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Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008 SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE …………………………………..………………………… ..2 CHAPITRE 1: CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE…………………………………………………………………………………4 SECTION 1: PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE……...............…4 SECTION 2: REVUE DE LITTERATURE …………………………………….…………....10 SECTION 3: METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE..……………………………… …23 CHAPITRE 2: ETAT DES LIEUX DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE UEMOA…………………………………………………….………………..…………….….38 SECTION 1 : ANALYSE DE LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DES PAYS DE L'UEMOA…………………………………………………………….………………………38 SECTION 2 : INSTRUMENTS ET MECANISMES, CAUSES ET CONSEQUENCES DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE UEMOA …………………………………………………48 CHAPITRE 3: ANALYSE DES EFFETS DE LA CORRUPTION SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE DES PAYS DE L'UEMOA…………………………………………………56 SECTION 1 : RESULTATS DES ANALYSES……………………………….…………….56 SECTION 2 : INTERPRETATION ET IMPLICATIONS DE POLITIQUES ECONOMIQUES……………………………………………………………………….……61 CONCLUSION …………………………………………………………….…………....….…67 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………….……………….…..…69 ANNEXES…………………………………………………………………………….………75 1 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

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Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE …………………………………..………………………… ..2

CHAPITRE 1: CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA

RECHERCHE…………………………………………………………………………………4

SECTION 1: PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE……...............…4

SECTION 2: REVUE DE LITTERATURE …………………………………….…………....10

SECTION 3: METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE..……………………………… …23

CHAPITRE 2: ETAT DES LIEUX DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE

UEMOA…………………………………………………….………………..…………….….38

SECTION 1 : ANALYSE DE LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DES PAYS DE

L'UEMOA…………………………………………………………….………………………38

SECTION 2 : INSTRUMENTS ET MECANISMES, CAUSES ET CONSEQUENCES DE LA

CORRUPTION DANS L'ESPACE UEMOA …………………………………………………48

CHAPITRE 3: ANALYSE DES EFFETS DE LA CORRUPTION SUR LA CROISSANCE

ECONOMIQUE DES PAYS DE L'UEMOA…………………………………………………56

SECTION 1 : RESULTATS DES ANALYSES……………………………….…………….56

SECTION 2 : INTERPRETATION ET IMPLICATIONS DE POLITIQUES

ECONOMIQUES……………………………………………………………………….……61

CONCLUSION …………………………………………………………….…………....….…67

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………….……………….…..…69

ANNEXES…………………………………………………………………………….………75

1 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

INTRODUCTION La corruption est un phénomène planétaire qui ne cesse de gagner du terrain dans les

pays à économie de transition (Begovic, 2007). Cette montée se fait dans un contexte

caractérisé par des niveaux d'inégalité les plus élevés qu'a connus l'histoire. Les 20% les plus

riches de la population mondiale se disputent presque 70% du revenu total tandis que les 20%

au bas de l'échelle des revenus n'en reçoivent que 2% (Christensen, 2007)

Selon le sous-secrétaire d'Etat américain (Eizenstat, 1998), l’examen de la conjoncture

mondiale montre que la recherche d’une croissance économique soutenue a réservé des

surprises aussi bien pour les pays en voie de développement que ceux industrialisés. Ces

turbulences économiques sont essentiellement dues d'une part, à l'étroitesse des liens existants

entre les économies du monde, et d'autre part aux perturbations enregistrées dans les pays en

développement dont le capitalisme est aux forts relents de népotisme et de corruption.

En effet, l'Union Africaine estime que cent quarante huit (148) milliards de dollars

quittent chaque année le continent à cause de la corruption (Christensen, 2007).

Ces dernières années, la corruption a eu des conséquences désastreuses au Nigéria, en

Indonésie et en Russie, pour ne citer que ces exemples, parce qu’elle a entraîné la corrosion du

régime économique et politique de ces pays. Rien d’étonnant, dès lors, que ceux-ci figurent en

2007 au nombre des plus corrompus selon l’indice créé par l’association «Transparency

International » : sur 180 pays répertoriés, ils occupent respectivement la 149eme, la 144eme et

la 145eme places.

Au Nigéria, l’ancien Président, le général Sanni Abacha et ses acolytes ont détourné des

milliards de dollars qui auraient dû revenir à l’industrie pétrolière, la principale richesse du

pays, qui assure 80 % des recettes de l’Etat. Le détournement des fonds destinés au trésor public

a été à l’origine de la nette détérioration de l’infrastructure et des services sociaux, sans compter

que les raffineries pétrolières du secteur public se sont presque effondrées. Le revenu par

habitant, qui a atteint jusqu’à 800 dollars dans les années quatre vingt, est tombé maintenant à

moins de 300 dollars. Lorsque ce pays riche en pétrole s’est trouvé en proie à la dépression et à

la pénurie de carburant, les autorités ont durci leur répression, déterminées qu’elles étaient à ne

pas céder un pouce de terrain. Seule la disparition prématurée du général Abacha a permis aux

réformes politiques et économiques de faire leur chemin (Eizenstat, 1998).

Dans le cas notoire de l’Indonésie, les banques publiques ont financé des projets dans

lesquels trempaient la famille et les amis de l’ancien président Suharto, ceci montre aussi que la

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corruption des pouvoirs publics sape l’économie nationale. Dans les années quatre vingt dix, les

banques ont laissé s’accumuler les arriérés des remboursements de prêts et contourner la

réglementation visant à empêcher les emprunts excessifs en devises, tant et si bien que, tout le

système financier a commencé à s’écrouler lorsque la roupie s’est trouvée dévaluée en 1997.

Conséquence directe des faillites et des licenciements massifs, près de la moitié des 200

millions d’habitants que compte l’Indonésie ont sombré une nouvelle fois dans la pauvreté

(Eizenstat, 1998).

La Russie offre un troisième exemple notable des effets de la corruption sur le

développement politique et économique. Dans ce pays, les combines manigancées par une

oligarchie1 industrielle et financière de mèche avec des agents publics ont eu pour

conséquences de fausser la privatisation, de saper les réformes économiques, de décourager les

échanges commerciaux et les investissements et de miner la confiance du public dans les

institutions de l’Etat. Le piètre état dans lequel se trouve l’économie, conjugué à la crise

financière récente, a fait l’effet d’un véritable ballon d’oxygène pour les anciens communistes

et autres opposants aux réformes.

La situation dans les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine est loin

d’être reluisante. En effet à l’analyse des données disponibles sur le phénomène dans l’espace

UEMOA, on est en raison de s’inquiéter de sa persistance. Elle a sans doute un effet que nous

ignorons sur la croissance économique. Dans tous les cas la zone UEMOA évoluera dans une

incertitude économique tant que ce phénomène perdura.

Il donc est important de réfléchir sur l'effet de la corruption sur l'économie des pays de

l’UEMOA. C'est ce qui fait l'objet de cette étude intitulée : ‹‹ Analyse des effets de la

corruption sur la croissance économique des pays de l’UEMOA : une étude réalisée sur la

période 2004-2008.›› Elle s'inscrit dans le cadre du mémoire de fin de formation à la Faculté

des Sciences Economiques et de Gestion de l'Université d'Abomey-Calavi.

Elle s’articulera autour de trois chapitres à savoir :

- Cadre théorique et méthodologique de la recherche

- Etat des lieux de la corruption dans les pays membres de l’UEMOA

- Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique.

1 Système de gouvernement ou le pouvoir est aux mains de quelques privilégiés. (Eizenstat, 1998)

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CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET

METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

Il s'agira d'abord dans ce chapitre d'inscrire le sujet de l'étude dans un cadre théorique.

Ensuite nous définirons la méthodologie à adopter.

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Dans une telle démarche, il paraît important de commencer par aborder la problématique

et les objectifs de la recherche de l'étude.

SECTION I: Problématique et objectifs de la recherche Cette section nous permettra d'une part de définir la problématique de l'étude, les

objectifs et hypothèses et d'autre part de montrer son intérêt.

PARAGRAPHE I: La problématique

Les pays en voie de développement en général et ceux de l’espace UEMOA en

particulier, sont confrontés d'une part, aux problèmes de réglementation inadéquate des

banques, au caractère peu judicieux des décisions prises en matière d’investissements, à

l’évaluation douteuse des risques, à l’opacité des méthodes comptables et à l’ouverture limitée

de leur gouvernement et d'autre part, à la pauvreté (Eizenstat, 1998).

Ces différents problèmes d’ordres structurels auxquels sont confrontés les pays membres

de l’UEMOA que sont : Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali,

le Niger, le Sénégal et le Togo se sont vus aggravés par « une série d’événements socio-

économiques tels que la crise économique des années 80, les Programmes d’Ajustement

Structurels (PAS), le changement de parité intervenu en janvier 1994, les conflits armés …»

(Ouattara, 2007) ou encore la crise financière actuelle.

En outre, le taux de croissance moyen des pays membres de l’UEMOA ces cinq

dernières années n’a guère dépassé la barre des 4,4%2. Le graphique suivant retrace cette

évolution (2004-2008).

Graphique 1 : Evolution du taux de croissance de la zone UEMOA de 2004-2008

2-Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale: annexes statistiques Juin 2008

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Source : Données du rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale:

annexes statistiques Juin 2008 – UEMOA/Département des politiques

économiques.

Une analyse du graphique retraçant l’évolution de la croissance économique à long

terme (1980-2004) réalisé par (Ouattara, 2007) confirme la tendance observée dans le graphique

1, et qui montre que la croissance économique dans la zone UEMOA évolue en dents de scie. Et

mieux, elle peut prendre des valeurs nulles ou négatives.

Mais il faut reconnaître que, les reformes entamées ces dernières années ont globalement

permis aux pays de l’UEMOA de garder un taux de croissance positif au lendemain de la

dévaluation du franc CFA et ce, jusqu’à nos jours.

Néanmoins ces taux de croissance (4,4% en moyenne dans la période 2004-2008) sont

encore loin du taux requis (7%) pour lutter efficacement contre la pauvreté et permettre

d’atteindre en 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Cette faiblesse des taux de croissance persiste dans un contexte caractérisé par plusieurs

maux au nombre desquels figurent la corruption.

Une analyse de l évolution de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de l’ONG

Transparency International indique une persistance et une stabilité relative du niveau de

corruption dans la zone UEMOA, car la valeur moyenne annuelle de l’IPC entre 2004 et 2008

est d’environ 2,7.

Le tableau suivant indique les valeurs de l’IPC par pays membre et par année.

Tableau 1 : Evolution de l’IPC des pays de l’UEMOA de 2004 à 2008

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Sources : Rapports annuels de Transparency International de 2004-2008

N pays 2004 2005 2006 2007 2008

1 Burkina-Faso 3.4 3.4 3.2 2.9 3.5

2 Bénin 3.2 2.9 2.5 2.7 3.1

3 Côte d’Ivoire 2.0 1.9 2.1 2.1 2.0

4 Guinée Bissau 2.0 2.0 1.9 2.2 1.9

5 Sénégal 3.0 3.2 3.3 3.6 3.4

6 Mali 3.2 2.9 2.8 2.5 3.1

7 Niger 2.2 2.4 2.3 2.6 2.8

8 Togo 2.4 2.3 2.4 2.3 2.7

UEMOA 2.8 2.6 2.56 2.78 2.72

Il faut également retenir que les institutions de Bretton Woods sont de plus en plus

exigeant quant au respect des normes de bonne gouvernance en l’occurrence la lutte contre la

corruption. Toutes choses sans lesquelles, elles deviennent très réticentes pour le financement

des pays en voie de développement (Cartier-Bresson, 2000).

De tout ce qui précède on identifie deux problèmes cruciaux à savoir :

- La faiblesse du taux de croissance qui ne permet pas d'amorcer un réel

développement économique.

- La persistance d'un niveau élevé de corruption face à la faiblesse du taux de

croissance économique

D'où la question centrale : comment la corruption affecte – t – elle la croissance

économique dans les pays de l’UEMOA?

De cette question centrale découlent d'autres plus spécifiques à savoir :

- Comment la croissance économique évolue – t – elle par rapport à la corruption?

- Comment la corruption influe-t-elle sur la croissance économique?

C'est pour apporter quelques réponses à ces interrogations que j'ai choisi de réfléchir sur

les effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA.

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PARAGRAPHE II : Objectifs et Hypothèses de la recherche

Notre étude repose sur un certain nombre d'objectifs et d'hypothèses.

A- Objectifs

Ils se situent à la fois sur un plan général que sur un plan spécifique.

1- Objectif général

Il consiste à analyser l'effet de la corruption sur l'économie de la zone UEMOA et sur la

période 2004 – 2008

2- Objectifs spécifiques

Il s'agit précisément dans le cadre de ce travail de :

1- Evaluer l'élasticité de la croissance économique par rapport à la corruption dans les

pays de l’UEMOA.

2- Déterminer l’effet de la corruption sur la croissance économique de la zone

UEMOA.

B- Hypothèses

De ce qui précède il découle les hypothèses ci-après :

Hypothèse 1: la croissance économique est élastique à la corruption dans les pays de

l'UEMOA.

Hypothèse 2 : la corruption ralentit la croissance économique dans les pays de l'UEMOA.

PARAGRAPHE III : L'intérêt de l'étude

Les interrogations ci-dessus énumérées sont essentielles tant il est vrai que toute

politique visant la correction d'un déséquilibre doit être suffisamment renseignée sur les causes

du phénomène par la présentation des points de vue théorique, fonctionnel et opérationnel. Elles

constituent les préoccupations autour desquelles est bâtie la présente étude et lesquelles

préoccupations permettront de valider ou non, au plan empirique, les différentes constructions

théoriques quant à l'impact de la corruption sur l'économie de la zone UEMOA.

Par ailleurs, l'étude présente l'intérêt de tester, de présenter et de comparer un éventail

d'explications rompant ainsi avec des approches beaucoup plus restrictives.

Ainsi l’étude se veut opérationnel, en ce sens qu’elle fournit des éléments d’analyses

empiriques propres à renforcer les bases décisionnelles des autorités compétentes en matière de

prévision et d'éradication de la corruption.

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SECTION II : Revue de littérature Il s'agira dans cette section de passer en revue les différentes approches de la question de

la corruption tant sur le plan théorique qu'empirique, tout en abordant les déterminants de la

croissance économique.

PARAGRAPHE I : Approches théoriques de la corruption et de la

croissance économique.

En économie comme dans plusieurs domaines scientifiques, les mots peuvent parfois

revêtir des sens qui n'ont rien à avoir avec leur étymologie : c'est la terminologie. Ces

terminologies font bien souvent appel à d'autres notions auxquelles elles sont liées. Ainsi, il est

intéressant d'élucider le sens des concepts de la corruption et de la croissance au regard de la

littérature économique et de les inscrire dans des cadres théorique et empirique pertinents.

A- Clarification du concept de la corruption

La clarification du concept de la corruption nous permettra d'une part d'aborder ses

différentes approches de définition, et d'autre part d'en faire une typologie.

1- Approche de définition du concept de la corruption

Du point de vue théorique, il est nécessaire d'aborder avant toute chose les différentes

approches de définition du concept de la corruption. En effet, deux approches de définition de

cette terminologie s'affrontent : celle dite endogène et celle exogène.

La définition selon l'approche endogène fait de la corruption l’abus d’une charge

publique à des fins privées. Cette approche est celle de Bardhan (1997) cité par Honlonkou

(2007) qui définit la corruption comme étant « l'ensemble des pratiques d'usage abusif

(illégales et/ou illégitimes) d'une charge publique procurant des avantages privés induits.» Au

niveau international, elle est exprimée par la formule :

Corruption = situation de monopole + pouvoir discrétionnaire – responsabilité (F MI,

1998). Cette formule traduit bien l'idée de Banfield (1958), celles de Rose-Ackerman (1979) et

de Klitgard (1988) qui affirment que la corruption pose un problème d'asymétrie d'information.

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Dans un tel contexte, la maîtrise du phénomène dépend essentiellement des coûts de

monitoring3 que le centre de décision (dirigeants politiques) est prêt à supporter.

Cette approche de définition qui est celle de la Banque Mondiale et qui concorde avec

la pensée du lauréat du Prix Nobel Gary Becker qui a déclaré : « Si nous abolissons l'Etat, nous

abolissons la corruption » (Begovic, 2007).

Elle est celle dite endogène, car elle considère la corruption comme un processus

endogène à la politique. Elle se différencie de l'approche exogène par l'exclusion de la

possibilité de corruption dans le secteur privé, et considère que la cause de la corruption réside

dans l'autorité publique et dans son abus et lie la corruption à l'Etat, à ses activités, à son

intervention sur les marchés, et à l'existence du secteur public. La seconde approche de

définition considère la corruption comme étant un processus exogène à la politique. L'une des

définitions les plus séduisantes comme l'affirme Begovic (2007) est celle de Tanzi (1995) qui

affirme que : « La corruption est la violation intentionnelle du principe d'impartialité dans le

but de retirer de ce comportement des avantages pour soi-même ou pour des personnes avec

lesquelles on est en relation» P 2. Trois éléments caractérisent cette définition.

Le premier se réfère à la violation du principe d'impartialité, qui se caractérise par la

préférence envers des agents économiques particuliers dans la prise de décisions économiques

auxquelles sont associées plus d'une partie. Deux autres éléments sont nécessaires pour qu'il y

ait corruption, il s'agit du caractère intentionnel de la violation du principe d'impartialité, et qui

doit être fait dans le souci d'en tirer un avantage.

