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    U n iv e r s i t d u Q u b e c M o n t r a l_____________________________________________________________________________________________

    L i s o n s K a n t

    KA n a l y s e s , co m m e n t a i r e s , pa r a p h r a s e s , r s u m s et t a b l e a u xp o u r ai d e r l i r e

    l a C r i t i q u e d e l a r a i s o n p u r ee t l a C r i t i q u e d e l a f a c u l t d e j u g e r

    p a r N o r m a n d L a c h a r i t p r o f es s e u r a u d p a r t e m e n t d e p h il o s o p h ie

    _____________________________________________________________________________________________

    M o n t r a l , m a i 1 9 9 7

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    Pierre Poirier,

    philosophe,porteur de lesprit de la Critique

    et dautres Lumires

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    1997 Normand Lacharit

    Dpt lgal: 2e trimestre 1997.

    Ouvrage reproduit et reli par les Services de reprographie de lUniversit du Qubec Montral.

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    A v a n t - p r o p o s

    trois reprises, jai donn le cours Phi-4013 Kant cest un cours rgulier de 45 h, donn en une session des tudiants du baccalaurat en philosophie de lUniversit du Qubec Montral. Le prsent ouvrage reproduitles notes progressivement labores au cours de cet enseignement, ainsi que des dveloppements nouveauxintroduits dans le thme #11. Le criticisme: une reconstruction daprs la Critique de la facult de juger et rdigsau printemps de 1997.

    Jai chaque fois conu cet enseignement comme loccasion de confronter les tudiants au texte mme deKant, en traduction franaise. Aussi ai-je voulu limiter mon intervention une prsentation des thses qui ne soit

    gure plus quun prsentation des textes. Mon effort a t centr sur ltude de texte et jai tent de varier lestechniques qui permettent lidentification et la prsentation des contenus textuels. Le caractre particulier de cesobjectifs explique, dune part, que mon lecteur ne trouvera presque rien ici de mes rflexions personnelles (mme propos de Kant) et trouvera au contraire une profusion (peut-tre mme excessive) de citations et de rfrences. Cesdeux caractres seraient inadmissibles dans un ouvrage philosophique du genre essai ou dans un ouvrage dhistoirede la philosophie. Cependant je ne crois pas devoir ici offrir des excuses mon lecteur, pour ces dfauts quentraneassez naturellement la particularit de mes objectifs, compte tenu du contexte institutionnel.

    Par ailleurs, les notes prsentes ici ne traitent pas de la mme faon les deux Critiques: a) de la Critique de lafacult de juger je ne mattache pas systmatiquement au texte; je fais plutt une reconstruction rationnelle desrapports que Kant y tablit entre les facults; ce faisant, je tiens compte de lensemble de louvrage mais je neprocde pas par prsentation systmatique de ses parties. Le contexte de ma reconstruction rationnelle est leproblme gnral de la cohsion du dcoupage des facults dans le criticisme. b) de la Critique de la raison pure je

    prsente lessentiel de lEsthtique et de lAnalytique; mais je laisse de ct de larges parties de la suite et me doisden prvenir ici respectueusement le lecteur: je couvre les Paralogismes de la raison pure (en suivant le texte de ladeuxime dition), mais de lAntinomie de la raison pure je ne prsente que les sections 7, 8 et 9 aprs avoirrsum larticulation des neuf sections; mon travail sur la Dialectique sarrte l, de sorte que le lecteur ne trouverarien sur lIdal de la raison pure troisime chapitre de la Dialectique. Je nai pas de notes non plus sur le longAppendice la Dialectique, ni sur la Mthodologie transcendantale sauf pour son chapitre III surlArchitectonique de la raison pure, utilis ds le dbut des notes.

    La prsentation matrielle du texte naura sans doute pas atteint le degr defini que jaurais souhait et quejaurais pu atteindre moyennant un peu plus de temps. Cest seulement au printemps de 1997 que jai convenu duncertain nombre de rgles applicables aux divers problmes de graphie et de typographie quun ouvrage savant doitprofessionnellement rsoudre. On trouvera lnonc de ces conventions dans lAppendice 7, la fin du volume.Lapplication de ces rgles aux dizaines de pages antrieurement rdiges aura t faite de faon plus expditive que

    systmatique. Pour les imperfections qui subsistent, je prsente volontiers mes excuses mon lecteur et sollicite sabienveillance.

    Normand Lacharit, professeur.

    Eastman, dcembre 1997

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    K T h m e # 1 K

    1 . L e s c o n t e x t e s d el a C r i t i q u e d e l a r a i s o n p u r e

    1. Les contextes de la Critique de la raison pure ............................................................................................7

    1.1 Les trois contextes: vue densemble..................................................................................................... 7

    1.2 La Critique de la raison pure parmi les disciplines mtaphysiques......................................................9

    1.2.1. Position gnrale du problme.....................................................................................................91.2.2. La manire dont Kant sexprime dans lArchitectonique de la raison pure ..........................10

    1.2.3. Le problme du rapport entre la Critique de la raison pure et le systme (desconnaissances) de la raison pure................................................................................................13

    1.2.3.1 Lanalyse des textes kantiens faite par Roger Verneaux..................................................131.2.3.2 La solution propose par Normand Lacharit au problme de la distinction entre

    critique et systme de la raison pure................ ............... .............. .............. .............. ........ 15

    1.3 La Critique de la raison pure parmi les trois Critiques La typologie des facults de lesprit........18

    1.3.1 Raison pure et raison pratique....................................................................................................18

    1.3.2 Les pouvoirs de lesprit: la connaissance, le dsir, le plaisir..................................................... 19

    1.4 La Critique de la raison pure parmi les doctrines philosophiques de la connaissance et de

    lexistence humaine Lidalisme transcendantal entre le rationalisme et lempirisme.................211.4.1 Autonomie de la connaissance humaine eu gard labsolu..................................................... 21

    1.4.2 Autonomie de la morale eu gard au savoir (la science)...........................................................23

    1.4.3 Autonomie de la Critique eu gard lexprience (et lhistoire?) ..........................................23

    1.1 Les trois contextes: vue densemble

    I. La place de la Critique de la raison pure dans le systme des connaissances de la raison pure; ou: la place dela Critique dans lensemble de la MTAPHYSIQUE.

    la raison pure que Kant se propose de soumettre la critique nest autre que la mtaphysique delcole wolffienne. (Caygill, H., KD 291.3.1-2) Dans cette cole, la mtaphysique est divise en quatreparties: lontologie, ou mtaphysique gnrale, qui avait pour objet, dans les termes de Wolff, les premiersprincipes de notre connaissance et des choses en gnral; la psychologie, qui avait pour objet lme; la cosmologie, qui avait pour objet le monde; la thologie, qui avait pour objet Dieu.

    Les trois dernires parties formaient la mtaphysique spciale. Il est remarquable que cetordonnancement se retrouve dans la Critique de la raison pure: lAnalytique transcendantale traite sa

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    faon de lontologie; et les trois sections de la Dialectique transcendantale considrent les thmes destrois parties traditionnelles de la mtaphysique spciale: lme, le monde et Dieu.

    Cependant, la Critique nest pas prsente par Kant comme une nouvelle mtaphysique, apte sesubstituer celle de lcole dominante, mais comme une propdeutique toute mtaphysiquefuture. Ce qui pose deux types de problmes:

    le problme des rapports entre le criticisme et la (ou les) mtaphysique existante: quest-ce qui en estdmoli, quest-ce qui en est maintenu?

    La Critique a-t-elle sonn le glas de la mtaphysique?

    le problme de la distinction, dans loeuvre de Kant lui-mme, entre ce qui appartient la propdeu-tique et ce qui en est lapplication, au cours de llaboration des doctrines mtaphysiques qui doiventoffrir les principes et autres connaissances quil est possible de driver des seuls pouvoirs de laraison pure (donc connaissances synthtiques a priori) concernant les objets traditionnels de lamtaphysique. Voir lARCHITECTONIQUE DE LA RAISON PURE.

    II. La place de la Critique de la raison pure parmi les trois critiques: quels sont les rapports entre raison pure,raison pratique etfacult de juger? Ou: la place de la raisonpure parmi les autres FACULTS.

    Quand on distingue les Critiques au moyen dun ordinal, on fait rfrence leur date de premireparution:

    la premire Critique est la Critique de la raison pure, publie en 1781; la deuxime est la Critique de la raison pratique, publie en 1788; la troisime est la Critique de la facult de juger, publie en 1790.

    Le rapport entre raison pure et raison pratique . Dans larchitectonique de la raison pure, on voit unetrace du rapport entre raison pure et raison pratique, du fait qu un certain niveau darticulationapparaisse une relation entre la mtaphysique des moeurs et la mtaphysique de la nature. Mais linter-prtation de cette relation montre immdiatement que raison pure ne soppose pas du tout raisonpratique, comme on pourrait tre tent de le supposer en voyant les titres des deux premires Critiques.

    Le rapport entre raison et facult de juger. en juger superficiellement par les titres des trois Critiques, on pourrait penser que les deux

    premires traitent de la raison et la troisime de la facult de juger, et imaginer une sortedopposition entre raison et facult de juger; ce rapport varierait selon que lon associeraitlentendement la facult de juger ou la raison. Ces suggestions sont trompeuses; il faut leurrsister.

    Mais si la Critique de la raison pure prsente une thorie des pouvoirs dvolus lentendement etdvolus la raison, pourquoi Kant a-t-il rdig la troisime critique: quel est le rapport entrelentendementdont la thorie est faite dans la premire Critique (peut-tre aussi dans la deuxime)et lafacult de jugerdont la thorie est prsente dans la troisime?

    La rponse cette question a deux volets:

    1. la distinction entre usage dterminant et usage rflchissant de lentendement et de la raison.

