Antoine de Rivarol Sobre La Importancia de Las Opiniones Religiosas N6550424_PDF_1_-1DM

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Première Lettre à M. Necker, sur l'importance des opinions religieuses Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Antoine de Rivarol Sobre La Importancia de Las Opiniones Religiosas

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  • Premire Lettre M.Necker, sur l'importancedes opinions religieuses

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Premire Lettre M. Necker, sur l'importance des opinions religieuses. 1788.

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  • PREMIERE

    LETTRE

    A M. NECKER,

    Sur l'importance des opinions

    c /ffigeuJes., , -

    BERLIN.

    1788.

    (P /)

  • Aij

    PREMIERE

    LETTRE

    A M. NECKER,

    SUR Jn Livre de l'importance, des*opinions religieuses.

    J'ai souhaitcentfoisque, siDieusoutientla nature, ellele marqutsansquivoque; & quesiles marquesqu'elleendonnesonttrompeuses, elle lessupprimattout--tait:qu'elle dt tout ou rien; afin que je vissequel partije dois suivre.

    PASCAL.

    JML o JSTS XJWjELi

    Vous crivez pour clairer le monde; j'aicru pouvoir vous crire pour m'clairer avecvous. Si l'opinion gouverne la terre, ceux quidirigent l'opinion ne parlent & n'crivent jamaisimpunment: ils font responsables de leurs ides,

  • ( 4 )comme les rois de leurs actions; & tout hommea droit de marquer sa surprise, lorsque M. Necker

    publie un livre de mtaphysique qui doit dplairegalement aux prtres & aux philosophes, & quipeut tre condamn le mme jour dans Geneve,dans Rome & Constantinople.

    Il est probable qu'un tel livre, n'tant qu'uneharangue en faveur du disme, & une paraphrasede ce vers si connu, si Dieu n'existoit pas, il

    faudroit l'inventer ; il est, dis-je, probable qu'ilferoit tomb de vos mains dans l'oubli, si vousne l'aviez fign; mais on n'a pu supposer queM. Necker et fait un livre inutile, ni qu'il etaffect sans raison d'viter toute ide neuve; &la nation qui et craint de vous humilier par son

    indiffrence, a marqu pour vous lire un em-

    pressement que la lgeret de son caractere rend

    plus flatteur & plus cher l'austrit du vtre.Cet empressement toit d l'clat de votre

    ministere: vous avez joui- de la confiance d'unroi, dont la probit n'a jamais t suspecte l'Europe , & vous avez emport nos regrets.

    Quand les princes & les peuples sont dansl'affliction, ce n'est point vers des hommes de

    plaifrr qu'ils tournent les yeux: leurs regardsabattus cherchent un (ge, & son front sverequi les et troubls dans leurs jours d'ivresse &de dissipation, les rassure & les console dans lemalheur.

  • ( ) )

    Aiij

    La France prouvoit ce besoin, lorsqu'on vitun homme lev par les philosophes & formdans la scheresse des calculs, apporter tout--coup l'troite conomie d'une petite rpublique aufein de nos profusions; on espra que son inflexi-bilit lasseroit la persvrance des courtisans, &qu'il fatigueroit l'intrigue par la confiance de sesrefus: on alla jusqu' lui tenir compte de la f-vrit de son extrieur & de la diffrence des

    religions; car le malheur s'attache tout & rienne paroit mprisable l'esprance.

    Tel parut l'homme sur qui s'arrterent le choixdu prince & le vu des sujets, &. cet homme,c'toit vous. On n'oubliera jamais jusqu' quelpoint vous accrtes notre espoir , quand vousostes le premier rendre compte au roi de l'tatdes finances en prsence de son peuple: c'toitouvrir une nouvelle route leur amour & leur confiance mutuelles; & je ne doute pas quevous n'eussiez enfin accompli le vu de la pros-prit publique, si , comme tous les grandscaracteres, vous n'aviez eu minemment le reversde vos qualits; si vous n'aviez pouff la force

    jusqu' la duret, la dignit jusqu' la rudesse;si vous n'aviez sacrifi vos projets votre hu-meur; si vous n'aviez enfin ddaign, pour voussoutenir , les ressorts que vous n'aviez pas craintd'employer pour arriver au ministere. Quoi qu'ilEN foit , l'histoire vous vengera de ce vieillard

  • (6)frivole qui n'eut d'autre nergie, que sa hainecontre Louis XV ; qui ne rtablit les parlemensque pour remettre en question ce qui toit d-cid; & qui se fit un jeu cruel de renverser votreprudence & votre conomie sur la sagesse & lesgrandes vues de Turgot.

