfants du Monde 2000.

Des enfants arrêtés pour avoir protesté contre l'apartheid.Un camarade emporte lecorps d’Hector Pieterson,tué. La soeur d’Hector court à côté.

PHOTO: SAM NZIMA

PHOTO: LOUISE GUBB

Nelson Mandela avec les enfants, qui aujourd'hui ont tousles mêmes droits. Ici, lors de l'inauguration du Fond NelsonMandela pour les enfants.

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Violence à l'encontre des enfantsLes écoliers manifestèrent pendant 15 ans, jusqu`à la fin de l'apartheid. La police et les soldats utilisaient la violencecontre des enfants. Beaucoup d'enfants furent emprisonnés, torturés ou tués.

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Un matin, la mère deGabatshwane ne s’estpas réveillée.

Gabatshwane l’a secouéemais rien n’y a fait. Gabatsh-wane a pensé que mamanétait particulièrement fati-guée. Mais son père et songrand frère Vusi ont comprisqu’elle était morte dans sonsommeil. Elle avait le sida.

Une année après, c’est papaqui est mort du sida et Gabat-shwane, sa sœur Zodwa etson grand frère Vusi se sont

retrouvés orphelins. Personnene pouvait s’occuper d’eux etils ont dû se débrouiller seulsdans la petite maison fami-liale dans le village deLetabong dans le nord- ouestde l’Afrique du Sud.

– Je levais les yeux au cielet je priais maman de revenir.Elle ne répondait pas et celame rendait très triste. Maisj’ai fini par comprendrequ’elle était toujours là, etqu’elle ne pouvait tout sim-plement pas me parler

– Merci de ta magie, chante Gabatshwane dansson chant de gratitude à Nelson Mandela.

Elle le remercie de tout ce qu’il a fait en faveurdes enfants d’Afrique du Sud. Elle le remerciepour la liberté, pour la possibilité d’aller à l’écoleet pour son respect des droits de l’enfant. Maisdavantage encore parce qu’il l’aide, elle et lesautres que le sida a rendus orphelins ou qui eux-mêmes ont le sida.

Gabatshwane aide les pauvres du village et lescamarades de classe orphelins. Elle leur achètede quoi manger avec l’argent qu’elle gagne avecson groupe.

Gabatshwanes chant

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comme d’habitude, expliqueGabatshwane.

Après la mort de sesparents beaucoup au villagecraignaient qu’elle aussi soitmalade et qu’elle soit conta-gieuse. Un test a démontréqu’elle n’avait pas le sida.Mais Gabatshwane ne trou-vait toujours pas d’amis.Quand elle était petite elleétait tombée dans une seilled’eau bouillante et elle en agardé des brûlures à la jambeet au bras droits.

C’est le refrain de la chanson deGabatshwane sur Mandela, ou « Madiba » comme on l’appelle enAfrique du Sud. « Salut Madiba, tum’as sauvée. Salut Madiba, tu nousas donné l’école, tu respectes nosdroits. Salut Madiba, tu me donnesla fierté. Merci pour ta magie ! »

Ecoute la chansons de Gabatshwanedédiée à Mandela sur : www.childrensworld.org

Nkosi son autre hérosNelson Mandela est le grand héros de Gabatsh-wane, mais elle en a un autre : Nkosi Johnson, le garçon qui s’est battu pour que les enfantsmalades du sida en Afrique du Sud, soient traitésavec respect. Nkosi est mort du sida à 12 ans, le1er juin 2001, le jour même où l’Afrique du Sudcélébrait la Journée Internationale de l’Enfant.En avril 2002, des enfants répartis sur les cinqcontinents, ont choisi d’attribuer par un vote auniveau mondial, le Prix des AmisUniversels, à Nkosi, à titre posthu-me (après sa mort) Il partageaégalement, avec Maiti, Nepal, lePrix des Enfants du Monde,attribué par le jury des enfants.Lis l’histoire de Nkosi sur :www.childrensworld.org

Merci pourta magie,Madiba !

nte pour MandelaPHOTO: AP

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– A l’école on se moquaitde moi et j’étais toujoursseule, dit Gabatshwane.