    2. la typologie des facults qui prcise la nature et la fonction de la reprsentation prsente enlesprit. Cette typologie distingue la facult de connatre, celle de dsirer et celle dprouver du

    plaisir ou de la peine. Cette typologie fait ressortir les fonctions des pouvoirs de lesprit danschaque cas et les fonctions correspondantes des reprsentations; et on dcouvre une ordonnanceque ne laisse pas voir larbre de larchitectonique, savoir:

    que la raison nest pas seulement une facult de connatre, mais aussi une facult de dsirer, ence sens quelle possde un usage qui la fait intervenir sur la volont. Ce dont rend compte laCritique de la raison pratique.

    que lentendement nest pas seulement une facult de connatre, mais aussi une facult quipermet dprouver du plaisir ou de la peine et qui, en cette fonction spcifique, contribue la

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    production de jugements dune sorte tout fait spciale dont la thorie est faite dans la Critiquede la facult de jugeret non pas dans la Critique de la raison pure.

    que la facult de juger, enfin, est parfois une facult de connatre et parfois non Ce quidemandera certes des claircissements.

    III. La place de la Critique de la raison pure parmi les DOCTRINES philosophiques de la connaissance et delexistence humaine. ENJEUX ET IMPACTS. La fonction de lentreprise critique en tant que science deslimites de la raison humaine.

    Je tenterai de dcrire la spcificit de cette place au moyen des concepts dautonomie et de limite; la force dela revendication dautonomie est conditionne par la reconnaissance dune limite corrlative.

    Autonomie de la connaissance humaine eu gard labsolu, dans les limites de lexprience possible etde la dimension temporelle de lactivit de recherche. (Il sagit de la temporalit de lagir du chercheur etnon de celle du phnomne.)

    Le rapport la tradition antrieure: La fin du primat de labsolu; Kant pense dabord la finitude,ensuite lAbsolu ou la divinit.

    Le rapport la tradition postrieure.

    Autonomie de la morale eu gard au savoir (la science), dans les limites de la temporalit et de lusagepratique de la raison. Autonomie de la Critique eu gard lexprience (et lhistoire?), dans les limites du transcendantal

    (considr comme point de vue, comme mthode et, en particulier, comme mthode dargumentation).

    Le rapport la tradition antrieure. Naissance de la philosophie transcendantale.

    La question de savoir quelles oeuvres de Kant appartiennent cette philosophie.

    Le rapport la tradition postrieure.

    Comment se comparent la conception que K. se faisait de la philosophie transcendantale et cellequi a cours aujourdhui sous ce nom.

    1.2 La Critique de la raison pure parmi les disciplines mtaphysiques

    1.2.1. Position gnrale du problme

    Est-ce une pistmologie, au sens o ce terme circule au XXe sicle?

    est-ce une philosophie transcendantale?

    est-ce une mtaphysique? une propdeutique une mtaphysique?

    Le problme est pos dans lintroduction de Rousset (dition Garnier-Flammarion de 1976). En expliquantque la CRPu a des lacunes (qui la rendent dautant plus difficile comprendre), Rousset prcise

    que [la CRPu] nest que la propdeutique grce laquelle la connaissance possible est rapporteaux facults de lesprit humain, mais quelle na de sens que dans la mesure o elle saccomplit dansune mtaphysique qui russit construire la dtermination scientifique de lobjet connaissable, eto elle fait partie dune philosophie transcendantale, qui doit tre le systme achev de toutes lesides et de tous les principes requis pour la pense unifie de ltre dans la connaissance et danslaction.

    (Prsentation, CRPu, Bar 20.1)

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    1.2.2. La manire dont Kant sexprime dans lArchitectonique de la raison pure

    La notion darchitectonique CRPu, Bar 621.

    Jentends par architectonique lart des systmes. (621.1.1)

    lunit systmatique fait passer dun agrgat un systme [proposition tenant lieu de dfinition pourle concept de systme; la proposition sera plus explicite ci-aprs] la science est une connaissance qui a acquis un caractre dunit systmatique (Conclusion 1) larchitectonique est donc la thorie de ce quil y a de scientifique dans notre

    connaissance en gnral 621.1 (Conclusion 2) Larchitectonique appartient la mthodologie.

    Le concept rationnel scientifique contient donc la fin et la forme du tout qui concorde avec lui. (621.2)

    jentends par systme lunit des diverses connaissances sous une ide. Dfinition. Cette ide est le concept rationnel de la forme dun tout, en tant que la sphre des lments et la

    positon respective des parties y sont dtermines a priori.. 621.2)

    [le schme] qui rsulte dune ide (o la raison fournit a priori les fins et ne les attend pas empirique-ment), celui-l fonde une unit architectonique. (622.1)

    Lide, pour tre ralise, a besoin dun schme schme = diversit et ordonnance des parties le schme qui nest pas form daprs une ide, cest--dire daprs une fin capitale de la raison, mais

    empiriquement, suivant des vues accidentelles (dont on ne peut savoir davance la quantit )ne donne quune unit technique.

    Les divers sens du mot mtaphysique selon les contextes demploi.

    Si je fais abstraction de toute matire de la connaissance, considre objectivement, toute connaissance estalors, subjectivement, ou historique ou rationnelle. (CRPu, Bar 623.2.1-3) Attention: les qualificatifs historiqueet rationnel peuvent galement sentendre objectivement. Aussi peut-il y avoir une connaissance objectivementphilosophique et subjectivement historique (exemple: la connaissance philosophique de la plupart des tudiants)

    Connaissance historique cognitio ex datis; donne quelquun du dehors (exprience immdiate, rcit,instruction); nest pas rsulte de la raison.

    Connaissance rationnelle cognitio ex principiis. puises aux sources gnrales de la raison (624.1) celle qui a lieu par construction de concepts: la mathmatique celle qui a lieu par concepts: la philosophie. La philosophie, en tant que systme de toute connaissance

    philosophique, est la simple ide dune science possible, qui nest donne nulle part in concreto, mais donton cherche se rapprocher (CRPu, Bar 624.3) concept scolastique de la philosophie: un systme de la connaissance, qui nest cherch que comme

    science, sans que lon ait pour but quelque chose de plus que lunit systmatique de ce savoir, parconsquent la perfection logique de la connaissance.. Le philosophe est un artiste de la raison,comme le mathmaticien, le physicien, le logicien.

    concept cosmique de la philosophie: science du rapport de toute connaissance aux finsessentielles de la raison humaine (teleologia rationis humanae) (CRPu, Bar 625.2.m7-5), conceptreprsent dans le type idal du philosophe, considr comme lgislateur de la raison humaine. Nousdterminerons avec plus de prcision ce que la philosophie prescrit, daprs ce concept cosmique, dupoint de vue des, pour une unit systmatique. CRPu, Bar 625.3.4f) la philosophie morale, ou la morale, qui soccupe de la fin ultime de la raison, de la destination

    totale de lhomme, qui a pour objet la libert; la loimorale.

    la philosophie de la nature.

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    Toute philosophie est ou une connaissance par raison pure, ou une connaissance rationnelle par principesempiriques. La premire sappelle philosophie pure, et la seconde philosophie empirique. (CRPu, Bar 626.3)

    philosophie empirique; appele aussi philosophie applique CRPu, Bar 630.3.m5). Elle contiendrait unevaste anthropologie (formant le pendant de la physique empirique) (631.1.2f) o lon retrouvera lapsychologie empirique.

    philosophie de la raison pure. Elle se divise en:

    propdeutique (un exercice prliminaire) qui tudie le pouvoir de la raison par rapport touteconnaissance pure a priori, et elle sappelle alors critique.

    mtaphysique: systme de la raison pure (la science), toute la connaissance philosophique (vraie ouapparente) venant de la raison pure dans un ensemble systmatique (CRPu, Bar 626.4.4-7)

    mtaphysique de lusage spculatif de la raison pure, ou mtaphysique de la nature. Aussi:mtaphysique, au sens troit qui est le sens habituel.

    mtaphysique de lusage pratique de la raison pure, ou mtaphysique des moeurs.

    Cette dichotomie connecte avec la dichotomie terminale de larborescence prcdente.

    (M1) la mtaphysique, au sens large: ensemble des connaissances de la raison pure.

    critique de la raison pure: connaissance de la raison pure par elle-mme; = propdeutique M2; = esquissede la philosophie transcendantale.

    (M2) la mtaphysique, au sens troit: en tant que systme de la raison pure et philosophie comme doctrine.

    mtaphysique des moeurs: mtaphysique de lusage pratique de la raison pure

    (M3) mtaphysique de la nature, ou partie spculative de la mtaphysique au sens troit (M2):mtaphysique de lusage spculatif, ou thorique, de la raison pure

    la philosophie transcendantale: ne considre que lentendementet la raison mme dans un systmede tous les concepts et de tous les principes qui se rapportent des objets en gnral, sans admettredes objets qui seraient donns (ontologia) (CRPu, Bar 629.1.4-7)

    la physiologie (mais purement rationnelle); elle considre la nature, cest--dire lensemble desobjets donns (quils soient donns aux sens, ou, si lon veut, une autre espce dintuition) CRPu,

    Bar 629.1.7-10) la physiologie immanente: lusage de la raison y est physique, ou immanent; la physiologie

    immanente considre la nature comme lensemble des objets des sens, par consquent tellequelle nous est donne, mais seulement suivant les conditions a priori sous lesquelles elle peutnous tre donne en gnral. (CRPu, Bar 629.2.2-5)

    Voil une mtaphysique de la nature en un sens compatible avec la critique(Florence Khodoss, Les grands textes, 217.2)

    la physique rationnelle (ou mtaphysique de la nature corporelle): considre les objets dessens extrieurs, en tant quils constituent la nature corporelle.

    la psychologie rationnelle (ou mtaphysique de la nature pensante): considre lobjet dusens intime, lme, et, suivant les concepts fondamentaux de lme en gnral, la naturepensante. (CRPu, Bar 629.2.7-9)

    la physiologie transcendante: lusage de la raison y est hyperphysique, ou transcendant, cest--dire quil soccupe de cette liaison des objets de lexprience qui dpasse toute exprience(CRPu, Bar 629.1.m8-7).

    mtaphysique au sens ordinaire du mot, aussi bien traditionnel que moderne(F. Khodoss, Les grands textes, 217.3)

    la cosmologie transcendantale, ou cosmologie rationnelle,ou la physiologie de toute lanature (CRPu, Bar 629.1.m4-3): la liaison dont elle soccupe est interne;

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    la thologie transcendantale , ou thologie rationnelle , ou la physiologie de lunion detoute la nature avec un tre lev au-dessus de la nature (CRPu, Bar 629.1.2f). La liaisondont elle soccupe est externe.