    Je ne dirai qu'un mot de M. de Calonne ,puisqu'on ne peut en ce moment, le sparer devous. On fait que, gn par sa rputation & parla vtre, il n'a jamais pu parvenir rassurer lespeuples. Il vient de faire nos loix l'affront des'expatrier pour se dfendre, aprs avoir dclarau malade confi ses foins, qu'il le laissoitdans un tat dsespr , & que vous l'avieztromp en lui annonant un excdent de forcesqu'il n'avoit jamais eu. Son dernier mmoire serduit pour les gens du monde, cette seuleproposition, que s'il et compt votre maniere,il et laiss un excdent; & que si vous eujfjecompt comme lui, vous auriez laiss un DFICIT.On attend la fin d'un si grand procs; mais quepar la vrification DU COMPTE RENDU, voussoyez trouv fidele en toutes vos promesses , ouque vous ayez err, il ne seroit pas moins int-ressant d'examiner jusqu' quel point vous aviezdonn la France la premiere des puissances ,qui est celle de l'opinion ; & combien M. deCalonne la lui a fait perdre: ce qui toucheroitau fameux problme : jusqu' quel point il est

  • (7)

    A iv

    permis de tromper les peuples, & si on peut telsauver par une erreur. Mais ce n'est pas ici l'objetde ma lettre , & je passe, Monsieur , votreTrait DE L'IMPORTANCE DES OPINIONS RE-LIGIEUSES.

    Ce n'est pas sans une extrme dfiance quej'entreprends cette discussion, & que je la fou-mets vos lumieres & au jugement du public.Si je n'tois rassur par l'importance du sujet,je n'aurois jamais oppos mon obscurit votreclat, & la simplicit de mon style la solem-nit du vtre (i).

    Vous annoncez d'abord que ce qui vous aport faire un volume sur l'utilit temporelledes religions, c'est que vous avez reconnu queles philosophes, ne pouvant ni perfectionner lamorale ni lui donner une bafe solide, il toittems de prcher au peuple l'existence d'un Dieu&: de sa providence.

    Heureusement qu'en attaquant les philosophesvous n'avez pas nomm la philosophie. Paris,vous le savez, est la ville du monde o l'on ale mieuxspar ces deux mots: ce n'est point la

    (I) Il estpeut-tre utile d'avertirles jeunesgens, qu'outrelestyle simple,le tempr& le sublime, si connus& si bienclasss dans les rhtoriquesde collge, on estforc aujour-d'hui d'admettrelestyle ministeriel, & ce qu'on appelle , lapivftpotique.

  • ( 8 )philosophie , c'etf un parti qui fait les philosophes.Les langues sont pleines de ces dlicatesses : c'estainsi qu'on peut fort bien connotre l'homme,sans connotre les hommes. Il est donc trs-heu-reux que vous n'ayez point accus la philosophiede ne pouvoir nous donner un cours de morale ;ce seroit attaquer la raison dans son fort ; ceseroit insulter l'espece humaine; & il seroit tristeque, malgr tant de sujets de division , vous &M. de Calonne , sussiez tous deux d'accord ;lui pour nous annoncer le DFICIT des finances,& vous celui des ides. Mais avant d'tablirque la philosophie, qui est la raison sans prju-gs, peut feule, avec le secours de la conscience,donner aux hommes une morale parfaite, souf-frez, Monsieur, que je vous demande qui vousen voulez, lorsqu'au dix-huitieme siecle , vousproclamez un Dieu vengeur & rmunrateur.

    Ce n'est point aux gouvernemens que vous par-lez; car il n'en est point sur la terre qui ne soitde connivence avec un clerg, 6c qui ne veuilletenir sa puissance du Ciel. Ce n'est point auxpeuples que vous prchez; car votre livre qui peut-tre est dj Petersbourg, ne parviendra jamaisdans votre antichambre ( I ). Sans compter qu'un

    (I ) Je n'auroismmepas publicette lettre, si je n'toisaffurde cette vrit, quele peuple ne lit point , & sur-toutqteil ne lit roim les ouviagesphilosophiques.Les lecteursdo

  • ( 9 )

    peuple qui non-seulement croit en Dieu, mais enJesus-Christ , rejettera toujours un ouvrage quin'annonce qu'un Dieu pur & simple. Une nationsauvage, par exemple, passeroit fort bien de l'igno-rance absolue qu'on appelle tat de pure nature, la connoissance d'un suprme architecte, & pourroit s'y arrter quelque tems; mais une nation avan-ce, qui a dj un culte, ne rtrogradera pas;qui ale plus, ne veut pas le moins. Or, le peuplefait fort bien que non-seulement il n'est point demorale sans religion, mais encore que sans reli-

    gion il n'y a point d'honnte homme; & non-seulement sans religion, mais encore sans la reli-gion chrtienne, & sur-tout sans la religion catho-lique: car tout cela se tient, & c'est l qu'onvous menera toutes les fois que vous avancerezqu'il n'est point de morale sans religion. Il est

    plus consquent en effet de croire tout ce que ditun prtre, que de lui nier un seul article.

