Alternatives magazine - Numéro 19 - Les pétroles de l'extrême

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REPÈRES

Telle est la superficie totale des concessions pétrolières pour lesquelles le Brésil lancera un appel d’offres au mois de décembre. Ces concessions sont toutes situées sur la terre ferme,alors que le Brésil, par ailleurs, a donné au mois de septembre le coup d’envoi à l’extraction de pétrole situé dans des gisements maritimes en eaux très profondes. Les évaluations de cesréserves maritimes, situées à 6000 mètres de profondeur sous une couche de sel de 1000 mètres,sont de cinq à huit milliards de barils de brut léger récupérable, alors que les réserves du Brésils’élèvent aujourd’hui à 14 milliards de barils.

L’évolution des technologies dans l’énergie contri -b ue à relever un triple défi : augmentation de lademande, changement climatique, caractère non renouvelable d’énergies émettrices, pour près de 70 % d’entre elles, de gaz à effet de serre.

La période de « transition énergétique » dans laquelle nous entrons vise donc à passer de la situation actuelle – qui n’est pas« durable » – à une économie moins carbonée à l’horizon 2050. Électricité et transports sont deux axes majeurs d’amélioration.L’électricité ne pose pas de problème en matière de ressources d’énergies primaires puisqu’elle peut être produite à partir dunucléaire, d’énergies renouvelables, de gaz et de charbon. En revan-che, les investissements à entreprendre sont considérables, tant aux niveaux de la production et des transports que de la distribution.Les transports dépendent quasi exclusivement du pétrole (à 95 %)et représentent près de 60 % de sa consommation globale. Les efforts portent d’abord sur l’amélioration de l’efficacité énergé-tique des véhicules privés, du grand transport routier et des flottescaptives, afin de diminuer la consommation, donc la dépendancevis-à-vis des pays producteurs de l’OPEP. Les pétroles non conven-tion nels (off-shore profond, sables asphaltiques) représentent uneautre voie pour réduire cette dépendance : dans ces domaines, lesimportants progrès des techniques d’exploration et de production ontrepoussé les seuils d’accessibilité à des réserves non valorisables il y aencore peu. La nécessaire diversification de l’approvisionnement enénergie du secteur transport passe par le développement de nouvellesfilières, biocarburants de 1re génération aujourd’hui, biocarburantsde 2e génération demain, qui ne concurrencent pas les usages alimen-taires, tels que les résidus ligneux-cellulosiques ou les déchets urbains,ou encore les carburants synthétiques à partir de gaz ou de charbon.Enfin, à terme, nous devrions connaître l’émergence de synergiesentre pétrole et nucléaire, ce dernier permettant d’optimiser les pro-cédures d’exploitation et de raffinage, très gourmandes en énergie. ■

«NOUS ENTRONS DANS UNE PÉRIODE DE TRANSITIONÉNERGÉTIQUE»

L’ÉDITOD’OLIVIER APPERT,Président de l’IFP (Institut français du pétrole)

2000000de tonnes107000km2

Tel est le seuil franchi pour la première fois le 23 septembre 2008 sur le marché européen du carbone (transactions enregistrées sur les permis d’émission de CO2 dans le cadre du protocole de Kyoto). Au mois de septembre, la moyenne des transactions quotidiennes a été de 1,251 million de tonnes, un nouveau record, en hausse de 47 % par rapport à la moyenne du mois d’août.

SOMMAIRE

L’ESSENTIELRecherche, environnement, transport… L’actualité de l’énergie au crible d’Alternatives.

alternatives3e trimestre 2008

Directeur de la publication: Michel-Hubert Jamard.Rédaction: Thierry Piérard, Virginie Lepetit.Crédits photos : Keith Wood/Gettyimages® (couv.), IFP(p.3), Larry Lee Photography/Corbis (p.4), Jiri Rezac/Réa (p. 6-7), Étienne de Malglaive/Réa (p. 6-7),Technip (p.8-9), Éric Nocher (p.10), Paul Langrock/Zénith-Laïf-Réa (p.14), Lester Lefkowitz/Corbis(p.15), Média thèque RTE/Favier Gilles (p.16), Hein van den Heuvel/zefa/Corbis (p.16-17), Gina Le Vay/Gettyimages® (p.17), Morgane Le Gall,« Nature versus Technology » concue par Arik Levy et éditée par Saazs (p. 20).Illustrations: Mr Suprême (p. 11), A. Dagan (p. 12).Conception et réalisation: : 8192

Les opinions exprimées dans ce magazine ne reflètent pas nécessairement celles d’AREVA et n’engagent que leur auteur.

ISSN 1637-2603Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004, toute personne dispose d’un droit demodification ou de suppression des données personnelles la concernant.Ce droit peut être exprimé par voie postale auprès de T.M.S.

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© 2008 AREVACOM

www.areva.com

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DÉCRYPTAGE

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PERSPECTIVES

La bulle verte va-t-elle exploser ?

Rien à voir avec Internet ou l’immobilier. Le développementdu marché des énergies renouvelables est assuré, selon le professeur Robert Bell, car les techniques ne cessent de s’améliorer et ont des applications concrètes.

KIOSQUE Une sélection d’ouvrages et de sites Internet pour approfondirles thèmes abordés dans ce numéro.

Électricité : la chasse aux pertes en lignes est ouverte

L’amélioration des réseaux européens, dont la fragilité et les pertes en lignes génèrent une surconsom mation de combustibles et l’émission de CO2, doit passer par une meilleure gestion des flux et une optimisation des rendements. Explications.

ÉLECTRON LIBRE

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La biomasse : une énergie en devenir

Bois, paille, résidus agricoles, déchets organiques… La biomasse est présente partout. Mais, pour exploiter au mieux cette source d’électricité verte, il faudra optimiser la collecte et les processus de combustion.

DOSSIER

LES PÉTROLESDE L’EXTRÊME 04

L’énergie est notre avenir,économisons-la!

V

12En couvertureLe pétrole off-shore(ici une plate-formeen mer du Nord)représente désor-mais un tiers de laproduction mondiale

Avec un prix du baril quatre fois plus cher qu’en 2002 en moyenne annuelle, les techniques d’exploration et de récupération poursuivent leur montée en puissance. Conséquence : les compagnies relancent la course à l’or noir et s’intéressent à des gisements jugés jusqu’à présent impossibles à exploiter.Voyage autour de cette nouvelle « planète pétrole ».

Objectifs de réduction des gaz à effet de serre en Europe

0

1000

2000

3000

40004244

1320

4151

979

3924

1388

3602

849

Émissions1990

Émissions2006

Objectif Kyoto(2008-2012)

Objectif 2020 dans l’hypothèse où les émissions restent répartiesde la même manière entre UE 15 et UE 10

■ UE 15 ■ UE 10

Source: Mission Climat - Caisse des dépôts.Données: Agence européenne de l’environnement, juin 2008.

Mt C

O2 e

q

Évolution des émissions de CO2 en équivalentmillions de tonnes de CO2

dans l’Union européenne à 10 et à 15.

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il est supérieur à 40 dollars au Canada, contre5 à 8 dollars maximum pour un nouveau projet d’exploitation de brut conventionnelau Moyen-Orient.Les pétroles de l’Athabasca et de l’Orénoquesont de natures très différentes. Les huiles del’Orénoque sont extraites à froid. Afin de faci-liter la remontée du pétrole, déjà stimulée par des pompes, un produit diluant, le naphta(fraction très légère du pétrole brut), est injectéen tête et en fond de puits. Le naphta sert�

Face aux perspectives d’épui-sement de l’or noir classique,les groupes pétroliers se ruentsur le brut « non convention-nel ». Ce type de pétrole estformé par les hydrocarbures,denses et fortement visqueux,

qui doivent être rendus plus fluides et pluslégers pour être produits en quantités suffi-santes et à des conditions économiquementrentables. À ces bruts « non conventionnels »,on ajoute également les gisements situés enoff-shore profond. Extraire du pétrole par plusde 2000 mètres de fond, mettre en productiondes champs pétroliers où la matière premièreressemble davantage à du goudron qu’à un liquide noirâtre : dans un contexte où le baril brut reste encore 40 % plus cher qu’ily a un an en moyenne annuelle, et quatre foisplus élevé qu’il y a huit ans, tous les moyenssont déployés pour récupérer de l’or noir.L’exploitation de ces gisements est de natureà retarder le pic pétrolier ou Peak Oil, c’est-à-dire le moment où la production de pétrolecommencera à décroître. Direction le Vene-zuela et le Canada, cham pions du pétrole « extra-lourd »…

150 milliards de barils seraient«récupérables» au Canada L’appellation « extra-lourd » recouvre certai-nes qualités de pétroles (on parle aussid’huiles) très denses du Venezuela, ainsi queles sables asphaltiques du Canada. La majeurepartie du pétrole extra-lourd stricto sensu se situe au Venezuela, dans la « ceinture » quiborde le fleuve Orénoque. Les sables asphal-tiques se trouvent principalement au Canada,dans la région de l’Athabasca (province del’Alberta). « Ces pétroles non conventionnelssont, pour leur plus grande part, des bruts

“dégradés”, explique l’Institut français dupétrole (IFP). Situés à faible profondeur dansdes sables non consolidés et donc très perméa -bles, ils ont subi une altération liée à desinfiltrations d’eau et de bactéries. Ce phéno-mène a détruit les molécules les plus légèreset a enrichi artificiellement l’huile en asphal -tènes et en résines. Ils contiennent, en outre, des métaux lourds, de l’azote et du soufre, qui impliquent un traitement particulier lorsdu raffinage. »Avec les techniques actuelles de productionet un taux de récupération (c’est-à-dire laquantité de pétrole que l’on peut extraire d’ungisement) compris entre 20 et 50 %, de tel-les ressources permettent au Canada derevendiquer 152,2 milliards de barils de réserves récupérables1. Ce qui classerait cepays en deuxième position derrière l’ArabieSaoudite, qui dispose, elle, de 264,2 milliardsde barils1… Sur la base d’un taux moyen de ré cupération de 10 %, le sous-sol de l’Orénoque contient quant à lui environ 50 milliards de barils de brut extra-lourd.L’ampleur exceptionnelle de ces accumula-tions d’hydrocarbures nécessite des projetsindustriels, des compétences et des investis-sements considérables. Le coût moyen deproduction pour les gisements en développe-ment est de 20 à 30 dollars au Venezuela et

Un tour d’horizon sur l’un des enjeux liés à l’énergie

/ NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES04

Une plate-forme dans le grand NordLes groupes pétroliers à la recherche de nouvelles ressources sont prêts à payer très cher leur ticket d’entrée dans des régions encore inexploitées.Les zones septentrionales norvégiennes,russes et l’Alaska sont particulièrementconvoitées.