    Mtaphysique M1

    CRPu(prop M2)

    (esquisse de philo tscdtle)

    M2(mphys., sens moyen)

    syst. de la RPu

    M3.1(mphys. des moeurs)

    Conn-ces de RPure: usage pratique de la RPu

    M3.2(mphys. de la nature)

    Conn-ces de RPure: usage spculatif de la RPu

    Phil. trscdtlesyst. de tous les concepts qui

    se rapportent des objets engnral [] ONTOLOGIE

    Physiologie de la RPu

    immanente

    Physica rationalisPsychologiarationalis

    transcendante

    cosmologietrscdtle

    thologie trscdtle

    Extrait de Albert Rivaud, commentant la dfinition de la philosophie transcendantale donne dans l Opusposthumum :

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    Lobjet [de la philosophie transcendantale] est de dgager lesprincipes mtaphysiques de toutes lesautres sciences mtaphysiques et notamment des deux plus importantes, mtaphysique de la Natureet mtaphysique des moeurs. On appelle mtaphysique, une science portant sur la forme de laconnaissance, dans le mesure o cette forme autorise, entre certaines limite, une connaissancerationnelle ou a priori, sans aucun recours lexprience. Une telle science comporte un

    enchanement rigoureux de principes.(p. 255.2 de: RIVAUD, Albert, Histoire de la philosophie, tome V,

    Premire partie De lAufklrung Schelling, Paris, P.U.F., 1968.)

    Rivaud mentionne galement que Kant se tient pour linventeur de ladite dfinition de la philosophie trans-cendantale.

    1.2.3. Le problme du rapport entre la Critique de la raison pure et le systme (desconnaissances) de la raison pure

    LA RAISON PURE COMME FACULT VERSUS LA RAISON COMME ENSEMBLE DE CONNAISSANCESPRODUITES PAR LEXERCICE DE LA RAISON PURE

    Les termes de lopposition peuvent tre caractriss ainsi: en tant que facult, la raison (pure) est objective

    comme objet tudier, ayant son fonctionnement

    comme auteur et agent de la Critique considre comme une dmarche intellectuelle.

    en tant quoeuvre ou systme, la raison est objective comme ensemble des connaissances thoriquesquil est possible de produire en se servant de la raison. Cet ensemble comprend toutes les sciences de laraison, les livres et [les] systmes de la raison pure (CRPu, Bar 74.1.3-4)

    LES CONNAISSANCES PURES RELATIVES LA RAISON ELLE-MME (ET AUX AUTRES POUVOIRS DELESPRIT) VERSUS LES CONNAISSANCES PURES RELATIVES LA NATURE* (DONT LA RAISON PURE FAITELLE-MME PARTIE)

    *Nature sentend ici comme un objet dtude gnral, avant la distinction entre ontologie etphysiologie, cest--dire avant la distinction entre objets possibles et objets donns.

    On prend le deuxime terme de lopposition prcdente (facult vs oeuvre), et on le divise son tour.

    Cette opposition est celle du rapport entre la critique et la mtaphysique, considres toutes deux commeensemble de thories et de thses. Le premier discours thorique prend pour objet la raison en gnral, entenduecomme lenglobant de tous les pouvoirs de lesprit; le second prend pour objets la nature et la libert.

    La critique tablit les pouvoirs et les moyens de la raison pure; cest une activit et son produit. La critiquepeut sentendre la fois comme un travail (dmarche intellectuelle) et comme une oeuvre. La mtaphysique estlactivit qui met en exercice ces pouvoirs et moyens ainsi que le produit de cette activit. (Mtaphysique commetravail vs mtaphysique comme oeuvre.)

    1.2.3.1 Lanalyse des textes kantiens faite par Roger VerneauxLe traitement que donne Verneaux I, dans son chapitre II Propdeutique et systme, p. 37-51 est

    instructif, du fait quil rassemble les diverses dclarations de Kant se rattachant ce problme, mais son interpr-tation des textes kantiens nutilise aucun moment la distinction entre travail et oeuvre. Je conjecture que labsencede cette distinction contribue considrablement dramatiser et, tout compte fait, rendre insoluble le problme de lanature des relations entre la critique et la mtaphysique.

    Le problme des relations entre critique et philosophie transcendantale nest quune variante du prcdent,entrane par le flottement smantique dont le terme mtaphysique est affect; la question de savoir si la

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    philosophie transcendantale est dj ralise, ou seulement esquisse, par la critique demande la clarification durapport entre critique (de la raison pure) et systme (de la raison pure), le mme rapport que pour la questionimpliquant la mtaphysique.

    Le plan de Verneaux est intressant:

    0. Position du problme: Kant dclare 25 fois en CRPu que la critique est une propdeutique lamtaphysique et affirme pourtant, dans la Dclaration concernant la doctrine de la science de Fichte, le28 aot 1799:

    Je trouve inconcevable loutrecuidante affirmation que jaie voulu seulement crire unepropdeutique la philosophie transcendantale, non le systme mme de cette philosophie.Jamais une intention pareille na pu me venir lesprit, puisque jai moi-mme fait remarquerque lachvement total de la philosophie pure, dans la Critique de la raison pure, tait lemeilleur indice de la vrit de cette dernire (Ak. XII, 396-97).

    (Cit par Verneaux, Ver, VK-I 37-38)

    1. Le plan du systme (38).

    2. Critique et mtaphysique (44)

    3. Critique et philosophie transcendantale (47)

    4. Conclusion (50)

    En 1, Verneaux rappelle le plan donn par Kant dans lArchitectonique de la raison pure et fait quelquesobservations:

    Kant appelle ontologia la philosophie transcendantale. Il avait, dans CRPu, fait une remarque surlutilisation de ce mot comme titre (dune doctrine):

    Le titre pompeux dune ontologie qui prtend donner, des choses en gnral, une connaissancesynthtique a priori dans une doctrine systmatique (p. ex. le principe de causalit) doit faire placeau titre modeste dune simple analytique de lentendement pur (T.P. 258) (Ver, VK-I 39.4)

    il reste tonnant que la philosophie transcendantale ne soccupe pas des ides de la raison. (Ver, VK-I 40.1)

    Trois difficults concernant linterprtation du plan du systme:D1 pourquoi la mtaphysique de la nature comporte deux parties, la cosmologie et la thologietranscendantales, dont la critique a dmontr quelles ne peuvent fournir aucune connaissance (Ver,VK-I 40.3.1-4)?

    D2 pourquoi la psychologie transcendantale ne figure-t-elle pas dans la physiologie transcendante, ct de la cosmologie et de la thologie transcendantale? (Ver, VK-I 40.4) Pourquoi pas unepsychologie transcendantale et une psychologie rationnelle, redoublement et distinction quiimiteraient ceux du couple cosmologie transcendantale et physique rationnelle?

    Je reviendrai sur cette question lors de mes considrations sur le rapport entre le criticisme et lessciences cognitives contemporaines. Il faudra commenter laffirmation kantienne selon laquelle il

    nexiste pas de science de la nature pensante vu que1 dans toute thorie particulire de la nature, il ny a de science proprement dite quautant quil sy

    trouve de mathmatique [ et]

    2les mathmatiques ne peuvent sappliquer aux phnomnes du sens interne (Premiersprincipes mtaphysiques de la science de la nature, 1786, Prface, trad. Gibelin, 11-12).

    Je voudrai tenir compte aussi du fait que Kant bannit la psychologie empirique de lamtaphysique et la renvoie avec la physique proprement dite (la physique empirique) [] du ctde la philosophie applique, dont la philosophie pure contient les principes a priori, et avec laquelle

    par consquent elle doit tre unie, mais non pas confondue. (CRPu, Bar 630.3)

    D3 comment peut-on obtenir une connaissance mtaphysique, cest--dire a priori, dobjets donnsaux sens, cest--dire a posteriori? La rponse est quon nemprunte lexprience rien de plus que

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    ce qui est ncessaire pour se donner un objet, savoir le concept de matire et celui de pense.(Ver, VK-I 43-44) Verneaux rend compte ici de CRPu, Bar 630.2.

    En 2, Verneaux essaie de mettre en face du schma de lArchitectonique les indications parses dans laCritique et les Prolgomnes [] en ce qui concerne la mtaphysique (Ver, VK-I 44.3-4). Verneaux fait

    ressortir deux ides de tous les textes quil cite: la critique nest pas encore le systme

    la mtaphysique dont parle Kant se cantonne la philosophie transcendantale comme ontologie puisque:

    [] la physiologie rationnelle exige, pour avoir un objet, les concepts de matire et de pensequi sont empiriques. Or la mtaphysique dont il est question ici se dveloppe par simple analysedes concepts purs qui auront t mis jour par la critique.

