Eclats- JP Formica
date post
05-Mar-2016Category
Documents
view
221download
0
Embed Size (px)
description
Transcript of Eclats- JP Formica
clatsJ.P FORMICA
RemeRciements
Jean Paul Fournier,Daniel J. Valade, Pascal trarieux et son quipe, Olivier Kaeppelin,Brigitte WeymannEquipe de la communicationde la ville de Nmes,arnaud Ryba,Marianne thomas,les salins du Midi
et lisbeth.
J.P FoRmica clats
24 mai - 16 septembre 2012muse des Beaux-arts - nmes
5Au cur de sa ville, Jean-Pierre Formica (re)trouve le Muse des Beaux-
Arts o, tudiant, il a tant pass d'heures
Point tant en admiration bate et passive des Matres, notamment
italiens, que recle le Muse.
Plutt en imprgnation, en recherche de comprhension.
Et en questionnement : comment, riche de ces techniques et de ces
uvres, aller ailleurs, et plus loin ?
Aujourd'hui, Jean-Pierre Formica nous offre un tat de son art.
Aquarelles, cramiques, sculptures trouvent en ce Muse des volumes
leur chelle, et nous permettent aussi de voir les collections autrement.
L'axe Arnes (o la Tauromachie demeure l'une des plus fortes
inspirations de l'artiste), Muse des Beaux-Arts (matrice fconde pour voir
et montrer), ligne droite et droite ligne, relie deux lieux chers Jean-Pierre
Formica.
Et se prolongent l'infini de son inspiration.
Jean-Paul FOURNIERsnateur du GardMaire de NmesPrsident de Nmes Mtropole
Daniel J. VALADEadjoint au Maire de Nmes
Dlgu la culture et la tauromachiePrsident de carr d'art
7Voil prs de vingt ans que je connais la pein-
ture de Jean-Pierre Formica. Depuis que Claude
Viallat me conseilla daller voir son atelier. Il lavait
rencontr Nmes alors quil apprenait peindre.
Cest Paris, non loin du Canal de lOurcq puis
dans les Frigos du 13e que je dcouvris les
grandes toiles de ce fou de peinture et si nous
parlmes de lactualit, je me souviens que cest
surtout de la peinture espagnole que la conversa-
tion fut fate, ainsi que de la premire peinture
romaine ou de ces reliefs sculpts conservs par
larchologie que Jean-Pierre Formica gardait vifs
en mmoire. Il voqua aussi sa passion pour la
corrida et pour les centaines de dessins quelle lui
inspirait, de ses mouvements, de ses cercles
concentriques, de la multitude de sensations que
le crayon traduisait travers ses diffrentes
lumires.
En relisant mes notes, je me rends compte
que nous parlions dj dnergie, de vitalit, du
passage dune sensation lautre, comme scansion
du temps que nous partagions, dune certaine
manire de chercher des repres traant une carte
de lexistence avec ses archipels, ses espoirs, ses
attentes.
Le mot peinture tait notre sauf-conduit, grce
lui nous pouvions cheminer ensemble et donner
un peu de sens au monde, avec le lexique, mais
surtout grce cette pense par la forme, mobile,
ouverte qui se dployait devant nous et que nous
interrogions ensemble, lui lauteur, moi le specta-
teur qui lobservait, la recevait. Aujourdhui,
nouveau devant elle, je lis ce que jcrivais alors,
auquel je ne change que quelques mots.
Le premier sentiment est celui de la multi-
tude. Jai devant moi un cosmos de formes. Je
cherche reconnatre quelques lments de
nature. La mmoire impose ses images : vols
doiseaux, foules, mtores, insectes sans jamais
que le fin mot de la reprsentation ne se livre tant
elle est rtive aux associations avec la ralit .
Aujourdhui en 2010, jentends, en cho, cette
phrase de Jean-Luc Godard, lue dans la biographie
dAntoine de Baecque La reprsentation nous
console de la tristesse de la vie. Et la vie nous
console de ce que la reprsentation nest rien1 .
Cest de cela dont nous parlions. Cest cela quex-
prime la peinture de Jean-Pierre Formica, plus
encore cest cela qui la construit : cette contradic-
tion fondatrice o la reprsentation se tient en
quilibre afin de mettre en vidence, non ce
quelle est mais le mouvement qui lanime, qui
nous permet dtre encore vivant, dtre, trs
concrtement, un acteur du rel. Je crois, comme
lpoque, que le rel na que faire des souvenirs.
