Alphabets numéro 13

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LE MAGAZINE DE L’UNIVERSITé STENDHAL - GRENOBLE 3 - N° 13 ICALLA : la reconnaissance automatique de l’écriture manuscrite Venezuela : les défis d'un chavisme sans Chávez Âmes errantes, citrouilles et revenants. L'imaginaire de Halloween

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Magazine de l'université Stendhal-Grenoble 3.

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Le magazine de L’université stendhaL - grenobLe 3 - n° 13

iCaLLa : la reconnaissance automatique de l’écriture manuscrite

venezuela : les défis d'un chavisme sans Chávez

Âmes errantes, citrouilles et revenants. L'imaginaire de halloween

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sommaireÉdito

AlphabetsLe magazine semestriel de l’université Stendhal - Grenoble 3 - N° 13 - Tirage : 6 000 exemplaires - Parution : décembre 2013.Dépôt légal à parution - ISSN : 1772-1873. Directrice de la publication : Lise Dumasy. Rédactrice en chef : Dominique Abry. Responsable éditoriale : Nadia Samba Robin. Ont collaboré à ce numéro : BU droits - lettres, CRI, CUEF, école doctorale, ELLUG, GERCI, GRESEC, ILCEA, LIDILEM, service culturel, UFR LLASIC, WinSoft International.Graphisme et mise en page : service communication / Camille Bartoli. Fabrication : Coquand Imprimeur.Crédits photos : © Bibliothèque numérique de l'université de Grenoble (p.3). © Coll. du Musée de la Révolution française / Domaine de Vizille (p.18). © Getty images - Thinkstock (p. 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 17). © Université Stendhal / Nadia Samba (p.4), Utopik photos (p.20). © Winsoft International (p.5). Calligraphie en couverture du numéro © Hassan Massoudy.

Contact : Université Stendhal - Grenoble 3 - Service communicationBP 25 - 38040 Grenoble cedex 9 - France. Tél. : 04 76 82 43 49 - Courriel : [email protected]

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Les chemins de la transmission

« Le don infini vient à moi, dans ces mains pourtant si petites… Les âges passent, se déversent sans fin et pourtant il reste toujours un puits à emplir. » écrit Rabindranath Tagore dans Gitanjali. Ainsi, nous recevons et avons aussi le devoir de transmettre. Mais pour cela, il faut d’abord bâtir. C’est l’exemple que nous donnent deux diplômés issus du master Industries de la langue avec la technologie de reconnaissance automatique de l’écriture manuscrite qu’ils ont développée, ICALLA. Prenez le temps de vous faire une idée des prouesses qui sont à la clé, de surcroît en cinq langues.

L’étude des langues et des cultures étant l’un des pôles de compétences majeurs de l’université Stendhal, vous ne serez pas surpris d’être invité à accéder aux fonds italiens cachés dans les bibliothèques. Fonte Gaia est entièrement axée sur la valorisation de ce patrimoine méconnu.

Quels rites, mythes ou croyances recèlent en réalité la fête de la Toussaint et celle de tous les défunts ? Quelles légendes ou pratiques restent encore associées à ces dernières ? Philippe Walter, ancien directeur du Centre de recherche sur l’imaginaire, y répond et nous fait découvrir les origines de cet étrange héritage.

Parce que l’histoire de demain s’écrit aujourd’hui, Franck Gaudichaud, spécialiste de l’Amérique latine, analyse le legs de la présidence d’Hugo Chavez et met en perspective les défis qui en découlent à présent pour le Venezuela, doréna-vant privé de son leader.

Alors, devant ces richesses héritées d’hier et d’autrefois, qui constituent le socle du patrimoine culturel et intellec-tuel qui sera ensuite transmis, nous ne pouvons finalement que nous extasier, contempler et méditer. C’est peut-être à cela que nous invite en couverture de ce numéro d'Alphabets le proverbe arabe calligraphié par l'artiste irakien Hassan Massoudy : « Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi. »

actualitésLes trésors italiens détenus dans les bibliothèques françaises dévoilés par Fonte Gaia

ICALLA : la reconnaissance automatiquede l’écriture manuscrite comme vous en rêviez !

FormationEcoFle : étudier le français en ligne avec le CUEF de Grenoble

rechercheVenezuela : les défis d'un chavisme sans Chávez

Les associations de patients atteints de maladies chroniques : quelles stratégies de communication ?

thèses

Perspectives

Âmes errantes, citrouilles et revenants.L'imaginaire d'Halloween

Livres

Coup d'œil

Rencontre avec Pierre Jourde autour de "La première pierre"

agenda

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Actualités

Les trésors italiens détenus dans des bibliothèques dévoilés par Fonte gaia

L’originalité de cette bibliothèque est d’être enrichie par les cher-cheurs qui commentent les textes participant ainsi à cette édition numérique à vocation scientifique.Un premier corpus a été sélectionné dans les fonds patrimoniaux de la Bibliothèque universitaire de Grenoble sous la responsabi-lité scientifique des chercheurs du GERCI et de ceux du CRHIPA (Centre de recherche en histoire et histoire de l'art. Italie, pays alpins) qui les ont rejoints. Cette bibliothèque numérique se construit dans un esprit partenarial : elle est prête à accueillir, après examen, toute bibliothèque possédant des fonds patrimoniaux en italien qui souhaiterait voir ceux-ci numérisés, commentés et diffusés par le biais de ce portail.

La Bibliothèque nationale de France, la Bibliothèque munici-pale de Grenoble, la Bibliothèque universitaire de la Sorbonne nouvelle et la Bibliothèque universitaire de Padoue (Italie) se sont associées au projet. Elles participent à présent au comité de pilotage et proposent ainsi à tous les italianistes et italophiles un très bel outil de découverte des trésors italiens que détiennent des bibliothèques.Le jaillissement des savoirs, par leur confrontation et par la ren-contre avec les sources, la circulation des cultures et des idées au-delà des frontières naturelles et administratives des Alpes, sont l’ambition en même temps que le sujet d’étude privilégié de la bibliothèque Fonte Gaia, afin que les humanités numériques forgent le gai savoir du XXIe siècle.

À l’automne 2012, la bibliothèque numérique scientifique des études italiennes, Fonte Gaia – la fontaine de joie –, était mise en ligne. Cela représentait l’aboutissement d’un travail de plusieurs années entre le pôle d’excellence en italien de la Bibliothèque universitaire de Grenoble et les chercheurs du Groupe d’études et de recherches sur la culture italienne (GERCI).

La Fonte Gaia est la plus importante fontaine de Sienne, située au centre de la Piazza del Campo. Elle doit son nom à la liesse que manifestèrent les habitants de la ville quand l’eau jaillit enfin en son centre, en 1346, grâce à l’édification d’un aqueduc de plus de 30 km. Le « fonti » est le terme italien pour les « sources » de la recherche.

Page de titre de la Tragédie La Fiaccola sotto il moggio de Gabriele d'Annunzio (Treves ed., 1905). Illustrée par Adolfo de Carolis, cette page est consultable sur: http://bibnum-stendhal.upmf-grenoble.fr

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Actualités

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iCaLLa : la reconnaissance automatique de l’écriture manuscrite comme vous en rêviez !

Après leur diplôme d’ingénieur obtenu en Tunisie, Mohamed Belgacem et Abdelkarim Mars poursuivent leurs études en master Industries de la langue à l’université Stendhal. S’étant déjà penchés au cours de leur projet de fin d’études sur le trai-tement de la langue arabe, ils développent à Grenoble leurs compétences en matière de traitement automatique des langues et s’exercent – notamment en s’appuyant sur la morphologie, le lexique, la syntaxe – à appréhender les cas qui leur sont soumis en termes de modélisation linguistique et de program-mation informatique.

Soucieux d’approfondir encore leurs connaissances et leur expertise dans le domaine, ils se lancent en 2006 dans la recherche et réalisent au sein du LIDILEM (Laboratoire de lin-guistique et didactique des langues étrangères et maternelles), sous la direction de Georges Antoniadis, chacun une thèse sur les sujets suivants  : «  Reconnaissance de la parole et ALAO (Apprentissage de la langue assisté par ordinateur) : vers un système d’apprentissage de l’arabe oral » et « Conception d’une plateforme d’apprentissage des langues étrangères ».