DOSSIER

Avec un prix du baril quatre fois plus cher qu’en 2002 en moyenne annuelle, les techniques d’exploration et de récupération poursuivent leur montée en puissance. Conséquence : les compagnies relancent la course à l’or noir et s’intéressent à des gisements qu’elles jugeaient jusqu’à présent impossibles à exploiter. Des sables asphaltiques du grandNord canadien aux profondeurs de l’ultra off-shore des côtes brésiliennes,voyage autour de cette nouvelle « planète pétrole ».

05NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES /

À l’instar des projets lancés en eaux très profon-des, dans le grand Nord canadien ou dans les zonespresque polaires (Snovhit en Norvège, Stockman enRussie), les groupes pétroliers à la recherche denouvelles ressources sont prêts à payer très cherleur ticket d’entrée dans des zones inexploitées. Lesgisements de la mer des Tchouktches en Alaska sont,

de ce point de vue, pleins de promesses. Près de 15 milliards de barils de réserves récupérables etplus de 2 000 milliards de mètres cubes de gaz se trouveraient dans cette zone. En dépit de l’oppo-sition des associations environnementales, l’admi-nistration américaine a attribué au mois de févrierplusieurs centaines de licences d’exploration.

Le gaz d’Alaska fait rêver les compagnies

LES PÉTROLESDE L’EXTRÊME

Les schistes bitumineux, presque cinq foisplus coûteux à exploiter que le pétrole duMoyen-OrientNiveau de prix nécessaire pour rentabiliser la production de pétrole, y compris les coûts liés aux émissions de CO2

Schistes bitumineux 70

Pétrole de l’Arctique

Pétrole extra-lourd(Canada, Venezuela…)

60

Off-shore très profond 40

40

Off-shore profond 35

Moyen-Orient 15

Source: AIE, 2007.

en dollars par baril

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� également à fluidifier le brut pendant letransport par pipeline jusqu’aux raffineriessituées à quelque 200 kilomètres de là.Les bruts de l’Athabasca sont presque solideset s’extraient de puits ou de mines à ciel ouvert.Bien que le formidable potentiel de cetterégion ait été identifié depuis des décenniespar les compagnies pétrolières, l’exploitationdes sables asphaltiques est assez récente : le coût de la séparation du sable et de l’huilea longtemps été un frein au développementde ces gisements, le prix de vente du brut ne couvrant pas les coûts de l’extraction. Le niveau fluctuant des cours du brut n’ex-plique pourtant pas à lui seul l’accélérationdes projets au Canada. Si les sites de produc-tion de sables asphaltiques se multiplientaujourd’hui, c’est aussi parce que les compa-gnies peuvent enfin compter sur des procédésd’extraction qui ont fait leurs preuves.

Les sables asphaltiques sont très gourmands en eau Essentiellement deux modes d’exploitation,en fonction de la profondeur et des caracté-ristiques du gisement, sont utilisés.Il y a, tout d’abord, la technique minièreclassique à ciel ouvert, avec l’utilisation degigantesques pelleteuses. Elle concerne les zones où le sable se trouve à moins de 70 mètres de profondeur. D’énormes camions,ou des tapis roulants, acheminent ensuite le sable pour un traitement à l’eau chaude, le pétrole étant récupéré par dilution dans dupétrole léger. Les deux tiers de la productioncanadienne sont réalisés par ce procédé, quiexige de grandes quantités d’eau, sa filtrationaprès usage et la remise en place des sablesprélevés qui ont préalablement été lavés plusieurs fois. L’autre technique repose sur l’injection devapeur d’eau par un puits horizontal : c’est la méthode thermique. Le pétrole ainsi flui-difié est récupéré par un autre puits. Mais cette technologie coûte très cher. Elle néces-site également d’énormes volumes d’eau,beaucoup d’énergie pour fournir la vapeurinjectée dans le réservoir, et génère d’impor-tantes émissions de gaz à effet de serre. Autantde facteurs contribuant au renchérissement des opérations. Dès lors, que dire de lacontrainte environnementale, qui entre aussi dans l’économie globale des projets ?

Les taxes sur le CO2 conduiront à renchérir le baril produit par méthode thermique. C’est pourquoi, à terme, les opérateursdevront investir pour capturer ou stocker les gaz émis.

Le pétrole marin représente untiers de la production mondialeAutre pétrole de l’extrême, celui que l’ontrouve par plus de 1500 mètres de fond estdésigné par l’expression d’« off-shore ultra-pro-fond ». Le brut off-shore, dans son ensemble, représente aujourd’hui un quart des réservesprouvées (3 % seulement pour les grandsfonds au-delà de 1500 mètres) et le tiers dela production pétrolière mondiale (0,5 % pourl’off-shore ultra-profond) selon l’IFP. Les profondeurs atteintes sont aujourd’hui huitfois plus importantes que lors des premièresexploitations off-shore, passant de 312 mètresde fond en 1978 à 2540 mètres en 2007 (voirschéma). Les 2 700 mètres devraient êtredépassés cette année dans cette même zone.Actuellement, une demi-douzaine de grandsbassins retiennent l’attention des géologues:le golfe de Guinée, le golfe du Mexique, le

✔ CanadaCet énorme camion peut charger 400 tonnes de sable, soit 200 barils de pétrole.

✔ CanadaLes exploitations de sablesbitumineux sont toujourstrès étendues (ici, celleexploitée par Shell/Albian).

Nord de la mer du Nord, les côtes du Brésil,celles de l’Australie et la mer de Chine.D’immenses progrès ont été réalisés dans l’exploration (notamment dans la recherche sismique) et la production de pétrole marin.Les supports de production ont également beaucoup évolué: les champsont été exploités à partir de plates-formes fixes de plusen plus hautes, puis à partir d’engins flottants quand laconstruction d’installations fixesest devenue impossible. Au-delàde 1 500 mètres, une dizaine de gisements seulement sontexploités. Les compa gnies pétrolières utilisent la techni quedes plates-formes flot tantes FPSO (Floating Production Storage and Offloading), amarréespar une série de lignes d’ancrage destinées à assurer leur stabilité au-dessus du point d’extraction malgré le vent et les courants.

Les conduites ne peuvent plussupporter leur propre poids !Le coût technique (exploration, développe-ment et production) de ce pétrole, qui étaitd’environ 10 dollars en 2000, peut atteindre aujourd’hui entre 20 et 30 dollars le baril.Il ne faudrait pas croire qu’aller chercher dupétrole aussi loin est devenu chose aisée: les

projets grands fonds multiplient encore lesdéfis qui sont liés, essentiellement, au poidsdes installations nécessaires et à la tempéra-ture de l’eau. Ainsi, au-delà de 2000 mètres,les conduites « classiques » qui relient le sup-port de production en surface au fond de la

mer où elles sont connectéessont incapables de supporterleur propre poids! Les indus-triels cherchent à mettre aupoint des conduites dans desmétaux moins lourds que l’acier, voire en matériauxcomposites.Quant à la température, elle est de 4 °C seulement au-dessous de 1500 mètres de

profondeur, alors que le pétrole sort du sous-sol jusqu’à des tempé ratures de 80 ou 100 °Cet doit être conservé aussi chaud que pos-sible pour éviter le dépôt sur le tube deproduction de paraffine ou d’hydrates de carbone. Les conduites doivent donc en permanence être maintenues dans des condi-tions strictes de pression et de température.Jusqu’où est-il possible de chercher du pétrole? D’autres défis attendent les compa -gnies pétrolières. Les nappes découvertes en grands fonds sont de tailles de plus en plus modestes, dispersées ou éloignées descôtes, et ces huiles sont de qualités variables :�

312 m

1978 1989 1991 1994 1997 1997 2000 Oct. 2007

Shell Conoco Petrobras Petrobras Shell Petrobras Petrobras Anadarko

Cognac,golfe du Mexique, USA

Jolliet,golfe du Mexique, USA

Marlim,Brésil

Marlim,Brésil

Marlim Sul,Brésil

Roncador,Brésil

At Water Vortex, golfe du Mexique

Mensa,golfe du Mexique, USA

Plate-formefixe

Plate-forme àlignes tendues

Semi-submersible

Semi-submersible

FPSO FPSO FPSOConnexion sous-marine d'un champ satellite

540 m752 m

1 027 m

1 650 m

1 709 m1 853 m

2 540 m1- Lieu2- Opérateur3- Support

1

2

3 * * *

Une dizainede gisements

seulement sontexploités à plusde 1500 mètres

sous l’eau.

DOSSIER

La profondeur des exploitations off-shore a été multipliée par huit en trente ans

* FPSO: Floating Production Storage and Offloading(système flottant de production, de stockage

et de déchargement).