    Enfin, ce n'est point aux philosophes que vousvous adressez; car ceux qui ne feroient pas devotre avis, ne cherchent pas faire secte, &savent

    toutes les classessont riches,oisifs ou penseurs: un livie dephilosophiene leur parotra jamaisdangereux.Voil pourquoidans un pays o la pressen'est pas libre, on choisit toujourspour veiller la librairie, des magistratsqui nelisentpoint :par on a observquemoins un hommea lu, plus il croit leslivres dangereux, & plus il efl tent de mettre tout le monde son rgime.

  • ( 10 )d'avance tout ce que vous avez dire sur le disme.A qui en voulez-vous donc, si vous ne parlez niaux princes, ni aux peuples , ni aux gens instruits ?

    Peut-tre direz-vous que votre livre toit n-cessaire dans un siecle & chez une nation o l'ona attaqu, tantt avec drision, tantt avec vio-lence, la religion chrtienne & mme l'existenced'un premier tre. Il auroit donc fallu nous don-ner quelque argument nouveau en faveur de lareligion, ou quelque nouvelle preuve de l'existencede Dieu. Mais vous vous contentez de recomman-der la morale vanglique & les crmonies del'glise; & vous n'tablissez l'existence de Dieu quesur le grand spectacle de la nature & sur l'vi-dence des causesfinales. Ciceron, Sneque & lafoule des rhteurs aprs eux, n'ont jamais manquune feule occasion d'taler toute leur loquence ce sujet, & de cacher la pnurie des ides fousl'abondance des mots.

    Mais Pascal vous et rejett bien loin avec vos

    preuves tires du spectacle de la nature, lui pourqui Dieu toit moins probable que Jesus-Christ,& qui concevoit mieux qu'on pt tre athe quedifie.

    Il savoit bien que la religion n'a rien craindre

    des premiers, & qu'au contraire elle ne sauroit

    trop redouter les autres.Supposons en effet qu'un homme, aprs vous

    avoir lu, vous tnt ce discours. L'ternit du

  • ( II)monde ne m'a jamais rpugn comme vous;son immensit ne m'effraye point, & je dis lanature: si tu m'offres des escapes sans bornes, jet'oppose dessiecles et des gnrations sansfin. Placentre ces deux infinis, je ne me crois point mal-heureux: j'admets pour lmens ternels, l'es-pace, la dure, la matiere & le mouvement.Les germes fems par tout me dfendent de croire

    que la nature ait commenc, ni qu'elle s'puisejamais. Je vois que le mouvement, en exerant la

    matiere, lui donne la vie, qui n'est elle - mmequ'un mouvement spontan: je vois que l'exercicede la vie produit le sentiment, & l'exercice dusentiment la pense; ainsi que l'exercice de la pen-fe enfante les hautes conceptions. Or, vie, sen-timent 6, pense, voil la trinit qui me parotrgir le monde. Toutes les productions de la terres'abreuvent plus ou moins de ce fleuve de lavie qui en fertilise la surface. L'organisation pluscomplique des animaux en retient plus que celledes plantes, & l'homme en est encore plus chargqu'eux: c'est le diamant qui absorbe plus de lu-miere que le simple crystal. Je vois donc qu'il n'y ade mortel sur la terre que les formes & tous cesassemblages d'ides que vous nommez esprits 6**ames. Je vois que le premier rayon de lumiere quientre dans l'il d'un enfant & la premiere gouttede lait qui tombe sur sa langue, y forment unpremier jugement, puisqu'il fent que l'un n'est pas

