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Au fil de l'Espoir

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DU MÊME AUTEUR

Le Socialisme de Roger Garaudy et le problème religieux, Privat, 1971.

Eclats du Temps, poèmes, Saint-Germain-des-Prés, 1981.

Comme insiste l'Amour, présence du Curé d'Ars. Nouvelle Cité, 1986 (3e édition, traduit en italien).

Théologie et expérience du sacerdoce selon saint Jean Chrysostome, Rome, 1987.

Dieu, l 'Amour s'est manifesté, Centurion, 1988 (trad. italien).

Golgotha (avec photographies de Jean Dieuzaide sur le Dévôt Christ de Perpignan), Siloë, 1989 (grand format) et 1992 (petit format).

La Force du pardon, Nouvelle Cité, 1990.

Pierre Teilhard de Chardin, en collaboration avec Jules Carles, Centurion, 1991 (2e édition).

SILOË

L I B R A I R E S - É D I T E U R S

Abbaye d'En Calcat 19, rue de la Trinité 81110 DOURGNE 31000 TOULOUSE

© Siloë 1992 ISBN : 2-908925-30-3

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ANDRÉ DUPLEIX

SILOË

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A mes parents

A la mémoire de Jean Sulivan

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PRÉFACE

!

Un des premiers mots de la vie, mot de tous les jours, celui par lequel je commence depuis plus de quinze ans le magazine religieux « Bon Dimanche », chaque semaine à 8 h 10 sur Sud- Radio, l'une des quatre radios périphériques françaises.

C'est précisément dans ce cadre que j 'a i proposé au Père Dupleix, doyen de la Faculté de Théologie à l'Institut Catholique de Toulouse, un billet (que d'autres appellent éditorial ou chronique). André Dupleix allie ses fonctions de théologien à un éventail d'activités allant de conférences et prédications à l'écriture d'ouvrages sur des sujets variés dont les plus récents concernent le pardon ou la pensée de Teilhard de Chardin. Homme de relations et de contacts, il garde un lien quotidien avec les événements et les hommes et femmes de notre temps.

Ainsi, les thèmes de ses billets plongent indifféremment dans les grands sujets d'actualité, qu'ils soient politiques ou ecclésiaux, les faits de société ou même parfois les petites choses de la vie...

Mais le prix du billet se mesure aussi en temps : l'auriez- vous soupçonné ? Quand votre métier est de parler à longueur de journée (je pense aux enseignants, aux animateurs en tous genres, à mes confrères prêtres aussi) et qu'on vous demande deux minutes de radio : quelle frustration ! Or, en radio, la concision est une qualité indispensable. Si le désir de savoir, de connaître était une maladie, les médias audiovisuels nous soigneraient par le goutte-à-goutte. « Peu mais souvent », comme dit le langage populaire. France Info, radio dont la qualité au plan de l'information est reconnue par les meilleurs professionnels, parcourt l'actualité internationale, nationale et régionale en sept minutes toutes les demi-heures.

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En deux minutes, il f a u t faire passer un message ! Vous disposez alors d 'un atout majeur p o u r entraîner l'adhésion de ceux qui vous écoutent : le ton, la conviction, l'enthousiasme. André y ajoute beaucoup de fo i et de confiance, beaucoup de charité, au sens le plus dynamique du terme.

Oserai-je à présent vous livrer quelques convictions à propos des relations entre les chrétiens et les médias ?

Si l 'on vous demande un j o u r de parler dans une radio, à la télévision ou de répondre simplement à un journaliste, ne vous échappez pas ! Ne dites pas : « C'est trop compliqué. » On souhaite votre témoignage, donnez-le simplement. Ceux qui viennent vers vous n 'attendent pas de grandes théories mais des paroles simples et sincères.

Pour aller au f o n d de ma pensée, j 'a jouterai : Si dans votre quartier, votre paroisse, votre mouvement ou au simple plan personnel, vous sentez qu'il y a quelque chose à dire, une initiative à faire connaître, n'hésitez jamais à contacter les médias. L'Eglise souvent se sclérose davantage de ce qu'elle ne dit pas que de ce qu 'elle ne fa i t pas. Il ne s'agit pas de jouer la vedette, mais d'être vrai. Vous rendez-vous compte du résultat si l 'on n 'avait rien écrit de ce qu 'a dit et fa i t le Christ ? E t si de saint Paul il n 'y avait aucune trace ?