Obtenir un avantage, ou procurer un bénéfice à l'agent économique corrompu peut

revêtir plusieurs formes. Au delà de la notion répandue qui consiste à recevoir de l'argent, elle

peut consister également en cadeaux ou en services rendus qui représentent des montants

similaires. Offrir des bijoux de prix à la femme de la personne qui a violé le principe

d'impartialité ou fournir un emploi bien rémunéré (pour peu de travail) à son fils est sans doute

de la corruption (Begovic, 2007).

Selon le même auteur la corruption entraîne de celui qui est corrompu pour celui qui

corrompt, « une obligation informelle mais parfois contraignante à rendre le service ou à le

payer en retour» P 3; cette obligation subsistant dans le temps, la possibilité d'obtenir des

avantages de la personne corrompue subsiste également. En outre lorsqu'on conclut un contrat

de corruption, le service à rendre n'est pas spécifié, mais il y a présomption d'obligation.

3 C'est l'opération qui consiste à suivre méticuleusement le fonctionnement d'un système, d'un processus en temps réel. Encyclopédie - Wikipédia

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De ces deux approches théoriques celle qui sera adoptée dans le présent travail de

recherche est celle qui fait de la corruption un processus endogène à la politique. Ce choix se

justifie par le souci d'une meilleure gestion des biens publics et d'une redistribution efficiente et

efficace des moyens mis à la disposition de l'Etat par les contribuables, gage d'une bonne

politique de réduction de la pauvreté. Elle est également celle adoptée par (Honlonkou, 2007)

qui affirme que le secteur public est le déterminant de l'environnement économique. Ce choix nous amène à aborder les différents types de corruption.

2- Typologie de la corruption

Dans le souci de catégoriser les formes de corruption, chaque auteur a apporté sa

contribution sans pour autant se soucier de l'approche adoptée par les autres. Ce qui a conduit à

l'existence d'une pléthore de charpentes de types de corruption. Ainsi les auteurs utilisent

parfois des terminologies différentes pour désigner le même phénomène. En effet, certains

auteurs ont classé la corruption en deux grandes catégories, et d'autres en trois et d'autres encore

en quatre. Nous essaierons à travers le paragraphe suivant d'en aborder les plus significatives

(catégories/formes), et d'en faire une synthèse. Selon Ventelou (2002) on distingue

analytiquement deux sortes de corruption: celle des agents subalternes, qui profitent de leur

poste pour s'enrichir au détriment d'un centre dont on suppose les objectifs raisonnablement

bien définis; et celle des hommes politiques qui atteint le comportement du centre lui-même, et

les relations entre le pouvoir politique et les électeurs. Le manuel du GOPAC quant à lui classe

la corruption en quatre formes qui selon ses auteurs, sont étroitement liées. Il s'agit du pot-de-

vin et du graissage de pattes; de la petite et de la grande corruption; de la corruption

bureaucratique; et enfin de la corruption politique.

Le pot-de-vin correspond au paiement que demandent les agents publics (ou offert par

des agents privés) en échange de faveur comme un marché public. Le graissage de patte est

l'argent payé à des fonctionnaires pour effectuer le travail pour lequel ils sont déjà payés,

comme la délivrance d'un permis de conduire.

Au second rang figure la petite et la grande corruption. La petite corruption est la

collusion entre un fonctionnaire et un membre du public pour contourner le système à propos

des transactions relativement moins importantes. Elle implique donc majoritairement des

fonctionnaires subalternes. Par contre la grande corruption correspond à la subversion du

système par de hauts fonctionnaires du gouvernement, des ministres et des chefs d'Etat.

En troisième lieu se trouve la corruption bureaucratique qui est l'abus de la latitude des

fonctionnaires pour modifier ou contourner des règles et règlements en échange de certains

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avantages. Elle survient le plus souvent lorsque d'importantes récompenses et pénalités se

trouvent sous le contrôle d'un agent.

Et pour finir cette seconde série des formes de corruption, nous définirons la corruption

politique qui est le trafic d'autorité par des dirigeants politiques et peut même englober l'octroi

de faveurs, des irrégularités dans les campagnes de financement et la fraude. C'est ce que

Akakpo (2006) appelle les dépenses de corruptions électorales.

Begovic (2007) affirme qu'il existe trois types de corruption: la corruption sans vol, la

corruption administrative et la capture de l'Etat. Il définit la corruption sans vol comme étant celle destinée à obtenir ou à accélérer la

matérialisation d'un droit qu'un citoyen ou une entité peut faire valoir. Nous pouvons citer à titre

illustratif la corruption d'un fonctionnaire lors de la délivrance d'un passeport. Le même auteur

cite la corruption des fonctionnaires en vue de passer avant les autres dans l'obtention d'un

service tout à fait légal, comme une version spécifique et plus agressive de cette forme de

corruption. Dans son analyse, il ajoute que la fréquence de ce type de corruption est un bon

indicateur de l'aptitude et de l'efficacité de l'administration d'un pays.

La seconde variante de types de corruption selon (Begovic, 2007) est la corruption

administrative qui est la demande de pot-de-vin par des fonctionnaires pour violer les règles. La

caractéristique majeure de cette forme de corruption est que la législation et les politiques

publiques ne sont pas appliquées convenablement. Elle peut être une réaction pour contourner

les mauvaises politiques.

Enfin la capture de l'Etat vise à transformer les lois et règlement en vue de privilégier les

intérêts de celui qui corrompt. « La présomption de base est que la législation et les politiques

sont sous l'influence décisive de législateurs corrompus par quelques oligarques » (Begovic,

2007) P 6.

Après avoir explicité le concept de la corruption et abordé ses différentes typologies, il

est alors nécessaire d’élucider le concept de la croissance économique qui constitue le deuxième

axe de cette étude.

B- La théorie de la croissance

Depuis Adam Smith et sa richesse des nations, la croissance économique occupe l’esprit

de nombreux économistes. De nos jours, deux analyses tendent à être privilégiées :

Les plus anciennes reposent sur les modèles néo-classiques développés par Solow-

Swan (1956) ;

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La seconde, la théorie de la croissance endogène semblerait ouvrir de nouvelles

perspectives.

1- Le modèle de Solow

1.1- La fonction de production

Le modèle de Solow se présente comme suit : la production (Y) est une fonction du

capital (K), du travail (L) et du progrès technique (A), soit :

Yt = F (Kt ; AtLt)

Cette fonction vérifie les propriétés suivantes :

Elle est homogène de degré 1 et à rendement d’échelle constant ; c'est-à-dire que si

tous les facteurs de production sont multipliés par une quantité donnée, il en sera de même pour

la production. Comme F est homogène de degré 1, la fonction de production par tête s’écrit :

yt = f (kt); où kt = kt/AtLt = Yt/AtLt sont deux grandeurs par tête on a :

f (kt) = F (Kt;1)

La productivité marginale des facteurs de production est positive, mais décroissante

au fur et à mesure que le capital augmente.

f (0) = 0 ; f’ (k) > 0 ; f’’ (k) < 0 La fonction de production est supposée remplir les conditions d’Inada :

f (0) = 0 ; sans capital pas de production

f (∞) = ∞ ; la production n’est pas bornée

lim f’(k) = ∞ et lim f’ (k) = 0

k→0 k→∞

1.2- Le modèle

Soit : s le taux d’épargne ; n et g les taux de croissance respectifs de la main d’œuvre et

du progrès technique ; d le taux de dépréciation du capital ; on a :

k = sf (k) – (n + g + d)k Il existe pour chaque valeur de s, une valeur unique k*, constante au

cours du temps qui vérifie :

sf (k*) = (n + g + d)k*

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Solow (1956) suppose que le progrès technique est neutre au sens de Harrod ; cela

revient à considérer que la démographie et le progrès technique jouent à peu près le même rôle

économique : la démographie détermine le nombre d’unités de main d’œuvre, le progrès

technique celui de l’efficacité d’une unité de main d’œuvre. D’un point de vue économique

c’est l’efficacité de l’ensemble des unités de mains d’œuvre qui compte.

L’analyse de Solow (1956) attribue l’origine de la croissance par tête au montant

de capital technique investi (machine, équipement, logiciels, infrastructure, etc.). Lorsque

l’investissement par tête dépasse le montant de la dépréciation du capital par tête existant,

chaque travailleur dispose d’un équipement plus performant et peut produire davantage.

Toutefois, lorsqu’on augmente le capital par tête, la production augmente mais pas de façon

proportionnelle, (c’est le principe des rendements décroissants). Ainsi, à force d’augmenter le

capital par tête, va venir un moment où la production par tête augmentera moins vite que cela ne

coûte, jusqu’à atteindre le sentier de croissance équilibré. Sur le sentier de croissance équilibré,

le taux de croissance de la production est déterminé uniquement par le taux de croissance du

progrès technique et de la main d’œuvre.

2- les théories de la croissance endogène

2.1- Les sources de la croissance

La théorie néo-classique identifie une seule source de croissance : l’accumulation

du capital physique. Les théoriciens n’ignorent pas les autres sources, mais ils ne les intègrent

pas explicitement dans les modèles, considérant que la variable exogène appelée « progrès

technique » capte tous ces effets. A l’inverse, les modèles de croissance endogène sont

caractérisés par une grande diversité des sources retenues : investissement en capital physique,

en capital humain, en capital public, apprentissage par la pratique, recherche et innovation

technologique. Ces sources ont été de longues dates identifiées par les économistes, mais la

croissance endogène les formalise pour la première fois, et permet donc de mieux comprendre

leurs effets. .

.

2.1.1- Le capital physique

C’est l’équipement dans lequel investit une entreprise pour la production des biens

et services. C’est une source commune à l’ancienne et à la nouvelle théorie, mais celle-ci le

traite différemment. En effet, pour qu’il y ait croissance auto-entretenue, il faut une constance

du rendement marginal du capital. Le modèle fondateur de la croissance endogène [Romer,

14 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

(1986)] repose sur des phénomènes d’externalité entre les firmes. En investissant dans de

nouveaux équipements, une firme se donne les moyens d’accroître sa propre production mais

également celle des autres firmes concurrentes ou non.

L’explication de ce phénomène réside dans le fait que l’investissement dans de

nouvelles technologies est le point de départ à de nouveaux apprentissages par la pratique.

Parmi les formes d’apprentissage, on peut citer : l’amélioration des équipements en place, les

travaux d’ingénierie (agencement des techniques existantes), l’augmentation de la compétence

des travailleurs. Or, ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le produit. Il se diffuse

inévitablement aux autres firmes. L’investissement dans le capital physique a un double effet :

Il agit directement sur la croissance et indirectement sur le progrès technique.

2.1.2- La technologie

La technologie peut être définie comme « un ensemble de connaissances relatives à

certains types d’évènements et d’activités associées à la production et à la transformation de

matériaux » [Rosenberg, 1982]. Le progrès technique désigne donc une augmentation de la

capacité des hommes à maîtriser la nature, sous la forme d’une plus grande productivité. Il

repose sur l’analyse des conditions économiques qui favorisent le changement technique.

Chaque changement technique provient d’une idée mise en forme et testée. Les coûts de mise

au point peuvent être très élevés. En revanche, une fois ces étapes franchies, si l’idée est

acceptée, le produit peut être multiplié avec un coût bien moindre, (le premier disque compact,

le 1er ordinateur ont nécessité des efforts colossaux de la part de ceux qui les ont mis au point,

cependant leur reproduction à l’identique a été beaucoup plus facile). Le progrès technique

donne naissance à des rendements croissants si bien que pour celui qui s’est efforcé de

transformer l’idée produite, le risque existe que des concurrents s’enrichissent et que lui ne

récupère jamais son investissement initial. Des droits de propriétés limiteront ce risque : brevets

ou copyright protègent l’inventeur qui dispose d’un monopole d’exploitation (limité dans le

temps) sur l’œuvre ou le produit tiré de son travail.

D’un point de vue économique, cette théorie porte atteinte au cadre concurrentiel

et permet l’apparition de nouveaux produits et de nouvelles idées. A défaut les idées nouvelles

ne tombent pas forcément dans les mains de l’inventeur mais celles de l’humanité (exemple de

l’écriture, de la mécanique, etc). C’est justement lorsque l’on souhaite que les idées nouvelles

bénéficient à tous qu’il devient nécessaire d’en faire supporter le coût par la collectivité ; ainsi

le financement est public, afin que chacun puisse librement accéder à ses résultats : c’est un

bien collectif.

15 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Pour Romer (1986) le changement technique sera d’autant plus intense que les

innovateurs espéreront en tirer un profit important. Le progrès technique n’est pas exogène, il

est produit. Son niveau de production dépendra de la rémunération attendue, c'est-à-dire des

droits de propriétés et rente monopolistiques (on se situe dans le cadre de la concurrence

imparfaite). Si au travail et au capital utilisé, on ajoute des idées nouvelles génératrices de

changement technique, tout sera modifié, car les idées ont un rendement croissant : plus on

s’appuie sur un stock d’idées importantes, plus on aura de nouvelles idées.

2.1.3- Le capital humain

Le capital humain désigne le stock de connaissances valorisables économiquement

et incorporées aux individus. Ce sont non seulement les qualifications, mais aussi (et dans le cas

des pays en développement surtout) l’état de santé, la nutrition, l’hygiène.

Dans le modèle de Solow, la croissance provient, d’une part, de l’augmentation de

la population active (or la quantité de capital humain est liée au nombre de personnes actives)

et, d’autre part, de l’accroissement de l’efficacité de la combinaison productive (ce qui peut

s’interpréter aussi bien par le progrès technique que par l’accroissement de la « qualité » au sens

d’efficacité productive du capital humain).

L’approche économique contemporaine de l’éducation s’est développée à partir de

la fin des années 1950 avec les travaux de Schultz (1963), Becker (1964) et Mincer (1958,

1974) qui ont fondé la théorie du capital humain. Selon cette théorie, les compétences acquises

dans le système d’enseignement (école, collège, université etc.) augmentent la productivité des

individus et partant accroissent les revenus qu’ils tirent de leur travail. En d’autres termes elles

constituent une forme de capital dont la particularité est d’être « incorporée » dans les

personnes qui les détiennent, d’où son nom de capital humain : les individus décident de la

durée et du contenu de leurs études en fonction de leurs coûts ainsi que des bénéfices qu’ils

espèrent en tirer. De ces décisions résulte la demande d’éducation ; le système d’enseignement

est l’offre qui vient répondre à cette demande. L’enseignement est conçu comme un processus

de production dont on peut analyser l’efficacité, c'est-à-dire la façon dont les dépenses

d’éducation sont traduites en résultats scolaires.

En effet, l’éducation est un investissement. La valeur de celui-ci dépend

directement du coût monétaire de l’éducation et des gains futurs anticipés procurés par

l’information. L’éducation représente un investissement avantageux, si la valeur actualisée nette

des coûts et des avantages est positive. L’investissement en capital humain est aussi un

investissement profitable du point de vue de la société. Autrement dit l’éducation procure des

16 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

gains sociaux, supérieurs aux gains privés. Cette externalité positive justifie pour certains

l’intervention de l’Etat dans la prise en charge du système éducatif. Dans ce schéma,

l’éducation est un investissement dont l’individu attend un retour. Il est alors naturel de

souligner que la tendance séculaire dans les pays occidentaux à un allongement de la durée

moyenne de la scolarité est une cause non négligeable de la croissance.

Le capital humain disponible dans l’économie est réparti en deux catégories : celui qui

est utilisé dans la production (les travailleurs) ; celui qui est dans le système de formation (c'est-

à-dire à la fois les professeurs et les élèves). La part des élèves et des professeurs dans la

population active est en quelque sorte un taux d’investissement de l’économie.

De même que l’investissement est la partie de la production qui n’est pas

consommée (mais investie afin d’accroître la production et la consommation future), les

personnes qui ne sont pas employées dans le secteur de la production soustraient une ressource

(il y a moins de biens produits), mais permettent d’accroître l’efficacité future du travail

(puisque les personnes formées sont plus efficaces), dans la production et la consommation.

Pour qu’un tel modèle puisse engendrer une croissance auto entretenue il suffit que le

rendement marginal du capital humain soit constant. S’il est décroissant il n’y aura pas de

croissance à long terme. S’il est croissant, il y aura une croissance explosive.

PARAGRAPHE II : revue empirique de la recherche

Il s’agira dans ce paragraphe d’aborder quelques unes des recherches empiriques

ayant trait à la croissance économique, à l’investissement et ensuite à la corruption.

A- Les analyses empiriques de la corruption

Il s'agira dans cette partie du travail de mettre en relief les résultats auxquels ont abouti

les recherches pour ce qui est de la relation existant entre la corruption, la croissance

économique et l'investissement.

1- La relation corruption, croissance économique et investissement

S'agissant de la relation existant d'une part entre corruption et croissance économique,

et d'autre part entre corruption et investissement public, il faut généralement retenir que les

statistiques sont souvent peu fiables, mais les données disponibles laissent penser que celle-ci

17 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

18 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

occupe une place importance dans l'activité économique4. Au Kenya, les dépenses publiques

«douteuses décelées, par le Contrôleur et Auditeur général en 1997 représentaient 7,6% du PIB.

En Lettonie, d'après une récente enquête de la Banque mondiale, plus de 40% des ménages et

entreprises admettent que la corruption est chose normale et aide à résoudre bien des problèmes.