  • ( 12, )l'autre. Autour de ce jugement se rassemblentd'autres ides; & comme on n'oseroit qualifier dunom d'arme une poigne de soldats, on necommence donner le nom d'esprit & d'ame qu'un certain nombre d'ides. L'enfant indique lui-mme cette poque, lorsqu'aid du sentimentde son existence & de la foule de ses souvenirs,il commence se distinguer de tout ce qui l'en-vironne & dire moi. C'est une plante arrive l'tat de fleur. Que cet enfant prisse, il n'yaura de dtruit que la somme de ses ides: soncorps ira subir d'autres formes. C'est ainsi qu'enbrlant un livre ou un tableau, vous perdez rel-lement & sans retour l'esprit & le dessein qui ysont attachs; mais le matriel du livre & du ta-bleau tombe en cendres & s'leve en vapeurs quine prissent jamais. Je fuis donc plus sr de l'im-mortalit des corps que de celle des esprits : d'ail-leurs l'esprit & le corps sont vraisemblablementune mme chose; & celui qui connotroit fondles secrets de l'anatomie, rendroit compte detoutes les oprations de l'ame; puifqu' chaquedcouverte qu'on fait, la nature laisse tomber unde ses voiles. Ces vrits gnrales me suffisent;&: je ne conois pas que vous en soyez assez m-content, pour tre oblig de recourir un Dieu

    qui, aprs avoir cr le monde, ne cesse desoutenir & de rparer son ouvrage. Et quandcela feroit, quelle preuve en auriez-vous? O

  • ( 13 )font les titres de votre mission? Du moins les

    Juifs, les Chrtiens & les Mahomtans avouent

    que Dieu leur a parl, & qu'il a trac lui-mmele culte & les crmonies qui lui plaisent. Maisvous, toutes vos preuves se rduisent un senti-ment vague d'esprance & de crainte: vous mefaites du Dieu que vous dsirez un portrait defantaisie, & vous croyez lui plaire: tandis quemoi, voyant les mysteres dont il s'est environncomme d'autant de gardes qui me crient, n'ap-prochez pas, je me retire & je crois entrer mieuxque vous dans ses vritables intentions. Obser-vons aussi, entre nous, que le fort de Dieu a vari comme celui des hommes: quand les peuplestoient ignorans & barbares, ils se contentoientde faire Dieu tout-puissant, & par ce seul motils tranchoient grossirement toutes les difficults.Mais mesurequ'ils ont t plus instruits, Dieului-mme leur a paru plus intelligent : ils ont ex-pliqu par les loix de la nature, ce qu'ils regar-doient auparavant comme une opration imm-diate de son auteur, & Dieu a rellement gagndu ct de l'intelligence ce qu'il sembloit perdredu ct de la puissance. C'est en ce sens que Dieuest toujours prs de l'ignorant, tandis qu'il reculesans cesse devant le philosophe, qui de jour enjour le place plus loin & plus haut dans la na-ture, & ne l'appelle lui qu' toute extrmit.Si je venois donc admettre ce Dieu votre

  • ( 14 )maniere & le distinguer du grand tout, je n'enferois pas moins athe vos yeux, puisque laprovidence ne seroit pour moi que le nom de bap-tme du hasard (1), & que Dieu lui-mme neme parotroit, comme tous les esprits foibles& paresseux, qu'une maniere commode d'expli-quer le monde. Vous croyez vainement humilierl'homme en lui parlant des bornes de son esprit.Un oiseau qui voit femer du chanvre, prvoit toutau plus qu'il viendra de cette graine une fort deplantes; mais il ne prvoit pas qu'on tirera decette plante de quoi faire des filets: encore moinsprvoit-il qu'on en fera du linge, & de ce lingedu papier & des livres. Tel est l'homme: tmoindes dmarches de la nature, comme l'oiseau l'estdes siennes, il en prvoit ce qu'il peut. Tout cequ'elle lui offre tant une jouissance pour les sens& un tourment pour l'esprit, il se livre & doitse livrer avec ardeur ce double besoin de jouird'elle & de l'tudier (2). Le dsordre moral vous

    ( t ) Cette expressionheureuse& familiere, est d'une femmedont on ne peut piller que la conversation, puisqu'ellen'-crit jamais.(2 ) C'estsansdoute la seuleenviede faite du bruit ou de

    semoquerde l'ineptequestion d'une acadmiede province.qui fit avancer Rousseauque 1.s ~sciencestoient un mal.Cet excellentesprit sentoitbien que l'homme est n pour seperfectionner& qu'ici le droit est fond lut le fait. Si nouspouvionsmarchersur l'eau, aurions-nousinventlesbarques?5i nous pouvionsgrimperles murailles, aurions-nousrecours

  • ( 1) )

    parot inexplicable : mais considrez que tout en:ordre, paix & symtrie dans le monde physique.Il est vrai qu'en passant des plantes aux animaux,& sur-tout l'homme, on commence trouverle dsordre & la guerre, & que s'il existoit quel-que tre mieux organis que l'homme, il auroit despassions encore plus terribles. Chacun tend foi:voil l'origine du bien & du mal. Voudriez-vousque les hommes fussent sur la terre, immobiles& rangs comme des arbres ct l'un de l'autre?La paix feroit trop chere ce prix. En tout il nefaut pas vouloir tre plus savant que la nature ;& si dans la socit vous tiez trop choqu del'ingalit des conditions, convenez du moins quele bonheur est mieux distribu que les richesses.