On entend souvent répéter sur tous les tons que dans les journaux, à la radio, à la télévision, la pr imeur est accordée aux malheurs, à la violence ou aux catastrophes. Pourtant, j e reste convaincu d 'autre chose : le beau, le vrai, le bon, le posi t i f peuvent passer dans les médias, et cela se produi t heureusement plus qu 'on ne veut bien le dire. A nous de ne pas nous précipiter sur le négatif mais de privilégier un autre regard...

Dès lors, la voix des petits, des pauvres, des « sans-histoire » doit se faire entendre, même s ' i l f a u t y mettre le prix. Or cela suppose souvent qu'en plus des discours ou des points de vue officiels, on aille sur le terrain pour permettre à tous les acteurs, y compris les plus jeunes, qui f o n t vivre une cité, de prendre la parole et de s 'exprimer vraiment.

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Certes, je connais par ailleurs, et d'expérience, les limites de toute radio, en particulier l'aspect éphémère de l'infor- mation : aujourd'hui efface hier, même si hier j ' a i appris un événement important et déterminant. Combien de flashes font parfois écho à un événement immédiat alors que nous sommes encore à réfléchir sur bien d'autres sujets. J 'ai encore dans les oreilles l'annonce de l'élection de Jean-Paul I I alors que je buvais une bière dans un bar de Rabastens de Bigorre...

Autre problème parfois : dans sa course à la nouveauté (ou au « scoop »), la radio ne respecte pas toujours l'ordre hiérarchique ou l'ordre d'importance des événements et des sujets traités. Il faut souvent faire de l'équilibre pour honorer dans un même temps un fait plus spectaculaire mais d'importance secondaire, et la présentation, fût-elle brève, d'un fait d'Eglise majeur.

Il me semble également entendre dire : « Ce sont toujours les mêmes qui ont la parole » (la « médiatisation des lea- ders »...) et qui parlent sur tous les sujets, y compris ceux sur lesquels ils ne sont pas nécessairement compétents. Je dois répondre en vérité que les médias privilégient logiquement ceux qui osent parler, ceux qui ont une pensée originale à exprimer, ceux qui « passent bien », pour utiliser le langage profes- sionnel. Si vous le déplorez, demandez-vous sincèrement pourquoi, à votre tour et sans crainte, vous ne prendriez pas la parole afin que l'on n'entende pas toujours les mêmes !

C'est donc un encouragement à une meilleure relation entre l'Eglise et tous les moyens de communication que je formulerai en conclusion. La liturgie n'est-elle pas elle aussi — et avant tout — un lieu de communication du mystère de Dieu ?

Sur le toit de l'immeuble qui abrite Sud-Radio à Toulouse, rayonnent d'énormes paraboles qui envoient le son — celui des billets d'André Dupleix par exemple — chez vous, comme d'autres voici longtemps nous ont livré la voix du Christ. Extraordinaire rapprochement !

Pour l'heure, lisez ces billets comme des paraboles d'espérance. Ils ont du prix !

Fernand SEMONT « Bon Dimanche », Sud-Radio

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98 / LA PORTE DES ÉGLISES

P d'entre vous ont certainement fait, au cours de leurs déplacements, l'expérience apparemment banale de pousser la porte d'une de ces nombreuses églises dont le clocher domine encore les villages de nos campagnes.

Encore faut-il que la porte ne soit pas verrouillée. Elle ne l'est sûrement pas lorsqu'il s'agit de tel ou tel lieu à l'architecture classée ou au pèlerinage régulier. Elle ne l'est pas toujours, même lorsque depuis longtemps la paroisse n'a plus de desservant. Mais il arrive alors que l'on ressente inévitablement cette impression douloureuse de décalage entre un lieu dont tout dit encore qu'il est fait pour accueillir une assemblée et dont tout prouve à l'évidence qu'il est le plus souvent désert, voire abandonné.