Quand les autres enfantssortaient et s’amusaient, ellerestait à la maison et écoutaitla radio. Très vite, elle aappris les textes de toutes leschansons populaires et unjour son frère s’est aperçuqu’elle chantait très bien.

Mandela l’embrasse Le grand frère Vusi a forméun groupe et l’a appelé

Gabatshwane, avec Gabatsh-wane comme chanteuse. Lapremière chanson étaitdédiée à Nelson Mandela.

– Je voulais le remercier detout ce qu’il avait fait pournotre pays. Sous l’apartheidc’était horrible ici en Afriquedu Sud et les gens mouraientla rage au cœur, ditGabatshwane.

Quand Nelson entenditparler de Gabatshwane, ill’invita à chanter au coursd’un concert dans la ville du

Cap. Il trouva très belle lachanson qui parlait de lui etil embrassa Gabatshwane ensigne de remerciement.Depuis, il a aidé le groupe àse faire connaître et plusieurschansons ont été enregistrées.A présent Gabatshwane seproduit presque chaqueweek-end.

– J’aimerais me réveillerun matin avec un coeur aussigénéreux que celui deMandela, dit Gabatshwane.

Exactement comme78

Maintenant que les parentssont morts, c’est Vusi, legrand frère de Gabatshwane,qui s'occupe de la famille.

Gabatshwane et Vusi son grandfrère, n’achètent pas seulementles provisions pour eux-mêmes...

Avec l'argent qu'elle gagne en chantant, Gabatshwane achète des provisions pour lespauvres du village et pour ses camarades orphelins. Une femme qui reçoit tout un sac deprovisions ce jour-là est très heureuse.

Le numéro de prison-nier pour la campagnecontre le sida

Mandela soutient les enfantsatteints du sida et leursfamilles au moyen de sonFond pour les enfants NMCFet le nom de sa campagne46664. Les chiffres viennentdu temps de son emprison-nement à Robben Island où il était le prisonnier 466-64.

Beaucoup de célébritéssoutiennent le travail deMandela contre le sida, parexemple la chanteuseBeyonce et l’acteur Brad Pitt.Le but de Mandela est d’aidertous les enfants que le sida arendus orphelins. Il ne veutpas qu’on oublie les maladesdu sida et les orphelins.C’est pourquoi il a demandéaux artistes qui soutiennentla campagne d’enregistrer ledisque 46664.

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Nelson Mandela elle essaied’aider les autres enfants endifficulté. Avec l’argentqu’elle gagne, elle achète dela nourriture pour les pauvresdu village. Elle apporte aussides paquets de provisionsaux camarades de classe quisont orphelins.

– Quand maman est morte,je me suis sentie seule aumonde. Je ne veux pas qued’autres se sentent ainsi, ditGabatshwane.

Des chansons sur le sidaAvant, Gabatshwane essayaitde cacher ses brûlures sousde longues jupes et des pullsà manches longues.Maintenant ça lui est égal.

– Il fait si chaud qu’on

peut mourir d'une attaque et après tout, c’est de moncorps qu’il s’agit, ditGabatshwane.

Mais elle n’accepte pasqu’on se moque des autresenfants. Surtout s’il s’agit dusida. Gabatshwane dit qu’ilfaut être gentil avec lesenfants atteints du sida. A l’école, elle explique à sescamarades qu’on ne peutpas être contaminé en jouantavec des enfants qui ont lesida.

Gabatshwane pense que lesida est le plus grand problè-me de l’Afrique du Sud, sur-tout parce que tous lesmalades n’ont pas accès auxmédicaments. Ses parentsn’avaient pas les moyens

d’acheter les médicamentscontre le sida et quand ilssont tombés malades, ils sontmorts presque tout de suite.

– Si ça continue, tellementde gens mourront que lemonde perdra la moitié deses habitants. Quand j’ypense, ça me rend folle, dit Gabatshwane, qui a écritune chanson sur le sida. Elle chante surtout de l’afropop, mais sa chanson sur lesenfants irakiens a un rythmerap.