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Alternatives : Quelles sontles principales contraintestechniques que vous rencontrez dans la miseen exploitation des gise-ments non conventionnels?Thierry Pilenko:Les conditions extrêmes des grandes profondeursocéaniques amènent notam-ment des contraintes detempérature et de pression,auxquelles nous devonsapporter des solutions. Maisles questions clés relèventaussi des dimensions écono-mique, environnementale et humaine des projets. Comment exploiter les sablesasphaltiques du Canada touten maîtrisant les émissionsde CO2 ? Comment soutenirdurablement le développe-ment des communautéslocales dans les pays produc-teurs? Comment adapter dessolutions éprouvées dans legolfe du Mexique à des envi-ronnements aussi exigeantsque les régions arctiques?Comment intégrer, dès laphase de conception, lescontraintes liées aux tensionssur le marché des équipe-

ments et sur la disponibilitédans certaines régions du monde de personnelsqualifiés pour la constructiondes installations on-shore ?

Qu’est-ce que l’on ne sait pas encore faire techniquement?T. Pilenko: Aujourd’hui, on sait forer à 3000 mètressous le niveau de la mer,mais on ne sait pas encoreexploiter le pétrole. Autreexemple, les procédés defabrication des carburants de synthèse – GTL (gas toliquid), CTL (coal to liquid)etc. – sont bien connus, mais des progrès restent à accomplir pour accéder àdes rendements énergétiquespleinement satisfaisants.Je suis convaincu que lesefforts de recherche et dedéveloppement permettrontde franchir de nouvelles étapes. Nous avons ainsidéveloppé des solutions quiouvrent aujourd’hui la voie à la liquéfaction du gaz naturel en mer, valorisantdes ressources inexploitables jusqu’à présent.

De combien d’années pensez-vous que les progrès techniques vont encore faire reculer le «Peak Oil»?T. Pilenko: Des innovations ont permis de faire reculer le déclin de la mer du Nordd’une dizaine d’années. Rappelons également qu’au-jourd’hui, seuls 30 à 40 %des gisements sont réellementvalorisés. Avec un taux de récupération de 60 %, on doublerait pratiquementles réserves exploitables. En amont, les progrès de la sismique permettent de découvrir des gisements invisibles auparavant. Cela a été le cas récemment au Brésil. Cette probléma-tique incontournable se pose à plus ou moins longterme pour toutes les ressources naturelles non renouvelables et par défini-tion en quantité finie. Elle se situe à la croisée de considérations scientifiques,techniques, sociétales, éco-nomiques et géopolitiques. ■

Thierry Pilenko est le PDG de Technip, l’un des leaders mondiaux de l’ingénierie, des techno logies et de la réalisation de projets dans les domaines du pétrole, du gaz et de la pétrochimie. Technip produitnotamment des conduites flexibles et des plates-formes, et dispose pour l’installation des pipelines et la construction sous-marine d’une flotte de navires spécialisés.

AVIS D’EXPERTTHIERRY PILENKO

/ NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES 09NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES / 08

DOSSIER

� souvent plus lourdes et plus visqueuses, parfois sujettes aux dépôts.

Les gisements de grande profondeur: nouvelle frontièreOutre le pétrole off-shore, il y a aussi les gise-ments profondément enfouis sous la terre.La profondeur des champs actuellementexploités ne dépasse pas 5600 mètres. Selonde nombreux géologues, d’autres réserves de pétrole ou de gaz existent à plus grande profondeur, vers 6000, voire 8000 mètres,dans des configurations géologiques particulières comme le piémont de chaînes de montagne (Andes et Asie centrale), les deltas des grands fleuves (Niger, Mis sissippi,Volga, Oural), voire le sous-sol de bassinsanciens (mer du Nord, Algérie, Moyen-Orient).

Les défis que posent ces gisements aux ingé-nieurs sont colossaux. Cette localisationentraîne une pression et une température très élevées2, pour lesquelles les techniques et les outils existants sont inadaptés, voireinopérants. Au-delà de 4000 mètres, l’explo-ration est difficile et le forage onéreux. Deschamps gaziers ont toutefois été mis en pro-duction en mer du Nord à environ 5500 mè tresde profondeur à partir du fond de la mer(Glenelg, West Franklin et Elgin-Franklin) àdes températures avoisinant les 200°C. Uneprouesse, car l’électronique a une durée devie limitée au-delà de 170 °C. Les foreurs doivent donc utiliser un matériel différentdans ces situations. Enfin, plus le gisementest profond, plus la visibilité « sismique » descouches géologiques se dégrade, car « l’ima-gerie » est, en quelque sorte, distordue par la distance.Les progrès techniques ont constamment permis de repousser le Peak Oil. Bien qu’ils’agisse d’une énergie fossile dont les quan-tités sont limitées, la fin du pétrole n’est paspour demain! Les ingénieurs des compagniespétrolières cherchent quotidiennement àrepousser l’échéance, faisant en sorte que lepétrole qui n’est pas encore accessible ledevienne. Une nécessité pour continuer à alimenter certains secteurs qui, à l’inversedes carburants, n’ont pas encore trouvé desubstituts à l’or noir industrialisables à grande échelle. ■

@�• Agence américaine d’information sur l’énergie(EIA): www.eia.doe.gov• Institut français du pétrole: www.ifp.fr• Bulletin de l’industrie pétrolière:http://aspofrance.viabloga.com/files/PRB_BIP_22Jan2008.pdf• Agence internationale de l’énergie – Oil Market Report: http://omrpublic.iea.org

UN TIERS SEULEMENTDES GISEMENTSsont réellement valorisés

Quand le pétrole et le nucléaire font bon ménage

Au Canada, la ruée sur les sables asphal-tiques relance l’énergie nucléaire. En effet,leur extraction nécessite d’énormes quanti-tés d’énergie pour chauffer les sables. Uneopération aujourd’hui très polluante, cartechniquement dépendante des centrales au gaz naturel et au charbon, grandes émet-trices de CO2. Le groupe privé d’énergienucléaire Bruce Power, qui fournit déjà uncinquième de l’électricité de l’Ontario, a ainsisollicité début 2008, auprès de la Commissioncanadienne de sûreté nucléaire (CNSC),l’autorisation de construire quatre centra-les nucléaires en Alberta. Une demande quifait suite à la décision du gouvernementfédéral d’Ottawa d’interdire, à partir de2011, la construction de nouvelles unités au charbon, si elles ne « capturent » pasleurs émissions de gaz à effet de serre afinde les stocker sous terre. Selon DuncanHawthorne, le PDG de Bruce Power, cette exigence renchérit de 50 % le coût de production de chaque mégawattheure par rapport au nucléaire.

À consommation constante, on estime aujourd’hui queles réserves sont d’environ quarante ans pour le pétrole et desoixante-cinq ans pour le gaz. Mais, à chaque augmentationd’un point du taux de récupération, on gagne deux années de consommation supplémentaires.

Selon le BP Statistical Review, les réservesprouvées de pétrole s’élèvent à environ 1 390 milliards de barils1, un chiffre à

comparer avec la consommation de brutdepuis le début de l’aventure pétrolière quis’est élevée à environ 1 000 milliards de barils. Les estimations de réserves ont sanscesse été repoussées, notamment par la découverte de nouveaux gisements et, plusrécemment, par l’exploitation des pétroles de l’extrême. Une autre voie existe: augmenterle taux de récupération des champs existants,ce qui constitue une sorte de « gisement » supplémentaire.En moyenne, pour un baril ramené à la sur-face, deux sont laissés dans le sous-sol. La quantité de pétrole récupérée est d’environ35 %. La valorisation maximale d’un champsuppose des techniques performantes pour les opérations de récupération. Des taux de récupération primaire (remontée d’hydro-carbures après forage sans aucune assistance)de 25 % sont fréquents pour les gisements de pétroles légers. Même à l’état liquide, lepétrole contient du gaz dissolu qui se libèrelorsque la pression du gisement est abaisséepar les forages ou lorsque le fluide remonte à la surface. Les opérateurs cherchent toujoursà régler la pression du réservoir et le débit des puits de façon à extraire simultanément et le plus longtemps possible le pétrole et legaz dissolu. Parallèlement, d’importants progrès ont étéréalisés dans la récupération secondaire. Celaconcerne toutes les solutions, comme l’injec-tion d’eau ou de gaz, qui permettent d’aug-menter le taux d’hydrocarbures prélevés dansun réservoir. « Si l’on augmente d’un point le

taux de récupération sur l’ensemble des gisements connus, on dispose alors de deuxannées supplémentaires de consommationmondiale », explique Nathalie Alazard-Toux,Directrice des Études économiques del’Institut français du pétrole. Une augmenta-tion de 10 % du taux de récupération (ce quireprésente une hypothèse très favorable) per-mettrait de recouvrer environ 600 milliards debarils de réserves mondiales supplémentaires.La récupération tertiaire correspond aux opérations conduites lorsque les gisementsarrivent en fin d’exploitation. On injecte alorsdes polymères, du CO2 qui diminue la visco -sité du pétrole, ou bien encore de la vapeurd’eau. Une autre technique est envisagée : elle consiste à réchauffer la roche en faisantbrûler une partie du pétrole dans le gisement lui-même. Ce sont les fractions les plus lourdesdu pétrole qui brûlent (5 % à 10 % du brutcontenu). La combustion, qui atteint une température de 600°C à 800°C, pousse l’huilevers les puits de production. ■

c’est pour quand?LA PÉNURIE,

1. Y compris sables asphaltiques.

✔Plate-forme detype Spar dans legolfe du Mexique.