En Tanzanie, selon les données d'une enquête sur la prestation de service, les pots-de-vin versés

aux fonctionnaires de police, aux employés des tribunaux et à ceux des services fiscaux et du

bureau du cadastre représentent 62% des dépenses publiques officielles dans les secteurs

respectifs. Aux Philippines la commission d'audit estime que 4 milliards de dollars sont

détournés tous les ans par la corruption dans le secteur public.

Honlonkou (2007) dans une étude basée sur des statistiques disponibles sur des

indicateurs de performance économiques et les indices de corruption, à essayer de mettre en

évidence les liens existants entre la corruption, l'inflation, la croissance économique et le

développement humain durable.

Au nombre des conclusions auxquelles il a abouti nous pouvons retenir que la corruption

sans vol induit des surcoûts (prix de revient et de vente des produits plus élevés) qui peuvent

être à la base d'une hausse généralisée des prix et des revenus. Cette hausse peut à son tour

entrainer une accélération de l'inflation si les agents corrompus répercutent leurs anticipations

d'une hausse des prix et des revenus sur les pots-de-vin. Elle agit dans ce cas comme une taxe.

Mais dans le cas de la corruption avec vol il y a plutôt une réduction de coût. Elle peut

être donc considérée comme une subvention illégale. Dans ce cas de figure, elle ne saurait être

source d'inflation. Alors le sens de la relation entre l'inflation et la corruption dépend de la

forme de corruption prédominante dans un pays.

La corruption induit une mauvaise allocation des ressources. Elle diminue la

productivité et l'efficacité générale de l'économie. Elle peut être la source de la perte d'emplois

durables dans les entreprises au profit des emplois précaires dans le secteur informel. Ainsi elle

entrave non seulement la croissance économique par une mauvaise allocation des ressources et

le développement, la mauvaise utilisation et même la perte du capital humain (Proximité, 1999),

mais également, elle entrave le développement par son impact négatif sur le revenu, l'instruction

et la santé. La corruption est également à l'origine du déficit chronique de la balance des

paiements et de l'établissement par l'administration publique, de fausses statistiques servant de

bases aux politiques économiques.

4 Anwar Shah et Mark Schacter (2005)

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

En utilisant le coefficient de rang de Spearman, (Honlonkou, 2007) est parvenu à la

conclusion selon laquelle, le coefficient de corrélation entre la corruption et l'inflation est de (-

0,59) et hautement significatif. Les coefficients de corrélation partielle montrent que la relation

entre l'inflation est mieux mise en évidence lorsqu'on tient compte des autres éléments de

performance de l'économie.

La relation entre la corruption et la croissance économique via l'investissement est

faible et significative, mais parfois fragile. (Honlonkou, 2007) parvient également à montrer

que la corruption n'entrave pas toujours la croissance économique surtout dans les pays en

développement.

Il ressort par ailleurs d'une étude faite en 2004 par la Banque Mondiale sur les

ramifications de la corruption dans le secteur des services qu'une amélioration de l'écart-type de

l'indice de corruption du Guide international du risque-pays donne lieu à une baisse de 29% du

taux de mortalité infantile, à une augmentation de 52% de la satisfaction chez les bénéficiaires

de soins de santé publique et à un accroissement de 30 à 60% de la satisfaction du public devant

l'amélioration des routes. Les études montrent aussi que la corruption nuit à la croissance,

compromet la formation de capital, réduit l'efficacité de l'aide au développement et accroît

l'inégalité des revenus et la pauvreté.

Dubly & Montmaquette (1987) dans une étude empirique ont tenté d'approcher la

corruption par ses effets supposés sur la structure fiscale et ont abouti à la conclusion qu'elle

induit un taux d'impôt excessif.

Mauro (1995) se basant sur des données fournies par une agence privée de rating

(Business International) mène une analyse statistique des conséquences de la corruption. Elle

lui permet de mettre à jour deux relations extrêmement fortes :

1- L'investissement privé et la croissance économique d'un pays sont fortement et

négativement corrélés avec son niveau de corruption.

2- La corruption s'accompagne statistiquement d'autres dysfonctionnements

institutionnels telles que l'inefficacité bureaucratique, celle du système juridique et l'instabilité

politique.

Selon toujours Mauro (1995), seules deux alternatives sont possibles. Soit la corruption

reste limitée, et le contrôle central possible; soit au delà d'un seuil, l'ensemble paraît s'écrouler à

taux croissant.

Mais ce raisonnement est controversé par certains auteurs qui soutiennent qu’une

certaine corruption est désirable pour deux raisons principales (Leff, 1964). La première est

qu’en jouant le rôle d’une prime par tâche effectuée par l’agent, le surcoût encaissé par ce

19 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

dernier l’incite à travailler beaucoup plus. La deuxième raison est que la corruption permet aux

entrepreneurs de contourner une administration inhibitrice. Ainsi, la corruption permet par

exemple « d’huiler les rouages » d’une administration rigide (Bardhan, 1997). Selon cette ligne

de pensée, dans le contexte de certaines régulations envahissantes des pays en développement,

la corruption peut accroître l’efficacité économique. Cette pensée est soutenue par la théorie

selon laquelle dans un environnement de préexistence de politiques génératrices de distorsions

où il est impossible d’atteindre l’optimum parétien, les politiques correctrices, en fait

défaillantes, permettent d’aboutir à un optimum de second rang. Ainsi, dans des pays où des

salaires sont bas et où les biens et services ne sont pas vendus à leur vraie valeur sur des

marchés fortement régulés, la corruption restaurerait le mécanisme des prix et améliorerait

l’allocation des ressources (Lui, 1996).

Honlonkou (2007) sur les traces d'autres auteurs va tenter de démontrer la fausseté de

cette argumentation. Car en exigeant un surcoût, l’agent exclut certains bénéficiaires potentiels

de l’accès à des biens publics (fait référence à la violation du principe d'impartialité évoqué plus

haut). Ce qui crée des problèmes d’équité. Par ailleurs, il affirme que l’argument du « graissage

des rouages administratifs » est faible parce qu’il ne prend pas en compte le fait que l’agent

corrompu peut créer une situation de pénurie artificielle, c’est-à-dire « rouiller les rouages

administratifs » ou « créer et allonger artificiellement les rangs » pour pouvoir imposer un

surcoût aux bénéficiaires potentiels. On perçoit ainsi pourquoi la corruption, acceptée comme

correctrice d’une situation initiale inefficace, peut elle-même aggraver cette situation. Dans une

large mesure, l’instabilité politique en Afrique, génératrice d’état de non droit, est attribuée à la

corruption (Umo 1986). Ainsi, le présent travail de recherche prend comme hypothèse de départ

que la corruption est nuisible au développement (Shleifer et Vishny, 1993; Bardhan, 1997; Ali

et Isse, 2003; Honlonkou, 2007)

De tout ce qui précède, nous retenons que dans la plupart des cas, la corruption constitue

un déterminant majeur de la croissance économique.

Mais la plupart des études ne prennent pas en compte d’une part le cas des pays de

l’UEMOA, et d’autre part utilisent des méthodologies qui diffèrent de celle adoptée dans cette

étude, sans occulter les résultats mitigés des recherches empiriques antérieurs. C’est le cas par

exemple de (Bludo et Sardan, 2003) qui ont adopté une approche anthropologique, de

(Honlonkou, 2007) qui utilisa le coefficient de rang de Spearman pour étudier la corrélation

entre ces différentes grandeurs. Ce qui justifie la présente étude. Pour cela il s’avère nécessaire

de présenter0 notre méthodologie.

20 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

SECTION III : Méthodologie de la recherche Cette section permettra de retenir un modèle, de faire le choix des variables et de

postuler pour un signe positif ou non des coefficients. Ensuite il sera mentionné les sources et

méthodes d’évaluation des données. Et enfin une synthèse des méthodes d'analyse sera faite.

PARAGRAPHE I : Le modèle : choix et signes attendus des variables

A- Le modèle de Base

A cette étape, dans le contexte de l’influence de la corruption sur la croissance

économique, nous pouvons déduire les variables relatives à la croissance économique. Il s’agit

de la stabilité politique, économique et sociale, la régularité des institutions de la république, la

bonne gouvernance de l’Etat, la production, l’investissement, la balance des paiements, la

population, le degré d'ouverture de l'économie, la corruption et les dépenses publiques. D’où le

modèle théorique suivant :

Croissance économique = F (la stabilité politique économique et sociale, la

régularité des institutions de la république, la bonne gouvernance de l’Etat, la production,

l'investissement, la balance des paiements, la population, le degré d'ouverture de l'économie, la

corruption et les dépenses publiques) (Salami et Vigan, 2006).

Compte tenu de l’aspect qualitatif de certaines variables, nous allons retenir

principalement le taux de croissance du PIB, le taux d’investissement public, le niveau de

corruption et le taux des dépenses publiques. Ce modèle correspond à celui de Ouattara ( 2007)

modifié. Et dans lequel les dépenses publiques ont été remplacées par l'investissement, et la

variable instabilité politique simplement abandonnée. Il faut aussi remarquer qu'il n'y a qu'un

seul terme d'erreur. Cette modification se justifie par le fait que les dépenses publiques et

l'investissement constituent tous des déterminants de la croissance économique, les variables

explicatives retenus sont celles dont le choix se justifie par l'objet de l'étude.

B- Définition des variables et modèle empirique ou opératoire

Nous allons dans cette partie, procéder à une validation empirique de la relation

corruption-croissance économique. Notre analyse se caractérise par le suivi des 8 pays de

l'UEMOA dans le temps, sur la période 2004-2008. Il s'agit des données individuelles-

temporelles qui nous permettront de réaliser une estimation en données de panel.

21 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Le recours aux données de panel nous permet d'utiliser l'information statique sous une

double dimension: individuelle et temporelle. Il s'ensuit donc un gain d'efficacité en matière des

estimations.

1- Définition des variables

• La variable endogène

Notre objectif étant d’analyser les effets de la corruption sur la croissance économique,

il s’agira donc d’introduire une variable susceptible de représenter cette croissance économique.

Dans la pratique, le taux de croissance du PIB (CROI) en est le principal indicateur, c’est

pourquoi nous l’utiliserons dans la spécification du modèle comme variable endogène.

• Les variables exogènes

Le taux d’investissement (INVT)

C’est également un indicateur utile, il indique la part de l’investissement dans le PIB.

Le niveau de corruption (CORRUP = 10 - IPC)

Mesurer la corruption est un exercice difficile à plus d'un titre en ce sens qu'elle se

caractérise par des comportements cachés. Pour contourner cette difficulté, l'Organisation Non

Gouvernementale Transparency International a conçu et construit un Indice de Perception de la

Corruption (IPC) élaboré sur une base annuelle.

La méthode de construction a été proposée par Johann Graff Lambsdorff de l'Université

de Göttingen en Allemagne. Un même questionnaire est soumis à un échantillon d'hommes

d'affaires, d'analystes de risque/pays et à des membres de la société civile qui apprécient l'état

de la corruption des pays. Les valeurs de l'IPC vont de 0 pour le pays le plus corrompu à 10

pour celui le plus propre (Honlonhou, 2007).

Néanmoins, cet indice n'est pas sans limites. Ces limites prennent leurs sources d'une

part de la subjectivité des connaissances des pays fournies par les répondants qui parfois

peuvent être récentes, lointaines ou acquises pendant une longue période; et d'autre part de

l'éventualité que celle-ci soit tributaire d'une mauvaise expérience faite par un répondant dans

un pays.

Toutes ces raisons vont pousser Paldam (2002) à dire que cet indice présente beaucoup

d'inerties. Honlonkou (2007) va tirer de tout ce qui précède, que tous ces facteurs peuvent

amoindrir la validité et la fiabilité de l'IPC comme mesure objective de la corruption.

Cependant, un degré d'imperfection est généralement lié à chaque indicateur statistique.

22 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Mais la particularité de l'utilisation de cet indice dans la présente recherche se résume au

fait qu'il a été modifié, pour que les hautes figures correspondent à une grande quantité de

corruption. Cette modification est telle que CORRUPTION = 10 – IPC. Une variante de cette

approche a été adoptée par Nahia (2008).

Le taux d’ouverture (OUV)

L’ouverture d’une économie est mesurée par le ratio des échanges rapporté au PIB

(exportations + importations sur le PIB). Il mesure l’importance des échanges et de manière

plus indirecte les restrictions commerciales. Ce ratio peut être un élément stimulateur de la

croissance économique.

2- le modèle empirique

S’inspirant de tout ce qui précède, le modèle suivant est retenu dans la présente

étude :

Log(CROI)i,t = ai0 + ai1Log(INVT)i,t + ai2Log(CORRUP)i,t + ai3Log(OUV)i,t +µi,t

Le modèle est estimé sous sa forme logarithmique donnant l’avantage de lire

directement les élasticités à travers les coefficients.

Avec :

CROIi,t : Taux de croissance du PIB du pays i à l’année t

OUVi,t: Taux d'ouverture de l'économie du pays i à l'année t

CORRUPi,t : Indice de Perception de la Corruption du pays i à l’année t.

INVTi,t: Taux d’investissement du PIB du pays i à l’année t

µi,t: le terme d’erreur du pays i à l’année t. Il indique la part du PIB non expliquée

par la corruption, l’investissement et l'ouverture de l'économie.

ai0, ai1, ai2, et ai3 sont des paramètres à estimer.

Log : le logarithme népérien

* Hypothèses sur les signes des coefficients des variables du modèle.

23 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Il est légitime de s’attendre à un coefficient positif du ratio des investissements /PIB, car

les investissements favorisent la croissance du PIB, il ne peut donc être affecté que d’un

coefficient positif : ai1 > 0.

Plusieurs études menées sur la corruption ont abouti aux conclusions que la corruption

porte entorse au développement et à la croissance économique : ainsi dans le cas de la zone

UEMOA, on peut s'attendre à ce que : ai2 < 0.

Le degré d'ouverture mesuré par le taux d'ouverture est un indicateur de l'importance des

échanges dans une économie. Ceci étant, il est convenable de postuler comme ont pu le montrer

d'autres recherches empiriques, que son coefficient est affecté d'un signe positif. Donc ai3 > 0.

PARAGRAPHE II : Sources et méthodes d’évaluation des Données

La significativité des résultats d’une analyse économétrique dépend avant tout de

la fiabilité des données. C’est pourquoi, dans ce paragraphe, nous décrivons non seulement les

sources mais aussi et surtout les mécanismes d’obtention des données utilisées. Ce qui nous

permettra à défaut d’une évaluation personnelle, de mieux comprendre les résultats obtenus.

Nous rappelons que dans notre équation de base, le taux de croissance du PIB est

la variable endogène, les variables exogènes, le taux de corruption, le taux d’investissement et

le taux d'ouverture de l'économie.

Le taux de croissance du PIB

Le taux de croissance d’une grandeur est la variation relative de cette grandeur entre

deux périodes. Soit :

PIBi,t- PIBi,t-1

Gi,t =

PIBi,t-1

Mais dans le cas des pays de l’UEMOA, l’existence de croissance négative est

incompatible avec la spécification Log linéaire choisie. Pour mener l’analyse en termes

d’élasticité, nous allons utiliser la valeur absolue du taux de croissance.

Les séries de PIB sont contenues dans les Annexes Statistiques de Juin 2008

du Rapport Semestriel d'Exécution de la Surveillance Multilatérale (RSESM/AS-J

2008).

24 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Le taux d’investissement

Les séries d’investissement sont obtenues également dans le (RSESM/AS-J 2008).

L'Indice de Perception de la Corruption

Ces données sur l'IPC sont obtenues dans les rapports annuels publiés par Transparency

International et disponible sur le site de l'ONG (www.transparency.org).

Le taux d’ouverture

L’ouverture d’une économie est mesurée par le ratio des échanges rapporté au PIB

(Xi,t+Mi,t)/PIBi,t. Ces données ont été générées sur STATA 8 sur la base des données

disponibles sur l'importation (M), l'exportation (X) et le PIB, réels évalués au prix constant de

1985 et contenus dans le (RSESM/AS-J 2008).

L'échantillon comporte les huit pays de l'UEMOA et s'étale sur la période 2004-2008.

PARAGRAPHE III : Méthode d’analyse

Ce paragraphe présente le test de racine unitaire à appliquer aux variables ainsi que

la cointégration et les modèles à correction d’erreur (MCE). L’étude utilise l’outil

économétrique pour tester les relations entre les variables. La plupart des propriétés des

méthodes d’estimation s’appliquent aux variables stationnaires; c’est-à-dire que ces propriétés

ne sont pas valables pour n’importe quel type de séries. On a tendance à appliquer la méthode

des moindres carrés ordinaires (MCO) sur toutes sortes de séries statistiques de sorte que les

inférences ne sont pas valables. En effet, la plupart des séries macroéconomiques comportent

une tendance de sorte que les estimations par les MCO conduisent à une régression factice, les

relations entre les variables peuvent être fortuites.

C'est pour cela qu'il convient de mener des tests de stationnarité, de cointégration et les

modèles à correction d'erreur. Mais avant de passer à l'ensemble de ces tests, il est important

dans le cas des données de panel, de faire des tests de spécification. Ce qui revient à étudier

l'homogénéité des paramètres du modèle. Ces tests de spécification visent ainsi à porter un

diagnostic sur l'éventuelle nécessité d'intégrer une dimension hétérogène et sur la manière dont

cette hétérogénéité doit être spécifiée. Si l'hétérogénéité est détectée seulement au niveau des

constantes, ce modèle à effets individuels est estimé à partir des techniques Within ou Least

squares Dummy variables (LSDV), si ces constantes sont fixes ou par les procédures Between

ou Moindres carrés généralisées si, ces effets sont aléatoires. Pour savoir quel modèle, parmi les

modèles à effets aléatoires et effets fixes doit-on retenir. Nous utiliserons le test de spécification

standard d'Hausman (1978).