Ces travaux vont les mener à développer une technologie innovante : ICALLA. Le nom de celle-ci est à l’origine un clin d’œil à leur parcours – Intelligent Computer Assisted Language Learning Arabic. Cela étant Mohamed Belgacem et Abdelkarim Mars ont développé depuis des produits multilingues basés sur ICALLA. C’est le cas en particulier d’un logiciel de reconnais-sance de l’écriture manuscrite en 5 langues.

S’il existe sur le marché des logiciels de ce type, force est de constater qu’ils ont besoin d’un temps d’apprentissage, de

quelques heures en général, pour s’adapter à l’écriture de l’uti-lisateur et que le taux d’erreurs dans la reconnaissance des caractères est important. Avec ICALLA, rien de tout cela : le logiciel reconnaît immédiatement l’écriture manuscrite quelle qu’elle soit et son efficacité est quasi infaillible. Basé sur un modèle de langage intelligent, ce logiciel est en plus à même de corriger les fautes d’orthographe en comparant les mots à ceux des corpus qu’il contient. Et, caractéristique exceptionnelle, ce logiciel est capable des mêmes performances dans des langues complexes comme l’arabe et le chinois ! « La plupart des technologies informatiques pour la linguistique s’appuient sur les principes d’intelligence artificielle. Nous avons conçu la nôtre en essayant de nous rapprocher du fonctionnement du réseau de neurones dans le cerveau humain : c’est la clé des performances que nous avons obtenues », déclare enthousiaste Mohamed Belgacem.

En 2012, lors des concours de start-up de l’IAE (Institut d'admi-nistration des entreprises) de Grenoble, de GRAIN (Grenoble Alpes incubation) et de PACEIM (Programme d’aide à la création d’entreprises innovantes en Méditerranée), les membres des jurys ont été unanimement séduits et fascinés par les démons-trations présentées en direct avec un prototype. Le projet ICALLA a ainsi été lauréat de tous ces concours. Convaincu par le potentiel de la technologie ICALLA, Kamel H. Gaddas, directeur général et cofondateur de WinSoft Inter-national, a décidé d’investir dans ce projet.

Souvent méconnues, les recherches en sciences humaines faisant l’objet d’une valorisation n’en sont pas moins dignes d’intérêt. Spécialistes du traitement automatique des langues, deux jeunes chercheurs diplômés de l’université Stendhal ont mis au point une nouvelle technologie de reconnaissance de l’écriture manuscrite qui fonctionne parfaitement y compris pour des langues aux alphabets complexes, comme l’arabe et le chinois. Focus sur l’aventure ICALLA !

De gauche à droite : Abdelkarim Mars, Kamel H. Gaddaset Mohamed Belgacem.

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Conciliant la liberté de création artistique et la rigueur de l’écriture, la calligraphie est un art qui interpelle et fait rêver. En témoigne la belle calligraphie offerte par Hassan Massoudy pour la couverture de ce numéro d’Alphabets. Mais à défaut d’être artiste, il est possible à tout un chacun d’utiliser le site de création proposé par WinSoft www.emashq.com pour réaliser des calligraphies à l'aide de huit styles d'écritures arabe et perse.

Ce master vise à former des spécialistes de haut niveau en :• traitement automatique de la langue écrite et de la parole

(recherche d’informations, traitement des textes et sms, synthèse et reconnaissance vocale, communication en habitat intelligent, etc.)

• e-learning (conception d’environnements informatiques et de produits multimédias pour l’apprentissage des langues).

Associant informatique et sciences du langage, cette forma-tion pluridisciplinaire est ouverte aux étudiants de sciences humaines et sociales, ou de sciences « dures » intéressés par la recherche et l’ingénierie en technologies de la langue.Accueillant des promotions de 20 étudiants maximum par année, l’équipe composée d’enseignants-chercheurs expérimentés et de professionnels assure un suivi pédagogique de proximité dans les domaines visés. Le stage, de 4 mois minimum, peut se faire en France ou à l'étranger, éventuellement auprès d'universités partenaires avec l'octroi d'une bourse spécifique.

Diplôme unique dans la région Rhône-Alpes, le master Industries de la langue propose en 2e année une orientation professionnelle et une orientation vers la recherche. Pour cela, il est adossé à trois centres : le LIDILEM (Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles), GIPSA-Lab (Grenoble image parole signal automatique) et le LIG (Labora-toire d’informatique de Grenoble). S’appuyant sur un réseau solide d’entreprises partenaires, l’équipe du master Industries de la langue est soucieuse de

favoriser l’insertion de ses diplômés et peut se féliciter d’un taux avoisinant les 100 %, toutes promotions confondues.En plus des métiers liés à la recherche, les diplômés exercent comme chef de projet en linguistique et informatique, ingénieur d'assurance qualité linguistique, veilleur stratégique, chef de projet multimédia pour les langues, concepteur de dispositifs et produits pour l'apprentissage et l'enseignement des langues, etc.

Acteur reconnu depuis 25 ans pour accompagner des éditeurs de logiciels – parmi lesquels Adobe, FileMaker ou encore Apple  – dans leur démarche commerciale et marketing à l’international, le cofondateur de WinSoft permettra aux deux talentueux diplômés de se concentrer sur leur cœur de métier, à savoir l’amélioration de leur technologie et le développement de produits basés sur celle-ci.

« Les possibilités d’applications sur les outils mobiles que sont les tablettes, les smartphones ou les accessoires GPS sont multiples et vraiment intéressantes. Un journaliste pourra par exemple prendre ses notes de manière manuscrite – y compris en arabe ou en chinois – pendant une interview et récupérer immédiatement le texte saisi : un vrai gain de temps pour finali-ser ensuite son article. Imaginez aussi qu’au lieu de saisir lettre par lettre votre destination sur un GPS, vous puissiez l’écrire à la main tout simplement pour qu’elle soit correctement enregistrée. »

Permettant de démontrer et d’appréhender tout le potentiel de cette technologie, la première application d’ICALLA sera disponible sur Androïd au cours du premier trimestre 2014. Elle permettra aux éditeurs d'avoir un aperçu de ce que peut apporter ICALLA à leurs logiciels.

Le texte ci-dessus signifie : La calligraphie vit longtemps après son auteur.

zoom sur le master industries de la langue

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Pour en savoir plus sur ce master, consultez le site de l'université www.u-grenoble3.fr ou contactez : [email protected]él. : 04 76 82 43 17

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Formation

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Depuis trois ans, le Centre universitaire d’études françaises de Grenoble développe un programme d’enseignement du français en ligne pour des étudiants étrangers suivant à distance une licence d’économie - gestion en anglais.

ecoFLe : étudier le français en ligne avec le CueF de grenoble

Tout est parti en 2010 d’une commande du département d’en-seignement à distance de la faculté d’économie de l’université Pierre-Mendès-France. Pour le CUEF qui n’avait pas d’expérience en matière de formation en ligne, la commande avait tout d’une gageure car le public, nombreux – une centaine d’étudiants environ –, était varié linguistiquement et culturellement. Plusieurs nationalités étaient en effet représentées au sein de cette formation : des Russes, des Kazakhes, des Ukrainiens, des Chinois et des équatoriens. Tous avaient des niveaux en langue française très différents allant du débutant complet jusqu’à un niveau intermédiaire. Et, bien sûr, il fallait aller vite pour que la formation puisse commencer dès le début de l’année universitaire suivante, 2011-2012.

Même si l’entreprise était risquée, c’était l’occasion rêvée pour le CUEF de se lancer dans la conception de ses premiers modules de formation à distance, avec l’aide de la Direction des systèmes d’information de l’université Stendhal pour la réalisation technique. Plusieurs enseignants ont travaillé à la conception de ces modules. Une réflexion a été menée sur la manière de construire un parcours linguistique et culturel court avec des objectifs pragmatiques communs tels que se présenter, se situer dans le temps et l’espace, interagir.

Le pari a été relevé avec succès et aujourd’hui le CUEF dispose de 3 modules de 24 heures de formation tutorée pour les niveaux A1, A2 et B1, selon le Cadre européen commun de référence pour les langues. Les étudiants commencent par un test de positionnement obligatoire, qui permet d’évaluer leur niveau initial. Chacun des modules se termine par un test d’auto-apprentissage qui permet de vérifier ce qu’ils ont acquis. Une évaluation finale clôt la formation et délivre une note qui sera prise en compte dans les résultats de la licence d’économie - gestion, sans y jouer un rôle déterminant.