    Quant moi, je mene une vie conforme l'or-dre en suivant les lumieres de ma raison. Commepicure, ( I ) j'ai plac la vertu dans la volupt,

    aux chelles? L'industriesupplela puissance, & l'art aide lanature. Demandersi c'est-l un bien ou un mal, c'est deman-der en dernier rsultat si le monde lui-mmeest unmal ouunbien, & s'il ne vaudroit pas mieuxqu'il n'existt pas: c'estdemander si la rhubarbe est un poison ou un aliment. Larhubarben'est ni l'un ni l'autre: c'est un remede. Les scien-ces & les arts font aussides remedescontre l'ignorance, Sedes ressourcescontre les besoins.( I) Ce n'etf point l'Epicuredfigur par tant de calomnies

    dans les coles& parmi le peuple. C'est l'picurede l'anti-quit, undes hommes qui a le plus approch de la per-fection.

  • '( 16 )afin de la rendre plus dlicate &plus aimable, &de faire le bien pour le plaisir mme de le faire ;tandis que vous ne songez qu' viter un chti-ment ou obtenir un prix. Je suis feulement f-ch que le nom mme de la vertu fasse la satyrede l'homme, puisqu'il signifie effort .

    Il me semble, Monsieur, que si un incrduleavoit l'impolitesse de vous pouffer ainsi, vouspourriez tre embarrass, quoi que vous fissiezpour surprendre son irrligion ; mais le peuplese moqueroit d'un homme qui n'allgue pourrgle de morale que l'utilit gnrale des soci-ts, pour motif que l'intrt & le plaisir qu'ontrouve faire le bien. Ce systme est si nu, il

    parle si peu l'imagination , il suppose tant derflexions & de connoissances , tant de noblesse& de rectitude dans l'ame , qu'il ne conviendra

    jamais la multitude. Ce n'est point ainsi qu'onmene les nations en laisse : il y a dans le curhumain une fibre religieuse qu'on ne peut extir-

    per ; &voil pourquoi d'un bout de la terre l'autre on nous inocule si facilement d'une reli-

    gion. Or , les prtres ont craindre que lesdifies ne les gagnent de vtesse ; car les difies

    appuyent leur morale sur la mme bafe qu'eux.Ils prchent comme eux un, Dieu bon & juster:ils s'attachent les curs par les mmes esprances

    par les mmes craintes, par les mmes confo-

    lations: ils se mettent la porte de tous lesesprits :

  • t 7 )esprts, l'imagination ne peut rsister l'imposanttableau qu'ils font de la providence & de l'ordre

    qu'elle entretient dans l'univers : ils persuadentfacilement que Dieu fera pour un autre mondece qu'il n'a pas fait pour celui-ci: ils ont enfinsur les prtres l'avantage de la tolrance. Etvoil pourquoi la profession de foi du VicaireSavoyard, laquelle est un trs-beau prcis devotre Livre, a sduit les ames honntes &douces; tandis que le Livre du systme de 1,%nature, ft-il aussi attrayant qu'il efl: ennuyeux,n'a d entraner personne. Un systme qui tel'immortalit l'homme, pour la donner l'u-nivers , qui tablit que le monde n'a ni com-mencement ni fin , & qui veut que tout pliefous la ncessit , ne fera jamais fortune. Leshommes font intraitables l-dessus, & c'est unechose plaisante qu'en fait de gnalogie , ilstremblent toujours de rencontrer leur origine,& qu'en mtaphysique , ils s'puisent pour enchercher une l'univers. Toutes choses , ditPascal , font sorties du nant & portes jusqu'l'infini . C'est--dire, l'infinie grandeur, l'infinie petitesse, & l'infinie dure; tellementque si l'homme aime croire que le monde acommenc, il ne dsire pas avec moins d'ardeurque son ame foit immortelle 1 (sa'aborderle nant au sortir de la yie, & ,1l''p figure-e >'une autre au bout de ceUe-tgt, iQoinlns ses

  • ( 18 )jardins il fait peindre des ciels & des perspectives ,afin de donner la plus courte alle toute l'illu-sion de l'immensit.