25 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

A- Présentation du modèle de Panel

Supposons que l’on dispose d’observations statistiques pour N individus durant T

périodes de temps homogènes. Considérons la variable d’intérêt y dont on cherche à expliquer

l’évolution par un ensemble de k variables exogènes x. On note :

yit la valeur de la variable dépendante pour la i-ème unité à la période t, avec i=1,….,N ;

t=1,……..,T

xjit est la valeur de la j-ème variable explicative pour la i-ème unité à la période t, avec

j=1,…...,k où k est le nombre de variables explicatives.

Généralement le modèle se présente comme suit :

yit= αit + β1itx1it +……+ βkitxkit + uit

Ce modèle suppose donc que chaque individu a un comportement spécifique, lui-même

différencié d’une période à une autre. Ce modèle n’a pas d’intérêt du point de vu économique,

puisqu’il est tout au plus descriptif. Il ne permet pas d’identifier un comportement commun

dans le temps ou entre les individus, ce qui est pourtant le but de l’inférence statistique. Ce

modèle devient intéressant une fois qu’on lui impose des restrictions identifiantes, qui

correspondent aux différentes hypothèses que l’on désire tester. On présentera les trois (3) cas

ou hypothèses les plus utilisés.

1- Modèles à effets communs

Les modèles à effets communs sont ceux formulés sous l’hypothèse d’uniformité des

comportements entre les individus. Ceci revient à supposer que les différents coefficients du

modèle sont indépendants du temps et identiques entre les individus. Dans ce cas on peut

écrire :

αit= α

H1 : et H2 : uit , i.i.d N(0,σ2)

βkit= βk

Le modèle se présente comme suit : yit= α + β1x1it +……+ βkxkit + uit

26 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Les perturbations aléatoires sont dites homoscédastiques. L’inconvénient de ce modèle

est qu’il ne suppose aucune hétérogénéité. Si on est en droit de penser qu’il existe des

différences comportementales entre les individus, ce modèle n’est alors plus adapté.

2- Modèles à effets individuels

Les modèles à effets individuels se subdivisent en deux groupes : les modèles à effets

fixes et ceux à effets aléatoires.

2.1- Modèles à effets fixes

Largement utilisés dans l’analyse des données de panel, les modèles à effets fixes sont

ceux pour lesquels les effets individuels sont représentés par des constantes déterministes. Pour

cela on relâche l’hypothèse d’ordonnée à l’origine identique, mais on conserve celle d’un

vecteur commun des coefficients de régression pour toutes les unités de décision. Le modèle à

effets fixes permet de voir des différences qui existent entre les individus. On obtient des effets

systématiques représentés par les ordonnées à l’origine αi pour chaque individu.

On peut écrire les hypothèses ainsi :

αit= αi

H1 : et H2 : uit , i.i.d N(0,σ2)

βkit= βk

Le modèle devient: yit= αi + β1x1it +……+ βkxkit + uit

En effet, les variables αi désignent les effets individuels qui représentent l’ensemble des

spécificités structurelles ou atemporelles de la variable endogène, qui diffèrent selon les

individus.

L’estimation « intra-groupe » correspond aux Moindes Carrés Ordinaire (MCO)

obtenus à partir des écarts intra-groupes (yit-yt) et (xjit-xjt) donne l’estimateur BLUE du

modèle à effet fixes également appelée Within.

27 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

2.2- Modèles à effets aléatoires

L’effet spécifique déterministe représenté par les constantes propres à chaque individu

dans le cas précédent représente un ensemble de facteurs individuels constants dans le temps et

probablement non observables. Il pourrait paraître plus naturel dans cette optique de traiter cet

effet comme un effet aléatoire et non déterministe, puisqu’il est en fait inconnu. On introduit

alors l’effet spécifique dans le terme aléatoire. On parlera dans ce cas de modèle à erreurs

composées. Les erreurs, ou résidus, comportent un terme commun à chaque individu, qui est

supposé identiquement et indépendamment distribué et un terme spécifique invariant dans le

temps propre à chaque individu. Ce modèle-ci peut s’écrire ainsi :

αit= α

H1 : et H2 : uit = αi + εit

βkit= βk

Le modèle devient:

yit= α + β1x1it +……+ βkxkit + uit

La prise en compte d’effet spécifique n’est effectuée qu’au niveau du résidu et ne se fait

sentir que sur les moments du second ordre. Les résidus sont donc hétéroscédastiques, ce qui

nécessite alors une estimation par la méthode des Moindres Carrés Généralisés (MCG).

3. Choix du modèle

Parmi ces trois modèles celui qui sera le plus adapté aux données de l’étude sera retenu.

Ce choix est guidé par les résultats des tests de Fischer et de Hausman.

4. Test de Fisher : Choix entre modèles à effets communs et individuels

Pour cerner les différences dans les groupes, l’on peut tester l’hypothèse que les

constantes sont toutes égales à l’aide du test de Fischer. les hypothèses du test sont :

Ho : les effets spécifiques sont les mêmes

H1 : présence d’effets fixes dans le modèle.

La statistique du test est la suivante :

28 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

( R2u – R2

p) / (n - 1)

F(n-1, nT - n - k)=

(1 - R2u) / (nT – n – k)

p désigne le nombre de groupes ;

nT désigne le nombre d’observations totales ;

k désigne le nombre de variables explicatives ;

R2u est le coefficient de corrélation du modèle à effets fixes (R2 intra-groupe)

R2p est le cœfficient de corrélation du modèle avec constante sans effets fixes.

Règle de décision :

On accepte l’hypothèse nulle si F est inférieure à la valeur critique lue dans la table de

Fisher.

5. Test de Hausman : Choix entre modèles à effets fixes et aléatoires

Pour tout modèle de panel, l’inévitable question à laquelle les chercheurs sont

généralement confrontés est celle du choix entre un modèle à effets fixes et un modèle à effets

aléatoires. Le test de Hausman (1978) permet de répondre à cette question. Il permet de tester

l’égalité des coefficients des modèles à effets fixes et des modèles à effets aléatoires. Les

coefficients diffèrent significativement, si le modèle est soit mal spécifié soit si l’hypothèse que

les effets aléatoires ne sont pas corrélés avec les variables exogènes est incorrecte. Ainsi, sous

l’hypothèse que le modèle est bien spécifié, le test de Hausman examine la justesse du modèle à

effets aléatoires. Ce test permet de choisir entre les effets aléatoires et les effets fixes. Le test de

Hausman permet de tester les hypothèses suivantes :

Ho : Pas de différence systématique entre les coefficients des deux modèles (les effets

individuels sont non corrélés avec d’autres variables du modèles).

H1 : Présence d’effets aléatoires c'est-à-dire qu’il y a une différence systématique entre

les coefficients des deux modèles.

La statistique du test est donnée par :

H= (βf - βr)’(Vf -Vr)-1(βf-βr) Où :

29 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

βf désigne la matrice unicolonne qui stocke les coefficients du modèle à effets fixes ;

βr désigne la matrice unicolonne qui stocke les coefficients du modèle à effets aléatoires ;

Vf représente la variance de βf ;

Vr représente la variance de βr .

Sous l’hypothèse nulle, H suit une loi de khi-deux à k degrés de liberté, où k désigne le

nombre de paramètres estimés hormis la constance.

Règle de décision :

On accepte l’hypothèse nulle si la statistique H est inférieure à la valeur critique lue dans

la table du Khi-Deux.

6. Le modèle obtenu par les Moindres Carrés Généralisés (MCG)

La méthode des moindres carrés généralisées (MCG) qui a déjà été utilisée dans

d’autres analyses de panel (Hadjimichael et Alii, 1996 ; Alexandre, 1997), permet de prendre en

compte les problèmes relatifs à l’hétérogénéité des individus de l’échantillon (variable muette

pour les individus ou groupe d’individus), aux effets concernant le temps ou la période (variable

muette relatif à une ou plusieurs périodes) et à l’hétéroscédasticité. Il est important de souligner

qu’en utilisant les MCG, le coefficient conventionnel de la détermination (R2) perd son

interprétation habituelle (Judge et Alii, 1985, p.31 et p.478). Il s’agit dans ce cas de la

proportion de la variation pondérée de la variable expliquée par la régression (Buse, 1973 ; cité

par Ghura et Hadjimichael, 1996). Le R2 des modèles MCG, encore appelé « R2 de Buse » est,

en général, plus élevé que celui obtenu dans les estimations par la méthode de moindres carrés

ordinaires.

La procédure d’estimation par la méthode des MCG comporte deux étapes. Dans une

première étape, on estime l’équation par la méthode des MCO. Des résidus obtenus de cette

estimation, on calcule, pour chaque individu de l’échantillon, l’écart-type. Dans une seconde

phase, les écarts-types par individu sont utilisés pour pondérer toutes les variables du modèle.

On ré-estime ensuite, par la méthode des MCO, le modèle avec les variables ainsi transformées

pour obtenir des estimateurs MCG. Et ainsi de suite jusqu’à ce que les coefficients soient

convergent.

B- Etude de la stationnarité

Un processus stochastique Yit est dit stationnaire s’il ne comporte ni de tendance, ni

de saisonnalité et plus généralement aucun facteur n’évoluant dans le temps. Son espérance et

30 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

sa variance restent inchangées dans le temps. Ainsi un processus stochastique est stationnaire

si :

-E (Yit) = u, u étant une constante (moyenne constante) ;

-V (Yit) = σ2, σ2 < ∞ (variance finie et indépendante du temps)

-Cov (Yit, Yit +h)= γh (covariance indépendante du temps)

Plusieurs tests usuels sont utilisés pour étudier la stationnarité des séries et déterminer

leurs ordres d’intégration. Deux tests de racine unitaire sont souvent utilisés à savoir le test de

Dicckey-Fuller Augmenté (ADF) et le test de Phillip-Perron (PP). Dans le cadre de notre étude,

nous utiliserons uniquement le test de Im-Pesaran-Shin (IPS) qui est une adaptation du test de

Dickey-Fuller Augmenté sur les données de panel, pour tester la stationnarité de nos variables.

Les hypothèses du test sont :

H0 : variable non stationnaire

H1 : variable stationnaire

Règle de décision :

Si la p-value associée à la statistique du test est supérieure au seuil (retenu) alors il y a

assez d’évidences statistiques pour l’hypothèse nulle. Dans le cas contraire, nous allons accepter

l’hypothèse alternative H1.

C) Cointégration et modèle à correction d’erreur

L’idée qu’une relation d’équilibre de long terme puisse être définie entre variable

pourtant individuellement non stationnaire est à la base de la théorie de cointégration. La

théorie de la cointégration permet d’étudier des séries non stationnaires mais dont une

combinaison linéaire est stationnaire. Elle permet ainsi de spécifier des relations stables à long

terme tout en analysant conjointement la dynamique de court terme des variables considérées.

On appelle variables cointégrées Xit et Yit une combinaison linéaire de variables

intégrées du même ordre d telle Que YitXitZit βα += soit intégrée d’ordre (d-b), db ≤<0 .

On note , )( bdIZit −→ ),( βα s’appelle le vecteur co-intégrant. Cette définition

de la cointégration pour deux variables se généralise à un nombre quelconque de séries.

31 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

32 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

1- Test de cointégration.

La présence d’une relation d’équilibre entre des variables est testée formellement à l’aide de

procédures statistiques, dont les plus utilisées sont celle d’Engel et Granger (1987) et de

Johansen (1988,1991).

Test de Engel et Granger.

Selon Engel et Granger, tester la cointégration revient à opérer un test de racine unitaire

sur les résidus de l’équation de cointégration. Il se déroule en deux étapes.

Etape1 : on estime dans un premier temps par la Méthode des Moindres Carrés

Ordinaires (MCO) la relation de long terme entre les variables : Y itXitaait ε++= 10 .

Pour que la relation de cointégration soit acceptée, il faut que eit issu de cette régression

soit sta

ine unitaire sur le résidu issu de la régression à l’aide de

test AD

re alors la relation est bonne et nous pouvons estimer le modèle

à corre

est pas stationnaire, on fait la régression ΔYit =â0 +â1ΔXit et on montre

que R2

s données de panel Pedronie a proposé en 1999, des tests de cointégration

qui se

2- Modèle à correction d’erreur

permettent de détecter la présence d’une relation de long

terme

he d’Engel et Granger, l’estimation du modèle à correction d’erreur se fait

en deux

tionnaire : eit = Yit – â1Xit –â0

Etape2 : on fait les tests de rac

F ou de Phillips Perron.

Si le résidu est stationnai

ction d’erreur.

Si le résidu n’

≈0 et DW=2.

Dans le cas de

présentent comme un développement de la méthode de Engle et Granger (1987). Ces

tests sont èxécutable sur STATA.

Les tests de cointégration

entre les variables. Or il est fort intéressant de connaître l’évolution à court et moyen

terme de cette relation. L’outil nécessaire à une telle fin est le Modèle à Correction d’Erreur

(ECM) utilisé en premier par Sargan (1984) et rendu populaire par Engel et Granger (1987). Ce

type de modèle permet de mettre en évidence comment la dynamique de court terme des

variables du système est influencée par l’équilibre de long terme. Ainsi donc lorsque les séries

sont stationnaires et cointégrées, il convient d’estimer leur relation à travers un modèle à

correction d’erreur.

Selon l’approc

étapes :

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

33 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Etape 1 : Estimation par les MCO de la relation de long terme :

t terme).

D) Test de validation du modèle

Bera

rifier la normalité des erreurs surtout pour

le calc

ciée est inférieure au seuil de risque retenu on rejette l’hypothèse de

normal

s il existe également d’autres tests comme le test de normalité de Shapiro-Wilk.

2) Etude de la significativité des paramètres et du modèle

significatives ou non. A partir du

modèle

ciée au test est inférieure au seuil de risque on rejette Ho, alors le

modèle

3) Etude de l’hétéroscédasticité des erreurs

ticité passe par plusieurs tests dont les tests de

Breusc P

Etape2 : Estimation par les MCO de la relation dynamique (cour

1) Etude de normalité : test de Jarque

Il est utile dans un travail de recherche, de vé

ul des intervalles de confiance et aussi pour effectuer les tests de Student sur les

paramètres. Le test de jarque Bera fondé sur la notion d’asymétrie et d’aplatissement, permet de

vérifier la normalité d’une distribution statistique. Les hypothèses à tester sont :

Ho : les erreurs suivent une loi normale contre

H1 : les erreurs ne suivent pas une loi normale

Règle de décision :

Si la probabilité asso

ité.

Mai

Les paramètres des variables explicatives peuvent être

estimé la significativité des paramètres des variables explicatives est validée lorsque les

probabilités critiques sont inférieures au seuil de risque. La significativité globale du modèle

est quant à elle déterminée à travers la probabilité de Fischer qui doit être inférieure au seuil de

risque retenu. Les hypothèses qui sous-tendent cette analyse sont :

H0 : tous les coefficients du modèle sont nuls

H1 : il existe au moins un coefficient non nul

Règle de décision :

Si la probabilité asso

est globalement significatif.

L’identification de l’hétéroscédas

h- agan, le test du multiplicateur de Lagrange (LM), le test de White etc. Nous utilisons

ici le test du multiplicateur de Lagrange (LM). Il s’agit de tester

H0 : les erreurs sont homoscédastiques contre

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

34 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

H1 : les erreurs sont hétéroscédastiques.

Règle de décision :

Si la probabilité associée au test est inférieure au seuil de risque on rejette Ho.

4) Test d’autocorrélation des erreurs

simple, il importe d’analyser l’hypothèse de non

autoco

Comme dans une régression

rrelation des erreurs dans une régression en panel. On peut utiliser à cet effet, le test

Wooldrigde, ou de manière indirecte utiliser la statistique de Durbin-Waston.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

35 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

CHAPITRE II: ETAT DES LIEUX DE LA CORRUPTION

DANS LES PAYS DE L’UEMOA.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

De nos jours, plusieurs travaux tentent de démontrer qu'il existe un lien entre la

corruption et les indicateurs macroéconomiques d'un pays. Cependant, la controverse dont les

résultats obtenus, dans le cas des pays en voie de développement fait l'objet est très évidente. Ce

qui indique que la question est loin d'être tranchée. Il serait alors intéressant dans le cadre de

l’analyse des effets de la corruption sur la croissance des pays de l’UEMOA de faire une

analyse au regard de quelques indicateurs macroéconomiques. C'est à cet exercice que nous

allons nous donner dans ce chapitre tout en indiquant les instruments et mécanismes utilisés, les

causes et conséquences globales du phénomène dans l’UEMOA.

SECTION I : Analyse globale de la situation socioéconomique

des pays membres de l’UEMOA. Il s'agira dans cette section de faire un bref aperçu de quelques indicateurs

macroéconomiques, tout en évoquant quelques chiffres révélateurs du phénomène de la

corruption dans l’union.

PARAGRAPHE I: L'évolution du PIB Selon François PERROUX cité par Salami et Vigan (2006), « la croissance économique

est l'accroissement soutenu pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de

dimension pour la nation, en général le produit global ».