– J’ai vu des enfants pleu-rer à la télé. Ils avaient perduleurs parents à la guerre.Alors je me dis que vraimentc’est dommage qu’il n’y aitpas plus de gens aussi géné-reux que Mandela. �

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Gabatshwane Gumede, 11 Habite : dans le village deLetabong en Afrique du Sudavec mes frères et sœurs. Nous sommes orphelins. Chante : ses propres chansonssur le sida et sur Mandela avecle groupe Gabatshwane, afropop et rap.L’argent gagné : Elle l’utilisepour des provisions pour sescamarades de classe orphelins.Héros : Mandela et son grandcœur. Nkosi Johnson, le garçonqui s’est battu pour les enfantsatteints du sida.

Grand-père Mandela aide Unathi

Unathi, 12 ans, habitedans un orphelinat deSoweto qui s’appelle

Bethanie Children’s Home.Beaucoup de ceux qui yvivent ont été battus et sesont sauvés de la maison,d’autres sont orphelins.Unathi ne sait pas qui sontses parents. On l’a trouvéemmailloté dans un sac enplastique sur le trottoir alorsqu’il venait de naître.

– Je crois que ma mèreétait malade et très pauvre.Elle n’aurait pas pu s’occu-per de moi, mais elle savaitque quelqu’un allait me trou-ver sur le trottoir, dit Unathi.

Depuis, Bethanie a été lamaison d’Unathi. NelsonMandela soutient le centre,mais il préférerait que lesenfants n’aient pas à y vivreet qu’ils aient une famille.

Avec le soutien du Fondpour l’enfance de Mandela,les employés de Bethanie

cherchent de nouveauxparents ou ils aident àrésoudre les problèmes dansleur famille d’origine pourque l’enfant puisse y retour-ner. Mais jusqu’ici personnen’a adopté Unathi. Peut-êtreparce qu’il a le sida. Mêmes’il n’est pas souvent maladeces temps-ci. Il y a quatreans, lui et d’autres enfantsont commencé à prendre lesmédicaments contre le sida.Avant ils étaient trop chers.

Ira en colonie Unathi et ses copains ontplanté un arbre à la mémoiredes camarades morts dusida. Après avoir commencéà prendre les médicaments,plus aucun enfant n’est mortà l’orphelinat. Unathi trouveça formidable, et il dit quec’est Nelson Mandela qui aagi pour que les médica-ments soient moins chers.

– Des fois je ne comprends

pas pourquoi tata Mandelaest si gentil, mais c’est tantmieux pour nous. Sinon onne serait pas si bien, ditUnathi en expliquant que « tata » veut dire grand-père.

Après l’école, il fait dupatin à roulettes et joue aufoot ou au cricket. Ensuite il regarde la télé et fait sesdevoirs. Dans deux semaines,pour les vacances scolaires,lui et ses camardes pourrontaller en colonie de vacances,grâce à Mandela. C’est vrai-ment une chance que grand-père Mandela soit si gentil. �

(Unathi s’appelle en fait autrement)

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Nelson Mandela aimese promener. Il se lèvede préférence très tôt

et sort avant le lever du jour.Un jour, en marchant, il vitquelque chose de curieux.C’était avant que Nelson ait été élu Président, il sepromenait dans Le Cap.Soudain il aperçut desenfants qui se réveillaientsur le trottoir.

Nelson s’approcha pourleur parler. Il venait de rece-voir le Prix Nobel de la Paixet avait envoyé une grandepartie de la somme du prixaux enfants des rues

d’Afrique du Sud. Les garçons lui demandèrentpourquoi il les aimait tant.Nelson pensa que c’était unedrôle de question. Il réponditque tout le monde aime les

enfants et c’est pourquoitous les enfants sont aimés.

Mais les garçons n’étaientpas d’accord. Ils avaient finià la rue parce que justementpersonne ne les aimait.Nelson trouvait cela bientriste et ne pouvait s’empê-cher de penser à eux. Il vou-lait faire davantage pour lesaider.

Quand il devint présidenten 1994, il créa une fonda-tion qui porte son nom pouraider les enfants seuls ouabandonnés. BrendaShongwe et Phule Lechobasont deux d’entre eux.