DENSITÉ DU PÉTROLE :La densité des pétroles est mesurée par la gravitéAPI (American Petroleum Institute). Un pétrole estléger si le degré API est supérieur à 31.1°, moyen s’ilest compris entre 22.3° et 31.1°, lourd s’il est comprisentre 10° et 22.3° et extra lourd s’il est inférieur à 10°. Pour exemple, le Brent de la mer du Nord, qui sert de référence dans les cotations à Londres,est un pétrole léger de 38° API.

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1. BP Statistical Review 2008.2. À 4 500 mètres sous terre, la température est de l’ordre de 150°C et la pression de 500 bars. Au-delà de 6000 mètres, la température est d’environ 300°C et la pression comprise entre 1000 et 1500 bars.

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ÉLECTRON LIBRE

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NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES /11/ NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES10

LA BULLE VERTE VA-T-ELLE EXPLOSER?

Nous sommes aux prémices d’une période qui s’apparente à ce que les Français appellent ‘les Trente Glorieuses’.”

n’est plus disposé à annoncer desobjectifs précis pour 2009-2011 et astoppé sa production.Dans le solaire photovoltaïque, lepaysage était différent. Les multi-ples de valorisation (le rapport entrela valorisation et les bénéfices de la société) se sont envolés avant lecrack. Les multiples de capitalisa-tion (PER)des sociétés américainesFirst Solar et SunPower étaient res -pectivement de 100 et 255 en juillet.Des valeurs correspondant à une bulle financière. Au 23 octobre, ces valeursont respectivement chuté à 45 et 52.

Les dernières innovationstechniques sont très prometteusesC’est sur ces données que s’est basé le monde de la finance pourcomparer en permanence ce qui se passe actuellement dans les énergies renouvelables à la bulleInternet, en oubliant que ces sociétés spécialistes du photovol-taïque ont doublé leurs ventes chaque année (PRE-CRASH). Maisc’est selon moi un point de vue totalement erroné de croire qu’àchaque fois qu’une nouvelle tech-nologie apparaît, elle conduit àl’explosion d’une bulle. C’est loind’être le cas. Il y a des technologiesnouvelles qui changent effective-ment le monde dans lequel nousvivons. C’est le cas des énergies renouvelables. La seule question estdésormais de savoir si les techno -logies proposées par les entrepri sessont prêtes à répondre à nos be-soins d’aujourd’hui, et pas à ceuxque nous pourrions rencontrer dansquarante ans. Ou même dix ans.

ZOOMLes récentesbullesfinancières• La bulle Internet ettélécoms explose aprèscinq ans d’euphorie, de 1995 à 2000. Les premiers signes apparaissent en 1995,après l’introduction en Bourse de Netscape,dont la valeur triple le premier jour de cotation. Par la suite,les investisseurs vonts’emballer pour les nouvelles technologies,valorisant des sociétéssans lien avec leur chiffre d’affaires ouleurs bénéfices (parfoisnuls).• La crise des subprimesÀ partir de 2000, unebulle immobilière a suc-cédé à la bulle Internet.Beaucoup d’investisseurs,beaucoup d’argent à investir, des conditionsd’emprunt exception-nelles (subprimes),voilà les ingrédientsqui ont fait flamber les prix de l’immobiliersur le marché américaindurant les premièresannées du siècle. Maisen 2007, cette bulles’est elle aussi dégonflée, entraînantune crise mondiale.

Dans cette optique, la pile à combus -tible n’a pas un brillant avenir. Nonseulement cette technologie est tropchère, mais pour produire l’hydro-gène-carburant qu’elle uti lise, lesmatières premières sont le charbon,le pétrole ou le gaz. Pour l’éolien en revanche, pas deproblème. Quant au solaire photo-voltaïque, le principal obstacle devrait être levé. En effet, le prix du silicium, le principal constituantdes cellules solaires d’aujourd’hui,est sur le point de chuter. C’est entout cas ce que disait fin juin le PDG de Q.Cells dans le FinancialTimes en déclarant que nous nagerions bientôt dans le silicium.Quant au stockage de l’électricité,nécessaire pour pallier l’intermit-tence des énergies vertes, il serabientôt possible à grande échelle. Le Japonais NGK Insulators est désormais en mesure de produireindustriellement des batteries sodium-soufre, permettant de stocker de grandes quantités d’élec-tricité. Cette étape, je pense, vapermettre aux énergies renouvela-bles de prendre leur plein essor, et

même de prendre le pas sur le nucléaire. Il suffit de voir les projetsannoncés par les développeurs de projets dans les éoliennes ces derniers mois. L’un d’entre eux, Mesa Power, s’apprête à construire4 GW de capacités électriques surun unique projet au Texas, construitd’ici à 2014. Le projet devrait coûter10 milliards de dollars, 2,5 par GW,un coût d’investissement assez intéressant. Un coût d’investisse-ment finalement assez intéressant,par rapport à d’autres projets pluscapitalistiques, comme les centralesnucléaires. Cela va-t-il donner unavantage à l’éolien dans la crise actuelle? Nous verrons bien.

L’Amérique va se convertiraux véhicules à moteurhybrideLa biomasse a elle aussi un brillantavenir devant elle. Si on lui intègrel’énergie produite à partir des déchets d’incinération ou le biogazissu des stations d’épuration, les capacités installées ont été multi-pliées par quatre l’an dernier. Cesressources constituent aussi une

Rien à voir avec Internet ou l’immobilier. Le développement du marché des énergiesrenouvelables est assuré et solide selon le professeur Robert Bell, auteur de La Bulle verte.Parce que les techniques ne cessent de s’améliorer, parce qu’elles se traduisent par des applications concrètes et qu’elles préparent notre avenir.

Avec quelque 55milliards d’eurosd’investissementsdans le mondeen 2007, dont 46 % dans l’éo-lien2, le marché

des énergies vertes surpasse déjàcelui d’Internet, et dépassera bien-tôt celui des télécommunications.Même si le crack de cet automnepeut retarder le phénomène. Pas de doute, nous allons atteindre unpoint culminant. Nous ne pourronspas éviter, au final, une bulle spé-culative, car les marchés financiersdes États-Unis sont de véritables machines à créer des bulles finan-cières. Mais nous n’en sommes pasencore là. Loin de là ! En octobre2008, les hedges funds ont bazardéleurs valeurs vertes, pour couvrirleurs dettes, causant un crack enco-re plus important pour ces valeursque pour le reste du marché. Maiselles rebondiront plus rapidement.Même si je ne crois pas que ce quinous attend dans les prochaines années soit une « bulle verte ». Dumoins pas comme l’a été, dans lesannées 1990, la bulle des valeursInternet et télécoms. Parce que,grande différence, la demande pourles énergies vertes est réelle, en croi s sance, et débouche sur des équi-pements et une production concrète.Et que la demande est toujours en croissance pour les turbines éoliennes. Elle est d’ailleurs telle-ment forte que les carnets decommandes sont remplis pour deuxans. Du moins l’étaient-ils avant lacrise financière. Depuis, Gamesa, le producteur de turbines éoliennes,

Robert Bell est le doyen dudépartement de sciences économiquesdu Brooklyn College (New York). Il s’estdéjà attaqué dans ses précédentsouvrages aux mécanismes spéculatifsautour des nouvelles technologies. Il a publié en février 2007 La Bulleverte1, dans lequel il expose sesthèses sur l’essor des énergiesrenouvelables. Selon lui, le changementclimatique va bouleverser l’économie.Nous allons entrer dans une périoded’investissements et de spéculationintense autour des énergies vertes.Mais cette croissance n’est pas sansfondements, car ces technologies sont celles qui nous affranchiront de la dépendance au pétrole.

L’AVIS DE ROBERT BELL

réponse à la tension sur les car-bu rants. L’éthanol-carburant depremière génération est disponible,et les problèmes de concurrencesur l’utilisation énergétique ou alimentaire du maïs ont été selonmoi largement exagérés. Mais c’est surtout la deuxième génération, à partir de l’éthanol cellulosique(quand toute la plante est utiliséepour produire du biocombustible)qui va être utile pour une transi-tion vers des véhicules électriques. Car l’avenir appartient aux véhi culeshybrides. Je pense sincèrement qu’un jour, d’ici dix à quinze ans,le parc automobile américain sera à plus de 70 % constitué de véhi-cules hybrides. Le délai sera plusou moins long suivant la volonté dugouvernement, mais nous allonsdans cette direction. Le réchauf-fement climatique, combiné à la crise économique, offre aux gouver-nements l’immense opportunité de pousser dans ce sens, quel que soit le prix du pétrole. Déjà, en2007, la consommation d’essencea baissé de 4 % en Californie, pourla deuxième année consécutive. Ce mou ve ment va s’étendre. Pour toutes ces technologies, la croissance commence à peine. Nous ne sommes pas à l’aube d’une bulle verte, mais plutôtaux prémices d’une période quis’apparente à ce que les Françaisappellent « les Trente Glorieuses ».Cela n’empêchera pas qu’il y ait descrises, des périodes de récession,mais le mouvement général sera ascendant. Les énergies vertes jettent les bases d’une véritable croissance industrielle. ■

1. La Bulle verte, Robert Bell, éditions Scali, 2007.2. Selon des données SEFI et New Energy Finance.

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Un guide pour mieux comprendre un phénomène naturel, une technique, un mécanisme…VV DÉCRYPTAGE