Il se caractérise par le développement et l'utilisation des capacités de production de plus

en plus élevées; l'évolution des instruments de mesure (agrégats) de la production globale

(PNB, PIB) sur une longue période, le taux d'accroissement annuel moyen de la production,

destiné à faciliter la comparaison entre différents pays et périodes. Quelle est l’évolution de

cette grandeur dans l’espace UEMOA.

L’union économique et monétaire ouest africaine est un regroupement d’anciennes

colonies françaises ayant des héritages institutionnelles précieux. C’est le cas de leur monnaie

commune : le franc de la communauté Financière d’Afrique (FCFA).

Ce regroupement basé sur la monnaie commune fut réalisé au lendemain des

indépendances en 1962 et a évolué dans le temps. Il compte actuellement 8 membres.

La situation économique et financière de ces pays est caractérisée dans la décennie 80

90 par un sérieux ralentissement de la croissance économique, une persistance de profonds

36 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

déséquilibres des finances publiques et des paiements extérieurs courants, ainsi que par des

perturbations monétaires.

Néanmoins la nouvelle impulsion donnée au processus d’ajustement des économies par

la mise en œuvre d’une stratégie globale, articulée autour de la modification de la parité du

FCFA et de la signature du traité de l’UEMOA en 1994, a permis aux pays membres, sur la

période 1994-1998, de se redonner une santé économique. Cette dernière se caractérise par le

renouement avec la croissance économique, une meilleure maîtrise des pressions inflationnistes,

et une réduction des déséquilibres des finances publiques. Ce qui balisa le terrain à la reprise de

l’activité économique. Cet essor s’est émoussé à partir de 1999 suite à l’amplification des chocs

exogènes à la dégradation de l’environnement sociopolitique dans certains pays, et à la mise en

œuvre de politiques économiques inappropriées, réduisant ainsi le système d’expansion

économique dans la période 2000-2003 à 2%. Ce niveau de croissance est pourtant largement

inférieure à la croissance démographique qui est de l’ordre de 3%.

Dans la période 2004 -2008 (période de l’étude) l’évolution de la croissance et passé

successivement de 2,9; 4,2; 2,9; 3,2; à 3,4. Ce qui dénote d’une instabilité relative du degré

de cette croissance. Mais cette croissance en dent de scie des économies de l’union se fait dans

un conteste marqué par une augmentation régulière du pourcentage des dépenses publiques dans

le PIB. Il est passé de 21.4% en 2004 à 23.7% en 2008. Dans ce chapitre la Guinée Bissau

parait être un mauvais élève (il est passé de 46.2% en 2004 à 51.1%). Cette analyse trouve tout

son sens quand on sait que le degré de corruption en Guinée Bissau est assez élevé.

PARAGRAPHE II: Etat des lieux de la corruption dans l’espace UEMOA La corruption existe dans l'espace UEMOA comme partout ailleurs. Il s'agit dans ce

paragraphe de faire un bref aperçu du phénomène dans chaque pays membre. Cet exercice

permet de mettre en évidence les ressemblances et dissemblances de sa manifestation dans les

pays membres de l'organisation.

A- La corruption au Bénin

La corruption existe au Bénin dans tous les domaines de la vie quotidienne. Les

entreprises aussi bien que les citoyens y sont confrontés.

37 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

38 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Les entreprises béninoises face à la corruption

Les entreprises présentes au Bénin considèrent la corruption comme le plus grave

obstacle à la conduite des affaires (BM-BAD, 2007). Ainsi 84% des entrepreneurs dans le

secteur manufacturier la considèrent comme un problème majeur.

Des rapports indiquent que les entreprises présentes au Bénin consacrent environ 5% de

leur chiffre d'affaire à la falsification des paiements. Au nombre des obstacles auxquels elles

sont également confrontées nous pouvons citer les procédures compliquées (mises en œuvre par

les bureaucraties gouvernementales), la corruption dans le port, lors de la demande d'eau,

d'électricité5, la concurrence déloyale des entreprises intégrées dans le système corruptif.

Les entreprises au Bénin passent en moyenne 270 heures par an à traiter les impôts. Ce

qui est largement au dessus de la moyenne des pays de l'OCDE qui est de 202 heures par an.

En outre, elles doivent passer en moyenne 100 jours pour obtenir un permis de

construire. Les entrepreneurs affirment consacrer 10 % de leur temps à la bureaucratie. 54%

des fabricants considèrent inefficace l'administration dans ses rapports avec le secteur privé, et

63% ne font pas confiance aux responsables dans leur volonté de faire respecter les

règlementations en vigueur. 21% des entreprises déclarent qu'elles sont censées donner des

cadeaux à des réunions avec des inspecteurs des impôts. Pour sortir une marchandise du Port

Autonome de Cotonou, les entreprises payent 17 pots-de-vin séparés (la douane à elle seule en

compte 10) (Bludo et Sardan, 2003). Les dossiers d'appel d'offres lors de l'attribution de

marchés publics sont traités au gré des décideurs politiques. Plusieurs sociétés d'Etat ou semi-

publiques sont privatisées pour devenir la propriété des hommes politiques ou celle de leurs

proches6.

Toutes ces difficultés traduisent la position du Bénin qui est classé 162ème sur

l'échiquier mondial par DOING BUSINESS sur la base de l’analyse des contrats commerciaux

exécutés en 2005.

Par ailleurs, on estime que 80% à 90 % des ressources en bois au Bénin sont

illégalement exploitées sous l'œil vigilant des forestiers.

Ces diverses situations peuvent renforcer la position de ceux qui pensent que la

corruption est l'une des raisons fondamentales qui expliquent la large domination de l'économie

5 - Pour obtenir une ligne téléphonique dans certains pays comme le Bénin il faut attendre environ 150 jours après la demande, tandis que le nombre de jours de coupure d'électricité est d'environ 77 jours dans l'année (BM-BAD, 2007) 6 - Cela n'a rien détonnant lorsque la présidente de la cellule de moralisation de la vie publique (structure mise en place par le G. Mathieu KEREKOU) déclare que 95% des cadres des ministères sont corrompus. Cette affirmation a été confirmée par le Ministre GBEGNONVI lors d'une émission sur GOLF TV le 16/10/2008. la plupart des chiffres de cette page sont tirés de (BM-BAD, 2006)

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

39 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

béninoise par le secteur informel. Le rapport des études commanditées par le gouvernement de

la Suède en 2006 estime à 80% la main d'œuvre nationale présente dans le secteur informel,

alors que l'OCDE porte le chiffre à 95% (BM-BAD, 2006). Ainsi le secteur informel constitue

le moteur de l'économie béninoise, car la main d'œuvre qui y travaille produit 68% du PIB

(BM-BAD, 2006).

Somme toute, la corruption représente une menace pour les entreprises. Mais on est en

raison de s'interroger sur les pratiques corruptives et les coûts en cours dans plusieurs secteurs

publics.

Il existe dans plusieurs secteurs publics, des pratiques qui permettent d'affirmer que les

frais de corruption sont tarifiés et parfois indexés à la valeur de l'objet de la corruption. Nous

pouvons citer en exemple la pratique des 10% de frais quasi-statutaires de corruption que doit

payer l'entrepreneur ayant obtenu un marché public. Mais ce pourcentage dans les marchés du

Programme d'Investissement Public (PIP) peut atteindre jusqu'à 40% du coût du marché (Bludo

et Sardan, 2003).

En outre les pratiques similaires s'observent au Port Autonome de Cotonou ou la sortie

d'un véhicule d'occasion nécessite environ soixante quinze milles francs (75.000 FCFA) de frais

de corruption (Bako-arifari, 2001).

Dans le secteur routier, les montants exigés par les agents de sécurité lors des contrôles

varient d'un corps à un autre. Le policier pour une distance relativement courte exige

généralement deux cents francs (200Fcfa), et pour une distance plus longue une somme de cinq

cent francs (500FCFA) par véhicule. Alors que le gendarme généralement présent sur les

longues distances exige mille francs (1.000FCFA). D'où la formule populaire attribuée au

policier : "deux cents avec tes pièces"7.

Ces pratiques sont également présentes dans la plupart des services publics (lors de

l'établissement de carte d’identité, du passeport, lors des contrôles routiers).

Au Bénin l'établissement de la carte d'identité se fait dans un délai réglementaire de

deux semaines, après le dépôt des dossiers. Mais ce délai est rarement respecté. Il peut même

aller à un, deux, et parfois trois mois. Cependant, pour obtenir sa pièce dans les délais requis ou

de façon accélérée il faut payer des frais de corruption qui varient selon le délai voulu par le

demandeur.

Face à cette situation récurrente dans tous les secteurs, il est important de connaître le

coût global de la corruption au Bénin. 7 - le policier en arrêtant un chauffeur de taxi dit : deux cents avec tes pièces de façon subtile pour faire croire qu'il dit descend avec tes pièces.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

40 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Pour ce qui est du coût de la corruption au Bénin, plusieurs évaluations ont été réalisées.

Nous essayerons de les mentionner tout en nous attardant sur celle réalisée en 2006.

Le ministère des finances de la république du Bénin a indiqué en 2001 que la corruption

faisait perdre 68 millions de dollars à l'économie tous les trois ans.8

Lors d'une conférence-débat organisée le 15 janvier 2000 à Cotonou par Transparency

International, le ministre des finances et de l'économie affirme que le Bénin du fait de la

corruption perd chaque année trois (3) points du PIB par rapport aux pays de la sous-région. Ce

qui équivaut à cinquante (50) milliards de francs CFA.9

Selon l'étude réalisée par la cellule de moralisation de la vie publique au Bénin et

publiée en janvier 2007, le Bénin perd chaque année plus de cinquante (50) milliards de francs

CFA du fait de la corruption.10

Pour le président de l'Observatoire de Lutte Contre la Corruption (OLC), le Bénin perd

environ entre 1/6 et 1/3 de son budget (ce qui correspond à 100 et 200 milliards FCFA).11

Par ailleurs, après 27 mois de gestion de l'escorte de véhicules d'occasion confiée à la

douane en mai 2006, le gouvernement béninois indique que trente cinq (35) milliards de francs

CFA ont pu rentrer dans les caisses de l'Etat alors qu'avant ce temps ils servaient à des

particuliers par le canal de la corruption.12

En outre, l'analyse du rapport d'audit commandité en 2006 par le chef de l'Etat béninois,

nous renseigne dans les détails comment les chiffres énumérés plus haut peuvent être obtenus. Il

prend en compte 21 ministères et 60 entreprises d'Etat et semi-publiques. Il implique également

les résultats de l'audit spécifique qui a été réalisé au trésor public et à l'intendance du palais de

la présidence.

Ce rapport indique que plus de vingt cinq (25) milliards de francs CFA ont été détournés

par 300 agents publics. La toile de fonds de cette somme est constituée de : surfacturations

8 - http://www.lefaso.net/spip.php?article2457 : Les milliards de la corruption"

9 - http://www.moralisation.gouv.bj/ddl/PLAN_STRAT_CORRUP.pdf 10 - http://www.telemacongo.com/Politique/index.php?id_dossier=12&id_article=31

11 - http://www.blogg.org/blog-47264-billet-benin_8_questions__sur__la_lutte_contre_la_corruption-496697.html 12 - http://www.afriquenligne.fr/l%E2%80%99escorte-de-vehicules-d%E2%80%99occasion-au-benin-rapporte-35-milliards-cfa-2008091512232.html : l'escorte des véhicules d'occasion au Bénin: rapport des 35 milliards.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

41 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

pratiquées à l'Etat, des appels d'offre truqués sur les marchés publics, des dépenses

inopportunes, des commandes de qualités injustifiables, des affectations inappropriées de crédit

d'exploitation. Cependant, les cas révélés dans ce rapport de 8000 pages ne sont que ceux les

plus flagrants.

Ainsi au nombre des dysfonctionnements enregistrés, nous pouvons citer l'achat de 239

véhicules non prévus au budget de l'Etat exercice 2006, et qui revenaient à 1.6 milliard FCFA,

soit un taux de dépassement de 945 millions FCFA.

Il a été également enregistré dans certains ministères, la consommation de la quasi-

totalité des budgets annuels qui leurs sont alloués juste à la fin du premier trimestre de l'année.

C'est le cas de l'ex-ministère des Finances et de l'Economie (MFE) qui, au 11 avril 2006 avait

déjà consommé les 93% des 27 milliards prévus pour l'année. A cette même période, le

ministère de la communication avait déjà consommé 91% (des 3.7 milliards) de crédits prévus

dans le cadre de la passation des marchés publics. Dans ce même ministère, il a été transmis des

bordereaux fictifs d'un montant de 56 millions FCFA.

Le rapport fait remarquer que la pratique des prix exorbitants a conduit à la confection

de cartes d'identité scolaires pour un montant de 86 millions de francs CFA. C'est la seule raison

qui explique aussi qu'on ait effectué 64 millions de dépenses en bons de commande.

Ces audits ont également mis à jour l'existence de 337 comptes secrets ayant servi de

transmettre pour un montant global de 6 milliards FCFA à la fin du mois de mai 2006.

Au niveau de l'intendance du palais de la Marina, 93 millions FCFA ont été détournés

dont 39 millions ont été restitués par le comptable.

Il faut retenir que la non tenue de la comptabilité et la non pratique de l'inventaire ont

permis à des agents ayant cessé leurs fonctions, de détenir encore par devers eux ( au moment

des audits) des véhicules mis à leur disposition par l'Etat.13

Dans le catalogue des dysfonctionnements et des abus enregistrés dans les ministères

publics, le rapport des audits a révélé qu'en 2005 au Ministère des Enseignements Primaire et

Secondaire (MEPS) 227 millions FCFA14 de primes ont été payés à des cadres pour des

formations qui n'ont pas eu lieu.

Pour ce qui est du Ministère de la Jeunesse des Sports et Loisirs (MJSL) de 2004 à mars

2006, 106 millions FCFA restent non justifiés dans le cadre de l'organisation de la Coupe

13 - http://www.afrik.com/article 10845.html : Résultat des audits commandités par le gouvernement Boni Yayi.

14 - http://www.rfi.fr/actufr/articles/084/article_48064.asp : La corruption dans tous ses états

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

42 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

d'Afrique des Nations (CAN) juniors 2005 et de la participation du Bénin à la coupe du monde

de football féminin.

Mais l’hémorragie n’est pas prête de s’arrêter car le scandale financier enregistré en

2008 lors de l’organisation du sommet de la CEN SAD révèle des irrégularités financière sans

précédents à en croire plusieurs observateurs. C’est désormais ce qu’on appelle au Bénin

l’affaire CEN SAD.

Ainsi donc, les informations contenues dans ces différents rapports d’audits permettent

d'appréhender le sens et la véracité des chiffres avancés plus haut qui estiment à 50 milliards

FCFA et plus, les montants annuels des abus des agents publics au Bénin.

B- La corruption au Burkina-Faso15

Dans un papier écrit par Ouédraogo (2008), on peut aisément lire : les cultures africaines

sont hédonistes plutôt qu’ascétiques. Cette assertion confirme l’idée de Léopold S. Senghor qui

affirme que l’émotion est nègre et la raison hélène. Dans cette analyse des comportements des

peuples sur les dysfonctionnements de l’économie (au nombre desquels figure la corruption)

l’auteur met l’accent sur le fait qu’en Afrique en général, et particulièrement au Burkina, les

citoyens privilégient les joies éphémères du plaisir immédiat et de la jouissance matérielle

instantanée sur la discipline du travail soutenu et la réussite économique durable.

Ainsi, de plus en plus de burkinabés végètent dans un luxe ostentatoire (véhicules de

haut standing, vêtements de luxe, habitudes alimentaires, villas futuristes, etc.). Mais bien

souvent ces derniers gagnent des revenus qui dans la réalité ne permettent pas ces

débordements. On peut alors s’interroger sur la source du superflu de leurs richesses investies

pour les besoins des yeux. C’est dans cet environnement qu’évolue la corruption au Burkina. En

effet, elle est présente dans la plupart des secteurs socioéconomiques du pays.

Nous pouvons évoquer le secteur de la santé qui est soumis à des pressions corruptives

de taille. En effet l’Unité d’Enseignement et de Recherche en Démographie (UERD) de

l’Université de Ouagadougou a révélé à l’issue d’une enquête des pratiques de corruption en

vogue. Elles se résument au racket des accompagnateurs des malades, à la vente des vivres

destinés aux malades, à la vente de matériel destiné aux élèves de la santé, aux spéculations sur

les lits d’hôpitaux, aux exonérations des frais d’hospitalisation, à la vente par les infirmiers de

médicaments destinés aux malades, avec la complicité des médecins pour les ordonnances, au

15 - http://uerd.multimania.com

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

43 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

payement de suppléments dans les services spécialisés, notamment en chirurgie (jusqu’à

150.000 FCFA) ou en radiologie (6000 FCFA) etc.

C- La corruption en Côte d’Ivoire16

En Côte d’ivoire la nouvelle classe politique qui a succédé à celle de politiciens

affairistes s’est appropriée le patrimoine génétique de la corruption à en croire certains

ivoiriens. En effet, cette nouvelle classe a succédé à celle de la deuxième moitié des années 90

et se considère comme refondatrice. Mais tout porte à croire aujourd’hui, à l’analyse de

l’actualité, qu’au lendemain de la guerre qui éclata dans ce pays que la corruption a repris du

poids dans l’aile. Désormais le mérite a pour indicateur l’appartenance religieuse ou ethnique

ou encore la filiation familiale. Le mal va grandissant au point de devenir un fléau. Nous

citerons à titre illustratif l’affaire de déchets toxiques jamais élucidée, le détournement de 100

milliards de francs CFA dans la filière café-cacao, le détournement de 500 millions et 1

milliard 100 millions respectivement dans les universités de Cocody et de Bouaké, les

blanchiments et détournements orchestrés par le pouvoir en place. Les hommes au pouvoir en

Côte d’ivoire et leurs alliés vivent dans un luxe irritant alors que la population croupit dans la

misère. L’exemple du réformateur Victor ECCRA, ami personnel du président de la république

est élucidant. Il a acheté une voiture (MAYBACH) de luxe à 505 millions de FCFA. La

corruption s’est désormais généralisée, de la grande à la petite. Elle a atteint dans ce pays des

proportions inimaginables à en croire certains observateurs de la vie sociopolitique. Nous

pouvons citer le cas des payements d’une somme de deux milles (2000FCFA) par le candidat à

l’oral du BAC pour se loger dans les bonnes grâces de l’examinateur et se mettre à l'abri de ses

humeurs. Même les opérations d’identification en prélude aux élections prochaines, les factures

d’électricité, pour ne mentionner que ces cas sont soumis à la corruption. En conclusion, la

corruption prend en Côte d’ivoire des proportions inquiétantes.