Je me refuse comme vous à rêver : Un curé par clocher... Comme une telle affirmation paraît — du moins chez nous — inconcevable et irréaliste ! Pourtant chacun de ces clochers, chacune de ces voûtes demeurent immuablement le signe que Dieu habite la terre des hommes et que notre silence ou notre éloignement ne signent pas pour autant son retrait ou son indifférence.

Dans le silence de ces édifices dont la beauté vient de l'intérieur — beauté parfois inscrite dans leur fragilité ou leur petitesse —, quelque chose nous est dit du recommencement, de la source unique. Mais savons-nous entendre le filet de voix qui sourd du cœur des pierres ?

L'humble, mais perspicace, curé d'Ars, « Monsieur Vianney », n'avait de cesse que les paysans et les pèlerins de son village considèrent l'église comme leur maison, comme la présence de Dieu dans les moindres détails de la vie quotidienne : « Il est là pour vous, il est là avec vous... Approchez-vous de lui comme il s'approche de vous... C'est une maison faite pour qu'on y entre et qu'on y trouve le repos... »

Je sais bien qu'en parlant ainsi, je traduis ma sensibilité catholique vis-à-vis du lieu matériel qu'est l'église bâtie de mains d'hommes. Mais nous avons besoin de signes, surtout lorsqu'ils sont tellement forts : un toit, une terre, un feu... Nous ne sommes pas — même les plus migrants d'entre nous — de perpétuels déracinés.

Et dans un monde où tout va si vite, où tout se remplace et se succède constamment, il est peut-être bon de pousser la porte d'une église pour y recevoir une leçon de permanence et de stabilité. Parce que Dieu EST.

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99 / TRAVERSER LA MORT

C jour nous rappelle, hélas ! la fragilité de notre existence et l'invisible proximité de la mort. Chaque jour ou presque, nous apprenons le départ de personnes connues, d'amis, d'êtres chers. Départ pour cet autre et mystérieux versant de l'histoire, pour cette traversée souvent inquiétante, parce que nous oublions qu'il s'agit d'une traversée et non d'un point final.

Je ne veux pas tomber ici dans le dolorisme, mais être lucide et confiant. Lucide, en n'évitant pas de parler de la mort, de celle des autres, mais aussi de la mienne et de la vôtre. Confiant en rappelant de toutes nos forces que nous sommes, avant tout, des images de l'éternité, des créatures de lumière, malgré l'usure ou les coups de l'existence.

Notre véritable dimension est intérieure. Comment oublier, avant même de parler en croyant, en chrétien, que toutes les traditions spirituelles ont, depuis les origines, essayé de traduire cet illimité, cette transcendance qui s'exprime dans la vie humaine, dans les réalisations, les progrès, les recherches de l'histoire ?

Mais il faut maintenant évoquer, dans la foi, le visage de Jésus, tellement semblable au nôtre. Jésus venu nous dire : « Ecoutez : Dieu ne s'éloigne pas lorsque vous souffrez. Dieu fait de chaque cri, de chaque douleur, de chaque impuissance, un paradoxal temps de croissance, un pas supplémentaire dans votre transformation. » Dieu ne veut ni la souffrance ni la mort. Celles-ci sont le fruit douloureux de notre liberté. Mais à l'instant où souffrance et mort semblent nous briser, alors se réalise, sans que nous le sachions toujours et au plus secret de notre être, la transformation, la germination, la véritable victoire sur la rupture.

Dieu fait renaître, fait revivre. Nous sommes, d'un seul coup, considéré à partir de tout l'Amour que nous avons donné, de nos résistances, nos combats, tout ce qu'il y a eu, en nous, de positif. Dieu est le grand révélateur de notre propre lumière, parce que c'est lui qui nous a illuminé le premier.

La mort est un passage, un franchissement qui débouche sur un regard bienveillant. Juste, mais bienveillant. Bien-veillant, parce que Dieu veille. Bien-aimant, parce que nous sommes bien aimés. Et que, pour reprendre les paroles de Job : « Lorsque nous le regarderons, il ne détournera pas son regard. » Quelle espérance !...