La première promotion de 110 étudiants a témoigné de l’intérêt de la formation, comme en attestent les résultats de l’enquête de satisfaction envoyée à chacun. Les commanditaires ont aussi fait part de leur satisfaction. Aux dernières nouvelles, la promo-tion à venir pourrait atteindre les 200 étudiants…

Donner le goût du français, développer l’appétence pour la culture française et susciter l’envie de venir poursuivre des études à Grenoble : tels sont les enjeux que vise cette formation du CUEF de Grenoble, quoique brève en termes d’apprentissage de la langue.

Elisabeth Brodin, directrice du CUEF de Grenoble

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venezuela : les défis d'un chavisme sans ChávezDimanche 14 avril 2013, Nicolas Maduro a été élu président de la République bolivarienne du Venezuela (Amérique du sud) avec environ 51 % des suffrages et 230 000 voix d’avance sur son opposant Henrique Capriles (droite libérale). Il succède ainsi à Hugo Chávez, qui l’avait désigné comme son remplaçant, à quelques semaines de son décès des suites d’un cancer. Il s’agit ainsi de la 17e victoire électorale (sur 18 élections) en 14 ans de ce qu’il convient d’appeler le « chavisme », tant ce processus politique exceptionnel s’est identifié à son leader incontesté. Alors quel bilan, mais aussi quelles perspectives, pour la « révo-lution bolivarienne » ?

Participation populaire, polarisation politique et baisse de la pauvretéD’après la Commission économique pour l’Amérique latine de l'ONU (CEPAL), le Venezuela a connu une baisse de la pauvreté spectaculaire : entre 2002 et 2010, celle-ci passe de 48,6 % à 27,8 % et de 22,2 % à 10,7 % en ce qui concerne l’extrême pauvreté. De plus, le pays possède désormais l'un des niveaux d’inégalités les plus faibles de la région, ce qui n’est pas rien dans le continent le plus inégalitaire de la planète. Les change-ments sont donc bien palpables, bien loin des années néolibérales de la IVe République (1958-1998). Il faudrait ajouter à cela : - la création d'espaces de participation populaire, notamment

au travers des milliers de Conseils communaux ou des coopé-ratives paysannes ;

- la récente réforme du code du travail (la plus progressiste du continent) ;

- la mise en place d'un salaire minimum élevé pour la région ; - le retour de la souveraineté du pays face aux états-Unis ;- une nouvelle dynamique d’intégration latino-américaine.

L’appui citoyen à Chávez existe ainsi grâce à ce bilan social, bien compris. Il s’est réalisé avant tout sur la base d’une redistribu-tion de la rente pétrolière aux mains de l’entreprise publique PDVSA et alors que le pays possède la première réserve de brut au monde.

Certes, l’opposition au gouvernement dénonce les abus de pouvoir et le dirigisme alors que les grands médias et de nom-breux universitaires conspuent le « retour du populisme ». Il est certain que la personnalisation et le verticalisme de l’exé-cutif ont été réels autour de la figure de l’hyper-président, souvent identifié à Simón Bolivar, le grand libérateur du pays au XIXe  siècle. Mais les raccourcis sont réducteurs, car ce que certains analystes nomment « populisme » est souvent une critique déguisée du « populaire » : l’oligarchie vénézuélienne, ouvertement raciste et très conservatrice, ne supporte pas cette « révolution » suivie par des millions de pauvres, noirs, métis. Est-ce à dire que le chavisme n’est pas traversé de tensions et de fortes contradictions ?

difficultés, limites et tensions d’un processus national- populaire originalEntre l’élection d’octobre 2012 où Chávez avait gagné avec plus de 11 points d’écart et celle d’avril 2013, le camp présidentiel a perdu près de 700 000 voix. Et l’abstention progresse. Plusieurs raisons à ce tassement. D'abord, Maduro n’est pas Chávez ! Et il n’a pas son charisme. Mais, il y a aussi la résurgence de nombreuses questions sociales, démocratiques et économiques non résolues. Depuis quelques années, plusieurs voix se sont élevées pour expliquer que l’urgence était d’accélérer les réformes et de s’attaquer à l’insécurité galopante, notamment à Caracas. Cela signifie aussi transformer l’état, inefficace, bureaucratisé et encore aux mains de cadres politiques corrompus. Cela voudrait dire enfin davantage d’autonomie pour les mouvements sociaux et prendre à bras le corps la transformation d’un modèle économique non durable et toujours centré sur la rente pétrolière. Tels sont les défis du processus bolivarien. Le temps presse !

Franck Gaudichaud, maître de conférences en études latino-américaines

Recherche

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Recherche

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Les associations de patients atteints de maladies chroniques : quelles stratégies de communication ?

À l’heure des maladies chroniques(1), les patients sont aujourd’hui tenus d’être à la fois « acteurs de leur maladie » et « acteurs des soins ». Un discours que l’on retrouve dans les institutions sanitaires françaises mais aussi du côté des organismes sociaux. Cependant, qu’entend-on par « malades actifs » ? Comment une personne affaiblie par la maladie peut-elle faire des choix, s’informer, s’engager, « s’activer » ?

Nous avons en tête la mobilisation autour du Sida dans les années 1980 et l’engagement des personnes malades à faire valoir leurs droits(2). La relation des patients aux institutions sanitaires a changé. Pour aller vite, nous sommes passés d’un modèle paternaliste (une relation médecin/malade mar-quée par la hiérarchie) à un modèle plus complexe dans lequel la santé fait l’objet de questionnements. En effet, la relation médecin/malade, la qualité de la prise en charge, l’annonce de la maladie ou encore les interrogations sur la fin de vie sont des sujets de société qui font débat. De plus, la relation hiérar-chique entre le médecin et son malade a évolué vers un modèle davantage « partenarial » dans lequel le patient participe aux soins en coopérant avec le personnel soignant, mais aussi en étant plus informé et parfois plus exigeant.

Pour les sciences de l’information et de la communication, le secteur de la santé offre un terrain de recherche particuliè-rement riche. Celui-ci est marqué par des logiques multiples impliquant des acteurs médicaux, scientifiques, politiques,

sociaux et médiatiques. Ces derniers interviennent dans le secteur de la santé où les personnels associatifs jouent un rôle de plus en plus important. Nous nous sommes intéressés prin-cipalement, aux modalités d’action et de communication des associations de patients. Ce sont des structures régies par la loi 1901 qui sont gérées et dirigées par des personnes malades et/ou par des proches de malades. Nous avons travaillé sur une dizaine d’associations parmi lesquelles la Fédération des transplantés isérois, l’Association des insuffisants rénaux de Grenoble, l’Association pour la vie des aplasiques et des leu-cémiques (AVAL), Locomotive(3), l’Union France Alzheimer ou encore Huntington Avenir.

Pendant un an, nous avons suivi les actions qu’elles mettaient en place : manifestations, réunions, colloques, etc. En parallèle, nous avons mené une cinquantaine d’entretiens semi-directifs avec les membres du bureau et les bénévoles des associa-tions ainsi qu’avec les médecins, les infirmières, le personnel administratif des hôpitaux… qui travaillent en relation avec eux. L’analyse de leurs pratiques a permis d’identifier leurs modali-tés d’action.

Les associations de patients interviennent à différents niveaux dans le secteur de la santé. Leur objectif commun est d’agir auprès des patients et de leurs familles en favorisant l’échange d’expériences, les aides sociales et administratives, les aides psychologiques (écoute bénévole et professionnelle). Certaines d’entre elles participent à produire de l’information sur les maladies, en particulier celles qui sont rares et complexes telles que la maladie d’Huntington. Les acteurs associatifs profes-sionnalisent leurs interventions et développent leurs dispositifs d’information et de communication en organisant, par exemple, des colloques, des conférences ou encore des expositions. Des formations sont également mises en place  : c’est le cas pour l’Union France Alzheimer, notamment, qui participe acti-vement au soutien des aidants(4). Les actions des associations de patients s’inscrivent parfaitement dans le prolongement des objectifs de l’état en participant à la prévention, au dépistage et au développement de la recherche scientifique.

(1) Sous entendu des maladies longues, qui ne se soignent pas forcément et pour lesquelles les patients sont pris en charge souvent à vie par les institutions sanitaires.(2) La mobilisation a porté sur le développement des thérapies mais aussi pour une meilleure reconnaissance des personnes malades.

(3) Une association grenobloise qui intervient notamment au Centre hospitalier uni-versitaire de Grenoble afin d’améliorer les conditions de vie des enfants hospitalisés au service d’oncologie pédiatrique. Elle intervient également comme soutien auprès des parents d’enfants malades. (4) Les aidants sont les proches ayant à charge une personne atteinte dans ce cas de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées.