D- La corruption en Guinée Bissau 17

La corruption est également présente en Guinée et prend d’ailleurs ces dernières années

des proportions inquiétantes. En témoignent les propos du Président de l’Union des Forces

Républicaines (UFR, partis d’opposition) et ex-premier ministre du pays dans la période 1996-

16 - http://www.alterinfo.net/QUAND-LA-CORRUPTION-DEVIENT-UN-FLEAU-EN-COTE-D-IVOIRE_a17377.html 17 - http://www.africaontv.com/Members/destaflowers/news/corruption-en-afrique

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

44 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

1999. Il a déclaré que la corruption faisait perdre à la Guinée Bissau 300 millions de dollars soit

150 milliards de FCFA lorsqu’il était encore au pouvoir, mais aujourd’hui ce montant a atteint

la barre de 1 milliard de dollars soit 500 milliards de FCFA.

Les graves accusations portées par l’observatoire du ministère public de la Guinée

Bissau à l’encontre de la direction de la police judiciaire semblent confirmer les propos de l’ex

premier ministre sur le caractère endémique du mal. En effet l’observatoire suspecte dans sept

affaires la police judiciaire d’avoir fait disparaître volontairement une importante quantité de

drogues et une forte somme d’argent saisies sur des trafiquants nigérians et colombiens. Il en est

de même de deux véhicules saisies dans une affaire de touristes français assassinés en

Mauritanie et dont les plaques d’immatriculation ont été changées à la Police Judiciaire (PJ) à

l’insu des autorités judiciaires du pays.

Ce caractère endémique de la corruption a des conséquences graves, même sur les

institutions chargées de la combattre. A ce propos la Police d’Intervention (PI) rapide de ce

pays a dû faire une descente meurtrière dans les locaux de la PJ souvent décriée en matière de

corruption.

En effet cette descente fait suite à la mort d’un agent de la PI tué par un agent de la PJ.

Par ailleurs, le premier ministre Marthinho Dafa CABI a dénoncé la corruption sans ambages

en désavouant officiellement l’un des acteurs les plus redoutables en Guinée-Bissau que

constitue la PJ.

Dans ce bourbier corruptionnel, les hommes politiques ont de tout temps joué un rôle

important. Ceci explique l’instabilité politique légendaire de ce pays.

E- La corruption au Mali18

Au Mali le rapport du Vérificateur Général de l’Etat remis au président de la République

indique que l’Etat a perdu plus de 15 milliards de FCFA due à la mauvaise gestion financière et

non reversement des taxes et droits de douanes collectées par la banque de l’habitat et certains

directeurs administratifs et financiers de certains ministères.

Entre 2002 et 2006 les vérifications faites dans les services de l’assiette et du

recouvrement indiquant un manque à gagner de plus de 102 milliards de FCFA. Ce qui

représente 69% de masse salariale de la fonction publique au Mali. Il faut retenir que plusieurs

services publics sont à l’image de la direction administrative et financière du ministère des 18 - http://www.maliweb.net/category.php?NID=19735 et http://www.temoust.org/ecole-et-corruption-au-mali-faire,11028

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

45 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

mines, de l’énergie et de l’eau qui a dépensé 10 millions pour du thé en un seul jour. Les autres

secteurs de la vie socioéconomique ne sont pas épargnés. En témoignent les nombreux

soubresauts corruptifs enregistrés lors des examens de fin d’années au niveau des trois ordres

de l’enseignement. Le BAC qui jusque là semblait épargner est désormais trempé dans de beaux

draps. Et le mal semble ne plus attirer l’attention, mais inscrit dans le livre d’or des faits divers.

Une journaliste malienne écrit au sujet de la corruption dans l’enseignement ce qui suit : « A

l’Institut Universitaire de Gestion la devise est désormais payer pour entrer, payer pour sortir.

Pour les examens de fin d’année, il faut débourser entre 75.000 et 150.000 FCFA pour

bénéficier des services des réseaux installés à cet effet ».

Somme toute, l’enseignant également veut faire comme tout le monde au Mali.

F- La corruption au Niger

Au Niger la corruption est aussi présente dans la vie quotidienne. Les citoyens y sont

confrontés aussi bien dans les villes que dans les villages ; dans la justice qu’à la douane ; dans

les hôpitaux que dans l’enseignement. Pour le cas de la justice par exemple plusieurs clients

ayant loué les services d’avocats nigériens se plaignent du fait que leurs avocats auraient pris de

l’argent auprès de leurs adversaires en vue de ne pas défendre au mieux leurs intérêts. Chez les

agents de contrôle, la pratique est la même que celle décrite dans le cas du Bénin. Décrivant la

situation de corruption au niveau des agents de contrôle, certains postes offrent de plus grands

potentiels de corruption mieux que d’autres. C’est en cela que certains postes sont qualifiés de

juteux, donc offrant des opportunités fonctionnelles de ponction. Il faut alors se battre pour les

avoir.

G- La corruption au Sénégal19

La corruption au Sénégal est un fait. Il est influencé par le degré de sociabilité élevé

tributaire des normes culturelles qui font encore leurs lois dans la cité. La corruption est

présente dans tous les domaines de la vie socio-économique et politique. Tout se négocie même

les actes de naissance. La plupart des secteurs publics sont affectés. La police, la douane, les

impôts etc. Les exemples font légion. Comme partout ailleurs dans la zone UEMOA la police et

la douane occupe une place de choix. On dénonce souvent les balades financières organisées

par les proches du pouvoir à la présidence. Dans ce conteste de corruption généralisée, les

acteurs de la société civile ont, en 2007, attiré l'attention des pouvoirs publics sur les risques que

19 - books.google.bj/books?isbn=2865379248

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

46 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

représentent les nouveaux partenariats signés avec les pays comme la Chine, l'Inde, le Mexique

etc. En effet, cette attitude se justifie par le fait que la plupart de ses pays figure au bas du

classement des organisations internationales en matière de corruption. La particularité du

Sénégal réside dans le fait que, même certains leaders religieux sont soupçonnés d'entretenir des

réseaux de corruption. .

H- La corruption au Togo20

Le Togo a été pendant une très longue période dirigée par un gouvernement

autocratique, très décrié aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Dans un tel système les

dérives commis par les gouvernants et leurs alliés politiques sont importants et innombrables.

Malgré les pressions internationales le Togo a conservé sa réputation d'un des pays les plus

corrompus de l'espace UEMOA.

Dans ce pays le diagnostic est globalement le même que dans les autres pays de

l'UEMOA; avec évidemment quelques nuances qu'il convient de mentionner.

La présence de la corruption est plurisectorielle. Elle est en vogue aussi bien dans la

santé que dans l'éducation, dans l'administration que dans la politique, à la douane qu'à la

police. Mais cette corruption généralisée trouve la pagaille politique et l'omniprésence des

militaires dans la vie des citoyens togolais, comme un facteur favorisant la corruption.

Youssif (2005) écrit sur le site www.icilome.com qu’ « A ce rythme, EYADEMA n'est pas mort,

et ne mourra jamais! On est pire que lui ».

En conclusion, la corruption est non seulement présente dans l'espace UEMOA, mais

elle y trouve toute l'attention dont elle a besoin pour son éclosion. Elle est présente dans tous les

secteurs de la vie publique. Elle n'a pas de cibles privilégiées, mais plutôt des acteurs de

marque. La police et la douane sont en première loge. Elle est malgré les efforts de bonne

gouvernance théorique des politiques, entretenue par la politique qui est désormais perçue par

les citoyens comme l'art de l'enrichissement rapide. Contrairement au sursaut patriotique

enregistré au lendemain des indépendances, la corruption renait de ses cendres dans la période

de l'étude. Pire elle se cristallise en Cote d'Ivoire et en Guinée Bissau. Cette situation est due à

la frontière à peine percevable entre la guerre et la paix aux rebondissements spectaculaires en

Cote d'Ivoire; et à l'influence persistante des trafiquants de drogue en Guinée.

20 - www.icilome.com/.../news.asp?id=51...

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

47 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Quels sont alors les instruments, les mécanismes, les causes et les conséquences globales

de la corruption dans l'espace UEMOA ?

SECTION II : Instruments, mécanismes, causes et

conséquences globales de la corruption dans l'espace UEMOA.

Après avoir élucidé la question des indicateurs de la corruption dans l'espace UEMOA,

nous aborderons à tour de rôle les instruments et mécanismes, les causes et conséquences

globales de la corruption dans les pays membres.

PARAGRAPHE I : Instruments et mécanismes de la corruption dans

l'espace UEMOA.

La corruption est un comportement caché dont la mise en œuvre nécessite de la part de

ceux qui la pratiquent une ingéniosité en matière de conception et d'adoption d'instruments et de

mécanismes adéquats.

En effet, l'éthique populaire en Afrique en général, et dans l'espace UEMOA en

particulier, n'est pas contre le fait qu'un agent public ou qu'un responsable politique, jouissant

d'un privilège, puisse abuser de ses pouvoirs à des fins personnelles tant qu'il ne se fait

prendre.21

Par ailleurs, le degré élevé de sociabilité dans ces pays, et celui du sens de la

responsabilité, de l'obligation et des devoirs sont des contraintes majeures auxquelles doivent

faire face l'agent public et les responsables politiques de façon constante.

Face à ces contraintes et au comportement rationnel de l'agent économique qui cherche à

maximiser sa satisfaction, dans un contexte caractérisé par une rareté extrême des ressources et

une rude concurrence, la corruption s'offre comme solution.

Dans ces pays, la corruption est souvent perçue comme une providence divine tant qu'on

en bénéficie, et comme une calamité lorsqu'on en est victime.

Ainsi pour éviter des sanctions disciplinaires fâcheuses et la révolte populaire ou

électorale, l'agent public et le dirigeant politique doivent souvent concevoir des instruments et

21 - il n'est donc pas concevable au yeux du commun des béninois que le fils, le neveu etc. du Directeur des Examens et Concours puisse par exemple échouer aux concours d'entrée dans les écoles universitaires.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

48 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

mécanismes de corruption performants, modifiables et adaptables aux situations nouvelles. Les

dits mécanismes et instruments sont utilisés aussi bien en amont qu'en aval.

En amont, l'agent public crée par exemple des distorsions dans le système dont il a la

gestion ou le contrôle. Il peut délibérément décider d'allonger une file d'attente par sa méthode

de travail, ou créer de toute pièce une rupture de stock de matériels de travail. Ce faisant, il agit

sur l'offre du service public qu'il fournit, en la baissant. Dans une situation où la demande dudit

service

reste constante, c'est le prix qui augmente (d'un prix P1 à P2)22 pour rétablir l'équilibre,

mais cet équilibre n'est pas un équilibre au sens de Pareto.

Le graphique 2 résume la variation de prix (qui est le coût du service faisant l'objet de la

corruption) suite à la modification de l'offre de service public par l'agent chargé de sa gestion.

Graphique 2 : Figure de l'équilibre induit par la corruption suite à la baisse volontaire de

l'offre de service par un agent public.

Prix D O 2

O 1

P2 E 2

P1 E1

Q1 Q2 Quantités

Source: SALAMI (2009)

Le graphique 2 met en évidence l'influence de la corruption des agents publics sur la

variation du cout des services qu'offre l'Etat. En effet lorsque l'agent public décide de baisser la

22 - P1 étant le prix initial fixé par l'Etat, et P2 le nouveau prix rétablissant l'équilibre.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

quantité de biens ou de produits disponibles pour des fins corruptives, d'un niveau Q2 à Q1, les

demandeurs de ces produits sont prêts à offrir au lieu de P1, un prix P2 pour les acquérir. Alors

le niveau d'équilibre se déplace de E1 vers E 2. Les frais de corruption seront alors égaux à la

différence entre P2 et P1.

Mais ce même résultat peut être obtenu sans que l'agent ne modifie l'offre du service

public. En effet lorsque la demande du service dont l'agent a la charge augmente sans que l'offre

ne varie, le coût d'obtention du service qui est son prix, doit augmenter pour rétablir l'équilibre.

Ce cas de figure n'est pas rare en Afrique en général et dans les pays membres de

l'UEMAO en particulier, où les décideurs politiques se caractérisent par un manque de vision à

long terme. Les services offerts par l'Etat ne tiennent généralement pas compte par exemple, de

l'évolution de la population (et de ses besoins) et d'autres facteurs importants pouvant saper la

qualité et la disponibilité des services que propose l'Etat aux citoyens.

Le graphique suivant indique comment se réalise cet équilibre.

Graphique 3 : Figure de l'équilibre induit par la corruption suite à une augmentation de

la demande de service des agents économiques.

Prix D2 O

P2 E2

D1

P1 E1

Q Quantités

Source: SALAMI (2009)

49 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

50 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Le troisième cas de figure est celui dans lequel la quantité du service23 demandé par les

agents économiques augmente et que l'agent public décide de diminuer délibérément l'offre du

service placé sous sa responsabilité.

Ce cas survient lorsque la corruption devient endémique dans un pays, ou que sous

l'effet de l'inflation, les agents publics doivent élever les frais de corruption, ou encore que

l'agent jouit d'un pouvoir discrétionnaire très élevé.24

Entre autres mécanismes et instruments, il y a la constitution de réseaux de corruption

très structurés dont la devise est : A chacun selon son mérite, à chacun selon son effort.

La pratique des prix exorbitants, les appels d'offre truqués sur les marchés publics, les

dépenses inopportunes, les commandes de qualités injustifiables, les affectations inappropriées

de crédits d'exploitation, la réalisation des dépenses imprévues au budget national, l'institution

de faux frais non prévus aux règlementations en vigueur, la dissimulation de matériels roulants,

les cessions abusives de biens meubles et immeubles, les fractionnements des commandes en

violation des dispositions des codes des marchés publics, l'exigence de pots-de-vin avant l'offre

de services publics, les missions et séminaires fictifs, l'appropriation abusive des tickets-valeurs,

les octrois tendancieuses de licences, les privatisations tout azimut et non pertinentes sont les

différentes facettes des instruments de corruption généralement utilisés dans l'espace UEMOA.

PARAGRAPHE II : Quelques causes et conséquences globales de la

corruption dans l'espace UEMOA.

Il s'agira dans ce paragraphe d'évoquer quelques causes et conséquences de la corruption

dans l'espace UEMOA.

A- Les causes de la corruption dans les pays de l'UEMOA.

La corruption peut être induite par un interventionnisme inadéquat sur les marchés

(Bégovic, 2007). En effet, des règlementations gouvernementales floues et difficilement

applicables pour tous sont de véritables contraintes pour les agents économiques. Souvent pour

contourner ces difficultés, ils trouvent la corruption comme porte de sortie.

C'est le cas que révèle Bludo et Sardan (2003). Ces derniers rapportent qu'un

responsable de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Bénin (CCIB), parlant de

23 - le service dont il s'agit dans cette analyse n'est pas spécifique, mais plutôt représente un quelconque service public, l'établissement du passeport par exemple. 24 - dans une telle situation il agit comme dans un marché de monopole.

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

l'instauration du Tarif Extérieur Commun (TEC) de l'UEMOA en 1999, indique que cette taxe a

laminé de près de 2/3 des bénéfices par conteneur des importateurs de tissus imprimés. Il

continue et affirme que pour contourner la mesure, ils ont entrepris une démarche auprès du

ministre des finances d'alors. Ce dernier accepta de façon informelle que le TEC soit appliqué

désormais à seulement 1/3 du contenu de chaque conteneur, les autres 2/3 étant dédouanés

suivant l'ancien système.

Voilà comment une mauvaise règlementation peut engendrer et entretenir la

corruption.

Nous pouvons également noter qu'une inflation qui conduit à la baisse du pouvoir

d'achat des populations entraine ceux-ci à s'adonner à l'appropriation des rentes de situation qui

est une source de corruption.

Cette situation est analogue à celle dans laquelle le niveau des salaires est bas. Car

lorsque les salaires sont bas, les travailleurs pour la plupart n'arrivent pas à subvenir à leurs

besoins fondamentaux : se loger, se nourrir, se vêtir, s'instruire et assurer sa santé deviennent

difficiles.

Outre le bas niveau des salaires, l'entretien du clientélisme politique par la pratique de

distribution "des postes dits juteux" favorise l'expansion de la corruption (Okanla, 2001; Bako-

arifari, 2001). La tendance est telle que chaque dirigeant qui obtient le soutien (matériel,

financier et/ou électoral) d'une partie de la classe politique doit retourner l'ascenseur par l'octroi

de postes dits "juteux" à ces derniers.