Mandela et lesenfants des rues

Brenda Shongwe avait11 ans quand sa mère a disparu. Elle vivaitseule dans la rue àJohannesburg. Unassistant social l’atrouvée et emmenéedans un foyer pourenfants des rues.

– J’étais très triste.Maman ne m’avaitjamais dit qu’elle m’aimait. Je croyaisque j’étais la seuleenfant au monde dontpersonne ne se souciait,raconte Brenda.

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Brenda a parlé devantle président

Au home, qui s’appelleUsindiso Shelter, il y aplusieurs centaines

d’enfants qui ont fugué ouqui pour une raison ou uneautre ont perdu leursparents. Brenda savait bienqu’elle n’était plus seule,mais elle ressentait encoreune grande colère et unegrande déception.

– Je ne pouvais pas com-prendre que ma mère nem’aime pas. Elle buvait et sebagarrait et par périodes jene pouvais même pas aller àl’école.

Brenda n’a pas de père nonplus. Elle ne l’a jamais ren-contré. Sa mère ne voulaitpas dire son nom, et quand

finalement elle l’a appris,c’était trop tard. Son pèreétait mort.

Après son entrée à UsindisoShelter, elle reprit l’école,mais ça n’allait pas. Elle nefaisait pas ses devoirs. Elleavait été abandonnée par samère et par son père et elleavait perdu tout espoir.

Brenda prenait des calmantset des somnifères pour oublier.

Des rêves en cartonTout changea le jour oùBrenda prit des leçons dethéâtre. Elle participa à unecomédie musicale qui s’ap-pelle « Rêves en carton » etqui fut montée au théâtre

Nelson Mandela à Johannes-burg. Le rôle principal étaittenu par Desmond Dube, lecélèbre acteur de télévision.

– Lui aussi a été enfant desrues. En l’écoutant parler desa vie dans la rue, j’ai com-pris que tout n’est pas sansespoir, dit Brenda.

La comédie musicale estl’histoire d’une fille des ruesqui vit dans une boîte en car-ton. Quand elle mendie, lesgens lui disent de retourner àla maison, chez sa mère.Mais elle n’a pas de mère.Elle est orpheline. C’est unehistoire très triste, mais à lafin de la pièce, la fille trouvele bonheur. Et le plus impor-tant pour Brenda, c’est juste-

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Brenda à propos de Nelson Mandela:« Il est formidable! Il n’y aura jamais plus un présidentcomme lui. Pour moi, il est déjà une légende vivante.Quand on l’a libéré de prison il ne s’est même pasvengé. Il a dit simplement : ”D’accord, je suis noir, maisje peux m’entendre avec quiconque.” Il nous a apprisqu’ont peut avoir des amis blancs, noirs ou jaunes. » Brenda Shongwe, 14 ans, a été enfant des rues

Quand sa maman a disparu, Brenda a été obligée de vivre seule à la rue. Maintenant elle va à l'école et veut faire de lapolitique pour que l'Afrique du Sud devienne un bon pays pour tous les enfants.

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ment cela : que la vie ce n’estpas tant d’où l’ont vient maisoù l’on va.

Ces temps-ci, Brenda esttrès occupée. Tout va bien àl’école et elle fera de la poli-tique. Elle veut aider le gou-vernement à faire del’Afrique du Sud un meilleur

pays et le printemps passé,elle a pris la parole au parle-ment de la ville du Cap.

Donnez-nous une chance– J’ai parlé de ma vie dans la rue et j’ai demandé auxpoliticiens de nous donnerune chance. Si les adultes

s’intéressent à nous, nouspouvons réussir.

Tous les hommes politiques,même le président ThaboMbeki qui a aussi entendu lediscours de Brenda, étaient siimpressionnés qu’ils se sontlevés en applaudissant. Ils ontdemandé à Brenda de revenirune autre fois pour faire undiscours.

Brenda est d’accord, si onveut changer les choses, ilfaut travailler dur. Exacte-ment comme l’a fait sa gran-de idole Nelson Mandela. Iln’a pas seulement contribué àfaire de l’Afrique du Sud unpays plus juste pour tous lesenfants, il a aussi envoyé del’argent à Brenda et à sesamis pour qu’ils puissentaller à l’école et faire duthéâtre. Sans lui, Brendaserait encore à la rue et necroirait plus à rien.