    (Ver, VK-I 47.2)

    Cest aussi comme ide complte de la philosophie transcendantale que Kant prsente CRPu dans VIIde son Introduction (CRPu, Bar 75.1-2).

    proportion que linterprtation des textes kantiens est difficile, linterprtation faite par Verneaux est sujette caution. L o Kant dit que la critique, et elle seule, fournit tout le plan de la mtaphysique, il nest pas ditquon doive comprendre seulement le plan (cest pourtant ce que comprend Verneaux en 46.1); lorsque

    Kant affirme que la critique fournit dj tous les principes qui servent de base au systme, on pourraitcomprendre quil sagit des thses principales de la mtaphysique et donc minemment de ses contenus, etquon nest plus en train de parler dune propdeutique en un sens minimaliste. Si dans ces citations oninterprte la critique systmatiquement au sens de travail et la mtaphysique au sens doeuvre, on comprendque le systme complet des concepts qui se trouve expos dans la critique comme travail soit identiquementla mtaphysique comme oeuvre.Lorsque que Kant affirme que la critique est aussi un trait de la mthode (CRPu, Bar 45.1.5), on peutcomprendre que le fait dapercevoir et dlaborer la mthode se distingue fort bien du systme de la science,si la distinction reste logique, mais se distingue mal de la mise en oeuvre de la mthode (de son actualisation)si lon considre la critique comme le travail de dcouverte dune rgle et la mtaphysique comme lactua-lisation de cette rgle.Linterprtation du rapport entre critique et mtaphysique se joue presque exclusivement sur les deux verbesdriver (des concepts partir des catgories) et analyser ces concepts drivs. Que veut dire Kant par: ilen rsultera une partie purement analytique de la mtaphysique (Prol., 39, trad. Gibelin 103n)? Voir CRPu,Bar 72-76, Introduction, VII.

    En 3, Verneaux collige les textes en vue de prciser quoi rfre philosophie transcendantale. Celle-ci

    exclut les principes suprmes de la moralit et, donc, le systme de la morale. (Voir, plus en dtail, ci-dessous, dans mes explications du tableau deux axes pour la philosophie pratique.)

    exclut toujours la physiologie rationnelle.

    ci encore, la diffrence entre la critique et la philosophie transcendantale est que celle-ci serait uneextension compltant celle-l.

    En 4, les conclusions de Verneaux sont:

    le terme de mtaphysique a trois extensions: large, moyenne et stricte. Il en va de mme pour le systme

    de la raison pure: il peut englober la critique ou lexclure, englober la morale ou lexclure, et lon doitmme ajouter un quatrime sens; il est parfois restreint la philosophie transcendantale commeontologie.

    Quant la philosophie transcendantale [] elle peut sidentifier la critique en excluant toute lamtaphysique, y compris la philosophie transcendantale comme ontologie. Et elle peut tre une partie dela mtaphysique, savoir lontologie, en excluant alors la critique. (Ver, VK-I 505-6)

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    1.2.3.2 La solution propose par Normand Lacharit au problme de la distinctionentre critique et systme de la raison pure

    A. UN MODLE DYNAMIQUE DEUX AXES

    Il ne faut pas chercher une diffrence qui, la fois, en soit une de principe et tablisse une dmarcation netteau niveau de loeuvre entre propdeutique et systme, entre critique et systme, dmarcation qui varierait, desurcrot, selon les diverses acceptions du terme systme: mtaphysique (aux sens large, moyen, troit),philosophie transcendantale (seulement comme ontologie, ou pas seulement), mtaphysique de la nature (limite la physiologie, ou non).

    Je pense quil faut concevoir lopposition entre critique et systme en termes dynamiques, cest--dire parrfrence une dmarche. La mtaphore du germe prform, que Kant lui-mme utilise, est plus dynamique quecelle de propdeutique:

    [la mtaphysique comme science] nexistait pas encore, [] elle ne peut non plus se composer depices et de morceaux, mais [] son germe doit dabord tre prform entirement dans la critique.

    (Prolgomnes, Vrin 1957, 161.1.10-11)

    Et il faut penser cette dmarche selon deux axes:

    la dmarche dexplicitation-drivation ; cette dmarche peut se reprsenter selon un axe qui va dutravail loeuvre. Les rapports entre le point dorigine et le point darrive sont illustrs par desrelations telles que les suivantes:

    lorigine larrive

    le projet la ralisation du projet

    la plan dun systme de la raisonpure

    la ralisation (plus ou moinsacheve) du plan

    lidentification des fondements etdes bases, pour ce qui est des

    concepts et principes a priori

    la dfinition et la drivation deconcepts et principes plus

    dtaills, partir des fondementslidentification de la mthode dela raison pure

    lapplication de la mthode de laraison pure

    la dmarche dextension ; cette dmarche peut se reprsenter selon un axe qui va de la partie la pluspure de la thorie la partie la plus empirique, en supposant que la thorie intgre progressivement (etparcimonieusement) les concepts des objets qui sont donns nos sens, cest--dire a posteriori etquelle ne prend de lexprience que tout juste ce qui est ncessaire pour nous donner un objet, soit dusens extrieur, soit du sens intime, le premier au moyen du simple concept de matire (tendue impn-trable et sans vie), le second au moyen du concept dun tre pensant (dans la reprsentation intrieureempirique: je pense). (CRPu, Bar 630.2) Sur cet axe se trouve quelque part une frontire et je ne saispas si Kant est capable de la situer au moyen de critres qui soient la fois principiels et opration-

    nellement prcis entre la philosophie pure et la philosophie applique. Pour rester dans le champde la mtaphysique, il faut videmment ne pas franchir cette frontire.

    Au moyen de ces deux axes, on peut tracer un schma clairant des rapports entre la critique et le systme dela raison pure (mtaphysique de la nature) supposer quon reste dans la modlisation de lusage spculatifde la raison pure. (Voir le graphique de la page suivante.)

    Un graphique semblable peut tre trac pour le passage de la Critique de la raison pratique lamtaphysique des moeurs conue comme la morale pure, o lon ne prend pour fondement aucune anthropologie(aucune condition empirique) [et qui] appartient aussi la branche de la connaissance humaine, mais philosophique,

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    qui vient de la raison pure (CRPu, Bar 627.1). Le problme dans le cas de la mtaphysique des moeurs est desavoir si lon sortde la philosophie pure pour entrer dans la philosophie empirique (626.3) lorsquon passe de lamorale pure la thorie de la vertu et la thorie du droit problme de lextension (le terme est de moi) dusystme de la morale pure au systme de la mtaphysique des moeurs.

    Dmarche d'explicitation-drivation

    Dmarch

    ed'extension

    Partiea prioripure

    Partiea prioriintgrantquelquesconceptsempiriques

    Travail Oeuvre

    CRPu

    Philosophietranscen-dantale(ontologie)

    Physiologie(immanente,transcendante)

    B. LHYPOTHSE DUN MODLE TROIS AXES

    Un dveloppement assez naturel de la conceptualit que je viens dintroduire en termes daxes pour dcrire ladmarche kantienne serait de concevoir un troisime axe, dans le but justement de faire ressortir le principe capabledunifier les dmarches respectives des trois Critiques. Ce troisime axe serait laxe des usages de la raison pure. Etil serait utile pour traiter certains problmes soulevs par Verneaux relatifs la manire dintgrer danslArchitectonique aussi bien la Critique de la raison pratique que la Critique de la facult de juger, ainsi que leursdveloppements mtaphysiques respectifs. Le premier de ces problmes est pos par Verneaux en Ver, VK-I 48.3-49.1; il sagit de concilier les trois propositions suivantes:

    La philosophie transcendantale est le systme de tous les principes de la raison pure, ce qui, par uneargumentation sur la puret de la morale pure, semble inclure au moins une partie dun systme de lamoralit (mtaphysique des moeurs), celle qui noncerait les principes suprmes

    La philosophie transcendantale ne doit laisser entrer aucun concept qui contienne rien dempirique, cequi semble exclure la morale considre comme un systme, parce quelle contient soit des lmentsempiriques, soit des lments trangers la connaissance il sagit des sentiments dans les deux cas.(Verneaux reproduit ici largumentation donne par Kant dans la dernire section (VII) de sonIntroduction CRPu pour exclure la morale pure de la philosophie transcendantale.) La thse de Kant,en 1781 comme en 1787 est que les principes suprmes de la moralit et ses concepts fondamentaux[] nappartiennent [] pas la philosophie transcendantale; [] La philosophie transcendantale nestdonc quune philosophie de la raison pure spculative. (CRPu, Bar 75.2)

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    Les textes pertinents se trouvent dans le Canon de la raison pure, 1Du but final de lusage purde notre raison. Pour la distinction entre lois pures pratiques et lois pragmatiques

    (empiriques), voir le paragraphe 600.2; il se termine par: Des lois pures pratiques [] dont lebut serait donn tout fait a prioripar la raison et qui ne commanderaient pas dune manire

    empiriquement conditionnelle, mais absolue, seraient des produits de la raison pure. Or telles sont

    les lois morales, et par consquent seules elles appartiennent lusage pratique de la raison pureet comportent un canon.