La biomasse revient dans l’agenda poli-tique. Mi-juin, le gouvernement françaisa en effet redonné un coup de pouce àla filière en sélectionnant vingt-deux projets de centrales de production

d’électricité et de chaleur fonctionnant à partir de labiomasse… Un an et demi après l’appel d’offres!Ces centrales, qui consommeront l’énergie fourniepar de la matière organique végétale, seront mises en service avant 2010, dans onze régions différen-tes. L’électricité produite par ces centrales serarachetée au prix garanti de 128 euros par MWh. Leurcombustible ? Des résidus de l’industrie forestièreet papetière en grande majorité, mais aussi de la pailleet même du marc de raisin pour certaines d’entreelles. Leur puissance électrique cumulée, 300 MWh,portera la puissance installée à partir de la biomasseà 700 MWe en France. Une goutte d’eau dans le paysage électrique français. De fait, la France a longtemps boudé la biomasse.En 2004, l’électricité issue de ces ressources bio-logiques ne représentait en France que 1,74 TWhe,soit 0,3 % de l’électricité consommée. Avec les nouvelles centrales construites, cette part passera à0,6 %. Dans l’Europe des vingt-sept, la tendance estla même, selon Eurostat, l’organisme de statistiquesde l’Union européenne : la quantité d’électricité fournie par la biomasse (comprenant le biogaz, les déchets municipaux et le bois) a quasiment

doublé en six ans, passant de 40 à 80 TWhe entre2000 et 2005. C’est mieux, mais c’est seulement2,5 % de l’électricité fournie aux Européens. Et, à l’échelle mondiale, la part de la biomasse dans la production d’électricité est seulement de 1 %. La biomasse en tant que ressource énergétique est pourtant présente partout dans le monde. Sous forme de déchets agricoles, de copeaux de bois, de boues de station d’épuration séchées… Mais c’est essentiellement dans les pays dont la production de déchets organiques est importante(résidus des industries papetière et agroalimen-taire, déchets ménagers, biogaz obtenu par lafermentation des boues de station d’épuration…)que les centrales électriques biomasse ont trouvéleur place. En tête, les États-Unis qui, en 2005, ontproduit 56 TWh d’électricité biologique, et le Brésil, qui utilise essentiellement la bagasse de lacanne à sucre et le biogaz obtenu à partir deseffluents de distillerie. Pour obtenir de l’électricitéà partir de la biomasse, le principe est simple. C’estle même que pour n’importe quelle centrale ther-mique fonctionnant au charbon ou au fioul lourd.Comme ces hydrocarbures, la matièreorganique issue de la biomasse est constituée essentiellement de molécules hydro- carbonées (comprenant du carbone et de l’hydrogène).�

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UNE ÉNERGIE EN DEVENIRLA BIOMASSE :

Bois, paille, résidus agricoles, déchets organiques… La biomasse est présente partout. Mais, pour exploiter au mieux cette sourced’électricité « verte », deuxième source d’énergie renouvelable dans le monde, il faudra optimiser la collecte et les processus de combustion.

Comment fonctionne une centrale biomasse ?Comme toute centrale électrique, elle fonctionne en brûlant un combustible. Mais, au lieu d’être un combustible fossile, celui-ci est constitué de résidus ou de sous-produits végétauxou animaux : bois, paille, résidus agricoles, déchets organiques… Ces combustibles sont brûlés et la vapeur produite actionne ensuite une turbine couplée à un alternateur. C’est cet ensemble qui, en tournant à grande vitesse, produit de l’électricité.

1. Collecte et préparationLes combustibles biologiques sont rarement utilisa-bles en l’état ; ils contiennent souvent trop d’eau et sont trop hétérogènes pour pouvoir alimenter une chaudière industrielle. Après avoir été collectés,bois, paille, résidus agricoles, déchets organiques…sont donc conditionnés et mélangés pour un fonctionnement optimal de la chaudière.

3. ChaudièreÀ l’intérieur de la chaudière, l’eau froide sous pressioncircule dans des tubes. La chaleur dégagée par la combustion chauffe ces tubes et l’eau qu’ils contien-nent. L’eau se transforme en vapeur surchauffée par la combustion.

4. Turbine et alternateurLa vapeur sous pression fait tourner, à grandevitesse, une turbine. Celle-ci entraîne un alter-nateur qui produit de l’électricité sous formede courant alternatif. Un transformateur élèveensuite la tension de ce courant pour qu’ilpuisse être transporté sur le réseau électriquehaute tension. À sa sortie de la turbine, lavapeur, elle, est à nouveau transformée en eaupar un condenseur et retourne vers la chaudière.

2. FourLa biomasse préparée brûle dans le four en dégageantde la chaleur. Le pouvoir calorifique inférieur au PCI(la quantité de chaleur libérée lors de la combustion)varie selon la matière et son humidité: 4,90 kWh/kgpour les granulés de bois, 4,00 kWh/kg pour la paille,2,50 kWh/kg pour le bois.

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� Lors de la combustion, la liaison entre lecarbone et l’hydrogène se rompt et les ato-mes se combinent à l’oxygène de l’air pourformer d’une part du CO2, d’autre part de lavapeur d’eau (H2O) et surtout de la chaleur.Cette chaleur est utilisée pour chauffer del’eau jusqu’à produire de la vapeur d’eauhaute pression, qui actionne les turbines électriques (voir le schéma pages 12-13).Si le processus est aussi simple, pourquoi labiomasse n’est-elle pas plus largement uti-lisée pour fournir de l’électricité ? D’abordparce que son pouvoir calorifique est faible,comparé à celui des ressources fossiles (char-bon, pétrole, gaz naturel). Une tonne de bois,par exemple, représente 0,3 tonne équiva-lent pétrole, un tiers seulement de l’énergie

contenue dans une tonne de fioul. Et le boisest l’un des meilleurs combustibles fournispar la biomasse! L’autre difficulté concernela taille limitée des centrales biomasse parrapport aux centrales charbon, qui ne permetpas d’atteindre la même économie d’échelle.De fait, le rendement électrique d’une cen-trale biomasse est au mieux de 30 % (35 %avec les meilleures technologies disponibles),sur des unités de petite taille, quand le rendement des centrales charbon tourneautour de 45 % et celui des centrales gaznaturel à cycle combiné autour de 55 %.Par ailleurs, la composition de la paille, dubois ou des déchets qui parviennent jusqu’àla chaudière varie. Nécessitant des équipe-ments (brûleurs, grilles, lit fluidisé) adaptéset robustes. Ou bien des étapes de transfor-mation du combustible, afin d’avoir uncombustible standardisé, comme les granu-lés de bois ou de boue séchée. Mais le prixdu combustible augmente d’autant. Ainsi,les déchets forestiers transformés en plaquet-tes de bois coûtent entre 40 et 50 euros parMWh de chaleur, alors que les résidus descierie bruts valent de 10 à 20 euros le MWhde chaleur… L’autre obstacle au développe-ment de la biomasse comme ressourceélectrique, c’est la difficulté à collecter lamatière première, très dispersée sur le terri-toire. C’est pourquoi les installations récentesde centrales électriques fonctionnant à partir de la biomasse ont privilégié desimplantations directement sur les sites indus-triels produisant des résidus organiques.

En complément à la filière biomasse solide,la production de biogaz permet de valoriserdes déchets liquides ou humides qui ne peuvent pas être transportés facilement.Ce gaz provient de la digestion de la bio-masse humide, comme les boues de stationd’épuration, les déjections animales (lisierde porc), ou bien liquide, comme les eauxsucrées ou amidonnées provenant de l’industrie agroalimentaire. Pendant cette« digestion », qui s’effectue dans un milieudépourvu d’oxygène, des bactéries dégra-dent les composés organiques en produisantdu biogaz, un gaz contenant entre 40 et 70 %de méthane. Ce méthane peut ensuite ali-menter une centrale électrique au gaz. C’estl’une des meilleures configurations quisoient, car la biomasse provient alors direc-tement de déchets ultimes. C’est la mise enœuvre du concept de « waste to wealth »(des déchets à la valeur), qui consiste à valo-riser les déchets dans la productiond’énergie. La biomasse, qui était déjà utili-sée depuisl’aube de l’humanité en tant quevecteur de chaleur et d’énergie, a toute saplace dans le mix énergétique mondial. ■

DÉCRYPTAGEVV PERSPECTIVES

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Face au réchauffement climatique, les producteursd’électricité multiplient les innovations techniquesafin d’optimiser l’efficacitéénergétique et de réduire les émissions de gaz à effetde serre. Toutefois, l’amélio-ration passe aussi par lesréseaux, dont la fragilité des interconnexions et lespertes en lignes génèrentencore une surconsom -mation de combustibleset l’émission de CO2

supplémentaire. Explications.

Un éclairage sur les tendances énergétiques futures

Si le secteur de l’électricité repré-sente à lui seul un peu moins dela moitié des émissions de CO2

(41 %), c’est essentiellement àcause de la part majoritaire des

combustibles fossiles dans la production,le charbon en premier lieu. Et ce pourcen-tage devrait augmenter jusqu’à 44 % d’icià 2030, dans un contexte où l’on prévoitun doublement1 de la demande d’électricitésur la période.Aussi, au-delà des progrèsenregistrés au niveau dela production en matièrede réduction du CO2, lesingénieurs complètent-ilsl’effort entrepris en inter-venant activement en avalde la chaîne de l’énergie – sur les intercon-nexions (voir « Mot à mot ») entre réseaux detransmission et au sein des réseaux eux-mêmes –, où une meilleure gestion des fluxainsi que la réduction des pertes en lignesconstituent d’importants « gisements » d’amé -lioration. Les gains obtenus diminueronten effet la production en amont d’autant demégawattheures qui, autrement, se dissi-peraient en chaleur inutile dans les conduc-

teurs, les transformateurs et l’appareillageélectrique.