    Je n'ai cherch, direz-vous , qu' panchermon ame & mes ides: n'ayant plus l'administra-tion pour objet, j'ai cru devoir m'occuper del'influence de la religion sur les tats: j'ai vouluprserver notre imagination de l'effrayant spectacled'une existence sans date , d'une action sanslibert & d'un avenir sans esprance. Je suis unFnlon, mais un Fnlon sans vch, & loinde donner un culte la prfrence sur un autre ,je me sens au fond du cur une tolrance uni-verselle, qui voudroit protger toutes les croyan-ces & jetter de nouveaux liens parmi les hommes,en leur montrant tous le mme pere , dans unDieu toujours prt recevoir la varit de leurstributs, & sourire indulgemment la bizarreriede leurs hommages.

    Cette disposition d'esprit & de cur , cettehienveillance qui vous attire vers tous les hommes,& qui vous rend heureux, ne peut aussi que vousrendre plus cher vos amis: mais ce doit trel le secret de votre ame; & si vous en faitesune profession de foi & une profession publique,lle ne peut que vous compromettre : c'est assez

    d'exposer sa gloire, il faut du moins drober sonbonheur. Le Livre de l'importance des opinionsreligieuses , quelqu'homme de lettres qu'on l'et

  • ( 19 )

    Bij

    attribu, n'et peut-tre pas t remarqu: maisvous avez t homme public, & comme cri-

    vain, vous avez pass du ministere des finances celui de la parole. On a droit de supposer quevous avez eu le tems de connotre les maladiessecrettes de l'tat ; & votre ouvrage pourroitfaire souponner le clerg de corruption , & legouvernement d'indolence sur le grand objet dela religion.

    S'il se trouvoit en Europe un monarque athe,assez fou pour paffer de la thorie la pratique ;un roi qui voult dtruire les temples & nouster tous les signes visibles de la religion, pourne plus gouverner les hommes que par le raison-nement & par les loix, sans doute un Livre quilui dmontreroit l'importance des opinions reli-

    gieufes, lui ouvriroit les yeux. Mais le feu roide Prusse, qui a donn tant de symptmes d'a-thisine, n'en a t que plus tolrant pour toutesles religions. Il connoissoit trop bien l'nergie dece ressort cach, & vous savez, Monsieur, quedes colonies de Juifs, de Catholiques , de Cal-vinistes & de Luthriens, ont fleuri l'ombrede son trne.

    C'est peut-tre cet exemple mme que vousaviez en vue; & je conois que dans un momento le roi donne l'tat civil aux Protestans, sansleur permettre d'avoir un culte public, vous ayezfong proposer en forme de dilme, ou la

  • (O )tolrance religieuse aux Catholiques, ou l'indif-srence du disme aux Protestans. Si c'est- l,comme je pense, le but de votre ouvrage, vousl'avez indiqu si rapidement , pag. 478, que laplupart des lecteurs auront besoin d'en tre aver-tis. Vous y observez que si le nombre desdissidens toit ou devenoit considrable, une par-tie de la nation seroit sans culte, & que le gou-vernement ne peut s'y montrer indiffrent .

    Il faut croire que s'il existoit cinq ou six reli-

    gions diffrentes dans l'Etat , le gouvernementleur et accord toutes la libert du culte; maisentre Protestans & Catholiques, on a sans doutecraint d'lever autel contre autel. Il seroit heureuxque les Protestans eussent assez de philosophie pourse contenter de nos glises & de nos prdica-tions ; mais leurs ministres ne le fouffriroient pas.L'intrt est le nerf secret de toutes les religions,& je ne voudrois pas exposer la ntre , toutcertain que je fuis de sa dure, la privationdes bnfices.

    Dans tout votre Livre, Monsieur, vous ne ces-sez d'attribuer la religion une force que voussavez trs- bien qu'elle n'a pas: son impuissance-contre les pallions est connue, & vous n'ignorezpas son insuffisance contre les prjugs. Un hom-me religieux n'est-il pas bien sr de sa damnationternelle, s'il est tu en duel? Et cependant lepoint d'honneur l'emporte, & il se bat. Une mere

  • ( 21 )dvote sacrifie le bonheur de sa fille l'avance-ment de son fils, & elle ne doute pas qu'unereligieuse victime en ce monde ne le soit souventdans l'autre.

    Si la religion est impuissante contre les passions& les prjugs, vous nous direz peut-tre qu'elleest admirable contre l'infortune &: la misere. Plai-sant ddommagement proposer un peuple cra-s d'impts & opprim par les puissances, quel'enfer pour les riches & le paradis pour les pau-vres! Les mauvais gouvernemens ne demandentpas mieux qu'un langage qui tend faire des es-claves plus fournis & des victimes plus rsignes.Est-ce donc ainsi qu'un homme d'tat doit parler des peuples malheureux? Un habile tyran, dit Ma-

    chiavel, parotra toujours inviclablement attach sa religion, s'il veut tout faire impunment.