    Pour la distinction entre philosophie pratique et philosophie transcendantale, voir ledbut du paragraphe CRPu, Bar 600.4 et la note affrente:

    Mais, comme nous avons en vue un objet tranger la philosophie transcendantale1, il fautbeaucoup de circonspection soit pour ne pas sgarer dans des pisodes et rompre lUnit dusystme, soit aussi pour ne rien ter la clart ou la conviction, en disant trop peu sur cettenouvelle matire. Jespre viter ces deux cueils en me mettant aussi / prs que possible du

    transcendantal et en laissant tout fait de ct ce quil pourrait y avoir de psychologique, cest--dire dempirique. (CRPu, Bar 600.4-601.1)

    La note affrente dit: Tous les concepts pratiques se rapportent des objets de satisfactionou daversion, cest--dire de plaisir ou de peine, et, par consquent, au moins indirectement, des objets de sentiment. Mais comme le sentiment nest pas une facult reprsentative des

    choses, mais quil rside en dehors de toute facult de connatre, les lments de nosjugements, en tant quils se rapportent au plaisir ou la peine, appartiennent la philosophiepratique, et non pas lensemble de la philosophie transcendantale, qui ne soccupe que des

    connaissances pures a priori.

    la critique, comme propdeutique, et la philosophie transcendantale, comme systme, ont le mme plan,les mmes fondements.

    Outre le problme de lintgration de la morale pure la philosophie transcendantale, se pose aussi, de toutefaon, le problme du passage de lusage de la raison dans la production des jugements thoriques celui de sonusage dans la production des jugements esthtique et tlologique. (Jen parlerai abondamment dans lexpos sur leThme #11. Le criticisme :une reconstitution daprs la Critique de la facult de juger.)

    De fait, Kant publiera sa morale mais naura pas le temps de terminer sa mtaphysique de la nature:

    1785 : Fondements de la mtaphysique des moeurs 1797 :Mtaphysique des moeurs

    Le petit trait intitul Premiers principes mtaphysiques de la science de la nature, publi en 1786, est trs loin deraliser lide [de la mtaphysique de la nature]. (Ver, VK-I 186.3). En 1804, anne de sa mort, Kant travaillait Passage des premiers principes mtaphysiques de la science de la nature la physique . Il y rvisait, parat-il, toutesa philosophie thorique (Ver, VK-I 184.4).

    C. LHYPOTHSE DUNE CRITIQUE INTGRE AUX PARTIES DE LA MTAPHYSIQUE APRS LADIFFRENCIATION DE CES PARTIES

    Selon cette hypothse, on rpartitla critique sur les diverses parties de la mtaphysique. Si on se reprsentedes ouvrages, on na qu les imaginer comportant une premire partie (une introduction, un premier chapitre)qui procde la critique de lusage de la raison pure qui sera fait dans la suite de louvrage. (Voir le diagramme de

    la page suivante.)

    1.3 La Critique de la raison pure parmi les trois Critiques La typologie des facultsde lesprit

    1.3.1 Raison pure et raison pratique

    La Critique de la raison pure contient dj tous les principes qui permettent de faire la distinction

    entre les objets de la mtaphysique des moeurs et ceux de la mtaphysique de la nature.

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    entre le caractre objectif de la connaissance et le caractre rationnel de la croyance.

    Le principe de ces distinctions est lopposition entre lusage spculatif de la raison et son usage pratique. Aussi est-ce dans la limite de lusage pratique de la raison que se trouvent justifis rationnellement les principes de lamtaphysique des moeurs; ceux-ci dterminent la nature et les critres de la moralit de mme que les hypothses(croyances) que lhomme se voit rationnellement contraint de postuler pour donner un sens sa conduite et sasituation dtre historique. Ce genre de limitation implique un dimension temporelle associe la perfectibilit desinstitutions humaines et au caractre processuel de lide mme de ralisation de fins (buts) dans lordre naturel. Latemporalit de laction humaine est la temporalit de lhistoire.

    M2

    M3.1(mphys. des moeurs)

    Conn-ces de RPure: usage pratique de la RPu

    Critique dela raisonpratique

    M3.2(mphys. de la nature)

    Conn-ces de RPure: usage spculatif de la RPu

    Phil. trscdtlesyst. de tous lesconcepts qui se

    rapportent des objetsen gnral []

    Physiologie de la RPu

    immanente

    Physicarationalis

    Psychologie rationalis

    transcendante

    cosmologietrscdtle

    thologietrscdtle

    Doctrine dudroit

    Doctrine dela vertu

    Logique

    transcendantale(CRPu,esthtique et

    analytiquetrsdcdtle)

    ONTOLOGIE (entant que partiede la

    mtaphysique)

    Dialectiquetrscdtle

    La Critique de la raison pure peut tre considre comme fournissant la thorie de ce questlusage pratiquede la raison. La Critique de la raison pratique adoptera cette dfinition comme un postulat et consistera formulerles jugements synthtiques a priori que la raison peut produire, en son usage pratique.

    1.3.2 Les pouvoirs de lesprit: la connaissance, le dsir, le plaisir

    Kant numre, au dbut de la Critique de la facult de juger, les trois principaux pouvoirs de lme:

    toutes les facults ou tous les pouvoirs de lme peuvent se ramener ces trois, quon ne peut plusdduire dun principe commun: la facult de connatre, le sentiment de plaisir et de peine, et lafacult de dsirer (CFJ, Pko 26.3)

    C: facult(s) de connatre ; lesprit est en rapport avec des objets et sintresse la conformit de ses reprsentations avec les objets: rapport de conformit. Eu gard aux facults deconnatre, lintrt de la raison est spculatif.

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    D: facult de dsirer ; celle-ci est la facult dtre par ses reprsentations causede la ralit des objets de ces reprsentations (CFJ, Pko 26n, Intro, III); or, les seuls objets que lespritpeut causer par les reprsentations quil sen fait sont ses propres actions (libres). Dans ce contexte,lesprit sintresse au rapport entre la volont (pouvoir de dterminer laction) et les tats de chosessusceptibles de raliser des fins morales; cest le rapport de causalit que peut tablir un agent libre

    avec les objets ou situation du monde sur lesquels il peut agir. P: sentiment de plaisir et de peine ; lesprit est en rapport avec lui-mme

    loccasion. La reprsentation est en rapport avec le sujet, pour autant quelle a sur lui un effet, pourautant quelle laffecte en intensifiant ou en entravant sa force vitale. (Del, PCK 8.2) Rapport deraction motive.

    Cette typologie des facults fournit la cl dune comprhension gnrale et relativement immdiate du rapportentre les trois Critiques:

    la premire la Critique de la raison pure (1781; 1787) fait la thorie des pouvoirs de connatre;

    la seconde la Critique de la raison pratique (1788) fait la thorie de la facult de dsirer, pourautant que cest elle qui est implique dans la dtermination de la moralit des actions libres;

    la troisime la Critique de la facult de juger (1790) fait la thorie de la capacit dprouver du

    plaisir et de la peine, pour autant que cest elle qui est implique dans la production des jugementsesthtiques et tlologiques.

    son tour, le fait que le sentiment de plaisir et de peine fait surgir un problme nouveau pour la philosophiecritique ne se comprend que si lon aperoit la distinction entre lusage dterminant des pouvoirs de connaissanceet leur usage rflchissant.

    USAGE DTERMINANT /RFLCHISSANT. En faisant la synthse du divers sous un concept, la facult de jugerdtermine lobjet, donne la reprsentation le statut dun objet pour la pense. Cest ainsi quelle en rend possiblela connaissance. En revanche, lorsquelle prend acte du plaisir plus ou moins grand que lui procure la prsence de lareprsentation, la facult de juger ne fait que rflchir ltat dans lequel la prsence de lobjet a mis les facultsreprsentatives. Sagit-il dmotion? Sagit-il de ce qui rend possible la signification connote? de la surdtermi-nation symbolique?

    Rtrospectivement, on constate que le tableau de lArchitectonique de la raison pure ne laisse pasvoir larticulation entre lusage dterminant et lusage rflchissant des facults de connaissance,

    notamment de la facult de juger; et que, de toute faon, la mtaphysique de la nature (qui enoccupe la plus grande partie) est tout entire place sous lgide de lusage spculatif de la raison:certes, cest en tant que dterminant que cet usage fait dabord problme pour les deux premires

    critiques, mais peut-il tre rflchissant galement?.

    Le dnombrement des aspects du fonctionnement de lhomme, de lexistence humaine selonC-D-P

    la typologie C-D-P des facults correspondent trs directement des aspects de lexistence humaine quonpeut considrer comme autant dobjets de la thorisation kantienne selon la mthode critique:

    la connaissance; lactivit intellectuelle; la pense conceptuelle. laction et le dsir; lactivit morale.

    le sentiment (plaisir , dplaisir) en tant que perspective sur la compatibilit de lhomme et de la nature, etperspective, aussi, sur la compatibilit des sujets humains entre eux. Voir Phi, OK II 46, p. 191-198;47, p. 198 sqq.

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    La troisime forme de la communication est celle par laquelle lhomme rencontre directementlhomme sans concept par et dans le jugement de got ou plus gnralement le sentiment qui asuscit un jugement esthtique. Cest donc le problme de lintersubjectivit humaine qui estpos.

    (Phi, OK II 191-192)

    On peut sans doute faire correspondre ces aspects de lexistence des types dactivits, mais il est davantagepertinent de les considrer comme les trois aspects sous lesquels on peut considrer un acte donn. Un mme actecognitif, mobilisant les facults de reprsentation du sujet, est analys dans le systme kantien de la raison pureselon trois aspects:

    laspect intellectuel, selon lequel la manire dont des concepts a priori se rapportent aux objets engnral rend possible la connaissance de ces objets.

    laspect moral, selon lequel la manire dont limpratif catgorique et ses maximes se rapportent auxactions sur les objets rend possible la moralit, le droit, la vertu

    laspect vcu, selon lequel la manire dont lexigence rationnelle, mais subjective, dune unit finaleattribue aux produits de la nature est rapporte des objets indtermins (des objets en gnral) rendpossible un sentiment de plaisir, la communicabilit de ce sentiment et lunification de la science.