Le souci de maximiser le gain que procure le temps peut également pousser des agents

économiques à corrompre. Il transparait aisément dans la formule anglaise : " time is money"

que le coût du temps est élevé. Et pour qu'il ne soit ainsi tout le temps, les agents économiques

préfèrent augmenter le coût monétaire réel (prix) du service, car le coût d'opportunité du temps

en de pareilles situations est faible.

Pour finir cette rubrique des causes de la corruption, nous évoquerons la non

planification des besoins de la nation à long terme, l'ignorance des situations de contrainte et

enfin l'excès de demande ou le déficit d'offre.

L'excès de demande d'un service peut être une source de corruption, en ce sens qu'il

indique la supériorité de la quantité de service public demandé sur l'offre de ce dernier. Ce

déficit se présente comme des situations de rentes que s'approprient les agents publics, qu'ils

monnayent en frais de corruption. Il ne saurait être autrement, car lorsque la demande d'un

service est supérieure à l'offre, l'agent économique rationnel désireux de l'acquérir, accepte le

51 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

52 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

payement d'un surcoût qu'il soit formel ou informel. La conséquence de cet excès de demande

est l'entretien de réseaux de corruption.

Après avoir abordé les causes de la corruption, ses conséquences formeront l'ossature de

la dernière partie de ce chapitre.

B- Quelques conséquences globales de la corruption dans l'espace UEMOA

La corruption assure une redistribution inégale, inefficace et inefficiente des

revenus. Elle se traduit par l'appropriation de rentes de situations par des agents publics. Ces

rentes qui ne sont rien d'autres que les frais de corruption reçus d'une frange de la population.

Lesdits frais de corruption augmentent ainsi les revenus des agents qui les reçoivent et réduisent

ceux des agents économiques qui les donnent. Mais cette redistribution ne tient pas souvent

compte des besoins des agents économiques, de leurs secteurs d'activité, non moins de leurs

revenus. Un agent de santé ne demande pas à savoir quel est le revenu du malade qu'il a devant

lui avant de lui prescrire un médicament en plus ou de lui exiger un pot-de-vin avant de lui

octroyer un lit pour son hospitalisation. Ce faisant, il dépouille peut être un paysan de ce qui lui

permettra d'acheter les prochaines semences. Ainsi, la corruption assure une redistribution

inégale, inefficace et inefficiente des revenus.

La corruption viole le principe de la légalité qui est une condition nécessaire à

l'économie de marché.

Elle peut faire baisser significativement la qualité des produits sur les marchés, installer

la concurrence déloyale et par ricochet faire disparaître un secteur d'activité conformément à la

loi de Gresham généralisée25 : «les mauvais produits chassent les bons à tel point que le

marché peut finir par disparaitre».

Cette conclusion se justifie car, si par exemple la fabrication et la

commercialisation d'un produit sont soumises à des frais de corruption élevés, l'entreprise face

à la concurrence ne pourra augmenter les prix sous risque de perdre sa clientèle au profit des

concurrents. Elle va alors récupérer ses frais de corruption sur les coûts de production, et

comme les clients auront du mal à accepter une augmentation brusque du prix du produit alors

la récupération du surcoût va rejaillir sur sa qualité.

Mais pour ce qui est du raisonnement de la concurrence déloyale26 et de la disparition de

secteurs d'activités, l'analyse est analogue au développement du modèle d'AKERLOF.

25- AMOUSOUGA G. Document de travail N003/003, Economie bancaire 2007-2008 26 - c'est le cas auquel des investisseurs béninois avaient été confrontés dans l'affaire de blé entre 1999-2000 (Bludo & Sardan, 2003).

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

La corruption peut conduire à des privatisations fantaisistes inefficaces et

inefficientes pour les besoins de l'économie. C'est probablement le cas de la SONACOP au

Bénin, qui selon le gouvernement actuel a été une incantation politique plutôt qu'une

privatisation.

Begovic (2007) indique que la corruption handicape la division sociale du travail et le

besoin de spécialisation.

Un niveau élevé de corruption empêche les dirigeants politiques et les entreprises de

donner à leurs employés des salaires d'efficience (Honlonkou, 2007).

La corruption peut faire augmenter le chômage, car il diminue la marge bénéficiaire des

entreprises, installe la concurrence déloyale et en définitif met en difficulté la rentabilité des

entreprises.

Par voie de conséquence, les entreprises en faillite procéderont à des licenciements

massifs, augmentant ainsi le nombre de chômeurs.

Ainsi nous venons de passer en revue les points inscrits au deuxième chapitre.

Dans la suite de ce travail, nous présenterons les résultats des différents tests, les

analyserons, et proposerons des approches de solution face au problème de la corruption dans

l'espace UEMOA.

53 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

CHAPITRE III: ANALYSE DES EFFETS DE LA

CORRUPTION SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

DES PAYS DE L'UEMOA

54 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Ce chapitre est subdivisé en deux parties. Dans la première, nous présenterons les

résultats de l’analyse et dans la deuxième leur interprétation et les implications de politiques

économiques y afférentes.

SECTION 1: RESULTATS DES ANALYSES Il s'agira dans cette section de présenter les résultats des tests de spécification et de

validation du modèle.

Le modèle estimé est :

Log(CROI)i,t = ai0 + ai1Log(INVT)i,t + ai2Log(CORRUP)i,t + ai3Log(OUV)i,t +µi,t

PARAGRAPHE I : Les résultats des tests de spécification

L’utilisation des données de panel pour une étude, repose sur l’hypothèse d’une relation

identique entre les variables concernées pour tous les individus du panel. Si tel n’est pas le cas,

l’utilisation des données de panel ne se justifie pas. Il faut donc procéder à une modélisation

individu par individu. Le logiciel Stata est l’un des logiciels par excellence de l’étude sur les

données de panel.

Afin de mettre en exergue le lien entre certaines variables macroéconomiques et la

croissance dans les pays de l’UEMOA, adoptons le modèle général suivant :

Log(CROI)i,t = a0 + a1Log(INVT)i,t + a2Log(CORRUP)i,t + a3Log(OUV)i,t +µi,t

A- Estimation du modèle à effets communs

Dans un premier temps faisons l’hypothèse d’uniformité des comportements de la

croissance dans le temps et dans les différents pays de l’UEMOA. Ce qui revient à supposer

que les différents coefficients du modèle sont indépendants du temps et identiques entre les

pays.

Les résultats de la régression sont présentés dans le tableau 2.

55 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Tableau 2 : Résultas d’estimation du modèle à effets communs.

Variables coefficients Statistique de student p-value

constante 7.531897 3.61 0.001

louv 0.1649216 0.88 0.386

lcorrup -3.562975 -3.59 0.001

linvt 0.2693012 2.18 0.036

R-squared = 0.4073 Adj R-squared = 0.3579 Prob > F = 0.0003

Sources: Résultats des tests statistiques réalisés sur données secondaires

Le test de Fisher indique que le modèle est globalement significatif (proba > F= 0.0003)

au seuil de 1%. En ce qui concerne la qualité de l’ajustement, le modèle explique environ

41% ( R-squared = 0.4073 ) de la variance totale. Les coefficients des variables linv et lcor

sont significatifs respectivement à 5% et à 1%. Seul le coefficient de la variable louv n’est pas

significatif, néanmoins le signe positif attendu est obtenu.

Les résultats ci-dessus proviennent de l’uniformité du comportement dans le temps et

entre les différents pays. Cependant, il pourrait exister des spécificités des pays qui entraîneront

une influence significative sur leur niveau de croissance économique. La prise en compte de ces

effets individuels des pays nous amène à estimer un autre modèle appelé modèle à effets fixes.

B- Estimation du modèle à effets fixes

Les résultats ci-dessus découlent de l’hypothèse d’uniformité des comportements de

croissance dans le temps et parmi les pays. Cependant, il pourrait exister des spécificités des

pays qui influent significativement sur leur niveau de croissance. La prise en compte des effets

individuels des pays conduit à estimer le modèle à effets fixes.

Les résultats de l’estimation sont présentés dans le tableau 3.

:

56 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Tableau 3 : Résultas d’estimation du modèle à effets fixes.

Variables coefficients Statistique de student p-value

louv 0.1109887 0.39 0.701

lcorrup -0.6461206 -0.25 0.805

linvt 0.6107855 1.24 0.225

const 0.7742617 0.14 0.89

R-sq: within = 0.1372

overall = 0.2342 Prob > F = 0.2260

F test that all u_i=0: F(7, 29) = 0.89 Prob > F = 0.5278

Sources: Résultats des tests statistiques réalisés sur données secondaires

Le modèle n’est pas globalement significatif même au seuil de 10%, il en est de même

pour tous ces coefficients. Son pouvoir explicatif intra-groupe est assez faible (R-sq: within =

0. 1372). De même, le pouvoir explicatif global du modèle est faible (overall = 0. 2342). Dans

ce cas il faudra penser à la significativité des effets propres aux différents pays. Ceci nous

conduit à mettre en œuvre le test de Fisher.

C- Test de Fisher : choix entre modèle à effets communs et individuels. La probabilité associée à la statistique de FISCHER est supérieure à 10% (F test that

all u_i=0: F(7, 29) = 0.89 Prob > F = 0.5278). Il y a assez d’évidences statistiques pour

l’hypothèse d’homogénéité entre les coefficients des différents pays. Les effets fixes introduits

ne sont pas significatifs. On est donc amener à postuler un modèle à effet commun.

Le modèle peut être donc écrit de la façon suivante :

Log(CROI)i,t = a0 + a1Log(INVT)i,t + a2Log(CORRUP)i,t + a3Log(OUV)i,t +µi,t

D- Test de Ramsey Reset Il permet de tester l’omission de variables explicatives pertinentes ou une mauvaise

spécification du modèle. Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau 4.

57 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Tableau 4 : Résultas des Test de Ramsey Reset

Ramsey RESET test using powers of the fitted values of lcroi Ho: model has no omitted variables F(3, 33) = 1.45 Prob > F = 0.2453

Sources: Résultats des tests statistiques réalisés sur données secondaires

On ne peut donc rejeter l’hypothèse HO au seuil de 10%. Le modèle est donc bien

spécifié.

E- Test de stationnarité : test de Im-Pesaran-Shin (IPS)

Tableau 5 : Résultas des tests de stationarité.

t-bar p-value Type de modèle Décision

croi -2.498 0.050 Stationnaire au seuil de 5%

invt -2.522 0.047 Stationnaire au seuil de 5%

ouv -6.047 0.000 Stationnaire au seuil de 5%

corrup -2.469 0.050

Nous avons

utilisé un

modèle avec

constante stationnaire au seuil de 5%

Sources: Résultats des tests statistiques réalisés sur données secondaires

PARAGRAPHE II : Les résultats des tests de validation

A- Test de normalité des erreurs (shapiro wilk)

Les hypothèses du test

HO les erreurs suivent une loi normale

H1 les erreurs ne suivent pas une loi normale

Shapiro-Wilk W test for normal data

Variable | Obs W V z Prob>z

-------------+-------------------------------------------------

residu | 40 0.96415 1.417 0.734 0.23156

58 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

La probabilité associée à la statistique du test est supérieure à 5%, donc il y a assez

d’évidences statistiques pour l’hypothèse nulle. Par conséquent, les erreurs suivent une loi

normale.

B- -Test d’homoscédasticité des résidus

Les hypothèses du test

HO les erreurs sont homoscédastiques

H1 les erreurs ne sont pas homoscédastiques (il y a hétéroscédastiques)

Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity

Ho: Constant variance

Variables: fitted values of lcroi

chi2(1) = 0.53 Prob > chi2 = 0.4686

Les erreurs sont homoscédastiques car le p-value est supérieur à 5%.

C- Test d’autocorrélation des résidus

Pour ce test, nous avons récupéré les résidus de la régression et nous avons effectué une

régression d’ordre 4. Les résultats sont les suivants :

59 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Tableau 6 : Résultats des tests Test d’autocorrélation des résidus

Source | SS df MS Number of obs = 8

-------------+------------------------------ F( 4, 3) = 2.19

Model | .429817472 4 .107454368 Prob > F = 0.2725

Residual | .147037175 3 .049012392 R-squared = 0.7451

-------------+------------------------------ Adj R-squared = 0.4052

Total | .576854647 7 .082407807 Root MSE = .22139

------------------------------------------------------------------------------

b | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]

-------------+----------------------------------------------------------------

b |

L1 | .8192362 .5172066 1.58 0.211 -.8267461 2.465218

L2 | -.5590884 .2583302 -2.16 0.119 -1.381211 .2630337

L3 | .0434962 .1640836 0.27 0.808 -.4786909 .5656833

L4 | -.5451746 .2253449 -2.42 0.094 -1.262323 .1719735

_cons | .0742041 .0921487 0.81 0.480 -.219054 .3674623

Prob > F = 0.2725 donc au seuil de 5%, l’hypothèse nulle est acceptée: les erreurs sont

non autocorrelées.

Sources: Résultats des tests statistiques réalisés sur données secondaires

SECTION 2: INTERPRETATION ET IMPLICATIONS DE

POLITIQUES ECONOMIQUES

PARAGRAPHE I : Interprétation des résultats

Il s’agit ici de vérifier si les variables explicatives utilisées ont les signes attendus et de

faire ressortir leur importance dans l’explication du taux de croissance économique dans les

pays de l'UEMOA. Notons en premier lieu qu’une augmentation de 1% ou d’un point d’une des

60 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

variables explicatives, ferait varier le taux de croissance de la valeur du coefficient de cette

variable, toutes choses égales par ailleurs.

Au vue des résultats, on peut conclure que la corruption affecte négativement et

significativement la croissance économique dans les pays de l'UEMOA; car le coefficient de la

variable (lcorrup) est égal à -3. 56 et significatif (p=0.001). Ainsi, le signe correspond à

l'hypothèse posée.

Le taux d'investissement a quant à lui un effet positif et significatif sur la croissance

économique des pays de l'UEMOA. En effet son coefficient est de 0.27 et significatif (p=0.036)

confirmant également l'hypothèse de départ.

Pour ce qui est de la variable degré d'ouverture des pays de l'UEMOA (louv) son

coefficient est positif comme attendu, mais il n'est pas significativement différent de zéro.

Plusieurs auteurs rappellent que le lien entre ouverture et croissance n'est pas systématique.

Grossman et Helpman (1991) soulignent que l'effet du commerce peut être parfois ambigü et

même néfaste. En outre, Fontagné et Guérin (1991) voient que l'ouverture serait un catalyseur et

non le moteur de la croissance. D'autres études récentes apportent des précisions en la matière,

en particulier, les travaux de Busson et Villa (1997) relèvent que la nature des échanges est sans

doute plus importante que leur intensité dans l'explication de la croissance. (DAGO, 2007).

Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons retenir qu'une augmentation de 1% du

taux de corruption fait baisser la croissance économique de 3.57% dans les pays de l'UEMOA,

et qu'une augmentation de 1% du taux d'investissement améliore la croissance économique de

0.27%. Le taux de croissance des pays de l'UEMOA est élastique au degré (niveau) de

corruption. Il en est de même pour le taux d'investissement.

Ainsi, l'effet d'une variation de 1% du taux de corruption sur la croissance économique

des pays de l'UEMOA est supérieur à celui de la même variation du taux d'investissement.

Il est intéressant de mentionner que le modèle de panel retenu est homogène. Ce

qui nous permet de postuler que la corruption influence de façon homogène la croissance

économique dans les pays de l'UEMOA.

61 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Vérification des hypothèses Hypothèse 1 : Cette hypothèse est vérifiée. La croissance économique des pays de

l'UEMOA est élastique par rapport à la corruption, même si cette élasticité est faible.

Hypothèse2 : Cette hypothèse est vérifiée. L’analyse nous a permis de déduire que la

corruption influence négativement la croissance économique des pays de l'UEMOA.

Ces résultats sont conformes à ceux de Mauro (1995) qui, se basant sur des données

fournies par une agence privée de rating (Business International) mène une analyse statistique

des conséquences de la corruption. Elle lui permet de mettre l’accent sur une relation

extrêmement forte : la croissance économique d'un pays est fortement et négativement corrélée

avec son niveau de corruption.

Selon Mauro, seules deux alternatives sont possibles. Soit la corruption reste limitée, et

le contrôle central possible; soit au delà d'un seuil, l'ensemble paraît s'écrouler à taux croissant.

Nahia (2008) est parvenue aux mêmes résultats via l’IDE dans le cas des pays de la

MENA, confirmant ainsi les travaux de Shleifer et Vishny (1993); de Bardhan (1997); de Ali et

Isse (2003); et de Honlonkou (2007).

PARAGRAPHE II : Implication de politiques économiques

(recommandations) et limites de l'étude

A- Implication de politiques économiques (recommandations)

Au regard de nos résultats, la corruption ralentie la croissance économique dans les

pays de l'UEMOA. Pour réduire l’impact de ce phénomène sur la croissance économique, les

Etats de l'espace UEMOA doivent :

* Entamer des réformes structurelles sur les plans économique, financier et

institutionnel qui ralentiraient l'impact de la corruption sur la croissance économique.