Objectif : éliminer les goulets d’étranglementPour aller d’un point à un autre, l’électricitéchoisit immanquablement les voies de moin-dre résistance. L’éparpillement des flux quien résulte génère des pertes d’exploitationproportionnelles aux distances parcourues,synonymes d’un surplus d’énergie primaire

qu’il faut brûler dans lescentrales. Or, dans une cen-trale thermique (au fioul,au gaz ou au charbon), ce surplus est lui-mêmegénérateur d’émissions deCO2… Dans ce contexte, le

renforcement des infrastructures d’intercon-nexion et de transmission est primordial. D’une part pour optimiser le cheminementdes flux (moins de pertes, donc économiesde production et moins d’émissions de CO2),d’autre part pour éliminer ces fameux « gou-lets d’étranglement » capables d’amplifier – jusqu’au black-out total – des perturbationsmineures à l’origine et de provoquer d’im-menses gâchis financiers et énergétiques!�

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L’accumulationd’incidents mineurs

peut conduire au black-out.

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✔ Un « champ » de lignes à haute tensionLes pertes dues à la dissipation par effet Joule sur ce genre de lignes atteignent 2,5 % de la consommation.

ÉLECTRICITÉ :la chasse aux pertes en lignes est ouverte

✔ L’usine de biogaz Nawaro® à Penkun en AllemagneIl s’agit de la plus grandeexploitation de cette nature au monde. 40 installationsindividuelles s’étendent sur plus de 20 hectares.

Les centrales électriques utilisant la biomasse n’émettentpas de gaz à effet de serreFaux: La combustion de la matière organiqueémet systématiquement du CO2 et de l’eau. Defait, la production d’électricité à partir du boisémet 1,5 tonne de CO2 par MWh (soit trois foisplus qu’une centrale gaz à cycle combiné). En revanche, ces émissions de CO2 font partiedu cycle naturel du carbone à l’origine de l’effet de serre, qui a permis à la vie de sedévelopper sur la Terre (il ferait - 18 °C enmoyenne sur la Terre au lieu de + 15 °C s’il n’y avait pas d’atmosphère). Dans le cas de la biomasse, les atomes étant réabsorbés lorsde la croissance des végétaux, le bilan CO2

des filières industrielles utilisant la biomasseest considéré comme neutre, à condition qu’ils’inscrive dans une exploitation rationnelledes ressources naturelles.

VRAI ou FAUX?

USINE BIOGAZ: Procédé transformant de labiomasse humide ou liquide (boues de stationd’épuration, lisier de porc…) en méthane pardigestion anaérobie. Ce méthane est ensuitetransformé en énergie utile pour l’homme(électricité, chaleur).

DIGESTION ANAÉROBIE: Action de bactériesqui dégradent les composés organiques enl’absence d’oxygène. Elles produisent alors dubiogaz composé en grande partie de méthane(CH4), qui peut être utilisé comme combustible.

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@�• Comment fonctionne une centrale biomasse ? http://www.edf.com/html/panorama/production/renouvelable/biomasse/fonctionnement.html• L’essentiel de la production électrique

à partir de la biomasse: http://www.iea.org/textbase/techno/essentials3.pdf

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Les réseaux sont exploités aux limites de leurs capacitésDu black-out italien de 2003 à la panne plusrécente en novembre 2006 (dans le Nord del’Allemagne), qui a affecté près de 10 % deslivraisons dans la zone ouest de l’Europe,la fragilité des réseaux européens, au seinde l’UCTE2, et les limites de leur efficacitéénergétique ne sont plus à démontrer. Fra-gilité et faible efficacité énergétique vonten effet de pair, toute perturbation majeuresur les réseaux entraînant un surcroît deconsommation de combustibles primaires,synonyme de coûts additionnels et d’émis-sions supplémentaires de gaz à effet de serre.La Commission de l’UE a présenté à cet égardau Conseil et au Parlement européens un Plan d’interconnexion prioritaire, en janvier2007, indiquant que dans l’état actuel des inves-tissements concernant les infrastructures, l’UEne serait pas en mesure de mettre en place unvrai marché unique de l’électricité qui contri-buerait à respecter ses objectifs en matière deréduction des émissions de CO2. Par exemple,l’UE ne pourrait pas intégrer la production sup-plémentaire nécessaire d’électricité provenantde sources renouvelables (car trop vulnérableaux fluctuations de leur production). Elle conti-nuerait à subir des prix élevés en raison de

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PERSPECTIVES

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la saturation et du maintien de capacités nonrentables dans chacune des zones énergé-tiques insuffisamment interconnectées. Avecdes réseaux exploités chaque année au plusprès des limites de leurs capacités physiques,persisterait le risque d’interruptions temporai-res d’approvisionnement. En cause, également, un manque d’harmonie dans les procédures de communication et une gestion concertéedu dispositif européen encore incomplète, susceptibles d’amplifier toute perturbationmajeure (voir « Zoom » ci-dessous).

Les outils d’aide à la décisionpour les opérateurs doivent se multiplierDans ce contexte, les décisions les plusurgentes sont évidemment politiques, dèslors qu’elles concernent le financement des-tiné au renforcement des réseaux. Mais, enattendant, les programmes de R&D déga-gent des pistes d’amélioration prometteuses. En premier lieu, les technologies de l’infor-mation fournissent aujourd’hui des outilsd’aide à la conduite des réseaux en tempsréel. Ces outils apportent un support immé-diatement exploitable à la prise de décision,en fonctionnement normal comme en modedégradé, de façon à maintenir la stabilité

et l’équilibre des échanges. C’est le cas desWAMS (Wide Area Management Systems),qui améliorent la coordination entre opéra-teurs en étendant les capacités de visualisa-tion graphique et de compréhension auxréseaux voisins, au moyen d’équipementsinformatiques de pointe. Associés à desméthodes prédictives issues du monde de l’économie et aux outils de trading de l’énergie (qui permettent d’adapter l’offre àla demande et de suivre en temps réel lesfluctuations du coût du kWh), ces outilspermettront aux opérateurs de coordonnerleurs réactions en cas de scénario d’urgenceet, de manière plus générale, d’optimiser l’efficacité globale des réseaux.

La très haute tension générerades économies substantiellesAvec le développement de l’électronique depuissance et des semi-conducteurs commeles thyristors, il est désormais possible, etsouvent souhaitable, d’exploiter le potentielde la très haute tension (THT) en courantcontinu, partout où cela est avantageux.

Actuellement, la majorité des lignes à hautetension européennes, en France par exemple,transporte du courant alternatif triphasé en225 kV et 400 kV. Un moyen certes souplequi permet, grâce aux transformateurs, d’adap -ter les tensions en aval, jusqu’à l’utilisateurfinal. Mais la facture est lourde : les pertesen lignes dues à l’effet Joule sont impor-tantes (voir encadré) et proportionnelles àla distance. Le transport en courant alternatifdoit en outre compenser la puissanceréactive3 circulant sur le réseau, qui dégraded’autant son efficacité énergétique. Sonemprise au sol est également importante,de même que le coût des infrastructures (troiscâbles sont nécessaires pour le triphasé).De plus, les lignes aériennes soulèvent desproblèmes pour les populations environ-nantes et pour l’environnement. Au total,un bilan d’exploitation d’autant plus défavo -rable que les distances sont importantes.

((((

À l’opposé, la THT en courant continu permet de transporter de très grandes puis-sances, jusqu’à 800 kV, avec de très faiblespertes et sur de très grandes distances (plusieurs milliers de kilomètres comme au Brésil, en Inde, ou en Chine). Sur des distances plus courtes, comme en Europe,la tension THT apporterait une garantie de stabilité de tension et d’équilibre des échan-ges entre réseaux nationaux, en remplaçantnotamment les goulets d’étranglement auxfrontières par de véritables « autoroutes depuissance ». Matériellement, la solution la plus avantageuse consisterait à rempla-cer les portions de réseaux « fragiles », ouaffichant un bilan d’exploitation insatisfai-sant, par de nouvelles infrastructures en THT « continu » capables de tripler les puis-sances transportées tout en réduisant forte-ment les pertes en lignes et en garantissantla stabilité du courant. À emprise au sol iden-tique, et pour les seules zones transfronta-lières de l’UCTE, les bénéfices escomptésde l’amélioration des flux de puissanceseraient une réduction de consommationde combustibles fossiles de 10 % (soit envi-ron 16 milliards d’euros par an), ainsi qu’uneéconomie d’émission de 100 millions de ton-nes de CO2 par an! Enfin, il n’est pas exclu que de nouvellestechnologies, comme la supraconductivité(voir encadré ci-dessous), apportent des améliorations importantes, mais pour desapplications limitées. Pour l’heure, il estclair que la THT représente une solutionmature pour relever les deux défis majeursque constituent le maintien de la stabilité des interconnexions au sein de l’UE et la

@�Pour en savoir plus, retrouvez sur le sited’Alternatives www.alternatives.areva.comnos précédents articles:

• «Les autoroutes de l’énergie »,Dossier, Alt. n° 10

• «Gestion des réseaux électriques » : justeune question d’équilibre?, Dossier, Alt. n° 11

• «Courants alternatif et continu » : la complé-mentarité, Rubrique décryptage, Alt. n° 12

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À l’aube du 28 septembre 2003, suite à laformation d’un arc électrique entre un câbleporteur et un arbre en Suisse, une mauvaisecommunication entre les opérateurs suisse et italien a plongé l’Italie dans le noir pendantplusieurs heures. Coût de la panne: près de13000 mégawatts perdus, soit l’équivalent de la production de 10 réacteurs nucléaires!