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ThèsesRecherche

Mary Charoud, docteure en sciences de l’information et de la communication

Mary Charoud a soutenu en juin 2012 sa thèse, réalisée sous la direction d’Isabelle Pailliart au sein du Groupe de recherche sur les enjeux de la communication (GRESEC) et intitulée « Stratégies de communication et évolutions sociales : le cas des associations de patients »

Enfin, les associations de patients militent pour défendre les droits des usagers du secteur de la santé et pour une prise en charge « optimale » des malades. Leur rôle d’interpellation des pouvoirs publics est important : elles suivent en effet sérieuse-ment la mise en application des mesures les concernant.

Quant à leurs stratégies de communication, de grandes ten-dances se dégagent. Tout d’abord, nous avons noté que les acteurs associatifs communiquent sur des questions complexes posées par les maladies et pas seulement d’un point de vue médical. Les acteurs associatifs s’attachent à aborder différents aspects du vécu des malades tels que le quotidien et la gestion de la maladie, la vie des proches de malades, les actions publiques relatives aux maladies en question. Il s’agit de communiquer sur les différents aspects des pathologies chroniques qu’ils soient psychologiques, scientifiques, administratifs, légaux ou éthiques. Une personne greffée soumise à un traitement médical à vie se pose par exemple ces questions : quelle place attribuer au don-neur ? Comment vivre avec l’organe d’un autre ? Etc.

Le témoignage et l’échange d’expériences prennent une place forte dans les stratégies de communication des associations de patients. Elles ont aussi la volonté de communiquer avec les médecins et les institutions hospitalières : cela participe à leur souhait d’humaniser la prise en charge qui n’est plus seule-ment médicale.

Vivre aujourd’hui avec une maladie chronique reste complexe et pose de nombreuses difficultés. Malgré les dispositifs de com-munication mis en œuvre pour améliorer la situation, cela ne se fait pas sans heurts avec des médecins parfois réticents, des moyens financiers et matériels limités, une place encore timide dans les établissements de santé et un rôle politique souvent fébrile. Cependant, avec le nombre grandissant des personnes atteintes de maladies chroniques et la volonté des acteurs associatifs à faire reconnaître les droits des malades, gageons que les patients ne deviennent de plus en plus « actifs »…

Lettres et arts du spectacleesfandiyâr et achille : étude comparativeAli-Réza GhafouriSous la direction de Françoise LétoublonRARE, 14/12/2012

grazia deledda et georges hérelle : une histoire éditoriale franco-italienneMaddalena RaseraSous la direction de Luca Badini ConfalonieriLLS, 24/06/2013

Les enchantements de l'éloquence : contes de fées et stratégies hyperboliques au Xviie siècleChristine RousseauSous la direction de Christine Noille-Clauzade RARE, 19/10/2013

sciences du langage et FLedes stratégies de séduction dans le discours de vulgarisa-tion scientifique et de leur traduction vers l’arabeLayal MerhySous la direction de Rita MazenLIDILEM, 20/09/2013

étude multimodale et sémiotique des capacités narratives enfantines à l’oral et à l’écritDjaber FantaziSous la direction de Jean-Marc ColletaLIDILEM, 13/02/2013

Le tbi (tableau blanc interactif) comme instrument du développement de la conscience phonémique à l'école : une approche ergonomiqueémilie MagnatSous la direction de Françoise RabyLIDILEM, 18/10/2013

L'utilisation des connecteurs argumentatifs dans les écrits universitaires des étudiants vietnamiens : le cas du dis-cours géographique. Pour une perspective didactiqueNgoc Bau LeSous la direction de Francis Grossmann et de Cristelle CavallaLIDILEM, 29/04/2013

CommunicationLe cadre privatif : des données aux contextes. approche inter-dimensionnelle des médiations de la vie privéeJulien PierreSous la direction de Fabienne Martin-JuchatGRESEC, 19/04/2013

Les transformations de la publicisation des acteurs scientifiques dans l'espace publicCyrille BodinSous la direction d’Isabelle PaillartGRESEC, 19/06/2013

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Perspectives

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Âmes errantes, citrouilles et revenants. L'imaginaire de halloween

Les fêtes chrétiennes inscrites à notre calendrier remontent à des célébrations médiévales qui étaient elles-mêmes le résidu de cultes antiques plus ou moins assimilés par le christianisme. Autrement dit, ces fêtes étaient des commémorations païennes bien avant leur intrusion (et leur transformation) dans le christianisme.

Des rites, des mythes et des croyances les accompagnaient. Ils étaient primitivement le socle des pratiques religieuses des anciens peuples de l'Europe. Parmi eux se trouvaient les Celtes qui occupaient, avant la conquête romaine, une bonne partie de notre continent, de l'Europe centrale au Portugal et de l'Irlande au nord de l'Italie.

Si novembre porte, encore aujourd'hui, en Bretagne le nom de miz du – le "mois noir" –, c'est parce que le déclin du soleil et l'envahissement de la nuit marquent la fin de la saison claire et le début de l'hiver. Dans l'intervalle des deux saisons, au 1er novembre, se situe une fête que les Irlandais nommaient Samain. Au fil du temps médiéval, cette fête est devenue la Toussaint précédant la commémoration de tous les Trépas-sés (le 2 novembre). La nuit du 1er au 2 novembre marquait, pour les anciens Celtes, le début d'une nouvelle ère annuelle. Ils pensaient que cette nuit-là les portes de l'autre monde étaient ouvertes. Ainsi, les vivants pouvaient impunément pénétrer dans l'au-delà, tandis que les revenants et les fées envahissaient pour un temps le monde des humains. Cet échange entre les deux mondes entraînait la circulation des âmes  : ce thème a marqué les nombreuses légendes de la Toussaint. On peut même dire qu'il est au cœur de tout l'imaginaire celtique, tel qu'il se transporte jusqu'à nous à travers les romans de la Table Ronde mais aussi nombre de nos contes et légendes.

Dans un ancien texte mythologique irlandais intitulé La Maladie de Cuchulainn, Samain est la date fatidique au cours de laquelle Cuchulainn, l'Achille irlandais, veut capturer deux oiseaux blancs

sur un lac. Sans se méfier, il lance son javelot qui traverse l'aile d'une de ces créatures mais les deux oiseaux lui échappent et disparaissent sous l'eau. Alors Cuchulainn se désespère et s'endort. Durant son sommeil, deux femmes viennent vers lui et le battent au point de le laisser dans un état léthar-gique pendant un an. Les deux femmes, ou plutôt les deux femmes-oiseaux, étaient des fées, c'est-à-dire des déesses de l'autre monde qui venaient se venger sur Cuchulainn de l'injure qu'elles avaient subies en recevant sur elle l'arme de ce chasseur. C'est ainsi qu'à Samain, moment fatidique, le héros Cuchulainn a rencontré les déesses de l'autre monde, pour son malheur. Il a délibérément ignoré le risque mortel de la rencontre des revenants. On aura reconnu le thème du Lac des cygnes, célèbre conte populaire russe, dont le musicien Piotr Ilitch Tchaïkowski a tiré un merveilleux ballet.

Naturellement, le christianisme médiéval chercha à s'appro-prier cette vieille fête celtique, d'autant qu'elle concernait une croyance capitale que l'église voulait contrôler : le sort posthume des morts, l'existence de l'au-delà, l'organisation de cet autre monde invisible.

En 737, le pape Grégoire III eut l'idée d'un office en l'honneur de tous les saints qui ne pouvaient être fêtés dans l'année (ils étaient nombreux et dépassaient largement 365). L'idée de la Toussaint (fête de tous les saints) était née mais pas encore la date. C'est seulement en 837 que Louis le Débonnaire ordonna que cette fête des saints sans fête fût célébrée le 1er novembre en Gaule et en Germanie.

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Perspectives

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Philippe Walter, professeur émérite de littérature française

Philippe Walter

Ancien directeur du Centre de recherche sur l’imaginaire, professeur émérite de littérature française du Moyen Âge, Philippe Walter s'est vu décerner le titre de docteur honoris causa par l'université d'Alba Iulia en Transylvanie (Roumanie) en 2008. Médiéviste passionné, il est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Mythologie chrétienne. Fêtes, rites et mythes du Moyen Âge qui a été traduit dans sept langues et Le Livre du Graal paru dans La Pléiade. Voix des mythes, science des civilisations a été réalisé en son honneur par ses collègues et amis et reflète la richesse des perspectives ouvertes par sa réflexion.