* Faire de la bonne gouvernance en général, et de la lutte contre la corruption en

particulier une priorité, car son influence sur la croissance économique des pays membres est

supérieure à celle des investissements. Ce qui confirme la position de Ouatara (2007), celle de

Broadman et Recantini (2002), de Kaufman et Kraay (2002) et de Kaufman et al (2003) qu’il

62 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

faille faire de la bonne gouvernance la première des priorités en Afrique subsaharienne et

partout ailleurs dans le monde en développement.

* Uniformiser les politiques de lutte contre la corruption dans le temps et dans l’espace

UEMOA, puis coordonner les stratégies mises en œuvre par les partenaires sociaux et les

institutions internationales dans toute la sous-région. Cette nécessité d'uniformisation se justifie

par l'homogénéité des pratiques de la corruption auxquelles ont abouti nos résultats.

* En effet, la littérature sur le phénomène de la corruption dans chacun des pays

membres de l'UEMOA laisse transparaitre une très grande homogénéité. Des causes aux

conséquences, des pratiques aux reformes théoriques, des acteurs aux sanctions; tout

s'harmonise comme si on était dans des départements d'un même pays.

* Néanmoins on dénote la particularité de deux pays que sont la Cote d'Ivoire et la

Guinée Bissau. Mais ces particularités d'ordre conjoncturel ne suffiraient pas à rejeter la thèse

d'homogénéité. D’où la nécessité d'uniformiser les politiques et de coordonner les actions

entreprises çà et là.

* Limiter l'interventionnisme aigü des pouvoirs publics dans l'économie, tout en évitant

l'adoption de règlementations gouvernementales floues et difficilement applicables pour tous. Il

est évident que la très grande présence de l'Etat sur les marchés peut saper la concurrence et

empêcher les forces du marché d'établir l'équilibre. Par ailleurs lorsque les pouvoirs publics se

trouvent être corrompus, c'est toute l'économie qui entre en décadence. Ainsi, l'agent public voit

s'apprécier son pouvoir discrétionnaire au détriment des forces du marché; rendant ainsi

vulnérables les entreprises. L'honnêteté des managers et la probité des actionnaires seront mises

à rude épreuve. Car ce renforcement du pouvoir des agents publics, les installent

confortablement dans une concurrence déloyale face aux entreprises qui feront le jeu de la

corruption. Tout se met alors en dictature dans l'économie.

* Repenser la question des salaires d’efficience dans les administrations publiques.

Plusieurs thèses postulent que la corruption diminue avec les salaires des agents publics. La

théorie des incitations montre qu’il existe un salaire d’efficience pouvant empêcher la

corruption. Ce salaire serait supérieur ou égal au salaire initial augmenté des pots de vin que

l’agent public pourrait obtenir. Généralement le salaire d’efficience est coûteux et donc

difficile à mettre en œuvre. Néanmoins la théorie des incitations suggère que, toute chose égale

par ailleurs, une augmentation du salaire devrait réduire la corruption des agents publics.

63 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

Au niveau empirique, Lavallée, Razafindrakoto et Roubaud (2008) dans leurs études

ajoutent que l’efficacité de cet instrument pour lutter contre la corruption est très contestée. Car

si Van Rijkeghem et Weder (1997) mettent en évidence, sur un échantillon de 28 pays,

l’existence d’une relation négative entre le salaire relatif des fonctionnaires et le degré de

corruption perçue des pays, les travaux effectués sur un nombre plus important de pays ne

permettent pas de conclure à une relation significative entre le salaire de fonctionnaires et le

niveau de corruption des pays (Herfeld et Weiss, 2003 ; Rauch et Evans, 2000 ; Treisman, 2000

; Swamy et alii, 2001).

Cette absence de relation entre corruption et salaire peut se justfier de plusieurs façons.

D’une part, la plupart des travaux ont été réalisés au niveau macroéconomique à partir

d’indicateurs de corruption perçue. D’autre part, ces travaux négligent également la

complémentarité entre le salaire et le contrôle.

D’autres études comme ceux de Di Tella et Schargrodsky (2003), réalisées à partir d’une

expérience de lutte contre la corruption dans les hôpitaux de Buenos Aires, montre que l’impact

du salaire sur la corruption dépend considérablement de la probabilité de détection. Ils montrent

qu’en l’absence de contrôle une augmentation des salaires n’a aucun impact sur le

comportement de corruption, mais qu’elle peut s’avérer efficace si elle s’accompagne d’une

augmentation du contrôle des fonctionnaires.

Ainsi la stratégie des salaires d’efficience doit être associée au renforcement des

mécanismes de contrôle et de sanction.

* Renforcer le contrôle des agents publics par le choix des responsables jouissant d'une

probité et d'une intégrité irréprochable. A première vue, cette approche parait superflue et

subjective. Néanmoins, elle est très importante pour parvenir à un système de contrôle efficace.

Car dans plusieurs pays en Afrique, et précisément dans l'espace UEMAO, très souvent les

agents chargés d'auditer les services publics sont à la fin également soupçonnés de corruption.

Pour cela, il ne suffira plus d'avoir une certaine compétence pour aspirer être membre d'un

corps de contrôle, mais également jouir d'une grande probité. Cette approche pourra

certainement apaiser ceux qui pensent que la création des commissions d'audit et de contrôle de

gestion dans les services publics a pour objectif de noyer les dossiers sensibles de corruption.

On peut alors se poser la question de savoir comment mesurer la probité des agents publics. La

culture, la religion, le genre, la classe sociale et la réputation peuvent être des indicateurs de

base auxquels il faudrait penser. Klitgart (1998) propose à cet effet des pistes très édifiantes.

64 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

* Promouvoir dans les administrations publiques l'avancement au mérite, tout en

intégrant aux critères objectifs du mérite, les valeurs comme l'honnêteté et la probité.

* Combattre l'impunité dans le cadre de la corruption sur toutes ses formes. Cela passe

par l’application des sanctions prévues par la loi dès que la culpabilité est établie.

Le contrôle et la sanction font partie des instruments dont disposent les dirigeants pour

contraindre les agents publics à servir les intérêts du peuple. Néanmoins, Peu d’études vérifient

empiriquement l’impact du coût de détection sur le comportement de corruption des individus.

De nombreux travaux soulignent par contre que ce n’est pas l’existence de mécanismes de

contrôle et les sanctions qui influent sur le comportement de corruption, mais plutôt leur

efficacité. En effet, il est rare que les faits de corruption soient entièrement détectés par les

mécanismes de contrôles internes de l’administration, à cause de l’inefficacité des procédures

internes et/ ou de la collusion entre les contrôleurs et les agents publics corrompus. Il est

envisageable, par exemple, qu’un fonctionnaire corrompu partage ses pots-de-vin avec ses

supérieurs et ses collègues en échange de leur silence.

Outre la probité des agents chargés du contrôle dont nous avons fait mention plus haut,

des mécanismes de contrôle externe à l’administration peuvent s’avérer efficaces pour lutter

contre la corruption. C'est le cas d'une presse libre. Plusieurs études ont montré qu'à de grands

degrés de liberté de la presse est associé de faibles niveaux de corruption. (Lavallée et

Razafindrakoto et Roubaud, 2008)

Il faut enfin remarquer que la justice joue un rôle prépondérant dans le combat contre

l'impunité. Car, la probabilité d’être poursuivi et condamné pour des pratiques corruptives

dépend aussi de la capacité de la justice de traiter et de condamner de tels faits (Herzfeld et

Weiss, 2003).

* Prioriser les secteurs réputés comme fertiles, dans la lutte contre la corruption et

étendre le combat au fur et à mesure aux autres secteurs de l'économie.

En général, lorsqu'on étudie la corruption dans l'espace UEMOA, la douane et la police

viennent en tête de peloton. En effet, la primauté de ces deux structures en matière de

corruption est due à la très grande visibilité des pratiques de corruption qui y ont cours, à la

mutualisation systématique des bénéfices, à la généralisation systémique du phénomène et enfin

au volume d'argent (liquidité) qui y circulent. Face à cette situation les Etats ne pouvant pas

combattre toutes les formes de corruption à la fois et dans tous les secteurs, au risque de se faire

prendre à son propre piège, doivent alors commencer par ces secteurs hautement touchés. Pour

65 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

y parvenir, les Etats doivent appliquer les salaires d'efficience à ces agents, renforcer les

mécanismes de contrôle, et dès détection d'un cas de corruption appliquer les dispositions

légales avec la dernière rigueur. Cette étape servira de phase pilote et lorsque les résultats seront

concluant, les dirigeants pourront généraliser les politiques au fur et à mesure que les secteurs,

les uns après les autres vont se révéler plus hostiles à la corruption.

* Pousser les politiques à donner le bon exemple, tout en limitant " l'affairisation" de la

politique (l'entrée massive des hommes d'affaire dans la politique). En effet, si les dirigeants

politiques accèdent au pouvoir par la corruption, la magouille et la fraude, ou encore qu'ils

cherchent à s'y maintenir par les mêmes pratiques; peut-on s'attendre à ce qu'ils combattent la

corruption? Assurément non. Alors pour que la lutte contre la corruption ne soit pas biaisée, il

faudrait que les politiques donnent le bon exemple. Dans ce cadre l'apport des partenaires au

développement et des institutions internationales est très important.

B- Limite de l'étude

La principale limite de cette étude, est la difficulté rencontrée lors de la collecte des

données. En effet, les données sur la corruption dans l'espace UEMOA n'existent pas sur une

longue période. Ce qui ne permet pas encore de mener des études économétriques sérieuses sur

chaque pays pris isolément. Cet état de chose s'explique par l'indisponibilité des statistiques sur

ces pays. Mais ces dernières années, ce problème est contourné grâce à la conception des

indices publiés par plusieurs organisations internationales. Les Etats de l'espace UEMOA

doivent mettre une politique en place pour la collecte des données car elles sont indispensables

pour des analyses statistiques fiables.

66 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

CONCLUSION La majorité des politiques de développement accordent une place de choix à la bonne

gouvernance et à la lutte contre la corruption. Mais peu d'études portent sur son influence sur la

croissance économique. C'est à cet exercice que nous nous sommes prêté dans le présent travail

de recherche.

Ainsi, l’analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de

l'UEMOA vient mettre en évidence le degré de nuisance réel des abus des agents des

administrations publiques sur le bien être économique et social.

Notre analyse est basée sur le modèle de panel à effets communs et prend en compte le

taux d'investissement, le degré de corruption et le degré d'ouverture des 8 pays de l'UEMOA, de

2004 à 2008. Les résultats mettent en évidence l'influence négative et significative qu'exerce la

corruption sur la croissance de ces pays.

Cette étude peut être approfondie en analysant d'une part l'impact de la corruption sur la

croissance économique des pays de l'UEMOA, et d'autre part son impact sur la croissance de

chaque pays à long terme. Elle nous permettra d'approfondir les analyses menées dans le

présent travail.

67 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

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TABLE DES MATIERES AVERTISSEMENT…………………………………………………………………i

DEDIDACES………………………………………………………………………..ii

REMERCIEMENTS………………………………………………………………..iii

SIGLES ET ABREVIATIONS……………………………………………………...iv

LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………v

SOMMAIRE………………………………………………………………………….1

INTRODUCTION GENERALE ……………………………………………………..3

CHAPITRE 1: CADRE THEORIQUE ET EMPIRIQUE DE LA RECHERCHE…5

SECTION 1: PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE………5

PARAGRAPHE 1: PROBLEMATIQUE……………………………………………5

PARAGRAPHE 2: OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE LA RECHERCHE………8

A- LES OBJECTIFS……………………………………………………………..8

1- OBJECTIF GENERAL……………………………………………………8

2- OBJECTIFS SPECIFIQUES………………………………………………8

B- LES HYPOTHESES………………………………………………………….8

PARAGRAPHE 3: INTERET DE L'ETUDE…………………………………………8

SECTION 2: REVUE DE LITTERATURE ………………………………………....9

72 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

PARAGRAPHE 1: APPROCHE THEORIQUE DE LA CORRUPTION ET DE LA

CROISSANCE ECONOMIQUE ……………………………………………………9

A- CLARIFICATION DU CONCEPT DE LA CORRUPTION………………..9

1- APPROCHE DE DEFINITION DU CONCEPT DE LA CORRUPTION..9

2- TYPOLOGIE DE LA CORRUPTION…………………………………..11

B- LA THEORIE DE LA CROISSANCE………………………………………12

1- LE MODELE DE SOLOW………………………………………………13

2- LA THEORIE DE LA CROISSANCE ENDOGENE………………...…14

PARAGRAPHE 2: REVUE EMPIRIQUE DE LA RECHERCHE ………………..18

A- LES ANALYSES EMPIRIQUES DE LA CROISSANCE……………….…18

B- LES ANALYSES EMPIRIQUES DE LA CORRUPTION………………….19

SECTION 3: METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE..…………………………22

PARAGRAPHE 1 : PRESENTATION DU MODELE………………………...……22

A- LE MODELE CONCEPTUEL………………………………………………22

B- DEFINITION DES VARIABLES ET MODELE EMPIRIQUE……………23

1- DEFINITION DES VARIABLES………………………………………23

2- LE MODELE EMPIRIQUE…………………………………………….24

PARAGRAPHE 2: SOURCES DES DONNEES …………………………………..25

PARAGRAPHE 3 : METHODES D'ANALYSE DES DONNEES…………………26

A- PRESENTATION DU MODELE DE PANEL……………………………...27

1- MODELE A EFFETS COMMUNS……………………….…………….28

2- MODELES A EFFETS INDIVIDUELS….…………….………………..28

3- CHOIX DU MODELE……………………………………….………….30

4- LE MODELE DE PANEL AVEC LES MCG…………………………...31

B- ETUDE DE LA STATIONNARITE………………………………………...32

C- COINTEGRATION ET MODELE A CORRCTION D'ERREUR………….32

1- TEST DE COINTEGRATION…………………………………………..33

2- MODELE A CORRECTION D'ERREUR………………………………34

D- TESTS DE VALIDATION DU MODELE………………………………….34

1- ETUDE DE LA NORMALITE: TEST DE JARQUE BERA……………34

2- SIGNIFICATIVITE DES PARAMETRES DU MODELE……………...35

3- HETEROSCEDASTICITE DES ERREURS…………………………….35

4- TEST D'AUTOCORRELATION DE BREUSCH-GODFREV…………35

73 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

CHAPITRE 2: ETAT DES LIEUX DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE

UEMOA………………………………………………………………………….….37

SECTION 1 : ANALYSE DE LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DES PAYS

DE L'UEMOA…………………………………………………………….…………37

PARAGRAPHE 1 :L'EVOLUTION DU PIB………………………………………..37

PARAGRAPHE 2 : ETAT DES LIEUX DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE

UEMOA……………………………………………………………………………...38

A- LA CORRUPTION AU BENIN…………………………………………….38

B- LA CORRUPTION AU BURKINA FASO………………………………….43

C- LA CORRUPTION EN COTE D'IVOIRE…………………………………..43

D- LA CORRUPTION EN GUINEE BISSAU………………………………..44

E- LA CORRUPTION AU MALI……………………………………………..45

F- LA CORRUPTION AU NIGER……………………………………………46

G- LA CORRUPTION AU SENEGAL………………………………………...46

H- LA CORRUPTION AU TOGO……………………………………………..46

SECTION 2 : INSTRUMENTS ET MECANISMES, CAUSES ET CONSEQUENCES

DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE UEMOA …………47

PARAGRAPHE 1 : INSTRUMENTS ET MECANISMES…………………………48

PARAGRAPHE 2 : CAUSES ET CONSEQUENCES……………………………...51

A- LES CAUSES DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE UEMOA……….51

B- QUELQUES CONSEQUENCES DE LA CORRUPTION DANS L'ESPACE

UEMOA……………………………………………………………………..52

CHAPITRE 3: ANALYSE DES EFFETS DE LA CORRUPTION SUR LA

CROISSANCE ECONOMIQUE DES PAYS DE L'UEMOA………………………55

SECTION 1 : RESULTATS DES ANALYSES…………………………………….55

PARAGRAPHE 1 : RESULTATS DES TESTS DE SPECIFICATION …………..55

A- ESTIMATION DU MODELE A EFFETS COMMUNS……………………55

B- ESTIMATION DU MODELE A EFFETS FIXES………………………….56

C- TEST DES STATIONNARITE : TEST DE IM-PESARAN-SHIN (IPS)…..58

74 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

Analyse des effets de la corruption sur la croissance économique des pays de l'UEMOA: une étude réalisée sur la période 2004-2008

75 Réalisé par Moubarakou SALAMI sous la Direction du Pr LANHA Magloire

PARAGRAPHE 2 : RESULTATS DES TESTS DE VALIDATION……………….58

A- ETUDE DE LA NORMALITE: TEST DE JARQUE BERA……………….58

B- HETEROSCEDASTICITE DES ERREURS………………………..............58

C- TEST D'AUTOCORRELATION…………………………………………...59

D- SIGNIFICATIVITE DES PARAMETRES DU MODELE (voir page 56)…..

SECTION 2 : INTERPRETATION ET IMPLICATIONS DE POLITIQUES

ECONOMIQUES……………………………………………………………………60

PARAGRAPHE 1: INTERPRETATION DES RESULTATS………………………60

PARAGRAPHE 2 : IMPLICATIONS DE POLITIQUES ECONOMIQUES ET

LIMITES DE L'ETUDE ……………………………………………………………62

A- RECOMMANDATIONS……………………………………………………62

B- LIMITES DE L'ETUDE............................................................................…...66

CONCLUSION …………………………………………………………….….….…66

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………….…………..…68

ANNEXES…………………………………………………………………….………