    Pour montrer la pertinence de la critique, en tant que propdeutique une philosophie delexistence humaine, il serait intressant de montrer les traits gnraux de cette existence qui

    constituent une manifestation de ce quaffirment certaines thses kantiennes, ou qui peuvent treexpliques par les thses kantiennes. Il est bon, pdagogiquement, de montrer que les principes

    purs rvls par la critique sont des conditions de la possibilit de comportements attribus ltrehumain en gnral. Je considre que lAnthropologie du point de vue pragmatiqueadopte peu

    prs ce point de vue pour montrer les traits gnraux de lexistence humaine.

    Quil y ait un plaisir pouvoir communiquer son tat desprit, ne serait-ce quen ce qui concerneles facults de connatre, cest ce quon pourrait facilement montrer par linclination naturelle de

    lhomme pour les rapports sociaux (empiriquement et psychologiquement). (CFJ, Pko 61.5.1-5)

    Ces aspects gnraux de lexistence humaine ont t tudis par Kant approximativement dans cet ordre, silon veut bien interprter ainsi la chronologie de la publication des trois Critiques. Et il est intressant dereconstituer lensemble de la dmarche kantienne, en tant que construction progressive dun systme, comme unesuite dtapes postrieures la dcouverte du point de vue critique et charges chacune de reconstruire les partiesprincipales de la philosophie sur la nouvelle base. Quand on a remplac le primat de la chose sur la facult deconnatre par le primat de la facult de connatre sur la chose, il faut en effet trouver dautres explications que lesexplications pr-coperniciennes, pr-critiques,

    de lorganisation du monde, en tant quensemble accessible mes facults de connatre, et delorganisation de la science, en tant quensemble conditionn par mes facults de connatre;

    de la possibilit de la morale, en tant que comprhension thorique de mes propres facults de dsirer etdagir, et en tant quinstrument de la dtermination de mon action comme tre engag lgard de finsqui orientent toute mon existence;

    de la possibilit de la communication avec autrui, en tant que condition de mon existence dans unesocit et une histoire, dans un tat et une culture. Cest cette ide que retient Philonenko dans soncommentaire introductif la Critique de la facult de juger.

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    1.4 La Critique de la raison pure parmi les DOCTRINES philosophiques de laconnaissance et de lexistence humaine Lidalisme transcendantal entre lerationalisme et lempirisme

    1.4.1 Autonomie de la connaissance humaine eu gard labsoluLautonomie de la connaissance humaine lgard de lAbsolu est affirme dans les limites de lexprience

    possible. Deux ides: non seulement la connaissance humaine na pas besoin de garant, mais ce qui peut tre ditdelle et de ses limites est plus sr que ce qui peut tre dit du garant qui serait une figure de lAbsolu. Le double faitde cette limite et de cette sret est donc mthodologiquement premier dans la mise en oeuvre de la dmarchephilosophique (mtaphysique).

    La relativisation de lAbsolu et de la connaissance divine par rapport la connaissance humaine peutsentendre en un sens plutt sociologique et voquer la mentalit des Lumires (Aufklrung), dont Kant se faisait unpropagandiste volontiers militant. Notre sicle est le vrai sicle de la critique: rien ne doit y chapper. En vain lareligion cause de sa saintet, et la lgislation cause de sa majest, prtendent-elles sy soustraire. (Kant, Prface la premire dition, CRPu, Bar 31, note 1.) Mais cette ide sentend en un sens plus radical quand on la lit auniveau mme des thses de la doctrine, cest--dire au niveau mtaphysique.

    RAPPORTS LA TRADITION ANTRIEURE

    Voir La philosophie de Kant par rapport Leibniz, Fiche no 1 de: Boulad-Ayoub, J., Fiches pourltude de Kant, p. 13-15.

    Avant Kant, la tradition majoritaire de son temps, laquelle appartiennent Leibniz et Descartes, par exemple,les limitations qui affectent la connaissance humaine sont penses par rapport une rfrence absolue: lidedune omniscience dont la divinit est cense tre le dpositaire; cest par rapport cette omnisciencesuppose de Dieu que le savoir humain est dit limit. (Ferry, Luc, Prsentation, p. I)Dans la dmarche cartsienne desMditations, Dieu sert mme de garant pour les vrits claires et distinctes.

    Le moment kantien effectue un spectaculaire retournement: Kant pense dabord la finitude, ensuitelAbsolu ou la divinit. En dautres termes: la finitude, le simple fait que notre conscience soit toujours dj

    limits par un monde extrieur elle, par un monde quelle na pas produit elle-mme, est le fait premier,celui dont il faut partir pour aborder toute les autres questions de la philosophie. [] Cest partir de cettefinitude quil convient de penser Dieu ou lAbsolu, et non linverse.Consquence ultime de ce renversement:

    cest la prtention connatre lAbsolu, dmontrer par exemple lexistence de Dieu, qui se trouverelativise par rapport laffirmation initiale de la condition limite de lhomme. []

    la figure divine de lAbsolu est [] relativise, rabaisse au rang dune simple Ide dont la ralitobjective est jamais indmontrable par les voies dune quelconque thorie philosophique ouscientifique. (Ferry,Ibid. , 11.2)

    Note intercalaire sur largumentation de Ferry.

    Luc Ferry, dans la prface de ldition G-F de 1987 (ci-aprs note Fy, Prf dans les rfrences), regroupe

    sous deux titres les caractristiques les plus remarquables de la doctrine de CRPu:a) la conception de la nature des limites de la connaissance humaine (Fy, Prf I.2) ou thorie de la

    finitude (Fy, Prf XIV.2.1);

    b) la thorie de lobjectivit de la connaissance.

    Ferry divise sa prface en deux parties, chacune dveloppant un de ces titres. Au moyen de la premirecaractristique se trouve explique la division densemble de la CRPu, dcrite alors comme une entreprisedinvalidation des preuves mtaphysiques de lexistence de Dieu. Le fondement de la dmarche argumentativekantienne est une thorie des rapports entre intuition, concept et Ide. Cette thorie rpond au problme de laccs

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    lexistence des objets que je veux ou prtends connatre: Comment puis-je saisir le particulier, lexistence relle, sice nest par le concept? // La rponse de Kant tient en un mot: lintuition. (Fy, Prf III.2.m3-3.1)

    le concept ne donne pas accs lexistence; cest lintuition qui donne accs lexistence.

    la preuve ontologique (de lexistence de Dieu) est une tentative (avorte) daccder lexistence de lobjet

    individuel Dieu par une Ide; lide serait (il faut employer le conditionnel puisquune telle oprationintellectuelle est pure illusion) la connaissance du particulier par concept et non par intuition. [] lideserait le concept, si le concept pouvait pour ainsi dire dduire son extension de sa comprhension, si ladfinition dune proprit tait telle quelle nous permettrait de saisir concrtement lexistence relle. (Fy,Prf IV.f-V.1)

    [Fin de la note intercalaire.]

    Dans la tradition antrieure, il ny a pas que la mtaphysique. Kant prend modle sur la physiquenewtonienne pour concevoir la science de la nature et considre quelle est parvenue noncer despropositions ncessaires et universelles qui appartiennent la classe des jugements synthtiques a priori . Ladoctrine kantienne veut rendre compte du succs de la science physique (contribuant par l en promouvoirlautorit) et prtend assurer une mtaphysique convenablement limite la mme autorit.

    RAPPORTS LA TRADITION POSTRIEUREVoir Concept et Ide chez Kant et Hegel, Fiche no 11 de: Boulad-Ayoub, J., Fiches pour ltude

    de Kant, p. 95-113.

    On peut considrer la doctrine kantienne de la connaissance comme le dbut de la tradition qui mnera Husserl et quon appelle volontiers aujourdhui philosophie transcendantale; cependant les avatarssmantiques de cette appellation doivent tre examins plus fond. Il est douteux que les acceptionskantienne et husserlienne de cette appellation soient identiques.

    Plusieurs des jugements que Kant a ports sur les disciplines scientifiques nont pas reu laval de lhistoire.

    1.4.2 Autonomie de la morale eu gard au savoir (la science)

    Lautonomie de la morale lgard du savoir dans les limites de lusage pratique de la raison a la mme force

    et la mme ncessit que la distinction entre usage spculatif (thorique) et usage pratique de la raison. Dans lekantisme, la certitude des principes a priori qui fondent la vie morale (laffirmation de la libert, par exemple) nestpas moins grande que celle des principes qui servent de fondements aux sciences de la nature; et ce, en dpit du faitque les principes de la moralit ne soient aucunement des connaissances valeur objective.

    On trouvera dans la Fiche 9. Positions pratiques de Ayoub, 1990 un rsum des principales thseskantiennes qui constituent sa doctrine morale; ce rsum montre bien comment la Critique de la raison pure posedj les principes qui seront appliqus dans les ouvrages subsquents: Fondements de la mtaphysique des moeurs etCritique de la raison pratique.

    Lautonomie de la morale, selon le point de vue kantien, soulve un problme dexgse assez considrable,celui de savoir dans quelle mesure (puis, ventuellement, en quel sens) la mtaphysique des moeurs fait partie dusystme des connaissances de la raison pure, ou de la philosophie transcendantale. Le problme est dbattu parVerneaux, comme je lai mentionn ci-dessus en 1.2.3.1, dans le contexte de la discussion sur les rapports entre lacritique et la philosophie transcendantale. Une formulation secondaire, drive du problme original, pourrait tre:en quel sens une thse principale de la Critique de la raison pratique est-elle une connaissance de la raison puresil est vrai quelle nait pas de valeur objective? En un sens, du fait quelle est identifie, elle constitue unedcouverte attribuable la raison pure et, en ce sens, une connaissance produite par le mtaphysicien; nanmoins,elle nest pas une connaissance des choses dont elle peut contenir lIde (des choses telles que le sujet humain libre,ltre des tres Dieu , le monde)

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    1.4.3 Autonomie de la Critique eu gard lexprience (et lhistoire?)