Le jour des morts – ou commémoration des défunts – qui tombe le 2 novembre est d'institution plus tardive puisqu'il remonte à la fin du Xe siècle lorsqu'un abbé de Cluny invita tous ses couvents à prier le lendemain de la Toussaint pour les âmes errantes de l'au-delà qui n'avaient encore rejoint ni l'Enfer ni le Paradis. La naissance du Purgatoire au XIIe siècle, comme l'a montré l'historien Jacques Le Goff, va résoudre imaginairement ce statut inconfortable des âmes incertaines de leur sort. En tout état de cause, pour le christianisme, la fête des saints et celle des morts sont bien distinctes mais, dans l'esprit populaire, la Toussaint et la fête des morts se confondent. Elles ne font que recouvrir les restes de la vieille commémoration celtique des revenants.

De nos jours, la nuit de la Toussaint au 2 novembre reste riche de légendes archaïques. En Bretagne, la crainte du "Char de la Mort" hante encore parfois les esprits. La légende de la mort chez les Bretons armoricains d'Anatole Le Braz recense les contes, légendes et anecdotes sur ce char mystérieux. Lancé à toute vitesse dans un bruit infernal, vide de conducteur et de passagers, il rencontre pour leur malheur les voyageurs égarés pendant cette nuit de l'année. On dit en effet que ce char est celui de la Mort – Ankou en breton – et qu'il emporte tous ceux qui auront eu la malchance de l'apercevoir.Il y a dans la littérature arthurienne d'autres véhicules qui servent de liaison entre les deux mondes. Ce sont souvent des navires ou des barques de sinistre augure. La bataille de la fin du monde arthurien, racontée dans La Mort du roi Arthur a lieu aux alentours de novembre et un bateau vient chercher le roi blessé pour le conduire vers l'île Avalon d'où nul n'est jamais revenu.

Fêtée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, Halloween rejoint directement la vieille mémoire celtique des revenants de Samain. Il s'agit d'une fête paysanne de la vieille Europe importée aux états-Unis par les émigrés venant des contrées celtiques (Irlande, mais aussi France et Pays-Bas). Ne dit-on pas qu'il est possible de voir ce jour-là les sorcières voler sur leurs balais, à la lueur de la lune ? Déguisés en "esprits de la nuit" pour évoquer les âmes des morts de retour parmi les vivants, les enfants font le tour des habitations en brandissant des citrouilles illuminées par des bougies. En langue francique de Moselle, elles se nomment encore Rommelbootzen (ce qui signifie betteraves grimaçantes).

De nos jours, le cinéma fantastique n'est pas en reste pour raconter l'effroi suscité par les revenants diabolisés d'Halloween. Dans un registre moins terrifiant mais tout aussi évocateur, le film E.T. l'extra-terrestre de Steven Spielberg présente une étonnante résurgence du mythe des revenants du 1er no-vembre. Le petit extra-terrestre est arrivé sur terre au moment d'Halloween. Il est accueilli par une troupe d'adolescents et passe finalement inaperçu lors de la tournée de quête organisée de maison en maison à ce moment de l'année. "Trick or treat !" – la farce ou la friandise ! – répètent rituellement les jeunes déguisés lors de la mascarade des sorciers en culottes courtes et des sorcières en cotillons. Au milieu d'eux, E.T. détonne à peine avec son masque difforme et hideux. Il est lui-même une âme en perdition. Mais de qui E.T. est-il donc l'âme errante sinon d'Eliott son protégé puisqu'il porte la première et la dernière lettre de son nom ?

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Lire et relire Béatrice Poncelet Une entrée en littératureSylvie DardaillonCollection Disdakein2013 - 400 pagesISBN 978-2-84310-231-8Prix : 25 €

Entre image et texte, les albums de Béa-trice Poncelet transmettent une culture littéraire, artistique et humaine. Comme le montre cet ouvrage, ils permettent une approche dynamique de la lecture litté-raire, en particulier dans le cadre scolaire.

Littérature et OrientHenri Thuile Préface de François Livi, notes et dossier de Paul-André ClaudelCollection Vers l'Orient2013 - 232 pagesISBN 978-2-84310-244-8Prix : 28 €

Littérature et Orient, essai sur les rap-ports Orient-Occident publié en 1921, refait surface grâce à cette édition. C’est un évé-nement, qui doit rendre à son auteur, Henri Thuile, la place qui lui revient dans l’histoire de l’orientalisme.

Récits arthuriensen moyen néerlandaisI - Le Roman du Chevalier à la mancheII - Lancelot et le Cerf au pied blancTextes présentés, traduits et annotés par Baukje Finet – Van der SchaafCollection Moyen Âge européen2012 - 336 pagesISBN 978-2-84310-235-6Prix : 28 €

édition bilingue de deux récits arthuriens en moyen néerlandais : le Roman du Che-valier à la manche narrant la quête adulte d’un enfant trouvé pour rechercher ses parents et Lancelot et le Cerf au pied blanc relatant un exploit du chevalier.

Les Dates et les Œuvres Symbolisme et Poésie scientifiqueRené GhilTexte établi, présenté et annoté par Jean-Pierre BobillotCollection Archives critiques2012 - 378 pagesISBN 978-2-84310-239-4Prix : 28 €

Une version singulière de l’histoire de la poésie française de 1883 à 1922, par un de ses plus combatifs acteurs, adversaire du Symbolisme et créateur de l’« instrumen-tation verbale », qui fonda le premier des groupes d’avant-garde européens.

« Étrangeté, Passion, Couleur »L’hellénisme de Swinburne, Pater et Symonds (1865-1880)Charlotte RibeyrolCollection Esthétique et représentation : monde anglophone (1750-1900)2013 - 400 pagesISBN 978-2-84310-250-9Prix : 24 €

Cet ouvrage explore l’hellénisme subver-sif de trois auteurs anglais appartenant au mouvement esthétique « Aestheticism  » dans les années 1860-1880 : Swinburne, Pater et Symonds.

Journaux & PapiersStendhalédition établie par Cécile Meynard, Hélène de Jacquelot, Marie-Rose CorredorVolume I, 1797-18042013 - 696 pagesISBN 978-2-84310-240-0Prix : 28 €

Ce premier tome des Journaux et Papiers de Stendhal (1797-1804) donne accès à sa table de travail, où se côtoient journaux, cahiers de pensées et de projets litté-raires ainsi que papiers divers.

ouvrages des ellug

Livres

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Livres

Pour plus d’informations : www.u-grenoble3.fr/ellug

Cahiers d'études italiennes, n° 15, 2012, 273 p.Héros et modèlesISBN 978-2-84310-234-9

Cahiers d'études italiennes, n° 16, 2013, 339 p.« On ne naît pas… on le devient ». I gender studies e il caso italiano, dagli anni Settanta a oggiISBN 978-2-84310-245-5

études écossaises, n° 16, 2013, 171 p.Ré-écrire l’écosse – Histoire / Rewriting Scotland – HistoryISBN 978-2-84310-246-2

gaïa, n° 15, 2012, 264 p.ISBN 978-2-84310-237-0

géolinguistique, n° 13, 2012, 379 p.ISBN 978-2-84310-241-7

iLCea, n° 17, 2013, revue en ligne sur le site de revues.org1861-2011 : réflexions sur les frontières dans le monde hispaniqueISBN 978-2-84310-243-1

iLCea, n° 18, 2013, revue en ligne sur le site de revues.orgLes frontières dans le monde hispanique ISBN 978-2-84310-251-6

iris, n° 34, 2013, 196 p.Hommage à Gilbert DurandISBN 978-2-84310-249-3

LidiL, n° 46, 2012, 193 p.Typologie et description linguistique. Interfaces et interactionsISBN 978-2-84310-236-3

LidiL, n° 47, 2013, 177 p.Le verbe pour exprimer le temps. Quels apports pour une rénovation de la didactique de la grammaire ? ISBN 978-2-74310-247-9

recherches & travaux, n° 81, 2012, 184 p.Pouvoirs du mythe dans les littératures francophonesdu Maghreb et du MachrekISBN 978-2-84310-238-7

recherches & travaux, n° 82, 2013, 167 p.Littérature et anthropologieISBN 978-2-84310-248-6

revues des ellug

Ambulance Suso de Torotraduit de l’espagnol par Georges TyrasRivagesCollection Thriller2013 – 175 pagesISBN 978-27-43625-34-4Prix : 16 €

Nuit de folie à Saint-Jacques de Compostelle. Une bombe a explosé dans une banque et une station-service a été atta-quée. Deux malfrats sans envergure qui viennent de sortir de prison ne pensaient pas à mal, mais la malchance les pour-suit. Comment prendre la fuite avec une entorse à la cheville, dans une ville entièrement bouclée par la police, quand on n’a nulle part où aller ? Une odyssée pitoyable entre cauchemar et humour noir.