ZOOMLe coût de la panne…

En France, les pertes dues à la dissipationpareffet Joule sur les lignes haute (> 50 kV) ettrès haute tension (225-400 kV) s’établis-saient en moyenne, en 2006, à 2,5 % de laconsommation, soit environ 11,5 térawatt -heure par an4. Un chiffre qui monte à 32 TWhsi l’on y ajoute les réseaux moyenne et bassetension5, soit 5,8 % du total. Au tarif moyenannuel de 49 €/MWh (production de base) surle marché international Powernext Spot, cesont ainsi plus d’1,5 milliard d’euros qui sesont dissipés en chaleur inutile et 2,88millionsde tonnes de CO2 (tous modes de productionconfondus) dont on aurait pu faire l’écono-mie (bien que le kWh français soit le deuxièmemoins polluant d’Europe, derrière la Suède)!

Longtemps confinée dans les laboratoires,la supraconductivité vient de trouver une pre-mière application industrielle spectaculaireavec l’inauguration, à New York, d’un câble enterré de 600 m de long, qui fonctionne à 138 kV en triphasé, sans aucun échauffementni perte ! Une prouesse rendue possible par la combinaison de rubans supraconducteurs à « haute température » (- 200° C, à comparerau « zéro absolu » de - 273 ° C), à base de

bismuth, et d’un refroidissement à l’azote liquidedans une gaine étanche. Ce câble est ainsi capable de transporter trois fois la densité decourant de son homologue en cuivre. Mais lescoûts d’une telle infrastructure la réservent àun environnement urbain très dense et très grosconsommateur d’électricité (New York détientl’une des plus fortes densités de climatiseursau monde) et où les prix du terrain sont lesplus élevés.

Pertes en lignes: des kilowatts inutiles, chers… et qui polluent!

Première application industrielle de la supraconductivité

✔ Dambron-Villejust (Eure-et-Loir)Réparation du câble de garde de ligne de 400000 volts.

réduction des gaz à effet de serre dans lesecteur électrique. En revanche, la décisiond’investir dans ce type d’infrastructures consti-tue un troisième défi. Mais c’est aux pouvoirspublics qu’il appartient de le relever… ■

1. World Energy Oultlook, OCDE-AIE, 2006.

2. L’UCTE (Union for the Co-ordination of Transmission ofElectricity) a été créée en 1951 pour favoriser l’interconnexiondes réseaux d’Europe de l’Ouest. Elle a été le premier jalon del’intégration économique européenne, avant même la CECA(Communauté européenne du charbon et de l’acier).

3. La puissance réactive, nécessaire pour les consommateursinductifs (moteurs, transformateurs, lampes fluorescentes,lampes économiques, etc.), entraîne une charge plus élevéedu réseau électrique et nécessite des stations de compensation.

4. Source: RTE 2007.

5. Source: RTE/Résultats techniques du secteur électrique en France, 2006.

INTERCONNEXION :Liaison entre deux réseaux électriquesnationaux ou, dans certains cas, régionaux,généralement synchrones (50 ou 60 Hz). Une liaison entre deux réseaux asynchronesnécessite une interconnexion en courantcontinu, plus complexe et onéreuse à mettreen œuvre.

TRANSMISSION :Se réfère au transport d’électricité sur des grandes distances et sur des réseauxinterconnectés en très haute tension à partirdes centrales (nucléaires, thermiques,hydrauliques…).

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Dessalement d’eau de mer: la déferlante

ENVIRONNEMENT

DÉVELOPPEMENT

L’ESSENTIEL�� KIOSQUE Lire, voir, découvrir

Le must des encyclopédies de l’énergie

LIVRES

Suite de l’édition 2003, ce « petit livre rouge AREVA », rédigé par des collabora teurs, s’inscrit dans un nouveau contexte énergétique mondial. Par une présentation claire des fondements des technologies nucléaires et de leurs applications, il permet au lecteur d’évaluer les atouts de la

filière et de comprendre les critères de sa « renaissance » au regard des nouveaux enjeux: réchauffement climatique, prolifération, vulnérabilité des approvisionne-ments en hydrocarbures, croissance spectaculaire de la demande énergétique des économiesémergentes… Sans polémique ni parti pris, accompagné d’un DVD et agrémenté d’une iconographie didactique, l’ouvrage privilégie la facilité de recherche et la synthèseexhaustive des points clés à connaître et à retenir.

Le CO2 attaque les océans à l’acideQuel est le plus grand puits decar bone du globe ? Ce ne sont pas les forêts primaires, mais lesocéans, qui représentent plus desdeux tiers des échanges de gaz carbonique avec l’atmosphère. Cet équilibre est aussi fragile que celui du climat. Or, depuis lesdébuts de l’ère industrielle, lesocéans ont absorbé 120 milliards detonnes de CO2. Un surplus de gazqui, en se dissolvant, acidifie leseaux. Avec quels effets ? C’est la

question à laquelle doit répondre le projet Epoca, lancé par l’Unioneuro péenne en juin dernier, à Nice. Dotés de 16,5 millions d’euros surquatre ans, les 27 partenaires duprojet, parmi lesquels le CNRS etle CEA, doivent étudier l’impact de l’acidification sur les micro -organismes et les écosystèmesmarins, en particulier le plancton et les mollusques, dont le sque-lette calcaire est très sensible à l’acidité de l’eau. ■

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19NUMÉRO 19 / ALTERNATIVES /

INTERNET

www.planete-energies.com Site en français et en anglais //

Le site pédagogique, on devrait plutôt dire « encyclopédique »,du groupe français Total propose de « tout savoir sur les énergies ».Vaste programme, qui tient cependant ses promesses, tant

par sa richesse que par sa convivialité et l’ergonomie. Le recours à l’infographie est systématique pour chaque section, et les animations vidéo nombreuses. La qualité graphique est de très haut niveau sur les plans de la simplicité et de la lisibilité. Elle va de pair avec la précision des commentaires, également accessibles en texte à la demande. Enfin, les liens vers les sujets connexes (enjeuxdu développement durable, efficacité énergétique, paroles d’experts…) sont un véritable gisement dont on ne vient pas à bout. À lui seul, ce site pourrait couvrir la plus grande partie des sujets traités dans un numéro d’alternatives. Un régal !

Cet été, une partie de l’eau potable de la ville de Barcelone est venue parla mer. À sec, la capitale catalane a été approvisionnée par des navires-containers en provenance de Marseilleet du sud de l’Espagne. Pour la pre-mière et peut-être la dernière fois. Car, dès 2009, c’est directement dans la mer que la cité ira puiser dequoi étancher sa soif. D’ici un an, uneimmense usine de dessalement d’eau de mer aura été construite par Degrémont (Suez Environnement) pour alimenter 1,3 million de person-nes habitant la région de Barcelone.Une exception? Pas du tout! Pour l’heure, les 51 millions de m3 d’eau

dessalée dans le monde représententmoins de 1 % de la conso m ma tionmondiale d’eau potable. Mais près dela moitié de la population mondiale vitsur les littoraux et de nombreux paysmisent sur le dessalement de l’eau de mer. Le golfe Persique d’abord, dotéd’immenses unités, qui produit la moitié des volumes d’eau dessaléedans le monde. Mais aussi l’Asie, l’Europe, l’Australie et les États-Unis.Les volumes d’eau dessalée dans le monde croissent de 15 % par an. Et, en 2015, plus de 100 millions de m3

d’eau de mer seront convertis en eaupotable, selon les analystes de GlobalWater Intelligence. ■

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la biomasse

www.nrel.gov/biomass Site en anglais //

Le site de l’Agence fédérale américaine pour les énergies renouvelables est certainement l’un des pluscomplets qui soit pour faire le tour du sujet, à la fois

par le contenu détaillé des technologies actuellement disponibles et deleurs performances, et par la variété des liens qu’il offre vers d’autres sites,officiels (notamment la section du site du Department of Energy sur la biomasse : http://www1.eere.energy.gov/biomass/index.html) ou privés. Le Student Resources (accessible par la page http://www.nrel.gov/learning) propose de nombreux exemples de réalisations et détaille les différentes filières d’exploitation de la biomasse avec toute la pédagogie possible en les mettant en regard avec les programmes universitaires.

Le développement durable sans complaisance

http://geoconfluences.ens-lsh.frSite en français //

Si Robert Bell prend un malin plaisir (mais toujours très bien renseigné) à démonter les erreurs, les engouements, voire les impostures, dans les choix technologiques ou sur les

paradigmes à la mode, on consultera avec profit ce site qui porte si bien son nom :« Géoconfluences » est en effet un véritable portail d’accès qui propose une approchegéographique sur différents thèmes, dont le développement durable. Conçu par desuniversitaires (d’où sa sobriété de présentation), ce site est cependant d’une navigationaisée. Il permet de mieux comprendre la dimension géographique du développementdurable au travers d’une articulation rigoureuse : dossiers scientifiques, corpusdocumentaire, glossaire, savoir-faire, géographie vivante, ressources, référencesaux programmes, veille de l’actualité scientifique et technologique internationale.On ne peut que souhaiter une version anglaise…

Un voyage au cœur du réseau électrique

LES SITES POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES SUJETS DE CE NUMÉRO

www.rte-france.com Site en français et en anglais //

Le site du gestionnaire français du réseau de transport électrique s’est mis à la page… européenne. Désormais en français et en anglais, il décrit de manière très complète

et conviviale les problématiques de ses missions dans le contexte européen, en présentant notamment de manière claire et synthétique la nécessaire fluiditéau sein de l’UCTE. Sont abordés aussi bien les aspects techniques (développementet maintenance du réseau, interconnexions avec ses voisins…) que sociétaux,avec une sensibilité particulière à l’environnement et à la santé. C’est d’ailleurs dans cet esprit que RTE introduit le tout récent site de la fondationRTE (http://www.rte-france.com/FondationRTE/an/accueil.jsp), créée en janvier2008. Enfin, le gestionnaire de réseau n’oublie pas sa vocation première: présenterles courbes de charge en temps réel, ainsi que les prévisions de consommation à long terme. Une manière de toucher d’un clic la complexité de l’ajustement entre l’offre et la demande.