    Le caractre le plus audacieux de la Critique de la raison pure rside dans la mthode philosophique quellepropose, plus exactement dans le type dargumentation quelle invente, mthode et mode dinfrence quon qualifiede transcendantaux, en lune des acceptions canoniques de ce terme. Cest laffirmation de lautonomie du

    tribunal de la raison, dans les limites de la mthode transcendantale.

    La raison doit se passer de lexprience pour dcrter sans appel que ses capacits de connatre (les pouvoirsdont elle est dote en son usage thorique, ou spculatif) sont limites lexprience possible.

    Exemple de problme pistmologique aisment soulev de nos jours, propos dune thorie forte commecelle de Kant: le problme du lien entre les connaissances de la raison pure et la temporalit. Les jugementssynthtiques a priori que produit lgitimement une mtaphysique de la nature sont-ils rvisables, modifiables? Lathorie de la science contenue dans la Critique de la raison pure est-elle compatible avec une physique qui connatdes rvolutions, qui a connu notamment une rvision de la mcanique newtonienne par la thorie de la relativit, parla mcanique quantique, etc.?

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    K T h m e # 2 K

    2 . L a C r i t i q u e d e l a r a i s o n p u r e V u e d e n s e m b l e

    2. La Critique de la raison pure Vue densemble......................................................................................25

    2.1 La problmatique................................................................................................................................25

    2.1.1. La problmatique de la CRPu prsente gntiquement............................................................26

    2.1.2. La problmatique de la CRPu prsente systmatiquement......................................................282.1.2.1. Le problme principal et les objectifs tels qunoncs dans les prfaces......................... 282.1.2.2. Synthse............................................................................................................................33

    2.2 La division gnrale de la CRPu ........................................................................................................34

    2.2.1. La CRPu en tant que thmatique................................................................................................342.2.1.1. Thorie des lments / thorie de la mthode...................................................................342.2.1.2. Esthtique et logique transcendantales............................................................................. 352.2.1.3. Analytique et Dialectique.................................................................................................37

    2.2.2. Les principales oppositions conceptuelles.................................................................................402.2.2.1. Connaissance de la raison pure // connaissance de la raison empirique........................... 402.2.2.2. Usage thorique de la raison pure // usage pratique de la raison pure..............................42

    2.1 La problmatique

    Le problme critique cest le problme de la reprsentation, ou encore: le problme de lobjectivit dela connaissance. Luc Ferry lexpose de faon saisissante dans la deuxime partie de sa Prface, celle consacre la thorie kantienne de lobjectivit et la question des jugements synthtiques priori (Fy, Prf XIV-XIX). Laformulation du problme est la suivante, dans les termes quutilisait Kant en 1772: sur quel fondement repose lerapport de ce quon nomme en nous reprsentation lobjet (Lettre Marcus Herz du 21 fvrier 1772. Voir:KANT, Oeuvres philosophiques, Bibliothque de la Pliade.)

    Il existe plusieurs formulations, selon les contextes, du problme central de la CRPu et on devrait pouvoirsaisir les liens entre elles au sortir de la prsente section. En voici quelques-unes:

    comment les jugements synthtiques a priori sont-ils possibles? Et, plus spcifiquement:

    comment les sciences mathmatiques et physiques sont-elles possibles? comment la mtaphysique est-elle possible?Ce sont les formulations que Kant utilise dans la prface la deuxime dition de la CRPu.

    Comment sauvegarder les droits de lexprience scientifique et morale en soumettant lesprit lexamenle plus svre qui soit? (BAy, FK 24.1)

    tel est le problme critique: comment lentendement peut-il dpasser ses concepts vers le sensible? endautres termes comment des jugements synthtiques a priori (ncessaires) sont-ils possibles? Ladduction transcendantale et le schmatisme transcendantal constitueront les rponses apportes ce

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    problme, qui une fois rsolu permettra la thorie des principes, synthses des intuitions et des concepts,des formes de la sensibilit et des formes de lentendement. (Phi, OK I 98.1.10f)

    2.1.1. La problmatique de la CRPu prsente gntiquement

    La formulation du problme initial, dans la dissertation de 1770, et sa transformation

    Louvrage publi en franais sous le titreLa Dissertation de 1770 a t compos par Kant en latin et publidabord sous le titre De mundi sensibilis atque intelligibilis forma et principiis. Il a t traduit en allemand et publisous le titre Von der Form der Sinnen- und Verstandeswelt und ihren Grnden..

    Voir La dissertation de 1770, Fiche no 2 de: Boulad-Ayoub, J., Fiches pour ltude de Kant,p. 19-20.

    Le problme initial est de trouver les principes qui rendent compte de la diffrence entre la connaissancesensible et la connaissance intellectuelle. Lopposition entre sensitive knowledge / intellectual knowledge, selonla terminologie deDiss. 1770, est rendue par Copleston de la manire suivante:

    The distinction must be understood [] in terms of objects, the objects of sensitive knowledge

    being sensible things, sensibilia, capable of affecting the sensibility (sensualitas) of the subject,which is the latters receptivity or capacity for being affected by the presence of an object so asto produce a representation of it.

    (Copleston, F.,History of Phil., vol. 6, part I, 1964, p. 226-7)

    Que veut dire Kant par connaissance intellectuelle et par monde intelligible ?

    [] intellectual or rational knowledge is knowledge of objects which do not affect the senses : thatis to say, it is knowledge, not of sensibilia, but of intelligibilia. And the latter together form theintelligible world. Sensitive knowledge is knowledge of objects as they appear, that is, as subjectedto what Kant calls the laws of sensibility, namely the a priori conditions of space and time,whereas intellectual knowledge is knowledge of things as they are (sicuti sunt). [Rf.: Diss. 1770, 2,4; d. de lAkademie: II, p. 292.] The empirical sciences come under the heading of sensitiveknowledge, while metaphysics is the prime example of intellectual knowledge.

    (Ibid., p. 229)On voit se profiler ici la notion dessence des choses, coutumire la mtaphysique traditionnelle. Il fallait bien queles choses fussent penses en intension, cest--dire en un concept, pour quon saisisse leur essence.

    Question subsidiaire

    La question de savoir si Kant a dcouvert le jugement esthtique tardivement, aprs avoir conu la thorie dujugement thorique (scientifique) et pratique. Copleston pense quil ne sagit pas dune dcouverte tardive et queKant concevait dj, lpoque de la lettre Herz de juin 1771, larticulation des trois grands thmes qui donnerontlieu aux trois Critiques, bien quil penst, cette poque, pouvoir les traiter en un seul ouvrage dont le titre anticipseraitLes limites de la sensibilit et de la raison [Die Grenzen der Sinnlichkeit und der Vernunft].

    He now proposes to undertake an investigation into the fundamental concepts and laws which

    originate in the nature of the subject and which are applied to the experiential data of aesthetics,metaphysics and morals. In other words, he proposes to cover in one volume the subjects whichproved in the end to need three, namely the three Critiques. [] And the range of inquiry is to covernot only theoretical knowledge but also moral and aesthetic experience. (Copleston, F., History ofPhil., vol. 6, part I, 1964, p. 234.2)

    Cest dans le paragraphe subsquent que Copleston explicite le plan anticip par Kant (dans la lettre de juin 1771 ouailleurs?) et appel, dans ce passage, the original plan:

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    According to his original plan the book would have consisted of two parts, one theoretical, the otherpractical. The first part would have been subdivided into two sections, treating respectively ofgeneral phenomenology and of metaphysics considered according to its nature and method. Thesecond part would also have consisted of two sections, dealing respectively with the generalprinciples ot the feeling of taste and with the ultimate grounds of morality.

    (Copleston, F.,History of Phil., vol. 6, part I, 1964, p. 235.1)

    PLAN ANNONC (1771?)

    1. Partie thorique

    1.1 Phnomnologie gnrale

    Cette expression est dj utilise dans une lettre Lambert, en sept. 1770, pour dsigner unescience qui constituerait une propdeutique la mtaphysique et qui mettrait au clair le

    domaine de validit des principes de la connaissance sensible, prvenant ainsi lapplication induede ces principes en mtaphysique. (Traduit de Copleston, F., History of Phil., vol. 6, part I, 1964,

    233-234) Lexpression semble donc dsigner lensemble qui comprend lEsthtique de CRPu etlAnalytique de CRPu.

    1.2 La mtaphysique considre selon sa nature et sa mthodedonc, apparemment, ce qui deviendra la Dialectique et la Thorie de la mthode.

    2. Partie pratique

    2.1 Les principes gnraux du sentiment de got [the feeling of taste]

    2.2 Les fondements de la moralit.__________________________

    Ce schma est rduit, dans la description donne par Kant en sa lettre Herz de fvrier 1772, car il ny estplus fait mention du sentiment de got (item 2.1); et Kant songe publier sparment (et dans environ trois mois)la premire des deux parties de louvrage envisag, savoir celle consacre aux principes de la connaissancethorique.

    Labandon de la thse selon laquelle les reprsentations intellectuelles nous donnent les choses telles quelles

    sont en elles-mmes.

    Cet abandon dune thse encore soutenue dans la Dissertation (1770) est prsent par Copleston comme uneimportante phase de llaboration de la solution critique. Le texte suivant, traduit par moi de Copleston, part de laremarque faite par Kant dans la lettre Herz de fvrier 1772 et prsente clairement les enjeux. Les passages encaractres gras sont de moi.

    Mais durant quil laborait la premire partie [de louvrage projet] Kant remarqua confie-t-il Herz quil manquait quelque chose dessentiel, savoir un traitement en profondeur de la relationque les reprsentations (Vorstellungen) intellectuelles entretiennent avec les objets. Il convient decommenter les remarques que faisaient Kant ce sujet; car elles nous le montrent aux prises avec leproblme critique qui se posait lui.