ConfiteorJaume Cabrétraduit de l’espagnol par Edmond RaillardGrand prix de traduction décerné par la Société des gens de lettresActes Sud2013 - 770 pagesISBN 978-2-33002-226-6 Prix : 26 €

Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions déme-surées dont il est dépositaire, jusqu'au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l'abandonne, Adrià tente de mettre en forme l'histoire familiale. De l'Inquisition à la dictature espagnole et à l'Allemagne nazie, d'Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l'abjection totale.

Les enquêtes de Pepe Carvalho 2La Solitude du manager, Les Oiseaux de Bangkok, La Rose d’AlexandrieManuel Vázquez MontalbánPréface de Georges TyrasChristian Bourgois / Le SeuilCollection Opus2012 - 887 pagesISBN 978-2-021092-03-5Prix : 25 €

Dans ces romans qui bordent les limites temporelles de la Transition démocratique espagnole et comptent parmi les plus réussis du cycle des aventures de Pepe Carvalho, l’enquête minutieuse du détective est autant une plongée dans le passé des illusions perdues qu’une réflexion sur le présent du cynisme retrouvé. Manière de mettre à nu les fêlures qui déchirent la société espagnole de l’époque.

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Algernon Charles Swinburne et les en-jeux post-romantiques de la créationSébastien ScarpaMichel Houdiard éditeurCollection Domaine anglophone2013 - 382 pagesISBN : 978-2-35692-095-9Prix : 30 €

Bien que de facture romantique par certains aspects, l’œuvre de Swinburne (1837-1909) révèle les mensonges de l’idéalisme pour affirmer la suprématie de l’immanence stricte, tant sur le plan éthique qu'esthétique. Souvent jugée opaque, redondante, monotone, elle démontre que, pour le poète victorien, les désirs d’absolu devaient être détruits de l’intérieur du langage, dans ce noyau d'abstraction intensive où se forment ses forces évo-catoires.

L’Automate. Modèle, métaphore, machine, merveilleAurélia Gaillard, Jean-Yves Goffi,Bernard Roukhomovsky et Sophie RouxPresses universitaires de BordeauxMirabilia2013 - 506 pages ISBN : 978-2-56781-680-5Prix : 29 €

À l’occasion du tricentenaire de la naissance de Vaucanson (Grenoble, 1709), les travaux rassemblés dans cet ouvrage visaient à mettre en évidence la complexité d’un objet – l’automate – qui tient concurremment de la science et du spectacle, les multiples fonctions – modèle, image, machine, merveille – qui sont les siennes et, partant, la porosité des discours (technologique, scientifique, philosophique, esthétique…) auxquels il donne prise.

ouvrages parus chez d'autres éditeurs

Les Audiences de ThalieLa comédie allégorique, théâtre des idées à l’âge classiqueMartial PoirsonClassiques GarnierCollection Lire le XVIIe siècle2013 - 835 pagesISBN : 978-2-81240-773-4Prix : 56 €

En marge de la dramaturgie réglée, l’allégorie à l’âge clas-sique exhibe son voile d’ignorance, jouant du sens caché pour se saisir de la philosophie politique. Exploitant sa matérialité scénique, elle place dans l’ère du soupçon un espace public, structuré par la représentation.

Biomapping Indigenous Peoples. Towards an Understanding of the IssuesSusanne Berthier-Foglar,Sheila Collingwood-Whitticket Sandrine TolazziRodopi Collection Cross / Cultures2012 - 461 pagesISBN 978-9-04203-591-1Prix : 100 €

Biomapping explore le discours que les peuples autochtones construisent autour de la génomique des populations. Le déco-dage de l’ADN humain permet de dresser la cartographie mondiale des migrations par la mise en évidence de marqueurs spécifiques. Pour le monde occidental, la recherche des origines participe de l’acceptation du monde selon les critères scientifiques. Pour les peuples autochtones, souvent en situation précaire au sein d’une nation, l’ethnicité et les pratiques culturelles sont différentes et cette recherche est perçue comme une menace.

Boccace, Ninfale fiesolano /Les nymphes de FiesoleTexte établi par Armando Balduino,Introduction, traduction et notes de Patrick MulaLes belles lettresCollection Bibliothèque italienne2012 - 363 pagesISBN : 978-2-25173-037-0Prix : 45 €

Traduction d’un texte poétique du XIVe siècle, à travers lequel Boccace entend rechercher les racines historiques idéales de sa cité, Florence, voire bâtir une suggestive et flatteuse histoire de ses origines à travers l’histoire d’amour d’un jeune pâtre et d’une jeune nymphe. Boccace a rédigé ce texte entre 1344 et 1346, avant de consacrer à sa ville son chef-d’œuvre, le Décaméron, quelque cinq ans plus tard.

Carvalho : RarezasEl laberinto griego, Sabotaje olímpi-co, Roldán, ni vivo ni muerto, Antes de que el milenio nos separeManuel Vázquez MontalbánPrologue de Georges TyrasPlaneta2013 - 463 pagesISBN 978-8-40811-224-2Prix : 22,90 €

Chacun des textes réunis dans ce volume illustre le propos fondamental des aventures du célèbre détective : établir la chronique de la Transition démocratique espagnole. L’enquête est donc avant tout le support d’une plongée dans les cou-lisses sociales et politiques de cette période-clé de l’histoire espagnole, cause d’un immense désenchantement du monde. D’où, pour faire contrepoids à la désillusion, le recours à l’ironie et au sarcasme qui colorent le récit.

Livres

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La ContaminationLieux symboliques et espaces imaginairesVéronique Adam et Lise Revol-MarzoukClassiques GarnierCollection Rencontres2013 - 455 pagesISBN : 978-2-81240-631-7Prix : 39 €

Vingt-cinq chercheurs issus de dix disciplines de lettres et sciences humaines étudient les témoignages de savants ou pro-fanes sur les épidémies en Orient et en Occident de l'Antiquité à nos jours. Leurs travaux montrent la diversité des espaces réels ou imaginaires conçus comme sources, vecteurs ou frontières de la contamination, et posent les conséquences politiques, sociales, religieuses et artistiques de cette localisation de la maladie.

Éducation artistique, l’éternel retour ?Une ambition nationale à l’épreuve des territoiresMarie-Christine Bordeaux et François DeschampsL’AttributLa politique culturelle en questions2013 - 176 pagesISBN - 978-2-91600-225-5Prix : 14,50 €

Cet ouvrage a pour objectif de rassembler et de vulgariser l’état actuel des connaissances sur l’éducation artistique et culturelle, sujet peu traité dans la recherche et mal connu des décideurs comme d’un plus large public en raison de sa technicité, de son histoire complexe et de son institu-tionnalisation paradoxale. Il analyse les lignes de tensions aussi bien apparentes que sous-jacentes qui lui sont propres, entre militantisme et institutionnalisation, entre impératif de spécialité et impératif de transversalité. Il est conçu comme une contribution au débat contemporain sur la démocratisa-tion et la diversité culturelles.

Le Fond cinématographiqueRobert BonamyL’HarmattanCollection Le Parti pris du cinéma2013 - 205 pagesISBN : 978-2-34301-747-1Prix : 20 €

Le concept de fond a-t-il une pertinence pour le cinéma, et que peut-il recouvrir alors ? Cet essai tâche de répondre en privilégiant quelques films singuliers et un nombre limité de cinéastes. Cette logique des préférences permet de dégager certains aspects du fond cinématographique et de souligner des idées-fond pour le cinéma. Qu'il soit question de Rivette (La Belle Noiseuse), Oliveira (Je rentre à la maison), Straub-Huillet (Cézanne), Fitoussi (Nocturnes pour le roi de Rome), Antonioni (L'éclipse), etc., l'ap-profondissement ou la complication de la vue cinématographique correspond à une montée du fond visuel et sonore. Les figures, les personnages, les lieux délimités sont perturbés par l'inter-vention de cet autre composant qui a l'habitude de se faire oublier.