Ce qui a t ne peut rien. A ce sujet je notais Jai
devant moi une surface qui appelle le prsent de
la perception. Dans latelier, celle-ci sexerce
dcouvrir son objet : la peinture, la peinture seule
qui est dans les figures comme dans le fond
dont elles surgissent. Ces figures disent dailleurs
clairement la peinture : celle de La Mort de
Sardanapale de Delacroix, du Bain turc
dIngres, du Djeuner sur lherbe de Manet. Dans
le silence nos regards, hsitants ou insistants,
plongent en leur matire, les superposent, les
mlent ; il y a un corps de la peinture, fait dune
gologie dimages, nous offrant dabord la subs-
tance dont elle est fate. Delacroix nest pas l
pour mmoire , pour citation mais comme une
terre gnrique signifiant clairement do vient
lexprience. Jean-Pierre Formica ne discourt pas
grce lhistoire de lart. Il ne discourt dailleurs
sur rien, il nous place face un vnement quil
clatsPar Olivier Kaeppelin
8demande de voir , certain que cet acte est un
des dterminants trop souvent oubli de la
connaissance.
L, je conserve ce collage dune citation dun
pote qui maccompagne depuis la jeunesse, ne
cessant de mapprendre ce quest penser, mais
plus prcisment, ce quest penser et chercher
grce lart, c'est--dire connatre et crer. Ces vers
sont ceux dAlberto Caeiro, un des htronymes
de Fernando Pessoa. Il faudrait, aujourdhui plus
que jamais, les commenter dans toutes les coles
dart :
Lessentiel est de savoir voir
Savoir voir sans se mettre penser
Savoir voir quand on voit
Et ne pas penser quand on voit
Ni voir quand on pense
Mais cela (triste de nous qui avons lme habille)
Cela exige une science profonde
Un apprentissage pour dsapprendre2
Jean-Pierre Formica situe sa peinture partir
de la peinture , non pas pour lui donner une fonc-
tion analytique mais pour, au contraire, abolir la
distance entre le sujet et lobjet pictural comme fait
de culture, rpertori, constitu, anesthsi. Il y a
chez lui, lutopie dune peinture comme nature
premire. En 1994, aprs lavoir oblig se faire
reconnatre par lemploi de chefs duvre, il
neutralisait ces emblmes en les utilisant comme
parts dun systme rptitif qui, trangement, ne
les dtruisait pas mais qui, les loignant du
langage, leur donnait un caractre gntique, la
valeur dune origine engendrant lacte du peintre.
Cette neutralisation est le rsultat de lannulation
dun rapport, une image nomme, fait unique-
ment, de savoirs et de mots. Paradoxalement, chez
Jean-Pierre Formica le neutre libre les puissances
du pictural, son nergie et son lan.
A partir de l, comme les chiens la peinture
est lche, et depuis 2005, ce mouvement na
cess de saffirmer, oubliant aujourdhui toute
figure pour tre ce flux, compos dunits,
dlments colors construits ou informes, de
relles prsences3 qui passent dun tableau
lautre, sautant de fragments en fragments pour
supposer une totalit. Les uvres de Jean-Pierre
Formica sont faites de juxtapositions, dinterf-
rences, de contaminations. Il y a chez lui, une
volontaire impuret. Il dfait, il dforme, il
brouille. Il cherche se tenir dans ce moment ou
la figure nat, avec lui et sans lui , du dsordre et
du nombre.
Tout au long, de son travail, cependant,
jamais il ne sabandonne lexpression de la seule
pulsion. Il interroge, avec mthode, la multitude
comme substance mme de la nature et de la com-
plexit du monde. L est son ambition : dans ce
dsir que sa peinture nordonne pas, illusoirement,
mais cherche la cohrence par laccueil de cet
espace, complexe, signifiant le rel.
Son uvre, peinture, sculpture en bronze,
rsine ou sel, est aussi conue comme un accueil,
un rceptacle de la main, du geste, ou un dpt,
travers le sel, de laction de la nature. Dire cela,
cest dire que donnant matire ces traces, ces
accumulations, ces flux, Jean-Pierre Formica a, de
plus en plus, comme principal interlocuteur le
temps, la dure qui permettent de voir, contradic-
toirement, en un quilibre prcaire, linstant
suspendu de ces passages qui doivent, au risque
de perdre leur sens, reprendre leur course c'est-
-dire receler, en eux, ce moment de pause et sa
fin.
En 2003, devant ces sculptures, jassociais
cette citation de Peter Handke qui me permet
encore de les comprendre :
La dure nest pas dans la pierre
Impensable des temps premiers
Elle est le temporel Malable4
Suit un texte, dont aujourdhui je souhaite
conserver certains fragments.
La peinture de Jean-Pierre Formica ne cesse
travers le mouvement de faire lhypothse dune
totalit qui paradoxalement est peut tre ce mou-
vement lui-mme. Cette totalit nest pas du ct
de la mort, elle nest donc pas facile saisir. Sagit-
il dune totalit perdue ou au contraire venir
9prsage par les questions que Jean-Pierre
Formica ne cesse de poser son art et, au-del,
au monde qui lentoure. Il parie, nous lavons dit,
sur les additions, les diffrences qui sont les corps
multiples de la matire. Il a toujours prfr cette
polymorphie, cette polyvalence. Plus que jamais,