    Nos reprsentations sensibles ne soulvent pas de problme, pourvu toutefois quonreconnaisse quelles rsultent du fait que le sujet est affect par lobjet. Certes, les objets sensiblesnous apparaissent dune certaine manire plutt quune autre parce que nous sommes ce que noussommes, cest--dire en vertu des intuitions a priori de lespace et du temps. Mais dans laconnaissance sensible la forme est applique une matire qui est reue passivement; notresensibilit est affecte par des choses extrieures nous. La rfrence objective de nosreprsentations sensibles ne pose donc pas de srieux problme. Mais la situation est fort diffrenteen ce qui concerne les reprsentations intellectuelles. Pour le dire en langage abstrait, la conformitobjective du concept avec lobjet serait assure si lintellect produisait ses objets par le moyen de

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    ses concepts; si, en dautres termes, il crait les objets en les concevant ou les pensant. Mais seullintellect divin est un intellect archtypal en ce sens. Nous ne pouvons supposer que lintellecthumain cre ses objets du fait quil les pense. Kant na jamais admis lidalisme pur, pris en ce sens.Cependant les concepts purs de lentendement ne sont pas, daprs Kant, tirs de lexpriencesensible. Les concepts purs de lentendement doivent avoir leur origine dans la nature de lme, et

    lont pourtant de manire telle que ni ils ne sont causs par lobjet, ni ils ne font exister lobjet(Akademie, X, p. 130) Mais dans ce cas la question surgit immdiatement de savoir comment cesconcepts rfrent aux objets et comment les objets se conforment aux concepts. Kant observe quedans sa dissertation inaugurale il stait content dun traitement ngatif de cette question. Cest--dire quil stait content de dire que les reprsentations intellectuelles [] ntaient pas desmodifications de lme dues lobjet (Ibid.), passant sous silence la question de savoir commentces reprsentations intellectuelles ou concepts purs de lentendement rfrent des objets ds lorsquils ne sont pas affects par ces derniers.

    tant donn que Kant prend pour acquis que les concepts purs de lentendement et lesaxiomes de la raison pure ne sont pas drivs de lexprience, cette question est videmmentpertinente. Et la seule manire dy rpondre, au bout du compte, si on doit maintenir ce qui est prispour acquis, sera dabandonner laffirmation faite dans la dissertation disant que les reprsentationssensibles nous donnent les objets tels quil apparaissent tandis que les reprsentations intellectuellesnous les donnent tels quils sont; et daffirmer plutt que les concepts purs de lentendement ontpour fonction cognitive de poursuivre la synthse des donnes de lintuition sensible. Ensomme, Kant va devoir soutenir que les concepts purs de lentendement sont, en quelque sorte, desformes subjectives au moyen desquelles nous concevons ncessairement (parce que lesprit est cequil est) les donnes de lintuition sensible. Les objets vont alors se conformer nos concepts, etnos concepts rfrer aux objets, parce que ces concepts sont des conditions a priori de la possibilitdes objets de la connaissance, remplissant ainsi une fonction analogue celle des intuitions pures delespace et du temps, bien que ce soit un niveau suprieur, savoir intellectuel. Autrement dit,Kant sera en mesure de maintenir sa distinction nette entre le sens et lentendement; mais il devrarenoncer lide que, la diffrence des reprsentations sensibles qui nous donnent les choses tellesquelles apparaissent, les reprsentations intellectuelles nous donnent les choses telles quelles sont

    en elles-mmes. En remplacement, on aura un processus ascendant de synthse ayant pour effetde constituer la ralit empirique. Les formes sensibles et intellectuelles du sujet humain restantconstantes, et les choses ntant connaissables que dans la mesure o elles sont soumises cesformes, il y aura toujours conformit entre les objets et nos concepts.

    (Copleston, F.,History of Phil., vol. 6, part I, 1964, 235.1.10-236.2.f;accentuation en gras due NL)

    2.1.2. La problmatique de la CRPu prsente systmatiquement

    2.1.2.1. Le problme principal et les objectifs tels qunoncs dans les prfaces

    EN TERMES DE RSUM GUID PAR LA DMARCHE(RSUM STRUCTURE-CALQUE, RSUM LINAIRE)

    La problmatique dans la prface (1re d.)

    la raison a une tendance naturelle poser certaines questions ce qui a donn lieu la mtaphysique;cette discipline a connu divers avatars

    lindiffrence dont la mtaphysique est lobjet est une mise en demeure adresse la raison dereprendre nouveau la plus difficile de toutes ses tches, celle de la connaissance de soi-mme, etdinstituer un tribunal qui (CRPu, Bar 31.1.69)

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    la matire de la recherche entreprise (CRPu), en termes de fins: critiquer le pouvoir de la raison engnral, [considre] par rapport toutes les connaissances auxquelles elle peut slever indpendam-ment de toute exprience; par consquent la solution de la question de la possibilit ou delimpossibilit dune mtaphysique en gnral, et la dtermination de ses sources, de son tendue etde ses limites, tout cela suivant des principes. (CRPu, Bar 31.2)

    laforme de la recherche entreprise (CRPu):

    la certitude (33.2). (K. y rappelle les deux parties [zwei Seiten] de la dduction des conceptspurs de lentendement; et le procd qui domine chacune (33.3) et la plus grande importance dela premire eu gard la question capitale qui est de savoir ce que lentendement et la raison,indpendamment de toute exprience, peuvent connatre, et non pas comment lafacultmme depenser[das V e r m g e n z u d e n k e n ] est possible. (CRPu, Bar 33.3.4f) K. admet ici quela dduction subjective nest pas certaine, mais que ce fait ne doit pas nous faire douter de lacertitude de la dduction objective la premire.

    la clart (34.2). Contient la prcaution oratoire concernant le petit nombre dexemples etdclaircissements

    la nouvelle conception de la mtaphysique (35.2); dfinie comme linventaire, systmatiquementordonn, de toutes les connaissances que nous devons la raison pure (CRPu, Bar 35.2.13-15), elle estconue comme survenant aprs la critique; il sagira de driverles concepts spcifiques, do linsistancesur le mot inventaire que Kant met en italique. Dclaration dintention concernant la Mtaphysique dela nature.

    Prface, 2e dition.

    le travail auquel on se livre sur les connaissances qui sont [proprement loeuvre] de la raison (CRPu,Bar 37.1.1-2) nest pas encore entr sur la voie sre de la science.

    Voir le schma 1.

    contrairement ce qui est arriv la logique (37.2-38.2) (cas des sciences qui produisent une connaissance thorique) la mathmatique a suivi la route sre de

    la science

    la physique arriva plus lentement trouver la grande route de la science la mtaphysique (40.2-41.1)

    (transition: les questions)

    (Jai t amen imiter les sciences qui ont russi:) Que lon cherche donc une fois si nous ne serionspas plus heureux dans les problmes de mtaphysique (CRPu, Bar 41.2.m5-42.1.3]

    Voir le schma 2.

    projet de solution pour la premire partie de la mtaphysique, [] celle o lon na affaire qu desconcepts a priori, dont les objets correspondants peuvent tre donns dans une exprience conforme ces concepts. (CRPu, Bar 43.1.2-5)

    [Transition.] Mais cette dduction de notre capacit de connatre a priori conduit, dans la premirepartie de la mtaphysique un rsultat trange, et, en apparence, tout fait contraire au but quepoursuit la seconde partie: cest que

    la mme solution vaut pour la deuxime partie de la mtaphysique, car elle nous permet dexpri-menter une argumentation propos de linconditionn, argumentation qui fournit une contre-preuvedu rsultat dj obtenu.

    Note de traduction. Dun autre ct, lexprimentation nous fournit ici mme une contre-preuvede la vrit du rsultat Le mot de liaison Dun autre ct est trs peu appropri. Le texte

    allemand dit: Aber hierin liegt eben das Experiment einer Gegenprobe der Wahrheit des Resultatsjener ersten Wrdigung unserer Vernunfterkenntnis a priori, da sie nmlich nur auf Erscheinungen

    gehe, die Sache an sich selbst dagegen zwar als fr sich wirklich, aber von uns unerkannt, liegen

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    lasse. Je traduis: Mais cela nous fournit lexprimentation dune contre-preuve de la vrit dursultat quatteint cette premire apprciation de notre facult de connatre a priori, et cette

    exprience repose justement sur le fait que ladite facult natteint que des phnomnes. Autreformulation: Mais cest justement en cela que rside lexprimentation dune contre-preuve,

    savoir dans le fait mme que ladite facult natteint que des phnomnes

    Ainsi le prcdent projet de solution ouvre la porte au voeu de la mtaphysique, qui est de poussernotre connaissance a priori au-del de toute exprience possible, mais seulement au point de vuepratique. (44.1.m8-6)

    Cette critique est un trait de mthode, et non un systme de la science elle-mme (45) ni un systmede mtaphysique (45.1.14)

    Son utilit: la limitation de lusage spculatif de la raison a une utilit non seulement ngative (eu gard la raison spculative) mais galement positive car elle lve lobstacle qui menaait de ramener lusagepratique (pur) de la raison lintrieur de la sensibilit et, partant, de lanantir. La critique assure laraison pratique que la raison spculative nest pas en contradiction avec elle. (46)

    cela se montre en particulier par le fait que la critique donne le moyen daffirmer sans contradictionque lme humaine est libre et pourtant soumise la ncessit physique, cest--dire non-libre. Cestla distinction entre lme comme objet dexprience possible et lme comme chose en soi qui permet

    de le faire. (47) Plus gnralement, on peut concilier la morale et la physique en montrant comment la libert se