Gauvain, le chevalier solairePhilippe WalterImago 2013 - 318 pagesISBN 978-2-84952-196-0Prix : 24 €

S’appuyant sur la mythologie comparée, l’étude dresse le portrait du plus célèbre héros solaire de la littérature médiévale : le che-valier Gauvain, neveu du roi Arthur. De sa singulière conception jusqu’à sa mort, elle met au jour le mythe archaïque auquel il se rattache. Doté d’un cheval-fée et d’une épée magique, il retrouve son éclat dès que l’on se tourne vers les contes et mythes de la vieille Europe, de l’Irlande à la Grèce.

Language conflict in AlgeriaFrom colonialism to post-independenceMohamed BenrabahMultilingual mattersCollection Language planning and policy2013 - 216 pagesISBN : 978-1-84769-964-0Prix : 71,96 €

Ce livre présente l’histoire de l’Algérie du début de la colo-nisation par les Français en 1830 jusqu’à la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance en 2012. Il examine les ques-tions linguistiques qui ont accompagné cette période historique. L’ouvrage étudie d’abord la notion de « conflit linguistique » et les concepts s’y rattachant pour les appliquer aux périodes coloniale et postcoloniale. Il analyse ensuite la rivalité entre les langues anglaise et française dans l’Algérie indépendante. Le livre se termine par une analyse des choix linguistiques faits par les écrivains algériens et les tensions générées par ces choix au sein de la communauté intellectuelle au cours de la colonisation et de l’ère postcoloniale.

L'industrialisation des biens symboliquesBernard Miège, Philippe Bouquillion et Moeglin PierrePresses universitaires de Grenoble Collection Communication, médias et sociétés 2013 - 256 pagesISBN 978-2-70611-804-3Prix : 21 €

La question des industries créatives est désormais inscrite à l’agenda des politiques publiques des états et des grandes orga-nisations internationales. Pourtant, les réalisations auxquelles elles ont donné lieu n’ont pas connu que des succès depuis leur émergence, en Grande-Bretagne, au milieu des années 90. Les auteurs ont choisi d’appréhender ces nouvelles industries sous l’angle culturel et médiatique. D'après eux, trois paradigmes jouent un rôle central dans les mutations en cours  : conver-gence, collaboration et création. L’essentiel de ces mutations est dû à l’expansion récente et brutale des géants mondiaux de la communication. Ces changements en cours s’inscrivent dans un mouvement d’industrialisation des biens symboliques.

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Livres

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Le moment idéologiqueYves Citton et Lise DumasyENS éditionsCollection La croisée des chemins2013 - 254 pagesISBN : 978-2-84788-381-7Prix : 19 €

Que peut nous apporter aujourd'hui la lecture des Idéologues, ces penseurs qui ont reconfiguré le champ des savoirs au début du XIXe siècle ? La mise à jour d'un moment idéologique. Ce moment est celui qui voit une radicalité des Lumières se scinder entre divers branchements disciplinaires, entre diverses conceptions de la subjectivité et de l’émancipation. Le moment idéologique est un moment de passage, mais surtout de décantation. On y voit émerger, quoiqu’encore entre-mêlés et solidaires, ce que nous sommes habitués à distinguer : Lumières et romantisme, rationalisme et sentiment, radicalité et conservatisme, nécessité et volontarisme, colonialisme et soif d’altérité, science et littérature.

Perspectives cavalières du Moyen Âge à la RenaissanceMélanges offerts à François BérierNicolas Boulic et Pierre JourdeGarnierCollection Rencontres2013 - 226 pagesISBN : 978-2-81241-254-7Prix : 22 €

Ce volume, placé sous le signe de la varietas, aborde les œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance sous des angles le plus souvent inattendus, notamment en les mettant en relation avec d’autres périodes ou d’autres genres. Un thème domine : celui de la transmission du savoir par le maître.

Le phénix et son autrePoétique d’un mythe des origines au XVIe siècleLaurence GosserezPresses universitaires de RennesCollection Interférences2013 - 360 pagesISBN : 978-2-75352-735-5Prix : 24 €

Loin des clichés réduisant le phénix à la figure du génie ou de l’éternel retour, ce livre montre l’extraordinaire renouvel-lement du mythe occidental de l’Antiquité à la Renaissance, à travers de multiples formes d’écriture et d’art. Il fait apparaître le rôle majeur de l’Antiquité tardive où se précise la dimension liminaire et réflexive d’une figure qui renvoie toujours au-delà d’elle-même et finit par symboliser à la fois le Verbe créateur et le verbe poétique.

Pour une interprétation littéraire des controverses scientifiques Yves Cittonéditions QuaeCollection Sciences en question2013 - 176 pagesISBN : 978-2-75921-976-6Prix : 12,50 €

Comment les scientifiques peuvent-ils participer aux contro-verses dont font l’objet certains développements techniques ? En injectant une sensibilité littéraire : telle est la thèse de cet ouvrage. Au travers d’illustrations, Yves Citton examine comment les scientifiques peuvent participer aux débats publics et civils et contribuer à sortir de la confrontation des disciplines, des domaines et des opinions.

Roland Barthes au MarocRidha Boulaâbi, Claude Coste, Mohamed Lehdahdaéditions Université Moulay Ismaïl, Meknès, Maroc2013 - 143 pagesISBN : 978-0-15881-998-1Prix : non communiqué

Barthes enseigne à l’université de Rabat du 1er septembre au 31 août 1970. Après cette première année de cours, il rentre en France, interrompant le contrat de trois ans qui le liait au ministère de l’éducation. Ce départ ne signifie pourtant pas la fin des échanges intellectuels avec le Maroc puisqu’il sera une dizaine d’années plus tard, en 1978, invité par l’universi-té de Fez pour donner un séminaire consacré à « la lecture ». Il n’empêche : c’est sur un échec que se clôt la première expérience pédagogique de Barthes. Comment expliquer son arrivée dans un pays qu’il connaissait et appréciait beaucoup comme touriste et son départ précipité en 1970 ? Que s’est-il joué en quelques mois d’enseignement pour justifier un aller et retour aussi rapide ?

Memoria y testimonio.Representaciones memorísticas en la España contemporáneaGeorges Tyras, Juan Vilan Editorial VerbumCollection Ensayo2012 - 258 pagesouvrage accompagné d’un DVDISBN : 978-8-47962-736-2Prix : 18 €

Dans le contexte de la Transition démocratique espagnole et de la société qu’elle a contribué à mettre en place, scruter les traces du passé, récupérer la mémoire historique – en particu-lier celle des vaincus de la guerre civile et du franquisme –, est devenu une entreprise de salut public. Les douze contributions réunies et présentées dans ce volume s’efforcent d’ébaucher une grammaire de la mémoire susceptible de répondre à la « respon-sabilité de la forme ».

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Coup d'œil

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rencontre avec Pierre Jourde autour de "La première pierre" Le prix Jean Giono qui distingue un ouvrage révélant un talent de conteur d'histoires, a été décerné le 16 octobre dernier à Pierre Jourde, professeur à l’université Stendhal, pour son ouvrage La première pierre paru chez Gallimard. Revenons avec l’auteur sur le sujet si particulier qui anime son livre et plonge le lecteur, dans un récit vibrant d’émotions, au cœur de ce pays perdu.

Enseignant la littérature à l'université Stendhal, au Centre de Valence, Pierre Jourde est également romancier et critique lit-téraire. Il est notamment l'auteur d'un pamphlet – qui a eu un certain succès –, La littérature sans estomac (2002), d'un essai, Carnets d'un voyageur zoulou dans les banlieues en feu (2007) ; et de deux romans, Paradis noirs (2009) et Le Maréchal absolu (2012).