– Mais je ne pense plusainsi. Même si parfois je mesens encore triste. Quand jevois, en ville, des enfants avecleurs parents, j’ai envie de

pleurer. Alors, très vite, jepense à Desmond Dube et àNelson Mandela. Ils ont tra-vaillé très dur pour réaliserleurs rêves. Ce que j’ai aussil’intention de faire. �

Phule Lechoba va dansla même école queBrenda. Il est aussi

enfant des rues et vit depuisquatre ans dans un foyerpour garçons à Hillbrow, unquartier de Johannesburg.Son histoire ressemble à cellede Brenda ; sa mère boit et iln’a jamais rencontré sonpère.

La dernière fois que Phulea vu sa mère, elle était simalade que Phule croyaitqu’elle allait mourir devantses yeux. Les voisins ontappelé une ambulance et onl’a emmenée. Aujourd’hui,Phule ne sait même pas si elleest vivante.

Phule va écrire un liv

Phule (à gauche) parle avec ses camarades de classe. Il a vécu pendant deux ans dans larue. Le livre sur la vie de Mandela l'a inspiré à écrire lui-même un livre.

Quand Brenda parleradevant les membres du par-lement elle demandera augouvernement d’aider lesenfants du Zimbabwe.Beaucoup d’entre eux sontorphelins et ils ont passé lafrontière, tout seuls, pour seréfugier en Afrique du Sud. C’est affreux, se dit Brenda.Elle dit que Mugabe, qui estprésident du Zimbabwe, afait beaucoup de mal auxenfants de son pays.

Petronella, l’amie deBrenda vient du Zimbabweet vit aussi au UsindisoShelter. Mais il n’y a pas de

place pour tout le monde.Puisque beaucoup d’enfantsarrivent en Afrique du Sudsans autorisation, ils ont peurd’être renvoyés au Zimbabwe.C’est pour cela qu’ils secachent dans les rues deJohannesburg.

Ce n’est pas une vie facile.Pour un peu d’argent, cesenfants sont forcés de vendredes choses interdites, commepar exemple de la drogue.– Et c’est bien pire pour les

filles. Si elles ne trouvent pasde foyer, il n’y a qu’une façonde survivre : se prostituer, dit Brenda.

L’ami de Brenda a fui le Zimbabwe

Brenda Shongwe, 14Habite au : Home pour enfantsdes rues Usindiso Shelter àJohannesburg, Afrique du SudA été : Enfant des rues, mamanm’a abandonnée. Aime : Faire du théâtre. Son héros : Nelson Mandela.Meilleure amie : Petronella, quia fui le Zimbabwe.Est triste : Quand je vois desenfants avec leurs parents.

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Phule a dû se réfugier dansla rue et ne pouvait plus allerà l’école. Deux ans plus tardun assistant social l’a trouvéet lui a demandé s’il voulaitaller dans un foyer pourenfants des rues. Il voulaitbien.

– C’est difficile de vivre

sans parents. On ne peutcompter que sur soi et ilfaut savoir ce que l’onveut, dit Phule.

Phule sait exactementce qu’il veut. L’année pas-sée, il a lu le livre : Un longchemin vers la liberté, sur lavie de Nelson Mandela.

– C’est si impressionnanttout ce qu’il a réalisé,explique Phule, qui voudraitressembler à Mandela.

Mais Phule ne veut être nipoliticien, ni président. Il

veut être écrivain et écriredes livres qui aideront lesautres à changer de vie.Prochainement il suivra uncours organisé par laFondation pour l’enfance deNelson Mandela où ilapprendra à trouver les

informations et à écrire. Mais Phule a déjà com-

mencé. Il écrit chaque soir etil aura bientôt rempli tout uncahier avec des histoires quiun jour, espère-t-il, pourrontconstituer un vrai livre. �

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« Nelson Mandela est commeJésus. Il a sacrifié la moitié de savie pour nous offrir un meilleur avenir. Nous pouvons apprendreénormément de lui » Phule Lechoba