    Vous vous plaignez, Monsieur, vers la fin devotre Ouvrage, de ce qu'on affecte aujourd'huide ne plus parler religion dans la socit. Pascalse plaignoit de son tems de ce qu'on en parloittrop. L'esprit humain las d'une attitude en prendune autre, & on appelle rvolution ces petitschangemens. Montagne , Charron , Bayle, laMothe le Vayer & autres, parlerent hardimentde tout; mais ces semences de libert se perdi-rent sur un terrein mal prpar. Le siecle deLouis XIV, tout littraire & tout religieux,

  • C ii )devint le plus beau siecle du christianisme; je n'enexcepte pas les tems de la primitive glise. Quelsiecle en effet que celui o l'on voyoit non-seule-ment les Bossuet & les Fnlon, les Turenne &les Cond , mais les Racine, les Corneille & lesBoileau s'occuper sans relche des moindres pra-tiques de la religion , sans se permettre jamaisl'ombre mme du doute! Louis XIVn'avoit donnqu'une allure l'opinion , & tous les esprits lasuivirent. Mais fous Louis XV , prince qui laissoittout aller, chacun s'ouvrit une route: l'insurrec-tion fut gnrale, & on ne parla que de philofo-phie & de religion pendant un demi-siecle. Au-jourd'hui l'usage est de ne parler ni de l'une ni del'autre. Ces questions ont fatigu le monde. Il n'ya que quelques jeunes gens, vexs par des pratiquesminutieuses de dvotion, qui s'en vengent par despropos au sortir du collge; mais l'exprience leurapprend bientt que, si l'homme est une trop ch-tive crature pour offenser l'tre Suprme, iln'en est pas moins vrai que les irrvrences sontdes crimes envers la socit; qu'il ne faut ni bles-ser les dvots ni ennuyer les gens d'esprit; &qu'en tout il est plus plaisant de parler de cemonde-ci que de l'autre. Au reste l'homme quipense, fait toujours ce dont il s'agit l'poqueo il se trouve, & je ne doute pas qu'avec safureur de dominer le siecle, Voltaire n'et tautrefois un pere de l'glise ou un fondateur

  • ( 2 Jd'ordre (I). On fait assez jusqu'o il poussoit sajalousie contre les fondateurs de religions.

    Il faut avouer aussi que c'est l la premiere desgloires: mais n'est-ce pas une purilit que de s'af-fliger de trouver la place prise? Dans le grandnombre de sectaires, combien peu ont russi ! Et quel prix encore? Quel admirable concoursde circonstances ne faut-il pas pour fonder unereligion? Dieu lui-mme avoit prpar la terrepour l'tablissement du christianisme. En vainla mythologie flattoit les foiblesses humaines& charmoit l'imagination ; il y a dans l'hommeune partie raisonneuse qui n'toit pas satisfaite;la religion n'toit que potique, & voil pour-quoi il se formoit de toutes parts des sectes &des associations d'adorateurs d'un seul Dieu. Lestocisme sur-tout leva l'homme au-dessus de lui-mme; mais comme tant de fages ne professoientque le disme pur, &: ne dressoient des temples Dieu qu'au fond de leur cur, ils ne purent fixer lesregards de la multitude qui admiroit leur vertu,sans voir quel en toit l'objet ou le prix. La su-perstition dborde sur la terre demandoit unemain qui lui creust un lit & lui donnt un cours

    ( I) Peut-on en douter, quandon trouvetout l'espritde nosphilosophesmodernesdans les Peresde l'Eglise, & sur-toutdans St. Augustin, qui disoit que si la raison vient tard auxenfans, c'etf afinqu'elleles trouveacoquins ce monde

  • ( H )rgulier. Le christianisme vint & parla aux feus, l'esprit & au cur: en retenant la pompe dupaganisme, la subtile mtaphysique des Grecs &toute la puret du stocisme, cette religion setrouva parfaitement approprie la nature hu-maine. C'est elle qui a consacr le berceau detoutes les monarchies de l'Europe: elle a favo-ris le progrs de la lumiere, en nourrissant lefeu des disputes; elle a fait tourner au profit desnations & les utiles scandales des papes, & lesinutiles vertus du clotre, & les succs des m-chans, & les vertus des incrdules; & je ne faisce que tous ses adversaires runis pourront mettre sa place, si jamais l'Europe l'es constitue arbi-tres entre l'homme & Dieu.