Dans La première pierre, Pierre Jourde revient sur des événe-ments survenus en 2005 après la parution d'un autre de ses livres, Pays perdu. Pour lui, l’ouvrage est une célébration de ce hameau lointain dont il est originaire ; il en décrit bien sûr la rudesse mais aussi cette fraternité archaïque, solide entre les habitants, ces relations humaines brutales et profondes. Rempli d’admiration pour ces gens de contrées perdues, qui vivent dans un temps différent de celui des villes, Pierre Jourde fait part notamment de son attachement à leur cadre de vie, au noir des étables, aux vieilles maisons obscures, parfois cras-seuses ou pénétrées de relents de bouse de vache. Ces descriptions ont probablement contribué au fait que ce livre, Pays perdu, soit reçu par certains habitants de son village d’Au-vergne comme une offense. Or pour l’auteur, « Aimer vraiment, c’est aimer les gens comme ils sont. Vialatte disait : ‘‘On aime sa grand-mère avec ses boutons sur le nez, avec ses rides’’. »

Rentrant dans son village avec sa famille pour y passer quelques jours, l’auteur est pris à parti violemment par une

demi-douzaine de villageois – qu’il connaît et fréquente depuis près de cinquante ans –, bien décidés à en découdre avec lui. Amateur de boxe, il fait face pour protéger les siens. Mais la situation s’envenime et les agresseurs se mettent à leur jeter des pierres : un de ses enfants est blessé.

S’il s’attendait à une explication, éventuellement vive, Pierre Jourde ne pensait pas que les réactions seraient de cet ordre, tournant quasiment à une scène de folie collective.Il réalise à cette occasion la force et l’intensité de l’impact du texte, voire la violence que peut receler la littérature, pour cette petite communauté de gens qui ont un rapport peu fréquent avec l’écrit. « Je ne croyais plus que la littérature, aujourd’hui, avait encore le pouvoir de changer le monde. » déclare-t-il.

On aurait pu penser que rédiger La première pierre, qui retrace ces événements et analyse leurs causes dans un récit plein d'émotions, aurait été un travail de longue haleine : il n’en est rien. Comme souvent, en matière d’écriture, le temps de ré-flexion et de maturation du projet ont prévalu, et il n’a fallu que trois mois à Pierre Jourde pour rédiger cet ouvrage. Cependant, la difficulté de cette mise en perspective l'a contraint à ne parler de lui qu'à la première personne : il se tutoie, se remet en ques-tion, « pour se pousser à devenir, à changer ». Il en va de même pour l’opinion du lecteur qui se transforme au fil des pages.

« Dans ces terres reculées, dans ces pays perdus, on vit toujours plus ou moins dans une légende, dans l'image d'un chapiteau roman historié de scènes naïves et cruelles… », écrit Pierre Jourde.

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Culture populaire et révolution française : une exposition à découvrir

La Révolution française trouve sa place dans les arts, discours et pratiques populaires de nombreux pays : ils se la réapproprient et en détournent l'héritage national en déclinant ses grandes figures et en jouant avec son mythe fondateur. Cette référence histo-rique établit un rapport à la fois ludique et polémique avec notre monde contemporain, loin de toute histoire savante ou officielle, sans pour autant perdre totalement sa force libératrice qui peut à tout moment redevenir d'actualité.Martial Poirson, professeur à l'université Stendhal et membre du centre de recherche LIRE (Littérature, idéologies, représenta-tions) est le commissaire scientifique de cette exposition qui est à découvrir au Musée de la Révolution française de Vizille jusqu'au 28 avril 2014.

La Journée des Tuiles à Grenoble, le 7 juin 1788 - Alexandre Debelle (1805-1897) - Musée de la Révolution française

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Agenda

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La fiction à substrat professionnel et la didactique des langues et cultures de spécialitéDu 16 au 18 décembre 2013Université de la Havane, CubaColloque international organisé conjoin-tement par l'ILCEA et l'université de la Havane

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nouvelles voies pour une approche de la performativitéMercredi 18 décembre 2013 à 18 hSalle J. Cartier - Maison des languesIntervention de Guy Spielmann, université de GeorgetownSéminaire Médiation culturelle et huma-nités scientifiques organisé par LIRE

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Femmes influentes, dans le monde hellénistique et à romeVendredi 24 janvier 2014 de 9 h à 17 h MSH AlpesTable ronde organisée par RARE

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Fictions et utopieMercredi 22 janvier 2014 – MSH AlpesSéminaire "Transhumanisme : de la fiction à la réalité" proposé par PLC et CRI Intervention par Barbara Meazzi (univer-sité de Savoie)

La notion de conjonction/disjonction dans les constructions transitives biva-lentes et trivalentesJeudi 30 janvier 2014 de 13 h 30 à 15 h 30Salle J. Cartier - Maison des languesIntervention de D. Legallois (université de Caen, CRISCO)Séminaire Délicortal du LIDILEM

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vestiges du Proche-orient et de la médi-terranée : traces, passages, réécritures (Xviiie-XXie siècles)30 et 31 janvier 2014 - MSH-AlpesColloque organisé par le CEMRA et Tra-verses 19-21

mythes et séries télévisées, regard croisésMercredi 5 février 2014 de 14 h 30 à 17 h 30 Salle J. Cartier - Maison des languesSéminaire organisé par des doctorants de l'université Stendhal et de l'université de Savoie avec le soutien du CRI

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Colloques et conférencesCes événements ont lieu, pour la plupart, dans les locaux de l’université Stendhal à St-Martin-d’Hères sauf mention contraire.

Programmation de l’AmphidiceAccès : Tram B, C arrêt Condillac universitésEntrée gratuite sauf mention contraire renseignements : Service culturel - Université StendhalTél. : 04 76 82 41 05

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Autres événements

Présentation de travaux de théâtre réali-sés par les étudiants en arts du spectacle Jeudi 12 décembre 2013 à 19 h 30Seront jouées NBA de Denis Lachaud et Follkestone de Sylvain Levey

en una maleta abandonada Jeudi 19 décembre 2013 à 19 h 30Spectacle de marionnettes de la com-pagnie La maquina real, suivie d’une conférence en espagnol

L’ultimoMercredi 22 janvier à 19 h 30Spectacle théâtral d'improvisation de la compagnie L’Ultimo.Improvisations courtes ou longues, tendres ou burlesques, pathétiques ou magiques, à vous de juger !

ose, une semaine pour l'orientation, les stages et l'emploiDu 13 au 17 janvier 2014Après les partiels et avant que les cours du second semestre ne débutent, l’uni-versité Stendhal propose à ses étudiants une semaine dédiée à leur orientation et à la réflexion sur leur insertion profes-sionnelle. [email protected]

Journée du lycéenMardi 28 janvier 2014 de 9 h à 16 hUne journée portes ouvertes pour décou-vrir et s'informer sur les cursus possibles après le bac. [email protected]

Pages d'histoire - La bibliothèque uni-versitaire droit-lettres de grenoble d’un siècle à l’autre (1873-2013)Jusqu’au 31 janvier 2014À l’occasion du 140e anniversaire de la BU droit-lettres, cette exposition propose un voyage dans l’histoire de la bibliothèque, du XIXe siècle, jusqu’à nos jours

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e-salon my avenirDu 13 au 14 février 2014Durant 2 jours, l'université Stendhal sera présente sur ce salon virtuel de l'orientation à destination des lycéens et collégiens. [email protected]

Les genres dans la didactique de l’écritVendredi 7 février 2014 de 14 h à 16 hSalle des conseils -Maison des languesSéminaire organisé par le LIDILEM dans le cadre de ses travaux de recherche en didactique des langues et ingénierie édu-cative

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Francophonies méditerranéennes (XXie siècle) : langues, littératuresDu 11 au 13 février 2014 - MSH-AlpesColloque organisé par Traverses 19-21

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biopouvoir, biopolitiqueet transhumanismeMercredi 12 février 2014 – MSH AlpesSéminaire "Transhumanisme : de la fic-tion à la réalité" proposé par PLC et CRI. Intervention de Francesco Adorno (uni-versité de Salerne, Italie) [email protected]

Communication au sein d'une famille japonaise - analyse pragmatique et inte-ractionnelle à partir de drames récentsJeudi 13 février 2014 de 15 h 30 à 17 hSalle des conseils - Maison des langues Intervention de Tomoko Higashi (univer-sité Stendhal) Séminaire Délicortal du LIDILEM [email protected]

theatre and time : in search of a methodology Mardi 18 mars 2014 de 15 h 30 à 17 h 30 en salle B104Intervention de David WilesSéminaire "Le Plateau à l’œuvre" organi-sée par Traverses 19-21

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écritures plurilingues en ligneVendredi 11 avril 2014 de 15 h 30 à 17 h 30 Salle des conseils - Maison des languesSéminaire organisé par le LIDILEM dans le cadre de ses travaux de recherche en didactique des langues et ingénierie édu-cative

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Pour plus de détails sur ces événements : www.u-grenoble3.fr

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B comme... bibliothèque

« une bibliothèque, c'est le carrefour de tous les rêves de l'humanité. »

Julien Green