L’enfant disparu Il y a au moins 10.000 enfants des ruesen Afrique du Sud. La plupart sontnoirs. Il y a aussi des enfants blancs quise sont enfuis de chez eux ou qui ontété abandonnés, mais ils vivent dansd’autres foyers. Maintenant les enfantsnoirs y vivent aussi, mais sous l’apar-theid, les enfants noirs n’avaient pas ledroit de vivre dans les foyers des « blancs »

Si la police, du temps de l’apartheid,voyait des enfants noirs dans les ruesde la ville, elle les battait. Il arrivait sou-vent que des enfants des rues « dispa-raissent » et souvent c’était la police quiles avait enlevés et tués.

Depuis que l’Afrique du Sud est devenue une démocratie et que NelsonMandela a été élu président, on aconstruit plusieurs foyers pour enfantsdes rues. A présent les enfants sontensemble et la couleur de leur peau

n’a plus d’importance.Bien que la situation des enfants des

rues en Afrique du Sud se soit amélio-rée depuis la fin de l’apartheid, beau-coup croient que l’épidémie deVIH/Sida produira encore plus d’en-fants des rues. Dans cinq ans, un mil-lion d’enfants auront peut-être perduleurs parents à cause du sida. S’ils netrouvent pas de place dans l’un desfoyers existants, ils finiront dans la rue.

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Des enfants qui vivent dans la rue à Johannesburg

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Non aux mobbeurs !– Hey, Yo ! Yes, yes, yes! It’s me again ! crieZanele Gama, 12 ans,au micro. C’est samedimatin et Rebound,l’émission de radio quipasse dans tout le faubourg deJohannesburg vient decommencer. Zanele ahâte de dire ce qu’ellepense. L’émission dujour traite de la pres-sion du groupe et duharcèlement, sujetque Zaneleconnaît parexpérience.

Ecoute bien! Si tonmeilleur ami

essaie de t’obliger àfaire quelque chose que tune veux pas faire, laisse-letomber ! Tu peux toujourstrouver un autre ami,conseille Zanele.

Zanele ne connaît pas lenombre exact d’enfants quiécoutent leur émission,retransmise chaque semainesur Jozi FM. Mais comme il ya au moins un million d’habi-tants à Soweto, Zanela sup-pose que quelques milliersd’entre eux l’écoutent.

– Je me sens célèbre, dit-elleen riant.

Mais ce qu’il y a de mer-veilleux avec la radio c’estque personne ne sait de quoielle et ses amies ont l’air. Ilspeuvent seulement entendreleur voix et cela fait que lesfilles osent traiter tous lessujets possibles et impossibles.

Les filles sont de vraies pros.C’est Nelson Mandela qui afait en sorte qu’elles puissentsuivre des cours pour leurpermettre d’apprendre à par-ler à la radio sur les droits del’enfant.

Merci du tuyauElles passent aussi de lamusique. Celle que Zaneleaime le mieux c’est la reinedu pop Brenda Fassie etquand le DJ met un de sesdisques sur le plateau, ellesdansent dans le petit studio.Zanela chante « Yeah, let’sgo, let’s go » Puis on rede-vient sérieuses. Ce sont lesdiscussions qui rendent leursémissions si spéciales.

Zanele s’assied devant lemicro et raconte comment sesamis ont essayé de la faire

fumer en cachette. Quandelle a refusé, ils ont commen-cé à la persécuter et lui ont ditqu’elle ne pouvait pas fairepartie de leur groupe.

– Devine ce que j’ai fait ! Je n’ai pas fléchi et j’ai trouvéune autre amie qui me respectepour ce que je suis, dit Zanele.

Une heure plus tard uneauditrice téléphone à l’émis-sion. Elle s’appelle Kutloanoet a 11 ans. Elle a un problè-me similaire. Ses amis veulentqu’elle vole des craies et desstylos dans un magasin.

– Merci du tuyau, dit-elle.Maintenant j’ose dire non !