Le doit-on à de véritables change-ments dans les habitudes des Euro péens, aux efforts de l’industrieou bien à un hiver doux? En tout cas,la consommation d’énergie de l’Unioneuropéenne est restée stable entre2005 et 2006, selon Eurostat, l’orga-nisme de statistiques européen. Les27 ont consommé 1825 millions detonnes équivalent pétrole (tep). Ceschiffres, publiés début juin, repré-

sentent tout de même une augmen-tation de 7 % de la consommationénergétique depuis 1996. Tout aussiregrettable: seuls 14 % de l’énergieconsommée provenaient de sourcesrenouvelables. Les chiffres de 2007ne sont pas encore disponibles pourl’ensemble des 27, mais l’objectif, lui,est connu: l’Union européenne vise20 % d’énergies renouvelables dansson mix énergétique en 2020. ■

Les Européens seraient-ils devenus plus sages?

CONSOMMATION D’ÉNERGIE

✔ Mise à l’eau d’une sonde de mesure. Tout est sous surveillance : pression, température, salinité, fluorescence…

SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE

Du plastiquepour remplacer les miroirsLe soleil dans un fil de plastique.C’est le principe des concentrateurssolaires luminescents (LSC). De nou-veaux équipements développés parplusieurs laboratoires à travers lemonde, et notamment au Massachu-setts Institute of Technology, quivient de publier ses résultats dansla revue de référence Science. Ilsconstituent en fait une alternativeaux jeux de miroirs utilisés pourconcentrer l’énergie solaire sur lescellules photovoltaïques, fragileset chers. Les LSC, composés d’une

matrice plastique contenant des traces «d’encres», ne posent pas cesproblèmes. Les molécules d’encresabsorbent les rayons solaires etles réémettent au sein du fil de plastique jusqu’à la cellule photo-voltaïque. Exactement comme leferaient des fibres optiques. Grâceà ces développements, les cher-cheurs pensent tripler l’efficacitédes cellules solaires. Pour ce faire,ils doivent encore travailler sur la composition des encres, afin d’éviter les pertes d’énergie. ■

Deux amies ont relevé un pari fou : découvrir, en à peine six mois, les solutionsmises en œuvre à travers le monde pour « penser l’énergie autrement ». Ces deux anciennes condisciples de l’École polytechnique ont rencontré lespromoteurs des applications énergétiques les plus innovantes. Et le résultatse lit comme un roman: de la Norvège au Brésil, dans 17 pays et sur 4 conti-

nents, des personnalités étonnantes, des dialogues savoureux, des anecdotes édifiantes,avec toujours la volonté de comprendre et d’expliquer. Chaque rencontre est une étudede cas : technologie, économie, environnement, société… Tous les critères des solutionsénergétiques présentées sont abordés dans leur contexte local. Aventurières et pédagogues,Blandine et Élodie ont en effet décidé de s’adresser à un très large public: de 12 à 120 ans.Encore plus fort que Tintin!© John Pusceddu/CNRS Délégation Côte d’Azur.

Un vade-mecum complet du nucléaireTout sur l’énergie nucléaire d’Atome à Zirconium

Éditions AREVACOM – 175 pages, avec DVD. Envoyé sur demande auprès d’AREVA, Direction de la Communication – 33, rue La Fayette – 75009 Paris

Ces pionniers qui pensent et créent l’« énergie autrement »Le Tour du monde des énergies

Blandine Antoine et Élodie Renaud – Éditions JC Lattès – Mai 2008 – 428 pages – 19 euros

© Image Courtesy/Nicolle Rager Fuller, NSF.

Page 11: Alternatives magazine - Numéro 19 - Les pétroles de l'extrême

✔ EGYPTEUm appetebatab civit eratinter fectusconvo cat issuis clientib

ERecherche et énergie : quelles idéesinnovantes pour le futur ?À quoi ressemblera notre avenir énergétique? D’ores et déjà, on sait qu’il reposera sur la combinaison demultiples ressources et technologies. Énergies fossiles, renouvelables, nucléaires, toutes contribueront àsatisfaire une demande croissante. Parallèlement à ces moyens de production industriels, de nombreusesinitiatives innovantes se multiplient dans les universités, laboratoires et centres de recherche et développementpour créer ou récupérer l’énergie. Si elles ne constitueront pas des solutions pour la production massived’énergie, elles peuvent, cumulées, représenter une alternative non négligeable. Un tour d’horizon desidées d’avenir de l’énergie, étonnantes, voire marginales, à découvrir dans alternatives 20, numéroanniversaire du magazine.

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ÉCRIVEZ-NOUS :

?@ alternatives @publicorp.fr

Cette rubrique étant la vôtre, vous êtes invité(e) à nous faire part de vos interrogations. Nous y répondrons au fil des prochains numéros.

le prochain numéro… Dans le prochain numéro… Dans le prochain numéro… Dans

Magazine Alternatives // T.M.S. // BP 71 - 93402 Saint-Ouen Cedex - France

Vos questions… et nos réponses

La pertinence de votre questionsemble en effet avoir trouvé uneamorce de solution très promet teuseen Allemagne, pays déjà en pointesur l’éolien. Pour compenser l’irré-gularité de cette énergie renouvela-ble, un ingénieur de l’université deBochum propose en effet de cou-pler des éoliennes à des centraleshydrauliques à pompe.L’idée consiste à utiliser le surplusd’électricité des éoliennes non injectédans le réseau pour pomper l’eau du bassin inférieur vers la retenuesupérieure. Inversement, lorsque les

éoliennes s’avèrent insuffisantespour répondre à la demande d’élec-tricité, la centrale hydraulique relâ-che l’eau de retenue qui peut ainsiactionner une turbine et produiredu courant.Ce couplage « écologiquement » optimal entre éolien et hydrauliquepermettrait de réduire jusqu’à prèsde 80 %, en période hivernale, etjusqu’à 90 %, l’été, le recours auxénergies conventionnelles (gaz,charbon, fioul) habituellement uti-lisées pour compenser les « sautesde vent » de l’éolien.

Coupler l’éolien à l’hydrauliqueL’idée suivante a-t-elle germé? Des éoliennes hydrauliques à vitessevariable. Les éoliennes ont un rendement particulièrement mauvais dufait qu’on maintient le réseau électrique à 50 Hz et donc leur vitesse.Par ailleurs, des hydroliennes turbinant de l’eau (par exemple entre deuxbarrages) ne fonctionneraient pas nécessairement à vitesse constante.De plus, certains barrages concentrent la fée Éole en un même lieu(effet Venturi). À défaut d’un mécanisme unique éolienne-pompe, onpourrait interposer un réseau électrique séparé (à fréquence variable)qui alimenterait en permanence une ou plusieurs pompes par couplageautomatique entre des éoliennes et une retenue d’eau. Remonter l’eauen amont du barrage permettrait de maintenir le stock d’énergie.Cette idée a-t-elle déjà le vent en poupe?Laurent Cayssials

Depuis la fin des années 1980, laconsommation d’uranium est struc-turellement supérieure à la produc-tion. La production minière couvre64 % des besoins actuels du parcmondial de 435 réacteurs nucléairescommerciaux (environ 66500 tonnesd’uranium par an). Le reste pro-vient principalement des stocksd’origine militaire (suite aux accordsde désarmement russo-américainsde 1994), du recyclage de combus-tible usé (Mox), ainsi que de stocksprivés. Le doublement estimé de la production électronucléaire dans

le monde d’ici à 2030 ne réduira doncpas ce déficit chronique.En outre, la spéculation sur les trans-actions « spot » par des sociétés de trading et des fonds d’investis-sement anticipe la « renaissance »du nucléaire et les projets de nou-velles centrales dans le monde(Europe, États-Unis, Asie, Afrique du Sud…) et contribue à la haussedes prix de base des contrats pluri -annuels. Enfin, les prix actuels reflètent aussi les investissementsmassifs des compagnies minièresdans de nouveaux gisements.

Cher et abondant uranium…Comment expliquer la forte augmentation du cours de l’uranium ces dernières années, alors que:1/ les ressources en uranium sont assurées pour plusieurs siècles;2/ les gisements sont bien répartis sur la planète par rapport au pétrole;3/ les nouvelles technologies (filière Mox) permettent des économies;4/ le contexte géopolitique n’a, a priori, aucune incidence.Christian Amargier, 69100 Villeurbanne

Derrière la prépondérance dunucléaire (près de 77 % de la pro-duction nationale d’électricité), les énergies d’origine fossile ali-mentent le parc du « thermique àflamme » ou « thermique clas-sique », surtout utilisées en produc-tion « de pointe ». En 2007, le ther-mique a contribué pour 10,7 % dela produc tion totale d’électricité

(544,8 TWh). En tête, le charbon(39,4 %), suivi du gaz naturel(36,6 %), qui a beaucoup progrességrâce au développement de la cogé-nération, puis du fioul (8,9 %). En 2007, au minimum de sa contri-bution (en août), le thermique areprésenté 6 % de la production,contre 15 % en décembre, mois leplus froid.

Le thermique en pointePeut-on connaître la part d’électricité produite en France grâce à des énergies d’origine fossile?Richard Delaite, étudiant-enseignant (question reçue par courriel)

INTERACTIF

(Source : World Nuclear Association, AEN/OCDE.)

(Source : université de Bochum.)

✔ Le premier verre émetteur de lumièreLa sculpture a été réalisée avec le premier verre émetteurde lumière Planilum que Saazs a co-developpé avec Saint-Gobain Innovations. Le verre résiste à 50 000 heuresd’éclairage soit 20 ans d’utilisation normale.