    Voil ce que pense aujourd'hui la plus fainepartie du monde: mais on est convenu de neplus agiter ces questions : ce font des cueils mar-qus sur la carte, & chacun les vite. Les espritsles plus heureux en mtaphysique que gagnent-ils mditer sur l'infini, sur Dieu, sur l'ame, surl'ternit? Une image neuve, une expression plusvive &voil tout (I). Ce n'est point par-lqu'on recule les bornes de l'esprit humain: en

    4 I) Voici la plusgrandede ces expressions: la nature eflttn cercledont le centre estpar-tout, la circonfrencenullepart.Elleest du vieux trismgiste,elle a t rpreparTimede Locre,par St.Auustin, & enfinpar ilafcal.

    tout

  • (15 )

    Q

    tout il ne faut pas songer tre plus qu'homme ,mais feulement tre plus homme.

    La croyance en un Dieu n'a sur-tout aucun b-soin d'appui. Elle est si naturelle & si ncessaireaux gouvernemens, aux peuples, la socit,aux beaux arts (1), la richesse pour sa fre-t, la misere pour sa consolation! Le mondeseroit orphelin, dit Shafterbury, si Dieu n'exitoit

    pas (2).On ne peut, Monsieur, qu'tre frapp ert

    (I) Je diroisvolontiers a un artisteathe: Si vousniezun Dieu, l'homme tant le premiertre de la nature, lesinge devient son lieutenant, & que deviennentles bellesformes? Nous songeons nous lever, &s'il y avoit desanges, nos femmesnousquiteroient pour eux afin d'ennoblir& de perfectionnerl'espece.C'est ainsiquedans La fomaine.le muletvante toujours sa mere la jument, en dpit deM. Mercier, qui lui rappelletoujoursl'ne son pere.Mettezdonc l'infini entre vous & votre modele, & donnez-vous un but qui reculesanscesse.( 2) Lisezdans Voltaire combien il fut frappd'admira-

    tion, quand il vit pour la premierefois que Locke, Clarke& Newtonne prononoientjamaisle nom de Dieu sans leverle chapeau.Il y a pourtant une rpubliquefort sage qui neveut pas qu'on parle de Dieuni en bien ni en mal. C'estlaqu'on n'entendpoint demanderd'un ct, y a-til un Dieu?Et de l'autre, combieny a t-il de Dieux? UnAthnienavoiccommencl'loged'Hercule.Un Spartiatelui demanda: Quiest-cequi le blme? Du reste si on toit forc se dciderentre un athe qui n'admet point de Dieu, & un idoltrequi en admettroit un ridicule, il faudroit selon M. Neckerase dciderpour l'idoltte.

  • (26)vous tisant, de la peinture que vous faites duvuide & de la solitude que nous laissent les gran-des places: elles ont l'inconvnient des grandespassions, de rendre tout le reste insupportable.Vous le savez; tout homme qui s'leve s'isole,& je comparerois volontiers la hirarchie des es-prits une pyramide. Ceux qui font vers la baserpondent aux plus grands cercles, & ont beau-coup d'gaux: mesure qu'on s'leve, on rpond des cercles plus resserrs; enfin, la pierre quisurmonte Se termine la pyramide est seule & nerpond rien.

    Ce qu'il y a detriste, eell que le monde quiveut compter avec les grandes places & les grandstalens, se figure communment que, pour un hom-me qui les runit, tout est plaisir ou pense. Et ce-pendant quoi se rduit la vie, si on se sert decette mesure? Sneque & Ptrone, que vous comp-tiez par vos plaisirs ou par vos penses, vousaurez peu vcu! Quelques jouissances, que lquesides, voil ce qui fait le grand homme ou l'heu-reux; & c'est dans une page d'criture ou dansles bornes d'un jour, qu'on peut resserrer la gloire&: le bonheur d'une longue vie. Il n'en est pasainsi de la sottise & du malheur.Je finis, & je me propose, si vous le trouvez

    bon, d'tablir dans une autre lettre, que les philo-sophes sans la morale ne sont plus des sages, maissimplement des raisonneurs. Que la religion n'est

  • ( 27 )

    pointla perfection de la morale, car la morale

    est toujours parfaite & n'est susceptible de plus nide moins: mais que la religion est le supplmentde loix, puifqu'elle ajoute la peur des suppli-ces temporels, la crainte des peines ternelles.

    Lexqu ligat, religio qu religat. Qu'ainsi les loixfont faites pour retenir les mchans, la religion

    -4k~1.l a ra1e pour lespoui les ames

    intresse ,"'

    pour lesconsciences. l' 1coneciences. ; >/J'ai l'honneur d'tre, c , ,:-;.