L’émission du jour estpresque terminée. La semaineprochaine on parlera d’en-fants qui ont « disparu » et dece qui leur est arrivé. Le DJ,le seul adulte de l’émission,

dit que ce sont les filles lesplus courageuses de Soweto.Elles soulèvent des questionsdont les adultes n’osentmême pas parler. �

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Zanela Gama – avec le chapeau orange ci-dessus – donne les conseils dese faire de nouveaux amis, si ceux que l'on a rejoignent les mobbeurs.

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Salut mon ami!

Nokuphila, 12 ans habite àSoweto et est responsabled’émission pour le pro-gramme Rebound.

– Ce qu’il y a de mieuxavec Rebound c’est qu’onn’aide pas seulement lesautres enfants, on apprendénormément, dit-elle.

Un jour son amie étaittrès triste. Elle ne voulaitpas aller à l’école et quandNokuphila lui a demandé sielle voulait partager sonrepas elle s’est mise àpleurer. Nokuphila a com-pris qu’il était arrivé quelquechose de terrible, et l’amielui a dit qu’elle en parleraitsi Nokuphila promettait dene rien dire à personne.

Nokuphila a promis etl’amie a raconté que desfilles plus âgées avaientessayé de la faire aller avecun garçon. Elle ne voulaitpas, mais les filles nel’écoutaient pas. Le garçonétait plus âgé de quelquesannées et l’amie deNokuphila avait peur de lui.

– Je ne savais pas quoifaire. J’avais juré de ne rien

dire. Mon amie avait peurque le garçon se venge s’il apprenait qu’elle avaitparlé.

Après le Rebound suivant, Nokuphila savaitexactement ce qu’elledevait faire. L’émissionexpliquait où on pouvaittrouver de l’aide. Nokuphilas’est confiée à son institu-trice et elles ont rencontrél’amie en cachette. Puis,les parents, les professeurset la police ont parlé avecles filles plus âgées et legarçon. Aujourd’hui, l’amiede Nokuphila est tranquille.

Nokuphila a aidéson ami

Nokuphila Simelane.

Les reporters radio Lesedi Makoane et Palesa Mphambane se saluent d'une autre manière.

Les filles reporters radio KutioanoTsoamotse et Kgomotso Diphoko font le salut d'amis.

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Mpho et ses cama-rades vont dans uneécole pour handica-

pés qui s’appelle ForrestTown et qui se trouve àJohannesburg. Mpho a unproblème à la nuque. Ça legêne parfois, mais Mpho ditqu’il peut presque tout faire.Il s’agissait simplement de leprouver à tous ceux qui pen-saient que les handicapésn’étaient bons à rien. Ouvrirun café tout près de l’écoleétait leur meilleure réponse.

– On ne sert pas seulementdu café ou du thé. On faitdes muffins et des tartes etnous tenons nous-mêmes lescomptes. Tout le monde est

étonné de voir que çamarche bien, dit Mpho.

Le café est ouvert tous lesvendredis et beaucoup decélébrités y sont déjà venues.L’ex boxeur, champion dumonde, Baby Jake, est leclient préféré de Mpho.

– Quand je pense que j’aiservi un champion dumonde ! Et je n’ai rien ren-versé, dit Mpho avec fierté.Plus que tous, il aimeraitinviter Nelson Mandeladans son café. Il en seraitalors l’hôte d’honneur. Enfait, Mandela a envoyé del’argent à leur école et a faiten sorte que beaucoup degrandes entreprises soutien-

nent les enfants handicapés.Avant, sous l’apartheid, iln’y avait même pas d’écolespour les enfants noirs, han-dicapés.

A présent, Mpho,Constance, Phumeza etDylan pensent que leurécole est la meilleure aumonde. Phumeza Qwasha

s’y plaît tellement qu’elleaimerait ne jamais la quitter.Quant à Mpho, il ne pensequ’au moment où il termine-ra l’école secondaire. Il abeaucoup appris sur le com-merce avec le café et penseouvrir une entreprise. Ilpourrait peut-être vendredes voitures. �

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Un cafépour tousQuand Mpho, Constance, Phumeza et Dylan ontouvert leur café, ils ont prouvé quelque chosed’important.

– Il y a encore des gens qui croient que nous ne pouvons rien faire parce que nous sommeshandicapés, dit Mpho Mafazca, 15 ans.

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